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TRIBULATIONS TRIBULATIONS RIBULATIONS RIBULATIONS Atelier d’écriture Élèves du collège Maurice Ravel Anne Demerlé-Got

Élèves du collège Maurice Ravel Anne Demerlé-Got · 2019. 4. 5. · Élèves du collège Maurice Ravel Anne Demerlé-Got . TRIBULATIONS 2. TRIBULATIONS 3 TRIBULATIONS Atelier

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    TTTRIBULATIONSRIBULATIONSRIBULATIONS

    Atelier d’écriture

    Élèves du collège Maurice Ravel

    Anne Demerlé-Got

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    TTTRIBULATIONSRIBULATIONSRIBULATIONS Atelier d’écriture

    Flora Dillon 3e

    Louise Levrangi 3e

    Jeanne Héquard 4e

    Fanny Dalançon 5e

    Marie Groissard 5e

    Nicolas Mongiat 6e

    Marin Moulard 6e

    Anne Demerlé-Got

    Jean-Éric Barou

    Natacha Simard

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    Le problème n’est pas d’inventer l’espace, encore

    moins de le réinventer (trop de gens bien intention-

    nés sont là aujourd’hui pour penser notre environ-

    nement…) mais de l’interroger, ou, plus simple-

    ment encore, de le lire ; car ce que nous appelons

    quotidienneté n’est pas évidence, mais opacité :

    une forme de cécité, une manière d’anesthésie.

    (Georges Perrec)

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    LE COLLÈGE EN 2013

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    A mi journée, courir à la cantine pour se rassembler à

    midi cinq devant la porte du CDI, ou croquer une pomme

    dans sa voiture, requiert énergie et motivation. Se réunir à 11

    pour écrire sur d’étranges consignes données par une incon-

    nue au collège, le goût du risque. Le risque des mots qu’on

    écrit, de ceux qu’on lit, et des histoires qui vont apparaître.

    Et le risque d’un joyeux voisinage des écritures adultes et

    adolescentes. Car tout le monde écrit autour de la table. Tout

    le monde, c'est-à-dire chacun, selon son humeur du moment.

    L’atelier se déroule en 5 étapes, entre février et mars

    2013. Chaque séance s’ouvre sur une première mise en mots,

    un étirement qui délie sans peine crayons, émotions, et phra-

    ses que l’on tresse en « cadavre exquis » ou « marabout d’

    ficelle ». Des temps courts d’écriture spontanée, une écriture

    qui dit ce qui est là, comme ça vient.

    Puis les temps d’écriture s’allongent. A partir d’une

    image, d’un mot, ou d’une consigne plus formelle -écrire

    sous forme de recette de cuisine, dresser un inventaire d’ac-

    tions ou de matières, se mettre dans la peau de son téléphone

    portable, etc. - chacun écrit son texte. Le plus difficile sera

    de tenir le chrono : plume lancée n’aime pas le gong. Celui

    de la sonnerie réussit pourtant à vider la salle en quelques

    secondes. Pause jusqu’à la prochaine séance. A moins que

    les mots ne continuent à cheminer à leur guise, sans trop le

    faire savoir…

    D’une séance l’autre, un thème court en sourdine : les

    mots espace, lieu, architecture, urbain, agriculture, répétition,

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    clôtures, façades apparaissent au milieu d’images posées sur

    la table. De moi aux autres, de mes objets familiers à la cam-

    pagne francilienne. Du collège connu à celui pas encore ob-

    servé ni même fantasmé, il s’agit de délier les regards tout

    autant que les plumes. Par le sas de l’atelier, d’inviter dans le

    cadre normé de la journée scolaire un peu plus de curiosité et

    d’attention à ce qui environne. D’y glisser de l’imagination.

    Un dépaysement sur place en quelque sorte.

    Anne Demerlé-Got, animatrice de l’atelier d’écriture

    Les textes courts de ce recueil ont été écrits au cours

    d'un atelier organisé dans le cadre de l'Accompagnement

    éducatif financé par le Conseil général des Yvelines, afin

    notamment de renforcer les pratiques culturelles artistiques.

    Ils sont le fruit d'un travail avec l'écrivain et journaliste Anne

    Demerlé-Got qui poursuit son travail « aux carrefours du

    paysage et de l’écriture ». Les élèves ont vécu avec l’auteur

    une expérience de groupe qui est toujours une aventure et

    dont ils se souviendront certainement plus tard. Ce recueil en

    est le témoignage.

    Jean-Éric Barou

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    QQQUELQUESUELQUESUELQUES EXERCICESEXERCICESEXERCICES PROPOSÉSPROPOSÉSPROPOSÉS

    Atelier 1 : Coins, recoins et matières

    Le 12 février

    *Deux ou trois choses que je dis de moi

    *L’inventaire des matières rencontrées par mes plantes

    de pied depuis mon lever

    *Mémoire d’un objet de la pièce

    Atelier 2 : Trajet, traversée, transport

    Le 19 février

    *Mon trajet vers le collège ce matin

    *Le même trajet, une autre traversée : un autre point

    de vue, des émotions, des paysages, un trajet imaginaire

    * En duo : je te donne le trajet, tu m’écris le voyage

    Atelier 3 : Dedans, dehors et différemment

    Le 26 février

    *Inventaire des verbes d’action de la journée collé-

    gienne

    * Lecture d’extraits du texte de Sei Shonagun Notes de

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    chevet et écritures de « Choses qui… ».

