Le Millionnaire Instantané Tome 1

8/10/2019 Le Millionnaire Instantan Tome 1

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Extrait de la publication


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Le Millionnaire



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Du mme auteurchez Qubec Amrique

Miami, roman, Montral, 2001.

Conseils un jeune romancier, roman, Montral, 2000.

Le Cadeau du millionnaire, roman, Montral, 1998.

Les Hommes du zoo, roman, Montral, 1998.

Le Millionnaire, roman, Montral, 1997.

Le Livre de ma femme, roman, Montral, 1997.

Le Golfeur et le millionnaire, roman, Montral, 1996.

Le Psychiatre, roman, Montral, 1995.



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Le Millionnaire

Un conte sur les principes

spirituels de la richesse

MARC FISHER

D I T I O N S Q U B E C A M R I Q U E

329, RUE DE LA COMMUNE OUEST, 3 e TAGE, MONTRAL (QUBEC) H2Y 2E1 (514) 499-3000



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Donnes de catalogage avant publication (Canada)

Fisher, MarcLe Millionnaire : un conte sur les principes spirituels de la richesse

ISBN 978-2-89037-926-8 (Version imprime)ISBN 978-2-7644-2101-7 (PDF)ISBN 978-2-7644-2106-2 (EPUB)

I. Titre.PS8581.024M54 1997 C843.54 C97-941297-8PS9581.024M54 1997PQ3919.2.P64M54 1997

Nous reconnaissons laide financire du gouvernement du Canada par lentremise duProgramme daide au dveloppement de lindustrie de ldition (PADI) pour nosactivits d'dition.

Gouvernement du Qubec Programme de crdit dimpt pour ldition de livres Gestion SODEC.

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Dpt lgal : 4e trimestre 1997Bibliothque nationale du QubecBibliothque nationale du Canada

Quatrime rimpression : juin 2002Mise en pages : PageXpress

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Charles-Albert Poissant, ternel optimiste,avec ma profonde reconnaissance filiale.

M.F.


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Table des matires

1. O le jeune homme consulte un oncle riche

2. O le jeune homme rencontre un vieux jardinier

3. O le jeune homme dcouvre lamourvritable du travail

4. O le jeune homme dcouvre le portrait secret

5. O le jeune homme fait un pari audacieux

6. O le jeune homme apprend jouer

avec les chiffres7. O le jeune homme dcouvre la puissance des mots

8. O le jeune homme comprend le sens de la foi

9. O le jeune homme dcouvre la Rgle dor

10. O le jeune homme dcouvre un secret trs ancien

11. O le jeune homme et le millionnaire se sparent



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Il tait une fois un jeune homme qui voulait devenir

riche.Parce quil tait n pauvre.Et que, toute sa vie, il en avait souffert.Comme dune vritable infirmit.Il aurait certes pu penser, comme bien des gens, que

largent ne fait pas le bonheur.Mais il ne faut pas avoir connu lhumiliation de la

pauvret pour penser ainsi.Il faut tre riche.Ou rsign.Et il ntait ni lun ni lautre.Forc trs jeune dabandonner des tudes que son

pre trouvait ruineuses et inutiles, il navait pas eu lachance de dmarrer dans la vie avec ce petit bout de

papier la fois surestim et dcri qui pourtant ouvrebien des portes : un diplme. Il avait exerc divers petitsmtiers plongeur, commis, vendeur avant daboutirdans une agence de publicit.

Il y occupait un poste obscur dassistant, cest--direquil sacquittait tous les jours de toutes les petites tchesingrates que son patron ne sabaissait pas faire, en plus

de lui suggrer des ides, souvent brillantes, pour les-quelles il nobtenait aucun crdit, aucune augmentation.

O le jeune hommme consulte un oncle riche

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Il se considrait donc comme sous-estim et malpay, et il tait malheureux quarante heures par semaine,

un sort dont la banalit ne le consolait pas.Si au moins il avait pu obtenir une promotion. Mais,

dentre de jeu, son suprieur hirarchique lavait cata-logu, trop heureux davoir sous sa coupe un tcheronindispensable sa confortable paresse : bon second, il neserait jamais chef!

Pourtant, malgr ses dettes, malgr la mdiocrit de

sa situation, la modestie de son appartement, le jeunehomme persistait croire que seule la malchance lavaitdtourn de sa vritable place dans la vie. Il avait, il entait certain, une bonne toile. Un jour elle brilleraitpour lui, et son existence sen trouverait transforme.

