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LDE MARS 2012 186
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La lettredes élus
Une publication mensuelle de l’UNEF et de l’APFEEN° de Commission Paritaire : 0108G82659 • ISSN : 1761-1547 // Directeur de publication : Sébastien Chaillou // Rédacteurs en chef : Yannis Burgat, Benoit Soulier, Alexandre Gavard// mail : [email protected] // tél : 01 42 02 25 55 // Impression : imprimerie Grenier RCS Créteil B 622.053.189
Chantiers universitaires • Recherche // Démocratie // Réussite en licence
Chantier social • Une allo-cation d’autonomie pour tous les étudiants
Fiche pratique • Intervenir dans les Assises térritoriales
Interview • Geneviève Fioraso, Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche
Association pour la Formation des Elus Etudiants
APFEE
Bonjour à tous !
Le 11 juillet dernier, Geneviève Fioraso, ministre de l’ensei-gnement supérieur et de la recherche, a lancé les Assises de l’enseignement supérieur. Ces Assises sont présentées comme une large concertation de l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche, au niveau natio-nal et territorial. Elles doivent déboucher sur un rapport, qui servira de base à une loi cadre pour l’enseignement supérieur. Les élus « UNEF et associations étudiantes » consacrent ce mois-ci un numéro spécial de la Lettre Des Elus à ces Assises et aux chantiers prioritaires portés par les étudiants.
Débutées par des consultations, les Assises se poursuivent dans chaque région avec l’organisation d’Assises territoriales. Enfin, des Assises nationales auront lieu les 26 et 27 novembre et déboucheront sur un rapport qui sera remis à la ministre.
Ces assises se déroulent dans un contexte difficile pour les universités et pour les étudiants. La démocratisation de l’en-seignement supérieur est en recul : le nombre de diplômés du supérieur baisse tout comme la part des étudiants issus des milieux populaires à l’université tandis que le taux d’échec des étudiants stagne à un niveau anormalement élevé. A chaque niveau de la concertation, les élus « UNEF et associations étu-diantes » ont porté les priorités étudiantes. La future réforme de l’enseignement supérieur doit se faire dans un objectif de démocratisation.
Ce mois-ci, nous donnerons la parole à Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. La ministre revien-dra sur ce qu’elle attend de ces Assises et sur les mesures qu’elle compte en-treprendre en faveur de la réussite des étudiants.
Bonne lecture !
Yannis Burgat,Élu au CNESER
#186Mars 2012
Spéciale Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche
70 000 doctorants participent activement à la
production scientifique dans notre pays. Pour-
tant, ils n’ont pas accès à un véritable statut
pour garantir leurs droits. Leurs conditions de
travail et d’études dépendent de la bonne vo-
lonté des équipes de recherche et des moyens
budgétaires de chaque laboratoire.
L’absence de statut provoque de fortes inéga-
lités entre doctorants. 85% des doctorants en
sciences exactes ont accès à un financement,
contre 30% en sciences humaines. L’encadre-
ment des doctorants varie également d’une
équipe de recherche à l’autre : un directeur de
recherche encadre parfois plusieurs dizaines
de doctorants. L’insertion professionnelle des
doctorants est inégale selon leur secteur d’ori-
gine, leur type de contrat et de formation, ainsi
que les secteurs de débouchés (secteur privé
ou public).
Ces inégalités ont des conséquences graves sur
l’attractivité du doctorat. Le nombre de thèses
soutenues en France a diminué de 15% sur les
10 dernières années. A ce chiffre s’ajoute une
forte sélection sociale : seuls 2% des doctorants
sont des enfants d’ouvriers. La relance de notre
économie nécessite une recherche attrac-
tive pour les étudiants tout comme un grand
nombre de travailleurs hautement qualifiés. La
démocratisation du doctorat est donc un enjeu
aussi bien économique que social.
Financer l’ensemble des doctorants pour en finir avec la précaritéL’accès de tous les doctorants à un finance-
ment doit être la première pierre du statut du
doctorant. Le développement des finance-
ments publics et privés, en assurant leur enca-
drement pour garantir la qualité scientifique
de la thèse, sont les deux leviers à utiliser. Ils
doivent permettre d’en finir avec la précarité
des doctorants, premier motif des abandons de
thèse.
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
revendiquent :
• La dotation financière fléchées pour le finan-
cement de l’ensemble des thèses.
