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Ce qui est sĂ»r, c’est qu’une fois qu’il a pris possession d’un nouveau territoire, Homo sapiens ne se contente pas d’habiter dans des grottes ou des abris de fortune ni de vivre de chasse et de cueillette. Il amĂ©nage et organise progressivement son cadre de vie. Un constructeur de civilisations Peu Ă  peu, il construit des villages, Ă©difie des villes, se met Ă  cultiver le sol, Ă©lĂšve des animaux. Et surtout, il invente : l’écriture, la musique, la technologie, mais aussi les lois, les coutumes, les religions
 Un peu partout dans le monde, il va mettre en place des civilisations – parfois trĂšs diffĂ©rentes les unes des autres. Certaines ont perdurĂ© longtemps, d’autres se sont Ă©teintes rapidement, de maniĂšre naturelle ou dĂ©truites par d’autres hommes. Mais toutes ont eu une histoire que nous nous devons de connaĂźtre, car c’est un peu notre histoire, mĂȘme si elle s’est dĂ©roulĂ©e parfois Ă  l’autre bout du monde. L’homme de Neandertal Homo neandertha lensis – l’homme de Neandertal – Ă©tait loin d’ĂȘtre un sauvage inculte, comme on l’a cru pendant longtemps. Aujourd’hui, on sait qu’il confectionnait des outils complexes, qu’il enterrait ses morts, qu’il avait des traditions culturelles. Peut-ĂȘtre mĂȘme possĂ©dait-il une forme de langage articulĂ©. Ce qui est sĂ»r, c’est qu’il n’était pas infĂ©rieur Ă  nous, Homo sapiens, il Ă©tait diffĂ©rent. Et qui sait ce que serait le monde du XXI e siĂšcle si son espĂšce ne s’était pas Ă©teinte, il y a 30 000 ans ? Le genre humain Que nous soyons blancs, noirs, rouges, jaunes
 nous appartenons tous Ă  une mĂȘme espĂšce. Celle des Homo sapiens, apparue il y a 200 000 ans environ en Afrique. Cette espĂšce, la seule existant encore aujourd’hui, n’est que l’une des branches d’un arbre qui a comptĂ© pas moins d’une quinzaine de « cousins » appartenant Ă  la grande famille des homininĂ©s (australopi- thĂš ques, paranthropes et 10 ou 12 espĂšces appartenant au genre Homo : habilis, rudolfensis, erectus, ergaster, georgicus, neanderthalensis, etc. Et bien sĂ»r
 Homo sapiens). Des certitudes Ă©branlĂ©es 1. Pendant longtemps, on a pensĂ© qu’entre 40 et 35 000 ans, seuls Homo neanderthalensis (Neandertal) et Homo sapiens cohabitaient sur la Terre. On sait maintenant qu’il y avait une autre espĂšce « humaine » qui vivait Ă  cette Ă©poque en IndonĂ©sie ( Homo floresiensis – homme de Flores – dĂ©couvert en 2003 et dont l’extinction ne remonte qu’à
 13 000 ans seulement). 2. Jusqu’à rĂ©cemment, on pensait que Neandertal et Sapiens Ă©taient deux espĂšces trop diffĂ©rentes pour avoir eu des enfants ensemble. De rĂ©centes Ă©tudes d’ADN ont montrĂ© que 1 Ă  4 % de nos gĂšnes proviendraient de notre « cousin » Neandertal. Ce mĂ©tissage entre les deux espĂšces aurait pu avoir lieu il y a 150 000 Ă  80 000 ans, au Moyen-Orient. ‱ Cohabiter : vivre ensemble dans un mĂȘme lieu. ‱ Perdurer : durer longtemps, se perpĂ©tuer. PAGE 3 PAGE 2 Aujourd’hui, prĂšs de 7 milliards d’humains peuplent la Terre. Il y a 80 000 ans, ils n’étaient certainement qu’une poignĂ©e Ă  quitter l’Afrique, berceau de l’humanitĂ©, pour se lancer Ă  la dĂ©couverte du monde. L’homme Ă  la conquĂȘte du monde Apparu en Afrique il y a vraisemblablement 200 000 ans (voir encadrĂ© p. 3), l’homme moderne (Homo sapiens) aurait tout d’abord colonisĂ© une grande partie de son continent d’origine avant d’entreprendre – il y a 80 000 ans – une longue migration vers le nord qui va le conduire en Asie et en Europe. Mais le continent europĂ©en est dĂ©jĂ  en partie occupĂ© par Neandertal (Homo neanderthalensis), un « cousin » dont l’ancĂȘtre serait arrivĂ© lĂ  peut-ĂȘtre un million d’annĂ©es plus tĂŽt. Les deux espĂšces vont cohabiter pendant une dizaine de millĂ©naires, puis, il y a environ 35 000 ans, sans que l’on sache trop pourquoi, Neandertal disparaĂźt. RestĂ© seul, Homo sapiens n’en continue pas moins son exploration du monde. Vers des terres inconnues Sans savoir oĂč il va, dans des conditions parfois extrĂȘmement pĂ©rilleuses, Homo sapiens entreprend de longues, de trĂšs longues expĂ©ditions. À pied ou avec de frĂȘles embarcations lancĂ©es sur la mer, il passe d’un continent Ă  l’autre, dĂ©couvre de nouvelles contrĂ©es. Reconstitution d’un enfant nĂ©andertalien (par E. Daynes - universitĂ© de Zurich). crĂąne d’Homo neanderthalensis crĂąne d’Homo sapiens Carte de la dispersion d’ Homo sapiens – 10 000 ans – 40 000 ans – 200 000 ans apparition d’ Homo sapiens Nota : ces dates sont approximatives car il est vraisemblable que la migration d’ Homo sapiens se soit faite en plusieurs vagues successives. – 70 000 ans – 60 Ă  – 40 000 ans – 100 000 ans – 130 000 ans – 80 000 ans © Elasesinodifuso - Fotolia.com Quelles civilisations ? Cet ouvrage fait suite au premier tome qui prĂ©sentait quelques civilisations importantes de l’Europe Ă  l’Asie. Il ne prĂ©tend pas ĂȘtre exhaustif et aborder toutes les civilisations d’AmĂ©rique, d’OcĂ©anie et d’Afrique. Ces chevaux ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s il y a environ 30 000 ans sur les murs de la grotte Chauvet en ArdĂšche (dĂ©couverte en 1994). EUROPE ASIE AFRIQUE AUSTRALIE ocĂ©an Indien ocĂ©an Atlantique