Quand?Il naurait pu le dire.

Mais il commenait trouver le temps long.Et chaque nouvelle semaine qui passait, il entrait

de plus en plus contrecur au bureau, et son espoir dejours meilleurs rtrcissait comme une peau de chagrin.

Il avait rdig une lettre de dmission quil gardaittoujours dans sa poche, mais quil nosait remettre sonpatron. Tout abandonner est bien beau : encore faut-ilsavoir vers quoi lon part !

Or il lignorait.Il savait seulement quil en avait assez.Et il se sentait mourir petit feu.Dennui.De frustration.Un jour o il tait particulirement dcourag, lide

lui vint daller trouver un vieil oncle riche quil ne voyaitquune fois par anne, Nol !


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Peut-tre lui donnerait-il un conseil.Ou de largent.

Ou les deux la fois.Mais son oncle prfra lui donner une leon plutt

que de largent.Il tait philosophe.Ou avare.Ou les deux la fois.Ce serait te rendre un mauvais service, expliqua-

t-il philosophiquement au jeune homme aux paumesmoites.

Ce dernier ntait pas ennemi de la philosophie, maisil trouvait quun petit prt lui aurait rendu grand service.Il dcouvrait la valeur de largent : il suffit de tenter denemprunter!

Confortablement cal dans un immense fauteuil,

derrire son imposant bureau de bois sombre, loncle auteint couperos par des excs de cognac grillait unhavane avec la tranquille assurance dun homme assis surune importante fortune.

Quel ge as-tu, maintenant? lui demanda-t-il aprsavoir exhal quelques habiles volutes de fume.

Vingt-six ans, fit le jeune homme en rougissant :il sentait un reproche derrire la question.

Savais-tu qu ton ge Aristote Onassis, qui staitlanc en affaires avec trois cent cinquante dollarsemprunts, avait dj amass plus dun demi-million?Qu vingt-trois ans, Jean Paul Getty tait dj mil-lionnaire?

Euh, non... Le jeune homme connaissait bien entendu ces illustres

milliardaires, mais il ignorait tout de leur prcocit : elle



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le dprima. Peut-tre tait-il moins dou quil ne lecroyait puisquil tait sans le sou.

Comment se fait-il qu ton ge tu sois encoreoblig demprunter de largent? lui demanda son onclequi revenait la charge.

Je ne sais pas, je travaille pourtant darrache-pied,dit le jeune homme qui se sentait subitement devenirminuscule dans le profond fauteuil o son oncle lavaitinvit prendre place.

Crois-tu que cest en se contentant de travaillerfort quon finit par senrichir?

Je... je pense que oui ; enfin, cest ce que jai tou-jours entendu dire...

Tu gagnes combien annuellement ? Environ vingt-cinq mille, enfin pas encore, mais

je laurai ma prochaine augmentation...

Tu lauras ta prochaine augmentation... ditavec une certaine drision loncle fortun, ce qui plongea nouveau le jeune homme dans lembarras : avait-il pro-fr une btise?

Loncle dodelina de la tte en le considrant commesil ne pouvait croire ce quil venait dentendre, tira unebouffe de son cigare et demanda :

Crois-tu que celui qui gagne deux cent cinquantemille dollars travaille dix fois plus dheures que toi ?

Euh non, bien entendu, ce serait physiquementimpossible...

Alors il sy prend diffremment... Il possde unsecret que tu ignores...

a me parat vident. Je te flicite ! Vous me flicitez ?



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Oui, et tiens... dit loncle en poussant dans sadirection une bote de bois dont il souleva le couvercle :

il sy trouvait, bien rangs, sept ou huit des cigares quilaffectionnait tant.

Je vous remercie, mais je ne fume pas. Moi non plus, dit son oncle. Cependant, ces

havanes ne sont pas faits de tabac mais des feuilles bienmries dune longue lettre dans laquelle Dieu remercieceux qui ont russi.

Limage, surprenante, ne parut pas irrsistible aujeune homme, et pourtant, pour ne pas dsobliger sononcle qui sait, il lui consentirait peut-tre enfin ce petitprt salvateur! il accepta un cigare. Son oncle le luialluma. La premire bouffe le remplit de confusion. Ilstouffa en effet, et les larmes lui montrent aux yeux :il sourit pour se donner une contenance.

