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Manuel de phonétique et de morphologie historique du français, de Léon Clédat

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  • Manuel de Phontiqueet de

    Morphologie Historique du Franais

  • DU MME AUTEUR

    LIBRAIRIE HACHETTE ET C ie

    Dictionnaire tymologique de la langue franaise.

    Rutebeuf (dans la Collection des Grands crivains franais).

    LIBRAIRIE CHAMPION

    Revue de philologie franaise. Parat depuis 1887. Tables lafin des tomes X et XX.

    LIBRAIRIE LE SOUDIER

    Grammaire raisonne de la langue franaise, prface de GastonParis.

    Notions d'histoire de l'orthographe.

    Cours de grammaire franaise, en collaboration avec M. Gou-gre, directeur d'cole normale.

    Grammaire classique du franais.

    LIBRAIRIE GARNIER

    Grammaire lmentaire de la vieille langue franaise, etGrammaire historique.

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  • L. CLDATProfesseur l'Universit de Lyon.

    Manuel de Phontiqueet de

    Morphologie Historique du Franais

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    LIBRAIRIE HACHETTE ET G ie79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS

    1' 7

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  • PC

    1911

  • PREFACE

    Il nous a sembl qu il y avait utilit exposer succes-sivement dans un mme manuel les lois phontiques dela transformation des mots latins en mots franais et les

    consquences morphologiques de ces lois, avec les sim-plifications analogiques qui sont intervenues dans laconstitution de nos flexions.Pour viter qu'avec ce complment notre trait de

    phontique ne dpasst les dimensions normales d'unmanuel, nous avens rduit au minimum le nombre desexemples i

    i toutes les fois du moins que la loi est soli-dement tablie ; au contraire, lorsqu'il y a doute, nousdonnons nos lecteurs tous les lments des problmes rsoudre. Les tudes phontiques que nous avonspublies dans diffrents fascicules de la Revue de philo-logie franaise nous ont permis de prciser quelques-unsde ces problmes.Nous avons consacr un chapitre spcial une ques-

    tion trop nglige, celle des consonnes finales dans lalangue moderne ; elle est d'autant plus digne d'intrtque ces consonnes ont t maintenues ou rtablies sans

    i. Pour les mots qui ne figurent pas dans notre lexique, etdont on trouvera l'tymologie, si on l'ignore, dans les diction-naires autoriss, il sera facile de se reporter aux diffrents para-graphes de notre livre o sont expliques les transformations dechacune des voyelles et consonnes qui les composent.

  • VI PRFACE

    discernement dans l'orthographe, ce qui dissimule auxyeux leurs sorts divers. On trouvera aussi quelquenouveaut dans notre classement des faits phontiques,o nous nous sommes efforc, par le groupement desfaits similaires, d'apporter plus de clart et de simplicitdans l'expos de phnomnes souvent fort complexes.La phontique exprimentale, dont les progrs ont

    t si remarquables, permet de mieux comprendrequelques-uns de ces phnomnes, et nous n'avons pasnglig les claircissements qu'on en peut tirer, maissans oublier que cette science et la phontique histo-rique ont en principe des domaines distincts, la pre-mire tudiant les conditions physiologiques de laproduction et de l'volution des sons dans une languequelconque, la seconde se bornant constater cettevolution dans une langue dtermine 4 .

    L. G LEDAT.

    On verra, 173, que le cas rgime singulier de nos noms etadjectifs correspond la fois l'accusatif, o Ym ne se prononaitpas, et l'ablatif latins ; nous donnerons aux mots latins du sin-gulier la forme de l'ablatif, qui a sur celle de l'accusatif dpouillde Ym finale l'avantage d'tre une forme du latin classique.

    Les mots du latin populaire seront distingus par un astrisquedes mots du latin classique.Quand il y aura lieu de diffrencier dans un mot la voyelle

    tonique et les voyelles semi-toniques, nous emploierons l'gyptiennepour la premire et l'italique pour les autres.

    1. Je suis redevable de plus d'une remarque intressante auxexcellents livres du grand philologue Danois Kr. Nyrop, l'ami dela France. Je dois aussi exprimer ma reconnaissance M. PaulPortcau, qui a bien voulu m'aider pour la revision du texte dece petit livre et pour la correction des preuves.

  • MANUEL DE PHONETIQUEET DE

    MORPHOLOGIE HISTORIQUES DU FRANAIS

    PHONTIQUEL'ACCENT, LES VOYELLES ATONES

    1. La phontique historique est l'tude des transfor-mations des sons du langage. Nous commencerons parl'tude des voyelles. Toute la phontique historiquedes voyelles, en franais comme dans les autres langues

    romanes, est domine par le phnomne de Yaccent.L'accent consiste donner une syllabe de chaque

    mot (ou de chaque groupe de mots) plus d'importancequ'aux autres. En grec ancien et en latin, l'accent semarquait trs probablement par une intensit plusgrande de la voyelle, mais surtout par une diffrencede hauteur; c'est le caractre musical du phnomnequi avait le plus frapp les anciens et qui lui a fait

    donner le nom d'accentus (prfixe ad- et cantus, chant).L'intensit a prvalu dans les langues romanes et engrec moderne.

    2. L'accent portait sur la pnultime longue, ou surl'antpnultime quand la pnultime tait brve(naturellement sur Tunique ou sur la premire syllabe,

  • 2 PHONETIQUE

    longue ou brve, dans les mots d'une ou de deux syl-labes). On appelle paroxytons les mots accentus sur lapnultime, et proparoxytons ceux o l'accent frappaitl'antpnultime. Beaucoup de proparoxytons taientdevenus des paroxytons en latin populaire, ainsi : vrde,

    prononc vrde.La voyelle accentue est dite tonique. La voyelle

    tonique du latin est reste tonique dans les mots fran-ais d'origine populaire ou mots hrditaires, c'est--

    dire demeurs dans la langue sans interruption. L'accenta t souvent dplac dans les mots emprunts au latin

    mal prononc, des poques diverses. Le mot latin fragile nous est rest sous la forme frle , lemme mot a t emprunt sous la forme du doubletfranais fragile .

    Remarque. En latin populaire, dans la dsinence - eruntdes parfaits, Ye est bref (comme parfois chez les potes, cequi parat tre un archasme), et l'accent est report sur leradical, la mme place qu'aux personnes i et 3 du singu-lier, cf. 232, 234- D'autre part, dans les mots commepalpbra, le groupe br, termin par une liquide, n'allon-geait pas la syllabe, et ces mots, en latin classique, sont

    proparoxytons, mais en latin populaire l'accent pouvaitporter, dans ce cas, sur la pnultime quoique brve

    ;pour

    certains de ces mots il y a eu double prononciation, notam-ment pour palpebra, reprsent en vieux franais par paupre et paupire . Enfin lorsque l'accentportait, dans un proparoxyton, sur un e ou un i suivid'une autre voyelle, comme e ou i en hiatus se transformeen je dans le latin populaire, l'accent glissait sur la voyellede la pnultime bien qu'elle ft brve : *avilo, aylo, aeul.

    3. Lorsque l'accent ne portait pas sur la premire

  • l'accent. $ 4. 3

    syllabe du mot, cette premire syllabe recevait unaccent secondaire.

    Il y avait aussi un accent secondaire sur les prfixes,

    sur les mots proclitiques, ainsi que sur la dernire syl-

    labe des proparoxytons, qui est toujours conserve enfranais sous forme d'e labial.

    Les voyelles portant un accent secondaire sont dites

    semi-toniques, celles qui n'ont aucun accent sont atones.

    La voyelle de la premire syllabe a disparu exception-nellement dans les cas suivants :

    a. Elle a t en quelque sorte crase dans un petitnombre de mots entre une explosive ( 63) initiale et unr, et c'est la syllabe suivante (cjuand elle n'tait pas tonique)qui a reu l'accent secondaire: qutritare, cr/tare, crier;*corotulare, crotulare, crouler ; directo, drecto, droit;

    dtrectiare, drectiare, dresser. Le vieux franais verai (veraco)est devenu semblablement vrai, cf. 58, III, a.

    b. Vo en hiatus du prfixe co s'est transform en semi-voyelle dans coagulare, devenu quagulare, d'o cailler, cf. 4s, e.

    c. \ous verrons ( 9.3) que le g intervocalique tombedevant e, i, mais il est tomb plus tt qu'ailleurs dansvginti, trginta, contracts en vinti, trinta, franais vint(comme crivait encore Vaugelas) 1

    ,trente. Cf. la contrac-

    tion de quadraginta, 7, a.Nous tudierons plus loin ( 4^) le cas des voyelles de

    premire syllabe conserves en vieux franais et disparuesau cours du moven e.

    4. En latin populaire, il y a trs souvent, outre l'ac-

    1. Le ij de notre mauvaise orthographe n'occupe pas la mmeplace que dans le mot latin ; il n'a pas plus de raison d'tre dansvingt que clans trente, quarante, etc.

  • 4 PHONETIQUE

    cent secondaire sur le prfixe, un accent secondaire

    aussi (ou l'accent tonique s'il y a lieu, mme quandla voyelle est brve) sur la syllabe qui suit : sub\e-nire, swbvnit. Le mot se trouve ainsi dcompos enses lments, c'est la raison psychologique du phno-mne. Toutefois, dans certains composs, on avaitconserv l'accentuation classique, collocare, collcat,o la voyelle du radical est dpourvue de tout accent,cf. 6.

    '

    5. Dans les proclitiques de deux syllabes, l'accentsecondaire avait une tendance glisser de la premiresyllabe sur la seconde, la premire devenant alorsatone, cf. suivant.

    Loi de la chute des voyelles atones.

    6. En principe, dans la transformation du latin enfranais, les voyelles atones sont tombes, la pnul-time brve et la protonique des poques diverses,l'ultime des paroxytons au vme sicle ; des quatre

    syllabes du mot latin collocare, il n'est rest quedeux, la tonique et la semi-tonique, franais coucher.

    De mme pwritate a produit purt (refait en puretpar analogie avec les formes savantes o -t a tajout un adjectif termin en e).

    Le proparoxyton cubto avait un accent secondaire

    sur la dernire syllabe ( 3), la voyelle atone i est seule

    tombe, franais coude.Dans le dmonstratif proclitique illos, o l'accent

    secondaire tait pass sur la seconde syllabe ( 5),

  • LES VOYELLES ATONES. S 7. 5

    cette syllabe s'est seule maintenue, franais los, les ; Viatone est tomb. Dans l'emploi non-proclitique dumme dmonstratif, la premire syllabe, tant rgu-lirement tonique ( 2), s'est maintenue, et c'est Yo

    qui est tomb comme atone, franais els, eux.

    Comme, dans la dclinaison et dans la conjugaison, lamme voyelle peut tre successivement tonique et atone, laloi de la chute des atones a cette consquence curieuse quela voyelle qui est tonique dans certaines formes d'un motdisparat compltement dans d'autres: Vu de l'ancienneforme il mandue (mandcat) n'existe plus dans manger(manducre), sur lequel mandue a t refait en manjue,puis en mange; la diphtongue ou la voyelle tonique desinfinitifs devoir (debre) et mourir (*morre) s'efface au futur,qui est cependant form sur l'infinitif: devra (*deberhabet),mourra (*morirhabet). Cf. 196, 206-208.

    6 bis. Les mots d'emprunt ont gnralement laiss tom-ber la finale atone, par imitation des mots hrditaires,mais ont conserv les autres voyelles atones. Dans les motsd'emprunt les plus anciens, ces voyelles ont pu disparatreultrieurement. C'est ainsi que Ve atone de la seconde syl-labe de benedicere a t maintenu dans benedir, et, commele mot a t emprunt avant l'poque de la chute du dintervocalique, on a eu ensuite bener, qui s'est contracten bnir. On explique de mme les vieilles formes preechier,empeechier, de prcTdicare, nnpedicare, cf. i36, a; demme le maintien de la voyelle de la seconde svllabe dansimperatore, empereeur, empereur (compar. temperare, tem-prer, tremper ; temprer est un mot d'emprunt, moinsancien qu'empereur).

