Upload
sa-ipm
View
217
Download
2
Embed Size (px)
DESCRIPTION
Hors Série La Libre Belgique
Citation preview
LES COULISSESDE LA CRISE POLITIQUE
HORSSERIE
De nouvellesrévélations
HORS
-SER
IEDE
LALIBR
EBELGIQUE
-LES
FORÇ
ATSDE
LARU
EDE
LALO
I-FÉVR
IER20
11-5,50€
������������� ���
Février 2011 - Hors-série de La Libre Belgique 3
SOMMAIRE
CHAPITRE 1Chez Bruneau: menu copieux, addition saléeUPP. 10 À 17CHAPITRE 2“Alexander, on peut arrêter les conneries...”
UPP. 18 À 25CHAPITRE 3Elio et Bart : le flirt de l’après-13 juinUPP. 26 À 33CHAPITRE 4La bataille des portefeuilles ministérielsUPP. 34 À 43CHAPITRE 5“Si vous continuez, vous n’aurez rien!”UPP. 44 À 47CHAPITRE 6“Wouter, tu t’es fait rouler...!”UPP. 48 À 53CHAPITRE 7De Wever s’impose dans le cockpitUPP. 54 À 59CHAPITRE 8Le chemin de croix de Johan Vande LanotteUPP. 60 À 65ORANGE BLEUEOrange, ô désespoirUPP. 66 À 68
Vice-président du CA et du CP:Patrice le HodeyAdministrateur délégué-éditeur responsable:François le HodeyDirecteur général: Denis PierrardRédacteur en chef: Vincent SlitsRédacteur en chef adjoint: Pierre-François LovensRédaction: 02.211.28.11Abonnements: 02.744.44.44Courriel: [email protected] Libre Hors-Série :Jean-Pierre Lambert (conception graphique), PierreGilissen (traduction), Etienne Scholasse et Johanna deTessières (iconographie), Didier Lorge (infographie).
Une enquête réaliséepar Martin Buxant,Francis Van deWoestyne et la
rédaction politiquedu “Morgen”.
En collaborationavec la RTBF.
4 Hors-série de La Libre Belgique - Février 2011 Février 2011 - Hors-série de La Libre Belgique 5
La crise politique en huitchapitres inédits
F orçat : nom masculin, d’origine italienne(forzato). Forzare : forcer. Homme réduit àune condition de travail très pénible. Ex
pression : travail de forçat, de bagnard. Travaillerpéniblement, très durement. Travailler commeun cheval.
Voici “Les forçats de la rue de la Loi”... Des femmeset des hommes politiques qui, depuis dix mois,sont plongés au cœur de la plus longue crise politique que la Belgique ait jamais connue. Des responsables politiques qui, depuis dix mois, butent surles trottoirs de la rue de la Loi. Et qui ont décrochéun record bien singulier : celui de détenteurs de laplus longue crise politique d’Europe – laissant lesPaysBas et leurs 208 jours sans gouvernementdans le vent. Record battu... Et grand temps, donc,de jeter un œil dans le rétroviseur.
Voici “Les forçats de la rue de la Loi”, la reconstruction d’une véritable descente aux enfers politique. Une immersion dans le chaos institutionnelqui frappe et paralyse le pays. Cette série politique,minutieuse, étayée millimètre par millimètre, oùles faits ont été étroitement recoupés, est le fruitd’une collaboration entre la rédaction politique de“La Libre” et celle du quotidien “De Morgen”. Cesdeux journaux de référence, un francophone et unflamand, ont uni leurs forces afin de vous livrerhuit épisodes riches en rebondissements et quivous permettent une lecture entièrement inéditede ces laborieuses négociations.
C’est bien davantage qu’une leçon de rattrapagepolitique dans laquelle vous serez plongés. Des faitsminutieusement reconstitués, des dialogues reconstruits, des documents inédits, des anecdoteséclairantes, des analyses insoupçonnées : c’est sous
un jour neuf que vous allez découvrir ces longsmois de négociations.
Voici huit frappes chirurgicales. Huit épisodes : dela faillite de la négociation menée par JeanLuc Dehaene au printemps 2010 jusqu’à la mission deconciliation de Johan Vande Lanotte. Ces “snapshots”, photographies instantanées de la crise politique, n’apparaîtront pas nécessairement dans l’ordre chronologique. Ainsi, avant de jeter un éclairage nouveau sur la chute du gouvernement, auprintemps 2010, nous débuterons l’histoire par ledésormais célèbre déjeuner estival dans le restaurant étoilé “Bruneau” entre les responsables de laNVA et du MR, à la fin du mois d’août. Ce dînersymbolise à lui seul la faillite de ces mois de négociations : la rupture totale de confiance entre lessept partis qui tentaient de négocier depuis le scrutin du 13 juin dernier.