Je toffre ce cigare, reprit son oncle, pour te fliciterdavoir compris ce que la majorit des gens ne com-prennent pas : si le travail est ncessaire la fortune, il nesuffit pas. Le problme, cest que la plupart des gens sonttrop occups essayer de gagner leur vie pour prendre letemps de rflchir leur sort. Montre-moi cent personneset je ten dsignerai quatre-vingt-dix-neuf qui nont

jamais consacr une heure de leur vie se demander com-ment faire fortune. Au lieu de rflchir, ils se plaignent, ilsaccusent le hasard, les autres : leur patron, leurs collgues,leurs parents, leur conjoint. Alors que chacun peutfaonner son propre destin, sil le veut vraiment.

Il faut dire que la situation conomique nest pasrose, objecta le jeune homme.

En 1945, est-ce quelle tait rose pour les Japo-nais dont le pays avait t dtruit par la guerre?



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Le jeune homme dcouvrait lui aussi son oncle et letrouvait de plus en plus philosophe.

Peut-tre tait-ce pour cette raison quil avait, commeon dit, russi dans la vie. Dans lAntiquit, Platonsouhaitait que les rois fussent philosophes, et les philo-sophes, rois. Aujourdhui, comme il ny avait plus de rois,peut-tre les philosophes devaient-ils se contenter dedevenir millionnaires, et le devenaient plus facilement queles autres hommes parce quils comprenaient leur nature

et leurs besoins : cest toujours le dbut de la fortune!Enseignez-moi, dit le jeune homme dun ton

presque suppliant. Je suis prt tout pour atteindre monbut.

Et si, une fois devenu riche, tu nes pas plusheureux, est-ce que tu vas men vouloir ?

Je suis sr quune fois riche je ne serai pas mal-

heureux. Tu prends un risque. Un risque? dit le jeune homme qui ne voyait pas

du tout o voulait en venir son oncle. Oui. Parce que lorsque tu es pauvre et malheu-

reux, tu as une excuse, tu peux toujours te dire : si jtaisriche, je serais heureux, mais une fois riche, tu nas plusdexcuse, tu es laiss face toi-mme...

Je suis prt prendre le risque, dclara le jeunehomme. Vous tes la seule personne riche que je con-naisse, enseignez-moi le secret de la russite. Je vous enprie du fond du cur.

Loncle plissa les lvres.Non, dit-il enfin. Je ne peux pas te lenseigner.

Pour pouvoir enseigner quelque chose, il faut lavoirrussi parfaitement.


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Mais vous tes riche, vous avez tout, dit le jeunehomme.

Oui, cest vrai, admit son oncle, je suis riche.Mais je nai pas tout, parce quen cours de route jaiperdu quelque chose de plus important que la richesse.

Ah, je... commena dire le jeune homme qui,pris dune pudeur soudaine, nosa pas questionner sononcle.

Mais ce dernier semblait en veine de confidence et,

aprs une hsitation, il avoua :Lorsquon commence faire beaucoup dargent,

cest grisant, on se laisse entraner dans un vritabletourbillon et on oublie souvent notre raison de vivre...

Il nen dit pas davantage, mais le jeune homme com-prit que ctait sans doute parce quil lavait ngligeque sa tante tait partie, plusieurs annes auparavant, ce

qui avait caus un vritable drame dans la famille.Je vois, je suis vraiment dsol...

Aprs un assez long silence, il se sentit embarrass etcomprit qutait venu pour lui le moment de partir. Iltait doublement du. Il navait pas obtenu de prt,mme drisoire, et il avait appris que rien nest simpledans la vie. La conqute de la richesse, si exaltante enapparence, comportait non seulement des difficultsmais aussi des piges dont un paraissait terrible : perdrele bonheur ! Il se leva et dclara :

Bon, je vous remercie de mavoir accord cetteentrevue. Je ne vous drangerai pas plus longtemps.

Son oncle se leva son tour, en silence, et ne crutpas bon de le raccompagner la porte. Le jeune hommeaurait pu y voir de limpolitesse : il en fut plutt soulag.Il ne tenait pas ce que son oncle voie sa vieille



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Mustang. Il stait dj assez humili en tentant vaine-ment de lui emprunter de largent! Il avait mis la main

sur la porte et allait sortir lorsque son oncle le rappela :Attends, dit-il, je naime pas te voir partir ainsi, les

mains vides. Tu es brillant, tu mas lair de savoir ce quetu veux, tu vas donc forcment russir : tu as seulementbesoin dun petit coup de pouce.