    7. Il y a plusieurs exceptions la loi de la chutedes atones.

  • 6 PHONTIQUE

    a. Va atone se maintient sous la forme d'un e labial,sauf dans la pnultime des proparoxytons : armt,arme, ct de dormit, dort, et non dorme ; terra,terre, ct de turre, tour

    ; ornamento, ornement 1 ,

    ct de f/rmitate, fert, doublet du mot savant fermet ;mais *colpo, colpo, coup (sans voyelle correspondant la dernire syllabe parce que le mot tait devenu paro-xyton en latin populaire). GJacle etfacie taient devenus

    par analogie glacia et facia, franais glace et face, sans

    quoi nous aurions glas etfas, comme bras de *bracio.

    C'est le maintien de l'a atone sous la forme d'un e labial,oppos la chute des autres voyelles atones, qui expliqueles diffrences entre le masculin et le fminin de nos adjec-tifs, bon bonne ( 179), entre les adverbes du type bonnementet ceux du type savamment ( 180), entre l'indicatif il pert etle subjonctif quil perde, et au contraire entre l'indicatif ilgarde et l'ancien subjonctif qu'il gart : Dieu vous gart ! (2l5).

    Ds le latin populaire l'a protonique s'tait exceptionnel-lement contract avec la voyelle tonique, aprs la chute d'un

    g intervocalique (cf. 3, c) dans : quadraginta, quarante ;quadragesimo, carme

    ;qumquaginta, cinquante ; sexa-

    ginta, soixante ; septuaginta, stante ; nonaginta, nonante.L'a devenu atone du radical de Itabere a disparu excep-

    tionnellement dans le conditionnel des verbes et aux deuxpremires personnes du futur, 196, n. t.

    1 . Il faut voir un reste de l'a atone dans les suffixes tels que-erie, qui se sont d'abord forms sur des mots en -ier= -ario,

    chevalerie sur chevalier, de sorte que -erie reprsente le latin-aria. Il en est de mme de tous les suffixes composs commenantpar -er- {quarteron a t fait sur quartier, tisserand sur l'ancientissier, etc.), bien que, pour la plupart des mots ainsi termins,

    le primitif en -ier n'ait jamais exist : moucheron a t fait direc-tement sur mouche. Cf. i5, [I, note 2.

  • L*a \tone. 7 #.

    \e provenant d'un a atone a disparu ultrieuremei

    dans les cas suivants :

    i trs anciennement la 3 e personne du subjonVxpliqncnt la prononciation et l'orthographe actuelles ouaillc

  • 24 PHONTIQUE

    de-sbtus, dessous ; swbv^nire, souvenir ; db(i)-tat, dwb(i)tare, doute, douter; pzillic^no, poucin, pous-sin (sur pwcelle, voy. i3); *fenc(u)lo, fenouil (ci-dessus I, Rem. ).

    Exemples pour Y (o) semi-tonique :*frmice, fourmis, fourmi; porcello, pourceau (mais

    on a : crbicula, corbeille, et bon nombre d'autres motscomme le proclitique nstro, nostre, o Y semi-toniqueest conserv et que l'on explique soit par une analogieavec un mot apparent o Yo est tonique, soit par uneraction savante. L'adverbe prfixe/on", fris, auno dans

    hors, forban, forfaire, et un ou dans fourbu, fourvoyer) 1 .

    Exceptions: Par dissimilation,dsemi-tonique entrav estdevenu e dans : *submonre, semondre ; sccussa, secousse;succurrit, secourt; *subdiurnare, sjourner (ultrieure-ment sjourner). Cf. 19, 6.

    L'o du proclitique illos (entrav devant un mot commen-ant par une consonne, libre devant un mot initiale voca-Hque) est devenu exceptionnellement dans l'article et lepronom les, prononc ls par au lieu du mme e labialque dans le, sans doute sous l'influence analogique du gnitifdes ( 54) et de cez, plus tard ces, venant rgulirement deeccistos (de mme que, l'inverse, cet devant consonne estdevenu ce, sans doute par analogie avec l). Au xvne sicleon a prononc le-z, au lieu de l-z, devant voyelle ; faut-ily voir la prononciation primitive qui se serait conservepartiellement ct de la prononciation analogique ? Ce quenous disons pour les s'applique mes, tes, ses, l'originemos, tos, sos, des proclitiques mos, iuos, suos, avec l'accentsecondaire sur la seconde syllabe ( 5).

    1. Le verbe couillir, de *colligirc, a model en partie sa conju-gaison sur celle de vouloir, douloir, d'o l'ancien radical toniquecueil-, devenu radical unique. Cf. toutefois note 1 du ao3, b.

  • a, e. SEMI-TONIQUES LIBRES. 18. 25

    LES VOYELLES tf, 6, 0, SEMI-TONIQUES LIBRES

    16. Les semi-toniques libres sont traites comme

    celles qui sont entraves, a persistant, et b deve-

    nant ou, l'exception de Ve ouvert ou ferm quidevient e labial (sur Tlision possible, voy. l\i, b).

    17. Exemples pour Va restant a :Prfixe et prposition ad devant voyelle : a-, (cf.

    i5, I) ; illtf, me#, tu#, sua proclitiques ( 5) : la, ma,ta, sa; m^rito, mari; p^nario, panier; vadore, valeur;

    quare, proclitique, car.

    Htfbet, vtfdit, employs proclitiquement ! : il a, il va;

    la forme proclitique est devenue trs anciennementforme unique. Sur une autre forme de va, voy. 3o.

    Sur illtfs me#s, proclitiques, voy. i5, I, exe. de Va.

    L'a semi-Ionique de granario, *ranucula, est rest rgu-lirement a dans granier, remouille, tandis que l'a toniquede grana, rana, est devenu non moins rgulirement ai (48) dans graine, raine. Sous l'influence de graine et raine,granier et ranouille sont devenus grainier et rainomlle, puisgrenier et grenouille (sur le g de grenouille, voy. 88).

    18. Exemples pour (, ) ou (e) devenant e labial :

    ( debere, devoir m, U, se procl. : me, te, se

    ( mmuto, menu prfixe et prpos. de : de-, de.N et nc procl. : ne 2 .

    . Habet devant le participe pass, vadit notamment devant legrrondif, construction trrs frquente en vieux franais.

    '. Sur le franais ne au sens de ni, voy. i/i5, b. Le franaisne, au sens de ne ou non latins, peut aussi venir de non, ci-dessous

    i9> 6 -

  • 26 PHONTIQUE

    Prfixe r-, re- tvare, lever.

    vmire, venir *grvare (cf. 21), grever.

    Exceptions. Entre deux consonnes labiales, e labial estdevenu ultrieurement u : *ftmario,femier, fumier ;b*bente,bevant, buvant. Par raction savante, un bon nombrede mots hrditaires ont chang ultrieurement e en , par-ticulirement ceux qui ont t remplacs par d'autres motsdans le courant de l'usage populaire, comme pril (rem-plac ordinairement par danger), h'e est d'autre part devenu quand il tait spar de la syllabe tonique par un autre elabial : lvare-habet, lvera, lvera 1 ; *tinimento, tenement(cf. 7, c), tncment ; mimico, cnemi, nemi (devenud'autre part ennemi, anemi, 46). Verai, de *vraco,s'est contract en vrai (cf. 3, a).Dans un petit nombre de mots Y semi-tonique libre est

    devenu a, particulirement devant liquide ou n (cf. i5,I, Exe. de Ye): zloso, jalous

    ;ptgritia, paresse; *fenare,

    fener, faner ( ct de fenouil, fenil); *tnpalio, travail;lurundine, aronde. On a exceptionnellement i dansivoire, de eboreo. L'e issu de l' semi-tonique de *siamus,*siatis, s'est chang en ei, oi, par analogie avec les formestoniques *sam, seie, soie,*sas,seies, soies. Survidente,veant, devenu voyant, voy. 209, c.

    19. Exemples pour (0, u) ou (0) donnant ou :

    ndare, nouer slacio, solas

    pr, prp. et prf., pour *prde, procl., prou

    s/tbinde, souvent czbare, couver

    *n#trire, nourrir

    corona, couronne *volere, vouloir

    *C0ventu (pour conventu), couvent.

    a. Nous avons bon nombre de mots o Yo semi-tonique

    I. Prononciation favorise par l'analogie de lve.

  • SEMI-TONIQUE LIliHE. 19. 2?

    libre (comme l' semi-Ionique entrav, $ i5, III) est repr-sent en franais par o au lieu de ou, non seulement devantnasale, ce qui est rgulier ( Z17), mais devant toute autreconsonne, particulirement / ou r, parfois sous uneinfluence savante, : soleil (*sliculo), ct de soldas ;prfixe por~ dans portrait, ct de prfixe pour- danspourvu, etc.

    b. L'o semi-tonique libre est parfois devenu e au lieu deou 1 : illo proclitique a produit lo, le. Le proclitique *eccehoca donn de mme io, o, ce (Le mme est devenu ou dansol, oui, qui vient de hoc Me). La ngation non, employeproclitiquement, a produit nen devant voyelle 2 (devantconsonne on ne trouve que ne, probablement par assimila-tion avec la forme venue du latin ne). C'est ainsi encoreque *conocula a donn quenouille par dissimilation aulieu de conouille ( 47)- Mosieur ( 77) est devenumesieur, ct de mes- sieurs, par analogie de le ct de les.

    Dans die dominica devenu didomenche, le sentiment dela composition du mot s'tant effac de bonne heure, lesecond d a t trait non comme initial , mais comme intervo-caliquc ( moins qu'il ne s'agisse d'une dissimilation), et l'osemi-tonique devenu atone s'est affaibli en e : diemancke,puis dimanche ( l\2, ).

    c. Trs exceptionnellement l'o semi-tonique libre estreprsent en franais par un a : le proclitique so'per (super)a produit sour, sur (7, c, i Rem. II), l'u est du l'ana-logie de sus, sj i3; nous avons sour dans sourct (supercilio),surailleurs. L'adjectif* prodis a donn rgulirement preus, cas rgime preu a3, a, tandis que l'adverbe *prode,employ proclitiquement, a donn prou non moins rgu-lirement; mais l'eu de preux, devenu semi-tonique dansla locution preu d'homme, a abouti u, d'o prud'homme (cf.

    A), ct de la forme proud'homme, o est respecte

    I. Cf. un changement semblable, par dissimilation, pour l'oMini-tonique entrav, i5, 111, Except.

    1. Conserv dans nenni (= nen il).lOAT. MWiii N PHONETIQUE. A

  • 28 PHONTIQUE

    l'alternance entre eu tonique et ou semi-tonique. L' deforo, employ proclitiquement, est aussi devenu u dans lalocution au fur et mesure , sans doute par assimilationavec Vu tonique de mesure.

    d. Pleurer, substitu plourer, lat. plorare, s'expliquepar il pleure, o Yeu vient de Yo tonique. Pour une analo-gie inverse, voy. 23, a, excepl.

    LES VOYELLES tf, , 0, TONIQUES LIBRES

    20. Les mots latins prato, pde, sro, flore, nvo,

    o la voyelle tonique est libre, sont devenus respecti-vement en trs vieux franais : prt, pit, seir, flour,

    nuof.

    On voit par l que, toniques et libres, Va devient, Y et Y se changent en une diphtongue qui com-mence ou se termine par un i (ei et i), 6 et se chan-

    gent en une diphtongue qui commence ou se terminepar un u (pu, prononc l'origine en diphtongue, etuo). L'z et Vu commencent la diphtongue produite parla tonique ouverte, et terminent la diphtongue pro-duite par la tonique ferme.

    La diphtongue ei est devenue ensuite oi ( 22), lesdiphtongues ou et uo ont abouti au son simple crite

    ( 23), de telle sorte qu'aujourd'hui c'est eu qui cor-respond toujours Yo latin tonique libre, bref ou long, Ya, i Y ouvert (e), oi Y ferm (, ). Etcomme ces mmes voyelles libres, lorsqu'elles sontsemi-toniques ( 16), ont donn ou pour latin, apour #, e pour ou , un mme mot (employ procli-tiquement ou avec l'accent tonique) et un mme radi-cal (suivant que l'accent porte sur le radical ou sur le

    suffixe) peuvent avoit deux formes, o l'on voit alterner

  • a, e, o toniques libres. 21. 29

    ou et eu, a et , e et i ou oi : uvre et cwvrage, sel et

    saler, mer et marin, toi et te, livre et levrette.

    Remarque. De mme que le pronom latin te a pro-duit le franais te dans l'emploi proclitique et toi dans

    Femploi tonique, on a eu aussi, pour illorum, lour etleur (>; i85, Remarque), mais la forme leur a prvaludans les deux emplois. C'est au contraire la formeproclitique qui a prvalu pour nous et vous (la forme

    tonique serait neus et veus) et pour il a, il va , de

    habet et vadit employs comme auxiliaires, 17 (laforme tonique eut t il et, il vt , au futur il

    chantert ).

