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L'espace productif est un espace géographique, un espace aménagé pour une activité économique spécialisée. En Polynésie française, ce sont surtout les espaces littoraux qui attirent les activités économiques. Cette littoralisation des activités permet à la Polynésie française de s'intégrer au système monde.
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Averii PIRITUA Géographie : Sujet d’étude : Les transformations de l’espace productif et décisionnel Situation : L’espace productif dans lequel est situé l’établissement
Lycée Professionnel de Faa’a Terminale bac pro Année 2013-‐2014
MISE AU POINT SCIENTIFIQUE
L’espace productif dans lequel est situé l’établissement :
L'exemple du tourisme en Polynésie française.
L'espace productif est un espace géographique, un espace aménagé pour une activité économique spécialisée. En Polynésie française, ce sont surtout les espaces littoraux qui attirent les activités économiques. Cette littoralisation des activités permet à la Polynésie française de s'intégrer au système monde. Dans le cadre des espaces productifs, l'espace touristique polynésien constitue la meilleure possibilité de développement. Ainsi donc, l'activité touristique est la première activité économique de la Polynésie française, elle représente 60% de ses ressources. Par sa notoriété mondiale, sa culture authentique, sa situation géographique et son climat, la Polynésie française a su développer son activité touristique, laquelle représente 7% de son produit intérieur brut et assure 16 % de l'emploi salarié. Comment l'espace productif touristique polynésien s'intègre-‐t-‐il dans la mondialisation ? Afin de répondre à cette problématique, nous verrons dans une première partie les permanences de l'espace productif, puis dans une deuxième partie les mutations que connait cet espace, et enfin une troisième partie présentera une typologie de celui-‐ci. I – Les permanences de l'espace productif touristique. Pour montrer les permanences de l'espace productif touristique, nous pouvons citer 2 catégories bien distinctes : les espaces dédiés à l'hôtellerie classée (tourisme de luxe) tournés essentiellement vers les touristes internationaux et les espaces dédiés à la petite hôtellerie familiale (les pensions de famille, les chambres d'hôtes, les locations chez des particuliers). A– Le tourisme de luxe ou le tourisme classé. Le tourisme de luxe se concentre essentiellement sur 3 îles, Tahiti, Bora Bora et Moorea. Il rassemble les grands groupes internationaux comme Starwood (Le Méridien, Saint Regis), Accor (Sofitel, Novotel), Hilton, Intercontinental, South Pacific Management (Pearl Resort, Maitai).
Implantés dans des décors de rêve, les plus beaux hôtels offrent le meilleur du luxe : des situations en bordure de lagons ou sur des "motu" (atolls) privés... L'hôtellerie de luxe en Polynésie française propose des hébergements de qualité, à l'architecture typiquement polynésienne.
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Les établissements hôteliers en Polynésie française
Source : Service du tourisme.
Malgré une amélioration des performances de l'hôtellerie classée, celle-‐ci n'est pas épargnée par la fermeture de plusieurs établissements pour cause de difficultés financières et de dégâts occasionnés par les passages des cyclones Veena, Oli… Les capacités d’hébergement se sont contractées en 2012 ( -‐9) avec les fermetures définitives du Sofitel de Tahiti, du Pearl Beach de Manihi et du Rurutu Lodge de Rurutu.
Dans le même temps, pour pallier la baisse de la fréquentation hôtelière enregistrée depuis 2008 , certains groupes ont rénové leurs unités vieillissantes, tout en se conformant aux nouveaux standards internationaux, en visant un standing plus élevé, à l’instar du Hilton à Moorea, du Méridien à Bora Bora ou du Kia Ora à Rangiroa.
L’amélioration des performances de l’hôtellerie classée se poursuit en 2012. Au total, 2379851 nuitées ont été vendues, soit une progression 4,3 % par rapport à 2011. Cette progression est surtout visible dans l'archipel de la société.
Malgré, cette hausse, les entreprises hôtelières et les restaurants ont continué à ajuster leurs charges salariales par des licenciements et des réductions du temps de travail.
B – Les pensions de famille Sur le plan géographique, la petite hôtellerie dispose d'une plus large couverture du territoire que l'hôtellerie classée. Présente sur la quasi totalité des îles de Polynésie française, elle représente un acteur essentiel de la vie économique des archipels polynésiens.
En 2012, le nombre d'établissements d'hébergement chez l'habitant représente plus de 290 établissements.
IDV, 58,30%
ISLV, 58,70%
Le coefHicient de remplissage 2011
Archipels hôtels Nb unités Capacités Iles du Vent 20 1631 4099 Iles sous Le Vent 20 (dont 12 à Bora Bora) 1058 2871 Marquises 2 34 68 Tuamotu 3 135 280 Polynésie française 45 2858 7318
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La croissance des liaisons aériennes vers les archipels et les promotions, les forfaits mis en place par la compagnie Air Tahiti, comme « les séjours dans les îles » et les différents « pass d'Air Tahiti », ont favorisé la croissance de l'espace bâti des pensions de famille.
