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CONFLIT DE GAZA LA JUSTICE MAINTENANT POUR LES MILITANTS ET LES MEMBRES INTERNATIONAUX DÉCEMBRE 2010 / JANVIER 2011 VOLUME 40 N°006 AGISSEZ AGISSEZ AGISSEZ LES FEMMES DU NICARAGUA LUTTENT POUR LEURS DROITS AU MEXIQUE, LES MIGRANTS AFFRONTENT TOUS LES DANGERS LES DISPARUS DES PHILIPPINES

Le Fil. Décembre 2010 / Janvier 2011 · DÉCEMBRE 2010 / JANVIER 2011 VOLUME 40 N°006 AGISSEZ AGISSEZ AGISSEZ LESFEMMESDUNICARAGUA ... Raymond Manalo et Concepcion Empeño prennent

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CONFLIT DE GAZALA JUSTICE MAINTENANT

POUR LES MILITANTS ET LES MEMBRES INTERNATIONAUXDÉCEMBRE 2010 / JANVIER 2011 VOLUME 40 N°006

AGISSEZ

AGISSEZ

AGISSEZ

LES FEMMES DU NICARAGUALUTTENT POUR LEURS DROITS

AU MEXIQUE, LES MIGRANTS AFFRONTENTTOUS LES DANGERS

LES DISPARUSDES PHILIPPINES

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© Amnesty International Ltdwww.amnesty.orgIndex : NWS 21/006/2010ISSN : 1472-443XÉFAI pour la version française47, rue de Paradis - 75010 Parisimprimé sur papier recycléBanbury Litho - Oxon - Royaume-Uni.

Tous droits de reproduction réservés.Cette publication ne peut faire l’objet, en toutou en partie, d’aucune forme de reproduction,d’archivage ou de transmission, quels que soient lesmoyens utilisés (électroniques, mécaniques, parphotocopie, par enregistrement ou autres), sansl’accord préalable des éditeurs.

Photo de couverture : Des enfants dans les ruinesd’une maison détruite par l’armée israélienneà Rafah, bande de Gaza (décembre 2009).© Abed Rahim Khatib / Demotix Images

RECEVOIR LE FILSouhaitez-vous en savoir plus sur lesactions d'Amnesty International ouvous servir du FIL pour faire avancervos propres projets ?

LE FIL peut être téléchargé à cetteadresse : www.amnesty.org.Pour recevoir un exemplaire papiergratuit, il vous suffit de devenirmembre international – rendez-vousen dernière page de ce numéro pouren savoir plus.

Les institutions le souhaitant sontinvitées à acheter des exemplaires.Pour six numéros annuels, ellesdevront payer 35 livres sterling,54 dollars des États-Unis ou 41 euros.Les sections d’Amnesty Internationalpeuvent acquérir des exemplairespour leurs membres.Contactez-nous par courriel( [email protected] ) ou partéléphone : + 44 207 413 5814/5507.

Merci d’envoyer vos commentaires et vossuggestions à :

WIREEditorial and Publishing ProgrammeAmnesty InternationalInternational SecretariatPeter Benenson House1 Easton StreetLondres WC1X 0DWRoyaume-Uni

ou envoyez-nous un courriel à[email protected]

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© Sofia Martínez / AmnestyInternational / Tierraviva/ PhotoVoice

DROITS DES INDIGÈNESCOMMENT ILS LES VOIENT, CE QU’ILS EN DISENT

Au Paraguay, les communautés yakye axa et sawhoyamaxa viventau bord d’une grande route depuis plus de 10 ans. Malgré lesdécisions de justice rendues en leur faveur, elles attendenttoujours le règlement de leurs revendications foncières.

Ces communautés reviennent sur leur histoire et leur combat surla justice. Pour en savoir plus, rendez-vous surwww.amnesty.org/fr/rightsjourney

Nous vivons au bord dela route parce que nous n’avons

pas de terres. Nos enfants jouent sur laroute ; ils n’ont nulle part où aller. Ils risquentde se faire écraser par les camions qui passentà toute vitesse dans les deux sens. »Milciades Aponte

Cet indigène vit avec son fils…Il n’a pas de travail… Le petit garçongrandit au bord de la route.Il est heureux d’être avec son père. »Nicolás Gómez

Au moins les enfantsont à nouveau de quoimanger – un tatou. »Édgar Benítez

Nous n’avons pas de citerne avecde l’eau potable. Nous devons doncboire l’eau des ruisseaux.De l’eau marron. »Aparicio Martínez

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SOMMAIRE

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LEFIL

[DÉC10/JAN

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« JE VEUX LE FAIRE SAVOIRAU MONDE ENTIER »

Deux personnes luttent contre les disparitionsforcées aux Philippines en racontant leurhistoire et en donnant la parole à d’autresvictimes. Pour en savoir plus et passer àl’action, rendez-vous en PAGE 2.

SUIVEZ

LE CONFLIT DANS LA BANDE DE GAZA :IL EST TEMPS QUE JUSTICE SOIT RENDUE

Deux ans après, la communauté internationale doitintervenir pour que les victimes obtiennent justice.Vous aussi, vous pouvez agir : PAGE 12.

AGISSEZ MAINTENANTÉCRIRE POUR LES DROITS 2010

Participez au marathon annuel d’écriture delettres d’Amnesty International. Lisez l’histoire de10 personnes ou groupes qui ont besoin de votresoutien pour obtenir le respect de leurs droits.

VOIR NOTRE ENCART

DES JEUNES FILLES DÉNONCENTLES VIOLENCES SEXUELLES AUNICARAGUA

Les autorités ferment les yeux sur lesnombreux viols et autres atteintessexuelles et privent les victimes de leurdroit d’obtenir justice, protection etréparation. PAGE 14

Q&R

Ali Agab et Abdel Monim Elgak,défenseurs des droits humains auSoudan, évoquent leurs activités, lesobstacles qu’ils affrontent et leurmotivation toujours vivace. PAGE 18

LETTRE DU MEXIQUE :LES INVISIBLES

LE FIL a suivi la genèse d’un documentairedécrivant la traversée du Mexique par desmigrants en situation irrégulière. PAGE 8

ET PUIS ENCORE ?Célébrez la Journée des droits de l’homme(voir PAGES CENTRALES).

Agissez pour faire cesser la répression à l’égarddes défenseurs des droits humains au Kirghizistanet la détention administrative en Égypte. PAGE 7

LE FIL

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LEFIL[DÉC

10/JAN

11]

LESDISPARITIONS

FORCÉESAUXPHILIPPINES

« JE VEUX LE FAAU MONDE ENTI

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LEFIL

[DÉC10/JAN

11]

LESDISPARITIONS

FORCÉESAUX

PHILIPPINES

IRE SAVOIRER »

Concepcion Empeño estdirectrice d’une écoleprimaire. Raymond Manalo estagriculteur. Tous deux viventaux Philippines et sont touchéspar des disparitions forcées :la fille de Concepcion a étéenlevée par des militaires ;Raymond s’est évadé après delongs mois de détention et detorture. Ils veulent témoignerauprès de vous.

Cela fait cinq ans que Concepcion Empeño n’a pas eu de nouvelles desa fille Karen. Selon des témoins qui ont raconté à Concepcion ce qu’ilsont vu, des hommes en uniforme armés de fusils d’assaut ont fait sortir

Karen et une de ses amies d’une maison où elles logeaient, au petit matin,en janvier 2006. Ces hommes ont déchiré les chemises des jeunes femmeset s'en sont servi pour leur bander les yeux. Ils leur ont attaché les mainsdans le dos et les ont poussées dans une jeep qui a démarré en directiond’un camp militaire situé à quelques kilomètres de là. Un agriculteur quitentait de s’interposer a lui aussi été emmené.

Karen Empeño et Sherlyn Cadapan, respectivement âgées de 22 et29 ans au moment de leur disparition, séjournaient chez des habitants dela province de Bulacan, près de Manille, capitale des Philippines. Karen, quiétudiait la sociologie à l’université des Philippines, effectuait des recherchessur les conditions de vie des paysans. Les deux femmes étaient des militantesétudiantes. « Dans mon pays, dit Concepcion, si vous avez une activitémilitante ou si vous participez à une manifestation, vous êtes un ennemide l’État. »

Munies de ces bribes d’information, Concepcion Empeño et ErlindaCadapan, la mère de Sherlyn, sont parties à la recherche de leurs filles.Elles se sont rendues dans des camps militaires et dans des morgues. Dansl’espoir de faire pression sur les ravisseurs de Karen et de Sherlyn et de voirleurs filles libérées, elles ont donné des interviews à la presse. En vain.

DISPARITIONS DE DISSIDENTSDes centaines de militants et de dissidents politiques ont disparu ces10 dernières années aux Philippines lors des campagnes menées par lesmilitaires pour éliminer la Nouvelle Armée du peuple (NPA), aile militairedu Parti communiste des Philippines. Décidée à « écraser » l’insurrectioncommuniste, l’armée ne fait aucune distinction entre les combattants de laNPA et les militants civils ou les défenseurs des droits humains actifs dansles zones rurales. Les informations faisant état d’enlèvements, de torture etd’homicides donnent rarement lieu à une enquête et encore moins à despoursuites judiciaires, ce qui entretient un climat d’impunité quasi-totale.

Raymond Manalo, 29 ans, est une des rares victimes d’enlèvement quiaient survécu à cette épreuve. Il témoigne aujourd’hui. Des hommes arméssont venus les chercher au domicile familial, lui et son frère Reynaldo, enfévrier 2006. Les forces de sécurité accusaient ces deux hommesd’appartenir à la NPA, ce qu’ils ont démenti.