    21. LV provenant de Va tonique, et IV de la diph-tongue i ont aujourd'hui le son ouvert lorsqu'ils sontsuivis d'une consonne prononce (Cf. 23, c).

    a tonique.

    Flexions -are, -ato, -atis : -er (pron. e), -, -ez l .Suffixe -tate : -t (bont, etc) ; spatha, pe.Mais : -arunt, -rent ; mare, mer (par ) ; taie quale,

    tel quel ; hospitale, htel ; ptre, matre, fratre : pre,

    mre, frre.

    Claro, cler, crit clair d'aprs il claire, 3o ; ala,le, crit auj. aile', pare, per, crit pair d'aprs paire, 3o. Sur sapit, il set, auj. sait, voy. 2o3, a.

    Loyal, royal (au lieu de loyel, roye) ont subi une

    1. Toutefois lra(n)s : trs. Les pluriels des mots en - se pro-nonceraient probablement par c sans l'influence du singulier.

  • 3 PHONTIQUE

    influence savante; mal est la forme proclitique gn-

    ralise ( 20, Rem.).Lorsque, dans un mot franais, Va tonique libre du

    latin est maintenu, la forme est savante ou emprunte une langue ou un dialecte du midi (comme croisade,forme franaise croise, ou cavalcade ct de chevau-che).

    tonique.

    Pde, pied (pi), mais : ml, miel, fro, fier, par ; fbre, livre.

    Sur ministrio, mtier, voy. 3i.*Grve (pour grave, par analogie avec lve) a pro-

    duit grief, aujourd'hui prononc en deux syllabes cause de la difficult de faire entendre la diphtongue

    aprs un groupe de consonnes termin par r (cf. 3o),difficult laquelle on doit sans doute la forme brefau lieu de brief (latin brve); i est conserv, mais endeux syllabes, dans brivement. Le latin levt a pro-duit rgulirement : il live (cf. le substantif verbal

    relief) devenu lve 1 par l'analogie indique 26.

    22. La diphtongue ei provenant dV tonique (, )est devenue au xne sicle oi, prononc d'abord -{- y,puis partir du xiue sicle o, o, w, enfin tua Parisau xv e sicle :

    Flexion -re : -eir, -oir ; crdit : creit, croit ; vdet :

    veit, voit;pper : peivre, poivre ; *frgido, froit( i^i) ;

    dgito, doit (crit doigt sans raison) 2 .

    1. On a prononc aussi lev, avec e labial, par analogie avec lever.1. Si l'on considre l' tonique de friyido, digito, comme tant

  • e, TONIQUES LIBRES. 23 il. 3l

    Exceptions. La flexion -bat de l'imparfait et du con-ditionnel avait donn -eit, -oit ( 229) ; au moment o-oit se prononait -wet, l'lment labial de la diph-

    tongue a disparu, et il est rest-et, qu'on a continu

    crire-oit jusqu' 1 835, poque o l'orthographe -ait a.

    t adopte par l'Acadmie. Mme changement de 0/ enai dans un certain nombre de noms ethniques en -eis,ois

    ylatin -e(n)se, comme Franais , Anglais ( ct de

    Danois, etc.), dans le suffixe -aie (latin-ta) de chtai-

    gneraie, saulaie, etc., dans craie, monnaie, etc. Nous

    avons encore double prononciation pour le mot venu

    de rgido : roide et raide. Pour d'autres mots, comme

    croire, aprs hsitation la forme en oi a prvalu. Cette

    transformation partielle de oi en a commenc d'assezbonne heure, et, dans les exemples les plus anciens,c'est la graphie e qui a t substitue, trs raisonna-

    blement, oi : tontru, toneirre, tonoirre, tonnerre;

    vitro, veirre, voirre, verre; p(n)sat, peise, poise, pse 1 .

    23. a. La diphtongue ou provenant de Y tonique (,u), et souvent crite dans les anciens textes, tait

    devenue eu au xme sicle :

    Suffixes -re, -so: -our, -eur, (douleur, etc.); -ous,-eus,(douloureus,etc). Sur la graphie

    -eux, y. 182, n.

    Plrat, ploure, pleure; vto, vou, veu (crit vu).Gla, goule, gueule.

    Exceptions. Devant une consonne labiale, ou se maintient

    en entrave romane, le rsultat sera le mmo (;< 3i bis). Pourdigito, la vieille forme franaise di, Bans t, est embarrassante.

    1 . On a prononc aussi pes, avec e labial.par analogie avec peser.

  • 32 PHONTIQUE

    (en passant du son ow au son de la voyelle simple) : rbur,rouvre ; Lpara, Louvre ; lpa, louve (sur loup, voy. 3q).Dans d'autres exemples, ou, au lieu de eu, s'explique soitpar une forme dialectale, soit par l'influence d'un drivo Yo, n'tant plus tonique, tait devenu rgulirementou ( 7, d) : pelouse, lat. pilosa, au lieu de peleuse, estmridional ; amour, au lieu de ameur, nous est venu parla lyrique provenale, ou a subi l'influence de amou-reux, amourettes, etc. ; il noue s'est substitu il neue, sousl'influence de nouer, lat. nodare ; pous s'est substitu peus, lat. spo(n)so, sous l'influence d'pouser, pousailles.Pour une analogie inverse, voy. 19, cf.

    Le pluriel neutre mra, transform en fminin singulier,a produit rgulirement meure, devenu mre sous l'influenced'un rapprochement instinctif avec l'adjectif venant dematra (42, c).

    b. La diphtongue uo provenant de Yb tonique (0) estdevenue ue ou oe au xie sicle, puis a pris au xme sicle

    le mme son eu que la diphtongue issue de Y :

    Mvet, muot, muet, meut; * mobile, muoble, mue-

    ble, meuble;

    Cor, cuor, cuer, cur ; *vo, uof, uef, uf.

    Jvis, juos, jues, jeus (dans jeu-di) 1 .

    Exceptions. Ecole, au lieu de cule , peut facilements'expliquer par une influence savante ; mais nous disonsaussi vole et rossignol (au lieu de rossigneul, cf. pagneul).Dans rose, outre le maintien anormal de Yo, il faut cons-tater la prononciation par 6 ferm sous l'influence du zequi suit (cf. chose, i4).

    11 prouve, il ouvre, se sont substitus il preuve (prbat),

    1 . Les deux mots composants sont traits comme frapps l'unet l'autre d'un accent tonique ; d'ailleurs, dans certains dialectes,l'ordre est interverti : provenal dijou.

  • TONIQUE LIBRE. 23 C 33

    il euvre (perit) 1,sous l'influence de prouver, ouvrir, cf.

    ci-dessus a, except.

    Dans avuec (ap(ud) hoc), devenu avec, et dans iluec,devenu Mec, encore employ par La Fontaine, ue aboutit , sans doute sous l'influence du c final conserv ( i38).D'ailleurs dans avuec la consonne labiale v devait absorberle premier lment de l'ancienne diphtongue, comme dansvuelty iwH/,lat.*vlit, devenu veut, dans bienvueillant( 256)devenu bienveillant (La prsence de ne, eu dans les autresformes du verbe a empch le subjonctif vueille de devenirveille, qui se serait confondu avec veille de veiller). Cf. vuide

  • 34 PHONTIQUE

    eu la valeur s qu'il a normalement devant un e. On atranch la difficult de trois faons diffrentes, ce qui est

    fcheux : en conservant la graphie ue dans cueille, cercueil*(aussi dans orgueil pour une raison semblable) ; encrivant le nouveau son par u au lieu de eu dans cur

    ;

    en crivant le c par qu dans queue. Alors que la

    diphtongue existait encore, on crivait oef, oeil, oevre,plutt que uef, ueil, uevre (qui pouvaient se lire vef,veil, vivre, puisque la lettre u avait deux valeurs aumoyen ge); on a conserv cette forme pour il,et mlang les deux graphies dans uf, uvre. Dansd'autres mots on a introduit la graphie u parce que

    des mots tout semblables, crits par -eu, se prononaient

    -u (anciennement -eu en deux syllabes), par exempledans vu pour viter la confusion alors possible avec le

    participe pass veu du verbe voir. Ailleurs enfin u at substitu eu sans aucune raison.

    ACTIONS DIVERSES SUR L'VOLUTIONDES VOYELLES

    Action des consonnes palatales.

    24. Les consonnes palatales du latin sont c, g, iconsonne ( 65).

    Il arrive souvent que Yi consonne (primitif ou issu

    des voyelles e ou / en hiatus, 68) se joint simplementaux voyelles voisines pour former diphtongue avec elles,

    I. l5, I, exe. de Vq.

  • \r.TIO> DES PALATALES. 25. 35

    cf. $ 7, e. Dans d'autres cas, 17 consonne, comme c,

    g, tout en produisant une consonne franaise, ajouteaussi un ye 1 aux voyelles voisines.

    ACTION SUR LA VOYELLE QUI SUIT

    25. L'action sur la voyelle qui suit ne s'exerce que

    si la voyelle est libre. Devant les voyelles entraves,

    le ye des consonnes W, fsy , djy> produites par c, g et iconsonne du latin ( 67-70), s'efface purement etsimplement : cervo : Vervo, lserf , cerf.

    Les voyelles palatales a, , , i ( 9), donnant nor-malement en franais, quand elles sont toniques et libres,c, i, a, i ( 20 et 12), le ye provenant de la consonne

    palatale qui prcde changera en i., se confondra avec

    i et avec le premier lment de la diphtongue i etformera avec ei une triphtongue iei, susceptible de se

    contracter en z' 2 .

    Donc, la consonne palatale n'agit pas sur Y toniquelibre qui suit, ni sur IV, elle change IV* en i (au lieude e) } et IV en i :

    Medietate, meytate, moiti, cot de sanitate,

    sant;

    placre, plaVere, plaisir, ct de debre,devoir 3 ; cra, cire.

    Ainsi, dans les mots franais, la diphtongue i peutvenir soit d'un tonique libre quelconque, soit d'un a

    1. Sur le mot ye , vov. 61, note.2. Il est possible qu'on ait pass directement de -v i.3. Mais en gnral les suffixes et flexions rostenl intacts aj>r

  • 36 PHONTIQUE

    tonique libre prcd d'une palatale, et Yi peut venirsoit d'un i long ( 12), soit d'une' tonique libre prcdd'une palatale, voy. aussi 3i.On remarquera, dans medietate, que la palatale peut

    tre spare de la voyelle sur laquelle elle agit, cf. 35.

    26. La palatale qui a chang a en i peut tre unechuintante, lchy ou djy ( 67-70), plus tard ch, /; dansce cas, le premier lment de la diphtongue i a tultrieurement absorb par la chuintante, on passe de

    chi ch (sauf dans chien, o Y est nasalis) et de gihg. C'est ainsi que les anciens verbes marchier, chargier,

    sont devenus marcher, charger, et, par analogie avecceux-l, aidier (adyutare) est aussi devenu aider, tandisque le substantif moiti a gard sa diphtongue. Achive(*accapat) est devenu rgulirement achve, et, par ana-logie, live, o la diphtongue vient d' (levt), est devenulve, cf. 209, c.

    27. De mme que la consonne palatale dgage devantune voyelle palatale la semi-voyelle palatale^, il semble

    que, devant une voyelle labiale, elle puisse dgager unu semi-voyelle. Cette semi-voyelle labiale se confondrait

    ncessairement avec Yu issu de Vu long latin, et avecle premier lment de la diphtongue uo issue de Y toniquelibre, mais elle formerait avec Y tonique libre unenouvelle diphtongue uo, qui passerait aussi ue et eu.Autrement dit, il semble qu'un tonique libre prcdd'une palatale puisse se diphtonguer en ue comme Yb.Et nous constatons en fait que cperit a donn cuevre,comme opra : uevre

    ;que jvene, jvene a donn juene,

  • ACTION DES PALATALES. 28. 3 e]

    cf. 33, exe. Si l'on n'admet pas l'action de la palatale

    sur les voyelles labiales, on doit admettre que Y de

    certains mots tait devenu en latin populaire, sans

    qu'on puisse en donner d'autre raison que le voisinage

    d'une consonne labiale, qui a produit ailleurs un tout

    autre effet ( 23, #, exc).

