16
LE NOUVEAU CENTRE D’ART AU CŒUR DES MONTAGNES VALAISANNES SUPPLÉMENT SPÉCIAL DIMANCHE 22 DÉCEMBRE 2013 CE SUPPLÉMENT NE PEUT êTRE VENDU SÉPARÉMENT

le nouveau centre d'art au cœur des montagnes valaisannes

  • Upload
    hakhue

  • View
    216

  • Download
    1

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: le nouveau centre d'art au cœur des montagnes valaisannes

LE NOUVEAU CENTRE D’ARTAU CŒUR DES MONTAGNES VALAISANNES

supplÉment spÉCIAl

Dimanche 22 DÉcemBRe 2013 • ce supplÉment ne peut êtRe venDu sÉpaRÉment

Page 2: le nouveau centre d'art au cœur des montagnes valaisannes

22 décembre 20132

les premiers frimas de décembre sont là et l’ouverture est proche.« a l’impossible nul n’est tenu. » c’est cet adage cher à mon père, pierre arnaud, qui nous a portés pas à pas Daniel salzmann, mon mari, et moi-même, tout au long de ce beau parcours.la Fondation pierre arnaud dans le village de lens, sur les bords du lac du louché, verra bientôt le jour, en mémoire d’un homme pro-fondément attaché et ancré dans ce pays qui l’avait adopté. le projet a pris forme peu de temps après son décès, dés le début des années 2000. le hasard a voulu que nous trouvions un terrain dans ce village cher à son cœur, où il aimait se

pAR SYLVIE SALZMANN

Sylvie Salzmann, vice-présidente de la Fondation Pierre Arnaud. Sedrik Nemeth

promener avec son ami michel lehner, initiateur de son engouement tardif mais total pour la peinture valaisanne.ce fut le début d’une belle aventure, non sans embûches, et d’une réalisation qui a pris forme jour après jour : des rencontres, de la ténacité, l’amour du valais, la foi en l’avenir et au potentiel de cette région.

il nous a fallu travailler sans relâche, ne jamais flancher malgré les difficultés qui sont le lot de toute exécution d’envergure. Dix ans, presque jour pour jour, pour façonner et mener à bien l’édification du centre d’art.et c’est avec une grande émotion que je m’ap-prête à ouvrir les portes de ce beau bâtiment ; ces derniers jours, on peut y voir de magnifiques couchers de soleil et il y règne une atmosphère douce et lumineuse, malgré les dernières fini-tions inhérentes à la construction. mon mari a porté ce projet avec détermination, sans jamais faillir, et son investissement total aura permis à la Fondation d’exister. toute l’équipe qui a suivi, fidèle, depuis les premiers jours, le soutien bienveillant de suzanne arnaud, ma maman, les lensards et leur attachement au lieu laissera de belles images.le 22 décembre, marquera le début d’une autre aventure : celle de la découverte de l’exposition « Divisionnisme : couleur maîtrisée ? couleur éclatée ! » et les cinq années de thématique qui vont suivre. un restaurant, l’indigo, où la couleur imprègne déjà les murs et les objets. la création des menus et le choix des vins faits avec la complicité de philippe Rochat et de Franck Rey-naud. la Fondation pierre arnaud sera un lieu où nous voulons mêler l’art, le plaisir, l’accueil et la beauté magique des montagnes alentour.Quand les hommes s’unissent pour de beaux défis, cela donne aussi un sens à la vie !

« un homme profondément attaché et ancré dans ce pays »

REMERCIEMENT AUX pARTENAIRES

ÉDItOQUAND LES RêVES DEVIENNENT RéALITé.

IntRO supplÉment spÉcial en paRtenaRiat avec la FOnDatiOn pieRRe aRnauD

ab

Do not use older versions of the Spencerian Script.

Do not crop the Spencerian Script.

Do not add drop shadows, strokes or outlines to the Spencerian Script.

Do not scale/resize the Spencerian Script disproportionately.

Do not add elements to the Spencerian Script.

Do not remove, resize or change the position of the ®.

Incorrect Usage:

For complete Brand Identity and Design Standards, visit www.coca-coladesignmachine.com.

*incorrect spacing

*

Impressum

Rédaction : semaja Fulpius - photographes : Federico Berardi, François Bertin, sébastien crettaz, sedrik nemeth - Graphisme : claire Delbès

Rédacteur en chef adjoint : Jean-Jacques Roth - Responsable marketing : Florence Ruffetta - collaboration marketing : christel Flach - Direction créative : ariel cepeda

Page 3: le nouveau centre d'art au cœur des montagnes valaisannes

3

pIeRRe ARnAuD hOMME D’ART ET DE MONTAGNE

même si c’est en valais qu’il s’est finalement établi jusqu’à son décès en 1996, c’est ailleurs que la vie foison-nante de pierre arnaud a commencé. Devenu bourgeois d’honneur de la commune de lens, celui qui s’est si bien intégré dans la région en lui offrant beaucoup à son tour est né en provence, en 1922.

ce marseillais d’adoption fait ses classes dans la Résistance et travaille notamment dans l’unité de protec-tion civile de la ville, où il s’occupera d’évacuer les blessés lors des bom-bardements de 1944. après la guerre, dans une France morose en pleine reconstruction, pierre arnaud décide de quitter sa patrie pour voir du pays et s’installe avec sa famille au maroc, à tanger, où il débute une carrière dans la construction navale. ce self-

made-man énergique, dont la devise est : « Oser toujours, renoncer parfois, céder jamais », y développera des af-faires florissantes dans le commerce de bateaux et du matériel portuaire. Débutant modestement, il devient en quelques années un homme d’affaires accompli. pour l’anecdote, au début des années 1950, dans un monde encore chaotique, son premier man-dat l’amène à faire seul la tournée des chantiers navals européens. il devait trouver un remorqueur de bateaux susceptible de faire entrer de gros navires dans la zone portuaire de tan-ger, alors en pleine expansion… cette tâche aventureuse, il l’accomplira fina-lement grâce à l’aide de construc-teurs hollandais. sa ténacité, qu’il conservera tout au long de sa vie, lui permettra de mener plusieurs entre-prises avec succès, dont la société pionnière Fotolabo (spécialisée dans le développement de photos par cor-respondance) qu’il rachète et tourne en véritable réussite commerciale.