• La répartition des financements entre les la-
boratoires par le Conseil Scientifique (CS)
• L’accompagnemant individuel des futurs doc-
torants dans leurs recherches de financements.
Améliorer les conditions d’études et de recherche de tous les doctorantsGarantir un véritable encadrement pédago-
gique et des conditions de travail dignes d’un
chercheur titulaire doit être le second pilier
d’un statut national du doctorant.
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
revendiquent :
• La limitation du nombre de doctorants par
directeur de thèse.
• Une offre de formation adaptée à l’orientation
scientifique de chaque laboratoire
• La mise à disposition d’un bureau avec du
matériel informatique pour chaque doctorant
• L’accès à toutes les ressources documentaires
nécessaires au travail de recherche
Assurer une insertion professionnelle de qualité aux doctorantsAlors que le doctorat est un diplôme d’excel-
lence, il ne permet pas une insertion profes-
sionnelle à la hauteur d’un bac +8. Assurer une
insertion professionnelle de qualité, dans le
privé comme dans le public, doit être le dernier
pilier du statut national du doctorant.
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
revendiquent :
• Une reconnaissance du doctorat dans les
conventions collectives.
• Une formation pour la recherche d’emploi
spécifique aux doctorants (valorisation du tra-
vail de recherche pour une entreprise, connais-
sance des débouchés sur le marché du travail,
etc.)
• Des concours réservés aux doctorants pour
intégrer la fonction publique hors domaines de
recherche
• De conditionner le versement des Crédit Im-
pôt Recherche aux entreprises à l’inscription du
doctorat dans les conventions collectives pour
une rémunération minimum à 2x le SMIC
William Martinet
Elu CNESER
Garantir un statut pour les doctorants
Pour conclure la première série d’auditions
de la communauté universitaire dans le
cadre des Assises de l’enseignement supé-
rieur, le comité de pilotage a publié une syn-
thèse, qui fait émerger un certain nombre de
consensus. Ainsi, la nécessaire refonte des
premiers cycles, ou encore la réflexion sur
le financement des universités sont à l’ordre
du jour. Les élus « UNEF et associations étu-
diantes » resteront cependant vigilants face
à certaines conclusions allant à l’encontre
de la démocratisation de l’enseignement
supérieur : l’éventualité d’une augmentation
des frais d’inscription semble écartée, mais
la possibilité de sélection ou d’orientation
sélective à l’entrée des établissements réap-
parait en filigrane.
Chantier : Recherche
2
Premier bilan des consultations : des consensus se dégagent
Chantier : Démocratie
3
Depuis plusieurs années, la démocratie uni-
versitaire a connu des reculs sans précédent.
La loi LRU de 2007 a modifié la composition
et le rôle des conseils centraux des universités.
Le CEVU (Conseil des Etudes et de la Vie Uni-
versitaire) bien qu’il soit paritaire, est notam-
ment devenu un conseil consultatif.
Alors que depuis plus de 5 ans les étudiants
sont écartés des débats universitaires, à la
veille des Assises de l’enseignement supérieur
qui déboucheront sur une nouvelle loi d’or-
ganisation des universités, les élus « UNEF et
associations étudiantes » se battent pour re-
mettre les étudiants au cœur du service public
d’enseignement supérieur.
Redonner du poids aux élus dans les conseils centrauxAu sein des CA, le nombre d’élus étudiants
varie d’un établissement à l’autre, mais ne dé-
passe jamais 20% du conseil. A cela s’ajoute
des personnalités extérieures, nommées par
le président de l’université qui augmentent
ainsi son pouvoir dans les prises de décisions.
Le CEVU, alors qu’il a un rôle fondamental en
définissant l’offre de formation, la pédagogie,
les mesures en faveur de la réussite des étu-
diants et la vie étudiante, n’est que consultatif
et ses décisions doivent être validées en CA.
Ce fonctionnement ne laisse pas de place aux
étudiants dans les prises de décisions des éta-
blissements.
Lors des Assises, les élus « UNEF et associa-
tions étudiantes » revendiquent :
• Une augmentation du nombre d’élus étu-
diants au CA pour atteindre 30% du conseil.
• La même composition des conseils dans
chaque université.
• Un rôle décisionnel des CEVU et des CS
(conseil scientifique) afin de rééquilibrer les
prises de décisions au sein des universités et
de laisser plus de place aux élus étudiants.
