Upload
others
View
0
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
COMMENT CONSTRUIRE
UN ENVIRONNEMENT ACCESSIBLE
DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT
Basé sur l’expérience du
programme HI-Cambodge
Manuel #1 - Introduction &
Normes d’accessibilité
Handicap International
COMMENT CONSTRUIRE UN ENVIRONNEMENT
ACCESSIBLE DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT
Manuel # 1 – Introduction & Normes d’accessibilité
AMBASSADE DE FRANCE
AU CAMBODGE
Date de publication :
Décembre 2011
Publication :
Pôle Management des connaissances, DRT, Handicap International
Programme Cambodge
#6, St. 348,
BKK3, Chomkarmon, Phnom Penh
Rédaction :
Vincent DAVID, Cambodge, Coordinateur Accessibilité des Infrastructures
Révision :
Ulrike LAST, Cambodge, Coordinateur Inclusion & Droits
Lucile PAPON, Cambodge, Directrice du programme
Eric PLANTIER ROYON, Siège, Référent Technique en accessibilité
Conception, mise en page et traduction :
Eric Jarlégan, Priscille Geiser,
Hugues Nouvellet, Elodie Finel,
Solten et Perle Jonot
Photographies et crédit illustrations :
© Handicap International – Fédération
Le contenu technique de l’ensemble de ces manuels est la propriété de Handicap International. Ce document, notamment les schémas techniques, les évaluations, etc. peut être utilisé librement à condition de citer la source « Manuel de HI ». Handicap International décline toute responsabilité inhérente à une utilisation incorrecte du contenu.
Table des matières
Préface 6
Introduction 9
Objectif et groupe cible 12
Qu’est-ce que l’accessibilité ? 13
Fausses idées sur l’accessibilité 14
Planification locale de l’accessibilité 16
Accessibilité et Convention des Nations Unies 18
Présentation de Handicap International 20
Cadre juridique du Cambodge 21
Normes internationales 23
“Normes” utilisées par HI pour l’environnement déjà
construit 24
Approche standardisée ou individualisée 36
Pré
face
6
n tant que directrice de programme pour Handicap International
au Cambodge, je suis heureuse de vous présenter une série de manuels intitulés “Comment construire un environnement accessible”.
Le principal objectif de cette série est de promouvoir la mise en place d’idées et de pratiques en vue d’une société inclusive
répondant aux attentes de développement du Cambodge. Qu’est-ce qu’une société inclusive? C’est une société où tout le monde peut
vivre et jouir de ses droits, quelque soit son âge, son sexe ou sa déficience. Elle requiert la mise en place d’actions sur le long terme. Les éléments qui la caractérisent sont façonnés par l’attitude de
l’individu et celle de la société, et par la reconnaissance et la conciliation des différences. Une intégration significative bénéficie à
tous. Elle permet à chacun de participer à la vie sociale, économique, religieuse et culturelle avec dignité et sur la base de l’égalité avec les autres.
Handicap International vise à développer une société inclusive où personne n’est désavantagé. La réalisation de cet objectif passe par la suppression des barrières et des obstacles physiques à
l’autonomie des personnes handicapées. Quels sont ces obstacles et ces barrières ? Selon les personnes concernées, il s’agit de la conception des bâtiments et des lieux. Les escaliers ne sont pas une
entrée mais une entrave à l’accès des personnes en fauteuil roulant. Les aménagements sanitaires qui, s’ils ne sont pas construits en
pensant aux personnes handicapées, ne leur permettent pas d’avoir accès à de bonnes conditions d’hygiène. Une rampe située derrière le bâtiment donne l’impression à son usager d’être exclu et rejeté.
Souvent ces attentes et les besoins des personnes en situation de handicap ne sont pris en compte qu’après coup et sont dissociées
des attentes des autres personnes. Nous voulons aider les personnes handicapées à changer cela.
L’idée selon laquelle le coût associé à la construction ou à l’adaptation d’environnements accessibles reste élevé est erronée. Les responsables utilisent souvent cet argument pour justifier le
manque d'accessibilité. L’absence de législation et de considération envers les personnes handicapées contribuent à l’absence
généralisée des environnements inclusifs.
E
Handicap International – Fédération
Préface
7
Pré
face
Comment construire un environnement accessible – Préface
Les principales difficultés associées aux environnements accessibles dans les espaces publics au Cambodge résultent de
l’absence d’un cadre légal clair concernant la construction et les permis de construire, et de la lenteur en matière d’adoption de lois
en faveur des personnes handicapées. Néanmoins, le Gouvernement Royal du Cambodge, par la signature de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées
en 2007 et du Biwako Millennium Framework a démontré un fort engagement et une prise de conscience des droits des
personnes handicapées en tant que citoyens égaux aux autres. Ce manuel a pour but d’appuyer les acteurs concernés, notamment le Gouvernement Royal du Cambodge, le secteur privé de la
construction et/ou les organisations de la société civile, à adapter les environnements déjà construits. Les changements apportés à
l'environnement externe peuvent être exécutés à un coût minimal à l’aide d’idées créatives et d'une définition claire des besoins des personnes.
Un meilleur accès à l’environnement physique conduit à une plus grande justice sociale ; c’est donc une question de choix : quelle
société voulons-nous pour nous et pour nos enfants ? Permettre aux personnes handicapées de participer plus activement dans la vie sociale, économique, culturelle et religieuse en supprimant les
barrières physiques aura comme résultat une société plus démocratique et plus forte.
Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont apporté leur contribution : Vincent David (Référent technique), Eric Jarlégan (Mise en page et Design), Ulrike Last (Coordinateur
Insertion & Droits), Mr. Srun et l’équipe Battambang pour la mission Cambodge ; Eric Plantier–Royon (Référent technique) au siège – Nos donateurs Le Canton de Genève et MAAIONG – Ambassade
française SCAC au Cambodge.
J’espère que cette série sera très utile et encouragera la
construction de bâtiments et de lieux qui pourront être utilisés avec
dignité et en toute sécurité par tous.
Phnom Penh, Novembre 2008
Lucile Papon (Mme), Directrice de Programme
Handicap International – Fédération
Sig
les
Handicap International – Fédération
8
Sigles et abréviations
OPH Organisation des personnes handicapées
HI Handicap International
PH Personne(s) handicapée(s)
NU Nations Unies
Watsan Eau et assainissement
ONG Organisation non gouvernementale
UXO Engin non explosé
Intro
du
ctio
n
Comment construire un environnement accessible – Introduction
9
e Cambodge est un pays de presque 14 millions d’habitants qui
a été dévasté par 30 ans de guerre - notamment civile - et par un génocide qui ont décimé les ressources humaines du pays, et qui
ont conduit à la destruction de ses infrastructures physiques et administratives. Le royaume, en processus de reconstruction, a reçu un large soutien financier et technique de la part de la communauté
internationale dans les secteurs des infrastructures, de la gouvernance, de la santé, de l’éducation, etc.