Raymond et Reynaldo ont été torturés à plusieurs reprises par lesmilitaires pendant leur détention. « Nous étions comme leurs esclaves, ditRaymond. J’ai toujours des cicatrices aux endroits où ils m’ont brûlé avec desboîtes de conserve chauffées à blanc. Ils m’ont donné des coups de pied,frappé avec des morceaux de bois, envoyé de l’eau dans les narines tout enme battant. »

Après être passés par plusieurs lieux de détention secrets, les deux frèresont été emmenés dans une propriété agricole appartenant à un officier, dansla province de Panganisan (nord du pays). Là, ils se sont efforcés deconquérir la confiance de leurs ravisseurs et ont déclaré vouloir intégrer

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LEFIL[DÉC

10/JAN

11]

MATERNALMORTALITY

LESDISPARITIONS

FORCÉESAUXPHILIPPINES

l’armée. Un jour, 18 mois après leur enlèvement, les soldats qui lessurveillaient se sont endormis après avoir trop bu. Raymond a réveillé sonfrère : « C’était le moment de partir, de s’évader… Nous nous sommes enfuis,mon frère et moi, et nous sommes arrivés sur la grand-route. Par chance, unbus passait juste à ce moment-là. Nous lui avons fait signe de s’arrêter etnous sommes montés. »

Depuis son évasion, Raymond a raconté son cauchemar, mais a aussitémoigné du cas d’autres détenus qu’il a vus, dont Karen et Sherlyn. « J’aivu une femme enchaînée. Elle m’a dit qu’elle s’appelait Sherlyn Cadapan etqu’elle avait été enlevée dans la province de Bulacan. Nous avons vuégalement Karen Empeño, poursuit Raymond, qui était présent lors d’unépisode de torture.

« J’ai entendu une femme supplier et crier grâce. J’étais inquiet. Commeje ne pouvais rien faire, j’ai fait semblant de dormir. Mais je suis resté éveillétout le temps que ça a duré. L’un des gardiens est venu me secouer et m’aordonné de leur préparer à manger. Je suis sorti et je suis allé à la cuisine.C’est là que j’ai vu Sherlyn Cadapan. Elle était presque entièrement nue. Elleétait pendue la tête en bas. Ils lui donnaient des coups dans le ventre. Ils luiont versé de l’eau sur le corps et ont joué avec ses organes génitaux. Ils y ontenfoncé un morceau de bois et l’ont remué. J’ai vu Karen recroquevilléeauprès de Sherlyn. Elle aussi était presque nue. Elle était couverte de brûluresde cigarettes.

« Le lendemain, ils m’ont donné l’ordre de laver des vêtementsensanglantés. J’ai nettoyé des dessous couverts de sang. Ils ont demandé àmon frère Reynaldo de vider des seaux d’urine. L’urine était mêlée de sang.Quand on nous a ramenés au camp, Karen et Sherlyn n’étaient plus là. Je neles ai plus jamais revues. »

Le récit de Raymond a anéanti l'espoir de Concepcion que sa fille seraitépargnée. « Il me reste seulement l’espoir qu’elle soit toujours en vie, dit-elle.Après plus de quatre ans de recherches, je garde en moi la conviction quema fille est toujours vivante et qu’elle va revenir un jour. »

LE COMBAT POUR LA JUSTICETrois ans après s’être enfui, Raymond Manalo n'a toujours pas obtenu justice.« Je suis très en colère car j'ai été brutalisé et je ne comprends même paspourquoi. J’ai trouvé la force de prendre la parole parce que je veux obtenirjustice pour les violences que j’ai subies et celles infligées à d’autrespersonnes disparues. » Il a essayé à plusieurs reprises de porter plaintecontre les militaires qui l’ont enlevé et torturé, mais les tribunaux n’ont pasdonné suite ou font traîner les procédures. Pendant ce temps, il vit dans lapeur. « Je suis libre, mais pas réellement, explique-t-il. Les militaires peuventm’enlever de nouveau à tout moment, il leur suffit d’ôter leurs uniformes etd’agir de manière anonyme. »

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LEFIL

[DÉC10/JAN

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XXX

Concepcion Empeño déploie tous ses efforts, elle aussi, pour faireconnaître le sort de Karen et d’autres victimes de disparitions forcées auxPhilippines.

« Moi qui n’était qu’une mère et une directrice d’école primaire, je suisdevenue la porte-parole de ma fille disparue, dit-elle. J’ai appris à m’exprimerdevant les médias, et je me suis retrouvée à prendre la parole dans desrassemblements et à manifester avec d’autres proches de disparus oude personnes assassinées. » Concepcion Empeño est désormais vice-présidente de Desaparecidos, une association de familles de victimes dedisparitions forcées.

« Je veux faire savoir au monde entier ce que sont les violations des droitshumains aux Philippines, déclare-t-elle. Mon mari et moi-même ne sommespas fatigués, nous ne sommes pas abattus. Tout cela nous a fait avancer.Nous avons repris le flambeau de Karen et nous sommes devenus desparents dont elle serait fière. »

LESDISPARITIONS

FORCÉESAUX

PHILIPPINES

AGISSEZVeuillez écrire au président Aquino pour lui demander de s’engager fermement à mettre unterme aux disparitions forcées, à la torture et aux assassinats politiques aux Philippines.Exhortez-le à inscrire dans l'histoire sa première année d’exercice du pouvoir en signant laConvention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitionsforcées. Il ne manque plus qu’une ratification pour que la Convention entre en vigueur.

Vous pouvez télécharger un modèle de lettre sur : snipr.com/1i40ft

Envoyez vos appels à :

H.E. Benigno Simeon Aquino IIIPresident,Republic of the PhilippinesOffice of the PresidentMalacañang Palace CompoundJ.P. Laurel St.,San Miguel,Manila,Philippines 1501

Pages précédentes et ci-dessus : Raymond Manalo et Concepcion Empeñoprennent la parole à Londres, Royaume-Uni (octobre 2010). Pour toutes lesphotos © Amnesty International.

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BLOG

CHAT

INFORMATIONS

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LEFIL[DÉC

10/JAN

11]

En Roumanie, des Roms traités comme desmoins que rien

Fotis Filippou, chargé d’action d’AmnestyInternational« Nous sommes allés récemment enRoumanie, où nous avons rencontré des Romsqui vivent derrière une station d’épuration àMiercurea Ciuc, dans le centre du pays.

« Plus de six ans après avoir été expulsésde leur domicile, quelque 75 Roms, dont desfamilles avec enfants, vivent toujours dans desconditions insalubres, dans des cabanes et desbaraques en tôle. Au début, on leur avait ditque c’était une solution provisoire, mais il y aaujourd’hui des raisons de craindre que çadure longtemps. »

Pour en savoir plus et laisser un commentaire :snipr.com/1f981f

Des manifestants russes s’engagent àpoursuivre le combat pour la liberté deréunion

Friederike Behr, chercheuse d’AmnestyInternationalAprès 18 mois d’atermoiements, la mairie deMoscou a finalement donné son aval pour

qu’une manifestation « du 31 » en faveur de laliberté de réunion ait lieu le dimanche 31 octobre.

Depuis mai 2009, les organisateurstentaient d’obtenir la permission de tenir unrassemblement à 18h00 la dernière journéed’un mois de 31 jours sur la place Trioumfalnaïa,à Moscou, pour soutenir l’article 31 de laConstitution russe, qui garantit le droit de se

réunir pacifiquement. La manifestation s’estdéroulée sur fond de forte présence policièreet, d’après les médias, 28 personnes ont étéappréhendées.

Pour en savoir plus et laisser un commentaire :snipr.com/1f90tp

Le Nigeria doit enquêter sur la fusillade deBundu

Kathryn Achilles, chargée d’action d’AmnestyInternationalLe 10 octobre, à Lagos, capitale du Nigeria,nous avons lancé un rapport intitulé PortHarcourt demolitions: excessive use of forceagainst demonstrators, qui examine lesévénements du 12 octobre 2009. Ce jour-là,des policiers et des soldats ont ouvert le feusur un groupe de résidents de Bundu, unquartier d’habitat informel situé au bord del’eau, qui manifestaient pacifiquement contreun projet prévoyant leur expulsion et ladestruction de leurs habitations.

Pour en savoir plus et laisser un commentaire :http://snipr.com/1f9cf7

RETROUVEZ LE BLOG D’AMNESTY INTERNATIONAL SUR WWW.AMNESTY.ORG/LIVEWIRE

©DR

FILDIRECT

Miercurea Ciuc, Roumanie, août 2010.

© Amnesty International

Au Nigeria, des habitants des zones situées au bord de l’eau défilent avec leurs défenseurs pour la Journéemondiale de l'habitat (octobre 2009).

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LEFIL

[DÉC10/JAN

11]

COUPDE

PROJECTEUR

ÉGYPTE : DÉTENU SANSINCULPATION

Depuis15ans,MohamedElSharkawi(voir photo) est en détentionadministrative en Égypte. « Le

régime que je subis est pire que celui descondamnés de droit commun », proteste-t-il. Comme lui, desmilliers de personnessont incarcérées depuis des années enÉgypte sans avoir été ni inculpées, nijugées et, bien souvent, alors qu’unejuridiction a ordonné leur libération. Dansde nombreux cas, cette situation persistedepuis plusieurs décennies.

En vertu de la Loi relative à l’étatd’urgence, rétablie il y a 29 ans, toutepersonne simplement soupçonnée demenacer l’ordre public et la sécurité peutêtre placée en détention administrative –sans inculpation ni jugement – sur ordredu ministre de l’Intérieur.

Cettepratiqueanui considérablementau bon fonctionnement de la justice enÉgypte.Ellepermetd’étouffer toutecritiqueà l’égard des autorités et de museler lesdissidents politiques. Elle est égalementutiliséecontredespersonnessoupçonnéesd’infractions de droit commun, dans le butde contourner la justice pénale.

Le temps est venu d’agir pourmettredéfinitivement fin à ce système.

AGISSEZDemandez au président égyptien de leverl’état d’urgence et d’abolir la détentionadministrative. Engagez le ministre del’Intérieur à relâcher les prisonniersd’opinion et les détenus administratifs dontla libération a été ordonnée par un tribunal,et à veiller à ce que les autres soientinculpés et jugés équitablement dans lesmeilleurs délais.

Muhammad Hosni Mubarak - President,‘Abedine Palace, Cairo, ÉgypteFax : +20 22 390 1998/795 8016

Habib Ibrahim El AdlyMinister of the InteriorMinistry of the InteriorCairo, ÉgypteFax : +20 22 796 0682

Au Kirghizistan, les défenseurs desdroits humains sont exposés àdes persécutions, car les auto-

rités tentent de réduire au silenceceux qui ont été témoins des nom-breux incendies, pillages et attaquesviolentes perpétrés en juin 2010 dansdes zones majoritairement ouzbèkesdu sud du pays.