“Les forçats”, c’est une lecture équilibrée de lacrise politique puisque tous les acteurs, francophones et flamands, qu’ils soient impliqués au premierchef ou d’un peu plus loin dans la crise politique,ont accepté de livrer leur témoignage à “La Libre” età “De Morgen”. Une trentaine de responsables politiques, dont tous les présidents de parti, ont livréleur témoignage pour cette reconstruction minutieuse.
Cette série a également bénéficié du support indispensable de nos collègues JeanPierre Lambertet Didier Lorge. Et de Pierre Gilissen.
Ces épisodes, aujourd’hui compilés dans un horssérie de “La Libre Belgique”, sont enrichis de nouvelles informations et d’un chapitre totalementinédit lié aux négociations difficiles menées aucoeur du mois d’août alors qu’Elio Di Rupo étaitpréformateur.
P “La Libre” et “De Morgen” ont reconstruit dix mois de crise. Un récit riche enrebondissements. Mais, attention, ceci n’est pas une fiction...
Le dessous des cartesMais qu’ontils donc fait depuis le 13 juin 2010 ?Comment Elio Di Rupo et Bart DeWever se sontilsapprivoisés ? Comment s’est déroulé le premierweekend de travail à Vollezele ? Pourquoi leslibéraux ontils été exclus des négociations ? Lorsde ce fameux déjeuner chez Bruneau, que se sontdit Didier Reynders, Bart DeWever, Sigfried Brackeet LouisMichel ? Pourquoi le CD&V estil à ce pointscotché à la NVA ? Lemalaise de Bart DeWeverétaitil réel ? Pourquoi aton ouvert le chantier dela loi de financement ? Lesécologistes vontils resterdans la négociation ? Quifait la loi au CD&V ? Quelplan Joëlle Milquet atelle déposé pour résoudrel’épineux dossier deBHV ? Pourquoi le Roiatil hésité à nommerBart DeWever clarificateur ? Qui s’est réellementopposé à la désignation deJohan Vande Lanotte ?
C’est à ces questions, et àbien d’autres encore, quenous allons tenter de répondre. La saga que nousavons choisi de raconter, alimentée par des heuresd’entretiens avec les principaux acteurs, a un double objectif :briser un certain nombre de tabous, combattre lesidées reçues et mettre au jour les vrais scénarios;permettre au lecteur de comprendre, de décoder,de découvrir la vraie négociation comme s’il l’avaitvécue dans les coulisses. Et celamême si, lorsd’épisodes délicats et tendus, il n’a pas toujours étépossible de dégager une seule version des faits.Chaque lecteur aura ainsi le loisir de se forger sapropre conviction sur base des sentiments livrés.
Ce travail met en lumière l’implication quotidienne de la plupart des acteurs. Pendant ces longsmois, les principaux négociateurs et leurs collaborateurs, leurs infatigables sherpas, ont produit unequantité invraisemblable de notes, de documents,de statistiques, de projections, qui ont alimenté lestravaux. La plupart ont agi en hommes et femmesd’Etat avec la volonté réelle de sortir le pays dubourbier institutionnel dans lequel il se trouve,même si parfois les solutions présentées pouvaient
paraître non adaptées ou irréalistes. Mais tous ontla conviction qu’un nouvel équilibre est possible.La difficulté vient évidemment du fait que francophones et Flamands ne placent pas le curseur aumême endroit entre fédéralisme et séparatisme.
Aujourd’hui, la rue s’impatiente. Les Belges, dansleur grande sagesse, ne comprennent pas pourquoi,après tant et tant de discussions, un accord n’esttoujours pas en vue. Desmanifestations s’organi
sent. Des démarchescitoyennes voient le jour.Sortiraton un jour de lacrise ? Oui, évidemment.Comment ? Avec quelspartenaires ? Personne nele sait vraiment. Dans unpays largement fédéralisé, la démocratie reposesur un double principe :la majorité ne peut imposer sa loi à laminorité; etla minorité ne peut empêcher lamajorité d’accomplir son destin. Toutest donc une question
d’équilibre.
Un équilibre qui nécessite des compromis, desconcessions. LA question est évidemment de savoirsi tous les partis autour de la table, la NVA (et leCD&V ?) en particulier, sont capables de s’inscriredans cette logique ou s’ils ne cherchent “simplement” à démontrer que le pays est ingouvernablepour précipiter le but ultime de leur combat politique : la séparation du pays.L’autre élément essentiel à la conclusion d’unaccord, c’est la confiance. Si elle a fait une timideapparition au tout début des négociations, enjuillet 2010, elle s’est rapidement dégradée au fildes jours et des semaines. Si bien que 8mois aprèsle début des négociations, cet élément essentiel faitencore défaut et permet d’expliquer la difficultéqu’ont les partis à conclure.
