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7/25/2019 M5050 ARCV001 DP-2006037 Au Fil Du Trait
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Centre
d'Art
Georges Pompidou
ue d
art conternpoelin
fil du trait
de Matisse Basquiat
Collections du Centre Georges Pompidou,
Muse national d'art moderne, cabinet d'art graphique
Carr d'art-Muse d'art contemporain de Nmes
26 juin-27 septembre 1998
Communiqu de presse
Du 26 juin au 27 septembre 1998, Carr d'Art - Muse d'art contemporain de Nmes
prsente sous le titre de : Au
fil
du trait : de Matisse Basquiat , une slection de
200 oeuvres provenant de la collection du Cabinet d'Art Graphique/Muse national
d'art moderne, Centre Georges Pompidou
. Cette manifestation s'inscrit dans le
programme Hors les murs 1998-1999 du Centre Georges Pompidou et constitue une
des expositions les plus importantes d'oeuvres d'art moderne sur papier jamais
prsentes . Le double enjeu de cette exposition est, d'une part, de prsenter une
collection d'art graphique parmi les plus riches au monde, d'autre part, de faire se
confronter les matres de l'art classique et des artistes contemporains.
De 1906, date d'un petit paysage au fusain de Piet Mondrian, 1996, date d'une suite
au lavis de Marlene Dumas, l'exposition Au fil du trait : de Matisse Basquiat
prsente quasiment un sicle de cration graphique, avec sa part de chefs-d'oeuvre
classiques du XXe sicle (Kandinsky, Picasso, Matisse, Klee
.), celle d'oeuvres rares ou
inconnues (Dali, Pevsner, Kupka, Music, Delarbre .), et enfin celle des travaux rcents
illustrant la vitalit de l'expression graphique chez les artistes les plus jeunes (Trockel,
Dumas, Hybert, Orozco, Whiteread) . Ce panorama de la cration graphique au XXe
sicle sera retrac, non pas de manire chronologique, mais suivant sept thmes autour
desquels des oeuvres de toutes les priodes seront rassembles . Ces thmes ne
renvoient pas des genres prcis ou prdtermins, mais apparaissent plutt comme
des catgories dans lesquelles un certain nombre d'oeuvres d'artistes de gnration et
de sensibilit diffrentes peuvent tre runies
. Les titres de ces thmes sont De la
nature, De la figure au portrait, Eros, L'crit la lettre, L'absolu, La douleur, et La
joie.
De la nature :
L approche contemporaine de ce thme classique de l art offre des ralisations
profondment originales, qu'elles renvoient une vocation littrale de la faune (vache
blanche de Dubuffet, cerf de Klee, papillons de Calder) ou de la flore, (feuilles de
Matisse)
. Cette vocation peut prendre un tour plus mtaphorique, avec Dezeuze et ses
plantes amoureuses, Rouan et ses jardins d entrelacs ou encore Mondrian et son
paysage d'hiver charbonneux.
De la figure au portrait :
En Occident, la figure, le portrait, ont toujours tenu une place centrale dans les
proccupations artistiques
. Le dveloppement de la photographie, loin de relativiser cet
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enjeu, a permis une sorte de redfinition du rle de la peinture - et donc du dessin -
vis--vis de ce thme en offrant aux artistes une libert extraordinaire.
La restitution de l image de l autre, ou de soi-mme, est devenue une vritable
exprience ontologique de l'art du XXe sicle, que ce soit sur un mode tragique avec
Antonin Artaud (Portrait d'Henri Pichette), ou sur un mode plus ironique ou caricatural
avec Dubuffet (galerie de portraits de personnalits du monde de l'art)
. Cette ironie se
retrouve chez Warhol (portrait de Mao en icne hollywoodienne), Gasiorowski
(autoportraits grinants), et encore Boltanski, o l'image de soi ne peut tre assume
que sous l'apparence du comdien tragi-comique.
Eros :
Un des faits marquants de l'art du XXe sicle est la nouvelle optique adopte par les
artistes dans la reprsentation du corps. Le corps n apparat plus comme ce tout
harmonieux et idalis de la Renaissance, mais comme le lieu du dsordre, du
morcellement, du fantasme. Le dsir sous l'oeil des surralistes, dcoupe, dmembre,
recompose l'image d'un monde en plein bouleversement (Victor Brauner, Hans
Bellmer, Andr Masson, Roberto Matta) . Quelques dcennies plus tard, les approches du
corps donnent naissance des images plus inquites et douloureuses, o les
questionnements sur l identit passent par une mise en scne des diffrences
morphologiques entre les sexes (Gnther Brus, Francesco Clemente, Rosemarie Trockel).
L'crit la lettre :
Avec le cubisme, puis plus encore avec Dada, la lettre, le mot, l'crit envahissent le
monde visuel
. Des natures mortes cubistes de Braque et Picasso aux pomes
phontiques et aux collages de Raoul Hausmann et Kurt Schwitters, c'est tout un pan du
vocabulaire plastique et potique de l'art moderne, avec ses multiples emprunts la
socit industrielle mergeante, qui se trouve runi . Ce vocabulaire s'est dvelopp
pour conduire des systmes graphiques autonomes, comme le Standart de A
Penck ou des drives potiques comme celles de Richard Baqui.
L'absolu :
Objet ultime toute qute, dont tout dpend et qui ne dpend de rien , la recherche
d'absolu soutend, et en particulier par le dessin, la dmarche artistique moderne
. Bel
idalisme qui, de Mondrian Malevitch en passant par Jawlensky et Otto Freundlich, a
plus particulirement irrigu la dmarche des tenants d'une abstraction rigoureuse
. Cet
idalisme s'est maintenu ces dernires dcennies avec des peintres comme James
Bishop, Pierre Soulages, Agnes Martin ou Brice Marden.
La douleur
A la splendeur d un sicle port par l avance prodigieuse des sciences et des
techniques, s'oppose la misre des socits et des individus mins par la violence et
l'injustice. Cette plaie a la forme de l'horreur des camps de concentration vus par ceux
- Zoran Music, Lon Delarbre - qui l'ont vcu, avec cette ncessit de tmoigner de ce
qui dpassait l'entendement ; elle a le visage tumfi de la perte de la conscience de
soi, avec Artaud, Wols, Michaux ; elle a la noirceur infinie des forces du mal qui
effacent l'espoir du coeur des hommes pour Paul Klee et Olivier Debr.
La joie :
Libre bonheur de la forme, pure jubilation de la couleur et de la ligne, l art n est
parfois qu'un jeu o le trait est le fruit de l'observation comme de l'humeur ou du
hasard, o la couleur rpond aussi bien des rgles savantes qu' des lois inconnues
pour des harmonies nouvelles . Matisse dcoupant ses papiers colors, Picasso se livrant
encore une fois au face--face gourmand avec son modle, Chaissac donnant vie ses
drles de bonhommes en papier peint, ou encore Jasper Johns grenant, comme dans
une comptine, les couleurs des chiffres de zro neuf, tmoignent ici de la joie simple
et communicative de crer
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Paralllement ces thmes, deux ensembles monographiques ont t rservs
Wassily Kandinsky et Frantisek Kupka
Ces deux matres de l'abstraction sont
reprsents chacun avec une suite d'oeuvres de la fin des annes vingt.
Liste des artistes prsents
Antonin ARTAUD
; Johannes BAADER; Richard BAQUIE;
Jean-Michel BASQUTAT
; James BISHOP; Hans BELLMER; Joseph BEUYS
Mel
BOCHNER ; Christian BOLTANSKI
; Louise BOURGEOIS
; Georges BRAQUE; Victor
BRAUNER
; Gnther BRUS ; Alexander CALDER; Marc CHAGALL
; Gaston CHAISSAC;
Serge CHARCHOUNE
; Eduardo CHILLIDA; Francesco CLEMENTE
; Salvador DALI
; Olivier
DEBRE; Lon DELARBRE ; Sonia DELAUNAY
; Willem DE KOONING
; Daniel DEZEUZE;
Jim DINE ; Jean DUBUFFET ; Marlene DUMAS
; Max ERNST; Jean FAUTRIER
; Joel
FISHER; Lucio FONTANA; Otto FREUNDLICH
; Grard GASIOROWSKI
; Raoul
HAUSMANN; Eva HESSE
; Fabrice HYBERT
; Alexej von JAWLENSKY
; Jasper JOHNS;
Wassily KANDINSKY
; Ellsworth KELLY
; Paul KLEE; Frantisek KUPKA; Fernand LEGER;
Richard LONG
; Alberto MAGNELLI
; Kasimir MALEVITCH
; Robert MANGOLD ; Alfred
MANESSIER; Paul MANSOUROFF
; Brice MARDEN ; Agnes MARTIN
; Andr MASSON;
Henri MATISSE
; Roberto MATTA
; Henri MICHAUX; Piet MONDRIAN
; Giorgio MORANDI;
Gabriel OROZCO ; Giuseppe PENONE ; A
R
. PENCK
; Antoine PEVSNER
; Pablo PICASSO;
Jean POUGNY; Arnulf RAINER ; Bernard REQUICHOT; Franois ROUAN
; Kurt
SCHWIZTERS; Pierre SOULAGES; Antoni TAPIES
; David TREMLETT
; Rosemarie
TROCKEL
; Cy TWOMBLY; Claude VIALLAT ; Andy WARHOL
; Rachel WHITEREAD;
Stanislaw WITKIEWICZ ; WOLS.
Commissaires de l exposition :
Jonas Storsve
Guy Tosatto
Conservateur
Conservateur du patrimoine
Cabinet d art graphique/Mnam, Directeur de Carr d art,
Centre Georges Pompidou
Muse d art contemporain de Nmes
Le catalogue
: A l'occasion de l'exposition Au fil du trait : de Matisse Basquiat est
publi un catalogue, dans la collection Hors les Murs , sous la direction de Jonas
Storsve et Guy Tosatto, et avec un essai de Eric Mzil, historien de l art.