    *Ecrit à partir d’une image

    Atelier 4 : Collège-machine, atmosphères et nuan-

    ces, un bout de ville

    Le 19 mars

    *De nouvelles fonctions, de nouveaux publics, de nou-

    veaux locaux au sein du collège

    *Mon collège en 2050

    Les élèves proposent ici successivement un texte de

    chaque atelier.

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    CCCEEE MATINMATINMATIN ENENEN SORTANTSORTANTSORTANT DEDEDE CHEZCHEZCHEZ MOIMOIMOI……… Ce matin, en sortant de chez moi, à ma première expi-

    ration, de l'air humide et froid, de la buée sort de ma bouche.

    Malgré que le soleil soit levé, la température est encore froi-

    de. Dans la petite rue qui sépare ma maison de la route, il y a

    plein de boue et je sautille à droite et à gauche pour ne pas

    tomber dedans. Puis je regarde l'heure, je suis en retard et je

    me mets à courir dans les feuilles mortes qui encombrent le

    trottoir. Arrivée à la gare, le bus est déjà passé, la pendule

    sonne neuf heures. Il ne reste que moi. Le bitume froid est

    couvert de chewing-gum. Il ne reste rien à part le vent qui

    souffle dans les branches des arbres.

    Ce matin en quittant la maison sur son dos j'étais tout

    triste. Il faisait froid et les feuilles des peupliers qui longent

    notre maison me tombaient dessus. Ajoutant du froid et de

    l'humidité au tissu qui me recouvre. Je suis la cadence de ses

    épaules en mouvement, faiblement car je suis très fatigué par

    cette nuit passée dans le garage avec les rats... Sur ma droite

    des enfants jouent dans le parc, je m’endors en les écoutant...

    À mon réveil, je suis par terre dans le bus, ses pieds son sur

    moi. J'écoute le ronronnement du moteur. Tout à coup le bus

    s'arrête. J'en déduis qu'on est arrivé au collège et je me dis

    que c'est reparti pour un tour. Il n'y a plus qu'à s'accrocher...

    MMMONONON PREMIERPREMIERPREMIER JOURJOURJOUR DEDEDE SIXIÈMESIXIÈMESIXIÈME Aujourd'hui c'est mon premier jour de sixième.

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    Bientôt c'est l'heure de manger et je ne sais pas du tout

    où se trouve le self. Je finis par le trouver. Une fois à l'inté-

    rieur un homme en costume noir m'aborde et me dit :

    « Bonjour, je peux vous aider ? » Je lui raconte mon histoire

    et je lui demande si je peux manger. C'est à ce moment précis

    qu'il me répond : « C'est quel nom ? Il fallait réserver. Si

    vous n'avez pas réservé, vous n'avez rien à faire ici ! » C'est

    alors que des vigiles sortis de nulle part me prennent par les

    bras et me jettent à l'extérieur.

    Mais nous ne sommes pas dans un restaurant ! Et pour

    voir à quoi ressemble la salle à manger je vais regarder par la

    fenêtre. À l'intérieur se trouvent de jolies petites tables recou-

    vertes d'un tissu rouge et sur celles-ci reposent des chande-

    liers. Je ne peux pas y croire.

    Cependant je me réveille en sursaut, la sueur au front.

    Encore deux heures avant que le réveille ne sonne.

    AUTOUR DE NOUSAUTOUR DE NOUSAUTOUR DE NOUS Ce lieu magique se trouve autour de nous. Les yeux

    remplis d'étoiles, j'observe des comètes qui s'entrechoquent

    et me donnent un spectacle d'une beauté cosmique au milieu

    du vide, au milieu de l'univers, au milieu de tout.

    Quand je m'y trouve plongé plus rien ne compte autour

    de moi. Je suis dans mon monde. Et l'on ne m'y retrouvera

    jamais.

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    4. Des choses fascinantes : la prof qui nous raconte

    notre histoire. Des choses reposantes : l'après-midi quand je

    me lâche en écrivant. Des choses désagréables : lorsqu'en

    dessin l'on entend le crissement des feuilles froissées des élè-

    ves qui ne trouvent pas l'inspiration.

    Fanny

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    UUUNENENE IDÉEIDÉEIDÉE MEMEME TROTTETROTTETROTTE DANSDANSDANS LALALA TÊTETÊTETÊTE Je marche le long du trottoir et, dans quelques minu-

    tes, je vais sonner au portail du collège Maurice Ravel. Une

    idée me trotte dans la tête depuis un bout de temps... Dès la

    grille, je vois un homme habillé tout en noir et portant un

    chapeau de la même couleur. Je devine qu'il m'attend.

