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oan LEÇONS RETENUES En Matière d'Eau, d'Assainissement et de Santé Edition augmentée Treize années d'expérience dans les pays en développement lUSAID WATER AND SANITATION FOR HEALTH PROJECT U.S. AGENCY FOR INTERNATIONAL DEVELOPMENT J>00 - t p (.G -

LEÇONS RETENUES - IRC · premières "Leçons retenues" en 1990. Ces trois dernières années, WASH a continué à définir les barrières et les possibilités inhérentes au développement

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LEÇONS RETENUESEn Matière d'Eau, d'Assainissement

et de Santé

Edition augmentée

Treize années d'expériencedans les pays en développement

lUSAID WATER AND SANITATIONFOR HEALTH PROJECT

U.S. AGENCY FOR INTERNATIONAL DEVELOPMENT J>00 - t p (.G -

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Leçons retenues en Matière d'Eau,Assainissement et Santé

Treize années d'expériencedans les pays en développement

Compilé par le personnel duProjet eau et assainissement pour la santé (WASH)

avec les conseils de rédaction de Diane Bendahmane

Traduit par Catherine UtzLioy Associates

Projet eaûet assàihissëment^bur l¥s1ânté "Contrat No. 5973-2-00-8081-00, Projet No. 936-5973

Parrainé par l'Office de Santé,Bureau de la Recherche et du Développement

Agence des Etats-Unis pour le Développement internationalWashington, D.C. 20523

Administré par Camp Dresser & McKee International Inc.

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Publié en 1993 par le Projet Eau et Assainissement pour la Santé,1611 North Kent Street, Room 1001, Arlington, Virginia 22209, USA.Ce rapport est du domaine public et peut être reproduit librement.Toutefois, il faudra mentionner le nom des organisations et projets etnous faire parvenir un exemplaire de toute reproduction.

Le Projet WASH est géré par Camp Dresser & McKee International Inc.,One Cambridge Center, Cambridge, Massachusetts 02142.

Tous commentaires ou demandes sont encouragés. Prière de les adresser àl'Office of Health, Bureau for Research and Development, Agency forInternational Development, Room 1234, SA-18, Washington, D.C. 20523-1817.

Photo de couverture: Mark McEvoy/Panos Pictures

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A h mémoire deDAVID DONALDSONRAYMOND B.ISELY

etDAVID YOHALEM

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TABLE DES MATIERES

Avant-propos Bob Wrin vii

Préface: La route de l'avenir /. Ellis Turner xi

Remerciements xvii

Chapitre 1: PRINCIPES FONDAMENTAUX 1

Le concept de développement 1L'importance de l'eau et de l'assainissement 3Les problèmes sanitaires modernes

de l'eau et de l'assainissement 8Le contexte de développement 10Le rôle du Projet WASH 12Les leçons et principes:

Organisation du présent rapport 14

Chapitre 2: ASSISTANCE TECHNIQUE 23

Leçon un: La fonction de l'assistance technique 25Leçon deux: La conception de l'assistance technique 30Leçon trois: La prestation de l'assistance technique 34Leçon quatre: La coordination et les réseaux 41Leçon cinq: L'échange d'information 46

Chapitre 3: RESPONSABILITE PARTAGEE 51

Leçon six: Les institutions nationales 52Leçon sept: Les bailleurs de fonds 59Leçon huit: Les organisations non-gouvernementales . . . . 64Leçon neuf: La participation communautaire 69Leçon dix: Le secteur privé 78

Chapitre 4: STRATEGIES DE PROGRAMMES 85

Leçon onze: Le contexte plus large 86Leçon douze: L'importance de l'assainissement 91Leçon treize: Le changement comportemental 97Leçon quatorze: La gestion communautaire 103Leçon quinze: La planification 104Leçon seize: Le cadre juridique et réglementaire 108

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Chapitre 5: PERENNITE 115

Leçon dix-sept: Le développement institutionnel et lavalorisation des ressources humaines 118Leçon dix-huit: La technologie et les nonnes techniques . . . . 129Leçon dix-neuf: L'exploitation et l'entretien 137

Leçon vingt: La viabilité financière 141

Chapitre 6: LEÇONS EVALUEES 149

Biographie sélectionnée de rapports de WASH 153

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Avant-propos

II y a plus de dix ans, le Projet WASH a été crée par l'AID en réponse àl'inauguration de la Décennie de l'eau en 1980. Depuis, WASH a fait des contri-butions importantes, aidant à concevoir et à réaliser les travaux de l'AID dans ledomaine de l'eau et de l'assainissement auxquels l'AID a octroyé plus de 2 mil-liards de dollars depuis 1980. Le projet a été conçu au départ avec une solideorientation sur l'ingénierie mais très vite, on s'est rendu compte que la réussite àlong terme du secteur de l'eau et de l'assainissement dépendait d'une bonne pla-nification de politiques à l'appui, d'une solide participation communautaire etd'un financement adéquat. Ces réalisations ont été à l'origine du travail pionnierréalisé par le Projet WASH dans le domaine de la participation communautaire,du dialogue de politiques, de la formation, de la planification d'équipes, du fi-nancement sanitaire et du développement institutionnel et des ressourceshumaines. Ce sont également ces réalisations qui ont poussé WASH à publier lespremières "Leçons retenues" en 1990.

Ces trois dernières années, WASH a continué à définir les barrières et lespossibilités inhérentes au développement du secteur de l'eau et de l'assainisse-ment. L'apparition du choléra aux Amériques, le problèmes des réfugiés kurdes,tout le travail à faire en Europe de l'Est et dans les nouveaux états indépendantsde l'ancienne Union soviétique ainsi que les problèmes apparaissant chez lespauvres des zones urbaines ont été la source de nouveaux défis et ont renforcé lanécessité d'avoir de nouvelles approches plus souples en matière d'eau et d'as-sainissement. Au fur et à mesure que WASH a relevé ces défis, le projet aanticipé un grand nombre de thèmes que l'AID a adoptés pour guider son tra-vail dans le contexte de l'après-Guerre froide notamment le soutien pour ledéveloppement durable, la priorité accordée à la participation ainsi que les ap-proches et les méthodes intégrées.

Tel que nous l'avons appris, grâce à cette édition plus récente des "leçonsretenues", le développement durable du secteur de l'eau et de l'assainissementne signifie pas simplement achever un équipement ou installer une pompe ma-nuelle mais veut également dire la manière dont ces interventions aident lesgens à améliorer la qualité de leur vie. Et, chose encore plus importante, nousvoyons que le développement durable entraîne le changement—le changementdans la manière dont le pouvoir est distribué et dont les technologies sont diffu-sées.

Le présent rapport examine le thème de la participation en discutant dupartenariat entre bailleurs de fonds, gouvernements, organisations non-gouver-nementales et entreprises privées à but lucratif. La notion de partenariat imposecertaines responsabilités pour les gouvernements hôtes et leurs communautés.Telles que mises en exergue par l'expérience de WASH, ces responsabilités doi-vent être significatives et clairement définies. C'est le rôle du bailleur de fondsd'aider mais la responsabilité du développement revient en fin de compte à lanation bénéficiaire de l'aide. Notre but, par le biais de ces partenariats, est de

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LEÇONS RETENUES

donner aux individus et aux communautés les moyens pour y arriver et de res-ponsabiliser davantage les institutions publiques et non gouvernementales faceaux gens qu'elles desservent.

Pour arriver à atteindre ce but, les femmes représentent des partenaires par-ticulièrement estimables. Vu les rôles uniques que les femmes jouent en tantqu'employées, productrices alimentaires, prestataires de la santé et enseignantesde leurs enfants, en tant que gestionnaires des ressources naturelles et en tantque dirigeantes communautaires, elles sont une ressource énorme non-exploitéequi pourrait servir à la mise en oeuvre des projets communautaires d'approvi-sionnement en eau et d'assainissement.

Par le biais du Projet WASH, nous avons appris l'importance stratégique departenariats avec d'autres bailleurs de fonds. La collaboration non seulementpermet à l'AID de partager les informations et d'obtenir d'autres ressources fi-nancières mais également de pouvoir profiter des compétences et des talents desautres.

Les treize années de WASH ont souligné l'importance des approches et desméthodes intégrées, le troisième nouveau thème de l'AID. En cherchant à trouverles causes profondes du manque d'eau potable ou de structures d'assainisse-ment, WASH a adopté une vue générale et a examiné non seulement les besoinstechnologiques mais également, les facteurs sociaux, économiques, politiques etculturels.

En juillet 1993, J. Brian Atwood, Administrateur de l'AID, a donné la futuredirection de l'Agence, une direction définie par quatre grands principes en vued'un développement durable: un engagement face aux initiatives démocratiques,au développement économique, à la protection environnementale et un ralentis-sement de la croissance de la population. Pour répondre au défi posé par cettenouvelle direction, le Bureau de la santé a inauguré le Projet de Santé environne-mentale.

Ce nouveau projet ressemblera de beaucoup au Projet WASH dans la ma-nière dont il fonctionne c'est-à-dire que son but principal sera de fournir unsoutien à l'AID par le biais d'une assistance technique aux missions et aux bu-reaux et de diffuser l'information. Mais alors que le mandat de WASH se limitaità l'eau et à l'assainissement, le Projet de Santé environnementale recoupera neufsous-secteurs, 1) maladies tropicales, 2) approvisionnement en eau et assainisse-ment, 3) déchets solides, 4) eaux usées, 5) pollution atmosphérique, 6) hygiènealimentaire, 7) matériaux toxiques, 8) santé professionnelle et 9) blessures. L'AIDintervient déjà activement dans les quatre premiers domaines mais les cinq der-niers sont nouveaux.

Ces neuf sous-secteurs ont été retenus car, tel que le montre le rapport de laBanque mondiale 1993 du développement dans le monde, ils représentent indi-viduellement et collectivement les grandes causes des problèmes de santé dumonde. Ils ont été retenus également car Us donnent aux pays bénéficiaires lapossibilité, par le biais de l'assistance de l'AID et des autres bailleurs de fonds dedévelopper un nouveau paradigme pour évaluer et gérer leurs problèmes sani-taires et socio-économiques basés sur les liens de chacun de ces secteurs auxproblèmes environnementaux: des impacts sanitaires directs liés à l'interaction

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AVANT-PROPOS

humaine avec l'environnement aux impacts sanitaires indirects de la dégrada-tion environnementale.

La priorité accordée récemment aux questions environnementales dans lemonde entier a permis de mettre au premier plan la relation étroite entre l'environ-nement et la santé publique. Mais les programmes de santé environnementalesuivent à peine les besoins des zones rurales et n'arrivent pas à répondre aux be-soins des populations péri-urbaines qui s'accroissent de plus en plus rapidement.Vu que ces populations pauvres, rurales et urbaines, sont le fondement de la pro-ductivité agricole et industrielle, c'est par le biais de services de santéenvironnementale qu'on arrivera, en tant que première mesure, à un meilleur déve-loppement sanitaire et économique.

Alors que nous au sein de l'AID, nous nous préparons à répondre aux défistels qu'ils ont été définis par l'Administrateur, nous devrons le faire sans WASH.Après 13 années et plus de 800 missions d'assistance technique dans 85 pays,WASH arrive à sa fin. Mais la fin du Projet WASH ne signifie pas un engage-ment moindre de la part de l'AID face au secteur de l'eau et de l'assainissement.A bien des égards WASH a été un pionnier. C'était le premier projet financé cen-tralement qui apportait des services techniques spécialisés à l'AID. En outre,WASH s'est rendu compte combien il était difficile, par le biais d'un seul secteurde prendre en charge les problèmes de la dégradation environnementale.

Au fur et à mesure que l'AID va de l'avant avec le nouveau Projet de Santéenvironnementale, les membres du personnel de WASH peuvent voir avec fiertéce qu'ils ont accompli et apprécier ce que l'AID fera à l'avenir grâce à leurs ef-forts et aux efforts du personnel technique de l'AID qui ont aidé à formuler lesleçons contenues dans ce rapports. Au nom du Bureau de la Santé, j'aimerais re-mercier la famille WASH, le personnel, les consultants et le personnel de l'AIDpour un travail bien fait. En fait ce sont les auteurs des "leçons retenues."

Dans les années à venir par le biais du mandat élargi et du Projet de Santéenvironnementale, il ne fait aucun doute que d'autres leçons, viendront s'ajouteraux vingt leçons présentées ici. Nous nous réjouissons personnellement à l'idéede partager ces leçons avec tous ceux qui cherchent par leurs efforts à alléger lefardeau de la mauvaise santé dans le monde en développement.

Bob WrinDirecteur par intérim

Bureau de la santé

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Préface: La route de l'avenir

La présente révision de l'édition de 1990 "de leçons retenues du ProjetWASH" coïncide avec la fin du Projet Eau et Assainissement pour la Santé etdonne à WASH une chance de dire son dernier mot sur l'assistance techniquepour l'eau et l'assainissement. WASH a toujours été une organisation entraind'apprendre, le type même capable de jeter un regard critique sur son expé-rience et de reconnaître ses erreurs. En outre, WASH a eu l'avantage de pouvoirutiliser une partie de ses ressources pour faire des recherches appliquées, de ré-diger des documents de fond, d'organiser des conférences, etc. pour faireavancer les connaissances dans le domaine de l'eau et de l'assainissement.WASH a toujours cherché à maintenir une solide approche d'assistance techni-que, se concentrant sur le renforcement des capacités et des solides pratiques dedéveloppement et de rester suffisamment souple pour ajuster sa démarche enfonction des leçons apprises et des besoins des clients, à savoir l'AID. Aussi,semble-t-il être naturel de clore le projet en regardant les 13 années passées del'histoire de WASH surtout les trois années depuis la publication de la premièreédition—pour être sûr de communiquer les fruits de notre expérience à nos col-lègues du secteur de l'eau et de l'assainissement.

La préparation du présent volume a obligé le personnel de WASH à regar-der en arrière le travail fait pour le projet. Moi aussi, je peux examiner les huitdernières années passées avec WASH d'abord en tant que directeur adjoint del'ingénierie puis les cinq dernières années comme directeur du projet. Je suis ar-rivé avec une perspective strictement technique mais mon point de vue a changédu tout au tout. La nature multidisciplinaire de WASH m'a mis en contact à desidées et à des leçons qui ont élargi mon point de vue au-delà de l'aspect techni-que et qui ont profondément marqué ma compréhension du développement etde la gestion. Bien que j'apprécie plus que jamais l'importance de solidesconseils techniques, j'apprécie encore plus les compétences nécessaires pour éta-blir le bon contexte où le développement peut se faire.

J'ai commencé à comprendre que, si une solide gestion est certes essentiellepour un projet aussi complexe que WASH, c'est dans le meilleur intérêt du pro-jet que de confier son évolution aux personnes qui, en équipes regroupentdiverses compétences et expériences et qui ont le courage et l'imagination de dé-fier de manière constructive les hypothèses fondamentales. A présent, je suisconvaincu que la réussite de WASH est le produit d'une bonne communicationet de la confiance tant sur la plan interne que dans les relations avec l'AID. Defait, tout développement solide repose sur la communication et la confiance. Laleçon que j'ai apprise en tant que directeur du projet est qu'il faut avant tout en-courager au maximum la participation du personnel et des sous-traitants. Lesprincipes qui ont fait vivre WASH—à savoir le travail d'équipe, la communica-tion, la confiance, la participation élargie et le courage de s'attaquer aux idéestoutes faites ont fait bénéficier les pays en développement, et j'espère qu'ils de-

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LEÇONS RETENUES

viendront monnaie courante dans le cadre des projets internationaux d'assis-tance technique.

Dans la préface de l'édition de 1990, je mentionnais que les leçons mon-traient que WASH avait réalisé que les améliorations dans le domaine de l'eau etde l'assainissement étaient surtout un problème humain plutôt qu'un problèmetechnique et que par conséquent, maintes leçons pourraient être appliquées àtoutes les activités de développement pas simplement à l'eau et à l'assainisse-ment. Cette idée est toujours vraie et WASH est encore plus convaincu que leschangements au niveau des gens et de leurs institutions représentent la clé de laréussite même dans des domaines aussi techniques que la gestion des eauxusées.

WASH ne saurait accepter tout le crédit d'avoir formulé tout seul toutes cesleçons. Les connaissances et idées de nombreuses personnes et organisationsavec lesquelles WASH travaille ont contribué aux leçons au même titre que notrecollaboration avec d'autres organisations d'eau et d'assainissement qui, à pré-sent, s'expriment d'une seule voix pour nous montrer comment mener à bien latâche qui nous attend. Aussi, les leçons sont-elles validées et renforcées. Le styleadopté par la première édition a été également suivi dans la seconde. Le livrecomporte très peu de jargons et de sigles. Il est écrit de manière simple et com-préhensible. Aucun rappel en bas de page, aucune référence à des documentsécrits ne viennent interrompre la lecture bien qu'une bibliographie relativementexhaustive soit donnée à la fin. Le rapport ne vise pas être un ouvrage universi-taire mais bien plus, un travail pratique fondé sur les connaissances intimes depraticiens.

A l'instar de la première édition, la présente publication connaît égalementses limitations. La plus importante dont il faudra se souvenir est qu'elle ne re-vendique pas un caractère complet. Elle essaie de traiter de toutes les leçonstenant à l'expertise de WASH mais, il existe des domaines où WASH n'a pas suf-fisamment d'expérience pour pouvoir en parler. Si ce livre reste silencieux surcertains thèmes, cela ne signifie pas que ces derniers ne sont pas importants. Enoutre, WASH en tant que prestataire d'assistance technique à court terme, nepeut pas vraiment parler de la manière dont il faudrait fournir l'assistance tech-nique à long terme. Nous avons préféré parler de divers sujets plutôt que de lestraiter en profondeur. Les lecteurs qui désireront étudier certaines leçons de ma-nière plus approfondie pourront consulter les rapports techniques ou lesrapports d'activités de WASH mentionnés dans la bibliographie.

* * *

WASH sera terminé en tant que projet en novembre 1993 mais cela ne signi-fie pas que l'AID ne fournira plus d'assistance technique dans le domaine del'eau et de l'assainissement. Le travail continuera dans le cadre d'un nouveauprojet qui cherchera à regrouper sous un même toit les programmes traitant descauses environnementales profondes de certains graves problèmes de santé. Leprojet de santé environnementale offrira une assistance technique dans le do-

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PRÉFACE

maine de l'eau, de l'assainissement, de la gestion des eaux usées, de la luttecontre les maladies tropicales, de la pollution de l'air, des déchets toxiques etdangereux, de l'hygiène alimentaire, de la santé professionnelle et de la luttecontre les blessures.

Tout au long de la route qui s'étend devant nous, les leçons de ce Uvre se-ront appliquées dans les circonstances qui, à maints égards sont tout à faitdifférentes de celles auxquelles était confronté WASH dans les années 80 et audébut des années 90. Le paysage est entrain de changer et ces changements de-manderont des changements équivalents dans la manière dont est exécuté letravail de développement.

Peut-être que le changement le plus frappant dans ce paysage est la divisionde l'ancienne Union soviétique et la fin de l'hégémonie soviétique en Europe del'Est. Communisme, planification centralisée et économie contrôlée ont été dis-crédités. Les forces du marché libre et les institutions démocratiques sont entraind'avancer mais un grand nombre des pays connaissent de graves problèmes desanté environnementale imputables à une industrialisation non contrôlée et à lanégligence de l'environnement.

Le Gouvernement américain est encore entrain de s'ajuster à ce changementet de chercher les armes pour mener une nouvelle "guerre" déployée avec autantde vigueur que fut la Guerre froide. Il est probable que le nouveau paradigmesoulignera l'importance de la création d'entreprises et des partenaires commer-ciaux mais outre cela, ce changement essentiel dans le paysage comporte uncertain nombre d'implications pour l'organisation qui succède à WASH.

• L'AID continuera à accroître ses activités dans les nouveaux états indé-pendants et en Europe de l'Est. Ces pays sont plus développés que ceux oùWASH et d'autres organisations avaient l'habitude de travailler par le passé.La prestation d'une assistance technique à ces pays plus développés exigeraprobablement un travail d'une nature plus participative avec d'autres orga-nisations américaines telle l'Agence des Etats-Unis pour la protection del'environnement et des organismes multilatéraux tels que la Banque mon-diale.

• La promotion du commerce et des marchés pour des entreprises améri-caines est un but louable mais on ne sait que peu de choses sur la manièredont l'assistance au développement peut aider à atteindre ce but. Le projetqui succède à WASH devrait s'assurer par exemple, que la réalisation de cebut n'entraîne pas une trop grande importance donnée aux technologies oune néglige pas les principes du transfert de technologies.

Dans l'ensemble, la direction vers laquelle se dirige WASH est compatible àce changement de paysage. L'approche de WASH qui insiste sur la participationet la gestion communautaires, la décentralisation des services d'eau et d'assainis-sement et le rôle de la participation au public soutient la croissance de ladémocratie. L'assistance hors-projet surtout le type d'assistance qui aide les paysà améliorer et à renforcer leurs institutions et à se donner les capacités néces-

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LEÇONS RETENUES

saires pour résoudre leurs propres problèmes vient également soutenir le déve-loppement des démocraties du marché libre. Enfin, l'inauguration d'un nouveauprojet axé sur la santé environnementale devrait permettre à l'AID de traiterplus facilement certains des plus graves problèmes de santé de ces nouveauxpays "en développement".

La route qui s'ouvre devant nous est celle de l'après-Rio et de l'après-Dé-cennie. Ces deux événements ont changé les attitudes et les pratiques del'assistance pour le développement.

La conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développementtenue en juin 1992 à Rio de Janeiro, au Brésil a fait qu'il est impossible de penserau développement sans tenir compte de son effet sur l'environnement. Leconcept de "pérennité" signifie à présent pérennité environnementale. Dans qua-siment toutes les régions du monde, l'UNED a fait prendre conscience del'importance de protéger l'environnement.

Dans le monde de l'après-Rio, un plus grand nombre de ressources de dé-veloppement seront consacrées à des programmes visant à encourager ou ànettoyer l'environnement. En outre, un plus grand nombre d'aspects liés au dé-veloppement seront intégrés au cercle environnemental, et seront considérés parle biais environnemental. Par exemple, la gestion des eaux usées sera vue commeun aspect de la gestion intégrée des ressources en eau. Dans le monde de l'après-Décennie de l'eau, le réalisme a pris le pas sur les buts non- réalistes et lescroyances simplistes concernant la manière d'étendre la couverture de l'eau etde l'assainissement sans pour autant diminuer les nombreux accomplissementsde la décennie internationale des Nations-Unies pour l'approvisionnement eneau potable et l'assainissement (1981-1990), on ne peut s'empêcher de conclureque ce fut une déception. "L'eau et l'assainissement pour tous d'ici 1990" res-semble aujourd'hui à un but bien naïf. Les expériences de la décennie ont eu uneffet de réveil à la réalité pour les organisations de développement qui ont biendû se rendre à l'évidence et voir combien il était difficile de faire des améliora-tions durables dans le domaine de l'eau et de l'assainissement et de changer descomportements liés à l'hygiène qui sont bien ancrés.

Lorsque ceux qui ont travaillé dur pendant la décennie ont lancé l'ancre, ilsont conclu que le manque de capacités institutionnelles n'avait pas été suffisam-ment traité, qu'il aurait fallu envisager une plus grande gamme d'options—technique, de gestion, de politiques et de participation publique et que les solu-tions aux problèmes de l'eau et de l'assainissement sont de nature locale. Lacampagne internationale de la décennie est d'importance qu'elle a accordée auxchiffres sur la couverture a pu encourager des pays à mettre toutes leurs res-sources dans la création d'installation en accordant une attention minime auxbesoins comportementaux et institutionnels.

Si certains traits du paysage sont nouveaux, il n'empêche que nombreuxd'entrés eux ne sont que trop familiers. Nous continuerons à intervenir parexemple dans un contexte de ressources limitées. Pendant les années 80, les paysen développement ont vu leurs ressources disparaître dans les paiements d'inté-rêts qui ont suivi la gamme d'emprunts des pétro-dollars. Nombreux ont subides restructurations économiques difficiles qui leur donnaient droit à des prêts

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PRÉFACE

internationaux. Pour les nations industrialisées/ les années 80 ont été une périoded'expansion de ces mêmes pays - même les plus prospères connaissent à présentune récession économique. Nombreuses économies nationales semblent s'écrou-ler/ l'argent est rare et les dettes sont élevées. Là où les services d'eau etd'assainissement sont nécessaires/ il n'est plus possible de pouvoir compter surla largesse de l'état et les nations industrialisées, elles-mêmes en prise de diffi-cultés auront tendance à diminuer le financement pour le développement àl'étranger.

Ce manque de ressources continuera à modeler l'assistance au développe-ment dans le secteur de l'eau et de l'assainissement (et dans d'autres secteurs) denombreuses manières:

* Les pays en développement accorderont une plus grande importance àl'impact sur la santé, au recouvrement des coûts, à l'efficacité et aux for-mules de services à moindre coût. Les institutions publiques de l'eau et del'assainissement n'ayant pas les capacités de répondre aux besoins du publicavec leurs budgets restreints chercheront à décentraliser et à transférer la res-ponsabilité de l'eau et de l'assainissement aux utilisateurs, au secteur privéet aux organisations non-gouvernementales. Malheureusement il n'existeque peu d'expérience sur la manière de le faire efficacement. Les fonds del'Etat seront de plus en plus recherchés par divers secteurs et ce sont les or-ganisations qui peuvent articuler leurs besoins et la valeur de leurs servicesqui auront un avantage sur celles qui ne peuvent pas le faire.

• Les pays industrialisés seront obligés, de par la pression exercée par leurshabitants de favoriser une aide qui "revient" sous forme de commerce etd'échange et devront montrer des résultats et un impact.

La croissance de la population et l'urbanisation ne semblent pas pouvoirêtre contrôlées du moins dans le court terme. Elles continueront à multiplier lesproblèmes du secteur.

Dans certains pays, la croissance de la population s'est ralentie mais les ef-fets de ce ralentissement ne se feront pas ressentir avant quelques temps. Amoins que les ressources consacrées à l'eau et à l'assainissement ne soient aug-mentées de manière importante ou utilisées bien plus efficacement, les progrèsen vue d'étendre la couverture continueront à être très lents, un grand nombrede problèmes de santé environnementale s'aggraveront et pousseront à la haussele prix de la prestation des services. Le manque d'eau deviendra une question deplus en plus cruciale.

L'urbanisation, telle qu'elle est entrain de se faire, a changé le concept tradi-tionnel. Aux termes d'une urbanisation standard, les terres présentant lesconditions requises étaient obtenues par un particulier ou une municipalité puis,étaient dotées de l'infrastructure nécessaire—routes, égouts, drains d'eau, élec-tricité—puis vendues comme lots de construction. Aujourd'hui/ l'urbanisation sefait dans le sens inverse. Les terres proches des grandes villes—souvent les terresles pires, celles qui ne conviennent pas à l'urbanisation traditionnelle sont occu-

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LEÇONS RETENUES

pées par les nouveaux habitants qui viennent de la campagne. Us achètent ou oc-cupent cette terre et construisent des habitats précaires. Il n'existe aucuneinfrastructure/ il faudra l'installer plus tard—chose bien plus difficile une foisque les maisons sont construites. La question qui se pose à présent au secteur estde savoir comment fournir les services à ces communautés. Ce thème demandeune bien grande attention qu'il n'a reçu jusqu'à présent.

Il n'est pas possible de parler de la route du futur sans mentionner les chan-gements que l'AID traversera sans aucun doute pendant l'exercice 1993-94 et parla suite. Le nouvel administrateur, J. Brian Atwood, dans sa déclaration de de-mande de budget devant le sous-comité du Sénat pour la politique économiqueinternationale, le commerce et l'environnement du comité des relations étran-gères, le 14 juillet 1993 a fait remarqué que, dans le monde de l'après Guerrefroide, les problèmes de développement mondial qui sont sources de menacesstratégiques sont la surpopulation, la dégradation de l'environnement, la pau-vreté endémique et les migrations de masses. Ces problèmes menacent lesintérêts politiques et économiques des Etats-Unis et de ses alliés et partant, il estde notre intérêt national d'utiliser l'assistance au développement pour répondreà ces problèmes par le biais des programmes durables. Il a également parlé de lamanière dont les quatre domaines qu'il a retenus—environnement, population etsanté, croissance économique et démographique—sont des domaines pivotspour notre intérêt national.

Tel que je l'ai mentionné au début de cette préface, le Projet WASH ferabientôt partie du passé mais cela ne signifie pas que les leçons de ce livre doiventêtre mises sur une étagère comme une vieille histoire. Les leçons se fondent surl'expérience. Mais elles sont là pour guider le travail de développement sur laroute à venir. Peut-être faudra-t-il les ajuster ou peut-être faudra-t-il les affinerau fur et à mesure que le secteur rencontre de nouveaux problèmes et essaye desaisir de nouvelles occasions. J'espère qu'elles aideront ceux d'entrés nous quitravaillent dans le domaine de l'eau et de l'assainissement à se rapprocher unpeu du jour où le manque d'une eau potable et de l'assainissement n'occuperaplus le premier plan du catalogue des problèmes de développement.

/. Ellis TurnerDirecteur du Projet WASH

Août 1993

XVI

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Remerciements

La publication de ce rapport était possible grâce aux efforts conjoints detout un groupe de personnes. Premièrement, le personnel et les consultants deWASH qui ont rédigé l'édition originale des leçons retenues, tout particulière-ment Dennis Warner, ancien directeur du Projet WASH qui a démarré le travail,Mary Morgan, écrivain freelance qui a rédigé la première version, John Austin etDennis Long du Bureau de la Santé qui ont apporté encouragement et soutien etDiane Bendahmane, spécialiste de la formation de WASH qui a poussé et encou-ragé au travail jusqu'à ce qu'on soit arrivé à une version finale publiée. Laprésente version à jour se fonde sur leurs accomplissements.

En deuxième lieu, je tiens à remercier tous les responsables de tâches deWASH, de 1992 à 12993, pour leur immense contribution à la version à jour: EugèneP. Brantly, Dan Campbell, Craig Hafner, Eduardo Perez, Philip Roark, Fred Rosens-weig, Teresa Sarai, Jane Walker et May Yacoob. Ils ont été aidés par les rédacteurs,Rosemarie Philips est rédactrice et Christine De Joy. Diane Bendahmane a géréleurs travaux là aussi avec force encouragement et stimulation.

Troisièmement, WASH tient à faire une mention spéciale des examinateursexternes qui se sont proposés pour lire et commenter l'avant-projet: John Austin,consultant indépendant et ancien CTO de WASH; Rita Klees, USAID/Thailande;John Tomaro, AID/Bureau de la Santé; Jerry VanSant; Research Triangle Insti-tute et Dennis Warner, OMS. Leurs suggestions, en vue de révisions etd'adjonctions, ont renforcé le présent rapport.

Quatrièmement, je désire remercier le service de publication du ProjetWASH qui s'est occupé du traitement de texte, de la coordination de la produc-tion et de la traduction: Betsy Reddaway, responsable et Courtney Robertsassistante ainsi que Karen Dunwody, spécialiste du traitement de texte.

Enfin, je m'exprime au nom de tout le personnel pour faire mention du sou-tien apporté par l'AID tout particulièrement Julie Klement notre CTO et DennisCarroll. Non seulement le bureau a entièrement appuyé cet effort ainsi que d'au-tres travaux de WASH en vue de saisir les leçons apprises, mais il a également,au fil des ans, apporté à WASH de nombreuses possibilités de réaliser des tâches"proactives" concernant divers thèmes et de cette manière a aidé à faire deWASH une organisation en constante évolution.

/. Ellis TurnerDirecteur du Projet WASH

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Mère et fille entrain de laver la vaisselle dans une rue au Caire.

Chapitre 1 : PRINCIPES FONDAMENTAUX

Le concept de développement

Plus d'une centaine de pays ont connu leur indépendance en l'espace d'undemi—siècle et le développement économique, social et politique de ces pays estdevenu un des grands buts de toute la communauté internationale. Ces cinq der-nières années, ces pays en développement ont vu se joindre à leur rang, les paysde l'Europe de l'Est et les nouveaux états indépendants de l'ancienne Union so-viétique qui sont devenus les bénéficiaires de l'aide internationale. Les payseuropéens et un grand nombre des nouveaux états indépendants ont passél'étape d'industrialisation mais pour eux, un grand nombre des problèmes

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LEÇONS RETENUES

Bien qu'il n'y ait pas dedéfinition précise dudéveloppement, l'ons'entend pour dire quec'est un processusaboutissant au minimumà une meilleure santé etlongévité, une meilleureproductivité et niveau devie, une capacité accruede résoudre les problèmesau niveau local et unaccès plus grand auxbiens et aux servicesessentiels.

fondamentaux du développement n'ont pas encoretrouvé de solutions. D'autres problèmes avec des im-pacts sanitaires plus étendus viennent d'institutionscentralisées et mal gérées d'économies contrôlées etartificielles.

Bien qu'il n'y ait pas de définition précise du dé-veloppement, l'on s'entend pour dire que c'est unprocessus aboutissant au minimum à une meilleuresanté et longévité, une meilleure productivité et ni-veau de vie, une capacité accrue de résoudre lesproblèmes au niveau local et un accès plus grand auxbiens et aux services essentiels. Les nations "dévelop-pées" sont celles qui sont déjà passées par ceprocessus; les pays "en développement" sont ceuxqui traversent encore cette transition.

Si l'on veut qu'il soit réussi, le processus de dé-veloppement d'un pays doit être complet, couvranttous les aspects de la vie nationale. Mais pour se fixerdes priorités et octroyer les modiques ressources, lesgouvernements poursuivent généralement les buts dedéveloppement au sein de domaines dont chacun ases propres problèmes et ses propres politiques ettechnologies connexes. Généralement, ces domainesspécialisés du développement—de l'agriculture, del'éducation de la santé par exemple—sont appelés"des secteurs". Le secteur fournit le cadre d'organisa-tion de la planification, de l'exécution et de la gestiondes activités de développement.

L'un des secteurs les plus importants pour le dé-veloppement a été celui de l'approvisionnement eneau potable, de l'éducation en matière d'hygiène et del'assainissement dans les communautés urbaines, pé-ri—urbaines et rurales. Les améliorations en cesdomaines sont de nature capitale si l'on veut pro-mouvoir la santé au sein de la population en généralet la survie de l'enfance en particulier. Ce sont les as-pects fondamentaux pour le développement denombreuses industries et entreprises et pour l'expan-sion urbaine en général. Les principales installationsde l'approvisionnement en eau et de l'assainissementsurtout celles qui desservent les zones urbaines etcentres économiques font partie de l'infrastructurenationale au même titre que les routes et des réseauxélectriques. Dans les zones rurales, l'amélioration despoints d'eau, l'installation d'équipements sanitaires etde bonnes mesures d'hygiène font partie intrinsèque

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PRINCIPES FONDAMENTAUX

du développement communautaire. Aussi, la com-munauté internationale du développement a-t-ellefait des investissements très importants dans l'appro-visionnement et l'assainissement.

L'importance de l'eau et de l'assainissement

L'approvisionnement en eau et l'assainissementsont les pierres angulaires du processus du développe-ment qui influençant le développement économique,l'emploi, l'agriculture, l'habitat et la santé et maintsautres secteurs. Ces avantages concernent la sociétédans son entier. Le soutien de financement apportéaux projets d'approvisionnement en eau et d'assainis-sement se justifie généralement mieux sur la base dela santé. Pour reprendre les mots du Docteur HalfdanMahler, ancien directeur général de l'Organisationmondiale de la Santé "le nombre de robinets par 1000personnes est un meilleur indicateur de la santé quele nombre de lits d'hôpital."

Les bénéfices pour la santé tiennent à une meil-leure qualité et à de plus grandes quantités d'eau, àdes équipements sanitaires suffisants et à des change-ments dans le comportement liés à l'hygiène. Latransmission dun certain nombre de maladies véhiculéespar l'eau (la draconculose et le choléra) proviennentdirectement de la boisson d'une eau contaminée.Dans d'autres cas, la transmission se fait par le biaisd'un contact (schistosomiase). L'eau est également unmilieu de culture pour certains vecteurs (par exemplela dengue et le paludisme). Si on n'a pas suffisam-ment d'eau pour laver les mains et les ustensiles decuisine ou si on ne s'entoure pas des mesures d'hy-giène nécessaires, on court souvent le risque decontracter des maladies diarrhéiques. Les maladies etla mauvaise santé sont un poids lourd pour l'écono-mie, la communauté, la famille et l'individu. Desaméliorations dans l'approvisionnement en eau etl'assainissement peuvent diminuer l'incidence d'ungrand nombre de ces maladies ou les supprimer en-tièrement.

Une étude après l'autre indique que les enfantstirent d'immenses avantages des améliorationsportées à l'approvisionnement en eau et à l'assainis-sement. Ces améliorations dans les pratiques liées à

"Le nombre de robinetspar 1000 personnes estun meilleur indicateurde la santé que le nombrede lits d'hôpital."

Ces améliorations dansles pratiques liées à l'eauet à l'assainissementjouent un rôleextrêmement importantdans la diminution de lamortalité infantile, laprévention de la diarrhéeet l'amélioration de lanutrition infantile et dela santé en général.

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LEÇONS RETENUES

Contrairement à maintesautres interventionssanitaires, lesaméliorations del'approvisionnement eneau et del'assainissemententraînent toute unegamme d'avantagessecondaires autres quesanitaires.

Les faits suggèrentégalement que lesrépercussions négativessur la santé semultiplient lorsque lesinstallations d'eau etd'assainissement sedégradent. Par exemple,le retour du choléra enAmérique en 1991 peutêtre vu comme uneindication de ladétérioration deséquipements d'eau etd'assainissement.

l'eau et à l'assainissement jouent un rôle extrêmementimportant dans la diminution de la mortalité infan-tile, la prévention de la diarrhée et l'amélioration dela nutrition infantile et de la santé en général et de cefait peuvent et devraient être utilisées comme un le-vier puissant pour obtenir un soutien pour lesaméliorations au niveau de l'approvisionnement eneau et de l'assainissement.

En outre, contrairement à maintes autresinterventions sanitaires, les améliorations de l'appro-visionnement en eau et de l'assainissement entraînenttoute une gamme d'avantages secondaires autres quesanitaires. Elles permettent des avantages économi-ques pour la population en général et pour lesfemmes en particulier puisqu'il faut moins de tempspour aller chercher l'eau. Malheureusement, il estparfois difficile de démontrer les nombreux avan-tages liés à l'eau et à l'assainissement par le biais destechniques classiques du coût-efficacité.

L'approvisionnement en eau et l'assainissementsont des conditions nécessaires mais pas toujours suf-fisantes en elles-mêmes pour arriver à faire régresserune maladie. Plutôt que d'avoir un impact immédiatet direct sur la diminution de la maladie, l'eau et l'as-sainissement semblent avoir un effet "multiplicateur"dans le long terme qui permet de diminuer la mortalitéen tant que résultat de l'amélioration environnemen-tale. L'un des rares ensembles de données disponiblescorroborent cet effet. Il indique que, dans les villes dela France au 19ème siècle, les nettes diminutions dansles modes de mortalité coïncidaient avec l'introduc-tion de l'eau courante et les systèmes d'égout. Lesfaits suggèrent également que les répercussions néga-tives sur la santé se multiplient lorsque lesinstallations d'eau et d'assainissement se dégradent.Par exemple, le retour du choléra en Amérique en1991 peut être vu comme une indication de la détério-ration des équipements d'eau et d'assainissementpuisqu'une population et une urbanisation toujourscroissantes obèrent les ressources de pays qui ont dé-jà du mal à faire face à la situation.

Lutte contre les maladies diarrhéiques. Entermes d'avantages pour la santé liés à une meilleuresituation sur le plan eau et assainissement, c'est la di-minution des maladies diarrhéiques qui est en tête de

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PRINCIPES FONDAMENTAUX

liste. Les maladies diarrhéiques provenant d'une eaucontaminée tuent environ deux millions d'enfants paran. La diarrhée se répercute également sur la nutri-tion infantile. La principale cause de retard decroissance chez les enfants des pays en développe-ment est une mauvaise nutrition venant en partied'épisodes diarrhéiques fréquents. Là aussi, des épi-sodes diarrhéiques répétés inhibent les capacitésd'absorption des aliments par le corps. Par consé-quent, des enfants qui risquent déjà de mourir suite àla diarrhée courent également un risque sur le plannutritionnel. La diarrhée, conjuguée au manque d'ali-ments fait que la plupart des enfants pauvres neconnaissent pas une croissance normale en dépit desinterventions médicales et nutritionnelles.

Même s'il est difficile d'établir une relation pré-cise entre de meilleures installations d'eau etd'assainissement et l'incidence de la maladie diar-rhéique, la relation est bien étayée. On s'est renducompte que la quantité ainsi que la qualité de l'eauest un des grands facteurs de la diminution des mala-dies diarrhéiques suite aux bains plus fréquents, aulavage plus soigné des aliments et à une meilleurepropreté venant de ce qu'on dispose de plus d'eau.De même, un meilleur assainissement a un effet posi-tif significatif. Une étude de WASH analysant desdonnées sur plus de 2000 enfants au Guatemala amontré que le rabougrissement, mesure de l'état sani-taire et nutritionnel d'un enfant, est deux fois plussusceptible de se présenter chez les enfants vivantdans les communautés avec un assainissement insuf-fisant par rapport à ceux qui vivent dans lescommunautés avec des niveaux élevés d'assainisse-ment.

Un rapport de WASH enquêtant 142 études surl'impact qu'ont de meilleures installations d'eau etd'assainissement sur six maladies transmises parl'eau concluait que ces améliorations sur le plan del'eau et de l'assainissement permettaient des effetsétendus sur la santé: les gens sont moins susceptiblesde contracter les maladies et, au cas où ils en contrac-tent, c'est généralement moins grave. Les Tableaux 1et 2 de cette étude indiquent le nombre élevé de vic-times que font ces maladies transmises par l'eau dansles pays en développement ainsi que les diminutionsde la morbidité possibles grâce aux diverses interven-

On s'est rendu compteque la quantité ainsi quela qualité de l'eau est undes grands facteurs de ladiminution des maladiesdiarrhéiques suite auxbains plus fréquents, aulavage plus soigné desaliments et à unemeilleure propretévenant de ce qu'ondispose de plus d'eau.

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LEÇONS RETENUES

TABLEAU 1

Incidence et effets de maladies choisiesdans les pays en développement

(non-compris la Chine)

Maladie

DiarrhéeAscaridioseVer de GuinéeSchistosomiaseAnkylostomeTrachome

Incidence

875 millions*900 millions

4 millions200 millions800 millions500 millions

Décès estimés/année

4 600 00020 000

*»»*»»

***

* Cas estimés par année** L'effet généralement débilitant plutôt que mortel

*** Principale conséquence: la cécité

Source: Steven A. Esrey et al., "Health Benefits from Improvements inWater Supply and Sanitation: Survey and AnalysU of the Literature on Se-lected Diseases," Rapport technique WASH No. 66, avril 1990.

tions d'eau, d'assainissement et d'éducation en ma-tière d'hygiène. Il convient de faire des étudescomplémentaires des impacts sanitaires des diversesinterventions de l'eau et de l'assainissement pourcontinuer les stratégies de développement.

Stratégies préventives et curatives. Ces der-nières années, des interventions plus immédiates etmoins coûteuses pour améliorer la santé infantile ont

TABLEAU 2

Diminution prévue dans la morbidité grâce à un meilleur approvisionnement

No.

Maladies diarrhéiques 49AscaridioseVer de GuinéeAnkylostomeSchistosomiaseTrachome

11694

13

en eau et assainissement

Toutes les études

Médiane

22%28%76%

4%73%50%

Fourchette

9%-100%0%-70%

37%-98%0%-100%59%-87%

0%-91%

No.

1942

—37

Meilleures études

Médiane

26%29%78%

—77%27%

Fourchette

9%-68%15%-70%75%-81%

—59%-87%0%-79%

Source: Esrey et al.

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PRINCIPES FONDAMENTAUX

obtenu une très grande attention de la part des bail-leurs de fonds. Probablement que les deux plusconnues sont la thérapie de réhydratation orale (SRO)et les vaccinations. La TRO est une technique pourtraiter la déshydratation, principal effet de la diarrhéesur la santé. C'est un simple traitement qui supposequ'on mélange et qu'on donne une solution de sel, desucre et d'eau. Une fois formée, une mère peut don-ner la TRO à la maison. La TRO n'empêche pas lesmaladies diarrhéiques mais c'est un moyen de traite-ment extrêmement efficace.

Outre la TRO, les bailleurs de fonds ont attachéune plus grande importance à la vaccination des en-fants contre les cinq grandes maladies de l'enfance.De pair avec la TRO, la vaccination a été mise au cen-tre de l'effort international en vue d'améliorer leschances de survie et la santé des enfants. Alors queles bailleurs de fonds se retrouvaient avec des bud-gets limités et cherchaient diverses manières de lesutiliser le plus efficacement possible, ils ont accordéla priorité à de telles interventions de lutte contre lesmaladies parfois en excluant des programmes pré-ventifs à long terme comme l'approvisionnement eneau et l'assainissement.

Et pourtant, il ne faudrait pas que ce soit l'un oul'autre. Les deux interventions à long terme préven-tives et axées plus spécifiquement sur les maladiessont valides et, par conséquent, une combinaison desdeux représente la meilleure stratégie. En outre, l'ap-provisionnement en eau et l'assainissement peuventjouer un rôle complémentaire très important pourrenforcer au maximum l'efficacité de nombreuses in-terventions spécifiques.

Rien ne pourrait souligner plus l'importance dela prévention que le retour du choléra en Amériquelatine en 1991. Dans de nombreux pays, les gouverne-ments n'ont pas pu suivre l'accroissement de lapopulation et fournir à tous des services d'eau etd'assainissement. Le manque de traitement des eauxusées et la désinfection insuffisante de l'eau ont toutparticulièrement créé une situation favorisant la pro-pagation du choléra. Le choléra est égalementendémique en Afrique et en Asie. Cette maladie in-quiétante restera une menace tant que les pointsd'eau risquent d'être contaminés par les matières fé-cales humaines.

