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UNIVERSITE DE PARIS 1 - PANTHEON SORBONNE
INSTITUT DE RECHERCHE ET D'ETUDES SUPERIEURES DU TOURISME
Les festivals : moteurs de la valorisation du patrimoine et de l’attractivité
touristique d’un territoire
«Le Festival de la Photographie Les Rencontres d’Arles et la ville d’Arles»
Mémoire professionnel présenté pour l'obtention du
Diplôme de Paris 1 - Panthéon Sorbonne
MASTER PROFESSIONNEL "TOURISME" (2e année)
Spécialité Valorisation Touristique des Sites Culturels
Par DIAMANTAKI Garyfallia
Directeur du mémoire : TIARD Michel
JURY
Membres du jury : .....................................
: .....................................
: .....................................
Session de ……………………….
IREST septembre 2010
1
Remerciements
Je me tiens à exprimer ma reconnaissance d’abord à mon directeur de mémoire, M.
Michel TIARD, pour ses conseils avis, son orientation, sa patience et sa disponibilité.
Je souhaiterais remercier toutes les personnes qui ont bien contribué à cette étude avec leur
réponses et leur compétences et notamment, Alice MARTIN, administratrice générale du
Festival, Agnès BENICHOU, adjoint administratrice, François HEBEL, directeur du
Festival des Rencontres d’Arles, Eléna FERTIL, coordinatrice du Photo Folio Review &
Gallery 2010, Florence ROUMY, responsable Communication &Presse Festival Les SUDS
Arles Emmanuelle CARRIE ,responsable de la communication et coordination festival
ARELATE Odile CAYLOUX, animatrice de l’architecture et du patrimoine de la ville
d’Arles, Service du Patrimoine Francine RIOU, directrice adjoint Office de Tourisme
d’Arles, Claire NYS, responsable vie étudiante à l’Antenne Universitaire de la ville d’Arles
Je pense toute particulièrement également pour l’équipe du festival des Rencontres
d’Arles pour leur accueil et leur soutien et plus spécifiquement :
Pamela Naiman Chaine, responsable des boutiques et de la billetterie, Isabelle
Saussol, responsable des activités pédagogiques, Monique Lopez, responsable des agents
d’accueil et des gardiens, Elise Valluet responsable de la première édition du Village des
Rencontres, Emilie Le Bourhis, stagiaire responsable de la billetterie et des visites guidées,
Aude Bolechala, stagiaire responsable de la billetterie et librairie, Hélène Molmerret
stagiaire Protocole et Pauline Bouchet, stagiaire pour la Rentrée en images et aux activités
pédagogiques.
Merci aussi à ceux qui de près ou de loin m’ont aidé dans la rédaction de ce travail.
Enfin, un remerciement à tous les acteurs et les habitants d’Arles qui contribuent à
faire cette ville une destination incontournable.
2
Sommaire
Préface........................................................................................................................................6
Introduction …………………………………………………………………………………..9
Première partie : Potentiel touristique de la ville d’Arles…………………………...........14
1. Arles et son territoire : carte d’identité.............................................................................15
1.1 Données géographiques………………………………………………………………….15
1.2 Accessibilité……………………………………………………………………………...16
1.3 Paysage économique …………………………………………………………………….18
1.4 Paysage politique…………………………………………………………………….......19
1.5 Paysage culturel…………………………………………………………………………19
1.5 .1.Un patrimoine culturel exceptionnel……………………………………….......19
1.5.2. Un patrimoine naturel reconnu ………………………………………………...21
1.5.3. Une offre culturelle précieuse…………………………………………….……21
1.5.4 .Des festivals reconnus et un événementiel riche ..............................................23
1.6 Etablissements éducatifs………………………………………………………………….24
1.7 Une région touristique forte………………………………………………………………24
2. La culture et le tourisme au centre de son développement local………………………25
2.1 Culture, tourisme et développement local : Quels bénéfices ? …………………………..25
2.2 Une politique culturelle dynamique ……………………………………………………..27
2.2.1 Historique de protection et de mise en valeur du patrimoine …………………..27
2.2.2 Le service du patrimoine de la ville d’Arles…………………………………....29
2.2.3 La révision du secteur sauvegardé ……………………………………………..30
2.2.4 L’actualité culturelle …………………………………………………………...31
2.3 Une stratégie touristique renouvelée…………………………………………………...32
2.2.1 L’étude de public de 2007 et ses résultats………………………………………32
2.4 Une politique d’aménagements ………………………………………………………..34
3. Conclusion première partie : patrimoine, tourisme, volonté politique : l’effet du cercle
vertueux……………………………………………………………………………………….34
Deuxième partie : Le festival de la photographie Les Rencontres d’Arles : impacts
culturels, touristiques et sur le développement local
4. Le festival : définition, fonctionnement……………………………………………….....37
5. Le Festival des Rencontres d’Arles et son impact au territoire………………………..40
5.1 Histoire des nouveautés…………………………………………………………………41
5.1.1 Semaine d’ouverture et autres activités principales…………………………….43
5.1.2La fréquentation et le public du festival………………………………………....44
5.2 L'impact culturel et la valorisation du patrimoine arlésien…………………………..49
5.2.1 Le projet de réhabilitation des ateliers SNCF et la fondation LUMA………….51
5.3 L'impact économique & touristique
5.3.1Retombées directes………………………………………………………………52
5.3.2 Retombées indirectes ………………………………………………………….53
5.3.3 L'impact sur l'attractivité touristique …………………………………………...54
5.4 Retombées médiatiques ………………………………………………………………...55
5.5L'impact social et la question de l'intégration au territoire…………………………...55
3
6. Les festivals : Les Suds Arles et Arelate : deux cas intéressants………………………58
6.1 Le festival Les Suds Arles ………………………………………………………………58
6.1.1Le public du festival……………………………………………………………..59
6.1.2 Le tourisme au service social et du développement territoriale………………...60
6.2 Le festival Arelate : Une structure associative intéressante……………………………..61
6.2.1 Un public familial important…………………………………………………..............63
6.2.2 Une politique tarifaire pour le grand public ……………………………………63
6.2.3 Les bénéfices de l’association ………………………………………………….64
6.2.4 Implication des locaux & impact touristique …………………………………..64
7. Conclusion deuxième partie ……………………………………………………………..65
Troisième partie Quel avenir pour le festival et la ville d’Arles ?...................................66
8.Les enjeux et défis des festivals…………………………………………………………...67
8.1 Fidélisation et renouvèlement du public ………………………………………...67
8.2 Les synergies avec les acteurs touristiques……………………………………….68
8.3 Une nécessaire intégration au territoire ………………………………………….68
8.4 L’enjeu financier …………………………………………………………………69
8.5 La mise en réseau et la mutualisation des moyens………………………………..69
9. Comment Le Festival des Rencontres peut-il pérenniser son développement ? …….69
9.1Un équilibre financier fragile …………………………………………………………….70
9.2Autres sources de financement : le mécénat& ressources propres………………………..72
9.3Un budget «expositions» incompressible ………………………………………………...72
9.4 Le public au cœur du développement du festival ………………………………………..73
9.4.1 Une grande capacité d’accueil & le potentiel de développement du public ......74
9.4.2 Satisfaction & fidélisation du public …………………………………………...74
9.4.3 Le potentiel du public touristique : un travail avec les acteurs touristiques &
patrimoniaux …………………………………………………………………………76
9.4.4 Autres publics à approcher……………………………………………………...79
9.4.5 Synergies avec d’autres festivals ………………………………………………80
9.4.6 Le public local & les pratiques pour renforcer l’intégration au territoire……..81
9.4.7Les outils de communication pour attirer un grand public………………………81
9.5 Responsabilité développement durable : les festivals pour l’agenda 21 ?.......................82
9.6 Communication interne & l’équipe ………………………………………………………82
10. Le projet Marseille Provence 2013 : une grande opportunité de développement…..83
Conclusion …………………………………………………………………..……………….84
Bibliographie
Annexes/Gallérie des photos
"L'Université n'entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions émises dans
les mémoires et thèses. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs"
4
RÉSUMÉ
Mots clefs : culture et développement, festivals, tourisme culturel, développement local,
attractivité touristique, Arles, festival Rencontres d’Arles
Le festival est un secteur de l’activité culturelle qui rencontre ces dernières années une
croissance fulgurante. La France en dénombre à elle seule environ 2000, chiffre lui-même
difficile à établir. Le phénomène festivalier, qui n’est pas encore assez étudié, commence à
faire l’objet d’un discours initié par les professionnels du milieu, qui essaient de le définir et
de déterminer les éléments qui le composent, afin de pouvoir l’analyser et tracer de bonnes
pratiques pour son futur fonctionnement.
En Arles, ville de 55 000 habitants de la région Provence-Alpes-Côte-D’azur, l’une
des plus touristiques de France, les festivals jouent un rôle important dans le développement
culturel. De début mai à fin août, les festivals se succèdent, animant la période estivale. Arles
est une ville qui vit de sa culture et son tourisme.
La ville d’Arles est un cas particulier. Cette petite ville, qui a charmé van Gogh, a un
patrimoine exceptionnel de 8 monuments datant de son époque romaine et romane, tous
inscrits au Patrimoine Mondial de l’Unesco (depuis 1981) et de nombreux bâtiments classés
monuments historiques. De plus, elle abrite trois musées importants (le Musée Départemental
de l’Art Antique, le Musée Réattu de l’art contemporain et le Muséon Arlaten de l’art
populaire), ainsi qu’un grand nombre d’associations culturelles offrant une grande diversité
d’expositions, de spectacles et de conférences. Elle est aussi le siège des éditions Actes Sud et
d’Harmonia Mundi, maisons de renommée internationale. Sise au carrefour de différentes
populations, elle profite des traditions provençales mais aussi de celles des corridas et des
ferias. De plus, elle jouit aussi d’une richesse naturelle, étant située près du delta du Rhône et
entourée du parc naturel de la Camargue au sud, des Alpilles au nord et de la réserve
naturelle du Crau à l’est.
Ainsi, ces dernières années, Arles a connu un essor important et s’est transformée en
l’une des villes culturelles les plus attractives de France. Cet accomplissement est le résultat
d’une politique culturelle dynamique qui a entrepris une série d’actions pour mettre en valeur
ce patrimoine et le diffuser.
Dans cette démarche, le Festival de Photographie « Les Rencontres d’Arles » a joué
un rôle fondateur. Dès son apparition à la fin des années 60, il a suscité un dynamisme qui a
bouleversé le paysage culturel en faisant du mieux la, la ville de la photo et de l’image.
Ayant attiré 72 000 visiteurs en 2009, le festival se trouve, avec ce chiffre record,
dans une nouvelle période de croissance. Après déjà 41 ans d’existence, il se projette dans le
futur en attaquant de front l’instabilité financière à laquelle les festivals sont toujours sujets,
ainsi qu’au besoin de se renouveler tout en conservant sa qualité et sa notoriété. Dans cette
optique, des entreprises favorisant une meilleure connaissance par le public et une meilleure
coopération avec les acteurs touristiques et culturels sont des alliés importants.
Le nouveau projet de réhabilitation du site des anciens ateliers de la SNCF, entamé
par le festival, va changer le paysage de la ville d’Arles et son futur, en la propulsant parmi
les principales villes de culture de l’avenir.
En cette époque de crise économique où la culture est reléguée au second plan, Arles
montre l’exemple d’une ville qui investit dans son patrimoine et dans le tourisme pour un
développement durable. Dans cette démarche, le festival des Rencontres d’Arles joue un rôle
primordial.
5
SUMMARY
Key words : culture and development, festivals, cultural tourism, sustainable tourism, Arles,
photo festival Les Rencontres d’Arles
The festival is a branch of the cultural activity which these last year’s meets a radical
growth. France only counts 2000 festivals, number which is not confirmed. The festival
phenomenon hasn’t been studied yet enough, is in the center of the debate, initiated by
professionals of the field, who try to define it, and to see the elements that compose it, in
order to be able to analyze it and trace good practices for its future operation. In Arles, a city
of 55.000 inhabitants in the south of France, in the region of Provence-Alpes-Cote d’Azue,
one of the most tourist areas of France, the festivals plays an important role in its cultural
development. Form May until the end August, the festivals follow one another, thus
animating the summer period. As a result, the festivals contribute to its cultural rise and its
tourist attraction. In fact Arles is a city which lives from its culture and its tourism.
The town of Arles is a particular case. This small city which charmed Van Gogh has
an exceptional cultural heritage, having 8 monuments, of its Roman and Romanesque period,
included in the World heritage list of UNESCO (1981) and a great number of its buildings
classified within the national list of protection of cultural heritage. Moreover, it shelters three
important museums (Museum of Antiquities, Musée Réattu of contemporary art, Muséon
Arlaten of popular art), a great number of cultural organizations, which offer a great diversity
of exhibitions, spectacles, conferences. The publishing house, Actes Sud is also installed in
Arles, as well as the record company Harmonia Mundi, both of international repute.
Moreover, Arles, being in the crossroad of various populations, it benefits both from regional
traditions as well as those like bullfights and Férias. Arles also benefits from a natural wealth
being located near the delta of the Rhone and being surrounded by the natural park of the
Camargue in the south, Alpilles in north and the protected area of Crau in the east.
Arles thus has seen the last years an important rise while being transformed in one of
the most important cultural cities in France. This achievement is the result of a dynamic
cultural policy undertaken by the local government and the affected services that launched a
series of actions to preserve and diffuse this cultural heritage. In this evolution the Festival of
Photography of the Rencontres d’Arles played a vital role. With its appearance at the end of
the Sixties, it caused a dynamism which upset the cultural landscape by making Arles, city of
photography and the image. Attracting 72.000 visitors in 2009, a record number in its history,
the festival, is going into a new era. Being already 41 years old, it is moving forward, having
to confront a financial instability, always present within the field of festivals and the need to
renew and keep its quality and notoriety. In this process, a better knowledge of the public and
a better co-operation with the tourist and cultural actors can prove vital allies. The new project
of the rehabilitation of the old railroad site, mobilized by the festival, will change the Arles
future, by putting her at the center of the cultural cities of the future. In this time of the
economic crisis where culture is put at a second plan, Arles presents the example of a city
which invested in its heritage and tourism for a sustainable development. And in this step the
festivals plays a primary part.
6
Préface
«Placer la culture au cœur du développement est un investissement capital
dans l’avenir du monde, la condition du succès d’une mondialisation bien comprise
qui prenne en compte les principes de la diversité culturelle»
L’Unesco
La culture n’est pas encore considérée par les acteurs politiques et économiques
comme un « véritable » facteur de développement. Pourtant, celle-ci est de plus en plus prise
en compte au niveau local ou par les ONG. Acted 1, par exemple, en a notamment fait un de
ces pôles de développement. Nous envisageons ici la culture comme ‘l’ensemble des traits
distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un
groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits
fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances 2‘ et le
développement comme une ‘action de croissance d’une société, dans tous ses facteurs en
gardant la cohésion sociale et le bien être de la population’.
En France, pays pionnier du discours autour des politiques culturelles, la culture, a
depuis 1959 3, été considérée comme composante du gouvernement et comme outil pour le
rayonnement du pays . C’est pour cette raison que des actions et des lois pour la sauvegarde
du patrimoine, pour la promotion de l’activité artistique et pour la décentralisation de la
création culturelle ont été promues, afin d’assurer l’essor culturel et le développement
économique à travers cette voie.
Au cours des dernières années, la culture a plus particulièrement été mobilisée par le
tourisme : des associations entre ces deux activités sont montées sur l’ensemble du territoire
dans l’objectif d’un développement durable : « un développement qui répond aux besoins des
générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux
leurs 4».
La nécessité d’ancrer les démarches actuelles – tant au niveau culturel que touristique
– dans ce type de développement reste au centre du débat actuel et est soulignée dans de
nombreux documents officiels des gouvernements nationaux et des organisations
internationales (ex. : Agenda 21 de la culture).
1 Agence d’Aide à la coopération technique et au développement (ACTED) est une ONG qui intervient dans les
pays en difficulté en lançant des programmes (260 par an) qui aident à la reconstruction de leur économie et du
tissu social. Ses programmes, voyant le développement d’une façon globale, se basent sur le patrimoine,
l’artisanat et le tourisme pour favoriser un développement durable. www.acted.org/fr. 2 Définition de l’Unesco.
3 En 1959, le ministère de la Culture (dont la dénomination officielle est, depuis 1997, ministère de la Culture et
de la Communication) a été créé en France par le général de Gaulle, et attribué à André Malraux sous le nom de
ministère des Affaires culturelles, en affirmant l’importance de pérenniser la tradition de la protection de la
culture du pays. Depuis, de nombreux pays se sont également dotés d’un ministère de la Culture. 4 «Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins » à qui il convient d’accorder la plus
grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur
la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir», définition de 1987 de la Commission
mondiale sur l’environnement et le développement.
7
La culture et le tourisme peuvent jouer un rôle important dans la réalisation des
objectifs d’une croissance économique durable. Ils peuvent être utilisés ensemble et
s’influencer l’un l’autre pour développer les retombées économiques d’un territoire. Plusieurs
villes ayant investi dans la valorisation de leur patrimoine ont trouvé dans le tourisme un allié
important à cette démarche. La coopération de ces deux secteurs permet d’orienter le tourisme
vers une protection du patrimoine naturel ou architectural et de canaliser les impacts négatifs
du tourisme de masse.
Déjà, dans le milieu touristique quelques mouvements se dirigent vers un autre type de
tourisme, l’appelant tourisme durable. Selon l’Organisation mondiale du tourisme 5 « on
entend par développement du tourisme durable toute forme de développement de cette activité
touristique qui respecte, préserve et mette en valeur à long terme les ressources naturelles,
culturelles et sociales d’un territoire. Le développement du tourisme durable doit s’inscrire
dans une dynamique qui articule des modes de production et de consommation responsables,
tout en offrant aux populations qui vivent, travaillent ou séjournent sur cet espace des
avantages socioéconomiques équitablement répartis. Ce développement suppose un
aménagement et une gestion intégrée des ressources ainsi que la participation des acteurs
locaux, afin de concilier sa mise en œuvre avec les besoins et capacités du territoire. »
Le tourisme durable porte ainsi en faveur du touriste-visiteur plutôt que du touriste-
consommateur.
En effet, suite aux conséquences négatives du tourisme de masse des années 70
(bétonisation du littoral, altération architecturale et patrimoniale dans certaines régions et dans
des pays touristiques comme la Grèce, l’Italie, l’Espagne, etc.), une partie des acteurs et
professionnels du milieu touristique a réorienté les priorités du tourisme en proposant
d’« autres destinations ». Le tourisme contenait en lui une connotation négative, selon laquelle
elle serait une activité qui épuise les territoires. Les dernières années ont renversé la tendance
en montrant un autre visage, plus responsable, du tourisme, se fixant sur de nouveaux
objectifs et conscient des nécessités de protection du patrimoine et des ressources. Ces
modifications sont également engendrées par les attentes d’un public de plus en plus impliqué
dans l’esprit d’un tourisme durable et d’un développement raisonné. Dans ce contexte, le
tourisme durable, qui inclut l’écotourisme et le tourisme culturel, est mis au centre de la
stratégie touristique des régions d’une forte attractivité touristique6.
De plus, l’Organisation mondiale du tourisme des Nations unies place ce type de
développement touristique au centre de l’offre touristique future, parce qu’il permet aux pays
5 L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) est une institution spécialisée du système des Nations unies et la
principale organisation internationale dans son domaine de compétences. Elle fait office de tribune mondiale
pour les questions de politique touristique et elle est une source de savoir-faire. Ses membres comprennent
154 pays et 7 territoires et plus de 400 membres affiliés représentant le secteur privé, des établissements
d’enseignement, des associations de tourisme et des autorités touristiques locales. Des actions directes qui
renforcent et soutiennent les efforts des Administrations nationales du tourisme sont menées par les représentants
régionaux de l’OMT (Afrique, Amériques, Asie de l’Est et Pacifique, Europe, le Moyen-Orient et Asie du Sud)
qui ont leurs bureaux au siège de l’OMT, à Madrid. L’OMT joue un rôle central et décisif dans la promotion du
développement du tourisme responsable, durable et accessible à tous, en veillant tout particulièrement aux
intérêts des pays en développement. L’Organisation encourage l’application du Code mondial d’éthique du
tourisme pour s’assurer que les pays membres, les destinations touristiques et les entreprises du secteur
maximisent les effets économiques, sociaux et culturels positifs de cette activité et en recueillent tous les fruits
tout en en réduisant au minimum les répercussions négatives sur la société et sur l’environnement. L’OMT s’est
engagée à atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement des Nations unies, conçus pour faire
reculer la pauvreté et favoriser le développement durable. www.unwto.org. 6 Comité départemental du tourisme PACA, schéma régional de développement touristique 2009-2010, p. 18.
8
destinataires et aux compagnies impliquées de diminuer les impacts négatifs du tourisme sur
l’environnement et le patrimoine en augmentant en même temps ses bienfaits économiques et
sociaux. Dans les objectifs du Millénaire pour le développement (2000-2015) fixés par
l’Assemblée générale des Nations unies en 2000, le tourisme durable est défini comme un des
acteurs primordiaux pour le futur économique7.
La Convention de l’Unesco de 1972 pour la Protection du patrimoine mondial, culturel
et naturel intègre également la notion du tourisme durable dans sa démarche.
Ainsi, si culture et tourisme ont pu viser des objectifs divergents, il est aujourd’hui
jugé préférable qu’ils jouent un rôle complémentaire l’un pour l’autre. La culture profite du
public touristique, et le tourisme du public culturel. En France par exemple, le troisième pays
du monde sur l’échelle de la fréquentation touristique, les séjours à dominante culturelle
« demeurent le principal facteur d’attractivité du pays en tant que destination touristique, pour
la quasi-totalité des personnes interrogées 8 ».
Cet avant-propos nous permet de poser les bases de notre étude de cas car la ville
d’Arles semble en effet avoir fait le choix de se développer de manière « durable ». Sous
plusieurs aspects, Arles est une ville modèle du développement par la culture et le tourisme.
C’est dans cette optique que s’inscrivent ses politiques culturelles et touristiques. Et c’est dans
ce paysage qui réagit ses festivals.
Introduction
Notre étude traite de la question du phénomène du festival en tant qu’activité culturelle
ayant connu une croissance radicale ces dernières années. A l’exception de quelques grands
festivals comme ceux de Cannes, d’Avignon, des Rencontres d’Arles, issus de la volonté
d’artistes de monter des événements pour promouvoir leur discipline, la majorité des festivals
proviennent de l’initiative de collectivités locales d’animer leurs territoires et leurs
7 Dans cette optique, le programme STEP (Sustainable Tourism for the Elimination of Poverty), initiative née au
sein de la Conférence mondiale sur le développement durable à Johannesburg en 2002, a été mise en place afin
d’affirmer le rôle du tourisme comme moteur du développement durable. A ce jour, 90 projets ont été réalisés
dans 30 pays économiquement défavorisés. 8 Synthèse de l’Analyse de l’image touristique de la France et de son positionnement à l’étranger, IPSOS Public
Affairs/Maison de la France, 18 janvier 2007 p.g 3
9
monuments. Il faut noter que c’est la loi de décentralisation de 1982, donnant le pouvoir et
l’indépendance financière et administrative aux collectivités territoriales pour monter leurs
propres programmes et gérer leurs monuments, qui a permis la genèse des festivals.
La France accueille un grand nombre de festivals, difficiles à recenser dans leur
totalité. En 2000, environ 2000 festivals étaient dénombrés en France, tandis qu’en même
temps la seule région Provence-Alpes-Côte d’Azur en dénombre 2000 sur son seul territoire9.
Nous n’avons cependant pas besoin d’avoir un nombre fixe pour pouvoir affirmer leur
rôle dans l’offre culturelle des territoires français. La programmation culturelle de chaque
région laisse facilement constater leur forte présence dans les activités proposées.
Le phénomène festivalier a évolué pendant toutes ces années et continue à se
développer en posant des difficultés quant à sa définition même. Nous voyons que la
définition du festival donnée au début de son apparition comme « une manifestation musicale
se déroulant sur quelques jours dans un lieu particulier » semble insuffisante à décrire la
diversité et la complexité de l’offre actuelle. Le ministère de la Culture et de la
Communication le définit comme « une manifestation où la référence à la fête, aux
réjouissances éphémères, événementielles et renouvelées s’inscrivant dans la triple unité de
temps, de lieu et d’action ».
Dans l’actualité, les festivals présentent une offre vaste dont nous pouvons classer les
différents indicateurs : fréquentation, tarif, art présenté, période, lieu, activités. Ainsi se
distinguent des festivals de musique, de danse, de photographie, hors saison, de pleine saison,
dans les grandes villes, en milieu rural, des festivals gratuits, de moyen budget, de haut budget
etc. L’offre se multiplie chaque année, et une grande partie des festivals regroupent plusieurs
activités dans leur programmation.
Les festivals exercent une série d’impacts sur les territoires où ils s’inscrivent.
Au niveau artistique, ils encouragent la création et l’innovation et, de plus, « assument
plus volontiers le risque artistique que les institutions permanentes, favorisant l’éclosion des
jeunes talents 10
». Ils contribuent ainsi au développement culturel des communautés
humaines dans lesquelles ils se déroulent, offrant la possibilité d’assister à des expositions et
des spectacles vivants. La dispersion, le caractère festif et éphémère des festivals permettent
sans aucun doute d’attirer nombre de spectateurs qui ne se seraient, peut-être, jamais rendus à
ce type de représentation. En outre, plusieurs festivals ont redonné une forme de vie et
d’activité à des villes ou des régions totalement démunies culturellement. De même, par la
diversité des genres des spectacles offerts, les festivals apportent à un public nouveau des
représentations traditionnellement réservées aux seules grandes villes : certaines expositions
d’art contemporain, des mises en scène par de grands noms du spectacle vivant qui n’auraient
pas, dans d’autres conditions, de motif pour se déplacer dans les régions.
Les festivals jouent également un rôle non négligeable dans la réhabilitation et
l’animation des lieux patrimoniaux. La réutilisation des espaces patrimoniaux pour la tenue de
spectacles ou d’expositions est une pratique qui a fleuri au sein des festivals ; elle fait revivre
des monuments délaissés. Les exemples sont nombreux : le Palais des Papes à Avignon, les
Ateliers SNCF à Arles et d’autres.
9 France Festivals (2006), Les Nouveaux Territoires des festivals, Actes du colloque, éd. La Scène-Magazine des
professionnels du spectacle, Paris, p.6. 10
BENITO L., (2002), « Les Festivals, entre événement et manifestation culturelle », in « Evénements, tourisme
et loisirs », Cahier Espaces, n° 74, éd. Espaces Tourisme & Loisirs, pg.26
.
10
Les festivals participent au développement économique des collectivités qui les
accueillent en générant des retombées économiques directes mais aussi indirectes. De la
même manière, ils contribuent à la création d’emplois directs mais aussi induits.
Sur le plan touristique, les festivals attirent un grand nombre de visiteurs, soit fidèles,
soit occasionnels, en animant la vie de la commune ou de la région. Ils donnent un coup de
projeteur sur le territoire à un moment donné. Aussi, l’impact sur l’image d’une ville
accueillant un festival réussi et la notoriété qu’elle en retire jouent un rôle déterminant
concernant l’attractivité touristique de la région et suscitent, qui plus est, l’intérêt des
entreprises et autres investisseurs. En outre, ce dynamisme et cette valeur ajoutée permettent
de retenir les habitants sur le territoire, de prévenir la désertification, voire d’en attirer de
nouveaux.
Sur un plan social, les festivals apportent beaucoup aux territoires hôtes en
renouvelant le tissu social et l’esprit des habitants en accueillant des gens de différents
milieux socioéconomiques, en favorisant les échanges culturels et les rencontres, en éduquant
le public et en mobilisant l’esprit créatif des populations avec les spectacles présentés.
Nombreux sont donc les impacts des festivals sur ces territoires.
Ces dernières années, les festivals, qui ne suscitaient pas jusque là une analyse
profonde, sont devenus un sujet de discours entre les organisateurs et les autres acteurs
impliqués dans leur mise en place. D’un coté leur importance multiple sur le territoire (apport
culturel, touristique, social, économique) et de l’autre les interrogations qui émergent relatives
à leur fonctionnement et à leur développement futur ont généré un dialogue entre ces
différents acteurs afin de pouvoir analyser et tracer leur propre avenir. Leur présence
grandissante a ainsi appelé une approche plus concrète. Des questions sur leur
programmation, leur public, leur rapport à la communauté, les difficultés de leur financement
sont posées afin de mieux comprendre cette activité dont les impacts sont nombreux et variés
sur les territoires où elle s’inscrit.
Leur essor et leur croissance justifient l’importance de leur étude.
Le festival de la Photographie Les Rencontres d’Arles et la ville d’Arles: cas d’étude
Nous avons choisi comme exemple le festival de la photographie Les Rencontres
d’Arles et la ville d’Arles pour de multiples raisons.
D’abord parce qu’Arles est une ville modèle au niveau de la valorisation de son
patrimoine et de sa fréquentation touristique. Bien que, nous le verrons, certains points restent
à améliorer, Arles et les Arlésiens mettent en œuvre de nombreuses initiatives, dans un
objectif global de promotion de la culture, de développement du tourisme et d’investissement
au niveau local. C’est une ville exemplaire dans l’animation de son patrimoine, dans la qualité
et la diversité de son offre culturelle et dans sa stratégie touristique orientée vers la notion de
développement durable, profitant de toutes ces activités culturelles pour se promouvoir en tant
que destination incontournable.
De plus, le choix de la ville d’Arles réside surtout dans sa variété de festivals qui
constituent l’essentiel de son offre culturelle. Tous contribuent, à leur échelle, au
développement de la ville et à son rayonnement. En attirant un public divers, les festivals
jettent un coup de projecteur sur la ville d’Arles pendant les périodes où ils se déroulent. L’été
arlésien est clairement bien plus vivant que les autres périodes de l’année.
Il s’agira ici d’étudier plus particulièrement le Festival de la Photographie Les
Rencontres d’Arles pour de multiples raisons. Tout d’abord, parce que c’est un des plus
grands festivals de la photographie du monde ainsi que le premier festival de la photographie
11
en France. De plus, le festival des Rencontres d’Arles, dès sa naissance a changé le paysage
culturel de la ville d’Arles en suscitant un dynamisme sans équivoque qui perdure jusqu’à
présent. En effet, le festival a donné une autre image à la ville d’Arles, qui est connue
aujourd’hui comme ville de la photographie.
Le festival depuis sa création a contribué radicalement à la mise en valeur de la ville
d’Arles et de sa richesse patrimoniale, en donnant vie à tous ces lieux précieux. Par sa
notoriété au monde de la photographie le festival a fait venir à Arles un grand public, tant
européen qu’internationale, en augmentant son attractivité touristique. Le festival depuis 2002
connait un succès sans équivoque, ayant accueilli en 2009 72 000 visiteurs.
Aujourd’hui, à son 41eme édition, le festival les Rencontres d’Arles se trouve dans
une nouvelle phase de développement où il doit réfléchir à nouveau sa politique pour se
pérenniser et continuer à s’agrandir. Son futur se trouve dans une gestion plus adaptée aux
exigences actuelles mais aussi à sa relation avec la ville d’Arles et ses acteurs culturels,
touristiques, économiques et sociaux.
Le grand potentiel de développement qui apparait avec le projet de Marseille Provence
2013-Capitale Européenne de la Culture et la réhabilitation des anciens ateliers de SNCF
d’Arles par la Fondation LUMA, pour y créer un nouveau pôle culturel dédié à la
photographie et l’image, est une opportunité sans équivoque, à la fois pour le festival et la
ville d’Arles. Le festival peut jouer un rôle primordial dans cette nouvelle phase de croissance
qui semble démarrer pour Arles et son territoire.
Problématique
Notre recherche vise à étudier l’événement festival comme moteur de la valorisation
du patrimoine et du développement touristique d’un territoire. Quels impacts la seule donnée
« festival » a-t-elle sur le territoire d’Arles et sa région ? De quelle manière contribue-t-elle à
son développement ?
Nous verrons comment, tant par la région dans laquelle ils s’inscrivent que par la
notoriété dont ils bénéficient aujourd’hui, les festivals donnent un exemple de développement
d’un territoire par la culture à eux tout seuls, comment ils ont posé les bases et créé le tissu
pour les nombreuses initiatives qui y fleurissent à présent. Ayant une attractivité forte les
festivals drainent un grand public, en apportant beaucoup sur le développement touristique du
territoire dans laquelle ils s’inscrivent.
Cette étude, traite le cas du Festival de la Photographie des Rencontres d’Arles,
festival qui exerce un impact énorme sur le territoire d’Arles, tant au niveau culturel et de
l’animation du patrimoine qu’au niveau de l’attractivité touristique. A ça, nous pouvons
ajouter l’impact économique qu’exerce le festival sur le territoire ainsi que les retombées
médiatiques et en termes d’image et de notoriété de la ville d’Arles.
Notre objectif serait d’analyser les bonnes pratiques qui était mises en place par le
festival et d’envisager les défis futurs sur le plan culturel mais en relation avec le tourisme.
Nous prenons comme base de réflexion le discours autour le futur des festivals comme ceci
est illustré aux différents études et colloques portés par des professionnels du milieu culturel.
Comment ce festival a réussi de se perdurer à travers ses années ? Quelles synergies
ont été mises en place avec les autres acteurs de la ville d’Arles pour assurer cette réussite ?
Comment peut-il pérenniser son futur développement ?
Même si notre étude se focalise sur le festival de la photographie des Rencontres
d’Arles, nous avons senti indispensable de présenter brièvement l’impact sur le plan culturel
et touristique, de deux autres festivals de la ville d’Arles ; le festival Les Suds Arles et le
12
festival Arelate, afin de montrer la diversité de l’offre festivalière de la ville d’Arles. Nous
avons également voulu montrer les différents impacts que chacun exerce sur la ville d’Arles et
montrer comment ils contribuent à son offre culturelle. Chaque apporte quelque chose de plus
dans la problématique du fonctionnement des festivals et leur rapport au territoire hôte.
Enfin, à travers l’étude du festival et son rapport à la ville d’Arles, plusieurs questions
se posent concernant les possibilités de développement à travers la culture et le tourisme.
Quelles synergies entre les acteurs culturels et touristiques pourraient être envisagées afin de
favoriser une croissance économique, touristique, culturelle au service du développement
durable ? Comment celles-ci pourraient être un modèle de développement durable pour le
futur. Arles semble de donner l’exemple en plaçant la valorisation de son patrimoine au centre
de sa politique touristique afin d’assurer son futur développement.