• Un encadrement des pouvoirs des présidents
d’universités.
Permettre une réelle démocratie à tous les niveauxAujourd’hui, les décisions ne sont plus prises
uniquement dans les universités. De nouveaux
échelons ont vu le jour : une partie des déci-
sions originellement prises dans les universités
sont transférées vers d’autres institutions.
Ainsi les PRES ont pris de plus en plus d’impor-
tance. Ces derniers ont des statuts qui ne sont
pas cadrés nationalement et leurs décisions se
prennent souvent sans les étudiants. De plus,
les dérogations accordées aux universités pour
changer leurs statuts en « grand établissement »
ne garantissent plus l’application des règles
régissant le service public partout et entrainent
des conséquences désastreuses sur la repré-
sentation des étudiants.
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
revendiquent une gouvernance démocratique
à tous les niveaux de décision :
• Un cadrage national des statuts des PRES
assurant une représentation démocratique des
étudiants.
• Une régulation des statuts des universités
limitant les « grands établissements » aux éta-
blissements dont la première mission n’est pas
la formation des étudiants.
Garantir une juste représentativité des organisations étudiantesLa représentativité nationale des organisations
étudiantes est élaborée à partir des votes au
Remettre les étudiants au cœur des prises de décisions
CNESER de chacun des élus titulaires dans
les établissements dépendants du Ministère
de l’enseignement supérieur (universités et
écoles). Les élus « UNEF et associations étu-
diantes » se battent pour améliorer l’organisa-
tion des élections étudiantes dans les univer-
sités, avec :
• La mise en place de commissions électorales
fixant les bureaux de vote selon les effectifs
et la concentration des étudiants comme lors
des élections au CROUS.
• La création de collèges électoraux afin de
garantir une juste représentation des étudiants
au sein du CEVU
• La distinction entre les organisations repré-
sentatives et les associations qui animent la vie
de campus (BDE etc.) qui doivent avoir de réels
moyens de fonctionnement même si elles ne
sont pas représentatives.
Renforcer l’Etat, garant du pilotage national du service public Afin de répondre aux missions du service pu-
blic, il est indispensable de faire de l’Etat un
véritable régulateur et pilote de l’enseigne-
ment supérieur. Les élus « UNEF et associa-
tions étudiantes » revendiquent :
• La mise en place d’un rapport annuel de l’ac-
tion des rectorats en matière de contrôle de
légalité (Frais d’inscriptions...).
• Renforcer le rôle du CNESER, notamment en
rendant ses décisions impératives et non plus
simplement consultatives sur l’ensemble des
grands dossiers (offre de formation, habilita-
tion, redéfinition de la carte universitaire)
Marthe Corpet
Elue CNESER
ministre de l’enseignement supérieur, a fait de
la réussite en licence sa priorité, le cycle de li-
cence, situé entre le lycée et le master, apparaît
comme le parent pauvre du système d’ensei-
gnement supérieur. Plutôt que d’être un temps
d’épanouissement et de formation indispen-
sable pour la continuation d’études ou l’inser-
tion professionnelle, le cycle licence est subit
par les étudiants, se transformant ainsi plus en
barrière d’écrémage qu’en lieu d’émancipation.
Pour une nouvelle architecture de la licenceL’objectif de 50% d’une classe d’âge au niveau
licence ne pourra être atteint qu’en donnant
aux étudiants les moyens de comprendre et de
maîtriser leurs parcours. L’échec universitaire
est en grande partie la conséquence de l’ina-
daptation des formations aux besoins des étu-
diants de découvrir différentes approches avant
de se spécialiser. Les filières qui connaissent les
meilleurs taux de réussite sont d’ailleurs celles
qui allient un très bon taux d’encadrement avec
une forte pluridisciplinarité, à l’image des CPGE.
De la pluridisciplinarité en L1 vers la
spécialisation en L3
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
revendiquent la mise en place d’une licence
pluridisciplinaire par grand domaine de forma-
tion permettant une spécialisation progressive
en trois ans :
• Une première année pluridisciplinaire pour
chaque grand domaine de formation avec un
tronc commun obligatoire et des heures d’en-
seignements d’ouverture aux disciplines dans
lesquelles l’étudiant souhaite approfondir sa
maitrise.