Le genre humain - aedis-editions.fr

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Page 1: Le genre humain - aedis-editions.fr

Ce qui est sĂ»r, c’est qu’une fois qu’il a pris possessiond’un nouveau territoire, Homo sapiens ne se contente pas d’habiter dans des grottes ou des abris de fortune ni de vivre de chasse et de cueillette. Il amĂ©nage etorganise progressivement son cadre de vie.

Un constructeur de civilisationsPeu Ă  peu, il construit des villages, Ă©difie des villes, se met Ă  cultiver le sol, Ă©lĂšve des animaux. Et surtout, il invente : l’écriture, la musique, la technologie, mais aussi les lois, les coutumes, les religions
 Un peu partout dans le monde, il va mettre en place descivilisations – parfois trĂšs diffĂ©rentes les unes des autres.Certaines ont perdurĂ© longtemps, d’autres se sont Ă©teintesrapidement, de maniĂšre naturelle ou dĂ©truites par d’autreshommes. Mais toutes ont eu une histoire que nous nousdevons de connaĂźtre, car c’est un peu notre histoire,mĂȘme si elle s’est dĂ©roulĂ©e parfois Ă  l’autre bout dumonde.

L’homme de Neandertal

Homo neandertha lensis – l’homme deNeandertal – Ă©tait loin d’ĂȘtre un sauvageinculte, comme on l’a cru pendantlongtemps. Aujourd’hui, on sait qu’ilconfectionnait des outils complexes, qu’ilenterrait ses morts, qu’il avait des traditionsculturelles. Peut-ĂȘtre mĂȘme possĂ©dait-il uneforme de langage articulĂ©. Ce qui est sĂ»r,c’est qu’il n’était pas infĂ©rieur Ă  nous,Homo sapiens, il Ă©tait diffĂ©rent. Et quisait ce que serait le monde du XXIe siĂšcle si son espĂšce ne s’était pas Ă©teinte, il y a 30 000 ans ?