Répartition des pensions de famille dans les archipels.
Source : Service du tourisme.
C'est l'un des secteurs qui s'est le plus développé depuis les années 1990. La petite hôtellerie fait également l'objet d'une classification, établie par le service du tourisme, suivant la qualité du service, le site d'implantation, l'équipement … une deux ou trois « tiare » sont attribuées selon les critères établis.
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II – Les mutations de l'espace productif touristique. L'espace productif polynésien s'est transformé depuis quelques années. La crise économique mondiale, les changements politiques, la question foncière (l'indivision), le développement durable, de nouveaux facteurs de localisation ont entraîné une modification de ces espaces touchant toutes les formes de tourisme : tourisme de luxe, pensions de famille. A-‐ Les friches touristiques. Les friches touristiques marquent le paysage des îles polynésiennes. Ce phénomène touche toutes les îles, depuis les principales îles d'accueil touristiques (comme Tahiti, Moorea, Bora Bora, Huahine….), jusqu’aux îles périphériques (comme Rurutu, Tubuai, Nuku Hiva…) Nous pouvons classer ces friches touristiques selon différentes catégories: -‐ celles qui sont maintenues dans l'état sans reconversion des lieux. -‐ celles qui sont touchées par une déprise partielle d'une portion de l'espace. C'est sur l'île de Tahiti que sont apparues les premières friches touristiques. Mais, c'est l'île de Huahine qui a été la plus touchée par les friches, sur les 6 plus grands hôtels, il n’en reste plus que trois aujourd'hui : le "Te Tiare Beach Resort", Le Maitai et le Royal Huahine. L'île de Bora Bora a également été touchée par ce phénomène (l'hôtel Bora situé sur la grande île, le Bora Bora Lagoon Resort situé face au quai de Vaitape…). Ces fermetures sont liées à la conjoncture économique mais aussi aux différents aléas climatiques qui ont frappé la Polynésie française. (Cyclones, dépressions) Le Bora Bora Lagoon Resort en 2014
Source : Photo. Manutahi.
Les principales conséquences de ces abandons sont l'envahissement des espaces par la végétation (très rapide en Polynésie française) et l'utilisation de ces espaces abandonnés par les squatteurs ou les propriétaires, comme parking, comme lieux de détente et comme lieu de résidence.
Le Bora Bora Lagoon Resort en 2014
Source : Photo. Manutahi
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B – L'activité touristique tournée vers le développement durable. Le tourisme est devenu progressivement un des champs d'application du développement durable depuis 1992, lors du premier sommet de la Terre à Rio de Janeiro. Ce projet a été redéfini en 1995 et 2004. L'objectif du tourisme durable est d'exploiter des ressources de l'environnement en préservant l'écologie et en aidant à sauvegarder les ressources naturelles de la biodiversité. Dans ce contexte peu favorable, seuls quelques rares projets de nouvelles structures subsistent. Lors d’une conférence de presse parisienne, le PDG de Pacific Beachcomber, Richard H. BAILEY a présenté, en septembre 2010, le nouveau projet du groupe hôtelier : « Le Brando », nouvelle structure haut de gamme (39 villas), implantée sur l’atoll de Tetiaroa et représentant un investissement de 5,9 milliards de F CFP. À noter que l'Intercontinental Bora Bora Resort & Thalasso Spa également géré par R. BAILEY a été un des pionniers dans l'utilisation de cette technologie, en 2006.
La construction de l'hôtel à Tetiaroa
Source : Les Nouvelles de Tahiti. L'hôtel Brando met en avant ses ambitions d’éco station en misant sur une énergie provenant à 100% de sources renouvelables afin de réduire l'utilisation des énergies fossiles :
-‐ L'énergie solaire, produite à partir de panneaux solaires photovoltaïques, installés le long de la piste d'atterrissage sur le côté nord de l'îlot de Onetahi. L'énergie solaire devrait couvrir 35% des besoins d'énergie de l’hôtel.
Source : Site The Brando.com
-‐ Le bio carburant à base d’huile de coprah. Une centrale thermique biocarburant qui utilise l'huile de coco doit normalement compenser toute diminution des sorties d'énergie des installations solaires. L'huile de coco doit assurer 20% des besoins d'énergie sur Tetiaroa.