    « Bonjour, ravie de vous rencontrer, je m'appelle Mme

    Dillon. »

    Le bureau du principal est assez propre et très ordon-

    né.

    Confortablement installée, je lui dévoile mon idée sans

    qu'il ne m’interrompe. « Comme vous avez dû le remarquer,

    les élèves sont très agités en milieu de semaine. Des études

    scientifiques ont montré que 93% des élèves ont besoin de

    davantage de temps pour se détendre au milieu de la semai-

    ne. C'est pour cela que j'ai cherché une solution. Je vous pro-

    pose qu'une fois par semaine, le jeudi à 15 heures par exem-

    ple, les élèves se retrouvent dans une grande salle pendant

    une quinzaine de minutes. La salle serait dans l'obscurité et il

    y aurait de la musique qui permettrait aux élèves de se re-

    laxer.

    - Où voulez vous en venir ?

    - Je pense qu'il serait intéressant d'installer une « boîte

    de nuit » pour collégiens, sans alcool bien sûr, me suis-je

    empressée d’ajouter en riant nerveusement.

    - Je trouve votre idée surréaliste et les élèves seront

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    plus excités qu'autre chose. »

    Mon plan venait d'échouer.

    GGGAËLLEAËLLEAËLLE MARCHEMARCHEMARCHE......... Gaëlle marche, les yeux remplis de larmes et la tête

    baissée. Ses pieds traînent. Elle se promène dans un parc, un

    très grand parc qui se situe à Paris. Elle écoute de la musi-

    que ; sans aucun doute du hard rock. Elle sort son portable.

    Son visage se décompose comme une fleur qui se fane. Un

    SMS inquiétant ?

    Elle se met à courir. Elle court vite, même très vite.

    Cinq minutes plus tard, elle arrive devant une maison. Un

    grande maison grise au volets rouges. Elle entre dans le jar-

    din sans même sonner. Une porte s'ouvre.

    Un cri : « Ma sœur ! ». Gaëlle ne savait pas qu'elle

    avait une sœur.

    JJJEEE PEUXPEUXPEUX AUSSIAUSSIAUSSI PARFOISPARFOISPARFOIS YYY ÊTREÊTREÊTRE DEDEDE BONNEBONNEBONNE HU-HU-HU-

    MEURMEURMEUR J'y vais, mais je n'en ai aucune envie. On m'y oblige,

    on me force, on me pousse à y aller. Ce n'est pas un lieu que

    j’apprécie. Pourtant, j'y vais, et presque tous les jours. Je

    peux aussi parfois y être de bonne humeur, avec le sourire

    aux lèvres toute la journée.

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    JJJEEE NNN'''YYY CROISCROISCROIS PASPASPAS, , , LALALA PETITEPETITEPETITE VILLEVILLEVILLE DEDEDE MONMONMON EN-EN-EN-FANCEFANCEFANCE.........

    Aujourd'hui, à 52 ans, j'ai décidé de retourner dans

    mon collège pour me remémorer mes souvenirs d'enfance.

    J'habite à Paris, il me faudra bien 45 minutes avant d'y arri-

    ver. Je prends mon iPad 13, mon iWalk et mon iPhone 15.

    J'ouvre la porte de ma voiture à l'aide de mon empreinte digi-

    tale et démarre sans plus tarder.

    Arrivée près de Montfort-l'Amaury, je m'arrête. Je ne

    reconnais plus rien. Je décide donc de sortir mon iWalk pour

    trouver le collège, s'il existe encore. Mon iWalk m'informe

    qu'il se situe à 500 mètres d'ici. Je n'y crois pas, la petite ville

    de mon enfance, calme, paisible... s'est transformée en une

    grande ville industrielle et commerciale. J'avance...

    Flora

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    UUUNNN BBBOUTOUTOUT DEDEDE PAPIERPAPIERPAPIER Devant moi le grand hall, vide. Normal vu l'heure qu'il

    est. Au milieu trône un bout de papier.

    Oublié ou sûrement jeté après avoir été froissé. Je le

    ramasse et le déplie. C'est une leçon apparemment, un élève

    qui devait réviser un contrôle ou une interro. Il n'y a pas de

    nom dessus je ne peux donc pas le rendre à son propriétaire.

    Tant pis, je cherche des yeux où jeter le papier. J'aper-

    çois une poubelle et je le lance... Quelle histoire pour un petit

    bout de papier.

    L’L’L’HOMMEHOMMEHOMME ENENEN BLEUBLEUBLEU Il faisait presque nuit.

    Un homme, habillé tout en bleu, sort de sa fourgonnet-

    te également bleue garée devant son lieu de travail. Un grand

    bâtiment sur lequel est marqué en gros « Commissariat ».