Bien que les données ne soient pas toutes confirmées le Cambodge est souvent cité comme un pays ayant un nombre élevé de personnes handicapées (4,5% de la population) ; en plus des
types “communs” d’incapacités (causées par les maladies et la malnutrition, les accidents, les risques associés à la maternité et à
l’enfance) et de situations de handicap (causés par la discrimination, les attitudes négatives et les barrières physiques), il ne faut pas oublier le fléau des mines/engins non explosés. Ce dernier
phénomène a beaucoup affecté la population et le développement économique.
En dépit de leur nombre et de l'engagement des autorités dans la construction d'une société inclusive, les personnes handicapées souffrent quotidiennement du manque d’accessibilité dans leur pays.
Leur mobilité reste très limitée. La voierie n’est pas pas adaptées aux personnes handicapées, notamment aux personnes qui utilisent
un fauteuil roulant, des béquilles ou une canne blanche. Ceci inclut les trottoirs, les feux de signalisation, l’obstruction des voies publiques, les surfaces irrégulières et non goudronnées, les escaliers,
etc. Les transports publics sont presque inexistants, et les bus privés sont difficilement accessibles. Il est pratiquement impossible pour les
personnes en fauteuil roulant ou utilisant des béquilles de rentrer dans un bus. Les bâtiments institutionnels ont presque tous des escaliers. La majorité des bâtiments publics, des hôpitaux et des
écoles sont inaccessibles. La plupart des bâtiments n’ont pas de rampes, de mains courantes ou de systèmes d’appui. Les couloirs,
les toilettes et les salles de bain sont souvent si étroits ou petits qu’il est impossible d'y accéder. Les personnes malentendantes et/ou malvoyantes sont pratiquement privées de toute information
pertinente à leur intention. Le manque d’accès à l’information a de sérieuses conséquences sur les personnes handicapées, notamment
sur leur bien-être, leur sécurité, leur santé, les opportunités les concernant et sur la pleine jouissance de leurs droits.
L
Introduction
Introduction
10
Intro
du
ctio
n
Handicap International – Fédération
De plus, les comportements négatifs de la population à leur égard et la discrimination dont elles sont victimes ont créé de nombreuses
barrières qui empêchent les personnes handicapées d’avoir accès à l’emploi, à l’éducation, aux ressources et/ou de participer à la vie
sociale et culturelle.
Au cours de ces 15 dernières années
d’expérience au Cambodge, nous avons pu observer le
cercle vicieux de la pauvreté – handicap – exclusion dont les
personnes sont victimes lorsqu’elles font face à un
environnement inaccessible. En 2004, Handicap International a
lancé ses premières actions de construction de
bâtiments accessibles pour les personnes handicapées dans le cadre du projet
« Education Pour Tous ». 23 écoles, terrains de
jeux et points d'eau, 6 bâtiments publics (centres de soins...) et 56 maisons individuelles
ont été ciblés, adaptés et rendus accessibles.
De plus, l’approche globale de HI a amené à déterminer les
facteurs environnementaux qui limitent l’intégration des enfants
handicapés. Les facteurs environnementaux ciblés dans les
différents projets sont : les facteurs physiques (routes,
escaliers...), politiques (lois, comportement des acteurs
concernés) ou sociaux (services, microcrédit…). Les partenaires
de ces actions sont principalement les personnes en situation de
handicap et leurs organisations représentatives, le gouvernement et
les autres organisations de la société civile.
Srey Andong Pi School dans le district de
Samlot au Cambodge
Intro
du
ctio
n
Comment construire un environnement accessible – Introduction
11
Pour conclure, l’analyse de l'environnement du Cambodge en
matière d'accessibilité et de handicap fait ressortir deux perspectives importantes qui doivent être prises en compte : l’accès aux environnements déjà construits et leur accessibilité.
L’accès à un environnement déjà construit implique que toutes les personnes doivent être en capacité d’accéder à tous les endroits
dont il est constitué.
L’accessibilité d’un environnement déjà construit implique que toutes les personnes doivent pouvoir se déplacer à l’intérieur de
celui-ci et utiliser l’ensemble de ses services avec le plus d’autonomie possible. Ce guide abordera principalement la
deuxième perspective : pour que les personnes handicapées puissent bénéficier d’une plus grande autonomie, malgré leur déficience, et qu’elles puissent avoir une place active dans la
société.
REMARQUE
Il est important de souligner que le contenu et les schémas présentés dans les différents manuels ont comme unique objectif
de fournir des idées et des exemples de certaines actions réalisées par Handicap International, et qu’ils doivent être utilisés dans
des constructions ayant d'abord reçu une validation technique. L’association décline toute responsabilité en cas d’accident ou de construction incorrecte résultant de la consultation
des recommandations techniques indiquées dans ces manuels.
Ob
jectif e
t gro
up
e c
ible
Handicap International – Fédération
12
’objectif de ce manuel est de favoriser la connaissance et la compréhension des normes et des techniques relatives à
l’accessibilité en insistant sur l’importance d’intégrer, dès le début du travail de conception, la question de l’accessibilité. Ce manuel contient également des recommandations techniques adaptées aux contextes des pays en développement, ainsi que des informations utiles pour calculer les coûts et prendre des décisions quant à la conception.
Alors que le manuel d’introduction rappelle les principes et
références clés du handicap, les trois manuels suivants portant sur l’accessibilité :
détaillent la législation concernée et les cadres stratégiques,
démontrent comment les promoteurs peuvent mettre en place des politiques de planification appropriées,
fournissent des conseils techniques et culturels adaptés (au
Cambodge).
Une attention particulière a été apportée au public ciblé. Le choix de concilier les aspects politiques et techniques a pour but de
toucher un large public - du gouvernement au secteur privé, notamment :
les acteurs de la planification au niveau du développement et
de la politique,
les promoteurs chargés des travaux,
les architectes et concepteurs,
Les acteurs de la logistique : coordinateurs dans une ONG,
logisticiens, etc.
Les utilisateurs et les organisations publiques, notamment les
personnes handicapées, les personnes âgées, les femmes, les enfants, les parents, les soignants et tous ceux qui sont exclus par des conceptions inappropriées en termes d’environnements
accessibles.
L
Objectif et groupe cible
Qu
’est-c
e q
ue l’a
ccessib
ilité ?
Comment construire un environnement accessible – Qu’est-ce que l’accessibilité ?
13
Il existe différentes définitions de l’accessibilité qui varient selon la
nature de l’approche. Pour Handicap International, un environnement accessible est un environnement qui permet
une liberté et une sûreté de déplacement, d’utilisation et d’accès, sans condition d’âge, de sexe ou autre. Il s’agit d’un
espace ou d’un ensemble de services accessibles à tous, sans obstacles, avec dignité et le plus d’autonomie possible.