L’amour du Valaisau début des années 1970, alors ren-tré en France, pierre arnaud passe souvent ses vacances dans les alpes valaisannes où il entraîne régulière-ment son épouse suzanne et sa fille sylvie pour de longues randonnées. ce passionné de haute montage, qui a escaladé le mont-Blanc par ses dif-férents versants, découvre alors le haut-plateau : une histoire d’amour naît entre ce lieu et lui, sereine, indé-fectible. emu par la beauté du site, il décide d’acquérir du terrain à plan-mayens. il y construit d’abord un petit

L’industriel français était un passionné de montagne, cette photo le montre en promenade à Crans-Montana où il a vécu. ArChiVeS FAmiLLe ArNAUd

mazot, puis avec le temps, en pater familias qui aime à réunir les siens, il l’agrandit et étend sa parcelle pour s’établir définitivement dans la région. il en devient un habitant heureux, fai-sant même inscrire sur son nouveau chalet la maxime : « n’oublie pas de vivre. » cet homme discret, éloigné de toutes mondanités, mais proche des gens se fait très vite des amis. citoyen engagé, il s’implique solidement dans la vie du village et de ses alentours, en contribuant, notamment, à soutenir de nombreuses associations et struc-tures locales. en catholique fervent, il

L’oratoire que Pierre Arnaud a fait construire au bord du lac de Chermignon en 1994. Sedrik Nemeth

Pierre Arnaud s’était profondément attaché au Valais. ArChiVeS FAmiLLe ArNAUd

CELUI QUI DONNE AUjOURD’hUI SON NOM à LA FONDATION pIERRE ARNAUD ET AU CENTRE D’ART DE LENS éTAIT UN INDUSTRIEL FRANçAIS DONT LA VIE A DébUTé bIEN LOIN DES MONTAGNES VALAISANNES.

offre à l’église de crans son autel ainsi qu’un oratoire sis au bord du lac de chermignon.

Le collectionneur d’arta cette période, pierre arnaud s’initie à la peinture régionale. Guidé par son proche ami michel lehner, un des pre-miers à collectionner des œuvres de l’ecole de savièse avec des artistes tels qu’ernest Biéler, edouard vallet ou marguerite Burnat-provins, il devient également un acquéreur important de ces artistes qui ont trouvé l’ins-piration en ce lieu. très sensible à la

nature et aux paysages de montagne, il accroche ses tableaux dans son chalet, pour le simple plaisir d’admi-rer ces sommets et ces scènes de vie villageoise. avant l’esthète s’ex-prime le goût ramuzien d’un homme touché par la poésie d’une peinture profondément ancrée dans sa terre. sa collection, constituée de quelques pièces importantes, sera par la suite complétée par son épouse, sa fille sylvie et Daniel salzmann, son époux. aujourd’hui, en sa mémoire, la Fon-dation pierre arnaud et le centre d’art de lens se sont donné pour mission de faire dialoguer l’art régional avec les grands mouvements de ce monde, mettant en miroir le proche avec le lointain, le passé avec le présent.

pORtRAItsupplÉment spÉcial en paRtenaRiat avec la FOnDatiOn pieRRe aRnauD

Page 4: le nouveau centre d'art au cœur des montagnes valaisannes

22 décembre 20134

NAISSANCe d’uN CeNtre d’Art

ce projet architectural audacieux est d’abord né du rêve de ses fondateurs, sylvie et Daniel salzmann, de créer un espace où la peinture serait nourrie « d’échanges, de regards croisés entre le local et l’universel. un lieu où la culture occidentale pourrait s’épanouir dans un dialogue fertile avec d’autres arts. »

l’idée a été mûrement réfléchie : elle a pris plus de douze ans pour voir le jour. « si l’on tient compte de toute la trajectoire depuis l’évocation initiale jusqu’à la pose de la dernière pierre », pré-cise Daniel salzmann, président de la Fondation pierre arnaud. celui-ci admet que tout n’a pas été simple, mais le concept était suffisamment enthousiasmant pour persévérer. Divers empla-cements ont été imaginés, l’architecte mario Botta avait même commencé une ébauche à martigny, abandonnée par la suite. « trouver un endroit qui puisse accueillir une surface de 1000 m2 n’est pas une chose aisée », souligne

Daniel salzmann. puis, lens s’est naturelle-ment imposé pour des raisons liées à l’histoire familiale des fondateurs et surtout parce que le terrain était situé à un endroit idéal, proche de crans-montana et de ses infrastructures touristiques. « ensuite, rallier les gens autour du projet, obtenir des appuis financiers (ndlr : sur la totalité des 14 millions qu’a coûté le centre,

la commune de lens a contribué à hauteur de 1,5 million, la loterie Romande 1 million et la Fondation casino 1,3 million) et enfin concevoir un bâtiment équilibré, capable de répondre aux contraintes de sécurité et de préservation des

œuvres, cela a demandé du temps et de la patience », reconnaît encore l’intéressé.

un bâtiment qui s’intègre au paysagepour ce qui concerne le style de l’édifice, notre bâtisseur tenait à éviter à tout prix « le geste architectural narcissique ». il souhaitait une construction qui puisse s’intégrer dans l’envi-ronnement historique du village de lens, sans tomber non plus dans la réplique de chalet. en somme, se profilait le défi de réaliser du contemporain sans modifier le paysage natu-rel du site. plus que ça, le centre d’art devait faire corps avec son environnement. Du coup, lorsque l’architecte pierre emery esquisse un plan, le projet devient une évidence. « Je vou-lais un petit building et voilà qu’on me met devant les yeux un bâtiment fabuleux, il était impossible de refuser ! », sourit Daniel salzmann. trois ans plus tard, à la place d’une ancienne

IL EST Là, SORTI DE TERRE IL Y A QUELQUES MOIS à pEINE, IMpORTANT SANS êTRE IMpOSANT. LE CENTRE D’ART pIERRE ARNAUD QUI OUVRE SES pORTES LE 22 DéCEMbRE FAIT FACE AU LAC DU LOUChé, SUR LES hAUTEURS DE LENS, EN VALAIS.

« un véritable jeu entre culture et nature »

le CentRe supplÉment spÉcial en paRtenaRiat avec la FOnDatiOn pieRRe aRnauD

Fede

riCO

Ber

Ardi

Page 5: le nouveau centre d'art au cœur des montagnes valaisannes

5

scierie désaffectée, située à l’entrée du village et qui bouchait la vue sur les montagnes et le lac, surgit un musée à la beauté sobre, dont la façade en miroir crée un effet de trompe-l’œil, véritable jeu entre culture et nature. « tout a été pensé pour rendre l’art moins élitiste, explique pierre emery. ne serait-ce que par le fait que nous soyons installés en dehors d’un centre urbain. Je crois même que c’est le premier musée qui se trouve à 1200 mètres ! » D’après lui, la façade qui s’échappe pour laisser le pay-sage se refléter dedans, ainsi que l’idée que rien ne soit statique à l’intérieur, crée un tout très organique. Quant aux matériaux, ils se devaient

d’être simples, mais nobles : du verre, du sapin, du béton. il avoue avoir réalisé le rêve de tout architecte : « On peut laisser courir ses envies, exprimer sa créativité. »

très abouti sur le plan esthétique, technique et écologique, ce lieu fait non seulement la fierté des fondateurs, mais répond aux attentes des habitants de lens et du haut-plateau. Récem-ment interrogés, les gens parlaient « d’ouver-ture », « de développement », « de modernité ». ceux-ci voient le centre d’expositions comme un signe porteur pour la région. « etant moi-même un enfant du pays, cela représentait un vrai challenge, j’avais une responsabilité par rapport au village et à son passé. mais le pari a été gagné. le résultat plaît, aujourd’hui le centre d’art n’a plus qu’à rayonner par son intérêt », conclut l’architecte.