    28. Les consonnes palatales qui prcdent n'exercent

    d'action que sur une seule voyelle semi-tonique : Va

    libre. Prcd d'une palatale, Va libre semi-tonique, aulieu de se maintenir ( 17), se labialise en e. Toutefois,

    cette action se manifeste surtout quand Va est suivid'une consonne labiale ou d'un n :

    *ramino, chemin ozballo, cheval#nale, chenal *canuto, chenu

    *Yzlina, online.

    L\i s'est maintenu dans ozlumnia, chalenge, danscctlore, chaleur, dans cathedra, chaire, chaire ( 4 2,r), aussi dans chameau, chanoine, (dans ce dernier, onpeut admettre une influence savante). Il s'est maintenuaussi, parce qu'il y avait entrave romane, dans *ad#-p(i)tare, achater, #p(i)tale, chatel, mais ultrieurementachater est devenu acheter*

    ,chatel est devenu chetel (que

    nous crivons cheptel , bien qu'on n'crive pas

    achepter, au risque d'en corrompre la prononciation).L'tf du proclitique jam s'est maintenu dansy, malgr

    la palatale.

    1. Acheter ressemblant jeter, on a dit achiele (au lieu denrhate), comme on disait ghte (J5 209, c, n. 2) ; achte est ensuitedevenu achet, conformment au 6 26.

  • S PHONETIQUE

    28 bis. L'rt semi-tonique entre deux palatales devient dans jacere, gsir. Gisant est analogique, d'aprsgist, 3i.

    ACTION SUR LA VOYELLE QUI PRCDE.

    29. L'action sur la voyelle qui prcde peut s'exer-cer sur les voyelles entraves comme sur les voyelles

    libres, sur les vov elles labiales comme sur les voyelles

    palatales.

    Pour trouver le son produit sous l'influence de la

    consonne palatale, il suffit d'ajouter un i semi-voyelle la voyelle soumise son action, mais il faut se sou-venir que cette action s'est exerce sur Va tonique libre

    avant son changement en .

    30. Il rsulte de cette observation que Va libre ou

    entrav, tonique ou semi-tonique, donne ai lorsqu'ilest suivi d'une palatale ; cet ai a t prononc y dsla fin du xie sicle, et, bientt aprs, :

    paria, paire *exclariat, esclaire facto, fait

    ratione, razson l#xare, lissier, laisser 1

    *vas *vat (pour vadis, vadit), vais, vait, autres for-mes de vas

    yva, cf. 17.

    Exceptions . Uai semi-tonique est devenu e labial,sans doute sous l'influence de la consonne labiale /,trs anciennement dans fera (comparez taira, plaira),

    1. Substantif verbal lais (ce qu'on laisse aprs soi), crit encoreainsi par Villon ; le mot a t rattach par erreur lguer et critlegs, bien qu'on continut prononcer les, mais le g parasite eterron pntre dans la prononciation.

  • VCTIOrS DES PALATALES. $ 31 . 0
  • 40 PHONTIQUE

    pior, pire; dcem, dis; prtio, pris 1 ;scat, sie, crit auj. scie 2 .

    De mme que decem donne dis, decimo donne rgu-lirement disme, et undecimo ' ondisme, devenu on^ismed'aprs on^e. C'est sous l'influence de disrne, onisme,

    que le suffixe-esme, issu rgulirement de -simo (cf.

    caresm), est devenu notre suffixe ordinal iesme, itne.Le suffixe -aco des noms de lieu, prcd d'une pala-

    tale, a donn-i, crit -y : Yictoriaco, Vitry (comp.

    Cambrai, de Cameraco, 39, n. 2).Par exception, le suffixe -rio donne -ter (on

    attendrait ir ou ire, voy. 7, c, 2 ) : ministrio,

    mtier.

    Mme IV tonique entrav (qui contient en puissancela diphtongue ie) devient % quand il est suivi d'une pala-tale : lcto, lit ; sx, sis.

    31 bis. Au contraire, IV tonique (, i) entrav parpalatale donne ei

    ,oi

    ,comme IV tonique libre sans pala-

    tale. Il en est de mme de ou semi-toniques,libres ou entravs, suivis d'une palatale.

    1. Sur Ys de gist, dis, pris, voy. g3, 126, \(\k. On a critavec un x le substantif pris (comparez palais, de palatio) et le nomde nombre dis par imitation de l'orthographe de six (!), et pourviter une confusion invraisemblable avec les formes verbales priset dis. Quant l'a; de six, il a la prtention de rappeler l'a; dulatin sex, bien que le c contenu dans x latin se soit fondu avecla voyelle tonique et qu'il ne reste plus en franais qu'un s (onprononce sis' et non sics').

    2. Scie, au lieu de sic, est une orthographe doublement bar-bare, puisque le c, fondu en franais avec la voyelle tonique,occupe une autre place en latin.

  • ACTION DES PALATALES, 32. Ixi

    i tcto, teit, toit (comme tela, teile, toile)stricto, estreit, estroit (comme plo, peil, poil)

    2 sgxaginta, seissante, soissante 1 ; t&tura, teiture,

    toiture,

    n&are et n^are, noyer ( 32) ; plfcare, ployer,p^'ore, peieur, qui" serait aujourd'hui poyeur si le

    cas sujet pire ( 3i) ne l'avait pas emport sur lecas rgime.

    Exceptions. Dans quelques mots, la diphtongue ois'est ultrieurement rduite , crit le plus souvent

    ai (cf. 22, exe.) : dsco, deis, dois, dais ; parscere, pa-

    reistre, paroistre, paratre ; benedcto, beneeit, 6 bis,

    benoit (conserv comme nom propre) et bent.

    32. En vertu des lois indiques 3i et 3i bis, un radicalde verbe qui contient un suivi d'une palatale doit avoiren franais i ou oi suivant que le radical est tonique ousemi-tonique ; les deux verbes noyer du vieux franais(au sens de noyer et au sens de nier ) se conju-gaient je ni, tu nies, il nie, nous noyons, vous noyez, ilsnient . Puis on a conjugu toujours avec oy ou toujoursavec i en attribuant l'un des deux sens au radical noy, l'autreau radical ni, videmment parce qu'il se trouvait que lesformes avec radical tonique taient plus souvent employesau sens de negare, et les formes avec radical semi-toniqueplus souvent au sens de necare, cf. 210.

    Les verbes dont la voyelle radicale tait avaient au con-traire partout le radical avec oy, mais ils ont subi l'analogiedes verbes avec radical altern ; c'est ainsi que le vieuxverbe loyer (lgare) 2 a pass du radical uniforme loy au radi-

    1. Ecrit auj. soixante, cf. 3 1 , note 1.2. Compose aloyer (alligare) dont il nous reste le substantif

  • !\ 2 PHONTIQUE

    cal uniforme li, aujourd'hui lier, et que le verbe ployers'est doubl d'un verbe plier, auquel on s'est efforc dedonner une nuance particulire de signification.

    33. En ajoutant un ye Y tonique (, ) et Yo ouvertou ferm (, 5, ) semi-tonique, on obtient la diph-tongue of, qui a pass par les diffrentes prononcia-tions indiques 22.

    En ajoutant un ye la diphtongue ueyissue de Y

    tonique (), on obtient la triphtongue nei, qui s'est

    rduite ni ; on a ut, mme pour Y tonique entrav,comme on a *, mme pour Y tonique entrav, 3

    1

    (On a naturellement ni aussi pour long, tonique ousemi-tonique, i3).

    i ui et oi toniques :

    ncet, nuist; *ccere, cuire; ncte, nuit; *vcita,

    vuide (devenu vide en vertu de l'absorption de l'l-ment labial de la diphtongue par la consonne labialequi prcde, 23, b, exe.) ; *stio (class. stio), uis 1 .

    voce, voiz, vois; nce, noiz, nois 2 ; *buxida, boiste.

    aloi dans la locution monnaie de bon aloi , c'est--dire de bonalliage.

    1. Ecrit huis l'poque o le signe a pouvait avoir la valeurd'un u ou d'un v, pour viter la contusion alors possible de uis etde vis ; c'est pour la mme cause que nous crivons encore avecune h initiale, aujourd'hui inutile, huile, lat. olea, huit, lat. octo,hutre, lat. ostrea.

    2. Les substantifs vois, nois, crois, pois, pais, que nous crivons

    aujourd'hui avec x au lieu d's, viennent de voce, nuce, cruce, picc,pace, et non de vox, nux, crux, pix, pax ; mais, alors mme queles mots franais viendraient des nominatifs latins, Yx n'aurait pasplus de raison d'tre que dans six ( 3i , note 1).

  • \r.TlON DES PALATALES. $ 35. A3

    Exceptions. Cpreo a donn cuivre (au lieu de coivre),et cgitat : cuide, comme si c'tait cogitt ; mais il faut tenir

    compte de l'action possible du c initial, 27.Co(g)nsccre a donn rgulirement conoistre, mais est

    devenu ensuite connatre* cf. 22, exe.

    2 oi semi-tonique.

    tioso, oiseus ; *f//sione, foison ; modiolo, moyeu (ct de mdio, mui, 168) ; octobre, oitouvre ( ctde cto, uit). On a ennuyer (d'abord ennoyer), d'aprsil ennuie ; appuyer d'aprs il appuie ; cuidier d'aprs il

    cuide), cf. 21 3.

    33 bis. Le latin ui a donn ui franais, sauf devantconsonne, o il s'est rduit u : je fui, tu fus, il fut,puis la i re personne s'est assimile la seconde.

    CONDITIONS DE l'ACTION DES PALATALES.

    34. Il y a des cas o une palatale n'exerce aucune actionsur les voyelles voisines, ce sont d'abord les cas o cettepalatale ne produit pas le son ye (voy. 3g-4i ; 95,3

    ; io4, a et b).

    Par exemple (S \ol\ a et /;) le premier c d'un groupede deux, ou c devant t

    -f- y, tombent compltement ;le second c et /

    -f- y agissent, le cas chant, sur la

    ^velle qui suit, mais leur action ne s'tend pas lavoyelle qui prcde : * /ns^ccare, ens^chier (et nonenstf/chier), * tractiare, tracier (et non tr^icier),

    *factiatis pour faciatis, fassiez (et non faissie^).

    35. Cependant, tout en agissant sur la voyelle qui

    KT. 'UMII l>! PIIONFTIQI ! 4

  • \[\ PHCWTIQUE

    suit, \eye passe par-dessus fou st, tr et mme str, pouragir sur la voyelle qui prcde : *invitiare, invits^are,envoisier

    ; angustiare, angoissier ; *impastriare, empais-trier, repatriare, repaidrier, repairier 1 . Quand le ye estavant le t, il le franchit aussi pour aller mouiller la

    voyelle qui suit: medietate, meytate, moiti.

    Mme franchissement progressif ou rgressif d'uneconsonne, t, s fort ou s doux, dans : tractare, traitier

    ;

    laxare, laissier ; basiare, baisier j ; *placyere, pla\yere,plaisir.

    Action rgressive du ye aprs br, pr : *brio, ivre;

    cupreo, cuivre (cf. 33, exe).

    36. Les consonnes labiales qui jointes ^produisentune chuintante sont au contraire un obstacle l'action

    du ye sur la voyelle qui prcde : sapiatis, sachiez (etnon saickiei). La voyelle qui prcde reste aussi intacte

    dans les formes telles que : judicare, jugier (et non jui-gier)\ *coratico, courage (et non couraige)-.

    Aprs nt, leye agit ou non sur la voyelle qui prcde,suivant qu'elle est ou non en syllabe finale: * antius ou

    *anteisyains, vieux mot regrett par La Bruyre; mais

    Constantia, Goulance (et non Goutaince).

    37. Le / mouill laisse intacte la voyelle tonique ou

    semi-tonique* qui prcde, laquelle est traite tantt

    i. -er a t ensuite substitu -ier, conformment au 26 :emptrer, angoisser, tracer, repairer (distinct du reprer actuel,mot savant), laisser, etc.

    2. Couraige existe dans nos anciens textes, mais est dialectal.3. Nous avons vu que Ye atone conserv devient i quand il est

    suivi d'un l ou d'un n mouills, 7, b: pavillon.