L’accessibilité est entendue au sens général, et elle peut inclure certains aspects:
Accessibilité des environnements déjà construits, notamment les habitations et les bâtiments privés, ainsi que les espaces ou les établissements recevant du public.
« Accessibilité géographique », qui vise la capacité de circuler : tout le monde doit avoir le droit et l’opportunité de choisir ses moyens de transport, d’aller d’un endroit à un autre
selon ses besoins, ses aptitudes et son budget (cette dimension peut être associée à la précédente, mais l’expérience prouve
que dans plusieurs cas, la question de la libre circulation doit être traitée indépendamment de la question des infrastructures et des bâtiments eux-mêmes).
Accès aux moyens d’information et de communication (médias, diffusion de l’information et messages accessibles).
Il est important de noter que l'accessibilité au sens large, qui peut être dénommée « accessibilité sociale » (accès au crédit, à l’emploi, au sport et aux loisirs…) n’est pas incluse dans la
définition utilisée ici. Il s’agit plutôt d’une question d’intégration au sens large.
Qu’est-ce que l’accessibilité ?
14
Qu
’est-c
e q
ue l’a
ccessib
ilité ?
Handicap International – Fédération
La Conception Universelle, une manière inclusive de concevoir des espaces accessibles
La meilleure façon de concevoir un environnement accessible utilisable par tous, est d’introduire le concept de “Conception Universelle”. Le principe de Conception Universelle est la conception d’espaces, de bâtiments, de produits, de services et d’informations accessibles, utilisables, compréhensibles et confortables pour tous, sans discrimination.
L’action de Handicap International s'inspire directement du concept de Conception Universelle. La solution la plus inclusive doit être adoptée : par exemple, un bâtiment public avec une rampe en pente douce à l'entrée principale sera plus adapté au plus grand nombre qu’un escalier pour les personnes sans incapacité et une rampe pour les personnes handicapées. Ce concept sous-entend que les espaces ne doivent pas être adaptés mais construits de façon à répondre aux besoins de toutes les personnes, y compris les personnes handicapées.
Le principe de Conception Universelle doit être recherché pour tout bâtiment, aménagement et service à caractère collectif. La mise en accessibilité de domiciles ou de postes de travail sera travaillée en fonction des déficiences spécifiques de chaque individu concerné. Ainsi, ce travail se rapproche de l’ergonomie (adaptation du logement, du poste de travail), et est basé sur un diagnostic précis de la situation de la personne.
Fausses idées sur l’accessibilité
Souvent, l'accessibilité n'est pas prise en compte lors de la construction d’une infrastructure, à cause de fausses idées comme :
“Construire une infrastructure accessible est très coûteux” : si l'accessibilité est prise en compte durant la phase de conception, celle-ci représente une majoration inférieure à 2% du coût total
du bâtiment. Si l'accessibilité n’est pas prise en compte au début du projet, le coût de l’adaptation peut être plus élevé. Vous pouvez
penser à la simple situation, malheureusement assez courante, de l'installation d'un ascenseur dans un bâtiment construit sans cage prévue à cet effet. Dans tous les cas, des aménagements simples et
peu coûteux peuvent être mis en place pour permettre la mise .
Qu
’est-c
e q
ue l’a
ccessib
ilité ?
Comment construire un environnement accessible – Qu’est-ce que l’accessibilité ?
15
en accessibilité d’une infrastructure. Construire un environnement accessible permet d’insérer les personnes handicapées dans la vie
sociale et économique de la société (ce sont des consommateurs et des travailleurs comme les autres). Une étude de la Banque
Mondiale estime que l’exclusion des personnes handicapées des activités économiques entraine une perte annuelle du PIB de 1,37
billion à 1,94 billion d’USD. Ainsi, même si elle engendre un coût initial, la mise en place de l’accessibilité sera un facteur de création de richesses.
« Il n’est pas important de retenir les besoins des personnes
handicapées lors de la construction d’une nouvelle infrastructure, elles sont si peu nombreuses » : les personnes handicapées sont des citoyens comme les autres qui doivent pouvoir jouir des mêmes
droits. C’est pourquoi tous les services doivent être accessibles.
Qui bénéficie de l’accessibilité
Il est très important de souligner le fait qu’au-
delà des personnes handicapées, ce sont de
nombreux individus - personnes âgées à mobilité
réduite, femmes enceintes, jeunes mamans,
personnes présentant des troubles cardiaques,
personnes transportant des charges lourdes,
personnes avec une jambe cassée… qui
bénéficient de la mise en accessibilité des
infrastructures. Toute personne peut appartenir à
l’une de ces catégories tôt ou tard. L’accessibilité
concerne donc un public plus étendu que celui des
personnes handicapées, et doit absolument être
prise en compte lors de la construction d'une
nouvelle infrastructure.
“Pour qu’une infrastructure soit accessible, il suffit de
construire une rampe à l’entrée” : Pourtant, la rampe n’est pas la seule réponse à l’accessibilité. Comme il a été précisé ci-dessus, l'accessibilité concerne de nombreux individus et une rampe
aidera seulement les personnes à mobilité réduite, notamment les
personnes en fauteuil roulant.
16
Qu
’est-c
e q
ue l’a
ccessib
ilité ?
Handicap International – Fédération
Même s’il existe une rampe, l'intérieur du bâtiment peut ne pas être approprié à la circulation des personnes en fauteuil roulant, ou à
l’orientation des personnes aveugles ou malvoyantes. Les principaux services peuvent également être situés à l’étage supérieur, sans
ascenseur dans le bâtiment. C’est pourquoi il faut penser en termes de Conception Universelle quand il s’agit d’accessibilité :
toutes les caractéristiques d’une infrastructure doivent être utilisables par tous, et notamment par les personnes handicapées.
“Ce sont des infrastructures désignées comme accessibles aux
personnes handicapées uniquement ?” : Quand une infrastructure
de toute sorte (toilettes, entrée, bureau…) est désignée comme accessible (avec le symbole international de l’accessibilité par exemple) cela ne signifie pas que seules les personnes handicapées
ont ont le droit de l’utiliser. Comme souligné dans la partie concernant la Conception
Universelle, une infrastructure accessible doit être conçue de façon à être utilisable
par chaque individu, avec ou sans
incapacité.
Symbole international
d’accessibilité
Planification locale de l’accessibilité, un processus
participatif
Pour rendre l’environnement global plus accessible, la planification locale de l’accessibilité est un processus important.