    L'air exténué, les yeux dans le vague, il marche sans vrai-

    ment voir les gens. Il pousse une porte et entre dans une vas-

    te salle où les gens se retrouvent ou se quittent, discutent au-

    tour d'un café brûlant ou boivent seuls au comptoir.

    Des serveurs slaloment entre les tables, prennent les

    commandes des clients. L'un d'eux demande à l'homme en

    bleu ce qu'il souhaite boire. « Une bière, lui répond-il en allu-

    mant une cigarette. » Et comme chaque soir depuis des an-

    nées la question et la réponse sont toujours les mêmes.

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    JJJOURNÉEOURNÉEOURNÉE QUOTIDIENNEQUOTIDIENNEQUOTIDIENNE Sept heures. Mon réveil sonne. Je me lève, traîne des

    pieds en me dirigeant vers ma cuisine. Machinalement, je me

    sers un verre d'eau et fait griller des toasts. En attendant

    qu'ils grillent, je vais m'asseoir et regarde la télévision. Dis-

    crètement mon frère passe derrière moi, rentre dans la cuisi-

    ne, boit mon verre d'eau, mange mes toasts et s'en va.

    Sept heures trente. L'heure de partir. Je n'ai plus le

    temps de petit-déjeuner. Je m'empresse de me préparer et

    quitte la maison. Sur le chemin, je croise une amie et nous

    discutons tout en continuant à marcher, pour arriver devant le

    collège où nous nous engouffrons.

    Huit heures trente. Début des cours ou début du cau-

    chemar.

    Cinq heures. Fin des cours

    Huit heures trente. Le dîner qui se déroule dans un

    silence morne.

    Dix heures. Je me couche et m’endors.

    Sept heures. Mon réveil sonne. Je dois me lever, mais

    je n'en ai plus envie. Cette journée continue qui m'attend

    m'ennuie, alors j’éteins mon réveil et me rendors.

    SSSOUVENIRSOUVENIRSOUVENIRS

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    Je me rappelle les balades au bord de la mer que je

    faisais plus jeune. L'odeur de l'eau salée, le clapotis des va-

    gues contre les rochers et tant d'autres souvenirs...

    J'étais comme une aventurière à la recherche de trésors

    perdus . Je m'évadais de ce monde rempli de contraintes et

    chaque jour je partais pour de nouvelles aventures. Un jour

    j'étais pirate, un autre guerrière. Chaque jour un rôle diffé-

    rend. C'était le temps des jeux, le bon temps. Mais un jour il

    a fallu grandir. Alors plus de jeux d'aventures, mais des res-

    ponsabilités.

    Ce temps je le regrette. Le temps de mon enfance, le

    temps de ma jeunesse, le temps où je me sentais en vie.

    Louise

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    JJJEEE MMM’’’ENNUIEENNUIEENNUIE Quand je ne sais pas quoi faire, c'est un réflexe, je re-

    garde le plafond. Il commence à prendre des formes géomé-

    triques : carré, rond, je ne sais pas. Je deviens folle ! Non je

    rêve tranquillement sur ma chaise en gardant les pieds sur

    terre. Je rêve que le plafond me raconte une histoire qui subit

    chaque jour le bruit assourdissant des profs, les bavardages

    intempestifs des élèves en cours de musique du premier éta-

    ge, qui soi-dit en passant chantent comme des casseroles.

    En tous cas je n'aimerais pas être à sa place. Mais

    quand je le regarde, je pars ailleurs, dans les nuages peut

    être, et je l'imagine bleu, rouge... Et plonge doucement au

    pays des rêves.

    LLLEEE BBBANCANCANC Le banc, je le connais et Fanny aussi. Il a vécu beau-

    coup de choses. Il a des oreilles mais il sait garder des secrets

    et moi je l'aime : c'est notre chouchou. C'est indescriptible. Il

    nous repose, nous déstresse. Même quand on se dispute, on

    se réconcilie toujours. Par exemple, l'autre jour il neigeait, le

    banc était trempé, et pour le réconforter on a tous mis notre

    sac. Parfois il est déprimé quand on part en vacances, mais il

    sait qu'on n’est pas très loin et qu'il reste toujours une place

    pour lui dans nos cœurs.

  • TRIBULATIONS

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    E.T. E.T. E.T. ETETET SASASA SOUCOUPESOUCOUPESOUCOUPE VOLANTVOLANTVOLANT DANSDANSDANS LALALA FORÊTFORÊTFORÊT ETETET DANSDANSDANS LALALA NUITNUITNUIT

    Je monte dans ma soucoupe pour faire mes emplettes

    sur la planète terre en suivant les pancartes intergalactiques.

    Je vois que j'ai raté la sortie et je me retrouve sur une planète

    complètement paumée. Elle se nomme Saturne. Avec son

    anneau sur la tête elle a l'air ridicule.