Et pourtant, il nefaudrait pas que ce soitl'un ou l'autre. Les deuxinterventions à longterme préventives etaxées plusspécifiquement sur lesmaladies sont valides et,par conséquent, unecombinaison des deuxreprésente la meilleurestratégie.

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LEÇONS RETENUES

La maladie du ver de Guinée, ou draconculose,est une autre maladie hydrique qui a fait l'objet d'unegrande attention ces dernières années. L'Organisationmondiale de la Santé a fixé 1995 comme l'année d'éra-dication de la draconculose, maladie qui dépendénormément des améliorations portées aux installa-tions d'eau. La draconculose est une maladiedébilitante qui défigure. Elle est causée par une larvequi entre dans le corps par le biais de l'eau de bois-son, qui s'y développe puis qui sort par la peau unefois arrivée au stade adulte (l'incidence annuelle de ladraconculose est légèrement inférieure à 1 milliondans environ 20 pays). Lorsqu'on dispose d'eau salu-bre, l'incidence de la maladie régresse très nettement.De fait, dans les régions où la maladie est prévalente,les diminutions dans la morbidité imputable au verde Guinée peuvent être utilisées comme mesure di-recte des améliorations portées aux points d'eau.

Sur les trente-septgrandes maladies dansles pays endéveloppement 21 sontliées à l'eau et àl'assainissement. A cetteliste de maladies, il fautajouter les problèmes desanté plus "modernes"causés par l'ingestiond'une eau contaminéepar des matièresorganiques ouinorganiques.

Les problèmes sanitaires modernes de l'eauet de l'assainissement

Sur les trente-sept grandes maladies dans lespays en développement, 21 sont liées à l'eau et à l'as-sainissement. Pour 10 de ces 21 maladies, onconsidère que l'eau et l'assainissement sont des inter-ventions primaires en vue de prévention: la diarrhée,la typhoïde, la schistosomiase, l'amibiose, l'ankylo-stome, l'hépatite A, l'ascaridiose, la gardiase, latrichocéphalose et la draconculose. Ces dix maladiescausent un grand nombre de maux chaque année.Une des sources, s'inspirant des chiffres de 1986, indi-que que les dix maladies étaient responsables de plusde 28 milliards d'épisodes de maladies par annéedans les pays en développement1. Selon le Rapportdu développement dans le monde de la Banque mon-diale de 1993, la mortalité annuelle imputable auxmaladies s'élève à environ 3 000 000 mais les mala-dies les plus meurtrières sont les maladiesdiarrhéiques—et de loin—avec un total de 2 866 000décès.

1 Julia A. Walsh, "Estimating the Bunden of Illness in the Tropics"(Chaper 25) in Kenneth S, Warren and Adel A. F. Mahoud, Tro-pical and Géographie Médiane (McGraw Hill, 1990), p.190.

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PRINCIPES FONDAMENTAUX

A cette liste de maladies, il faut ajouter les pro-blèmes de santé plus "modernes" causés parl'ingestion d'une eau contaminée par des matières or-ganiques ou inorganiques. Il existe peu de donnéessur l'ampleur de ces problèmes de santé dans despays en développement mais il est évident qu'une in-dustrialisation de plus en plus poussée, les progrèsde l'agriculture, la croissance de la population et l'ur-banisation aggravent le problème.

Ces problèmes seraient très prononcés dans lesnouveaux états indépendants de l'ancienne Union so-viétique ainsi qu'en Europe de l'Est et du Centre bienque les données fiables soient rares. WASH a partici-pé à une équipe de la Banque mondiale réalisant unemission d'identification et de préparation d'un projetenvironnemental en Russie. Le consultant de WASHa trouvé que les usines de traitement des eaux uséescontenaient une fange importante et que les contami-nants passaient dans les eaux souterraines et lesrivières.

Par la suite, WASH a organisé un atelier régionalà Tashkent, en Uzbekistan pour quatre des républi-ques de l'Asie centrale de l'ancienne UnionSoviétique portant sur l'étude et la gestion des pro-blèmes sanitaires liés à l'environnement. Cesrépubliques connaissent de graves problèmes de san-té publique causés ou aggravés par la dégradationprononcée de l'environnement. Les pratiques agri-coles ont entraîné une importante contamination del'eau aux pesticides et à la salinisation des sols et deseaux souterraines. Les extractions minières et les in-dustries ont été à l'origine de la contamination deseaux locales par les produits chimiques industriels etles métaux. Il existe des problèmes chroniques et ré-pandus: eau de boisson insalubre et déchetsnon-traités. Et vu qu'ils sont exposés à ces conditionsenvironnementales, les habitants de ces républiquesconnaissent de graves problèmes de santé allant dediarrhées aiguës à des empoisonnements par le biaisde pesticides.

La plupart des pays en développement man-quent de personnel techniquement qualifié mais dansles pays de développement "avancés" de l'Europecentrale et de l'Est et dans l'ancienne Union soviéti-que, il existe un grand nombre de personnes forméesmais on manque d'information pour étayer les plans

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LEÇONS RETENUES

et de compétences en matière de planification dansun mode démocratique.

Bien qu'il soit important d'en connaître autantque possible sur l'étiologie des maladies hydriques, letravail consistant à fournir à tous l'eau et l'assainisse-ment devrait être centré sur la santé et non pas sur lesmaladies. Les interventions d'approvisionnement eneau, d'assainissement et d'éducation pour l'hygiènevisent à maintenir les gens en bonne santé. Vu souscet angle, elles permettent en fin de compte aux en-fants, non pas simplement de survivre une maladieaprès l'autre mais d'aller à l'école et de pouvoir profi-ter pleinement de l'instruction sans avoir des vers,sans perdre des jours à cause de la draconculose, dupaludisme et sans devoir souffrir d'épisodes diarrhéi-ques chroniques.

Les interventionsd'approvisionnement eneau et d'assainissementpermettent en fin decompte aux enfants, nonpas simplement desurvivre une maladieaprès l'autre mais d'allerà l'école et de pouvoirprofiter pleinement del'instruction sans avoirdes vers, sans perdre desjours à cause de ladraconculose, dupaludisme et sans devoirsouffrir d'épisodesdiarrh&ques chroniques.

La croissance de lapopulation peut dépasserà un tel pointl'installation de systèmesque même après denombreuses annéesd'investissement dansl'approvisionnement eneau et d'assainissement,le nombre absolu depersonnes mal desserviespeut être environ lemême ou peut-être plusgrand qu'au début del'effort.

Le contexte de développement

La mise en place des systèmes d'approvisionne-ment en eau et d'assainissement prend place dans unmonde réel de fonds modiques, de moult priorités, delimitations des ressources humaines et autres limita-tions institutionnelles et de systèmes sociaux etpolitiques qui façonnent et déterminent leur éventuelsuccès. Il faut des ressources financières et hu-maines/institutionnelles et les deux manquent dansla plupart des contextes du tiers monde. Ces limita-tions entravent sérieusement les efforts que peut faireun pays en toute réalité pour répondre aux besoinsdu secteur.

Les contextes sociaux, économiques et politiquessont aussi importants que les ressources puisque c'estdans ce cadre que se déroulent les projets d'approvi-sionnement en eau et d'assainissement. Par exemple,la croissance de la population peut dépasser à un telpoint l'installation de systèmes que même après denombreuses années d'investissement dans l'approvi-sionnement en eau et d'assainissement, le nombreabsolu de personnes mal desservies peut être environle même ou peut-être plus grand qu'au début de l'ef-fort. Le Tableau 3 indique le nombre de personnes quin'étaient pas desservies par l'eau et l'assainissement audébut et à la fin de la Décennie internationale de l'ali-mentation en eau potable et de l'assainissement

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PRINCIPES FONDAMENTAUX

TABLEAU 3

Populations non-desservies(en millions)

Approvisionnement en eau Assainissement

Urbain Rural Urbain

1980 1990 1980 1990 1980

235 204 1511 1089 374

Source: Examen de la fin de la décennie, 1990.

1990 1980

345 1591

Rural

1990

1603

(1981-90). Le Tableau 4 compare l'accroissement de lapopulation pendant la même période. Notons que lesgains sur le plan assainissement sont particulièrementfaibles.

Les traditions de responsabilités gouvernemen-tales et de formulation et exécution des politiquesjouent régulièrement un rôle très important. Si le sys-tème politique est tel que le gouvernement ne peutpas rationnellement et objectivement mettre en placedes politiques, des plans des programmes et des pro-jets, il est évident que cette situation se répercuterasur l'assainissement et l'approvisionnement en eau.De même, s'il n'existe pas d'infrastructure pour sou-

TABLEAU 4

Croissance de la population comparée aux progrès de couverture1980-1990

(en millions)

UrbainRuralGénéral

UrbainRuralGénéral

Couvertureeau

427778

1205

Couverturesanitaire

425344769

Croissance de lapopulation

396356752

Croissance de lapopulation

396356752

Progrèsnet

+31+422+453

Progrèsnet

+29-12+17

Source: Examen de la fin de la décennie, 1990.

11

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LEÇONS RETENUES

tenir les améliorations portées à l'approvisionnementen eau et à l'assainissement—électricité pour fairefonctionner les pompes, routes et véhicules pourtransporter les gens et les matériaux—les efforts dedéveloppement seront très entravés.

Dans les pays en développement, il est importantque l'approvisionnement en eau et l'assainissementreçoivent une priorité assez élevée pour s'assurer queles liens nécessaires soient mis en place avec d'autresactivités gouvernementales et d'autres efforts de dé-veloppement. Dans la plupart du contexte du mondeen développement, il se peut que plusieurs ministèresparticipent à différents aspects de l'approvisionne-ment en eau et de l'assainissement. Mais même si laresponsabilité incombe surtout à un seul ministère, ilest quasi certain que plus d'un service sera concerné.En accordant une haute priorité à l'approvisionne-ment en eau et à l'assainissement, on garantira l'accèsnécessaire aux ressources humaines et financières quiexistent dans d'autres services et ministères et on en-couragera une meilleure coordination des activités etune utilisation plus efficace des ressources. Cela peutaider à mettre en place le soutien nécessaire du pointde vue politiques.

En accordant une hautepriorité àl'approvisionnement eneau et à l'assainissement,on garantira l'accèsnécessaire aux ressourceshumaines et financièresqui existent dansd'autres services etministères.

Le rôle du Projet WASH

Les Etats-Unis ont été un leader du développe-ment à l'échelle mondiale puisque le pays a accordédepuis les années 40 des centaines de millions de dol-lars par an au titre de l'assistance directe audéveloppement, du soutien économique et des garan-ties de prêt pour toute une gamme d'activités dedéveloppement. Au premier plan de l'assistance bila-térale américaine se trouve l'Agence pour leDéveloppement international (AID) qui intervient parle biais de ses bureaux et missions dans le monde en-tier. Les Etats-Unis sont également un de pays quicontribue de manière importante à d'autres organisa-tions du développement multilatéral telles quel'UNICEF et le Programme des Nations Unies pour leDéveloppement ou encore la Banque mondiale et lesbanques de développement régional.

L'AID a toujours utilisé l'assistance techniquepour l'approvisionnement en eau et l'assainissement

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PRINCIPES FONDAMENTAUX

aux fins de soutenir et de compléter le financementde ses projets mais, la Décennie internationale del'approvisionnement en eau potable et de l'assainisse-ment a poussé l'AID à renforcer et à simplifier sescapacités d'assistance technique. En juillet 1980,l'Agence créait le Projet d'eau et d'assainissementpour la Santé (WASH).

Le mécanisme de financement était par uncontrat sur plusieurs années et à hauteur de plusieursmillions de dollars, accordé sur appel à la concur-rence et remporté par un consortium d'organisationsdirigé par Camp Dresser & McKee International Inc.(CDM), un bureau établi à Cambridge, au Massachus-sets qui se spécialise dans les services d'ingénierieenvironnementale. Depuis 1980, le consortium CDMa été le maître d'oeuvre du Projet WASH puisquetrois contrats successifs lui ont été adjugés. Le projetse termine en novembre 1993 mais ses activités conti-nueront et seront intégrées par l'AID dans le projetplus vaste de santé environnementale.

Le Projet WASH a été conçu comme un moyennovateur de canaliser et de déployer des ressourcesdans le domaine de l'approvisionnement en eau et del'assainissement. Le programme a commencé à seconcentrer sur les zones rurales mais, ces dernièresannées, une attention plus grande a été accordée auxzones urbaines et aux problèmes spécifiques liés àl'eau et à l'assainissement dans les milieux urbainspauvres. Pendant les premières années, la mission deWASH ne touchait qu'à l'eau et à l'assainissementdans les milieux urbains pauvres. Pendant les pre-mières années, WASH n'intervenait qu'au niveau del'eau et de l'assainissement mais, par la suite, cettemission a été élargie englobant également l'évacua-tion des déchets solides et la gestion des eaux uséesainsi que des déchets industriels et toxiques.

Tout au long, WASH a été un réseau d'informa-tion, de transfert de technologies, d'assistancetechnique et de formation afin de soutenir les effortsdéployés par l'AID pour aider les pays clients dansl'ensemble du monde. Le contractant a travaillé sousla direction technique du Bureau de la Santé de l'AID.

Au fil de son histoire, WASH est intervenu dansle cadre de quelques 800 activités dans 85 pays enAfrique, en Asie, en Amérique latine, en Europe del'Est et dans les nouveaux états indépendants de l'an-

Le Projet WASH a étéconçu comme un moyennovateur de canaliser etde déployer desressources dans ledomaine del'approvisionnement eneau et del'assainissement.

Pendant les premièresannées, la mission deWASH ne touchait qu'àl'eau et àl'assainissement. Par lasuite, cette mission a étéélargie englobantégalement l'évacuationdes déchets solides et lagestion des eaux uséesainsi que des déchetsindustriels et toxiques.

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LEÇONS RETENUES

cienne Union soviétique. La plupart des activités ré-pondaient à des demandes venant des missions del'AID à l'étranger qui cherchaient à obtenir une assi-stance directe pour les pays en question. En outre, leprojet a prêté une assistance à d'autres organisationsdu Gouvernement américain (telles que le Corps de laPaix) et à des nombreuses organisations non-gouver-nementales (CARE, Catholic Relief Services et WorldVision). Toutes les activités visaient à transférer dansles pays en développement le savoir-faire et les outilsdont ils ont besoin pour atteindre les buts qu'ils sesont fixés sur le plan de l'approvisionnement et del'assainissement. WASH a également aidé l'AID àélaborer les politiques régionales et nationales pourles programmes d'approvisionnement en eau etd'assainissement.

Tout au long, WASH aété un réseaud'information, detransfert de technologies,d'assistance technique etdéformation afin desoutenir les effortsdéployés par l'AID pouraider les pays clientsdans l'ensemble dumonde.

Les leçons et principes:Organisation du présent rapport

En 1990, le Projet WASH a rédigé un documentintitulé Leçons retenues du Projet WASH: Dix annéesd'expérience en matière d'eau et d'assainissement dans lespays en développement. Le manuel se basait sur lesvastes connaissances acquises par WASH quant à cequi réussit au niveau de l'assistance technique et del'exécution des projets d'approvisionnement en eau etd'assainissement dans les zones rurales. Au début de1993, voyant la fin de WASH approchée, le projet adécidé de réaliser une version revue, mise à jour desleçons retenues, qui couvrirait l'expérience intégralede WASH. Ce rapport en est le résultat.

Environ la moitié du rapport est quasiment ana-logue à la première version mais l'autre moitié a étéprofondément changée et de nombreuses leçons sontnouvelles ou ont été formulées de manière plus pré-cise. Une grande partie de ce qui est nouveau setrouve dans le chapitre sur les stratégies de pro-grammes, témoignant de l'expérience récente deWASH dans le domaine de la gestion des eaux uséesen zones urbaines et de l'assainissement fondamentaltout particulièrement, l'assainissement péri-urbain, laparticipation communautaire, l'évaluation de risques,le changement comportemental etc. Les sections sur

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PRINCIPES FONDAMENTAUX

la participation privée et la gestion financière dans lechapitre sur la pérennité ont été très étoffées.

De même que le précédent, le présent rapports'inspire des réflexions d'un grand nombre des per-sonnes qui ont géré le Projet WASH et sur lescomptes rendus publiés. Il distille l'expérience deWASH en 20 leçons apprises dans le domaine de l'ap-provisionnement en eau et de l'assainissement. Ungrand nombre des leçons ne sont pas uniques àWASH. Elles ne reflètent pas non plus l'ensemble desconnaissances utiles sur le développement qu'a puacquérir le projet. Mais elles représentent bien l'es-sence même de l'expérience de WASH.

Toutes les leçons de ce livre se fondent sur le tra-vail de terrain de WASH et pour la plupart elles sontexpliquées dans les rapports techniques et d'activitésdu projet. Mais lorsque l'idée s'est présentée de réali-ser un rapport sur les leçons apprises, on a décidé dene pas rompre le flot du texte avec des rappels en basde page ou des références bibliographiques. En outre,le rapport ne mentionne que rarement des exemplesspécifiques. Le lecteur devrait se rapporter à la listedes rapports choisis de WASH donnée à la fin du rap-port pour toutes les études de cas et dedocumentation.

Les leçons se rangent en deux catégories géné-rales. La première catégorie, (chapitre 2) traite de lamise en place et du fonctionnement d'un programmed'assistance technique. Ces leçons décrivent les carac-téristiques centrales du Projet WASH au fur et àmesure de son évolution. Elles intéresseront peut-êtresurtout les bailleurs de fonds qui apportent une assi-stance technique internationale mais un grandnombre d'entre elles concernent également des gou-vernements centraux, fournissant une assistancetechnique locale. La seconde catégorie (chapitre 3-5)contient des leçons de terrain qui devraient intéressertout particulièrement tout le groupe de personnesresponsables de la planification, de l'exécution, dufinancement ou de l'évaluation de programmes et deprojets d'approvisionnement en eau et d'assainissement.

Les chapitres 2 à 5 commence par un principefondamental à partir duquel les leçons sont discutéestout au long du chapitre. Chaque leçon couvre ungrand thème tel que "la conception de l'assistancetechnique" ou "les systèmes d'exploitation et de

Le présent rapports'inspire des réflexionsd'un grand nombre despersonnes qui ont géré leProjet WASH et sur lescomptes rendus publiés,II distille l'expérience deWASH en 20 leçonsapprises dans le domainede l'approvisionnementen eau et del'assainissement.

Les leçons se rangent endeux catégoriesgénérales. La premièrecatégorie traite de lamise en place et dufonctionnement d'unprogramme d'assistancetechnique. La secondecontient des leçons deplanification,d'exécution, definancement oud'évaluation deprogrammes et de projetsd'approvisionnement eneau et d'assainissement.

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Le développement dansle monde réel est uneentreprise extrêmementcomplexe avec toute unegamme de nécessités etd'actions inconstantes etparfois contradictoires.Ce n'est de loin pas aussisimple que ne semblentl'impliquer les vingtleçons.

l'entretien" et la discussion de ce thème fournit uncontexte pour les leçons elles-mêmes. "Des sous-le-çons" sont mises en exergue dans la marge. Cetteprésentation—des années d'expérience dans le déve-loppement traduite en 20 leçons spécifiques—al'avantage d'ajouter un côté prenant et pratique à cerapport. Mais le développement dans le monde réeln'est de loin pas aussi simple ou aussi bien démarquéque ne l'impliquent les 20 leçons. Les questions etpréoccupations prioritaires du secteur de l'approvi-sionnement en eau et de l'assainissement sontintimement liées entre elles. Aussi, les chapitres sechevauchent-ils dans une certaine mesure et les idéesdonnées dans un contexte sont à nouveau revuesdans un autre avec une autre connotation.

Les cinq principes et les vingt leçons constituentensemble une esquisse de la méthodologie WASHpour l'approvisionnement en eau et l'assainissement.Le pivot de cette méthodologie n'est qu'une appli-cation spécifique du principe démocratique de base:à savoir que, quel que soit le niveau du processusdécisionnel, les gens ordinaires peuvent résoudreleurs propres problèmes si on leur en donne l'occa-sion. Aucune politique ou aucun programme nesaurait réussir à moins qu'ils ne réussissent eux-mêmes. Les quatre grands principes liés à cettehypothèse et confirmés par l'expérience de WASH serapportent à l'assistance technique d'un caractèreparticipatif aboutissant aux transferts de compé-tences, à la responsabilité partagée des résultats dudéveloppement, aux stratégies efficaces vérifiant quel'approvisionnement en eau et l'assainissement rap-portent les avantages escomptés ainsi qu'à lapérennité du système en tant que mesure de laréussite.

Le rôle des consultantstechniques n'est pas deprendre les décisionspour le personnel dupays hôte, mais defaciliter un processus quileur permet de prendreles décisions pareux-mêmes.

Assistance technique. Le premier principe estque l'assistance technique réussit surtout si elleaide les gens à faire les choses pour eux-mêmesdans le long terme. L'assistance technique est un pro-cessus interactif entre les personnes offrant uneassistance et les personnes qui la reçoivent. Le rôledes consultants techniques n'est pas de prendre lesdécisions pour le personnel du pays hôte, mais de fa-ciliter un processus qui leur permet de prendre lesdécisions par eux—mêmes. Vu que ce sont eux qui

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PRINCIPES FONDAMENTAUX

doivent vivre avec les décisions, il est plus importantque les solutions adoptées obtiennent leur soutienplutôt que d'être appuyées par des experts techni-ques, sauf dans les domaines exclusivementtechniques. Cette règle s'applique aux étapes de pla-nification et d'exécution du développement.

Ce style d'assistance technique tend également àfaire participer un grand nombre de personnes à laprise de décisions. Un expert qui dispense ses sagesconseils d'en haut est toujours mis de côté en faveurde processus participatifs et de décisions en groupes.

Cinq leçons découlent de ce principe général sur lamanière d'assurer l'efficacité de l'assistance technique.

• Première leçon: une assistance technique effi-cace se concentre sur le renforcement desinstitutions locales et le transfert de compé-tences durables.

• Leçon deux: l'assistance technique dans le do-maine de l'approvisionnement en eau et del'assainissement demande une approche inter-disciplinaire et non pas une approcherestreinte et spécialisée.

• Leçon trois: une approche participative—facilitation et non pas directives rigides—maximise les chances de voir les projets et lesprogrammes se maintenir dans le temps.

• Leçon quatre: l'assistance technique fournitpar le biais de la collaboration entre orga-nismes multilatéraux et bilatéraux et projetsfinancés par l'AID permet d'utiliser au maxi-mum les modiques ressources.

• Leçon cinq: un service d'information activepeut étendre la portée ainsi que la visibilité etla crédibilité de l'assistance technique.

Responsabilité partagée. Le second principe estqu'un développement soutenable est plus suscepti-ble si chacun des participants clés reconnaît etassume son rôle et porte sa part de responsabilité.Généralement, un pays en développement compte aumoins cinq types de participants: le gouvernement(pouvant inclure les collectivités locales et le gouver-nement central), les bailleurs de fonds (bilatéraux et

Généralement, un paysen développementcompte au moins cinqtypes de participants: legouvernement, lesbailleurs de fonds, lesorganisationsnon-gouvernementales,les communautés localeset les bénéficiaires ainsique le secteur privé.

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multilatéraux) les organisations non-gouvernemen-tales, les communautés locales et les bénéficiairesainsi que le secteur privé.

En règle générale, la division du travail est la sui-vante: Le gouvernement devrait contrôler le processusd'élaboration et fixer les politiques et les priorités. Lesutilisateurs doivent participer mais la nature de la parti-cipation dépend de la situation. Par exemple, dans leszones rurales, les communautés devraient assumer laprincipale responsabilité de l'exploitation et de l'entre-tien des systèmes. Les bailleurs de fonds peuventfournir un financement et une assistance techniqueconformes aux priorités du gouvernement avec des or-ganisations non-gouvernementales intervenant dansdes domaines spécifiques qui ne sont pas couverts parles principaux bailleurs de fonds. Enfin, le secteur privéfournit les capitaux nécessaires à l'investissement ou lesservices dans le cadre d'un contrat avec de bonneschances d'améliorer l'efficacité. D'où cinq leçons com-plémentaires:

• Leçon six: le rôle du gouvernement consiste àassumer la responsabilité première de la ges-tion du secteur, notamment la planification,la coordination avec les bailleurs de fonds, laréforme des politiques, la réglementation ain-si que les aspects institutionnels et financiersdu développement.

• Leçon sept: le rôle des bailleurs fonds est defournir un soutien coordonné au gouverne-ment pour concevoir ou réaliser leur plansnationaux.

• Leçon huit: les ONG sont capables de fonc-tionner efficacement et exactement là où lesbailleurs de fonds peuvent trouver qu'il estdifficile de le faire—au niveau de la commu-nauté locale et dans des situations trèspolitisées.

• Leçon neuf: la participation des utilisateursà la mise en place des systèmes d'approvi-sionnement en eau et d'assainissement,qu'elle soit dans les communautés rurales ouurbaines ou péri—urbaines, est d'importancecritique pour la pérennité à long terme.

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PRINCIPES FONDAMENTAUX

Leçon dix: le rôle du secteur privé dans lafourniture de services d'eau et d'assainisse-ment peut être élargi si les gouvernementscréent un contexte institutionnel, financier etjuridique favorisant la participation du sec-teur privé.

Stratégies de programme. Le troisième principeest que les stratégies les plus efficaces pour l'appro-visionnement en eau et l'assainissement sont cellesqui cherchent avant tout à éliminer les contraintesempêchant les installations de rapporter les avan-tages prévus sur le plan de santé. Pendant lespremières années de la décennie de l'eau et de l'assai-nissement, on dépendait beaucoup des solutionstechnologiques mais au fur et à mesure que la com-munauté du développement a acquis une certaineexpérience et a commencé à analyser ce qui freinaitles progrès à l'amélioration de la santé par le biais del'eau et de l'assainissement, on s'est rendu compteque généralement ce n'était pas le manque de techno-logies qui était le frein. La contrainte se situait plus auniveau "logiciel" qu'au niveau "matériel". Par exem-ple, les avantages liés à l'accès à une eau salubrepeuvent être annulés par de mauvaises pratiquesd'hygiène. Par conséquent, pour obtenir les avantagessanitaires, l'installation de points d'eau et d'équipe-ments sanitaires (matériel) doit s'accompagner demeilleures pratiques d'hygiène (logiciel).

Une autre contrainte rencontrée couramment estla faiblesse du secteur de l'eau et de l'assainissement.Ce secteur est incapable de faire une bonne utilisationdes ressources qu'il possède, et n'arrive pas à servir lepublic alors que c'est pourtant sa mission. Aussi, larecherche de l'efficacité dans les organisations secto-rielles est-elle une autre stratégie efficace deprogrammes.

Les autres stratégies que WASH a reconnuescomme étant d'une importance capitale sont cellesqui se concentrent sur le changement comportemen-tal, le rôle légitime des utilisateurs, la participationélargie à la planification et la création d'un contextede politiques réglementaires bénéfiques.

Voici les leçons concernant les stratégies effi-caces de programme.

Le manque detechnologies appropriéesn'est généralement pas lefrein aux améliorationsde la santé, par le biaisde l'eau et del'assainissement.

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On ne peut parler devéritable développementque lorsque leséquipements continuentà fonctionner après ledépart des organismesd'aide, lorsque lescommunautés ont lecontrôle de leurs propresaffaires et lorsque lesservices publics sont enplace pour fournir desniveaux adéquatsd'assistance.

• Leçon onze: la réussite de divers projets d'ap-provisionnement en eau et d'assainissementdépend de solides politiques sectorielles etpratiques institutionnelles.

• Leçon douze: l'assainissement devraitrecevoir la même priorité que l'approvision-nement en eau.

• Leçon treize: les améliorations dans le com-portement Hé à l'hygiène doivent être lamesure de la réussite de l'activité sur le plande l'eau et de l'assainissement.

• Leçon quatorze: les gouvernements natio-naux doivent prendre des mesures depolitiques spécifiques pour vérifier que lescommunautés ont les capacités et le pouvoirnécessaire pour gérer les activités d'eau etd'assainissement.

• Leçon quinze: une approche participative àla planification aide à forger les liens néces-saires à l'intérieur et à l'extérieur du secteuret à garantir la collaboration au niveau de lamise en oeuvre.

• Leçon seize: le modèle de commande et decontrôle qui gouverne généralement la régle-mentation de l'eau et de l'assainissementdans les pays développés ne convient pas enrègle générale aux pays en développement.

Pérennité. Le principe final est que la mesurefondamentale de la réussite du système national dedéveloppement et de gestion communautaire est lapérennité, la capacité à continuer un travail efficace,à l'infini, une fois terminée l'assistance des bail-leurs de fonds. Il est encore courant de voir lesprogrès faits au niveau de l'approvisionnement eneau et de l'assainissement décrits en termes de nom-bre de puits installés ou de nombre de latrinesconstruites. Mais la plupart des praticiens reconnais-sent aujourd'hui, grâce en partie aux efforts faits parWASH et d'autres, combien de telles évaluations sontfallacieuses. On ne peut parler de véritable dévelop-pement que lorsque les équipements continuent àfonctionner après le départ des organismes d'aide,

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PRINCIPES FONDAMENTAUX

lorsque les communautés ont le contrôle de leurs pro-pres affaires et lorsque les services publics sont enplace pour fournir des niveaux adéquats d'assistance.

Il est évident que la pérennité doit commencerau stade de planification lorsque sont établis les lienset qu'une technologie appropriée à la situation estprescrite. Un système durable devrait avoir un planfinancier qui vérifie que tous les coûts sont couverts:qu'il s'agisse de revenus provenant des utilisateurs,de subventions ou d'assistance de bailleurs de fonds.Il faut également qu'il y ait des institutions d'appui àl'échelle nationale et locale et du personnel qualifiépour travailler dans ces institutions.

Les leçons sur la pérennité de systèmes souli-gnent l'importance de disposer de solides institutionset d'une solide direction, d'un personnel qualifié, defaire le bon choix en matière de technologie, d'avoirdes systèmes d'exploitation et d'entretien bien orga-nisés ainsi qu'un financement suffisant pour le longterme.

• Leçon dix-sept: des projets réussis de déve-loppement institutionnel et de valorisationdes ressources humaines sont des projetscomplets, systématiques, à caractère partici-patif et fondés sur une planification à longterme.

• Leçon dix-huit: il faut envisager la bonneconception et application au niveau de l'in-génierie pour garantir la pérennité dusystème.

• Leçon dix-neuf: Le fait de faire des plansd'exploitation et d'entretien avant deconstruire les équipements aide à choisir destechnologies durables.

• Leçons vingt: le secteur de l'approvisionne-ment en eau et de l'assainissement, si l'onveut qu'il se maintienne dans le temps doitreposer sur un bon ensemble de ressourcesfinancières de bailleurs de fonds, de gouver-nements nationaux et de la communauté.

Les principes et leçons en matière d'approvision-nement en eau et d'assainissement dont il estquestion ici se soutiennent mutuellement. Aussi, si

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l'on suit des stratégies efficaces et si l'assistance tech-nique permet de renforcer les capacités et si en plusles responsabilités sont partagées, les systèmes sontplus susceptibles de se maintenir dans le temps. Lessystèmes durables encouragent à leur tour l'expan-sion et le renforcement des capacités et le soutienpour les bonnes stratégies.

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Chapitre 2: ASSISTANCE TECHNIQUE

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LEÇONS RETENUES

On se rend de plus enplus compte que mêmeavec les meilleuresintentions du monde, onn'arrive pas audéveloppement si on faitles choses à la place desautres.

Aujourd'hui, l'assistancetechnique ne consiste passimplement à résoudreun problème à courtterme mais à renforcerles capacités locales pourrésoudre les futursproblèmes.

D'abord, une grande partie de l'assistance s'estfaite sous forme de prêts et de dons en vue deconstruire ou de reconstruire l'infrastructure maté-rielle—"l'investissement en biens d'équipement." LePlan Marshall des Américains en Europe était le pro-totype d'une telle assistance. Mais lorsque quelquesnations ont commencé à naître sur l'ensemble del'Asie et de l'Afrique, on s'est rendu compte qu'ellesdevaient relever un défi de développement bien pluscher et avec des effets bien plus durables. Et pourtant,aucune nation n'était pas prête à faire les dépensesconsidérables nécessaires pour le développement dece "tiers monde." Aussi, dès le fameux programmePoint quatre en 1948, les pays industrialisés ont com-mencé à engager les gens outre les capitaux dans lecadre de l'assistance au développement. Cela coûtaitde l'argent mais était plus facile à vendre chez soi queles dépenses en monnaie sonnante et trébuchante.Cette aide a été appelée "l'assistance technique" pourla distinguer des transferts financiers directs.

Au début, l'assistance technique avait pris laforme de "conseil-expert." L'ingénieur expatrié quiconcevait des ponts ou qui occupait même une positiondans le gouvernement d'un pays en développementreprésentait l'assistance technique par excellence. Cetype d'assistance se trouve encore de nos jours dansles pays en développement. Mais on se rend de plusen plus compte que même avec les meilleures inten-tions du monde, on n'arrive pas au développement sion fait les choses à la place des autres.

Les programmes d'aide multilatérale et bilaté-rale sont devenus des traits proéminents des relationsinternationales. Ils regroupent capitaux et assistancetechnique. Aujourd'hui, l'assistance technique signi-fie encore que les gens offrent une assistance maisl'intention n'est généralement pas simplement de ré-soudre un problème à court terme mais de mettre enplace les capacités locales pour la résolution de futursproblèmes. Il ne s'agit pas simplement d'appliquerune technologie mais de transférer la technologie. Ilne s'agit pas simplement de fournir les compétencesmais de mettre en place les compétences. WASHconsidère que c'est le principe fondamental: l'assi-stance technique réussit surtout lorsqu'elle aide lesgens à faire les choses eux-mêmes.

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ASSISTANCE TECHNIQUE

Les leçons liées à l'assistance technique se rangentdans cinq grandes catégories: fonction, conception,prestation, coordination et mise en place de réseauxainsi qu'échange d'information.

Leçon unLa fonction de l'assistance technique

Une assistance technique efficace viseà renforcer les institutions locales et

à transférer des compétences durables.

Le Projet WASH définit de manière élargie l'approvi-sionnement en eau et l'assainissement pour y inclurenon seulement la mise en place d'équipements maiségalement la promotion de comportements et de poli-tiques influençant l'utilisation et la pérennité del'équipement. Aussi, les buts de l'assistance de WASHsont-ils d'aider à concevoir et à construire des sys-tèmes d'eau et d'assainissement, de protéger contre lapollution environnementale, de promouvoir un com-portement favorisant la santé et d'aider les autoritéslocales et nationales d'assumer la responsabilité finan-cière opérationnelle et de gestion pour leurs systèmes.

Dans ce contexte, le processus d'assistance techni-que est aussi important que la substance. Quel quesoit le contenu d'une activité particulière d'assistancetechnique, le rôle correct pour le fournisseur est defournir l'assistance demandée de sorte à mettre enplace des capacités locales. Cette approche vérifie queles compétences—pas simplement l'information—sont transférées.

A moins que le pays bénéficiaire ne développeles compétences techniques, financières et de gestionpour assumer la responsabilité lui permettant de ré-pondre dans le long terme aux besoins en matièred'eau et d'assainissement, les investissements faitspar des bailleurs de fonds n'arriveront pas à un im-pact maximum. En fait, on estime que les organismesexternes de financement n'arrivent à répondre qu'àun petit pourcentage (peut-être moins que 15% à20%) des besoins de financement à long terme du sec-teur de l'eau et de l'assainissement. Mais les tauxprojetés de croissance de la population et d'urbanisa-tion à eux seuls indiquent que la demande dépassera

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Le processus d'assistancetechnique est aussiimportant que lasubstance.

Pour combler l'écart definancement, les pays endéveloppement devrontutiliser de manièreefficace les ressourcesqu'ils ont, trouver etintégrer de nouvellessources de finance etprofiter de chaqueoccasion pourcoordonner les efforts.

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les capacités d'offre des bailleurs de fonds et des gou-vernements. Pour combler l'écart de financement, lespays en développement devront utiliser de manièreefficace les ressources qu'ils ont, trouver et intégrerde nouvelles sources de finance et profiter de chaqueoccasion pour coordonner les efforts.

Les facteurs externes de l'assistance techniquepeuvent déterminer l'éventuelle réussite ou l'éventueléchec des efforts de renforcement des capacités. Parexemple, les politiques nationales et les points de vueéconomiques peuvent favoriser le renforcement descapacités ou alors rendre ce travail quasi-impossible.A l'instar d'autres domaines d'assistance technique,le cadre national d'absorption de l'assistance inter-vient autant au niveau de l'impact que la qualité del'assistance elle-même.

La manière dont l'assistance technique est four-nie, la durée de l'assistance et le moment de l'apportde capitaux influencent tous la manière dont l'assis-tance technique contribue au renforcement descapacités dans le long terme et à la pérennité.

Les politiques nationaleset les points de vueéconomiques peuventfavoriser le renforcementdes capacités ou alorsrendre ce travailquasi-impossible.

Les consultants avec unementalité du style "jesuis l'expert" neconviennent pas à ce rôlede renforcement descapacités, pas plus queles conseillers expatriésqui ont encore desrelents de paternalisme.

Caractéristiques d'une assistance efficace. Lesbailleurs de fonds doivent reconnaître l'importancedu renforcement des capacités et structurer à desseinl'assistance de sorte à y arriver. Peu de bailleurs defonds nieront l'importance du renforcement des capa-cités mais la plupart des projets ont égalementd'autres buts et, parce qu'ils veulent atteindre ce but,les bailleurs de fonds risquent de ne pas prêter uneattention assez grande au renforcement des capacitésou alors de créer sans le vouloir un contexte qui relè-gue cette activité au deuxième rang.

Tous les fournisseurs de l'assistance techniqueparticipant à un projet doivent être engagés face aurenforcement des capacités. Les consultants avec unementalité du style "je suis l'expert" ne conviennentpas à ce rôle, pas plus que les conseillers expatriés quiont encore des relents de paternalisme, une desgrandes barrières au renforcement des capacités. Siles conseillers à long terme doivent travailler dans lesecteur de l'eau et de l'assainissement du gouverne-ment du pays hôte—tel que c'est exactement le casdans de nombreux pays, un employé local du servicedoit apprendre à faire le travail du conseiller à long

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ASSISTANCE TECHNIQUE

Le renforcement descapacités et le transfertde compétences peuventse faire en structurantl'assistance technique desorte à ce que telle séried'activités s'inspired'une autre afin derenforcersystématiquement lescapacités.

terme. En outre, le pays hôte devrait contribuer aumoins une partie du soutien du conseiller.

Les consultants à court terme tels que ceux four-nis par le Projet WASH doivent également seconcentrer sur le renforcement des capacités et letransfert de compétences. Ils peuvent y arriver enstructurant l'assistance technique de sorte à ce quetelle série d'activités s'inspire d'une autre afin de ren-forcer systématiquement les capacités. Par exemple,en 1992-93, WASH a fourni une assistance techniqueà quatre pays afin de faire le point de la pollution duDanube qui est le fleuve le plus pollué en Europe. Unoutil informatique de gestion de données sur la quali-té de l'eau appelé DEMDESS (Danube EmissionsManagement Décision Support System) a été mis aupoint pour que les décideurs puissent rassembler lesdonnées sur la pollution du fleuve et les utiliser pourévaluer les effets des diverses stratégies de luttecontre la pollution. Pour être sûr que les compétencesliées à l'emploi de DEMDESS étaient véritablementtransférées aux techniciens des quatre pays, le BureauAID pour l'Europe de l'Est, le sponsor du Projet Da-nube, a réalisé une série d'activités, notamment unatelier de formation pratique, une assistance de lapart des consultants dans les divers pays et descontacts avec les représentants officiels de haut ni-veau. On a utilisé les mêmes consultants à courtterme tout au long de la série d'activités. Ces consul-tants étaient très motivés dans leur travail pouradapter le système DEMDESS dans chaque pays etont laissé derrière eux, pas simplement le manuel del'utilisateur mais des utilisateurs formés, capables demodifier et d'élargir le système pour répondre à leursbesoins spécifiques.

Dans les cas où les consultants ou les conseillersont conçu leur mission en visant le renforcement descapacités locales, par exemple, au Zaïre et au Sri Lan-ka, ils ont fourni le leadership et l'assistancenécessaires, mais ils ont également servi de catalyseurpour créer des programmes durables.

Durée de l'assistance technique. Vu que le ren-forcement des institutions et le transfert decompétences sont des tâches difficiles et longues, cesont des activités qui doivent être manipulées soi-gneusement. Si un prestataire de l'assistance

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Si un prestataire del'assistance techniqueveut avoir un véritableimpact sur le secteur del'approvisionnement eneau et de l'assainissementet sur les institutions quisoutiennent ce secteur, ildevrait être prêt às'engager dans le longterme.

Le prestataire del'assistance techniquedoit être vu comme unpartenaire stable, fiableet disponible, travaillantavec le gouvernementhôte de façon continuepour identifier lesproblèmes et concevoirdes solutions.

technique veut avoir un véritable impact sur lesecteur de l'approvisionnement en eau et de l'assai-nissement et sur les institutions qui soutiennent cesecteur, il devrait être prêt à s'engager dans le longterme. De même, les gouvernements recevant une as-sistance technique doivent également être engagésdans le long terme.

Une des manières de fournir une assistance àlong terme est par le biais d'une série de tâches indi-viduelles durant chacune deux à trois semaines,réparties sur une année ou deux tel que nous l'avonsmentionné ci-dessus. Il vaut mieux utiliser les mêmesconsultants sur toute la période. Par exemple, enEquateur, WASH a fourni une assistance techniquepour renforcer de cette manière une institution d'eauet d'assainissement. Des consultants expatriés passentquelques semaines au sein de l'institution fournissantune formation ou autre type d'assistance puis laissentune "mission" pour les consultants locaux et le per-sonnel de l'institution qui les exécuteront dansl'intervalle de deux ou trois mois avant de passer à laprochaine tâche de la série. La mission demandée aupersonnel local est de mettre en pratique ce qu'il avaitappris pendant la formation ou d'intégrer des politi-ques ou des procédures de gestion spécifiques. Le faitd'utiliser les mêmes consultants tout au long du pro-cessus comporte l'avantage évident de créer unecontinuité et d'inspirer confiance. WASH et le Projetde Biologie et de Lutte contre les Vecteurs, autre pro-jet financé centrallement par l'AID ont utilisé uneapproche analogue à Bélize dans le cadre d'un pro-gramme complet visant à institutionnaliser unestratégie communautaire pour l'eau et l'assainisse-ment et pour la lutte contre les vecteurs.

Des programmes durables évoluent. Ils ne sontpas créés et mis en place tels quels. Une grande partiede la réussite de cette évolution dépend des relationsinstitutionnelles et humaines. Le prestataire de l'assis-tance technique doit être vu comme un partenairestable, fiable et disponible, travaillant avec le gouver-nement hôte de façon continue pour identifier lesproblèmes et concevoir des solutions, processus quipeut prendre des années avant qu'on puisse mettreen place un programme durable. Un représentant of-ficiel du Sri Lanka, parlant d'un projet réussi dedéveloppement institutionnel pour le conseil national

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d'approvisionnement en eau et de drainage indiquaitque six ans étaient à peine suffisant pour le projet.

Malheureusement, des calendriers d'exécutionraisonnables ne répondent pas souvent aux besoinsde bailleurs de fonds qui ont pour première prioritéd'affecter le capital sur le terrain où il est nécessairepour les projets. Trop souvent, cela se fait sans qu'onait songé de manière réaliste à la manière dont lepays bénéficiaire peut absorber et utiliser à bonescient ces fonds pour atteindre le but en question.

Caractère opportun de l'apport en capitaux. Au-cun investissement, quel que soit le montant, nepermettra le développement si le bénéficiaire n'estpas capable d'utiliser efficacement les capitaux. Cefait est souvent ignoré tant que les problèmes ne sontpas visibles et menacent de submerger un pro-gramme. WASH a vu, à maintes occasions, un paysréaliser après la construction de l'équipement qu'il luifallait mettre en place les capacités institutionnelles.A d'autres occasions, les problèmes institutionnelssont reconnus à temps. Par exemple, le Projet de Dé-veloppement institutionnel du Sri Lanka mentionnéci-dessus a été mis en place à la demande de la Ban-que mondiale. Réalisant que le conseil national avaitdes problèmes graves, la Banque a bloqué à la der-nière minute un prêt important jusqu'à ce que leGouvernement du Sri Lanka ait fait venir une équiped'assistance technique de l'AID et ait été d'accordpour réaliser un projet de renforcement institutionnel.A Bélize, huit années de construction d'équipementdans le cadre du Projet AID "Une meilleure producti-vité grâce à une meilleure santé" ont précédé touteffort visant à traiter des questions institutionnelles.Finalement, l'AID a amendé le projet pour tenircompte du renforcement des capacités communau-taires lorsqu'on s'est rendu compte que leGouvernement de Bélize avait besoin d'assistancepour traiter ces questions. L'AID a conclu que ce neserait pas un bon investissement que de continuer àconstruire des équipements tant qu'on ne mettait pasen place également des institutions communautaires.

Aucun investissement,quel que soit le montant,ne permettra ledéveloppement si lebénéficiaire n'est pascapable d'utiliserefficacement les capitaux.

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Leçon deuxLa conception de l'assistance technique

L'assistance technique pour l'approvisionnementen eau et l'assainissement demande une

approche interdisciplinaire et non pas uneapproche étroite et spécialisée.

Si l'on se place dans l'angle de conception, proba-blement que l'aspect le plus exigeant de l'assistancetechnique concerne la nature complexe et polyvalentede l'assistance technique de l'approvisionnement eneau/assainissement. Il ne fait aucun doute que si l'onpense qu'assistance technique veut dire renforcementdes institutions, il faut des compétences bien plus po-lyvalentes et spécialisées que si l'assistance techniqueest uniquement définie comme le fait de donner deconseils ou de résoudre des problèmes. De même,l'engagement à la pérennité en tant que principe fon-damental introduit la nécessité d'apporter uneassistance en matière de gestion, de finances, de plani-fication de politiques et de formation.