Elle implique la participation de nombreux acteurs comme les autorités locales et les organisations de personnes handicapées afin d'analyser l'accessibilité de l'environnement
construit et de définir les actions à déployer pour améliorer l'accessibilité. La participation des personnes handicapées est
fondamentale pour une planification correcte de l’accessibilité ; Elles peuvent ainsi approfondir leurs connaissances, gagner en crédibilité et donner leur avis sur les
travaux à effectuer. Grâce à la participation des personnes handicapées à ce processus, l’environnement construit répondra
aux besoins de ces personnes en termes d'accessibilité. En prenant soin d’écouter les personnes handicapées, un technicien
peut découvrir un problème qu’il n’avait pas auparavant
soupçonné.
Qu
’est-c
e q
ue l’a
ccessib
ilité ?
Comment construire un environnement accessible – Qu’est-ce que l’accessibilité ?
17
En permettant aux personnes handicapées de participer à la planification locale de l’accessibilité, les OPH seront plus
sensibles à la question de l’accessibilité et pourront ainsi comprendre leurs droits et défendre leur cause. La participation est
particulièrement importante au moment de l’évaluation. De plus, ces moments sont essentiels pour échanger des informations et
pour communiquer. Ils permettent de réaliser un inventaire plus précis des équipements accessibles et peuvent être utilisés comme outils de sensibilisation et de pression auprès des autorités locales.
Toutes les OPH et tous les partenaires impliqués doivent s’accorder sur leur position respective afin de porter un
discours commun et d’augmenter les chances d’obtenir l’appui des autorités locales. Le processus de prise de décision doit reposer sur les personnes concernées par les initiatives de mise en accessibilité
(la communauté, les personnes handicapées, les associations) ainsi que sur celles qui sont impliquées dans la mise en place de ces
actions (toutes les personnes spécialisées comme les chefs de projet, les architectes, etc.). La collaboration dans le processus de prise de décision est essentielle pour la réussite d'une
telle initiative qui dépend des parties prenantes. La participation des autorités locales dans l’évaluation et la prise de décision
permettra de passer de la phase de sensibilisation et de pression à un réel outil de développement local.
La définition des priorités doit être le résultat des ateliers participatifs regroupant les OPH et les autorités locales. Bien que les personnes handicapées et les OPH soient porteuses de décisions légitimes du fait d’être les premières concernées par ces changements, les autorités locales doivent être impliquées dans la planification parce qu’elles détiennent souvent le pouvoir de décision en matière de construction, planification urbaine, voirie…
18
Qu
’est-c
e q
ue l’a
ccessib
ilité ?
Handicap International – Fédération
Comment mettre en place un projet sur l’accessibilité
Accessibilité et Convention des Nations Unies
Bien que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme concerne
théoriquement tous les êtres humains sans discrimination, les personnes handicapées sont souvent confrontées à des obstacles physiques, techniques et sociaux, et ne peuvent donc pas jouir
pleinement de leurs droits fondamentaux. La Convention relative aux droits des personnes handicapées, adoptée le 13 décembre 2006 au
siège des Nations Unies à New York, marque un « changement de paradigme » dans les attitudes et les approches envers les personnes handicapées en passant d’une perception de la personne handicapée
en tant qu’« objet » de charité, de soins médicaux et de protection sociale à une vision de la personne handicapée en tant que « sujet »
avec des droits et capable de les revendiquer. Bien que la Convention n’introduise aucun droit nouveau pour les personnes handicapées, c’est un instrument très puissant pour la défense des droits de
l’homme et c’est aussi un outil de développement social.
Évaluation de l’accessibilité
de la zone identifiée:
Questions aux personnes
handicapées sur l’accessibilité
Évaluation de l’accessibilité par
des techniciens et les personnes
handicapées
Analyse des résultats de
l’évaluation avec les personnes
handicapées et prise de décision
sur la construction de nouveaux aménagements
Construction des nouveaux aménagements
Identification d’une zone avec un
éventuel manque d’accessibilité
(infrastructures publiques, environnement
urbain, maisons individuelles. transports...)
Feedback des personnes
handicapées sur la
construction des nouveaux
aménagements accessibles
Qu
’est-c
e q
ue l’a
ccessib
ilité ?
Comment construire un environnement accessible – Qu’est-ce que l’accessibilité ?
19
Citée dans le premier article après l'énumération des principes généraux (respect de la dignité, non discrimination, pleine
participation à la société, respect des différences, et égalité des chances), l’accessibilité occupe une place de choix dans cette
Convention qui stipule que « les États Parties prennent des mesures appropriées pour assurer aux personnes handicapées, sur la base de l’égalité avec les autres, l’accès à l’environnement physique, aux transports, [...] et aux autres équipements et services ouverts ou fournis au public, tant dans les zones urbaines que rurales ». Par conséquent, deux aspects doivent être
pris en compte :
Premièrement, l’accessibilité doit s’appliquer à l’environnement physique, notamment aux bâtiments, routes, transports et autres
aménagements intérieurs ou extérieurs.
Deuxièmement, elle doit intégrer tous les services d’information et de communication.
Selon la Convention, l’inclusion de l’accessibilité au niveau
national doit être effectuée par le déploiement de différentes actions :
Encourager et contrôler l’application d'un minimum de normes
d'accessibilité dans les bâtiments recevant du public, Garantir la prise en compte de l’accessibilité par les entités
privées qui fournissent des services ou des aménagements publics, Former les parties prenantes dans le domaine de l’accessibilité,
Fournir une signalétique adaptée et une assistance directe à la personne dans les bâtiments recevant du public,
Encourager l’accès des personnes handicapées aux nouveaux systèmes et technologies de l’information et de la communication,
Garantir finalement la prise en compte de l’accessibilité dès le
début du projet afin d’en minimiser les coûts.
Ap
pro
ch
e d
e H
an
dic
ap
Inte
rnatio
nal
Handicap International – Fédération
20
ans le domaine de l’accessibilité, Handicap International utilise
une approche pragmatique. Mais avant de mettre en oeuvre toute action en matière d’accessibilité, il est impératif de bien connaître le cadre législatif national. Il permettra
d'orienter vos activités vers :
L’application des lois existantes,
La revendication d’un cadre législatif ou l’amélioration du cadre existant, quand aucune loi n’a été adoptée en faveur
des droits des personnes handicapées ou contre la discrimination.
Quand il existe des lois ou des normes nationales, il est très
important de vérifier l’application correcte de celles-ci. Une application effective du cadre législatif peut être obtenue en :
Appuyant la création de commissions locales sur l’accessibilité (avec des personnes handicapées parmi ses membres) pour vérifier si les normes d’accessibilité sont
respectées dans les nouveaux projets de construction et/ou pour valider les constructions quand elles sont terminées,
Assurant des conseils techniques pour expliquer d’une façon claire et simple les lois, les normes et leur application.