• Une deuxième année avec deux disciplines
d’approfondissement parmi celles proposées
dans chaque grand domaine de formation.
Donner les moyens aux étudiants de maîtriser leur cursus
Chantier : Réussite en Licence
4
Afin de refaire de l’université le lieu de l’ascen-
sion sociale, une refonte des premiers cycles
universitaires est aujourd’hui nécessaire. Les
étudiants sont pour la plupart confrontés à un
système complexe et cloisonné dans lequel il
est difficile de s’orienter, de progresser et de
réussir. A l’exception des filières sélectives qui
bénéficient d’une concentration de moyens et
d’un encadrement conséquent (CPGE, IUT, STS
etc.) les étudiants en licence ne bénéficient pas
d’une pédagogie au service de leur progression.
A l’occasion des Assises de l’enseignement su-
périeur et de la recherche, les élus « UNEF et
associations étudiantes » ont fait de la réforme
des premiers cycles un chantier prioritaire.
Près d’un étudiant sur deux échoue en licence
à l’université. Les élus « UNEF et associations
étudiantes » se battent depuis quelques années
pour que 50% d’une classe d’âge arrive au ni-
veau de la licence. Alors que Geneviève Fioraso,
Chantier : Réussite en Licence
5
• Une troisième année où l’étudiant se spécia-
lise en choisissant sa mention.
Un cadrage national de l’offre de formation
Illisible pour les étudiants, ce foisonnement de
formations cloisonnées est aussi incompré-
hensible pour les employeurs. Il est nécessaire
de redonner de la cohérence et d’harmoniser
les formations de premiers cycles universitaires
en termes de nombre d’heures, d’encadre-
ment et d’enseignements proposés pour que
les contenus et les intitulés des diplômes de
licence reposent sur des références nationales.
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
revendiquent la mise en place d’un cadrage
national de l’offre de formation permettant de :
• Rendre plus lisible l’offre de formation en évi-
tant la multiplication des intitulés.
• Garantir l’égalité des étudiants avec une har-
monisation nationale des contenus des forma-
tions.
• Garantir des moyens sur l’ensemble du ter-
ritoire et d’assurer la pérennité des formations.
Une continuité pédagogique entre le
secondaire, la licence et le master
La licence est un maillon du parcours univer-
sitaire qui doit permettre une entrée réussie
dans le supérieur et une poursuite d’études
au niveau master. Le master est devenu au-
jourd’hui le diplôme de référence sur le mar-
ché du travail. Le cursus de licence doit donc
à la fois offrir une possibilité de sortie quali-
fiante au niveau bac +3 et garantir à chacun
la poursuite d’une formation plus spécialisée
et approfondie.
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
revendiquent une articulation des maquettes
de licence, permettant une transition avec
le secondaire tout en garantissant l’accès
en master. Pour cela nous souhaitons que
le chantier sur la refondation de l’école per-
mettre des avancées significatives dans la
transition entre le secondaire et le supérieur.
Engager une révolution pédagogique à l’universitéLes modes de transmission des savoirs à l’uni-
versité sont basés sur des savoirs très spé-
cialisés et des enseignements magistraux ne
permettant aucun échange. Les étudiants sont
livrés à eux-mêmes, seuls pour organisés leur
apprentissage des connaissances, seuls face à
l’échec.
Rénover la pédagogie
Afin de mettre fin au bachotage incompatible
avec l’apprentissage et la pédagogie, il est
nécessaire de changer les modes de transmis-
sions de savoirs.
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
revendiquent :
• La suppression des cours en amphi en L1 et
la mise en place d’une proportion maximale
de CM dans les cursus afin d’encourager des
formes d’enseignement et de pédagogies di-
versifiées.
• Le renforcement de l’encadrement et du suivi
pédagogique des étudiants.
• Le développement du travail en petits groupes
pour favoriser la mise en pratique des connais-
sances.
Changer les modes d’évaluation
Pour en finir avec l’examen sanction, les élus
« UNEF et associations étudiantes » reven-
diquent une évaluation au service de la pro-
gression des étudiants avec :
• Le développement et le renforcement du
contrôle continu couplé à des examens termi-
naux en multipliant les épreuves tout au long
du semestre afin de limiter les effets des exa-
mens couperets.
• Le respect de l’obligation d’organiser une ses-
sion de rattrapage par l’ensemble des univer-
sités.