  • ICTION DES PALATALES. 37. /|5

    comme libre, tantt comme entrave ( i5, I, Rem.) :*vcula, vieille; gubernaculo, gouvernail ; flia, feuille

    (par exception : lea, huile cf. 33, n. i , o c'estla voyelle et non la consonne qui est mouille) ; m^liore,meilleur; dleo, je deuil (d'o le substantif verbal deuil).

    Le ye qui mouille n n'agit pas non plus en principe sur

    la voyelle qui prcde 1 : vniat, vieux franais vigne;

    ameata, ccgne. Toutefois, en syllabe finale ou devant

    consonne, ceye exerce son action normale sur la voyelle,

    et c'est la voyelle ainsi transforme qui est ensuite

    nasalise par la consonne nasale, conformment 5i.L'adjectif fminin armnia aurait produit ermigne ,c'est le masculin armnio qui est devenu ermin, avecle changement de l' tonique en i

    ,en syllabe finale, sous

    l'influence du ye ; et sur ermin on a fait ermine, hermine, i, I, exe. de Va.

    Exemples de l'action du ye sur la voyelle qui prcde,devant n final ou appuyant : gaaing, gain (substantif

    verbal degaagner, gagner, d'origine germanique), hau-tain (*altaneo), saint (sancto), ct de gagne, gagner,

    demontagne(*montanea),decompagnon(*companione)et compagne, compagnie, de Champagne (Campa-nia), d'agneau (agnello) ; coin et cooing, coing ( 79),poing, de pgno, ct de cogne, cogner, cognas-sier, vergogne (verecndia), Bourgogne (Burgndia),oignon 2

    ,

    prononc ognon (* nione) ; teinture, de

    1. Exception faite de Ye atone maintenu, qui devient i, 7, 6:Avignon,

    2. Dans l'orthographe oignon, ign est une graphie archaque den mouill, on crivait aussi mnntaigne, Champaigne, tout en pro-nonant par a. C'est sous l'influence de celte graphie quivoque

  • '|(> PHONTIQUE

    tnctura; engin, de ingnio ; coint, vieux fr. (d'o

    accointanc), de cognito.

    Si l'on compare sein (snu) et seing(sgno\ qui se pro-noncent de mme, on constatera que, dans le premier,'est le produit normal de Vi tonique libre devant nasale

    ( ^9, b)', dans seing, IV provient du g latin, et contri-buait marquer l'ancienne mouillure du , reprsenteencore par le g franais, cf. S 79.

    Les formes des verbes en-ingre telles que fingit,

    *fincto, fngere, donnent rgulirement feint, ind. prs,

    et part, pass, et feindre] sans le ye, provenant delpalatale, on aurait eu fendre, comme pourfindere. Dans

    les formes telles que feigne, feignait (cf. seigneur,

    de senior), Vi qui prcde gn ne change pas la valeur

    de IV. Mais IV de plaignant, plaignait indique que

    Va du radical latin a t chang en ai, , alors qu'onattendrait plagnant, plagnait comme agneau

    ;

    il y a probablement eu influence analogique de plaint,trs rgulier l'indicatif prsent et au participe pass,

    plangit, plancto 1,

    et des formes des verbes en eindre.

    On dit aussi joignant, joignait, d'aprs joint, tmoigner d'aprs tmoin (testimonio), baigner d'aprs bain, ba(/)neo. On a d prononcer sagner

    que nous prononons Montgne le nom du grand moralistedu xvi e sicle, et que M. Rostand fait rimer Philippe de Charn-paigne avec peigne. Le Dictionnaire gnral indique les pronon-ciations pogne, pogne, pognard, pognet, mots o l'orthographearchaque tend introduire la diphtongue oi.

    1. Phontiquement, la i re personne plango devait donner jeplane sans aucune mouillure, et le substantif plangam que jeplange (cf. loi); la conjugaison des verbes en aindre, eindre,oindre, est le produit d'une srie d'assimilations.

  • ACTION DE l'/ LOISG FINAL. S 38. 4 7

    (sanguinare), sagnant, sagnait , transforms ensuite

    d'aprs je saing et par l'analogie des formes, elles-

    mmes analogiques, baigner, plaignant, plaignait . Chtaigne , de castanea, qui est en opposition

    avec montagne , est considr comme une forme dia-

    lectale; maison trouve des mots, aujourd'hui en -agne,qui riment en

    -gne dans les textes littraires du xve etdu xvie sicle.

    La Fontaine, Voltaire et Hugo ont employ aragne(aranea), mais on a dit aussi araigne, d'o drive arai-

    gne.

    37 bis. Sur l'opposition entre paen (pa-ien) et payer(pai-ier), voy. 96, c.

    Action de il long final.

    38. Quand on compare m(n)se donnant rgulirementmois ( 22) et le parfait *pr(n)s donnant pris, trigintadonnant rgulirement trente ( 43) et vignt donnantvint ( 3 c), illa donnant rgulirement le ( i5, II),et llli (>; i85) donnant il, on est tout naturellementconduit attribuer Yi de vint, de pris et de il l'action

    de Vi long final, qui peut se formuler ainsi : 17 long final

    change IV tonique (c, ) qui prcde en /.De mme: fc, je fis ; vn, je vin (Cet/ s'est propag

    aux 3 es personnes du singulier et du pluriel, qui n'avaientpas d'[ final : il prist, il fist, il vint). Et dans la seconde

    personne du singulier de ces mmes parfaits, sti aproduit

    -is : tu mesis, tu ves. Cf. S 235.

    On est aus^i tent d'attribuer \ i long final la forme

  • 48 PHONTIQUE

    extraordinaire du nominatif pluriel de tout : luit, lat.*tott.

    Effets de l'hiatuset de la vocalisation des consonnes labiales 1 .

    Il ne s'agira pas ici de Ye ou % atone en hiatus, quitait devenu une consonne palatale ds le latin popu-laire ( 7, e); Faction des consonnes palatales a t

    indique ci-dessus.Nous tudierons successivement les effets de l'hiatus

    sur la voyelle tonique et sur la voyelle semi-tonique.

    1 SUR LA VOIELLE TONIQUE

    Les voyelles atones labiales exercent une action

    remarquable sur la voyelle tonique qui prcde. Toute-fois, en dehors du cas o la labiale atone posttonique taitdj en hiatus avec la tonique sous la forme latine, cettevoyelle atone ne peut exercer d'action sur la tonique

    qui prcde, que lorsqu'elle en tait spare par une

    consonne palatale qui tombe ou une labiale qui se voca-lise ; lorsque les deux voyelles taient spares par unedentale, elles ne se sont pas rencontres puisque l'atone

    tait tombe avant la dentale intervocalique, 1 4o, voy

    .

    toutefois q,5, 2 (L'hiatus qui prcde l'accent peut

    au contraire rsulter de la chute d'une dentale).

    39. L'o ou u atone en hiatus se joint sous forme desemi-voyelle la tonique qui prcde : du(m), dieu,

    i. Sur la chute et la vocalisation des consonnes intervocaliques,vy- 9 5"96 -

  • EFFETS DE l'hIATUS. 39. /|Q

    prononc d'abord diew ; on trouve aussi dans les textesla forme di, avec chute de l'atone malgr l'hiatus. Duos,doos, a produit le franais doits (pron. dows), deus 1 .

    L'hiatus a pu se produire aprs la chute ancienne d'un

    c ou g intervocalique devant voyelle labiale. C'est ainsi

    que placui est devenu plaid, plot, 2^0, a, et placuit,

    plauit, plout, plot (labialisation de Va en 0, et adjonction,comme semi-voyelle, de la voyelle atone); que fago,htre, a produit le vieux mot fou, prononc d'abord

    fow. Ajoutez: jgo, jou, aujourd'hui joug, 168, note;pauco, pou, devenu peu, commefou, ci-dessous, donne laforme jeu

    ;grco, grieu (conserv dans le nom propre

    Des Grieux) ; *facunt, font. Mais aprs Vl, l'atone tombedans amico, ami. Les mots fco, lco, jco ont donnd'abord uniformment fuou, luou, juou ; la labiale/a absorb le premier lment de la triphtongue dans

    fuou, devenu fou, puis feu ; le mme lment s'estchang en ye par dissimilation dans luou, juou, devenuslueu, jueu, puis lieu, jiew, enfin dans ce dernier motla chuintante a ultrieurement absorb le ye(cf. 26),d'o jeu 2 .

    Dans le latin clauuQu), Vu consonne, plac devantvoyelle labiale a d ne pas se changer en v, mais formeravec Va la diphtongue au, qui devient rgulirement un

    0, auquel s'ajoute comme semi-voyelle la voyelle labialeatone, de l clou, prononc d'abord clow*. Le b sem-

    1. Sur Vx de deux, voy. 182, note.3. Exceptionnellement, le c intervocalique de *veraco et du

    suffixe -aco a donn un ye, comme lorsqu'il est suivi d'un a ( 0,5):vrai. Cambrai. De mme, pour pauco, on trouve poi ct de peu.

    3. Comparez avec claue, o l'a consonne, n'tant pas devant

  • oo PH0NTIQ1 E

    ble aussi s'tre vocalis directement 1 devant u dans:*habunt, ont ; dbuit, deut, dut ; habuit, out, cf. 2^o,

    a ; tabula, taule, tle ( cte de table, S 108) ; et mmedevant a pnultime dans gabata donnant gauta enlatin populaire ($ i/i)

    2. Le prtrit sont s'explique soit

    par une vocalisation semblable du b issu du p intervo-calique de sapait, vocalisation qu'on constate aussi danslpo donnant lou ( i3, note), soit par l'analogie deout.

    40. Avec e ou i toniques, ou u atones en biatus

    peuvent former une diphtongue ui par l'intermdiairede tu: tgula donne tule, tiule, tuile (cf., 109, 3,rgula donnant ruile ct de reille). *Squere a pu seprononcer scvere, d'o sivre, et scuere, d'o, aprsla chute du c, seure, siure, suive. *Squo, c'est--direscuo, a pu produire d'une part sien, d'autre part seu,siu, sui, plus tard suis par analogie, (et de mme *squis,*squit) 3 . *So pour su?n a donne//, siu, sui. Comparez

    voyelle labiale, est devenu rgulirement v, 06 (puis /aprs ladisparition de la voyelle atone, i^3) et n'a fait obstacle ni latransformation normale de l'a tonique libre en , ni la chute dela voyelle atone, qui n'tait pas en hiatus ; de l clef, au plurielcls, 121. De mme: Andegauo a donn Anjou, et Andegauis :Angers; Pictauo a donn Poitou, et Pictauis: Poitiers. LV, dansces deux noms de villes, ne peut s'expliquer que par une analogieavec des pluriels tels que dangers, mtiers, ou Louoiers (Locoveris).

    1. C'est--dire chang en la semi-voyelle w, sans passer par v.2. Quelquefois mme dans le groupe br, voy. forge, 97, i, 6.3. Devant une voyelle qui se maintient, l'a de *sequere ne peut

    aboutir qu' u ou w ( 97, 3) : *sequat, siewe ou sive. Ces diff-

    rentes formes se sont fondues dans le radical actuel suiv-. Sicoquerc n'a pas t trait de mme, c'est qu'il tait devenu *cocere.

  • effets de l'hiatus. 42 a. 5i

    encore rvo donnant rw, d'o rut conserv dans le nom

    propre Duruy.

    41. La voyelle labiale atone en hiatus, ou devenue

    en hiatus aprs chute du c ou g intervocalique ou voca-lisation du b, a pu aussi se consonnifier : *judo * adonn juiu, juin (juiw), juiv, enfin juif masculin,fminin juive. Grco a donn de mme griu (griew),qui d'une part a abouti grieu, cit plus haut 39,d'autre part est devenu griu (griw), griv, fminin

    grive. Sbo a donn seuv, siuf, et par metathse suif. Le v s'explique de mme dans Mathevon, formedrive de Mattho, Mathieu.

    L'w en hiatus, prcdant la voyelle tonique, est aussi

    devenu v dans jVmuario, janvier.

    2 SUR LA VOYELLE SEMI-TONIQUE.

    42. a. De mme que l'atone post-tonique forme diph-tongue avec la voyelle tonique qui la prcde, l'atone

    protonique peut former diphtongue avec la voyellesemi-tonique qui la prcde : *fr/goroso, donnant friu-roSi fruiteus (puis frileus* par dissimilation) est tout fait semblable tegula donnant tuile, ^pud procli-tique donnant od

    yot, 0, est semblable sapuit donnant

    sot. (La dentale finale de od est tombe en raison del'emploi proclitique devant consonne).