D
L’approche de Handicap International
Approche de Handicap
International
Rendre accessible les
infrastructures existantes
Inclure l’accessibilité dans
les constructions futures
Prise de conscience accrue parmi les preneurs de décision et les techniciens
Pression exercée sur les autorités publiques pour l’application d’un cadre législatif
Formation des techniciens
Évaluation de l’accessibilité par district ou dans la ville entière
Mise en place de commissions locales pour vérifier le respect des normes
Dialogue local, formalisation des priorités, planification, réalisation et évaluation
Ap
pro
ch
e d
e H
an
dic
ap
Inte
rnatio
nal
Comment construire un environnement accessible – Approche de Handicap International
21
Nous allons aborder le cadre législatif cambodgien, exposer certaines normes internationales sur l’accessibilité et conclure par
une brève présentation des normes promues par HI pour construire des aménagements publics accessibles.
Cadre législatif cambodgien
Bien qu’il n’y ait aucune loi ou norme spécifique au Cambodge concernant l’accessibilité, plusieurs avant-projets sont ici mentionnés de façon plus ou moins détaillée. Ci-dessous, vous
trouverez une synthèse des principaux avant-projets qui, nous l’espérons, contribueront à renforcer dans un futur proche le cadre
législatif du Cambodge.
Projet de loi sur la protection et la promotion des droits des personnes handicapées
Cette loi, élaborée par le Ministère cambodgien des affaires sociales, des anciens combattants et de la réadaptation des jeunes, est peut être la plus prometteuse. Elle se réfère à l’accessibilité
dans le cadre général de la protection et de la promotion des droits des personnes handicapées dans le royaume du Cambodge.
Parmi tous les articles (59 au total) qui constituent cette loi, un
chapitre (6 articles) est centré sur la thématique de l’accessibilité. Le premier article de ce chapitre stipule que « Tous les lieux publics doivent être accessibles à toutes les personnes quelque soit leur
déficience [par la mise en place d’aménagements] à l’aide de rampes, de barres d’appui, et d’une signalétique appropriée ». Un
lieu public est défini comme « tout établissement, lieu, bâtiment et moyen de transport de propriété publique ou privée qui fournit des services au public comme les ministères, bureaux, institutions,
centres de loisirs et culturels, centres sportifs, centres récréatifs, établissements scolaires, hôtels, hôpitaux, centres de soins,
restaurants, et réseaux de transports ». Quand cette loi sera adoptée, le milieu urbain, les bâtiments recevant du public ainsi que les moyens de transports devront devenir accessibles.
Une fois votée, la loi permettra d’augmenter au Cambodge la mise en accessibilité, avec plus d’espaces publics accessibles à
TOUS.
Ap
pro
ch
e d
e H
an
dic
ap
Inte
rnatio
nal
Handicap International – Fédération
22
Avant-projet sur l’accessibilité par le Conseil d’action sur le handicap (Disability Action Council - DAC)
Ce document propose au Cambodge un ensemble de normes
sur la construction d’un environnement accessible. Il aborde principalement l’accessibilité des infrastructures recevant du public, en proposant des dimensions standard pour les places de
stationnement, les rampes, les entrées, les portes, les couloirs, les escaliers, les salles de bain et les toilettes, tout en expliquant
comment construire un environnement urbain accessible (essentiellement les allées piétonnes et les trottoirs). Ce document pourrait être amélioré puisqu’en l’état actuel, il traite
principalement de l’accessibilité des personnes à mobilité réduite en oubliant souvent l'accessibilité des personnes présentant des
incapacités visuelles, auditives et intellectuelles. En dehors de ce texte, un travail de plaidoyer plus important doit être mis en
œuvre puisque que les autorités publiques n’ont pas réalisé suffisamment d’actions à la suite de cette initiative.
Autres documents
D’autres documents officiels mentionnent l’accessibilité comme
un droit qui doit être garanti aux personnes handicapées. Nous pouvons par exemple citer la Politique sur l’éducation des enfants handicapées du Ministère cambodgien de l'éducation,
de la jeunesse et du sport. Vous trouverez à la page 6 de cette politique une des principales stratégies d’éducation inclusive
précisant la nécessité des « infrastructures sans barrières pour permettre l’accessibilité » (stratégie #3 : « garantir l’opportunité et la mise en oeuvre d’un programme éducatif inclusif ». La
stratégie #5 (« sensibiliser à la compréhension de la notion de handicap ») mentionne aussi l’accessibilité comme un objectif :
« fournir aux centres éducatifs de district, aux groupements scolaires et aux écoles des informations spécifiques sur l’infrastructure pour permettre l’accessibilité à l’école, notamment
au niveau des rampes, toilettes, terrains de jeux pour les enfants handicapés». Selon ce document, les écoles doivent être
accessibles aux enfants handicapés. Dans les faits, cette situation reste malheureusement exceptionnelle.
Nous pouvons citer un autre document qui inclut l’accessibilité
dans ses recommandations : la version définitive du « Plan d’action national 2008-2011 en faveur des personnes
handicapées, notamment les survivants de mines/résidus
explosifs de guerre 2008 – 2011 ».
Ap
pro
ch
e d
e H
an
dic
ap
Inte
rnatio
nal
Comment construire un environnement accessible – Approche de Handicap International
23
L’accessibilité y est mentionnée plusieurs fois, par exemple dans la demande d’accessibilité aux centres de soins ou aux prestations
sociales et économiques.
Normes internationales Avant d’aborder les normes internationales, il est important de
souligner qu’elles représentent tout d’abord un moyen d’adapter l’existant à des besoins identifiés. Le technicien qui veut les utiliser
devra les adapter au contexte spécifique dans lequel il intervient. En effet, l’accessibilité peut largement dépendre de l’environnement où vous travaillez (économique, culturel…). Aucune norme ne peut être
appliquée stricto sensu mais elle doit être prise en compte et adaptée au contexte dans lequel vous évoluez.
Les principales normes internationales sont résumées dans un seul document émis par l’Organisation Internationale de Normalisation (ISO). ISO reprend certaines normes nationales
(secteur de la construction, électronique, qualité, environnement, etc.) pour les transformer en normes internationales. En ce qui concerne l’accessibilité, le document qui en émane est “ISO/TR
9527 – Construction immobilière – Besoins des handicapés dans les bâtiments – Lignes directrices pour la conception”.
Ce document constitue un ensemble de lignes directrices plutôt que des normes à appliquer strictement. Plusieurs thèmes sont abordés, de l’aménagement des bâtiments à l’environnement extérieur
urbain.
Toutefois, il est important de souligner que ces normes
internationales sont anciennes (ISO/TR 9527 a été publié en 1994 et n’a jamais été mis à jour), et que l'approche du handicap et de
l'accessibilité a depuis beaucoup évolué.