« Le Centre n’a plus qu’à rayonner par son intérêt »

adrien Gardère est l’homme qui a redonné vie aux musées. Qui en a modifié l’allure, l’espace, les codes. ce designer et scénographe français a défini une muséologie moderne et engagé notre regard dans un rapport plus intime avec les œuvres. il a conçu, entre autres, le projet spectaculaire du louvre-lens dans le nord-pas-de-calais. en quelques touches, il évoque son travail et raconte comment il a pensé le centre d’art pierre arnaud à lens cette fois-ci, en valais.

■ l’exposition « Divisionnisme »« l’espace sobre et épuré a été pensé comme celui d’une exposition d’art contemporain, bien que les tableaux datent du XiXe siècle. nous avons tenté d’échapper aux murs grâce à des cimaises translucides, en isolant les œuvres pour les lire dans la pro-fondeur de champ. »

■ le multimédia « il n’a de sens que s’il est légitime. c’est la pertinence qui compte, ces technologies doivent faire corps avec le choix des commissaires d’exposi-tion. les enjeux sont toujours liés au contenu et non à la forme. »

■ le travail de scénographe« interpréter et traduire ce que disent les commissaires. saisir des éléments parfois insignifiants pour eux, mais signifiants pour l’espace. c’est un exercice de découpage, un pillage de la matière qui passe par la dé-construction. »

■ les musées d’aujourd’hui « ce n’est pas tant l’espace ou les volumes des musées qui ont changé, mais le rapport aux êtres. la manière dont on initie le public et le dialogue qu’on crée entre lui et les œuvres. Désormais, on cherche à faire émerger des sensations, de la confrontation, des rapprochements, des mises en regard. »

■ les musées d’hier« ils avaient une approche qui consis-tait à entreposer et protéger l’art qui n’a plus cours. ces institutions avaient une fonction de conservation et ne s’occupaient pas de l’accueil. peu de gens y avaient leur place. l’élitisme était dans les faits.»

■ le Centre d’art de lens« nous devions extraire les éléments de force du centre, comme la façade, pour décliner son identité visuelle. nous l’avons envisagé dans une lo-gique d’ensemble et de continuité : depuis l’espace, la scénographie jusqu’aux outils et supports qui ac-compagnent les expositions. comme nous travaillons sur un cycle de cinq ans, nous nous inscrivons dans la durée. »

« nOus DeviOns eXtRaiRe les ÉlÉments De FORce Du centRe, cOmme la FaçaDe, pOuR DÉclineR sOn iDentitÉ visuelle »ADRIEN GARDèRE, MUSéOGRAphE

Adrien Gardère. BeN regeNt PhOtOgrAPhe

le CentResupplÉment spÉcial en paRtenaRiat avec la FOnDatiOn pieRRe aRnauD

Page 6: le nouveau centre d'art au cœur des montagnes valaisannes

22 décembre 20136

LES MULTIpLES FACETTES DE L’ ARChITECTURE

La façade réfléchissante la façade en miroir est l’emblème du centre d’art. elle reflète le lac qui se trouve à ses pieds et les montagnes qui lui font face. par sa techno-logie, elle est pionnière en europe. les quatre-vingt-quatre panneaux qui couvrent les 250 m2 de sa surface contiennent à la fois une techno-logie photovoltaïque et isolante. ces modules convertissent une partie de l’énergie du rayon-nement solaire en électricité, ce qui permet au centre d’art de couvrir de manière autonome l’ensemble de sa consommation en éclairage. l’isolation thermique, constituée de nanoparti-cules, laisse passer une lumière qui produit une clarté opaline vers l’intérieur. ainsi stabilisée, elle maintient toujours une même intensité, en mettant en valeur les tableaux, sans que ceux-ci ne s’abîment. le soir, la façade munie de leds produit une illumination très contemporaine.

L’espace d’exposition s’étalant sur une surface de 1000 m2, cet espace a été étudié pour accueillir des manifestations temporaires. sur deux niveaux, il est entière-ment modulable afin d’adapter ses supports aux diverses scénographies qui accompagneront les expositions. le lieu incite à une circulation ouverte, permettant aux visiteurs de découvrir les œuvres dans une conception muséale nou-velle et originale.

L’ascenseur panoramique il se situe dans la partie transparente du bâtiment, à la sortie de l’espace d’exposition. l’aspect voilé des salles qui sert à préserver les tableaux fait place à une verrière lumineuse qui donne sur une zone commune où se trouvent le restaurant et la sortie terrasse. l’ascenseur en verre permet d’accéder au premier niveau. par sa transparence, il offre une vue spectaculaire sur les alentours. il monte directement au toit-jardin, créant un lien organique entre l’intérieur et l’extérieur du bâtiment.

Le restaurant L’indigo il se veut un espace de convivialité. sa capacité de quatre-vingts places lui donne une taille idéale pour en faire un endroit vivant, mais intime. Décoré dans une atmosphère semi-industrielle qui joue le contraste avec des murs en béton sur lesquels sont peints des motifs d’inspiration tribale, réalisés par l’artiste emma Fremont, le lieu a de l’allure. les visiteurs peuvent aussi bien s’y arrêter pour un café que pour savourer un plat du jour simple, mais de qualité.

Ouvert le soir, en dehors des horaires d’expo-sition, le restaurant prend une note plus gas-tronomique. les menus, élaborés par le chef philippe Rochat et son adjoint Franck Reynaud, proposent une cuisine raffinée. côté cave, l’in-digo n’est pas en reste et s’est doté d’un très grand assortiment des meilleurs crus valaisans.

La boutiquecet espace ouvert, situé au premier niveau, est constitué d’une partie librairie. agencé avec des cubes mobiles, son aspect aéré donne envie d’y flâner. le visiteur pourra trouver les catalogues des expositions rédigés dans les trois langues, allemand, français et anglais, ainsi que des ou-vrages d’art de référence. un coin spécialement dédié aux enfants propose du matériel éducatif et didactique. un passage obligé si l’on veut rapporter un souvenir, du tee-shirt à l’affiche !

Les escaliersen bordure de route, les escaliers extérieurs donnent un signal clairement urbain. les larges marches en béton, bordées d’une rampe, per-mettent non seulement un accès direct au toit-jardin, mais servent également de bancs. les gens peuvent s’y asseoir pour réfléchir, les groupes et les écoliers les utiliser comme point de rencontre.

La terrassesituée au bord du lac du louché, la terrasse en bois autorise le visiteur à une contemplation paisible du paysage. pouvant accueillir jusqu’à cinquante personnes, cet endroit ensoleillé, situé plein sud, propose de la petite restaura-tion durant les heures d’ouverture du centre. lieu de départ de promenade, ses chemins mènent au charmant village de lens, jusqu’à la colline du châtelard, surplombée par la statue du christ-Roi.