Le genre humainQue nous soyons blancs, noirs,rouges, jaunes
 nous appartenonstous Ă  une mĂȘme espĂšce. Celle desHomo sapiens, apparue il y a200 000 ans environ en Afrique.Cette espĂšce, la seule existant encoreaujourd’hui, n’est que l’une desbranches d’un arbre qui a comptĂ©pas moins d’une quinzaine de« cousins » appartenant Ă  la grandefamille des homininĂ©s (australopi -thĂš ques, paranthropes et 10 ou 12espĂšces appartenant au genre Homo :habilis, rudolfensis, erectus, ergaster,georgicus, neanderthalensis, etc. Et bien sĂ»r
 Homo sapiens).

Des certitudes Ă©branlĂ©es1. Pendant longtemps, on a pensĂ©qu’entre 40 et 35 000 ans, seulsHomo neanderthalensis(Neandertal) et Homo sapienscohabitaient sur la Terre. On saitmaintenant qu’il y avait une autreespĂšce « humaine » qui vivait Ă  cette Ă©poque en IndonĂ©sie (Homofloresiensis – homme de Flores –dĂ©couvert en 2003 et dontl’extinction ne remonte qu’à
13 000 ans seulement). 2. Jusqu’à rĂ©cemment, on pensait queNeandertal et Sapiens Ă©taient deuxespĂšces trop diffĂ©rentes pour avoireu des enfants ensemble. De rĂ©centesĂ©tudes d’ADN ont montrĂ© que 1 Ă 4 % de nos gĂšnes proviendraient de notre « cousin » Neandertal. Ce mĂ©tissage entre les deux espĂšcesaurait pu avoir lieu il y a 150 000 Ă  80 000 ans, au Moyen-Orient.

‱ Cohabiter : vivre ensembledans un mĂȘme lieu.

‱ Perdurer : durer longtemps,se perpĂ©tuer.

PAGE 3PAGE 2

Aujourd’hui, prùs de 7 milliardsd’humains peuplent la Terre.

Il y a 80 000 ans, ils n’étaientcertainement qu’une poignĂ©e Ă  quitterl’Afrique, berceau de l’humanitĂ©, pourse lancer Ă  la dĂ©couverte du monde.

L’homme Ă  la conquĂȘte du mondeApparu en Afrique il y a vraisemblablement 200 000 ans(voir encadrĂ© p. 3), l’homme moderne (Homo sapiens)aurait tout d’abord colonisĂ© une grande partie de son continent d’origine avant d’entreprendre – il y a80 000 ans – une longue migration vers le nord qui va le conduire en Asie et en Europe. Mais le continenteuropĂ©en est dĂ©jĂ  en partie occupĂ© par Neandertal (Homo neanderthalensis), un « cousin » dont l’ancĂȘtre serait arrivĂ© lĂ  peut-ĂȘtre un million d’annĂ©es plus tĂŽt. Les deux espĂšces vont cohabiter pendant une dizaine de millĂ©naires, puis, il y a environ 35 000 ans, sans que l’on sache trop pourquoi, Neandertal disparaĂźt. RestĂ© seul, Homo sapiensn’en continue pas moins son exploration du monde.

Vers des terres inconnuesSans savoir oĂč il va, dans des conditions parfoisextrĂȘmement pĂ©rilleuses, Homo sapiens entreprend de longues, de trĂšs longues expĂ©ditions. À pied ou avec de frĂȘles embarcations lancĂ©es sur la mer, il passe d’uncontinent Ă  l’autre, dĂ©couvre de nouvelles contrĂ©es.

Reconstitution d’un enfantnĂ©andertalien (par E. Daynes- universitĂ© de Zurich).

crñne d’Homo neanderthalensis

crñne d’Homosapiens

Carte de la dispersion d’Homo sapiens

– 10 000 ans

– 40 000 ans

– 200 000 ans apparition

d’Homo sapiens

Nota : ces dates sont approximatives car il estvraisemblable que la migration d’Homo sapiensse soit faite en plusieurs vagues successives.