    Je décide donc de revenir sur mes pas de petit Martien

    perdu pour arriver enfin à la planète terre et acheter une ba-

    gue à ma belle Martienne. J'espère que ça lui plaira. Enfin

    bref, j'arrive dans un trou perdu au fin fond de la forêt

    « terriale » (terre). Il n'y a pratiquement pas de lumière. Je

    crois que c'est là qu'« il » apparaît, une forme étrange. C'est

    ma martienne. Elle est venue dans la même intention que

    moi, pour acheter un petit cadeau d’anniversaire de mariage.

    On comprend que ça restera de loin le plus beau jour

    de toute notre vie.

    MMMAAA SSSŒŒŒURURUR Ma sœur, j'en suis fan. J'aimerais être comme elle,

    mais je n'y arrive pas. Ma sœur, a des super pouvoirs : elle

    fait ses devoirs en 5 minutes et n'a que des bonnes notes. Moi

    je ne suis rien, juste une personne au loin qui se demande

    pourquoi elle et pas moi. Elle a tout ce qu'elle veut : l'autre

    jour elle a eu une photocopieuse, celle que je voulais pour

    mon anniversaire. J'ai l'impression que dedans il y a un nou-

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    veau monde où les couleurs sont reines. Mais à ce monde, je

    ne peux pas y accéder, il n'y a que ma sœur et toujours ma

    sœur...

    Aujourd’hui hui j'ai compris : on ne m'aime pas. Alors

    je me confie à mon doudou, le seul qui sait me réconforter, le

    seul qui sait m’aimer telle que je suis. Le plus bête c'est que

    je l'aime ma sœur... encore plus.

    Marie

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    LLLAAA PETITEPETITEPETITE FILLEFILLEFILLE La petite fille regarde par la fenêtre. Les véhicules mo-

    torisés défilent dans un cortège bruyant. Et à cet immense

    tintouin s'ajoutent les cris des ouvriers. Ce petit village de

    campagne s'est métamorphosé...

    La petite observe pensivement son livre. Assise dans

    ses coussins, elle rêve d'un monde où les maisons d'antan

    garderaient leur architecture, et où les bâtiments récents s'ac-

    corderaient au paysage. Mais c'est le progrès qui avance, im-

    passible, inébranlable, et qui écrase tout sur son passage. Il

    est trop tard. Par la fenêtre, défilent les camions, dans un cor-

    tège funèbre.

    LLLAAA PPPROVENCEROVENCEROVENCE Résidence ternie par les ans, recelant des souvenirs

    ancestraux, dans cette région, la Provence, région du thym et

    du romarin. Du thym, on en trouve dans cette maison, ou

    dans son parc immense, parsemé de bosquets enivrants. Cette

    maison aux murs décorés de tableaux, et où flotte constam-

    ment dans l'air un parfum de boiseries, et de plats chauffant

    dans la cuisine.

    J'émerge de mes pensées. Il ne faut plus y songer. Et

    j'ai d'autres préoccupations : finir le délicieux gâteau au cho-

    colat que ma sœur m'a préparé.

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    LLLEEE LUNDILUNDILUNDI Après un réveil en douceur, je regarde l'heure. En

    voyant ces quelques chiffres alignés, cela me permet simple-

    ment de me hâter. Je traverse mon jardin. C'est un jardin à

    l'anglaise, en longueur, où avec étonnement je vois des pâ-

    querettes luttant en vain pour survivre à ce monde hostile, je

    passe les détails.

    Monté dans la voiture, j'aperçois de nouveau les che-

    vaux broutant inlassablement les mêmes rares touffes d'her-

    bes. J'attends le bus. Il arrive. Vite, sortir sa carte, la passer,

    et s'asseoir. Le paysage défile, monotone : les champs, les

    usines, la gare, derechef des champs, le lycée, la nationale

    12, des champs. Ah! Des maisons, maintenant.

    J'arrive au collège. Malgré mon retard, je ne me presse

    pas. Toutes ces connaissances déjà entrevues dans ma précé-

    dente classe, me plongent dans une douce torpeur, que je

    m'efforce d'écarter.

    205020502050 J'allume mon ordinateur, et insère le disque de jeu

    « Simcity 4 Deluxe ». Même le maire que je suis a le droit de

    s'amuser, non !?! Cela me donne même des idées ! Que man-

    que-t-il à ma ville ? Un collège. D'ailleurs j'applique mon

    idée sur-le-champ. Oui, c'est ça ! Un collège. La petite ville

    de Montfort-l'Amaury possède maintenant un collège, le col-

    lège Maurice Ravel.

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    Je clique sur l'icône « La ville dans le temps ». Ah ! Ils

    meurent de faim ! Pas assez de fermes ! Je n'ai d'autres choix

    que de transformer le collège en potager géant.