Codition : Editions du Centre Pompidou/Carr d Art, juin 1998
. Prix : 160 F
Centre Georges Pompidou
Direction de la communication
Attache de presse :
Emmanuelle Toubiana
Tl
: 01 44 78 49 87
Fax
: 01 44 78 13 02
Carr d Art
Muse d art contemporain Nmes
Contact presse :
Barbara Shrder
Tl : 04 66 76 35 70
Fax
: 04 66 76 35 85
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Au fil du trait
Publication
De Matisse Basquiat
sous la direction de Jonas Storsve et Guy Tosatto
A l'occasion de l'exposition Au fil du trait : de Matisse Basquiat est publi un
catalogue, dans la collection Hors les Murs , sous la direction de Jonas Storsve et Guy
Tosatto, et avec un essai de Eric Mzil, historien de l'art . Ce portrait du cabinet d'art
graphique, sous forme de dessins d'artistes contemporains mais aussi de grands
classiques s'articule autour de 9 sections, prcdes chacune d'une courte introduction.
L'ouvrage est complt par des notices biographiques des artistes prsents ainsi que
la liste des oeuvres exposes.
Sommaire du catalogue :
Jean-Jacques Aillagon
Avant-propos
Jonas Storsve
Prface
Guy Tosatto
Prface
Eric Mzil
Au fil du trait
Jonas Storsve
Guy Tosatto
Catalogue des oeuvres
De la nature
De la figure au portrait
Eros
L'crit la lettre
L absolu
Kupka
Kandinsky
La douleur
La joie
Jonas Storsve
Notices
biographiques
Liste des oeuvres exposes
Informations
pratiques :
Format
: 22 x 28 cm, 160 pages, 117 illustrations n b, 63 illustrations couleur.
Codition : Editions du Centre Pompidou et Carr d'Art, juin 1998.
Prix : 160 F
Dj parus dans la collection Hors les Murs
: Abstraction/France 1945-1965 ;
De Klein Warhol, Kandinsky; Matisse.
Editions du Centre Georges Pompidou
Attache de presse
: Danile Alers
tl : 01 44 78 41 27 / fax 01
44
78 12 05
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entre
Georges Pompidou
au fil du trait
de matisse basquiat
collection
du C ent re Georges Pompidou
M u s e n a t i o n a l d a rt m o d e r n e
Cabinet d ar t graphique
d Art
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vant propos
D octobre 1997 dcembre 1999,
ie Centre nat ional d art et de culture
Georges Pom pidou met prof i t la
pr iode du ramnagement de son
btiment pour engager, en partenariat
avec les institutions culturelles en
rgion et les collectivits qui en sont
les tu te lles, un vaste programme de
prsentat ion de sa Col lect ion, qui est
aujourd hui l une des toutes premires,
s inon la p rem ire du m onde pour
l art moderne et contemporain.
L enjeu de cette entreprise sans prc-
dent revt, pour le C entre, un caractre
centra l
. C est un enjeu de service
publ ic , celui d exercer toute l tendue
de sa m ission de di f fusion de la
culture moderne auprs du p lus grand
nombre
. tablissement national, i l se
dort d assumer cette responsabilit
l gard de la total i t du te rri toire
de notre pays, e t se donne pour ce la
tes moyens de jouer le r le de t te
de rseau, de centrale de la dcen-
t ral isat ion, qui lui avait t impart i
ds sa cration.
Ce p rog ramme com por te d j
p lus de quinze exposit ions, dans quinze
villes franaises, et concerne prs d e
mille trois cents oeuvres. Au-del de ces
donnes o uantitatives, c est sur l esprit
qui l anime qu i l me t ient coeur
d insister : celui d une v ri table col la-
borat ion, qui se manifeste tous les
niveaux de la concept ion et d e l orga-
nisat ion d e chaque exposit ion, entre
les quipes du Centre et celles des insti-
tut ions qui sont ses partenaires dans
cette aventure partage.
L exposition Au fil du traits, organise
conjo intement par le C entre nat ional
d art et de culture
Georges Pompidou
et le Carr d Art , Muse d art contem -
porain de Nmes, est une tape
majeure de ce programme, en mm e
temps que l une des p lus impo rtantes
exposit ions d art graphique mo derne
et contemporain jamais prsentes.
Elle tmoigne de la richesse du C abinet
d art graphique, fonds qui com pte
aujourd hui, avec quelque quinze mille
oeuvres, parmi les p lus remarquables
de la Collection du Centre Georges
Pompidou-Muse nat ional d art
moderne.
Le choix, effectu au sein de ce
fonds par Guy Tosatto et Jonas Storsve,
permet d en dres ser un portrai t subt il
qui reflte la fois la qualit de ses
ensembles h istor iques et son at tent ion
vig i lante l gard de la crat ion la
plus contemporaine.
Je forme le voeu que ce choix ren-
contre, auprs du plus large public,
le succs qu il m rite.
Jean-Jacques Aillagon
Prsident du entre national
dan et de cul ture Georges Pompidou
a
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rf ce
Le Cabinet d ar t graphique, qui
s
expose aujourd hui Nimes avec un
choix htroc lite et indit d oeuvres n e
const ituant qu une inf ime p art ie
de sa collection, est le dpartement
du Muse na t ional d art moderne
le plus r iche en nombre d ceuvres
mais,
paradoxalement, ie plus secret.
I l conserve plus de quinze mille dessins,
en tenant compte des feuilles de car-
nets et constitue, avec le
Dpartement
des arts graphiques du Louvre,
le principal cabinet dvolu aux
oeuvres sur papier en France.
C est dire son importance inst i tution-
nelle, et son ampleur aussi qui rsulte
pourtant d une volont relat ivement
rcente.
sa fondation au Palais de Tokyo
en 1937, le Muse nat ional d ar t
moderne recueille, outre des peintures
et des sculptures, une partie des
collections de dessins du muse du
Luxembourg, cr en 1818 pour t re
le Muse des artistes vivants
; il reoit
galement une part ie du fonds du
muse du Jeu de P aume qui, depuis
1922, abritait les oeuvres modernes
d artistes trangers.
Sont admis dans le nouveau muse
les dessins d artistes ns mo ins de cent
ans auparavant
Pour que la nouvel le
inst i tut ion demeure un m use d ar t
moderne, des reversements rguliers
au Cabinet d ar t graphique du muse
du Louvre ont l ieu, notamme nt lors du
transfert des collections au Centre
Georges Pompidou en 1976 . C est
ainsi que partent environ m il le quatre
cents dessins, dont ta magnifique
Femme nue couche de G ustav Kl imt
ou
La Tte de mort
de James Ensor,
que nous aur ions aim pouvoir int-
grer l expo sit ion Au f i l du trait,
et qui f iguraient encore en 1974 dans
la prsentation de Dessins du Muse
nat ional d ar t moderne 1890-1945.
Ne sont ainsi plus conservs que les
dessins d artistes ns aprs 1870.
Quelques exceptions sont faites,
notamment pour H enr i Mat isse, n
en 1869, Vassily Kandinsky, n en 1866,
et Alexej Jawlensky, n en 1864, qui
normalem ent auraient d rejoindre les
artistes du xtx
sicle.
Lors de l inaugurat ion du Centre
Georges
Pompidou en 1977, le Cab inet
d art graphique comptait quelque
cinq mille dessins . Depuis, la collection
a
beaucoup
volu, elle s est consid-
rablement enrichie pour devenir
la mm oire rel le de l expression
graphique du xx
sicle
. Des achats ont
permis de faire entrer de grands
chefs-d oeuvre d artistes reconnus mais
aussi de constituer des ensembles
d oeuvres d artistes plus jeunes, parfois
mme t rs jeunes
. Paralllement, des
donat ions importantes consent ies
par des collectionneurs, par des artistes
ou leurs famil les, comme cel les de
Sonia et Charles Delaunay, Eugnie
Kupka, Roberta Gonzalez, ou les dona-
t ions Louise et Michel Leir is et Daniel
Cordier , ont parfo is boulevers l ancien
quil ibre du fonds pour le faire
s ouvrir vers des voies jusqu alors inex-
pr imentes
. Des legs ont galement
part icip enr ichir le fonds ci tons
t i tre d exem ple ceux de s sculpteurs
Brancusi et Despiau, mais aussi celui,
considrable, de Nina Kandinsky,
de plusieurs centaines de dessins de
Vassily Kandinsky en 1981 et, plus
rcemment, le legs de Paule Thvenin
grce auquel sont entrs vingt -sept
dessins d Antonin Artaud.
La procdure de la dat ion a enf in
permis l acquisi t ion d ensembles fonda-
mentaux ou de pices uniques
: la plus
belle et la plus importante col lect ion
de dessins de Chagal l au monde;
des pices isoles exceptionnelles de
Henri Matisse Arbre, 1951), de Paul Klee
(Der Hi rsch, 1919) ou de Kurt Schwitters
Prikken paa 1 en,
1939)
..
De cet te co l lect ion secrte les
dessins sont co nservs l abri de la
lumire et seulement montrs pendant
de courtes pr iodes, l occasion d ex-
posit ions ou d accrochages i l n est
pas ais de mesurer l ampleur
Si les expositions organises dans la
Galerie d art graphique du C entre
Georges
Pompidou en dvo i len t rgu-
l irement certains aspects ( Noir des-
sin en 1993, Face Face en 1994,
Dessins s urralistes et Du trait la
l igne en 1995, Dessins : acquisit ions
1992-1996
en 1996), les grandes pr-
sentat ions d ensem ble sont rares,
l exception de celle qui, en 1990, sous
le t i tre Collect ions du C abinet d art
graphique, prsenta une slect ion en
trois volets (1906-1940, 1940-1964,
1964-1990).
L exposit ion Au f i l du t rait const itue
donc une occasion except ionnel le d ap-
prhender l intrt immense de nos
collections, et c est avec enthousiasme
que le Cab inet d art graphique a
accueilli la proposit ion du Carr
d Art , Muse d art contempo rain de
Nimes d en dv oi ler le temps d un t
une inf ime pa rt ie . Une vision chrono-
logique est apparue t rop l imitat ive
et peu m me de dcr ire la complexit
d un tel fonds . Une approche thma-
t ique perme ttant de confronter, sans
contraintes de dates ou d coles,
les dessins des plus anciens aux tout
rcents d artistes clbres et peu
connus, semblait plus intressante et
novatrice
. L exposit ion ne prtend bien
entendu pas l exhaust ivi t, ni
l ob ject iv it . Elle est le rsultat de deux
regards complices qui se sont poss
sur des chefs-d ceuvre mondialement
clbres comm e sur des feuilles secrtes
et inattendues, peine connues des
spcialistes. E nsemble, i ls forment
une image, voire mm e un portrait
vo lontairement subject i f , mais
sa faon trs fidle de la collection.
