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Lu pour vous Patrick Colné a , Jean-Louis Estrade b , Jean-Luc Nephtali c a 21, rue Père-Corentin, 75014 Paris, France b Chemin du Postillon, 36100 Issoudun, France c 11, rue Bachelet, 75018 Paris, France Douleurs fémoro-patellaires & Fukuda TY, Melo WP, Zaffalon BM et al., Hip posterolateral musculature strengthening in sedentary women with patellofemoral pain syndrome: a randomized controlled clinical trial with one year follow-up. JOSPT 2012; 42:82330. Le renforcement des muscles posté- rieurs et latéraux de la région de la han- che est un plus au traitement « conventionnel » des douleurs fémoro-patellaires. Cette étude, randomisée et contrôlée, avait pour objectif d'évaluer l'intérêt d'ajouter un renforcement des muscles de la région postérolatérale de la han- che au traitement dit « conventionnel » des douleurs fémoro-patellaires. La population étudiée comportait 54 jeu- nes femmes âgées entre 20 et 40 ans. Toutes souffraient de douleurs fémoro- patellaires unilatérales depuis plus de trois mois. Cette population a été répar- tie de façon aléatoire en deux groupes : un groupe knee exercise (KE) qui rece- vait le traitement « conventionnel » et un groupe knee and hip exercise (KHE) pour lequel était pratiqué un ren- forcement des muscles de la région pos- térolatérale de la hanche en plus du traitement « conventionnel ». Les critères d'inclusion dans l'étude étaient de souffrir de douleurs fémoro- patellaires unilatérales depuis plus de trois mois. Ces douleurs étaient nies comme une douleur siégeant à la partie antérieure du genou. Elles devaient être accentuées par la réalisation d'au moins deux des activités suivantes : montée et/ou descente des escaliers, position assise prolongée, squatting, extension isométrique résitée du genou pratiquée à 608 de exion, s'agenouiller, sauter. Enn les douleurs devaient être provo- quées par la palpation (médiale ou laté- rale) de la face postérieure de la patella. Toute autre pathologie du genou (insta- bilité patellaire et dysplasies fémoro- patellaires notamment) était un critère d'exclusion. Chaque groupe recevait 12 séances de rééducation à un rythme de trois séan- ces par semaine. En dehors des séan- ces aucun exercice ne devait être pratiqué à la maison. Le traitement conventionnel (KE) comportait des exercices de renforcement des muscles moteurs du genou et des étirements des muscles ischio-jambiers, du triceps sural et du droit fémoral, ainsi que du tractus iliotibial. Le groupe KHE prati- quait en supplément des exercices de renforcement des muscles abducteurs et rotateurs latéraux de hanche. Le ren- forcement musculaire était pratiqué en chaîne ouverte contre résistance directe (charge ou bande élastique), par série de dix répétitions contre 70 % de la force musculaire maximale (réévaluée chaque semaine) et en fonc- tion du seuil de tolérance. Les étire- ments étaient réalisés par le MK, chacun durait 30 secondes et était répété trois fois. L'évaluation des résultats était faite en aveugle et portait sur les critères suivants : la douleur, évaluée à l'EVA, pour laquelle une diminution de deux points était considérée comme la dif- férence minimale cliniquement impor- tante (signicative) ; le score fonctionnel du MI (LEFS), échelle comportant 20 activités fonc- tionnelles du MI, chacune pouvant être côtée entre 0 (difculté extrême à réaliser) et 4 (pas de difculté) ; le score anterior knee pain, échelle comportant 13 items parmi lesquels : des activités fonctionnelles du MI, la présence de douleur et différents signes cliniques susceptibles d'accom- pagner une pathologie du genou. Chaque item est doté d'un poids variable et le score maximum de l'échelle est de 100 indiquant une fonc- tion optimale ; le single hop test qui consiste à effec- tuer un saut en appui unilatéral vers l'avant. Les résultats de cette étude montrent qu'il n'y avait pas de différence entre les groupes avant traitement, qu'il s'agisse des caractéristiques anthropo- métriques, de la douleur ou des capa- cités fonctionnelles. Pour la comparaison au sein des grou- pes, ils montrent que : dans le groupe KHE, la diminution de la douleur et l'ensemble des scores fonctionnels (capacités fonctionnel- les) était meilleur trois, six et 12 mois après l'arrêt du traitement ; dans le groupe KE, la douleur n'était diminuée que six mois après traite- ment et seulement pour la montée des escaliers, pour la descente des escaliers la douleur n'était diminuée que 12 mois après traitement, qu'en- n pour le single hop test la douleur était diminuée à chaque évaluation (trois, six, 12 mois). Pour la comparaison entre les groupes les résultats montrent que : quelle que soit la date de l'évaluation (trois, six, 12 mois), la douleur était toujours plus faible pour le groupe KHE ; quel que soit le test pratiqué, et quelle que soit la date de l'évaluation, les capacités fonctionnelles étaient tou- jours plus élevées et meilleures pour le groupe KHE. Toutes ces différences étaient statisti- quement signicatives. Patrick Colné [email protected] Auteur correspondant : Patrick Colné, 21, rue Père-Corentin, 75014 Paris, France. Adresse e-mail : [email protected] Kinesither Rev 2013;13(136):1012 Actualités / Revue de presse 10 http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2013.01.012