Ap
pro
ch
e d
e H
an
dic
ap
Inte
rnatio
nal
Handicap International – Fédération
24
“Normes” utilisées par HI pour l’environnement déjà
construit
Dans cette partie, nous allons présenter les différentes normes utilisées par Handicap International en termes d’accessibilité. Ces
normes sont entendues comme un ensemble de lignes directrices qui ne doivent pas être utilisées sans être adaptées au
contexte dans lequel vous intervenez. C’est le résultat de la combinaison de plusieurs normes nationales et de l'expérience de HI dans plusieurs pays en développement. Ce que nous allons
présenter ici n’a pas la prétention d’être exhaustif mais vise à fournir au lecteur une idée plus précise de ce que nous entendons
par « environnement accessible ».
Rampes d’accès et mains courantes
La rampe d’accès étant le moyen d’accès le plus inclusif à un
bâtiment, si l'espace le permet, celle-ci doit être préférée à un escalier. Pour qu’elle soit accessible, l’inclinaison ne doit pas
dépasser 8%- sachant que l’inclinaison idéale est de 5%. La surface de la rampe doit être ferme et anti dérapante, elle doit comporter un revêtement podotactile au début et à la fin de la
rampe pour les personnes aveugles ou malvoyantes, ainsi qu’un marquage coloré.
Type Pente Longueur maximale
Pente douce < 5% 12 m
Pente moyenne 5% - 8% 6 m
Forte pente 8% - 12% 3 m
Très forte pente > 12 % 50 cm
Pente inférieure à 6'.
Main courante
Palier de
repos
Zone de
manoeuvre
Ap
pro
ch
e d
e H
an
dic
ap
Inte
rnatio
nal
Comment construire un environnement accessible – Approche de Handicap International
25
Pour les rampes très longues, des paliers de repos doivent être implantés tous les 6 mètres, pour permettre aux utilisateurs de
reprendre leur respiration et leurs forces, ainsi qu’à chaque changement de direction ou devant chaque porte afin d’autoriser les
manœuvres des personnes en fauteuil roulant. Ces paliers de repos doivent avoir une longueur d’au moins 150 cm.
Des mains courantes doivent être mises en place de chaque côté de la rampe pour aider les personnes à mobilité réduite (qui les utiliseront pour se déplacer) et les personnes aveugles ou
malvoyantes (qui les utiliseront pour s'orienter). Deux barres doivent être installées, une à hauteur de 90 cm (pour les adultes) et
une autre à hauteur de 70 cm (pour les enfants et les personnes de petite taille). Les mains courantes doivent être cylindriques pour en faciliter la saisie (diamètre entre 40 et 50 mm). Une protection
latérale (chasse-roues) doit aussi être installée au niveau du sol (hauteur entre 5 et 10 cm) pour que les roues du fauteuil roulant ne
débordent pas de la rampe et ainsi assurer un cheminement en toute sécurité.
Dimensions de la main courante
Dimension de la barre latérale
Remarque
Les mains courantes sont obligatoires si la rampe dépasse 40 cm de largeur afin d’éviter le risque de chute.
Ap
pro
ch
e d
e H
an
dic
ap
Inte
rnatio
nal
Handicap International – Fédération
26
Entrée d’un bâtiment
Pour l’aménagement d’infrastructures inclusives, l'entrée
principale doit être accessible, utilisable par tous. Cette entrée doit être mise en place de façon cohérente, en fonction des chemins
d’accès (à partir de la rue, d'un autre bâtiment, du parking...). Il doit y avoir un espace suffisant devant les portes pour que les personnes en fauteuil roulant puissent les ouvrir (au minimum un
carré de 1,40m x 1,40m).
Entrées avec un espace
suffisant pour manoeuvrer
Portes et couloirs
En général, les personnes qui ont le plus de difficultés à utiliser
les portes sont les personnes en fauteuil roulant. Elles doivent être prises en compte lors de la conception des portes. En premier lieu, les dimensions des portes doivent être adaptées : La largeur doit
être d’au moins 90 cm, et la hauteur de 2 m. Il doit y avoir un espace suffisant près de la porte pour permettre aux personnes en
fauteuil roulant (et aux personnes à mobilité réduite) de manœuvrer facilement. Dans la mesure du possible, les seuils doivent être évités pour faciliter la transition entre les pièces. Néanmoins, si
cela n’est pas possible, le seuil doit avoir une hauteur maximale de
2 cm.
Ap
pro
ch
e d
e H
an
dic
ap
Inte
rnatio
nal
Comment construire un environnement accessible – Approche de Handicap International
27
Les poignées des portes doivent être faciles à saisir et à utiliser,
même par ceux qui ne peuvent pas utiliser leurs mains. Une poignée supplémentaire peut être ajoutée au centre de la porte pour aider les
personnes en fauteuil roulant à manœuvrer plus facilement. Ces poignées doivent être placées à une hauteur comprise entre 80 cm et 90 cm pour être accessibles
Zones de manoeuvre
obligatoire
Utilisez des poignées type levier et non des boutons de porte
aux enfants, aux personnes en fauteuil roulant et aux personnes de petite
taille.
Ap
pro
ch
e d
e H
an
dic
ap
Inte
rnatio
nal
Handicap International – Fédération
28
En ce qui concerne les couloirs, c’est très simple : ils doivent être suffisamment larges pour permettre une circulation fluide
(entre 140 cm et 190 cm s’ils sont très fréquentés). Ils ne doivent comporter aucun obstacle, ni dans sa circulation horizontale, ni en
hauteur (hauteur supérieure à 2 m). Si des seuils sont nécessaires, ceux-ci ne doivent pas dépasser 2 cm de hauteur.
Escaliers
Même s’ils ne sont pas accessibles à certaines personnes à
mobilité réduite (y compris les personnes en fauteuil roulant), les escaliers sont parfois la seule alternative pour accéder aux étages supérieurs (la construction d'une rampe n'est pas toujours
possible, et les ascenseurs représentent un coût élevé). C’est pourquoi les escaliers doivent être les plus accessibles
possibles. Des aménagements simples peuvent être mis en place
pour rendre un escalier accessible :
Exemples de
portes accessibles
PORTE OUVRANT
VERS L’INTÉRIEUR
Ap
pro
ch
e d
e H
an
dic
ap
Inte
rnatio
nal
Comment construire un environnement accessible – Approche de Handicap International
29
Toutes les marches d’escalier doivent avoir les mêmes dimensions pour éviter les accidents. Les nez de marche ne
doivent pas dépasser et les girons ouverts entre les marches doivent être évités,
La largeur de la marche doit être d’au moins 28 cm, tandis que la hauteur ne doit pas dépasser 16 cm.