Jonas Storsve
C o n s e r v a t e u r a u C a b i n e t d a r t g r a p h i q u e
M u s e n a t io n a l d a r t m o d e r n e
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rf ce
Oprer une slection dans un fonds
aussi riche que celui du C abinet d art
graphique du Muse nat ional d art
moderne relve de la gageure.
Les premires boites d archivage
ouvertes, les premiers cartons d ceuvres
feuillets, le vertige vous saisit pour
ne plus vous quitter devant la diversit
extrme des dessins, la varit des
techniques et des formats, l htrog-
nit de la reprsentation des artistes,
depuis les plus grands de ce sicle
jusqu la gnrat ion la p lus jeune.
De fa it , un seul lment parait
premire vue fdrer cette masse impres-
sionnante, son support
: le papier, dont
on embrasse au demeurant la gamme
ent ire, de la mchante feuil le de
journal la noble page d Arches pur
chiffon. Dans un deuxime temps,
quelque chose d e plus subtil se fait
jour, de plus prcieux aussi, la prsence
tangible, tactile, des artistes ou plutt
de toutes les mains d artistes.
C est l une vidence, mais que
l exprience du dessin renouvelle
chaque fois, et qui confre aux oeuvres
sur papier, qu elles soient de simples
esquisses ou des compositions labores,
leur vertu (au sens lat in du m ot)
inestimable
. Comm ent, en effet , ne
pas tre touch, voir boulevers, par le
sentiment d entrer de plain-pied dans
le secret d un tre plac face lui-
mm e, dans la nudit d un dia logue
silencieux entre son me et sa main?
Ce dialogue, tout au long du sic le,
nous le voyons se nouer autour
de diffrents thmes, des thmes
classiques inhren ts l art occidental
ou des thmes spcif iquement l is
l histoi re de la moderni t . Et il appa-
rait progressivement que ces thmes
rassemblent des art istes de gnrat ions
et de cultures dif frentes
. Autour
d eux se dessine ainsi peu peu un
panorama, non exhaust if mais original,
de l histoire de l art du o sicle.
C est cette voie que nous avons ch oisi
de suivre ici . Elie nous conduit de la
clbrat ion de la nature, inaugure
avec un pet i t paysage charbonneux
de Mondrian, l expression de la joie,
la joie de vivre et de crer, celle qui
clate dans une gouache dcoupe
de Mat isse, aigu comme une lame;
de l approche du corps interrogation
ludique ou angoisse, souvent ironique,
de l identit humaine, le visage, la
figure, mais aussi de ses pulsions les
plus profondes, puisions sexuelles,
puisions de mort l analyse des
signes, crits ou non, qui inscrivent
sur le papier les mots d une langue
secrte
; de l apprhension enfin de la
douleur, avec les actes graphiques d un
Artaud ou d un Music, la qute
conf iante ou exaspre d un absolu,
ou de ce que l on peut appeler
un sacr.
Ce parcours est riche en surprises,
en dcouvertes, en retrouvailles aussi.
II donne voir l immense richesse
de l expression graphique de notre
sicle, sa complexit mme, avec
l invention d approches no uvelles et
de techniques indites : cette expres-
sion est comme saisie vif sur le
papier qui demeure le support d un
acte sensible et intime de cration.
Le dessin par le, ou p lutt murmure.
Et il dit toujours plus que ce qu e
l artiste veut laisser entendre
. nous
de l couter ou plutt de le suivre,
pas pas, au fil du trait, avec l attention
qu
i l appe lle pour
rester au plus prs
de la gense des formes, au coeur
mm e de l a lchimie de l art .
Guy Tosatto
Conservateur du patrimoine,
Directeur du Carr d Art
Mus e
d art contemporain de Nimes
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r i c
Mzit
Au fil du trait
crire n, n-1, cr ire par s logans:
Faites
rh izome et pas
racine, Ne plan-
tez jamais
Ne semez pas, piquez
Ne soyez pas
un ni m ult ip le, soyez de s
mult ip l ic i ts Faites
la ligne
et jamais le
point, La
vitesse t ransforme le point
n
ligne Soyez r a pi d e, m m e sur place
Ligne
de chance,
ligne de hanche,
ligne de fuite.
Ne suscitez pas un gnral en vous
Pas des ides justes,
juste un e
ide
Goda rd ?
ve zles ides courtes .
Gales
Deleuze,
Mille Plateaux Capi talisme
et Schizophi nie
Tel le une Bel le au Bois dormant
al longe dans un phm re l inceul
d 'chafaudages
recouvrant sa structure
de v erre et de tuyauter ies colores,
le Muse national d'art moderne est
plong dans un long sommeil nces-
saire sa survie . Suivant la let tre le
voeu utopique d'Andr Malraux, un
muse imaginaire sur papier se forme,
le temps d 'une exposit ion, au Carr
d'Art de Nimes
. De la Belle endormie
s 'chappent des images
: ces visions
onir iques consti tuent un ensemble
impressionnant de chefs-d'ceuvres.
Comme pour les oracles d 'une S ibyl le
de Cum es ou de Tivol i dont i l fallait
dcrypter le secret, les dessins, tudes
et croquis sont ici rassembls selon des
thmat iques . I lnous appar t ient dsor -
mais d'en comprendre les associations,
les regroupements et autres formes
construct ives d 'opposit ions ou de
confrontat ions
. En s'vadant des
salles consacres aux collections per-
manentes et des rserves fermes au
public
. ces oeuvres sur papier se sont
en
effet mlanges, comme est brouill
un jeu de cartes pour que se perde le
joueur dans sa logique ludique.
On l 'aura com pris, le f il conducteur de
l 'exposit ion ne suit pas le long d rou-
lement de l 'h is toire
. Ar iane ne donna
pas deux fo is la bobine de Ddale
son amant Thse
. Le parcours chrono-
logique est irrmdiablement aban-
donn au profi t d 'un f i l combien
plus r iche et s t imulant, mme s ' i l es t
labyrinthique
:
le fil du trait, de la
l igne de chance, l igne de hanche,
l igne de fuite
. Sans pouv oir rembobi-
ner celui qui noue l 'h is toire en un che-
min linaire que seuls les mouvements
art is t iques v iennent rythmer, le specta-
teur est amen une errance dont
l ' issue est heureuse
. Il s'agit pour lui,
maintenant, de voir cte cte des
oeuvres qui se tlescopent dans le
s icle, qui apportent de nouv el les
lectures et
renouvellent le regard
un mom ent de notre histoire souvent
confus et indchiffrable . Si ole,
le dieu des verts, s'est charg de trans-
porter par son souffle habile ces
oeuvres N imes, une fois sur place, le
mistral proven al s'est plu crer un
savant dsordre sur les murs
. II faut
tre sensible la prcarit de ce geste
arien, toutes ces oeuvres pouvant, par
le souff le, changer d 'ordre et proposer
d'autres rcits, d'autres pistes pour
l ' imaginaire . Mais il ne s'agit pas pour
autant
de
croire qu e
s
associations
phmres doivent prf igurer
une nar-
rat ion pot ique o la seule interprta-
t ion prvaud rait, suivant le principe
d'un Gombrich pour lequel
Voir, c'est
in terprter. quoi Artaud rtorqua i t
catgor iquement Interprter, c'est
men tir , et s i l'auteur
d'Hliogabale
ou l 'anarchie couronne
est reprsent
ici avec plusieurs dessins, c'est bien
parce
qu il doit
guider nos pas
: ces
associations ne sont pas uniquement
des inv itat ions la rverie mais plutt
des aubaines pou r proposer d if frents
dchif frages l ibrs de tou t contexte
historique
. la manire de Wim
Wenders qui cr ivai t au sujet de son
road mov ie
Au f i l du temps
J'ai
ainsi eu l ' ide d'un f i lm qui suive un
it inraire, mais o i l y avait toujours
la possibil it d'utiliser quelque chose
qu'on n'a pas vu pendant le
tournage [
.] , on peut en se laissant
aller au fil du trait de ces oeuvres
choisies, saisir la mise en rseau si
diversifie organise par les comm is-
saires, et, au-del de c e l l e c i aperce-
voir d autres connexions encore.
En suivant librement la logique offerte
pa r
l accrochage
rythm de sal le en
salle, trois synthses seront proposes:
autour de la Nature et l Absolu ; de la
Figure, d ros et de la Douleur,
et enfin autour de la Joie et de l 'cri t .
Contrairement aux mythes des or i-
gines, l'ordre sera d'abord nonc
avant le chaos, puis sera englob le
corps, et enfin tudie la main qui tra-
duit ses actes par l'criture
. Au f i l du
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trait deviendrait donc la geste qui
annoncerait le
dsordre et la saine
confusion.
Gilles Deleuze cit en exergue rin-
vente un systme de pense rompant
avec la logique classique fonde sur les
strates de la philosophie cartsienne.
l arbre, longtemps
impos comme
image archtypale de tout processus
de construction analytique avec ses
racines bien ancres dans leur substrat,
le tronc renvoyant l ide d un vec-
teur directeur, les branches fixant le
concept d une arborescence organise,
Deleuze prfre le rhizome, autre
forme vgtale bien plus complexe
et fertile
: L arbre e st fi l iation, crit
Deleuze, mais le rhizome est all iance,
uniquement d alliance . L arbre impose
le verbe tre , mais le rhizome a
pour tissu la conjonction et t t
II y a
dans cette conjonction assez de
force pour secouer et draciner le verbe
tre [
._ ) Entre les choses ne dsigne
pas une relation localisable qui va de
l une l autre et rciproquement, m ais
une direction perpendiculaire, un mou -
vement transversal qui les emporte
l une et l autre, ruisseau sans db ut ni
fin, qui ronge ses deux rives et prend
de la vitesse au milieu
. Ainsi,
l tude d arbres de Piet ondrian
(v . 1905-1906), on opposera du m me
art iste l tude pour New York City
(v . 1941), non p as parce que ce dernier
dessin intervient plus tard dans la
maturation de l ceuvre, mais parce
qu il i l lustre m erveille l ide d u n
trac devenant rseau, tissu entre
les choses, comme le dfinit Deleuze.