Méthodologie
Afin de répondre à cette problématique, nous avons mené des recherches dans les
archives des festivals, dans ceux de la ville d’Arles et de la région : bilans financiers, études
touristiques, études de publics, évolutions historiques, etc. Nous avons également conduit des
interviews auprès des différents acteurs clés de notre étude (responsables du tourisme et du
patrimoine de la ville d’Arles, organisateurs des festivals étudiés, habitants et associations
culturelles), mais aussi consulté une large bibliographie portant sur les stratégies de
développement, le marketing de la culture, le tourisme culturel, les caractéristiques et la mise
en œuvre des festivals, sur la photographie et son histoire, sur l’histoire de la ville d’Arles,
etc. Les sites internet officiels des acteurs impliqués et les textes officiels ont également été
une grande source d’information.
La mise en relation et la synthèse de ces sources d’information nous ont permis
d’approfondir notre étude.
Plan de travail
Premièrement, nous allons présenter le territoire dans lequel s’inscrit notre étude des
festivals, la ville d’Arles et la région, en donnant un regard global sur ses différents aspects :
économique, géographique, social, outils de développement. Nous considérons qu’il est
indispensable de bien connaître le territoire dans laquelle s’inscrit notre étude. De plus, nous
croyons que le cas de la ville d’Arles est exceptionnel, grâce à une coopération de tous les
acteurs sous l’objectif de faire d’Arles une ville de culture et du tourisme durable. Pensant que
cette volonté commune est indispensable pour toute type de développement ;
Notre deuxième partie porte sur l’étude du phénomène festivalier, à travers notre étude
du festival de la Photographie des Rencontres d’Arles et son apport au territoire de la ville
d’Arles. En ayant comme source les questions actuelles qui se posent autour du
fonctionnement et du futur des festivals, nous montrerons comment le festival des Rencontres
d’Arles s’articule, quelle est ses stratégies de développement, comment il organise ses
partenariats, quel type de public il attire et nous parlerons de son impact sur le territoire au
niveau culturel, touristique, social et économique. Afin d’enrichir notre étude et montrer la
diversité de l’offre festivalière d’Arles, nous présenterons deux autres festivals importants qui
drainent un grand nombre des festivaliers et qui apportent aussi de façon multiple sur le
développement culturel et touristique de la ville d’Arles et son territoire.
En troisième lieu, nous nous arrêtons sur les futurs projets, en essayant de montrer les
moyens que le festival des Rencontres pourrait continuer à évoluer et se pérenniser. Pour cela,
13
nous présenterons aussi des solutions, fruits de notre réflexion sur le festival et son impact à
son territoire.
15
1. Arles et son territoire : Carte d’identité
1.1 Données géographiques
Arles se situe dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, dans le département des
Bouches-du-Rhône (13). Sa superficie d’environ 759 km² en fait la plus grande commune de
France. Arles est la troisième ville des Bouches-du-Rhône, après Marseille et Aix-en-
Provence, avec 53 293 habitants11
.
Sa population se répartit entre
l’agglomération centrale et onze villages
(Albaron, Gimeaux, Mas-Thibert,
Moulès, Raphèle-lès-Arles, Saliers,
Salin-de-Giraud, etc.), dont le plus
éloigné se trouve à près de 40 kilomètres
du centre-ville (figure 1).
Figure 1
Son territoire comprend trois espaces naturels remarquables : au nord les Alpilles, au
sud la Camargue qui occupe la plus grande partie de la superficie (avec les Saintes-Maries-
de-la-Mer, deuxième plus vaste commune de France métropolitaine, moitié moins étendue
qu’Arles), et à l’est la Crau avec Saint-Martin-de-Crau qui a fait partie de la commune
d’Arles jusqu’en 1925 (annexe 1).
11
Source INSEE, 2007.
16
La Camargue, espace naturel protégé entre les deux bras du Rhône, limité au sud par
la Méditerranée, est considérée comme un des plus beaux sites naturels d’Europe. Zone
humide d’importance exceptionnelle, elle est depuis 1970 protégée par le Parc Naturel
Régional de Camargue 12
; la Crau, située entre le massif des Alpilles au nord et l’étang de
Berre au sud, ancien delta de la Durance, constitue le territoire minéral d’Arles, comme la
Camargue celui de l’eau. Depuis 1987, la plaine de la Crau 13
(annexe 2) est une réserve
naturelle et depuis 1991 elle est également une zone de protection spéciale. Les Alpilles14
,
situées à 15 kilomètres d’Arles, vers le nord, forment une chaîne de calcaire qui s’élève au
cœur de la Provence entre le Lubéron et la mer. Ce massif est également réputé pour sa faune
ornithologique. Très arboré, il est traversé par de nombreux chemins de randonnées et domine
de nombreux villages pittoresques : Les Baux-de-Provence, Fontvieille, Maussane-les-
Alpilles, Saint-Rémy-de-Provence.
La ville d’Arles et évidemment marquée par la présence du Rhône, qui coupe la ville
en deux. Le Rhône reste, même de nos jours, une menace lors des crues, comme celle de
2003.
Au niveau administratif, Arles se réunit depuis 2004 avec les communes de Boulbon,
Saint-Martin-de-Crau, Saint-Pierre-de-Mezoargue et Tarascon dans une communauté
d’agglomération appelée Arles-Crau-Camargue-Montagnette (ACCM), dont le but principal
est de regrouper leurs ressources financières, techniques et humaines pour développer
certaines compétences (développement économique, aménagement de l’espace
communautaire, équilibre social de l’habitat, politique de la ville dans la communauté). Ce
regroupement permet notamment de mettre en place un réel projet de développement
touristique, culturel, économique et social cohérent et répondant à une problématique
commune aux villes adhérentes.
Enfin, le pays d’Arles se compose de 36 communes (annexe 1).
12
Le Parc Naturel Régional de Camargue fait partie des 45 parcs naturels régionaux de France, étant un territoire
ouvert et habité reconnu pour sa qualité exceptionnelle. Le cœur du Parc habrite le Musée de la Camargue,
aménagé dans une ancienne bergerie qui retrace l’évolution des activités humaines dans le delta du Rhône du
XIXe siècle jusqu’à nos jours. Dans le Parc se trouve aussi la Maison de la Camargue, arbitrant une exposition
vivante qui permet de mieux appréhender les réalités de la Camargue, de découvrir les lieux à visiter et de
comprendre les mesures de protection des milieux naturels. Dans le parc est également implanté l’Observatoire
de la Camargue, une association du Parc avec 5 autres structures qui agissent en Camargue. Initié en 2001,
l’Observatoire est un outil qui a pour mission de construire une connaissance « objective », globale et partagée
du territoire pour alimenter les débats, les réflexions, les concertations autour d’actions et de projets conduits par
le Parc et ainsi contribuer à une gestion intégrée du territoire. Son territoire d’action est le delta du Rhône, soit
environ 150 000 hectares en zone terrestre, ainsi que la zone marine de trois milles. Ses thématiques
d’observation prioritaires sont : la gestion de l’eau, le littoral et les milieux marins, l’agriculture, l’élevage et le
développement durable, les habitats, les espèces, le tourisme et loisirs, le patrimoine culturel. L’Observatoire
collecte les données ou informations existantes sur ces thématiques et les organise dans des bases de données. Il
peut permettre l’accès à certaines de ces données. Il réalise également des analyses et des synthèses de données
grâce au travail de réflexion des groupes thématiques mis en place, qui mobilisent au total une quarantaine
d’organismes différents. 13
La région accueille aussi l’Ecomusée de Saint-Martin-de-Crau, situé dans une ancienne bergerie et qui a
pour but la mise en valeur et la sauvegarde du patrimoine naturel et humain de la Crau. 14
Le petit train des Alpilles propose une promenade bucolique et paisible d’Arles à Fontvieille en passant au
pied de l’abbaye de Montmajour (monument historique classé, situé au pied des Alpilles, un de premiers lieux
utilisés par le festival des Rencontres d’Arles).
17
1.2 Accessibilité
Arles se situant au cœur de la Provence est à proximité de nombreuses villes. Ses
voisines sont Avignon au nord-est (34 km), Nîmes au nord-ouest (27 km), Aix-en-Provence.
Au sud-est, Marseille est distante de 96 km. Sa situation près de la Méditerranée et au
carrefour de nombreuses capitales européennes est un réel atout (à seulement deux heures et
demie de l’Espagne en voiture).
Les axes qui permettent de rejoindre la région sont très développés, et les moyens de
transports variés.
Le train reste un des moyens le plus utilisés pour y arriver. Même si Arles n’était pas
incluse dans le tracé TGV Paris-Marseille, qui dessert Avignon et Aix, elle est seulement à
quatre heures de Paris (ligne directe). Elle est aussi desservie par la ligne TGV Paris-Avignon,
qui fait le voyage en deux heures. Le chemin de fer met Arles à une courte distance des autres
métropoles importantes, comme Lyon, Montpellier. Le train régional (TER) effectue plusieurs
trajets entre Arles et des villes du Sud, Avignon, Marseille, Toulouse etc. Le fait de ne pas
avoir besoin de réserver à l’avance ajoute à la souplesse permise par les prix bon marché.
La ville dispose de plusieurs accès aux lignes aériennes. Elle n’est en effet située qu’à
25 km de Garons (aéroport de Nîmes), 65 km de Marignane (aéroport de Marseille) et 75 km
de Fréjorgues (aéroport de Montpellier). L’accès à tous ces aéroports est très pratique car ne
nécessitant aucune passage par les villes. De plus, le fait que deux compagnies «low cost»,
Easy Jet et Ryanair, réalisent des vols dans la région (Ryanair pour Nîmes, Easy Jet pour
Montpellier et Marseille) est un atout supplémentaire pour le jeune public, les vacanciers en
séjour court ou au budget modeste.
Le bus est moyennement utilisé pour les longues distances, mais les trajets locaux sont
bon marché (utilisés par les jeunes voyageurs). Eventuellement, une amélioration des horaires
ou des trajets pourrait être envisagée.
Finalement, Arles est bien desservie au niveau des axes routiers. La voiture étant un
moyen populaire pour les vacanciers de la région.
18
1.3 Paysage économique
Arles est l’une des villes les plus pauvres de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Elle se trouve dans une situation économique délicate, avec un taux de chômage largement
au-dessus de la moyenne régionale et même nationale : 11,1 % de la population active locale
est à la recherche d’un emploi, contre 8,8 % au niveau hexagonal ; les non-diplômés
représentent 27,3 % de la population et 50 % des Arlésiens sont exonérés d’impôts15
.
Sa population active s’élève à 22 014 personnes. Les emplois arlésiens sont en grande
majorité des emplois de services16
. Presque 4 900 emplois sont liés aux services marchands.
Pour aider la recherche d’emploi et le renforcement de l’entreprenariat, plusieurs
programmes ont été mis en place sur des initiatives locales et régionales comme : le PAIL 17
,
un réseau de chefs d’entreprise et autres professionnels (banquiers, experts-comptables,
avocats, techniciens) qui se mobilisent afin d’aider des porteurs de projets de création
d’entreprise ; le Prides 18
(Pôle régional d’innovation et de développement économique),
création suscitée par la région PACA. A Arles le Prides se mobilise autour de la filière ‘livre
et disques’ ; le Plie (Plan local pour l’insertion et l’emploi) 19
et l’Antenne 20
, une initiative de
la ville d’Arles, qui offre un lieu d’accueil et d’aide pour les porteurs de nouveaux projets
économiques et culturels qui veulent s’installer en centre-ville.
La commune d’Arles suit de près d’autres champs d’activité, comme l’agriculture et
l’industrie. L’agriculture est un pôle économique non négligeable à Arles, qui bénéficie de
conditions climatiques exceptionnelles et d’un savoir-faire hérité d’une longue tradition. Elle
s’organise principalement autour des productions suivantes : les fruits et légumes, le riz et les
15
La Provence, le 3/3/2010. 16
http://www.ville-arles.fr/economie/1-chiffres-cles/insee/resume-statistique-insee.php. 17
Depuis plus dix ans, cette initiative locale d’Arles (PAIL) a aidé à la création ou à la reprise de 300
entreprises. Cet outil est porté par la Ville, l’ACCM, le Conseil général et le Conseil régional ainsi que par la
Caisse des dépôts. Le processus de création comporte plusieurs phases : repérer les besoins, les croiser avec des
projets d’activité, monter un dossier de faisabilité, réunir des compétences pour le lancement, préparer le
financement. En 2008 un service d’amorçage de projets (SAP)a été créé pour inciter à la création de services
dans les quartiers de Trébon, Barriol et Griffeuille (quartier en difficulté sociale d’Arles), grâce au concours de
professionnels qui apportent gratuitement leur savoir-faire pour le démarrage de l’entreprise. Le PAIL, partenaire
de la communauté d’agglomération, propose également des aides financières sous forme de subventions et de
prêts à taux zéro. 18
Le Prides d’Arles réunit les premiers éditeurs intéressés à un regroupement qui vise à partager des moyens
logistiques, favoriser la formation et bénéficier d’outils de communication et de promotion pour leurs sociétés
respectives. Parmi celles-ci, on trouve les éditions Picquier, La Cuisine (éditrice de l’agenda culturel Taca),
Isabelle Gremillet (éditeur d’ouvrages pour le Maghreb), Edinéos (portail Job Ingénieur), CyberNostra (les
organisateurs du festival MAIN), le Pagivore (vente de livres anciens), La Fabrique sensible (ouvrages d’art), Où
sont les enfants, spécialiste d’ouvrages pour la jeunesse intégrant la photographie. 19
Entre 2005 et 2009, le Plie a suivi contractuellement 1 900 personnes en recherche d’emploi. Après une mise à
niveau personnalisée, 545 d’entre eux ont retrouvé un emploi durable. Devant ce bilan positif, les partenaires
publics associés au Plie ont décidé sa reconduction pour la période 2010-2014. Piloté au départ par la commune
d’Arles, le Plie dépend aujourd’hui de la communauté d’agglomération ACCM. Le financement du premier Plie
(2005-2009) a été assuré par l’Europe à travers le Fonds social européen (FSE), l’Etat, le Conseil régional (lutte
contre l’exclusion), le Conseil général (programme départemental d’insertion), l’ACCM (gestion et animation du
Plie) et la Chambre de commerce (actions de communication et de promotion). 20
Un nouveau pôle culturel du centre-ville, avec de galeries, magasins d’artisanat, cafés artistiques, autour des
rues Jouvène et de la Liberté, où se trouve le bureau de l’Antenne, vise à valoriser l’artisanat et la création
artistique en augmentant en même temps l’attractivité de la ville. L’Antenne essaie de convaincre les
propriétaires de proposer des baux intéressants à une clientèle d’artistes, artisans, commerçants d’art, etc. Sa
mission consiste aussi à inventer des événements pour mettre en valeur ce renouveau, attirer le chaland et les
touristes, et donner un cadre aux initiatives des commerçants et des divers collectifs.
19
céréales, le foin de Crau, la viande (taureaux, ovins), la transformation et la conservation. En
Camargue, des efforts sont menés pour labelliser et qualifier les productions. Arles, dans le
cadre de la communauté d’agglomération Arles-Crau-Camargue-Montagnette, propose
également des productions agricoles complémentaires telles que celles associées aux olives
(variétés, huiles) ou au vignoble de la vallée des Baux.
Arles accueille aussi un des plus grands marchés de Provence. Deux fois par semaine,
mercredi et samedi, des commerçants et des producteurs locaux étalent leurs marchandises le
long de deux boulevards principaux de la ville. Le marché du samedi, le plus grand, s’étend
dans l’intégralité du boulevard des Lices (un des axes principaux du centre) offrant plus de
2,5 kilomètres de marchandises.
Les activités industrielles d’Arles, qui représentent environ 2 000 emplois salariés21
,
concernent principalement les secteurs de la chimie, de la construction mécanique, de la
papeterie et de l’industrie alimentaire. Le village de Salin-de-Giraud et ses salins, avec Solvay
et le groupe Salins, est le pôle chimique d’Arles. Cependant, la fermeture de la papeterie
Saint-Etienne et la perte de vitesse de la production du sel de Salin posent des problèmes
sérieux pour l’économie arlésienne.
1.4 Paysage politique
Arles s’inscrit dans la tradition politique socialiste du département du Bouches-du-
Rhône. Actuellement le Parti socialiste gagne dans le territoire : Michel Vauzelle, président
du Conseil régional de la région Provence-Alpes-Côte-D’azur, et Jean-Noël Guérini, président
du Conseil général du Bouches-du-Rhône, sont membres du Parti socialiste. De plus, Hervé
Schiavetti, maire d’Arles et vice-président du Conseil général du département, est au Parti
communiste. Arles est une des rares communautés en France de plus de 50 000 habitants
ayant un maire communiste.
En effet, les politiques décidés par les acteurs politiques, sont traversée par certains
principes de l’idéologie du gauche. Ainsi, la priorité est donnée aux politiques sociaux, au
développement culturel, à la lutte contre l’exclusion social, au développement durable.
1.5 Paysage culturel
1.5.1 Un patrimoine culturel reconnu
Arles, ville d’une histoire riche, offre une abondance au niveau du patrimoine culturel,
matériel 22
et immatériel23
.
21
Idem. 22
« Le Patrimoine matériel se réfère à des sites consacrés à la culture, réalisations de la main de l’homme :
musées, monuments, villes et villages d’art ou de caractère, sites archéologiques et préhistoriques, jardins,
édifices religieux, militaires… » Claude Origet du Cluzeau, (2008) Le Tourisme culturel, « Que sais-je ? », éd.
Presses universitaires de France,.p.g 4 23
« On entend par patrimoine culturel immatériel ou patrimoine vivant les pratiques, représentations,
expressions, connaissances et savoir-faire – ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui
leur sont associés – que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme
faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en
génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur
interaction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d’identité et de continuité, contribuant
ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine. Aux fins de la présente
Convention, seul sera pris en considération le patrimoine culturel immatériel conforme aux instruments
internationaux existants relatifs aux droits de l’homme, ainsi qu’à l’exigence du respect mutuel entre
20
Au niveau du patrimoine matériel, Arles abrite une abondance de monuments
témoins de sa longue histoire. 24
Plusieurs peuples ont laissé leur trace à la ville d’Arles.
Comme le décrit le Centre du patrimoine mondiale de l’Unesco : « Arles offre un exemple
intéressant d’adaptation d’une cité antique à la civilisation de l’Europe médiévale. Elle
conserve d’impressionnants monuments romains dont les plus anciens – arènes, théâtre
antique, cryptoportiques – remontent au Ier
siècle av. J.-C. Elle connut au IVe siècle un
second âge d’or dont témoignent les thermes de Constantin et la nécropole des Alyscamps.
Aux XIe et XII
e siècles, Arles redevint une des plus belles villes du monde méditerranéen. A
l’intérieur des murs, Saint-Trophime avec son cloître est un des monuments majeurs de l’art
roman provençal. »
Arles dénombre huit monuments de son histoire romaine et romane, inscrits sur la
liste du patrimoine mondiale de l’Unesco en 1981. Ceux-ci sont : l’amphithéâtre, le théâtre
antique, les cryptoportiques et le forum romain, les thermes de Constantin, les remparts du
castrum, les Alyscamps, l’église Saint-Trophime et l’exèdre romain (Muséon Arlaten).
En plus, Arles compte une douzaine de monuments classés sur la liste de 1840 des
monuments historiques25
. Parmi eux, nous trouvons l’abbaye de Montmajour (Moyen Age) au
pied des Alpilles, l’obélisque d’Arles, la chapelle Saint-Jean-de-Moustiers d’Arles
(XIe siècle). Sur le territoire d’Arles on compte également 44 monuments historiques classés
et 48 monuments inscrits à l’inventaire supplémentaire. La grande majorité de ces édifices
sont situés dans le centre historique.
Au niveau du patrimoine immatériel, Arles présente également une grande tradition,
qui se compose des fêtes folkloriques et des coutumes locaux provençaux (fête du Costume,
élection de la reine d’Arles, Feria du riz, etc.), de l’artisanat (poterie, costumes, dentelles
arlésiennes, etc.), des traditions taurines (elle est membre de l’Association des villes taurines)
comme les corridas, les courses camarguaises.
Elle a aussi une importante tradition issue de Fréderic Mistral, le félibrige 26
et le
provençale, sa langue de plume.
La culture provençale, avec ses produits et son art de vivre, fait aussi partie de ce
patrimoine précieux, donnant une forte identité à la région.
communautés, groupes et individus, et d’un développement durable. » Définition donnée par la Convention de
l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, ratifiée le 20 juin 2007 par plus de 78 Etats. 24 «Le delta du Rhône est occupé par les Ligures dès le I
er millénaire av. J-C. et connaît très tôt des échanges
commerciaux avec les peuples de Méditerranée orientale et avec les Celtes. Les Phocéens, qui ont fondé
Marseille au VIIe siècle av. J-C., développent un comptoir commercial important à Théliné, premier nom
d’Arles. Les Romains sont également très tôt présents dans la région et, en 102 av.J-C., le général Marius fait
creuser par ses soldats un grand canal, les fosses mariennes, qui relie le golfe de Fos au sud d’Arles, facilitant
ainsi la navigation. La victoire de Jules César, aidé des Arlésiens, sur Pompée, soutenu par Marseille, permet à
Arles de se doter d’une partie importante du territoire de sa rivale. Erigée en colonie romaine, la ville voit son
port se développer et ses fertiles terres alluvionnaires attribuées à des vétérans romains qui les font fructifier.
L’économie mise en place à l’époque romaine perdure jusqu’à l’époque moderne. Le développement de grands
domaines agricoles favorise à partir du Moyen Age l’émergence d’une riche aristocratie terrienne. Celle-ci
construit à travers la campagne de grands et beaux mas groupant maisons d’habitation et bâtiments agricoles.
Quoique globalement peu peuplée, la commune d’Arles est émaillée de villages et hameaux. Au début du
XXe siècle, certains d’entre eux se séparent d’Arles, se constituant en communes : Fontvieille en 1790, Port-
Saint-Louis en 1904, Saint-Martin-de-Crau en 1924». Site du Service du patrimoine de la Ville d’Arles,
http://www.patrimoine.ville-arles.fr/arles/ville.cfm?action=commune_histoire. 25
Première liste publiée par la Commission des monuments historiques pour la protection et sauvegarde des
monuments d’une valeur patrimoniale importante qui ont besoin de travaux. 26
Le félibrige est un mouvement régionaliste créé en 1854 par Fréderic Mistral pour favoriser et organiser la
sauvegarde et la promotion de la langue et de la culture spécifique des pays de langue d’oc.
21
1.5.2 Patrimoine naturel
Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, Arles est entourée par un paysage naturel
exceptionnel. Le Parc naturel régional de la Camargue, les Alpilles et la plaine de la Crau
sont des territoires protégés pour leur habitat exceptionnel et leur biodiversité. Le delta du
Rhône, ayant un intérêt et une importance ornithologiques significatifs, est un lieu d’habitat et
de passage pour plusieurs espèces protégées et rares. Par exemple, le delta du Rhône est l’une
de seules régions en Méditerranée et en Europe où niche le flamant rose.
De plus, il faut souligner ici que le paysage agricole de la région, et surtout les
rizières27
de la Camargue, donne une part de son originalité naturelle à cette région et à son
patrimoine naturel. De plus, le paysage naturel des salins est aussi un lieu important.
Accompagnant ce patrimoine naturel, nous trouvons un nombre important de musées :
le musée de la Camargue ,(ref.2), l’Observatoire de Camargue,(re.2), l’écomusée de la
Crau(ref.3) et le musée du Riz.
1.5.3 Une offre culturelle précieuse
La culture est à Arles un des secteurs qui ont vu une croissance verticale ses dernières
années. A Arles il y a un grand nombre d’établissements culturels :
Le Musée départemental de l’Arles antique28
, consacré au patrimoine antique
d’Arles, accueille un grand nombre d’ateliers, de conférences et autres événements en
faveur d’un public ciblé. Son exposition récente sur le buste de César a attiré 250 000
visiteurs jusqu’à septembre 2010.
Le musée Réattu 29 est consacré à l’œuvre du peintre arlésien Jacques Réattu (grand
prix de Rome, à la photographie et à l’architecture). Le musée abrite également des
collections d’art moderne et une collection de dessins de Picasso. C’est un des
premiers musées à avoir ouvert ses portes aux expositions de photographie.
La Fondation Van Gogh présente une collection d’art contemporain.
27
Si l’histoire du riz remonte à la plus haute Antiquité en Orient, il ne fait son apparition dans le Sud de la
France qu’à la fin du XIIIe siècle. A partir du XIV
e siècle, on fait état dans la littérature de l’extension de la
culture du riz en Provence. La riziculture moderne, elle, date de 1830, avec l’endiguement complet de la
Camargue (celui-ci avait commencé dès le Moyen Age) et la maîtrise relative des caprices du Rhône. La
submersion des terres permet en outre d’empêcher les remontées de sel de la nappe phréatique. Aujourd’hui le
riz de Camargue, de par sa faible production, sa qualité et l’environnement naturel dans lequel il est produit,
semble avoir trouvé une niche commerciale ; en outre il a obtenu l’IPG (indication géographique protégée), une
garantie qualité et origine avec l’appellation ‘Riz de Camargue’. Les rizicultures ont créé un label : Riz Cap
Camargue. Chaque année au mois de septembre, le riz est célébré en Arles dans une grande fête populaire qui
voit bénir les premières gerbes récoltées. 28
Le musée de l’Arles et de la Provence antiques a été construit en 1995, dans un bâtiment moderne conçu par
l’architecte Henri Ciriani, sur la presqu’île où se trouvait l’ancien cirque romain, pour abriter les collections
archéologiques particulièrement riches de la ville. Il contient de nombreux sarcophages, en particulier la
deuxième collection de sarcophages paléochrétiens après celle des musées du Vatican. 29
Musée situé sur les quais du Rhône (10, rue du Grand-Prieuré) et passé en 1868 dans le patrimoine municipal,
il a reçu en 2007 le premier fonds d’art sonore dans un musée des beaux-arts, en collaboration avec l’association
Phonurgia Nova. En 2008, le musée fut le cadre d’une manifestation organisée par Christian Lacroix qui
s’approprie le musée de son enfance en offrant au public une occasion unique de partager son univers créatif.
22
Le Museon Arlaten 30
, fondé par la figure emblématique de la Provence Fréderic
Mistral, abrite des collections représentatives des arts, de l’ethnologie et de l’histoire
du pays d’Arles.
L’Espace Van Gogh est l’ancien hôpital-Dieu qui a accueilli Van Gogh au cours du
fameux épisode de l’oreille coupée. C’est ainsi que le jardin de cet espace, aujourd’hui
baptisé Vincent Van Gogh, met en avant un superbe jardin peint par l’artiste
hollandais à la fin du XIXe siècle et restitué dans le moindre détail. Aujourd’hui
l’Espace Van Gogh abrite la médiathèque d’Arles, les Archives municipales, la
bibliothèque de l’antenne universitaire ainsi que des espaces qui servent de lieux
d’exposition.
Arles compte aussi deux théâtres : le théâtre de la Ville d’Arles et le théâtre de la
Calade, avec une programmation de qualité pendant toute l’année et organisant plusieurs
débats et séminaires autour de l’art du théâtre mais aussi autour de la vie culturelle et du futur
de la culture à Arles ; et une salle de concert, qui offre une programmation de musiques du
monde mais aussi actuelles.
La ville est aussi le siège d’une des plus importantes maisons d’édition françaises, les
éditions Actes Sud, créées en 1969 par Hubert Nyssen et Jean-Philippe Gautier et qui, depuis
1983, sont installées à Arles dans le centre-ville, au Méjan. La maison arlésienne emploie 170
personnes dont 120 à Arles. Actes Sud publie plus de 500 livres par an (chiffre d’affaires
2009 : 50 000 millions d’euros).
Dans ce pôle des éditions Actes Sud a aussi été créée une autre association,
l’Association du Mejan. Fondée en 1984 par Jean-Paul Capitani et Françoise Nyssen
(directrice actuelle des éditions), l’Association du Méjan organise différentes activités
culturelles pendant toute l’année à la chapelle Saint-Martin du Méjan 31
: les Matinées et
Soirées musicales d’Arles, la Semaine sainte en Arles, Jazz in Arles (pendant le mois de
mai), Lectures en Arles, des expositions d’art. De plus, l’association fait fonctionner une
salle de cinéma, avec une sélection de films d’art et d’essai contemporains et classiques, non
commerciaux, organisant aussi des soirées cinéma thématiques et des débats. Le cinéma du
30
Son nom signifie en provençal « musée d’Arles ». Il est situé dans le centre-ville d’Arles, dans l’ancien hôtel
particulier Laval-Castellane. Fondé par Frédéric Mistral, après qu’il eut reçu le prix Nobel de littérature, en
1904, le musée est considéré comme le premier écomusée. Fermé depuis octobre 2009, pour quatre ans, il va
bénéficier de travaux de rénovation, financés à 50 % par le Conseil général des-Bouches-du-Rhône, sur volonté
de Jean-Noël Guérini, Christian Lacroix. Le musée rouvrira complètement ses portes en 2014, et pour partie en
2013 pour l’inauguration de Marseille Provence 2013. 31
Les Matinées et Soirées musicales d’Arles (saison de concerts de musique de chambre, d’octobre à juin, sous
la direction artistique de Jean-François Heisser). La Semaine sainte en Arles : festival de musique sacrée et
baroque Jazz in Arles : festival de jazz (une semaine en mai). Lectures en Arles : avec la participation de
grands comédiens, ces lectures sont proposées tout au long de l’année (un rendez-vous par mois), à la chapelle
du Méjan, et en juin, durant une semaine, elles sont « délocalisées » dans le magnifique cloître de l’église Saint-
Trophime à Arles. Initiées par Claude Santelli, elles sont à présent, depuis le décès de ce dernier, pérennisées
sous la direction artistique d’Hubert Nyssen. Les expositions du Méjan : les œuvres de peintres, sculpteurs,
photographes contemporains sont présentées régulièrement dans la chapelle Saint-Martin du Méjan. L’été, en
parallèle des Rencontres internationales de la photographie, plusieurs expositions consacrées à la photographie
sont organisées par l’Association dans différents lieux (chapelle Saint-Martin du Méjan, chapelle Saint-Laurent-
Le Capitole et hall du Méjan).
23
Méjan avec Le Femina, qui présente des films contemporains commerciaux, sont les deux
cinémas d’Arles.
Dans la région d’Arles est installé aussi le siège d’un des plus importants labels de
musique classique (actuellement ouvert aussi aux musiques du monde), Harmonia Mundi.
Cette maison exceptionnelle, connue mondialement pour la qualité de ses éditions, enrichit le
paysage culturel de la ville en contribuant profondément à ses retombées économiques. Avec
170 salariés, et un chiffre d’affaires important, cette maison renforce l’image de la ville par sa
renommée. Elle possède également une librairie dans le centre historique de la ville.
D’autres éditeurs se sont implantés à Arles, comme La Phonurgia Nova, Picquier, les
éditions « Où sont les enfants ? », spécialiste d’ouvrages pour la jeunesse intégrant la
photographie.
Vu du Méjan par Trinquetaille(photo association du Méjan)
1.5.4 Des festivals reconnus et un événementiel riche
Arles, en complément des événements proposés par ses établissements culturels
comme les théâtres, les musées, etc., présente une offre d’événements très large et très riche :
fêtes traditionnelles et festivals (Annexe 3). La plus grande partie de ses événements ont lieu
durant la période touristique c’est-à-dire d’avril jusqu’au octobre, mais quelques-uns se
déroulent pendant l’hiver. La saison se lance avec la Feria de Pâques, puis une série
d’événements s’enchaîne, jusqu’au pic de la saison que sont les trois mois d’été. A part de ses
événements, plusieurs autres soirées et manifestations contribue à un été plein d’attractions.
La saison se termine avec la Feria du Riz en septembre et les Journées du Patrimoine.
Les festivals protagonistes de cette offre dominant le champ estival en envahissant
tous les lieux de la ville d’Arles et en attirant un très grand public. Arles a la particularité
d’être le lieu où se passent plusieurs festivals d’une renommée nationale et internationale. Un
des principaux, le Festival international de la photographie, connu aujourd’hui sous
l’appellation Les Rencontres d’Arles, a fêté cette année sa 41e édition et anime la ville depuis
24
toutes ces années, jouant un rôle primordial dans son attractivité internationale et son identité.
D’ailleurs, Arles est aussi connue maintenant comme ville de l’image. Dans cette catégorie, le
festival Les Suds Arles (15e édition cette année) est un des plus grands festivals des musiques
du monde en France, attirant un grand nombre des festivaliers chaque année (60 000 en 2010).
Le festival Arelate, plus récent avec 4 ans d’existence, a intégré le festival du Peplum et a
réussi à drainer un large public (17 000 en 2009) en remplissant le paysage festivalier de la fin
août. Ainsi, la saison festivalière commence de début mai avec le Festival des photos de nu et
continue jusqu’à la fin août avec le festival Arelate. D’autres festivals sont reconnus : le
festival du Costume, le festival Voies Off, le festival Art Court Vidéo, le festival Main,
portant sur l’animation graphique.
Les festivals apportent dans divers domaines à la ville d’Arles, que nous allons
analyser par la suite.
1.6 Etablissements éducatifs
Arles compte 40 écoles primaires, 4 collèges publics et 1 collège privé, 3 lycées
publics et 1 lycée privé. Au niveau de l’éducation supérieure, avec 1300 étudiants, Arles est
un pôle universitaire important. L’Antenne universitaire d’Arles encadre des enseignements
généralistes et des formations spécialistes telles que le droit, l’environnement, la
photographie, l’image numérique, le patrimoine et le tourisme. Entre autres, nous trouvons à
Arles une licence professionnelle «Conservation et Restauration du patrimoine bâti», un IUP
«Administration des institutions culturelles», un Master 2 «Zones humides
méditerranéennes». Se trouve également à Arles l’école de Supinfocom, spécialisée à
l’infographie 3D et l’IUT de l’université de Provence sur les métiers informatiques. A Arles
se trouve aussi l’Ecole Nationale Supérieure de la photographie (ENSP) , la seule école
publique de la photographie en France, créée en 1983, fruit des influences des Rencontres
d’Arles, comme nous le verrons ultérieurement. Au niveau de la formation touristique, nous
trouvons à Arles, un CFA «Animation et gestion touristique et locale».
1.7 Une région touristique
Le tourisme est une source économique fondamentale pour Arles et sa région, en
soutenant l’économie et l’absorption professionnelle d’une grande partie de la population.