LE CENTRE D’ART A AppORTé LES DERNIèRES FINITIONS à SES MURS ET ATTEND CES jOURS-CI SES pREMIERS VISITEURS. DéTAILS DU LIEU QUI RISQUE bIEN DE DEVENIR LA NOUVELLE DESTINATION CULTURELLE DE SUISSE.

SéBAStieN CrettAZ

SéBAStieN CrettAZ

SéBAStieN CrettAZ

FrANçOiS BertiN

SéBAStieN CrettAZ

SéBAStieN CrettAZ Sedrik Nemeth

le CentRe supplÉment spÉcial en paRtenaRiat avec la FOnDatiOn pieRRe aRnauD

Page 7: le nouveau centre d'art au cœur des montagnes valaisannes

7

LE MAKING OF

LES ORIGINES

LES TRAVAUX DU CENTRE D’ART ONT DURé ENVIRON TROIS ANS. SITUé à L’ENTRéE DU VILLAGE DE LENS, IL A éTé CONSTRUIT SUR UNE ANCIENNE SCIERIE DéSAFFECTéE. VOICI L’éVOLUTION DU ChANTIER EN CINQ IMAGES.

bUTS DE LA FONDATION pIERRE ARNAUD

la Fondation pierre arnaud, dont Daniel salzmann est le président, est la commanditaire du centre d’art de lens, qu’elle a construit et dont elle assure le financement et la gestion. par cet apport concret, elle vise à développer l’offre culturelle du plateau de crans-montana. le bâtiment, conçu pour abri-ter des expositions temporaires de portée internationale ainsi que diverses manifestations culturelles, met principalement en valeur l’art régional qui sera présenté dans un contexte européen. créée en 2007, en mémoire du mécène et collectionneur pierre arnaud, la fondation a pour but de promouvoir et de défendre le patrimoine culturel du lieu où elle exerce son activité, en contri-buant à sa connaissance et sa compréhension. l’institution veut permettre à un large public l’accès à la culture, en proposant une approche originale et scientifique des œuvres, dans un cadre muséologique très moderne. Des méthodes pédagogiques et didactiques sont mises en place pour favoriser la médiation entre le patrimoine présenté et les visiteurs du centre d’art.

2009, le site avant la construction. 2010, les premières pierres sont posées. 2012, l’aménagement intérieur et son plafond.2011, la structure de l’édifice prend forme.

2013, le centre érigé domine le lac enneigé du Louché. ArChiVeS

HIstORIQuesupplÉment spÉcial en paRtenaRiat avec la FOnDatiOn pieRRe aRnauD

ArCh

iVeS

ArCh

iVeS

ArCh

iVeS

ArCh

iVeS

Cayenne.ch

Page 8: le nouveau centre d'art au cœur des montagnes valaisannes

22 décembre 20138

Divisionnisme. le terme n’évoque pas grand-chose pour le profane. pourtant, ce mouvement dérivé du pointillisme et du néo-impressionnisme franco-belge a influencé des peintres de toute l’europe, dont notamment les italiens, les hol-landais et les suisses. « ces peintres ne se sont jamais rencontrés et n’ont pas vu les travaux de leurs contemporains. cela prouve que le divi-sionnisme était dans l’ère du temps », souligne christophe Flubacher, commissaire scientifique du centre d’art. ce courant n’a pas édicté de règles picturales précises, mais regroupe des artistes qui ont utilisé à une période une même technique de l’application de la couleur. celle-ci se caractérise par la juxtaposition de petits traits colorés, qui donnent l’impression visuelle d’une seule tonalité intense, et dont la finalité consiste à restituer la lumière la plus exacte. les tons ne sont plus le résultat d’un mélange sur la palette, mais bien de l’apposition de pigments purs que l’œil doit recomposer à son tour.

malgré une lecture partagée des théories liées à l’optique et à la chimie des couleurs, les divisionnistes expérimentent chacun une voie propre, laissant place à une grande liberté d’interprétation.

en raison de son contexte historique ~la révo-lution industrielle, l’urbanisation et les premiers mouvements sociaux~ le divisionnisme qui naît dans la dernière décennie du XiXe siècle fait émerger une première génération de peintres acquise aux idées du socialisme ou qui aspire du moins à un monde plus juste, pour évoluer ensuite vers un style emprunt de symbolisme, s’étirant jusqu’aux prémices du futurisme.

une nouvelle conception du réelau-delà d’une manière de peindre, le division-nisme s’inscrit surtout dans une dynamique de progrès et de modernité. les méthodes scienti-fiques des coloris reflètent une conception posi-tiviste des choses. « les divisionnistes ne veulent plus transmettre un sentiment d’immédiateté comme le faisaient avant eux les impression-nistes. les peintres se consacrent désormais à l’essentiel, ils cherchent à recréer un monde de façon composée », explique annie-paule Quinsac, spécialiste mondiale du divisionnisme italien et co-commissaire de l’exposition. « pour citer cézanne, on cherche à faire de l’art solide, comme l’art des musées », ajoute christophe Flubacher. né dans le creuset du pointillisme, le divisionnisme s’éloigne donc peu à peu des points serrés d’un Georges seurat pour explo-

rer des traits plus allongés. (ndlr : Un dimanche après-midi à l’Ile de la Grande Jatte sera d’ail-leurs présenté à l’exposition sous forme mul-timédia en très haute définition et dans une dimension 1/1. le visiteur pourra « entrer » dans le tableau par une superposition d’images réelles et virtuelles et saisir au plus près la technique de ce peintre français, précurseur.)

La nature, de la conscience sociale au symbolel’effet de rupture créé par les divisionnistes des premières années a été assez mal perçu par le public de l’époque. en 1886, un critique italien reproche même au célèbre tableau Maternité de Gaetano previati « son aspect de broderie de laine »…

cette génération d’artistes engagés, qui dé-nonce la dureté de la vie, en témoin des « damnés de la terre », brusque une conception encore très académique de la peinture. Dans cette série, le tableau Quart Etat, de Giuseppe pellizza da vol-pedo, représentant des travailleurs qui avancent vers la lumière, symbole d’un futur meilleur, ou Pour quatre-vingts centimes ! d’angelo morbelli, montrant des paysannes de dos, courbées par le dur labeur des rizières, ou encore Femme cassant du bois de camille pissarro illustrent parfaitement le rôle de conscience sociale que ces peintres entendent jouer.

Dans un deuxième temps, le divisionnisme prend une tournure plus symboliste, incarnée notamment par les Belges, comme théo van Rysselberghe ou l’italo-suisse Giovanni segan-tini : « son tableau La mauvaise mère montre parfaitement cette recherche des racines spiri-tuelles. le paysage de l’engadine est implicite, la montagne devient terre du mythe », explique encore annie-paule Quinsac.

l’expression divisionniste, on l’aura compris, est composée de voix singulières qui varient selon les peintres et les pays. aujourd’hui, l’ex-position rend compte de cette grande diversité et invite à découvrir par un parcours original et interactif ces peintres qui ont maîtrisé, puis éclaté la couleur.