    Marin

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    J'J'J'ARRIVEARRIVEARRIVE AUAUAU COLLÈGECOLLÈGECOLLÈGE AVECAVECAVEC DIXDIXDIX MINUTESMINUTESMINUTES DDD'''AVANCEAVANCEAVANCE

    À 8 heures 30, je rentre dans la voiture. Arrivé à l'arrêt

    de bus, mon portable vibre : un copain me demande à quelle

    heure je commence. À 8 heures 55 je monte dans le bus et

    vois défiler le paysage : maisons, personnes, forêts, maga-

    sins. J'entends mes amis parler du contrôle de musique :

    « Qu'est ce qu'il faut réviser ? C'est quoi les réponses ? » Je

    parle avec un de mes copains du coup que me suis pris le

    matin : j'ai ouvert la porte et au moment où j'allais sortir le

    vent l'a refermée. Mon pauvre nez a protégé mon visage à ses

    risques et périls. J'arrive au collège avec dix minutes d'avan-

    ce. Quand le portail s'ouvre, je me dépêche de le passer pour

    éviter le tsunami des élèves.

    C'C'C'ESTESTEST UNUNUN ENDROITENDROITENDROIT COLORÉCOLORÉCOLORÉ......... C'est un endroit coloré, calme et très secret. Je ne m'en

    sers presque jamais, mais il est pratique pour d'autres person-

    nes qui en ont aussi un. Pour l'ouvrir, j'aime mettre mes clés

    dans un petit objet carré et doré appelé cadenas, ça m'amuse.

    Le cadenas ouvert, la porte s'ouvre et un déluge d'affaires

    scolaires en sort : sacs, cahiers, livres.

    JJJEEE MMM'''APPELLEAPPELLEAPPELLE NNNICOLASICOLASICOLAS......... Je m'appelle Nicolas, j'habite à Boissy-sans-Avoir et

    j'ai douze ans. J'aime mon village parce que c'est calme du

  • TRIBULATIONS

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    fait qu'il n'y a pas beaucoup de circulation. J'aime le chocolat

    et je déteste les bonbons car le chocolat ne fait pas autant

    grossir que les bonbons.

    UUUNNN JOURJOURJOUR DANSDANSDANS LESLESLES TERRESTERRESTERRES GLACIALESGLACIALESGLACIALES DEDEDE LLL'''AN-AN-AN-TARCTIQUETARCTIQUETARCTIQUE.........

    Un jour dans les terres glaciales de l'antarctique, un

    petit garçon voulait montrer à ses parents qu'il savait pêcher.

    L'étang était gelé. Il creusa un trou dans la glace. Deux heu-

    res sans qu'il n’attrapât de poisson. Énervé, il jeta son cou-

    teau et son seau. Le choc fissura la glace. Une prison gelée

    s'ouvrit pour le reste de sa vie. Mais un chercheur d'or cassa

    la glace, attiré par une petite pièce qui était tombée de la po-

    che du petit garçon...

    Nicolas

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    1er jour

    JJJEEE SENSSENSSENS LLL'''ODEURODEURODEUR DESDESDES FEUILLESFEUILLESFEUILLES MORTESMORTESMORTES Je sens l'odeur des feuilles mortes, je vois ces arbres,

    fiers, magnifiques et majestueux bien que dépouillés par l'hi-

    ver. Sous mes pieds, les feuilles se transforment en humus,

    en terre fraîche. Des bourgeons commencent à pousser sur

    les branches des arbres. J'entends les moineaux picorer, les

    écureuils pointer le bout de leur museau tout en croquant une

    noisette, le pic-vert toquer aux tronc d'un arbre, pour cher-

    cher de quoi nourrir sa famille, et les rossignols s’éclaircir la

    voix.

    Tous, je le vois et le sens, se préparent à l'arrivée du

    printemps.

    LLLEEE VIEUXVIEUXVIEUX GOUDRONGOUDRONGOUDRON NOIRNOIRNOIR DUDUDU TROTTOIRTROTTOIRTROTTOIR......... Le vieux goudron noir du trottoir est mouillé, couvert

    de feuilles mortes à la moitié du processus de décomposition.

    Ce trottoir usé par les années qu'il m'est habituel de fouler et

    dont je ne pourrais me passer, me rappelle ma visite à Lon-

    dres, où les trottoir étaient bien plus vieux, usés, sales et

    mouillés. Ce trottoir, je l'avais foulé avec une hésitation et

    une excitation nouvelles et étranges.

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    2ème jour

    AAAVANCERVANCERVANCER, , , NENENE PASPASPAS RECULERRECULERRECULER......... Avancer, ne pas reculer, ne pas flancher, rester droite

    et détendue, avoir l'air calme et heureuse.

    Je jette mes cheveux en arrière. Je les regarde dans

    mon petit miroir, que je sors de ma besace. Je soupire. J'au-

    rais tellement aimée les avoir roux et bouclés, comme ma

    mère ! Maman... Ce souvenir me fait monter les larmes aux

    yeux. Je les sens déjà qui me piquent et qui coulent. Je les

    essuie rageusement et continue à marcher. Rester droite,

    avancer, tenir, ne pas flancher. Je joue un air de guitare pour

    me donner de l'entrain et pense très fort : « Courage, tiens

    bon maman, j'arrive ».