L'orientation interdisciplinaire a été un des as-pects pivots de WASH depuis sa création mais lenombre de disciplines s'est accru au fur et à mesureque WASH et d'autres prestataires de l'assistance te-chnique en matière d'eau et d'assainissement ontcompris les multiples façons dont s'expriment lesproblèmes de développement.

La structure de consortium dans le cadre de la-quelle fonctionne WASH a été pratiquement dictéepar cette nécessité d'avoir de solides capacités multi-disciplinaires et interdisciplinaires. Le consortiumcomprend un certain nombre de sous-traitants dontchacun apporte des forces et des ressources particu-lières. Ce sont des organisations professionnellesd'un niveau même mais qui, administrativement, ren-dent compte à CDM, maître d'oeuvre du projet. Laplupart des sous-traitants ont au moins un cadre su-périeur qui fait partie du personnel de WASH etCDM fournit le personnel de direction et de soutien.Tous les membres du consortium fournissent des con-sultants et du personnel dans leurs propres domainesd'expertise. Voici les spécialités institutionnelles duconsortium: l'ingénierie (CDM); la santé publique(University Research Corporation), la communication

L'orientationinterdisciplinaire a étéun des aspects pivots deWASH depuis sacréation mais le nombrede disciplines s'est accruau fur et à mesure queWASH et d'autresprestataires del'assistance technique enmatière d'eau etd'assainissement ontcompris les multiplesfaçons dont s'exprimentles problèmes dedéveloppement.

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et l'information, la gestion, le transfert de technolo-gies et l'évaluation (International Science andTechnology Institute); le développement des res-sources institutionnelles et humaines (TrainingResources Group); la participation communautaire,l'éducation en matière d'hygiène, l'évaluation du ris-que environnemental et les finances (ResearchTriangle Institute); le développement durable des res-sources naturelles et les technologies appropriées(Associates in Rural Development); et la rechercheappliquée (University of North Carolina).

Personnel central. Le personnel central deWASH représente la plupart des grandes disciplinesimportantes dans le domaine de l'approvisionnementen eau et de l'assainissement: l'ingénierie, le dévelop-pement des ressources institutionnelles et humaines,les finances et l'économie, l'anthropologie, la santépublique, le droit, l'administration publique, les res-sources hydrauliques, la gestion environnementale etla gestion de l'information. On encourage vivementles membres du personnel à avoir des contacts fré-quents concernant tous les aspects de leur vieprofessionnelle. On encourage également des débatsanimés au sein du personnel. Les décisions de gestionsont prises de manière participative. Une retraite an-nuelle permet de garder sur la bonne route le projet etdes communications et échanges d'informationsconstants sont demandés.

Lorsque des demandes en vue d'assistance tech-nique sont reçues de la part des missions de l'AID, unmembre senior du personnel de WASH est nommécomme responsable de tâches. Cette décision se fondeparfois sur les connaissances de fond, mais elle pour-rait très bien être déterminée par l'expérience,l'intérêt ou le souci de la continuité du travail. Ons'attend à ce que tout le personnel senior soit prêt etcapable de gérer des activités n'entrant pas dans leurspropres disciplines, pour rester au courant de toutesles activités de WASH et fournir une assistance desoutien lorsque c'est nécessaire. Les principales déci-sions concernant les activités se fondent davantagesur une discussion animée entre le personnel seniorque sur le jugement solitaire des responsables detâches ou du directeur de projet.

On encourage égalementdes débats animés ausein du personnel. Lesdécisions de gestion sontprises de manièreparticipative. Uneretraite annuelle permetde garder sur la bonneroute le projet et descommunications etéchanges d'informationsconstants sont demandés.

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Lorsqu'on choisit desconsultants, il faudra engénéral voir avant toutl'expérience de travaildans divers pays ainsique l'expériencespécifique se rapportantà l'eau et àl'assainissement. Leconsultant avec uneexpérience et uneformation polyvalentedans deux ou plusieursspécialités est trèsrecherché.

Equipes de consultants. WASH utilise égalementune approche interdisciplinaire pour réunir et en-voyer sur le terrain des équipes de consultantschargés de mener à bien les activités d'assistancetechnique. C'est au responsable de tâches, travaillantde pair avec la mission, qui a fait la demande d'assis-tance, de déterminer quelle est la bonne combinaisonde compétences, d'expertise et d'expérience. Ensuite,il réunit ces compétences. La gamme de plus en plusvaste de problèmes dont on confie la résolution àWASH demande des équipes de consultants plus di-versifiées. Par exemple, une équipe examinant lespossibilités de faire participer le secteur privé au sec-teur de l'eau en Indonésie comptait des représentantsde cinq disciplines: ingénierie, gestion financière,politiques et administration publique, droit et déve-loppement organisationnel. Rassembler et envoyersur le terrain de telles équipes relève autant de l'artque de la science.

Dans le cadre de certaines missions, les techni-ciens représentant de multiples disciplines doiventchercher à intégrer leur travail. On en voit un exem-ple dans l'évaluation des risques environnementauxfaite à Quito, en Equateur, conjointement par WASHet un autre projet financé par l'AID, PRITECH (Tech-nologie pour les soins de santé primaires). Desexperts en santé, planification et politiques urbaines,économie et anthropologie ont mis au point une mé-thode expérimentale qui combinait la collecte dedonnées quantitatives et qualitatives. La méthode in-tégrait des concepts dont on ne tient généralementpas compte dans des évaluations de risques.

Pour mettre sur pied de bonnes équipes de con-sultants, une organisation apportant une assistancetechnique doit avoir un vaste fichier de noms d'ex-perts d'un accès facile. Le fichier de WASH estorganisé selon une vingtaine de catégories impor-tantes pour l'approvisionnement en eau etl'assainissement.

Lorsqu'on choisit des consultants, il faudra engénéral voir avant tout l'expérience de travail dansdivers pays ainsi que l'expérience spécifique se rap-portant à l'eau et à l'assainissement. Le consultantavec une expérience et une formation polyvalentedans deux ou plusieurs spécialités est très recherché.Par exemple, un ingénieur avec une formation ou une

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expérience dans le domaine social. De nombreusesmissions demandent des consultants spécialisés dansles domaines précis et ayant de l'expérience dansd'autres domaines tels que, par exemple, un épidé-miologue avec certaines connaissances de lavalorisation des ressources humaines, des finances etdes questions réglementaires.

WASH évite délibérément d'utiliser des consul-tants qui sont des experts nationaux chevronnés maisqui n'ont pas d'expérience de travail à l'étranger etqui ne parlent pas de langues étrangères. Malgré leurexpertise technique pointue, on constate trop souventqu'ils n'arrivent pas à bien travailler dans d'autrespays et d'autres cultures, qu'ils connaissent mal laméthodologie et la philosophie de l'assistance techni-que ainsi que l'importance de la participation localeet des objectifs de renforcement de capacités. WASHcherche continuellement à trouver des ressortissantsd'autres pays pouvant être ajoutés à son groupe deconsultants, tout particulièrement des experts dansde "nouveaux domaines" tels que les questions juri-diques et réglementaires; les déchets toxiques etdangereux et la privatisation.

Malgré leur expertisetechnique pointue, onconstate trop souventqu'ils n'arrivent pas àbien travailler dansd'autres pays et d'autrescultures, qu'ilsconnaissent mal laméthodologie et laphilosophie del'assistance techniqueainsi que l'importance dela participation locale etdes objectifs derenforcement decapacités.

Pratiques de gestion. Il existe de nombreux fac-teurs entrant dans la conception d'un effort mondiald'assistance technique. Et bien sûr, il important d'éta-blir et de maintenir une étroite relation de travail avecl'organisation publique parrainante. Les complexitésde l'entreprise demandent souplesse, procédures dé-taillées, compréhension partagée des buts etresponsabilités, confiance mutuelle entre le contrac-tant et l'organisme de financement. Un manqued'étroite collaboration de travail entre les deux estsource de retard et d'inefficacité au mieux et au pired'inertie et de gaspillage des ressources. L'approcheWASH consiste à tenir l'AID entièrement informé àtout moment des activités pertinentes et d'encouragerune relation collégiale entre le personnel de sorte à cequ'il puisse y avoir une communication quotidienne.Cette approche a permis tant aux contractants qu'àl'organisation d'anticiper les problèmes, de clarifierles questions et procédures au fur et à mesure qu'ellesse présentent et d'apprendre grâce aux erreurs defaites.

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II faut également une solide gestion centrale dela part du contractant de l'assistance technique car unvaste projet d'assistance technique peut devenir unvéritable cauchemar du point de vue gestion. La va-riété des ressources humaines devant êtrerassemblées et coordonnées, le soutien logistique etadministratif à mettre en place et les activités devantêtre réalisées simultanément ci et là dans le pays ainsique la nature délicate parfois, du point de vue politi-que, des projets devant être entrepris sont autantd'éléments exigeant une conception et une structurehautement organisées du projet.

En outre, des procédures systématiques sont né-cessaires pour répondre aux demandes d'assistancetechnique. Si elles n'existent pas, un programme d'as-sistance technique pourrait être débordé par lesdemandes d'aide et les détails et paperasseriesconnexes. Pour simplifier le travail, il faut se donnerdes procédures uniformisées pour la plupart des acti-vités notamment l'envoi des équipes sur le terrain,l'envoi des câbles, la rédaction de lettres, l'examen derapports et la distribution de publications.

Leçon troisLa prestation de l'assistance technique

Une approche participative—facilitée et nondictée—favorise au maximum la pérennité des

programmes et projets

L'approche de WASH à l'assistance technique insistesur la participation significative de toutes les per-sonnes et entités participant à un projet d'eau etd'assainissement. Qui participe et comment dépenddu type de programme ou de projet. Par exemple,dans le cadre des projets d'approvisionnement en eauet d'assainissement dans les zones rurales, il est capi-tal que les membres communautaires participent àtoutes les étapes d'un projet, allant de la planificationà l'entretien continu. La participation donne un senti-ment d'appartenance et de responsabilité. Quand cesentiment n'existe pas, les projets échouent une foisque les bailleurs de fonds arrêtent leur soutien.

De même, si un service d'eau prévoit de réorga-niser ces activités, il est vital que les responsables à

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tous les niveaux et les employés réguliers aient la Les décisions prises d'enchance de s'exprimer et de participer à des décisions haut sans laqui les toucheront. Les décisions prises d'en haut sans participation de ceux quila participation de ceux qui seront obligés de les ap- seront obligés de lespliquer sont des décisions non informées. En outre, appliquer sont desces décisions peuvent être bloquées par ceux qui ne décisions non informées.participent pas au processus décisionnel. En outre, ces décisions

Les prestataires de l'assistance technique doivent peuvent être bloquéeshonorer leur propre engagement a la participation en par ceux qui netravaillant dans le cadre d'un partenariat avec le participent pas auclient. La participation active à la définition des pro- processus décisionnel.blêmes et aux solutions qui est le pivot de la plupartdes efforts de l'assistance technique est en soi-mêmeune expérience d'apprentissage. Lorsque les clientssont les participants à part égale, ils apprennent toutau long et peuvent renforcer leurs capacités. Le faitde dicter des solutions peut résoudre des problèmes àcourt terme mais n'augmente pas les chances de dé-veloppement à long terme.

Une approche participative permet un meilleursoutien aux solutions auxquelles on est arrivé et uneplus grande chance de voir continuer les avantages etbénéfices du projet après le départ de l'équipe d'assis-tance technique. Lorsque les gens participent à unedécision, choisissent entre diverses solutions ou éla-borent un plan, ils sont plus susceptibles de soutenirla décision et le plan et de chercher à ce qu'elleréussisse.

Toutefois, il faut bien dire que la participationdemande du temps et coûte de l'argent. Mais si l'onse place dans le long terme, l'argent dépensé sera"remboursé" du point de vue efficacité accrue duprojet.

Dans le cadre de la plupart des activitésd'assistance technique dans le domaine de l'approvi-sionnement en eau et de l'assainissement, il n'y a pasde réponse "juste" ou même de réponse qui soit "lameilleure". Généralement, la bonne réponse est cellepouvant être appliquée—quelque chose qui dépenddavantage de l'investissement psychologique de ceuxqui devront l'exécuter que de l'élégance de la solu-tion. Un investissement psychologique se rapportedirectement au niveau de participation à la solution.Par exemple, le "meilleur" plan national de la Décen-nie internationale de l'approvisionnement en eaupotable et l'assainissement pour le Swaziland est ce-

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lui élaboré par le Gouvernement du Swaziland carc'est le plan auquel fera confiance le gouvernement,qu'il soutiendra avec de l'argent et d'autres res-sources et qu'il cherchera à faire réussir au même titreque le meilleur plan pour une communauté est celuiqu'elle a aidé à concevoir.

La participation aide avant tout à renforcer lesinstitutions et processus essentiels pour mettre enplace un plus grand nombre de sociétés pluralistes etdémocratiques—objectif important de l'assistanceaméricaine au développement.

Le rôle du prestataire technique est de faciliter laprise de décisions, de contribuer intellectuellement auprocessus, de s'assurer que toutes les parties concer-nées sont entendues et participent aux décisions. Latâche n'est guère aisée surtout pour ceux qui n'ontpas l'habitude du rôle. Par conséquent, WASH a misau point plusieurs techniques pour que ses activitésd'assistance technique cherchent avant tout à faciliterle processus décisionnel chez le client plutôt que delui dicter ce qu'il doit faire. Il s'agit de la préparationdes équipes d'assistance technique par le biais desréunions préalables aux projets, de la définition desbesoins des clients, de la continuité du personnel ain-si que des activités de synthèse et de suivi. WASHcherche également à recruter des consultants qui ontde l'expérience et qui savent travailler aux termesd'une collaboration partageant la philosophie du dé-veloppement de WASH.

Le rôle du prestatairetechnique est de faciliterla prise de décisions, decontribuerintellectuellement auprocessus, de s'assurerque toutes les partiesconcernées sontentendues et participentaux décisions.

Préparer les équipes d'assistance technique. Laréunion de planification de l'équipe est l'élément pi-vot du processus d'assistance technique de WASH.La réunion de planification de l'équipe a été élaboréeau sein des bureaux de WASH pendant les premièresannées du projet. C'est une réunion de deux jours. Unrapport de WASH qui traite de cette réunion a été pu-blié en 1985. En 1986, la réunion de planification étaitinstitutionnalisée au sein de WASH. A présent, denombreuses autres organisations utilisent la métho-dologie dans le cadre de leurs propres activités.

La réunion de planification de l'équipe est uneréunion de deux jours avec un animateur à laquelleassistent tous les membres des équipes de consul-tation. Le but est de mettre les consultants au courantdu contexte de la mission, de définir clairement les

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ASSISTANCE TECHNIQUE

II est important que lesmembres de l'équipearrivent à des compromisavec les clients sur lesaspects quin'endommagent pasl'intégrité du projet maisqu'ils ne cèdent pas sicelle-ci est menacée.

buts et les objectifs de l'activité et d'ébaucher le pro-duit final et un plan de travail. Ce plan de travail estl'outil de base servant à définir et à exécuter la mis-sion. C'est la base pour se mettre d'accord sur lestermes de référence et la nature de la mission entreles membres de l'équipe et entre l'équipe et le client.

Un autre objectif de la réunion est de mettre enplace une équipe efficace et de communiquer l'expé-rience pertinente de WASH. Les consultants ne sontpas toujours les uns autant que les autres à l'aise dansle cadre d'une équipe interdisciplinaire à caractèreparticipatif où le client a son mot à dire. Il est impor-tant que les membres de l'équipe arrivent à descompromis avec les clients sur les aspects qui n'en-dommagent pas l'intégrité du projet mais ne qu'ilscèdent pas si celle-ci est menacée, Il y a un bien plusgrand nombre de questions de la première sorte quede la deuxième mais le problème le plus courant estde ne pas chercher à arriver à un compromis. La réu-nion de planification de l'équipe donne auxresponsables de tâches et aux chefs d'équipe la possi-bilité de détecter les éventuels problèmes et deprendre les mesures pour les résoudre.

En 1993, WASH a mis au point un nouveauguide pour compléter celui sur la réunion de planifi-cation de l'équipe. Si la réunion de planification del'équipe se concentre sur la préparation des équipesd'assistance technique, ce nouveau guide par contredonne des conseils sur la manière dont les chefsd'équipe peuvent renforcer l'efficacité des équipesqui interviennent sur le terrain. Le guide traite de lamanière d'encourager les membres d'une équipeappartenant à des disciplines très différentes à tra-vailler ensemble dans l'hamornie. Il expliquecomment une équipe multidisciplinaire (une équipeavec des représentants de nombreuses disciplines)peut devenir une équipe "interdisciplinaire" (uneéquipe où le travail de discipline est intégré). Leguide traite de l'expérience de 24 chefs d'équipe etresponsables qui ont été interviewés lors de la prépa-ration du guide.

Définir les besoins des clients. La plupart desclients aiment recevoir des avis intelligents deséquipes d'assistance technique mais ils ne veulent pasqu'on leur donne des ordres ou qu'on les patemalise.

La plupart des clientsaiment recevoir des avisintelligents des équipesd'assistance techniquemais ils ne veulent pasqu'on leur donne desordres ou qu'on lespaternalise.

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L'approche participativepour définir les besoinset objectifs des clients estparticulièrementimportante car les clientsn'articulent pas toujoursexactement ce qu'ilsveulent.

Cette clarification desbesoins et des objectifsest parfois un travaillong mais qui en vauttoujours la peine cartous les clients savent cequ'ils ne veulent pasquand ils le voient.

La règle la plus importante d'une assistance techni-que réussie est de fournir l'aide que désire recevoir leclient et non pas l'assistance dont il a besoin aux yeuxdu prestataire. Pour pouvoir suivre cette règle, il fautd'abord commencer par bien définir qui est le clientcar cette identification n'est pas toujours apparenteau premier coup d'oeil. La question la plus utile à po-ser est la suivante: "Qui devrait vraiment avoir uneréponse aux questions auxquels s'adresse cette activi-té?" Pour le Projet WASH, le client est normalementla mission AID à laquelle l'assistance technique estapportée. Mais, il y a souvent les clients secondaires,par exemple, le ministère de la santé ou une ONG quipeuvent également participer à l'activité.

Identifier le client est un des grands thèmes de ladiscussion lors des réunions de planification del'équipe puisque WASH a appris qu'une activitéréussie dépend d'une compréhension partagée entreles membres de l'équipe et entre l'équipe et le clientconcernant le but de l'activité. Une fois identifié, leclient devient un membre de l'équipe et on peut com-mencer à clarifier les objectifs des clients. C'est unprocessus itératif, qui commence par les discussionsinitiales au moment de la demande de l'assistance etqui ne se termine que lorsque l'avant-projet du rap-port est présenté au moment du départ.

L'approche participative pour définir les besoinset objectifs des clients est particulièrement importantecar les clients n'articulent pas toujours exactement cequ'ils veulent. Aussi, dans le cadre d'activités degrande envergure, peut-être faudra-t-il faire une vi-site de reconnaissance pour clarifier les besoins desclients avant même de préparer les termes de réfé-rence. Cette clarification des besoins et des objectifsest parfois un travail long mais qui en vaut toujoursla peine car tous les clients savent ce qu'ils ne veulentpas quand ils le voient. L'échec par excellence de l'as-sistance technique est d'accomplir la mission et deprésenter le rapport pour s'entendre dire que ce n'é-tait pas ce que voulait ou ce dont avait besoin leclient.

Maintenir la continuité du personnel. Dans le ca-dre de projets exigeant une série de visitesd'assistance technique sur plusieurs années ou surtoute la durée du projet, il est bien plus efficace de

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ASSISTANCE TECHNIQUE

faire venir le même personnel dans le cadre des acti-vités d'assistance technique. Une telle "mémoireinstitutionnelle" diminue le travail pour le personnelde la mission, permet un démarrage plus rapide desactivités et calme les peurs des clients qui ont appris àestimer et à faire confiance au travail d'un consultantdonné.

Le travail accompli par WASH au Sri Lanka cesdernières années montre bien les avantages des vi-sites multiples. Au début de 1985, un consultant deWASH a planifié et réalisé un atelier de démarrage deprojets dans le cadre d'un important projet de renfor-cement institutionnel financé par l'AID. Depuis, lemême consultant est revenu avec des collègues pourréaliser une série d'ateliers de formation en gestionpour le personnel supérieur du service national d'ap-provisionnement en eau. Cette continuité a été l'undes grands facteurs de la réussite de l'assistancetechnique.

Synthèse pour les clients et les équipes de con-sultants. La synthèse est importante tant pour leclient que le pour le prestataire de l'assistance techni-que puisqu'elle est un indicateur de l'efficacité del'activité. Si les clients participent à part entière toutau long de la mission—tel qu'ils devraient le faire—ils verront par eux-mêmes l'état d'avancement etseront plus susceptibles d'accepter les résultats. Lors-que la mission est quasiment achevée, il est importantde convoquer rapidement le client et de lui faire untopo clair et succinct. Avant de quitter le pays, leséquipes de consultants de WASH présentent norma-lement un avant-projet de rapport, aussi achevé quepossible, pour parler rapidement et clairement deleur travail. On prévoit le temps nécessaire pour s'as-seoir et revoir les résultats avec le client de sorte àclarifier toute mauvaise compréhension ou à tenircompte d'autres points de vue.

Si l'on se place dans l'angle du prestataired'assistance technique, l'équipe de consultants est lasource d'information la plus accessible sur la missionpouvant fournir des commentaires utiles tant sur lefond que la forme de l'activité. Pour profiter de cescommentaires, WASH utile les synthèses formelles etinformelles ainsi que les rapports écrits.

Lorsque la mission estquasiment achevée, il estimportant de convoquerrapidement le client et delui faire un topo clair etsuccinct.

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LEÇONS RETENUES

Le choix du moment opportun peut être l'élé-ment le plus capital pour les synthèses. Les opinionset les souvenirs sont bien clairs de suite après la mis-sion et vu qu'une grande partie de la "mémoireinstitutionnelle" d'une organisation faisant souventappel à des consultants en dépend, plus on arrivera àsaisir leur expérience, moins on risquera de laisserpasser quelque chose pouvant être important. En ou-tre, les responsables de tâches doivent savoirrapidement si la mission a été un succès ou un échec.Certaines activités rateront et le client ne sera pas sa-tisfait, c'est inévitable mais si l'on s'en rend comptetout de suite et si on corrige rapidement la situation,on arrivera à réduire à un minimum l'impact négatif.Le prestataire de l'assistance technique peut offrir derefaire la mission ou de prendre des mesures pourrectifier ou sauver la situation. Il est évident que, pluson attend, plus une mauvaise situation devient irrat-trapable. Aussi, les premières synthèses doivent-ellesse faire dans les quelques jours après le retour del'équipe. Les synthèses formelles peuvent égalementêtre une occasion de discuter des leçons apprises pou-vant être appliquées à des futures missions.

Certaines activitésrateront et le client nesera pas satisfait, c'estinévitable mais si l'ons'en rend compte tout desuite et si on corrigerapidement la situation,on arrivera à réduire àun minimum l'impactnégatif.

Dans le cadre denombreux projetsd'assistance technique, lesuivi reçoit une faiblepriorité. Souventd'autres activités—planifier, gérer ouremplir ladocumentation—semblent plus urgenteset reçoivent une plusgrande attention.

Activités de suivi. Lorsqu'une activité d'assis-tance technique se termine, la responsabilité del'exécution est confiée au client. Les consultants ontfait leur travail et ont préparé le rapport. Le client aaccepté le résultat et prêt à aller de l'avant. On ne sau-ra si l'activité a vraiment réussi qu'après le suivi,lorsqu'on verra dans quelle mesure le client continuele travail.

Dans le cadre de nombreux projets d'assistancetechnique, le suivi reçoit une faible priorité. Bien quetout le monde reconnaisse intellectuellement ce qu'ilfaut en faire, souvent d'autres activités—planifier, gé-rer ou remplir la documentation—emblent plusurgentes et reçoivent une plus grande attention. Trèspeu de temps est laissé pour obtenir des informationssur les activités passées et pour voir si les objectifs ontété véritablement atteints , pour réfléchir à l'expé-rience et pour appliquer les leçons apprises. De par lamanière dont WASH fonctionne—répondant à desdemandes d'assistance de la mission de l'AID—leprojet souvent n'a pas l'occasion de faire un bon suivide toutes les missions mais, quand il peut le faire, les

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ASSISTANCE TECHNIQUE

résultats en valent la peine. Par exemple, pour l'assis-tance au développement institutionnel apportée parWASH à Sri Lanka, WASH a pu suivre les progrèslors d'ateliers annuels. Chose gratifiante que de voirune institution extrêmement bureaucratique et ineffi-cace se transformer et devenir davantage uneentreprise commerciale bien gérée.

Un plus grand financement pour l'assistancetechnique de suivi serait hautement avantageux pourle secteur. Chaque projet en bénéficierait mais surtoutles programmes d'ensemble du secteur s'améliore-raient puisqu'on tiendrait compte des leçons appriseslors de la conception des nouvelles activités.

Leçon quatreCoordination et réseaux

L'assistance technique fournie par le biais d'unecollaboration entre les organisations multilatérales

et bilatérales et les projets de l'AID permet uneutilisation maximale des modiques ressources.

La coordination et l'établissement de réseaux ont plu-sieurs avantages significatifs pour les projetsd'assistance technique. Outre qu'ils permettent d'utili-ser plus efficacement les ressources et de multiplierleur effet, la coordination entre les programmes desorganisations multilatérales et bilatérales et les projetsfinancés par l'AID aide à éviter tout double emploi etpermet aux projets de jouer un rôle plus influent. Lacréation de réseaux, c'est-à-dire la création des rela-tions professionnelles mutuellement bénéfiques avecdes collègues d'autres organisations rend le projetplus visible, plus crédible et permet d'avoir accès àune expertise et à des informations que n'auraient paspu permettre les propres ressources du projet. Celapermet des efforts coordonnés et conjoints et sensibi-lise davantage à l'importance et à l'impact del'approvisionnement en eau et de l'assainissement.

De nos jours, la tendance semble en faveur d'unemeilleure coordination et collaboration et il existe unclimat favorable pour y arriver au niveau gestion etsur le terrain. Cette tendance tient en partie à ladiminution des ressources pour les projets de déve-loppement et à l'influence qu'on peut avoir sur les

De nos jours, la tendancesemble en faveur d'unemeilleure coordination etcollaboration et il existeun climat favorable poury arriver au niveaugestion et sur le terrain.

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LEÇONS RETENUES

politiques des pays en développement. Les organisa-tions et l'assistance technique devraient être prêtes età même de pouvoir profiter de ces possibilités etd'initier des efforts conjoints.

Mécanismes de collaboration. Un réseau de col-laboration créé en 1991 en Amérique centrale pouvaitbien être un modèle de collaboration efficace entrebailleurs de fonds et gouvernement. Le réseau régio-nal de l'eau et de l'assainissement pour l'Amériquecentrale comprend près de 20 membres représentantdes organisations gouvernementales et externesparticipant à l'approvisionnement en eau et à l'assai-nissement dans la région. Le Programme desNations-Unies pour le développement et le Pro-gramme d'eau et d'assainissement de la Banquemondiale coordonnent le réseau dont font partie laBanque interaméricaine de Développement, l'UNI-CEF, l'Organisation panaméricaine de la Santé,l'Organisation mondiale de la Santé et des orga-nismes d'assistance au développement de nombreuxpays. Le réseau régional de l'eau et de l'assainisse-ment a un petit secrétariat et dépend d'autresorganisations qui doivent mener à bien les tâches. Unmembre du personnel de WASH a fait partie du se-crétariat pour aider le réseau lors de l'étapedémarrage en s'occupant surtout des questions deressources institutionnelles et humaines.

Plutôt que de suivre le modèle traditionnel del'assistance technique, c'est-à-dire l'exécution de pro-jets individuels d'approvisionnement en eau etd'assainissement, le réseau régional vise à diriger l'at-tention des gouvernements sur les questions tropsouvent négligées au niveau sectoriel qui doivent êtrerésolues avant de pouvoir faire des progrès au niveaude la couverture de l'eau et de l'assainissement. Ils'agit notamment de l'organisation sectorielle, des ta-rifs d'eau, du développement institutionnel, despolitiques et de la planification. La force de ce réseauest sa capacité à pouvoir traiter ces questions au ni-veau sectoriel auxquelles ne sauraient s'attaquer desorganisations individuelles. En outre le réseau peutattirer l'attention des représentants officiels de hautniveau dont le soutien est indispensable.

Un autre effort régional parrainé par l'Organisa-tion panaméricaine de la Santé vise non seulement à

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ASSISTANCE TECHNIQUE

s'attaquer aux problèmes d'eau et d'assainissementmais à touts les problèmes de santé environnemen-tale. Le plan régional pour l'investissement dansl'environnement et la santé vise à des améliorationsimportantes de la santé environnementale en Améri-que latine et aux Caraïbes. Le plan qui a été lancé en1993 prévoit la création d'un fond multilatéral cher-chant à obtenir 216 milliards de dollars sur unepériode de 12 ans (70% de sources nationales et 30%de sources externes) en vue de combler l'énorme défi-cit dans l'infrastructure des services de santé, l'eau deboisson et l'assainissement de base. Aux termes duplan, chaque pays devra concevoir un plan nationalsur plusieurs années fournissant des directives pourtoutes les institutions publiques et privées interve-nant dans le domaine de la santé et del'environnement dans un pays ainsi que pour la mo-bilisation des ressources techniques et financièresmultilatérales et bilatérales. WASH, par le biais duBureau AID pour l'Amérique latine et les Caraïbes,collabore avec l'OPS à cet effort.

Un mécanisme de collaboration analogue bienplus étendu a été organisé à la fin de la Décennie in-ternationale pour l'approvisionnement en eau potableet l'assainissement (1981-90). Au fur et à mesure quela décennie approchait de sa clôture et que les butssur le plan eau potable et assainissement n'étaienttoujours pas atteints, des organismes externes ontcherché à ne pas perdre l'anthousiasme soulevé par ladécennie. En 1988, un conseil de collaboration d'orga-nismes externes a été créé et, en 1990, il ouvrait sesportes à des professionnels du secteur de l'eau venantdes pays en développement. Le conseil est un forumpour ces spécialistes, leur permettant de discuterdivers problèmes, encourageant la collaboration etl'utilisation efficace des ressources ainsi que l'adop-tion de politiques favorables. Il travaille par le biaisd'institutions et s'attache aux questions de naturesectorielle.

La collaboration à ce niveau permet de mettre entête de liste les questions de l'eau et de l'assainisse-ment. Elle peut également offrir un modèle sur lesavantages de la collaboration pour les pays en déve-loppement puisque les structures de ces paysrépartissent souvent entre plusieurs ministères lesresponsabilités de l'eau et de l'assainissement.

Il existe certainsproblèmes qu'il fautreconnaître et résoudredans la mesure dupossible. Peut-être que leproblème le plusimportant est que lacollaboration et lacoordination prennentbeaucoup de temps, plusen fait, que défaire leschoses soi-même.

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LEÇONS RETENUES

Les jalousiesinstitutionnelles ou laconcurrence légitime semet en travers duchemin.

Coordination pour la gestion. Outre les réseauxde collaboration décrits ci-dessus, WASH a participéà des activités conjointes avec un certain nombresd'organisations internationales et bilatérales dans ledomaine de l'exploitation et de l'entretien, de l'infor-mation, de la recherche appliquée, du recouvrementdes coûts et de la gestion financière, de la gestioncommunautaire, de la formation, de la participationcommunautaire, de l'urbanisation et du rôle desfemmes. Ces activités ont pris la forme de conférencesconjointes, de documents préparés et présentés en-semble et d'équipes conjointes d'assistance technique.Ces activités en général se sont bien déroulées mais ilexiste certains problèmes qu'il faut reconnaître et ré-soudre dans la mesure du possible.

Peut-être que le problème le plus important estque la collaboration et la coordination prennent beau-coup de temps, plus en fait, que de faire les chosessoi-même. Il faut de nombreuses réunions, de nom-breux coups de fil et de nombreux mémorandums.Une opération qui est déjà tendue et difficile peut de-venir encore plus complexe si on sent les pressionsexercées par d'autres institutions que l'organisme definancement. Il y a diverses priorités pour le temps etl'argent. Parfois les jalousies institutionnelles ou laconcurrence légitime se met en travers du chemin.Mais, même avec ces éventuels problèmes, les avan-tages sont énormes tant qu'on ne perd pas de vue lebut premier et la priorité des organisations et qu'onprévoit le temps et les ressources nécessaires aux finsde planification et de budgétisation.

WASH a adopté un certain nombre de pratiquespour que la collaboration se déroule sans heurt. Parexemple, WASH cherche par tous les moyens de per-suader les collaborateurs d'utiliser les techniques deplanification qui ont passé l'épreuve de temps àWASH: réunions de planification de l'équipe avecanimateur, consultation du client pour élaborer lestermes de référence et rapport final bien rédigé. Cer-taines organisations avec lesquelles WASH a travaillén'ont pas l'habitude de consacrer autant de temps à laplanification. En outre, WASH reconnaît que les para-digmes de résolution des problèmes changent selonles organisations et ne seront pas toujours compati-bles mais du moins elles devraient être explicites.

Les paradigmes derésolution des problèmeschangent selon lesorganisations et neseront pas toujourscompatibles mais dumoins ils devraient êtreexplicites.

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ASSISTANCE TECHNIQUE

La direction d'unesociété peut encouragerla coordination en créantune atmosphère et uneapproche stimulant lacoordination.

Coordination sur le terrain. De même qu'une co-ordination soutenant une politique institutionnelle nemène pas forcément à une collaboration, la coordina-tion au niveau direction ne mène pas forcément à lacoordination sur le terrain. Toutes les activités d'assis-tance technique sur le terrain ne nécessitent pas unecoordination mais un grand nombre en ont besoin. Iln'est pas rare de voir des équipes d'assistance techni-que du secteur de l'eau et de l'assainissement venantde diverses organisations se retrouver dans le mêmepays ou les organisations homologues dans d'autrespays qui se rencontrent accidentellement dans lemême hôtel. Et même si le siège de la société estconscient qu'il faut coordonner les efforts et informerles équipes respectives, cela dépend presque entière-ment de l'acceptation des chefs d'équipes et desmembres pour que cela survienne effectivement demanière utile.

La direction d'une société peut encourager la co-ordination en créant une atmosphère et une approchestimulant la coordination et en évaluant la réussite deses efforts en fonction des résultats atteints. Mais, enfin de compte, vu que les responsables seront physi-quement au loin et qu'ils ne connaissent pas unegrande partie des détails de ce qui se passe, ils n'ontque peu de pouvoir d'influencer les situations sur leterrain.

La meilleure manière d'encourager la coordina-tion dans les situations de terrain est de rechercherdes consultants qui, en tant que chefs d'équipe,croient dans la valeur de la coordination et de la col-laboration et qui peuvent fixer des normes pour yarriver dès le départ, au moment de l'étape planifica-tion de l'équipe. Cette opinion peut ensuite êtretransmise à d'autres en encourageant la mise en placede réseaux et la communication et en démontrant unecoordination au niveau supérieur.

La meilleure manièred'encourager lacoordination dans lessituations de terrain estde rechercher desconsultants qui, en tantque chefs d'équipe,croient dans la valeur dela coordination et de lacollaboration et quipeuvent fixer des normespour y arriver.

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LEÇONS RETENUES

Leçon cinqEchange d'information

Un service actif d'information peut étendrela portée ainsi que la visibilité et lacrédibilité de l'assistance technique

Le transfert le plus efficace des technologies, des com-pétences et de l'information se fait par le biais desactivités de l'assistance technique sur le terrain. Maisla nécessité de ce transfert dépasse de loin des res-sources disponibles pour y arriver. Une des manièrede combler cet écart est d'élaborer et de diffuser dumatériel écrit. Le service d'information de WASH per-met à un groupe bien plus important de personnesque celles recevant une assistance technique et directede profiter de l'expérience de terrain et des analysesde gestion de WASH. Dans une grande mesure, c'estune démarche efficace car elle fait partie intégrantedes opérations de WASH et jouit de la même prioritéque les activités de terrain.

L'élaboration et la distribution de matériel pro-venant du travail de WASH joue également un rôleimportant en vue de renforcer la visibilité et la crédi-bilité du projet. En d'autres mots, la diffusion dumatériel a un impact de marketing à un coût nette-ment moindre et avec un public bien plus vaste qued'autres techniques telles que la participation à desconférences ou des visites de reconnaissance. WASHaccorde une haute priorité à la réalisation et à la dis-tribution de publications qui englobent autant quepossible ces connaissances et méthodologies. WASHpublie des rapports techniques et des rapports de ter-rain dont nombreux sont traduits en français et enespagnol.

Les rapports techniques examinent les questions,synthétisent l'expérience et fixent des directives. Unegrande attention est accordée à l'examen, à la révisionet à la présentation des rapports techniques. Les rap-ports de terrain sont le résultat des activitésd'assistance technique. Dans ces documents, oncherche surtout à saisir et à diffuser rapidement lesrésultats plutôt qu'à produire un document parfait.WASH fait parvenir à tous ceux intéressés les deuxtypes de documents et les distribue régulièrement au

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ASSISTANCE TECHNIQUE

Un prestataire del'assistance techniquedevrait avoir une imageclaire de son public et dutype d'information dontcelui-ci a besoin.

public clé. A la fin de l'exercice 1992, WASH avait pu-blié 80 rapports techniques et 380 rapports de terrain.

Le principe directeur lorsqu'on décide du type depublication est de s'appuyer avant tout sur l'aspectfonction. La forme suivra la fonction. Un prestataire del'assistance technique devrait avoir une image claire deson public et du type d'information dont celui-ci a be-soin. Ce n'est qu'à ce moment là qu'il peut décider dutype de publication qui convient (ou de toute autreforme de communication).

Par exemple, WASH publie des fiches de faits etdes notes techniques. Ce sont des dépliants de deux àquatre pages qui synthétisent les contenus des rap-ports techniques et de terrain ou de publications pourles gens qui n'ont pas besoin de tous les détails derapports plus longs. Ces dépliants visent à apporterles informations dont ne disposent pas les publics quiveulent se familiariser avec les questions de l'appro-visionnement en eau et de l'assainissement. En outre,plusieurs publications encouragent une meilleureconnaissance des activités de WASH. Un "rapportd'activités" publié tous les douze ou dix-huit moisdécrit brièvement toutes les activités d'assistancetechnique de WASH et donne une liste de toutes lespublications de WASH. Trois ou quatre bulletins"mis à jour de WASH" publiés entre les rapportsd'activités permettent aux missions et aux bureaux del'AID et à d'autres parties intéressées de se tenir aucourant des activités actuelles.

Un service d'information actif cherche de nou-velles manières de communiquer les idées. Aussi,WASH a utilisé un certain nombre de programmes delogiciels pour des présentations spéciales. Par exem-ple, une présentation informatisée de diapositives apermis de stimuler les discussions et de compléter lesrapports publiés, les fiches techniques et les fiches defaits publiées sur le même thème.

Par le biais de son service d'information, WASHprofite du travail des autres. Les échanges d'informa-tion ont permis de réunir une collection de plus de7 000 documents sur l'eau, l'assainissement et la santé,une des plus complètes qui existe sur l'approvisionne-ment en eau et l'assainissement. Une fonctionimportante de cette collection est de faciliter l'accès dupersonnel et des consultants de WASH à toute unegamme de documents traitant de problèmes courants

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du point de vue technique, culturel et politiques. C'estextrêmement utile lorsqu'on prépare les équipes deconsultants, qu'on répond à des demandes d'assistancetechnique et qu'on tient le personnel et les consultantsau courant de ce qui se passe ailleurs sur le plan del'approvisionnement en eau et de l'assainissement.

Outre les fonctions de marketing, de diffusionde l'information et de collection de bibliothèque, leservice d'information de WASH fournit égallementune assistance technique, une mémoire institution-nelle, une documentation des leçons apprises et descollections et réseaux spécialisés.

Soutien à l'assistance technique. Au fur et à me-sure qu'on se rend davantage compte dans les paysen développement des bénéfices liés aux systèmes or-ganisés d'informations techniques, de nombreusesdemandes ont été reçues pour une assistance techni-que portant sur la planification, la conception etl'application de ces systèmes.

Par exemple, la mission AID au Zaïre a demandéà WASH de définir les besoins d'information duProjet AID d'approvisionnement en eau et d'assainis-sement dans les zones rurales et au sein desministères et organismes connexes du Gouvernementzaïrois. Une fois les besoins définis, WASH a aidé àconcevoir le système d'information et le programmede formation pour les organisations respectives. Enoutre, une activité d'assistance technique portant surla gestion de base de données a été réalisée en Thaï-lande conjointement avec un centre de ressourceshydrauliques, qui pourrait devenir une bibliothèque.

La collecte,l'organisation et lemaintien del'information sur lesexpériences et lesaccomplissements del'organisation luipermettent de s'inspirerdes réussites passées etd'éviter les erreurs déjàfaites.

Mémoire institutionnelle. La collecte, l'organisa-tion et le maintien de l'information sur lesexpériences et les accomplissements de l'organisationlui permettent de s'inspirer des réussites passées etd'éviter les erreurs déjà faites. Le service d'informa-tion de WASH représente la mémoire institutionnelleaussi bien de WASH que du personnel de l'AID inter-venant dans le domaine de l'approvisionnement eneau et de l'assainissement. Outre la collection desrapports techniques et d'activités de WASH, la biblio-thèque de WASH contient également une collectionimportante de rapports de terrain, de rapports à mi-parcours, de présentations de conférences et d'autres

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ASSISTANCE TECHNIQUE

matériels qui ne sont pas publiés officiellement. Cematériel est très précieux pour la formation et pourl'orientation des nouveaux membres du personnel deWASH ainsi que pour les équipes d'assistance techni-que.

Leçons apprises. Le processus permettant conti-nuellement de saisir les leçons apprises devait êtreune fonction de l'assistance technique. WASH aadopté un certain nombre de pratiques permettant defaire bénéficier la planification des fruits de l'expé-rience. Lorsque les équipes d'assistance techniqueterminent leurs missions, elles participent à une réu-nion de synthèse où elles décrivent la mission et sesrésultats aux personnes intéressées de WASH, de L'échange d'informationl'AID et d'autres organismes d'assistance au dévelop- permet de mettre enpement. Les leçons apprises représentent un volet place des réseaux deimportant de l'ordre du jour de ces réunions de syn- communication—thèse. c'est-à-dire des

Au début 1992, WASH a institué des séminaires arrangements interactifstrimestriels du personnel où l'on discute des leçons entre organisations ouapprises. Les thèmes dont il est question lors de ces particuliers aux fine deréunions sont développés davantage et diffusés par le partager l'information.biais du "Forum des leçons apprises", nouvelle publi-cation où les membres du personnel de WASHparlent de ce que WASH a appris en particulier surdes thèmes bien précis tels que la participation dusecteur privé et l'assainissement. Le "Forum des le-çons apprises" est distribué aux publics techniques etpolitiques clients.

Collections et réseaux spécialisés. L'échange d'in-formation permet de mettre en place des réseaux decommunication—c'est-à-dire des arrangements interac-tifs entre organisations ou particuliers aux fins departager l'information. Lorsque l'information réunie estorganisée autour d'un ou plusieurs thèmes spécialisés,des réseaux spécialisés ont également tendance à secréer. WASH a utilisé ces techniques pour ciblerl'échange d'information sur des thèmes très prioritaires,à l'intention d'organisations concernées. WASH estdevenu un point focal international d'information dansles domaines de la draconculose, de la récolte des eauxde pluie et des questions péri-urbaines.

Les réseaux associés à ces trois thèmes sont trèsvastes et comprennent des personnes et des organisa-

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LEÇONS RETENUES

tions intéressées dans le monde entier. De nature in-formelle et relativement peu chers, les réseaux sontparticulièrement importants pour fournir des infor-mations aux chercheurs et aux praticiens des pays endéveloppement. Un bulletin spécial est publié pourchaque réseau pour faciliter les échanges d'informa-tion entre membres. Par exemple, "la GOUTTED'EAU", bulletin du réseau des eaux de pluie est pu-blié et distribué deux fois par an à 820 membres duréseau dans 103 pays. Tous les bulletins du réseaucomprennent des articles et des lettres provenant desmembres du réseau. Le bulletin est le moyen de com-muniquer au sein du réseau.

La coopération d'autres organisations est un vo-let critique pour garder des réseaux efficaces. Parexemple, dans le cadre de la maladie du ver de Gui-née, WASH collabore avec les Centers for DiseaseControl pour la traduction et la distribution dubulletin.

L'existence de ces collections et réseaux spéciali-sés a eu plusieurs résultats positifs notamment unmeilleur échange d'information entre WASH et les in-tervenants de l'eau et de l'assainissement et unmeilleur contact entre le personnel et les praticiens dudéveloppement.

Au fil des ans, WASH a mis sous pied un projetefficace d'assistance technique et certaines de ses mé-thodes et pratiques ont été copiées et utilisées pard'autres organisations. Mais les procédures et prati-ques particulières sont moins importantes que lesactions sur lesquelles elles reposent: sensibilité de laréponse au client, prise de décision conjointe, ap-proche interdisciplinaire et volonté d'apprendre àpartir de l'expérience et de changer lorsque lesvieilles approches ne sont plus efficaces.

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Une femme bolivienne profite des fruits de sa participation l un programme communautaire d'assainissement en zone ruraleréalisé par CARE.

Chapitre 3: RESPONSABILITE PARTAGEE

Le thème "responsabilité partagée" n'est pas utilisé couramment dans la lit-térature du développement mais englobe un concept apprécié par la plupart despraticiens du développement. L'essence du concept est que les principaux inter-venants de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement ne devraient pasagir de manière indépendante ou compétitive mais devraient partager la respon-sabilité, assumant chacun une partie appropriée du fardeau. S'ils le font, leprocessus de développement a plus de chance de réussir et s'ils ne le font pas, letemps et l'argent seront gaspillés et on n'arrivera pas à répondre aux besoinsd'avoir ces équipements durables d'approvisionnement en eau et d'assainisse-ment. Le principe peut être résumé ainsi:un développement durable est

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LEÇONS RETENUES

davantage possible si chacune des principales enti-tés participantes reconnaît et assume son rôle et sapart de responsabilité.