Les autorités ne seraient pasintervenues pour empêcher lesviolences et pourraient même êtreimpliquées dans des atteintes auxdroits humains. Elles s’en prennentmaintenant aux défenseurs desdroits humains, aux journalistes et àd'autres figures de la société civilequi s'efforcent de recueillir desinformations sur les événements etleurs conséquences. Des centainesd’Ouzbeks accusés d’avoir organiséou commis des violences ont étéarrêtés. Selon certaines informations,il y a eu de nombreux cas de tortureet d’autres mauvais traitements endétention. Des détenus n’ont purecevoir des soins médicaux et n’ontpas la possibilité d’entrer en contactavec leur avocat ou leurs proches.

Le défenseur des droits humainsAzimjan Askarov (photo à droite) a étédéclaré coupable de participation au

meurtre d'un policier. Il a été violem-ment battu en détention. Les autoritéss’en sont prises à lui parce qu’il avaitcollecté des informations sur deshomicides et des incendies volon-taires visant pour l'essentiel deshabitations ouzbèkes. Le 15 septembre2010, il a été condamné à la détentionà perpétuité à l’issue d’un procèsd’une flagrante iniquité. Ses biens ontété confisqués.

Amnesty International considèreAzimjan Askarov comme un prison-nier d'opinion.

Des défenseurs des droitshumains et des avocats qui suiventces affaires ont subi les agressionsphysiques et verbales de particuliers.Parfois, des policiers et des agents del’appareil judiciaire, présents lors deces violences, n’ont rien fait ou nesont pas intervenus de manièreefficace pour y mettre un terme.

AGISSEZVeuillez demander aux autorités de libérersans condition Azimjan Askarov, dans lesplus brefs délais, et de faire en sorte que lesdéfenseurs des droits humains et les avocatspuissent mener leurs activités légitimes sansentrave et sans crainte d’être harcelés,appréhendés ou soumis à des violences.

Envoyez vos appels à la présidente de laRépublique :

President Roza OtunbaevaDom PravitelstvaBishkek 720003, KirghizistanFax : +996 312 62 50 12Courriel : [email protected]

Vous trouverez des informations récentessur Azimjan Askarov à l’adressesnipr.com/1lmzyh

Une femme au milieu des ruines de lademeure familiale, détruite lors desviolences récentes au Kirghizistan(juin 2010).

©UNHCR

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KIRGHIZISTAN : APRÈS LES VIOLENCES,UNE VAGUE DE RÉPRESSION CONTRELES DÉFENSEURS DES DROITS HUMAINS

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LETTRE DU MEXIQUE

LES INVISIBLES

L’idée du film The Invisibles est apparueaprès plusieurs missions dans le sud duMexique. Nous enquêtions sur les

atteintes aux droits humains de milliers demigrants sans papiers qui chaque annéetraversent le pays. Nous avions eu des heuresd’entretiens consacrés aux épreuves enduréespar ceux qui cherchent à se rendre aux États-Unis. Ils sont la proie de bandes criminelleset parfois de représentants des pouvoirspublics, et subissent des enlèvements, desviols et des meurtres commis par les gangs.Malgré ces dangers effrayants, nosinterlocuteurs étaient décidés à parvenir auxÉtats-Unis coûte que coûte.

Nous avons su tout de suite que nousdevions faire connaître la vie de ces hommeset de ces femmes, et mettre en avant lesobligations du gouvernement mexicain, quidoit prévenir les violences et en punir lesauteurs. Nous avons pensé d’emblée àsolliciter le grand acteur mexicain Gael GarcíaBernal. Nous le savions engagé en faveur decette cause, car il venait de produire un filmde fiction sur les migrants au Mexique, SinNombre. Il a accepté très volontiers departiciper à l’aventure. Je suis donc revenuequelques mois plus tard au Mexique pourréaliser un film avec lui et une équipe de cinqpersonnes.

Le tournage a duré cinq jours. Nous avonssuivi le parcours habituel des migrants, du

sud au nord. Nous sommes partis du RíoSuchiate, qui sépare le Guatemala duMexique. Nous avons traversé le fleuve surdes radeaux de fortune avec des migrants quientamaient leur long voyage vers les États-Unis. À Tapachula, dans l’État du Chiapas, unfossoyeur âgé de 16 ans nous a montré dansle cimetière de la ville les sépulturesanonymes où sont enterrés des migrants.En faisant le tour du cimetière, il désignaitavec sa machette tel ou tel passage entre lestombes : deux migrants étaient ensevelis ici,trois autres là, trois autres plus loin. Il n’aimaitpas enterrer les migrants, nous a-t-il confié,parce que leur corps ne reposait pas dans unvrai cercueil, comme pour les Mexicains.

Souvent, les migrants utilisent les trainsde marchandises pour rejoindre la frontièrenord du Mexique. Nous avons vu l’un de cestrains en traversant le Chiapas en direction del’État d’Oaxaca. Des centaines de migrantsétaient assis sur le toit des wagons. Ils nousont fait de grands signes quand ils ont vu quenous les filmions depuis l'arrière de notrepick-up. Nous avions la même destination, unlieu d’accueil situé à Ciudad Ixtepec. Ils ontmis 11 heures pour y parvenir – il ne nous ena fallu que deux.

SARAH SHEBBEARE, CHARGÉE DECAMPAGNE À AMNESTY INTERNATIONAL,ÉVOQUE LE TOURNAGE DE THE INVISIBLES,UN FILM QUI RÉVÈLE QUELS TERRIBLESDANGERS BRAVENT LES MIGRANTS QUITRAVERSENT LE MEXIQUE, DU SUD AU NORD.

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LEFIL[DÉC

10/JAN

11]

LESDROITS

DESMIGRANTSAU

MEXIQUE

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Dans un hôpital de Ciudad Ixtepec, nousavons rencontré un homme arrivé dans ceconvoi. Il était tombé du train en pleine nuit,car quelqu’un l’avait poussé. Il était blessé.Il allait probablement subir l’amputation dedeux doigts. Nous lui avons prêté untéléphone portable pour qu’il appelle sesproches et les prévienne de ce qui étaitarrivé. Il a demandé à son interlocuteur de nerien dire à sa mère.

La violence guette les migrants à chaqueinstant de leur voyage. Selon le personnel descentres d’accueil, six femmes sur 10subissent une agression sexuelle au cours deleur périple. Elles ont presque toutesconscience de courir ce risque, mais cela neles empêche pas d’entreprendre le voyage.Elles souhaitent que leurs enfants viventmieux et sont prêtes à affronter de gravesdangers pour l’avenir de leur famille. « Monfils a toujours voulu une moto [un jouet],juste une petite moto, nous a déclaré l’uned’elles. Je lui ai dit, mon chéri, quand je seraiaux États-Unis, je t’en achèterai une. Je ne lalui achèterai pas avec ma première paie, non,mais je lui ai promis, et je tiendrai parole. »

Nous avons entendu des récits poignantspendant le tournage. Mais on ressentaitquand même de l'espoir et de l'optimisme.Tous ceux qui ont participé à la réalisation deThe Invisibles – migrants, personnel descentres d’accueil et équipe de tournage –savaient que le film nous rapprochait un peude notre but : la justice pour les milliers demigrants en situation irrégulière quitraversent le Mexique.

Le film est achevé. Il faut désormais qu'ilsoit vu. Et qu'il soit soutenu. Vous pouvezregarder The Invisibles et agir surwww.amnesty.org/fr/theinvisibles. Passez lemessage et transmettez ce lien aussilargement que possible.

Le 18 décembre : Journée internationale des migrants.

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LEFIL

[DÉC10/JAN

11]

LESDROITS

DESMIGRANTS

AUMEXIQUE

Grande photo : Plan fixe du film. © Marc Silver

À droite : Préparation et tournage de The Invisibles.Mexique, 2009-2010.De haut en bas : © Amnesty International (première,deuxième et sixième photos), © Paulina Gutiérrez (septièmephoto). Toutes les autres : © Marc Silver.

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©www.fabiogioia.com

JOURNÉEDESDROITS

DEL’H

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CAMPAGNEPOUR

LAJUSTICEINTERNATIONALE

En 2008-2009, l’armée israé-lienne a mené des offensivesaériennes et terrestres contre

Gaza durant 22 jours. Ces attaquesont tué ou blessé des centaines decivils. Elles ont détruit des centresmédicaux, des habitations etentreprises civiles, des bâtiments desNations unies. Elles ont très gravementendommagé les infrastructures de labande de Gaza, où la population esttrès dense. Des groupes arméspalestiniens, dont le Hamas, onteffectué des centaines de tirs aveuglesde roquettes depuis la bande de Gazavers le sud d’Israël, faisant trois mortset des dizaines de blessés parmi lescivils et endommageant des biens.

Ces affrontements n’ont rien d’unévénement isolé. Au cours du conflitqui oppose depuis longtemps les deuxcamps, les forces israéliennes commeles groupes armés palestiniens ontcommis de graves violations du droitinternational qui sont généralementdemeurées impunies. Faute depoursuites, justice n’a pas été rendueaux victimes.

UNE CHANCE D’OBTENIRJUSTICEEn septembre 2009, une missiond'établissement des faits, mandatéepar les Nations unies et dirigée par le

juge Richard Goldstone, a rendupublic un rapport qui décrivait etrépertoriait les violations perpétréespar les deux camps au cours duconflit de 2008-2009. Le rapportrecommandait qu’un délai de six moissoit accordé aux autorités israélienneset au gouvernement de facto duHamas afin que ces instancespuissent enquêter sur ces infractions,faute de quoi, à l’issue de cettepériode, la justice internationaledevrait être saisie. Les conclusions etrecommandations formulées dans cedocument, qui correspondaient auxrésultats des recherches menées parAmnesty International juste après leconflit, ont été validées par le Conseildes droits de l'homme et l’Assembléegénérale des Nations unies.

Amnesty International a suivi deprès les initiatives prises au niveau localpar les deux parties. En octobre 2010,elle est parvenue à la conclusionqu’aucun des deux camps n’avait menéd’enquêtes sérieuses sur les crimesrecensés dans le rapport Goldstone, pasplus qu’ils n’avaient poursuivi leursresponsables présumés. Les conclu-sions d’Amnesty International ont étéconfirmées par un comité d’expertsindépendants, qui a souligné l’insuf-fisance des démarches menées auniveau local dans un rapport adressé auConseil des droits de l'homme.