• La diversification des modes d’évaluation
(oraux, exposés, projets en groupes…).
• La mise en place de dispositions particulières
adaptées pour les étudiants salariés (cours en
ligne, dispense d’assiduité, etc.).
Renforcer l’encadrement des étudiants
Pour garantir un meilleur suivi pédagogique et
administratif des étudiants, les élus « UNEF et
associations étudiantes » revendiquent :
• Un plan pluriannuel de recrutement pour les
premiers cycles universitaires de 2500 postes
d’enseignants et de 2500 personnels BIATSS
par an pendant 5 ans.
• La formation de l’ensemble des personnels
enseignants à la pédagogie (en formation ini-
tiale et continue) en faisant notamment évoluer
les études doctorales.
Diversifier les modes d’enseignement
On ne peut exiger des étudiants qu’ils ac-
quièrent les outils pour une insertion profes-
sionnelle et une poursuite d’études sans repen-
ser la nature des enseignements dispensés.
Les stages ne sont pas la panacée d’une sortie
qualifiante tout comme l’enseignement dis-
ciplinaire magistral ne garantit pas en soi une
réussite future en master.
En 2012, l’université française ne peut plus re-
poser sur l’uniformité des leçons magistrales.
Afin de permettre aux étudiants d’être préparés
à faire face à toutes les situations qu’ils pour-
ront rencontrer, les élus « UNEF et associations
étudiantes » revendiquent :
• La diversification des modes d’enseignements
dans la méthode de formation : le travail en
groupe, les projets personnalisés ou encore
la mise en pratique des enseignements théo-
riques.
Permettre un meilleur accompagnement
des étudiants des filières technologiques et
professionnelles
Les étudiants issus de bacs non généraux sont
ceux qui souffrent le plus du manque d’enca-
drement en premier cycle et de l’absence de
pédagogie. Il est donc nécessaire de renforcer
leur accompagnement pédagogique dans les
cycles généraux tout en leur garantissant une
priorité vers les filières pensées pour leur réus-
site (IUT ou STS). Cette priorité doit s’accom-
pagner d’un renforcement des passerelles entre
ces filières et l’année de licence 3 afin de garan-
tir à tous une poursuite d’études.
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
revendiquent :
• L’accès prioritaire aux étudiants de bacs tech-
nologiques dans les IUT et de bacs profes-
sionnels dans les STS pour limiter les voies de
contournement à l’université.
• La mise en place d’un véritable service public
de l’orientation.
Pour remédier aux inscriptions par défaut, il est
indispensable de mieux structurer l’information
sur l’offre de formation, de créer un service pu-
blic de l’orientation permettant un accompa-
gnement du lycée à l’enseignement supérieur
en unifiant et en rendant cohérentes les diffé-
rents structures existantes (CIO et SUIO).
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
revendiquent une augmentation du nombre de
professionnels de l’orientation qui doivent être
régulièrement formés sur l’ensemble des filières
du supérieur, les passerelles, les débouchés.
Sandra Carvalho
Elue CNESER
Chantier : Autonomie des jeunes
Alors que les étudiants sont les travailleurs
de demain, l’absence d’un système d’aides
sociales adapté à nos besoins nous empêche
de prendre notre avenir en main.
La précarité, premier frein à la réussiteLe coût de la vie étudiante augmente chaque
année plus vite que les aides sociales. Les
étudiants sont enfermés dans deux choix :
se tourner vers la solidarité familiale ou dé-
pendre financièrement d’une activité sala-
riée le plus souvent sans aucun lien avec les
études. Le salariat étudiant touche un étu-
diant sur deux et représente une des pre-
mières causes d’échec à l’université.
Un système d’aides sociales à bout de souffleLe système d’aides sociales n’a pas évolué
depuis sa mise en place, à la sortie de la se-
conde guerre mondiale. Il ne répond plus aux
besoins des étudiants et des nouveaux pu-
blics arrivés massivement à l’université. Pour
les élus « UNEF et associations étudiantes » le
système d’aides sociales est :
• Insuffisant car il exclut 80% des étudiants
et l’échellon le plus élevé de bourses atteint
seulement 470€ par mois.
• Inadapté puisque les bourses sur critères
sociaux sont calculées sur le revenu de nos
parents et ne prennent pas en compte nos
besoins.