Ces m taphores organiques permettent
de regrouper deux thmes importants
de l expositidn
. Le premier rassemble
sous le titre De la nature
des oeuvres
ayant trait prcisment au rgne vg -
tal et animal
. Le second, l Absolu,
associe des oeuvres plus abstraites et
souvent minimales, dont l amoindrisse-
ment de la reprsentation et la rarfac-
tion des lm ents plastiques renvoient
aussi l image idale du naturel
Nature et bsolu
A u
tr
e vri t :
l
nature rduit
chaque
corps en
ses par ties lmen ta i res; mais
ne le
fait point
prir, ne l
anantit
point Sil y en avait de m orte ls en
toutes
leurs part ies, les choses dispara-
traient tout
coup no s yeux et cesse-
ra ient
d exister
; i l
ne serait en effet
besoin d aucune
fo r cepou r en spa rer
les part ies, pour
en
dl ier
les
noeuds.
Tand is qu tan t fo rmes d lment
ternels, jusqu au jour o une
force les
heurte
du dehors ou les pntre pa r
le s vides
qu e l les
prsen ten t e t en
dtruit
l assemblage, j a m a is n e n o us
en laisse
voir la f in
Wcrece
De Nature
Renom
En crivant De
Natura Rerum, le dis-
ciple d picure dsirait rompre avec la
thorie de l
homomtr ie prne par
Anaxagore, principe issu de la ph iloso-
phie
g
recque et supposant qu un os
est un assemblage de tout petits os,
la chair est compose de particules de
chair, le sang est form p ar une multi-
tude de gouttes de sang qui s unissent
[
.) le feu de particules ignes, l eau
de particules liquides, et tout le reste
se composerait de mme.
Cet hymne adress Vnus peut trou-
ver rsonance dans l art du dessin . La
vision du monde, la fois matrialiste
et bucolique
propose par Lucrce,
passe par la source fconde de l en-
gendrement . Mais si une telle concep-
tion picurienne affirme le plaisir des
sens, elle passe surtout par l apprhen-
sion du vide,
composante essentielle
aux mouvements des corps, donc la
vie de tous les tres sur terre : Ne
crois pas, cependant qu i l n y ait par-
tout que matire : car i l y a du vide
dans la nature
. [
.] Posons donc en
principe qu il y a un espace intangible
et immatriel, le vide
. S il n y en avait
point les corps ne pourraient absolu-
ment se mouvoir ; cette proprit qu a
chaque corps de s opp oser, de rsister
ferait, tout moment,
obstacle
tous;
rien
n avancerai t parce que rien ne
commencerait cder
a
. Ce postulat
pos par Lucrce ne renvoie-t-i l pas
l acte mme de dessiner, ce geste cra-
teur qui util ise le support du papier
pour composer, avec des lignes, les
vides et les pleins qui se
meuvent au fil
du trait? Cette thorie
philosophique
minemm ent sensuelle
s adapte mer-
veille la
technique
du dessin, plus
encore qu celle de la peinture, dont
le support, avec ses recouvrement et
s e s
emptement consiste
davantage
en un jeu de superpositions, d addi-
tions et d effacements de matire.
Le papier est
ainsi
comme une mta-
phore de la nature selon Lucrce,
un espace vierge que les m ouvements
et les signes viennent emplir et habiter,
mouvement qui ne sont pas sans s
ap-
procher des mouvements nomades et
rhizomiques de la pense deleuzienne.
L tude pour
trous de Lucio Fontana
(1949), et surtout le dessin Sans
titr
de Cy Twom bly (1959), constituent des
exemples f rappant de la thorie de
Lucrce et des conceptions atom istes
(Galile, Robert Boyle,
Newton, etc
.)
qui lui font suite . L atomisme est en
effet l oeuvre dans toute la dm arche
de Fontana : trou qui constelle le sup-
port traditionnel feuille de papier
qu i
enregistre l acte de perforation,
boule
de terre qui cuit le geste dans le four,
fente qui
spare des espaces en tran-
chant du vide dans du plein.
L hdonisme, m l cette fois-ci aux
gestes les plus rotiss, est prsent
dans les tracs de Cy Twombly, mm e
si Vnus il prfre D ionysos, qu i l
associe au dsordre raffin qu inven-
tait Mallarm travers l alchimie des
mots
: la feuille de papier s em plit de
signes rudimentaires, rappelant la
fois les crit raturs qu on inscrit la
sauvette dans les vespasiennes
pour
clamer ses amours secrtes, et les bla-
sons retrouvs comme autant de gril les
de lecture indchiffrables dans les
abimes de quelque grotte paritale
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du
Magdalnien
suprieur.
ces oeuvres peut
tre
ra pproc h
le dessin Sans t i t re (1995) de Gabr ie l
Orozco qui, par son
a m p le u r h o r iz o n -
tale (32,5 x 168,5 cm), do nne un e
vision
pancal ique de l univers. Autre
associat ion enco re qui re l ierait la fois
le princ ipe fondateur de Lucrce et
l image du ru isseau de Deleuze:
l oeuvre de Richard Long, S ans t i t re
(1989), fai te avec du sable de la r iv ire
A v o n dp o s s ur du p ap ier - c ar to uc he
(51,6 x 131 cm), at teste le mouvement
ncessaire tabl i entre toutes sortes
de matires, ici l lment minral
(le sable) et l lment f luide (l eau).
Une fois disparue, pu isq u e b u e pa r
le support , l eau donne aux part icules
cristallines du sable les images de
la dure de son mouvement naturel
jamais f ix sur le
papier
e s r ap p r o -
chements r p o ndent d tranges
coincidences
dix ans seulement spa-
rera les dessins de Fontana et de
Twombly, conus tous d eux sur la terre
de l nide et dont les formats sont
presque ident iques. De mme, les
oeuvres d Orozco et de Long sont
presque
contemporaines
l une de
l autre, et leur droulement gnreux
est l image d une reprsentat ion
d un monde plus horizontal que vert i-
c a . exprimant a insi l ide co ntenue
dans le t i t re de l essai de Koyr,
monde clos
l'univers infini .
Mais ces inscr ipt ions du vide et du
plein qui engend rent l ' in i t iat ion pre-
mire au mouvement des corps
ciestes ou terrestres dans l 'espace,
ces Am biente Spaziale, pour reprendre
le t i tre d'un autre dessin de Fontana
l 'encre verte (1949), s'opposent des
visions du monde dont la construction
passe p ar l 'quilibre
. Mme si celui-ci
reste prcaire, i l est toujours envisag
dans une srnit cratrice
. Le mouve-
ment, comme l iant const itut f d e
'oeuvre, re lve d 'une qute d 'absolu,
cars le dessin l 'encre de Chine de
Bamett Newman, Sans t i tre (The Break
de 1946, o sont radical ises les intui-
t ions de Lucrce . Tout le t ravail de
cet art iste amricain est un combat
int imement ncessaire entre le v ide
et le plein pour gnrer la vie qui do i t
tendre une forme de spi r i tual i t
iconoc laste (un peu comme lut taient les
deux mains de Robert Mitchum dans
La Nui t du
chasseur, la droite tatoue
du m o t
Love,
la g a u c h e d u m ot Ha te ) .
Cette sensat ion d une unit qui ne
t ient qu un f i l sous-tend ainsi l oeuvre
de Robert Mangold : dans le t r iptyque
Sans t i t re de 196 9, t rois parall lpi-
pdes aux angles improbables
flott nt
dans un v ide salutaire pour leur surv ie.
Encore plus bancales sont les t ro is
construc t ions de James Bishop dessi-
nes en 1978
. Nul besoin de grands
fo r m ats p o ur exp r i m er en qu e l ques
trai ts l ide d un e fondation hs i tante,
comme si l art iste se rfrait la
gens e d un m o nde ba l bu t i an t. Mme
c o ns t a t. encore, avec les deux assem-
blages de blocs minraux, Pierre
(1932)
e t tu d e pou r P ie r re n
10 (1933)
d Alber to Magnel l i , qui voquent une
reprsentat ion semblable du cosmos,
o les v ides et les pleins gnrent
d tran
g
es sensat ions de suspension
d un espace et d un temps f lot tants.
Plus paisibles sont les
Sans t i t re
d Agns Mart in s chelonnant chrono-
l o g iq uement (196 0, 196 5, 197 4 )
: ce ne
sont pas les lments mais la tempo ra-
l i t e l le-mme qui est ic i suspendue
dans le vide ini t ial du su pport . Cette
amricaine, qui a chois i depuis 1967 de
quit ter New York pour s isoler dans le
dsert du Nouveau Mexique, inscri t
avec de l encre sur des p et i ts papiers
ses expriences d un temps dont la
quasi- immobil i t
est l
image des
panoramas dploys devant e l le
: des
montagnes inf in ies de sable brl par
un solei l de plomb . Traverse gogra-
phique, qui est comme une tentat ive,
une et mu l t ip le, d un qua dr i l lage idal
autant qu imaginaire, crant des
rseaux sur le papier. Les gri l les qui
enchevtrent l ignes vert ica les et hori-
zontales syntht isent la d isc ipl ine du
t r a it qu aur o nt ten t M o ndr i an to u te
sa v ie (bien v idemment c i t ic i en pre-
mier lieu) mais aussi, plus prs de
nous, Ad R einhardt , Sol LeWit t ou Cari
A n d re. L essent iel est formul t ravers
ces grilles srielles et rptitives qui
n oprent pas comme l imite ou c lture
mais comme ouverture asymptoma-
t ique ve rs l inf ini. Sensualiste sa
manire, Agnes Mart in nonce ainsi
la qute d une juste mesure de l mo-
t ion, plus qu elle ne
p r op ose
un e
mthode de connaissance du monde:
Le travail artistique, crit-elle, est
la s t imulat ion de nos sens ibi li ts.
Le retour la mmoire des moments de
perfect ion
s
Paradoxalement , l oeuvre
in t i tu le W here r
ryoanji r/13
(1990)
de John Cage, qui fa it c i ta t ion du plus
clbre jardin zen de Kyoto, ne s op-
pose pas l ide de l tendue inf in ie
du dsert d Agnes Mart in . N existe-il
pas en effet , dans la consc ience des
moines-jardiniers, la volont de crer,
avec quinze rochers runis en c inq
groupes sur une p et i te bande de sable
de trente mtres sur dix mtres,
l tourdissante perte de repres spat io-
temporels? Ces jardins de pierre, une
f o is de p lus , ado p t ent
le
v ide pour
per-
mettre chaque c ole shimoiste d y
t rouver un sens symbolique part icul ier.