La Cour pénale internationale (CPI)n’est pas directement compétentepour connaître des violations com-mises dans la bande de Gaza ou dansle sud d’Israël. En effet, le Statut deRome, traité fondateur de la CPI, n’aété ratifié ni par Israël, ni par l’Autoritépalestinienne.

Cependant, en janvier 2009,l’Autorité palestinienne a soumis à laCPI une déclaration reconnaissant sacompétence au regard des crimescommis sur le territoire de Palestinedepuis le 1er juillet 2002. Cettedéclaration, selon toute apparence,concerne tous les crimes perpétrés aucours des affrontements, y comprisles tirs de roquettes effectués vers lesud d’Israël depuis la bande de Gaza.

Amnesty International invite laCPI à déterminer si des investigationspeuvent être menées sur la base decette déclaration. Si c’est le cas, leprocureur de la CPI doit ouvrir uneenquête sans retard. Sinon, une autresolution doit être trouvée pour faireintervenir la justice internationale –par exemple, le Conseil de sécuritédes Nations unies peut saisir la CPI.

Amnesty International engagepar ailleurs les autorités nationalesd’autres pays à s’efforcer d’enquêtersur les crimes commis pendantle conflit et d’en poursuivre lesresponsables présumés en invoquant

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Le 27 décembre 2008, l’armée israélienne a entrepris de bombarder la bandede Gaza. Cette offensive avait pour objectif déclaré de mettre fin aux tirs deroquette de groupes armés palestiniens visant le territoire d’Israël. Au cours des22 jours qui ont suivi, 1 400 Palestiniens et 13 Israéliens ont été tués. D’après lesenquêteurs des Nations unies, les deux camps ont commis des crimes de guerre,et peut-être des crimes contre l’humanité. Pourtant, deux ans après le conflit,les deux parties n’ont fait aboutir ni enquêtes ni poursuites concernant lesresponsables présumés. La communauté internationale doit intervenir pour quejustice soit rendue aux victimes.

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LE CONFLIT DANSLA BANDE DE GAZAIL EST TEMPS QUE JUSTICE SOIT RENDUE

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le principe de la compétenceuniverselle, en vertu duquel l’ancienprésident chilien Augusto Pinochet aété arrêté à Londres (Royaume-Uni)en 1998.

Malgré les carences manifestesd’Israël et de la partie palestinienne, nile Conseil des droits de l'homme nil’Assemblée générale des Nationsunies n’ont exigé que la justiceinternationale intervienne en faveurdes victimes de la bande de Gaza etdu sud d’Israël. Au lieu d’agir dans cesens, le Conseil des droits de l'hommea décidé, en octobre 2010, deproroger de six mois seulement lemandat du Comité d’experts indé-pendants. Le Conseil a ainsi fait peude cas des droits des victimes.

AGISSEZLa prochaine session du Conseil des droitsde l’homme se tiendra en mars 2011. Lorsde cette session, il faut que le Conseilprenne des mesures concrètes pour quejustice soit rendue à toutes les victimes duconflit. Intervenez dans ce sens.

Écrivez à votre ministre des Affairesétrangères en l’invitant à soutenir en marsune résolution du Conseil des droits del’homme :

� Reconnaissant et condamnant lescarences des enquêtes menées par Israël etle gouvernement de facto du Hamas, qui nesatisfont pas aux normes internationales ;

� Invitant les États à enquêter sur lescrimes commis au cours du conflit et à lespoursuivre devant leurs juridictionsnationales en exerçant la compétenceuniverselle ;

� Demandant à l’Assemblée générale desNations unies d’examiner les conclusions duComité d’experts indépendants. Cetterésolution devra aussi prier Ban Ki-moon,secrétaire général des Nations unies, desoumettre le rapport au Conseil de sécuritédes Nations unies. Amnesty Internationalcontinuera à mener un travail de pressionauprès des États pour qu’ils soutiennentauprès de l’ONU le recours à la justiceinternationale.

Le deuxième anniversaire de la fin du conflitaura lieu le 18 janvier 2011. Les membresd’Amnesty International organiseront ce jour-là des événements publics pour exiger quejustice soit rendue aux victimes. Contactezvotre bureau ou groupe local d’AmnestyInternational afin de savoir commentparticiper à cette journée d’action. Tenez-vous au courant des dernières informationssur cette campagne en consultantwww.amnesty.org/en/international-justice

CAMPAGNE

POURLA

JUSTICEINTERNATIONALE

Ci-dessus : Des enfants à Gaza (janvier2009).À gauche : La maison de MohamedFaraj Dardouna, 98 ans, a été détruitelors de l’offensive. Son âne – son seulmoyen de transport – a été tué. Villede Gaza, janvier 2009.

© Amnesty International

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DES JEUNES FILLESDÉNONCENT LESVIOLENCES SEXUELLESAU NICARAGUA

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Au Nicaragua, le viol et les violences sexuelles sont monnaie courante.Les victimes sont majoritairement des jeunes filles et des fillettes. Plusdes deux tiers de tous les viols signalés entre 1998 et 2008

concernaient des filles de moins de 17 ans. Près de la moitié ont été commiscontre des fillettes de 14 ans ou moins.

Malgré les preuves accablantes de l’ampleur et de la gravité duproblème, le gouvernement nicaraguayen ne traite toujours pas avec ladiligence qu’elle mérite cette situation critique, mais passée sous silence, enmatière de droits humains. Aucun plan gouvernemental à l'échelle nationalene permet de prévenir la violence sexuelle contre les filles, de protéger lesjeunes victimes et de leur accorder justice et réparation. Bien au contraire,des espaces où les défenseurs des droits fondamentaux des femmes et des

enfants pouvaient dialoguer avec les pouvoirs publics ont été fermés parl’actuel gouvernement.

L’information est difficile d’accès pour les personnes qui ont subi desviolences sexuelles ou risquent d’en subir. De nombreuses jeunes filles sontenfermées dans des situations destructrices dont elles ne savent pascomment sortir. En raison de la stigmatisation associée aux crimes sexuels,c’est souvent la victime (et non l’auteur des faits) qui est rendue responsable.Le gouvernement n’a pas mis en place à l’échelle nationale de campagne desensibilisation visant à modifier les comportements, et de nombreuses jeunesfilles qui ont subi un viol ou d'autres atteintes sexuelles sont rejetées par leurfamille ou leur entourage lorsqu'elles en parlent. D'autres, bien plusnombreuses encore, ne prennent pas le risque d’ouvrir la bouche.

Linda avait 10 ans lorsqu’un prêtre évangélique s’est livré sur elle à desatteintes sexuelles. Quand elle a trouvé le courage nécessaire pour parler dece qu’elle avait subi, elle s’est heurtée à l’incrédulité : « Les gens m’ont ditdes choses, et comme [l’agresseur] était un prêtre évangélique, personne neme croyait. Au contraire, ils me demandaient : “Pourquoi racontes-tu deschoses pareilles ?” Aujourd’hui encore, cette réaction me fait souffrir. »

ABANDONNÉES PAR LA JUSTICEPour celles qui arrivent à parler, la lutte à mener pour obtenir justice peut êtretraumatisante. À cause des défaillances et du manque de ressources dusystème judiciaire, il est fréquent que les poursuites échouent et que lesagresseurs restent en liberté.

Au Nicaragua, des jeunes filles qui ont subi un violou d’autres atteintes sexuelles s’expriment etagissent pour que leurs droits soient respectés.Il faut les entendre et se mobiliser en leur faveur.Comme le dit Estefany, violée par son oncle etenceinte à l’âge de 17 ans : « Je ne veux pas êtreprise en pitié, ce que je veux, c’est votre solidarité. »

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La mise en place de commissariats spécialisés pour les femmes et lesenfants est certes un point positif. Mais leur nombre est insuffisant à l'échelledu pays. Beaucoup ne disposent pas des moyens nécessaires – les agentsn'ont même pas de quoi faire le plein d'essence pour aller enquêter sur lescas présumés de violences sexuelles. Dans certains cas, les fonctionnairesfont tout leur possible pour travailler correctement malgré le manque demoyens. Mais des victimes et des personnes qui s’en occupent ont égalementsignalé des comportements indélicats chez certains policiers peu formés.

Alejandra a 12 ans. Lorsqu’elle s’est adressée à la police après avoir étéviolée, elle s’est heurtée à l’incrédulité des fonctionnaires : « Ils m’ont ditd’arrêter de pleurer, que je n’avais aucune raison de pleurer, que tout celan’était pas vrai. J’ai été très choquée que les policiers disent que je mentais.Je ne pourrais jamais mentir à propos de ces choses-là. »

Les victimes de viol ou d’atteintes sexuelles dont le cas donne lieu à despoursuites abandonnent souvent celles-ci parce que la procédure judiciaireest soit trop coûteuse soit trop traumatisante. Il arrive que des audiencessoient annulées à plusieurs reprises, ce qui multiplie pour les victimes lesmoments pénibles pendant lesquels elles se préparent à comparaître devantle tribunal. Il arrive que les auteurs présumés des violences sexuelles soientlibérés sous caution sans que la surveillance et les contrôles appropriés aientété mis en place, ce qui expose les jeunes filles au risque de représailles.