    Je mets à courir, et je sens à nouveau le vent qui soulè-

    ve mes cheveux, et fait monter mon adrénaline. Mais je ne

    peux pas courir longtemps avec ma guitare, et je m'arrête très

    vite. Je ne peux pas l’abandonner, c'est celle de papa ! Je dé-

    cide alors de l'accrocher dans mon dos, et indifférente aux

    voitures qui manquent de m'écraser, je me remets à courir et

    laisse l'ivresse de la course m'envahir.

    Une heure plus tard, je m'arrête, épuisée et fourbue, et

    m'assois sur le bord de la route. Je sors les provisions de mon

    sac, et, tout en mangeant, dresse l'inventaire de ce qui me

    reste : deux paquets de gâteaux, cinq boîtes de conserves

    (une par jour), l'ouvre boîte assorti, un paquet de bonbons,

    une couverture, le miroir de ma grand-mère, son peigne, ma

    trousse de toilette, cinq bouteilles de 1,5 litres chacune.

  • TRIBULATIONS

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    Soudain, au fond du sac je retrouve un objet qui me

    ramène à des souvenirs lointains. Un poster de la fontaine qui

    occupe la place de la Concorde, à Paris. Papa me l'avait ra-

    mené d'un de ses voyages en France, pour son travail. Je me

    rappelle des émotions contradictoires qui m'avaient submer-

    gée. J'avais été heureuse qu'il ai pensé à moi, et en même

    temps déçue que son cadeau ne soit qu'un poster. À présent,

    il ne reste que la joie de posséder un cadeau de lui, et la tris-

    tesse qu'il ne soit pas là pour le constater.

    Je range mes affaires, puis, avec un soupir de regrets et

    de tristesse contenue, me remet debout, et repars en courant

    vers un monde, je l'espère, meilleur.

    LLLEEE POINTPOINTPOINT DEDEDE VUEVUEVUE DEDEDE MONMONMON CHIENCHIENCHIEN, P, P, PABLOABLOABLO... Mon réveil est brutal : je me prends un objet de cou-

    leur rose fuchsia, assez petit et appartenant à ma maîtresse,

    sur la tête. J'aime de moins en moins les téléfonportabl, sur-

    tout sur la tête. Elle m'embrasse sur le front, comme une ex-

    cuse pressée, puis part en courant. Je soupir, puis ouvre, mol-

    lement, un œil, puis deux... et les referme aussitôt. Ouuh !!!

    Trop de lumière pour moi. Je grogne, puis, lentement, me

    relève. On commence par le derrière. Oh, hisse ! Oh, non,

    trop dur ! Debout tout le monde ! … Enfin, quand je dis tout

    le monde, je dis surtout debout, feignant de derrière !( Et oui,

    j'ai deux gros handicaps : j'ai un gros derrière, même pour un

    chien, et je suis feignant, même pour un chien. Forcément,

    avec l'âge.) Et si, pour perdre ce gros derrière et cette fai-

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    néantise qui me pourrissent la vie, je décidais de revivre une

    journée énergique, comme pendant ma jeunesse ? Alors, cet-

    te fois, c'est pour de bon ! J’aboie de contentement et remue

    la queue. Je « galope » (si on peut appeler « galop » un petit

    trottinement mollasson) jusqu'à la porte et passe par ce que

    j'appelle « l'apogée de la honte », une chatière à peine assez

    grande pour moi, dans laquelle je me coince à chaque fois.

    Et, comme à chaque fois je me coince, comme à chaque fois,

    je me débats, comme à chaque fois, je me résigne, et, enfin,

    comme à chaque fois, je commence alors une longue attente

    qui dépend de ma maîtresse, de l'heure à laquelle elle finit et

    de tout un tas d'autres choses qui vont déterminer l'heure à

    laquelle reviendra et me dégagera de ce piège atroce.

    Mais soudain, je relève la tête, moi qui l'avait baissée,

    plein de honte et de rancune, oui, je reprends courage, moi

    qui avait abandonné. Aujourd'hui sera MA Journée, avec un

    grand j, comme dans « Jeunesse » et « énerJie » ! Cette fois,

    pas de petits débattement et de jappement tel un chiot qui

    s'est perdu, cette fois, je donne un grand coup de rein et me

    dégage. Je repars au quart de tour et m'élance vers la forêt,

    pour une journée qui me ramènera aux joies de mon enfan-

    ce...

    3ème jour

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    SSSYLVIEYLVIEYLVIE REGARDAREGARDAREGARDA ATTENTIVEMENTATTENTIVEMENTATTENTIVEMENT LALALA SALLESALLESALLE Sylvie regarda attentivement la salle, cette salle que,

    en tant que femme de ménage, elle se devait de nettoyer. Les

    lumières étaient éteintes, parfait. Elle n'aimait pas la lumière.