En racontant ce qui n’est pas une fiction, nousespérons vous aider àmieux comprendre les enjeux. Puisse la lecture de cette histoire vous aider àsuivre les chapitres suivants qui se dérouleront lesmois prochains sous vos yeux.
la loi de financement ? Les
elle déposé pour résoudre
teur ? Qui s’est réellementopposé à la désignation de
Francis Van de Woestyne et Martin BuxantEDITO
Février 2011 - Hors-série de La Libre Belgique 5
La crise politique en huitchapitres inédits
F orçat : nom masculin, d’origine italienne(forzato). Forzare : forcer. Homme réduit àune condition de travail très pénible. Ex
pression : travail de forçat, de bagnard. Travaillerpéniblement, très durement. Travailler commeun cheval.
Voici “Les forçats de la rue de la Loi”... Des femmeset des hommes politiques qui, depuis dix mois,sont plongés au cœur de la plus longue crise politique que la Belgique ait jamais connue. Des responsables politiques qui, depuis dix mois, butent surles trottoirs de la rue de la Loi. Et qui ont décrochéun record bien singulier : celui de détenteurs de laplus longue crise politique d’Europe – laissant lesPaysBas et leurs 208 jours sans gouvernementdans le vent. Record battu... Et grand temps, donc,de jeter un œil dans le rétroviseur.
Voici “Les forçats de la rue de la Loi”, la reconstruction d’une véritable descente aux enfers politique. Une immersion dans le chaos institutionnelqui frappe et paralyse le pays. Cette série politique,minutieuse, étayée millimètre par millimètre, oùles faits ont été étroitement recoupés, est le fruitd’une collaboration entre la rédaction politique de“La Libre” et celle du quotidien “De Morgen”. Cesdeux journaux de référence, un francophone et unflamand, ont uni leurs forces afin de vous livrerhuit épisodes riches en rebondissements et quivous permettent une lecture entièrement inéditede ces laborieuses négociations.
C’est bien davantage qu’une leçon de rattrapagepolitique dans laquelle vous serez plongés. Des faitsminutieusement reconstitués, des dialogues reconstruits, des documents inédits, des anecdoteséclairantes, des analyses insoupçonnées : c’est sous
un jour neuf que vous allez découvrir ces longsmois de négociations.
Voici huit frappes chirurgicales. Huit épisodes : dela faillite de la négociation menée par JeanLuc Dehaene au printemps 2010 jusqu’à la mission deconciliation de Johan Vande Lanotte. Ces “snapshots”, photographies instantanées de la crise politique, n’apparaîtront pas nécessairement dans l’ordre chronologique. Ainsi, avant de jeter un éclairage nouveau sur la chute du gouvernement, auprintemps 2010, nous débuterons l’histoire par ledésormais célèbre déjeuner estival dans le restaurant étoilé “Bruneau” entre les responsables de laNVA et du MR, à la fin du mois d’août. Ce dînersymbolise à lui seul la faillite de ces mois de négociations : la rupture totale de confiance entre lessept partis qui tentaient de négocier depuis le scrutin du 13 juin dernier.
“Les forçats”, c’est une lecture équilibrée de lacrise politique puisque tous les acteurs, francophones et flamands, qu’ils soient impliqués au premierchef ou d’un peu plus loin dans la crise politique,ont accepté de livrer leur témoignage à “La Libre” età “De Morgen”. Une trentaine de responsables politiques, dont tous les présidents de parti, ont livréleur témoignage pour cette reconstruction minutieuse.
Cette série a également bénéficié du support indispensable de nos collègues JeanPierre Lambertet Didier Lorge. Et de Pierre Gilissen.
Ces épisodes, aujourd’hui compilés dans un horssérie de “La Libre Belgique”, sont enrichis de nouvelles informations et d’un chapitre totalementinédit lié aux négociations difficiles menées aucoeur du mois d’août alors qu’Elio Di Rupo étaitpréformateur.
P “La Libre” et “De Morgen” ont reconstruit dix mois de crise. Un récit riche enrebondissements. Mais, attention, ceci n’est pas une fiction...
6 Hors-série de La Libre Belgique - Février 2011 Février 2011 - Hors-série de La Libre Belgique 7
JOHA
NNADE
TESSIÈRE
S
Elio Di Rupo, président du Partisocialiste.