Les jeunes victimes de viol ou d’atteintes sexuelles ne sont guère aidéespar les autorités pour reconstruire leur vie. Dans le meilleur des cas, certainesobtiennent une aide psychologique et juridique dispensée par des centres ourefuges indépendants pour femmes et jeunes filles, mais il arrive trop souvent

qu’aucune assistance ne soit accordée à celles qui en ont besoin. AuNicaragua, les foyers d’accueil pour les victimes d’abus commis dans lafamille et de viol ne sont pas assez nombreux. On manque surtout de lieuxspécifiquement destinés aux enfants. Il existe 10 foyers gérés par des ONG,qui ne reçoivent aucun soutien – financier ou autre – des pouvoirs publics.Les autorités ne financent pas davantage les centres sans hébergement, quis'efforcent de combler les lacunes gouvernementales. Depuis l’âge de neufans jusqu’à ce qu’elle ait 14 ans, Connie a été violée par son père. Elle ditl'importance de l'aide reçue dans un centre d'accueil : « J’ai trouvé la paix ici,j’ai trouvé des amies, de vraies amies, et je suis parvenue à sortir un peu dutrou noir dans lequel je me trouvais. »

PRIVÉES D’AIDE, PRIVÉES DE CHOIXOutre les séquelles psychologiques, certaines victimes connaissent untraumatisme supplémentaire quand elles découvrent qu’elles sont enceintesde leur agresseur. Les jeunes filles qui, après avoir été violées, choisissent demener leur grossesse à terme ne reçoivent que peu ou pas d’aide de la partde l’État, ni pour les soins à donner à l’enfant, ni pour elles-mêmes et la suitede leur études, la reprise de leur travail ou l’accomplissement de leurs projetsd’avenir. Pour d’autres, l’idée de donner naissance à un enfant issu d’un violest insupportable. Dans certains cas, par ailleurs, la grossesse met en dangerla vie ou la santé de la jeune victime de viol. Mais ces jeunes filles n’ont pasle choix : une loi de 2008 fait de toutes les formes d’avortement une infractionpénale, y compris lorsque la grossesse est le résultat d'un viol. Pour une

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femme que son agresseur a déjà privée de la possibilité de disposer de sonpropre corps, la législation actuelle est cruelle et inhumaine.

Le gouvernement a l’obligation de prévenir la violence sexuelle contre lesfilles au Nicaragua. Les jeunes victimes de viol et d’atteintes sexuelles ontdroit à la protection, à la justice et à la réparation. Le gouvernement doitprendre sans attendre des mesures pour que le viol ne devienne pasl’événement qui va déterminer toute la vie ultérieure de la jeune femme qui lesubit. Les autorités doivent, par-dessus tout, écouter les jeunes femmes quiont été violées. « Leurs mots ont du pouvoir ! déclare la directrice d’un centrequi travaille auprès de femmes et de jeunes filles victimes de violences àManagua. C’est le message qu’il faut faire passer aux filles ; elles doiventsentir, elles doivent savoir que leurs mots ont du pouvoir. »

Remarque : Pour protéger l’anonymat des jeunes victimes de violencessexuelles, tous les noms ont été modifiés.

AGISSEZDemandez au président Daniel Ortega Saavedra d’écouter la voix des jeunes victimes deviolences sexuelles et d’élaborer, de financer suffisamment et de mettre en œuvre un plannational global d’action pour traiter cette situation critique, mais passée sous silence, enmatière de droits humains. Ce plan doit comporter des dispositions pour la prévention desviolences sexuelles, la protection des victimes, la bonne marche de la justice et l’octroi deréparations, afin que les responsables soient tenus comptables de leurs actes et que lesjeunes filles et les fillettes qui ont subi des violences sexuelles puissent de nouveau espéreret rêver.

Entre autres mesures visant à la réadaptation, il convient notamment d’abroger la loiérigeant en infraction pénale toute forme d’avortement, afin que les jeunes filles enceintesà la suite d’un viol puissent décider librement de la manière dont elles font face auxconséquences de cette agression sans craindre d’être emprisonnées.

Envoyez vos appels à :

Daniel Ortega SaavedraPresidente de la República de NicaraguaReparto El CarmenCostado Oeste del Parque El CarmenManaguaNicaragua

Page précédente et à gauche : Des femmes qui ont subi des violences sexuellesavec le personnel qui assure l’assistance et le soutien dans un centre d’accueilpour les femmes, au Nicaragua (mars 2010).Au centre : Des écolières à León, octobre 2008. La plupart des victimes de violsont des fillettes de 14 ans au plus.Ci-dessus à droite : Une femme et un enfant à Managua (mars 2010).La question de la violence sexuelle vient bien après les soins de santé prénatalsou l’éducation sur la liste des priorités gouvernementales.

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&rABDEL MONIM ELGAKET ALI AGABAli Agab et Abdel Monim Elgak,deux défenseurs soudanais desdroits humains, ont été contraintsde fuir leur pays en raison de leurmilitantisme. Pour LE FIL, ilsévoquent les difficultés qu’ilsrencontrent et leurs raisons degarder confiance en l’avenir.

INTERVIEW

Comment est né votre intérêt pour lesdroits humains ? MONIM : J’ai découvert les droits humains àl’université, lorsque je me suis engagé dans lesmouvements d’étudiants. Quand j’étais endernière année à l’université de Khartoum,certains étudiants subissaient des violations de leurs droits fondamentaux ; l’un d’eux a étéarrêté. Le lendemain, nous avons retrouvé soncadavre dans la rue.

ALI : Quand j’étais dans le secondaire, j’ai rejointun petit groupe d’étudiants, le Frontdémocratique, qui revendiquait le respect desdroits des étudiants. C’est là que j’ai commencéà apprendre ce qu’étaient les droits, ce que celasignifiait de défendre les autres, de parler aunom de ses camarades et du peuple. Àl’université, j’ai continué à participer auxactivités du Front démocratique. À l’époque,beaucoup d’entre nous étaient arrêtés et torturés.À l’université, il régnait un climat de franchehostilité à notre égard. Ayant obtenu mondiplôme de droit, j’ai commencé à défendre despersonnes, puis j’ai rejoint le Groupe soudanaisde défense des droits humains, la principaleorganisation de défense des droits fondamentauxau Soudan. En 2000, je me suis formé aux

droits humains à l'African Centre for Democracyand Human Rights Studies, en Gambie.

Quels sont, selon vous, les principauxobstacles rencontrés dans la lutte contreles atteintes aux droits humains auSoudan ?MONIM : À mon sens, ils sont essentiellement aunombre de trois. Le premier, ce sont les guerreset les conflits qui sont, en fait, déclenchés puisentretenus par le gouvernement central, dans lesud du Soudan, dans le Darfour, dans l’est oudans l’extrême nord du pays. L’un desprincipaux enjeux est donc d’obtenir une paixréelle et authentique.

Le deuxième problème, c’est la dictature, à laquelle il faut ajouter l’action politique des idéologues islamistes qui bafouentsystématiquement les droits humains depuisplus de vingt ans. Le troisième obstacle, c’est laculture du racisme et de la discrimination, quecelle-ci s’en prenne à d’autres groupes ethniques,aux femmes ou à d’autres groupes religieux.

ALI : En tant qu’avocat spécialiste des droitshumains, je pense que le principal obstacleréside dans la culture de l’impunité, qui est

fortement implantée au Soudan. Les juges nesont pas indépendants, pas plus que lesprocureurs qui travaillent au ministère de laJustice. La police n’a pas la possibilité defonctionner comme un organe neutre. Les forcesde sécurité ne protègent pas la populationsoudanaise ; elles ne lui sont d’aucune aide,d’aucun secours. Elles se bornent à défendre lePCN [le Parti du Congrès national, qui exerce lepouvoir] et à le maintenir en place. Il est trèsdifficile d’obtenir justice au Soudan.

Si vous pouviez changer une chose auSoudan, que feriez-vous ?MONIM : Je changerais la culture de racisme, dediscrimination et de marginalisation qui estencouragée par le gouvernement du Soudan. Le peuple soudanais continue à en payer le prixdans sa vie quotidienne, à travers les diversconflits qui déchirent le pays.

ALI : Je mettrais fin aux 20 et quelques annéesde régime de parti unique, qui exclut lapopulation soudanaise du pouvoir. Avec uneréelle démocratie et une société civile plusforte, le peuple soudanais pourrait enfins’engager sur le chemin de la paix et de la sécurité.

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leur propre pays. Mais comme je faisais lemaximum pour que les responsables soienttraduits en justice et répondent de leurs actes,mes clients voyaient bien que quelqu’un sesouciait d’eux et leur donnait des raisonsd’espérer. Quand je traverse une passe difficile,je repense toujours aux personnes que j’aidéfendues.

Avez-vous un message pour nos lecteurs ? MONIM : Je tiens à remercier les militants et lesmembres d’Amnesty International pour lesoutien qu’ils m’ont apporté pendant madétention. [Pour en savoir plus, voir ci-contre]

ALI : J’ai pu constater par moi-même à quel pointles victimes du Darfour et d’autres régions duSoudan apprécient le travail d’AmnestyInternational et comprennent son importance.Aussi, continuez à agir pour ceux qui n’ont pasles moyens de se faire entendre. Je vous enconjure, gardez à l’esprit qu’il faut parfois dutemps pour obtenir justice, mais qu’un jour oul’autre, on y parvient. La route est sans doutelongue, mais il faut continuer le combat pour la justice.

Quelles conséquences votre action a-t-ellesur votre vie ? MONIM : Des conséquences positives et négatives.Mon action a enrichi et élargi ma vision dumonde. En revanche, et c’est là un aspectnégatif, j’ai dû quitter mon milieu d’origine àdeux reprises – je me suis exilé une premièrefois dans les années 1990 et je vis actuellementun exil involontaire.

ALI : Au Soudan, être un avocat spécialisé dansles droits humains, un défenseur des droitshumains, est toujours dangereux. Mais je suistoujours fier de mon travail, fier de défendre desgens et de faire de mon mieux pour que lespersonnes vulnérables aient au moins lapossibilité de s’exprimer.

Qu’est-ce qui vous permet de restermotivé dans les moments difficiles ?MONIM : La difficulté renforce ma motivation.C’est dans l’adversité qu’il faut faire preuve decombativité, d’initiative et de dynamisme.

ALI : Les personnes qui venaient me voir pourque je les défende avaient toutes été maltraitéespar les forces de sécurité, la police ou les forcesrebelles. Elles étaient abattues et haïssaient

INTERVIEW

Abdel Monim Elgak est un éminent défenseur de lacause des droits humains au Soudan, qui se batpour que les responsables de violations rendent descomptes et que les victimes obtiennent justice.Amnesty International a fait campagne en sa faveurlorsqu’il a été arrêté et torturé par le Servicenational de la sûreté et du renseignement, en 2008.Il a par la suite fui le nord du Soudan. Monim et lesdéfenseurs arrêtés en même temps que lui ontdéposé une communication contre les autoritéssoudanaises auprès de la Commission africainedes droits de l'homme et des peuples, afin d’obtenirréparation pour le traitement qui leur a été infligéen détention.