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Auteur correspondant :Patrick Colné,21, rue Père-Corentin, 75014 Paris, France.Adresse e-mail : [email protected]

Kinesither Rev 2013;13(136):10–12Actualités / Revue de presse

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Lu pour vous

Patrick Colné a, Jean-Louis Estrade b, Jean-Luc Nephtali c

a21, rue Père-Corentin, 75014 Paris, FrancebChemin du Postillon, 36100 Issoudun, Francec11, rue Bachelet, 75018 Paris, France

Douleurs fémoro-patellaires& Fukuda TY, Melo WP, Zaffalon

BM et al., Hip posterolateralmusculature strengthening insedentary women withpatellofemoral pain syndrome: arandomized controlled clinicaltrial with one year follow-up.JOSPT 2012; 42:823–30.

Le renforcement des muscles posté-rieurs et latéraux de la région de la han-che est un plus au traitement« conventionnel » des douleursfémoro-patellaires.Cette étude, randomisée et contrôlée,avait pour objectif d'évaluer l'intérêtd'ajouter un renforcement des musclesde la région postérolatérale de la han-che au traitement dit « conventionnel »des douleurs fémoro-patellaires.La population étudiée comportait 54 jeu-nes femmes âgées entre 20 et 40 ans.Toutes souffraient de douleurs fémoro-patellaires unilatérales depuis plus detrois mois. Cette population a été répar-tie de façon aléatoire en deux groupes :un groupe knee exercise (KE) qui rece-vait le traitement « conventionnel » etun groupe knee and hip exercise(KHE) pour lequel était pratiqué un ren-forcement des muscles de la région pos-térolatérale de la hanche en plus dutraitement « conventionnel ».Les critères d'inclusion dans l'étudeétaient de souffrir de douleurs fémoro-patellaires unilatérales depuis plus detrois mois. Ces douleurs étaient définiescomme une douleur siégeant à la partieantérieure du genou. Elles devaient êtreaccentuées par la réalisation d'au moinsdeux des activités suivantes : montéeet/ou descente des escaliers, position

assise prolongée, squatting, extensionisométrique résitée du genou pratiquéeà 608 de flexion, s'agenouiller, sauter.Enfin les douleurs devaient être provo-quées par la palpation (médiale ou laté-rale) de la face postérieure de la patella.Toute autre pathologie du genou (insta-bilité patellaire et dysplasies fémoro-patellaires notamment) était un critèred'exclusion.Chaque groupe recevait 12 séances derééducation à un rythme de trois séan-ces par semaine. En dehors des séan-ces aucun exercice ne devait êtrepratiqué à la maison. Le traitementconventionnel (KE) comportait desexercices de renforcement des musclesmoteurs du genou et des étirements desmuscles ischio-jambiers, du tricepssural et du droit fémoral, ainsi que dutractus iliotibial. Le groupe KHE prati-quait en supplément des exercices derenforcement des muscles abducteurset rotateurs latéraux de hanche. Le ren-forcement musculaire était pratiqué enchaîne ouverte contre résistancedirecte (charge ou bande élastique),par série de dix répétitions contre70 % de la force musculaire maximale(réévaluée chaque semaine) et en fonc-tion du seuil de tolérance. Les étire-ments étaient réalisés par le MK,chacun durait 30 secondes et étaitrépété trois fois.L'évaluation des résultats était faite enaveugle et portait sur les critèressuivants :� la douleur, évaluée à l'EVA, pourlaquelle une diminution de deuxpoints était considérée comme la dif-férence minimale cliniquement impor-tante (significative) ;