• Injuste car l’Etat consacre plus d’argent en
exonérations fiscales (2,3 milliards) pour les
familles les plus aisées que pour les bourses
(1,7 milliards).
Pour un statut social pour les jeunes en formationLa ministre se donne pour objectif d’amener
50% d’une classe d’âge au niveau licence.
Cela passera nécessairement par une remise
à plat du système de bourses et la création
d’un statut social répondant aux besoins des
étudiants et leur permettant de se consacrer
à 100% à leurs études.
L’allongement de la durée des études et les
difficultés d’insertion professionnelles font
souvent durer cette période de galère ou de
dépendance familiale. Ce nouvel âge de la vie
n’est pas couvert socialement. Quelque soit
le milieu social d’origine, la nationalité ou le
choix de formation, les élus « UNEF et asso-
ciations étudiantes » considèrent que chaque
jeune doit pouvoir se former, et se voir garan-
tir par l’Etat la possibilité d’accéder à l’auto-
nomie.
Un volet financier : l’allocation d’autonomie
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
portent le projet de l’allocation d’autono-
mie : il s’agit d’une aide unique et universelle
dont le montant serait calculé en fonction
des besoins propres des étudiants. La refonte
de toutes les aides existantes financerait en
grande partie le coût de l’allocation d’auto-
nomie. Le reste doit passer par un investis-
sement pluriannuel dans le système d’aides
sociales.
Garantir le droit au logement
Alors que l’accès à un logement indépendant
détermine très souvent la réussite des étu-
diants, seulement 7% d’entre eux ont accès
à un logement universitaire, et plus de 90%
d’entre eux déclarent vivre chez leurs parents
par obligation. Face à cela, les élus « UNEF
et associations étudiantes » demandent la
construction de 40.000 logements CROUS
ainsi que la revalorisation de 20% des aides
au logement.
Une allocation d’autonomie au service de la réussite de tous
Garantir un droit à la santé
Le renoncement aux soins de la part des étu-
diants augmente chaque année. En effet, un
étudiant malade est un étudiant qui pratique
l’automédication au lieu de se rendre chez
un médecin, dans un souci financier perma-
nent. Les élus « UNEF et associations étu-
diantes » se battent pour que l’accès à une
complémentaire santé soit possible à tous,
par la mise en place d’un chèque santé natio-
nal, d’un montant suffisant pour que chaque
jeune puisse prendre en charge ses dépenses
de santé.
Protéger les étudiants étrangers
Les étudiants étrangers sont aujourd’hui
exclus du système d’aides sociales. Les élus
« UNEF et associations étudiantes » exigent
l’égalité entre étudiants français et étrangers
et leur accès au système de bourses.
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
revendiquent également la création de gui-
chets uniques dans les universités pour per-
mettre aux étudiants étrangers de faire l’en-
semble de leurs démarches au même endroit
et la mise en place d’un titre de séjour plu-
riannuel par cycle d’études.
Tina Biard
Elue CNOUS
6
Fiche Pratique #186
7
Pour un élu étudiant, intervenir dans les Assises
de l’Enseignement Supérieur est une chose
complexe tant les modalités d’organisation
varient d’une région à l’autre et tant le débou-
ché des discussions semble lointain. Après avoir
été privés de modes d’expression pendant des
années sur les réformes universitaires, cet évè-
nement à l’organisation complexe représente
néanmoins une occasion importante de faire
entendre la voix des étudiants dans les débats
sur l’avenir de l’enseignement supérieur.
Des débats organisés au niveau territorialL’organisation des assises territoriales est
confiée aux présidents de régions, aux rec-
teurs et aux préfets, qui dans chaque région
déterminent les modalités de déroulement des
assises. Dans chaque région est nommé un «
rapporteur territorial », garant du bon déroule-
ment des débats.
À la suite des assises territoriales, les rapporteurs
devront remettre une synthèse des débats au
comité de pilotage des assises nationales. Ces
synthèses serviront de base aux débats natio-
naux. Chacune des assises territoriales enverra
une délégation de 5 membres, dont le rappor-
teur territorial pour participer aux assises natio-
nales. Des débats nationaux, émanera une nou-
velle loi cadre pour l’enseignement supérieur.