Ali Agab est un avocat soudanais renommé,spécialisé dans la défense des droits humains. Il atravaillé pour le Centre de Khartoum pour les droitshumains et le développement de l’environnement.Après l’émission par la Cour pénale internationaled’un mandat d’arrêt contre le président soudanaisOmar el Béchir, les autorités ont fermé le centre etAli Agab a fui vers le Royaume-Uni, où il a obtenul’asile. Il travaille actuellement pour l’AfricanCentre for Justice and Peace Studies.

Photo ci-dessous : Abdel Monim Elgak (à gauche) etAli Agab.

Photos © Jorn van Eck/Amnesty International, saufindication contraire.

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ABDEL MONIM ELGAKET ALI AGAB

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MORDECHAI VANUNU : LA CAMPAGNE CONTINUE Dans Le Fil d’août-septembre 2010,Amnesty International lançait unAppel mondial en faveur de lalibération du prisonnier d’opinionMordechai Vanunu. Il a été libéré le8 août, quinze jours avant la fin de sapeine. Le lendemain, il a remerciél’organisation pour le soutien qu’ellelui a apporté en prison.

Au moment de la rédaction de ceslignes, la Cour suprême d’Israëlexaminait une requête de MordechaiVanunu visant à obtenir l’annulation etla levée des dispositions limitantarbitrairement ses droits. Parmi cesrestrictions figurent l’interdiction dequitter Israël et de communiquer avecdes étrangers, sous peine d’empri-sonnement. Amnesty Internationalcontinue à faire campagne en faveurde cet homme. Pour en savoir plus : snipr.com/1d2su1

LE DROIT À L’EAU ESTJURIDIQUEMENT CONTRAIGNANTLe 30 septembre 2010, le Conseil desdroits de l’homme des Nations unies,pour la première fois, a affirmé lecaractère juridiquement contraignantdu droit à l’eau et à l’assainissement.

Le Conseil a ancré le droit à l’eauet à l’assainissement au droit à unniveau de vie suffisant, ce dernierétant inscrit dans plusieurs traitésinternationaux. En 2002, le comitéd’experts chargé par les Nations uniesde suivre l’application du Pacte

international relatif aux droits écono-miques, sociaux et culturels avaitindiqué que le droit à l’eau faisaitpartie des droits implicitementgarantis par ce traité. Cependant,certains États, comme le Canada etles États-Unis, ont catégoriquementrejeté ce droit et ont fait obstacle auxefforts déployés par d’autres Étatspour qu’il soit reconnu au niveauinternational.

Depuis lors, des groupes de lasociété civile, dans de nombreusesrégions du monde, font campagnepour la reconnaissance du droit àl’eau et à l’assainissement. Refuser deprendre en compte ce droit est trèschoquant.

Chaque année, environ 1,5 milliond’enfants de moins de cinq ansmeurent de diarrhée. Quatre-vingt-huit pour cent de ces morts sont duesà un accès insuffisant à l’eau salubreet à l’assainissement. Nombre d’habi-tants des bidonvilles et des quartiersd’habitat précaire ne disposent qued’un accès restreint ou nul à l’eau et àdes installations sanitaires. Certainssont contraints de déféquer en pleinair, dans un seau ou un sac enplastique. Les difficultés d’accès àl’eau et aux services d’assainissementrenforcent l’inégalité entre les sexes,car les femmes et les filles ensouffrent bien plus que les hommes.

Amnesty International, aux côtésd’autres groupes de la société civile, amené auprès des États un intensetravail de pression. Si l’opposition à lareconnaissance de ce droit a étévaincue, c’est en partie grâce à cetteaction. Au total, 178 États de toutes lesrégions du globe ont déjà reconnu ledroit à l’eau et à l’assainissement enune ou plusieurs occasions dans unedéclaration ou résolution internationale.Pour en savoir plus et laisser uncommentaire : snipr.com/1f8yv6

A droite : Des artistes et des militantsd’Amnesty International remettent

26 000 signatures au ministère de laSanté à Lima, au Pérou. La pétition

proteste contre le taux élevé demortalité maternelle dans ce pays.

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LES CAMPAGNES D'AMNESTYINTERNATIONAL S’EFFORCENTD’OBTENIR LA JUSTICE, LA LIBERTÉET LA DIGNITÉ POUR TOUS ET DEMOBILISER L’OPINION PUBLIQUEPOUR UN MONDE MEILLEUR, QUE CESOIT LORS DE CONFLITS TRÈSMÉDIATISÉS OU DANS DES ENDROITSOUBLIÉS DE LA PLANÈTE.

QUE POUVEZ-VOUS FAIRE ?

Dans le monde entier, des militants font la preuve qu’il est possible de résister aux forces qui bafouent les droits humains. Rejoignez ce mouvement mondial.Combattez les marchands de peur et de haine.

� Adhérez à Amnesty International et participez, au seind’un mouvement mondial, à la lutte contre les atteintesaux droits fondamentaux. Vous pouvez nous aider àchanger les choses.

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CEUX QUI N’ONTPAS LES MOYENS DE SE FAIRE

ENTENDRE »ALI AGAB

Page 25: Le Fil. Décembre 2010 / Janvier 2011 · DÉCEMBRE 2010 / JANVIER 2011 VOLUME 40 N°006 AGISSEZ AGISSEZ AGISSEZ LESFEMMESDUNICARAGUA ... Raymond Manalo et Concepcion Empeño prennent

Plus de six ans après avoir subi une expulsionforcée, environ 75 Roms vivent toujours dans descabanes et des baraquements en tôle près d’uneusine d’épuration, dans des conditions d’hygiènedéplorables. Les autorités locales leur ont affirméque cette situation serait temporaire mais ne les ontpas informés d'un projet qui viserait à les réinstallerdans des logements décents.

En 2004, une centaine de Roms ont étéexpulsés de force de logements appartenant à lamunicipalité de Miercurea Ciuc, dans le centre dela Roumanie, où ils vivaient depuis les années 1970.Les autorités n'avaient pas entretenu le bâtimentpendant de nombreuses années et leur ont affirméqu'ils étaient expulsés pour leur propre sécurité etque l'immeuble allait être détruit. La plupart de cesfamilles ont été réinstallées à la périphérie de la

ville, derrière une usine d’épuration. Les autoritésn’ont tenté d’étudier avec elles ni les éventuellessolutions autres que l'expulsion ni les sites deréinstallation envisageables.

Désormais contraintes d'habiter aux limites dela ville, ces familles sont exclues de la société etvivent dans des conditions inhumaines. Lapuanteur des excréments humains imprègne l’air.Les baraquements sont surpeuplés et ne protègentni de la chaleur, ni de la pluie. Les installationssanitaires sont totalement inadaptées, avecseulement quatre cabines de toilettes pour75 personnes et un robinet d'eau potable.

Écrivez au maire de Miercurea Ciuc. Exprimezvotre préoccupation devant les actes desautorités municipales, qui ont expulsé de force

des Roms de leur logement en 2004 sansrespecter les garanties internationales enmatière d'expulsion et les ont réinstallés à unemplacement où les conditions de vie sontinhumaines. Demandez-lui de veiller à ce que lesfamilles roms soient véritablement consultéesafin de décider d’un site de réinstallation et d’unlogement de remplacement conformes auxconditions requises par les normes et le droitrégionaux et internationaux en matière de droitshumains. Envoyez vos appels à :

Mayor Ráduly Róbert KálmánVár tér 1. 530110, Miercurea CiucHarghita county, RoumanieFax : +40 266 371 165Courriel : [email protected] d’appel : Dear Mayor, / Monsieurle Maire,

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DES FAMILLES ROMS

ROUMANIE

ÉCRIREPOURLESDROITSDu Bénin à la Belgique, de la Suisse à la Corée du Sud, des centaines de milliers de personnesparticipent tous les ans, dans le monde entier, au Marathon des lettres d’Amnesty International.Elles envoient des lettres, des fax et des courriels pour exiger que les droits de personnes et degroupes en danger soient respectés.

Et ça marche ! Bu Dongwei a passé plus de deux ans dans un camp de « rééducation par le travail »,en Chine. Il a été libéré en juillet 2008, grâce à la mobilisation des membres d’Amnesty International et d’autressympathisants. « La communauté internationale, en manifestant son intérêt et en formulant des exigences, peutcontribuer à améliorer les conditions de vie des personnes incarcérées, a-t-il déclaré. Le Marathon d'écriture de lettres est uneexcellente idée. Aujourd’hui, des Chinois commencent à lancer des initiatives de ce type pour les personnes détenues dans lesprisons du pays. Je vous en prie, aidez-nous à mettre fin aux persécutions qui touchent toutes sortes de gens. L'injustice doit être– et sera – stoppée par les efforts communs de toutes les personnes honnêtes et de bonne volonté. »

Vous aussi, participez au Marathon des lettres. Lisez les 10 cas d’appel et agissez pour que les droits de ces personnes et groupesmenacés soient réellement respectés et protégés. Envoyez des appels et encouragez d’autres personnes à faire de même.

www.amnesty.org/fr/individuals-at-risk

AGISSEZ MAINTENANT

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Mao Hengfeng a été arrêtée à maintes reprises pouravoir défendu les droits reproductifs des femmes etla cause des victimes d’expulsion forcée en Chine.Elle est actuellement astreinte à 18 moisd’internement dans un camp de « rééducation parle travail » dans la province de l’Anhui. Elle a ététorturée de nombreuses fois.

En juillet 2010, lors de l’audience d’examen durecours administratif formé contre son placement endétention, Mao Hengfeng a déclaré avoir souvent étébattue durant son séjour dans ce camp. Elle aexpliqué que les responsables du camp avaient forcéd’autres détenues à l'agresser. Un jour, ces femmesont été incitées à la frapper deux fois à la tête avecune chaise, ce qui lui a laissé une cicatrice sur lapaupière droite. Une autre fois, elles ont étécontraintes de la soulever en tirant sur ses jambes etses bras et en la pliant en deux puis de la jeter à terre,

ce qui lui a causé des douleurs dans le bas du dos etau niveau de la taille et des reins.