Une oeuvre plus ancienne, la
Composit ion suprmat iste (1915-1920)
de K asimir Malev itch, syntht ise toutes
les autres . Dans ce tout pet i t dessin
(13,8 x 11,4 c m), ral is la mine de
plomb sur papier quadri l l , l motion
est porte un niveau de justesse et de
d i sc r t ion a d m ir a b le
Rconc i l iant
toutes les
applications
mathmatiques,
astrophysiques ou atomistes, Malev itch
s introduit dans le champ de la phno-
mnologie
: la couleur blanche ou
son absence d e couleur est l gal
d u vide, l ieu de passage nonc dans
De Nature
Rerum
: Le blanc suprma-
t iste inf in i, cri t- i l , donne au rayon
visuel la possibilit de passer sans
rencontrer de l imite
. Nous voyons des
corps qui se meuvent . Quel est leur
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mouvement e t quels sont ces corps?
Cela i l faut le dcou vr i r. Ayant invent
ce systme, j 'ai entrepris l 'tude des
forces de
passages
qu' i l convient de
dcouvrir, dont il faut dfinir l 'essence,
car elles se sont ranges dans l 'en-
semble du monde des choses a
Devanant les dmarches de Fontana,
Twombly, Newman ou Orozco,
Malevitch dclare
: Dans l ' inf ini , tout
deviendra
r ien, c 'est--d ire
quelque
chose que la conscience de celui qui
pense se rendre matre des dvoile-
ments de la l igne ou du vo lume ou
de la surface ne peut embrasser.
Le monde est comm e une porosit et
un trou dont le corps n 'est pas v ide' .
Enfin, avec les deux dessins de
Kandinsky, Tension en hauteur
(1924)
et Accord (1928), de mme format,
le premier vert ica l , le second horizon-
ta l , parai t atteinte la sen sation d'un
absolu qui pu isera it encore et tou jours
son nerg ie dans les profondeurs
d'une nature abstrai te et spi r ituel le.
Sur le substrat vacant e t ouvert de
ta feu i l le blanche peuvent cro tre les
bel les ramures serpent ines de Matisse.
Simple Arabesque trace l'encre noire
( 1944-1947) , Feuil le de lagon encore
trs stylise (1944-19 47) ou Feuille de
chne plus d finie (1944 -1946 ) ,
la forme vgtale est b ien pour
Matisse l 'unique prtexte pour tracer
dans l 'espace des lignes libres de
toute contrainte . Sa main guide la
plume avec des gestes quasi enfantins
et pou rtant parfai ts, tout en faisant
l 'exprience quotidienne de la simplifi-
cation, de l 'pure et d 'une reconqute
de la b eaut nature l le e t essentie l le .
l ' laboration des lments d 'un
cosmos f lottant entre les l ignes d'un
bout de papier (Malevi tch, Martin,
Mangold), aux formes minra les
(Magne l l i e t Cage, d 'une certa ine
manire), succdent, comme dans
La Gense, les images organiques.
Matisse a eu ses disciples, par exemp le
en la personne d 'El lsworth K el iy , qu i,
ds les annes cinquante Paris,
a poursuivi les
explorations infinies
du Martre . Les Colot Fields
qui caractri-
sent la peinture abstraite amricaine de
cette poque prennent en
effet leur
source dans les leons
des fameux
papiers dcoups
. Brandi of Leaves
(1982 ) poursuit en revanche la
recherche d'une
occupation de l 'espace
sur une grande feuille de papier
(76,5 x 56 cm ) par des formes simples
et vgtales.
Si l 'Arbre de Matisse (19 51) cache la
fort, alors Der Hirsch [Le Cerf] de Paul
Klee (1919 ) se camouf le dans un jeu de
construct ion gomtrique
: les ramures
du cerf se confondent avec le sous-bois
color
. I I en est de mme po ur le Sans
t i t re de Joel Fischer (1980), qu i, part ir
d 'une peti te asprit trouve dans
le papier, esquisse alors en quelques
coups de fusain un autre animal de
nos forts, la belette, le furet, ou
peut-tre le lo i r , que les p roportions
g i gan tesques (194 x 118 cm) lven t
au rang d 'un spectre vanescent qu i
traverse le vide de sa surface
. C'est la
vie qui s' installe peu peu dans le
dessin, et comme le prconisait Lucrce,
la vie dans sa forme la plus noble, celle
de l 'engendrement
. Daniel Dezeuze
la fte travers
La Vie
amoureuse
des p lantes (19 92), en jouant avec des
crayons aquarelle
qui appor tent la
couleur, la chaleur solaire
. Alexander
Calder insta lle sur un grand papier
( 108 x 75 cm) des
Papillons
( 1966)
de couleurs franches, et un peu btes,
qui auraient volu plus aisment dans
l 'espace s' ils avaient t accrochs aux
f i ls d 'un mob i le dont l 'ar t is te matr ise
mieux les lois de la gravitation Gauch e
semble aussi la
Vache b lanche, fond
vert de Dubuffet (1954) , t rop l 't roi t
dans son enclos de 32,6 x 40,2 cm:
preuve que lorsque la nature insuff le
la vie, elle demande au dessin un
espace tou jours p lus pars, ouvert
et fcond
Figure ros Douleur
Si on vous unit D ieu, c est pa r grce,
non par nature.
S i o n
v o u s a b a is s e , c e s t
par
p n i t en c e ,
n o n
pa r
na t u re ,
Ainsi, cette double capacit:
v ous n tes
p as
dan s l ta t
de
v o t r e
cr a tion .
Pascal,
Penses
Un mons t re
e s t un prodige.
U n prod ige es t
qu lqu
chose de
surpren an t qu i
e s t s e lon
l ordre de
la
natu re e t dont
on ign ore l a u s e
Dictionnaire
de ondillac
Avec des brindi lles et des branchages
tremps dl icatement dans de l 'encre
et de la gouache, Brice Marden dresse
le portrait imaginaire des fi lles de
Zeus et de M nmosyne, dtentrice de
la mmoi re de l 'human i t . The Muses
Drawing (1991-1993)
est un hommage
aux neuf inspiratrices des potes et des
savant
. Nul le nymphe n'a t attr ibue
t 'art du dessin, de la peinture ou de
la sculpture . C'est au cours d'un long
processus, au xwr et xvnr` sicles, que
ces disciplines se hissrent la dignit
des arts libraux
: le muse sera leur
revanche.
Faut-il
rappeler que le premier nom
donn, ds l 'Ant iqui t, l 'art isan qui
enrayai t le systme cono mique de
base, est le dmiurge , dont l tymo-
logie renvoie au dmoniaque, au
mons trueux
. Dans les socits
archaiques, le monstrueux se df ini t
comme accidente l , dans la mesure o
i l s 'oppose au rationnel . La monstruo-
sit apparais ds lors que
l 'application
des rgles, des recettes empiriques
et de la routine aveugle est dpasse.
Les turbulentes, inquitantes niais fra-
g i les muses de Brice Marden dfendent
les arts l ibraux en
s'opposant
aux arts
mcaniques, car justement ces derniers
taient lis des savoir-faire artisanaux
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13/25
Le Moyen ge conservera ce t te
concept ion rdu ctr ice, et
i l faudra
at tend re l Acad mi e d e Sa i n t Lu c
Rome e t F l orence p u i s , en F rance,
l Acadmie Royale de Peinture conue
p ar Leb ru n p ou r q u e l a r t is te acq u i er t
le statut qu on lui reconna t aujour-
d h u i
. S i Louis XIV codi f ie l
Acad mi e ,
Ka n t
conceptual ise ensuite la crat ion
de l a r t dg a g d e to ute fo n c t io n -
nal i t
. La non-conformi t u n mod l e
rfrentiel prtabl i prend souda in le
caractre d une russi te
exceptionnel le
qui n est p lus suscep tib le d une ap pl i -
cat ion gnral ise. Le dmiurge est
alors inquitant en ce que son savoir
es t moi ns h u mai n q u e d moni aq u e .
Seules les choses dont la connaissance
la plus complte ne suff i t pas donne r
l habi li t ncessaire les produire,
a ppa r t ie n n e n t
l ar t, cr it K ant
Les beaux-arts sont pour le phi losophe
les arts du gnie, qui sont un don str ic-
te me n t in d iv idue l e t in c o mm un ic a b le .
En cela, le g nie re jo int le dmiurge
archaique, dans la mesu re o i l cre
sans aucune rgle arbitra ire , l ibre de
to ute c o n tra in te . L e pro d ig e fa i t de
l orig inal i t sa premire particulari t.
C omm e l e d f i n i t C ond i l lac , c es t d ans
cet cart la rgle que se si tue le
g n i e , au x ant i p od es d u d mi u rge ,
p ou r tant tou t au ss i mon st ru eu x .
Ce t te n o t io n re n d c o mpte d un e s o l i -
tude nouvelle face la cration.
Dmiurge, prodige, gnie : ces termes
renvoient un mme comportement,
qui n'en est pas moins jug comme
monstrueux et laid
. Pour l'artiste, deux
issues se prsentent : soit il considre
que son gnie est exemplaire et
deviendra un modle plbiscit par
l' institution, soit il joue, comm e dans
l 'Antiquit, le rle prsum du paria,
celui du bouffon que la socit sa it
gnrer l'envi. Grard Gasiorowski
n'hsite pas se fondre dans cet te
seconde catgorie, qui rappelle les
poques o les cours d'Europe s'entou-
raient de monstres afin de magnifier
leur beaut prsume
. La srie
inti-
tule Autocr i t ique
du bouffon (1974)
dfinit bien sa volont de se mettre
en scne dans le rle social le plus gro-
tesque, s'accordant ipso
f ac to le rle
de l' idiot_ avant que tes autres ne le
lui attribuent Dans ses Sayntes
comiques contemporaines des trois
autoportraits de Gasiorowski, Christian
Bottanski n'hsite
pa s
lu i
non plus
revti r l 'habi t du clown, un peu pa th-
t ique et un peu stupide . Les pitreries
d'un enfant sont toujours tolrables,
cel les d'un adulte relvent du mons-
trueux ; l'effet de miroir dstabilise et
drgle la convenance
. Bouffon, charo-
gnard, Jui f et Chrt ien'
portrait
grotesque dont Bottanski assume l 'am-
bivalence dans son rle d'artiste, qu'i l
dfinit ainsi
: la fois bte et mchant,
iconoclaste et iconodule, contradictoi re,
broui l lant toutes les pistes pour rester
libre_.