    I. L'accent tait reste sur la pnultime de judaeo aprs lechangement de la diphtongue ae en .

    a. Aprs le groupe fr. ni s'est rduit i, comme i aprsbr dans brief, bref.

  • 02 PHONETIQUE

    Dans di-detnanche (die dominica), di est proclitique;

    Thiatus avec e labial, aprs la chute du d intervoca-lique, s'est rsolu par une contraction : dimanche.

    Dans aetnant (^damante), praerie (*prataria), Vasemi-tonique joint Ye labial atone aboutit la diph-tongue ai. (Cf. maestre, matre, ci-dessous, c).

    b. Mais le cas de beaucoup le plus frquent est celuide Thiatus entre la voyelle semi-tonique et la voyelletonique qui suit.

    Quand la voyelle semi-tonique est e labial, prove-nant soit de a aprs chuintante, soit de e ou z, elles'efface ordinairement 1 : *c#dere, chadeir, cheoir,choir ; vzdere, vedeir, veoir, voir ; s^dere, sedeir, seoir,

    prononc soir ; *v/duto, ve, vu ; cmhito, cre,cru; *kguto, lei, lu; sgcuro, seiir, sr; *debuto,

    deuut, de, d ; d^buisti, des, dus ; d^buisset, dest,dust, dt ; vztello, veel, veau, prononc v* ;*szgllo, seel, seau, crit sceau 3 et prononc s ;

    i. On la trouve change en i dans quelques mots o elle taitsuivie de voyelles issues de ou de latins : laettia, leesse, liesse(peut-tre influenc par l'adjectif li, de laeto); leone, leon, lion;paeonia, peoine, pivoine (avec intercalation d'un v comme dansparevis, cf. 7, a, 2, note).

    2. Nous verrons que devant le mme suffixe -ello, l'a ne s'effacepas, ci-dessous d.

    3. La palatale et la dentale intervocaliques tombant galement,* sigello et

    *sitcllo devaient produire la mme forme, seau. Il ne

    faut pas croire qu'en crivant sceau, sceller, on ait eu l'ide drai-sonnable de reprsenter par un c le g latin (qui occupe une autreplace dans le mot) ; mais seel, jadis prononc se-el, a t lu parerreur seel lorsque le mot a t rduit une seule syllabe ; laconfusion du c et de l'e est frquente.

  • EFFETS DE L HIATUS. 42 C 53

    vidsti, ves, vis1

    ; *ctatico, eage, ge ; m/nus

    crtdente, mescheant, mchant ; cadentia, cheance,chance (cf. ralemptione, reanon, ranon, o l'hiatusest entre deux semi-toniques).

    Toutefois, devant les flexions du participe prsent,de l'imparfait, des deux premires personnes plur. duprsent, qui tendent naturellement se dtacher duradical 2

    ,Ye radical s'est maintenu, avec palatalisation

    en dans sant (et sance), chant (et chance, tandis

    que cheance a donn rgulirement chance), mcrant(et crance), ou avec intercalation d'un ye, dans seyant,asseyons, asseyait (postrieurement l'poque o eitait ailleurs devenu o), ou avec transformation ana-logique, dans assoyons d'aprs assoir, voyant d'aprs voiret il voit, croyant (et croyance) d'aprs croire et il croit.

    c L'a semi-tonique (mme non prcd de chuin-tante) s'efface aussi i devant un autre a (baaille,bille

    ;gaagne, gagne), 2 aprs labialisation, devant

    g, 3 sans doute aussi aprs labialisation, devant (latin classique , ) ; dans ce dernier cas, la labia-lisation est gnralement moins ancienne, ce quiexplique qu'elle ne se manifeste pas dans l'ortho-graphe.

    i. Toutefois reine, reine, ci-dessous c, note. Mais cf. d'autrepart -atirio, -et.s\ -is, 7, a, 2.

    a. L'exception ne s'tend pas aux flexions du prtrit-if, -us,

    etc., parce que plusieurs formes de prtrit avaient dj l'accentsur la mme syllabe toutes les personnes, ni la flexion par-ticipiale

    -u, soumise l'analogie du prtrit, ni la flexion -oir de1 infinitif, d'autres verbes (en -re) ayant l'accent sur la premiresyllabe l'infinitif.

  • 54 PHOHTIQUE

    Exemples : m^turo, madur, meiir, mr ; *pl#culo,ploii, pieu, plu ; *habuto, o, eu, u ; *

  • EFFETS DE l'hVTUS. S 42, C 55

    d'un ye ou d'un v, dans *b^tare, baer, bayer (aussi

    ber, d'o bant, d'aprs il be), *imbl#tare, emblaer,

    emblaver 1 ; tantt en formant avec le ye intercal le

    son y, *d/sblatare, dblayer ; tantt, ce qui est plusextraordinaire, en se labialisant en o, n#tare, vieux

    franais noer'. Mme changement en o dans natale,noel, et dans p^tlla, pole (aujourd'hui avec contrac-tion en w). Dans *pnztllus, pradels, praels, et dans*fltfgllus, flaels s

    ,au moment de la diphtongaison

    rgulire de Y en en, Ya semi-tonique a form diph-tongue avec le premier lment de la diphtongue ea(cf. maestre, maistre, ci-dessus c), d'o praiaus, praus,

    ctflaiaus, flaus. Nous avons vu, ci-dessus /;, que devant

    le mme suffixe -el, Ye labial s'efface.

    e. L'0, ou, semi-tonique, s'efface devant les sons

    labiaux u, ou, o'in : *potuto, pou, peu, pu ; c^clla,cooule, coule ; cctneo, cooing, coing. Toutefois la

    flexion-oir s'est maintenue distincte de You du radical,

    dans *potere, pooir 4,

    pouvoir, avec intercalation d'un

    v par analogie avec mouvoir (latin mover) ; devant lesflexions du mme verbe qui commencent par a, , lemaintien de You du radical est normal comme danslouer, de tacare et de laudare, nouer, de nodare, vouer,de *v0tare,/0//er,dejc>care, allouant, noue^, voua, jouant,

    i. Comparez le v de parevis ( 7, a, 2 , note) et de pouvoir(ci-dessous e .

    2. Comme on a aussi il noe, noue , il est probable que lelatin populaire disait naulare (influence de nmila ?)

    3. Le 7 parait avoir disparu, comme dans mar/istro, sans dga-ger de ye, ou du moins sans que le ye ait agi ( gG, c).

    f\. Tandis que voir est devenu voir (ci-dessus, 6).

  • 56 PHONTIQUE

    etc., dans rouable, barre remuer, de rwtabulo (on aaussi une forme contracte rcente rbl). De mme,You semi-tonique en hiatus se maintient dans : ouicula,

    oueille, ouaille ; scrofella, escrouelle1

    ,cf. 96, a.

    Nous avons vu, 3, b, que co initial en hiatus s'est

    assimil qu, dont il ne reste que le son palatal q; de

    mme que quart a produit car, coagult et *coacticatont produit caille et cache, o il ne reste plus trace deYo semi-tonique en hiatus.

    Devant le suffixe -1er, Yo semi-tonique en hiatus se

    maintient, sans passer ou, puis devient oi (wa) :locario, loyer, *nwcario, noyer, fcario, foyer. Dans

    boyau, anciennement bodel, boel, de batello, et noyau,anciennement nodel, noel, de *nodello, le ye provientdu premier lment de la diphtongue ea produite par ouvert devant / vocalis aux cas en s (cf. prau, ci-

    dessus d). *Jocale a donn joul (par ferm, 21)comme jocante a produit jouant ; la forme joyau pro-vient d'un changement de suffixe, comme aussi noyausi on le fait venir de nwcale au lieu de ncdello.

    Action des consonnes nasales.

    SUR LA VOYELLE ENTRAVE.

    43. La consonne nasale suivie d'une autre consonne

    1. Dans crouelle, le groupe cr a empch Vou de former diph-tongue avec e de -elle (cf. ouvrier, 3o). Au contraire, dansoueille la diphtongue s'est produite, on a prononc weille, et weest devenu wa comme dans la diphtongue oi. La voyelle ou de lasyllabe initiale est aussi devenue semi-voyelle dans l'adverbeaffirmatif ou, prononc wi.

  • ACTION DES NASALES. 43. 67

    nasalise la voyelle qui prcde (voy. 75), qu'elle soit

    tonique ou semi-tonique, mais les voyelles se sont

    gnralement ouvertes par l'effet de la nasalisation

    (S 10) :IV ou devient d'abord nasal, mais bientt aprs a

    nasal, ds la fin du xie sicle, se confondant ainsi avecYa nasalis : vent prononc comme avant. Exemples :pndere, pewdnte, pdre, pd ; vndere, vdre ; fn-dere, fdre. L' de mnor avait eu le temps de sedipbtonguer avant de se trouver entrav par la chute

    de Yo atone ; de l meindre, moindre, au lieu de mendreprononc mandre, moins qu'on n'admette la ractionde melns sur mendre, cf. 5o, note.

    Remarque. La frquence de la position du prfixe etproclitique n devant consonne a fait traiter l' de ce motcomme celui de nde. Les deux mots aboutissent en,prononc an. Sur la chute de la dentale de inde, voy.

    l'f devient nasal : qundecim, k%e ; *qurcquanta,cekte.

    Y ou et Yau deviennent b nasal : monte, mot;

    md/ztanea, mtagne', *ndecin,^; Catalaun(i)s, Cha-ls. Exceptionnellement semi-tonique devient anasal dans : *dow(i)cella, vieux franais dcle (surdemoiselle, voy. 7, c, i, Rem. 1) ; *da///(i)niario, dger

    ( ct de dom(i)nione, djo), cf. dame, 7.Vu devient eu nasal : ln(ae)die, leudi.En se reportant au tableau des sons vocaliques cla-

    ss d'aprs leur degr d'ouverture ( 9), on se rendracompte que les voyelles latines, lorsqu'elles se nasa-lisent en franais, s'ouvrent, prennent un son plus

  • 58 PHONTIQUE

    ouvert, immdiatement ou ultrieurement, ou passeh , (p nasal), i h , u gft. Nous verrons ( l\het 45) l'importance particulire de cette remarque.

    Sur Vo entrav de somno, bom(i)iie, voy. /jo,, a ; sur

    IV entrav de fem{i)na, voy. \$, b.La nasalisation des voyelles rsulte de l'abaissement

    anticip du voile du palais, qui va tre ncessaire pourprononcer la consonne nasale ; comme nous le verrons

    plus loin, la consonne nasale appuyante s'est prononcefort longtemps ct de la voyelle nasalise.

    44. Devant une autre nasale, la voyelle nasalise

    s'est dnasalise au xvne sicle, mais en conservantle son plus ouvert qu'elle avait pris par l'effetde sa nasalisation, de telle sorte que ardem-ment(ardan-ment) se prononce aujourd'hui ardament ,solen-nel solanel

    ;printen-nier, o le nom se lie au

    suffixe par , est devenu et s'crit printanier.Emmancher , emmurer, etc., ne sont pas arrivs se

    prononcer amandier, amurer parce qu'on y sentle prfixe en, cf. ennuyer, 46.

    SUR LA VOYELLE LIBRE, DEVANT VOYELLE MAINTENUE.

    45. La nasale a pour effet ordinaire d'empcher oud'arrter un certain degr la transformation desvoyelles libres qui prcdent, puis de les nasaliser au

    moyen ge (sauf/ et ii), avec les mmes changementsque pour les voyelles entraves ( 43), mais cettenasalisation des voyelles libres ne s'est pas maintenue,

    sauf en syllabe finale, et la dnasalisation s'est opre

  • ACTION DES NASALES. 47. 5g

    en laissant la voyelle le son nouveau qu'elle avait pris,

    exactement comme pour les voyelles entraves par deuxnasales ( 44). Les voyelles libres ont form quelquesdiphtongues nasales ; in (o e n'a pas pass ), ainet ein prononcs anciennement eyn\ aujourd'hui een syllabe finale ( 5o), dnasalis devant voyelle

    (49, ti). Ain et ein peuvent d'ailleurs provenir ausside voyelles entraves, 5i.

    46. La nasale n'exerce pas d'action, au moins d'ac-tion durable, sur celles des voyelles libres qui norma-

    lement ne changent pas ou ne subissent qu'un mini-

    mum de changement, comme , , et les semi-toniques:

    lima, lime ; lna, lune ; m^nere, manoir ;venire, venir; *fnuculo, fenouil; m/nuto, menu.