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-‐ l'air conditionné à l’eau de mer. La climatisation est assurée par le système CSAO qui tire profit de l'eau de mer froide en eau profonde. Ce système de climatisation puise l'énergie naturelle importante et précieuse disponible près des côtes. Les conséquences sont nombreuses : une économie d'énergie, une sauvegarde de l'environnement, la disponibilité de l'eau de mer froide pour différentes applications, une avancée scientifique et technique, une baisse des coûts
en énergie …
Le SWAC Source : Site The brando.com
III – Typologie. A – Les espaces touristiques traditionnels -‐ Le tourisme de luxe. Bora Bora, une île mythique. Cette image est apparue bien après celle de Tahiti. Mais, cette île représente aujourd'hui l'épicentre de la Polynésie française. Elle regroupe les plus prestigieuses et luxueuses enseignes touristiques internationales. La localisation de l'hébergement a beaucoup évolué. Les premiers hôtels étaient situés sur la grande île. Dans les années 90, la grande hôtellerie internationale s'est développée sur des îlots inhabités. Aujourd'hui, plus de la moitié de l'hébergement se trouve sur des "motu". -‐ Les pensions de famille. De plus en plus, elles attirent une grande partie de la population locale et internationale à revenus modérés. Elles affirment une certaine authenticité de la culture polynésienne. Elles font l'objet de suivi par les services du pays, et proposent de plus en plus un hébergement de qualité, des sites propices à toutes les activités de loisirs. -‐ Les friches touristiques et les principales destinations. Amorcée au début des années 2000, la déprise partielle voire totale de complexes hôteliers touche de plus en plus d’hôtels et d’îles de l’archipel de la société à commencer par les trois plus grandes : Tahiti, Moorea et Bora-‐Bora
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Tahiti : Les premières friches sont apparues sur l'île de Tahiti. L'Hôtel Bel Air à Punaauia est la plus ancienne friche touristique de la Polynésie. L'hôtel Matavai qui était situé à l'entrée de la vallée de Tipaerui a été le deuxième hôtel à fermer. Depuis, plusieurs hôtels ont arrêté leurs activités en raison de la crise économique: l'hôtel Prince Hinoi (2007), le Royal Papeete (2009 ouvert depuis 1930), l'hôtel Taharaa situé sur un parc de 8 hectares… Moorea : L'île de Moorea est également touchée par la fermeture progressive des différents complexes hôteliers. Les plus grands hôtels qui ont marqué l'histoire du tourisme polynésien sur Moorea, ont fermé. (Le club Med fermé en 2005, le Moorea village, l'hôtel Cook's Bay…) Plusieurs années après leur fermeture, ils marquent encore le paysage côtier de Moorea, par leurs imposantes structures. L'hôtel Cook's Bay
Source : Les friches touristiques en Polynésie française, Philippe Bachimon Bora Bora : L'île de Bora Bora qui représente la 3ème destination touristique après Tahiti et Moorea, est également touchée par les friches touristiques. Les hôtels sur l'île principale ont presque tous fermés: Le Bora Bora fermé en 2010 après 40 ans de service, le Club Med en 2005 et le Novotel en 2011. Ces fermetures sont dues à différents facteurs : les risques naturels, la crise économique et des problèmes financiers. À Bora Bora, pour se protéger des problèmes climatiques, les grands hôtels s'avancent un peu plus sur le lagon. Leurs pilotis sont de plus en plus hauts. Les transformations de l'espace côtier sont importantes : remblais, épis, plages et îlots artificiels. (Exemple: le ST Régis Resort a édifié 3 "motu" artificiels et une lagune) B-‐ Le tourisme et le développement durable : vers de nouveaux espaces touristiques ? -‐ La réserve de biosphère de la commune de Fakarava classée par l'UNESCO. La réserve est située dans l’archipel des Tuamotu, à 350 kilomètres au nord-‐est de l’île de Tahiti. Elle est formée par 7 îles basses d’origine corallienne ou atolls : Aratika, Fakarava, Kauehi, Niau, Raraka, Taiaro, et Toau, qui témoignent des richesses de l'écosystème : faune et flore particulièrement rares, avec le martin-‐pêcheur chasseur, le palmier des Tuamotu et, dans les lagons, des specimens de crustacés tels que les squilles ou cigales de mer. Créée en 1977, elle ne désignait au départ qu'un atoll : Taiaro. Il a été le premier à avoir été inclu dans le réseau internationalement reconnu que forment les réserves du programme Man And Biosphere (MAB ou l’homme et la biosphère) de l’UNESCO. À partir de 1995, l'atoll de Taiaro, ne répondant plus aux critères du programme, une longue procédure de consultation entre les populations des atolls et
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le gouvernement fut mise en place, afin d'étendre la réserve de biosphère à l'ensemble des atolls de la commune de Fakarava. Cette procédure a duré 10 ans. En 2006, L'ensemble des atolls de la commune forme « la réserve de biosphère de la commune de Fakarava ». Cette réserve représente une superficie totale de 2 682 km², dont 89% de lagons. La superficie marine est de 2 564 km² alors que la superficie terrestre n’est que de 118 km².