Autres att i tudes encore de mise en
pices d'une image noble de l'artiste:
cel le de Malevi tch, avec son tude
de paysan (1911), o l 'ar t iste revendique
un statut cultiv, mais par la connais-
sance de la terre et non par l 'exercice
de l' intelligence ; celle de Gaston
Chaissac qui assume son inculture
art is t ique avec une sincri t qui fai t de
lui le gnie le plus sublime de l 'Art
brut
. Les commissaires de l exposition
ne s y sont pas tromps, en plaant
les trois collages raliss avec des frag-
ments de papiers peints : Personnage
aux cheveux verts roses
et blancs,
Personnage la barbiche
et l tte
rose, Personnage
au grand oei l bleu
(1960-1962) dans la sect ion consacre
la joie.
Gasiorowski , Boltanski ,
ou Chaissac:
chacun sa manire dpasse par la
c o md ie l o u t re c u ida n c e pr te n due
du sta tut d'ar t iste. celui-ci de revti r
un masque ou de nous le faire porter.
Michel Foucault dsigne ainsi cet
absolu de dris ion dans L es Mots et
les choses
: L 'Homme va dispara tre,
l 'homm e est en train de disparatre
Plus que la m ort de Dieu, ou plutt
dans le sillage de cette mort, et selon
une corrlat ion profonde avec el le,
c e qu a n n o n c e la pe n s e de Nie tzs c he ,
c
es t
la
f in de son meurtrier, c est l cla-
t e m e n t d u visage de l H o m m e
dans
l e r ire , e t le re to ur de s ma s que s
S i l a r t c o m m e f o r m e d e
d p a s s e m e n t
fonde son orig ine dans l art i f ice , a lors
le rire triste d u c l own
e t
le s m a s que s
d u bou ffon cor r esp on d ent la d f in i -
t ion d u p or t r a i t- r obot d u c r a t eu r .
la
l imite , cri t
M u r ie l le Gagnebin ,
dans Fascinat ion
d e la la id eu r ,
l ' homme du arnaval , c 'es t l ' homme
social dmasqu, l 'homme rdui t son
tre vrai . J
. J
Grandvil le , c i tan t
Salomon, crit : Mets ton masque e t
je te dirai qui tu es , et plus loin i l
ajoute
: Le masque a t donn
l 'homme pour faire connatre sa pense.
Qu'est-ce, cependant, qu'un homme
masqu, s inon un monstre? [
.]
C'est un m onstre invent
. II relve
non d'un drglement
interne de la vie
organise, mais de la fiction, du jeu,
de l'art
. Nanmoins prenons garde:
toute f ict ion est un produi t de l 'ac t iv i t
art is t ique de l 'homm e et, comme tel,
toute f ict ion expr ime son c rateur .
Carnaval drle ou
macabre : Andy
Warhol esquisse un portrai t de Ma o
(1972), qui sera par la suite dupliqu
l infini dans
les
gammes de couleurs
toujours plus criardes . Jean Dubuf fet
fai t sor t i r
Charles-Andr Cingria et
Edith
Boissonnas (1947) d'un trombi-
noscope de foire
. son tour, Antoine
Pevsner a l igne des ma sques anonymes
avec ses Ttes de femme (1920) et sa
Tte
d 'homme (1923) L'Au topor t ra i t
de Louise
Bourgeo is ( 1942) , avec ses
peti ts seins comm e des oeufs sur
le plat et sur son visage en forme de
potiche une ombre se m b la b le u n e
barbe de tr ois jours, fonctionne selon
le mme registre de la femm e sans fard,
dt ru i sant sa pr opre image
: Bas les
masques Rosemarie 7rockel , avec
une douce
arrogance,
prfre plaquer
le buste face au mur, dans Sans
t i t r e
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(1996)
. Mar lene Dumas, dans une
grande composi t ion (60 x 300 cm) inti-
tule
Mixed Blow (19 96), dforme les
visages o se mlangent des apparte-
nances ethniques grce une technique
fluide brouillant limage
Tous les visages sont permis sauf
le visage de l homme tait- i l inscrit
dans le Talmud
Amutf Ra ine r le s a i t a u
p l u s profond d e lu i -m me e n ra l is a nt,
avec de
l hui le et
d e
l e nc re d e
Chine
sur photographies, des masques mor-
tuaires qu e le trai t rature, gr i ffe au
point de dtruire la l isibi l i t de l image :
ses quatre
T o te n m a s ke n ( 1 97 8 ) s o n t
d un e v io le nce ins oute na ble
Les por-
tra its de Gottfried von Schadow, de
Moltke ou d Adalbert Stif ter dessinent
l m o rt, d ia lo guen t avec celle qui inscrit
sur les traits des v isages son act ion.
Les doigts de Rainer semblent guids
pa r L a m ain du diable qui accompagne
ses g estes en lu i dictant l indic ible.
Cette exprience de l e xtrme est proche
de cel le dcrite par Henri Michaux:
l a p l um e, r ageusem en t r a tur an t
je balafre les su rfaces, pour faire
ravage dessu s, c o m m e ravage to ute la
journe passe en moi, fa isant de mon
tre une p la ie
. Q ue de ce
papier
u s s i
vienne la plaie
l2
. Que le papier rvle
la vrit de l tre est aussi le propos
de Joseph Beuys. Dans son
Autoportrai t
(1954) s inscrit cette priode la plus
prcaire de sa v ie , o alternaient
longues crises de dpression et pr-
misses d une crat ion balbut iante.
Sans son chapeau de feutre lgendaire,
i l t race dj une croix au-dess us de
deux gran ds yeux h a l luc in s
. I I cha-
fa ud e toute s on oe uv re a utour d e ce
thme, conscient que ceux qui revien-
nent de la m ort ont jouer un rle
quasi messianique.
La beaut n'est que le commen-
cement de l
pouvantable que nous
aurons peine la force de supporters,
notait Rilke dans l'une des lgies de
Duino
Le thme de la D ouleur associ
celui de la Figure restitue la violence
de ce constat . Les trois petits dessins
sombres et peu connus de Eva Hesse,
Sans t i tre
(1960-1961)
en c o n den sen t
l insupportable.
Le grotesque t ransform en subl ime?
L'hypothse d 'une runif icat ion de
l 'homme par l 'rotisme sera la
deuxime alternat ive . ros entre ici
en scne mais apporte selon Lyotard
la d istorsion, l 'cartlement, la d i f f-
rence et l 'extr ior i t toute forme.
L' informe et le df igur
5
.
part le beau
Nu
sensuel
de
Matisse
(1930-1931), les
images voues l'ro-
t isme apparaissent p lutt carte les
entre l ' in forme e t le dfigur, confi r-
mant le t i tre de l 'essai de
Georges
Bataille,
Les Larmes
d ros. Le Nu de
Jean Fautrier (vers 1940) il lustre, dix
ans p lus tard, la venue d 'une sexual it
plus complexe, nerveuse, reprsente
ht ivement Est abandonne la prat ique
Baudelai r ienne du luxe, calme
et volupt pour cel le de la bea ut
convulsive de Breton
Le Monde pai-
sible
(1927) de Victor Brauner rappel le
plus prcisment un autre essai de
Bataille, engag dans l'rotisme au
point d'en deve nir une sorte d' i l lustra-
tion
:
Histoire de l 'oeil
Sa srie de trois
grands dessins (65 x 50
n), titre
Anatomie du dsir (1936), voque les
dbordements du fantasme sur le rel.
Trois Cadavres exquis (1929-1931)
tendent prouver que le sexe se loge
partout, ncessaire au quotidien
comme l 'ai r qu'on respire, comme le
vide auquel Lucrce attribuait la vertu
d 'engendrement du monde
. C'est aussi
ce que f redonne Max E rnst avec
Chanson
de la chair v
1920) ,
en associant des fragments d'illustra-
tion, dcoups et colls sur papier:
Le chien qui chie le chien bien coiff
malgr les difficults du terrain cau-
ses par une neige abondante la
femme bel le gorge la chanson de la
chair. Enf in, Roberto Matta, avec une
efficacit trs contemporaine, exprime
dans
Les Dlits
(1941-19 42) le dsordre
amoureux, la distorsion, l'cartlement.
Plus proches encore, Gnther Brus,
Rosemarie Trockel ou Fabrice Hybert
poursuivent la voie de l ros dans
la brche subversive ouve rte par les
surralistes . Associant la laideur rel le
l a l a ideur f igure, i ls inventent e s
images corporelles toujours plus mons-
trueuses dans lesquelles les organes
sexuels jouent un rle
bo uf fo n .
Sigm un d Freud ava i t d j so u l ign
le regard
ng at i f or ig ine l port s ur le
s e x e
: Les
organes g n i taux n e so n t
pourtant presque jamais considrs
comme beaux . Par contre, un caractre
de be aut s attache, semb le-t- il ,
certains signes sexuels
secondaires
l`.
Dans la mme veine, Batai l le c ite dans
L r o ti s me u n e p a g e d e s C a r ne t s d e
L o n ard de V in ci : L ac te d ac c o up le-
ment et les membres dont i l se sert
sont d une te lle la ideur qu e s i l n y
avait la beaut des visages , les orne-
ments des participants et l lan
effrn, la nature perdrait l'espce
humaine
5 . Toute une srie de petits
dessins de Rosemarie Trockel. Sans
titre
(1984 -1987), permet de r ire de la la i-
deur
p r s um e d e nos propres tords
en voyant des sexe s en rect ion
comme autant de nez au m i l ieu de la
figure
. Stigmatisant ce tabou initial,
Gnther Brus n'hsite pas faire pous-
ser sur de s corps flasques ou vieil l is
des gros
sexes mous, qui
penden t
sur le torse la p lace d 'un tton (Sans
t i tre, 1970), ou qui se logent comme
une horrible protubrance sous les
aisselles d'un homme au visage
moit i cach (Sans t i t re (nu] de 19 70).
Le monstrueux aura t l
image du
drglement dans la socit grecque,
de la honte
prcamineuse chez les
chrt iens, i l fascinera ceux qui veulent
rinventer la v ie en engageant un corps
corps avec ros
. La pense dviante
de Sade est ic i
omniprsente : le Dieu-
monstre, fantme
gard ien de la lo i
morale, const i tue l 'ternelle m enace
pour les dsirs sans fin de s libertins.