Angelo Morbelli (1853–1919), Ame en peine (détail), ca. 1910.Huile sur toile, 45 × 34,5 cm, tortone, Collection privée, en dépôt à la Fondazione Cassa di risparmio di tortona. © FrANçOiS BertiN, grANdVAUx

Giovanni Segantini (1858–1899), Au balcon, 1892Huile sur toile, 65,5 x 42 cm, Coire, Bündner Kunstmuseumdépôt de la Fondation Gottfried Keller. © déPôt FONdAtiON gOttFried keLLer

pOUR SON INAUGURATION, LE CENTRE D’ART pIERRE ARNAUD pRéSENTE « DIVISIONNISME ; COULEUR MAîTRISéE ? COULEUR éCLATéE ! ». CETTE EXpOSITION RéUNIT pOUR LA pREMIèRE FOIS EN SUISSE LES ŒUVRES MAjEURES D’UN MOUVEMENT Né à LA FIN DU XIXE SIèCLE QUI A DéVELOppé UNE TEChNIQUE FRAGMENTéE DE LA COULEUR.

LA CouLeur DANS TOUS SES éCLATS

eXpOsItIOn supplÉment spÉcial en paRtenaRiat avec la FOnDatiOn pieRRe aRnauD

Page 9: le nouveau centre d'art au cœur des montagnes valaisannes

9

Giuseppe Pellizza da Volpedo (1868–1907) Le Miroir de la vie (et ce que l’un fait, les autres le font), 1895–1998.Huile sur toile, 132 x 291 cm, turin, Galleria Civica d’Arte Moderna e Contemporanea. (provenant des Collections de la couronne.) © StUdiO FOtOgrAFiCO gONeLLA

Georges Seurat (1859–1891) À l’ombre et au soleil, 1884–1885.(Section du centre et de gauche avec quelques personnages, étude pour un dimanche à la Grande Jatte).Huile sur bois, 15,5 x 25 cm, Zurich, Fondation Collection e. G. Bührle. © FONdAtiON COLLeCtiON e.g. BührLe, ZüriCh

Gaetano Previati (1852–1920), Le Char du soleil, 1907, (partie centrale du triptyque Le Jour éveille la Nuit).Huile sur toile, 127 x 185 cm,Milan, Collection Camera di Commercio, Industria e artigianato di Milano.© StUdiO FOtOgrAFiCO PerOtti, miLAN

théo van rysselberghe (1862–1926), Après-midi d’été ou Le thé au jardin, 1901.Huile sur toile, 97,5 x 129 cm, Bruxelles, Musée d’Ixelles.don de Madeleine Maus, 1922.) © FrANçOiS BertiN, grANdVAUx

DeuX eXpOsItIOns pAR An

■ eXpOsItIOns D’HIveR Durant la saison froide, le centre d’art présente des œuvres qui établissent des correspondances entre les peintres régionaux et les grands mouvements artistiques internationaux couvrant la période 1850-1950. une attention particulière est portée à la peinture suisse et à ses influences, mais également aux échanges qu’elle a générés et qui dénotent de sa vitalité et de sa volonté de s’ouvrir aux modèles de son époque. une série de cinq exposi-tions sera consacrée aux courants majeurs du XiXe et XXe siècles : le divisionnisme, le réalisme, le romantisme, l’expressionnisme et le symbolisme.

■ eXpOsItIOns D’ÉtÉ Durant la saison chaude, le centre d’art se consacre au rappro-chement de l’art occidental et non occidental. le but, faire dia-loguer des expressions artistiques éloignées pour dépasser les considérations culturelles et les faire se rejoindre dans une unité esthétique partagée. un autre pan de ces expositions s’intéres-sera à l’ascendant du passé sur l’art du présent, soulignant les liens féconds entre, par exemple, surréalisme et art primitif ou art occidental et africain.

eXpOsItIOnsupplÉment spÉcial en paRtenaRiat avec la FOnDatiOn pieRRe aRnauD

Page 10: le nouveau centre d'art au cœur des montagnes valaisannes

22 décembre 201310 supplÉment spÉcial en paRtenaRiat avec la FOnDatiOn pieRRe aRnauD

Page 11: le nouveau centre d'art au cœur des montagnes valaisannes

11

Micheline Calmy-rey, ancienne présidente de la Confédération. YVAiN geNeVAY / Le mAtiN dimANChe

david Bagnoud, président de Lens. Sedrik Nemeth

Micheline Calmy-rey, vous êtes la mar-raine du Centre d’art Pierre Arnaud. Pour-quoi avoir accepté d’endosser ce titre ? Je suis fière d’être la marraine du centre d’art de lens, car mon rôle est de présenter, défendre, aider ce projet. la volonté de la Fondation pierre arnaud est de monter des expositions où les regards entre art occidental et non occidental se croisent. Dans un monde globalisé, la dimension culturelle nous distingue et nous identifie au-delà des frontières. la connaissance des différentes cultures permet de mieux appréhender l’autre. l’ambition mérite donc d’être soutenue.

Votre discours d’inauguration porte sur les liens qui se tissent entre le régional et l’universel. Cette thématique vous est-elle chère ?elle m’est proche, car je viens de cette région. il me tient à cœur que les infrastructures tou-ristiques, comme celles de crans-montana, se développent. par le passé, on a créé beaucoup d’équipements sportifs comme la construction du plus haut golf d’europe. mais quid une fois la journée de ski ou le parcours achevé ? les attentes des vacanciers s’étendent aujourd’hui au domaine de l’art.

david Bagnoud, quelle a été votre première réaction face au projet du Centre d’art ?a l’époque, je n’étais que conseiller munici-pal, mais le projet m’a tout de suite convaincu. ce centre, je le vois comme un cadeau. nous sommes dans un lieu où l’accent est générale-ment plutôt mis sur le sport, du coup, voir arriver de la culture fait du bien !

Ne craignez-vous pas qu’à long terme il devienne une charge pour la commune ? non, car tout a été clair avec la fondation dès le début. nous n’avons pas les mêmes ressources qu’une ville comme Bâle, nous n’aurions donc pas les moyens de soutenir le centre d’un point de vue budgétaire. le souhait de ne pas engager cette responsabilité a été inscrit par les citoyens. concrètement, la commune n’a finalement dû investir qu’un million et demi de francs, les quinze autres provenant de fonds privés. Quand on ne finance qu’un dixième d’un projet, cela reste plus que raisonnable.

un des axes d’exposition a pour ambition de confronter des cultures différentes. Y voyez-vous aussi une portée politique ?Des décisions, des événement parfois lointains, comme la faillite de la banque américaine leh-man Brothers en 2008, ont des effets sur notre vie quotidienne. nous ne pouvons pas nous cacher derrière nos montagnes. il faut être actifs et influents au plan international pour défendre nos intérêts, et pour cela il faut comprendre le monde. c’est là que je vois la portée politique de ces expositions.

Croyez-vous que ce musée pourra créer plus de liens entre le Haut-Plateau et les villages ?le centre n’est pas dédié aux spécialistes de l’art. il est conçu comme un lieu de vie. il ouvrira ses portes à un vaste public, ce sera un espace de rencontres et d’échanges entre touristes du haut-plateau, habitants des villages et des villes valaisannes.