Ceux qui ont la responsabilité de l'approvision-nement en eau et de l'assainissement sont lesgouvernements des pays hôtes—au niveau national età l'échelle locale ou municipale, les bailleurs defonds, les organisations non-gouvernementales(ONG), les communautés locales et les utilisateursainsi que le secteur privé. Chacun de ces groupes esttraité ci-après.

Leçon sixInstitutions nationales

C'est au gouvernement qu'incombe laresponsabilité principale de la gestion du secteur,

notamment la planification, la coordination desbailleurs de fonds, la réforme de politiques,

la réglementation ainsi que les aspectsinstitutionnels et financiers du développement

Les gouvernements du pays en développement doi-vent prendre l'initiative des activités dans leurspropres secteurs de l'eau et de l'assainissement. Au-trement, les bailleurs de fonds risquent de prendre desdécisions fondées sur leurs propres opinions et les ré-sultats ne sont pas toujours dans le meilleur intérêt dupays dans son ensemble. Ou alors, les bailleurs defonds peuvent décider d'intervenir ailleurs dans unautre pays qui se montre davantage capable de réali-ser des programmes durables. De même, lesgouvernements devraient vérifier que les conditionssont en place pour attirer les ressources du secteurprivé.

Dans presque tous les cas, seul le gouvernementnational a l'autorité et la crédibilité nécessaires pourassumer le rôle de gestionnaire du secteur. Les collec-tivités locales, les organisations du secteur privé et lesorganismes de soutien internes peuvent apporter uneassistance à divers niveaux mais ils ne peuvent pasêtre le point focal de la gestion sectorielle c'est-à-direla définition de normes, la coordination générale de laplanification, la participation des bailleurs de fonds,le financement et l'exécution. WASH a trouvé qu'il

II est d'importancecapitale d'avoir desolides institutions auniveau du gouvernementcentral pour gérerefficacementl'approvisionnement eneau et l'assainissement.

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RESPONSABILITE PARTAGEE

est d'importance capitale d'avoir de solides institu-tions au niveau du gouvernement central pour gérerefficacement l'approvisionnement en eau et l'assainis-sement.

Les indicateurs d'une gestion sectorielle efficacesont notamment la définition de buts, plans, politi-ques et institutions bien clairs au niveau national avecun personnel qualifié pour les exécuter; des directivesréglementaires et une approbation de programmespour vérifier que les activités sont solides du point devue environnemental et que tous les éléments néces-saires à la pérennité sont compris ainsi quel'approbation et le suivi des organisations donatricesnon-gouvemementales pour être sûr que les pro-grammes répondent aux besoins des pays.

Politiques. Pour être réussis, l'approvisionne-ment en eau et l'assainissement doivent se placerdans le contexte du soutien formulé explicitement etdes responsabilités dans les plus hautes sphères dugouvernement national. Cela devrait être donné sousforme d'un document contenant la politique officiellepublique sur l'approvisionnement en eau et l'assai-nissement. Ce document n'a pas besoin d'être élaboréou de contenir des plans détaillés d'exécution. Mais ildoit au moins indiquer qui est responsable de l'ex-ploitation et de l'entretien du système public etindiquer qui financera ces activités. Par exemple, leBénin a élaboré un tel document qui est clair et conciset qui fournit une direction à toutes les parties concer-nées notamment les bailleurs de fonds, lescommunautés, les ONG et le secteur privé.

Il n'est pas rare de voir s'écrouler des pro-grammes parce qu'ils n'ont pas été soutenus d'enhaut. Une des raisons expliquant la réussite de lacréation des associations d'intérêt collectif en Tunisie,du point de vue exploitation et gestion des systèmesd'approvisionnement en eau des zones rurales estque le Gouvernement soutenait à fond l'idée et enfait, l'avait traduite sous forme de politiquesnationales.

Les déclarations officielles des politiques indi-quent que le gouvernement cherche sérieusement àrépondre aux problèmes de l'eau et de l'assainisse-ment, rend visibles des activités de développement etindique la priorité dont jouit le secteur. Elles aident à

II n'est pas rare de voirs'écrouler desprogrammes parce qu'ilsn'ont pas été soutenusd'en haut.

Lorsque lesgouvernements pensentvraiment que cettequestion est importante,ils vont y consacrer unecertaine somme d'argentmême si leurs ressourcessont modiques.

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En se plaçant du pointde vue des bailleurs defonds, la planificationsectorielle inspireconfiance en montrantque les fonds sontutilisés de manièreappropriée etsoutiendront desprogrammes et desprojets durables.

créer et à façonner l'environnement dans lequel se dé-roule le développement mais ces déclarations à ellesseules ne convainquent pas les bailleurs de fonds etles autres éventuels intervenants du programmed'approvisionnement en eau et d'assainissement de larésolution du gouvernement. Les gouvernements doi-vent également apporter une partie des ressourcesnationales disponibles. Lorsque les gouvernementspensent vraiment que cette question est importante,ils vont y consacrer une certaine somme d'argentmême si leurs ressources sont modiques.

Planification. La planification sectorielle au ni-veau national est importante car elle établit lesdomaines prioritaires dans l'investissement et vérifieque les programmes d'eau et d'assainissement répon-dent à ce que le gouvernement juge être les besoinsles plus urgents du secteur. La planification permetégalement de cerner les domaines où le renforcementinstitutionnel est nécessaire pour augmenter les capa-cités de réalisation des programmes et pour vérifierque le financement est fourni pour répondre aux be-soins. Enfin, la planification aide les gouvernements àidentifier les activités et les projets pour lesquels onpeut chercher une assistance auprès d'autres sourcestelles que les organisations bénévoles privées et lesecteur privé. En se plaçant du point de vue de bail-leurs de fonds, la planification sectorielle inspireconfiance en montrant que les fonds sont utilisés demanière appropriée et soutiendront des programmeset des projets durables.

WASH a constaté que souvent les gouverne-ments n'ont pas les capacités nécessaires pourélaborer des plans réalistes. Aussi, dans un certainnombre de cas, WASH a aidé les gouvernements àplanifier les activités. Par exemple, lorsque le choléraest revenu sévir en Amérique en 1991, WASH a aidéun certain nombre de pays à évaluer leur vulnérabili-té à la maladie et à faire des plans pour enrayerl'épidémie. Dans le cadre d'une autre tâche, l'une desplus ambitieuses qu'ait entreprise WASH, WASH aaidé quatre pays de l'Europe de l'Est à élaborer desplans pour nettoyer le Danube en évaluant d'abordles sources de pollution du fleuve dans ces pays.

La planification est difficile car elle concernesouvent des institutions qu'il faut regrouper en dépit

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de leur tendance naturelle à vouloir garder leurs pré-rogatives. Au fur et à mesure qu'on considérera l'eauet l'assainissement comme un des aspects du pro-gramme général de santé environnementale, lenombre d'institutions augmentera, compliquant en-core davantage la planification. Ces dernières années,des outils ont été élaborés, par exemple, des évalua-tions environnementales et de risques pour la santépour aider les pays à fixer des priorités et à faire desplans.

Vu son expérience limitée en matière d'évalua-tion des risques, WASH a cherché à adapter lesméthodes d'évaluation des risques utilisées parl'Agence américaine de Protection de l'Environne-ment et les utilisées dans le contexte des pays endéveloppement avec des données qualitatives etquantitatives. WASH a collaboré avec PRITECH, unProjet de Santé publique financé centralement parL'AID, pour faire une évaluation des risques relatifspour la santé dans le cadre d'un certain nombre deconditions environnementales à Quito, en Equateur en1992. L'évaluation de risques est un outil permettantd'estimer dans quelle mesure un danger environne-mental fait courir un risque sur le plan santé. Ellefournit des informations aux décideurs pour fixer despriorités. Généralement, l'information recherchéepour une évaluation de risques est purement quanti-tative. Pour donner une face humaine à l'évaluationde Quito, WASH a réuni des données qualitatives etdes données provenant d'interviews approfondies etde discussions de groupe, ainsi que d'observationsstructurées du comportement des ménages pour défi-nir les risques tels qu'ils sont perçus et expérimentéspar les gens ordinaires. Les données qualitatives etquantitatives ont été comparées.

L'évaluation des risques peut être un outil im-portant de planification pour les gouvernementsmais, si l'on veut qu'elles soient efficaces, les organi-sations du secteur public doivent avoir la capacité deréunir les données quantitatives sur lesquelles se fon-dent les évaluations. En outre, les gouvernements ontbesoin d'institutions et de processus participatifspouvant être mobilisés pour prendre des décisions depolitiques publiques. Ce n'est qu'à ce moment là queles décisions obtiendront le soutien nécessaire etpourront se maintenir.

La planification estdifficile car elle concernesouvent des institutionsqu'il faut regrouper endépit de leur tendancenaturelle à vouloirgarder leurs prérogatives.

L'évaluation des risquespeut être un outilimportant deplanification pour lesgouvernements mais, sil'on veut qu'elles soientefficaces, lesorganisations du secteurpublic doivent avoir lacapacité de réunir lesdonnées quantitativessur lesquelles se fondentles évaluations.

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Réglementation. Les gouvernements nationauxdevraient continuer à identifier et à faire des réformesdes politiques et réglementations nécessaires pour undéveloppement plus efficace dans le domaine del'eau et de l'assainissement et bien que des progrèstrès importants aient été faits face à ces questions dif-ficiles, il existe encore dans certains pays desréglementations publiques qui entravent l'exploita-tion et l'entretien efficaces puisqu'on décourage laparticipation du secteur privé.

Par exemple, le Ministère des Finances en Tuni-sie ne voulait pas lâcher le contrôle étroit des fondsd'entretien réunis par des associations d'intérêt col-lectif en dépit des sentiments quasiment unanimes ausein des gouvemorats que le système ne marche pasbien. Les associations d'intérêts collectifs ont étécréées pour institutionnaliser un programme de ges-tion communautaire, à l'échelle nationale, des pointsd'eau en zones rurales. Changer le système et confieraux associations un plus grand pouvoir sur leurs res-sources financières est une décision fondamentale sil'on veut qu'elles soient plus autonomes. Certainsgouvernements, pour prendre un autre exemple, ontfixé des réglementations bien trop strictes régissant laqualité de l'eau ou la construction d'équipement, cequi entrave le développement d'autres systèmes et vuque ces réglementations sont bien souvent ignorées,elles encouragent implicitement un manque de res-pect vis à vis de la loi. D'autres gouvernementsencore demandent des droits tarifaires élevés pourdes produits dont le secteur privé a besoin pour parti-ciper au programme d'eau et d'assainissement.

Dans de nombreux pays, les réglementations pu-bliques concernant une institution financière peuventbloquer les marchés de capitaux locaux, les empê-chant de participer à l'investissement dans l'eau etdans l'assainissement puisqu'on interdit ou qu'on li-mite énormément leur capacité à prendre des prêts. Sices marchés locaux étaient disponibles, on arriveraitmieux à résoudre les problèmes de dettes externesqui sont aggravés de par la stipulation de rembourseren monnaie originale puisque cela entame un pour-centage toujours plus grand du produit intérieur brutlorsque les monnaies nationales sont dévaluées.

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Gestion. Une solide gestion dans le secteur gou-vernemental renforce les ressources institutionnelleset financières disponibles pour le secteur de l'eau etde l'assainissement. De nombreuses organisationsresponsables de la mise en oeuvre ont surtout uneorientation technologique et ne disposent pas descompétences multidisciplinaires nécessaires pour undéveloppement efficace. Ces compétences sont sou-vent disponibles dans d'autres ministères publics etpeuvent profiter à l'approvisionnement en eau et àl'assainissement grâce à une coordination interminis-térielle efficace.

De même, les programmes financés et gérés pardes bailleurs de fonds, des organisations bénévolesprivées et le secteur privé ont des capacités et une ex-périence qui en font des ressources précieuses pourl'effort de développement si le gouvernement s'a-dresse à eux. Le secteur privé est particulièrementutile pour l'exécution de projets—étude de faisabilité,plans d'ingénierie et système de construction sous ladirection du gouvernement—ainsi que pour la presta-tion des services d'exploitation et d'entretien. Si l'onveut utiliser efficacement les ressources externes, leplan sectoriel doit être bien formulé et appliqué etl'effort en général doit être bien coordonné.

Evaluer la performance. Dans la mesure où il lepeut, le gouvernement devrait identifier et corrigerrapidement les problèmes des programmes d'appro-visionnement en eau et d'assainissement car ils sontla cause des grandes faiblesses. Si les bailleurs defonds pensent que le programme national est faible,inefficace ou corrompu, le gouvernement perdra rapi-dement le contrôle du processus. La meilleuremanière de l'éviter consiste pour le gouvernement àévaluer constamment la performance du programmeprocédant aux ajustements nécessaires pour le renfor-cer et l'améliorer.

Des secteurs de l'eau et de l'assainissement quiont réussi se sont donnés des mécanismes de suivi etd'évaluation pour garder un oeil sur ce qui se passedans le secteur. Par exemple, au Swaziland, le groupede soutien technique responsable en premier lieu dela planification sectorielle dans le cadre du grouped'action nationale suit et évalue continuellement lesecteur recommandant les domaines où une attention

Les programmes financéset gérés par des bailleursde fonds, desorganisations bénévolesprivées et le secteur privéont des capacités et uneexpérience qui en fontdes ressources précieusespour l'effort dedéveloppement si legouvernement s'adresseà eux.

Des secteurs de l'eau etde l'assainissement quiont réussi se sont donnésdes mécanismes de suiviet d'évaluation pourgarder un oeil sur ce quise passe dans le secteur.

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complémentaire est nécessaire ou les ajustements àporter aux plans du programme.

Au fur et à mesurequ'un programmenationald'approvisionnement eneau et d'assainissementévolue, les arrangementsinstitutionnels devraientêtre périodiquementévalués par lesorganismesgouvernementauxconcernés pour voir si leschangements sont biennécessaires.

Revoir et reformuler les arrangements institu-tionnels. Au fur et à mesure qu'un programmenational d'approvisionnement en eau et d'assainisse-ment évolue, les arrangements institutionnelsdevraient être périodiquement évalués par les orga-nismes gouvernementaux concernés pour voir si leschangements sont bien nécessaires. Par exemple, denouveaux ministères ont pu être créés pour répondrede manière vigoureuse aux autres besoins nationauxet leurs efforts devraient être coordonnés avec lesactivités réalisées dans le domaine de l'approvision-nement en eau et de l'assainissement. De même, onpeut changer la forme d'un programme d'eau et d'as-sainissement si une autre structure de coordinationserait plus efficace. Par exemple, si le secteur privés'est renforcé ou si de nouvelles organisations béné-voles privées se sont créées, peut-être faudra-t-ilinstitutionnaliser les nouvelles relations. La responsa-bilité de l'approvisionnement en eau et del'assainissement devra peut être confiée à un minis-tère différent—par exemple, le ministère dudéveloppement de l'infrastructure, du développe-ment de la santé ou du développement rural—pourpermettre au secteur de continuer à se développerdans la bonne direction. Au départ, les affaires ru-rales et urbaines ont pu être prises en charge par lemême service mais à présent, il faut les séparer oualors il faut mettre en place un volet tout à fait nou-veau concernant l'éducation en matière d'hygiène.

Par exemple, en Equateur, suite à une ré-évalua-tion du secteur de l'approvisionnement en eau et del'assainissement, le service national de l'eau a décidéd'adopter une approche plus décentralisée pourmieux répondre aux besoins des communautésrurales. Au Sri Lanka, la responsabilité de l'approvi-sionnement en eau des zones rurales n'incombait plusau Ministère de l'Agriculture mais avait été confiée àl'entité urbaine de l'eau car on considérait que c'étaitmoins cher et plus efficace de combiner les servicesruraux et urbains. Dans certains pays, la responsabili-té de l'eau et de l'assainissement est confiée à desnouveaux ministères de l'environnement.

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Les responsabilités liées à l'exécution des di-verses activités du secteur varient considérablement,dans leur portée, selon le pays. Une étude faite parWASH auprès de cinq pays constatait que les respon-sabilités de gestion variaient selon qu'il s'agissaitd'organisations du gouvernement national, d'organi-sations régionales décentralisées, de communautés oudu secteur privé. Chaque arrangement avait été déve-loppé conformément aux besoins et aux soucislocaux.

Les possibilités sont indéfinies. L'important estde prendre périodiquement du recul pour voir dansquelle mesure le secteur progresse et comment cesprogrès influencent et sont à leur tour influencés parles arrangements institutionnels existants. Si on nefait pas cela, on perpétue la tendance consistant à nepas faire de changement et à continuer à faire leschoses de manière dépassée ou inefficace.

Leçon septLes bailleurs de fonds

Le rôle des bailleurs de fonds est de fournirau gouvernement un soutien coordonné pourconcevoir ou exécuter leurs plans nationaux.

Sous l'impulsion de la Décennie internationale del'approvisionnement en eau potable et de l'assainisse-ment, de nombreux pays ont élaboré des planssectoriels. Ces plans ont été élaborés par les consul-tants de l'extérieur et témoignent d'un déséquilibreentre activités proposées et ressources nationales, ca-pacité et engagement du gouvernement. Mais certainspays ont pris la planification sectorielle comme unequestion sérieuse, lui accordant une haute priorité etont mis sur pied des plans à long terme bien réfléchisqui méritent que les bailleurs de fonds les envisagentsérieusement en vue de leur accorder un financementà long terme. Citons à ce propos le Bénin. La force deson programme d'approvisionnement en eau et d'as-sainissement vient probablement de sa planificationefficace.

Cela ne veut pas dire que les bailleurs de fondsne devraient pas fournir des crédits et de l'assistancetechnique aux pays qui ont de tels plans pragmati-

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Trop souvent, Lesbailleurs de fondsapprouvent ou mêmeencouragent l'idée selonlaquelle lesgouvernementsnationaux prennent enmain le développementdu secteur de l'eau et del'assainissement etfinalement insistent aumoment de l'exécutionque tout ce qui se fait enutilisant l'argent dubailleur de fonds se fassede la manière dont euxl'entendent.

ques. Les pays qui n'ont pas de capacité institution-nelle pour entreprendre une bonne planification ontégalement besoin d'assistance technique. Leur popu-lation aura probablement besoin tout autant sinonplus d'investissements pour améliorer les équipe-ments que les populations des pays possédant lesmeilleures capacités de planification. Toutefois, lesbailleurs de fonds devraient soutenir tout particuliè-rement des pays qui traitent le secteur de l'eau et del'assainissement avec suffisamment de sérieux pourlui consacrer des ressources aux fins de gestion et dé-veloppement. Par ailleurs, ce renforcement n'estpositif que pour un pays qui sait prendre en main sespropres affaires et c'est un bon indicateur montrantque les investissements des bailleurs de fonds sontfaits dans le cadre de programmes et de systèmesdurables.

Trop souvent, Les bailleurs de fonds approuventou même encouragent l'idée selon laquelle lesgouvernements nationaux prennent en main le déve-loppement du secteur de l'eau et de l'assainissementet finalement insistent au moment de l'exécution quetout ce qui se fait en utilisant l'argent du bailleur defonds se fasse de la manière dont eux l'entendent.Trop souvent, le soutien des bailleurs de fonds n'estapporté que si toutes les règles de celui-ci sont suivieset si l'on utilise l'équipement et le matériel qu'il a spé-cifiés. Certains bailleurs de fonds insistent mêmepour qu'un département opérationnel séparé soit créépour se charger de tous les projets souscrits par lebailleur de fonds et veulent que ce département fonc-tionne indépendamment de tous les autres.

On a un exemple extrême de cette situation auHonduras où trois bailleurs de fonds ont insisté quedes services séparés soient créés au sein de SANAA(service public de l'approvisionnement en eau deszones rurales et urbaines) pour gérer leurs pro-grammes individuels. Ainsi on avait trois servicesd'une organisation couvrant chacun une zone géogra-phique différente, utilisant des critères différentspour les conditions d'acceptation des communautéset utilisant des technologies différentes. Guère sur-prenant dès lors d'avoir eu d'importants problèmesinternes notamment des jalousies entre des institu-tions, des politiques incompatibles et des plans descarrières bloqués.

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Les bailleurs de fonds devraient insister sur l'au-tonomie nationale et chercher d'abord à soutenir leplan national même s'il ne correspond pas exacte-ment à celui qu'ils auraient fait eux-mêmes. S'il y aclivage entre les objectifs du plan et les priorités duprogramme du bailleur de fonds, celui-ci devrait soitmodifier ses propres priorités soit montrer au gouver-nement national pourquoi ses priorités devraient êtreles mêmes que celui du bailleur de fonds, au vu desbesoins du pays.

Dans certaines situations, il n'est pas bon que lesbailleurs de fonds continuent à octroyer les res-sources d'un pays. Par exemple, si un pays n'est pasprêt à réaliser qu'il doit renforcer ses institutions quisont trop faibles, un bailleur de fonds peut être justifédans sa décision de retirer le soutien puisque l'argentpourra être utilisé plus efficacement ailleurs.

Les bailleurs de fonds doivent être prêts à êtresouples et compréhensifs et à faire des sacrifices dansle court terme dans l'intérêt d'un développement ins-titutionnel durable dans le long terme. Ce rôlesuppose plusieurs obligations spécifiques qui démon-trent le soutien des bailleurs de fonds face à la gestiondu processus de développement de la part du gou-vernement national dont il est question plus en détailci-après.

Si un pays n'est pas prêtà réaliser qu'il doitrenforcer ses institutionsqui sont trop faibles, unbailleur de fonds peutêtre justifé dans sadécision de retirer lesoutien puisque l'argentpourra être utilisé plusefficacement ailleurs.

Participation à la planification. Les bailleurs defonds devraient participer activement à l'élaborationde stratégies et de plans nationaux mais devraientaussi faire attention à ne pas dicter la forme que doitprendre le plan du gouvernement. Si l'on veut que lesprogrammes durent dans le temps, ils doivent refléterles priorités et les directions du gouvernement et nonpas celles des bailleurs de fonds. Le processus de pla-nification doit être collaboratif si l'on veut que lebailleur de fonds facilite les choses mais ne décidepas.

Toutefois, les bailleurs de fonds ne devraient pasprendre une attitude détachée quant à la planificationnationale prétendant que la collaboration est inappro-priée ou qu'elle demande un engagement financier. Sice dernier point est un problème, le bailleur de fondspeut l'expliquer simplement dès le début et dire quesa participation tout au long de la planification nedoit pas être interprétée comme indiquant un engage-

Si l'on veut que lesprogrammes durent dansle temps, ils doiventrefléter les priorités et lesdirections dugouvernement et non pascelles des bailleurs defonds. Le processus deplanification doit êtrecollaboratif si l'on veutque le bailleur de fondsfacilite les choses mais nedécide pas.

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ment financier. La plupart des bailleurs de fonds re-connaissent qu'ils ont la responsabilité d'aider lesgouvernements à renforcer leurs capacités institution-nelles par le biais de transferts d'information et decompétences même s'il n'y a pas investissementfinancier.

Engagements à long terme. Une des erreurs lesplus courantes et les plus graves que font les bailleursde fonds consiste à refuser de prendre des engage-ments financiers à long terme dans les pays poursoutenir les activités dans le domaine de l'eau et del'assainissement. Les bailleurs de fonds ne devraientpas se sentir obligés de signer un chèque en blancpour dix années en fonction de plans décennaux qui,à l'évidence ne sont pas réalistes. Par contre, on peuts'attendre à ce qu'il s'engage de manière informelleface à un niveau de financement pour une période deplusieurs années. Ce type d'engagement permet aupays d'élaborer ses plans sachant qu'il obtiendra del'argent suivant l'approbation du bailleur de fondspar rapport aux activités spécifiques pour lesquellesces fonds seront utilisés.

Certains bailleurs de fonds ont une tendance àchanger tellement rapidement de directions et depriorités qu'aucun gouvernement n'arrive à suivre.Dans une certaine mesure, c'est dû aux pressions po-litiques démocratiques dans les pays des bailleursfonds mais tous les bailleurs de fonds démocratiquesne sont pas les uns aussi coupables que les autres. Sil'on change les"thèmes" de développement tous lesdeux ou trois ans, il est impossible pour les pays endéveloppement d'utiliser à bon escient les ressourcesdes bailleurs de fonds ou leurs propres ressources.Les pays qui prennent au sérieux les directions queleur donnent les bailleurs de fonds quant à leur pro-pre développement et qui élaborent des plansréalistes peuvent voir leur travail bloqué par deschangements dans la direction. Des politiques de dé-veloppement rationnelles et l'utilisation efficace desressources demandent des thèmes et approchesconsistants et logiques. Autrement, on gaspillel'argent du contribuable.

Certains bailleurs defonds ont une tendance àchanger tellementrapidement de directionset de priorités qu'aucungouvernement n'arrive àsuivre.

Coordination des programmes. En cherchant uneévolution rapide, de nombreux gouvernements per-

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mettent à des programmes de démarrer alors qu'ilsne sont pas en mesure de les coordonner efficace-ment. Généralement, il n'est guère réaliste dedemander à un gouvernement national de coordon-ner les programmes de divers bailleurs de fonds. Laparticipation de bailleurs de fonds à la planificationnationale aide certes, mais en fin de compte, ce sontdes bailleurs eux-mêmes qui doivent prendre des me-sures positives pour coordonner leur travail. Dans denombreux pays en développement, des comitésformels ou informels de bailleurs de fonds se rencon- La collaboration et latrent régulièrement pour discuter de leurs activités et coordination entreprojets prévus et pour partager leurs évaluations sur bailleurs de fondsl'état d'avancement dans le secteur. Cela permet à bilatéraux ettous les bailleurs de fonds de mieux utiliser leurs internationaux peuventressources et de vérifier que les projets ne se chevau- augmenter l'importancechent pas ou ne vont pas dans le sens contraire. La et la visibilité descompétitivité entre bailleurs de fonds ou le refus de activités du secteur etpartager l'information et de coordonner les activités fournir des occasions deest source de gaspillage d'argent et d'échec de renforcer l'efficacité et deprogrammes. diminuer les coûts.

La collaboration et la coordination entre bail-leurs de fonds bilatéraux et internationaux peuventaugmenter l'importance et la visibilité des activitésdu secteur. Elles fournissent des occasions de renfor-cer l'efficacité et de diminuer les coûts (par exemple,en acceptant d'utiliser un matériel standard). Parallè-lement, une véritable collaboration présente denombreuses difficultés logistiques et l'investissementimportant du point de vue temps peut ralentir desprogrès et faire augmenter des coûts—du moins dansle court terme. De plus, la collaboration signifie unecertaine perte de contrôle et beaucoup d'organisa-tions n'aiment pas cela.

Souplesse au niveau de l'exécution. Souvent, lesprojets commencent en allant dans une direction puis,changent de cap lorsque de nouvelles possibilités seprésentent ou si l'on se heurte à des difficultés plusgrandes que prévues. Par exemple, les personnes diri-geant un projet de lutte contre la schistosomiasepeuvent trouver à mi-parcours qu'une partie des fondsdevrait être consacrée à la construction de points d'eaupotable dans les zones touchées. De même, un projetaxé uniquement sur l'approvisionnement en eau pour-rait découvrir un soutien considérable dans la

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communauté et une acceptation à payer une partiedes coûts de l'assainissement si les deux peuvent êtreinstallés simultanément. Ou alors, les responsablesd'exécution d'un programme conçu pour l'emploides pompes manuelles pourraient constater que lescommunautés sont prêtes à payer pour des technolo-gies plus pratiques mais qu'elles ne veulent riendonner pour le niveau des services.

Dans de tels cas, les bailleurs de fonds doiventêtre suffisamment souples pour répondre aux besoinset saisir les possibilités à mi-parcours sans se tenircantonnés dans l'approche originale ou en insistantpour telle ou telle technologie. Une telle souplessepeut valoir une utilisation plus efficace de ressourcesque celle envisagée au départ.

Les bailleurs de fondsdoivent êtresuffisamment souplespour répondre auxbesoins et saisir lespossibilités àmi-parcours sans se tenircantonnés dansl'approche originale ouen insistant pour telle outelle technologie.

Leçon huitLes organisations non-gouvernementales

Les ONG sont capables de fonctionner efficacementlà où les bailleurs de fonds peuvent trouver qu'il

est difficile de le faire—au niveau communautairelocal et dans des situations très politisées

Traditionnellement, les ONG ont joué un rôle très im-portant au niveau communautaire dans de nombreuxpays en développement. Des milliers d'ONG locales etnationales interviennent dans le monde entier bienque, dans un pays donné, il n'en existe que quelquesunes avec suffisamment d'expérience et avec un finan-cement régulier.

Outre les nombreuses ONG locales dans lemonde entier, il existe un certain nombre de grandesONG internationales dont le rôle au sein du dévelop-pement a pris beaucoup d'importance puisqu'elles seconcentrent sur les secours classiques en cas de catas-trophe et davantage sur un engagement à long termeface au développement. Par exemple, CARE réalisedes projets d'approvisionnement et d'assainissementdans divers pays notamment l'Indonésie, le Guatema-la et la Sierra Leone. World Vision a réalisé unprogramme de grande envergure dans le domaine del'eau et de l'assainissement pour cinq pays africains.Ce sont des grandes ONG internationales avec les-quelles WASH a travaillé qui sont discutées ici.

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Vu que les ONG interviennent dans les do-maines des soins de santé primaires, de l'eau et del'assainissement, elles ont tendance à ne pas être poli-tiques. Elles sont souvent plus acceptables que lesbailleurs de fonds tant pour les communautés localesque les gouvernements nationaux. Elles peuvent tra-vailler dans les pays quelles que soient les relationsgouvernementales officielles entre le gouvernementdu pays en développement et le gouvernement dupays d'où vient l'ONG. Par exemple, en Ethiopie, lesproblèmes politiques ont empêché l'AID de travaillerdirectement dans les camps de secours à la famine.Mais plus d'une douzaine d'ONG établies aux Etats-Unis ont pu mettre sur pied des systèmesd'approvisionnement en eau et d'assainissement dansce pays. En Afrique du Sud, une coalition d'ONG aété créée pour coordonner les secours d'urgence lorsde la sécheresse de 1992 vu que les relationscomplexes entre le gouvernement de l'Afrique et lesgouvernements de homelands entravaient lessecours.

Il est évident que les ONG ont un rôle positif àjouer au sein du développement. Souvent elles dispo-sent d'importantes sommes financières et d'autresressources, conjuguées à une capacité d'agir rapide-ment et avec souplesse pour répondre aux besoins dudéveloppement. Elles ont d'excellents liens avec lescommunautés et sont très crédibles et actives tant surle plan assistance technique que sur le plan construc-tion. Ces caractéristiques sont nécessaires et peuventêtre utilisées pour soutenir les programmes et les pro-jets de développement national. Aussi, les ONGsont-elles une ressource potentiellement significativepour l'approvisionnement en eau et l'assainissement.

Par ailleurs, de nombreuses ONG ont résisté àtoute directive de l'extérieur—même de la part desgouvernements des pays où elles travaillent. Par lepassé, de nombreuses ONG étaient des organismesde secours qui étaient fières de leur indépendance etdont les financiers demandaient des résultats rapideset visibles. Si ces caractéristiques ne sont pas problé-matiques pour les secours d'urgence, elles peuventpar contre entraver des programmes à long terme vi-sant à un développement durable.

Au fur et à mesure que les ONG se tournent da-vantage vers le développement à long terme, elles

Vu que les ONG onttendance à ne pas êtrepolitisées, elles sontsouvent plus acceptablesque les bailleurs de fondstant pour lescommunautés locales queles gouvernementsnationaux.

Les ONG ont d'excellentsliens avec lescommunautés et sonttrès crédibles et activestant sur le planassistance technique quesur le plan construction.

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sont de plus en plus prêtes à travailler de pair avecd'autres bailleurs de fonds dans le contexte d'ungouvernement national chargé de son propre déve-loppement. Cette acceptation est d'autant plus grandesi l'on traite les ONG comme des intervenants impor-tants au sein de l'équipe de développement et si onles fait participer au processus de planification et decoordination. Généralement, lorsqu'il existe de so-lides relations de travail entre les ONG et legouvernement, on arrive à mise en oeuvre efficace duprojet. Par exemple, en Sierra Leone, CARE avec lesoutien du Canada a réalisé pendant un certain nom-bre d'années un Projet d'approvisionnement en eaudans le district rural de Moyambo.

Vu que CARE travaillait en étroite relation avecle Ministère de l'Energie et de l'Electricité de la SierraLeone, le personnel technique des deux organisationsa pu être intégré de manière efficace au niveau de lamise en oeuvre du projet. Le ministère fournissait ladirection générale et certains membres du personnelainsi que les directives du point de vue politiques éta-blies alors que CARE a fourni les fonds du projet, lesapproches novatrices et la participation communau-taire, du personnel et un soutien logistique. Engénéral, CARE a forgé un solide partenariat du tra-vail avec le Gouvernement de la Sierra Leone qui apermis de diriger les efforts conjoints dans les pro-blèmes urgents de l'eau et de l'assainissement.

Dans les zones péri-urbaines ou informelles quin'ont peut être pas le statut légal et qui risquent doncd'être coupées de l'accès aux ressources et aux insti-tutions gouvernementales, les ONG peuvent être desmoyens utiles pour arriver jusqu'aux institutions for-melles. Par exemple, une ONG pourra organiser unecommunauté et puis essayer d'arriver à partir de cettebase aux institutions officielles. De plus, en travaillantavec les communautés, les ONG peuvent fonctionnercomme des entreprises commerciales fournissant desservices de construction de l'infrastructure à faiblecoût. Grâce à l'assistance des ONG et la main d'oeu-vre communautaire, les coûts et la paperasseriepeuvent généralement diminuer et le soutien du gou-vernement en devient plus important.

A l'instar de toutes les organisations les ONGont des points forts et des points faibles.

Dans les zonespéri-urbaines ouinformelles qui n'ontpeut-être pas le statutlégal et qui risquent doncd'être coupées de l'accèsaux ressources et auxinstitutionsgouvernementales, lesONG peuvent être desmoyens utiles pourarriver jusqu'auxinstitutions formelles.

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RESPONSABILITE PARTAGEE

Points forts. Les ONG ont un certain nombred'avantages par rapport aux organisations gouverne-mentales au niveau de la mise en oeuvre des projetsde l'approvisionnement en eau et d'assainissementtout particulièrement les petits projet utilisant destechnologies et approches novatrices. Les ONG onttendance à avoir des structures administratives plussimples que les organisations publiques et peuventmobiliser et adopter plus rapidement de nouvellesidées. Généralement, elles peuvent réaliser les projetsd'approvisionnement en eau et d'assainissement à uncoût unitaire plus faible car leurs frais généraux etcoûts administratifs sont eux aussi plus faibles.

Les ONG utilisent de manière très efficace le per-sonnel local lui confiant des responsabilités plusgrandes que ne le font les organisations internatio-nales du développement. Elles sont toutparticulièrement efficaces dans des pays où les infras-tructures publiques sont inexistantes ou faibles. Parexemple, au Zaïre et en Haïti, les ONG ont réalisé lamajorité des activités d'approvisionnement en eau etd'assainissement dans les zones rurales. Vu qu'ellesont une présence dans le long terme et par consé-quent, elles sont bien acceptées par les collectivitéslocales, les ONG sont excellentes pour introduire lesprojets pilotes en utilisant des idées, des technologieset des méthodes de développement novatrices.

Par exemple, au Cameroun, CARE a commencéà travailler avec l'AID en 1979 dans le cadre d'un Pro-gramme intégré d'approvisionnement en eau,d'éducation sanitaire, et de construction de lactrines.Dans un pays où peu d'organisations ont réussi àmettre en oeuvre des programmes demandant uneparticipation communautaire, CARE a su travailleravec le service public de développement communau-taire pour mettre au point des projets intégrés dansplus 100 villages. La philosophie de l'entraide mu-tuelle encouragée par CARE a aidé les villages àdévelopper un sentiment d'appartenance et d'intérêtface à l'exploitation continue de leurs équipements.

Points faibles. Tous les projets réalisés par lesONG ne sont pas forcément réussis, suite surtout auxfaiblesses inhérentes mais rectifiables au sein de cer-taines organisations. Parfois, les ONG manquentd'expertise technique pour réaliser des programmes

Les ONG utilisent demanière très efficace lepersonnel local luiconfiant desresponsabilités plusgrandes que ne le font lesorganisationsinternationales dudéveloppement.

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plus complexes d'approvisionnement en eau et d'as-sainissement. Vu que les salaires des ONG sontgénéralement assez faibles, elles connaissent souventune pénurie d'ingénieurs et d'hydrogéologues dansleur personnel. Cette pénurie peut se répercuter demanière négative sur l'exécution des projets exigeantdes niveaux élevés d'expertise technique. Vu leursressources humaines et administratives limitées, lesONG souvent n'arrivent pas à suivre de près leursopérations de terrain et, par conséquent, ne peuventpas faire des évaluations détaillées de projets ache-vés. Elles risquent également de ne pas pouvoirmobiliser suffisamment de ressources en cas de pro-blèmes. En revanche, certains projets des ONG nesont pas reproduisibles suite au coût caché d'une ges-tion intensive et d'une grande attention technique dela part du personnel des ONG s'attachant à des ef-forts plutôt petits. Souvent, on oublie de tenir comptede ce coût en jugeant la rentabilité des ONG alors quela réussite du projet pourrait très bien dépendre decette attention. Ces problèmes sont aggravés en rai-son du fait que de nombreuses ONG préfèrentréaliser leurs projets toutes seules plutôt que de colla-borer avec d'autres ONG ou institutions quipourraient fournir certaines ressources.

Il est étonnant de noter que les ONG intervenantdans le domaine de l'eau et de l'assainissement igno-rent parfois le besoin de renforcer les institutions etd'encourager la participation communautaire alorsque l'un de leurs points forts est de forger d'excel-lentes relations avec les communautés. Cela pourraitêtre un résultat de la mentalité "faire pour les autres"acquise lors des opérations de secours plutôt que del'approche "faire avec" que demande un développe-ment durable.

WASH a évalué le travail fait dans quatre paysavec deux des plus grandes ONG internationales in-tervenant dans le domaine de l'approvisionnementen eau et de l'assainissement et a trouvé des pro-blèmes importants au niveau de la participationcommunautaire. Par exemple, au Ghana et au Séné-gal, WASH a constaté que les communautés n'étaientpas suffisamment préparées avant l'arrivage des fo-reuses bien qu'un bon travail de développementcommunautaire, de la part de la même ONG avait étéréalisé dans les villages qui ne faisaient pas partie du

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projet d'eau. De même, au Sierra Leone et à Belize,WASH a constaté que les projets d'une autre ONGétaient dominés par la technologie et que les commu-nautés rurales n'avaient que peu de choses à direquant à l'évolution du projet. Dans le cadre de sontravail avec les ONG, le WASH cherche surtout à ren-forcer leurs capacités dans le domaine de laparticipation communautaire.

Leçon neufParticipation communautaire

La participation des utilisateurs au systèmed'approvisionnement en eau et d'assainissement,

qu'il s'agisse de communautés rurales ouurbaines et péri-urbaines est d'importance

critique pour la pérennité.

Si l'on veut qu'un système d'approvisionnement eneau et d'approvisionnement se maintiennent dans letemps, les utilisateurs doivent accepter leurs responsa-bilités ou proposer leur participation. Les types deresponsabilités et la nature de la participation dépen-dent du type d'utilisateur.

Dans les zones urbaines bien établies, où leséquipements ne sont pas sur le site (eau courante ettout-à-1'égout) la participation se limitera peut-êtreaux paiements de redevances pour les services et àl'utilisation du système de sorte à ne pas l'endomma-ger. Cela peut sembler évident. Mais, dans denombreux pays, le principe de payer en contrepartiede services n'est pas encore très établi. Peut-être n'y at-il pas de compteur, les redevances ne sont peut-êtrepas recouvrées régulièrement ou sont fixées à un ni-veau artificiellement faible ou encore il est courantdans certains pays d'avoir recours à des branche-ments illégaux. Cet état de chose signifie perte derecettes pour le secteur et permet difficilement auxservices d'eau de maintenir et d'étendre les presta-tions. De nombreux gouvernements pourraienttrouver les recettes nécessaires en évaluant et en amé-liorant leurs pratiques de structures tarifaires et decollecte des redevances.

Dans les communautés rurales et péri-urbaines,les utilisateurs doivent normalement accepter un type

Dans les zones urbainesbien établies, où leséquipements ne sont passur le site (eau couranteet tout-à-l'égout) laparticipation se limiterapeut-être aux paiementsde redevances pour lesservices et à l'utilisationdu système de sorte à nepas l'endommager.

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Dans les communautésrurales et péri-urbaines,les utilisateurs doiventnormalement participerà la planification, à laconstruction et àl'exploitation desnouveaux équipementsou de ceux améliorés.

Si l'on a appris beaucoupde choses sur la manièred'encourager ce niveaude participation dans leszones rurales, oncommence par contrejuste à comprendre cetteévolution dans les zonespéri-urbaines.

de participation plus active. Ils devraient participeren tant que membres communautaires à la planifica-tion, à la construction et à l'exploitation des nouveauxéquipements ou de ceux améliorés. Dans la plupartde ces communautés, les installations sont sur place,ce qui se prête aux efforts communautaires oufamiliaux.

Dans l'idéal, le rôle de la communauté, que cesoit dans les zones rurales ou péri-urbaines, consiste àparticiper activement à toutes les étapes de la déci-sion et de la mise sur pied du projet. Si l'on a apprisbeaucoup de choses sur la manière d'encourager ceniveau de participation dans les zones rurales, oncommence par contre juste à comprendre cette évolu-tion dans les zones péri-urbaines où il existe unbesoin croissant et urgent pour les services d'eau etd'assainissement.

Les premières activités dans le domaine de l'eauet de l'assainissement ont surtout été réalisées dansles zones rurales où il existe peu de services et où toutaccroissement représentait un énorme progrès. Maisaujourd'hui, une proportion de plus en plus grandedes pauvres vivent dans les zones urbaines margi-nales n'ayant pas toujours un statut légal, dans desabris précaires, avec peu ou aucune infrastructure etrares sont les services d'eau et d'assainissement. Ceszones urbaines en croissance rapide ont un besoin ur-gent d'eau et tout particulièrement d'assainissement.La réponse à ces besoins force des changementsimportants dans les priorités stratégiques de dévelop-pement. La participation communautaire est toutaussi importante dans ces zones que dans les régionsrurales. Mais on se rend de plus en plus compte qu'ilest bien plus difficile d'arriver à cette participationdans les zones urbaines que rurales en partie à causedu lien culturel bien faible dans les communautés pé-ri-urbaines. Ce sont les communautés où les systèmessont construits qui sont les bénéficiaires finales del'approvisionnement en eau et de l'assainissement.Pendant de nombreuses années, les bailleurs de fondsont regardé les communautés comme étant des béné-ficiaires passifs auxquels on donnait le nouveausystème. Ensuite, on demandait aux communautésd'exploiter et de maintenir leurs nouveaux systèmesdu mieux qu'elles le pouvaient. Avec le recul il n'estguère surprenant que cette approche ait value de

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nouveaux systèmes abandonnés et des ressourcesgaspillées.

L'expérience montre que les projets d'eau etd'assainissement ont de bien meilleures chances deréussir lorsque les communautés participent à la prisede décisions concernant le projet. Dans les zones ru-rale, cela signifie, planifier, concevoir, construire,exploiter et entretenir les équipements. La participa-tion communautaire ne signifie pas simplement tenirles habitants informés, chercher à ce qu'ils ratifient lesdécisions déjà prises ailleurs ou les laisser construirecertaines parties du système. Une véritable participa-tion signifie prise de décisions et gestion pratique.Tout le reste ne pourra pas se maintenir dans letemps. En outre, la capacité à participer efficacementse forge lentement au sein d'une communauté. Onn'y arrive pas en une journée.

Arriver à ce niveau de participation communau-taire demande un travail important—encore plusdans les zones péri-urbaines que dans celles rurales etentraînent des coûts très importants. Mais lorsqu'onpeut trouver de bons moyens pour garantir la partici-pation communautaire, tout particulièrement laparticipation des femmes, les bénéfices sont grands etpersistent une fois le projet terminé.

Pleine participation communautaire. L'expé-rience dans le domaine de l'eau et de l'assainissementen zones rurales a montré que tous les membres de lacommunauté pas simplement les élites et les diri-geants officiels doivent participer activement auxprocessus de développement si l'on veut que les pro-jets réussissent. WASH a constaté que les membresaisés d'une communauté et ceux habitués à des rôlesde dirigeants participeront de bon coeur si on leur of-fre l'occasion alors que les minorités ethniquespauvres et ceux qui n'ont pas l'habitude de se trouverau premier rang (par exemple les femmes) ont sou-vent besoin d'être encouragées peut-être même derecevoir des formations spéciales en matière de parti-cipation. En général, il vaut mieux partir d'unestructure de gestion communautaire qui existe quellequ'elle soit plutôt que de chercher à encrer unenouvelle.

Le leadership communautaire informel doit êtredétecté tout au début de processus du développement

La capacité à participerefficacement se forgelentement au sein d'unecommunauté. On n'yarrive pas en une journée.

Les membres aisés d'unecommunauté et ceuxhabitués à des rôles dedirigeants participerontde bon coeur si on leuroffre l'occasion alors queles minorités ethniquespauvres et ceux quin'ont pas l'habitude de setrouver au premier rang(par exemple les femmes)ont souvent besoind'encouragement et deformation.

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car il pourrait être très différent du leadership officielet pourrait s'avérer très valable pour organiser toutela communauté. Des étapes spéciales devraient êtreprises pour faire participer les membres très pauvresou autres personnes non-influentes de la communau-té qui ont peut-être été ignorées par les agents devulgarisation car trop difficiles à atteindre. Maismême ces groupes ont leurs propres dirigeants infor-mels qui être identifiés et amenés vers le processus.