– 70 000 ans

– 60 à– 40 000 ans

– 100 000 ans

– 130 000 ans

– 80 000 ans

© Elasesino

difuso - Fotolia

.com

Quelles civilisations ?

Cet ouvrage fait suite au premier tome qui prĂ©sentait quelquescivilisations importantes de l’Europe Ă  l’Asie. Il ne prĂ©tend pas ĂȘtreexhaustif et aborder toutes les civilisations d’AmĂ©rique, d’OcĂ©anie et d’Afrique.

Ces chevaux ont été réalisésil y a environ 30 000 anssur les murs de la grotteChauvet en ArdÚche(découverte en 1994).

EUROPE

ASIE

AFRIQUE

AUSTRALIE

océan Ind ienocéan At lan t ique

Page 2: Le genre humain - aedis-editions.fr

Le Sud-OuestDans cette rĂ©gion semi-dĂ©sertique, les Indiens sont sĂ©dentaires. Comme leurs ancĂȘtres Anasazis(voir p. 7), ils maĂźtrisent l’irrigation, ce qui leur permet de cultiver le maĂŻs et le coton. Ils utilisent le cactus pour son jus et sa pulpe. Ils vivent dans des maisons de pierres ou d’adobe.Principales ethnies : Pueblos (Hopis et Zuñis),Papagos.

Les rĂ©gions subarctiquesDans ce milieu particuliĂšrement hostile qui estaujourd’hui l’Alaska, les tribus nomades vivent dechasse (caribous), de pĂȘche et de cueillette, rĂ©coltantnotamment le sirop d’érable. Ils se dĂ©placent sur laneige en raquettes et luge, sur les riviĂšres en canoĂ«.Principales ethnies : Cris et Chipewyans

La cĂŽte nord-ouest Sur la cĂŽte nord-ouest du Pacifique, les Indienspratiquent la pĂȘche en mer (cĂ©tacĂ©s, phoques,coquillages) et construisent des barrages pour piĂ©ger saumons ou truites. Les montagnes intĂ©rieuressont favorables Ă  la chasse (chĂšvres, ours, wapitis). Ils vivent dans de grandes maisons de bois (cĂšdre outhuya) dans lesquelles plusieurs familles prennent place.Principales ethnies : Makahs, Haidas, Nootkas.

Les plateaux du Nord-OuestSituĂ©s en moyenne et haute altitude, ces territoiressont couverts de forĂȘts. La partie ouest est occupĂ©epar des tribus nomades qui vivent de chasse (ours,cerfs), de pĂȘche (saumons) et de cueillette. Ils Ă©lĂšventdes chevaux et habitent des maisons en partieenterrĂ©es pendant l’hiver.Principales ethnies : Nez-PercĂ©s, TĂȘtes-plates,Yakamas.

La CalifornieIsolĂ©es du reste du pays par la Sierra Nevada, les tribus de ce territoire vivent de chasse, de pĂȘche et surtout de cueillette. Au nord, ils habitent des huttes fabriquĂ©es en bois de sĂ©quoia, au sud dans des constructions en adobe (briques d’argile et de paille sĂ©chĂ©es).

Le Grand Bassin Les quelques tribus qui occupent ce territoire aride etisolĂ© (montagnes Rocheuses Ă  l’est et Sierra Nevada Ă l’ouest) vivent de chasse (bisons, wapitis, chĂšvres) etd’une agriculture d’irrigation. Elles habitent dans deshuttes coniques construites sur des armatures en saule.Principales ethnies : Havasupais, Shoshones,Utes, Paiutes.

Les forĂȘts du Nord-EstLes AmĂ©rindiens de cette rĂ©gion sont des semi-nomades qui vivent de chasse (ours, Ă©lan, cerf), de pĂȘche qu’ils pratiquent en canoĂ« ou en pirogue et de l’agriculture (maĂŻs). Ceux du nord habitent des wigwams, habitations en Ă©corces de bouleau, qui abritent de 10 Ă  20 personnes. Ceux du sudutilisent de vastes maisons de torchis et d’écorcesoccupĂ©es par une vingtaine de familles.Principales ethnies : Iroquois, Algonquins,Micmacs, Abenakis.