Arles, inscrite dans une des régions les plus touristiques de France, ne pouvait qu’en
profiter : la région Provence-Alpes-Côte d’Azur attire des visiteurs non seulement européens
mais également internationaux, étant la première région d’accueil pour les touristes français et
la seconde pour les touristes étrangers après l’Ile-de-France 32
(selon le Comité départemental
du tourisme de PACA, 35 millions chaque année). Leurs dépenses s’élèvent à 10 milliards
d’euros. La moitié des touristes qui fréquentent la région sont français, un quart étrangers,
principalement européens, et un quart sont résidents de PACA. Les dépenses des touristes
s’élèvent en moyenne à 43 € par jour et par personne. Ainsi, le tourisme, avec un chiffre
d’affaires qui représente 11,4 % du PIB 33
, est une des plus importantes « industries » pour ce
territoire et la région se présente comme un leader du tourisme français.
32
Comité départemental du tourisme des Bouches-du-Rhône (2009) Le Tourisme, secteur clé du département,
3e schéma départemental de développement du tourisme et des loisirs réalisé par le CDT des Bouches-du-Rhône,
p. 4. 33
Comité départemental du tourisme PACA, schéma régional de développement touristique 2009-2010, pg.11
25
Dans la région, le département du Bouches-du-Rhône, attirant 9 millions de
visiteurs par an, se classe au premier rang au niveau des visiteurs et au troisième en termes de
nuitées annuelles enregistrées (44 millions), après le département du Var et des Alpes-
Maritimes 34
. La destination Bouches-du-Rhône est avant tout une destination de loisirs et de
vacances. L’offre culturelle (musées, festivals, centres d’interprétation, etc.) joue un rôle
important dans l’attractivité touristique de la région35
. Toutefois, le poids du tourisme
d’affaires n’est pas négligeable puisque plus de 8 % des séjours sont réalisés par une clientèle
venue pour affaires dans le département. La durée moyenne du séjour est de 4,7 jours pour
l’ensemble des touristes : de 4,8 jours pour la clientèle française et de 4,7 pour la clientèle
étrangère. Chaque touriste dépense en moyenne 42 euros par jour. On estime que 50 000
emplois sont liés, directement ou indirectement, au tourisme dans les Bouches-du-Rhône. Le
tourisme génère près de 1,37 milliard d’euros, étant un facteur fondateur de l’économie du
département.
Arles a son tour attire chaque année un grand nombre de touristes. En 2009, la
fréquentation est répartie sur toute l’année, avec une plus forte concentration durant la période
estivale (38 % en juillet et en août). Les touristes d’Arles sont pour 58 % des Français et pour
42 % des étrangers. La clientèle française vient surtout des régions PACA, Languedoc-
Roussillon, Rhône-Alpes et Ile-de-France. La clientèle étrangère vient d’Italie, d’Allemagne,
des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, d’Espagne, de Belgique, du Canada et des Pays-Bas. Le
tourisme est un élément prépondérant du développement de la région.
2. La Culture et le Tourisme au centre du développement local
2.1 Culture, tourisme & développement local: quels bénéfices ?
« Le développement local est un processus de diversification et d’enrichissement des
activités économiques et sociales sur un territoire à partir de la mobilisation et de la
coordination de ses ressources et de ses énergies… Un produit des efforts de sa population,
qui mettra en cause l’existence d’un projet de développement intégrant ses composantes
économiques, sociales et culturelles et il fera d’un espace de continuité un espace de
solidarités actives. » Selon cette définition de Xavier Greffe, le développement local est un
processus qui se base sur la valorisation des ressources locales et des forces endogènes d’un
territoire pour sa croissance économique, sociale et culturelle. Comment Arles envisage-t-elle
son développement ?
Arles a choisi de mettre au centre de sa stratégie de développement local la
valorisation de son patrimoine et le renforcement de son attractivité touristique. Elle a mis en
place une série de pratiques qui ont fait évoluer ces secteurs et tous les autres domaines liés à
ces activités, en mobilisant les acteurs locaux (entreprises, associations, citoyens). Dans le
même temps, elle a attiré de nouvelles entreprises, qui s’y sont installées.
Le choix est stratégique mais découle aussi de la réalité. Arles est une des villes les
plus pauvres de la région PACA. Comme nous l’avons cité ci-dessus, le taux de chômage est
largement au-dessus de la moyenne régionale et même nationale : 11,1 % de la population
active locale est à la recherche d’un emploi. Ayant une activité industrielle qui se limite
34
Idem et Bilan 2009 de la Comité départemental du Tourisme des Bouches-du-Rhône,
http://www.visitprovence.com/upload/doc/frequentation_touristique_2009_modif.pdf, p.g 5 35
http://www.visitprovence.com/upload/doc/frequentation_touristique_2009_modif.pdf, pg.10-13
26
progressivement, elle se retrouve dans une situation économique délicate. Il faut rappeler
aussi qu’avec la fermeture récente des papeteries Etienne 36
le territoire se confronte à de
sérieux problèmes d’emploi. (Il faut y ajouter les cas des salins, en perte de vitesse,
l’agriculture, déjà intensifié, le domaine de la construction, en ralentissement à cause de la
crise économique). N’ayant pas d’autre ressource économique forte, elle n’aurait pas pu faire
autrement que renforcer son atout doté d’avoir un patrimoine et une histoire riche et un
paysage naturel rare.
Comme l’explique son maire, Hervé Schiavetti, « Arles, cité classée au Patrimoine
mondial de l’Unesco, voit son avenir et son développement de toute évidence fondés sur la
culture, l’image et le patrimoine… La cité, ne produisant pas autant de richesses que le pays
d’Aix, ne peut se passer de soutien public. Elle a su offrir un écrin privilégié aux initiatives
privées d’Actes Sud, Harmonia Mundi, Groupe F, etc,. qui ont choisi de s’y implanter, tout
comme récemment la Fondation LUMA. Ainsi, aujourd’hui la culture emploie plus de 1000
personnes, dont la moitié dans le privé. »
Le patrimoine ainsi mis en valeur joue un rôle essentiel dans le développement de la
ville en redynamisant l’activité économique et en développant l’attractivité touristique du
territoire. D’ailleurs, on dénombre plusieurs cas de villes qui ont misé sur leur patrimoine et
sur l’activité culturelle pour sortir de crises économiques, sociales et pour donner une autre
image d’elles-mêmes : Nantes, Lille, Roubaix, sont quelques entres les villes françaises qui
ont investi à cette direction de développement. Ces villes ont pratiqué des politiques
culturelles de valorisation et de réhabilitation de leur patrimoine, de promotion et de
subvention et ont réussi à changer leur paysage économique et social. Elles sont parvenues à
mobiliser la majorité des acteurs locaux pour une politique commune de développement local.
Avec le soutien de plusieurs acteurs économiques et sociaux et surtout une volonté politique,
elles sont devenues des pôles culturels forts, des points de référence, attirant des
investissements nationaux et internationaux. Elles ont pu prouver que l’investissement dans la
culture permet de donner un nouveau souffle à ces territoires, en affirmant que la culture n’est
pas un effet du développement économique, comme il est coutume de le considérer, mais bien
une source et un outil.
Le tourisme, dans cette démarche, joue un rôle fort en mobilisant d’autres sources
économiques. Il encadre l’offre culturelle et en profite pour attirer de nouveaux visiteurs et
faire marcher le secteur touristique. Malgré la connotation commerciale et les impacts négatifs
qui lui sont accordés, le tourisme peut contribuer au développement culturel, par la mise en
œuvre de synergies constructives et inspirées d’un esprit de développement local. Il est
intéressant de voir comment cette notion est traitée dans la Charte internationale du tourisme
culturel de l’ICOMOS 37
: « Le tourisme national et international est reconnu comme une
force positive qui favorise la conservation du patrimoine naturel et culturel. Le tourisme peut
saisir les caractéristiques économiques du patrimoine et les utiliser pour sa conservation en
créant des ressources, en développant l’éducation et en infléchissant la politique. Il
représente un enjeu économique essentiel pour de nombreux pays et de nombreuses régions,
et peut être un facteur important de développement, lorsqu’il est géré avec succès. »
Plus loin : « Le tourisme est porteur d’avantages pour les communautés d’accueil et
leur procure des moyens importants et des justifications pour prendre en charge et maintenir
36
« La fermeture des papeteries Etienne est un drame pour nous tous. Cette entreprise restera comme l’une des
plus formidables aventures humaines de l’histoire d’Arles. Le tissu économique arlésien et ses nombreuses
petites entreprises sont un atout pour sortir de la crise. Notre ambition, c’est que chaque Arlésien ait un
emploi. » Interview d’Hervé Schiavetti dans un communiqué de la brochure de la ville d’Arles. 37
Charte internationale du tourisme culturel, adopté au sein de la 12e assemblée générale de l’ICOMOS au
Mexique en octobre 1999, http://www.international.icomos.org/charters/tourism_f.htm, consulté le juin 2010.
27
leur patrimoine et leurs pratiques culturelles. La participation et la coopération entre les
communautés d’accueil représentatives, les conservateurs, les opérateurs touristiques, les
propriétaires privés, les responsables politiques, les concepteurs et les gestionnaires des
programmes de planification et les gestionnaires de sites sont nécessaires pour mettre en
œuvre une industrie touristique durable et favoriser la protection des ressources
patrimoniales pour les générations futures. L’interaction entre les ressources patrimoniales
et le tourisme est dynamique et en constante évolution, générant à la fois des opportunités,
des défis et des potentialités de conflits. Les projets, activités et développement touristiques
doivent parvenir à des résultats positifs et limiter les impacts négatifs qui pourraient nuire au
patrimoine et aux modes de vie des communautés d’accueil, tout en répondant au mieux aux
besoins et aux aspirations des visiteurs. »
Pour la ville d’Arles, le tourisme étant un élément vital dans son économie. La ville
accompagne les initiatives culturelles en essayant de promouvoir ce type de tourisme durable.
Le tourisme culturel38
et l’écotourisme sont les deux formes de tourisme qui domine l’offre à
Arles. A cela s’ajoute, un tourisme d’affaires et des conférences, liés à la fois avec le secteur
de la culture et/ou de l’environnement. Si de bonnes pratiques sont mises en réseau, la culture
et le tourisme peuvent coopérer productivement pour permettre un développement mutuel et
aussi valable pour la communauté.
La culture est ainsi mise au cœur de la stratégie de l’attractivité touristique de la ville
d’Arles et tous les deux sont mis au service du développement social et de la communauté. A
Arles, la notion de communauté est très importante et l’objectif de développement
économique est accompagné par une importante politique sociale et une volonté de faire
d’Arles et du territoire un lieu agréable à vivre. Ce climat de communauté joue un rôle
important dans l’identité de ce lieu. Il favorise l’implication des acteurs locaux dans la prise
des décisions et dans la réalisation des projets. D’ailleurs, la mobilisation de l’ensemble des
forces vives de la micro-société locale (acteurs institutionnels, entrepreneurs, hommes
politiques, associations, habitants...) est indispensable pour assurer la réussite du
développement locale.
Le choix d’Arles d’investir dans son patrimoine et son tourisme pour se développer
semble un choix stratégique. Toutefois, cette ville qui a charmé de nombreuses figures
emblématiques du milieu de la culture et des lettres, comme Van Gogh, Picasso, Cézanne,
Fréderic Mistral et beaucoup autres ; ne peut s’appuyer que sur son patrimoine pour
poursuivre son évolution ;
2.2 Une politique culturelle dynamique
2.2.1 Historique de protection et de mise en valeur du patrimoine
Dès les années 80 et plus activement dans les années 90, la ville d’Arles a mis en
œuvre une politique culturelle plus organisée et orientée vers des actions permettant la
valorisation et l’animation du patrimoine ainsi que le soutien de la création artistique et
38
‘Le tourisme culturel est un déplacement (d’au moins une nuitée) dont la motivation principale est d’élargir
ses horizons, de rechercher des connaissances et des émotions au travers de la découverte d’un patrimoine et de
son territoire. Par extension, on y inclut les autres formes de tourisme (sportif, balnéaire…) où interviennent des
séquences culturelles, sans en être la motivation principale, mais où le fait d’être en vacances en favorise une
pratique occasionnelle. Le tourisme culturel est donc une pratique culturelle qui nécessite un déplacement d’au
moins une nuitée, ou que le déplacement va favoriser.’, Claude Origet du Cluzeau (1998), Que sais-je ? Le
tourisme culturel, Ed. Presses Universitaires de France, Paris pg.3
28
culturelle. Cette politique était incarnée et se perpétue à travers une série des pratiques de
protections et mises en valeur de cette richesse patrimoniale : la conservation et/ou
consolidation des monuments, leur labellisation et leur ouverture au public pour leur
diffusion, la mise en œuvre d’une animation correspondant à ‘l’esprit du lieu’ et ce, pour un
public ciblé. De plus, les actions de sensibilisation des habitants locaux envers leur patrimoine
et l’élaboration des outils de communication utilisés pour informer le public font partie de la
démarche.
Arles jouie d’or et déjà des actions de protection de son patrimoine. Nous trouvons par
exemple, des monuments de la ville d’Arles dans la liste de Prosper Mérimée de 1840. La
première divulguée par la commission des Monuments Historiques, qui comprenait 1034
monuments, préhistoriques, antiques et médiévaux (Ve au XVI
e siècle) qui méritaient d’être
conservés. Arles avait 9 monuments inscrits sur cette liste, parmi lesquels l’Abbaye de
Montmajour, les Arènes, l’Obélisque, le Théâtre Antique, les Thermes de Constantin.
A la même époque, nous trouvons le premier musée ethnographique en France, le
Muséon Arlaten39
. Inauguré à Arles en 1899 par Fréderic Mistral, ce « Panthéon de la
Provence, comme il l’appela, est dédié aux traditions de la Provence. Il est aujourd’hui l’une
des plus importantes institutions culturelles d’Arles.
Quelques années plus tard, dans les années 60, Arles réalise les premiers grands
travaux de conservation de ces monuments.
En 1981, Arles voit son patrimoine entrer dans la liste du patrimoine mondial de
l’humanité de l’Unesco, un de plus importants labels d’affirmation de l’importance d’un
patrimoine. Cette inscription a évidemment influencé la notoriété de la ville en diffusant sa
renommée à l’échelle mondiale.
A la fin des années 80, l’importance de regrouper les forces pour la promotion du
patrimoine arlésien se fait ressentir et le besoin de mettre en place un service de patrimoine
est alors envisagé. A ce moment là, plusieurs services municipaux se partageaient la gestion
du patrimoine de la ville. Le patrimoine bâti était géré par la Direction de l’Urbanisme et de
l’Habitat. Cependant, avant la création du service actuel une autre action a déjà préparé le
terrain.
En 1986, la ville d’Arles et le Ministère de la Culture ont signé la convention Arles
‘Ville d’Art et d’Histoire’40
pour garantir la qualité de l’animation du patrimoine et la
sensibilisation auprès du grand public. Un poste d’animatrice du patrimoine, qualifié et agréé
par le Ministère, est crée.
En 1999, l’annonce d’un plan « généreux » va changer le paysage. Le 23 juillet 1999, à
l’occasion du Comité Interministériel d’Aménagement et de développement du Territoire
(CIADT) qui s’est tenu à Arles, le premier ministre annonçait le lancement d’un plan
ambitieux de conservation et de mise en valeur du patrimoine antique avec, à la clé, une
enveloppe de 91,47 millions d’euros (600 millions de francs), engageant à hauteur de 50 %
l’Etat et pour le reste la région PACA, les conseils généraux et les communes (la contribution
de ces dernières ne dépassant pas les 5%). Une dizaine de sites classés Monuments
39
Fermé depuis Octobre 2009, pour des travaux de restauration, il rouvrira définitivement ses portes en 2014
alors qu’une partie du Musée sera ouverte en 2013 à l’occasion du projet Marseille Capitale Européenne 2013.
La ville d’Arles et le département des Bouches du Rhône ont investi la moitié des fonds nécessaire à la
restauration du musée. 40
Le réseau de Villes d’Art et Pays d’histoire, animé par la Ministère de la Culture et la Communication, la
Direction de l’architecture et du patrimoine, regroupe 137 villes françaises avec comme objectif la valorisation et
l’animation du patrimoine et de l’architecture. Pour cela, il met en place des outils pour leur découverte (visites
guidées, ateliers éducatifs, expositions etc.), en mobilisant aussi un tourisme culturel. http://www.vpah.culture.fr/
29
Historiques et appartenant à des collectivités de la région sont concernés. Les sites retenus
l’ont été en fonction de leurs importances au sein du patrimoine de la région, de leur état de
conservation, des besoins en travaux et de leur place dans la politique touristique dans les
départements et communes concernés. La mise en place de ce plan donne également
l’occasion d’engager une collaboration avec les pays riverains de la Méditerranée, mission
confiée à l’agence pour le Patrimoine Antique de la Région Provence-Alpes-Côte-D’azur. Au
sein de ce projet, la ville d’Arles tient une place considérable car elle possède 20% des
monuments du département classés Monuments Historiques et reçoit chaque année plus de
450 000 visiteurs. Ses deux principaux édifices romains sont donc concernés par le contrat :
l’Amphithéâtre et le Théâtre Antique.
Aujourd’hui, les travaux de restauration du théâtre antique sont terminés et les travaux de
l’amphithéâtre le sont presque.
De plus, la ville d’Arles consacre chaque année 4,2 millions d’euros pour entretenir et
restaurer ces monuments, fait qui atteste leur importance dans la vie culturelle et économique.
2.2.2 Le service du patrimoine
Le service du patrimoine a vu le jour en 1999, ayant pour fonction de mettre en
œuvre les directives politiques, administratives, financières de la municipalité pour la
conservation et la mise en valeur du patrimoine Arlésien. Aujourd’hui, sous la direction de
Bouzid SABEG, ce service sera intégré à la Direction de l’Action Culturelle et du Patrimoine
de la ville d’Arles. Le Service du Patrimoine est composé d’à peu près 30 personnes et il est
divisé en différents secteurs :
-Le secteur de la Restauration/Conservation du patrimoine qui s’occupe de tous les
travaux dans les monuments historiques.
-le secteur de Régie des monuments, billetterie, personnel aux boutiques/accueil
-le secteur du Secteur Sauvegardé de la ville (bâtiments anciens, restauration des
maisons, réglementation qui doit être suivie etc.)
-le secteur de l’animation du patrimoine, secteur Ville et pays d’Art qui s’occupe des
ateliers pédagogiques, des publications, des expositions, des journées du patrimoine, de la
signalétique, et de tout ce qui a trait à la médiation culturelle. Le secteur est dirigé par Odile
Caylux, animatrice de l’architecture et du patrimoine de la ville d’Arles et son équipe : une
animatrice adjointe, une guide conférencière chargée des animations et actions pédagogiques,
son assistante, une personne chargée de la documentation et enfin une autre de la base de
données Patrimoine et du site Internet.
Depuis sa création, le service du patrimoine de la ville d’Arles, a effectué une série
d’interventions dans le but de valoriser et d’animer le patrimoine arlésien et sa mise à
disposition du public. La philosophie du service est de «faire vivre le patrimoine» et le rendre
accessible à tous, en créant les outils accessibles à son appréhension. Comme nous décrit
Madame Odile Caylux, «En parallèle à la restauration des monuments, l’idée est de rendre
ce patrimoine vivant, d’accueillir des manifestations ; bien entendu en protégeant les lieux.
La politique patrimoniale et touristique est au cœur du développement de la ville d’Arles :
Travaux de restauration, événements pour les touristes (par exemple créer des animations à
l’amphithéâtre, comme des spectacles de gladiateurs). En fonction des budgets annuels, de
nouveaux événements sont petit à petit créés autour des lieux patrimoniaux».
30
Pour la diffusion et la sensibilisation auprès du public, différents moyens sont mis en
disposition : Le Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine (C.I.A.P) à la
chapelle des Trinitaires, propose des expositions temporaires sur la culture et les traditions
régionales (Exposition : Habiter la Méditerranée en mars 2010) ; des actions pédagogiques,
l’édition de brochures sur l’actualité du patrimoine, l’édition de mini guides touristiques, et
autres dépliants, ainsi que des ouvrages sur l’histoire, les monuments et la culture
traditionnelle arlésienne (« Le Théâtre Antique d’Arles » édité en 2010 aux éditions FAGE -
« Arles, histoire, territoires et cultures » édité en 2009 aux éditions Actes Sud). De plus, le
service organise des conférences avec des acteurs nationaux et internationaux (Réunion
Européenne de l’ICOMOS, Arles 9-10 juin 2010)
Sans oublier, des ateliers pédagogiques offerts tout au long de l’année. Le service éducatif est
un secteur en plein essor. Il offre une série d’ateliers pour un public ciblé (écoles primaires,
étudiants en collèges, lycées, ou en études supérieures).
Au niveau de l’animation des monuments, le service du patrimoine a mis en place
quelques événements pendant la période estivale qui a connu un vif succès. (Les courses
camarguaises qui ont lieu chaque mercredi et vendredi aux Arènes, la reconstitution des jeux
olympiques chaque mardi et jeudi matin aux Arènes et au Théâtre Antique, ainsi que des
spectacles de gladiateurs les après- midi des mêmes jours). Ces spectacles ayant permis
d’augmenter de 18% la fréquentation des monuments, (selon le service du patrimoine),
montre l’attente du public pour ce type d’événements et réaffirme aussi la pertinence des
animations dans les milieux patrimoniaux afin d’y attirer le public.
En plus, le service offre, en coordination avec l’office de tourisme, une série de visites
guidées.
Concernant son besoin de toucher le public et de diffuser le patrimoine de la ville
d’Arles, le service du patrimoine met à disposition un site Internet, régulièrement mis à jour,
contenant des données historiques sur la ville d’Arles, et des informations sur toutes ses
activités.
Il participe chaque année, et ce dans ce but, au Salon du patrimoine, qui se tient en
Novembre au Carrousel du Louvre à Paris. Salon qui regroupe une grande partie des acteurs
des différents métiers du domaine patrimonial.
2.2.3 La révision du secteur sauvegardé
Un autre atout majeur dans la politique de protection du patrimoine architectural arlésien
réside dans le fait que tout son centre historique est considéré comme secteur sauvegardé41
41
Un secteur sauvegardé est une mesure de protection portant, selon la loi, sur un « secteur présentant un
caractère historique, esthétique ou de nature à justifier la conservation, la restauration et la mise en valeur de tout
ou partie d’un ensemble d’immeubles ». Les secteurs sauvegardés ont en effet été spécialement introduits par la
loi, dite « Malraux », du 4 août 1962, pour la sauvegarde des centres urbains historiques et plus largement
d’ensembles urbains d’intérêt patrimonial. Il s’agissait, à l’époque, d’éviter leur destruction systématique par la
politique de rénovation urbaine qui consistait en la démolition du tissu bâti ancien au bénéfice d’une
reconstruction sans aucun rapport avec la ville traditionnelle. Il est à noter que, depuis, un nouveau dispositif est
venu s’ajouter aux instruments de protection d’ensembles notamment urbains, celui des zones de protection du
patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP), institué dans le cadre de la loi du 7 janvier 1983
relative à la décentralisation des compétences dans le domaine de l’urbanisme. Le plan d’urbanisme du secteur
sauvegardé est le plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV).
Le secteur sauvegardé est une démarche d’urbanisme qualitatif dont l’objectif est autant de conserver le cadre
urbain et l’architecture ancienne que d’en permettre l’évolution harmonieuse au regard des fonctions urbaines
contemporaines et en relation avec l’ensemble de la ville. Il s’agit, à l’aide de règles et prescriptions spéciales,
d’inscrire tout acte d’aménagement, de transformation ou de construction dans le respect de l’existant, ce qui ne
31
(annexe 4). Créé en 1966, rendu public en 1977 et approuvé par le conseil d’Etat en 1993, le
secteur sauvegardé’ d’Arles couvre la totalité de la surface du centre historique, soit 54
hectares.
Récemment, le secteur sauvegardé était remis en étude et une équipe pluridisciplinaire,
composée d’architectes du patrimoine, d’archéologues, d’une paysagiste, d’une urbaniste,
d’une historienne, et d’un juriste spécialisé dans la protection du patrimoine, était mise en
place pour réaliser ce travail42
.
Il faut aussi noter qu’un projet de création d’une zone de protection du patrimoine
architectural urbain et paysager est actuellement à l’étude pour le village des Salin-de-
Giraud.
2.2.4 Actualité culturel
«Petit à petit, la cité camarguaise multiplie les pôles d’art. Et devient une place forte du grand Sud»
Arts Magazine classant Arles en 3ème position
dans son palmarès des villes (20 000-100 000 habitants)
les plus artistiques
Ayant augmenté de 2,3% son budget pour la culture, la ville démontre son ambition de
faire vivre la culture à Arles. Le service culturel, en coopération avec les autres acteurs de la
ville, met en place plusieurs manifestations pendant l’année et plus particulièrement pendant
la période estivale. Entre autres : un été au ciné (cinéma en plein air), les rues en musique
(trois semaines de programmation musicale gratuite dans les rues), sculptures en été
(exposition de sculptures dans le jardin d’été) etc.
Cette volonté de faire vivre la culture à Arles, est aussi visible dans le renouvellement
des expositions dans les musées d’Arles, tant le musée Réattu que le MDAA (Musée de
l’Arles Antique). Ils offrent un vaste choix de conférences, ateliers, collaborations avec des
étudiants de différents pays (projets pendant la période hivernale). D’ailleurs, grâce à
l’exposition au MDAA de «César, le Rhône pour mémoire», le nombre de visites a augmenté
signifie pas copier le patrimoine ancien, mais le prendre en compte sans porter atteinte à ses qualités historiques,
morphologiques, architecturales. Les mesures de sauvegarde et de mise en valeur s’appliquent dès la création du
secteur sauvegardé et indéfiniment par la suite. En effet, « à compter de la décision (...) délimitant un secteur
sauvegardé, tout travail ayant pour effet de modifier l’état des immeubles est soumis soit à autorisation dans les
conditions et formes prévues pour le permis de construire, soit à autorisation spéciale pour les travaux qui ne
ressortissent pas au permis de construire » (article L.313-2 du code de l’urbanisme). In SERVICE DU
PATRIMOINE DE LA VILLE D’ARLES, Mise en révision du secteur sauvegarder de la ville d’Arles,
présentation du projet, fiche à télécharger sur http://www.patrimoine.ville-arles.fr/arles/ville.cfm?action=actu,
consulté le 21 juillet 2010. 42 A l’avenir, sa mission sera d’inventorier toutes les constructions incluses dans le périmètre initial (centre
ancien) et élargi, et d’en relever tous les éléments d’intérêt patrimonial. L’opération devrait durer deux ou trois
ans, après quoi l’approbation du nouveau secteur sauvegardé sera soumise à la commission nationale en charge
de ce domaine. Ce travail, conduit sous la maîtrise d’ouvrage de la Direction Régionale des Affaires Culturelles,
a pour objet d’améliorer sensiblement les conditions de connaissance et de gestion de la ville ancienne. Elle est
considérée comme un progrès nécessaire par rapport au plan de sauvegarde et de mise en valeur actuel (approuvé
en 1993) qui fige souvent la totalité de la parcelle alors que seuls quelques éléments sont remarquables. Idem.
32
de 205%, ayant reçu 250 000 jusqu’au septembre 2010. Un nombre incroyable si nous
pensons aux 60 000 visiteurs en 2008.
2.3 Une stratégie touristique renouvelée
2.3.1 L’étude du public 2007 & le profil du tourisme d’Arles
Le tourisme, va de pair avec cette démarche de mise en valeur du patrimoine et du
renforcement du pôle culturel d’Arles, en essayant de renouveler et d’améliorer ses services,
de favoriser les pratiques qui fidéliserons le public d’Arles et en attireront un nouveau. Dans
le cadre de sa politique visant à mieux connaître ses visiteurs, il a mené en 2007, avec le
cabinet d’études Public & Culture, une étude du public de des musées et sites. Celle-ci a
dévoilé d’intéressants résultats pour le type de tourisme qui vient à Arles, sa provenance, son
profil socioéconomique, ses attentes. Nous retiendrons ici quelques résultats intéressants :
1) La fréquentation du patrimoine arlésien apparaît comme une pratique d’amateurs
de tourisme culturel urbain au sein d’un séjour dans la région PACA. Le visiteur visite
Arles à l’occasion d’un séjour/circuit de vacances en région PACA d’une durée moyenne
d’une semaine (voir plus longtemps). Il ne vient pas spécialement à Arles, il profite de son
voyage pour éventuellement visiter quelques autres sites de la région PACA. Un tourisme
urbain de visite et non pas un tourisme d’excursionnistes de ½ journée ou d’une journée,
séjournant dans les stations du littoral. On constate en effet que les grandes stations balnéaires
sont très faiblement émettrices.
2) Ce type de tourisme valorise des usages assez traditionnels : intérêt pour les
monuments connus, courts séjours, fort niveau d’informations (la plupart des visiteurs ont
déjà un guide de la région), usage majoritaire des hébergements hôteliers, études supérieures,
âge moyen élevé (vers 46,1 ans), professions intellectuelles intermédiaires et supérieures.
3) Dans les monuments les plus visitées on compte les Arènes, suivis par le Théâtre
et le Cloître de Saint-Trophime, arrivent après les Alyscamps et les Thermes. Les musées,
avec le MDAA au premier rang, sont plus attirants pour les vacanciers qui restent plus d’un
jour.
4) La durée du séjour se répartit comme suit : le court séjour (1/2 journée) atteint
11 %, le moyen séjour (1 jour) domine avec 50 %, et le longs séjour (plus de 1 jour) s’élève à
34 %. Le nombre de « long séjours » (2 jours et plus) est important et montre que la richesse
culturelle de la ville autorise des durées de séjour qui dépassent la simple excursion. Les
locaux et régionaux s’apparentent plus aux courts séjours, mais ceux-ci incluent la visite des
musées dans leurs visites d’Arles (fait faible dans le cas des courts séjours).
5) On ne trouve pas ou peu des nouveaux visiteurs à Arles: des familles en vacances
sur le littoral, des amateurs de séjours évènementiels qui se déplacent spécialement pour
un long week-end, des nouveaux visiteurs du patrimoine attirés par les centres historiques
animés et les expositions temporaires autant que par les monuments et les musées. Cette
forme de modernité de la pratique du patrimoine revient plutôt aux visiteurs locaux (habitant
Arles et la Région) qui apprécient fortement les Rencontres de la photographie, sont plus que
les autres, visiteurs des « petits musées », ne se surchargent pas de guides et documents et
profitent plus d’une «ambiance» patrimoniale.
33
6) Par rapport aux modèles actuels de valorisation du patrimoine, Arles présente donc
une image assez traditionnelle dominée par un monument phare (les Arènes) qui
cannibalise un peu le reste. On y trouve pas assez les images que l’on considère aujourd’hui
comme les plus attractives : celles des centres historiques animés et celles des évènements en
particulier les expositions, hors bien entendu le cas des Rencontres de la photographie et de la
Féria. Mais cette dernière a elle aussi tendance à gommer le reste des activités culturelles
pourtant nombreuses pour ses visiteurs extérieurs.
7) Un pourcentage de 58% de primo-visiteurs. Ce qui semble faible par rapport à des
sites de notoriétés similaires qui affichent un 78%. Mais il peut aussi être interprété comme un
taux de fidélisation de public
8) L’étude a mis en avant l’importance, la valeur ajoutée du site Internet de l’office
de tourisme comme outil de communication.
9) Au niveau de la provenance des visiteurs, les Français sont les plus nombreux avec
une moyenne de 58%, mais en saison haute (juillet/septembre) ils deviennent minoritaires
(53% d’étrangers). Les principales régions françaises de provenance des visiteurs sont la
région PACA, le Rhône-Alpes, le Languedoc-Roussillon et l’Ile-de-France. Au niveau des
étrangers les italiens, les allemands, et les britanniques sont en première position. L’étude
souligne aussi l’importante présence de la clientèle originaire d’Amérique du nord et du
Canada, ce qui est rare en France en dehors de la région de l’Ile de France. A noter aussi, la
faible présence de la clientèle espagnole.
L’étude propose comme stratégie de développement du tourisme arlésien, de s’orienter
plutôt vers des publics nouveaux du patrimoine urbain, de mettre en place un certain nombre
d’actions portant sur les conditions d’accueil, de présentation et de communication du
patrimoine visant à faire évoluer l’image du patrimoine de la ville et à sensibiliser de
nouveaux publics.
L’étude de public effectuée en 2007 a mis en lumière le paysage touristique de la ville
d’Arles, en éclairant sur le type de tourisme qui la fréquente. De plus elle a exposé des points
faibles, ou des points à développer. De même elle a montré le profil du touriste culturel
d’Arles et de ses attentes. Nous retiendrons ainsi, qu’Arles est une ville d’un séjour de durée
moyenne, et qu’elle s’inscrit dans l’attractivité touristique de toute la région PACA. Fait qui
démontre aussi l’interdépendance entre les villes de la région dans leur présentation et
communication auprès du public. En plus, nous retiendrons aussi que le touriste culturel
d’Arles est un touriste culturel urbain. Si nous croisons cette information avec la tendance
générale du tourisme culturel urbain, qui recherche une ambiance culturelle dans les centres
villes, nous pouvons aussi rapprocher cette attente du touriste culturel de la ville d’Arles. Une
autre remarque se tient au niveau du prolongement de leur séjour et comment la ville peut
faire venir les visiteurs pour une durée plus longue. Finalement, nous pouvons voir qu’au
niveau de la fréquentation il y a un grand nombre de tourisme de proximité, ou de tourisme de
passage dans la région et qui visite les grandes villes de la région. Le faible taux de familles
avec enfants est lui aussi intéressant.
Dans ce contexte l’Office de Tourisme essaie d’améliorer ses services afin de pouvoir
approcher un plus large public. Son rôle d’intermédiaire entre les activités se déroulant à
Arles et un public potentiel est assuré grâce à la mise en place d’une stratégie dynamique de
communication, d’amélioration de l’accueil et de l’orientation du public. Il a ainsi concentré
ses efforts sur la modernisation de son site d’Internet, qui selon le bilan 2009, est son premier
outil de communication. Le site offre des informations dans 7 langues (entre autres le chinois
et le japonais). Il est régulièrement mis à jour, en offrant une vaste quantité d’informations sur
34
toutes les activités de la ville et de la région, comme le téléchargement des plans et cartes de
la cité. En plus, le site permet de réserver un hôtel en ligne.
De plus, dans cette volonté de présenter une image dynamique et moderne, l’Office du
Tourisme a récemment changé son logo, en le transformant en : Arles 365°. Ce nouveau logo
peut être interprété de différentes manières; il symbolise la diversité de l’offre dans toute la
région, mais aussi les visites virtuelles offertes sur le site, etc.