Une bande podotactile doit être installée au début et à la fin de l’escalier, Les bords de l’escalier doivent être d’une couleur contrastée et
d’une texture différente, Il doit y avoir des mains courantes de chaque côté de
l’escalier, répondant aux mêmes normes que celles des rampes
(cf. page 25).
Toilettes
Avant d’aborder l’accessibilité des toilettes en soi, il est important
de souligner que le chemin d’accès doit être facile (le couloir qui mène aux toilettes doit être accessible ainsi que la porte). Il est primordial de penser à concevoir un espace suffisant pour
manœuvrer à l’intérieur des toilettes : une zone libre (d’au moins 80 cm x 130 cm) doit être disponible à côté des toilettes pour
permettre aux personnes en fauteuil roulant de se déplacer de leur fauteuil au siège des toilettes. Si possible, un cercle libre de 1,50 m doit être disponible pour qu’une personne en fauteuil
roulant puisse faire un tour complet.
Escaliers accessibles
Ap
pro
ch
e d
e H
an
dic
ap
Inte
rnatio
nal
Handicap International – Fédération
30
En ce qui concerne le siège, celui-ci doit être situé à 50 cm de
hauteur et doit être équipé de barres latérales d’appui pour aider au transfert des personnes en fauteuil roulant. Les lavabos, le savon, les séchoirs à mains, les miroirs, les distributeurs
de serviettes en papier… doivent pouvoir être utilisés par les personnes en fauteuil roulant. Les robinets doivent être facilement
accessibles et utilisables. Le sol doit être anti-dérapant pour prévenir les accidents.
Allées, trottoirs et bateaux-trottoirs
Souvent, les voies piétonnes et les trottoirs qui doivent
permettrent aux personnes de se déplacer, sont complètement
inaccessibles. Les surfaces peuvent être irrégulières, il peut y avoir des obstacles au déplacement, et la plupart du temps il y a un manque de signalisation et de système de vigilance. La conception
des voies piétonnes et des trottoirs doit permettre aux usagers de se déplacer en toute sécurité et autonomie.
Pour atteindre cet objectif, il faut respecter certaines normes. La largeur d’une voie piétonne sans obstacles doit être au minimum de 0.90 m, mais la largeur recommandée est de 1.80 m
(la largeur minimale du passage de deux fauteuils roulants est de 1.50 m). En ce qui concerne la surface de la voie piétonne, celle-ci
doit être lisse, régulière (la taille des trous et des bosses ne doit pas dépasser 2 cm pour éviter de bloquer les roues avant du
fauteuil roulant),
Transfert d’une personne de son fauteuil roulant au siège des toilettes
Ap
pro
ch
e d
e H
an
dic
ap
Inte
rnatio
nal
Comment construire un environnement accessible – Approche de Handicap International
31
Pour aider les personnes présentant une déficience visuelle, des bandes de guidage doivent être installées le long des voies
piétonnes et des trottoirs. Les bandes de guidage peuvent être représentées par une ligne continue constituée d’objets facilement détectables, avec une extrémité définie (façade d’un bâtiment,
bordure gazonnée, plate-forme surélevée, rampe continue, trottoirs, barrières basses, etc.) ou par une bande de texture
différente et dont la couleur contraste avec le sol (utilisation de pavés colorés et podotactiles pour faire une ligne le long de l’allée – voir l’image ci-dessous). Les bandes de guidage doivent être
installées d’une façon simple et logique et ne doivent pas être situées prêt des bouches d'égout ou des collecteurs afin de ne pas
désorienter les personnes aveugles ou malvoyantes.
continue et antidérapante (même quand il pleut). Pour une utilisation confortable et en toute sécurité, les allées ne doivent pas
présenter un dévers de plus de 2%.
Pente maximale du devers pour une personne en fauteuil roulant : 2%
Trous et bosses < 2 cm
Crocked < 2%
Ap
pro
ch
e d
e H
an
dic
ap
Inte
rnatio
nal
Handicap International – Fédération
32
Les bandes podotactiles (surface au sol ayant une texture différente) doivent aussi être installées près de chaque
changement de direction et de chaque obstacle (bandes de vigilance). Elles doivent aussi être placées devant chaque passage
piéton. Revêtement podotactile à un croisement
En ce qui concerne les trottoirs, il n'y a souvent aucune transition entre ceux-ci et la
route, ce qui empêche certains usagers (en particulier les personnes en fauteuil roulant) de
se déplacer sur ces trottoirs. C’est pourquoi il est important
de prévoir ces changements de . niveau entre le trottoir et la
route, ainsi que sur le trottoir même, en construisant un bateau
chaque fois que cela est nécessaire (à chaque passage piéton par exemple). Le trottoir doit être abaissé, avec une inclinaison maximale
de 8% pour permettre le changement nécessaire de niveau, tandis que la largeur minimale du bateau doit être de 0.90 m - hors côtés
inclinés. La largeur recommandée est de 1.20 m.
Bateau-trottoir faisant la
transition entre le trottoir et
un passage piéton
Ap
pro
ch
e d
e H
an
dic
ap
Inte
rnatio
nal
Comment construire un environnement accessible – Approche de Handicap International
33
Obstacles et mobilier urbain
Un des principaux freins à l’accessibilité réside dans les
nombreux obstacles présents sur les voies et les trottoirs
(mobilier urbain, panneaux de signalisation, panneaux de direction, plans des rues, bornes, plantes, arbres, auvents de magasins, panneaux publicitaires, etc.) qui peuvent empêcher les usagers de
se déplacer en toute sécurité et de façon autonome.
Ici, l’objectif est de concevoir un cheminement sans barrières pour permettre aux personnes handicapées, notamment aux
personnes présentant une déficience visuelle de se déplacer en sécurité et de façon autonome. Les obstacles doivent être placés en dehors de la voie piétonne et les éléments qui
dépassent doivent être évités. Les obstacles présents sur les voies doivent être faciles à détecter, et si possible, être placées le long
d’une ligne continue. Les éléments qui dépassent doivent, quant à eux, être évités.
Les obstacles présents sur la voie doivent avoir un des trois éléments de conception suivants afin d’être détectés par la canne
d’une personne malvoyante :
Une forme rectiligne surélevée par rapport à la surface de la
voie,
Une plate-forme surélevée de 10 cm,
Des bandes podotactiles d’éveil de vigilance sur le sol autour des obstacles.
Il est préférable d’installer un mobilier urbain en bois ou en plastique, ayant une forme souple, afin de réduire le risque
d’accident en cas de collision. Les obstacles doivent être indiqués par une couleur contrastée, afin d’aider les personnes présentant des déficiences visuelles à les détecter.
Les obstacles en suspension doivent être positionnés à une hauteur minimale de 2 mètres. Si ce n’est pas possible, un élément
particulier doit être mis en place pour alerter les personnes aveugles de leur présence (plate-forme surélevée, bandes
podotactiles d’éveil de vigilance sur le sol).