Au-delà de l’élargissement de l’offre tou-ristique, quel profit en tirent les Valaisans ? le défi pour le valais et pour la suisse est celui de s’ouvrir au monde tout en conservant ses racines et son identité. en faisant dialoguer des cultures et des gens différents, le centre y contribue. cela s’éloigne d’une démarche touristique classique.

Vous êtes originaire de Chermignon, com-ment avez-vous perçu l’installation du centre dans la région ? Je ressens cette installation comme un déve-loppement naturel. physiquement, le bâtiment s’intègre dans le paysage. la région est belle, elle a attiré de nombreux artistes. c’est une formidable opportunité pour les visiteurs étran-gers de connaître la vitalité de la culture et de la peinture valaisannes. De les mettre en pers-pective avec les grands mouvements picturaux du monde.

■ « Je suis ravie de ce nouveau projet. avant, on ne voyait pas le lac, aujourd’hui il est mis en valeur. »

liliane mudry, commerçante

■ « c’est le sujet de conver-sation dans mon bistrot. Je pense que ce centre va désenclaver le village et son rayonnement va drainer du monde. »

pierre Roggwiller, patron du café de l’union

■ « notre musée va re-donner de la vie au village. Grâce à lui, lens retrouvera son lustre passé. c’est une chance pour nous, et peut-être aussi, qui sait, des op-portunités de travail. »

sandra Arnot, aide-soignante

« LA CULTURE : AVENIR D’UNE RéGION »DAVID bAGNOUD, pRéSIDENT DE LENS, ET MIChELINE CALMY-REY, ANCIENNE pRéSIDENTE DE LA CONFéDéRATION ET MARRAINE DU CENTRE D’ART pIERRE ARNAUD, SONT CONVAINCUS : CE MUSéE pRéSENTE UN AVANTAGE CULTUREL ET éCONOMIQUE pOUR LA RéGION DE CRANS-MONTANA. UN GAGE D’OUVERTURE pOUR LE VALAIS.

mICRO-tROttOIR

Sedrik Nemeth

Sedrik Nemeth

Sedrik Nemeth

Les habitants de Lens ont-ils eu des craintes concernant l’intégration du bâti-ment dans le paysage ?les citoyens ont compris que le centre s’inté-grerait bien. aujourd’hui, nous n’avons que des compliments, les gens sont subjugués par le résultat ! ce musée est installé dans un écrin, sa façade de verre qui reflète les montagnes est un tableau en soi !

Quelles seront les retombées pour Lens ? si le musée connaît du succès, les gens iront certainement se promener dans le village, qui est charmant. il a d’ailleurs subi quelques réno-vations... le centre d’art de lens créera plus de contact entre les commerçants et les touristes qui auront une raison d’y venir. ce n’est que profitable pour notre commune.

Le public sera-t-il surtout constitué de touristes ?il y a entre 25 000 et 30 000 résidences secon-daires à crans-montana… le chiffre n’est pas négligeable. le centre d’art peut devenir un but de balade pour les gens de la région.

Pensez-vous que le musée drainera aussi les Valaisans ? ce musée touche tout le monde. Je ne doute pas que le public viendra, car il y a une curiosité. les gens montent de plus en plus hors saison pour fuir le stratus, il y a donc un gros potentiel.

Cinquante mille visiteurs par an ont été prévus. La commune a-t-elle les infra-structures pour accueillir tout ce monde ? un certain volume de parcage a été prévu, nous avons construit une place à 300 mètres du musée pour éviter un engorgement, mais si le nombre de visiteurs dépasse ce chiffre, nous prendrons des mesures, nous nous adapterons !

Vue depuis le toit terrasse de la Fondation Pierre Arnaud: une plateforme culturelle en plus pour le Valais. SéBAStieN CrettAZ

OpInIOnssupplÉment spÉcial en paRtenaRiat avec la FOnDatiOn pieRRe aRnauD

QUE pENSENT LES LENSARDS DU MUSéE ?

Page 12: le nouveau centre d'art au cœur des montagnes valaisannes

22 décembre 201312

Lorsqu’on lit votre curriculum, on a l’im-pression que vous avez traversé plusieurs vies. Comment vous définir ?vue d’en dehors, ma vie peut paraître un peu fouillis. c’est probablement la raison pour la-quelle je n’aime pas beaucoup me mettre en avant… mais elle a toujours porté sur deux axes, l’un culturel, l’autre entrepreneurial : j’organisais déjà des expositions de peinture lorsque j’étais étudiant, ensuite j’ai codirigé le théâtre des Faux-nez, à lausanne, puis j’ai fait de la pro-duction de spectacles, de musique jazz, mis en scène des spectacles de danse, du mozart, schiele, des contes orientaux…

Plus qu’un homme d’art vous semblez embrasser tous les arts…Oui, c’est vrai, j’aime faire des choses dans des domaines très différents. Je viens, par exemple, d’ouvrir un restaurant-théâtre de flamenco à malaga. c’est la capitale de l’andalousie et il n’y avait plus un seul lieu dans cette ville pour le flamenco, il fallait y remédier !

est-ce la curiosité qui vous pousse à créer sans cesse de nouvelles choses ?Je suis curieux, mais surtout tenace. le ballet sur mozart, je l’ai porté pendant vingt ans avant d’aboutir, le centre d’art, une quinzaine d’années avant de le créer. Je vais au bout des choses, je ne lâche pas, convaincu qu’on apprend beau-coup en faisant. un idéaliste, en somme…

doublé d’un bon business-man, non ?Je pense l’être devenu. en parallèle à ce par-cours artistique, j’ai fait beaucoup de choses, c’est mon côté entrepreneur. J’ai travaillé dans l’épicerie en ligne, dans l’horlogerie, dans la bijouterie, les cliniques, la presse… la plupart des entreprises que j’ai reprises étaient en faillite ou partiellement, mais j’étais convaincu de leur potentiel. Je les ai remontées puis revendues. peut-être que j’ai eu du flair… J’ai appris en tout cas qu’il fallait sortir des modèles traditionnels, inventer une manière de faire différente.

Votre trajectoire personnelle ~vous avez grandi au Maroc, étudié à Lausanne~ est-elle la raison de cet éclectisme ? mon histoire, c’est d’abord celle de mon grand-père suisse qui s’était installé au maroc quand il avait 18 ans. ensuite, mon père est rentré au pays pour suivre ses études d’ingénieur, il est retourné au maroc où j’ai grandi, puis à mon tour j’ai été faire mes études de médecine à lau-sanne. Disons que l’afrique du nord fait partie de mon histoire, avec une part de rêve oriental.

Vous n’avez finalement pas exercé la mé-decine, étiez-vous déçu par la discipline ? pas du tout ! J’ai même travaillé pendant quatre ans comme médecin assistant en psychiatrie, à la clinique Bel-air, à Genève. mais je me suis rendu compte que je n’avais pas envie d’être soignant toute ma vie, que j’avais besoin de créer, d’entreprendre. Je suis fondamentalement un entrepreneur.