On considère qu'il est bien plus difficile de faireparticiper des réseaux des communautés péri-ur-baines que celles des zones rurales où les sociétéssont plus homogènes. Dans les zones péri-urbainesmême les gens qui vivent proches les uns des autresviennent de milieux très différents et n'ont pas unehistoire commune ou un confiance mutuelle. Néan-moins, des organisations informelles en fonction duvillage ou de l'ethnie, de la religion, du voisinage secréent souvent, bien que le niveau et l'intensité de laparticipation soient généralement moins prononcésque dans les zones rurales, vu que la majorité desgens—aussi bien les hommes que les femmes—tra-vaillent à l'extérieur de la communauté et n'ont quepeu de temps a concentrer aux activités mobilisatricesde revenus.

Le rôle des femmes. Dans de nombreuses zonesrurales, les femmes sont les principales utilisatricesdes équipements d'eau et d'assainissement et souventelles fournissent aussi la plus grande partie de lamain-d'oeuvre pour la construction. Mais trop sou-vent, elles ne participent pas suffisamment à la miseen place du projet et sont vues comme les bénéfi-ciaires passives de l'infrastructure plutôt que commedes participantes actives à la planification du projet età l'utilisation des équipements.

WASH a constaté que la participation bien for-mulée des femmes à la planification et à l'exécutiondes projets est capitale tant pour la pérennité de celui-ci que pour réaliser les avantages à long terme pour lasanté. En Tunisie, où des associations d'intérêts col-lectifs ont été créées, WASH a envoyé un consultantpour interviewer les femmes et voir si elles désiraientparticiper aux associations. Toutes les femmes étaientd'accord pour dire qu'elles désiraient participer à descommunautés d'éducation en matière d'hygiène mais

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non pas aux associations en elles-mêmes. Ce type departicipation convenait davantage du point de vueculturel. Au Rwanda, une évaluation de WASH aconstaté qu'un projet d'approvisionnement en eau deCARE avait mis au point et utilisé les stratégies pourfaire participer les femmes à la gestion communau-taire. Grâce à un processus électoral, on s'est assuréqu'une femme au moins faisait partie de chaque co-mité d'associations des utilisateurs ainsi qu'à desniveaux plus élevés des services d'eau. Par la suite,les femmes ont participé à la gestion des systèmesd'eau à un niveau sans précédent.

Les systèmes sont plus durables lorsqu'on confieaux femmes des responsabilités continues et impor-tantes pour leur entretien. Dans de nombreuses zonesrurales, les hommes partent vers les villes à la re-cherche d'un emploi rémunéré alors que les femmessont plus susceptibles de vivre pendant toute l'annéedans la communauté, ce qui en fait des gardiens etdes techniciens de réparations plus fiables. Au Mala-wi, le Gouvernement a formé des femmes pourqu'elles s'occupent des pompes du village et l'on en-visage de les inclure aux équipes de réparations desconduites.

Dans les zones péri-urbaines où le but de la par-ticipation consiste davantage peut-être à changer lecomportement (la manière dont les gens acquièrent etconservent l'eau de boisson, la manière dont ils éva-cuent les déchets humains et solides et, etc) qu'àconstruire des équipements, la participation desfemmes est tout aussi importante. Parce qu'elles s'oc-cupent des enfants et qu'elles cherchent activement àaméliorer la communauté, les femmes désirent géné-ralement participer lorsqu'elles comprennent lesavantages sanitaires escomptés. Mais parce qu'ellesdoivent être le gagne pain de la famille, souvent dansle cadre de foyers qu'elles dirigent toutes seules, ilrisque d'être impossible pour elles de le faire.

Coût de la participation communautaire. La par-ticipation communautaire comprend des coûts aussibien pour la communauté que pour l'organismed'exécution. Un certain nombre de raisons font queces coûts sont plus élevés dans les zones péri-ur-baines que dans les communautés rurales. Dans leszones rurales, la plupart des coûts communautaires

Dans de nombreuseszones rurales, leshommes partent vers lesvilles à la recherche d'unemploi rémunéré alorsque les femmes sont plussusceptibles de vivrependant toute l'annéedans la communauté, cequi en fait des gardienset des techniciens deréparations plus fiables.

La participationcommunautairecomprend des coûtsaussi bien pour lacommunauté que pourl'organisme d'exécution.Un certain nombre deraisons font que cescoûts sont plus élevésdans les zonespéri-urbaines que dansles communautés rurales.

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sont en forme de "nature" (main-d'oeuvre, maté-riaux, temps de participation) et ne comprennent pasun apport pécunier. Par contre, les zones péri-ur-baines fonctionnent presque uniquement sur la based'une économie financière. Généralement, tous lesmembres du ménage y compris les plus jeunes cher-chent à gagner un peu d'argent dont a grand besoinla famille. Dans de telles circonstances, il n'est paspossible pour les membres communautaires d'aider àconstruire une latrine par exemple alors qu'ils peu-vent engager un manoeuvre et le payer moins que cequ'ils gagnent dans leur travail régulier. Cette "parti-cipation rémunérée" peut-être économique pour lesmembres communautaires mais elle change bien aus-si bien la nature que l'efficacité du concept departicipation communautaire.

La participation communautaire revient égale-ment chère pour les organismes d'exécution quidoivent subvenir aux salaires et aux dépenses du per-sonnel qui participent à l'organisation, à la formationet à la supervision communautaire et qui apporte unsoutien technique. Suivant le type de communautéconcerné, les besoins de formation peuvent porter surla participation, l'alphabétisation, la gestion, la comp-tabilité et d'autres compétences administratives ainsique sur l'exploitation et la gestion.

La plupart des projets d'eau et d'assainissementsous-estiment les coûts de la participation commu-nautaire. Mais il est difficile d'obtenir des donnéessur les coûts directs et indirects. La consultation mon-diale en novembre 1987 sur la Décennie de l'eautenue à Interlaken en Suisse, concluait, sur la base"des maigres données" que les activités au titre de laparticipation communautaire pouvaient ajouter "de3% à 17% aux coûts de projets" et que "les gains esti-més grâce à une plus grande fiabilité sont plus élevéstout particulièrement si l'on tient compte d'avantagesplus répandus."

Les évaluations de WASH soutiennent l'idée se-lon laquelle la participation financière devrait êtrefinancée à un niveau légèrement plus élevé que leschiffres susmentionnés si on veut arriver à une plusgrande pérennité des installations. La quantité d'ar-gent dépensé pour encourager la participationcommunautaire et la réussite du projet sont corréléesen termes de pérennité. Par exemple, un projet rural

La plupart des projetsd'eau et d'assainissementsous-estiment les coûtsde la participationcommunautaire.

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très réussi au Togo avait dépensé environ 25% de sesressources pour la participation communautaire no-tamment l'éducation et la formation sanitaire. On nerecommande pas de pourcentages déterminés mais ilest clair que les dépenses pour la participation com-munautaire devraient être nettement supérieures aux1 à 5 pour cent cités fréquemment.

Les avantages de la participation communau-taire. Dans les zones tant rurales qu'urbaines, le faitde faire participer la communauté à la mise en placede projets d'approvisionnement en eau et d'assainis-sement augmente les chances de voir les utilisateursaccepter leurs responsabilités et de voir le projet semaintenir dans le long terme. En outre, la participa-tion communautaire a des avantages éventuels quidépassent les projets eux-mêmes. Les compétences etles capacités permettent à la communauté d'avoir lesmoyens d'entreprendre d'autres projets et de s'atta-quer à d'autres problèmes qui touchent à sonbien-être.

L'expérience de terrain suggère fortement que laparticipation communautaire active aux projets d'ap-provisionnement en eau et d'assainissement a unimpact positif sur d'autres activités réalisées dans lacommunauté, tout particulièrement dans le domainedes soins de santé primaires. Par exemple, les en-quêtes de terrain faites au Malawi ont montré que laréponse communautaire aux projets de vaccinations,s'ils sont faits de manière participative, étaient 50%supérieurs que dans les projets non-participatifs. Desavantages en spirales ont également été observés, parexemple, au Swaziland où les membres de comitésd'eau ont été par la suite construire une école ayantvu combien ils avaient réussi à améliorer les servicesd'eau et d'assainissement pour la communauté.

Les meilleures preuves à ce jour de l'effet positifde la participation communautaire à des projets d'ap-provisionnement en eau ont été remarquées par uneétude de WASH faite dans 60 villages au Togo et enIndonésie. Utilisant les taux de vaccinations com-plètes du DTCoq (diphtérie, coqueluche, tétanus)comme indicateur, l'étude a comparé les taux de vac-cinations dans les communautés avec les projetsd'approvisionnement en eau à caractère participatif,

L'expérience de terrainsuggère fortement que laparticipationcommunautaire activeaux projetsd'approvisionnement eneau et d'assainissement aun impact positif surd'autres activitésréalisées dans lacommunauté, toutparticulièrement dans ledomaine des soins desanté primaires.

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les communautés avec les projets d'eau non-partici-patifs et les communautés sans projet d'eau du tout.

Aussi bien en Indonésie qu'au Togo, les taux desséries complètes du DTCoq dans les communautésavec des projets d'approvisionnement en eau à carac-tère participatif étaient toujours plus élevés (55% à60%) que dans les communautés où les projets non-participatifs avaient été réalisés (où l'équipementavait été construit par des organismes externes). Deplus, des données complémentaires pour l'Indonésieont montré que les séries achevées de DTCoq dans lescommunautés avec des projets d'approvisionnementen eau non-participatifs étaient analogues aux tauxdes villages témoins qui n'avaient pas eu de projetsdu tout. Cela veut dire que la participation à un pro-jet d'approvisionnement en eau, et non passimplement l'existence d'un projet, détermine l'effetsur les autres activités des soins de santé.

La participation communautaire à la gestion del'environnement. On ne saurait trop souligner l'im-portance de la participation communautaire ou dupublic dans le domaine de la protection de l'environ-nement et de la lutte contre la pollution. Souvent, lesmembres communautaires sont conscients de pro-blèmes environnementaux dont ne savent rien desdirigeants politiques et des représentants officiels. Enoutre, de nombreux problèmes environnementauxpeuvent être résolus rien que par le biais de la partici-pation active du public. WASH cherche à enapprendre davantage sur la manière de stimuler laparticipation communautaire à la lutte contre la pol-lution et a mis au point un modèle pour encourager laparticipation du public à la gestion de l'environne-ment urbain.

La participation communautaire devrait êtreadoptée comme stratégie centrale de la gestion envi-ronnementale car on s'est rendu compte à maintesreprises que les approches participatives étaient effi-caces et éthiques. Elles sont efficaces carl'amélioration de l'environnement urbain demandedes changements profonds dans le comportementinstitutionnel et individuel et que les changementscomportementaux sont plus susceptibles de se fairelorsque les personnes dont les comportements doi-vent être changés participent à toutes les étapes de la

La participationcommunautaire devraitêtre adoptée commestratégie centrale de lagestionenvironnementale car ons'est rendu compte àmaintes reprises que lesapproches participativesétaient efficaces etéthiques.

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planification et de la réalisation du changement. Ellessont efficaces car les membres communautaires pos-sèdent des informations importantes sur lesproblèmes qui les touchent et créent une demande envue de changement. Elles sont éthiques car tout lemonde a le droit de participer à des décisions pou-vant affecter fondamentalement leur vie.

La participation communautaire à la gestionenvironnementale confie aux membres de la commu-nauté un rôle central dans les trois étapes duprocessus de gestion: évaluation, planification et exé-cution. Les membres communautaires ou leursreprésentants identifient les problèmes de santé envi-ronnementale—eau non salubre, conduites d'eaudétériorées, pas de ramassage des ordures, vendeursdans la rue non-réglementée, etc—et participent àleur étude. Les membres communautaire identifientles institutions pouvant créer des problèmes environ-nementaux et créent des organisations en vue des'attaquer à ces problèmes. Enfin, les membres com-munautaires créent des filières avec les organisationspour qu'elles puissent participer ou même aider àcréer des lois et des réglementations pour la santéenvironnementale.

Le modèle WASH pour la promotion de laparticipation communautaire à la gestion environne-mentale comprend deux processus qui se déroulentparallèlement: (1) le processus technique d'évaluationdes problèmes de la santé environnementale et lamise au point d'interventions en vue de pallier à ceseffets et (2) un effort systématique pour fournir auxmembres communautaires les compétences dont ilsont besoin pour participer pleinement.

L'évaluation des risques est intrinsèque au pre-mier de ces processus. Cet outil a été critiqué car oncraint qu'il ne confie le pouvoir de faire des juge-ments de valeur subjectifs et des décisions depolitiques publiques à des experts scientifiques dontla perception de risques peut être différente de celledes membres communautaires. De fait, l'évaluationde risques n'est pas une science exacte et il convientde tenir compte avec respect des opinions des gensexposés aux risques, reconnaissant que les opinionspeuvent se fonder sur des critères qui diffèrent deceux des experts.

Le modèle WASH pourla promotion de laparticipationcommunautaire à lagestionenvironnementalecomprend deuxprocessus qui sedéroulent parallèlement:(1) le processustechnique d'évaluationdes problèmes de la santéenvironnementale et(2) un effortsystématique pourfournir aux membrescommunautaires lescompétences dont ils ontbesoin pour participerpleinement.

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LEÇONS RETENUES

Pour répondre à ces critiques, le modèle WASHen vue d'encourager la participation communautaireà la gestion environnementale fait participer directe-ment les communautés à l'évaluation des risques etutilise les résultats pour étoffer le processus démocra-tique visant à fixer les priorités et à prendre desmesures. Tel que nous l'avons déjà mentionné, uneforme limitée de participation publique a été intégréeà l'évaluation de risques co-parrainée par WASH àQuito, en Equateur.

Leçon dixLe secteur privé

Le rôle du secteur privé au niveau del'approvisionnement en eau

et de l'assainissement peut être élargi si lesgouvernements peuvent créer un contexte

institutionnel, financier et juridiquefavorisant la participation du

secteur privé.

Dans de nombreux pays en développement, le secteurpublic n'arrive pas à répondre à la demande crois-sante de services d'eau et d'assainissement. Lacroissance continue des populations urbaines toutparticulièrement crée une demande toujours plusgrande pour les services d'eau potable et il existe unbesoin encore plus urgent pour les services d'assainis-sement. Par exemple, le nombre d'habitants des zonesurbaines en Indonésie croît deux fois plus vite que letaux national. Actuellement, plus de 75% des habi-tants de l'Amérique latine vivent dans les zonesurbaines. Dans 25 ans, même en Afrique, région quiest encore à prédominance rurale, plus de 50% de lapopulation vivra dans des villes selon les estimationsactuelles. Les fonds du secteur privé peuvent aider àrépondre à ces besoins accrus en permettant une meil-leure efficacité et en créant un nouveau financementpour les investissements.

Bien que certaines définitions du terme "secteurprivé" englobent des entités qui ne sont ni publiquesni gouvernementales (par exemple, les organisationsnon-gouvernementales, les groupes communautaireset les coopératives) nous nous limitons ici au secteur

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public qui concerne tout particulièrement les intérêtscommerciaux à but lucratif. (Mais les ONG jouent unrôle important dans de nombreux pays en développe-ment trouvant souvent un créneau dans les zonesmarginales où le gouvernement n'intervient pas).

La participation du secteur privé est bien pluspertinente dans les pays asiatiques plus développés eten Amérique latine que dans les pays en développe-ment plus pauvre où il existe peu de ressourcesprivées.

Il existe cinq manières fondamentales dont lesecteur privé peut travailler comme partenaire avec legouvernement pour la fourniture des services d'eauet d'assainissement: contrats de service, contrats degestion, contrat de gestion, contrats de bail, conces-sions et transferts de pouvoirs. Les contrats de servicessont la forme la plus courante. Le secteur et l'adjudi-cataire de contrats en vue de fournir des services telsque le forage des puits, la lecture des compteurs, laconception de l'ingénierie ou la facturation et le re-couvrement alors que le gouvernement lui il garde lagestion et le contrôle en général. Dans le cadre descontrats de gestion, le secteur privé assume la respon-sabilité générale de l'exploitation et de l'entretien dusystème d'eau ayant l'autorité nécessaire pour pren-dre les décisions de fonctionnement quotidiennes.Aux termes du contrat-bail, la société privée loue enfait les équipements et assume une responsabilité to-tale pour l'exploitation et l'entretien, la prestation desservices et le recouvrement des redevances. Ellegarde une proportion dont on a convenu à l'avance etpaye un "loyer" au gouvernement.

Les accords de concession avec le secteur privé exi-gent que les partenaires privés fournissent lescapitaux d'investissement outre les capitaux de roule-ment. La forme la plus courante est connue comme lemodèle de construire, gérer et transférer. La sociétéprivée construit un système, l'exploite pendant unnombre donnée d'années puis le transfert à nouveauau gouvernement. Le transfert direct c'est-à- dire lecinquième type de participation du secteur privé estrare même dans les pays industrialisés. La GrandeBretagne est l'un des rares pays qui a adopté la procé-dure compliquée consistant à vendre les équipementsd'eau.

L'essentiel de laparticipation du secteurprivé aux services d'eauet d'assainissement despays en développementse fait sous forme decontrats passés avec legouvernement en vue defournir des servicesspécifiques.

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LEÇONS RETENUES

On s'est rendu compteque le fait de passer descontrats avec le secteurprivé permettait unemeilleure efficacité et uneéconomie des coûts.

Gains d'efficacité. L'essentiel de la participationdu secteur privé aux services d'eau et d'assainisse-ment des pays en développement se fait sous formede contrats passés avec le gouvernement en vue defournir des services spécifiques. On s'est renducompte que le fait de passer des contrats avec le sec-teur privé permettait une meilleure efficacité et uneéconomie des coûts. Cela diminue tout particulière-ment les dépenses de main-d'oeuvre puisqu'il y a uneplus grande souplesse dans l'utilisation de la main-d'oeuvre, les récompenses pour un travail performantsont plus variées et on s'attache davantage aux résul-tats et à la responsabilisation individuelle. En outre,le fait de confier à l'extérieur les services publics per-met souvent une meilleures gestion et l'utilisation detechnologies supérieures. Des niveaux analogues dequalité de services peuvent souvent être maintenus àun coût moindre.

Les entrepreneurs du secteur privé couvrant uncertain nombre de villes peuvent arriver à faire deséconomies d'échelle grâce à un équipement spécialiséet en ayant des stocks importants de pièces derechange que peuvent garder les diverses municipali-tés. Cela profite aux ville plus petites qui nepourraient pas arriver toutes seules à de tellesefficacités.

Enfin, le secteur privé tend à augmenter sa pro-pre efficacité en investissant dans la recherche et ledéveloppement permettant un fonctionnement plusefficace part rapport au coût. En revanche, les organi-sations publiques ont généralement très peu deressources pour essayer de nouvelles technologies etpratiques novatrices.

Lorsque le secteur publicne peut pas mobilisersuffisamment deressourcesd'investissement pourconstruirel'infrastructurenécessaire pour répondreaux besoins croissants del'eau et del'assainissement, laparticipation privée parle biais de concessions oude transferts directsreprésente la meilleureoption d'augmenter lesbiens d'équipement.

Formation de capital. La seconde grande raisond'encourager la participation du secteur privé auxsecteurs de l'eau et de l'assainissement est d'attirerplus de capitaux et de créer de nouveaux biensd'équipement. Lorsque le secteur public ne peut pasmobiliser suffisamment de ressources d'investisse-ment pour construire l'infrastructure nécessaire pourrépondre aux besoins croissants de l'eau et de l'assai-nissement, la participation privée par le biais deconcessions ou de transferts directs représente lameilleure option d'augmenter les biens d'équipe-ment. Toutefois, il existe un meilleur potentiel dans le

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RESPONSABILITE PARTAGEE

domaine de l'eau que de l'assainissement et des eauxusées qui sont pris comme un service public. Généra-lement, on n'est pas prêt à payer pour ces services àmoins que les gens ne soient très sensibilisés auxcoûts sanitaires et sociaux qu'entraîne le manqued'assainissement. Bien que quelques pays en dévelop-pement adoptent des stratégies dynamiques pouraugmenter la participation du secteur privé c'est, dumoins dans certains pays, une nouvelle source d'in-vestissement qui pourrait s'avérer très significative.

Le modèle BOT est le moyen le plus susceptibled'augmenter l'investissement privé dans le secteur del'eau et de l'assainissement. Cette approche permetde construire un plus grand nombre d'équipementsque ne le permettraient les ressources ou les prêtsd'Etat. Elle permet au secteur privé de faire un béné-fice et elle augmente l'investissement de l'Etat unefois que celui-ci récupère l'équipement à la fin de lapériode de concession (une approche analogue moinsutilisée est ce qu'on appelle l'approche BOO d'aprèsles termes anglais—"construire, exploiter et possé-der"), approche qui permet au secteur privé d'être lepropriétaire à perpétuité de l'équipement.

Si l'approche BOT consiste à générer des capi-taux en quantité importante, il n'en faut pas moinsque les gouvernements soient prêts à prendre un cer-tain nombre de mesures pour que cette participationsoit attirante aux yeux du secteur privé. Ils doiventmodifier les lois et réglementations pour créer uncontexte accueillant et prévisible, fournir les garantiesde prêts nécessaires, trouver un moyen de vérifierque d'autres institutions et juridictions (surtout lescollectivités locales) ne prennent pas des mesures quinuisent à la concession ou au bail, spécifiquement siles taux sont changés et ils garantissent l'accès du sec-teur privé à l'étude des redevances. Ils doiventégalement mettre en place une entité réglementaireen vue de clarifier les lois et procédures ambiguës etcontradictoires, pour régler les conflits et protégerl'intérêt public.

En d'autres mots, le secteur privé ne participeraque si les risques et les éventuels avantages sont clai-rement définis, si le contexte politique et économiquegénérale est stable et s'il existe une structure institu-tionnelle pour résoudre les problèmes. Si cesconditions existent, on a un potentiel considérable

Les gouvernementsdoivent être prêts àprendre un certainnombre de mesures pourque cette participationsoit attirante aux yeuxdu secteur privé.

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dans certains pays de collaboration avec le secteurprivé.

Mais la participation du secteur privé n'est pasla panacée. De nombreux problèmes doivent être ré-glés pour s'assurer que les besoins légitimes de lacommunauté sont satisfaits et que la santé et la sécu-rité sont garanties. Du côté juridique et réglementaire,il faut poser bien clairement la question de savoir quiest responsable et qui est autorisé à fournir les diversservices. La question de redevance n'est pas non plussans problème. Qui les fixent ou qui les augmentent?Jusqu'où peuvent-elles aller? Dans de nombreuxpays, les représentants officiels craignent que la parti-cipation du secteur privé à de grands systèmes d'eaune fasse augmenter les redevances à un niveau que nepeut plus se permettre le pauvre. Il est évident égale-ment que le secteur privé cherche à fournir desservices lorsqu'il sait que les clients peuvent payer etqu'il n'est pas intéressé par les zones urbaines pau-vres. En d'autres mots, le gouvernement pourrait seretrouver avec les régions où justement il y a le moinsde chance de recouvrer les coûts alors que le secteurprivé a la plus belle part. Enfin, dans un grand nom-bre de pays pauvres—ceux qui probablement ontd'importants besoins non-satisfaits en matière d'eauet d'assainissement—le secteur privé n'est pas trèsbien développé et se limite à quelques entreprisesavec de bonnes relations dans le gouvernement quiremportent des marchés grâce à des relations fami-liales, ethniques ou tout simplement parce qu'ils ontversé des pots de vin.

Les meilleurespossibilités pour laparticipation privée sesituent du côté del'approvisionnement eneau sur place (parexemple construction etentretien du système),l'assainissement surplace (par exemple,construction et vidangedes lactrines) ainsi quepour le ramassage, lagestion et le recyclagedes déchets solides.

Des perspectives riches de promesses. Les meil-leures possibilités pour la participation privée sesituent du côté de l'approvisionnement en eau surplace (par exemple construction et entretien du sys-tème), l'assainissement sur place (par exemple,construction et vidange des lactrines) ainsi que pourle ramassage, la gestion et le recyclage des déchets so-lides. Ces opérations se prêtent bien aux diverscontrats de bail, de gestion et de service, et peuventréalisées par des moyennes ou petites entreprises oumême des micro- entrepreneurs. Il existe moins biende possibilités de faire appel au secteur privé pour leséquipements sanitaires hors-sites (ramassage des trai-tements des eaux usées) et l'approvisionnement en

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RESPONSABILITE PARTAGEE

eau des municipalités bien que certaines responsabili-tés puissent être déléguées par le biais d'un contratde services par exemple, le recouvrement des rede-vances et la lecture des compteurs.

Par exemple, en Haïti, WASH a aidé le gouver-nement à examiner le rôle que peuvent jouer lesentrepreneurs privées dans le ramassage et l'évacua-tion des déchets à Port-au-Prince. Selon le planélaboré, des entrepreneurs privés avec des camionspourraient ramasser les ordures et de les emporter audépotoir. Les entrepreneurs auraient une concessionpour intervenir dans les zones spécifiées et seraientpayés en fonction du volume d'ordures emportées audépôtoire. Même dans un pays pauvre, le secteur pri-vé arrive à fournir un service et à faire un bénéfice.

Il existe souvent une quantité assez importanted'activités privées dans les zones péri-urbaines sur-tout la vente d'eau mais également les vidanges deslactrines. Certains des arrangements sont très compli-qués et suppose une collaboration entre les secteurspublic et privé. Dans certains cas, le service urbaind'eau loue des robinets à des grossistes qui vendentl'eau à des distributeurs et qui font du porte-à-porteavec des fûts d'eau sur une charrette tirée par un âne.Dans d'autres cas, les entreprises privées achètent del'eau auprès de camionneurs privés qui à leur tourachètent auprès du service public. Dans d'autres casencore, les entrepreneurs privés peuvent vendre del'eau provenant de leurs propres puits. Toute cette ac-tivité n'est pas forcément bénéfique. Généralement,les utilisateurs payent un prix élevé pour l'eau desvendeurs, un prix nettement plus élevé que ce qu'ilspayeraient s'ils étaient branchés sur le système muni-cipal et souvent, l'eau ne satisfait pas aux normes dequalité.

En somme, la participation du secteur privé nepeut pas se substituer à de solides organisations na-tionales d'eau et d'assainissement qui doivent garderle contrôle réglementaire et les responsabilités desupervision pour le secteur de l'eau et de l'assainisse-ment, mais cette participation peut fournir d'importantesressources et une expérience complémentaire toutparticulièrement dans certains sous-secteurs.

Le rôle que joue le secteur privé dans le domainede l'eau et de l'assainissement sera en fin de comptedéterminé par le secteur privé lui-même. Il est évi-

En somme, laparticipation du secteurprivé ne peut pas sesubstituer à de solidesorganisations nationalesd'eau et d'assainissementqui doivent garder lecontrôle réglementaire etles responsabilités desupervision pour lesecteur de l'eau et del'assainissement, maiscette participation peutfournir d'importantesressources et uneexpériencecomplémentaire toutparticulièrement danscertains sous-secteurs.

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dent qu'il n'est pas forcé de participer. Mais les Etatsavec l'aide et l'encouragement des bailleurs de fondspeuvent créer un environnement qui garantissel'équité et encourage la participation du secteur privé.

La tâche qui nous attend dans le domaine del'eau et de l'assainissement est dantesque vu le nom-bre de gens qui ne sont toujours pas desservis, le tauxde croissance de la population dans de nombreusesrégions et la détérioration de nombreuses ressourcesd'eaux douces. Il sera plus facile de relever le défi siles deux intervenants mineurs à savoir les utilisateurset le secteur privé peuvent assumer une plus grandepart des responsabilités qui revenaient surtout auxdeux principaux intervenants à savoir les gouverne-ments et les bailleurs de fonds.

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Des zones péri-urbaines telles que celles-ci 1 l'extérieur de Santo Domingo exigent de nouvelles stratégies d'eau etd'assainissement.

Chapitre 4: STRATEGIES DE PROGRAMMES

L'on sait actuellement que la seule construction d'équipement ne permetpas forcément d'améliorer la santé. La Décennie de l'eau a permet aux profes-sionnels du secteur de comprendre clairement pourquoi il en est ainsi etcomment on pouvait améliorer les programmes. Le principe étant que les straté-gies les plus efficaces concernant l'eau et rassainissement sont celles quicherchent surtout à éliminer les contraintes empêchant les équipements derapporter les avantages escomptés sur le plan de santé. Il faut des stratégiescomplètes pour a) renforcer en général le secteur de l'eau et de l'assainissement;b) reconnaître l'importance de l'assainissement qui été négligé dans le cadre detravaux précédents; c) se concentrer sur le changement comportemental; d) insis-

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ter sur le rôle de la communauté surtout des femmespour la réussite des activités d'eau et d'assainisse-ment; e) garantir une participation très répandue auprocessus de planification et f) chercher à créer un cli-mat réglementaire et de politiques qui favorisera lesaméliorations dans le domaine de l'eau et de l'assai-nissement.

Leçon onzeLe contexte plus large

La réussite des projets individuelsd'approvisionnement en eau et d'assainissement

dépend de solides politiques sectorielles etpratiques institutionnelles.

Les projets d'eau et d'assainissement ne se déroulentpas dans le vide. Qu'il s'agisse de projets avec un vo-let important de construction ou de projets durenforcement institutionnel/ leur évolution dépend dela solidité de l'efficacité des secteurs de l'eau et de l'as-sainissement dans leur ensemble. Le "secteur" se

La réussite des projetsd'eau et d'assainissementdépend de la force et del'efficacité du secteur del'eau et del'assainissement dansson ensemble.

rapporte aux institutions, aux organisation ou comitésgouvernementaux en charge des politiques et prati-ques inter-institutionnelles influençant la manièresdont se sont mis en oeuvre les projets et programmesd'eau et d'assainissement. Il peut s'agir des ministèresde la santé ou des travaux publics, des services d'eauou d'entités publiques chargées d'élaborer lespolitiques.

Principaux facteurs influençant le secteur. Lamanière dont le secteur de l'eau et de l'assainisse-ment est organisée est un aspect fondamentalementimportant pour la réussite des institutions et des pro-jets en ce domaine. L'organisation du secteur dans unpays donné est très influencée par l'histoire et le sys-tème politique actuel du pays, le niveau dudéveloppement économique, la dimension du pays etle nombre d'habitants ainsi que la disponibilités deressources en eau. En outre, les pressions en vued'étendre la couverture, de faire participer le secteurprivé, de recouvrer les coûts, de protéger l'environne-ment et d'augmenter l'efficacité touchent également àl'organisation sectorielle.

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STRATEGIES DE PROGRAMMES

Dans tout secteur, la performance des institu-tions est influencée par le contexte politique. Lesfaiblesses et la corruption au sein du gouvernementse refléteront presque certainement au niveau de l'ap-provisionnement en eau et de l'assainissement.

Le système politique détermine également le ni-veau de contrôle gouvernemental exercé sur lesservices sectoriels. Cela à son tour pourrait influencerle niveau de participation communautaire, la soliditédes collectivités locales, l'ampleur de la centralisationet les politiques sociales. Le gouvernement devraitsoutenir les changements nécessaires pour renforcerdiverses institutions et être prêt à faire les reformesnécessaires. Si, par exemple, une municipalité est res-ponsable de la gestion d'un système mais n'a pas lespouvoirs nécessaires pour fixer les taux d'impositionet les redevances, elle ne sera pas capable d'exécuterses responsabilités s'il y a déficit de recettes.

Le niveau de développement économique est unautre facteur important déterminant la manière dontle secteur de l'eau et de l'assainissement est organisédans un pays donné. La santé générale de l'économieinfluence la disponibilité des revenus, l'acceptationde payer en contrepartie les services, le niveau d'in-vestissement public et la capacité des gouvernementsà maintenir les coûts accrus pour de meilleurs ser-vices. Une économie solide est également plussusceptible d'avoir un solide secteur privé, ce qui ren-forcera l'impact des ressources publiques etcontribuera à la décentralisation. (Une étude deWASH comparant le PNB et la couverture en eaumontre qu'il n'est guère réaliste de s'attendre à ce queles pays avec de faibles PNB puissent augmenter demanière importante la couverture. Les plans sectorielsdoivent reconnaître le développement économique etles questions de l'eau et peut-être de l'assainissementet doivent étendre parallèlement la couverture).

La superficie et le nombre d'habitants du paysinfluencent également la manière dont est organisé lesecteur de l'eau et de l'assainissement. De petits payscomme la Jamaïque, la Paraguay, le Syngapore ou SriLanka sont susceptibles de gérer les services par lebiais d'une ou deux organisations nationales. Maisdes pays plus grands avec un plus grand nombred'habitants, comme le Brésil ou la Malaisie sont plus

L'organisation dusecteur dans un paysdonné est très influencéepar l'histoire et lesystème politique actueldu pays, le niveau dudéveloppementéconomique, ladimension du pays et lenombre d'habitants ainsique la disponibilités deressources en eau.

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susceptibles d'avoir une gestion décentralisée ourégionalisée.

Enfin, l'organisation du secteur et de l'assainis-sement est influencée par la disponibilité de l'eau etde la topographie des terres. La pénurie ou l'abon-dance relative d'eau détermine le contrôle del'utilisation d'eau, l'importance des économies etl'importance de la centralisation du secteur.

Tâches fondamentales. Les fonctions sectoriellesconsistent notamment à fixer les nonnes et les priori-tés nationales pour l'eau et l'assainissement, àélaborer des réglementations, à fixer des politiquestarifaires, à fournir le financement, à encourager la re-cherche et le développement et à traiter de questionstelles que le recouvrement des coûts, la gestion com-munautaire, l'éducation en matière d'hygiène et lasanté publique ainsi que la valorisation des res-sources humaines. En outre—vu que généralement ilexiste un grand nombre d'institutions et de personnesdont les rôles et les responsabilités se chevauchent—le secteur de l'eau et de l'assainissement doitégalement tenir compte de la question de coordina-tion avec les ministères nationaux qui participentainsi qu'avec les collectivités locales. Si l'on ne tientpas compte de ces fonctions et si ne délimite pas clai-rement les responsabilités des institutionsspécifiques, on a pour résultat manque d'efficacité,double emploi et service médiocre.

Une étude faite à WASH en 1992 sur les secteursde l'eau et de l'assainissement de cinq pays est arri-vée aux conclusions suivantes:

• Un secteur décentralisé est souvent plus effi-cace qu'un secteur centralisé. Mais un secteurdécentralisé doit quand même tenir compte desfonctions qui sont généralement exécutées effi-cacement au niveau central: définition despolitiques, planification sectorielle, finance-ment, suivi et application des réglementationsenvironnementales, recherche et développe-ment et formation spécialisée.

• Généralement, le ministère de la santé n'estpas l'organisme le plus efficace pour assumerl'entière responsabilité de l'approvisionne-ment en eau dans les zones rurales bien qu'il

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STRATEGIES DE PROGRAMMES

puisse jouer un rôle important au niveau del'éducation en matière d'hygiène et de laconstruction de simples systèmes tels que lespuits aménagés.

• Lorsque la responsabilité de l'exécution desprogrammes d'eau et d'assainissement enzones rurales est partagée entre un certainnombre d'organismes publics, le résultat n'estpas toujours clair ou alors on a des stratégiesinconstantes au niveau communautaire, tropde temps est consacré à la coordination et onn'est pas capable de répondre aux questionsurgentes.

• II est important d'avoir une entité qui traitedes questions touchant à l'ensemble du sec-teur par exemple, la pollution de l'eau.

• II faut un solide contrôle réglementaire au ni-veau central.

• L'eau et l'assainissement en zones rurales nedevraient pas être la responsabilité d'un ser-vice urbain.

Dans le secteur de l'eau et de l'assainissement, laplanification, la définition des priorités et l'octroi desressources sont des décisions qui devraient revenir àune institution créée tout spécialement par exemple,une équipe spéciale, un conseil ou un groupe de tra-vail. Ce groupe devrait inclure les représentants àhaut niveau provenant de tous les ministères concer-nés par exemple, l'agriculture, la santé, les ressourcesnaturelles et l'éducation de sorte à ce que les déci-sions reflètent le meilleur consensus possible et jouitd'un fort soutien. En général, un groupe interministérielchargé de la planification sera également responsablede la coordination politique et de l'octroi de fonds.Pour être efficace, il a besoin d'un petit personnelprofessionnel avec des gens responsables pour diffu-ser les informations, arranger la logistique etappliquer les décisions du groupe dans le quotidien.

Ces dernières années, WASH était moins concer-né par les questions au niveau projet et s'estdavantage tourné vers les questions sectorielles.L'exemple de ce point de vue sectoriel est l'étude faitepar WASH en 1992 sur la pollution des points d'eau

Dans le secteur de l'eauet de l'assainissement, laplanification, ladéfinition des priorités etl'octroi des ressourcessont des décisions quidevraient revenir à uneinstitution créée toutspécialement parexemple, une équipespéciale, un conseil ouun groupe de travail.

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et des institutions autour du Danube, étude réaliséedans quatre pays de l'Europe de l'Est. L'étude institu-tionnelle a noté plusieurs domaines pouvant êtreaméliorés davantage. Tous se situaient au niveau sec-toriel: a) mise en place de droit de sanctions et depolitique d'application; b) création d'incitations éco-nomiques et de tarifs plus réalistes pour assurerl'autonomie financière; c) clarification des rôles et res-ponsabilités et meilleure coordination entre diversesagences et d) capacité accrue de laboratoire et de sui-vi. Ces analyses sur l'ensemble du secteur sontessentielles pour arriver à une meilleure prestation età une meilleure gestion environnementale.

La plupart des pays ont déployé récemment desefforts importants pour décentraliser le secteur del'eau et de l'assainissement. Certains ont cherché uneassistance auprès de WASH pour concevoir et réaliserces activités qui proviennent en partie de la reformeéconomique et de la démocratisation plus poussée.Une décentralisation réussie demande que l'on redé-finisse les fonctions du gouvernement central etqu'on renforce les structures locales ou provinciales.Généralement/ cela signifie d'importantes réformessectorielles notamment la ré-affectation du personnel,la redéfinition des fonctions et l'émergence des nou-velles structures institutionnelles qui entraîne deschangements profonds. Mais dans la plupart des si-tuations, ces changements sont très souhaitables carils permettent au secteur d'avoir accès à des res-sources privées ou semi-privées pour la prestation deservices.

Malheureusement, le "secteur" ne couvre générale-ment pas l'approvisionnement en eau et l'assainissenten zones péri-urbaines. Par définition, la plupart desinstallations péri-urbaines n'ont pas d'existence lé-gale et par conséquent, n'entrent pas dans lajuridiction d'une institution sectorielle. Des gens quivivent dans ces endroits ne bénéficient guère des ser-vices alors qu'ils sont en nombre considérable. Dansde nombreux pays, c'est dans ces endroits qu'on a leplus besoin des services d'eau et d'assainissement.L'un des problèmes non-résolus dans le secteur del'eau et de l'assainissement est de savoir commentcréer des relais institutionnels entre les entités du sec-teur "formel" et des établissements péri-urbains"informels". L'expérience de WASH suggère les auto-

L'un des problèmesnon-résolus dans lesecteur de l'eau et del'assainissement est desavoir comment créer desrelais institutionnelsentre les entités dusecteur "formel" et desétablissementspéri-urbains "informels".

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STRATEGIES DE PROGRAMMES

rites doivent reconnaître le processus de péri-urbani-sation où l'installation précède la fourniture deservices fondamentaux. C'est une réalité dans la plu-part des villes des pays en développement. De fait, laplupart des villes des pays en développement sontpéri-urbaines de 50 à 80%. Les autorités doivent insti-tuer des réformes dans la prestation des services quireconnaissent effectivement la situation.

Leçon douzeL'Importance de l'assainissement

L'assainissement devrait recevoirla même priorité que l'approvisionnement en eau.

Le rapport entre approvisionnement en eau et assai-nissement est donné par le nom du secteur mais lamoitié de l'équation (assainissement a trop souventété ignorée). L'approvisionnement en eau et l'assainis-sement sont liés de manière inextricable du point devue santé et, bien que les améliorations dans les deuxdomaines puissent avoir des effets positifs sur la san-té, l'impact combiné est plus grand que la somme desdeux parties.

L'assainissement se rapporte principalement à lamanutention, au traitement et à l'évacuation des excré-ments dans des conditions d'hygiène et la manutention,le traitement, l'évacuation et recyclage des eaux usées,des déchets solides et des eaux industrielles représen-tent une fonction connexe tout aussi importante. Lespratiques d'hygiène par exemple, une conservation del'eau de boisson dans les bonnes conditions d'hygiènefait également partie de l'assainissement.

Le plan d'action pour la Décennie de l'eau et del'assainissement stipulait des programmes accélérésdans les deux domaines. Mais l'approvisionnementen eau a reçu bien plus d'attention que l'assainisse-ment et la croissance de la population, toutparticulièrement dans les zones péri-urbaines, et ledéséquilibre s'en est trouvé encore plus prononcé. Parconséquent, il existe aujourd'hui une réelle nécessitéqui ne pourra être satisfaite que si l'assainissement re-çoit une bien plus grande priorité qu'il ne l'a euependant la décennie. Pratiquement 1,2 milliards depersonnes ont reçu les services d'eau pendant les

L'impact combiné del'eau et del'assainissement est plusgrand que la somme desdeux parties.

Il existe aujourd'hui uneréelle nécessité qui nepourra être satisfaite quesi l'assainissement reçoitune bien plus grandepriorité qu'il ne l'a euependant la décennie.

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LEÇONS RETENUES

années 80 mais tout juste 770 millions ont reçu desservices d'assainissement. Les Figures 1 et 2 indi-quent que l'assainissement a du retard sur l'eau danschaque catégorie. La situation concernant l'assainisse-ment est probablement pire que ne l'indique ceschiffres. De nombreuses zones urbaines ont des sys-tèmes d'égout qui emmènent les eaux usées loin deshabitations mais ces eaux ne sont généralement pastraitées. Elles sont simplement déversées dans uncours d'eau voisin, d'où un risque pour la santé d'uneautre communauté. (En outre, les statistiques de cou-verture ne tiennent pas souvent compte desnombreux systèmes qui fonctionnent mal.)

Le problème de l'assainissement est d'autantplus prononcé par l'explosion de la croissance ur-baine. Entre 50 et 80 pour cent de cette croissance sefait dans le secteur informel dans les zones de squat-ter. Les gens s'installent dans ces zones péri-urbainesavant que l'infrastructure ne soit en place. Vu que lessquatters s'installent souvent sur les terres laisséespour compte—pentes abruptes des collines, plainesalluviales, sites contaminés, etc.—ni les municipalités,ni les promoteurs trouvent qu'il est rentable d'y ins-taller une infrastructure quelle qu'elle soit (routes,électricité, eau ou assainissement). Une fois que les

FIGURE 1

Services d'approvisionnement en eau100%

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S I ] Sénégal I Urbain HB Rural I

Source: Examen de la fin de la décennie, 1990.

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STRATEGIES DE PROGRAMMES

FIGURE 2

Services d'assainissement100%

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0

-

-

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1

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11980 1990

K I3 Sénégal I Urbain M Rural I

Source: Examen de la fin de la décennie, 1990.

pauvres gens commencent à s'installer sur cesterres—vu que ce sont les seuls endroits qu'ils peu-vent se permettre—il devient encore plus difficile etplus cher d'y installer les systèmes d'eau ou d'assai-nissement. Même si par la suite les gens qui viventdans ces endroits trouvent moyen d'obtenir de l'eau,des routes, l'électricité et des écoles, leur demandepour des services d'assainissement est probablementen fin de liste comparée à ces priorités. Et pourtant, levolume d'eau et d'eaux usées produit dans ces zonesà forte densité de population est effrayante créant deterribles risques pour la santé et l'environnement.

Généralement, l'éducation en matière d'hygiènefait partie des projets d'approvisionnement en eaumais l'amélioration des équipements d'assainisse-ment reçoit encore une importance nettementmoindre dans la mise en oeuvre des projets. Dans unecertaine mesure, les mauvaises pratiques peuvent êtrecontre-balancées par des quantités accrues d'eau pourle nettoyage et l'hygiène mais l'évacuation des dé-chets dans les mauvaise conditions d'hygiène estl'une des plus grandes causes de la contaminationd'eau et de la transmission de nombreuses maladiehydriques. L'assainissement peut être adressé plus ef-ficacement par les améliorations des équipements que

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LEÇONS RETENUES

Un examen de WASHen 1990 des études surles effets de l'eau et del'assainissement sur lasanté constatait quel'évacuationd'excréments dans desconditions sûresreprésente l'interventionla plus efficace pourdiminuer l'incidence etla gravité des sixmaladies étudiées.

par les augmentations dans l'approvisionnementd'eau.

Un examen de WASH en 1990 des études sur leseffets de l'eau et de l'assainissement sur la santéconstatait que l'évacuation d'excréments dans desconditions sûres représente l'intervention la plus effi-cace pour diminuer l'incidence et la gravité des sixmaladies étudiées. Utilisant les données de cet exa-men et celles d'une autre enquête analogue, laBanque mondiale a estimé que 2 millions de décèsimputables à la diarrhée chez les enfants de moins decinq pourraient être évitées chaque année grâce al'approvisionnement en eau et à l'assainissement.L'importance de l'assainissement pour la santé a éga-lement été confirmée par d'autres études. Une étudede WASH en 1991 sur la base des données de l'en-quête démographique et de santé du Guatemala a étéconstruite pour éprouver les hypothèses sur les avan-tages relatifs de l'eau et de l'assainissement, lesdifférences rurales et urbaines de ces avantages et lasignification au niveau communautaire comparées àl'assainissement familial. L'étude a constaté que lesenfants qui vivent dans les communautés urbainesqui manquent d'équipements sanitaires sont deuxfois plus susceptibles de connaître des retards decroissance que ceux qui vivent dans des communau-tés avec des niveaux d'hygiène élevés. Mêmelorsqu'ils n'ont pas de toilettes individuelles, les en-fants dans les communautés avec des niveauxd'assainissement élevé (où au moins 75% des mé-nages ont des toilettes) étaient moins susceptiblesd'avoir un retard de croissance que ceux vivant dansles communautés avec de faibles niveaux (moins de75%). La manière dont les autres personnes de lacommunauté évacuent des matières fécales est un fac-teur important dans les risques que coure unepersonne de contracter la maladie.