    L' semi-tonique de nimico, *modiare, s'est nasalis en par analogie avec in suivi d'une consonne, puis s'est dna-salis en a (cf. $ 44) dans ennemi, devenu en vieux franaisanemi (sur nemi, voy. 18, exe), mais l'a est rest nasaldans ennuyer.

    47. Toutefois, la nasale empche Yo semi-tonique dedevenir ou : sonare, sonner ; djnare, donner. Ceto con-serv s'est nasalis au moyen ge 1

    ,on a prononc son-

    ner, don-ner, c'est ce qui explique les deux n de l'or-thographe, que nous avons conserves tort malgrla dnasalisation (voy. 70).

    Mais Y ferm de dnare tait devenu un ouvert

    1. Et de mme Yo provenant de au dans bte de somme .CLtDAT. MAMEL DE PIJOMfl.M. B

  • 60 PHONTIQUE

    nasal ( 45), et, au moment de la dnasalisation, ilest rest un b ouvert ; ainsi, c'est par l'intermdiaire

    d'une nasalisation que Y de dnare est devenu Yo dufranais dbner. Cf. 44, et 4o, a.

    L'a est rest nasalis dans les proclitiques on, mon,

    ion, son, devant voyelle initiale ( plus forte raison

    devant consonne, o il est entrav) ; toutefois la pro-nonciation hsite entre : on-n arrive ou o-n arrive ; mon-

    n ami ou mo-n ami.L'o semi-tonique devant nasale est devenu exception-

    nellement a dans dominicella, damoiselle (puis demoi-selle, nous avons conserv le masculin para, damoiseau),dans domino et domina employs proclitiquement etaboutissant dame des deux genres (dame Jeanne,vieux fr. dame-Dieu, puis dame fminin a pass l'em-ploi tonique, une dam). Cf. dancelle, 43.

    48. La nasale n'empche pas la diphtongaison deY tonique libre : tnent, tinent (les deux n de notreorthographe reprsentent la prononciation nasalise de

    la diphtongue au moyen-ge : tin-nent).L'a tonique libre suivi d'une nasale devient ai

    (comme a -\- palatale, cf. 3o). Ainsi, quand ils sontlibres devant nasale, Ya semi-tonique reste a ( 46)et Ya tonique devient ai ; il en rsulte qu'un verbe

    comme amare aura en franais un double radical :

    aim- tonique, am- semi-tonique (quand l'accent portesur la flexion) : il aime, nous amons. Ultrieurement

    le radical tonique s'est substitu au radical semi-

    tonique, mais nous avons conserv comme substantifl'ancien participe prsent amant. Ai devant nasale

  • ACTION DES NASALES. 49. 6l

    s'est nasalis, puis dnasalis en , toujours crit ai,

    ( 45), il est rest nasalis en syllabe finale ( 5o).

    49. La nasale empche le changement dV et btoniques libres en eu (comme celui dV et b semi-toniquesen ou, 4 7), elle arrte le changement de IV toniquelibre au degr ei.

    a. Bna, franais bone(et non benne), puis, par nasa-lisation au moyen-ge, bon-ne (cf. h"]), aujourd'huiboue, mais crit encore avec deux n. L'a ferm dednat tait devenu b ouvert nasal ( 45), il est restouvert en se dnasalisant, et nous prononons aujour-d'hui donc, en crivant donne comme du temps oon disait don-ne.

    Nous plaons ici les exemples de somno, somme,

    hom(J)ne, homme, bien que Vo y soit entrav, parceque le groupe mn s'est rduit m : some, puis son-me,crit somme. Sur dame, correspondant dom(i)na,voy. 47.

    b. LV tonique libre de plna, vna, rnnat est rgu-lirement devenu ci, mais il n'a pas pass ensuite oi(; 22) : pleine, veine, meine (aujourd'hui crit mne, cf.S 211). La forme avoine, latin avna, est considrecomme dialectale. Ei devant nasale s'est nasalis,puis dnasalis en , toujours crit ei, 45 (il est restnasalis en syllabe finale, 5o).

    \uus plaons ici l'exemple de jm(i)na, bien que IVy soit entrav, parce que l'entrave s'est ultrieurementrduite ; IV tonique entrav est rgulirement devenu, i5, II, dans fmne, puis fme, 78, puis m a

  • 02 PHONTIQUE

    nasalis en la voyelle tonique ( 45), d'o fan-me,crit femme, plus tard fam, toujours crit femme,aprs la dnasalisation, cf. 44.

    SUR LA VOYELLE LIBRE EN SYLLABE FINALE.

    50. L7 et Vu ne se sont nasaliss que lorsqu'ilstaient entravs ( 43) ou lorsque la nasale termi-nait le mot, et seulement la fin du moyen ge : fine,

    fin , fn'' , /

  • ACTION DU / APPUYANT. 53. 63

    labe finale ou devant une autre consonne, n mouill,

    comme n non mouill, a produit la nasalisation de

    la voyelle, maintenue jusqu' nos jours.Or, a -\- ye donne la diphtongue ai, et (, )

    -f- ye la diphtongue et (qui ne devient pas oi quandune nasale suit, 4o, b), et nous avons vu, 45, que

    ces deux diphtongues, sous l'influence de la nasale,

    aboutissent nasal, crit ain ou ein. C'est ainsi que

    saint, de sancto, et seing, de sgno, ceint, de cncto,

    se prononcent de mme depuis que les consonnesfinales sont amues ; -angere et -ngere donnent -aindreet -eindre, prononcs de mme.

    tonique -\-ye donne/. Cet/, en se nasalisant, commeVi provenant de 17 long ( 43), deviendra nasal crit

    in : ingnio, engin.

    (, u)-{-ye donne oi. Nous savons que la diphtongueoi arrive tre prononce zu( 33); devant la nasale,le second lment se nasalise, et on obtient la diph-tongue nasale we, crite oin, dans joindre, latin ingere,ingere, dans coin, de cneo, etc.

    il du latin-f- ye donne ui franais ( i3); le second

    lment de la diphtongue se nasalise dans juin, de inio.

    52. Lorsque le n mouill est suivi en franais d'unevoyelle, comme dans montagne, peignait, etc., il a aussi

    produit la nasalisation de la voyelle prcdente, maisil y a eu ensuite dnasalisation, conformment au 45.

    Action du / appuyant.

    53. Au xne sicle, le / appuyant s'est vocalis en un

  • 64 PHONTIQUE

    u qui forme diphtongue avec la voyelle prcdente :altra, altre, puis autre, prononc d'abord awtre, ensuiteowtre, enfin tre partir du xvie sicle. La forme pro-clitique al (= le) devant consonne est devenue au.Dans le pluriel as (= les), / tait tomb trs ancien-nement devant la flexion s ( 82), d'o as, refait enaus, aux, sur le singulier.

    54. Capillos, chevels, est devenu cheveus (prononcd'abord chevews). Bellos, bels, est devenu beaus, et bello,bel, devant un substantif commenant par une con-sonne, est devenu beau (prononc d'abord beazv, beau milieu du xvi e sicle, et bientt aprs b commeaujourd'hui). Quand nous trouvons bels et chevels dansles anciens textes, nous les prononons instinctivement

    l'un et l'autre par , mais il est certain qu'ils ne devaientpas se prononcer de mme : IV de chevels, qui provientd'un ferm (i bref) du latin populaire, devait seprononcer moins ouvert que celui de bels (en latinbellos par ouvert), cf. i5, II.

    Dans les formes proclitiques, qu'on trouve devant con-sonne, del (de le), el (en le), IV semi-tonique reprsenteun ferm du latin populaire, celui des prpositions de etn. En se combinant avec l vocalis devant la consonneinitiale du mot qui suit, il a produit eu ou ou, puis u : du,don, du

    ;pour el on rencontre aussi eu, ou, u, mais la forme

    ordinaire, dans nos anciens textes, est ou. Sur eu, ou, d'uneautre origine, devenant aussi u, voy. 19, c. Dans lespluriels dels (de les), els (en les), / tait tomb trs ancien-nement devant s de flexion ( 82), d'o : des, es (dansbachelier-s-lettres 1

    ,etc).

    1. Si le mot es tait rest usuel, on prononcerait , comme onprononce d pour des.

  • ACTION DU S APPUYANT. 57. 65

    55. Folles, fols (par ), est devenus fous (prononcd'abord fours), et ultra, oltre, par , est devenu outre ;mais entrav lui tout seul aurait produit ou dans ce

    dernier mot ( i5, III) ; de mme dans pulsare, pousser(il n'y avait aucune raison d'introduire une/ dans pouls,substantif verbal de pousser).

    56. Le / appuyant s'est fondu avec Vu long qui le

    prcdait, et il a disparu sans exercer aucune action sur

    l'i long : nllos, nuls, nus; flius, filz, fis (ainsi crivait

    Montaigne; la consonne / a t rtabli e dans l'orthographe

    pour diffrencier ce substantif, sans aucune utilit, de

    la forme verbale fis, tandis qu'on crit rgulirement

    un tis, et non un lils, sans craindre une confusion invrai-

    semblable avec tu lis).

    Action du s appuyant.

    57. Le s appuyant, en disparaissant au xme sicle,

    a chang Va qui prcdait en (paste, pte), Y en (teste, tte), Yb en (coslc, cte), bien que Ys n'ait

    disparu de l'orthographe qu'au xvm e sicle. Le mmeeffet a t produit beaucoup plus tard par la chute dus final, mais seulement sur Ya et Y i ; comparez Ya dechat et celui de tas (ta), Y de billet et celui de succs(succ). Jadis Ya et Y des mots en

    -at et en -et se pro-

    i. L'o tonique sonne aussi , mais devant n'importe quelleconsonne finale muette : nous prononons pot comme repos ; il enest autrement dans la Suisse franaise et dans la partie de laFrance voisine de la Suisse, o pot se prononce pu.

  • 66 PHONTIQUE

    nonait aussi et au pluriel, mais l'assimilation s'estfaite avec le singulier.

    LV semi-tonique est devenu/ au lieu de c dans estendre,tendre, esp. pe. etc. C'est sous l'influence de il

    et de tiU qu'on crit et que souvent on prononce

    au lieu de revtir, ttu : on a surtout

    semi-tonique quand la voyelle tonique qui suit estautre que J. ;', u : rfrtant, mlons* il mlait.

    Il y avait chute de s appuyant dans la rduction de

    s redoubl en ; simple (on a continu crire Y s double,pour la diffrencier de Y s intervocalique prononce ~e) :c'est ainsi que grasse se prononce gr-se , ct de

    fa-se (par a ouvert bref) du verbe faire, o il n'ya jamais eu deux s prononcs, on a dit d'abord fa'se eton crivait face. De mme fosse se prononce fo-se , ct de crosse (cro -se), jadis croce, qui a toujours son ouvert.

    Effacementde l'e labial dans la langue moderne.

    58. Nous avons vu les sources si varies de Ye

    labial franais : il peut provenir d'un a atone, d'une

    voyelle atone quelconque aprs un groupe de conson-

    nes difficile prononcer (ou mme sans groupe lafin du mot. dans la formation savante : lyce, futile),d'une voyelle semi-tonique quelconque dans les con-

    ditions que nous avons indiques : enfin il peut s'tre

    introduit aprs un groupe de consonnes i roman ,

    sans correspondre aucune lettre latine, par exemple

    dans pei(p)r donnant i pire

  • i/e DEVFNT MUET. " 5 S 67

    Quelle que ft son origine, on peut dire, sous

    certair nres, que nous ne le faisons plus entendre

    (d'o - muet), sauf dans la prononciationrs. qui est devenue une prononciation factice.

    Ronsard demandait qu'on pt ne pas le compter dans

    le v e qui prouve que dj la prononciation cou-rante le ngligeait. L'abb dOlivet crivait en : v nou^ ma David Bt 4 un bal et une bcun

    .jamais un av g _:e nais-

    sance ne souponnerait qu'il y et une orthographe

    diffrente pour ces dernires syllabes, dont "la devi-

    ner, absolument la mme.

    I. Ds l'ancienne langue. IV labial final s'effaait parlision 1 . On ne l'crit ] s ni une voyelle, daml'article et le pronom //

    ,dans les pronoms /;-. ne,

    se, ce, dans le pronom et la conjonction qiu\ dans laprposition de. Ailleurs on l'crit sans le prononcer.