� le score fonctionnel du MI (LEFS),échelle comportant 20 activités fonc-tionnelles du MI, chacune pouvantêtre côtée entre 0 (difficulté extrêmeà réaliser) et 4 (pas de difficulté) ;

� le score anterior knee pain, échellecomportant 13 items parmi lesquels :

des activités fonctionnelles du MI, laprésence de douleur et différentssignes cliniques susceptibles d'accom-pagner une pathologie du genou.Chaque item est doté d'un poidsvariable et le score maximum del'échelle est de 100 indiquant une fonc-tion optimale ;

� le single hop test qui consiste à effec-tuer un saut en appui unilatéral versl'avant.

Les résultats de cette étude montrentqu'il n'y avait pas de différence entreles groupes avant traitement, qu'ils'agisse des caractéristiques anthropo-métriques, de la douleur ou des capa-cités fonctionnelles.Pour la comparaison au sein des grou-pes, ils montrent que :� dans le groupe KHE, la diminution dela douleur et l'ensemble des scoresfonctionnels (capacités fonctionnel-les) était meilleur trois, six et 12 moisaprès l'arrêt du traitement ;

� dans le groupe KE, la douleur n'étaitdiminuée que six mois après traite-ment et seulement pour la montéedes escaliers, pour la descente desescaliers la douleur n'était diminuéeque 12 mois après traitement, qu'en-fin pour le single hop test la douleurétait diminuée à chaque évaluation(trois, six, 12 mois).

Pour la comparaison entre les groupesles résultats montrent que :� quelle que soit la date de l'évaluation(trois, six, 12 mois), la douleur étaittoujours plus faible pour le groupeKHE ;

� quel que soit le test pratiqué, et quelleque soit la date de l'évaluation, lescapacités fonctionnelles étaient tou-jours plus élevées et meilleures pourle groupe KHE.

Toutes ces différences étaient statisti-quement significatives.

Patrick Colné[email protected]

http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2013.01.012

Figure 1. Deux curseurs bleu et noir sont visibles sur l'écran de l'ordinateur.

Figure 2. Le chemin tracé par le curseur noir.

Kinesither Rev 2013;13(136):10–12 Actualités / Revue de presse

Le test de la mouche (fly test)& Site de Neck Care http://www.

neckcare.com.

& Kristjansson E, Hardardottir L,Asmundardottir M, GuðmundssonK. A new clinical test forcervicocephalic kinestheticsensibility: "The Fly''.Arch Phys Med and Rehab2004;85(3):490–5.

& Oddsdottir GL, et al. Database ofmovement control in the cervicalspine. Reference normal of182 asymptomatic persons. ManTher 2012. (Oct 13. pii:S1356-689X(12)00198-1. doi:10.1016/j.math.2012.09.006.[Epub ahead of print]).

& Kristjansson E, Oddsdottir GL."The Fly'': a new clinicalassessment and treatmentmethod for deficits of movementcontrol in the cervical spine:reliability and validity. Spine2010;35(23):E1298–305.

& Oddsdottir GL, Kristjansson E.Two different courses of impairedcervical kinaesthesia following awhiplash injury. A one-yearprospective study. Man Ther2012;17(1):60–5.

Il s'agit un instrument informatique [1]permettant de mesurer la précisiondes mouvements cervicaux lors detâches imposées. Il utilise un capteurtridimensionnel expérimental décrit parailleurs [2] de type Fastrak.