Mao Hengfeng a été astreinte à une période de« rééducation par le travail » pour avoir « troublél’ordre social » après avoir manifesté devant letribunal municipal intermédiaire de Pékin le25 décembre 2009 pour soutenir le militant des droitshumains Liu Xiaobo, qui était jugé ce même jour.

Mao Hengfeng a été arrêtée à de nombreusesreprises depuis 2004, et sa famille s’est souvent vurefuser l’autorisation de lui rendre visite endétention. Ses proches ont appris par la suite quec’était pendant ces périodes qu’elle subissait destortures.

Écrivez aux autorités pour leur demander delibérer Mao Hengfeng immédiatement et sanscondition. Demandez qu’une enquête approfondieet impartiale soit ouverte sur tous les actes de

torture et autres mauvais traitements dont MaoHengfeng dit avoir été victime, et que lesresponsables présumés soient traduits en justice.Envoyez vos appels au directeur du départementprovincial de la Justice de l’Anhui :

SUN Jianxin TingzhangAnhuisheng Sifating335 HuaiheluHefeishi 230061AnhuishengRépublique populaire de ChineFax : +86 551 2215000Courriel : [email protected] d’appel : Monsieur le Directeur,

Veuillez ne pas utiliser uniquement le courrierélectronique mais tous les moyens decommunication disponibles afin de vous assurerque votre message parviendra à son destinataire.

SABER RAGOUBI

TUNISIE

MAO HENGFENG

CHINE

ZELIMKHANMOURDALOV

RUSSIE

Zelimkhan Mourdalov, un étudiant de 26 ans, adisparu en 2001, à la suite de son arrestation enTchétchénie (Fédération de Russie). Ses proches ontfait d’innombrables démarches pour le retrouver, cequi leur a valu d’être harcelés et intimidés. Sa mèreet sa sœur ont quitté le pays car leur sécurité étaiten danger.

Soupçonné d’être en possession de droguesillicites, Zelimkhan Mourdalov a été arrêté le2 janvier 2001 dans le quartier Oktiabrski de Grozny,la capitale tchétchène. Des membres de sa famillesont allés plusieurs fois au poste de police maisn’ont pas été autorisés à y entrer. Puis, le 5 janvier,des policiers leur ont affirmé que ZelimkhanMourdalov avait été libéré le matin même.

Le 29 mars 2005, le tribunal d’Oktiabrski aétabli que le lieutenant Sergueï Lapine s’étaitacharné sur Zelimkhan Mourdalov durant plusieursheures au poste de police du quartier d’Oktiabrski,

lui donnant des coups de poing et des coups de piedet le frappant avec une matraque en caoutchouc.Zelimkhan Mourdalov avait également reçu desdécharges électriques, et des témoins qui l’ont vualors ont raconté au tribunal qu’il pouvait à peinetenir debout et s’était évanoui plusieurs fois. Il avaitun bras cassé et une oreille déchirée. Il souffraitd’une commotion cérébrale et de graves blessures àla tête. Le tribunal a par ailleurs établi que, le joursuivant, des policiers l’avaient emmené en voiture.

Sergueï Lapine purge aujourd’hui une peine de10 années et demie d’emprisonnement en raison desa participation à la torture infligée à ZelimkhanMourdalov. Mais personne n’a encore été reconnucoupable de la disparition forcée de cet homme. Enfévrier 2006, un commandant et un officiersubalterne, également impliqués dans les actes detorture infligés à Zelimkhan Mourdalov et dans sadisparition forcée, ont été mis sur la liste fédérale des

personnes recherchées. À ce jour, leur trace n’a pasété retrouvée.

Écrivez au président de la Fédération de Russie.Demandez-lui de faire toute la lumière sur le sortde Zelimkhan Mourdalov et de tenir sa familleinformée des progrès de toute éventuelleenquête. Engagez-le à prendre toutes les mesuresnécessaires pour retrouver les deux policiersimpliqués dans les actes de torture infligés àZelimkhan Mourdalov et dans sa disparitionforcée et pour les traduire en justice. Envoyez vosappels à :

President of the Russian FederationDmitry Anatolievich Medvedevul. Ilyinka, 23103132 Moscow, RussieFax : +7 495 910 2134Formule d’appel : Monsieur le Président,

Saber Ragoubi a été condamné à mort en Tunisieaprès avoir été déclaré coupable d’infractions liéesà la sécurité nationale et au terrorisme. Il n’a pasbénéficié d’un procès équitable et il a été condamnésur la base d’« aveux » qui, selon son témoignage,lui ont été arrachés sous la torture.

Saber Ragoubi a été arrêté en même temps que29 autres hommes en décembre 2006, dans lesenvirons de Soliman, une ville située à unequarantaine de kilomètres au sud de Tunis. Ils ontété inculpés de différentes infractions liées auterrorisme, entre autres de complot visant àrenverser le régime et d’appartenance à uneorganisation terroriste. Malgré leurs dénégations,ils ont été déclarés coupables au terme d’un procèsinique. Saber Ragoubi est le seul condamné à mortà l’issue de ce procès.

Cette peine a été confirmée par une juridictionsupérieure en 2008. La Tunisie n’a procédé à aucuneexécution depuis 1991, mais des condamnés à mortsont toujours incarcérés dans ce pays dans desconditions très difficiles. Saber Ragoubi est détenuà l’isolement. Il n’est autorisé ni à voir ses proches,ni à recevoir du courrier. Son père a dit à AmnestyInternational : « On ne me permet pas de voir monfils… Je voudrais lui rendre visite pour voircomment il va ». Il a ajouté qu’il était terrible pourlui d’être ainsi privé de nouvelles de son fils.

Écrivez au président de la Tunisie. Demandez-luide commuer la peine capitale de Saber Ragoubiet de veiller à ce qu'il soit traité avec humanitéen prison et à ce qu’il puisse recevoir la visitede membres de sa famille. Exhortez-le àordonner que Saber Ragoubi et tous les hommescondamnés en même temps que lui soient denouveau jugés. Soulignez que ce second procèsdevra être équitable et qu’aucun élémentsusceptible d’avoir été obtenu au moyen de latorture ou d’autres formes de mauvaistraitements ne devra être retenu à titre depreuve. Envoyez vos appels à :

President Zine El Abidine Ben AliPalais PrésidentielTunis, TunisieFax : + 216 71 744 721 / 731 009Formule d’appel : Monsieur le Président,

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Norma Cruz a été menacée de mort à de nombreusesreprises parce qu’elle recueille des informations surles violences à l’égard des femmes au Guatemala etqu’elle aide des femmes à lutter pour la justice. Elledirige la fondation Sobrevivientes, une organisationde défense des droits des femmes dont le siège setrouve à Guatemala, la capitale. Alors que certainsde ses proches ont également subi des menaces etdes agressions, nul n’a été traduit en justice pources faits.

Depuis mai 2009, en raison du soutienjuridique apporté par la fondation à une fillettevictime de viol, Norma Cruz a reçu des dizainesde messages d’intimidation lui annonçant desreprésailles si elle ne renonçait pas à travailler surcette affaire. Les menaces ont été envoyées par SMSet par téléphone, sur son mobile et à la fondationSobrevivientes.

Un homme a été inculpé pour deux desmenaces de mort envoyées en 2009. Depuis lors, ila été remis en liberté sous caution. Cependant, leministère public n’a fait état d’aucune autreavancée dans l’enquête sur les menaces visantNorma Cruz, ses proches et les membres de lafondation Sobrevivientes. Certes, les autoritésguatémaltèques ont accordé à la défenseure desdroits humains une protection policière qui s’étendà sa famille et aux locaux de l’association, mais lestentatives d’intimidation se poursuivent et personnen’a été encore été traduit en justice.

Écrivez à la procureure générale et responsabledu ministère public et demandez-lui de faire lenécessaire pour qu’une enquête approfondie etimpartiale soit menée sans délai sur les menacesde mort formulées contre la défenseure des droitshumains Norma Cruz et que leurs responsablesprésumés soient traduits en justice. Envoyez vosappels à :

Lic. María Encarnación Mejía de ContrerasFiscal General de la República y Jefa delMinisterio Público15ª Avenida 15-16, Zona 1,Barrio GeronaCiudad de Guatemala, GuatemalaFax : +502 2411 9124Formule d’appel : Estimada Sra. FiscalGeneral, / Madame la Procureure générale,

Su Su Nway, militante pour les droits destravailleurs, purge actuellement une peined’emprisonnement de huit ans et six mois dans uneprison isolée, loin de sa famille. Selon desinformations récemment relayées par les médiasmyanmars en exil, elle a souffert de crises de goutteet de paludisme en 2010. Elle présente égalementdes troubles cardiaques congénitaux et desproblèmes d’hypertension qui ont été aggravés parses conditions de vie en prison, où les soinsmédicaux requis par son état de santé ne lui sontpas dispensés. Membre de la Ligue nationale pourla démocratie (NLD), un parti d’opposition, elle a étécondamnée en application de lois régulièrementutilisées par les autorités pour punir l’expressionpourtant pacifique d’opinions politiques dissidentes.

Su Su Nway a été arrêtée le 13 novembre 2007pour avoir placé une banderole antigouver-nementale à Yangon (Rangoon), près d’un hôtel où

résidait le rapporteur spécial des Nations unies pourle Myanmar. Celui-ci était venu sur place pourévaluer la situation des droits humains à la suitede la répression brutale déclenchée par les autoritésenvers les vastes manifestations pacifiques deprotestation contre la politique du gouvernementorganisées en septembre 2007. Un an après sonarrestation, Su Su Nway a été condamnée à unepeine de 12 ans et six mois de réclusion, qui a étéréduite en appel.

En août 2009, Su Su Nway a été transféréedans la prison de Hkamti (division de Sagaing),à plus de 1 600 kilomètres de Yangon, la ville oùhabitent ses parents. Or, au Myanmar, les détenuscomptent sur leur famille pour leur fournir desmédicaments et de la nourriture, et les proches deSu Su Nway, en raison de l’éloignement, ontbeaucoup de mal à lui apporter les remèdes etdenrées qui lui sont nécessaires.