L’objectif de l’Office de Tourisme qui rejoint la volonté de la ville et des autres
acteurs, est celui d’être un point de repère pour le visiteur en facilitant son séjour et en lui
proposant toute une panoplie d’activités possibles. En fait c’est cette coopération qui peut
promouvoir le tourisme à Arles.
2.4 Une politique d’aménagement
La ville montre une volonté politique d’aménagement de la ville pour améliorer le
cadre de vie de ses habitants et favoriser son attractivité auprès de ses visiteurs. Ces actions
globales de développement de la ville, sont vitales si nous l’on souhaite imaginer un
développement touristique. Le plan le plus ambitieux d’aménagement, 20 millions d’euros
investi, réalisé par la ville d’Arles et le Conseil Régional, est le projet de sécurisation et
embellissement des quais du Rhône. Au 25 juin la première phase du programme de
réparations, qui a lui seul a coûté 5,4 millions d’euros, était inauguré et deux parties étaient
octroyées à l’usage des habitants et visiteurs (le quai du quartier de la Roquette, et le que
Saint-Pierre à Trinquetaille). Projet entrepris par Symadrem, un syndicat mixte interrégional
d’aménagement des digues du delta du Rhône, fondé en 1999 par Michel Vauzelle.
De plus, dans ce cadre la ville a procédé à une série des piétonisations du centre ville
et récemment celle du quartier de la Roquette (quartier du centre ville, en plein
développement, le quartier artistique de la ville). Outre le fait que ces aménagements
embellissent les quartiers de la ville, ils favorisent la circulation des visiteurs, et permet de
tracer des parcours possibles. Les travaux sur la signalétique ont aussi été mis en place.
Conclusion de la première partie : Patrimoine, tourisme, volonté politique :
un cercle vertueux
Nous avons consacré cette première partie à la présentation du territoire d’Arles afin
de montrer ses particularités et ce qui la différencie d’autres villes. Nous pensons qu’il est
indispensable de connaître le contexte dans lequel s’inscrit notre étude des festivals. Cela
nous aide aussi à identifier les acteurs principaux de la ville et à voir comment ils coopèrent
avec les festivals. Nous constatons ainsi qu’Arles est un pôle culturel fort dans la région
PACA, jouant un rôle important dans l’attractivité touristique et dans la renommée de la
région. Dans ce cadre, nous constatons une synergie entre les différents acteurs (culturels,
touristiques, politiques, etc.) mis en concordance par une forte volonté politique.
Une série de bonnes pratiques mises en place a favorisé cette évolution. La politique
«faire vivre le patrimoine» est incarnée dans plusieurs activités : animations des lieux,
visites guidées, conférences, ateliers, expositions et autres manifestations. D’un autre coté,
une politique de restauration des monuments a déjà permis d’accomplir la rénovation du
Théâtre antique ; et les travaux dans l’Amphithéâtre sont en voie d’achèvement. Cette
politique patrimoniale est renforcée par une labellisation qui joue un rôle communicatif
35
essentiel : Patrimoine de l’humanité et Ville et Pays d’art et d’histoire, Arles présente une
image de notoriété et de respect grâce à la richesse dont elle a héritée.
De plus, Arles est un pôle culturel important de par tous les établissements culturels
qui s’y trouvent : nous découvrons ici quelques éditions de renommée comme Actes Sud,
Harmonia Mundi, et beaucoup d’autres, plus petits. L’association du Méjan constitue un autre
pôle important du paysage culturel. Il faut aussi mentionner les musées, qui développent une
activité intéressante pendant toute l’année en offrant des services à un public ciblé : le Musée
Départemental de l’Arles Antique, le musée Reattu, le Museon d’Arlaten, actuellement en
travaux de rénovation.
Le service culturel de la ville d’Arles présente une vaste offre d’événements qui
animent la ville créant ainsi une atmosphère agréable, susceptible d’attirer de nouveaux
visiteurs et de fidéliser les actuels. La politique de la ville vise à faire du centre-ville un centre
vivant, en favorisant les activités de commerce d’art et d’artisanat, des galeries, des cafés
artistiques, des restaurants. La stratégie vise aussi à faire changer l’image du centre-ville,
dominé par les monuments antiques, et à donner une image dynamique, moderne, créative,
appropriée aux attentes du touriste culturel urbain. En même temps, ce mélange d’activités et
de cultures (folkloriques, gitanes, provençales, contemporaines, etc.) définit son identité.
Les acteurs touristiques améliorent leur offre afin de se conformer aux attentes de leur
clientèle. De même l’Office de Tourisme développe son accueil, en renouvelant ses services.
Nous trouverons ainsi à Arles une série des pratiques réussies qui mobilisent ce cercle
vertueux. Une succession de politiques qui démontrent l’importance de la valorisation du
patrimoine et l’investissement dans la culture et le tourisme durable.
Dans cette évolution, les festivals ont joué un rôle fondamental, en générant ce
dynamisme et en créant des pôles créatifs, capables de trouver des solutions, d’engendrer des
projets futurs pour attirer un public divers, international, de générer des retombées
économiques qui font vivre ce territoire. Les impacts sont nombreux. Les festivals, étant au
centre de la politique culturelle, même s’ils ne reçoivent pas toujours l’attention qu’ils
méritent, ils contribuent de manière essentielle à la constitution de l’offre culturelle de la ville
d’Arles et ont défini le paysage actuel.
Cette deuxième partie se concentrera au festival des Rencontres internationales de la
photographie, premier festival né sur ce territoire, ayant suscité un dynamisme qui a modifié
le paysage culturel de la ville d’Arles. D’ailleurs, le fait que la ville d’Arles soit connue
comme la ville de la photographie, ou la ville des Rencontres, n’est pas un hasard.
36
Deuxième partie
Le festival de la Photographie et la Ville d’Arles : Impacts
culturels, touristiques et sur le développement local
37
4. Le festival : définition, fonctionnement
Les festivals sont des créations originales, toute différente les unes des autres, quant à leur
taille, aux lieux qui les accueillent, à leur programmation. Ce sont toujours des organisations animées
par un esprit de fête et de convivialité ce qui favorise l’émergence de publics nouveaux que le
formalise parfois, des saisons d’hiver rebute quelque peu. Dans les équipes se côtoient des
professionnels et de bénévoles. Il n’y a pas de modèle unique de festival mais je crois qu’on peut dire
qu’il y a en France un ‘esprit festival’ qui souffle à travers toutes nos régions.
Philippe TOUSSAINT, Président de France Festivals
Si à l’origine les festivals étaient uniquement consacrés à la musique classique, ils sont
aujourd’hui d’une grande variété, représentant toutes les formes d'arts.
Au début, un festival est défini comme « une manifestation musicale se déroulant sur
quelques jours dans un lieu particulier »43 , définition qui ne peut pas exprimer évidemment la
réalité actuelle.
Le ministère de la Culture définit le festival comme « une manifestation où la
référence à la fête, aux réjouissances éphémères, événementielles et renouvelées, s’inscrit
dans la triple unité de temps, de lieu et d’action ».
Selon une autre définition donnée par Luc Benito44
, « Un festival, est une forme de fête unique,
célébration publique d’un genre artistique dans un espace temps, réduit à périodicité annuelle’ » Il est
difficile à donner une définition absolue de ce qu'est un festival. L’évolution constante des festivals
rend cette épreuve complexe.
Comment classifier ainsi les festivals et quelle variable prendre en compte pour le
faire? Souvent les indicateurs utilisés pour classifier les festivals sont : la localisation (grande
ville, petite ville, zone rurale etc.), la durée (de quelques jours à plusieurs semaines), la saison
(avant saison, pleine saison, après saison), la programmation (danse, musique, photographie)
et les spécialisations (ex. danse contemporain, musique du monde, musique classique,
photographie documentaire etc.), le budget (bas, moyen, haut), la fréquentation (basse,
moyenne, haute), le taux de l’implication des locaux (état, région, communes etc.), la
périodicité (annuelle, biennale etc.), la tarification et le taux de gratuité. Ce sont les variables
qui sont utilisés pour définir, analyser et étudier l’activité festivalière ; la liste des indicateurs
mentionnés ci –dessus n’est pas exhaustive. 45
43 Luc Benito in France FESTIVALS (2003) La musique a-t-elle besoin des festivals ?, Actes du colloque du 13-
14 novembre 2003, à l’Abbaye de Royaumont, Val-d’Oise, Ed. La Scène-Magazine des professionnels du
spectacle, Paris, pg.5 44 Benito Luc (2002) ‘Les festivals, entre événement et manifestation culturelle’ in Evénements, tourisme et
loisirs, Cahier Espaces n°74, p.g 25 45 Par ex. l’étude mené par Emmanuel Negrier, chercheur au CNRS, en association avec le France Festivals, sur
86 festivals, (membres de la fédération 76 musique et une dizaine de danse) , intitulé «Les nouveaux territoires
des festivals», utilise comme indicateurs 1) La fréquentation des festivals : festivals de basse, moyenne, haute
fréquentation, 2) Le nombre des partenaires qui s’impliquent (publiques, privés, mécénat), 3) le budget 4) le
taux de frais artistiques dans les dépenses, 5)les taux de subventions par rapport aux recettes totales, 6)la
tarification et le taux de gratuité, 7) le prix moyen du budget. Cette étude à résulter à dégager sept familles de
festivals : 1) Les machines artistiques 2) Les sommets artistiques ; 3) Les sommets culturels ; 4) La
38
Une autre variable qui est mise en avant dans cette démarche de regroupement et
d’identification des festivals, est le variable de ‘la mission principale’ ou de ‘l’acte fondateur’
d’un festival.
Dans cette logique nous trouvons une répartition donnée par Dragan Klaic, directeur
de l’European Festival Research Project46. Dragan Klaic classifie les festivals en trois
catégories selon leur vocation au moment de leur création. Il les distingue ainsi à: 1) Festivals
qui ont une logique artistique primaire 2) Ceux qui ont un objectif commercial mais utilisent
la programmation artistique comme un moyen, 3) Ceux qui sont une affirmation d’identité
d’une certaine communauté locale, topographique, éthique, religieuse ou linguistique47.
Aussi dans cette logique, Luc Benito fait une classification historique des festivals,
en parlant de quatre générations de festivals48, chaque génération portant une caractéristique
différente au phénomène festival.
caractéristique des forums institutionnels 5) Les carrefours culturels 6) Les quinze rencontres artistiques, 7) Les
rendez-vous artistiques. in FRANCE FESTIVALS (2006) Les nouveaux territoires des festivals, Actes du
colloque Ed. La Scène-Magazine des professionnels du spectacle, Paris p.g 6-10. 46 Le European Festival Research program est un consortium international informel de chercheurs de diverses
disciplines, réunis pour analyser la dynamique des festivals artistiques d'aujourd'hui et l’étude de l'explosion de
festivals, conduisant à une sorte de festivalization de la vie quotidienne. 47
FRANCE FESTIVALS (2006) Les nouveaux territoires des festivals, Actes du colloque Ed. La Scène-
Magazine des professionnels du spectacle, Paris, pg.62 48 «Première génération : les premiers festivals pourraient être constitués par les événements montés par les
sociétés chorales allemandes à la fin du XVIIIème siècle-début du XIXème, qui, chaque année, se réunissaient
pour célébrer un auteur ou un artiste célèbre, par exemple, le festival de Vienne en 1811, consacré à Haydn.
Progressivement, ces événements se sont transformés, sont devenus des chants chorals, puis des concerts
classiques. Pour beaucoup d’entre nous, le Bayreuth Festival, créé en 1876 par Louis II de Bavière, inaugure
véritablement l’ère des Festivals. Cette première génération de festivals était montée à l’initiative des grandes
cours européennes et, très souvent, dans les lieux de villégiature, sans pour ainsi dire aucune idée de compétition.
Deuxième génération : au début du XXème siècle, ce sont les artistes eux-mêmes qui prennent l’initiative de
monter des évènements pour promouvoir leur discipline. A cette époque, naissent de nouveaux modes et moyens
techniques de diffusion culturelle comme la radiophonie, le phonographe, la cinématographie ou la
photographie, qui amorcent un phénomène de ‘massification’ de la culture, permettant peu à peu aux disciplines
artistiques de pénétrer dans les foyers, créant chez les artistes le désir de présenter au plus grand nombre leur
discipline. Du coup, apparaissent les premiers festivals de danse (années 30), le premier festival de cinéma, la
Mostra, à Venise, puis en France, sous l’influence de Jacques Coppo, des évènements comme les Nuits Saint-
Georges ou le festival des Chartres (années 1920). Peut-être l’Etat prend-il alors conscience (ou le lui fait-on
comprendre) que ces outils peuvent être utilisés en terme d’intervention publique : ce fut le cas du festival de
Cannes qui aurait du être créé en 1939 comme une contre-manifestation à la Mostra de Venise, alors empreinte
d’idéologie fasciste, mais qui, pour les raisons que l’on sait, n’a démarré qu’en 1947. C’est donc à la
Libération, après 1946, que les festivals, considérés comme des outils, se sont inscrits dans les grands
programmes de démocratisation, et plus particulièrement dans le mouvement de décentralisation
dramatique : le festival d’Avignon, dans ce cadre, en est un grand symbole. Pour autant, ces générations de
festivals ne sont pas hermétiques. En 1947, on voit apparaitre le festival international d’art lyrique à Aix-en-
Provence, qui pour ceux qui en connaissent la genèse, s’est construit dans la pure tradition aristocratique qui
caractérise la première génération des festivals. Actuellement encore, et il faut s’en réjouir, existent des festivals
initiés par des artistes désireux de produire et de montrer leur œuvre, moyen évident pour eux d’obtenir la
reconnaissance publique de leur discipline. Un acquis dans le domaine culturel. Troisième génération de
festival : dans les années 70, l’initiative n’est plus aux artistes, mais revient aux collectivités locales, aux
pouvoirs publics. Ce fut l’Etat qui lança, dans les années 60, sous l’ère Malraux, un dispositif qui
permettait (qui l’a en tout cas induit) d’initier des festivals au sein de monuments historiques, largement
inanimés, dans le but de leur donner une vie. Mais ce fut épiphénomène. Ce sont en vérité les collectivités
locales qui prirent conscience, dans les années 70, que ces événements pouvaient servir à promouvoir une ville,
à l’image de ceux de Cannes ou d’Avignon. Ils ont prouvé leur efficacité : on a vu arriver les fameux événements
ou festivals clés en mains, dont l’exigence artistique n’était pas, pour autant absente car était espéré un retour
d’image et de ‘retombées économiques’. La quatrième et dernière génération de festivals s’inscrit davantage
dans une volonté des collectivités locales d’animer un territoire. Dès 1982, on a vu fleurir, éclore plutôt, une
39
Ces indicateurs sont importantes parce qu’ils permettent de sentir la diversité de l’offre
au sein des festivals. Ils montrent aussi la complexité des éléments qui font un festival, et
l’implication des différents secteurs.
Il faut aussi ajouter qu'à l’intérieur de l’organisation des festivals d'autres indicateurs
sont utilisés en plus pour décrire en détail les domaines étudiés. Par ex. l’âge et le profil
socioculturel du public, sa provenance, son taux de fidélité.
Ces analyses comparatives, utilisant une variété d'indicateurs ont pour objectif de
montrer les secteurs faibles et forts dans le fonctionnement des festivals et d'orienter les
responsables des festivals vers une meilleure stratégie pour leur futur.
Les enjeux et les défis de festivals et les stratégies de développement sont ainsi
remarqués et plusieurs pistes de réflexion sont proposées. Bien entendu chaque festival a sa
propre histoire qui est forcement liée au territoire dans lequel il s’inscrit. L’importance du
territoire est prônée, comme une des synergies importantes qui font la réussite d’un
événement.
Au niveau de leur fonctionnement nous pouvons aussi faire quelques remarques:
Au niveau de leur statut les festivals sont souvent des associations à but non lucratif.
Entre eux il y a quelques-uns qui sont des Sociétés d’Economie Mixte.
Les dépenses des festivals sont reparties en différents niveaux : artistiques
(production), techniques et réception, administration, communication. La plus grande partie
(50%+) des dépenses est consacrée à la production ; l’administration et les techniques
représente environ un quart des dépenses ; et la communication entre 0-12%. Il faut souligner
que les taux donnés sont des exemples et ne s’appliquent pas à tous les cas. Par exemple les
dépenses de communication peuvent être remplacées par un échange de services ou des
partenariats.
Au niveau de leur financement les festivals dépendent surtout de subventions
publiques. Le Conseil Général et le Conseil Régional restent les principaux financeurs de la
plupart des festivals. Ensuite, les communes ont une place importante. La présence du
ministère de la culture est aussi présente, mais très variée selon les cas (ça dépend aussi de
l’ampleur et de l’importance du festival. Il y a des cas où l’Etat couvre une bonne partie du
budget. Par ex. la contribution de l’Etat pour le festival d’Arles est important).
L’intercommunalité et l’Union européenne sont plus exceptionnelles dans leur partenariat
mais assez significatives quand elles interviennent. Il y a aussi des sociétés de droit et des
Associations d'amis.
Une autre source de financement vient des partenaires privés (institutions, médias,
prestataires etc.) Ces partenariats peuvent être sous forme de financement ou sous la forme
d’échanges des services. Par exemple une grande partie de la communication des festivals
consiste en un échange de services avec les médias. Les médias, profitent de la notoriété, de
l’attractivité d’un festival et le festival de ses services de diffusion. La contribution des
partenaires est différente, et il y a une diversité dans les services échangés (Ex. Les
Rencontres d'Arles demande une participation de 100 000 euros aux partenaires afin d’avoir
son logo sur les affiches du festival).
myriade de petits événements qui se sont très volontiers appelés festivals. Un véritable engouement. Il faut le
rappeler, à cette époque là, l’Etat promeut l’idée que le domaine culturel constitue une véritable activité, apte à
pallier le déclin de certaines industries. Fleurissent les premières études d’impact économique, dont la plus
connue, vraie référence, est celle menée sur le festival d’Avignon en 1986», Luc Benito in France FESTIVALS
(2003) La musique a-t-elle besoin des festivals ?, Actes du colloque du 13-14 novembre 2003, à l’Abbaye de
Royaumont, Val-d’Oise, Ed. La Scène-Magazine des professionnels du spectacle, Paris, p.g 6-7
40
Il faut aussi souligner que les partenaires se positionnent différemment auprès des
festivals, et que chacun a sa propre répartition.
Au niveau du financement, le mécénat est une ressource qui augmente petit à petit.
Nous voyons qu’une grande partie des festivals commencent à recourir au mécénat.
Enfin, les ressources propres (entrées, boutiques etc.) sont un secteur dont les festivals
essaient de faire croître pour être moins dépendant des subventions.
Les dépenses ainsi sont dans la plus grande partie couverts par les subventions et les
partenaires, puis par les ressources propres (entrées, boutiques etc.), après le mécénat, et enfin
les associations d’amis, etc. Néanmoins, un grand effort est fait par les festivals pour
augmenter les recettes propres et le mécénat afin de pouvoir avoir une meilleure stabilité
financière et aussi une indépendance par rapport aux volontés politiques des élus.
En ce qui concerne l’équipe des festivals, la plupart d'entre eux fonctionnent avec des
équipes permanentes limitées, auxquels s’ajoute un grand nombre de stagiaires et de
saisonniers autour des derniers 3-4 mois de l’ouverture du festival et pendant son
déroulement. Une grande partie des bénévoles s’impliquent dans le fonctionnement des
festivals.
Au niveau de la tarification, les festivals montrent une grande diversité. Le taux de la
gratuité est aussi important, mais ça dépend toujours des subventions mais aussi de la stratégie
de chaque festival.
Une autre caractéristique dans le programme des festivals, comme il est formé les
dernières années, sont les activités parallèles. Les actions pédagogiques sont devenues très
répandues. Une autre série d'activités paraient aussi dans la programmation : ateliers,
conférences, stages, séminaires, lectures portfolios etc.
Finalement, l’utilisation de plusieurs lieux par les festivals est une autre pratique de
ces dernières années. Les lieux patrimoniaux sont au premier rang des lieux réappropriés par
les festivals.
Nous voyons ainsi que les festivals sont une structure qui fonctionne avec un type
spécifique. Cela nous permet de mieux comprendre notre étude de cas ci-dessous.
5. Le Festival des Rencontres d’Arles et ses impacts sur le territoire
Dans le paysage festivalier de la ville d’Arles, le festival « Les Rencontres d’Arles » a
joué un rôle primordial en suscitant une évolution dynamique. Odile Caylux, animatrice de
l’architecture et du patrimoine de la ville d’Arles, nous décrit « Le Festival a eu un impact
culturel radical pour la ville d’Arles. Le rayonnement culturel international s'est développé
avec les Rencontres Internationales de la Photographie. Avant leur création, dans les années
60, Arles était une ville encore un peu rurale, malgré ses monuments et ses activités
culturelles et festives (corridas, fêtes traditionnelles, spectacles au théâtre antique, l'été). Les
tableaux de Van Gogh l'avaient faite connaître mondialement……Mais les Rencontres
internationales de la photographie et aussi l’installation des éditions Actes Sud, ont vraiment
été à l'origine d'un spectaculaire développement culturel. Le Festival de la photographie a fait
venir à Arles énormément de gens du monde entier…… C’était le début d’une dynamique qui
se continue, une dynamique basée sur la qualité, la compétence, la notoriété et le haut de
gamme ».
41
C’est cette dynamique qui a fait évoluer Arles et qui a mobilisé tous les autres acteurs
(culturels, politiques, économiques, touristiques) pour faire d'Arles une ville de l’image, de la
culture et du développement durable.
Le Festival des Rencontres d’Arles, a donné ainsi un nouveau souffle dans la vie
arlésienne.
5.1. Histoire des nouveautés
Fondé en 1969 par l’impulsion de Lucien Clergue, photographe réputé, de Jean-
Maurice Roquette, conservateur du musée Réattu, et de celle de Michel Tournier, écrivain et
réalisateur, le festival des Rencontres d’Arles est le premier festival de la photographie en
France et au monde. L’objectif de ses fondateurs était de mieux faire connaître la
photographie et de rendre son accès plus démocratique.
En effet, en reprenant la classification des festivals comme mentionné ci-dessus, selon
Dragan Klaic, nous pouvons dire que le festival des Rencontres est un festival d’une « logique
artistique primaire » qui place la qualité artistique et la création au premier rang de ses
missions. De plus selon la classification de Luc Benito, nous pouvons constater que le festival
des Rencontres appartient à la deuxième génération des festivals, caractérisée par des
initiatives d'artistes pour promouvoir ce type d’événement et mettre en valeur leur art.
La naissance du festival a été précédée par quelques «coïncidences» importantes. L’idée a
commencé un peu avant 1969 quand Lucien Clergue, de retour de New York, où il avait
exposé en 1961 ses photographies au musée MoMA, invité par le fameux photographe
Edward Steichen, directeur du département de la photographie, fasciné par la valorisation de
la photographie aux Etats-Unis, a décidé de faire pareil à Arles. Il faut rappeler que le musée
MoMA de New York était le premier musée du monde à créer un département consacré à la
photographie en 194049. Lucien Clergue a ainsi incité Jean-Maurice Rouquette, directeur des
musées d’Arles à l’époque, à entreprendre au sein du musée Réattu une collection de
photographie. Parmi les photographes composant cette première amorce, il y avait Man Ray,
Paul Strand, Edward Weston, Dora Maar, François Kollar etc. Ces grands noms de la
photographie composaient le premier noyau. Réattu est ainsi devenu le premier musée de
province à posséder un département spécialisé en photographie.
A la même période, la ville d’Arles, vivait aussi les ondes de choc du mouvement du
Mai 68 et ses déclarations pour la démocratisation de l’art. « Le maire socialiste à l’époque a
créé des commissions extra-municipales, dont une sur la culture à laquelle il m’a fait
participer », décrit Lucien Clergue50. Dans ce contexte il propose au maire une refonte du
« festival d'Arles » déjà existant et une introduction de la photographie dans sa
programmation. Il ne s’agit pas encore de consacrer une manifestation entière à cet art, mais
de l’associer à d’autres pratiques. « C’était soudain à Arles un reflet de ce formidable MoMA
où tout était possible, où tous les créateurs étaient placés sur le même plan d’égalité, grands
peintres comme grands photographes……Je persistais à penser que la photographie devait
évoluer au milieu des autres arts »51. Interdisciplinarité, telle était la philosophie, inspiré par le
musée d’art moderne de New York, car en France les beaux-arts ont longtemps conservé leur
49
http://www.moma.org/explore/collection/photography 50
BAURET G. (2007), Lucien Clergue, Éd. La Martienière, Paris pg.159 51
Idem
42
suprématie sur le reste de la culture, jusqu’à la création, en 1977, du Centre Georges-
Pompidou52.
A ce festival ainsi d’Arles va se greffer l’initiative de ces trois amis pour diffuser l’art
de la photographie, défavorisée à l’époque en France. Le principe d’une manifestation en trois
volets était trouvé : exposer des œuvres, permettre des rencontres entre les artistes et les
amateurs et projeter des images. Leur première exposition en 1970 intitulée « La photographie
est un art » affirme l’objectif de cette naissance. Le festival, inspiré par le climat
révolutionnaire du mai 1968 et aussi par le festival d’Avignon et son objectif de montrer l’art
du théâtre populaire, porte une identité forte, enracinée dans une période importante de
l’histoire culturelle française.
i) Etapes importantes de son évolution
De 1969 à maintenant le Festival des Rencontres d’Arles nommé au début Festival
International de la photographie (RIP) est passé par plusieurs étapes dans son évolution :
D’abord, il s'agissait d'un noyau de professionnels et d'amateurs passionnés par la
photographie qui se donnaient un rendez-vous annuel à Arles pour célébrer leur médium53
jusqu’à maintenant, 41 ans après, où il est devenu un événement d’une notoriété
internationale ; plusieurs faits ont formé son identité.
Dans ce parcours nous pouvons tracer jusqu’à maintenant un parcours long et
remarquer quelques dates importantes :
En 1973 le festival prend de l’ampleur et s’internationalise avec un budget de 40 000
francs. Mais les difficultés financières commencent. Lucien Clergue intègre alors la pratique
de « workshops » (ateliers-stages de photo), fameux déjà aux Etats-Unis. Les « workshops »
ont défini l’identité du festival et en plus c’était la première fois que cela se passait en France.
En 1974, le festival s’annonce compromis, faute de budget. A ce moment-là ils décident à
jouer leur dernière carte en misant leurs derniers francs sur Ansel Adams, un des
photographes américains les plus connus de l’époque. Le pari est risqué mais illustre
parfaitement la « personnalité » même du festival. Le choix s’avère judicieux car, en plus du
public, la renommée d’Adams attire ses amis photographes, et tout ceci va permettre de
mélanger des invités de renom, des journalistes du monde entier et de jeunes amateurs venus
découvrir la photographie.
En 1975, le Service de la Photographie au sein du Ministère de la Culture est créé;
simultanément la première subvention de 100 000 francs (15 000 euros) est allouée au
festival, montrant enfin la reconnaissance de l’art par l’Etat. En 1976, les RIP détachent du
Festival d’Arles et forme leur propre association. En 1979, les soirées publiques, qui avait lieu
avant au musée Réattu et à la Cour de l’Archevêché déménagent au Théâtre antique. La même
année la ville d’Arles offre aux Rencontres un hôtel particulier qu’ils vont conserver jusqu’au
1989. En plus la même année le Festival Voies-off est créé comme l’alternative ‘off’ des
52
Idem 53
Nous nous réunissons chaque année à Arles, pour parler, enseigner, critiquer et disserter photographie et
pour en prendre et pour en tirer. On appelle ça des Rencontres. Lors de ces assemblées, en juillet, il fait chaud.
Des hordes des photographes, de mouches et des moustiques s’allient pour l’attaque. Tous piquent, sauf les
photographes qui prennent les photos. Cette race là organise aussi des expositions et se distingue par des débats
qui ont lieu dans des galeries, hôtels, les musées et dans les cafés d’Arles’, Ron Contre in CONTRE R.,
SECUNDA A., DESVERGNES A., (1983), Arles au doigt et à l’œil : Rencontres International de la photo 1983,
Ed. Riga (LV), Arles
43
Rencontres. En 1981, l’ampleur du festival est affirmée par la présence du ministère Jack
Lang qui inaugure l’édition. L’année suivante, en 1982, François Mitterrand annonce
l’ouverture de l’Ecole Nationale de la Photographie. En 1986, François Hébel prend la
direction des Rencontres et opère quelques changements vitaux: il impose une nouvelle
muséographie, ouvre les Ateliers SNCF comme nouveaux lieux d’expositions, crée des
productions inédites et inaugure le système des partenariats avec Kodak. Appelé par l’agence
Magnum, il part en 1988. De cette date à 2002, les RIP rencontrent de nombreuses
difficultés qui s’expliquent essentiellement par une instabilité dans le fonctionnement
budgétaire lié à la succession de nombreux directeurs artistiques.
ii) Une nouvelle période 2002-
En 2001 étant dans une situation économique cruciale, presque une faillite où l’option
de fermeture était omniprésente, ils misent cette fois sur deux personnes. En 2002 François
Hébel retourne aux Rencontres comme directeur artistique et François Barré devient
président. Tous les deux se lancent dans une démarche pour faire revivre les Rencontres.
Nous pouvons parler d’un renouvèlement important, de plusieurs façons. D’abord la stratégie
de communication a changé, en adoptant à partir de ce moment pour chaque édition un logo
spécial et un thème, burlesque, comique, philosophique. Cette année, la 41ème
édition portait
le titre « Du Lourd et du Piquant » accompagnée de la figure du Fouzia Rhinocéros. L’année
dernière, le festival fêtant ses 40 ans portait le titre « 40 ans des Rencontres, 40 ans de
ruptures » pour énoncer les différentes étapes de sa longue histoire.
De plus, l’augmentation radicale du nombre d'expositions, et par conséquence du
nombre de lieux patrimoniaux investis, ont donné une autre ampleur au festival. Ensuite une
série de nouveautés au niveau du programme a été faite: en 2002, la première édition du Prix
des Rencontres d’ Arles pour le photographe découverte ; en 2004, le lancement du concept
du « Commissaire Invité » (un photographe ou une personne importante invitée à être
commissaire des expositions, comme Raymond Depardon en 2006, Christian Lacroix en
2008, Nan Goldin 2009) ; en 2005, la première édition de l’année de la Nuit, la pérennisation
des activités pédagogiques et le lancement du projet Rentrée en Images ; en 2006 la première
édition du Photo Folio Review ; en 2010 la première édition du Village des Rencontres et la
première édition du prix LUMA. Chaque année une nouveauté est ajoutée au programme, le
festival voit les chiffres de son fréquentation augmenter. De 9 000 visiteurs en 2001, on passe
à 72 000 visiteurs en 2009. Le festival justifie ainsi sa renommée.
Cette année François Barré a démissionné ayant fini sa mission principale de sauver le
festival de sa désaffection du public et de ses problèmes économiques. Le nouveau directeur
Jean Noel Jeanneney arrive dans un moment où les Rencontres, ayant reçu 72 000 visiteurs en
2009, passent dans une nouvelle période.
La ville d’Arles s'est aussi agrandie en même temps, comme nous avons aussi marqué à la
première partie, elle est devenue un pôle culturel important, dans la région mais aussi en
France. Et le festival des Rencontres d’Arles a vraiment contribué à ce rayonnement.
5.1.1 Semaine d’ouverture & les autres activités principales
Chaque été, le Festival Les Rencontres d’Arles ouvre ses portes la première semaine
de juillet avec la semaine d’ouverture, connue comme Quinzaine d’ouverture. Pendant cette
semaine Arles se transforme en un centre de photographie : concerts, projections nocturnes,
colloques, débats, visites guidées par les photographes, se passent partout dans la ville.
44
Les expositions dispersées dans tous les lieux patrimoniaux de la ville d’Arles restent
ouvertes tout l’été, jusque mi-septembre avec la Rentrée en Images (son activité
pédagogique).
Lors de la semaine d’ouverture, des conférences et débats sont organisés, invitant les
photographes participants et les professionnels présents à s’exprimer sur leur travail ou sur
diverses questions. Des visites guidées sont aussi prévues. Durant la semaine d’ouverture les
photographes exposés présentent leurs œuvres aux festivaliers. Puis, tout l'été, le Festival
propose aux visiteurs deux parcours accompagnés par des médiateurs photographes. Enfin,
pendant la semaine d’ouverture des séances sont organisées en présence de la plupart des
photographes participant aux Rencontres.
Pendant la semaine d’ouverture d'autres activités se passent comme les projections
nocturnes en plein air au Théâtre Antique qui sont uniques au monde et qui accompagnent le
Festival depuis ses premières années. La Nuit de l’Année, lancé en 2005, est consacrée aux
différents acteurs de la presse, magazines, agences, collectifs de photographes qui pendant
toute la nuit montrent leur production de l’année sur 14 écrans dispersé dans un quartier de la
ville d’Arles.
Ensuite au niveau de la formation le Festival propose des stages de photographie
animés par de grands photographes internationaux. Deux cycles de formations sont
habituellement proposés, un au printemps et un en été.
Dans les activités de formation, le festival intègre aussi le Photo Folio Review &
Gallery. Lancé en 2006, le Photo Folio Review, propose aux photographes de tout niveau de
présenter leur travail à des experts internationaux de la photographie.
Cette année 2010, un nouvel événement s’est ajouté aux activités du Festival, le
Village des Rencontres, lieu d’exposition et d’échanges, dédié aux éditeurs, librairies,
galeristes, laboratoires et autres acteurs du milieu de la photographie qui exposent leur travail
et le diffusent auprès du public.
Le festival ferme ses portes en septembre avec la Rentreé en Images. Une activité
pédagogique qui, depuis son lancement en 2005, a accueilli 30 000 élèves du CP au Master
Les participants sont invités à suivre un parcours d’une journée complète, animé par des
médiateurs, à la découverte des arts visuels et des richesses du patrimoine culturel arlésien
(historique, artistique, architecture, design..). Le projet est devenu très populaire, fait qui
s’affirme d’une grande liste d’attente des écoles ayant exprimé leur volonté d’y participer.
5.1.2 La fréquentation et le public du festival
Le festival a vu sa fréquentation exploser ses dernières années. De 9 000 en 2001 à 72
000 visiteurs en 2010.
45
Cette augmentation radicale est le résultat de tous les efforts mis en place par la
direction du festival pendant ces années. Le renouvellement des événements, l’augmentation
du nombre de l’équipe permanente, la mise en place des études de public, une meilleure
communication de l’événement sont quelques-unes des actions prises.