La réapparition du choléra de nombreux pays del'Amérique latine au début des années 90 après uneabsence de presque 100 ans est directement liée aumanque d'assainissement. Environ 20% des habitantsdes zones urbaines y compris de zones péri-urbaineset plus de 60% des habitants de zones rurales del'Amérique latine n'avaient pas d'équipements sani-taires en 1990. Quarante pour cent des habitants deLima n'avaient accès à une eau potable courante. Une

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STRATEGIES DE PROGRAMMES

étude de WASH estimait que le coût au Pérou en 1991de l'épidémie du choléra s'élevait à 177 millions de dol-lars y compris le coût du traitement des cashospitalisés, les poissons perdus pour la consomma-tion nationale et le commerce, les ventes perduespour les petits commerçants de la rue et les pertesliées au tourisme. Si une partie de cet argent avait puêtre investi annuellement dans l'eau et dans l'assai-nissement, l'épidémie aurait pu être évitée ou dumoins aurait pu être atténuée.

Les problèmes environnementaux liés au man-que d'assainissement surtout dans les zones urbainessont énormes. Dans les zones péri-urbaines, la plu-part des matières fécales traînent par terre et sontemportées par la pluie jusqu'à la prochaine rivière.Par conséquent, ces établissements produisant destonnes de matières fécales deviennent la plus grandesource de pollution de la ville, polluant la rivière, lesol et la nappe phréatique.

On suppose souvent que l'assainissement estune intervention bien trop chère qui n'entre pas dansla portée de la plupart des communautés et que toutle monde ne peut pas se le permettre. Mais on se rendde plus de plus compte que les coûts de l'inactionsont également élevés, que toute une gamme de choixtechnologiques est disponible et que la réussitedépend autant du changement comportemental(peut-être plus) et des propriétés foncières que destechnologies spécifiques.

Coûts relatifs. Au début de la Décennie de l'ap-provisionnement en eau et de l'assainissement, uneétude1 des diverses stratégies de soins primaires avaitpermis à de nombreuses personnes de conclure queles interventions d'eau et d'assainissement n'étaientpas abordables du point de vue financier. L'étude aestimé le coût lié à la fourniture d'eau et d'assainisse-ment comparé à d'autres interventions sanitairestelles que la thérapie de réhydratation orale. Les im-portants avantages socio-économiques de l'eau et del'assainissement n'ont pas été envisagés ni la diffé-

On suppose souvent quel'assainissement est uneintervention bien tropchère qui n'entre pasdans la portée de laplupart descommunautés et quetout le monde ne peutpas se le permettre.

1 J.A. Walsh and K.S. Warren, "Sélective Primaiy Health Care: AnIntérim Strategy for Disease Control in Developing Countries,"New England Journal of Médiane 301 (18) (1er novembre, 1979):967-974.

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Aujourd'hui, lesingénieurs ontdavantage tendance àexaminer d'oùproviennent les déchets,pourquoi ils sont généréset comment on peutdiminuer le volume et latoxicité.

rence fondamentale entre une approche préventive àlong terme et une approche curative à court terme.Aussi, une comparaison des coûts de ces deux diffé-rentes approches peut-elle être remise en question. Sila thérapie de réhydratation orale et d'autres inter-ventions de traitement ont très bien réussi à traiter lesproblèmes une fois ces derniers survenus, on se rendde plus en plus compte que, dans le long terme, il estmoins cher d'éviter les problèmes dès le départ. Onne pas remettre à l'infini la fourniture fondamentalede l'eau et de l'assainissement.

Technologie à faible coût. Par le passé, les ingé-nieurs sanitaires assumaient tout simplement qu'uncertain nombre de gens généraient un certain volumede déchets et que c'était le travail de l'ingénieur deconcevoir et de construire un système suffisammentgrand pour traiter ce volume. Aujourd'hui, les ingé-nieurs ont davantage tendance à examiner d'oùproviennent les déchets, pourquoi ils sont générés etcomment on peut diminuer le volume et la toxicité.Si, par le passé, les systèmes d'égout à base d'eauétaient jugés la norme, aujourd'hui, les gens cher-chent des moyens d'évacuation qui nécessitent moinsd'eau.

Il est évident que toute une série de solutionstechniques est possible et les bailleurs de fonds et lesgouvernements doivent apprendre à envisager unegamme plus vaste de choix. A partir du début des an-nées 80, le Programme du Développement desNations Unies et le Programme d'Eau et d'Assainisse-ment de la Banque mondiale insistent sur lestechnologies d'eau et d'assainissement à faible coût.Pour sa part, WASH essaye d'éduquer les décideurset les ingénieurs quant à l'importance d'utiliser di-verses solutions d'évacuation de déchets à faible coût,parmi lesquelles les communautés peuvent choisir.Par exemple, la Tunisie, avec l'assistance de WASH amis au point et a institutionnalisé une demi douzainede possibilités en matière d'assainissement. Le Brésila diminué de 30 à 50 pour cent les coûts du systèmed'égout urbain en changeant les normes de concep-tion. D'autres pays ont mis au point des technologiesappropriées pour le traitement des eaux usées.

Ce n'est pas une simple affaire que de trouverdes technologies à faible coût. Même la plus faible

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STRATEGIES DE PROGRAMMES

des options à faible coût n'est peut-être pas abordabledans certaines situations à moins d'être soutenue pardes plans de financement viable. En outre, à un cer-tain moment, aucune technologie n'est faisable. Ces"situations impossibles" se trouvent plus facilementdans les communautés urbaines qui sont presque tou-jours construites sur des mauvaises terres avec demauvaises conditions physiques par exemple, penteabrupte ou présence de marécage. Les coûts deconception et de construction peuvent doubler pourles améliorations de l'assainissement dans ces zones.Enfin les technologies à faible coût exigent souventun niveau élevé d'entretien de la part de l'utilisateur,bien plus élevé que celui auquel les pays développéssont habitués. Cela implique un niveau élevé d'orga-nisation et de participation communautaires.

Leçon treizeChangement comportemental

Les améliorations dans le comportement en matièred'hygiène sont la mesure indispensable de la

réussite des activités d'eau et d'assainissement.

En dépit de la fourniture d'eau salubre à des milliersde communautés du monde entier pendant les années80, les avantages sur le plan santé n'ont pas réponduaux attentes qu'on avait. Une des raisons tel que notéci-dessus est que l'assainissement n'a pas été installéau même rythme que l'eau. Une autre raison est queni les projets d'eau ni les projets d'assainissementn'ont tenu compte du comportement individuel etcommunautaire qui influence l'utilisation des équipe-ments de la part des gens.

Tout particulièrement dans le cadre des projetsd'assainissement, les buts se sont concentrés sur lenombre de latrines construites ou le nombre de per-sonnes ayant accès aux latrines sans tenir compte del'effet des nombreux comportements (se laver lesmains, évacuation des excréments dans les conditionsd'hygiène, l'hygiène personnelle et familiale, conser-vation des aliments, éviter les sources d'eauinsalubre, protection des puits et pompes, etc) qui dé-terminent si les nouveaux équipements rapportentdes avantages pour la santé.

Ce n'est pas une simpleaffaire que de trouver destechnologies à faiblecoût. Même la plus faibledes options à faible coûtn'est peut-être pasabordable dans certainessituations à moins d'êtresoutenue par des plansde financement viable.

Tout particulièrementdans le cadre des projetsd'assainissement, lesbuts se sont concentréssur le nombre de latrinesconstruites ou le nombrede personnes ayant accèsaux latrines sans tenircompte de l'effet desnombreuxcomportements quidéterminent si lesnouveaux équipementsrapportent des avantagespour la santé.

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LEÇONS RETENUES

Aujourd'hui l'on reconnaît le besoin de changerle comportement comme étant au moins aussi impor-tant que la construction de nouveaux équipements.Le nouveau guide de formation de WASH pour laconstruction de latrines reflète l'importance du chan-gement comportemental. Le manuel original écrit audébut de la Décennie de l'Approvisionnement en Eauet de l'Assainissement se concentrait surtout sur lesétapes de l'organisation d'un projet de constructionde lactrines (planification, estimation des coûts, com-mande de matériaux, préparation de ciment, etc).Revu en 1992, le nouveau document se concentre nonpas sur les compétences de construction mais sur lacompréhension des moyens de contamination fécaleet orale et des comportements communautaires pourconcevoir des interventions efficaces avec ou non destravaux de construction de nouvelles latrines.

Si l'on veut arriver à changer les comportements,les projets doivent être construits sur la base d'unebonne compréhension des connaissances et des prati-ques d'hygiène dans la communauté. De plus, lesefforts, en vue de changer le comportement doiventêtre institutionnalisés et doivent être soutenus de lapart des bailleurs de fonds, des gouvernements etd'autres intervenants clés. Arriver à changer le com-portement est un processus difficile, prenant dutemps, peut-être une génération.

Si l'on veut arriver àchanger lescomportements, lesprojets doivent êtreconstruits sur la based'une bonnecompréhension desconnaissances et despratiques d'hygiène dansla communauté.

Comportement en tant que la base de la concep-tion d'un projet. Avant de concevoir un projetd'assainissement, les planificateurs doivent avoir desdonnées initiales sur les connaissances, attitudes etpratiques communautaires concernant l'hygiène ainsiqu'une bonne compréhension du contexte social, cul-turel et religieux dans lequel se déroule lecomportement lié à l'assainissement. Cela veut direqu'on se déplace dans les communautés pour ob-server et noter les divers comportements pouvantcauser une contamination. Ce n'est qu'à ce moment làque les planificateurs des projets déterminent le typede changements qui peut être adopté ou lorsqu'ilschoisissent les technologies et les programmes sus-ceptibles de réussir.

Dans cette approche, l'agent de santé est le pivotmême. Il est un partenaire qui est un faciliteur dechangement communautaire plutôt qu'un fonction-

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naire qui impose des solution toutes faites. L'agent deterrain doit fournir un feedback constant et une docu-mentation de projet pour que le projet puisses'adapter aux changements dans les connaissances,les normes et les besoins communautaires.

Certains efforts de développement n'arriventpas à obtenir les résultats escomptés sur le plan dechangement comportemental car celui-ci n'est pas unbut faisant partie intégrante du projet. Par exemple, lastratégie mondiale d'éradication de la draconculoseinsiste sur l'aménagement de points d'eau, l'applica-tion des produits chimiques et l'utilisation de filtresd'eau. Elle s'est fixée comme but l'année 1995 lorsquetous les 21 pays avec la draconculose devraient pré-senter des conditions requises pour la certificationattestant que la maladie a été éliminée. Fixer de telsobjectifs est important mais toute stratégie doit recon-naître que le ver de Guinée ne sera pas supprimé tantque les gens ne changeront pas de comportement ence qui concerne la conservation et le filtrage de l'eauainsi que la protection des points d'eau.

Mesurer les résultats par le biais des indica-teurs comportement. Les résultats de projet peuventêtre mesurés à trois niveaux: le niveau physique oud'efficience déterminant les opérations du projet, leniveau comportemental ou d'efficacité définissant laperformance du projet et le niveau d'impact définis-sant les conséquences finales du projet.

Le niveau efficience qui comprend les conséquencesimmédiates ou directes du projet et définit quantitative-ment en terme de dollars investis ou d'activitésréalisées et n'indique pas dans quelle mesure un projetrépond à ses objectifs. Le niveau impact se rapporte auxavantages dans le long terme que les projets d'eau etd'assainissement doivent rapporter mais peut-être fau-dra-t-il attendre des années avant que ces avantages nese présentent comme indicateur mesurable. Le niveau ef-ficacité concernant l'utilisation des équipements et l'effetdu projet sur le comportement fournit par conséquentun indicateur intermédiaire du résultat du projet. Com-ment les gens utilisent-ils et s'occupent-ils du pointd'eau? Est-ce que leurs anciennes habitudes liées à l'uti-lisation de l'eau et de l'assainissement ont changésuite aux projets? Quels sont les types de comité, derègles et d'autres mécanismes sociaux que les comités

Certains efforts dedéveloppementn'arrivent pas à obtenirles résultats escomptéssur le plan dechangementcomportemental carcelui-ci n'est pas un butfaisant partie intégrantedu projet.

Les résultats de projetpeuvent être mesurés àtrois niveaux: le niveauphysique ou d'efficiencedéterminant lesopérations du projet, leniveau comportementalou d'efficacité définissantla performance du projetet le niveau d'impactdéfinissant lesconséquences finales duprojet.

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ont mis en place pour maintenir les équipements etencourager leur utilisation? Les représentants du pro-jet ne peuvent pas directement contrôler cesconséquences mais ils peuvent essayer d'influencerfavorablement les modes de comportement dans lescommunautés.

Ces indicateurs intermédiaires peuvent servir demesures supplétives de l'impact final. Par exemple, siun projet permet de nettement augmenter la propor-tion de femmes dans une communauté donnée qui selavent les mains avec du savon avant de toucher lesaliments ou de changer leurs bébés ou s'il permet uneplus grande quantité d'eau utilisée, alors on peut as-sumer que le projet a eu un impact positif sur lasanté. WASH a commencé à utiliser ces indicateurs en1981 pour mesurer l'impact sanitaire et les a depuisintégrés à ses méthodes d'évaluation des projets d'ap-provisionnement en eau et d'assainissement.

En février 1992, WASH a collaboré avec le ProjetAID d'Assurance de Qualité pour élaborer une ap-proche technique des plus modernes visant à mesurerl'impact. Cette approche consiste à suivre les change-ments comportementaux qui sont le lien entre lesnouveaux services et une meilleure santé. Le suivi estcontinu pour permettre d'identifier les problèmestout au long du projet quand on peut encore faire desajustements plutôt que simplement à la fin du projet.Mise au point pour CARE à Guatemala, cette mé-thode est à présent reproduite dans d'autres endroits.

L'éducation en matièred'hygiène est la clépermettant de changerles comportements etpartant, de pérenniser lessystèmes et d'arriver àdes avantages sanitairesalliés aux améliorationsdansl'approvisionnement eneau et l'assainissement.

Le rôle de l'éducation en matière d'hygiène sur leplan changement de comportement. L'éducation enmatière d'hygiène est la clé permettant de changer lescomportements et partant, de pérenniser les systèmeset d'arriver à des avantages sanitaires alliés aux amé-liorations dans l'approvisionnement en eau etl'assainissement. Si les gens savent comment utiliserla nouvelle installation et s'ils l'utilisent, ils serontplus susceptibles de l'entretenir et d'être en meilleuresanté dans le long terme.

L'éducation en matière d'hygiène aide les gens àcomprendre pourquoi et comment utiliser les nou-velles installations. La théorie des germes de lamaladie, tant acceptée dans le monde industrialisé,n'est pas connue par le pauvre et le non-instruit dansde nombreux pays en développement. Les habitudes

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poussant à faire les choses de telle ou telle manièrepeuvent être tellement ancrées que les gens vont ré-sister au nouveau ou ne pensent même pas à unenouvelle manière de faire. Aussi, parce qu'ils ont eupendant toute leur vie des quantités limitées d'eau,les gens ne connaissent pas tous les emplois bénéfi-ques de l'eau.

L'éducation en matière d'hygiène veut direchanger la manière dont les gens font des choses trèspersonnelles et très privées—déféquer, se laver etfaire la cuisine, chercher et transporter l'eau. Changerle comportement en matière d'hygiène dépend dansune grande mesure de l'adéquation du matérield'éducation pour l'hygiène et des éducateurs auxyeux d'un public particulier.

Des études faites par WASH et renforcées par l'ex-périence pratique dans le cadre de projets réalisés enAfrique et en Asie montrent que du matériel d'éduca-tion en hygiène réalisé localement peut être aussiefficace que le matériel cher réalisé à l'extérieur. Il estplus important que le matériel reflète une connaissancedu rôle crucial de l'éducation en hygiène et de la parti-cipation communautaire en vue de changer lecomportement que d'être cher ou élaboré. Le matérieldoit démontrer les éventuels améliorations sur le plansanitaire, encourager les utilisateurs à changer le com-portement et promouvoir la participation entière dugroupe touché. Il doit être simple direct et conçu poursoutenir un nombre limité de choses à apprendre.

L'expérience de WASH indique également quele matériel d'éducation en hygiène devrait être basésur des études attentives concernant les attitudes, lescroyances et les pratiques du public cible ainsi quesur l'expérience dans le domaine de l'approvisionne-ment en eau et de l'assainissement. En d'autrestermes, le matériel devrait être adapté au contextedans lequel il sera utilisé. Le choix du média doit sefonder sur le public et les fonds disponibles, sur lematériel de réalisation et l'équipement. On peut chan-ger ici aux cartes d'indices, aux jeux , aux affiches,aux brochures, aux marionnettes ainsi qu'aux mes-sages radiophoniques et télévisés.

Les éducateurs qui aident à élaborer, à fabriqueret à utiliser le matériel ainsi que ceux en contact directavec la communauté sont plus acceptables et plus cré-dibles s'ils viennent de la communauté locale ou des

Le matériel d'éducationen hygiène réalisélocalement peut êtreaussi efficace que lematériel cher réalisé àl'extérieur.

Le matériel d'éducationen hygiène devrait êtrebasé sur des étudesattentives concernant lesattitudes, les croyanceset les pratiques du publiccible ainsi que surl'expérience dans ledomaine del'approvisionnement eneau et del'assainissement.

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Les éducateurs sont plusacceptables et pluscrédibles s'ik viennentde la communauté localeou des alentours.

alentours. Si ce n'est pas possible, l'éducateur devraitau moins apporter le message par le biais ou avecl'assistance des habitants. Par exemple, un pro-gramme d'éducation d'hygiène au Sri Lanka a réussien partie parce que les éducateurs d'hygiène venaientdes communautés desservies. Au Yémen, une cam-pagne récente d'éducation en matière d'hygiènedépendait de l'assistance locale de tous les villages.

La participation des habitants est également im-portante pour la pérennité du projet. Si elle laissederrière elle un ensemble de personnes pouvantcontinuer à éduquer les autres villageois pour leurapprendre les meilleures habitudes d'emploi de l'eau,une institution de développement externe renforce lescapacités des communautés lui permettant de conti-nuer à exploiter le système bien après la fin du projetde développement de sorte à ce que les avantages surle plan de santé persistent. La situation idéale est lors-que les éducateurs peuvent former les membres decomités d'eau de la communauté pour que ceux-cipuissent à leur tour former le reste de la communau-té. C'est difficile car l'effort doit se concentrer aussibien sur le contenu que sur la formation des forma-teurs. Mais la possibilité de pouvoir utiliserl'éducation en matière d'hygiène comme un moyende renforcer les capacités fait que l'effort en vaut lapeine.

Dans la plupart des sociétés, se sont surtout lesfemmes auxquelles il faut apporter une éducation enmatière d'hygiène. Ce sont elles qui s'occupent destravaux ménagers, qui sont les plus concernées par lasanté de la famille et qui sont les principales sourcesd'information sur les questions domestiques de la fa-mille. De plus, il n'est peut-être pas acceptable que leshommes parlent aux femmes de questions d'hygiènepersonnelle et il vaut donc mieux que ce soit lesfemmes qui des éducatrices en matière d'hygiène. Unhomme ne peut pas rentrer librement dans le foyerd'une femme comme le ferait une autre femme. Dansles cultures conservatrices, il est très important de te-nir compte de cette règle. Dans l'exemple du Yémenmentionné ci-dessus, il n'eût pas été possible à unhomme d'avoir le même contact avec les femmes dela communauté que l'éducatrice en matière d'hy-giène. Par ailleurs, dans certaines cultures, il n'est pasacceptable que les femmes se déplacent toutes seules

Dans la plupart dessociétés, se sont surtoutles femmes auxquelles ilfaut apporter uneéducation en matièred'hygiène. Ce sont ellesqui s'occupent destravaux ménagers, quisont les plus concernéespar la santé de la familleet qui sont lesprincipales sourcesd'information sur lesquestions domestiques dela famille.

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STRATEGIES DE PROGRAMMES

de villages en villages comme doivent parfois le fairedes éducateurs en matière d'hygiène.

Leçon quatorzeGestion communautaire

Les gouvernements nationaux doivent prendredes mesures spécifiques sur le plan des politiques

pour vérifier que les communautés ont les capacitéset les moyens nécessaires pour gérer les activités

d'eau et d'assainissement.

On s'entend pour dire que la décentralisation de laresponsabilité de l'eau et de l'assainissement est unestratégie efficace. De nombreux pays en développe-ment ont transféré la responsabilité de l'exploitation etde l'entretien aux entités provinciales ou régionalesdes villages locaux. Mais souvent, la décentralisationn'a pas réussi à créer la capacité humaine et institu-tionnelle qui permet de pérenniser les progrès dans ledomaine de l'eau et de l'assainissement. Vu que lesgouvernements nationaux et les collectivités localesn'ont pas un rôle d'exécution et que les collectivités lo-cales n'ont pas la capacité, dans le cadre d'uneapproche décentralisée, souvent elles n'ont pas le sou-tien dont elles ont besoin pour devenir lesgestionnaires efficaces de leurs systèmes d'eau et d'as-sainissement.

Aujourd'hui, l'on reconnaît que, si la décentrali-sation veut réussir et si la gestion communautairedoit être efficace, certaines entités publiques doiventcontinuellement apporter un soutien. Les bailleurs defonds ne peuvent pas envisager ce rôle à l'infini. Lesorganisations non-gouvernementales qui sont excel-lentes pour travailler avec un nombre limité decommunautés n'ont pas l'envergure nécessaire pourfournir ce soutien au niveau national. Par conséquent,les gouvernements nationaux doivent rester des inter-venants importants permettant de soutenir la gestioncommunautaire. Cela demande qu'on aide les com-munautés à acquérir les compétences dont elles ontbesoin pour participer plus activement aux décisionsgouvernementales concernant leur existence.

WASH a identifié un certain nombre de mesuresopérationnelles que les organisations du secteur pu-

Aujourd'hui, l'onreconnaît que, si ladécentralisation veutréussir et si la gestioncommunautaire doit êtreefficace, certaines entitéspubliques doiventcontinuellement apporterun soutien.

Les gouvernementsnationaux doivent resterdes intervenantsimportants permettantde soutenir la gestioncommunautaire.

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blic peuvent prendre pour garantir une gestion com-munautaire efficace. Il faut chercher à arriver à unaccord entre tous les bailleurs de fonds et le gouver-nement sur ce que signifie la gestion communautaireet sur ce qu'elle doit accomplir; clarifier les rôles debailleurs de fonds des divers niveaux de gouverne-ment et des organisations non-gouvernementales etforger de solides relations de collaboration entre cesentités; élaborer un cadre juridique et de politiquesainsi qu'un système de gestion financière qui encou-ragent la gestion de contrôle communautaire;déterminer les besoins sur le plan personnel/ forma-tion et logistique; créer une demande et sensibiliser àla gestion communautaire et mettre en place un sys-tème d'information en gestion qui est une liste typede données que les communautés trouveront utiles.

Dans la plupart des cas,les buts sanitairesexigeront des liens entrel'approvisionnement eneau et l'assainissement,entre les différentsministères et l'effortgénéral de santécommunautaire dans lesdomaines commel'éducation en matièred'hygiène, la nutrition,la thérapie deréhydratation orale, lalutte contre les maladiestropicales et lesvaccinations.

Leçon quinzePlanification

Une approche participative à la planification permetde forger les liens nécessaires à l'intérieuret à l'extérieur du secteur et de garantir une

collaboration au niveau de l'exécution

L'élaboration de programmes et de projets réussisdans le domaine de l'approvisionnement en eau et del'assainissement demande qu'on forge des liens pu-blics et privés au sein du secteur ainsi qu'avec d'autressecteurs dont les activités se répercutent sur l'eau etl'assainissement. Il faudrait commencer à forger cesliens pendant la planification.

Dans la plupart des cas, les buts sanitaires exige-ront des liens entre l'approvisionnement en eau etl'assainissement, entre les différents ministères et l'ef-fort général de santé communautaire dans lesdomaines comme l'éducation en matière d'hygiène, lanutrition, la thérapie de réhydratation orale, la luttecontre les maladies tropicales et les vaccinations.

D'autres ministères entreprendront des activitésqui influencent ou qui soutiennent l'approvisionne-ment en eau et l'assainissement. Par exemple, lesministères de l'agriculture réalisent des projets d'irri-gation dans les zones rurale, ceux-ci peuvent êtrereliés au travail dans le domaine de l'approvisionne-

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ment en eau et de l'assainissement. La participationdu ministère des transports est probablement néces-saire pour coordonner la livraison du matériel et lafourniture de personnes sur les lieux du projet. S'ilexiste des programmes économiques ou de dévelop-pement commercial ciblant des communautés rurales,l'activité d'approvisionnement en eau et d'assainisse-ment devrait en tenir compte. Etablir un lien avec desorganisations à l'extérieur du gouvernement—des or-ganisations bénévoles privées et des commercesprivés—peut augmenter les ressources disponiblespour l'approvisionnement en eau et l'assainissementet entraîner des normes plus élevées de la conceptionet de l'entretien.

Il faut tenir compte au début de la planificationde tous les liens qu'il faudra établir. Ces liens serontpossibles grâce à une approche participative à la pla-nification.

Par exemple, de 1985 à 1989, WASH a aidé legouvernement du Swaziland à mettre sur pied unplan d'action national pour l'approvisionnement eneau et de l'assainissement. WASH a travaillé directe-ment avec le groupe d'action national, entitéinterministériel composée de sept ministères et dedeux départements. La méthodologie visait à renfor-cer les capacités nécessaires pour réaliser des plans, etnon pas juste la réalisation des plans en elle-même.Aussi, le principal résultat a-t-il été un mécanisme ef-ficace de planification intégrée au processus deplanification nationale. Les résultats étaient un pland'action, une meilleure coordination au sein du sec-teur et une meilleure mise en oeuvre des projets aussibien par le Gouvernement du Swaziland que d'autresorganisations.

Consultation polyvalente. Dans les secteurs del'eau et de l'assainissement, toutes les organisationsintéressées devraient être entendues pendant la plani-fication du projet—la santé, les ressources naturelle,l'agriculture, l'habitat, l'utilisation des terres. La par-ticipation ne devrait pas se limiter aux organismesgouvernementaux officiels. Il convient également deconsulter les bailleurs de fonds internationaux et lesorganisations non-gouvernementales. S'ils ne veulentpas participer officiellement, ils devraient être consul-tés officieusement.

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LEÇONS RETENUES

Les communautés qui vont bénéficier des tra-vaux de développement devraient également êtreincluses au processus de planification. Les consom-mateurs des biens et services (la communauté) ontsouvent un point différent que les fournisseurs (ser-vice public) et ce point de vue doit être écouté et prisen compte. Les dirigeants communautaires qui ont del'influence et non pas ceux qui ont un titre suggérantune influence, sont les plus importants qu'il faudrachercher à faire participer.

Cette approche à la planification est importantepas tant pour qu'on tienne compte de tous les fac-teurs d'eau et d'assainissement, en principe lesplanificateurs centraux pourraient le faire—maispour permettre à tous ceux intéressés, dont certainspeuvent être concurrentiels, d'offrir leurs opinionspour élaborer le plan du projet. Si les intérêts criti-ques de toutes les parties concernées ne sont pasentendus au moment de la planification, les partiesprobablement ne collaboreront pas à l'étape exécu-tion et les activités du projet pourraient bien échouerà cause de cela. Tous ceux qui ont un intérêt dans lerésultat devraient avoir l'occasion de dire ce qu'ilspensent au début de la planification.

Les gens à différents niveaux devraient égale-ment participer au processus de planification. Biensouvent la planification est coordonnée au niveauthéorique d'en haut par le biais par exemple, d'uneéquipe spéciale de hauts fonctionnaires. Mais si la co-ordination entre organisations doit bénéficier auprocessus de développement, elle doit se faire nonseulement au niveau politique mais également au ni-veau exécution.

Le moment de la planification tant du point vuechronologique et durée doit également être soupeséattentivement pour viser un maximum d'efficacité duprocessus.

Si les intérêts critiquesde toutes les partiesconcernées ne sont pasentendus au moment dela planification, lesparties probablement necollaboreront pas àl'étape exécution et lesactivités du projetpourraient bien échouerà cause de cela.

La planification doit êtrevue comme un processuset non comme unévénement.

Plans de travail de "roulement." Il existe unetendance compréhensible et correcte voulant que lesgens participant à une grande entreprise disent "fai-sons d'abord un plan." Mais si de grands plansdirecteurs sont élaborés sans expérience précédentesur le plan de l'eau et de l'assainissement et sans ré-pondre aux besoins de renforcement institutionnel, ilssont voués à l'échec. Bien sûr qu'il faut toujours pla-

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STRATEGIES DE PROGRAMMES

nifier un certain niveau pour être sûr que les besoinssont identifiés et que les ressources sont utilisées effi-cacement. Mais tout au début d'une entreprise, lesplans ne devraient être qu'un concept de plans "desroulement" c'est-à-dire des plans qui peuvent êtrecontinuellement revus et révisés. La planification doitêtre vue comme un processus et non comme un évé-nement.

WASH a utilisé efficacement cette approche auSwaziland et en Thaïlande. Au Swaziland, l'élabora-tion des plans directeurs n'a été entreprise qu'aprèsquatre années de travail de renforcement des institu-tions et de construction des équipements. Le résultatsa été un plan directeur national bien meilleur et bienplus réaliste qu'il n'eût été possible autrement.

Objectifs à court terme, stratégies à long terme. Sil'on veut que la planification soit efficace, elle devraitdiriger aussi bien les actions à court terme que les stra-tégies et buts à long terme. La meilleure manière d'yarriver est de diviser en deux parties le plan sectorielgénéral. Le plan d'action devrait inclure des objectifspouvant être atteints, les mesures nécessaires pour y ar-river et des délais à court terme précisant quand ilsdoivent être atteints. Un plan directeur doit être toutaussi réaliste, mais peut-être de nature plus généraleavec des délais plus longs pour les buts qui doivent êtreatteints. Par exemple, un plan d'action pourrait envisa-ger de creuser x nombre de puits en une année dans uncertain nombre de communautés, donner les sources definancement et préciser les étapes qu'il faut prendrepour réaliser le travail. En revanche, le plan directeurpeut prévoir une couverture en eau pour toutes les po-pulations d'une zone géographique donnée avec unnombre d'habitants défini et préciser les éventuellessources de financement.

Les deux types de plan doivent résulter d'unprocessus continu et non pas d'événements ponc-tuels. Un séminaire national ou un événementanalogue pourrait être le lancement de l'activité maisil faudra des réunions régulières—du moins une foispar an—entre les principaux participants de la plani-fication ainsi que des consultations fréquentes face àface ou avec des petits groupes entre ces réunions. Lebut est d'évaluer continuellement le plan de dévelop-pement par rapport à la réalité et de le revoir en

Si l'on veut que laplanification soit efficace,elle devrait diriger aussibien les actions à courtterme que les stratégieset buts à long terme.

Les plans ne sont pas desfins en eux-mêmes; leurutilité est fonction de lamanière dont ils guidentl'octroi rationnel et lesdépenses de ressources etcela ne peut pas se fairesi on ne permet pas àl'expérience de revenirguider le plan.

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LEÇONS RETENUES

conséquence. Les plans ne sont pas des fins en eux-mêmes; leur utilité est fonction de la manière dont ilsguident l'octroi rationnel et les dépenses de res-sources et cela ne peut pas se faire si on ne permetpas à l'expérience de revenir guider le plan.

WASH a trouvé utile le concept de planificationde l'équipe et l'a adapté aux projets en développe-ment. Cette approche signifie qu'on rassemble toutesles parties concernées par un projet en vue de fixer lespriorités, de définir les termes de référence et d'élabo-rer un plan de travail. Cela permet d'avoir une visioncommune des projets et de délimiter les rôles et lesresponsabilités de tous ceux qui participent. Au fur età mesure que le projet est mis en oeuvre, des ateliersde suivis périodiques peuvent également se tenirpour voir dans quelle mesure les buts sont atteints etpour procéder à des ajustements dans la stratégie.

Leçon seizeCadre juridique et réglementaire

Le modèle commande et contrôle qui régitgénéralement la réglementation de l'eau et de

l'assainissement dans les pays industrialisés neconvient pas aux pays en développement

Ces dernières années, une plus grande attention a étéaccordée aux questions juridiques et réglementaires.C'est dû au partie à la nécessité de prévenir ou de di-minuer la contamination environnementale. Lespoints d'eau peuvent être de plus en plus contaminés.Le manque de latrines ou le manque de traitement deseaux usées sont les grandes causes de la pollution del'eau. Chaque jour, des tonnes de déchets sont jetéessans autre forme de traitement. Les déchets solides etliquides des industries jouent également un rôle. Uncadre juridique et réglementaire efficace est tout à faitnécessaire pour changer l'ordre des choses.

Jusqu'à très récemment, le modèle centralisécommande et contrôle a dominé la réglementation del'eau et de l'assainissement. Grâce à cette commandeet à ce contrôle, un organisme central définit la régle-mentation régissant la qualité de l'eau, lestechnologies de traitement de eaux usées, les normesdévacuation des effluents ainsi que les mandats vou-

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STRATEGIES DE PROGRAMMES

lant qu'elles soient appliquées universellement à unedate donnée.

Ce modèle qui garantit des normes uniformespour la qualité de l'eau, le traitement des eaux uséeset l'évacuation de déchets solides, dangereux et in-dustriels est un travail demandant d'importantesressources financières et institutionnelles et proba-blement qu'il n'entre pas dans les moyens de laplupart des pays en développement de faire ce travailsur une base répandue. Un modèle plus souple estnécessaire pour garantir les changements comporte-mentaux nécessaires de la part des individus et desinstitutions. De plus même dans les pays industriali-sés, l'approche commande et contrôle n'est pastoujours nécessaire. Elle entraîne souvent une tropgrande réglementation et fait du gouvernement et desentreprises privées des adversaires. Le pays en déve-loppement reconnaissent déjà que le cadreréglementaire doit être accompagné par des instru-ments de marchés complémentaires.

Dans les pays en développement, les réglemen-tations copiées sur l'occident sont souvent du pointde vue juridique ou pratique non-applicables et par-tant sont rejetées. Dans de nombreux cas, il estsimplement impossible techniquement de suivre et demesurer les normes de la pollution. Il existe égale-ment des barrières politiques à l'imposition desanctions dures. Les amendes sont trop faibles pourdécourager tels comportements ou pousser aux chan-gements et les gens les évitent en payant des pots devins.

Les normes de standards sont importantes maisil faut trouver un moyen souple de les appliquer. Lesgouvernements centraux ont pour rôle de fixer lesnormes dans diverses situations puis de laisser les en-tités locales trouver leurs propres moyens d'y arriver.L'idéal est de réunir toutes les parties concernéesdans le processus décisionnel et de dépendre plus desincitations que des "punitions" telles que lesamendes. Il n'est guère pratique pour une commu-nauté de traiter à grands frais ces eaux usées avant deles déverser dans la rivière voisine si une plus grandecommunauté en aval continue à déverser ces eauxd'égout non-traitées. Les améliorations doivent sou-vent se faire progressivement pour permettre à toutesles parties touchées de participer à la participation.

Le modèle commande etcontrôle demande desressources financières etinstitutionnellesimportantes.Probablement qu'iln'entre pas dans lesmoyens de la plupart despays en développement.

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LEÇONS RETENUES

Depuis 1992, WASH a planifié et réalisé deuxateliers sur la gestion des eaux usées dans les paysd'Amérique latine pour encourager ce cadre plus sou-ple. Les participants ont appris que les institutions etorganisations gouvernementales et privées disposentde nombreux instruments qu'elles peuvent utiliserpour gérer les eaux usées. Les instruments technolo-giques sont les seuls pris sérieusement à savoir letraitement final des eaux usées, mais les options ré-glementaires, institutionnelles, économiques etéducatives sont également disponibles et de nom-breux groupes peuvent être mobilisés pour améliorerla gestion des eaux usées: ceux qui les produisent, lesdécideurs, les consommateurs, les gestionnaires desterres et de l'eau, les éducateurs et les professionnelsde la santé.

Par exemple, au Chili, la prolifération de nou-velles industries suite à la croissance économiquerapide, a eu des effets adverses sur l'environnement.Ces 2400 industries peuvent être partie du problèmemais elles peuvent également être partie de la solu-tion. Elles sont une opportunité pour s'attaquer auxproblèmes des eaux usées. Les politiques de contrôle,les incitations, les exonérations fiscales, les désincita-tions, la réglementation taxant celui qui produitsouvent autant de moyens permettant de diminuer àun niveau acceptable la quantité des résidus déversés.Ces interventions "de type marché" doivent être utili-sées si l'on veut protéger la santé publique à un coûtabordable.

En fait, il faut une approche souple qui permetde mettre sur pied une structure où peut s'épanouirle changement de comportements et l'innovation.Seuls les problèmes plus prioritaires peuvent être ré-solus de suite mais les améliorations peuvent êtrefaites au fur et là mesure qu'on dispose des res-sources, entraînant progressivement la mise en placede tout un système.

Les instrumentstechnologiques sont lesseuls pris sérieusement àsavoir le traitement finaldes eaux usées, mais lesoptions réglementaires,institutionnelles,économiques etéducatives sontégalement disponibles.

Diverses options réglementaires. La fonction desinstitutions réglementaires est d'utiliser les règles, lesréglementations et les sanctions (dans la mesures oùelles le peuvent) pour influencer le comportement desparticuliers et des institutions de sorte à atteindre lesbuts fixés sur le plan de l'eau potable. Dans un boncontexte, les institutions réglementaires peuvent être

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STRATEGIES DE PROGRAMMES

très efficaces pour diminuer les menaces liées à lapollutions. Elles peuvent intervenir à plusieurs mo-ments dans le cycle de la pollution: interdisantcertaines pratiques polluantes ou demandant qu'onsupprime les agents polluants du système.

Mais il faut d'abord répondre à un certain nom-bre de questions avant de voir si les institutions sontvéritablement efficaces dans un pays donné. Est-ceque les institutions réglementaires ont l'autorité né-cessaire pour réglementer? Est-ce que leur autorité estcompromise par la division juridictionnelle entre ins-titutions concurrentielles ou connexes (par exemplesanté, planification, agriculture ou énergie)? Est-ceque les normes sont imposées de manière raisonnableen vue de cibler le changement qui doit être changé?Est-ce que le contexte de politiques favorisent ceschangements? Est-ce que les réglementations sontconnues et comprises par un grand nombre sans qu'ily ait favoritisme? Est-ce que le gouvernement et lacommunauté soutiennent les réglementations et fina-lement est-ce que les institutions réglementairesdisposent des ressources financières, de l'informationet du personnel qualifié dans le domaine de l'ingénie-rie, de la gestion financière, de la gestion desressources humaines, du droit et de l'économie.

Les fonctions réglementaires peuvent être assu-mées par les gouvernements nationaux, des états oules collectivités locales ou, dans certains cas mêmepar des entités non-gouvernementales. Les ONG nesont pas des institutions réglementaires mais ellespeuvent assumer des fonctions réglementaires en or-ganisant d'autres institutions (par exemple les usinesou ceux qui déversent un grand nombre d'eau usée)ou en aidant les ménages à diminuer les menaces àl'environnement. Ce qui est important, ce n'est passimplement que les institutions disposent de l'autori-té officielle pour réglementer mais également de voirlesquelles ont la capacité de contrôler ou d'encoura-ger le comportement souhaité. Souplesse et capacité àvoir diverses possibilités sont des éléments essentielspour encourager les fonctions réglementaires.

La souplesse devrait caractériser non seulementle type d'institution qui participe à la réglementationmais également ce qui est réglementé. Par exemple, ilse peut qu'on puisse aller au-delà des questions sur lamanière d'évacuer des agents polluants et qu'on

Des institutionsréglementaires peuventintervenir à plusieursmoments dans le cycle dela pollution: interdisantcertaines pratiquespolluantes ou demandantqu'on supprime lesagents polluants dusystème.

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puisse réglementer la production de la pollution—ap-proche qui pourrait aider les pays en développementà prévenir de nombreux problèmes qui affligent lespays développés.

Dans un pays donné, les décideurs doivent faireune analyse pour déterminer les avantages relatifsdes instruments réglementaires opposés aux instru-ments de marché. Les paramètres comparatifsseraient notamment les coûts liés à l'observation desréglementations par rapport aux coûts des polluants,les coûts légaux et administratifs nécessaires pour lesuivi et l'application, les besoins du point de vue in-formation, les possibilités financières, l'acceptationculturelle, etc. La volonté politique et la conditionsine qua non de la réussite de l'une ou l'autre ap-proche à la gestion environnementale.

Dans un pays donné, lesdécideurs doivent faireune analyse pourdéterminer les avantagesrelatifs des instrumentsréglementaires opposésaux instruments demarché.

Contraintes juridiques. Les communautés péri-urbaines avec un statut incertain ou tout à fait illégalprésentent des problèmes spéciaux sur le plan juridi-que et réglementaire. Les habitations péri-urbainessont généralement sur des terrains qui ne font paspartie des zones destinées à l'habitat ou qui sont ju-gées dangereuses ou encore protégées du point devue environnemental. Les politiciens sont souventtrès durs vis à vis de ces installations. Les gouverne-ments hésitent à fournir l'infrastructure car celaimpliquerait qu'ils reconnaissent la légalité de l'ins-tallation ou même qu'ils encouragent la croissance dece type d'établissement. Dans de telles situations, lesconcepteurs de projets doivent chercher à obtenir leconsentement du maire ou d'autres décideurs avantde commencer les programmes d'eau ou d'assainisse-ment. Le défi pour les concepteurs de projets desautorités locales consiste à résoudre les conflits inhé-rents lorsqu'on cherche à appliquer les codes et leslois à des communautés que la loi ne reconnaît pas.

Encourager la participation. Jusqu'à présent,peu de pays en développement sont prêts à adopterune réglementation efficace. Mais l'importance decontrôler la production par les lois et réglementationsest reconnu. Il est évident qu'il ne faut pas importertels quels les modèles des pays développés, mais onne sait pas encore quels sont les types de cadres juri-diques et réglementaires qui réussiront le mieux dans

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des pays en développement. Par contre, l'on sait qu'ilest essentiel d'assurer la participation la plus largepossible au processus réglementaire. L'expérience deWASH indique que plus le soutien politique est im-portant, plus le soutien public est vaste, plus lesréglementations ont de chances d'être efficaces. Demême, les réglementations seront plus efficaces sielles sont moins en conflit avec les normes acceptéeset si elles n'exigent pas un trop grand changementcomportemental.

Les lois et réglementations imposées du haut etappliquées par les institutions qui n'ont pas une auto-rité suffisante seront ignorées. Aussi, est-il importantde faire participer d'autres institutions puissantessurtout celles, comme les ministères de l'environne-ment du tourisme, qui n'ont peut-être pas uneresponsabilité directe pour l'eau et l'assainissementmais dont l'aide et la collaboration sont essentielles.

* * *

Peut-être que la plus importante des six stratégiesdiscutées dans ce chapitre est celle qui consiste à recon-naître que l'assainissement ne doit pas être traitécomme une simple adjonction de l'approvisionnementen eau. La relation symbiotique entre l'approvisionne-ment et l'assainissement est particulièrement prononcéedans les zones péri-urbaines où un nombre croissant depauvres viennent s'installer tous les jours. Un rapportde WASH sur le secteur de l'eau et de l'assainissementen Amérique centrale, publié en 1993, remarque que sil'accès à l'eau était défini plus strictement, du point devue normes de qualité, les pourcentages déjà faibles decouverture dans les nombreuses zones urbaines et péri-urbaines devraient être revus à la baisse, à un niveauinférieur à celui des zones rurales. La raison en est ledanger énorme de contamination pour l'environnementimmédiat des habitants péri-urbains. Les tonnes de dé-chets produits chaque jour ne sont pas ramassés et desmilliers de personnes n'ont pas d'installations sani-taires du tout. Le risque de contamination des sourcesd'eau est élevé et encore plus élevé lorsque les genss'entassent dans les zones péri-urbaines congestion-nées, puisque des centaines de millions utilisent deslatrines qui contaminent les eaux souterraines vu

Les lois etréglementationsimposées du haut etappliquées par lesinstitutions qui n'ontpas une autoritésuffisante serontignorées.

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qu'un si grand nombre de latrines sont concentréesdans une petite zone et que les villes n'arrivent pas àconstruire des systèmes d'évacuation pour les dé-chets industriels et médicaux et que les eaux uséessont déversées telles quelles, non-traitées.

Heureusement que l'intérêt s'accroît pour l'as-sainissement et que les organisations sectoriellescommencent à trouver des solutions ingénieuses à cesproblèmes ardus. Par exemple, l'approche adoptéepar la Fondation de l'habitat coopératif au Hondurasest une approche qu'applaudirait WASH. La Fonda-tion fournit des prêts à des ménages péri-urbainspour construire de meilleures installations d'eau etd'assainissement. Chaque ménage décide du niveaude service qu'il peut se permettre et choisit un mo-dèle au sein de toute une gamme possible. Lorsque leprêt est approuvé, le ménage peut recruter un entre-preneur pour faire les travaux ou peut choisir d'enfaire une partie soi même. Les ménages qui partici-pent doivent accepter de participer également àl'éducation en matière d'hygiène. Grâce à une combi-naison réaliste d'incitations, de financement, departicipation du secteur privé et d'éducation en ma-tière d'hygiène, ce programme a été une réussite.

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Installer un puits et une pompe manuelle, Kolokani, Mali.

Chapitre 5: PERENNITE

Le concept de "pérennité" de WASH provient de la discipline de l'analysede systèmes: c'est une mesure pour juger de la performance de système. Elle serapporte à la capacité d'un système de continuer ces fonctions à un niveau ac-ceptable et pour une période indéfinie de temps en utilisant uniquement lesressources spécifiées dans le plan du système. Pour être durable, le système doitcomporter toutes les ressources y compris les ressources financières nécessairespour maintenir le flux de avantages. Mais dans le lexique du développement, lesressources financières ne peuvent pas toujours venir des bailleurs de fonds.