Avec le Centre d’art de Lens, vous venez d’achever un projet titanesque. Faut-il de l’audace pour proposer un musée ?non, parce que je vois la culture comme un dialogue, comme un échange. Je porte le projet avec ceux qui y contribuent pour que cela forme un tout cohérent. Je suis patron, je me suis sou-

DANIEL SALZMANN RACONTE SON pARCOURS ET SON AMbITION DE FAIRE VIVRE LA pEINTURE RéGIONALE DANS UN DIALOGUE OUVERT SUR LE MONDE. SA FONDATION EST UNE OppORTUNITé D’éLARGIR L’OFFRE TOURISTIQUE EN VALAIS.

vent mis en danger et j’ai une bonne carapace. Je crois plutôt à l’anthropie : si l’on ne construit pas, les choses se détruisent. il faut des projets pour lier les hommes.

Comment est née cette idée ?elle est née il y a douze ans, mais pas sous la forme qu’elle a prise aujourd’hui. il y a eu plusieurs ébauches. au début, nous pensions faire quelque chose autour des peintres qui ont peint en valais (ndlr : Daniel salzmann possède une collection de peintres de l’ecole de savièse, débutée par pierre arnaud) puis le projet s’est enrichi et a beaucoup évolué. nous avons en premier pensé à savièse, ensuite nous avons envisagé martigny, car cela faisait sens de ren-forcer le pôle culturel initié par Gianadda. et finalement, cela s’est fait à lens.

Pourquoi Lens ? plusieurs raisons ont déterminé ce lieu. D’abord le passé culturel de lens, où beaucoup d’artistes sont venus. puis l’attachement de mon beau-père pour l’endroit, notre amitié pour l’ancien et l’actuel président de commune… nous tenions aussi à créer un lien entre le haut-plateau de crans et les villages. nous sommes tombés sur cette menuiserie désaffectée et avons réalisé que c’était un emplacement formidable avec un beau potentiel. et le projet est né.

Vous êtes résident à Crans-Montana et très actif dans la région ?nous avons vécu à crans-montana avec mon épouse, et aujourd’hui nous possédons un cha-let dans lequel mes beaux-parents s’étaient établis il y a plus de trente ans. notre histoire familiale a créé des liens très forts avec cette région.

Du côté professionnel, j’ai accompagné le caprices Festival pendant plusieurs années, avant d’en devenir le président. Je suis égale-ment président de l’apach (association des propriétaires d’appartements et chalets de crans-montana) et nous avons aussi monté une société qui s’appelle saR (swiss alpine Resorts) en charge de commercialiser la station sous forme de packages, puisqu’elle ne peut plus vivre sur un modèle commercial de quinze jours à noël, trois semaines en février et dix jours en été.

Le plaisir de nature qu’offre la montagne ne suffit donc plus ? cela ne suffit plus pour faire tourner les restau-rants et les hôtels. il faut miser sur la création d’événementiel, sur le culturel.il est indispensable de remplir les stations sur de plus longues périodes. en ce sens, caprices et le centre d’art, même si ce n’était pas le principal moteur au départ, permettent de nourrir ces phases creuses. il est temps que le valais mène une vraie politique touristique !

Le Valais possédera désormais deux Centres d’art. Avez-vous des contacts avec la Fondation Gianadda ?nous avons eu de nombreux contacts, puisque nous avions d’abord imaginé installer le centre dans l’ancien arsenal militaire où se trouve désormais le musée des chiens du saint Ber-nard. le valais peut accueillir plus de culture, le côté artistique est un vrai complément des stations de vacances. en plus de se promener ou de skier, visiter un centre d’art et écouter de la musique fait partie des loisirs.

Pensez-vous que les Valaisans se sentent concernés par cette offre culturelle ? ils ont un attachement clair aux artistes qui ont peint en valais. et depuis le temps, léonard Gianadda a opéré un travail de fond, il a amené les gens à aller voir des expositions de peinture, ce qu’ils ne faisaient certainement pas avant. De la même façon que les lausannois vont mainte-nant voir énormément de spectacles de danse... les institutions en place créent des habitudes, développent un intérêt pour la culture.

Le projet du centre a-t-il été tout de suite accepté par les habitants de la commune ? les gens ont bien compris notre projet et sa capacité à s’intégrer dans le paysage. lens est un village traditionnel, mais il était hors de ques-tion de construire un musée façon faux chalet. D’autre part, il fallait éviter le geste architectural narcissique. l’architecte Jean-pierre emery a senti les écueils d’un tel édifice. sa prouesse a été de penser un bâtiment fort, mais discret. la façade en miroir qui donne sur le lac reflète les montagnes, le toit-jardin qui se voit depuis la route se fond dans son environnement. le lieu est aujourd’hui beaucoup plus beau.

Ce centre est aussi un hommage à votre beau-père, Pierre Arnaud…c’est un hommage à l’homme qu’il était, c’est celui de ma femme à son père, à l’amateur d’art qui avait une passion pour les peintres régio-nalistes, et à ce qu’il nous a permis de réaliser.

un jour, viendra-t-on à Lens juste pour voir les expositions du Centre d’art ?J’en suis sûr ! aujourd’hui, nous avons estimé à cinquante mille le nombre de visiteurs par an, mais je suis convaincu que ce chiffre peut croître très vite et aller au-delà de nos espérances.

« Le LIeu eSt AuJourd’HuI BeAuCouP PLuS BeAu »

« Je vois la culture comme un dialogue, comme un échange. »

daniel Salzmann, président de la Fondation Pierre Arnaud. Sedrik Nemeth

RenCOntRe supplÉment spÉcial en paRtenaRiat avec la FOnDatiOn pieRRe aRnauD

Page 13: le nouveau centre d'art au cœur des montagnes valaisannes

13

Depuis 1937, la Loterie Romande distribue 100% de ses bénéfices à des projets d’utilité publiqueen Suisse romande, dans les domaines de la culture, du sport, de l’action sociale et de l’environnement.

Page 14: le nouveau centre d'art au cœur des montagnes valaisannes

22 décembre 201314

LA MéDIATION CULTURELLE : UN pROGRAMME QUI REND L’ ART VIVANT LE CENTRE D’ART pIERRE ARNAUD NE SE CONTENTE pAS D’êTRE UN LIEU D’EXpOSITION, MAIS A pOUR AMbITION DE CRéER UN ESpACE DYNAMIQUE Où L’ART DIALOGUE pLUS LARGEMENT AVEC SON pUbLIC. L’IDéE ? pERMETTRE AUX VISITEURS DE DéCOUVRIR OU D’AppROFONDIR DES SUjETS AUTOUR DES ŒUVRES pRéSENTéES.

■ BRunCH et AtelIeR CRÉAtIfDeux dimanches par mois, dans le cadre des brunchs organisés par le restaurant du centre d’art l’indigo, l’artiste et animatrice sierroise isabelle Zeltner-salamin entraîne les plus petits dans un programme intitulé : « Oser, créer, s’amuser ! » chaque atelier permet de découvrir une nouvelle technique d’art plastique comme le bas-relief, la gravure, l’installation. le centre d’art est un lieu idéal pour aiguiser son regard, laisser voguer son imagination, développer sa créativité.