Leur rve n'est pas de chasser sa
tyrannie, mais de devenir tyrans eux-
mm es pour fa ire rgner La loi
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de leurs dsirs : Quel est ce d ieu
par qu i vous nous avez si b ien fouett
et foutre , ds que vous rv lez nos
yeux le mystre de la nature, p o u r q u o i
craindr iez-vous de nou s dvoi le r ceux
de vot re maison?
d e m and e
Jul iet te.
Cette fasc ination engendre le dsi r
et l idolt r ie de ce D ieu tuer Par de ux
fois, en parlant d e Di e u , Sade associe
son c arac t re c h i m r iqu e l im age d e
l rect ion de l idole . Car si les person-
nages sad iens aborhent
Dieu, i l s sont
prt s adore r son phal l us qu i dev ient
alors un instrum ent sacr i f ic ie l . Hans
Bellmer s immisce dans ce t un ivers
avec Mad am e e stse rvi e (1 9 60 )
: c est
un sexe qu i es t serv i cette femme
dans un cal ice chr ist ique. Dans l imagi -
naire sadien, plus le sexe a des propor-
t ions ext raordinai res, plus l homme
peut se vanter d chapper aux mis-
rab les normes de l humani t : Je suis,
di t le comte Minsk i au sexe dmesur,
un monstre vomi par la nature, vomi
par e l le pour cooprer avec el le aux
dest ruct ions qu el le exige
.
I l ne s agi t p lus d avoi r un sexe,
toujours dtachable, mais d t re un
sexe
. Comme le serpent du Paradis
perdu se mord ant la queue, Fabr ice
Hyber t , dans Le C ontors ionniste (1989),
s enroule sur lu i-mme dans un
immense papier p lus grand que lu i
(124 x 204 cm) pou r tenter la mei l leure
fel lation, cel le qu on se ferait soi-mme:
l artiste fait corps avec son sexe, runi-
f i comme l imaginai t Ar istophane dans
Le Banqu e t de Platon.
Autodes t ruc t ion : les oeuvres les plus
ext raordinai res de l exposi t ion sont
peu t t re ce l l es d Antonin Ar taud .
Elles disent la ncessit de vio lence
fa i te au corps, au corps du sexe.
L au teu r du
Thtre de la cruaut sug-
g
re l invention d une s cne dvorant
ses propres acteurs
. C est par la peau
u on fera rent rer la mtaphysique
dans les esprits h b .
L Excrat ion du
pre-mre ( 194 6) e t La Maladresse
se xu e l le d e D i e u ( f vr i e r 1 9 46 ) syn th -
t isent ce rapport t range ent re ros
et Dieu dcouvert par Sade.
Enfin, une sr ie de dessins sur les
camps de concentrat ion ne peut pas
tre oublie, tant la force de son tmoi-
gnage s impose d e l le-mme
d une
manire totalement ind i te . On peut
bien sr rapprocher ces oeuvres des
eaux-for tes de
Goya,
multipliant les
images de la guerre comme pour mieux
rsister la barbar ie, des croquis de
Manet sur les barr icades, au moment
o l u rgence de tmoigner le trans-
f orme en repor te r de guer re
. La seule
numrat ion des t i t res des dessins
de Lon Delarbre
Trois
ttes
de mort
Pendus, Mort de misre,
Camarades
juifs
hongro is, Le chef de b loc du
13 2 Folette aprs son ex cut ion,
D c harge m e nt d u c am i on
de cadavres,
suf f i t d i re l at roce
. Mme constat
avec Zoran Music, tmoin ocula ire des
crimes commis Dachau, avec les ti tres
laconiques pour mieux encore trans-
mett re ce qu i est de l ordre de l indi -
cible
. Seul , le support du papier tai t
alors possib le pour reprsenter les
corps morts . Tmoins dmunis, i ls ont
m m e u t i l is d u pap i e r d e m ba l lage
rapic. Le mdium du dessin devient
ic i ncessit visuel le, comm unicat ive
et commmorative
crits La Joie
`En faisant le
mal dlectable,
cette
droutante, prouvante Providence a
cr une com plication et un
problme:
car la beaut, faisant question, est pro-
blmatique, en
effet et elle inquite
dans le t em p s m m e
qu elle
charme,
parle travail vrif icateur qu elle nous
impose et par la dception inv itable
qu elle nous rserve.
Une bel le qui est une sot te , un
mufle qui a
des faons distingues,
un imbci le quia une
oi ture
intres-
sante, un arriviste prtentieux qui a
l air dsintress : v o i l que l ques-uns
des rbus que chaque
journe nous
propose Avoir l air ,
tel est bien le
hiroglyphe
dchiffrer .
V
. Janklvitch
r it
des Vertus
Prendre distance avec la solitude
dm iurgique en s accordant les plaisirs
des sens, s abandonner la rptition
d un mm e acte, non pas jusqu
l puisement vers le tragique, mais
avec la conscience d une r igueur qui
donne une srnit intime et un calme
presque envoirtant : c est ce que
com prend Picasso la fin de sa vie,
en reproduisant tous les jours le mm e
acte, sensuel et appliqu, autour du
thme classique du Peintre et son
mod le (1970 ) ; hu i t dess ins de formats
presque identiques rythment ces
moments de grce . Les trois acryliques
sur affiche de Claude Viallat (1982)
exploitent ce mm e procd d une
rptition q ui ravit l oeil et l esprit c e s
grands espaces occups par des ballons
colors (159 x 1 19 an) attestent du
plaisir festif de l artiste pendan t la
g
ense de sa cration
. Par leur facture
presque simpliste, les trois Small
Heart
Paintings de Jim Dine (1970 ) tentent
de prolonger la pratique ludique
des papiers dcoups de M atisse.
Ral iss dans des morceaux de papier
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ou vaporiss au pochoir sur le support
les coeurs colors recouvrent la toile
selon
une compos it ion et un
ordre
quasi similaire. Enfin, la srie des
chiffres de Jasper Johns est
placer
dans ce mme espri t
de
rpt t o
sductrice et
apaisante.
U ne
te lle organisation
srielle
d u n e
oeuvre
consti tue dj une sorte
d cr iture. Ernst Cassirer, en df in issant
les formulations de la l inguistique et
de la smant i que moderne , donne sens
au vocabula ire de formes qu i s i mpo-
sent aux
regardeurss c omme d es
s ignes reconnaissabl es e t
appro-
priables
Les coeurs de 1 im D ine, les
aplats arrondis de Viallat les chi ffres
de Johns
fonc t ionnent
c omme d es
mots. Ces formes
di a loguent avec le
spectateur, participent
d u n e g r a m -
maire de signes qu i devient cr i ture.
I l s agit ds lors d une construction de
hiroglyphes d chif f rer .
Mme le Katastrophe
de Jean Pougny
peut tre regard comme tel tant est
efficace sa composit ion , sans la charge
violente de son titre ; ce grand dessin
(54 x 65 cm) s'inscrit dans la suite
des jeux cubistes o les mots
remplaent progressivement dans la
peinture les objets reprsents.
e Projet de dcoration de la place
rouge pour le
1 ' mai 7927, de Pave
Mansourof f , lague, quant lui, toute
reprsentation du monde
; comme dans
les compositions futuristes italiennes,
o la vitesse est suggre par l'acte
pictural, l'espace y est dcoup en
obliques irises de couleurs dgrades
formant une trame organique o les
mots rvolutionnaires viennent s'ins-
crire
: leurs lettres composent une sorte
d' idogramme quasi indchi f f rable
qui opre peut-tre plus par la beaut
de son graphisme que par son sens.
Encore plus actives paraissent les
lettres parfois call igraphies, parfois
typographiques, inscrites par Raoul
Hausmann comme corps mme de
ses dessins . Les deux
Plakatgedichte
pomes-affiche) de 1918, raliss selon
un systme de reproduct ion photo-
mcanique de typographies sur papiers,
v e r t p o u r l un,
o r a n g e p o u r
l autre,
annonce nt l abstract ion e t la l i ber t de
l
posie dada
. Reproduct i b le l i n f in i ,
l acte pot i que est a i ns i tota lemen t
remis
en que st ion , chappe
toute
mot ion
romant i que , sollicite
a u
contraire le
plaisir
e s sens, tout autant
visuel qu audit i f D a n s
Grirn
[Vert], le s
mots les plus
identi f iables
Mensch,
Erde)
forment un dispositif qui rap-
pelle davantage celui des Calligrammes
d pollinaire. Enfin, le clbre A B C D
1923-1924), ral
s avec des collages de
photos et des papiers imprims, repro-
duit dans sa composition le dsordre
de la Grande Guerre. Dans un mme
ordre de signif ication, les compositions
mcanistes de Picabia, constitues de
chanes enroules sur un drailleur
entranant dans son mouvement
cylindres, essieux et mots, proposent
une vision tout aussi cynique d un
monde o les passions seraient broyes
par une socit qui aurait mis sur le
seul progrs technologique : le Portrait
de Marie
Laurencin v . 1916-1917)
rappelle sa manire la drle de
guerre
ombre
d un
boches.
Les papiers imprims colls de
Johannes Baader , Collage (1920-1922),
ou le collage de papiers divers sur
contreplaqu peint de Kurt Schwitters,
Prikken paa
en (1939),
fonctionnent
comme autant de variations de ces
dispositifs d'assemblages de fragments
du rel mis en place comme des
oprat ions de drglement et de
drision . Henri Fo cil lon, faisant l 'loge
de la main, crit : Les rbellions de
la main n 'ont pas pour but d'annuler
l ' instrument, mais d'tabl i r sur de nou-
velles bases une possession rciproque.
Ce qui agit est agi son tour.
Pour comprendre ces actions et ces
ractions, cessons de con sidrer isol-
ment forme, m atire, outil et main et
plaons-nous au point de rencontre, au
lieu gomtrique de leur activit
On saisit q uel point le collage,
depuis les premires natures mortes
cubistes de Braque et de Picasso,
constitue un point de
rencontre
entre
la
main et la technique,
rvlant mieux
que le crayon ou la peinture le
dsordre d'un monde nouveau.
L 'cri tu re, le g raphe, le
hiroglyphe ou
le simple mot interviennent dans l 'art
comme des inscriptions de la ralit
sociale et humaine . Dans Les Mots
et
les choses, Foucault note
: cette
question
nietzschenne
: qu i parle?