Dans le domaine de l'approvisionnement et eau et de l'assainissement, lacommunauté du développement pense de plus en plus que la pérennité est le

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LEÇONS RETENUES

guide à un investissement prudent. En particulier, lesbailleurs de fonds hésitent à continuer à verser desfonds dans des programmes de développement et deséquipements qui bien vite peuvent arrêter de fonc-tionner. Dans les termes de WASH le principe peutêtre stipulé clairement: la mesure fondamentale de laréussite aussi bien du système national de dévelop-pement que des systèmes de gestion est lapérennité, c'est-à-dire la capacité de continuer à tra-vailler efficacement pour toujours une fois terminéel'assistance du bailleur de fonds.

Le test de pérennité est appliqué à deux niveaux:il mesure aussi bien la réussite du secteur lui-mêmec'est-à-dire le système national de développementque la réussite des institutions qui sont créées pourfournir les services d'eau et d'assainissement aux ha-bitants. Les grandes variables qui influencent lapérennité des installations d'eau et d'assainissement àces deux niveaux sont la force des institutions et desgroupes communautaires responsables, le niveau decompétence de ceux chargés de l'exécution, le pland'exploitation et d'entretien, le financement et lechoix des technologies utilisées.

Aussi, le programme général de développementdu secteur peut échouer si les institutions établiesn'arrivent pas à réaliser la tâche, si l'on manque deressources humaines et financières ou si la technologieutilisée n'est pas la bonne. Il va de même pour dessystèmes d'eau particuliers si la communauté ne peutpas mobiliser suffisamment de recettes pour couvrirles coûts de l'exploitation et de l'entretien. Depuis laConférence des Nations Unies sur l'environnement etle développement tenue à Rio de Janeiro en juin 1992,il n'est plus possible d'utiliser le terme "pérennité"sans penser au concept de pérennité environnemen-tale. Selon la définition adoptée par la conférence, lesactivités de développement sont "soutenables depoint de vue environnemental" si elles "répondentaux besoins actuels des gens tout en préservant la ca-pacité de la nature afin de répondre aux besoins desgénérations à venir." La conférence a enseigné unenouvelle leçon aux professionnels du secteur de l'eauet de l'assainissement: le travail du secteur doit êtrefait dans le contexte de la pérennité environnementale.

Des années avant la Conférence de Rio, l'AIDexigeait comme préalable des projets d'eau et d'assai-

Le test de pérennité estappliqué à deux niveaux:il mesure aussi bien laréussite du secteurlui-même c'est-à-dire lesystème national dedéveloppement que laréussite des institutionsqui sont créées pourfournir les services d'eauet d'assainissement auxhabitants.

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PERENNITE

nissement des évaluations environnementales.WASH a fourni une assistance technique à un certainnombre de ces évaluations (par exemple au Salvadoret en Equateur). En outre, les consultations de WASHont mesuré l'ampleur des problèmes environnemen-taux liés de manière spécifique à l'eau: Les effetssanitaires de petits barrages d'immigration au Mali,la mesure dans laquelle un nouveau système de trai-tement des eaux usées se déversant dans l'océanpourrait aggraver les risques de choléra en Grenadeet les effets polluants des industries à forte utilisationd'eau dans l'Ile Maurice—pour ne donner que quel-ques exemples.

A l'avenir, le défi sera de continuer à soutenir età encourager des actions qui rendent les interventionsd'eau et d'assainissement soutenables du point devue environnementale. Pour cela, il faut l'approchesuivante.

• Les projets d'eau et d'assainissement de-vraient être élaborés dans le contexte despolitiques et programmes sur les ressourcesd'eau. Souvent il peut s'agir des programmesnationaux mais parfois, pour être efficaces,les ressources d'eau doivent être vues sousl'angle d'un bassin d'eau qui peut s'étendreau-delà des frontières nationales. Commentplusieurs organisations du gouvernementpeuvent-ils travailler ensemble pour élaborerdes plan?

• II faut un changement fondamental dans leprocessus de planification nationale pour in-tégrer les facteurs économiques, sociaux etenvironnementaux. Cela demande une plusgrande participation publique et de meil-leures méthodes de collecte de données.

• L'environnement—y compris l'eau—ne peutplus être pris comme "un bien gratuit." Quece soit maintenant ou plus tard, les coûts en-vironnementaux doivent être remboursés. Leprix de l'eau devrait refléter la valeur totalede la ressource.

Il est clair que le développement et l'environne-ment sont liés de manière inextricable mais les détailssur la manière dont les liens influenceront le travail

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LEÇONS RETENUES

de secteur restent à être définis. Avec cette mise engarde, ce chapitre revoit les leçons que WASH a ap-prises à propos des grands éléments de la pérennité:institutions solides, personnel bien qualifié, personnelbien qualifié, technologies appropriées, exploitationset entretien bien organisés et soutien financier solide.

Leçon dix-septDéveloppement Institutionnel et

valorisation des ressources humaines

Des projets de développement institutionnel ethumain réussis sont complets, systématiques,

participatifs et se fondent surla planification à long terme.

Tel que nous l'avons déjà noté, toute une gammed'institutions participent au secteur de l'eau et de l'as-sainissement, les institutions de service, definancement et celles qui s'occupent de la coordinationet de la réglementation. Vu que WASH travaille sur-tout avec les institutions de services, la discussion icisur le développement institutionnel concerne essen-tiellement ce type d'organisations. Les institutionsresponsables de la fourniture de services sont généra-lement des ministères publics ou des servicessemi-autonomes intervenant surtout dans les zonesurbaines. Ces deux types d'organisations sont très dif-férentes. Un service semi-autonome peut ressembler àune entreprise commerciale n'ayant aucun lien avecles politiques ou les barèmes salariaux du gouverne-ment. Par ailleurs, le ministère public, faisant partied'un système plus vaste à moins de l'attitude dans lamanière dont il fonctionne. Dans les zones rurales, lesinstitutions sont généralement une combinaison deministères publics et d'organisations communautaires.Le rôle du comité d'eau communautaire dont il estquestion dans une section ultérieure pourrait être trèsimportant. Et, tel que nous l'avons déjà mentionné, lesecteur privé a un rôle à jouer.

Des projets conçus pourrenforcer les institutionsde services devraientd'abord examiner laperformance etl'efficacité générale d'uneinstitution.

Evaluer la performance et l'efficacité institu-tionnelle. Des projets conçus pour renforcer lesinstitutions de services devraient d'abord examiner laperformance et l'efficacité générale d'une institution.La manière dont ces deux facteurs sont évalués dé-

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PERENNITE

pend du type d'institution étudiée. Dans le casd'institutions de services ou d'institutions semi-auto-nomes, WASH a défini neuf catégories deperformance qui devraient être entièrement exami-nées et évaluées avant de faire des plans pourrépondre aux besoins de l'institution. Ces catégoriessont les suivantes: autonomie organisationnelle, lea-dership, management et administration, orientationcommerciale, orientation sur le consommateur, capa-cité technique, développement et entretien, culture Un projet complet doitorganisationnelle et interactions avec les grandes ins- traiter simultanémenttitutions externes. tous les systèmes

Dans le cadre des ministères publics, tels que le institutionnels (parministère des travaux publics ou de la santé, il faut exemple, exploitation etdes catégories de performances différentes. Les mi- entretien, aspectnistères n'ont qu'une autonomie limitée par la force administratif,des choses. Ils n'auront probablement pas d'orienta- commercial et technique)tion commerciale et doivent se plier aux politiques et faire participer lespubliques afférentes au personnel. Aussi, leur perfor- gens à tous les niveauxmance devrait être évaluée en fonction de leur de l'institution.capacité à fournir de la formation et une assistancetechnique, de coordonner avec d'autres ministères, desuivre l'efficacité du programme, de planifier, defournir des fonds, de réaliser des projets puis à faireparticiper les communautés. La manière dont cesfonctions sont exécutées dépend en partie du niveauexistant de décentralisation.

Aspect complet du projet. Les projets derenforcement institutionnel aussi bien pour les orga-nisations autonomes que des ministères dugouvernement devraient chercher à être complets etparticipatifs. Si un projet doit être complet, il doittraiter simultanément tous les systèmes institution-nels (par exemple, exploitation et entretien, aspectadministratif, commercial et technique) et faire parti-ciper les gens à tous les niveaux de l'institution. Leprojet d'eau et d'assainissement financé par l'AID auSri Lanka est un exemple d'une activité touchant àtout le système et visant à renforcer tous les aspectsdu Conseil national de l'Approvisionnement en Eauet du Drainage, notamment l'ingénierie, l'approvi-sionnement, la qualité de l'eau et le traitement del'eau, l'exploitation et l'entretien, les services de santépublique et l'assainissement, l'orientation commer-ciale et la gestion, la structure organisationnelle et la

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LEÇONS RETENUES

décentralisation ainsi que le personnel et la forma-tion. Le projet a eu un impact très important sur lerecouvrement (qui a augmenté de 31% des dépensesd'exploitation et d'entretien en 1984 à 99% en 1990),ce qui a permis de diminuer les délais de facturation(de six mois à trente jours). En se concentrant surl'institution entière plutôt que sur un seul aspect, leprojet a également réussi à augmenter la proportionde coûts recouvrés, à diminuer la quantité d'eau non-facturée et à augmenter la proportion de son budgetd'investissement consacré à la rénovation, qui estpassée de zéro en 1984 à 62% en 1990.

Combinaison institutionnelle. Une fois que lesbailleurs de fonds ont apporté leurs ressources, il fauttrois types d'institutions pour pérenniser un systèmed'approvisionnement en eau et d'assainissement enzones rurales, que ce soit dans le milieu rural ou ur-bain: une organisation gouvernementale (ou peut-êtreplusieurs), le secteur privé avec probablement uneONG locale) et une organisation communautairechargée de gérer les équipements et d'organiser lesactivités d'éducation en matière d'hygiène.

L'autorité relative ainsi que les responsabilitésde chaque institution varient grandement suivant lepays ou même l'intérieur du pays. Les équipementsurbains tentent à être centralisés au sein d'une organi-sation ou d'un service mais souvent, ils font appel ausecteur privé pour les services spécialisés. Lescontextes péri-urbains permettent généralement unrôle accru pour le secteur privé surtout lorsque les ha-bitants dépendent de vendeurs pour l'eau, laconstruction et la réparation des maisons. En re-vanche, les zones rurales ont souvent toute unegamme de modèles institutionnels.

Une étude de WASH a constaté qu'il existe diffé-rents modèles suivant le pays. Par exemple, auBotswana, la responsabilité de la gestion est situéeavant tout au niveau national et les apports de lacommunauté sont d'importance mineure. Par contre,dans certaines parties de l'Indonésie, il existe un sys-tème informel basé sur un solide contrôlecommunautaire et sans participation de la part dugouvernement. La plupart des pays ont adopté unecombinaison institutionnelle qui est entre ces ex-trêmes et qui engage à divers niveaux les trois entités.

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PERENNITE

II n'existe pas de combinaisons institutionnelles dontqu'on puisse dire qu'elles s'appliquent à toutes les si-tuations.

Participation au projet. Pour être réussis, lesprojets de développement institutionnel doivent êtreparticipatifs. Un projet de développement institution-nel diffère d'un projet de construction de systèmes depar l'effet qu'il a sur les individus. Une réorganisa-tion, un changement dans la politique liée aupersonnel ou une amélioration de la gestion concer-nent de manière très directe les employés. Le projetdoit être vu comme bénéfique plutôt que comme unemenace pour la position ou la carrière de quelqu'un.Un projet qui ne fait pas participer le personnel del'institution à toutes les étapes de l'effort pourrait êtredéformé par les forces au sein de l'institution elle-même. Comme toujours, les gens seront davantageengagés à changer s'ils ont participé au processus dechangement. Renforcer les capacités institutionnellesest une question complexe qui demande du temps, dela compétence et de la souplesse. C'est essentielle-ment un processus humain et les gens ne changentpas en un jour. 11 existe de nombreuses manières effi-caces de faire participer les personnes d'uneinstitution à un projet d'eau et d'assainissement. Ungroupe central peut être réuni à l'étape conceptionpour fournir conseil et information au concepteur. Unatelier de conception de projets peut être réalisé avecles principaux décideurs pour les faire participer acti-vement à la conception. Un comité directeur ou unpetit comité de gestion peut être créé pour l'exécutionde projets et servir de forums réguliers pour discuterdes progrès et des problèmes. La technique particu-lière choisie doit être fonction de la situation. Ce quiest important, c'est de prendre des mesures pour vé-rifier que toutes les personnes concernées participent.

Liens de communication et rôle de l'agent devulgarisation. Même dans les zones rurales les plusisolées, la plupart des communautés n'arrivent pas àse prendre entièrement en charge. Elles dépendent defournitures de l'extérieur par exemple, le ciment, lespièces de rechanges, des pompes et le carburant pourfaire fonctionner leurs systèmes. Elles ont égalementbesoin d'information sur des éléments tels que le

Pour être réussis, lesprojets de développementinstitutionnel doiventêtre participatifs. Uneréorganisation, unchangement dans lapolitique liée aupersonnel ou uneamélioration de lagestion concernent demanière très directe lesemployés.

Un projet qui ne fait pasparticiper le personnel del'institution à toutes lesétapes de l'effort pourraitêtre déformé par lesforces au sein del'institution elle-même.

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changement de prix, les nouvelles politiques publiqueset les possibilités de participer aux programmes et auxservices du gouvernement. La communication entre lescommunauté et l'organisation publique est donc d'im-portance capitale. Des messages médiatiques parexemple, à la radio, peuvent être très efficaces lorsqu'ilssont dirigés vers un public particulier. Mais le contacthumain est encore plus important. On pense ici à l'a-gent public de vulgarisation.

L'agent devrait visiter périodiquement la com-munauté pour établir une communication bilatéraleet fournir des informations concernant les nouveauxdéveloppements dans le secteur, suivre l'exploitationet l'entretien et encourager les comportements quimènent à des pratiques hygiéniques acceptables. Il ouelle doit écouter les besoins exprimés par la commu-nauté et transmettre cette information au siège del'organisation. Ainsi, l'organisation occupe la positionnécessaire pour modifier ces services en fonction desbesoins réels. Le lien de communication établi par unagent de vulgarisation bien qualifié peut être le fac-teur le plus important pour maintenir les avantagesd'un projet durable.

Le lien decommunication établipar un agent devulgarisation bienqualifié peut être lefacteur le plus importantpour maintenir lesavantages d'un projetdurable.

Le rôle du conseiller à long terme. Le développe-ment institutionnel est plus prévisible que laconstruction d'équipements et partant, demande descompétences différentes. Même si des consultants àcourt terme jouent un rôle dans le cadre de ces pro-jets, c'est le conseiller à long terme qui occupe le rôleprincipal. WASH a travaillé avec de nombreuxconseillers à long terme et a déterminé que ceux effi-caces ont toujours certaines compétences etcaractéristiques.

Premièrement, les conseillers à long terme doi-vent avoir de solides connaissances techniques dansleur discipline et doivent transférer leurs connais-sances de manière qui réponde aux circonstanceslocales. Deuxièmement, ils devraient être capables detransférer les compétences à leurs collègues en éva-luant les besoins d'apprentissage, en se mettantd'accord sur le besoin de changement, en mettant enplace et en évaluant, une stratégie d'apprentissage.Troisièmement, ils devraient profiter de l'occasion detravailler dans une situation multiculturelle et être enmesure de faire des différences culturelles un facteur

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positif ou un non-facteur dans les situations profes-sionnelles de tous les jours. Quatrièmement, ilsdoivent être engagés face au développement et auconcept. Le but final est de responsabiliser la commu-nauté et de créer les aspects nécessaires pour qu'ellespuissent continuer le travail après l'assistance techni-que. Enfin, les conseillers à long terme doivent êtrecapables et désireux de prendre le temps pour établiret maintenir des relations collégiales avec tout un en-semble de personnel.

Examen et révision continus du projet. Un chan-gement institutionnel demande qu'on soit prêt àrevoir des plans et des stratégies au vu des événe-ments et des circonstances changeantes. Il convient desuivre constamment les progrès du projet pour pou-voir détecter les problèmes avant qu'ils ne deviennentdes obstacles de taille. Il est important de prendre durecul à l'occasion, de revoir les buts du projet et de ré-soudre les problèmes qui se présentent. WASH aréussi à utiliser la technique des ateliers réguliersd'examen de projets pour vérifier que les projets nes'écartent pas de la voie. Cette technique a été parti-culièrement bien reçue au Sri Lanka, en Equateur eten Tunisie.

Valorisation des ressources humaines. La valori-sation des ressources humaines est un aspect crucialdu développement institutionnel et un volet essentielde la pérennité à long terme. Elle comprend éduca-tion, formation , planification à long terme pour lesbesoins en matière de personnel tant au niveau insti-tutionnel qu'au niveau sectoriel, recrutement etsélection du personnel, politique de gestion du per-sonnel dans les domaines tels que les compensationset les incitations et le développement de la gestion. Lavalorisation des ressources humaines devrait viserceux qui travaillent directement dans le secteur del'approvisionnement en eau et de l'assainissementainsi que ceux intervenant dans les secteurs connexes.

Vu que les gens travaillent presque toujoursdans un type de contexte institutionnel, les ressourceshumaines et les institutions sont interdépendantes.Bien que la plupart des organismes de développe-ment comprennent la relation entre la valorisationdes ressources humaines et la performance institu-

Un changementinstitutionnel demandequ'on soit prêt à revoirdes plans et desstratégies au vu desévénements et descirconstanceschangeantes.

La valorisation desressources humaines estun aspect crucial dudéveloppementinstitutionnel et un voletessentiel de la pérennitéà long terme.

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tionnelle, peu ont été en mesure de concevoir des pro-jets qui réunissent efficacement les deux. WASH ainsisté sur la nécessité d'apporter une perspective ins-titutionnelle générale lors de la réalisation de sestravaux de valorisation humaine. Par exemple, en Bo-livie, WASH a organisé une série d'ateliers surl'exploitation et l'entretien des équipements d'eaupour le département de l'assainissement environne-mental du ministère de la santé. Les formateurs sesont bien vite rendu compte qu'ils ne pouvaient pasconcevoir les ateliers sans avoir des politiques dépar-tementales bien claires concernant l'exploitation etl'entretien. Ils chercheront à relier les ateliers aux butsplus généraux du département. WASH a organiséune séance d'une journée pour les principaux déci-deurs pour aider le département à définir sespolitiques d'exploitation et d'entretien, sur la basedesquelles on pouvait ensuite concevoir une séried'ateliers de formation.

C'est lorsqu'elle utilisedes méthodesparticipatives etexpérientielles que laformation rapporte lesmeilleurs résultats.

L'approche participativeest conforme auxconcepts voulant quel'essence même dudéveloppement est dedonner aux gens lesmoyens de prendre encharge leur propredéveloppement etd'encourager un espritd'autonomie.

Utilisation de méthodes de formation expérien-tielles et participatives. C'est lorsqu'elle utilise desméthodes participatives et expérientielles que la for-mation rapporte les meilleurs résultats. Même si l'oncomprend bien dans les pays en développement l'im-portance de la formation des agents, la qualité de laplupart des programmes de formation est médiocre.Les techniques de formation telles que conférence ouapprentissage par coeur sont considérées démodéesaux Etats-Unis et dans d'autres pays de l'Occidentmais continuent toujours à être utilisées dans les paysen développement. Par contre, la formation à carac-tère participatif tel qu'élaboré par les modèlesexpérientiels a des résultats bien meilleurs et plus du-rables. Elle réussit mieux pour plusieurs raisons.

Premièrement, l'approche participative estconforme aux concepts voulant que l'essence mêmedu développement est de donner aux gens lesmoyens de prendre en charge leur propre développe-ment et d'encourager un esprit d'autonomie. Elleconfie la responsabilité de l'apprentissage directe-ment aux participants, leur montrant qu'ilsn'apprendront rien à moins qu'ils n'acceptent cetteresponsabilité.

Deuxièmement, dans une grande partie dumonde en développement, les gens apprennent en

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faisant et non pas en suivant une formation dans uncontexte formel. La formation expérientielle réponddirectement à ces traditions en accordant une grandeimportance à l'exercice pratique.

Troisièmement, l'approche expérientielle à for-mation n'offre pas de formules toutes faites. Lesparticipants généralement trouvent qu'ils doiventcontribuer autant que les formateurs et par consé-quent se sentent plus impliqués par rapport à cequ'ils apprennent.

Enfin, vu que les changements se sont faits rapi-dement dans le monde en développement, les genssont véritablement prêts à essayer de nouvelles ap-proches. En dépit du fait que les participants sonthabitués à l'apprentissage par coeur, ils répondent ex-trêmement bien à la formation exigeant uneparticipation active.

Définir les besoins en matière de formation. Gé-néralement, on trouve que la formation est nécessairesurtout pour les professionnels (par exemple, les in-génieurs et les spécialistes de la santé publique) et lesniveaux techniques (puisatiers et spécialistes des ré-parations des pompes). Enfin, les besoins deformation sont bien plus grands que cela. Au sein dela plupart des institutions, le personnel chargé de lacomptabilité, de la budgétisation, du personnel et desachats a également besoin de formation. En outre, ilfaut souvent une formation portant sur la gestion etla supervision. Au niveau communautaire, les be-soins en formation ne concernent pas simplement lapersonne qui s'occupe peut-être des emplois maiségalement le comité local responsable des comptesrendus financiers de l'éducation en matièred'hygiène.

Au Malawi, WASH a fourni une formation àtous les niveaux du ministère des travaux publics quiétaient responsables de l'approvisionnement en eauet le ministère de la santé chargé de l'assainissementet de l'éducation en matière d'hygiène. Les pro-grammes de formation en cours d'emploi étaientorganisés pour les deux ministères à l'intention desingénieurs, des inspecteurs de la santé, des assistantssanitaires, des superviseurs de la construction, desopérateurs de systèmes et des assistants de la surveil-lance et du suivi sanitaires. Des stages de formation à

Généralement, on trouveque la formation estnécessaire surtout pourles professionnels (parexemple, les ingénieurset les spécialistes de lasanté publique) et lesniveaux techniques(puisatiers et spécialistesdes réparations despompes). Enfin, lesbesoins déformationsont bien plus grandsque cela.

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l'étranger portant sur l'ingénierie et la gestion ont étéproposés pour le personnel senior. En outre, une sériede stages d'orientation, d'ateliers concernant le lea-dership et de séances d'éducation en matièred'hygiène ont été organisées pour les dirigeants com-munautaires, les membres de comités villageois et leséquipes de réparation des systèmes communautaires.

La formation efficace doitêtre systématiquementplanifiée, dispensée etgérée.

Conception des programmes de formation. Laplupart de la formation parrainée par les bailleurs defonds comprend des ateliers organisés une seule fois.Malheureusement, de tels événements isolés ne peu-vent pas avoir un très grand impact. Sans suivi etsans contexte institutionnel, les réalisations tenant àun atelier s'évaporeront bien vite. La formation effi-cace doit être systématiquement planifiée, dispenséeet gérée.

La formation réussit surtout lorsqu'elle estconçue comme une série d'événements s'appuyant lesuns sur les autres. Un plan de formation complètevaut encore mieux. WASH a conçu des plans de for-mation complète dans plusieurs pays. Par exemple,au Zaïre, dans le cadre d'une stratégie pour SANRUII (Programme de soins de santé primaires en zonesrurales), WASH a réalisé trois ateliers de formationde formateurs pour mettre sur pied un groupe de for-mateurs zaïrois bien préparés.

En Bolivie, WASH a conçu une stratégie de for-mation comprenant quatre ateliers pour améliorer lescapacités d'exploiter et d'entretenir les systèmes d'ap-provisionnement en eau dans les zones rurales ausein du département de l'assainissement environne-mental. Le premier atelier se consacrait à la formationdes superviseurs ruraux en matière de concepts géné-raux liés à l'exploitation et l'entretien, le second visaità améliorer les compétences des superviseurs en ma-tière d'entretien des pompes, le troisième portait surla conception des stages de formation, et le quatrièmesur le test pilote et la revue des stages. Cette séquenced'ateliers a permis de mettre en place un groupe detechniciens qualifiés au niveau de l'exploitation et del'entretien et a réuni les éléments fondamentaux d'unplan d'exploitation d'entretien.

Elaborer le matériel de formation. Une bonneformation est chère. Du matériel de formation efficace

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Une bonne formation estchère. Du matériel deformation efficace nepeut pas être réuni en unrien de temps.

ne peut pas être réuni en un rien de temps. Il faut unengagement significatif du point de temps et res-sources. Par exemple, le coût de l'élaboration d'unguide de formation ne porte non seulement surl'avant-projet initial mais également sur le test pilote,les révisions après chaque test et enfin, sur la réalisa-tion finale. Un bon conseil pour déterminer le tempsnécessaire pour élaborer du matériel de formation: ilfaut environ 25 heures de préparation du matérielpour chaque heure d'instruction. Aussi, un guide deformation pour un atelier de 30 heures prendraitpresque 90 jours de travail.

En outre, l'évaluation initiale des besoins et lestests de terrain peuvent revenir très chers. Le matérielde formation devrait être aussi concis et succinct quepossible. Vu que les formateurs des pays hôtes quiutilisent le matériel n'auront probablement que peud'expérience, celui-ci devrait être facile à utiliser avecdes images et des documents qui seront distribués.

WASH a préparé des guides de formation sur uncertain nombre de sujets (par exemple, constructionde latrines, aménagement de puits et éducation enmatière d'hygiène) et a constaté que la meilleure ap-proche consiste à combiner les compétences d'unspécialiste de la formation et d'un spécialiste techni-que. La plupart des spécialistes techniques ne saventpas rédiger les manuels de formation: Ils finissenttoujours par écrire un manuel de références techni-ques ayant beaucoup de mal à annoncer les objectifsde la formation, les instructions pour le formateur etles activités pédagogiques spécifiques. Aussi, vaut-ilmieux que le spécialiste de la formation prenne lesdevants en ce qui concerne la rédaction de guide deformation et face fonction de coordinateur pour le ap-ports techniques.

Mettre en place les capacités pédagogiques. Pourpouvoir fournir une formation efficace dans le longterme, l'institut lui-même doit mettre en place une ca-pacité pédagogique. Si l'on veut que la formation soitefficace, elle doit se fonder sur une évaluation exactede besoins, conçue en fonction des principes de la for-mation pour adultes; visant le bon public; conçuepour améliorer la performance; réalisée par des for-mateurs compétents, bien gérée et continuellementsuivie et évaluée.

Pour pouvoir fournirune formation efficacedans le long terme,l'institut lui-même doitmettre en place unecapacité pédagogique.

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// est essentiel de relierles activités dudépartement deformation dans sonensemble et défaire uneffort pour obtenirl'engagement et lesoutien des cadressupérieurs.

La mise en place d'une capacité pédagogiquecommence par la vision de la formation dont a besoinl'organisation. Les superviseurs et cadres devraientaider à créer cette vision et à participer aux décisionsconcernant la structure et la dimension du départe-ment de formation/ les coûts de la formation ainsi quele recrutement et la valorisation des formateurs. Il estessentiel de relier les activités du département de for-mation dans son ensemble et de faire un effort pourobtenir l'engagement et le soutien des cadres supé-rieurs. Ce n'est qu'à ce moment là qu'un programmede formation reçoit les ressources humaines et finan-cières nécessaires et peut servir les besoins del'organisation.

En Equateur, WASH a travaillé avec l'Institutdes travaux sanitaires pour conceptualiser un dépar-tement de la formation, définir ses rôles etresponsabilités, déterminer sa structure organisation-nelle et réaliser une série d'ateliers sur la formationdes formateurs pour mettre en place un groupe deformateurs chevronnés.

En Oman, WASH a aidé le Ministère des Res-sources hydraulique à définir le rôle d'undépartement de formation interne voyant ce qu'il fal-lait faire pour le rendre efficace. Le ministère venaitd'être créé et, par conséquent, avait toute une série debesoins en matière de formation par rapport à des ca-pacités internes limitées. Une des grandes questionsétait la manière dont le département de formations'alignerait sur le ministère.

On ne saurait que souligner encore une fois l'im-portance du développement institutionnel et de lavalorisation des ressources humaines pour la péren-nité. C'était l'une des grandes leçons de la Décenniede l'Eau. Les investissements dans l'approvisionne-ment en eau et l'assainissement ne rapporteront desrésultats que si les institutions bénéficiaires ont la ca-pacité de les utiliser efficacement.

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L'on sait que lesproblèmes d'exploitationet d'entretienreprésentent le plusgrand problème dans lesecteur del'approvisionnement eneau et del'assainissement.

Leçon dlx-hultTechnologie et normes techniques

II faut envisager tous les aspects liés à la conceptionet à l'application de l'ingénierie pour que les

systèmes soient durables.

En général, la technologie actuelle cherche à résoudre laplupart des problèmes de l'approvisionnement en eau etde l'assainissement dans les pays en développement.Mais certaines lacunes persistent particulièrement dansle domaine des systèmes appropriés pour les commu-nautés péri-urbaines et les options, à faible utilisation detechnologie, pour la collecte des eaux usées des villes.Généralement, ce n'est pas du côté technologie que setrouve le problème puisqu'il existe toute une gamme dechoix techniques. Bien sûr il y a toujours moyen d'amé-liorer et d'autres progrès techniques peuvent survenir.Mais la technologie par elle-même ne peut pas résoudreles problèmes des pays en développement notammentceux liés à l'approvisionnement en eau et à l'assainisse-ment. C'est la manière dont la technologie est appliquéeet dont elle est choisie qui détermine si les solutions se-ront appropriées.

Aspects socio-économiques. L'on sait que lesproblèmes d'exploitation et d'entretien représententle plus grand problème dans le secteur de l'approvi-sionnement en eau et de l'assainissement. Maisl'insuffisance de l'exploitation de l'entretien n'est quela manifestation d'un autre problème: celui de ne pasavoir envisagé tous les facteurs sociaux, financiers,institutionnels et technologiques au moment de laconception et de l'exécution du projet. Si l'on utiliseun processus décisionnel "intégré" à tous ces fac-teurs, il est plus probable que le meilleur—c'est-à-dire le plus approprié—système d'eau ou delatrines ou encore d'évacuation des eaux usées serautilisé et bien entretenu.

Si l'on veut qu'une technologie convienne dansun endroit donné, elle doit passer plusieurs tests so-cio-économiques. Premièrement, l'utilisation de latechnologie devrait être, théoriquement et physique-ment, dans les capacités des personnes responsablesde l'exploitation et de la réparation du système. Lepompes manuelles peuvent souvent être réparées par

Si l'on veut qu'unetechnologie conviennedans un endroit donné,elle devrait êtrethéoriquement etphysiquement, dans lescapacités des personnesresponsables del'exploitation et de laréparation du système.

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Les pièces de rechange etl'équipement doiventêtre disponibles pourmaintenir et réparer latechnologie choisie.

les mécaniciens vélo, après une période de formationrelativement courte. En revanche, les usines de traite-ment des eaux ont généralement besoin d'un groupede personnes qualifiées.

Deuxièmement, les pièces de rechange et l'équi-pement doivent être disponibles pour maintenir etréparer la technologie choisie. Importer les pièces derechange et les outils d'autres pays entraîne générale-ment des problèmes logistiques et de devisesétrangères. Par exemple, au Botswana, on demandaità WASH d'aider à réparer deux puits forés par desAméricains qui étaient tombés en panne. Le consul-tant de WASH a compilé une liste des pièces derechange nécessaires dont certaines devaient êtreachetées auprès du fabricant américain situé en Pen-sylvanie. Il a fallu sept mois pour obtenir les piècesde rechange. La leçon tirée de cette activité est que lematériel importé même s'il est fourni gratuitementpar un bailleur de fonds doit pouvoir compter surune source sûre de pièces de rechange.

Troisièmement, le coût lié à l'exploitation de latechnologie doit rentrer dans les moyens financiersde celui qui assumera le coût. Les habitants des zonespéri-urbaines ne seront peut-être pas à même depayer pour les branchement nécessaires mais pour-ront peut-être se permettre, et être satisfaits par unebome-fontaine temporaire. De même, de nombreuxhabitants des zones rurales n'arriveront peut-être pasà payer les redevances nécessaires pour exploiter unepompe diesel mais peuvent se permettre de pompesmanuelles moins chères. Les coûts envisagés ne com-prennent pas seulement les coûts de l'exploitation etde l'entretien mais également les coûts de remplace-ment. Par exemple, les systèmes utilisant des énergiesrenouvelables telles que l'énergie éolienne ou solairecomportent généralement de faibles coûts d'exploita-tion ou d'entretien mais des coûts de remplacementélevés.

Le quatrième test permettant de déterminerl'adéquation d'un technologie particulière pourraitressembler ou contredire le troisième: la technologiedoit être abordable mais doit également êtreattrayante et souhaitable. WASH et d'autres organisa-tions ont constaté que certaines technologies moinschères sont souvent rejetées alors qu'on accepte destechnologies bien plus pointues qui souvent ne

Le coût lié àl'exploitation de latechnologie doit rentrerdans les moyensfinanciers de celui qui enassumera le coût.

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la technologie doit êtreabordable mais doitégalement êtreattrayante et souhaitable.

semblent pas abordables du point de vue financier.Parfois, les technologies ne rapportent pas le côtépratique qu'apprécient les éventuels utilisateurs.Aussi, ces derniers ne sont-ils pas prêts à payer unmontant modeste pour une pompe manuelle qui est à500 mètres mais seront tout à fait prêts à assumer lecoûts (plus élevés) de la borne frontière installée dansleur cour. De même, dans les zones péri-urbaines, lesgens ne semblent pas s'intéresser à la constructiond'une latrine abordable mais semblent bien plus inté-resser par les toilettes avec chasse d'eau qui sont bienplus chères. Ces toilettes ajoutent à la valeur de lamaison et contrairement aux latrines n'ont pasd'odeur. Aussi, les habitants des zones péri-urbainessont prêts à payer pendant dix années pour ce typede toilettes. Toutefois, il faut savoir que les choixtechnologiques sont souvent liés au financement di-sponible. Si les dépenses d'investissement peuventêtre reparties dans le temps, les utilisateurs surpren-nent souvent les planificateurs puisqu'ils préfèrentdes solutions plus chères.

Mais, l'adéquation de telles solutions dépend dela situation particulière, n n'existe pas de listeapprouvée "de technologie appropriée" interchan-geable. Une technologie qui convient dans de tellesituation peut être source de problèmes dans une au-tre. Certains pays utilisent un niveau plus élevé detechnologie que les autres. Il existe des différencesnotables non seulement entre pays, mais égalemententre zones différentes du même pays. Dans une ré-gion par exemple, l'électricité peut être plu fiable, lesservices techniques peuvent être plus accessibles oules capacités d'exploitation et d'entretien peuvent êtretrès sophistiquées.

Conception et pratique d'ingénierie et deconstruction. Lorsqu'ils choisissent une technologieparticulière, les planificateurs doivent tenir comptenon seulement des conditions locales mais égalementdes pratiques locales. Celles-ci peuvent également va-rier d'un pays ou d'un emplacement à l'autre. Parexemple, dans de nombreux pays en développement,la méthode de fabrication du ciment armé diffère dece qui est indiqué dans le manuel et souvent le cimentarmé n'est pas aussi solide et ne peut pas être utiliséexactement de la même manière que celui des ma-

L'adéquation de tellessolutions dépend de lasituation particulière. Hn'existe pas de listeapprouvée "detechnologie appropriée"interchangeable.

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Dans les pays endéveloppement, demauvaises pratiquesd'ingénierie et deconstruction de faiblequalité sont desproblèmes plus courantsque les technologies tropsophistiquées.

nuels. Les ingénieurs devraient connaître les prati-ques locales avant de réfléchir aux solutionsd'ingénierie appropriée.

Dans les pays en développement/ de mauvaisespratiques d'ingénierie et de construction de faiblequalité sont des problèmes plus courants que lestechnologies trop sophistiquées. De nombreux sys-tèmes sont mal conçus, de manière guère efficace etparfois incorrecte reflétant la mauvaise compréhen-sion des principes d'ingénierie fondamentale. C'estdû est partie à une formation biaisée et en partie aumanque de compétences pratiques et d'expérience.L'ingénierie est autant un art et une science et il existeun besoin fondamental de formation au niveau dupremier ainsi qu'une éducation au niveau dudeuxième. Du côté construction, le problème vient dece qu'on ne construit pas en fonction des plans, qu'onutilise des matériaux inappropriés et que la supervi-sion est insuffisante. Dans les zones péri-urbaines,l'art et la science de l'ingénierie peuvent être inappro-priés. Bien que les communautés péri-urbaines soienttrès différentes à maints égards aussi bien des zonesrurales ou urbaines, les ingénieurs continuent à utili-ser des directives qui n'incluent pas d'autrestechnologies ou qui tiennent compte de certainescontraintes uniques aux zones péri-urbaines.

Les ingénieurs locaux et souvent leurs conseillersexpatriés préfèrent les systèmes qu'ils connaissent. Cesont généralement les systèmes les plus modernes ba-sés sur des normes d'ingénierie et de constructionconçues pour les pays industrialisés. Souvent ils neconviennent pas à la topographie difficile, aux sols ouaux autres conditions des zones péri-urbaines.

Généralement, les ingénieurs continuent à dé-pendre de systèmes conventionnels même dans dessituations non-conventionnelles car on les a formés enfonction d'un programme mis au point par les profes-seurs expatriés ou des ingénieurs locaux qui ont étééduqués à l'étranger. De plus, dans de nombreuxpays en développement, les nonnes d'ingénierie sontempruntées des pays industrialisés. Par conséquent,même dans les zones urbaines où la moitié de la villeest jugée de nature péri-urbaine, il est très rare detrouver les étudiants en ingénierie suivre ne serait-cequ'un cours sur des technologies pour l'approvision-

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nement en eau et l'assainissement en zones péri-ur-baines.

Il existe des exemples de simples solutionsd'ingénierie pour l'approvisionnement en eau et l'as-sainissement dans les zones péri-urbaines. Mais pourla plupart, la communauté mondiale de l'ingénieriesoit n'est pas au courant de leur existence, soit ne faitpas confiance ou hésite à même envisager ces possibi-lités. La conceptualisation, la conception et laconstruction de ces systèmes simples appropriés auxzones péri-urbaines sont les défis compliqués exi-geant des ingénieurs compétents, chevronnés etimaginatifs travaillant au sein d'équipes inter-disci-plinaires avec des sciences sociaux, des économisteset d'autres spécialistes.

Même dans les zonesurbaines où la moitié dela ville est jugée denature péri-urbaine, ilest très rare de trouverles étudiants eningénierie suivre neserait-ce qu'un cours surdes technologies pourl'approvisionnement eneau et l'assainissementen zones péri-urbaines.

Critères et normes. La question de critères etnonnes appropriées se présente de diverses manièresdans le cadre des projets d'approvisionnement en eauet d'assainissement des pays en développement. Parexemple, la question de pièces de rechange dont il estquestion ci-dessus est généralement compliquée pardes politiques exigeant que l'équipement soit achetédans le pays du bailleur de fonds qui a apporté l'ar-gent pour construire le système. Dans certains pays, ilexiste une variété de pompes chacune demandant dif-férentes pièces de rechange et différents outils en casde réparation. Les pays en développement tout sim-plement ne peuvent pas soutenir autant detechnologies différentes. Ce problème pourra être ré-solu de la meilleure manière qui soit si on se donnedes normes de conception et d'installation uniformesau niveau national. Par exemple, tous les systèmesd'une certaine dimension et d'un certain type dansun pays donné pourraient utiliser le même typed'équipement.

Si le gouvernement met en place des normes etmontre ainsi qu'il est prêt et capable de prendre encharge le processus de développement, les bailleursde fonds seront probablement plus souples au niveaude leur politique "acheter américain", "acheter an-glais" ou "acheter allemand." Par exemple, le Bénin ainsisté et a réussi à faire acheter uniquement lespompes India Mark II pour ses systèmes de pompesmanuelles.Ces pompes étaient initialement fabriquéesau Togo, pays voisin, pour avoir un accès facile aux

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Les normes aidentégalement à protéger lescommunautés et lesprogrammes de projetsbien intentionnés maismal conçus.

pièces de rechange. Les usines togolaises connais-saient souvent des arrêts de travail mais le Béninavait passé un contrat avec un importateur local pouracheter les pompes en Inde. Bélize a adopté une poli-tique analogue concernant également la pompe MarkII. De plus en plus de pays adoptent à présent cetteapproche. Pour leur part, les bailleurs de fonds de-vraient apprendre à être souples en imposant desnormes tout particulièrement celles exigeant un prixfixé à un niveau irréaliste.

Les normes aident également à protéger les com-munautés et les programmes de projets bienintentionnés mais mal conçus. Dans certains pays, desorganisations non-gouvernementales ont construit,de manière indépendante, de nombreux équipementsde qualité médiocre qui très vite sont tombés enpanne. Non seulement cela déçoit la communautémais c'est aussi une source de répercussions adversessur le programme national d'approvisionnement eneau et d'assainissement même si le projet ne faisaitpas partie du programme. Cela fait qu'il sera peut-être difficile de travailler avec la même communautédans le cadre d'un projet plus durable. Bien qu'il estsouvent important et souhaitable de faire participerles ONG, pour les raisons données au chapitre 3, legouvernement devrait insister pour que les équipe-ments soient construits conformément aux normesminimum.

La qualité de l'eau est un autre domaine où l'ap-plication de normes et de critères est importante.Adopter des critères de l'extérieur et chercher à lesforcer dans un contexte différent est souvent une er-reur aussi grave que de forcer une technologiedonnée dans une situation inappropriée. Les gouver-nement des pays en développement doivent adapterles normes externes de la qualité de l'eau ou conce-voir leurs propres normes voyant d'abord ce qu'ilsveulent réaliser grâce à ces normes. Par exemple,l'Organisation mondiale de la Santé a mis au point lesdirectives sur la qualité de l'eau qui sont souventprises à tort pour "des normes". Mais dans certainsendroits, peut-être n'est-il pas réaliste ou est-il tropcher d'adopter ces directives si, en ce faisant, on dimi-nue nettement le nombre de personnes pouvantbénéficier de l'approvisionnement en eau. Construiredes systèmes moins chers pourrait signifier baisser la

Adopter des critères del'extérieur et chercher àles forcer dans uncontexte différent estsouvent une erreur aussigrave que de forcer unetechnologie donnée dansune situationinappropriée.

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qualité de l'eau mais au moins, les gens pourraientavoir accès à une qualité acceptable pour le pays. Lestravaux de recherche ont montré qu'en augmentant laquantité d'eau disponible pour les populations cibléesest souvent source d'autant d'avantages sanitaire quel'amélioration de la qualité de l'eau.

Des normes et standards devraient égalementêtre élaborés pour le traitement des eaux usées sur-tout si les eaux usées doivent être réutilisées pourl'irrigation ou à d'autres fins. La même chose s'appli-que à l'évacuation des déchets solides. Quelles sontles conditions pour des décharges ne présentant pasde danger? Ces normes doivent être établies dans lecontexte de la pérennité environnementale mais, àl'instar des normes de la qualité de l'eau, elles doi-vent être réalistes pour les pays en développement.Trop souvent, des solutions que les pays industriali-sés ont adopté sont vues comme inaltérables, alorsque les pays en développement ne peuvent pas se lespermettre. Il n'existe pas de solutions techniques uni-ques mais bien une gamme d'options dont chacune ases avantages et ses inconvénients.

Le fait d'envisager les normes et standards dansleur contexte institutionnel, social et politique et dereconnaître qu'il faudra peut-être les ajuster, utiliserdes technologies qui sont véritablement appropriées,permet de diminuer le coût de l'eau et de l'assainisse-ment, étendant la couverture, à un même coût, à unnombre plus grand de personnes.

Le fait d'envisager lesnormes et standardsdans leur contexteinstitutionnel, social etpolitique et dereconnaître qu'il faudrapeut-être les ajuster,utiliser des technologiesqui sont véritablementappropriées, permet dediminuer le coût de l'eauet de l'assainissement.

Participation communautaire. Vu que l'exploi-tation et l'entretien sur le plan local représententsouvent l'aspect le plus important si l'on veut que lesystème dure et que soient choisies des technologiesappropriées, il est important que les membres de lacommunauté participent aux décisions techniques. Lecôté pratique est souvent le facteur le plus important,déterminant l'intérêt communautaire dans l'utilisa-tion des nouveaux équipements. Il est plus importantpour la plupart de utilisateurs d'avoir un point d'eaudans le voisinage que d'avoir une eau salubre. C'estla raison pour laquelle des sources polluées conti-nuent à être utilisées même si on a construit unnouveau puits qui fournit une eau salubre mais qui sesitue à une certaine distance ou qui exige un effortpour obtenir l'eau. Les latrines risquent d'être igno-

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Les systèmes d'eau etd'assainissement qui sebasent sur destechnologiesculturellementacceptables déjà utiliséespar les communautés ontune bien meilleurechance d'être adoptées etmaintenues.

rées s'il existe des buissons pratiques dans le voisi-nage ou si les gens pensent que les latrines ne sontpas hygiéniques.

Même si le consommateur pense au départ quele facteur le plus important se situe au niveau du côtépratique, une bonne éducation en matière d'hygiènepeut l'aider à apprécier les avantages sanitaires desnouveaux équipements. Mais si l'on veut que ce chan-gement se fasse, il faut que les consommateursparticipent aux projet, de la conception jusqu'à l'exé-cution, à l'exploitation et l'entretien ainsi qu'àl'évaluation.

Les systèmes d'eau et d'assainissement qui se ba-sent sur des technologies culturellement acceptablesdéjà utilisées par les communautés ont une bien meil-leure chance d'être adoptées et maintenues. Desinnovation radicales rencontrent souvent un certainscepticisme et un manque d'enthousiasme. La collectedes eaux de pluie en Thaïlande est un bon exemple dela manière dont on peut construire à partir de veillestechnologies. Les eaux de pluies ont été collectées de-puis des centaines d'années sur les toits en Thaïlande.Dans un effort visant à améliorer cette technologie,l'Institut asiatique, de la Technologie a étudié le pro-blème lié à la qualité de récipients d'eau pour qu'il n'yest pas risque de contamination. On a procédé à desaméliorations du système en utilisant des matériauxlocaux peu chers. Des seaux ont été conçus pour di-vertir les premières eaux de pluie sur le toit, ce quireprésentait une amélioration importante.