Le Sud-Est Les Indiens de cette rĂ©gion au climat subtropicalvivent Ă©galement de la chasse et de la pĂȘche. Ilscultivent maĂŻs, courges, patates douces mais aussibananes, cannes Ă  sucre, tabac
 L’étĂ©, ils occupentdes maisons crĂ©pies en glaise, l’hiver, des huttessemi-enterrĂ©es. Principales ethnies : Cherokee, SĂ©minole, Creek,Caddo.

Les Grandes PlainesLes Indiens des Grandes Plaines sont des semi-nomades qui chassent le bison. Ils en consommentla viande et utilisent Ă©galement la peau pourcouvrir les tipis ou fabriquer des vĂȘtements. Ils vivent dans des wigwams ou des tipis dĂ©corĂ©sde trophĂ©es de chasse ou
 de scalps d’ennemis. Ils communiquent Ă  l’aide de signaux de fumĂ©e.Ils se peignent le corps et se parent de bijoux(colliers, anneaux, bracelets en mĂ©tal ou encoquillages). Lors des cĂ©rĂ©monies, les « chefs »arborent une coiffe faite de plumes d’aigle.Principales ethnies : Sioux, Cheyenne,Comanche, Crow, Arapaho, Pieds-Noirs.

Principales zones d’implantation des AmĂ©rindiens

En 1800, 75 millions de bisons peuplaient les Grandes Plaines, constituant la principaleressource de nombreuses tribus (Sioux, Pieds-Noirs
). Moins d’un siĂšcle plus tard, exterminĂ©s par les chasseurs blancs, il n’en restait plus que
 800.

© jo

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.com

CUBA

HAÏTI

Floride

GROENLAND

É T A T S - U N I S

C A N A D A

M E X I Q U E

ALASKA

océan At lan t iquenord

golfedu

Mexique

mer du Labrador

golfe du Saint-Laurent

ba ied ’Hudson

océan Pac i f iquenord

Grandes Antilles

‱New York

MontrĂ©al‱

‱Los Angeles

n Washington

Ottawa n

Geronimo (Apache). Sitting Bull (Sioux) et Buffalo Bill.

CrĂąnes de bisons.

Cochise (Apache).

Évolution des territoires des AmĂ©rindiens

1620

1820

1840

1860

1977

Page 3: Le genre humain - aedis-editions.fr

Religions africainesÀ l’instar des nombreuses ethnies qui vivent en Afriquesubsaharienne, les religions traditionnelles – mĂ©lange de mythes et de lĂ©gendes – sont multiples et variĂ©es.Cependant, deux aspects dominent principalement la pensĂ©e religieuse africaine : ‱ le culte des ancĂȘtres qui, mĂȘme aprĂšs leurmort, continuent Ă  intervenir dans la viequotidienne. Pour les honorer, on leur apporte des offrandes, on les convoque aux assemblĂ©es de village ;‱ la nature dans laquelle on puise pour vivre et dont l’équilibre en place doit ĂȘtre prĂ©servĂ©. Les Africains croient en l’existence d’un dieu(force cosmique vitale), mais un dieu lointainqui laisse Ă  des dieux « secondaires » le soindes affaires terrestres et des relations avecles hommes. Ils croient Ă©galement, commedans de nombreuses civilisations, Ă  larĂ©incarnation de l’ñme. Quant aux rites, ils reposent sur la priĂšre, les sacrifices et les danses sacrĂ©es. Aujourd’hui, de nombreux Africains ont optĂ©pour une religion monothĂ©iste, christianismeou islam. Ce qui ne les empĂȘche pas decontinuer Ă  cĂ©lĂ©brer – ou au moins derespecter – les croyances ancestrales.