Le festival de Rencontres vu qu’il s’étale sur deux mois et demi, de début juillet à mi-
septembre avec la Rentrée en Images, voit sa fréquentation varier. Si nous voyons la courbe
des ventes des billets nous pouvons dégager 2 périodes de pic de fréquentation : la semaine
d’ouverture et la période autour le weekend du 15 août. Aux périodes de pic de fréquentation,
nous ajoutons aussi le début du septembre avec la Rentrée en Images, qui ne paraissent pas
dans les billets parce que c’est une activité gratuite, mais qui attire un grand nombre des
visiteurs presque le même avec la semaine d’ouverture (10 000 en 2010). Nous avons ainsi 3
périodes de pic de la fréquentation :
-La semaine d’ouverture
-Le weekend end du 15 août
-La Rentrée en Images début septembre
Variation des recettes en 2008 et 2009 au cours des semaines du festival
NB : L’axe des ordonnées a été supprimé pour des questions de confidentialité. L’axe des abscisses correspond
aux semaines. 1 = semaine du 7 juillet ; 2 = semaine du 13 juillet ; 3 = semaine du 20 juillet ; 4 = semaine du 27
juillet ; 5 = semaine du 3 aout ; 6 = semaine du 10 aout ; 7 = semaine du 17 aout ; 8 = semaine du 24 aout ; 9 =
semaine du 31 aout ; 10 = semaine du 7 septembre.
A ce jour, il n’existe pas de typologie précise des publics du festival. Les études de
public ont débuté en 2006 et ils ne sont pas encore assez poussés pour permettre une véritable
catégorisation du public. Cependant, nous pouvons constater une différence entre le public de
la semaine d’ouverture et le public général « les festivaliers ».
46
a) le public de la semaine d’ouverture
Ainsi nous constatons que le public de la semaine d’ouverture est dans un grand
pourcentage un public accrédité. C’est le public le plus connu des Rencontres puisqu’il s’agit
de celui qui a toujours fait partie du noyau dur du festival. Ce sont les artistes et les invités, les
professionnels et la presse. Les Rencontres ont toujours mis beaucoup d’énergie à connaître
en détail ces publics et leur accordent des faveurs selon des règles très précises. En termes
d’accueil et de préparation de leur venue, il s’agit d’un public sur lequel se portent toutes les
attentions. Les actions mises en place pour bien les recevoir sont multiples. Tout d’abord ils
ont tous droit à un accueil personnalisé en amont de leur arrivée. Aussi durant leur séjour à
Arles, l’équipe des Rencontres doit se rendre disponible en permanence pour s’assurer que
leurs demandes sont traitées et qu’ils ont bien toutes les informations quant aux événements
pour lesquels ils sont venus tels que les débats, les visites d’expositions mais aussi les
événements privés comme les dîners ou cocktails et s'assurer qu’ils sont véhiculés lorsque
cela est nécessaire. Ensuite, pour les participants, les vols, taxis, trains et chambres d’hôtel
sont réservés par les soins du festival.
C’est un public ainsi très important pour le festival parce que ce sont eux qui ont fait
et qui font aujourd’hui la notoriété et le prestige des Rencontres.
Ce public accrédité se divise en différentes catégories :
Les «Participants» qui contribuent à l’élaboration des expositions ou du festival
qu’ils soient artistes, commissaires d’exposition, experts, membre d’un jury, maîtres de stage,
galeristes, partenaires ou prêteurs. Se trouvent aussi inclus dans ce groupe les intervenants aux
colloques, aux débats, aux entretiens publics et aux soirées du théâtre antique. Ce sont les
personnes les plus choyées par les Rencontres. Leurs frais d’hôtel et de déplacement sont pris
en charge et ils sont invités à quasiment tous les événements privés organisés par les
Rencontres et les partenaires privés (cocktails d’Olympus, cocktail de HP) ou amis de longue
date tels que les déjeuners organisés par Maryse Cordesse ou Luc Hoffman.
Les « Invités » qui accompagnent les « participants » (chaque participant a un quota
bien défini d’invités) ou sont invités par les Rencontres parce qu'ils ont une histoire
particulière avec les Rencontres ou encore les partenaires, les institutionnels, les galeristes,
certains prêteurs, certains membres du conseil général, du conseil régional, de la ville d’Arles.
Les « Professionnels » dont le travail est lié à la photographie que ce soit les
photographes professionnels à titre individuel, les agences de photographes, etc. A la
différence des personnes citées précédemment, leur accréditation est payante tout en étant une
catégorie de public d’intérêt majeur pour le festival puisque l’importance des journées
d’ouverture tient en partie au nombre de professionnels qui font le déplacement à Arles. Ils ne
sont généralement pas conviés aux événements privés.
Enfin la « presse » est constituée des journalistes accréditées par les Rencontres mais
auprès des employés de l’agence de presse « Claudine Colin Communication » dont une
partie de l’équipe se déplace à Arles pendant les journées d’ouverture. Ces personnes savent
quels sont les journalistes susceptibles d’écrire un article sur les Rencontres durant leur
séjour. Les journalistes qui ne se présentent pas dans un cadre professionnel ne sont pas
accrédités. Les personnes de la presse peuvent être conviées à certains événements privés.
Le public accrédité a augmenté radicalement ces dernières années. De 319 en 2005 à
1859 en 2009. De façon générale l’augmentation de la fréquentation du public pendant la
semaine d’ouverture montre son importance dans le déroulement du festival.
47
900
3000
6500
82009500
319 471 624 88510731859
0
2000
4000
6000
8000
10000
20
01
20
02
20
03
20
04
20
05
20
06
20
07
20
08
20
09
20
10
fréquentation totale
accrédités
b) le grand public-les festivaliers des Rencontres
Concernant le public des « festivaliers » des Rencontres, les études quantitatives
menées depuis 2006 font ressortir quelques informations intéressantes. Cependant il y a
encore un travail à faire sur la connaissance de ce public, vu qu’il y a des défauts dans les
études menées jusqu’à maintenant : le questionnaire de 2006 a été soumis à 1 165 visiteurs et
en 2007 à seulement 360 personnes. L’étude quantitative de 2008 quant à elle est basée sur les
données de Satori (logiciel de billetterie et de gestion des publics) donc doit porter sur une
grande majorité de visiteurs mais ne renseigne que sur l’origine géographique des individus.
L’étude qualitative de 2008 repose sur les réponses de 213 visiteurs et est donc certainement
peu représentative de l’ensemble des visiteurs. En 2009, les études ont porté sur 754 visiteurs
qui ont répondu à des questionnaires de manière autonome.
Cependant à travers les réponses du public jusqu’à maintenant nous pouvons avoir des
caractéristiques du public festivalier concernant la provenance, le séjour, le motif de la visite,
l’âge, le profil socioprofessionnel. Il faut aussi ajouter que lʼaxe choisi pour l’étude du public
2009 est celui de lʼimpact du festival sur lʼéconomie culturelle et touristique locale.
De ces études nous voyons donc que le public du Festival est un ‘grand public’,
c'est-à-dire un public qui vient dans le cadre de ses loisirs (89% en 2009, 82% en 2008), avec
un noyau dur de professionnels (24% en 2009).
i) Public français
C’est public il est plutôt un public français. Même si il y a un bon pourcentage
d'étrangers.
Provenance
Année
France Etranger
2006 80 % 20 %
2007 80 % 20 %
2008 86 % 14 %
2009 85 % 15 %
48
Nous pouvons aussi remarqué que parmi le public français, la majorité des festivaliers
sont originaires de la région PACA où se trouve le festival. Il s'agit d'un public de proximité.
Mais là encore, suivant les années, les chiffres sont assez variables évoluant entre 30% et plus
de 40%. Tout de suite après vient la région parisienne avec environ un tiers des festivaliers.
La région Languedoc-Roussillon bien que limitrophe et très proche d’Arles est assez loin
derrière. (Annexe 5)
Provenance
Année
PACA Paris Reste de la France
2006 43 % 33 % 24 %
2007 30 % 30 % 40 %
2008 41 % 22 % 37 %
2009 33 % 27 % 40 %
Ce qui est aussi remarquable et qui a été révélé par l’étude de 2009 est la quasi absence
de festivaliers des régions situées en dehors de la région PACA, le Languedoc-Roussillon, la
région parisienne et la région Rhône-Alpes. Cependant, il est bien entendu à noter que les
régions divergentes en nombre d’habitants. Il est donc normal que le festival reçoive plus de
visiteurs de la région parisienne que du Poitou-Charentes par exemple. Cependant, cette
différence n’est pas proportionnelle au nombre d’habitants des deux régions respectives.
(Annexe 5)
L’étude de 2008 a donné des détails sur les villes d’origine des visiteurs du département
des Bouches-du-Rhône. Marseille apparaît comme la plus importante suivie de près par Arles.
Les grandes villes des Bouches-du-Rhône drainent un public local et touristique important
pour le festival. (Annexe 5).
ii) Public étranger
En ce qui concerne la provenance du public étranger, la plus grande partie, presque 70%
des visiteurs étrangers, vient des pays d’Europe du Nord (Allemagne, Belgique, Suisse, GB au
premier rang selon l’étude 2008). Le pourcentage des visiteurs des Etats Unis, même si
normalement il est important, varie. Par exemple en 2008 le festival a eu une baisse de
fréquentation des visiteurs issus des Etats Unis. Il faut noter la présentation faible d’un public
du Sud de l’Europe (Italie, Portugal, Espagne).
Provenance
Année
Europe du Nord Europe du Sud Etats-Unis Autre
2006 65 17 12 6
2007 65 17 12 6
2008 71 18 3 8
49
iii) L’âge et le niveau socioprofessionnel
Les études montrent aussi que l’âge des festivaliers varie entre 41 et 44. Une moyenne
d'âge de 42, un peu plus jeune que l’âge moyen de 46ans donné pour les visiteurs d’Arles par
l’office de tourisme.
Concernant le niveau socioprofessionnel il n’y a pas beaucoup d'éléments. Selon une
étude menée en 2006, 41 % des visiteurs administrés étaient des cadres, 16 % des professions
libérales et 10 % des salariés.
D'autres résultats importants sortis dans les études montrent la capacité du festival à attirer
un nouveau public mais aussi le fidéliser.
iv) Primo visiteurs et fidèles
Nous voyons donc un grand pourcentage des primo-visiteurs : 37% en 2007, 46% en
2008, 37%, en 2009, fait qui affirme la capacité du festival à renouveler son public.
De plus, nous constatons une forte attractivité du festival : au total 73% des visiteurs
répondus, disent venir à Arles pour le festival, contre 27% pour un motif touristique (étude
2009). Aussi, parmi les primo-visiteurs 68%, selon l’étude de 2009, viennent à Arles pour le
festival, contre 32% pour un motif touristique. L’attractivité du festival est donc sans
équivoque.
Il faut aussi remarquer la capacité du festival à fidéliser son public. Selon l’étude de 2009
53% des primo-visiteurs et 58% de l’étude de 2008 disent vouloir revenir lors de leurs
prochaines vacances estivales.
Enfin, environ 60% des visiteurs sont des habitués. Ce public d’habitués a fait en
moyenne 3,46 éditions des Rencontres dans les cinq dernières années en 2009 (3,11 en 2008)
et ces festivaliers viennent à 77% exclusivement pour le festival.
Ces résultats montrent l’impact du festival sur le territoire d’Arles et sa capacité à attirer
un grand public. Aussi autres résultats résoudre de ces études dont nous allons présentés
progressivement dans notre étude.
5.2 L’Impact culturel et la valorisation du patrimoine arlésien
L’histoire du festival des Rencontres est parallèle à l'histoire de la valorisation de la
photographie en France et du changement du paysage culturel arlésien. Au début, la
photographie en France n’était pas un art reconnu et n’était pas exposée.54 Dans les années 60,
seule la Bibliothèque Nationale de Paris a constitué, au sein du Cabinet des estampes, une
collection de photographies qui se doublait d’un programme d’expositions.
Depuis sa naissance le festival, comme nous l'avons remarqué, s'est donné comme but
principal la diffusion de l’art de la photographie. Il a ressemblé un noyau important de gens
qui se mobilisaient autour cet art, en créant un réseau essentiel d’échanges dans différents
pays. De ce noyau, plusieurs initiatives ont émergées qui ont donné à la photographie sa place
54 BAURET G. (2007), Lucien Clergue, Éd. La Martinière, Paris pg.159
50
parmi les autres arts. Par exemple Jean Dieuzaide55, en 1974, crée à Toulouse la fameuse
galerie Château d’Eau (dans un ancien château d’eau), la première galerie permanente en
France consacrée à la photographie.
Maintenant en France il y a presque 70 festivals de photographie, répertoriés sur
photosapiens.com (la plus importante plateforme de photographie en ligne) ce qui montre que
ce phénomène a explosé et s’est popularisé. De plus, la France abrite quelques-unes des plus
importants établissements de photographie en Europe, comme la Fondation Cartier-Bresson,
La Maison Européenne de la Photographie, la galerie Jeu du Paume et plusieurs galeries,
comme la célèbre galerie de Château d’Eau, ou encore des éditions de Robert Delpire56.
De plus ce noyau arlésien a développé l’éducation autour de la photographie. En 1982, la
création de l’Ecole Nationale de la Photographie à Arles était un résultat de ces rencontres
arlésiennes. Aujourd’hui cette relation reste étroite et l’ENSP coopère avec le festival pour
plusieurs projets. Ensuite, le festival continue sa mission éducative à travers une série
d'activités pédagogiques et de stages proposés aux photographes de tous niveaux.
Mais outre la formation spécifique, le festival joue aussi un rôle de formateur pour le
public, en le familiarisant avec l’art de la photographie. Il lui présente des artistes importants,
d’une très grand diversité (style, tradition, pays de provenance, période) offrant un panorama
de l’histoire de la photographie et du milieu. Outil de la promotion artistique le festival
privilégie la rencontre entre l’artiste et le public.
Le festival a également contribué profondément à la mise en valeur du patrimoine
arlésien, en embrassant ces lieux historiques. De son début il s'est approprié cette richesse
patrimoniale pour y organiser ses expositions et ses soirées. La cour de l’Archevêché,
l’Abbaye du Montmajour, le Théâtre antique, les églises du centre historique, etc. Le festival
était novateur en animant tous ces lieux avec des expositions de photographie. Comme le
Palais de Pape à Avignon, ou la Cour de l’Archevêché à Aix-en Provence, le festival d’Arles,
a revitalisé ces espaces. Mais ce n’était pas par hasard. La volonté des personnes qui
constituaient ce premier noyau des Rencontres était de faire dialoguer les arts.
L’interdisciplinarité était sollicitée. La photographie en relation avec l’architecture, la
musique. Cette tradition a contribué à l’identité des expositions d’Arles. Le visiteur admirait
les photographies mais ces lieux magnifiques, d’une valeur patrimoniale majeure. C’est cette
relation qui fait l’attractivité particulière des expositions des Rencontres.
Cette initiative a encouragé les acteurs de la ville à mettre tous leurs forces pour restaurer
la plupart de ces monuments. Chaque année, le festival investit un plus grand nombre de lieux
patrimoniaux de la ville d’Arles. 24 lieux (repartis entre le centre historique, les ateliers
SNCF, l'Abbaye Montmajour, les musées, les galeries) étaient utilisées lors de l’édition 2009,
21 en 2006, 22 en 2008. Le service patrimoine de la ville d’Arles se décide des lieux
disponibles ou susceptibles d’abriter des expositions. Enfin, une fiche technique et une
convention sont établies afin d’assurer de bonnes conditions d’utilisation, dans le respect des
monuments.
Les expositions restent ouvertes toute l’été, donnant ainsi l’occasion aux visiteurs d'en
profiter en dehors de la semaine d’ouverture du festival. La ville voit ainsi une grande partie
de ses bâtiments patrimoniaux animés pendant tout l’été. C'est devenue un atout pour
l’attractivité touristique de la ville. En effet, les expositions donnent l’occasion aux visiteurs
55
Fils d'une famille modeste, issue de la région toulousaine mais dont le père l'a initié à la photographie, il débute
son art peu avant la Seconde Guerre mondiale. Il gagne sa renommée en captant le Général de Gaulle lors de sa
venue pour la Libération de Toulouse. Il prend alors le pseudonyme de Yan et travaillera essentiellement dans le
sud-ouest français, en Espagne et au Portugal. Il fait en particulier une série de clichés, restés célèbres, sur
Salvador Dali. Il est honoré par le prix Niepce en 1955 et le prix Nadar en 1961. 56
http://www.delpire.fr/
51
de circuler dans la ville et de visiter des monuments qu’ils n’auraient peut-être pas pensé
visiter. En effet, outre les monuments phares, célèbres, tels que le Théâtre antique et
l’Amphithéâtre, le visiteur a l’occasion de voir d'autres grandes richesses du patrimoine
d’Arles, à travers ces parcours photographiques. La ville d'Arles a la volonté de promouvoir
un tourisme culturel qui ne soit pas seulement basé sur les grands monuments mais aussi de la
stratégie touristique sur l'animation du centre ville et notamment de monuments moins
connus.
5.2.1 Le projet de réhabilitation des ateliers et la Fondation LUMA
Le festival des Rencontres a joué un rôle fondateur concernant la réhabilitation des
anciens ateliers de SNCF. Le site des ateliers, d’une superficie de 15 hectares, est un site du
patrimoine industriel français, symbole des débuts du transport ferroviaire du pays57. De
même, il est une partie essentielle de l’histoire contemporaine arlésienne, représentant d’un
tournant majeur dans l’économie de l’époque vers l’activité ferroviaire et la rupture brutale
avec les activités traditionnelles de la batellerie. Dès 1846, cinq à six générations d’Arlésiens
ont connu l’expansion du site (jusqu’à 1800 salariés à la fin du XIXe siècle) puis son déclin à
partir des années 1950, jusqu’à la fermeture en 1984.
C’était au moment de sa fermeture que François Hébel, qui était à cette époque directeur
du festival, a décidé d'en faire un lieu d’expositions. « Ma première mission a consisté à
trouver une solution à l’absence de véritables lieux d’exposition dans la ville. A l’époque, le
musée d’archéologie, l'Eglise des Frères Prêcheurs, l’église Sainte-Anne n’étaient pas
accessibles. Les ateliers venaient de fermer et j’ai alors eu l’idée d’en faire un espace
d’exposition. » 58
Une partie des ateliers est déjà utilisé. Dans la partie Est du site ont été construits le
bâtiment de l’école supérieure d’infographie Supinfocom et l’Institut Universitaire de
Technologie, consacré à l’audiovisuel.
La partie Ouest est passée à la propriété de la région PACA en 2006. Dans cette partie
Ouest se trouvent les bâtiments de la Grande Halle, les ateliers Mécaniques, le Forge etc. Le
bâtiment de la Grande Halle a été réhabilité par l'Agence Moatti et Rivière grâce au
financement de la région PACA et de la ville d’Arles et était inauguré en 2007. Le Parc des
Ateliers est devenu un des lieux préférés du public du festival, où expositions, soirées et
concerts se passent. Le lieu est utilisé aussi par le festival Les Suds à Arles comme un espace
de concerts.
Mais le projet ne s’arrête pas là. La partie Ouest du Parc des ateliers va accueillir le projet
de la Fondation LUMA et sa directrice Maya Hoffman59, arlésienne de cœur, qui a inspiré un
projet pharaonique de réhabilitation du site et de sa transformation en un pôle culturel et
57
En 1842, Lamartine défend brillamment à l’Assemblée nationale le tracé par Arles du Marseille-Avignon,
premier tronçon du futur PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) 58 François Hébel pour la 40ème édition du Festival à Images Magazine N°35 juillet-aout 2009, p.g.49 59 Maja Hoffmann, née en Suisse, a passé son enfance à Arles, très attachée à la région. Elle est collectionneuse
d’art contemporain et productrice d’un éventail de projets dans le domaine de l’art, du cinéma et de
l’environnement. Elle est la fondatrice de la Fondation LUMA (2004), dont le but est de créer et de produire des
projets culturels et artistiques dans le monde entier. En Suisse, Maja Hoffmann est présidente de la Kunsthalle
Zurich, ainsi que membre de la Commission de la Kunsthalle Basel et vice présidente du Conseil de l’Emanuel-
Hoffmann Stiftung, une fondation qui collectionne l’art contemporain. Elle est depuis six ans membre du conseil
d’administration des Rencontres d’Arles et en est aussi la trésorière.
52
éducatif dédié à l’image et la photographie. Le site va abriter ainsi le bâtiment de la fondation
LUMA, une bibliothèque, l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie, le siège des
Rencontres d’Arles, la maison des éditions Actes Sud, un complexe cinéma, un laboratoire
photographique. Il y est aussi prévu un parc et un parking souterrain.
Ce projet immense, de 100 millions d'euros, signée par l'architecte Frank Gehry60, est une
chance majeure pour le territoire. Il est caractérisé par Michel Vauzelle comme un « Grand
Projet d’intérêt régional » ; De même le maire d’Arles affirme la volonté de la ville de
soutenir ce projet : "On avait une friche industrielle de 15 hectares qui appartenait à la
SNCF, laquelle n'avait jamais voulu la vendre. La Région nous a permis d'en acquérir une
grande partie pour un pôle universitaire et puis Maja Hoffmann y a imaginé une fondation
unique en Europe dans laquelle elle investit. C'est fabuleux".61
Pendant tout l’été la maquette finale du projet, a été exposée à Arles et plusieurs
panneaux expliquaient le projet et ses choix. (Voir gallérie des photos).
L’implication des Rencontres d’Arles dans ce projet est évidente. François Hébel était une
des 10 personnes du jury qui ont défendu la candidature du projet de Marseille Provence 2013
Capitale Européenne de la culture. La phase 1 du projet va commencer en 2011 et
l’inauguration de la première partie est prévue pour l’été 2013. La partie 1 inclue la
construction de la fondation LUMA, de salles d’expositions, d'un restaurant, la réhabilitation
des Forges (théâtre), de la Grande Halle et des Ateliers mécaniques. A la phase 2 le reste des
bâtiments seront terminés. La fin des travaux est prévue pour 2016.
Une nouvelle période commence ainsi pour Arles reconnue comme une ville française de
l’image et de la photographie. Le ministre de la culture a en effet annoncé sa volonté d’y
fonder le Centre Nationale de la Photographie, affirmant sa notoriété dans le milieu culturel
de la photographie.
5.3 Impact économique et touristique
5.3.1 Retombées économiques directes
Les Rencontres d’Arles constituent un système économique à part entière qui profite
considérablement à l’économie locale de façon directe et indirecte. Les Rencontres
investissent de manière directe dans l’économie arlésienne près d’1,5 million d’euros, 50% en
prestations de services et achat des matériaux (maçons, plombiers, serruriers, hôtels,
fournitures diverses etc.) et 50% via l’embauche de personnel permanent et saisonnier (huit
membres permanents, près de 180 emplois saisonniers dont 130 agents d’accueil-cette année
173 agents d’accueil étaient nécessaires- une quarantaine d’emplois en régie et une dizaine en
logistique et organisation).
Ainsi, à titre d’exemple, en 2008, le budget « hôtellerie » des Rencontres était de
105 000€ ; plus de 1 300 nuits d’hôtel étaient réservés à l’occasion de l’ouverture du festival,
60
Frank Owen Gehry (Frank Owen Goldberg né le 28 février 1929 à Toronto) est un architecte américano-
canadien. Professeur d’architecture à l’Université Yale, il est considéré au début du XXIe siècle comme un des
plus importants architectes vivants. Ses constructions sont généralement remarquées pour leur aspect original et
"tordu". Entre ses œuvres : Musée de Guggenheim à Bilbao, Fondation Guggenheim à Abou Dhabi, fondation
Louis Vuitton à Paris. 61
http://www.laprovence.com/article/region/lincroyable-cadeau-fait-a-arles
53
une grande partie financée directement par l’association, l’autre partie étant à la charge des
festivaliers. Le budget des locations immobilières a été de 43 000 euros.
La responsable des hébergements, a chaque année une liste d’une centaine de
particuliers qui proposent des logements aux Rencontres pendant la semaine d’ouverture à des
prix intéressants. Certains même préfèrent prendre leurs vacances pendant cette semaine pour
pouvoir louer leur maison.
Il faut aussi souligner que par rapport à 2006 l’impact direct des Rencontres sur
l’économie de la ville ont augmenté de 45%62.
Il est également intéressant de noter que le festival rayonne économiquement sur un
territoire au périmètre plus large, dans les régions PACA et Languedoc-Roussillon. Ainsi, ce
sont chaque année environ 180 000 euros qui sont investis auprès de prestataires de service
gardois et héraultais et 170 000 euros qui sont injectés dans des entreprises de services de la
région PACA, en-dehors d’Arles.
5.3.2 Retombées économiques indirectes
Bien qu’il soit difficile de chiffrer les retombées économiques indirectes, nous
pouvons simplement constater de manière empirique la fréquentation massive des hôtels et
restaurants de la Ville pendant la période du festival. Pendant la semaine d’ouverture du
festival où nous avons une dense fréquentation dans un temps précis, le changement de la
ville est bien plus qu’évident. Tous les cafés, hôtels, restaurants, magasins de la ville sont
pleins, et il n’y a pas même d’espace pour les piétons. Les hôteliers et restaurateurs, pour qui
la haute saison commence généralement autour du 15 juillet peuvent grâce aux Rencontres
accueillir une clientèle importante dès le début du mois de juillet. Dans l’étude du public du
2009, 59% des festivaliers choisissent un hôtel, camping, chambre d’hôte ou gites dans la
ville d’Arles pour séjourner, 12% choisissent le même type de séjour mais dans les environs,
et seulement 6% séjournent chez des amis ou famille. Fait qui affirme l’importance du
festival pour l’économie hôtelière. De même, dans le bilan de l’Office de Tourisme de 2009,
les 26 restaurateurs qui ont répondu au questionnaire, d’une période du mai à octobre, ont
tous souligné l’importance de la qualité et la diversité de la programmation estivale,
notamment les festivals qui « remplissent » la ville et qui contribuent à l’affluence
permanente du public; Ils ajoutent que « la culture et le patrimoine sont les deux piliers de
l’économie ».
De plus, les salariés et stagiaires non arlésiens, qui viennent travailler à Arles pour le
festival investissent une partie de leur salaire dans l’économie arlésienne.
François Hébel en parlant de l’édition 2008 du festival a dit : «Nous savons ce que
nous dépensons en Arles. Nous n’avons pas les chiffres de l’impact économique. On le sait
indirectement : cela a un impact économique au niveau des chambres d’hôtel, des restaurants,
et davantage à ce que l’on pense. Il y a quand même plus de 200 stagiaires qui sont là au mois
de juillet et au mois d’août. Ils doivent bien dormir quelque part. Les chauffeurs de taxi m’ont
dit qu’ils avaient fait une année record. Tout les restaurateurs et traiteurs qui font des cocktails
pour les partenaires, travaillent à fond».
Ainsi, la ville profite du public prestigieux du festival, qui a aussi une certaine capacité
d’achat. Mais aussi de tous les festivaliers qui viennent à Arles pendant l’été pour voir les
expositions.
62
Rapport d’activités du festival des Rencontres d’Arles 2008
54
5.3.3 L’impact sur l’attractivité touristique
La contribution du festival à l’attractivité touristique de la ville d’Arles et de la région est
sans équivoque. Les études des publics que nous avons mentionnées ci-dessus en sont la
preuve. Le festival affirme sa capacité d’attirer un nouveau public mais aussi de le fidéliser.
Les études montrent qu’un grand pourcentage de visiteurs sont des primo-visiteurs, 37% en
2007, 46% en 2008. De plus, l’étude de 2009 montre que 68% de ces primo-visiteurs
viennent à Arles pour le festival, contre 32% pour un motif touristique. Le festival est donc
souvent le motif principal de visite de la région.
Il faut aussi remarquer la capacité du festival à fidéliser son public, fait très important
tant pour le festival que pour le tourisme. Selon l’étude de 2009, 53% des primo-visiteurs et
58% selon l’étude de 2008 disent vouloir revenir lors de leurs prochaines vacances estivales.
De plus, environ 60% des visiteurs sont en général des habitués. Ce public d’habitués a fait
en moyenne 3,46 éditions de Rencontres dans les cinq dernières années en 2009 (3,11 en
2008) et ces festivaliers viennent à 77% exclusivement pour le festival.
Le pouvoir d’attraction et de fidélisation du festival se retrouve aussi dans la façon dont
les visiteurs prennent connaissance du festival. Le bouche à oreille est une façon notable pour
connaître le festival. En 2007, 20% des administrés disent être venus au festival par le biais du
« bouche à oreille » et en 2008, le chiffre monte à 46%. Cette question n’a malheureusement
pas été posée en 2009.
Une autre contribution du festival au tourisme d’Arles est liée au prolongement du séjour
des visiteurs. En effet, le festivalier des Rencontres séjourne en moyenne plus de deux jours à
Arles63, ce qui correspond à un séjour long (tout séjour de plus d’un jour est considéré comme
long). L’étude de 2009 qui est un peu plus poussée, révèle que la durée moyenne des séjours
longs est même de 4,21 jours. De plus, « sur les 754 personnes interrogées, 53 % sont venues
passer au moins un jour sur Arles. »64 . Ces données sont valorisantes pour le festival si nous
les comparons avec l’étude menée par l’office du tourisme en 2007 portant sur les publics des
musées et sites de la ville d’Arles. En effet, seul 30% des touristes de la Ville d’Arles passent
plus d’une journée à Arles. L’objectif ainsi des acteurs touristiques de prolonger le séjour des
visiteurs à Arles est réalisée durant le festival. Ajoutant à cette logique, le festival peut être
aussi un motif pour les gens qui sont de passage ou qui n’ont pas prévu de passer la nuit à
Arles de le faire afin de voir les expositions.
En plus, les activités organisées par le festival hors saison festivalière favorise la mobilité
touristique. Les stages de photographie offre deux séances depuis ces trois dernières années.
Une en printemps et une autre pendant le festival en juillet-aout. Les stages du printemps
durent 6 jours environ et comptent un nombre important. (261 participants les deux saisons en
2009, 218 en 2008, ce qui représente un bon potentiel de développement). De plus, un grand
pourcentage de ce public est âgé de 20-40 ans, donc ils amènent un public plus jeune que le
moyenne des visiteurs du festival ou des touristes arlésiens, comme noté par l’office du
tourisme. Les séminaires adressés aux enseignants qui accompagnent les jeunes à la Rentrée
en Images, et qui bénéficient d'un séminaire au mois de mai pour se préparer aux visites en
sont un autre exemple. Enfin, la bodega des Rencontres, un événement organisé par le festival
lors de la « Feria du riz » en septembre attire un grand nombre de gens, locaux mais aussi des
autres régions. (Des gens viennent pour un week-end pour cette raison). Toutes ces activités
attirent un public en dehors de la saison, fait essentiel, vu que la plupart sont concentrés à la
période estivale.
63
Pour l’étude de 2007, la moyenne est de 2 jours et pour l’étude de 2008, elle est de 3 jours. 64
Etude des publics 2009
55
Enfin, la notoriété de cet événement, est un atout précieux pour les acteurs touristiques,
tels que les tours opérateurs, pour promouvoir la destination d’Arles dans leurs offres.
5.4 Retombées médiatiques
Ensuite, le festival a contribué à la notoriété de la ville d’Arles par sa renommée
européenne et internationale. Le pourcentage de journalistes d'autres pays qui viennent au
festival (1250 en 2009) montrent les retours importants sur l’image de la ville d’Arles. En
effet, tout l’été, mais surtout pendant la semaine d’ouverture, le festival capte l’intérêt
médiatique, donnant un coup de projeteur sur la ville d’Arles. D’ailleurs, les partenaires
médias du festival sont les premiers à diffuser l’événement. Cette médiatisation entraine une
série des bénéfices.
Il y a tout d’abord une certaine fierté à habiter dans une ville qui reconnue en matière
artistique, activité hautement valorisée et dans laquelle il se passe des choses suffisamment
intéressantes pour que l’on en parle dans les médias65. Quant aux touristes, notamment ceux
qui ont des pratiques culturelles, la médiatisation d’un événement culturel a évidemment une
incidence à plus ou moins long terme sur le choix de leur destination.
Mais pour l’autre public la médiatisation de l’événement joue directement sur le choix de
la destination, car la plus grande partie des visiteurs témoignent de connaitre le festival à
travers la presse et les médias.
De plus, au niveau des investissements, les entreprises choisissent volontiers des sites
d’implantation qui ont une certaine notoriété et une image positive.
5.5 Impact social et l’intégration au territoire
L’apport du festival au niveau social est aussi valable. En effet, l’importance de l’intégrité
d’un projet dans son territoire et l’implication des locaux est un élément essentiel pour la
pérennité d’un événement, c'est une question qui est au centre du débat actuel pour le futur
des festivals. En effet, sans un minimum de consentement et de participation de la population
locale, l’initiative perd l’essentiel de sa signification : celle d’une manifestation à l'identité
forte66. Même si le festival des Rencontres est une manifestation d’intérêt et d'attractivité
internationale, l’implication de la population locale suscite une dynamique autour d’un projet
collectif et favorise une atmosphère conviviale et solidaire qui touche particulièrement le
public.
Cette mission sociale est mise en avance par une grande partie des festivals qui favorisent
une politique d’intégration au territoire à travers une série d’actions : des activités
pédagogiques, d’une tarification variée pour des différents cibles du public et/ou une gratuité,
des activités organisées hors saison estival et festivalière, mais aussi à travers l’organisation
d'événements dans des lieux en difficulté sociale, et aussi par le bénévolat. De plus, il y a des
retombées sociales que nous ne pouvons pas aisément résumer, qui se passent à un autre
65
Benito Luc (2002) « Les festivals, entre événement et manifestation culturelle » in Evénements, tourisme et
loisirs, Cahier Espaces n°74,p.g.27 66
ORIGET DU CLUZEAU C. (1998), Le tourisme culturel, Ed. Que sais-je ?, Paris, pg 68
56
niveau et qui se réfèrent à la potentialité d’une ouverture d’esprit qu’un festival peut apporter
dans un territoire, en favorisant la rencontre de publics différents, de profils sociaux
différents, de cultures diverses. Dans ce cadre la mission du festival comme facteur pouvant
changer les mentalités et développer le tissu social d’un territoire, mérite d’être étudiée. La
mission sociale apparaît de plus en plus dans les différents festivals (quelques-uns sont plus
orientés vers ces pratiques que d'autres)
a) le public arlésien
La question sociale fait aussi partie du festival des Rencontres d’Arles et se réalise avec
une série d’actions. Une de ses préoccupations est l’intérêt porté aux arlésiens. En effet, les
expositions ont toujours été gratuites pour eux, dans un souci d’accès à la culture pour tous.