Exactement! pensa le jeune homme.Je connais quelquun qui peut taider. Cest non

seulement lhomme le plus riche que je connaisse, maisaussi lhomme le plus heureux.

Comment sappelle-t-il ? Je nai jamais vraiment su son nom. On le sur-

nomme tout simplement le millionnaire. Il ma aid mes dbuts. Peut-tre acceptera-t-il de taider toi aussi.

Il chercha sur son bureau une plume et un bout de

papier sur lequel il griffonna quelque chose. Tiens, dit-il. Voil son adresse. Je vous remercie infiniment, rpondit le jeune

homme, qui sapprocha pour prendre ladresse. Mais jy pense, fit loncle, tu ne peux pas arriver

comme a chez le millionnaire, comme un parfaitinconnu. Je vais te faire une lettre de recommandation.

Il ouvrit un lgant tui de cuir renfermant sonmagnifique papier lettre avec en-tte dore et, plume enmain, se pencha pour expdier lindispensable lettre derecommandation. Mais il releva la tte, visiblement agacpar lindiscrtion tout involontaire du jeune homme.

Si tu permets... Bien entendu... je mexcuse... Le jeune homme sloigna poliment de quelques pas

dans le bureau, admira la belle bibliothque remplie de



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magnifiques ouvrages reliure de cuir. Lorsquil seretourna, son oncle mettait la lettre dans lenveloppe,

quil ne cacheta pas et lui remit aussitt en le prvenant :Je te demanderais de ne pas lire cette lettre de

recommandation. Si jamais tu la lis, tu... tu aurasprobablement un problme, et la seule manire de tensortir sera de faire comme si tu ne lavais jamais lue...conclut-il un peu mystrieusement.

Je vois...

Le jeune homme avait dit cela par politesse, mais enralit il ne voyait pas. De toute faon, cela ne lui parais-sait pas bien grave. Son oncle, ctait archiconnu dans lafamille, tait un excentrique. Il ne faisait jamais riencomme tout le monde : ctait dailleurs peut-tre pourcela quil tait devenu riche!

La prcieuse lettre de recommandation en poche, il

serra avec reconnaissance la main de son oncle et sespara de lui.

Il tait exalt.Il lui semblait que les vents depuis si longtemps

dfavorables de sa vie avaient enfin tourn. Il repartaitpeut-tre de chez son oncle sans largent quil avaitespr, mais il navait pas les mains vides. Il avait obtenu

de son oncle beaucoup mieux que quelques dollars queses dettes auraient de toute manire engloutis en quel-ques jours : la possibilit de rencontrer un millionnaireprt lui rvler ses secrets !

Il rsolut de rendre immdiatement visite ce der-nier.

Lorsquon attend depuis des annes un signe du

destin, on est incapable de patienter une seconde de plusavant daller sa rencontre !


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qui lui parut mystrieux. Il le tira de la poche.Ctait un vulgaire petit caillou noir.

Il trouva sa prsence curieuse dans sa poche, dau-tant que sa veste tait neuve. tait-ce un nouveau tourquavait voulu lui jouer le millionnaire ?

Il tait intrigu.Il fit sauter le caillou dans le creux de sa main tout

en lexaminant.Alors il se rappela son rve.

Alors il se rappela quon pouvait transformer unvulgaire caillou en rubis.

Si on y croyait vraiment.Et tout coup il pensa un conte merveilleux de

son enfance, le Petit Poucet, qui semait derrire lui descailloux pour retrouver son chemin.

Ntait-ce pas pour cette raison que le millionnaire

avait dpos ce caillou dans sa poche?Pour lui permettre de retrouver son chemin?Dans le grand voyage quil entreprendrait vers la

richesse.Dans le grand voyage quil entreprendrait vers lui-

mme.Lorage clata finalement, le tirant de sa rverie.

Il se pressa de monter dans sa voiture, fit dmarrerson moteur et, avant de se mettre en route, il regarda auloin, en direction de la ville.

L-bas, lorage stait dj dissip.Le ciel tait bleu et or.

FIN



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