    Ses amies la surnommaient gentiment « la chouette ». Elle

    commença son travail et, tout en passant le balai, se mit à

    inspecter la salle. Quelque chose clochait, mais quoi, où était

    le problème ? Fatiguée, elle s'assit et se dit, en pensant à ses

    70 ans qui approchaient et à sa vue qui baissait, qu'elle ferait

    mieux de prendre sa retraite. Puis, ayant fini son travail, elle

    quitta la salle, non sans trébucher, une nouvelle fois, sur une

    chose qu'elle n'avait pas vue.

    Le lendemain, la photo de la salle, avec les lumières

    allumées cette fois, parut dans le journal. C'était une héca-

    tombe, un vrai désastre. La plupart des tables étaient cassées

    en deux, d'autres ainsi que les chaises, étaient brisées comme

    du petit bois et empilées dans un coin de la pièce, à côté du

    corps étendu d'un homme, « M. Bouzeau, le principal de ce

    collège », comme le précisait la légende en dessous. Le para-

    graphe qui suivait expliquait que, excités par ce jour de cha-

    leur et la fin des cours, les élèves s'étaient déchaînés et, après

    avoir mis la pagaille dans toute la salle avaient agressé et

    assommé M. Bouzeau qui, alerté par les professeurs qui, eux,

    avaient fuis, avait essayé de les calmer.

    Une phrase concluait le paragraphe. Mais s'il manque

    une chose à ce collège, c'est bien la discipline.

    J'J'J'OUVREOUVREOUVRE LALALA PORTEPORTEPORTE.........

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    J'ouvre la porte, et m'arrête un instant, le temps de lais-

    ser le froid de la cour me sauter au visage, à la gorge, cher-

    cher le moindre interstice dans ma tenue, s'y faufiler et créer

    un courant d'air glacial. Brrrr !! Je mets mon sac sur mon

    épaule, lance un « salut » mêlé d'adieu derrière moi, et parts,

    pour de bon et sans me retourner, vers ce pays inhospitalier

    qu'on appelle « collège ». Je parts donc, et pour me donner le

    courage d'y aller (à défaut de l'envie), lève les yeux vers ce

    ciel sans nuages, ce ciel qui reste le même, sans se soucier

    des saisons. Ce ciel qui m'a toujours tenu ses promesses,

    qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Je passe le portail et, en

    marchant vers l'abri-bus, me mets à rêver...

    4ème Jour

    JJJEEE FIXEFIXEFIXE DISTRAITEMENTDISTRAITEMENTDISTRAITEMENT LALALA FENÊTREFENÊTREFENÊTRE......... Je fixe distraitement la fenêtre, et me mets à imaginer

    des questions qui, pour moi, n'ont pas de sens et n'en auront

    jamais : « Pourquoi existé-je ? » et « Pourquoi la vie est com-

    me cela et pas autrement ? » Bref, ce genre de question au-

    quel tu ne trouves jamais la réponse - à part un nombre (très

    limité) de chanceux - et que tu te poses quand même.

    Je suis interrompue dans mes rêveries par l'alarme du

    collège. C'est bizarre, même les surveillants ont l'air pani-

    qués. Pourquoi ? Mais deux secondes plus tard, ces nouvelles

    questions n'ont plus aucun sens. Je vois les flammes. Je suis

    sûre que, avant, j'aurais décrit les flammes, en admirant leur

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    mortelle danse hypnotisante etc... Mais je reste terrifiée par

    le rouge, ce rouge si intense, qui me ramène à un souvenir si

    proche et lointain à la fois. Un souvenir trop loin pour m'en

    rappeler correctement, trop proche pour pouvoir l'effacer

    complètement. Malgré moi, j'entre en transe et les souvenirs

    affluent. Maman ! Non ! Pas ça !

    Je sors de ma transe, réveillée par un cri, le mien, un

    bruit, celui d'une explosion, et par une sensation de vide der-

    rière moi. Je suis tombée par la fenêtre à laquelle j'étais ap-

    puyée, qui a dû exploser sous l'effet de la chaleur.

    JE TOMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMM

    MMMMMMMBE !!!!!!!!!!!!!!!!

    Ma dernière pensée : « Maman, pardon ! ».

    Jeanne

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    LE COLLÈGE EN 2050

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    TTTABLEABLEABLE DESDESDES MATIÈRESMATIÈRESMATIÈRES

    Introduction p. 8

    Quelques exercices p. 10

    Textes de Fanny p. 13

    Textes de Flora p. 17

    Textes de Louise p. 21

    Textes de Marie p. 25

    Textes de Marin p. 29

    Textes de Nicolas p. 33

    Textes de Jeanne p. 37

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    Atelier d’écriture mené dans le cadre de l’Accompagne-

    ment éducatif grâce au soutien financier de la Déléga-

    tion académique à l’action culturelle du Rectorat de

    Versailles et du Conseil général des Yvelines

    Maquette : Jean-Éric Barou

    Photographies et collages : Anne Demerlé-Got

    Imprimé par le Collège Maurice Ravel

    Montfort-l’Amaury

    Juin 2013

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