PAGE 21PAGE 20

Traite des NoirsL’esclavage existe certainement depuisla nuit des temps. Depuis qu’un clan,victorieux d’un autre, a utilisĂ© lesennemis vaincus pour faire les bassesbesognes Ă  sa place. La traite des Noirs va beaucoup plusloin puisqu’elle consiste Ă  dĂ©porterdes populations loin de leurs terresnatales pour les exploiter ensuite.L’Afrique noire est sans conteste la rĂ©gion du globe qui a payĂ© le plus lourd tribut Ă  l’esclavage. Au Moyen Âge, les Noirs Ă©taientenlevĂ©s par des trafiquants arabesqui, aprĂšs leur avoir fait traverser le Sahara, les vendaient sur lesmarchĂ©s des grandes villes d’Afriquedu Nord ou de Turquie. Entre le VIIe siĂšcle et 1920, ce ne sontpas moins de 17 millions d’Africainsnoirs qui auraient Ă©tĂ© ainsi victimesde cette traite orientale.La traite occidentale, elle, aurait touchĂ© de 12 Ă  20 millionsd’Africains, entre le dĂ©but du XVIesiĂšcle et le milieu du XIXe. Ce sont les nations expansionnistes(Espagne, Portugal puis Angleterre,France, Pays-Bas
) qui ont organisĂ©les dĂ©portations massives deNoirs - enlevĂ©s ou achetĂ©s parfois Ă d’autres Noirs –, principalement pourles expĂ©dier vers les champs de coton,de sucre ou de cafĂ© des colonies duNouveau Monde. AttachĂ©s pargroupes, entassĂ©s dans les cales des navires nĂ©griers, les Africainseffectuaient la traversĂ©e dans desconditions extrĂȘmement dures et lamortalitĂ© Ă©tait trĂšs Ă©levĂ©e (10 Ă  20%de dĂ©cĂšs, parfois plus).

‱ Expansionniste : pays quipratique une politique deconquĂȘte territoriale.

AppelĂ©e aussi Afrique subsaharienne (qui veut dire « sousle Sahara »), l’Afrique noire est l’une des rĂ©gions les pluspauvres de la planĂšte. C’est pourtant lĂ  qu’est apparuel’espĂšce humaine, il y a 200 000 ans*. Une espĂšce qui, on l’a vu, a crĂ©Ă© de brillantes civilisations en Europe, enAsie ou en AmĂ©rique. Malheureusement, non seulement l’Afrique noire n’a pasvu se dĂ©velopper sur son sol ces civilisations prestigieuses,mais elle a servi parfois Ă  les construire, notamment enfournissant des millions d’esclaves (voir encadrĂ© p. 21) aux nations expansionnistes. L’histoire des civilisations subsahariennes, c’est avant toutl’histoire de dizaines de royaumes mĂ©diĂ©vaux qui sefaisaient la guerre et s’éclipsaient les uns les autres.La place nous manque pour en faire l’inventaire.

L’Afrique noire

Berceau de l’humanitĂ©, l’Afrique n’a malheureusement pas vu se

dĂ©velopper sur son sol de brillantescivilisations (hormis celle de l’Égypte).

Le Sahara fut longtemps une frontiĂšre presque infran -chissable. Au point que se sont dĂ©veloppĂ©es, de part et d’autre de ce qui est aujourd’hui le plus vaste dĂ©sertchaud du monde, des civilisations bien diffĂ©rentes.

Costumes colorĂ©s et masques pour cette danse mortuaire des Dogon, peuple du Mali (Afrique de l’Ouest).

Sculpture en bois du Burkina Faso,

XVIIIe siĂšcle.

Esclaves enchaßnés en Afrique orientale (XIXe siÚcle).

SaharaSahel

EUROPE

AFRIQUE NOIRE

AFRIQUE DU NORD

Madagascar

mer Médi te r ranée

océan

Atlantique

océan Indien

© Den

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© Galyn

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rushko

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otolia.com

* voir TERRA « Les grandes civilisations (1) », page 3.

Le Sahel

Le Sahel est une sorte de frontiĂšre entrel’Afrique du Nord – dont une grandepartie est occupĂ©e par le Sahara – etl’Afrique noire, au sud. C’est une zone oĂčla sĂ©cheresse sĂ©vit depuis de nombreusesannĂ©es, permettant au dĂ©sert de progresserinexorablement. En Ă  peine un siĂšcle, leSahara a ainsi progressĂ© de plus 250 kmvers le sud.

Une caravane traverse les dunes, au sud du Maroc.