Les dernières années nous constatons une augmentation du nombre de visiteurs arlésiens ; une
augmentation qui compte beaucoup pour le festival. (Le chiffre radical en 2008 est expliqué
par le fait que Christian Lacroix était commissaire des expositions, dédiant une grande partie
des expositions à l’histoire arlésienne).
Toutefois, le festival a des points faibles par rapport à sa relation avec le public local.
Il est souvent considéré comme un événement en peu « élitiste », pour Parisiens, sans
forcement de lien avec les locaux. Par exemple, une « rupture » avec le public local est
survenue à cause de la Nuit de l’année. Depuis quelques années, la Nuit de l’Année se
déroulait dans le quartier de la Roquette, un des quartiers populaires du centre historique,
mais à cause de problèmes d’affluence et de budget, en 2009, elle a été déplacée au Parc des
Ateliers. Ceci a provoqué la grogne des habitants de la Roquette qui étaient fiers d’avoir un
événement de cette ampleur dans leur quartier. Par conséquent, ils ont créé leur propre
événement appelé la Nuit de la Roquette, pendant la semaine d’ouverture du festival. Cette
année, la Nuit de l’année des Rencontres, pour sa sixième édition, a retrouvé les rues
arlésiennes en choisissant cette fois le quartier de l’Hauture, mais la tension n’est pas
totalement résolue. Nous voyons ainsi que la relation avec le public local n’est pas une
donnée fixe et que certaines actions peuvent favoriser ou détériorer cet échange, essentiel
pour les deux parties. C’est un travail constant à faire sur ce point par le festival. Par exemple,
une chose très simple serait de faire une meilleure communication auprès les Arlésiens
concernant leur droit de gratuité sur les lieux des expositions. Il y a vraiment une grande
partie d'entre eux qui n’est pas informée de cette possibilité. On pourrait aussi préparer un
événement adressé plutôt à eux.
b) Les tarifs réduits & la gratuité
Dans le cadre de cette politique sociale, engagée par le festival, différents tarifications ont
été instaurées. L’accès aux expositions du festival est gratuite pas seulement pour les arlésiens
mais aussi pour les moins de 18 ans, les bénéficiaires du RSA et de l’ASS et, depuis cette
année, les personnes à mobilité réduite. Par ailleurs, les étudiants, les demandeurs d’emploi et
les familles nombreuses bénéficient d’un tarif réduit.
2006 2007 2008 2009
Visiteurs Arlésiens 3 650 4 163 7200 5200
57
c) Le Pôle pédagogique un atout fort
De plus, le festival fait également un effort d'ordre pédagogique, il est apprécié du public
pour ses projets menés et ceux-ci présentent un grand potentiel de développement. Le service
pédagogique du festival organise des activités pédagogiques et sociales durant le festival mais
aussi en dehors du festival. Une de principales activités pédagogiques du festival est Les
Rentrées en Image. Initié en 2004 il correspond à un événement entièrement gratuit sur
inscription pour le jeune public à la rentrée scolaire. Depuis son lancement il a reçu un succès
progressif et la demande est telle que cette année, le concept dure une semaine supplémentaire
pour répondre aux nombreuses demandes : du 1er
au 19 septembre. La Rentrée en Image
touche un public allant du CP au Master et les sensibilise à l’image durant une journée. Cette
année 10 000 élèves auront accès à cette formule qui permet de comprendre et de décrypter
les images. Les enseignants choisissent trois activités qui seront animées par des médiateurs
formés en amont, dix jours auparavant. Les activités vont de la visite commentée des
expositions à une séance de projection, un atelier de prise de vues avec téléphone portable ou
un atelier de « photo littérature ». Ces ateliers passent aussi par la découverte du patrimoine
architectural et culturel de la ville d’Arles.
Les académies concernées sont celles d’Aix-Marseille en grande majorité (68,2% en
2009), Montpellier (21,5%) et Nice (6,2%). Les jeunes sont à 69,6% des élèves provenant de
lycées (dont la moitié professionnels/techniques/agricoles), 21,7% du collège et 4,3% des
écoles primaires. Les enseignants accompagnateurs sont tout aussi bien des professeurs d’arts
plastiques (35%) que de français, langue ou philosophie (35%). Sont présents également les
professeurs d’histoire-géographie (20,5%) et de mathématiques et sciences à 9,5%. Le taux de
primo-visiteurs est bas puisque seulement 38% des enseignants sont venus pour la première
fois l’année dernière et 95% disent vouloir revenir l’année suivante.
La Rentrée en Images est une formule qui marche bien. Suite à une demande
grandissante, au cours de ces six éditions, elle est passée de deux heures de médiation à une
dizaine d’activités à la carte sur une journée. En terme de fréquentation, la Rentrée en Images
est passée de 3 000 élèves à 10 000 et la liste d’attente, malgré l’allongement de l’événement
cette année, est toujours aussi longue, une quarantaine d’établissements ont été refusés.
En terme de partenariats, La Rentrée en Images bénéficie d'un très grand nombre de
partenariats qui montrent aussi sa réussite: ArtCourtVidéo, CR PACA, DRAC PACA, CR
Languedoc-Roussillon, CG Bouches-du-Rhône, Ministère de l’éducation nationale, Ville
d’Arles, ENSP, Musée Réattu, MDAA, Museon Arlaten, Château d’Avignon, CAUE, Parc
Régional de Camargue, Editions « Où sont les enfants ».
d) Autres projets sociaux
Ensuite, d'autres projets ont été mis en place sur les territoires Arlésiens depuis 2002.
En 2009, le projet « Barriol Fashion », dans le quartier de Barriol, (un des quartiers ZUS
d’Arles)67qui proposait des séances autour de la photographie de mode, en posant des
réflexions plus profondes sur l’apparence, l’éphémère, la beauté, a eu du succès auprès des
habitants ( plus de 100 habitants du quartier ont participé en tant que modèle et une quinzaine
comme photographe). En prolongeant ce projet, lors de l’édition 2010, « Arles tendances
2010 », offrait des ateliers photographiques aux habitants du quartier de Barriol, traitant cette
fois le sujet du « portrait ». Le travail a été exposé au sein du festival. Ces projets sont
67
Rapport de l’Insee «Populations fragilisées à Arles et Tarascon», Rapport d'étude n° 29 - Mars 2010, p.g.8
58
menés en partenariat avec l’Espace Familial de Vie de Barriol, dans le cadre de la politique de
la ville avec le soutien du Conseil Régional PACA et de la Préfecture de Bouches-du-Rhône.
De plus, le projet des Clics et des Classes, une opération nationale consacré à la
sensibilisation des jeunes à la photographie, a fait aussi l'objet d'une exposition aux
Rencontres.
Enfin, il faut souligner que les 173 agents d’accueil et billetterie employés par les
Rencontres pendant la durée du festival bénéficient d’un contrat aidé par la ville et la région,
en partenariat avec le Pôle Emploi d’Arles68.
Le festival pour sa 41ème année de vie continue à influencer le développement de la
ville d’Arles et son territoire, de façon multiple. Etant un de plus importants festivals de la
photographie au monde, il offre une qualité artistique exceptionnelle à un public qui augmente
et qui se renouvèle chaque année, ayant atteint le chiffre record de 72 000 visiteurs en 2009.
Ce festival arrive à diffuser la photographie à un public varié, composée d'habitués et
d'occasionnels, mais aussi de primo-visiteurs. Les Rencontres d’Arles s’enracinent dans la
ville ; il se fonde dans le paysage arlésien en lui donnant un nouveau sens tout en s’identifiant
à lui.
Avant de continuer, nous voudrions présenter deux autres festivals qui se placent
également au centre de l’offre touristique de ville d’Arles. Nous croyons que cela enrichira
notre problématique. Ces deux festivals sont des exemples intéressants pour plusieurs
raisons : le public qu’ils attirent, leur programmation et leurs choix d’animation, le tourisme
qu’ils apportent, leur mission sociale et leur stratégie d’intégration territoriale. Il est
intéressant de voir comment ces deux festivals se fondent dans le territoire, quelles pratiques
ils mettent en place et comment ils réussissent à garder leur notoriété.
Nous allons ainsi présenter quelques points intéressants de l’offre du Festival Les Suds
à Arles, un festival de musique du monde qui a déjà 15ans de vie, et aussi du Festival Arelate,
ou Journées Romaines d’Arles, un nouveau festival, qui propose une reconstitution de la vie
romaine.
6. Les festivals : Les Suds Arles et Arelate : deux cas intéressants
6.1 Le festival Les Suds Arles
Le festival Les Suds à Arles a vu le jour au mois de janvier 1996, à l’initiative de
quelques passionnés et professionnels de la culture du Sud de la Méditerranée. Dès ses débuts,
il se définit comme un festival ayant pour but d’affirmer l’identité des pays de la Méditerranée
68 Répartis en sept groupes selon leurs niveaux d’anglais, leurs profils restent très diversifiés. Certains travaillent
pour les Rencontres depuis plusieurs années et se sentent réellement impliqués dans l’organisation de
l’événement : quelques passionnés de photographie trouvent dans cet emploi une occasion idéale de mieux
appréhender le médium. D’autres, en revanche, se sentent moins concernés.
59
et plus largement des Suds, de promouvoir, diffuser leurs cultures, développer leur attractivité
et contribuer à leur pleine reconnaissance dans l’espace européen et international.
Le festival Les Suds à Arles a lieu chaque été à Arles, vers la mi-juillet et pour une
semaine il anime la ville d’Arles, en y apportant les sons de pays méditerranéens et du large
Sud. Le festival commence à la fin de la semaine d’ouverture du Festival des Rencontres
d’Arles, dans un souci de coordination afin que les programmations se succèdent.
Durant ces 15 années, le festival a réussi à se placer parmi les festivals de la musique
du monde les plus réussis en France en attirant en 2010 un public de presque 60 000
festivaliers (22 000 payants) Avec une programmation riche et vaste, des musiciens reconnus
mais aussi de jeunes talents, le festival affirme sa mission principale culturelle d'aide à la
création artistique.
Le festival se compose d'une équipe de 5 permanents, qui ont chacun un stagiaire
pendant le festival. Durant la période du festival il embauche 85 intermittents du spectacle
(techniciens, régisseurs etc.), et une centaine de bénévoles.
Le budget du festival, d'environ 1 million euros, est assuré en partie par un partenariat
divers : la ville d’Arles, le Conseil Général des Bouches-du-Rhône, le Conseil Régional le
Ministère de la Culture, le Marseille Provence 2013 mais aussi des partenaires privés comme
la fondation LUMA, la fondation Ecureuil, des médias, et un club d'entreprises partenaires
(cette liste n’étant pas exhaustive). D’autre part le festival a ses propres recettes qui cette
année ont réussi à couvrir le 40% des dépenses.
6.1.1 Le public du festival
Le festival ne réalise pas chaque année des études de public. Un sondage fait il y a 2
ans auprès du public du Théâtre antique (plus aisément mesurable) n’a pas donné de résultat
différent de ceux déjà présupposés69. Selon ce sondage, le public du festival est dans sa
pluralité (65%), un public régional du « grand sud » c'est-à-dire des régions PACA,
Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes, etc. Il y a aussi 10% du public qui vient de l’Ile de
France. Un grand pourcentage du public, et surtout du public des stages offerts au cours du
festival, vient de pays francophones. Le festival a un public fidèle. Un grand pourcentage
achète en avance un pass pour les concerts et les événements, avant même la confirmation
finale de la programmation70. Cette fidélité permet le mieux connaître le comportement et les
attentes du public au fil de ses années.
Le festival des Suds à Arles, a un public différent, de niveau social et d’âge variés, grâce à sa
programmation très variée mais aussi grâce à un grand pourcentage de spectacles gratuits. Par
exemple, le public des ‘Moments Précieux’, qui est un concert payant, d’un genre de musique
particulier (un mélange de musique sacrée et traditionnelle) et qui se passent dans la Cour de
l’Archevêché, attire un autre public que les concerts gratuits de musique actuel qui se
déroulent sur la Place de la République, ou les concerts au Théâtre antique etc. Les nombreux
concerts gratuits attirent un public plus jeune d’un profil socio professionnel plus varié. La
présence de gens qui ne sont pas forcement habitués à la pratique culturelle est encouragée
par les spectacles gratuits.
Le festival apporte un public différent à Arles de celui des Rencontres, même s’il y a
une cohésion (un grand nombre du public des Rencontres dit qu’il envisage de venir au
69
Informations données par Florence ROUMY, responsable communication et presse du Festival Les Suds
Arles, au sein d’un entretien téléphonique le 3 août 2010. 70
Idem
60
festival Les Sud). Comme nous l'avons mentionné, une grande partie du public vient de pays
francophones. Le mélange de population est lié à la diversité de population d’Arles (Nord
Africains, gitans, Espagnols, Italiens). De plus, la musique du monde, favorise le lien entre les
différentes cultures et traditions.
6.1.2 Le tourisme au service social et du développement territorial
Le festival a une identité sociale et artistique, qui est incarnée dans les différents
projets qu’il met en place. Ce n’est pas un festival « de plage » comme nous dit la
responsable de communication. « L’objectif n’est pas de doubler la fréquentation mais de
développer la transmission et la fidélisation du public. Il y a une confiance. Nous ne nous
préoccupons pas seulement de l'économie culturelle »71. Cette problématique est intéressante.
En effet, la mission culturelle et sociale d’un festival est parallèle au besoin de la
commercialisation d’un événement et de sa rentabilité. C’est la grande différence entre le
point de vue culturel et le point de vue économique. Ce sont deux mentalités différentes qui
plusieurs fois s’opposent; même si le besoin de rentabilité est aussi présent dans le milieu
culturel, celui-ci place ses priorités ailleurs.
Dans ce cadre, la seule « touristification »72
d’un spectacle afin d’atteindre des
objectifs de retombées économiques s’oppose à la mission culturelle. Celle-ci n’est pas
souvent appréciée à sa juste valeur par les acteurs économiques, car elle favorise une certaine
gratuité et des activités qui ne sont pas toujours « consommables » par un grand public, en ne
suscitant pas à première vue de retours intéressants. Or, la notion de la pérennité d’une
structure quelle qu’elle soit, au fils du temps, conteste la seule importance de ce besoin de
retombées immédiates, en mettant l’accent aussi sur l’importance des activités qui favorisent à
longue terme la fréquentation et la fidélité du public. Sont ici incluses les activités sociales et
l’implication des locaux. Le festival ne nie pas son rôle touristique, au contraire. Il coopère
avec les acteurs touristiques de la région, comme l’Office de Tourisme d’Arles, les Comités
Départementaux du Tourisme des Bouches du Rhône, et de PACA. Mais il intègre cette
notion dans sa mission de promouvoir un profil de visiteur-citoyen plutôt que celui de
visiteur-consommateur. Il est plus proche à la mentalité du tourisme durable.
Sa programmation favorise ainsi une circulation dans les lieux patrimoniaux de la ville
et du territoire. Il est apprécié par sa qualité culturelle mais aussi par l’offre d’un tourisme
culturel exceptionnel, qui s'intègre dans le territoire. Par exemple le festival a terminé
l’édition de cette année avec la « Journée Buissonnière », une fête traditionnelle en Camargue,
proposant un itinéraire de spectacles entre différents endroits du territoire d’Arles : le trajet a
commencé au Musée de la Camargue, puis au Château d’Avignon en Camargue, ensuite au
Salin de Giraud. Ce parcours a fait venir un public dans tous ces lieux autour la ville d’Arles.
En même temps le village de Salin de Giraud est un de plus pauvres villages du territoire. La
71
Idem 72
Le terme désigne ici la part excessive accordée à l’activité touristique. Il fait alors allusion aux méfaits que le
tourisme peut exercer sur les populations réceptives et sur l’environnement. Dans ce cas la touristicité mesure le
degré de mise en tourisme d’un lieu et se traduit dans le domaine scientifique par le rapport du nombre de
touristes pouvant accueilli au nombre d’habitants. La touristification induit un développement spontané et non
planifié de l’activité touristique (J.M DEWAILLY p ;31 in AMIROU et alii, 2005)in Geotourisme, site de la
géographie touristique français et dans le monde, http://geotourweb.com/nouvelle_page_75.htm
61
présence d’un événement important donne de la fierté aux habitants. De plus, il aide leur
économie grâce au passage de tous ces visiteurs-touristes.
Ces projets originaux profitent au territoire tout en montrant ses richesses et en créant
des offres culturelles exceptionnelles. Par exemple le projet du festival « Nomadisme &
Deltas », qui est intégré au projet Marseille-Provence 2013 Capitale Européenne de la Culture
2013, inaugure un voyage au fil des deltas d’Europe et de Méditerranée prévu de 2010 à 2013.
Le Plan Rhône, avec la Compagnie Nationale du Rhône et l’Etat, soutient cette initiative qui
vise à présenter et mettre en valeur les mythes et les histoires des peuples nomades comme les
Roms, Sintis, Manouches, Gitans, Gypsies qui ont abrité les deltas du monde. Le projet
intègre dans son itinéraire le delta du Rhône, du Guadalquivir, du Pô, du Nil et du Danube.
Les différentes esthétiques musicales spécifiques à ces deltas permettront d'aborder les
aspects géographiques, sociologiques, historiques, environnementaux qui forgent également
l’identité de ces zones.
L’importance de l’ancrage dans le territoire et de la circulation du public dans des
différents lieux, est un élément important du festival des Suds à Arles.
Sa mission territoriale73 est aussi réalisée par l’organisation d'ateliers tout au long de
l’année dans les ZUS arlésiennes (les quartiers de Barriol, Griffeuille, le Trébon) et à Mas
Thibert (le plus pauvre village de la commune)74, en tissant des liens avec un grand nombre
d’associations présentes sur le territoire.
Enfin, le festival organise en hiver une soirée pour remercier ses bénévoles, appelée
« le revivre des Suds » qui est ouvert au grand public et qui a attiré 300 personnes en 2009.
Il s’agit ainsi de projets originaux de mise en valeur et de promotion du patrimoine et
de l’histoire territoriale, qui créent des liens et des partenariats importants. La culture favorise
ainsi une circulation dynamique des publics et une attractivité touristique dans n esprit de
développement durable. Ce festival a une grande notoriété et renommée, il est tr!s apprécié
du public.
6.2 Le festival Arelate : Une structure associative intéressante
Nous voulons aussi présenter le festival Arelate, comme un autre exemple de festival
qui, au cours de ces 4 ans de vie, a réussi à attirer un grand nombre de personnes et qui
présente un intérêt au niveau de son statut associatif d’organisation, mais aussi au niveau du
public familial qu'il a réussi à faire venir à Arles.
Tout a commencé il y a 21 ans avec l'initiative citoyenne de l’association Peplum.
Composée exclusivement de bénévoles, l'association a créé un festival de films Peplum75 dans 73
Marie-José Justamond au FRANCE FESTIVALS (2006) Les nouveaux territoires des festivals, Actes du
colloque du 16-17 novembre 2007, à l’Abbaye de l’Epau à Mans, Ed. La Scène-Magazine des professionnels du
spectacle, Paris pg.19 74
Selon le rapport de l’Insee « Populations fragilisées à Arles et Tarascon » Rapport d'étude n° 29 - Mars 2010,
le village de Mas Thibert et de Salin de Giraud, sont les deux plus pauves villages de la commune d’Arles.p.g.
20 75
Le Peplum, est un des genres de cinéma. Les plus célèbres films du genre sont crée dans les années 50 par les
italiens et les américaines. Ce mot désigne ainsi les films dont l’action se situe historiquement dans l’Antiquité
et, en particulier, celle de la Rome Antique, de la Grèce antique (et mythologique) et de l’Égypte antique. Il
existe aussi des péplums bibliques basés sur l’Ancien ou le Nouveau Testament. Un des films péplum les plus
célèbres est ‘Le Satyricon’ de Felini.
62
le cadre prestigieux du théâtre antique d’Arles (projection en plein air sur grand écran). Des
animations dans les rues d’Arles sur le thème de la romanité (combats et écoles de
gladiateurs, défilé romain) sont par la suite venues enrichir la programmation
cinématographique (portées par l'association Vestis).
Après avoir assisté au festival romain Tarraco Viva de Tarragone76 en Espagne, 2
représentants du musée départemental de l'Arles antique ont décidé de reproduire l'expérience
à Arles. Durant l'été 2005, le musée s'est donc associé aux associations Peplum et Vestis pour
proposer sur un week-end des journées romaines. Le succès ayant été largement au rendez-
vous, ce partenariat s'est poursuivi l'année suivante.
En 2007, grâce au projet européen ID2 (Initiatives, Innovations pour une Dynamique
de Développement en Pays d'Arles) mené dans le cadre du programme EQUAL, le partenariat
s'est élargi avec la participation active de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Pays
d’Arles et de la ville d'Arles. Grâce aux financements européens, un poste a pu être créé pour
coordonner le festival et mettre ainsi en musique les idées de tous les partenaires.
De ces volontés communes de mise en valeur du patrimoine antique est né en 2007 le
festival « Arelate, journées romaines d'Arles », projet ambitieux d'une semaine
d'animations dans toute la ville sur le thème de l'Arles antique.
En 2008, la coordination du festival a pris un nouveau chemin en créant l’association
« Arelate, journées romaines d'Arles », qui portera à terme le festival grâce à un solide
partenariat :
- Association Peplum
- Conseil général 13 - Musée départemental de l'Arles antique
- Chambre de Commerce et d'Industrie du Pays d'Arles
- Ville d'Arles - Service Culturel / Service du Patrimoine
qui composent le comité directeur et
- Des prestataires-partenaires : Sarl ACTA (gladiature, sports antiques), association Légion
VIII Augusta (militaire et civil), Taberna Romana (restauration romaine), association ACL
Arena (archéo-stylisme)
Cette mise en réseau avait comme but principal « le développement de projets
économiques, artistiques, culturels et patrimoniaux établissant de nouveaux rapports entre la
population, son histoire et son patrimoine antique ».
Pour cela, l’association a mis en place un comité scientifique, composé de
représentants de chaque structure partenaire et des partenaires-prestataires historiques du
festival, personnes reconnues pour leurs compétences. Elles assistent et prennent part aux
décisions du comité directeur en vue de garantir la qualité scientifique des travaux du
festival. Le festival a rédigé aussi une charte77 afin d’assurer les principes78 de qualité qui
doivent être respectés par tous les partenaires.
76
Ville en Espagne, ayant aussi ces monuments romains inscrits dans la liste du patrimoine de l’Unesco,
http://whc.unesco.org/fr/list/875/ 77
http://www.festival-arelate.com/communication/Charte_festival_Arelate.pdf 78
« Rigueur scientifique, interdisciplinarité, accessibilité pour tous, politique tarifaire dynamique diversifiée,
animations didactiques, intervenants de grande qualité, programmation exigeante et diversifiée, esprit de fête »,
in www.festival-arelate.com/communication/Charte_festival_Arelate.pdf
63
6.2.1 Un public familial important
Ainsi, le festival Arelate se positionne parmi les nouvelles offres festivalières d'Arles,
il a réussi à avoir une fréquentation notable : 17 200 en 2009. Etant qu'association, il s’intègre
dans la politique de la ville pour ‘faire vivre’ le patrimoine et d’animer les monuments. Son
public est principalement un public familial, originaire du Pays d’Arles et des régions PACA
et Languedoc-Roussillon. Le festival n’a pas encore mené une étude spécifique pour connaitre
son public, à part en 2007 où il a missionné cinq étudiants du Laboratoire Culture et
Communication d’Avignon pour réaliser une enquête exploratoire autour du musée
départemental d’Arles antique pendant le dernier week-end de cette édition. Mais en général
deux catégories de festivaliers sont identifiées :
un public de promeneurs, venu pour le loisir (public plutôt régional, plutôt familial)
un public plus averti de passionnés d'Antique, venu spécialement dans une démarche
culturelle (public d’origine géographique plus diversifiée)
Concernant le public du festival, il est intéressant à noter que dans l’étude de tourisme
de 2007 de l’Office de Tourisme, le public familial ne se présente pas parmi les plus
importants cibles de visiteurs. Même si ça pourrait avoir changé car, depuis, des actions
importantes ont été mises en place pour l’attraction d’un public familial (activités proposées
au Musée Départemental de l’Art Antique, ateliers du service du patrimoine). Ainsi, nous
pouvons supposer que la prochaine étude pourrait montrer des variations. Mais le festival a
suscité la présence de ce public à Arles. Evidemment, les animations proposées par le festival
Arelate sont plus propices à un public familial. Les spectacles des gladiateurs, la
reconstitution de la vie romaine inspirent et fascinent le jeune public et favorisent une sortie
ludique pour des familles. Mais cela indique aussi qu’il y a un public familial potentiel dans
la région, que les autres festivals pourraient essayer de chercher. D’ailleurs le festival présente
une communication ciblée adressée à ce public familial. Nous voyons qu’à part des sites de
diffusion classiques (OT, CDT), le festival a un partenariat avec le site
« tourismeenfamille.com » qui propose des événements adaptés aux familles.
Concernant le public, nous pouvons aussi constater que le festival est une occasion
pour les différents publics de se mélanger. Par exemple, le public du festival Peplum, qui est
un public plus habitué aux activités culturelles pourrait profiter des activités proposées au
cadre du festival Arelate et vice versa.
6.2.2 Une politique tarifaire pour le grand public
Un autre aspect intéressant du festival est sa politique tarifaire. En effet, le festival
présent un grand taux de gratuité et cela correspond au principe du festival de favoriser
l’accès à un public varié. Mais aussi le coût des activités payantes est très bas (3 à 6 euros, en
peu plus pour les spectacles), et comme nous explique Emmanuelle Carrie, coordinatrice de
l’association Arelate, c'est pour favoriser l’accès d’un public familial de différents budgets.
Pour favoriser un accès et faire circuler le public, le festival offre aussi des tarifs spéciaux
combinés. Par exemple le Pass Liberté et Monuments Arelate (Tarif plein : 9 €, Tarif réduit
: 7 €) donne un accès gratuit à 4 monuments de la ville, au musée départemental Arles
antique, aux visites théâtralisées et spectacles de 18h30 du théâtre antique ainsi qu'un tarif
64
réduit aux projections de films Peplum et au grand spectacle dans l'amphithéâtre. Aussi le
Pass Avantage (Tarif plein : 13.50 €, Tarif réduit : 12 €) durant toute la semaine du festival,
donne accès gratuit à l'ensemble des monuments, des musées arlésiens, aux visites
théâtralisées et spectacles de 18h30 au Théâtre antique ainsi qu'un tarif réduit aux projections
de films Peplum et au grand spectacle dans l'Amphithéâtre. De plus, en accord avec la
politique social de la ville, les arlésiens bénéficient du tarif réduit pour tous les spectacles (les
familles nombreuses aussi).
6.2.3 Les bénéfices de l’association
Un autre élément qui est intéressant dans le cas du festival Arelate, est son organisation
associative. En effet, l’association se compose d'autres associations autonomes mais aussi de
prestataires privés. Chacune ayant sa propre organisation et programmation pendant le
festival, chacun apportant son propre budget. Les prestataires devenant partenaires jouent un
rôle important dans la réalisation du festival, ayant le même droit de parole dans la prise de
décisions. Par conséquence ils sont plus impliqués, et prennent en charge une partie
importante de l’organisation. De cette façon, le coût des prestations fournies est vraiment
diminué.
6.2.4 Implication des locaux & impact touristique sur le territoire
Ensuite, un autre élément à remarquer est le fait que le festival mobilise l’implication
des commerçants de la ville qui sont invités de proposer des services « à la romaine ». Par
exemple, plusieurs restaurateurs proposent des menus romains, les commerçants changent
leurs vitrines, quelques-uns offrent des services inspirés de l’époque romaine, comme des
coiffures style romaines, etc. De plus, plusieurs artisans de la région, présentent leurs
techniques, et un marché de produits locaux fait partie intégrante de la programmation. Cette
participation des locaux apporte évidemment beaucoup à la ville d’Arles et le festival. Les
visiteurs se trouvent dans une ambiance « romaine », les commerçants gagnent en recettes, les
producteurs et artisans aussi. Le festival contribue beaucoup à l’économie locale et à la
notoriété de la ville à travers la médiatisation de l’événement (surtout cette année avec
l’exposition « César » et celle des « trésors cachés » dans le Rhône). De plus, le festival anime
cette période de la fin d’aout où à part du Festival Peplum, rien d’autre ne se passe. Il invite
donc le public à visiter Arles. Son rapport touristique est ainsi très important.
Mais aussi, sa contribution culturelle est importante car il se fixe des objectifs non
seulement ludiques mais aussi éducatifs et scientifiques. La programmation est variée
(intégrant des ateliers, conférences, films documentaires sur l’antiquité) et l’historicité des
reconstitutions est assurée par des prestataires professionnels et des spécialistes historiens,
archéologues etc.
Enfin, le festival contribue à sa notoriété et l'attractivité touristique d'Arles, en animant
ses monuments, en faisant venir un nouveau public. De plus ayant intégré dans sa
programmation des activités hivernales, en préparant notamment des conférences pour un
public scientifique, il mobilise l’attractivité de la ville hors saison, fait qui est vitale pour
l’économie arlésienne, qui souffre pendant ses mois d'hiver.
Ses défis pour le futur serait de garder le niveau de sa qualité et de ne pas tomber dans
une représentation folklorique, de ne pas se banaliser. Son atout est sa multidisciplinarité, en
intégrant différents arts sur le même thème, comme par exemple le Festival Peplum.
65
Le festival a aussi présenté un dossier pour le projet Marseille Provence 2013. De plus,
il est en dialogue avec les organisateurs de 3 autres festivals (parmi eux « Taracoviva ») pour
la création d’un réseau et/ou de projets communs itinérants.
Conclusion de la deuxième partie
Nous voyons ainsi que la réussite de ces événements se base sur une coordination de
plusieurs secteurs : la ville et ses services, les acteurs culturels, touristiques, économiques,
sociaux, locaux et/ou nationaux et les organisateurs des festivals.
L’impact de l’offre festivalière sur le développement de la ville d’Arles a été illustré
dans cette partie, en se concentrant sur le Festival de la photographie des Rencontres d’Arles.
La présentation de ces deux autres festivals permet de montrer quelques autres aspects de la
pratique festivalière de la ville, et quelques autres politiques menées par ces festivals. En
introduisant ainsi la problématique autour de la mission sociale d’un festival, le concept de la
tarification et la circulation des publics, l’importance de l’intégration du festival dans le
territoire comme éléments importants dans la stratégie de développement d’un festival dans le
temps.
Ces pratiques menées par chaque festival ouvrent des pistes de réflexion sur les potentialités
de développement non seulement des festivals mais aussi du tourisme, en faisant venir plus de
monde.
67
8. Partie introductive : enjeux et défis des festivals
Nous avons jugé important d’introduire cette partie, en présentant le débat actuel
autour du futur des festivals, tel qu’il est formulé par les professionnels de la culture. Ce débat
nous permettra de cerner les problèmes communs entre les festivals et d’avoir ainsi un
meilleur aperçu critique afin d’envisager des solutions à ces difficultés.
L’augmentation du nombre de festivals et les difficultés que leurs organisateurs
rencontrent dans leur parcours, ainsi que les besoins pour leur développement futur, ont
poussé les professionnels du milieu à se regrouper afin de partager leurs expériences. Par
exemple en Europe, l’Association Européenne des festivals79
est une structure transnationale,
qui regroupe 550 festivals dans 37 pays européens ainsi que 12 fédérations. Son but est de
promouvoir le dialogue entre les festivals et de les soutenir de façon concrète à travers des
conseils, études et formations. En France, la fédération France Festivals, se mobilise pour les
festivals de musique classique et actuelle, en regroupant 88 festivals. Elle vise à défendre ses
adhérents auprès des instances officielles et à promouvoir les manifestations artistiques qu’ils
organisent.
Nous voyons donc que plusieurs initiatives voient le jour créant un lieu de partage
entre les professionnels des festivals. Ces initiatives constituent également une tentative
d’étudier la diversité de la pratique festivalière et la recherche de solutions durables pour le
futur. Quelques études spécifiques ont été réalisées, France Festivals a notamment organisé
trois colloques80
qui ont rassemblés de nombreux acteurs importants du milieu des festivals de
musique et de danse. Ces colloques ont abouti à une description précise de la réalité des
festivals ainsi qu’à un questionnement sur les enjeux et les défis du futur, et à l’établissement
des pratiques à renforcer. Néanmoins, tous les types de festivals ne sont pas concernés par ce
type d’action.
A travers ces études, nous pouvons tracer quelques grands axes de réflexion
importants pour l’avenir des festivals : l’importance des publics, de l’intégration des festivals
dans leur territoire, la question de l’économie du festival et des nouvelles sources de
financement, l’importance de la mise en réseau et le partage des expériences ainsi que
l’importance de la finalité pédagogique d’un festival et son prolongement au delà de la
période estivale, sont quelques-uns des points que nous évoquerons.
8.1 Fidélisation et renouvellement du public
La question du public est au cœur du développement des festivals, il est indispensable
d’optimiser la connaissance de ce public, de ses attentes, de ses pratiques. Cette connaissance
semble indispensable pour la mise en place d’actions appropriées à différentes cibles du
public. Dans certaines structures, la création d’un service de relations avec le public est
envisageable afin de promouvoir un plan d’action cohérent à long terme. Les principaux
objectifs sont : sa fidélisation et son renouvellement.
La fidélisation du public s’appuie sur une série de différentes données. Le contenu de
l’offre est la première préoccupation d’un public avisé qui a des attentes. De façon générale,
les publics sont exigeants quant à la qualité de la programmation. Par exemple, dans la
79
European Festivals Association (EFA), www.efa-aef.eu 80
(2003), La musique a-t-elle besoin des festivals ? 13-14 novembre 2003 à l’Abbaye Royaumont à Val d’Oise,
(2006) Les nouveaux territoires des festivals, 16-17 novembre 2006 à l’Abbaye de l’Epau à Mans, (2010) Les
publics de festivals, 12-13 novembre à Montpellier.
68
synthèse de l’étude des publics réalisée par France Festivals, dans la question du motif
principal pour visiter un festival, l’offre artistique arrive nettement en tête des motivations des
festivaliers. Au second rang, se trouve le monument ou le site où se déroulent le festival et au
troisième rang, la notoriété et la communication du festival. Il en ressort donc clairement
qu’une programmation de haute qualité est extrêmement importante pour l’attractivité du
public.