Population-cibleCent-quatre-vingt-deux sujets asympto-matiques (99 féminins), âgés entre16 et 74 ans, ont été analysés [3].

ProcédureDeux curseurs bleu et noir sont visiblessur l'écran de l'ordinateur (Fig. 1). Lebleu décrit les mouvements de la têtegrâce à ceux du capteur, le noir trace surl'écran le chemin imposé par le logiciel.Seuls ces curseurs sont visibles surl'écran et non leur trajectoire, de façonà ne pas permettre au sujet de prédire ladirection du mouvement futur.Les sujets sont invités à suivre le plusprécisément possible le chemin tracépar le curseur noir (Fig. 2) La duréedu trajet est ralentie en présence decourbes, accélérée dans les lignesdroites. Un mouvement est réalisé

préalablement deux fois de suite, pourque le sujet se familiarise avec la prisede mesure. Ensuite, chacun des troismouvements est réalisé, dans un ordrealéatoire et répété trois fois selon troisclasses de difficultés, avec dix secon-des de repos entre chaque épreuve.

MesuresLa précision dans l'amplitude (AA), ladirection (DA) et l'absence de saccadeslors du mouvement (jerk index – JI) ontété comparées en fonction des classesd'âge et du genre.AA correspond à la mesure en millimè-tres en tout moment de la distance entreles deux curseurs. DA est un pourcen-tage du temps total utilisé pour réaliserune épreuve. Le JI est un index entre0 et 10.

Fiabilité, validitéLe Fly Test est un outil fiable et valide [4]pour détecter les déficiences du contrôlede la région cervicale chez des patientscervicalgiques présentant des troublesassociés.

Valeurs obtenues chez le sujetsainIl y a un effet significatif de l'âge, maisnon du genre. Les valeurs AA apparais-sent plus élevées chez les sujets trèsâgés, témoignant d'une moins grandeprécision. La DA apparaît, elle aussi,moins importante chez ces sujets,

comme chez les sujets de 55 à64 ans. Les gestes saccadés augmen-tent avec l'âge mais n'apparaissent pasglobalement différents. Les valeurs nesont pas corrélées à la taille, au poids,à l'IMC.

Valeurs obtenues dans une cer-vicalgie attribuée à un fléaucervicalLes valeurs apparaissent différentesentre les sujets sains et les patientssouffrant de cervicalgie attribuée à unfléau cervical suite à une collision auto-mobile. Dans cette dernière population,il apparaissait que les sujets ayant lesplus faibles résultats au début de l'étudevoyaient une amélioration de leurs per-formances, sur un an [5].

ConclusionsLes patientes féminines sont plus fré-quemment touchées par la cervicalgieattribuée à un fléau cervical. La pré-sente étude suggère que cela n'estpas lié à leurs capacités propriocepti-ves, puisqu'elles sont similaires, à âge-constant, avec les sujets masculins.Il est en revanche nécessaire detenir compte de l'âge puisque celui-ciinflue significativement sur lesperformances.

[1] Site de Neck Care http://www.neckcare.com.

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P. Colné et al.Actualités / Revue de presse

[2] Kristjansson E, Hardardottir L, Asmundar-dottir M, et al. A new clinical test for cervi-cocephalickinestheticsensibility: "TheFly''.Arch Phys Med Rehab 2004;85(3):490–5.

[3] Oddsdottir GL, et al. Database of move-ment control in the cervical spine. Refe-rence normal of 182 asymptomaticpersons, Man Ther 2012 (Oct 13.

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pii: S1356-689X(12)00198-1. doi:10.1016/j.math.2012.09.006. [Epubahead of print]).

[4] Kristjansson E, Oddsdottir GL. "The Fly'':a new clinical assessment and treatmentmethod for deficits of movement controlin the cervical spine: reliability andvalidity. Spine 2010;35(23):E1298–305.

[5] Oddsdottir GL, Kristjansson E. Two diffe-rent courses of impaired cervical kinaes-thesia following a whiplash injury. A one-year prospective study. Man Ther 2012;17(1):60–5.

Jean-Louis [email protected]