Pour choisir les technologies en fonction des be-soins perçus, les planificateurs doivent expliquerclairement (mais pas avec condescendance) auxconsommateurs les choix disponibles. En effet, lesmembres communautaires ne seront pas des expertstechniques, ils n'ont pas d'ailleurs pas besoin de l'être,puisqu'il existe généralement une variété de technolo-gies disponibles qui permettront de répondre auxbesoins du projet sur le plan équipement. Par exemple,certains villages au Burkina Faso ne voyaient pas d'unbon oeil l'installation de pompes manuelles. Suite auxexpériences déjà faites, elles préféreraient l'eau assuréed'un puits à large diamètre. Dans les communautés quiont de nombreux animaux, les puits ouverts permettentde puiser l'eau plus rapidement que les pompes ma-nuelles car plusieurs personnes peuvent utiliser les

Pour choisir lestechnologies en fonctiondes besoins perçus, lesplanificateurs doiventexpliquer clairement(mais pas aveccondescendance) auxconsommateurs les choixdisponibles.

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seaux et les cordes en même temps. En outre, pour lescommunautés isolées où les déplacement et l'achatdes pièces de rechange sont difficiles, un puits ouvertgarantit l'offre d'eau et apporte au villageois un accèspratique.

Leçon dix-neufExploitation et entretien

Les plans d'exploitation et d'entretien faits avantque les équipements ne soient construits aident à

garantir le choix de technologies durables.

Tel que noté ci-dessus, la planification de l'exploita-tion et de l'entretien devrait commencer à l'étape deconception de projets lorsque diverses technologiessont envisagées. On ne peut pas simplement envisagerde manière générale les besoins d'exploitation et d'en-tretien. Il faut une planification bien pensée et sérieusepour concevoir les plans d'exploitation et d'entretienafin d'éviter les futurs problèmes.

Trop souvent, on accorde une attention insuffi-sante aux plans d'exploitation et d'entretien. Letravail est tout simplement confié à un service d'eaucentral et ce n'est que lorsque les systèmes sont enplace qu'on se rend compte de l'ampleur de besoinsliés à l'exploitation et à l'entretien. Alors il devientévident qu'il faut faire d'autres arrangements. Mais àce point il est souvent trop tard pour concevoir unesolution satisfaisante. Les plans d'exploitation etd'entretien ne peuvent pas être rajoutés, après coupmais devraient être préparés tout au début du proces-sus de conception. Ûs doivent être réalisés et doiventtenir compte des ressources disponibles.

Le plan d'exploitation et d'entretien doit préciserqui sera responsable de l'exploitation et l'entretien dusystème (comment et quand) ainsi que les matériaux,l'équipement et les pièces qui seront utilisés, qui paie-ra pour ces pièces et comment. Ils doiventcomprendre les aspects suivant:

• Plans liés au personnel—Combien de per-sonnes, à quel niveau d'expertise et decompensation seront nécessaires de manièrerégulière et quels sont les types d'expertisesspécialisés dont on aura besoin?

Les plans d'exploitationet d'entretien ne peuventpas être rajoutés, aprèscoup mais devraient êtrepréparés tout au débutdu processus deconception.

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• Plans de valorisation de ressources hu-maines—Qui exploitera et entretiendra lessystèmes, où sont ces personnes? L'expertisespécialisée est-elle accessible? Quelle est laformation de ceux qui devront exploiter lesystème, ont-ils besoin d'une formation com-plémentaire? Qui fournira cette formation?Où? Comment?

• Méthodes—Quelles sont les activités execu-tives? Tous les combien? Sous quellesupervision.

• Plans pour obtenir les fournitures—Quellessont les pièces de rechange, le matériel etl'équipement nécessaires? Combien coûtent-ils? D'où proviennent-ils? Quels sont lesaspects logistiques liés à l'approvisionnement?

• Plans budgétaires et financiers—Combien ce-la coûtera-t-il? Qui devra payer? Quelles estproportion que la communauté est prête à as-sumer? Quelles sont d'autres ressourcesfinancières disponibles? Comment réunira-t-on l'argent?

Tant qu'on n'aura pas répondu à ces questions etqu'on n'aura pas fait de plans avant de construire leséquipements, on risque encore une fois de se retrou-ver avec un système qui ne peut pas être maintenudans le temps. Les plans d'exploitation et d'entretiendevraient être mis au point pendant la période d'essaide l'exécution du projet avant la fin de l'assistancetechnique pour permettre aux communautés d'avoirle temps de s'adapter à ces nouvelles obligations.Cela prend du temps mais c'est un temps bien utilisési l'on songe à l'éventuel gaspillage de ressources sice n'est pas fait.

Un des grands éléments du plan d'exploitationet d'entretien est le volet des ressources humaines,c'est-à-dire les personnes qui vont exploiter et entre-tenir le système. Il s'agira probablement de membrescommunautaires, de personnes spécialisées au niveaude l'entretien et, dans certains cas, de sociétés du sec-teur privé tel que décrit ci-après.

A moins qu'on ait répondu à toutes ces ques-tions et que des plans aient été faits avant deconstruire les équipements, le résultat risque d'être

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un autre système qui ne pourra être maintenu. Lesplans d'exploitation et d'entretien devraient être affi-nés pendant la période d'essai de l'exécution avant lafin de l'assistance technique pour permettre aux com-munautés d'avoir le temps de s'adapter à leursnouvelles obligations. Cela peut être un processus quiprend du temps mais c'est du temps bien passé com-paré à l'éventuel gaspillage de ressources si on ne lefait pas.

Un des pivots du plan de l'exploitation et d'entre-tien est le volet ressources humaines c'est-à-dire lesgens qui en fait vont exploiter et entretenir le système. Ils'agit probablement de membres communautaires,d'équipes spécialisées de réparation et dans certains casd'entreprises du secteur privé, tel que décrit ci-après.

Un des pivots du plan del'exploitation etd'entretien est le voletressources humainesc'est-à-dire les gens quien fait vont exploiter etentretenir le système.

Responsabilité communautaire. La plupart desplans d'exploitation et d'entretien pour les systèmeruraux insistent sur la responsabilité de la commu-nauté. C'est une solution excellente si les membrescommunautaires ont des capacités ou peuvent les dé-velopper en vue d'assumer cette responsabilité. Mais,ils ne pourront pas le faire sans soutien continu.

Les besoins en matière de formation des mem-bres communautaires devraient être définis aumoment où l'on fait les plans d'exploitation et d'en-tretien et c'est à ce moment là qu'on fera un plan deformation. La formation peut être une formation indi-viduelle sur place ou une formation collective auniveau régional ou encore une combinaison des deuxformules. La formation doit être basée sur la perfor-mance c'est-à-dire qu'elle doit être de natureparticipative. Il faudra inclure les arrangements pourune assistance technique de suivi dans le plan de for-mation conjointement avec une expertise de plus hautniveau en cas de panne de systèmes dont on ne peutpas s'occuper au niveau communautaire.

Equipe de réparation spécialisée. Suivant la tech-nologie en question, certaines tâches d'exploitation etd'entretien demanderont un niveau de compétencesplus poussé que celui qu'on peut attendre de la com-munauté. Par exemple, la réparation d'une pompediesel ou d'une pompe solaire dépasse probablementles capacités des membres communautaires. Parfois,la technologie choisie risque tout simplement de ne

Les besoins en matière deformation des membrescommunautairesdevraient être définis aumoment où l'on fait lesplans d'exploitation etd'entretien et c'est à cemoment là qu'on fera unplan de formation.

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S'il y a un secteur privéactif qui offre l'expertisenécessaire pourl'exploitation etl'entretien des systèmes,il faudrait envisager del'inclure au plan dessystèmes.

pas convenir au travail d'exploitation et d'entretiencommunautaire.

Dans ces cas, les arrangements doivent être prispour avoir accès à un niveau plus élevé d'expertise.On peut le faire en créant un centre régional d'exploi-tation et d'entretien avec un personnel plus spécialisépouvant desservir un certain nombre de communau-tés. Mais dans des pays petits, un centre nationalpourrait être une solution plus appropriée. Ou alorsle secteur privé pourrait être en mesure de fournir lesservices nécessaires particulièrement si le système enquestion est situé près d'un grand centre urbain.Mais, quelle que soit la manière dont on s'y prend, ilfaut reconnaître et prendre les arrangements néces-saires face à ce problème. Il n'est guère probable queles membres communautaires arriveront à exécutertoutes les tâches de l'exploitation et de l'entretien sion ne les aide pas. D'ailleurs, il ne faudrait pas s'at-tendre à ce qu'ils le fassent.

Entreprises du secteur privé. La mesure dans la-quelle le secteur privé est une autre source viablepour l'exploitation et l'entretien ou encore une sourced'expertise complémentaire dépend du système éco-nomique du pays. Dans les pays de marchés librescomme le Lesotho, il existe probablement un certainnombre de plombiers privés qui peuvent, suivantleur emplacement, effectuer une partie ou toutes lestâches liées à l'exploitation et l'entretien des petitssystèmes. Dans certains pays, le secteur privé com-prend également de petites sociétés de réparation dessystèmes d'eau parfois avec une ou deux personnesqui peuvent répondre aux besoins du marché. Le mo-tif du bénéfice peut valoir des services meilleurs etmoins chers suite à la concurrence.

S'il y a un secteur privé actif qui offre l'expertisenécessaire pour l'exploitation et l'entretien des sys-tèmes, il faudrait envisager de l'inclure au plan dessystèmes puisqu'il pourrait avoir les capacités néces-saires à un moindre coût et avoir une meilleureefficacité que si l'on envisage de former les membrescommunautaires. Il convient de faire attention que leservice privé choisi soit fiable, dispose bien de l'ex-pertise qu'il prétend avoir et se prépare à rendrecompte de son travail à la communauté. La commu-nauté devra rester responsable de la gestion des

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système et il faudra peut-être former les membrescommunautaires pour renforcer leur capacité de suividu travail des entrepreneurs privés.

Leçon vingtViabilité financière

Pour être soutenable, le secteur del'approvisionnement en eau et de l'assainissement

doit dépendre d'une bonne combinaison deressources financières des bailleurs de fonds, desgouvernements nationaux et des communautés. Ni les projets

individuels, ni le secteurLes plans de financement doivent garantir le finance- en son entier ne peuventment de tous les aspects liés à la planification, à la se maintenir dans leconception, et la prestation de services d'approvision- temps s'ils dépendentnement en eau et d'assainissement. Le recouvrement uniquement des bailleursdes coûts grâce aux redevances des utilisateurs doit de fonds pour le soutienpermettre de couvrir les dépenses continues de l'ex- financier à long terme,ploitation et de l'entretien et de plus en plus les coûtsd'investissement de la construction. Ni les projets in-dividuels, ni le secteur en son entier ne peuvent semaintenir dans le temps s'ils dépendent uniquementdes bailleurs de fonds pour le soutien financier à longterme. De même, les secteurs et les projets de l'eau etde l'assainissement ne peuvent pas dépendre entière-ment des subventions provenant des ministèresnationaux pour leur exploitation et entretien et coûtde remplacement. Par exemple, la disparité entre lesressources et les besoins dans la plupart des pays endéveloppement ainsi que les faibles niveaux de reve-nus signifie que, dans la plupart des situations, lesutilisateurs n'arriveront probablement pas à couvrirtous les coûts eux-mêmes tout particulièrement lesdépenses d'investissement. Les programmes etsystèmes durables sont définis comme ceux qui arri-vent à couvrir tous leurs coûts de fonctionnementavec un ensemble de recettes gouvernementales etcommunautaires.

L'investissement général dans le secteur de l'ap-provisionnement en eau et de l'assainissement estresté plus ou moins constant pendant les années 80(en grande mesure, grâce au mouvement suscité parla Décennie de l'Approvisionnement en Eau et del'Assainissement) mais une proportion de plus en

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LEÇONS RETENUES

Un manque d'attentionaux questions financièresdu secteur mène à uneinterruption de services,à une détérioration dansles équipements d'eau età l'incapacité d'étendrela couverture.

plus grande de cet investissement a été financé pardes prêts accordés par de bailleurs de fonds interna-tionaux, lesquels doivent être remboursés. Celasignifie que de plus en plus, il faudra couvrir nonseulement les coût de fonctionnement, mais les dé-penses d'investissement initiales, et cela directementchez les consommateurs.

L'expérience de ces dix dernières années indiquequ'un manque d'attention aux questions financièresdu secteur mène à une interruption de services, à unedétérioration dans les équipements d'eau et à l'inca-pacité d'étendre la couverture. Au fur et à mesureque les populations s'accroissent, c'est que les besoinsaugmentent—tout particulièrement pour l'évacuationet le traitement des eaux usées dans les zones ur-baines—le problème du financement du secteurdevient plus aigu. Un niveau élevé de la dette ex-terne, la détérioration de l'environnement venantd'un manque de services, de l'accroissement de la po-pulation et l'urbanisation accrue aggraveront encorele problème.

Parmi les questions envisagées concernant laviabilité financière, on a l'autonomie financière dusecteur, le rôle des subventions en vue d'une plusgrande équité et l'acceptation chez le consommateurde payer pour les services.

Autonomie financière du secteur. Jusqu'à pré-sent, le principal modèle pour la prestation desservices d'eau et d'assainissement consiste à les ren-dre disponibles en tant que services publics. Danspratiquement tous les pays industrialisés, la normeest le financement public de l'infrastructure ainsi quede l'exploitation et de l'entretien du secteur de l'eauet de l'assainissement. On considère que l'eau et l'as-sainissement sont des biens publics dans le domainede la santé publique. Dans le cas des service d'éva-cuation et de traitement des eaux usées, les transfertssont courants provenant des recettes fiscales géné-rales ou municipales.

Dans les pays en développement, on considèrede plus en plus que ce modèle n'est plus valide. Onpense actuellement que le secteur doit se diriger rapi-dement vers l'auto-financement et l'indépendance.Une dépendance totale face au soutien public par lebiais de subventions directes et indirectes est jugée in-

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Le secteur doit chercher àréaliser un recouvrementde 100% sur desdépenses defonctionnement.

tenable puisque les recettes générales ne suffisent paspour soutenir la demande accrue de services publics.Le niveaux de subventions tout particulièrementpour les zones urbaines doivent être nettement dimi-nués. En bref, le secteur doit chercher à réaliser unrecouvrement de 100% sur des dépenses de fonction-nement. Peut-être n'est-il pas possible de couvrir tousles coûts avec les redevances mais même dans leszones à faibles revenus, les utilisateurs doivent payerquelque chose pour les services qu'ils utilisent—même si la redevance est fixée à un faible niveau. Ilest fini le temps où les pays en développement pou-vaient se permettre de fournir l'eau gratuitement àleurs habitants.

Dans le cas de l'approvisionnement en eau, il estpossible que, du moins dans certains pays en déve-loppement, le recouvrement par le biais deredevances permettra progressivement de couvrirl'investissement ainsi que les coûts de l'exploitationet de l'entretien pour la distribution et le traitementde l'eau. Mais il est moins probable d'arriver à l'auto-nomie financière dans le cas de l'évacuation et dutraitement des eaux usées. H est peu probable que lesseules ressources générées par le secteur permettrontde soutenir le traitement complet des eaux usées.Aussi, est-il important de continuer à pouvoir dépen-dre de prêts externes et de dépendre de plus en plusdes marchés de capitaux nationaux ainsi que du fi-nancement privé.

Même les pays très pauvres peuvent et devraientengager du moins, certaines ressources au secteurpour montrer leur engagement face aux besoins del'eau et de l'assainissement de leur population. Enl'absence d'un tel engagement, probablement que lesactivités de développement cesseront lorsque s'arrê-teront les fonds et l'assistance technique des bailleursde fonds. Et même pire, les progrès faits pourraientêtre perdus à cause d'un manque de soutien institu-tionnel.

Il y a toujours une combinaison de sources de fi-nancement mais il est important que les institutionssectorielles aient des comptes rendus transparents surles sources des fonds et sachent fonctionner selon debonnes pratiques commerciales qui insistent sur laqualité de services.

Il y a toujours unecombinaison de sourcesde financement mais ilest important que lesinstitutions sectoriellesaient des comptes rendustransparents sur lessources des fonds.

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Si l'on fournit de l'eau"bon marché" commemécanisme dedistribution des revenus,cela peut décourager laconservation et fairebaisser la valeur d'uneressource que les gensdoivent apprendre àvraiment estimer.

Subventions, équité et efficacité. Non seulementest-il insoutenable pour les organisations sectoriellesde dépendre en grande partie ou uniquement dessubventions de l'Etat vu les finances obérées de laplupart des gouvernements mais c'est également inef-ficace de manière inhérente. De fait, dans denombreux pays, ce sont ceux qui sont plus aisés quiprofitent le plus des services subventionnés car ilssont davantage desservis par les institutions que lespauvres. Peut-être que le prix du branchement sur lesystème est trop beaucoup élevé pour les plus pau-vres qui sont alors forcés d'acheter l'eau auprès desvendeurs, souvent à des taux bien plus élevés parunité que de redevances demandées pour les services.

Les subventions croisées (des riches aux pau-vres, des grands utilisateurs aux petits utilisateurs)doivent généralement être évitées car elles encoura-gent le gaspillage et sont difficiles à réglementer. Deplus, si l'on fournit de l'eau "bon marché" commemécanisme de distribution des revenus, cela peut dé-courager la conservation et faire baisser la valeurd'une ressource que les gens doivent apprendre àvraiment estimer.

On préfère des subventions externes au secteur.Dans d'autres mots, il faut d'abord rendre le secteurfinancièrement viable et efficace et si certains groupesdoivent être subventionnés, ces subventions doiventprovenir des revenus publics, des impôts, etc.

Du point de vue de l'équité, on peut avancerl'argument selon lequel les redevances ne sont pas àl'avantage du pauvre puisque ces frais semblent bienlourds pour les gens qui ont déjà des revenus limitéspour répondre à leurs besoins quotidiens. Mais dansnombreux pays, le fait d'avoir gardé des redevances àun niveau bien trop faible n'a en fait pas profiter aupauvre. En fait cela pourrait profiter à la portion plusaisée de la population qui peut se permettre de payerles frais de branchement sur le système. Mais lorsquele recouvrement des coûts est faible, les systèmes sontmal exploités et entretenus et on ne pourra pas éten-dre les services aux pauvres. Le recouvrement descoûts qui aide à éliminer les subventions peut dans lelong terme apporter l'eau aux communautés pour uncoût plus faible qu'elles ne paieraient aux vendeursdans la rue.

Mais lorsque lerecouvrement des coûtsest faible, les systèmessont mal exploités etentretenus et on nepourra pas étendre lesservices aux pauvres.

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Recouvrement des coûts et acceptation de payer.La quantité de fonds pour l'eau et l'assainissementpourra provenir des redevances variées selon le cassuivant l'acceptation et la capacité de payer. Lesétudes faites sur les vendeurs d'eau indiquent que lesgens sont souvent capables de payer une quantité as-sez importante pour avoir de l'eau. Certaines étudessur les acceptations de payer ont montré qu'il estmême possible de fixer les redevances d'eau à un ni-veau permettant de recouvrer les dépensesd'investissement ainsi que les coûts de fonctionne-ment et d'entretien.

L'acceptation de payer mesure la valeur moné-taire qu'attachent les particuliers ou la communauté àun bien—dans ce cas, un nouveau point d'eau. LeProjet WASH a exécuté un certain nombre d'étudesd'un caractère novateur sur l'acception de payer pourl'eau. Ces études peuvent fournir des informationsnon seulement sur la fixation du prix de l'eau, maiségalement sur le niveau de services et le type de tech-nologie préféré. Par exemple, en Haïti, WASH aconstaté que les utilisateurs d'une communauté nepayaient pas pour l'eau d'une borne-fontaine et n'uti-lisaient pas non plus une grande partie de cette eau.Enfin, ils n'utilisaient que cinq à dix litres par jour.Une étude a indiqué que les villageois auraient ététout à fait prêts à payer pour un niveau pour un ni-veau plus élevé de services—dans ce cas, de l'eaucourante dans les maisons— mais qu'ils n'attachaientpas une valeur suffisante à la bome fontaine pour al-ler en acheter l'eau.

Une étude faite par WASH sur l'acceptation depayer dans le Sud de la Tazanie en 1988—une des pre-mières utilisations de la méthodologie d'estimationcontingente—a indiqué que les gens traitaient l'eaucomme tout autre bien très estimé dans le court terme.Ils étaient prêts à payer ce qui, pour eux, représentaitune grande quantité d'eau mais le montant ne suffisaitjamais pour couvrir tous les coûts de fonctionnement.Mais en mettant en place un mécanisme de recouvre-ment des coûts (un système de paiement par sceau) legouvernement était en mesure d'améliorer la perfor-mance du plan d'eau de sorte à réaliser des économiessurtout pour les femmes permettant ainsi à celles-ci dese consacrer davantage à des questions plus économi-ques ou au développement des enfants.

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LEÇONS RETENUES

Le prix, le côté pratique,la fiabilité et la qualitédes nouvelles sourcesdoivent soutenir lacomparaison avec lessources existantes.

Il nous reste beaucoup à apprendre sur l'accep-tion de payer des consommateurs pour un meilleurapprovisionnement en eau et il convient de faire desrecherches complémentaires. Mais à partir des étudesdisponibles, il semble que le prix, le côté pratique, lafiabilité et la qualité des nouvelles sources doiventsoutenir la comparaison avec les sources existantes.Les éventuelles économies ne concernent pas simple-ment les économies monétaires mais également leniveau d'eau d'effort (mesuré en calories dépensées)et le temps qu'il faut à une femme pour chercher l'eauauprès de sources à l'extérieur de la maison. A tousces niveaux, tout particulièrement ce qui concerne letemps, les économies peuvent être très importantes.Pour les ménages qui achètent l'eau auprès des ven-deurs, les économies monétaires peuvent aller jusqu'àdix pour cent du revenu des ménages faisant que lesgens sont tout à fait prêts à payer pour un meilleurapprovisionnement.

Les gens se soucient beaucoup de la fiabilitéd'un système mais les études ont constaté qu'ils dou-taient souvent de la capacité du gouvernement àfournir des services fiables et partant ne sont prêts àpayer beaucoup pour les nouveaux services. Si lesgouvernements veulent faire assumer le coût auconsommateur, les institutions sectorielles doiventêtre en mesure de fournir des services fiables dehaute qualité.

Il est également important que le niveau du ser-vice d'eau et d'assainissement soit adapté au niveauque désirent les utilisateurs et pour lequel ils sontprêts à payer. Parfois, les bailleurs de fonds créent unproblème à cet égard car ils décident de définir àl'avance le niveau de services qu'ils fourniront et neprévoient pas des améliorations ultérieures lorsque lacommunauté pourra se le permettre. Une approcheplus réussie consiste à établir un niveau minimum deservices pouvant être atteint si la communauté dansson entier ou si les habitants sont capables de réunirles fonds pour accroître leur niveau de services.

En 1992, lors de la conférence de Rio sur l'environ-nement et le développement, la croissance économiqueet la protection de l'éco-système ont été reliées, ne de-vant plus jamais être séparées. Aux nombreux tests depérennité au niveau projet (exploitation et entretien effi-caces, soutien financier suffisant, renforcement

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PERENNITE

institutionnel, technologie appropriée, etc), il faut rajou-ter les nouveaux tests de pérennité au niveauenvironnemental. En ce qui concerne le secteur de l'eauet de l'assainissement, les "progrès" ont souvent étéfaits au dépend de l'environnement: épuisement desnappes phréatiques avec risque d'intrusion de l'eau sa-lée, pollution des cours d'eau et de l'océan par les eauxd'égout évacuées et non traitées, contamination deseaux souterraines suite à des latrines mal conçues etmal construites, etc. A l'avenir, la collaboration interdis-ciplinaire et la coopération multi-sectorielle serontnécessaires pour conserver et protéger les sourcesd'eaux douces du monde. H faudra que les services pu-blics responsables de la santé, de l'agriculture, ducommerce et de l'industrie, de l'habitat ainsi que le sec-teur privé unissent leurs efforts pour garantir quel'approvisionnement en eau et de l'assainissementsoient gérés de manière à préserver l'environnementpour les générations à venir.

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Les problèmes liés aux déchets solides sont de plus en plus reconnus en Haïti, comme dans beaucoup de pays endéveloppement.

Chapitre 6: LES LEÇONS EVALUEES

D'habitude dans le chapitre de conclusion d'un rapport comme celui-ci, oncherche à faire des mises en garde quant aux points soulevés précédemment pré-cisant que les manières efficaces suggérées pour l'approvisionnement en eau etl'assainissement ne visent pas à proposer un modèle de développement du sec-teur: que ceux qui utilisent le matériel doivent être souples en appliquant lesleçons à leurs situations et que les circonstances peuvent limiter l'utilité d'une le-çon en particulier. S'il convient d'observer ces mises en garde, il n'est paspossible par contre de vraiment rejeter le modèle. Dans ce rapport, quatre prin-cipes centraux fournissent le cadre d'organisation de vingt leçons et de tout un

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LEÇONS RETENUES

ensemble de points connexes. A partir de là, on peutdéduire un "modèle" et il est bon d'évaluer le docu-ment dans son entier en ce plaçant sous cet angle.

En essence, le modèle, à la base des leçons etprincipes de ce rapport, constitue une philosophie ouune approche reposant sur une vaste expérience. Lesmembres du personnel et les consultants de WASHqui ont contribué à ce rapport ont été influencés nonseulement par leur expérience de travail auprès deWASH mais également par leur expérience dans ledomaine du développement avec le Corps de la Paix,le Service américain de Santé publique et l'AID elle-même. Ces personnes travaillent dans le domaine del'eau et de l'assainissement mais sont avant tout desspécialistes du développement. Elles sont surtout in-téressées à renforcer les capacités des pays endéveloppement à tous les niveaux, des comités de vil-lages aux ministères publics. Les buts que cespersonnes ont adoptés sont partagés par les interve-nants et les organisations du développement dans lemonde entier.

Dans ce livre, l'approche ou la philosophie accom-pagne une "liste de vérification" de l'eau et del'assainissement adaptée à des situations spécifiques.Cette liste n'est pas une prescription. WASH a appriscombien il était futile de prescrire une solution toutefaite. Chaque pays—probablement région ou village—présentera à l'agent du développement dans ledomaine de l'eau et de l'assainissement un ensembledifférent de problèmes et de besoins ancrés dans uncontexte unique. En essayant de résoudre les besoins etde répondre aux besoins, WASH se repose sur une phi-losophie de développement fondamentale et sur la listede ce qui a été appris à propos de projets efficaces d'ap-provisionnement en eau et d'assainissement. Il faut dutemps et de l'engagement pour travailler de cette ma-nière mais il n'y a pas de raccourcis possibles pourarriver à un réel développement.

Normalement, la réussite est possible si la philo-sophie de base et la liste de vérification sontappliquées mais parfois le contexte est tel que rien depositif ne peut être atteint. Par exemple, la liste surl'eau et l'assainissement nous indique que sans édu-cation en matière d'hygiène, les projets d'eau etd'assainissement n'auront probablement pas d'im-pact positif sur la santé. Si les ministères d'un pays au

Chaque pays—probablement région ouvillage—présentera àl'agent dudéveloppement dans ledomaine de l'eau et del'assainissement unensemble différent deproblèmes et de besoinsancrés dans un contexteunique.

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LES LEÇONS EVALUEES

développement sont organisés de sorte à freiner la co-ordination entre la construction de systèmes etl'éducation en matière d'hygiène, il ne sera peut-êtrepas possible de mettre en place de systèmes efficacesà moins de changer de contexte ministériel.

La méthodologie de WASH met en exergue unevaste participation conjuguée à un effort coordonnédurable. Arrivé à un équilibre réaliste entre ces deuxprincipes conflictuels est par essence même une ga-geure même au sein de sociétés jouissant d'un niveauélevé de développement. L'équilibre est rarement at-teint dans les conditions du tiers monde ou dans toutautre condition que ce soit.

Les gouvernement dans de nombreux pays endéveloppement ainsi que dans de nombreuses na-tions qui sont devenues récemment des démocratiesne sont pas encore à l'aise avec l'approche participa-tive. Répondant encore aux traditions voulant que"participation" signifie dissidence et interruption", ilscherchent souvent l'expert qui leur fournira la"bonne" réponse dans une situation critique. Ungrand nombre de leurs professionnels du développe-ment veulent à tout prix faire des choses pour lescommunautés et sont moins optimistes quant à fairedes choses avec ces dernières. Malheureusement, unepartie de l'assistance technique fournie aux pays endéveloppement renforce ces tendances.

Les réalités économiques et politiques actuellespeuvent également influencer la réussite du modèlede développement décrit dans ces pages. Dans denombreux pays, il y a un tel manque de capacités ins-titutionnelles locales que l'assistance extérieure nepeut pas être absorbée. Le manque de croissance éco-nomique a entraîné une grave pénurie de ressourcesinternes nécessaires pour soutenir le développement.Mais ce qui est plus important dans le long terme,c'est que les sources de l'assistance externe, finan-cières et techniques ne suffisent pas pour répondreentièrement aux besoins des pays en développement.Ces pays doivent renforcer leurs capacités afin de pla-nifier, financer et réaliser leurs propres programmes.Pour la plupart, cela signifie que les gouvernementset les communautés locales doivent porter une partiedu fardeau et cela signifie à son tour que l'habitantdu pays va grandir et changer. Le modèle de WASHse base sur cette réalité.

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Ici à WASH nous pensons que le modèle est lebon même s'il est incomplet. Nous espérons que nosleçons seront utiles aux nombreuses personnes et or-ganisations dédiées à une eau potable et àl'assainissement pour tous.

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Une Bibliographie Choisiedes Rapports WASH en Français

Rapports techniquesTR 5 Le Choix d'Indicateurs de l'Etat de Santé Appliqués aux Projets d'Alimentation en Eau et

d'Assainissement dans le Nord-Cameroun: Synthèse de l'Information Disponible. Octobre 1981.Préparé par Robert J. Struba et Raymond B. Isely.

TR 8 Intégration de l'Approvisionnement en Eau et de l'Assainissement du Milieu dans lesProgrammes de Soins Primaires. Octobre 1981. Préparé par Raymond B. Isely, JohnTomaro, et M, John Paul.

TR 11 Le Rôle des Femmes en tant que Participantes et Bénéficiaires des Programmes d'Alimentation enEau et d'Assainissement. Décembre 1981. Préparé par Mary Elmendorf et Raymond Iseley.

TR 13 Manuel des Participants aux Séances sur l'Alimentation en Eau et l'Assainissement: Séminairede VUS AID sur les Soins de Santé Primaires en Afrique. Février 1982. Préparé par RaymondB. Isely, Craig R. Hafner, Daniel A. Okun, Morris A. Shiffman. Thomas Talbot, etMarjorie L. Kupper. OTD #57.

TR 25 Conception d'un Atelier sur la Construction de Latrines. Juin 1984. Préparé par MariaLeClere et Keith Sherer.

TR 26 Modèle d'Atelier pour l'Installation et l'Entrentien des Pompes Manuelles. Juin 1984. Préparépar P. Alan Pashkevich et Claudia Liebler.

TR 27 Modèle d'Atelier pour des Systèmes de Captage des Eaux de Toit. Juin 1984. Préparé parDaniel B. Edwards, Kent Keller, et David I. Yohalem.

TR 28 Modèle d'Atelier pour le Captage des Eaux de Source. Septembre 1984. Préparé par WilmaGormley, David R. Goff, et Cari R. Johnson.

TR 37 Directives pour l'Evaluation des Institutions d'Alimentation en Eau et d'Evacuation des EauxUsées. Février 1988. Préparé par Donald E. Cullivan, Bruce Tippett, Daniel B. Edwards,Fred Rosensweig, et James McCaffery.

TR 43 La Valeur de l'Alimentation en Eau et de l'Assainissement dans le Développement: UneEvaluation des Interventions Liées à la Santé. Septembre 1987. Préparé par Daniel A. Okun.

TR 49 Gestion des Projets de Développement Institutionnel, Secteur de l'Eau et de l'Assainissement.Mai 1988. Préparé par Daniel B. Edwards.

TR 50 Atelier sur le Contrôle du Ver de Guinée au Niveau Communautaire: Guide de Formation.Janvier 1988. Préparé par William Brieger et Fred Rosensweig.

TR 51 La Lutte contre la Draconculose: Volet Ajouté aux Projets d'Alimentation en Eau etd'Assainissement. Mai 1988. Préparé par Agma Prins et May Yacoob.

TR 52 Nouveaux Cadres de Participation pour la Conception et la Gestion des Projets Durables deDistribution d'Eau et d'Assainissement. Novembre 1987. Préparé par Paula Donnelly-Roark.

TR 55 Comment Faire de l'Education en Matière d'Hygiène une Réussite? Expérience du Togo, du SriLanka, et du Yémen Applicable à la Conception des Projets. Septembre 1988. Préparé parBarbara Pillsbury, May Yacoob, et Peter Bourne.

TR 60 A Training Guide on Hygiène Education. Mars 1990. Préparé par Graeme Frelick et SarahFry. (Les documents à distribuer sont en français.)

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BIBLIOGRAPHIE

TR 73 A Workshop Design for the Training of Trainers. Juin 1991. Préparé par Graeme Frelick. (Lesdocuments à distribuer sont en français.)

TR 83 Community Sanitation Improvements and Latrine Construction Program: A Training Guide.Mars 1993. Préparé par John Gavin, Trevor Hockley, et Steve Joyce. (Les documents àdistribuer sont en français.)

Rapports d'activités

FR 53 Recommandations pour les Activités Préalables de Planification Relatives à la Décennie de l'Eauet de l'Assainissement en République Centrafricaine. Septembre 1982. Préparé par Dennis B.Warner.

FR 72 La Formulation des Stratégies en Matière d'Approvisionnement en Eau et d'Assainissement enRépublique Centrafricaine. Avril 1983. Préparé par Rifat Barokas, Pierre R, Léger, Dennis B.Warner et Thomas C. Leonhardt.

FR 91 Séminaire sur l'Assainissement à Bakel, Sénégal, 20 Avril-3 Mai 1983, et Evaluation desConditions de Santé Environnementale. Juillet 1983. Préparé par Fred Rosensweig etThomas Talbot.

FR 97 Séminaire sur les Stratégies en Approvisionnement en Eau et en Assainissement en RépubliqueCentrafricaine. Août 1983. Préparé par Thomas C. Leonhardt.

FR 100 Programme de l'Agence Internationale de Développement des Etats-Unis pour les Pompes àMain en Tunisie. Septembre 1983. Préparé par Phillip W. Potts.

FR 113 Evaluation du Troisième Projet de Garantie de l'Habitat en Côte d'Ivoire. Février 1984. Préparépar Joseph Haratani et Harvel Sébastian.

FR 135 Recommandations pour la Planification de l'Alimentation en Eau du Milieu Rural au Zaïre.Janvier 1985. Préparé par Dennis B. Warner et Pierre R. Léger.

FR 137 Progrès Réalisés dans ta Création de Comités pour la Décennie de l'Eau en RépubliqueCentrafricaine. Janvier 198S. Préparé par Pierre R. Léger et Dennis B. Warner.

FR 142 Formulation des Politiques et Stratégies Nationales de l'Alimentation en Eau du Milieu Rural auZaïre. Mai 1985. Préparé par James T. Thomson et Fred R. Weber.

FR 158 Identification et Préparation des Projets d'Approvisionnement en Eau et d'Assainissement enRépublique Centrafricaine. Décembre 1985. Préparé par Prescott A. Stevens.

FR 160 Plan de Formation pour le Programme d'Alimentation en Eau et d'Assainissement du ProjetSanru II. Novembre 1985. Préparé par Fred Rosensweig.

FR 168 Atelier de Formation des Formateurs en Vue du Lancement d'une Campagne de Réhydratationpar Voie Orale au Togo. Mars 1986. Préparé par Pape Gaye et Donna Tesi.

FR 171 Création d'un Plan National pour l'Approvisionnement en Eau et l'Assainissement en MilieuRural au Zaïre. Février 1986. Préparé par Dennis B. Warner et Prescott A. Stevens.

FR 177 Atelier de Formation des Formateurs et Développement du Matériel de Formation pour leProgramme d'Alimentation en Eau et d'Assainissement de Sanru II. Mars 1986. Préparé parHenry L. Jennings et Pape Gaye.

FR 184 Création d'un Plan National pour l'Approvisionnement en Eau et l'Assainissement en MilieuRural au Zaïre. Mai 1986. Préparé par Dennis B. Warner et Prescott A. Stevens.

FR 191 Evaluation Finale du Projet Hydraulique Villageois USAID/Burkina Faso. Août 1986. Préparépar Philip Roark, Bonnie Kittle, Joseph Yanogo, Daouda Nignan, Raymond Yonli,Rigobert Tindano, et Mamadou Gnoumou.

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BIBLIOGRAPHIE

FR198 Atelier No. II sur la Formation des Formateurs et Développement de Matériel deFormation pour le Programme d'Alimentation en Eau et d'Assainissement du Sanru II.Octobre 1986. Préparé par Henry L. Jennings et William R. Hanson.

FR 207 Atelier de Planification pour le Démarrage du Projet d'Adduction d'Eau et d'Assainissement enMilieu Rural au Bénin, 7-10 Avril 1987. Avril 1987. Préparé par Henry L. Jennings.

FR 214 Conception d'une Etude Socio-Culturelle sur l'Utilisation de l'Eau et les Pratiquesd'Assainissement des Ménages à Djibouti-Ville. Avril 1988. Préparé par John P. Mason etCatherine Cutbill.

FR 216 Atelier No. III sur la Formation des Formateurs et Développement de Matériel deFormation pour le Programme d'Alimentation en Eau et d'Assainissement du Sanru II.Septembre 1987. Préparé par Henry L. Jennings et Aqma Prins.

FR 223 Enseigner sur la Prévention du Ver de Guinée: Manuel Destiné à l'Usage des Professeurs deLycée. Février 1988. Préparé par Jason Smith et May Yacoob.

FR 228 Evaluation Finale du Projet d'Approvisionnement en Eau et d'Assainissement en Milieu Rural(USAID/Togo). Février 1988. Préparé par Philip Roark, Judi Aubel, Kossi Hodin, OkalieKankarti et Ayc Marfa.

FR 241 Atelier d'Etude du Projet d'Adduction d'Eau et d'Assainissement en Milieu Rural au Bénin,17-21 Mai, 1988. Juin 1988. Préparé par Graeme P. Frelick et Henry L. Jennings.

FR 242 Analyse de l'Enquête Socio-Culturelle sur l'Utilisation de l'Eau et les Pratiques d'Assainissementdes Ménages à Djibouti-VUle. Mars 1989. Préparé par John P. Mason et Catherine Cutbill.

FR 249 Elaboration d'une Stratégie Nationale pour l'Evacuation des Eaux Usées en Tunisie: Etape I.Décembre 1988. Préparé par Pierre Léger.

FR 252 Evaluation à Mi-Terme du Projet d'Approvisionnement en Eau en Milieu Rural au Bénin.Février 1989. Préparé par Philip Roark et Sarah Fry, avec l'assistance de Pierre Atchekpeet de Zéphyrin Ahinadou.

FR 255 Le Programme d'Education Sanitaire du Projet des Institutions d'Eau Potable dans les ZonesRurales en Tunisie. Mars 1989. Préparé par Pamela Pine.

FR 256 Evaluation à Mi Parcours du Projet des Institutions d'Eau Potable dans les Zones Rurales de laTunisie. Juillet 1989. Préparé par Lee Jennings, Ridha Boukraa, Mohamed Frioui, RichardSwanson, Sereen Thaddeus, et Alan Wyatt.

FR 266 Atelier sur la Formation des Formateurs: Projet d'Alimentation en Eau et d'Assainissement enMilieu Rural au Bénin. Juillet 1989. Préparé par H.L Jennings et Karen Gridley.

FR 267 Une Evaluation du Processus Participatif du Projet des Systèmes d'Eau dans la Région Sud-Estde Byumba du CARE/Rwanda. Septembre 1989. Préparé par Jeannine Coreil et JeanBeaudoin.

FR 270 Mise en Place de Systèmes Durables d'Alimentation en Eau: Questions Clés pour les DemandesFaites auprès de la Fondation Africaine de Développement. Novembre 1989. Préparé parPhilip Roark, May Yacoob, et Paula Donnelly Roark.

FR 276 Plan de Travail de l'Unité d'Autogestion. Septembre 1989. Préparé par Lee Jennings, SereenThaddeus, et Alan Wyatt.

FR 277 Education en Santé et en Hygiène et Participation des Femmes au Projet des Institutions d'EauPotable dans les Zones Rurales Tunisiennes. Novembre 1989. Préparé par Sereen Thaddeus.

FR 279 Divers Aspects Liés aux Plans des Ingénieries: Projet des Institutions d'Eau Potable dans lesZones Rurales Tunisiennes. Novembre 1989. Préparé par Alan Wyatt.

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BIBLIOGRAPHIE

FR 280 Projet d'Alimentation en Eau et d'Assainissement dans les Zones Rurales du Bénin Atelier surle Management et la Supervision. Novembre 1989. Préparé par Thomas C. Leonhardt etSarah K. Fry.

FR 293 Quatrième Atelier sur la Formation des Formateurs: Fonctionnement et Entretien des Systèmesd'Hydraulique Rurale au Zaïre. Janvier 1990. Préparé par Tom Leonhardt et Alan Malina.

FR 296 Atelier de Démarrage pour le Programme du Corps de la Paix: Eradication du Ver de Guinée,Lomé, Togo, 22-26 Janvier 1990. Mars 1990. Préparé par Lee Jennings et Dick Wall.

FR 298 Réexamen des Advantages et Coûts des Projets d'Approvisionnement en Eau dans les RégionsRurales de la Tunisie Centrale. Avril 1990. Préparé par Alan Wyatt.

FR 300 Plan d'Action: Développement de la Stratégie Nationale pour la Création et le Suivi desAssociations d'Intérêt Collectif en Tunisie. Mai 1990. Préparé par Fred Rosensweig, PamelaStanbury, et Curt Grimm.

FR 307 Assistance Technique et Planification pour l'Education en Matière de Santé et d'Hygiène et laParticipation des Femmes au Projet des Institutions d'Eau Potable dans les Zones Rurales enTunisie. Mai 1990. Préparé par Elaine Elizabeth Rossi.

FR 319 Enquête sur la Gestion des Résidus Solides. Port-Au-Prince 10 au 28 Septembre 1990,Volume 1 et 2. Février 1991. Préparé par Philip Roark, Mito Bessalel, David Dalmat, etKevin Murray.

FR 320 Une Orientation sur la Maladie du Ver de Guinée: Un Guide pour la Formation Avant etPendant l'Emploi. Janvier 1991. Préparé par David Yohalem et Sarah Fry.

FR 321 Enseigner la Prévention du Ver de Guinée dans les Ecoles Secondaires: Un Guide pour laFormation des Enseignants Volontaires du Corps de la Paix. Janvier 1991. Préparé par DavidYohalem et Sarah Fry.

FR 324 L'Equipe Régionale d'Education Sanitaire: Leçons Apprises Kasserine, Tunisie 1987-1991. Juillet1991. Préparé par Sumana Brahmam, Elaine E. Rossi, et Members of the RHET.

FR 329 Guide pour la Mise sur Pied des Programmes d'Eradication du Ver de Guinée. Décembre 1990.Préparé par David Yohalem.

FR 337 Réflexions sur un Programme à Long Terme pour la Gestion et le Ramassage des Résidus Solidesde la Zone Métropolitaine de Port-Au-Prince. Juin 1991. Préparé par Philip Roark, MitoBessalel, Frantz Benoit, Emanual Fexil, Eddy Jeune, et Ronald Turin.

FR 338 Rapport de l'Atelier sur V Eradication du Ver de Guinée. Juillet 1991. Préparé par Ralph Stoneet Sarah Fry.

FR 340 Assistance Technique pour l'Entretien des Systèmes d'Eau à Kasserine, Tunisie CinquièmeMission. Juillet 1991. Préparé par Alan Malina.

FR 344 Plan de Communication National pour la Promotion des Associations d'Intérêt Collectif enTunisie. Septembre 1991. Préparé par Jamil Simon.

FR 350 (Supplément) Guide de Formation des Agents pour le Projet Eau Potable. Janvier 1992.Préparé par Sarah Fry.

FR 351 Les Liens entre les Programmes de Lutte Contre les Maladies Diarrhéiques et les Programmesd'Approvisonnement en Eau et d'Assainissement: Un Atelier de Care (Segou, Mali). Février1992. Préparé par Dick Wall et Agma Prins. TAS #235.

FR 368 Rapport Récapitulatif du Plan d'Action Visant à Elaborer la Stratégie Nationale pour la Créationet le Suivi des Associations d'Intérêt Collectif. Juin 1992. Préparé par Fred Rosensweig,Tahar E. Amouri, et Lee Jennings.

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BIBLIOGRAPHIE

FR 383 Atelier de Démarrage du Projet Eau et Santé au Maroc, (du 19 au 22 octobre 1992). Janvier1993. Préparé par Lee Jennings et Lou O'Brien.

Manuels sur les associations d'intérêt collectif

En rapport avec son travail en vue d'institutionnaliser les associations d'in-térêt collectif en Tunisie, WASH a réalisé de nombreux manuels pour laformation de divers membres du personnel des associations. Ces manuels pa-raissent tous uniquement en français. Des illustrations ou des documents choisissont disponibles en arabe.

Ces guides ont été spécifiquement préparés pour la Tunisie, mais ils peu-vent intéresser d'autres pays francophones. Un grand nombre des questionsdont ils traitent pourraient bien se présenter dans d'autres programmes de ges-tion communautaire. Prière de contacter le siège de WASH pour obtenir plusd'informations à propos de ces guides.

Guide du Formateur. Educateurs Sanitaires.

Guide du Formateur. Gardiens Pompistes.

Guide du Formateur. Présidents.

Guide du Formateur. Sous-régisseurs.

Guide du Formateur. Usagers.

Manuel de Procédures pour la Création et la Promotion des AIC d'Eau Potable.

Manuel de Procédures pour l'Entretien des Systèmes d'Eau Publics,

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