Mallarm rpond, et ne cesse de
reprendre sa rponse, en disant que
ce qui parle, c est en sa solitude, en sa
vibration fragi le, en son nant le m ot
lui-mme non pas le sens du mot,
mais son tre nigm atique et prcaire.
Alors que Nietzsche maintenait
jusqu'au bout l ' in terrogation
de celui
qui parle Mallarm ne cesse de
s'effacer lui-mme de son propre
langage au point de ne plus vouloir y
f igurer qu' t i t re d'excuteur dans une
pure crmonie du Livre o le
discours
se
composerait
lui-mme
1 B
.
Sonia Delaunay peut tre ici voque
pour conclure notre errance au fi l
du trait, avec trois pices matresses
de 1914, d'une mlodie toute mallar-
menne
. Dans le magnifique collage
du projet d'aff iche pour les montres
Znith,
l'association
de couleurs lumi-
neuses et sombres, com plmentaires,
dynamise encore cette construction
clatante ; les mots sont irradis autour
d'une sorte d
horloge marquant les
douze coups de m idi, l'heure o le
soleil est son znith dans le ciel.
Aux oeuvres cites d'un V iallat, d'un
Dine, aux
papiers dcoups de
Matisse,
ce collage
apporte
une juste perspec-
tive historique
. Il en va de mme pour
l 'autre collage, qui est un projet
d'aff iche pour Chocolat
: les lettres,
part iculirement le cs e t le os,
deviennent visuellement des invitations
solaires au rayonnement joyeux e t
intense
. Excut la peinture la cire,
le projet d'af fiche pour Dubon net
possde le pouvoir d'un hiroglyphe,
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actif, vivant, presque sensuel;
les let t res y forment une comp osit ion
presque abstraite : elles s effacent,
s agencent dans t espace comme un
pu2zle, o les vides et les pleins dan-
sent en crant le mouvemen t de la vie
qu voquait
Lucrce Le corps donc
mail, la main, le bras, l organisme
tout ent ier vibre et se m et en fte:
tat divin de la crat ion que dj
Raoul Hausmann avait remarqu en
1920 dans son entret ien avec Vera
Broido-Cohn
: Tout commence par la
danse, les mouvements viennent bien
avant l expression verbale ou mme la
musique, car la danse possde sa propre
musique
. Quand tu te t iens l, debout,
tu n es pas dans l espace mais hors
de l espace, tu n es pas sur terre ni en
dehors de la terre et pa rt ir de l,
la cration commence ; dif ie toi-mme
les murs et les limites de ton univers
.
. Cf
. Entretien avec Hubert Niogret,
Positif,
n 187, nov
. 1976, p. 25
2. Gilles Deleuze, Mille Plateata, Capitalisme et
Schizophrnie, Paris, Minuit, 1980, p
.36
3. L ucr ce , De Natura
Rerum, Paris, GF, p
. 2 7
4. Alexandre Koyr,
Du
monde clos
l univers
infini, Paris . Gallimard, 1973
5.
Agnes Martin, Notes for On the Perfection
Linderlying Lite, cit par Gaya Goldcymer dans
un texte crit pour la oalerie Won Lambert,
Paris
1973
6. Kasimir MalevitdL in crits, L ausanne.
L Age d Homme
. 1920, p
. 220
7. Kasimir Malevitch, in De Czanne au
Supematisme, traduit par J .-C- et V Marcad,
Lausanne, L Age d Homme, 1922,
p
15 4
8. Emmanuel Kant
Cridoue de
la facult
de
juger, traduit par A. Phiionenko, Pariss, Vr in, 1993
ans de nombreux entretiens contradictoires
connes
par
Christ ian ottanski ce s quatre
terminologies reviennent trs souvent
10 Michel Foucault
es
Mots et
les
choses.
Paris, Gallimard, 1966 . p
396-397
11
Muriel Gagnebin, Fascination de
la laideur,
Lausanne, L Age d Homme, 1978,
p
39
12 Henri Michaux, mergences - Rsurgences,
Genve, Skira, 1972, p. 3 5
13 iean-Franois Lyotard. Des dispositifs
pulvonnels Paris, .10116 ., 1973. P B-9
14
Sigmund Freud Malaise
dans
la civilisation,
Paris. P
U
., 1973,
p
29
15
Georges Bataille, L rotisme, Paris, 10/16.
196 5 . p . 15 7
16. Antonin Artaud
Le Thtre et son
double,
in Ouvres compltes, Paris, Gallimard 1964,
t N,
p
. 102
17.
Henri Fodllon, trie des formes, Paris, PU.F
.,
1943,
p
63
18.
Michel Foucault
. Les Mots et les choses,
op cit
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Au fil du trait
De Matisse Basquiat
Collections du Centre Georges Pompidou,
Muse national d art moderne, cabinet d art graphique
Carr d Art, Muse d art contemporain, Nurses
26 juin-27 septembre 1998
Lgendes des photographies pour la presse :
1 - Antonin Artaud, L excration du pre-mre, 1946
Crayon et craies de couleurs sur papier
64,5 x 49,5 cm
Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo : Jean-Claude Planchet / Centre Georges Pompidou
ADAGP 1998
2-Jean-Michel Basquiat, sans titre, 1984
Acrylique et crayons de couleur sur papier
56 x 76
cm
Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo
: Jean-Claude Planchet / Centre Georges Pompidou
ADAGP 1998
3 - Louise Bourgeois, Autoportrait, 1942
Encre sur papier
28 x 21,5 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo
: Jacques Faujour / Centre Georges Pompidou
ADAGP
1998
4 - Georges Braque, Nature morte sur une table (Gilette), 1914
Papiers colls, gouache et fusain sur papier
48 x 62 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo : Centre Georges Pompidou
ADAGP 1998
5 - Alexander Calder, Les papillons, 1966
Gouache sur papier
108 x 75 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo
: Jacques Faujour / Centre Georges Pompidou
ADAGP 1998
6 - Marc Chagall, Chagall, 1918
Crayon, encre noire, gouache et empreintes de dentelle sur papier
47,6 x 34
cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo
: Philippe Migeat / Centre Georges Pompidou
ADAGP 1998
7/25/2019 M5050 ARCV001 DP-2006037 Au Fil Du Trait
19/25
7 - Gaston Chaissac, Personnages aux cheveux verts, roses et blancs,
vers 1960/62
Encre noire et papiers peints dcoups, colls sur papier kraft
215 x 64,5 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo : Philippe Migeat / Centre Georges Pompidou
: ADAGP 1998
8 - Willem De Kooning, Woman, Femme), vers 1952
Graphite et pastels sur papier
37,5 x 29,3 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo : Philippe Migeat / Centre Georges Pompidou
: ADAGP 1998
9 - Sonia Delaunay, Znith, 1914
Papiers de couleur dcoups et colls sur papier
66 x 81,5 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo : Jacques Faujour/Centre Georges Pompidou
: ADAGP 1998
10 - Jean Dubuffet, Vache blanche, fond vert, 1954
Gouache sur papier
32,6 x 40,2 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo
: Philippe Migeat / Centre Georges Pompidou
: ADAGP 1998
11 - Marlene Dumas, Mixed Blood 1 Sang Ml), 1996
Technique mixte sur papier
62,5 x 50 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo : Adam Rzepka / Centre Georges Pompidou
: ADAGP 1998
12 - Marlene Dumas, Mixed Blood 2 Sang Ml), 1996
Technique mixte sur papier
62,5 x 50 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo
: Adam Rzepka / Centre Georges Pompidou
: ADAGP 1998
13 - Marlene Dumas, Mixed Blood 3 Sang Ml), 1996
Technique mixte sur papier
62,5 x 50 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo : Adam Rzepka / Centre Georges Pompidou
: ADAGP 1998
14 - Marlene Dumas, Mixed Blood 4 Sang Ml), 1996
Technique mixte sur papier
62,5 x 50 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo : Adam Rzepka / Centre Georges Pompidou
: ADAGP 1998
7/25/2019 M5050 ARCV001 DP-2006037 Au Fil Du Trait
20/25
15 - Marlene Dumas, Mixed Blood 5 Sang Ml), 1996
Technique mixte sur papier
62,5 x 50 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo : Adam Rzepka / Centre Georges Pompidou
: ADAGP 1998
16 - Marlene Dumas, Mixed Blood 6 Sang Ml), 1996
Technique mixte sur papier
62,5 x 50 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo : Adam Rzepka / Centre Georges Pompidou
: ADAGP 1998
17 - Raoul Hausmann, ABCD, 1923-1924
Encre de Chine, collage de photos et papiers imprims sur papier
40,4 x 28,2 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo : Centre Georges Pompidou
: ADAGP 1998
18 - Eva Hesse, sans titre, 1960
Crayon, encre et gouache sur papier
15,5 x 22,8 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo : Jean-Claude Planchet/Centre Georges Pompidou
: ADAGP 1998
19 - Fabrice Hybert, Le contorsionniste, 1989
Craie grasse fusain et rsine sur papier
124 x 204 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo : Philippe Migeat / Centre Georges Pompidou
: ADAGP 1998
20 - Paul Klee, Der Hirsch le Cerf), 1919
Aquarelle et gouache sur toile
32 x 24,3 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d
art graphique, Mnam
Photo : Philippe Migeat / Centre Georges Pompidou
: ADAGP 1998
21 - Kasimir Malevitch, Etude de paysan, 1911
Gouache sur papier
27,4 x 32,1
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo : Centre Georges Pompidou
: ADAGP 1998
22 - Brice Marden, The Muses Drawing Les Muses-Dessin), 1991-1993
Encre et gouache sur papier
37,7 x 74,2 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo : Philippe Migeat / Centre Georges Pompidou
: ADAGP 1998
7/25/2019 M5050 ARCV001 DP-2006037 Au Fil Du Trait
21/25
23 - Henri Matisse, Arabesque, 1944-1947
Encre sur papier
27x 21 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo
: Philippe Migeat / Centre Georges Pompidou
: Succession H
. Matisse 1998
24 - Henri Matisse, Femme l amphore, 1953
Gouache, papiers dcoups, colls sur papier maroufl sur toile
168,5 x
48 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo : Philippe Migeat / Centre Georges Pompidou
: Succession H. Matisse 1998
25 - Henri Michaux, Repos dans le malheur, 1945
Fusain sur papier
3
x 24 cm
Collection Centre Georges Pompidou, Cabinet d art graphique, Mnam
Photo :