Ensuite, la mise en place d’une série de moyens d’outils pédagogiques pour faciliter
l’appréhension de l’art présenté, pour que le visiteur puisse profiter au maximum de sa visite,
semble être une autre préoccupation non négligeable. Des nouvelles activités adaptées aux
différentes cibles des publics sont aussi à inventer: ateliers pédagogiques, visites guidées,
séminaires pour des familles, enfants, jeunes, professionnels etc. Ces activités réaffirment
aussi la finalité pédagogique des festivals, et sont valorisées par plusieurs interlocuteurs des
professionnels du milieu festivalier. D’autres pratiques de renouvèlement du public sont
proposées comme la diversification de la programmation, les tarifs réduits ou spéciaux,
l’appropriation des lieux inhabituels, la décentralisation des lieux. Chaque festival montre son
originalité dans la recherche de recettes qui peuvent favoriser le développement de son public.
Ces actions créent une atmosphère propice à fidéliser un public et à en attirer un
nouveau. Un public conquis et content est le meilleur outil de communication pour un
festival, car la bouche-à-oreille, semble d’être un des plus importants biais de diffusion, après
les médias. Dans ce cas, l’attraction d’un nouveau public est réussie.
8.2 Les synergies avec les acteurs touristiques
Dans la question du public, l’importance de la relation du festival avec les acteurs
touristiques est aussi à prendre en considération. A travers une bonne coordination, un partage
des informations et des ressources et une communication commune, les festivals pourraient
attirer de nouveaux visiteurs. D’ailleurs, la plus grande partie des festivals se déroulent durant
la saison estivale. Même si les festivals ne constituent pas toujours le premier motif
d’attractivité d’une destination, ils contribuent clairement au divertissement des visiteurs et
donc à leur fidélisation. Ainsi, les acteurs touristiques utilisent les festivals comme un atout
dans leur offre de destination. La relation entre ses deux secteurs est à consolider, et nous
allons étudier plus spécifiquement cette relation ensuite, à travers le cas du festival des
Rencontres d’Arles.
8.3 Une nécessaire intégration au territoire
Un autre secteur qui émerge de la problématique autour du futur de festivals, c’est la
nécessité de leur intégration dans le territoire et leur implication avec les acteurs locaux. Cette
préoccupation doit être pensée au moment de la création du festival afin qu’il puisse perdurer
au fil de temps. Si une structure ne s’inscrit pas dans son territoire et elle ne bénéficie pas du
soutien des habitants, elle va se retrouver dans un espace hostile et difficile à conquérir. Les
stratégies au niveau des partenaires choisis, au niveau de la politique locale et sociale d’un
festival, et tous les autres secteurs de fonctionnement qui nécessitent une collaboration avec
les acteurs locaux doivent être considérés avec attention. Nous avons vu, plus avant la
méfiance qui existait entre le festival des Rencontres d’Arles et certains acteurs locaux, à
cause -entre autres- du déplacement de l’événement de la Nuit de l’année, du quartier de la
Roquette aux ateliers SNCF. Bien évidemment, il n’est pas toujours facile de satisfaire
l’ensemble des habitants, mais il faut prendre en compte les particularités du territoire et ses
69
habitants et essayer de mettre en place des activités qui pourraient faciliter une coopération et
une bonne entente.
8.4 L’enjeu financier
Un des enjeux majeurs des festivals pour leur avenir se situe au niveau économique et
financier L’augmentation des coûts techniques et artistiques, le besoin de mettre en place plus
d’activités pour renforcer leur programmation, le déclin ou retrait des subventions publiques,
créent une instabilité financière qui empêche un fonctionnement stable et une programmation
à long terme. Bien que les subventions publiques restent la source de financement la plus
importante, pour faire face à l’enjeu budgétaire les festivals recherchent aujourd’hui des
perspectives financières en direction des ressources privées. Les partenariats privés, sont une
source de revenus importante au niveau aussi des échanges des services en nature, mais en
raison de la crise économique, moins d’entreprises sont propice à donner des financements
généreux. Le mécénat, en dépit de son caractère aléatoire, difficile à capter, reste un horizon à
développer81
. De plus, dans cette démarche les festivals essaient d’augmenter leurs ressources
propres, afin d’être plus indépendant des volontés publiques ou privées. En dehors des
ressources de billetterie, les festivals cherchent également à renforcer leurs boutiques et
librairies et les ventes de produits dérivés, à mettre en place des buvettes, à créer une offre de
soirées exceptionnelles, et mettent en place toutes autres activités qui pourraient être sources
de revenus tout en s’inscrivant dans la ligne artistique du festival.
8.5 La mise en réseau et la mutualisation des moyens
Enfin, l’importance de la mise en réseau des festivals et le partage de leurs expériences
est préconisée. Ces réseaux, sont des plateformes de discussion et de partage des expériences,
des compétences, et des savoirs faire. Dans plusieurs cas, ils mutualisent les moyens aussi
pour diminuer les dépenses. Ces structures coopératives comme nous avons vu, réalisent aussi
des études spécifiques pour répondre plus précisément aux problèmes actuels et montrent de
nouvelles pistes d’action. Il y a un réel potentiel de développement de ces réseaux. C’est dans
ce cadre, que s’inscrivent les associations dont nous en avons parlé ci-dessus.
9. Comment le festival des Rencontres d’Arles peut-il pérenniser son
développement?
Ces enjeux et défis, posés par le discours autour des festivals, s’appliquent aussi au
festival des Rencontres d’Arles. Les Rencontres d’Arles qui poursuivent leur aventure après
41 années d’existence, une histoire riche et une qualité artistique affirmée, doit trouver un
nouveau souffle pour poursuivre sa croissance et sa notoriété dans le monde des festivals de la
photographie internationale. Comment le festival peut-il se pérenniser et se stabiliser au fil
des années? Quelles actions ont déjà été entreprises? Quels sont les actions qui pourraient être
81
NEGRIER E. & JOURDA M.T, ‘Les nouveaux territoires des festivals, un état des lieux pour la musique et la
danse’, Rapport pour France Festivals, Observatoire des politiques publiques en Europe du Sud (Oppes),
Montpellier, p.g 17
70
mises en place ? Et comment les synergies avec le tourisme pourraient renforcer l’attractivité
du public ?
9.1 Un équilibre financier fragile
Comme nous l’avons déjà évoqué, le festival a eu des difficultés financières et
continue à se trouver dans une situation financière délicate. En effet, chaque édition est un
nouveau défi à relever, c'est-à-dire qu’il y a toujours cette incertitude concernant les
subventions, et la possibilité qu’au dernier moment l’un des partenaires pourrait se retirer82
déstabilisant ainsi l’ensemble du budget très serré de ce festival.
Ayant un budget important à assurer, les Rencontres d’Arles ont une structure
d’économie mixte, dans le cadre de laquelle le festival bénéficie de financements publics et
des financements privés. Le festival possède une « Charte des partenaires » qui stipule les
bénéfices de chaque partenaire par seuil de contribution ; par exemple, pour avoir son logo sur
l’affiche du festival, un partenaire doit apporter une contribution supérieure à 100 000€. Les
partenariats se distinguent également selon leurs durées : certains contrats sont signés pour
des durées déterminées (exemple de SFR qui a signé une convention sur trois ans), d’autres
ont des clauses beaucoup plus larges (exemple de Nokia qui change de stratégie chaque
année).
Les partenaires publics du festival sont le Conseil général des Bouches-du-Rhône, la
région PACA, la Ville d’Arles, le Ministère de la Culture (DRAC PACA, la Délégation au
développement et aux affaires internationales (DDAI), le Centre des Monuments Nationaux)
et le Ministère de l’Education Nationale (Direction générale de l'enseignement scolaire
(DGESCO) et le Sceren- CNDP (Centre Nationale de Documentation Pédagogique).
Les partenaires privés du festival en fonction de leur stratégie de communication et de
leur domaine d’activité, décident d’apporter leur soutien soit au fonctionnement général du
festival ou peuvent choisir de collaborer à un événement en particulier. Les partenariats des
Rencontres d’Arles sont ainsi spécialisés et donnent lieu à des contreparties différentes selon
la nature de la collaboration. Ainsi, certains partenaires occupent une place privilégiée au sein
du festival : c’est le cas, notamment de la Fondation LUMA, qui est aussi parrain du Prix
découverte, ayant aussi introduit cette année le Prix de la Fondation LUMA. En contrepartie,
la Fondation fait ses propres choix de programmation pour une partie des expositions
(notamment le Prix Découverte). Les partenariats de premier plan pour la 41ème
édition du
festival des Rencontres d’Arles sont : SFR, Fondation LUMA, Olympus, Fnac, Arte Actions
Culturelles, France Inter, France Culture, Libération, Gares et Connexions (SNCF).
Ainsi en 2009, le budget du festival était d’environ 4 million d’euros hors taxes. Les
recettes du festival se répartissaient de la façon suivante :
82 Comme c’était le cas en 2008, quand Hewlett Packard qui était un des grandes partenaires en contribuant 250
000 euros à l’économie du festival a retiré sa contribution. Le festival a dû chercher autres partenariats, mais le
déficit était assez difficile à remplir, ils ont dû faire un emprunt de 150 000 euros.
71
Subventions publiques (41%)
Recettes propres (32%)
Partenaires privés (27%)
Les recettes des Rencontres d’Arles 2009
Malgré le fait que les subventions soient une des plus importantes sources de
financement du festival, elles n’ont pas été proportionnelles à la croissance exponentielle du
nombre de visiteurs (9 000 en 2001, 72 000 en 2009). Ainsi, elles n’ont pas accompagné dans
des proportions équivalentes, le développement du festival dont le budget a triplé passant de
1,5 million en 2001 à 4,6 million à 2009.
Si les comptes ont pu être rééquilibrés ces dernières années, c’est grâce à l’apport de
recettes acquises à la clôture de l’événement, tirées soit de la billetterie soit de partenaires de
« dernière minute » qui ont des lignes budgétaires à dépenser. Sans cela, les Rencontres
d’Arles souffriraient d’un déficit chronique. Le budget du festival se caractérise ainsi par une
impossibilité à mettre au point une base financière stable et la difficulté à établir un
programme culturel dans de bonnes conditions de gestion.
Subventions publiques 2001 2009 Augmentation
Ministère de la Culture 179 890€ 398 650€ 121,6%
Mairie d’Arles 274 408€ 284 500€ 3,6%
Conseil Régional 321 667€ 346 898€ 7,8%
Conseil Général 248 492€ 262 000€ 5,4%
Subventions diverses 243 184€ 643 050€ * 164,4%
Total subventions 1 267 641€ 1 935 098€ 52,6%
Total budget RIP 1 508 539€ 4 679 838€ 210,2%
Nombre de visiteurs 9 000 72 000 700%
Evolution des subventions publiques depuis 2001 *Contrats aidés gardiennage
= 559 050€
72
9.2 Autres sources de financement : le mécénat & les ressources propres
Afin de diversifier leurs sources de revenus et aussi pour mieux s’intégrer au territoire,
les Rencontres d’Arles ont mis en place depuis 2008 un ‘Cercle des Mécènes’. Depuis le 1er
janvier 2007, les dispositifs de réduction fiscale liés au mécénat ont également été élargis au
domaine de la photographie. Par conséquent les mécènes des Rencontres d’Arles peuvent
bénéficier d’une réduction d’impôts égale à 60% du montant des versements accordés, dans la
limite de 5/1000 du chiffre d’affaires (cf. Article 238 bis du Code Général des Impôts). Le
mécénat comporte des avantages financiers mais n’induit aucune contrepartie de publicité,
notamment au profit du mécène, alors que le partenariat implique un échange, quelle que soit
la nature de ce dernier (marchandise, savoir-faire ou visibilité).
Le Cercle des Mécènes se destine donc plutôt aux entreprises locales de petite taille
afin de promouvoir l’économie du territoire. En 2010, les membres du Cercle sont : la société
Jean Martin, l’Union des Clubs Taurins Paul Ricard, l’Hôtel d’Arlatan, la Feria du Pain, la
Manade Jacques Bon et Air France.
Les Rencontres d’Arles visent à l’élargissement de ce ‘Cercle des Mécènes’, et c’est pour
cela qu’ils ont confié ce travail à un bureau spécialiste, très reconnu dans le milieu culturel, le
SB conseil83
.
De plus, les ressources propres du festival ont beaucoup augmenté ces dernières
années, grâce à l’augmentation du nombre de visiteurs et des activités qui leurs sont
proposées : soirées théâtre, badge d’accréditation, vente de catalogues, vente de produits
dérivés etc… De la même manière, l’augmentation du nombre des participants aux activités
de formations payantes telles que les stages et le Photo Folio Review, dégagent des marges
conséquentes.
De plus, le festival a essayé de diminué ses dépenses. Les deux principaux postes
d’économies résident dans les événements et les soirées (-16,3% en 2010 par rapport à 2008)
et les coûts de communication (-43,2% en 2010 par rapport à 2008).
9.3 Un budget « expositions » incompressible
La plus grande partie du budget du festival est consacrée aux expositions qui
rassemblent des dépenses de : régie, scénographie, commissariats, coûts pour les hôtels et
transports des artistes, gardiennage etc… En 2010, le budget pour les expositions est de
2.206.088 euros alors que le budget provisionnel était à environ 4.500.000. L’augmentation
des coûts techniques concernant la production des expositions dont l’augmentation des
formats et des surcouts induits (encadrement, transport, assurances, etc.) et l’exigence accrue
des normes de conservation imposées par les préteurs, expliquent le coût élevé des
expositions.
Néanmoins, le festival ne peut pas diminuer ces dépenses, qui constituent le contenu
artistique du festival. Sa mission principale est en effet culturelle et artistique, il s’agit de
montrer et diffuser l’art de la photographie auprès du grand public. Comme nous l’avons
remarqué ci-dessus, l’importance accordée à la qualité de l’art présenté dans un festival est
83
Cabinet d’ingénierie culturelle, SB conseil intervient principalement dans la définition de stratégie de
partenariat, la recherche de financement privé et la création de cercles de partenaires autour de ‘grands
événements’ et auprès d’institutions culturelles (Festival Avignon, les Biennales de Lyon, le Musée des Arts
Décoratifs de Paris, Château de Versailles Spectacles).
73
incontestable. Etant positionnés parmi les plus grands festivals de la photographie du monde,
les Rencontres d’Arles ne pourraient se permettre de ne pas être à la pointe de l’actualité de
l’évolution de l’art de la photographie, en offrant une vaste gamme d’œuvres (d’une certaine
renommée, inconnues ou de jeunes artistes).
9.4 Le public au cœur du développement du festival
Le public se place ainsi au cœur du développement du festival. Comme évoqué ci-
dessus, le public, s’inscrit parmi les priorités de chaque festival qui cherche à se pérenniser et
à assurer son développement sur le long terme.
La question des publics a de réelles conséquences sur le devenir du festival tant pour
assurer sa mission culturelle, «de rendre accessible l’art de la photographie au plus grand
nombre du public» mais aussi pour assurer une réelle pérennisation (au niveau du financement
et comme structure majeure dans le milieu de la photographie) ; prenant en compte la
complexité de l’équilibre entre la mission culturelle et l’enjeu de la commercialisation de cette
activité.
Les organisateurs du festival, pendant les années de régénération du festival de 2002 à
aujourd’hui, ont menée une politique d’ouverture du festival à un plus grand public et non pas
seulement à un public de spécialistes ou de professionnels. D’ailleurs la popularisation du
médium de la photographie, ses dernières années grâce aux appareils numériques, a favorisé
l’ouverture de l’art de la photographie à un plus grand public84
. Ayant reçu 72 000 visiteurs en
2009, le festival présente un grand potentiel d’attractivité du public tout en menant un grand
travail de fidélisation.
Pour cela le festival depuis 2006 réalise de nombreuses études de public quantitatives
et qualitatives (une étude qualitative a été réalisée en 2009) afin de mieux connaitre les
attentes de son public. Plusieurs résultats intéressants ont été révélés par ces études alimentant
la réflexion autour des actions à mener.
L’importance accordée au développement du public, se cristallise aussi avec la
création en 2009 du Pôle « Librairie/Boutique/Billetterie/Développement des Publics » qui a
pour mission entre autres, de mettre en place les outils nécessaires afin de mieux connaitre le
public des Rencontres et proposer des actions pour son évolution.
Cet initiative est importante surtout si nous pensons qu’un poste « service des
publics » est rare dans le milieu des festivals de la photographie (la plupart des festivals
n’effectue aucune étude de public). Cependant, la place du service des publics sur le pole
billetterie/boutique/librairie, montre que le festival s’oriente vers le développement du service
des publics mais pour le moment il se limite à lui donner de l’ampleur. Pour des raisons
d’économie aussi, un vrai poste de service de public n’est pas pour le moment envisagé.
Pourtant, la question reste présente et l’importance de la création d’un service dédié aux
publics qui pourrait travailler de façon transversale, comme un lien entre les différentes
départements du festival, pour mettre en place une politique ciblée et pour tous les types de
public, est une question à résoudre au plus vite.
84 Selon, l’étude menée par le ministère de la culture sur les pratiques culturelles des français à l’ère numérique
(1997-2008) 70 personnes sur 100, de 15ans et plus, ont utilisé le medium photographique pour leur temps de
loisir, pendant les dernières 12 mois, Ministère de la Culture et de la Communication (1997-2008), Les
pratiques culturelles des Français à l’ère numérique, éléments de synthèse, pg.10
74
9.4.1 Une grande capacité d’accueil & le potentiel du développement des publics
Dans cette démarche de développement du public, le festival a un grand atout à
exploiter : le fait d’avoir une très grande capacité d’accueil.
D’abord par le fait qu’il s’étale sur deux mois et demi, mais aussi parce que les
expositions sont reparties dans différents lieux. Alors, il peut accueillir un grand nombre de
visiteurs à certains moments mais aussi pendant plusieurs mois. C’est un atout qu’il faut
exploiter.
De plus, comme nous l’avons indiqué, jusqu’à maintenant la grande fréquentation du
festival se concentre sur trois périodes : la semaine d’ouverture, les jours autour du 15 août et
début septembre avec la Rentrée en Images. Dans les périodes intermédiaires il y a une baisse
de la fréquentation du public. Il y a ainsi un public à conquérir dans ces périodes.
La politique du développement du public se fixe sur deux axes, fidéliser le public
existent et en attirer un nouveau.
9.4.2 Satisfaction & fidélisation du public
Il n’y a pas de principes établis pour fidéliser un public. La fidélisation est une histoire
longue, une relation de confiance qui se crée entre le public et un événement, tel qu’un
festival.
Néanmoins, dans ce processus il y a des principes qui favorisent la réussite de cette
relation. Ces principes sont appliqués à la fois à la fidélisation du public mais aussi à
l’attractivité d’un nouveau. Ainsi, les trois étapes de l’accueil des visiteurs, l’avant85
, le
pendant86
et l’après87
de la visite, comme décrits dans le guide pratique de l’ODIT France
«Tourisme et Culture-Comment créer une offre et la commercialiser»88
sont très utiles parce
qu’ils proposent des dispositifs autour une offre culturelle qui peuvent améliorer l’expérience
du visiteur et donc réussir sa fidélité.
Le festival n’a pas une politique spéciale de fidélisation de son public, telle qu’une
société des amis du festival ou autres types d’abonnements. Toutefois, il présente un grand
pourcentage de fidélité du public (3,46 fois est la moyenne des visites pour les visiteurs déjà
venus sur ces 5 dernières années, étude 2009) et un haut taux de satisfaction (75%satisfait,
étude 2009).
La qualité des expositions, la notoriété du festival et la ville d’Arles comme
destination, ont été mis en évidence par l’étude qualitative du 2009 comme les plus importants
motifs de la visite. Certes, nous pouvons imaginer d’autres éléments qui ont contribué à cette
croissance et fidélisation du public : l’ambiance pendant la semaine d’ouverture où la
rencontre entre les professionnels du médium et du public est facilitée, dans un espace
85
L’avant de la visite se réfère à tous les dispositifs mis en place avant l’arrivée du visiteur pour faciliter sa
visite (information fournies au site Internet, billetterie en ligne etc.), 86
Le pendant de la visite se réfère à tous les dispositifs qui accompagnent et aide le visiteur (tel que visites
guidées, muséographie, cartels, information fourni en plusieurs langues, services à proximité, librairie, cafétéria,
boutique de souvenirs, signalétique etc.) 87
L’après de la visite se réfère à même cet essaie de fidéliser le public par la mise en place d’étude de public,
l’évaluation de l’offre, la création de nouveau services 88
ODIT France, Tourisme et culture, comment créer une offre et la commercialisée Guide Pratique, Août 2008
75
commun et dans une atmosphère dynamique et conviviale ; la mise en place d’un événement
exceptionnel, (les soirées au Théâtre Antique, la Nuit de l’Année). Cette année par exemple,
l’absence d’une soirée de clôture au Théâtre Antique, qui a lieu traditionnellement avec des
projections accompagnées par un musicien célèbre, va pénaliser à l’attractivité du festival. Par
ailleurs, le caractère spontanément amical des débats autour de la photographie, à différents
lieux, comme à la cour du bureau des Rencontres, est très apprécié par le public. De plus, leur
gratuité entraine une plus grande diversité de public.
Nous pouvons ainsi, faire un premier constat des éléments qui contribuent à la
satisfaction et la fidélisation du public des Rencontres. Certes, ils n’ont pas tous les mêmes
attentes ou exigences ni le même motif de visite. En fait, nous n’avons pas beaucoup de
données concernant les attentes spécifiques de chaque public du festival. Il y a même des
publics particuliers, comme par exemple le public familial, pour lesquels le festival a peu
d’informations. Ainsi, le questionnaire du public de 2010, est plus détaillé afin de collecter
plus d’informations sur des aspects moins étudiés des publics. De plus, il met l’accent sur la
qualité de la visite et les dispositifs mis en place pour le confort du public, afin de collecter
des indications valables. (Annexe 7).
En effet, dans un second temps, nous pouvons utiliser les principes de l’avant, pendant
et après la visite pour voir quelques pratiques ont été mises en place et proposer des
améliorations. Comme nous l’avons évoqué, la qualité de la visite est le premier pas pour la
fidélisation du public :
a) Avant la visite
-Le site Internet : le site Internet du festival, reste un de plus importants outils de préparation
de la visite. Le festival offre un grand nombre d’informations sur le programme et les
expositions ainsi que sur le séjour à Arles. Toutes les informations sont offertes en français et
en anglais. De plus, le festival a mis en ligne une billetterie afin de faciliter l’achat des tickets
d’entrées. Néanmoins, la mise en ligne du plan des expositions à la dernière minute, ne
facilite pas la préparation de visiteurs.
b) Pendant la visite :
-Les supports visites : Le festival pour faciliter la visite, met à la disposition du public un
plan des expositions, en indiquant tous les lieux d’exposition. Ce plan est fourni en français et
anglais. Avant le dépliant était gratuit, et coûte aujourd’hui 50 centimes. Le fait d’avoir à
payer le plan pourrait être sujet à réflexion, la gratuité n’étant qu’à un pas du montant
demandé.
Le catalogue du festival, qui est en réalité une présentation détaillée de l’édition, est
très pertinent, il s’agit d’un des atouts du festival. Publié par les éditions Actes Sud, il est une
illustration d’une synergie de ces deux acteurs culturels. Le catalogue est fourni en anglais et
en français pour le public étranger. Néanmoins, l’édition d’une brochure de 7-9 pages (comme
les musées le font pour leurs expositions temporaires), d’un format entre le dépliant et le
catalogue pourrait être envisagée. Celle-ci serait payante pour les gens qui veulent acheter un
souvenir de l’exposition mais qui ne désirent pas acheter le catalogue. Elle pourrait servir
pour le public moins intéressé par la photographie par exemple.
-Les cartels : Sur les lieux d’expositions, les cartels sont tous en français et anglais, ainsi que
les cartels présentant le projet et l’artiste. Dans, quelques expositions, comme par exemple
pour l’exposition du «Prix découverte », des documentations avec la biographie de l’artiste et
son projet sont fournies. Une réflexion pourrait ici être faite, au niveau de la consommation du
papier.
76
-Les visites guidées ont été mises en place en 2007. Ces visites sont gratuites pour toute
personne en possession d’un ticket d’entrée aux expositions. Elles se déroulent pendant toute
la période des expositions. Deux visites sont prévues par jour, d’1h30 environ. Les visites sont
réalisées par des guides employés par les Rencontres. Ils sont souvent étudiants à l’Ecole
Nationale Supérieure de la Photographie donc en mesure de bien informer au sujet de la
photographie. Ils ont suivi au préalable une formation auprès du service pédagogie lors de la
Rentrée en Images de l’année précédente. L’augmentation du nombre de participants aux
visites est importante, 1600 personnes en 2007, 2200 personnes en 2008 puis 2450 personnes
en 2009. Durant les journées d’ouverture, les visites sont tenues par les artistes eux-mêmes.
De manière à s’adresser au public international, une équipe de traducteurs se tient à
disposition du public et des artistes. Environ trois visites de ce type sont programmées par
journée d’ouverture. Ce qui a représenté vingt-sept visites pour l’année 2010.
Les visites guidées qui se passent pendant l’été, sont offertes seulement en français.
Des visites en anglais, ou même en d’autres langues pourraient être aussi envisagées pour leur
ouverture à un public étranger. De plus, une meilleure communication sur les visites guidées
est indispensable sur les outils de communication des Rencontres et aussi de l’Office de
Tourisme. Par exemple, l’office de tourisme ne présente pas les visites guidées sur son site
Internet, alors qu’il met en avant les visites gratuites que lui-même ainsi que le Musée de
l’Arles antique offrent.
-Les annexes (boutiques, librairies, cafétérias, parking) : Le festival a trois boutiques
principales. Sur le site des ateliers se trouve une buvette et un parking. Ces deux derniers
rencontrent un grand succès auprès du public.
-La signalétique : La signalétique est soigneusement mise en place. Néanmoins, il y a
toujours des possibilités d’amélioration. L’étude de public de 2010, porte aussi sur ce sujet
afin de vérifier l’appréciation des changements effectués sur la signalétique.
c) Après la visite
Les études de public et l’évaluation de l’offre de chaque édition ainsi que les projets
d’amélioration font partie de l’après visite. De plus, le festival utilise les nouveaux outils
sociaux d’Internet (Facebook, Twitter, Flickr etc.) qui sont aussi des plateformes d’échanges
et de retours d’expériences, de photos, d’opinions. Ces outils présentent un important
potentiel de communication.
9.4.3 Le potentiel du public touristique : un travail avec les acteurs touristiques &
patrimoniaux
En effet, le public à attirer, pour assurer une stabilité financière aux Rencontres durant
les périodes creuses de la fréquentation, est très certainement le public touristique qui se
trouve à Arles ou dans la région pour des vacances. Le festival doit ainsi trouver les moyens
d’attirer ce public aux expositions. Le potentiel de développement de ce public se justifie
d’abord par le fait que 32% des visiteurs (selon l’étude 2009) sont des vacanciers dans la
région ou à Arles. Ce public, n’est pas forcement un public averti ou un public qui connait
bien la photographie. Et même s’il vient pour des motifs différents, il va profiter des
expositions au cours de son séjour dans le territoire. Nous pouvons appeler ce public
‘touristique’, son motif de voyage principal n’étant pas le festival mais la visite de la région.
En effet, la grande attractivité touristique de la région et de la ville d’Arles draine un
grand public français et étranger. Le festival doit ainsi mettre en place des activités adaptées
77
pour faire venir ce public. Mais également une meilleure coopération avec les acteurs
touristiques et le service du patrimoine de la ville d’Arles reste importante.
a)Travail avec les acteurs touristiques locaux et régionaux
Les organisateurs du festival sont conscients de l’importance d’une bonne relation
avec les acteurs touristiques, afin de se valoriser auprès de ce public touristique. En effet, des
réunions entre les différents acteurs touristiques (CDT du Bouches-du-Rhône, Office de
Tourisme d’Arles) et les acteurs culturels (festivals, service du patrimoine, service culturel) de
la ville d’Arles et du département, ainsi que d’autres acteurs locaux, sont régulièrement
organisées avec comme objectif la mise en place d’une politique commune de promotion. Des
actions réussies ont déjà été mises en place et d’autres pourraient être envisagées afin de
favoriser la circulation du public touristique de la ville et de la région.
Le fruit de cette coordination était le lancement de «l’été arlésien», une forme de
présentation de l’offre culturelle de la région regroupée sous ce titre attractif, pour intriguer la
curiosité du visiteur et lui montrer la richesse événementielle de la ville et du territoire. Ainsi
la section «l’été arlésien» s’affiche sur le site internet du festival des Rencontres et dans tous
les supports de communication (catalogue, dépliants). Il est également utilisé par le festival
Les Suds Arles, ainsi que par l’Office de Tourisme de la ville d’Arles. Une action qui aide à la
circulation du public entre les différents lieux, et qui montre aussi un dynamisme et une
activité culturelle riche, très attractive pour le visiteur.
i) Office de tourisme de la ville d’Arles
Dans son bilan de 2009 ; l’Office de tourisme de la ville souligne le rôle primordial
des événements culturels (les festivals entre autres) pour l’attractivité touristique de la ville.
Parmi eux le festival des Rencontres se place au premier rang.
A ce jour l’Office de Tourisme sert de relais aux Rencontres pour ses ventes de billets
ainsi que de centre d’informations pour les festivaliers. Son site Internet propose également
un lien direct vers le site des Rencontres. En revanche, concernant les visites guidées,
l’Office de Tourisme présente les siennes et celles du Musée Départemental de l’Arles
Antique mais pas celles des Rencontres. Il serait peut-être judicieux de les faire connaitre de
cette manière.
De plus, une coopération entre l’Office de Tourisme et le Festival des Rencontres
pourrait être envisagée concernant le parcours des visites offertes par le premier. En effet, à ce
jour, l’Office de Tourisme propose deux types de visites guidées : une dans la vielle ville
d’Arles et une sur Van-Gogh. Celles-ci rencontrent un grand succès auprès des visiteurs, 2300
groupes de 40 personnes chacun ont suivis ces visites guidées en 2009, selon Françoise
Pansier, Responsable du service des visites de l’Office de Tourisme.
Actuellement, l’Office de Tourisme prépare deux nouveaux parcours sur le patrimoine
et l’histoire de la ville d’Arles, d’autres périodes que le Moyen Age et l’Antiquité. Un
parcours sur l’histoire plus contemporaine ou industrielle de la ville d’Arles, pourrait intégrer
le festival des Rencontres comme moteur du changement culturel de la ville depuis les années
70. Ceci familiariserait les visiteurs avec le festival et ce dernier, susciterait l’intérêt de suivre
ce parcours après les expositions.
De son coté le festival des Rencontres pourrait mettre en place une visite guidée sur
son histoire, en créant un parcours dans les lieux que s’approprie le festival, l’histoire de ces
78
créateurs, comme le Musée Réattu etc. Un support de communication, pourrait aussi être
réalisé pour cette raison, fourni aux bureaux de l’Office du Tourisme.
Une autre action intéressante pourrait être de faire un petit spot télévisé pour le festival
et de le voir présenté à l’Office de Tourisme. Un écran, ou télévision, pour projeter des petits
spots d’évènements qui se passent à Arles, (tel qu’il en existe dans les Postes) pourrait être
intéressant. Comme un journal des choses à faire, et à découvrir.
ii) Autres synergies avec les acteurs touristiques
Concernant les autres acteurs touristiques, le festival apparait dans les propositions des
choses à faire sur les sites Internet des Comités Départementaux et Régionaux du territoire.
Des supports de communication ainsi que des affiches sont aussi à envoyer les jours précédant
l’ouverture du festival. De plus, le festival leur demande des informations et des contacts de la
presse spécialisée en tourisme afin de promouvoir aussi l’événement, et de contacter les
journalistes de ce secteur.
Une autre activité menée par le festival pour favoriser l’attractivité du public
touristique, est la formation du personnel d’accueil dans les hôtels de la région. C’est une
action importante, car si les gens à l’accueil des hôtels sont informés ils peuvent mieux parler
du festival, et le valoriser indirectement aussi. Cette action a modestement commencé, mais la
volonté de le promouvoir de la part du festival est présente.
De plus, le partenariat avec le TER (Transport Express Régional), il y a deux ans,
permettait de proposer une réduction de 30% sur le trajet en train et une réduction sur le tarif
d’entrée au festival. Ce partenariat n’a pas eu lieu cette année.
b) Collaboration avec le service du patrimoine d’Arles
Une collaboration plus renforcée avec le service du patrimoine de la ville d’Arles pourrait
permettre la mise en valeur du patrimoine arlésien dans le cadre des expositions et attirerait un
public amateur du patrimoine bâti de la ville d’Arles. Il faut ainsi mettre en place une offre
qui pourrait susciter l’intérêt de ce public. D’ailleurs, l’attractivité des expositions réside à la
fois dans les œuvres exposées mais aussi dans le patrimoine qui sert d’écrin aux
photographies. Ce dialogue entre la photographie et l’architecture de la ville d’Arles, fait
partie du principe de l’interdisciplinarité, une des idées fondatrices des créateurs du festival.
Ainsi cette relation doit être mise en valeur par des actions spécifiques.
Par exemple, une visite spécialisée sur la photographie et les lieux pourrait être mise en
place par le festival, en coopération avec le service du patrimoine et être lancée comme un
circuit touristique, afin d’attirer ce public. De plus, un dépliant spécial sur les monuments
d’Arles et le festival pourrait s’intégrer aux produits du festival et être vendu, en même temps
à l’Office de Tourisme.
Aussi, pendant l’été, des débats, ayant comme thème cette dualité des expositions
pourraient être arbitrés par le festival, en animant ainsi les périodes creuses de sa
fréquentation.
Ensuite, la formation des agents d’accueil sur l’histoire des lieux d’expositions est
pratiquée par le festival. Jusqu’à cette année, la formation était réalisée par le service du
patrimoine de la ville. Cette année, les 173 agents d’accueil n’ont pas été formés par les
guides du service du patrimoine, mais ils ont reçu une telle formation par le personnel du
festival.
Cette formation est un grand atout. D’un coté, elle sert à garantir la qualité de l’accueil,
car les visiteurs demandent très souvent des informations sur les lieux. De l’autre coté, elle
79
apporte beaucoup aux agents eux-mêmes, car elle allie les deux facettes de l’exposition. Ce
n’est pas un hasard si ces connaissances sont très appréciées par les agents d’accueil. Pour
cela, nous pensons qu’il est important que la formation des agents d’accueil soit réalisée par le
service du patrimoine étant le service le plus approprié pour le faire.
Enfin, toute l’équipe des stagiaires des Rencontres, doit aussi avoir une formation sur le
patrimoine d’Arles, pour les mêmes raisons que les agents d’accueil, mais aussi parce qu’une
grande partie des membres des Rencontres viennent d’autres régions de France ; venant du
festival, une telle initiative montrerait sa volonté de mettre en valeur ce patrimoine.