Les rapporteurs territoriaux auront la tâche
d’inviter un panel équilibré « d’acteurs, de par-
tenaires ou de bénéficiaires de l’enseignement
supérieur, de la recherche ou du monde socio-
économique », et un nombre plus ou moins
restreint de participants selon sa volonté.
Les débats préparatoires sont encouragés. Des
séries d’auditions, de débats, voire des assises
locales ont lieu dans de nombreuses univer-
sités. Si les organisations représentatives ont
la possibilité de déposer des contributions
pour les assises nationales, des contributions
peuvent également être déposées dans les as-
sises territoriales.
Se renseigner dans sa région et se faire inviter dans les AssisesLes modalités d’organisation variant beaucoup
d’un lieu à l’autre, les élus étudiants devront
avant tout être au clair sur les évènements or-
ganisés dans leur territoire, par des discussions
formelles et informelles avec les autres élus et
administrations universitaires. La participation
des élus étudiants dans les débats organisés
dans les établissements est importante afin
que les discussions ne se focalisent pas sur les
questions déconnectées des problématiques
étudiantes. A tous les niveaux, les débats orga-
nisés peuvent constituer un levier pour faire
émerger nos priorités.
Comment intervenir dans les Assises Territoriales?
Assises de l’enseignement supérieur
Si les élus étudiants ne sont pas forcément pré-
vus parmi les invités lors des assises territoriales,
le rendez-vous d’un référent des listes « UNEF
et associations étudiantes » avec le rapporteur
pourra permettre une plus ample représenta-
tion des élus aux débats, aux côtés des organi-
sations représentatives.
Faire entendre nos thèmesPour plus d’efficacité, il est important que les
élus étudiants puissent se concerter et faire
émerger leurs attentes par rapport aux assises :
il ne serait pas envisageable par exemple que
les discussions n’abordent pas les thèmes cen-
traux, comme par exemple la réussite des étu-
diants.
La question du financement de l’université sera
également centrale dans une période de vote
des budgets. À l’heure où une universités sur
deux est en déficit, il est important de rappe-
ler que la démocratisation de l’enseignement
supérieur passera nécessairement par un inves-
tissement accru dans la formation. Cependant,
de nombreux autres thèmes seront importants
à porter, notamment ceux ayant trait à la carte
universitaire, aux conditions sociales des étu-
diants ou à la réforme des premiers cycles
Contribuer aux Assises territorialesEn parallèle de la participation aux débats, il est
possible pour les acteurs de l’enseignement
supérieur de déposer des contributions de 4
pages maximum, remises au rapporteur ter-
ritorial. Ces contributions constituent un outil
essentiel pour formaliser et pousser notre ana-
lyse sur l’enseignement supérieur.
Les contributions peuvent s’appuyer sur un
état des lieux local (situation des budgets,
statistiques de la réussite, état de la carte uni-
versitaire), afin d’inspirer une analyse sur l’état
de l’enseignement supérieur et les points de
réforme prioritaires. Attention à la date limite
de dépôt des contributions, souvent fixée en
amont des débats !
3 questions à...
LDE : Qu’attendez-vous de l’organi-sation des Assises de l’enseignement supérieur, tant au niveau territorial que national ?
Mon objectif est de replacer l’enseignement
supérieur et la recherche au cœur des grands
enjeux sociaux, économiques et culturels de
notre pays. Les Assises de l’enseignement
supérieur permettent de renouer le dialogue,
ce dont se souciait insuffisamment le pré-
cédent gouvernement, tant avec la commu-
nauté universitaire (étudiants compris, bien sûr
!) qu’avec l’ensemble de la société. Outre les
organisations de l’enseignement supérieur et
de la recherche, les syndicats de salariés, les
entreprises, les collectivités territoriales ont été
auditionnés, et tous les citoyens sont invités
à contribuer au débat. L’organisation de cette
consultation a été confiée à un comité de pilo-
tage indépendant présidé par le Pr Françoise
Barré-Sinoussi, avec Vincent Berger comme
rapporteur général.
LDE : Vous avez placé la lutte contre l’échec et la réussite à l’université dans vos priorités, quelles sont vos propositions dans ce sens ?
La réussite de tous les étudiants sera la priorité.