Ap
pro
ch
e d
e H
an
dic
ap
Inte
rnatio
nal
Handicap International – Fédération
34
Signalétique
La signalétique est l’ensemble des signaux de direction,
d’indications à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments et de panneaux existants en milieu urbain (nom des rues et des villes,
directions, panneaux d’information…). Une signalétique correcte et adaptée est obligatoire afin d’améliorer l’orientation de chacun. Elle permet d’éviter les déplacements et les mouvements
inutiles.
Mobilier suspendu
Mobilier suspendu
(Cabine
téléphonique, boîte
aux lettres...) qui peut
provoquer des
accidents
Forme surélevée pour indiquer la largeur de l’obstacle
Ap
pro
ch
e d
e H
an
dic
ap
Inte
rnatio
nal
Comment construire un environnement accessible – Approche de Handicap International
35
En ce qui concerne les bâtiments recevant du public, la signalétique comprend :
Une indication adéquate à l’entrée principale (accessible), Un plan d’orientation près de l’entrée, Des informations sur les principaux équipements et services
disponibles dans le bâtiment.
La signalétique urbaine doit être claire, facile à lire et à comprendre (éviter les panneaux avec des vitres et utiliser des
couleurs contrastées). Trop d’information tue l’information. Une impression en relief est conseillée : Les lettres et les signaux doivent avoir un relief minimum de 1 mm, pour permettre aux
personnes aveugles ou malvoyantes de lire l'information avec les doigts.
Les lieux et les aménagements accessibles doivent être identifiés au moyen du symbole international d’accessibilité :
Ap
pro
ch
e in
div
idu
elle
Handicap International – Français
36
our conclure, il est très important de souligner un fait concernant
cette série de manuels. En effet, nous avons décrit ci-dessus une série de normes utilisées par Handicap International afin de
construire et d’aménager des bâtiments publics accessibles et, de façon plus générale, un environnement urbain accessible. Toutefois, l’approche concernant les maisons individuelles et tous les autres
espaces individuels (comme les lieux de travail) peut être très différente.
Une maison individuelle ne dépend pas seulement des normes nationales et internationales, mais plutôt des besoins spécifiques
de la personne handicapées qui vit (ou vivra) dans la maison ou dans l'appartement. Chaque personne handicapée a besoin d'une
adaptation particulière et individuelle de son habitation: la situation individuelle déterminera les caractéristiques d’accessibilité nécessaires pour que l’habitation soit pleinement accessible et
fonctionnelle.
L’adaptation personnelle peut être effectuée après une
évaluation individuelle. Celle-ci doit être réalisée par un professionnel (par exemple les ergothérapeutes). Tout travail
d’adaptation doit être entrepris au travers d’un dialogue entre l’occupant (propriétaire ou locataire), un conseiller et/ou un chef de
projet (architecte, ingénieur civil…).
Exemple d’une évaluation individuelle
Vous trouverez ci-dessous l’exemple d’une évaluation individuelle qui peut être effectuée pour évaluer les besoins d’une personne à mobilité réduite. Cette évaluation doit être effectuée par un
professionnel en collaboration étroite avec l’occupant.
Identité, situation familiale, situation générale :
o Nom, incapacité, famille, assistant… o Utilisation d’auxiliaires de marche (fauteuil roulant,
déambulateur, béquilles, trépied, poussoir...),
o Activités avec la famille, avec les amis, sportives, artistiques,
dans le cadre du travail…
P
Approche standardisée ou individualisée
Ap
pro
ch
e in
div
idu
elle
Comment construire un environnement accessible – Introduction
37
Évaluation de l’amplitude des mouvements :
L’évaluation de l’amplitude des mouvements recherche les mouvements que la personne est capable d’effectuer (activement
ou passivement) avec les différentes parties du corps (tête, épaules, coudes, poignets, pouces, doigts, hanches, genoux, chevilles, orteils).
Évaluation de la préhension (faculté de saisir les objets)
Dans les trois prochains manuels, vous trouverez des suggestions sur les aménagements accessibles (toilettes, douches,
pompe à eau, rampes d’accès…) qui sont, pour la plupart, conçus dans le but d’être utilisés par toute la communauté. Néanmoins, il
ne faut pas oublier que dans les cas individuels, le plus important reste de discuter des besoins de la personne et de
trouver la (les) solution(s) la (les) plus adapté(es).
Bureau adapté pour une personne
en fauteuil roulant
Réfé
ren
ces
Handicap International – Français
38
Références
Bill Albert, pour ODG – DEV, Leçons relatives au programme de recherche et de connaissances sur le handicap, DFID – ODG - DEV,
2006
Programme DCDD. Document de prise de position, Dire Oui à la
ratification de la convention des NU relative aux droits des personnes handicapées, Ministère Hollandais (consultation du 7
Novembre 2008) http://www.dcdd.nl
Gouvernement britannique (consultation du 7 Novembre 2008). Site Internet [on line]
http://www.direct.gov.uk/disabled people
Disability Action Council (consultation 7 Novembre 2008). Site Internet [on line]
http://www.dac.org.kh/disability in Cambodia
Disability Action Council, Cambodge, Lignes directrices sur l’accessibilité – Projet, Mars 2000
Communautés et gouvernement local, Planification et accès pour les
personnes handicapées: un guide de bonnes pratiques, Gouvernement britannique, © Crown, Mars 2003
Nation Unies, Convention relative aux droits des personnes
handicapées et protocole optionnel, 2006
Ministère des affaires sociales, réhabilitation des anciens combattants et des jeunes, Cambodge, Projet de loi sur la protection et la promotion des droits des personnes handicapées, Janvier 2008
Ministère de l’éducation, jeunesse et sport, Cambodge, Politique sur l’éducation des enfants handicapés, Mars 2008
ROYAUME DU CAMBODGE, Plan d’action national pour les personnes
handicapées, y compris les survivants des mines/débris de guerre explosifs 2008- 2011, Projet Final, Septembre 2008
Réfé
ren
ces
Comment construire un environnement accessible – Introduction
39
Jones, H.E. and Reed, R.A., Eau et assainissement pour les personnes handicapées et les autres groupes vulnérables –
Conception des services pour améliorer l’accessibilité, WEDC,
Université de Loughborough, UK, 2005
Handicap International
Siège de Fédération
14, avenue Berthelot,
69361 Lyon cedex 07, France
Tél : + 33 (0) 4 78 69 79 79
Fax : + 33 (0) 4 78 69 79 94
Email : [email protected]
Internet : www.handicap-international.fr
Programme HI-Cambodge
#6, St. 348, BKK3
Chomkarmon, Phnom Penh
Tél : +855 (0) 23 212 897 / 214 504
Email : [email protected]