La réserve de la commune de Fakarava.
Source : Site de la direction de l'environnement polynésien. -‐ Le PGEM de Moorea (Plan de Gestion de l'Espace Maritime) Moorea, deuxième destination touristique, bénéficie d’un lagon aux attraits touristiques et économiques variés. C’est pourquoi un PGEM (Plan de Gestion de l’Espace Maritime) a été mis en place en 2005. Le lagon est un milieu fragile. Sa surexploitation à Moorea et l’existence de conflits d’usage a amené la commune à réfléchir sur une façon plus efficace de protéger ce milieu convoité. Avec le soutien de la population, le Territoire a validé le projet du PGEM, répondant ainsi à un enjeu environnemental. Le PGEM s’est fixé pour but d’exploiter durablement les ressources lagonaires, de conserver et de valoriser son patrimoine et d’assurer le repeuplement du lagon pour les générations futures. Pour y parvenir, le PGEM contrôle, réglemente toutes les activités qui touchent au lagon (pêche, loisirs, aménagement, recherche scientifique, plaisance). Il réorganise ainsi l’espace maritime de Moorea. Pour cela, le lagon est divisé en 8 AMP (Aires Marines Protégées) auxquelles s’ajoutent 2 zones à réglementation spéciale uniques en Polynésie. Après cinq ans de suivi, le bilan semble assez mitigé. Certes on peut se réjouir du repeuplement de zones marines jusque là menacées. Mais, ces AMP ne concernent que le domaine de la pêche, et le manque de moyens de la commune peut également être un obstacle à la réalisation des objectifs du PGEM.
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Le PGEM de Moorea
Source : Site de l'association du PGEM -‐ L'hôtel Brando : éco Resort de luxe.
L'hôtel « Le Brando »
Source: Le point.fr
Le Brando est un éco-‐Resort de luxe à vingt minutes de vol de Tahiti. La station sera entièrement autosuffisante avec des sources d'énergies renouvelables non fossiles et devrait obtenir la certification LEED Platine. Pour la construction des villas tout a été contrôlé : des colles aux matériaux, jusqu’à la manière de faire. Ce complexe de luxe veut ainsi développer les énergies renouvelables : Le SWAC devrait produire 45% des besoins d'énergie sur Tetiaroa, le complément étant fourni par l'énergie solaire et l'utilisation du bio carburant. Chaque lot privé pourra accueilli une villa dont l'architecture sera similaire à celle de l'hôtel. Ces lots seront connectés (électricité, eau, évacuation des eaux usées) et les clients auront accès à toutes les installations et équipements de la station six étoiles.
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Conclusion : L'espace productif polynésien est essentiellement le résultat de l'activité touristique, la première activité économique de la Polynésie française, et favorise son intégration dans la mondialisation. Cette intégration est perçue à différentes échelles. À l'échelle du pays, avec les politiques mises en place par le gouvernement polynésien et les institutions de l'Etat pour développer cette activité. À l'échelle régionale, avec toutes les nouvelles constructions, les rénovations développées par les grands groupes internationaux. Il s'intègre également au système monde par des politiques qui favorisent le développement durable et la protection de la biodiversité des archipels pour l'ensemble des complexes hôteliers. Aujourd'hui, plusieurs projets voient le jour pour réhabiliter les friches touristiques, permettant ainsi à la Polynésie française de sortir de cette dépression économique. Prenons comme exemple, les projets de rachat des hôtels de Bora Bora, par des grands groupes chinois ou américains et le projet « Mahana Beach ». Mais, ces projets ne favorisent-‐ils pas encore et toujours une clientèle aisée ? Quelles seraient les conséquences de cette intégration à la mondialisation pour les populations locales des différents archipels? Les sources : -‐ Rapport de l'Institut d'Emission d'Outre-‐Mer : 2013 -‐ "Le tourisme en Polynésie française", ISPF. Collection tourisme -‐ "Le tourisme en Polynésie française", ISPF. Collection études -‐ Rapport "Le tourisme en Polynésie française et dans le monde : une étude comparative" de V. DROPSY, C. MONTET, B. POIRINE, mai 2010. -‐ Les friches touristiques en Polynésie française : révélateur de crise de la destinations et forme de résistance au tourisme international" de P. BACHIMON. -‐ Site du service du tourisme. -‐ « Développement de la promotion du tourisme durable en Polynésie française » de M. PETIT -‐ Rapport « Initiative Corail pour le Pacifique » (CRISP) Texte intégral en libre accès disponible depuis le 15 décembre 2008. -‐ « Les cocotiers de la France, Tourisme en Outre-‐Mer, 2009 » de JC. GAY.