C’est un enjeu pour le redressement du pays,
mais c’est également un enjeu de justice so-
ciale, car la réussite est aujourd’hui très inéga-
lement répartie. Par exemple, quand la proba-
bilité de sortir sans diplôme de l’enseignement
supérieur est de 9 % pour les titulaires d’un
baccalauréat général, elle s’élève à 56 % pour
les bacheliers professionnels, lorsqu’ils sont
orientés par défaut dans le cycle licence (leur
premier choix étant les sections STS ou les IUT).
Les étudiants des catégories sociales les plus
favorisées continuent à être surreprésentés
par rapport à ceux des catégories sociales plus
modestes et l’écart s’accentue avec la durée
des études : alors que 28,6 % des étudiants de
licence et 35,9 % des doctorants sont enfants
de cadres, ils ne sont que 12 % et 4,6 % à être
enfants issus de familles très modestes (qui re-
présentent 23 % de la population). Notre objec-
tif : amener, à terme, 50 % d’une classe d’âge à
un diplôme supérieur.
L’orientation est fondamentale pour démo-
cratiser l’accès à l’enseignement supérieur.
Pour y parvenir nous mettrons en place le
continuum entre les lycées et les établisse-
ments d’enseignement supérieur. Ceux qui s’en
sortent le mieux sont ceux dont les parents ou
le réseau relationnel connaissent le système
et se repèrent dans sa complexité. Comment
s’y retrouver, sans décryptage, dans les 3 300
licences et 6 600 masters recensés aujourd’hui
? L’offre est aussi illisible pour les employeurs
potentiels. Nous allons travailler, avec les éta-
blissements, à la simplification de l’offre de
formation, en proposant une entrée par grands
domaines et métiers.
Par ailleurs, je suis très consciente que les
conditions de vie des étudiants déterminent
largement leurs chances de réussir leurs
études. Plusieurs mesures ont déjà été prises
pour les améliorer.
Les bourses des étudiants ont été revalorisées
au niveau de l’inflation. Elles feront désor-
mais l’objet d’une budgétisation sincère et
incontestable, seront payées en temps et en
heure, contrairement à nos prédécesseurs qui
n’avaient jamais budgété sincèrement le paie-
ment du 10ème mois, pourtant vendu et sur-
vendu en effets d’annonce !
Un effort ambitieux de création de 40 000 lo-
gements sociaux à destination des étudiants est
engagé (24 000 seulement ont été construits
au cours de ces 8 dernières années) et 30
centres de santé étudiante, relevant du sec-
... Geneviève Fioraso
teur 1 et prévoyant le tiers-payant, seront mis
en place d’ici 2 ans. La vie culturelle, sportive,
sociale dans des campus « lieux de vie » don-
neront lieu à des propositions et échanges dans
les prochains mois.
Les 5 000 emplois supplémentaires pour l’en-
seignement supérieur, dont 1 000 dès 2013, se-
ront affectés prioritairement au premier cycle.
Les emplois d’avenir du professorat seront
réservés à des étudiants boursiers de premier
cycle, leur permettant d’avoir un revenu com-
plémentaire tout en acquérant une expérience
utile à leur formation. Cela facilitera l’accès
au professorat de jeunes issus de milieux mo-
destes. Dès la rentrée 2013, nous mettrons
également en place les écoles supérieures du
professorat et de l’éducation, rétablissant des
périodes de formation pratique, encadrées par
des enseignants expérimentés, avec des me-
sures destinées à redonner de l’attractivité au
métier d’enseignant.
LDE : L’UNEF est favorable à la remise à plat du système d’aide social pour mettre en place une allocation d’au-tonomie. Comment vous position-nez-vous par rapport à cela ?
François Hollande s’est engagé à créer une al-
location d’études et de formation, sous condi-
tion de ressources. Même s’il y a déjà plus de
600 000 boursiers sur critères sociaux, qui bé-
néficient de plus d’un milliard et demi d’euros
d’aides, je partage votre objectif : que davan-
tage d’étudiants bénéficient d’une bourse.
J’engagerai une ambitieuse réforme des aides
très prochainement, en étroite concertation
avec les organisations que j’ai déjà rencontrées.
Nous prendrons le temps d’aller au bout d’une
négociation complexe car elle comporte plu-
sieurs éléments. La négociation est tout à fait
ouverte. L’objectif est d’aboutir à une proposi-
tion juste et partagée, fidèle aux engagements
de François Hollande.
8
// Ministre de l’enseignement
supérieur et de la recherche