9.4.4 Autres publics à approcher
i) Les visites sur mesure
Les visites sur mesure sont mises en place par le nouveau pôle billetterie-boutique/
développement des publics. Ces visites constituent une manière d’attirer de nouveaux publics
et d’apporter des ressources financières aux Rencontres. En effet, les visites sur mesure sont
payantes et sont proposées aux groupes de plus de 10 personnes avec un tarif dégressif suivant
le nombre de personnes. Mais ces visites sont aussi suggérées aux comités d’entreprise et
intéressent des groupes au niveau national voire international tels que le Crédit Agricole, la
Caisse d’Epargne, Air France ou le CMA CGM (groupe de transport maritime en conteneurs).
Cette initiative semble avoir un grand potentiel de développement. Grâce à une
communication en amont, elle peut drainer un nouveau public pour le festival. Dans ce cadre,
une coopération avec le service du patrimoine pourraient attirer un public plus vaste. Les
visites sur mesure donneraient l’occasion de faire un grand nombre d’activités attractives via
différents partenariats, qui favoriserait une circulation du public dans la région. Par exemple,
les expositions, la restauration dans un restaurant de la ville, le suivi d’un atelier aux
monuments d’Arles etc.
ii) Familles et jeune public
Un autre public à attirer au festival est le public familial. Ce public qui habite la région
mais aussi les familles qui sont en vacances dans la région ainsi que les enfants qui profitent
de l’été en centres aérés et en colonies de vacances de la région. Bien que l’étude de l’Office
de Tourisme de 2007 montre un manque d’attractivité de ce public pour la ville d’Arles, un
grand nombre de ce public cible se rend au festival Arelate, ce qui montre une autre réalité ;
c'est-à-dire que le public familial est existant mais qu’il a besoin d’une animation spéciale
pour être sensibilisé. Pour les Rencontres, le fait que la Rentrée en Images rencontre un tel
grand succès, signifie que la possibilité de faire venir un tel public existe. Ainsi, des pratiques
adaptées à leurs attentes et besoins doivent être mises en place. Des visites pour les familles
avec enfants, telles qu’elles sont faites pendant la Rentrée en Image, pourraient ainsi
constituer cette offre.
De plus, comme l’ont démontré les organisateurs de la Rentrée en Image, la lecture
avec la photographie fonctionnent bien ensemble. Des lectures de contes par exemple,
pourraient être préparées pour les enfants dans les lieux d’expositions. De nombreux
spectacles peuvent être imaginés pour animer des lieux d’expositions pour les familles et les
enfants.
Dans ce cadre, d’autres coopérations pourraient être mises en place avec les autres
festivals d’Arles pour mobiliser un public familial. Par exemple, nous pouvons imaginer une
programmation musique-lecture-photographie en coopération avec le festival Les Suds Arles.
La tradition des contes avec la musique dans les pays méditerranéens est très forte.
80
Notamment, en Afrique, où il existe une grande tradition. Une animation des lieux
d’expositions par des musiciens avec des contes liés aux expositions pourrait être un concept
attractif.
Le pôle pédagogique du festival présente un potentiel sans équivoque. Ainsi, si le
festival met en place une politique d’animation des expositions pour ce public, et ce, pendant
toute la durée des expositions, il connaitrait sans nul doute d’importantes retombées. Afin de
préparer le terrain pour ce type d’activités, le questionnaire diffusé au public de 2010 inclus
une question spécifique sur le public familial et l’intérêt potentiel des visites guidées pour les
enfants.
Une communication ciblée sur les sites Internet pour le tourisme familial, comme par
exemple le tourismeenfamille.com (partenaire du festival Arelate) pourrait aider à la diffusion
de ces pratiques.
iii) Améliorer l’accès des expositions aux personnes à mobilité réduite
La gratuité pour les handicapés a été mise en place cette année, mais d’autres actions
restent à mettre en place pour ce public. En effet, le travail avec le service du patrimoine et la
ville doit être accéléré pour améliorer les conditions d’accessibilité des lieux, car d’après
certains festivaliers enquêtés, on ne trouve pas d’accès pour les personnes à mobilité réduite.
De plus, pour les personnes malvoyantes, des cartels équipés d’un système braille
doivent être mis en place. Aussi, des visites guidées en langage des signes pourraient être
intégrées pour les personnes malentendantes, dans une politique de rendre les expositions
accessibles à tous.
9.4 .5 Synergie avec d’autres festivals
i) Le partenariat Aix-Avignon-Arles (AAA)
L’importance de la mise en réseau des festivals semble une opportunité de
développement. Le festival des Rencontres d’Arles a rejoint cette année les festivals d’Aix en
Provence et d’Avignon, dans une démarche touristique, consistant à faire circuler les visiteurs
entre les trois festivals ainsi que pour des raisons de rassemblement des forces autour d’une
réflexion sur l’actualité du milieu culturel. Ce partenariat, de trois des plus importants et
célèbres festivals de France, semble avoir un énorme potentiel de développement, au niveau
touristique mais aussi au niveau culturel. D’ailleurs l’étude de public du 2009 a montré une
grande rassemblance entre le profil du public du festival des Rencontres avec ceci du festival
d’Avignon, fait qui montre le potentiel de la mise en réseau de ces festivals. (Annexe 6)
Ainsi, dans le cadre des Rencontres européennes, et de l’année européenne de la lutte
contre la pauvreté et de l’exclusion sociale, les trois festivals ont proposé trois jours de débats,
du 13 au 15 juillet, autour du thème du droit à la culture. Une brochure commune était aussi
publiée, fournie sur les lieux d’accueil des trois festivals. De plus, une conférence de presse
commune, a donné une ampleur et une notoriété certaine à ce regroupement.
Le partenariat d’AAA a aussi mis en avant une autre offre touristique. Un parcours en
bus était proposé pour 50 personnes, par le biais d’un partenariat avec Télérama, leur
permettant de découvrir la programmation des ces trois festivals. En une journée, les visiteurs
visitaient les trois festivals, avec une sélection prédéfinie parmi la programmation de chaque
81
festival. Trois journées de ce type ont été proposées, et elles ont toutes rencontrées un grand
succès.
De ce partenariat pourrait aussi découler la coproduction de spectacles ou
d’événements entre les trois festivals.
Des partenariats avec d’autres festivals pourraient aussi être envisagés, notamment
avec ceux d’Arles. La coproduction des spectacles avec le festival Les Suds d’Arles, semble
une opportunité intéressante.
9.4.6 Le public local & des pratiques pour renforcer l’intégration au territoire
Comme nous l’avons remarqué, l’implication du public local dans un évènement est
essentielle pour son essor dans le temps. Le festival permettant l’accès gratuit aux expositions
aux arlésiens, montre une volonté de faire participer le public local. L’organisation de la
Bodega de Pâques va également dans ce sens. Néanmoins, le festival pourrait également
trouver d’autres façons de satisfaire ce public. L’avant-ouverture des expositions pour les
arlésiens était une action en cours de réalisation mais qui s’est heurtée au problème de délai
dans l’organisation des expositions, et aux préparations de dernières minutes. Des actions
pour ce public, ont besoin d’être reconsidérés, surtout pendant la période hivernale.
Au niveau de l’intégration du festival au territoire, d’autres partenariats avec les
acteurs locaux pourraient se faire. Par exemple, un partenariat avec les AMAP (Associations
pour le maintien d’une agriculture paysanne) de la Provence pour l’organisation d’une fête
populaire comme celle-ci organisée par le festival des Suds Arles à sa clôture (Journée de
Buissonnière) pourraient rassembler un public local mais aussi touristique autour de la
promotion de la richesse agricole de ce territoire.
La mise en place d’une journée «Photo safari dans la Camargue» comme c’était fait au
début, pourrait également susciter de l’intérêt d’un public touristique et renforcer la relation
du festival avec le territoire.
9.4.7 Les outils de communication pour attirer un grand public
Le festival n’a pas un vrai budget de communication. La diffusion du festival se base
sur une série de partenariats avec des médias importants comme Télérama, Le Point, France
Inter, France Culture, Libération, Arte, mais aussi avec d’autres structures. De plus, un grand
public connaît le festival via le bouche à oreille, qui confirme ainsi sa notoriété.
Ensuite, d’autres partenaires communiquent l’événement à un grand public. SFR par
exemple envoi un sms à tous les fichiers de sa clientèle. FNAC aussi, monte des grosses
bâches, devant ses magasins à Nîmes, Paris, Avignon etc.
Le partenariat cette année avec Gares & Connexions, une nouvelle entreprise qui s’occupe des
espaces d’accueil dans les gares ferroviaires, a permis une visibilité de l’évènement dans les
gares du sud, mais aussi Lyon.
A cela s’ajoute, le partenariat avec Métrobus, qui fait l’affichage pour l’évènement
dans les stations de métro à Paris.
82
9.5 Responsabilité développement durable : les festivals pour l’Agenda
21 ?
Une autre piste de réflexion et d’action pour le futur du festival serait la notion du
développement durable. En effet, cette notion étant au centre du discours actuel de toutes les
nations pour le futur du développement, trouve ses implications dans tous les secteurs, et
aussi dans le secteur culturel. Les principes du développement durable et de la responsabilité
envers l’environnement commencent à être intégrés dans la politique des festivals. Nous
voyons ainsi que déjà quelques grands festivals, comme par exemple le Solidays en Ile-de-
France, ont mis en place les dispositifs pour sensibiliser leur public dans cette direction:
recyclage/tri des poubelles dans tous les lieux, produits recyclables, partenariats avec des
entreprises qui ont une conscience écologique, labellisation. La prise de conscience de la
notion de développement durable dans les festivals est une pratique qui commence à évoluer.
Par exemple en Bretagne depuis 2005, quelques festivals ont crée la «Charte Agenda
21», des festivals engagés dans le développement durable et solidaire ; une démarche qui
conjugue fête et écocitoyenneté89
. Dans le cadre de cette démarche les festivals adhérents ont
mis en place, entre autre, un système de tri sélectif des déchets et de point de collecte des
gobelets. De plus, des fontaines à eau ont remplacé les bouteilles, en diminuant ainsi les
énormes déchets, qui se rassemblent par la foule des festivaliers.
Une telle politique pourrait aussi être adaptée par le festival des Rencontres d’abord
pour son propre fonctionnement, c'est-à-dire dans les bureaux du festival, mais aussi en
partenariat avec la ville d’Arles et les autres festivals pour tous ses lieux. Le festival Les Suds
Arles, est déjà sensible à ce type de développement en essayant de faire des partenariats avec
des prestataires qui ont des produits écologiques ou montrent une telle sensibilisation (p.ex. la
Société des Eaux d’Arles). En plus, ils essayent de diminuer les déchets plastiques, en mettant
en place dans la buvette des verres en plastiques réutilisables. Le festival Arelate aussi, est
partenaire de Qualicities, le label de la ville d’Arles, pour les villes européennes de la culture
engagées au développement durable.
Il y a donc cette tendance et volonté par les festivals d’Arles de se mobiliser dans cette
direction.
Cependant, le festival des Rencontres n’a pas encore intégré cette notion dans ses
pratiques. Néanmoins, il draine un grand nombre de festivaliers. Il faut souligner que la ville
d’Arles, n’a pas installé des dispositifs de tri sélectif dans le centre historique de la ville. Le
recyclage est fait selon la responsabilité de chaque citoyen, ayant pris les sacs appropriés par
le service de la ville d’Arles. Cependant, la mise en place d’un tel système au centre ville
semble indispensable, vu du nombre de touristes qu’y circule. Une initiative lancée par les
festivals en coopération avec la ville d’Arles pourrait être envisagée. Une labellisation
partagée entre les festivals, du type « les festivals d’Arles pour l’agenda 21», ou «les festivals
d’Arles pour l’écocitoyenneté», avec un logo approprié pourrait donner un autre dynamisme à
la relation entre les festivals et auprès du public.
9.6 Communication interne & l’équipe
L’audit réalisé en 2009 au sein du festival a montré une faiblesse au niveau de la
communication interne du festival. En effet les secteurs d’activités du festival sont repartis
89
http://www.bretagne-environnement.org/Dechets/Les-types-de-dechets/Les-dechets-municipaux/La-charte-
Agenda-21-des-festivals-engages-dans-le-developpement-durable-et-solidaire
83
entre Paris et Arles ce qui handicape leurs relations. Le bureau de la production est à Paris, et
à Arles il y a le service protocole, le service pédagogique, le secrétariat et le comptable et
l’administration du festival. A cela s’ajoute le grand nombre des stagiaires et personnel
saisonnier qui est embauché pour les Rencontres. Ainsi, la constitution des relations entre
toutes ces parties demande une certaine cohérence et organisation par l’équipe principale.
L’amélioration de la communication entre les parties composantes du festival est une
question à résoudre, autant essentielle pour le futur développement du festival.
10. Le projet Marseille Provence 2013 : une grande opportunité de
développement
Dès 2004, Jean-Claude Gaudin, Maire de Marseille et Président de la Communauté
Urbaine Marseille-Provence Métropole, a pris l’initiative de poser la candidature de la Ville
de Marseille au titre de Capitale européenne de la culture. Afin de constituer une entité
cohérente d’un point de vue économique et culturel, la Ville de Marseille a impulsé la
création d’un territoire plus large, Marseille-Provence, en associant un ensemble de villes et
communautés de communes voisines. Marseille-Provence recouvre aujourd’hui 7
communautés :
- Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole (CUMPM);
- Communauté d'agglomération Toulon Provence Méditerranée (TPM);
- Communauté d'Agglomération du Pays de Martigues (CAPM);
- Communauté d'Agglomération Arles Crau Camargue Montagnette;
- Communauté d'Agglomération Pays d’Aubagne et de l’Etoile;
- Communauté d'Agglomération du Pays d’Aix (CPA);
- Villes de Salon de Provence, Istres, et Gardanne
-
Il représente ainsi 105 communes associées pleinement à la candidature de Marseille /
2 253 000 habitants / 104 000 étudiants / 10 millions de touristes par an / 400 millions € par
an pour la culture / un territoire de 4.600 km2 / 140 kilomètres de côtes / 2 grands pôles
industriels : 1 projet mondial : ITER ; FOS XXL : 1er complexe industrialo-portuaire Sud
Europe / 1 parc naturel national (projet Calanques) / 2 parcs naturels régionaux (Camargue,
Lubéron) / 1 parc national subaquatique (Port Cros) / 3 aéroports internationaux / 4 gares
TGV / 2 ports de commerce et voyageurs90
.
La mise en place de ce nouveau territoire, représente un potentiel de développement
territorial dans tous les secteurs, culturel, touristique, social, économique, et urbain. Plein de
projets sont en développement, et le territoire semble être en pleine construction. Les œuvres
de grands architectes de réputation internationale (Massimiliano Fuksas, Zaha Hadid, Jean
Nouvel, Rudy Ricciotti, Stefano Boeri, Yves Lion, Patrick Bouchain, Kengo Kuma, Frank
Gehry / Edwin Chan) auront marqué ces paysages.
90
http://www.marseille-
provence2013.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=135&Itemid=317&lang=french
84
L’adoption du « Schéma de Cohérence Territoriale » (SCOT) pour la période 2008-
2016, par le projet Marseille Provence 2013 définit la stratégie de ce développement en
mettant l’accent sur la culture et le tourisme culturel comme secteurs qui contribuent
particulièrement à l’essor économique, au rayonnement et à l’attractivité du territoire.
Le festival des Rencontres d’Arles et la ville d’Arles s’intègrent aux grands chantiers
du projet Marseille Provence 2013 avec le projet de réhabilitation des ateliers SNCF par la
Fondation LUMA et la création de ce nouveau pôle culturel consacré à la photographie et
l’image. La première phase du projet serait terminée pour 2013 afin de fêter cette nouvelle
époque pour la région.
De nombreux événements et projets sont déposés auprès du comité de programmation
de Marseille Provence 2013, pour y participer. Le festival Les Suds Arles participe déjà avec
le projet «Nomadisme et Deltas», qui met en lumière les traditions des populations nomades
des quelques plus grands deltas du sud d’Europe, parmi eux le delta du Rhône.
Le festival des Rencontres a ainsi un rôle important à jouer à la préparation de la ville
pour l’accueil de Marseille Provence 2013. Un grand travail d’organisation et de préparation
doit être promu et la synergie entre tous les acteurs pour mettre en place une offre cohérente
est indispensable.
L’avantage pour le développement du territoire est énorme. Le projet jette un coup de
projecteur au territoire en augmentant son attractivité au maximum.
Le potentiel de développement qui se présente pour Arles est un atout à exploiter. Le
rôle du festival des Rencontres pour cette préparation est vital, grâce à son expérience, sa
notoriété culturelle, et son public international. L’animation et la mise en valeur de la ville
d’Arles est un travail pour lequel le festival des Rencontres peut avoir un rôle organisateur.
85
CONCLUSION
Cette étude a tenté de mettre en lumière quelques aspects du phénomène du festival
comme une structure culturelle qui reconnait une croissance énorme ces dernières années.
Si au début le festival pouvait se définir comme « une manifestation musicale se
déroulant sur quelques jours dans un lieu particulier » aujourd’hui la diversité de l’offre
montre une réalité autre que celle-ci.
Nous trouvons ainsi des festivals de tous les genres artistiques et de toutes les
spécialisations ; de musique, danse, photographie, théâtre, arts de la rue; en pleine saison, hors
saison, gratuit, payants, pour différents types de public, la gamme de l’offre étant très variée.
En France, les festivals, fruits dans leur majorité des lois de 1982 de la décentralisation
administrative, apportent de plusieurs façons une valorisation des territoires où ils
s’inscrivent. Selon leur taille et leur mission, ils exercent un impact important au
développement des territoires sous l’aspect culturel, économique, touristique, social.
Moteurs de la création artistique et de la diffusion de la culture, les festivals jouent un
rôle à la fois d’éducation du public et de son amusement. Ayant, une programmation variée,
les festivals donnent l’occasion à un grand nombre d’artistes de montrer leur travail au public,
facilitant aussi la création originale et les jeunes artistes.
De plus, les festivals jouent un rôle majeur au niveau de la valorisation du patrimoine
et de l’animation des espaces patrimoniaux. D’ailleurs, quelques grands festivals, comme le
festival d’Avignon ou d’Aix, ont été fondateurs de cette appropriation des espaces
patrimoniaux pour des raisons culturelles et cette pratique est aujourd’hui répandue. Adoptée
très vite par les collectivités territoriales, qu’y ont trouvé une façon d’animer leur patrimoine
et favoriser son attractivité et sa fréquentation.
De même, les festivals en drainant un grand nombre des visiteurs sont les plus grands
promoteurs de l’attractivité touristique des territoires où ils s’inscrivent. En effet la plus
grande partie d’entre eux se passent pendant les mois estivaux. Leur contribution à
l’économie touristique est sans équivoque. Dans plusieurs régions, les festivals font vivre
l’économie des territoires, ayant aussi des retombées importantes au niveau de la création des
emplois directs et induits.
Au niveau social aussi les festivals facilitent la rencontre entre les différents publics,
en facilitant l’accès à la culture aux différentes catégories sociales. De même au niveau local,
ils exercent un impact important pour les populations indigènes, en intégrant toute une
population à un projet commun.
Plus leurs bénéfices sont importants au territoire ; plus leur existence se révèle vitale.
Leur croissance et évolution les avait mis au centre du débat actuel des professionnels du
milieu culturel afin d’assurer les moyens pour leur pérennisation.
86
Le festival des Rencontres d’Arles ou Rencontres Internationales de la Photographie,
s’inscrit dans la génération des festivals qui était née sous la volonté d’artistes de mettre en
valeur leur art auprès du grand public. Initié par «un groupe d’amis», il a trouvé vite son
chemin en établissant sa propre structure et programmation. De sa naissance le festival a joué
comme pilier de la richesse patrimoniale arlésienne, en appropriant également ses espaces
publics. A travers son réseau de «fidèles» originaire de différents pays du monde, il a mobilisé
l’intérêt international pour cette petite ville en lui donnant une grande notoriété et attractivité.
En effet, le festival des Rencontres d’Arles, a tracé ce chemin du développement de la ville
d’Arles à travers la valorisation du patrimoine et la culture et son ouverture auprès du grand
public. Ainsi Arles, n’est pas seulement connue pour ses monuments mais également pour sa
notoriété dans le milieu de la valorisation et la diffusion de l’art de la photographie.
Depuis 2002 le festival connait une croissance radicale, fruit d’un travail cohérent
orchestré par ses directeurs, François Hébel et François Barré. Ce travail a permis d’à attirer
72 000 visiteurs en 2009, mettant l’attractivité de la ville d’Arles dans une autre étape de
comparaison. Cette année, ayant préparé sa 41eme édition, le besoin du festival de trouver un
nouveau chemin afin de conserver sa notoriété et de s’assurer pour le futur, semble une
question actuelle.
Dans cette démarche de se pérenniser, le public se trouve au centre de sa politique. Un
travail collectif avec les autres acteurs culturels et touristiques, tel que nous l’avons remarqué,
aura besoin d’être renforcé et dans quelques cas créé, afin de trouver de nouvelles formes de
coopération. Mais le festival lui-même doit retracer sa politique d’animation et de diffusion de
ses expositions.
Le public touristique semble comme un des publics à conquérir. Inscrit dans une des
plus attractives régions en France au niveau touristique, le festival pourrait en profiter pour
mettre en place des synergies avec les autres acteurs touristiques et culturelles pour faire venir
ce public aux expositions.
Ce type de coopérations est déjà mis en place avec le service du patrimoine et les
autres acteurs touristiques ainsi que l’Office de Tourisme, les Comités Départementales du
Tourisme du département et de la région, les hôteliers à proximité, mais d’autres pourront être
envisagées afin de renforcer cette relation déjà existante. De mêmes d’autres publics doivent
être pris en compte et être incités à visiter la ville et le festival.
Dans le cadre d’une volonté politique forte, tous les acteurs locaux de la ville d’Arles
et son territoire, sont en coordination pour faire d’Arles une ville de la culture, de la
photographie, de l’image et du tourisme. En effet, c’est ce qui ressort de notre étude du
festival ; le fait que la réussite d’une structure se trouve dans sa synergie et le rassemblement
des forces pour faire évoluer les choses.
La ville d’Arles, ayant mis au centre de son développement la culture et le tourisme,
va s’allier à toutes les initiatives qui pourraient assurer un nouveau futur pour son
développement.
Aujourd’hui, Arles se trouve à l’aube d’un grand potentiel de développement. Inscrite
dans le territoire d’influence du projet Marseille Provence 2013, elle va être au centre de
87
l’intérêt international d’ici 2013. En s’intégrant elle-même aux grands chantiers de travaux,
avec son projet de la réhabilitation des anciens ateliers SNCF par la Fondation LUMA, elle
doit se mettre à la hauteur des exigences d’un tel projet, qui va changer le paysage arlésien.
Ce nouvel pôle culturel consacré à la photographie et l’image, fruit de la présence du Festival
des Rencontres d’Arles au territoire, va changer les équilibres au niveau du public qu’il va
attirer, mais aussi l’image et la notoriété qu’il va apporter à la ville d’Arles. Une grande
chance ainsi pour le territoire de se stabiliser économiquement et de pouvoir évoluer. De
même, il s’agit d’un grand atout pour le festival des Rencontres qui se place au cœur de ce
projet grâce à sa qualité. Néanmoins un travail de préparation doit être fait pour faciliter ce
changement. La synergie des pouvoirs pourrait assurer cette réussite. En effet, c’est cette
synergie qui fait d’Arles une révélation pour son visiteur.
88
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PERREIRA J.L (2002), L’impact des festivals sur la fréquentation touristique- L’exemple du Gers, in
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PICHARD J.P, (1993) France Festival pour une promotion internationale commune, in Festival,
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PORTE DU THEIL G. (2002), La création d’un événement un métier et des savoir-faire, in
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ROBILLARD C., (1993) Comment monter un festival ? , in Festival, création, tourisme et image,
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THIBAUT A.M, (1993) Objet de passion ou enjeu de pouvoirs ? , in Festival, création, tourisme et
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VALENCHON E. /SNEED E., (1993) L’apport d’un festival à l’économie locale, in Festival,
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ETUDES/COLLOQUES:
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du-Rhône, étude réalisé par la Comité départemental du tourisme des Bouches-du-Rhône
COMITE DEPARTEMENTAL DU TOURISME 13 (2009) Le tourisme secteur clé du département,
3ème
Schéma départemental de développement du tourisme et des loisirs réalisé par le CDT des
Bouches-du-Rhône
COMITE DEPARTEMENTAL DU TOURISME PACA Schéma régional de développement
touristique 2009-2010
FRANCE FESTIVALS (2003) La musique a-t-elle besoin des festivals ?, Actes du colloque du 13-14
novembre 2003, à l’Abbaye de Royaumont, Val-d’Oise, Ed. La Scène-Magazine des professionnels du
spectacle, Paris, p.g 5-7
FRANCE FESTIVALS (2006) Les nouveaux territoires des festivals, Actes du colloque du 16-17
novembre 2007, à l’Abbaye de l’Epau à Mans, Ed. La Scène-Magazine des professionnels du
spectacle, Paris, pg.6-10, 19, 62
FRANCE FESTIVALS (2009) Les publics des Festivals, Synthèse du Colloque du 12-13 novembre
2009 à Montpellier, France Festivals
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touristique de la France et de son positionnement à l’étranger, pg.3
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culturelles des Français à l’ère numérique, éléments de synthèse, pg.10
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du Sud (Oppes), Montpellier, p.g 17
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Public & Culture, Paris, décembre 2007
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ODIT France, Tourisme et culture, comment créer une offre et la commercialisée Guide Pratique,
Août 2008
Bilans/Etudes des Publics
FESTIVAL LES RENCONTRES D’ARLES, Etude des Publics 2008/2009 à demander auprès du
festival
FESTIVAL LES RENCONTRES D’ARLES Rapport d’activités 2006/2007/2008/2009 à demander
auprès du festival
FESTIVAL ARELATE, Bilan 2008/2009 à demander auprès du festival
OFFICE DE TOURISME VILLE D’ARLES Bilan fréquentation 2007, 2009
http://www.arlestourisme.com/document/pdfs_document/bilan_annuel_frequentation_2007.pdf
http://www.arlestourisme.com/document/pdfs_document/Bilan%20touristique%20%202009.pdf
COMITE DEPARTEMENTAL DU TOURISME 13 Bilan fréquentation 2009
http://www.visitprovence.com/upload/doc/frequentation_touristique_2009_modif.pdf
Autres documents
SERVICE DU PATRIMOINE DE LA VILLE D’ARLES, Mise en révision du secteur sauvegarder
de la ville d’Arles, présentation du projet, fiche à télécharger sur http://www.patrimoine.ville-
arles.fr/arles/ville.cfm?action=actu, consulté le 30 août 2010
INSEE, Populations fragilisées à Arles et Tarascon, Rapport d'étude n° 29 - Mars 2010, p.g. 8,20
FESTIVAL ARELATE, Charte du festival
http://www.festival-arelate.com/communication/Charte_festival_Arelate.pdf
WEBOGRAPHIE
http://www.laprovence.com/article/region/lincroyable-cadeau-fait-a-arles
http://geotourweb.com/nouvelle_page_75.htm
http://www.bretagne-environnement.org/Dechets/Les-types-de-dechets/Les-dechets-municipaux/La-
charte-Agenda-21-des-festivals-engages-dans-le-developpement-durable-et-solidaire
http://www.marseille-
provence2013.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=135&Itemid=317&lang=french
http://www.ville-arles.fr/economie/1-chiffres-cles/insee/resume-statistique-insee.php.
http://www.patrimoine.ville-arles.fr/arles/ville.cfm?action=commune_histoire
http://www.moma.org/explore/collection/photography
92
SITES INTERNET CONSULTES
ARLES/TOURISME/REGION
http://www.patrimoine.ville-arles.fr/ Site du patrimoine de la ville d’Arles
http://www.ville-arles.fr Site officiel de la mairie de la ville d’Arles
http://www.arles-info.fr/ Le blog des actualités de la ville d’Arles
http://www.tourisme.ville-arles.fr/ Office de tourisme d’Arles
http://www.marais-vigueirat.reserves-naturelles.org/ Site du Reserve naturel du Marais du Vigueirat
www.parc-camargue.fr Site officiel du Parc naturel régional de Camargue
http://www.visitprovence.com/ Site du Tourisme des Bouches-du-Rhône
http://www.regionpaca.fr/notre-region/tourisme.html Site du Comité Départemental du Tourisme de la
région PACA
http://www.decouverte-paca.fr/fr/ Site du Comité Régional du Tourisme de PACA
http://www.provenceguide.com/ Site du Comité Régional du Tourisme de Vaucluse
http://www.patrimoine-paca.com/ Agence régionale du patrimoine PACA
http://www.paca.culture.gouv.fr/ Direction régional des Affaires Culturelles PACA
http://www.marseille-provence2013.fr/ Site officiel de Marseille-Provence 2013
FESTIVALS
http://www.rencontres-arles.com/
http://www.claudinecolin.com/fr/agence Agence de Communication Claudine Colin, chargé de la
communication du Festival
http://www.enp-arles.com/ Site officiel de l’Ecole National Supérieure de la Photographie d’Arles
http://www.suds-arles.com / Site officiel du festival Les Suds Arles
http://festival-arelate.com/site/ Site officiel du festival Arelate
http://www.tarracoviva.com Festival Tarraco Viva
http://www.festival-avignon.com/ Site du Festival d’Avignon
http://www.festival-aix.com/ Festival Aix-en Provence
http://www.visapourlimage.com/index.do Festival Photojournalisme à Perpignan
MUSEES /ASSOCIATIONS CULTURELLES/ETABLISSEMENTS EDUCATIFS D’ARLES
http://www.museereattu.arles.fr/ Musée Réattu
http://www.arles-antique.cg13.fr/mdaa_cg13/root/index.htm Musée Départemental
d’Arles Antique
http://www.museonarlaten.fr/museon/CG13/ Musée Arlaten
93
http://www.harmoniamundi.com/ Site de l’Harmonia Mundi
http://www.actes-sud.fr/intro Site des Editions Actes Sud
http://www.lemejan.com/ Site de l’Association du Mejan
http://www.supinfocom-arles.fr/Accueil.html Site de Supinfocom,
École d’enseignement supérieur spécialisée en infographie 3D
http://sites.univ-provence.fr/iutarles/ Site IUT Arles
AUTRES
http://www.francefestivals.com/ Site de France Festivals, association des Festivals de musique
http://www.zonefranche.com/ Site du Zone Franche, Réseau des Musiques du Monde
http://www.mep-fr.org/ Maison Européenne de la photographie
http://www.jeudepaume.org/ Galerie Jeu du Paume
94
ENTRETIENS
Alice MARTIN, administratrice général, Festival Les Rencontres d’Arles, entretien
réalisé le 26 juillet 2010, au bureau du festival à Arles.
Isabelle SAUSSOL-GUIGNARD, responsable des projets pédagogiques, Festival Les
Rencontres d’Arles, entretien réalisé le 29 juin 2010, au bureau du festival à Arles.
Monique LOPEZ, responsable formation des agents d’accueil, Festival Les Rencontres
d’Arles, 16 juin 2010, au bureau du festival à Arles
Florence ROUMY, responsable Communication &Presse, Festival Les SUDS Arles,
entretien téléphonique réalisé le 3 août 2010.
Emmanuelle CARRIE, responsable communication et coordination, Festival
ARELATE, entretien réalisé le 4 août 2010, au bureau de l’Association Arelate, à
Arles.
Francine RIOU, directrice adjointe, Office de Tourisme de la ville d’Arles, questions
répondues par email le 6 août 2010.
Françoise PANSIER, service groupes/visites guidée, Office de Tourisme de la ville
d’Arles, questions répondues par email le 20 août 2010.
Odile CAYLOUX, animatrice du patrimoine de la ville d’Arles, Service du
Patrimoine, entretien réalisé le 17 mars 2010 au Service du patrimoine de la ville
d’Arles, Arles
Claire NYS, responsable vie étudiante à l’Antenne Universitaire de la ville d’Arles,
coproductrice du festival, entretien réalisé le 4 juin 2010, à Arles.
95
LISTE D’ANNEXES
1. Les 36 communes du Pays d’Arles
2. Le Crau
3. Les principales fêtes d’Arles
4. Le secteur sauvegardé
5. Répartition du public français du festival des Rencontres d’Arles
6. Choix de visite après les Rencontres d’Arles (étude des publics 2009)
7. Questionnaire de l’étude du public 2010
98
Annexe 3
Agenda des principales manifestations d’ARLES
Pâques : Feria pascale
1er mai : Fête des Gardians et tous les 3 ans élection de la Reine d’Arles
Début mai : Festival européen de la photo de nu
Mi-mai : Jazz in Arles
Début juillet : Les Fêtes d’Arles (pegoulado, fête du costume et cocarde d’or)
Début juillet : Les Rencontres d’Arles (Rencontres internationales de la photographie)
Mi juillet : Les Suds à Arles, (musiques du monde) et les escales du Cargo (concerts)
Fin juillet : Université d’été de la radio
Fin août : Arelate (journées romaines) et festival du film Peplum
Mi-septembre : Feria du riz, festival du cheval et Camargue gourmande
Fin septembre : Fête des prémices du riz
Fin septembre : Salon des antiquités et de la brocante
Fin octobre : Festival de la harpe
Fin novembre : Provence Prestige
Fin novembre-début janvier : Salon international des santonniers
Fin décembre : Drôles de Noël
GALLERIE DE PHOTOS ARLES
Vue de la ville d’Arles du tour de l’Amphithéâtre des Arènes
Le Théâtre antique
Vue de la cour du musée Réattu
Photographie de Picasso au musée Réattu, le tapis est
une création de Christian Lacroix
Le Rhinocéros de la 41ème
édition des Rencontres d’Arles devant l’Office de Tourisme
Il est resté pendant toute la période estivale
Styles de peintures de Van Gogh dans différents points dans la ville
Points de repère pour la visite guidée de l’office de Tourisme, Arles et Van Gogh
Affiche de la stratégie communication Arles Ville de Pays d’Art et d’Histoire
PROJET D’AMENAGEMENT DES ATELIES PAR LA FONDATION LUMA
Projet d’aménagement des Ateliers : une politique de développement de la ville
La maquette du projet de l’aménagement des Ateliers par la Fondation Luma, exposé pendant l’été à
Arles
Plusieurs représentations du bâtiment principal
Affiche du festival ARELATE & du Festival PEPLUM
Affiche du festival Les Rencontres d’Arles