    II. A la fin du moyen ge. on commence neplus faire entendre 1":- labial aprs une voyelle. Pe^le xvir* sicle, on ne ffl \ns eauu (aqiir.

    le xvi r. on trouve que tu sois de que tu

    i.C'est la seule voyelle qui s'elide aujourd'hui : il ira pour il

    j ira est proprement une contraction, s'il peut tre considr deMme et remonte d'ailleurs au temps o la conjonction condi-tionnelle avait la forme .

  • 68 PHONETIQUE

    soies (*sias), jechantoi, je chanteroi , ct de chantoie, chanteroic ; nous savons qu' la 3 e per-sonne du singulier de ces temps, Ye labial avait dis-paru bien plus anciennement, par reflet d'une analogie

    ( 7, a, i). Il est tomb aussi la 3' personne dupluriel, mais on a continu l'crire pour viter l'qui-voque qu'offrait une graphie telle que chantoint, qu'on

    rencontre quelquefois au xvie sicle.

    On avait aussi un e labial aprs voyelle dans lesformes suivantes: i au futur et au conditionnel des

    verbes termins par er, ier, ouer, uer, ayer, oyer, uyer,et dans les drivs en -entent, erie, 2 au prsent del'indicatif et du subjonctif de ces mmes verbes 1

    ,sin-

    gulier et 3 e personne du pluriel, 3 dans les participeset les adjectifs fminins en

    -e, -te, -ue, dans les adver-

    bes en -ment qui s'y rattachent, et dans les noms en

    -e, -te, -ue, -oue, -eue, -aie, -oie, -uie. Partout, Ye est

    devenu muet, et on l'a souvent supprim avant l'accenttonique, en mettant ou non un accent circonflexe sur

    la voyelle qui le prcdait : agrment, dvotement, ga-

    ment, vraiment, poliment, etc.

    Au tmoignage de l'abb Rousselot, les voyelles sui-vies d'un e muet final sont quelque peu plus longues

    que si elles taient seules. Mais aller jusqu' rtablir Yelabial la fin des vers est une affectation dsagrable

    ;

    Voltaire crivait dj en 1735 : Est-ce que vous n'tes

    1. Dans les formes des verbes en -ayer, -oyer, -uyer, et les mots

    en -aie, -oie, -uie, Ye labial tait originairement aprs la consonne

    ye, et nous avons quelquefois encore double prononciation, ilpe() ou il p"cy(e), il pera ou il pcy(e)ra , mais seulement pourles verbes en -ayer ; avec l'une ou l'autre forme, Ye est muet.

  • /e DEVENU MUET. 58. 69

    pas las de ce chant uniforme et de ces eu perptuels

    qui terminent, avec une monotonie d'antiphonaire,nos syllabes fminines? Rien ne justifie d'autre partle scrupule qiii empche la plupart des potes de faireentrer dans le corps du vers les mots ainsi termins, moins d'une prtendue lision (l'lision d'un son quin'existe pas !). On admet les formes de l'imparfait etdu conditionnel en -aient

    ;pourquoi hsiter devant

    les futaies, les joies, la voie lacte ?

    III. LV labial aprs consonne se prononce plus oumoins nettement dans les vers. 11 est muet dans laprononciation courante 1 , sous certaines rserves dont

    voici les principales (cf. Note complu) :

    a. Il se maintient habituellement dans la pre-

    mire syllabe des mots prononcs isolment : venir,retour , denier, peser, etc., sauf toutefois quand l'amus-sement amne un groupe de consonnes comme onen trouve au commencement des mots : p{e)luche,p{e)loton, b(e)louse (crit auj. blouse).

    b. En vertu de la loi dite des trois consonnes, Velabial se prononce aprs deux consonnes quand il estsuivi, dans le mme mot ou dans le mot voisin,d'une troisime consonne. On prononce isolment

    i. On s'imagine souvent le faire entendre, parce qu'on pense la graphie et qu'on prend pour un son voralique le bruit mmode la consonne dans la dtente ; mais en ralit, comme le disaitl'abb d'Olivet, nous prononons de la mme manire bal et balle,et aussi sept et Celle, un os et la noce, etc.

  • 70 PHONTIQUE

    parsi) comme mars, mais on dit parje dans l'air ;

    c'est just(e) , mais ju^/e ael I jugement ;port(e), mais porte ^ochre ; de mme prej/ement,tandis qu'on dit len(e)went, parce que dans cet adverbe

    il n'y a qu'une consonne avant Ye, Yn est seulement le

    signe graphique de la nasalisation de la voyelle.

    c. Quand plusieurs syllabes se suivent, dont lavoyelle est un e labial, il y a tendance en prononcer

    un sur deux, et on commence ordinairement par le

    premier : je n(e) te l(e) demande pas. Si la srie dessyllabes e labial commence par ce que, le premier e pro-

    nonc est celui de que : c'est c(e) que r(e)demandesa lettre. Sur e passant , 18, exe; i5, II, n.

    . LV se prononce dans trouverions, trouveriezparce que, en le supprimant, on aurait le groupe vry*dont la difficult est si grande que, dans les mots tels

    qu'ouvrier, elle amne la formation d'unz voyelle {ouvr-ier, devenu ouvri-yer, voy. 3o, exe). C'est pour lamme raison que Ye se maintient aussi dans chande-lier, batelier. Ainsi Ye labial, prcd d'une consonne,

    se maintient devant les diphtongues ion, i, quand il enest spar par une liquide : il chant(e)rait, mais nous

    chanterions ; mul(e)tier, mais rtelier.

    CONSONNES, GNRALITS

    CLASSEMENT DES CONSONNES d'APRES LEUR SITUATION.

    59. Les consonnes ont subi des traitements diff-

  • CONSONNES, GNRALITS. 61. 71

    rents selon qu'elles commenaient le mot (initiales), ouqu'elles taient entre deux voyelles (intervocaliques),entre deux autres consonnes (mdiales de groupe), entreconsonne et voyelle (appuyes), entre voyelle et con-

    sonne (appuyantes), ou enfin finales.

    60. Les termes appuye, appuyante, se justifient

    suffisamment parce fait que, dans un mot comme par-

    tent, par exemple, le t s'appuie vraiment en avant

    sur la voyelle, en arrire sur la consonne qui prcde;

    l'appuyante, comme nous le verrons, consolide l'ap-

    puye et la protge contre une transformation.

    Mais les groupes de consonnes forms par uneexplosive et une liquide, comme dans patrem, doi-

    vent tre classs part ; nous les appellerons groupes

    de consonnes conjointes , ou, pour abrger, groupesconjoints ( 90); les deux consonnes y sont intimementlies et s'appuient ensemble sur la voyelle.

    QUALITS DIVERSES DES CONSONNES.

    61

    .

    Certaines consonnes sont dites palatales (ke,

    gue, ye) ' ou dentales (te, de, se) en raison de la r-gion de leur articulation, d'autres sont appeles labiales(pe, be, fe, ve) parce que les lvres jouent un rle

    1. La lettre y reprsentait en latin une voyelle ( 8). Quandnous emploierons cette lettre pour dsigner un son, ce sera tou-jours celui que nous faisons entendre dans yeux, c'est Vi consonnedu latin ; on peut appeler ce son ye et la lettre y , plutt que i grec ou yod, comme on dit ve et v pour v. Cf. 65 bis, et 98, note.

  • 72 PHONTIQUE

    particulirement important dans leur mission. Nousavons vu aussi que parmi les voyelles, les unes sontpalatales a, , ), les autres labiales (p, ou, ainsi que

    u et eu franais).

    62. Les termes de liquides, pour dsigner le et ie,

    et de nasales pour dsigner ne et me, sont bien connus.

    A noter que le et ne sont des dentales et me une labiale;

    l'appareil vocal est exactement dispos pour n comme

    pour d, pour m comme pour b, sauf que pour n et mle voile du palais est baiss et qu'une partie de l'airs'chappe par les fosses nasales. Les consonnes fran-

    aises che et je sont dites chuintantes.

    63. L'appareil vocal peut tre entirement fermavant l'mission de la consonne ; il en rsulte un bruit

    explosif au moment o l'occlusion cesse brusquementdevant la pousse de l'air chass des poumons (lespalatales ke, gue, les dentales te, de, les labiales pe, be).

    La consonne est dite alors explosive. Mais le son peutrsulter d'un frottement continu, qui peut se pro-

    longer autant que le souffle, lorsque l'appareil vocal

    est simplement rtrci ; nous appellerons les consonnesainsi mises des continues (la palatale ye, les dentales se,

    je, les labiales je, ve).

    Les explosives sont parfois appeles occlusives , et lescontinues: fricatives ou spirantes .

    64. Une distinction non moins importante est celledes sourdes (ke, te, pe, se, fe) et des sonores (gue, de,

    be, ze, ve). Une consonne est dite sonore ou sourde

  • CONSONNES, GENERALITES. S 65. 73

    suivant que, en l'mettant, on fait ou non vibrer les

    cordes vocales.

    TABLEAU DES SONS DU LATIN POPULAIRE OU PRROMAN.

    65. Comme les consonnes peuvent tre vocalises et les voyelles consonnifies , nous runissons dans

    un mme tableau les voyelles (cf. 8) et les consonnesdu latin populaire, en mettant entre parenthses les

    sons qui se sont produits plus ou moins tardivement.

    PALATALES

    voyelles a I e, i

    DENTALES

    CONSONNES LIQUIDES

    NASALES

    SOURDES C*. C y -Explosives

    ]( SONORES g , g

    y

    ContinuesSOUHDES

    sonores 1 cons.

    r,l

    n

    I

    t

    d

    s

    Idcb)

    * (7) O

    LABIALES

    0, U, ()

    m

    pb

    f

    u cons.,

    (v)

    Nous n'avons pas fait entrer dans ce tableau la con-sonne /;, qui tait devenue muette en latin 1 , ni Yx, qui

    1.

    C'est par raction savante que nous crivons les mots telsque/ifurr(hora), homme (homine) avec une h, ct de on (homo),avoir (habere), etc. qui ont conserv la bonne orthographe fran-aise. Sur les mots commenant par hui, et qui n'avaient pas d'/ien latin, v. 33, n. i . L*A aspire est d'origine germanique et d'ail-leurs elle n'existf plus on franais ; il n'est rest qu'un effet del'ancienne aspiration : l'absence de liaison de la vovelle qui suit

  • 74 PHONTIQUE

    se dcompose en c*-f- s. Le % latin se prononait

    Jy (d mouill) en latin populaire ; le son que nousfigurons par ~ dans notre tableau est le s sonore, ditdoux, du franais (Dans les textes franais antrieursau xme sicle, % reprsente le son V, 9/4, n. i). Nousfigurons par c* et g* les consonnes ke, crite en latin

    c, k, q\ et gue ; c7 et g y sont des consonnes mouilles(voy. 69).

    L'z consonne et Vu consonne (prononc m) du latinsont appels semi-voyelles dans les diphtongues fran-aises telles que zV, wa (oi). La production de ces sons

    est appele vocalisation ou consonnification suivant

    qu'on part d'une consonne ou d'une voyelle antrieure ;ainsi on dit que le second i de papilione est consonnifi

    dans papilyone et que le c de facto est vocalis dansfayto.

    65 bis. On a souvent exprim le regret qu'un mmemot reprsentt la fois une lettre et un son. Mais ilest facile d'viter cet inconvnient pour les noms des

    consonnes, puisque chaque consonne a maintenantdeux noms, le nom ancien et le nom nouveau, parexemple en' et ne, v et ve. Le nom ancien dsignera

    pour nous la lettre, et le nom nouveau le son ; nous

    dirons par exemple que le s (le se)ysuivi d'une autre

    consonne, s'est effac, et que Vs (Vesse), dans ce cas, a

    disparu de l'orthographe beaucoup plus tard.

    avec la consonne du mot prcdent. Les mots d'origine latine(comme haut, 1. alto), qui ont une h dite aspire, la doivent une influence germanique ou une sorte d'onomatope.

    1. Ces trois graphies correspondent une lgre diffrence deprononciation qui s'est dveloppe ultrieurement : c devante, i;k devant a; q devant labiale.

  • CONSONNES, GNRALITS. 68. *]

    Remarques sur les consonnesqui n'appartiennent pas au latin classique,

    et loi gnrale des consonnes.

    66. Ds les premiers sicles d