JOHA
NNADE
TESSIÈRE
S
Laurette Onkelinx(PS).
OLIVIERPIRA
RD
Jean-Claude Marcourt (PS).
JOHA
NNADE
TESSIÈRE
S
Bart De Wever, président de laN-VA.
Ben Weyts (N-VA).
JULIEN
WAR
NAND
/BELGA
Jan Jambon (N-VA).
BELGA
Didier Reynders, président du
MR.
JOHANNA DE TESSIÈRES
Louis Michel (MR).
DIDIER BAUWERAERTS
Joëlle Milquet, présidente du
CDH.
ALEXIS
HAUL
OT
Melchior Wathelet (CDH).
Le casting des
“forçats”Voici les responsables politiques qui, depuisdix mois, sont au cœur de cette interminablecrise politique. Afin de reconstruire le plus mi-nutieusement possible les chapitres qui sui-vent, “La Libre” et “De Morgen” se sont entre-tenus avec chacun d’entre eux. Des heures d’en-tretiens avec ces responsables de tous lespartis démocratiques, francophones et fla-mands, qui ont été à un moment ou à un autre àl’épicentre de la crise. Côté francophone, lesquatre grands partis ont été auscultés (PS, MR,CDH et Ecolo) tandis que, côté flamand, desmembres de la N-VA, du CD&V, du SP.A, deGroen! et de l’Open VLD ont accepté de s’entre-tenir avec nous.
JOHANNA DE TESSIÈRES
LES ACTEURS
GEOFFROY VAN DER HASSELT ST.LLB
Février 2011 - Hors-série de La Libre Belgique 7
JOHA
NNADE
TESSIÈRE
S
Bart De Wever, président de laN-VA.
Ben Weyts (N-VA).
JULIEN
WAR
NAND
/BELGA
Jan Jambon (N-VA).
BELGA
Didier Reynders, président du
MR.
JOHANNA DE TESSIÈRES
Louis Michel (MR).
DIDIER BAUWERAERTS
Joëlle Milquet, présidente du
CDH.
ALEXIS
HAUL
OT
Melchior Wathelet (CDH).
JOHANNA DE TESSIÈRES
GEOFFROY VAN DER HASSELT ST.LLB
8 Hors-série de La Libre Belgique - Février 2011 Février 2011 - Hors-série de La Libre Belgique 9
BRUN
ODE
VOGH
EL
Jean-Michel Javaux, coprésidentd’Ecolo.
CHRISTOP
HEBO
RTELS
Marcel Cheron (Ecolo).
DIRK
WAE
M/BELGA
Marianne Thyssen (CD&V).
DIDIER
BAUW
ERAE
RTS
Jean-Marc Nollet (Ecolo).
JULIEN
WAR
NAND
/BELGA
Wouter Beke, président duCD&V.
CHRISTOP
HEBO
RTELS
Kris Peeters (CD&V).
VIRG
INIE
NGUY
ENHO
ANGST.LLB
Christos Doulkeridis (Ecolo).
BERNARD DEMOULIN
Yves Leterme (CD&V), Premier
ministre.CHRISTOPHE BORT
ELS
Jean-Luc Dehaene(CD&V).
GAËTAN
NERINC
X(ST.)
Caroline Gennez, présidente duSP.A.
DIRK
WAE
M/BELGA
Wouter Van Besien, présidentde Groen !
JOHANNA DE TESSIERE
S
Alexander De Croo, prés
ident de
l’Open VLD.
ALEXIS
HAUL
OT
Johan Vande Lanotte, concilia-teur royal (SP.A).
ERIC VIDAL/BELGA
Stefan Van Hecke (Groen !)
CHRISTOP
HEBO
RTELS
Guy Vanhengel (Open VLD).
DIDIER
BAUW
ERAE
RTS
Vincent Van Quickenborne(Open VLD).
Février 2011 - Hors-série de La Libre Belgique 9
CHRISTOP
HEBO
RTELS
Marcel Cheron (Ecolo).
CHRISTOP
HEBO
RTELS
Kris Peeters (CD&V).
CHRISTOPHE BORTELS
Jean-Luc Dehaene(CD&V).
GAËTAN
NERINC
X(ST.)
Caroline Gennez, présidente duSP.A.
JOHANNA DE TESSIERE
S
Alexander De Croo, prés
ident de
l’Open VLD.
ALEXIS
HAUL
OT
Johan Vande Lanotte, concilia-teur royal (SP.A).
CHRISTOP
HEBO
RTELS
Guy Vanhengel (Open VLD).
DIDIER
BAUW
ERAE
RTS
Vincent Van Quickenborne(Open VLD).