Écrivez au ministre des Affaires étrangères etpriez-le de faire le nécessaire pour que Su SuNway soit relâchée sans condition et dans les plusbrefs délais. Demandez également, dans l’attentede sa libération, qu’elle bénéficie sans délai desoins médicaux adaptés, qu’elle soit transféréedans une prison située à proximité du domicile desa famille, à Yangon, et qu’elle puisserégulièrement consulter des avocats de son choixet recevoir la visite de ses proches. Enfin,exhortez le ministre à veiller à ce qu’elle ne soitni torturée, ni soumise à d’autres formes demauvais traitements. Envoyez vos appels à :

Nyan WinMinistry of Foreign AffairsBldg. (19)Naypyitaw, MyanmarFormule d’appel : Dear Minister, / Monsieurle Ministre,

Khady Bassène est une Sénégalaise âgée de 62 ans.Son mari, Jean Diandy, a été arrêté par des soldatsen 1999 et nul ne l’a revu depuis. Elle se bat pourconnaître la vérité sur le sort qui lui a été réservé.À ce jour, elle n’a obtenu aucune indemnisation poursa disparition.

Des soldats ont arrêté Jean Diandy le 4 août1999 en Casamance, car il était soupçonnéd'appartenir à un mouvement d’opposition armérevendiquant l’indépendance de cette région.

Khady Bassène a tenté de retrouver son marimais n’a obtenu aucune information sur l’endroit oùil était. Le 31 août 1999, elle a porté plainte pourl’arrestation et le placement en détention illégauxde Jean Diandy. La justice sénégalaise a ouvert uneenquête, et le juge d’instruction de la région

a entendu la déclaration du principal témoin del'arrestation. Cependant, le tribunal a classél’affaire le 7 août 2000. N’étant pas été informée decette décision, Khady Bassène n’a pas pu faireappel.

En 2005, Khady Bassène a reçu un certificatde décès de son mari daté de mars 1999, soit quatremois avant sa disparition.

Khady Bassène est actuellement en mauvaisesanté et trop faible pour travailler. Elle habite dansla maison d’un parent éloigné sans payer de loyer,mais il semble qu’elle ne pourra pas y loger encoretrès longtemps. Elle n’a nulle part où aller etsouhaite recevoir une indemnisation pour ladisparition de son mari afin d’être financièrementindépendante.

Écrivez au ministre de la Justice. Réclamezl’ouverture d’une nouvelle enquête sur la mort deJean Diandy et demandez que les responsablesprésumés soient traduits en justice dans lerespect des normes internationales d’équité desprocès. Exhortez également le ministre àpermettre à Khady Bassène d'obtenir réparationpour la disparition forcée de son mari, notammentsous la forme d’une indemnisation. Envoyez vosappels à :

Son Excellence Monsieur Cheikh Tidjane SyMinistère de la JusticeBuilding administratif BP 4030Dakar, SénégalFax : +221 33 823 27 27

SU SU NWAY

MYANMAR

KHADY BASSÈNE

SÉNÉGAL

NORMA CRUZ

GUATEMALA

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Femi Peters, directeur de campagne d’une formationd’opposition gambienne, le Parti démocratiqueunifié, a été arrêté lors d’une manifestationpacifique organisée à Serekunda (Gambie) le25 octobre 2009. Il purge actuellement une peined'un an d’emprisonnement dans des conditionsdéplorables. Il souffre de diabète et de paludisme.Son état de santé est estimé préoccupant.

La police avait refusé d'autoriser cettemanifestation, au motif qu'elle représentait unrisque pour la sécurité nationale et que des actionsde protestation violentes étaient à craindre. FemiPeters a été inculpé d’« avoir encadré un cortège etorganisé l’utilisation de haut-parleurs en public »sans avoir obtenu auprès du bureau de l’inspecteurgénéral de la police la permission requise par lalégislation relative à l’ordre public.

Après un procès qui a duré plusieurs mois,Femi Peters a été condamné le 1er avril 2010 à unepeine de prison ferme d'un an et à une amende de10 000 dalasis (280 euros). Comme il était en libertésous caution avant le procès, on pense qu'il aurafini de purger sa peine vers mars 2011. AmnestyInternational considère Femi Peters comme unprisonnier d’opinion et demande sa libérationimmédiate et sans condition.

En octobre 2010, après deux appels successifs,le tribunal a confirmé sa décision, ce qui signifieque les voies de recours ont été épuisées. Sa famillecraint qu'il ne reçoive pas le traitement nécessairepour le diabète et le paludisme, et a égalementindiqué à Amnesty International qu'elle n'avait pasété autorisée à lui rendre visite.

Écrivez au ministre de la Justice en affirmantqu'Amnesty International considère Femi Peterscomme un prisonnier d’opinion et demande salibération immédiate et sans condition. Insistezpour que ce détenu reçoive un traitement médicalapproprié et prolongé et soit autorisé à voirrégulièrement sa famille et d'autres visiteurs.Demandez aux autorités gambiennes de garantir laliberté d’expression, d’association et de réunionpacifique. Envoyez vos appels à :

Hon. Edward GomezAttorney General and Minister of JusticeDepartment of State for JusticeMarina ParadeBanjulGambie

ALEJANDROSOLALINDE GUERRA

MEXIQUE

FEMI PETERS

GAMBIE

WALID YUNISAHMAD

IRAK

Alejandro Solalinde Guerra est un prêtre catholiquequi consacre sa vie à donner aux migrants un lieud’accueil sûr, à l’abri des bandes criminelles et desfonctionnaires locaux qui les exploitent et lesmaltraitent. Les auteurs de ces violences envers lesmigrants ont constamment menacé et tentéd’intimider Alejandro Solalinde en raison de sonaction. Sa vie est en danger.

Le père Alejandro Solalinde est le coordon-nateur du Centre pastoral d'aide aux migrants dansle sud-ouest du Mexique et le directeur d'un refugeoù les migrants peuvent bénéficier d’une aidehumanitaire, notamment de soins médicaux. Cesoutien apporté aux migrants a suscité des réactionsxénophobes chez certains habitants de la région, quise sont livrés à des agressions et à des actes deharcèlement, souvent avec l’appui de bandescriminelles et de responsables locaux. Alejandro

Solalinde fait régulièrement l’objet de menaces et detentatives d’intimidation et les autorités n’ont guèrepris de mesures pour le protéger ni pour enquêter surles agissements à son encontre.

Le 24 juin 2008, une cinquantaine d’habitantsde Ciudad Ixtepec, la ville où Alejandro Solalindetravaille, sont entrés par effraction dans le refuge.Le groupe, dirigé par des représentants desautorités municipales, dont le maire et 14 policiers,a menacé d’incendier le bâtiment s’il n’était pasfermé dans les 48 heures. Les autorités n’ontenquêté ni sur l’effraction ni sur les menacesformulées par les représentants de la ville et, bienque le refuge n’ait finalement pas été détruit,l’événement a avivé les craintes pour la sécuritéd’Alejandro Solalinde et des migrants qu’il accueille.

Depuis 2008, Alejandro Solalinde est régu-lièrement la cible de tentatives d’intimidation.

Les médias locaux affirment souvent – à tort – quele refuge héberge des migrants soupçonnés d’avoircommis des infractions pénales.

Écrivez au ministre fédéral de l’Intérieur duMexique et demandez-lui d’offrir une protectionà Alejandro Solalinde et à ceux qui œuvrent à sescôtés, dans le respect de leurs souhaits, afinqu’ils puissent mener leur action de défense desdroits humains sans crainte de représailles.Envoyez vos appels à :

Lic. José Francisco Blake MoraSecretaría de GobernaciónBucareli 99, 1er. piso, Col. JuárezDelegación CuauhtémocMexico DF, CP 06600Mexique

Cela fait plus de 10 ans que Walid Yunis Ahmad estprivé de liberté sans avoir été jugé ni inculpé. Desmembres de l’Asayish, les services de sécuritékurdes, l’ont arrêté le 6 février 2000 à Erbil, capitalede la région kurde semi-autonome d’Irak. Ensuite,durant trois ans, sa famille n’a pas su où il setrouvait, ni même s’il était encore vivant.

Pendant cette période de disparition forcée,Walid Yunis Ahmad a été torturé. Il est actuellementdétenu au siège de l’Asayish Gishti (la Directiongénérale de la sécurité), à Erbil. Un peu partout enIrak, des milliers de personnes sont, comme lui,incarcérées depuis des années alors qu’elles n’ont éténi jugées ni inculpées.

Walid Yunis Ahmad appartient à la minoritéturkmène d’Irak. Avant son arrestation, il travaillaitpour une chaîne locale de radio et de télévision quiétait, semble-t-il, liée au Mouvement islamique duKurdistan, un parti d’opposition islamiste. Après une

réunion de ce parti à laquelle il assistait, quelqu’unl’a emmené en voiture. Ce véhicule a été arrêté etfouillé par la police. Affirmant avoir trouvé desexplosifs, les policiers ont appréhendé Walid YunisAhmad, bien qu’il ait déclaré tout ignorer de cematériel.

Les autorités kurdes soutiennent qu’elles nepeuvent pas poursuivre Walid Yunis Ahmad enjustice parce que la loi relative à la lutte contre leterrorisme a été adoptée six ans après sonplacement en détention. Il est donc privé de libertépour une période illimitée, sans aucune perspectivede jugement ni même d’inculpation.

En juin 2010, une délégation d’AmnestyInternational a rendu visite à Walid Yunis Ahmad enprison. Il a indiqué que l’action de l’organisation ensa faveur avait un effet très positif sur son moral etl’aidait à garder l’espoir d’être libéré un jour.

Écrivez au Premier ministre du gouvernementrégional du Kurdistan et demandez que Walid YunisAhmad soit libéré immédiatement et sans condition,à moins qu’il ne soit inculpé d’une infractiondûment reconnue par la loi et jugé dans lesmeilleurs délais, à l’issue d’un procès équitable.Insistez pour que toutes les personnes détenuesdepuis longtemps soient remises en liberté sansdélai ou bénéficient d’un procès équitable.Demandez enfin que les conditions de détentionsoient mises en totale conformité avec les normesinternationales en la matière et que les allégationsde torture ou d’autres formes de mauvaistraitements donnent lieu à des enquêtes. Envoyezvos appels à :

His Excellency, Dr Barham SalihPrime MinisterKurdistan Regional GovernmentErbil, IrakFormule d’appel : Monsieur le PremierMinistre,