■ BRunCH ARtIstIQue et vIsIte COntÉe un dimanche par mois, la conteuse sandrina cirafici fait pénétrer son jeune public dans l’univers fascinant des tableaux de l’exposition. une comédienne en costume donne vie aux personnages de quatre œuvres clés du divisionnisme. l’opportunité de plonger de manière ludique et interactive au cœur de ce passionnant courant artistique et apprendre tout ce qu’il faut savoir sur le contexte social de cette peinture, le mystère de la couleur éclatée ainsi que les jeux de lumière et d’optique utilisés par les peintres divisionnistes.

ATELIERS ET SOIRéES LES ACTIVITéS ThéMATIQUES

LE CATALOGUE D’EXpOSITION

« FERDINAND » LE MAGAZINE pOUR LES ENFANTS

■ sOIRÉes kAlÉIDOsCOpe« Qu’est-ce que la couleur ? » présentée par l’ingénieur et médiateur scientifique Romain Roduit, de l’hes-sO-valais, cette conférence d’une heure est une véritable jonction entre arts et sciences. comment restituer la lumière à l’aide de couleurs ? c’est la question à laquelle ont tenté de répondre les divisionnistes. cette soirée de découverte et d’expérimentation scientifique permettra de mieux comprendre d’où vient la couleur et quels sont les mécanismes physiques en jeu.

« comment peut-on fabriquer de la couleur ? » les tons des peintres ne sont pas les mêmes que ceux des ingénieurs. selon le support sur lequel on applique la couleur, elle varie. Que ce soit sur une toile, une impression ou un écran, le processus se modifie et la notion de couleur primaire peut changer. cette soirée propose de découvrir le travail des divisionnistes en appréhendant les différents mécanismes de la couleur.

■ sOIRÉes « COuleuRs vAlAIsAnnes » les intervenants qui animent ces soirées thématiques se proposent de porter un regard différent sur l’environnement alpin. a travers l’étude des paysages, des vues de villages, de la culture du « vieux pays» et de la vie quotidienne dans les montagnes, ces spécialistes de l’art régional souhaitent apporter un autre éclairage sur l’œuvre des peintres « valaisans». en observant les diverses manières de peindre la montagne, ils s’interrogent sur les valeurs de la culture alpine, et réfléchissent à l’image du valais. a travers

l’art, une occasion de (re)découvrir ce canton sous des aspects inattendus.

• Albert Muret, un peintre vaudois installé à Lens.conférence de christophe Flubacher, directeur scientifique du centre d’art.

• Les Alpes vues par les divisionnistes.conférence de christophe Flubacher, directeur scientifique du centre d’art.

Ferdinand est un magazine ludique qui emmène les plus petits à la décou-verte de chaque exposition présentée par la Fondation pierre arnaud. cette première bande dessinée consacrée aux divisionnistes permet d’expérimenter leur technique par des jeux créatifs à vocation scientifique. elle est en vente à la boutique du centre d’art.

le catalogue d’exposition « Divisionnisme : couleur maîtrisée ? couleur éclatée ! » est édité par la maison hatje cantz en trois langues : français, allemand, anglais. Diffusé sur le marché internatio-nal, cet ouvrage d’art est conçu comme un livre-objet emblématique de l’esprit de la fondation. il parcourt ce mouvement pictural des bancs de la seine jusqu’aux cimes enneigées des alpes. De Georges seurat à l’artiste suisse Giovanni Giacometti. co-écrit par des historiens et spécialistes éminents du divisionnisme dont : annie-paule Quinsac, cäsar menz, Francine Dawans, christophe Flubacher, il est le premier catalogue à présenter une vue exhaustive et claire du sujet.

suppORt supplÉment spÉcial en paRtenaRiat avec la FOnDatiOn pieRRe aRnauD

La Bd Ferdinand explique le divisionnisme aux enfants. tOm tirABOSCO

Le catalogue de l’exposition «divisionnisme : Couleur maîtrisée ?, Couleur éclatée ! » couvre toute la période de ce mouvement. SéBAStieN CrettAZ

L’ouvrage est publié en trois langues. SéBAStieN CrettAZ

Page 15: le nouveau centre d'art au cœur des montagnes valaisannes

15

SERVICE - INFOS pRATIQUES

centre d’art, lens / crans-montana case postale 39 - Route de crans 1 - 1978 lens, suisse

[email protected]

ROUTE DE CRANS

ROUTE DE CRANS

ROUTE DU LACROUTE DU LAC

ROUTE D’ICOGNE

CH. D

U L

OU

CHÉ

ROUTE DE CHERMIGNON

Village

Arrêt de bus

Distance 350mBus > Fondation

Parking

LAC DU LOUCHÉ

P

LENS, POSTESION, POSTE / GAREGRANGES VS

DIRECTION SION

DIRECTION SIERRE

P Parking de la Scie Distance : m

ENTRÉE PRINCIPALE

RUE

PRIN

CIPA

LE

Horaires d’ouverture du Centre d’artOuvert tous les jours de 10 h à 19 h, le jeudi jusqu’à 21 h.

AccèsDe la gare de sion, prendre le bus (car postal) en direction de « crans-sur-sierre », arrêt lens poste (30 min env., 1 ou 2 bus par heure)horaires en ligne : www.cff.ch

tarifs d’entrée adultes chF 18.-seniors et ai chF 16.-etudiants chF 9.-enfants (moins de 10 ans) gratuitFamilles chF 40.-Groupes (dès 10 personnes) chF 16.-location des audioguides chF 3.-

Médiation culturelle• Audioguide (français, allemand, anglais et italien)• Visites commentées publiques tous les mardis à 19 h 15 (français), en période

de vacances, visites commentées publiques en journée (français, anglais, allemand et italien)

• Visites commentées pour groupes privés (français, allemand, anglais et italien)• Programme d’animation pour adultes, familles, enfants, écolestél. +41 (0)27 483 46 10 – [email protected]

pour tout renseignement concernant les activités de médiation, les tarifs, les horaires et le programme détaillé, consultez le site internet dès janvier 2014.www.fondationpierrearnaud.ch

restaurantle restaurant sera ouvert selon des horaires spécifiques, le soir et hors des périodes d’exposition.

téléphone et réservation : +41 (0)27 483 46 11renseignements et réservations : www.fondationpierrearnaud.ch

pRAtIQuesupplÉment spÉcial en paRtenaRiat avec la FOnDatiOn pieRRe aRnauD

Page 16: le nouveau centre d'art au cœur des montagnes valaisannes

22 décembre 201316

Couleur maîtrisée�?Couleur éclatée�!

Hiver �1Divisionnisme

Fondation Pierre ArnaudLens ��⁄�Crans-Montana

www.fondationpierrearnaud.ch

22 décembre 2013—�22 avril 2014