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UNIVERSITE DE ROUEN ------------------ UFR DE PSYCHOLOGIE, SOCIOLOGIE ET SCIENCES DE L’EDUCATION ------------------ DEPARTEMENT DES SCIENCES DE L’EDUCATION MASTER INGENIERIE ET CONSEIL EN FORMATION Année universitaire 2006-2007 Mémoire soutenu par Boubacar ZOUNDI Sous la direction de Stéphanie GASSE Septembre 2007 ANALYSE DES BESOINS DE FORMATION POUR LE RENFORCEMENT DES CAPACITES DES POPULATIONS EN MILIEU RURAL AU BURKINA FASO PROPOSITION DE METHODES ET OUTILS POUR UNE MEILLEURE ELABORATION DES PLANS DE FORMATION

MASTER INGENIERIE ET CONSEIL EN FORMATION ANALYSE DES …shs-app.univ-rouen.fr/civiic/memoires_masterICF/textes/T... · 2010-01-18 · producteurs et leurs organisations constituent

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UNIVERSITE DE ROUEN

------------------ UFR DE PSYCHOLOGIE, SOCIOLOGIE ET

SCIENCES DE L’EDUCATION ------------------

DEPARTEMENT DES SCIENCES DE L’EDUCATION

MASTER INGENIERIE ET CONSEIL EN

FORMATION

Année universitaire 2006-2007

Mémoire soutenu par Boubacar ZOUNDI

Sous la direction de Stéphanie GASSE

Septembre 2007

ANALYSE DES BESOINS DE FORMATION

POUR LE RENFORCEMENT DES CAPACITES

DES POPULATIONS

EN MILIEU RURAL AU BURKINA FASO

PROPOSITION DE METHODES ET OUTILS POUR UNE MEILLEURE ELABORATION DES PLANS DE FORMATION

2

SSOOMMMMAAIIRREE

SOMMAIRE ...................................................................................... 2

REMERCIEMENTS .......................................................................... 3

INTRODUCTION ............................................................................................................. 4

PREMIERE PARTIE : CADRE CONCEPTUEL ET

METHODOLOGIQUE .................................................................... 6

I. CONTEXTE DE LA RECHERCHE ........................................................................... 7

II. OBJET DE LA RECHERCHE ET HYPOTHESES DE TRAVAIL .................... 28

III. CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE .................................................... 32

IV. METHODES ET TECHNIQUES DE RECHERCHE MISES EN ŒUVRE Ŕ

LIMITES ET CONTRAINTES ..................................................................................... 45

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES RESULTATS ............ 53

I. CARACTERISTIQUES DES ACTEURS RENCONTRES .................................... 54

II. LES MODES D’ANALYSE DES BESOINS DE FORMATION .......................... 57

III. JEU DES INTERETS INDIVIDUELS ET EXPRESSION DE BESOINS DE

FORMATION ................................................................................................................. 64

IV. ANALYSE CRITIQUE DU TRAVAIL DE RECHERCHE ................................ 76

CONCLUSION ................................................................................................................ 82

BIBLIOGRAPHIE ........................................................................... 84

SIGLES ET ABREVIATIONS ........................................................ 87

TABLE DES MATIERES................................................................ 89

ANNEXES ........................................................................................ 93

Liste des tableaux ............................................................................. 94

Liste des figures ................................................................................ 95

Liste des annexes .............................................................................. 96

3

REMERCIEMENTS

Au terme de l’élaboration du présent mémoire, nous avons

l’insigne honneur d’exprimer notre profonde gratitude à tous ceux qui, de près ou de

loin, ont contribué à sa réalisation.

Nos remerciements vont particulièrement :

- A Stéphanie GASSE, notre Directrice de mémoire

Malgré vos responsabilités, vous avez accepté de nous encadrer dans la

réalisation de ce travail.

Veuillez agréer l’expression de notre entière reconnaissance.

- Au Directeur du bureau IMPACT-Plus

En reconnaissance à votre esprit de compréhension, votre soutien nous a été

utile tout au long de notre formation.

Profonde gratitude.

Nous nous en voudrions de passer sous silence :

- Toutes les personnes ressources ayant apporté leur contribution à la mise en

œuvre de ce travail.

Nous vous renouvelons notre reconnaissance pour votre grande collaboration

tant à travers la consistance de vos avis que des informations que vous nous aviez

livrés, permettant ainsi d’atteindre les résultats consignés dans le présent mémoire.

4

IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN

De nombreuses années d’expériences de travail d’appui et d’accompagnement des

populations en milieu rural et particulièrement, dans la province des Banwa au Burkina Faso, ont

suscité en nous une kyrielle d’interrogations en ce qui concerne la consistance des offres de

formation et leur finalité réelle, tant leur efficacité reste à cerner.

Ces années ne nous ont nullement permis d’élucider de façon objective, cette question

récurrente qui revient dans le cadre du renforcement des capacités des acteurs ruraux : quelle

motivation pour l'identification et l’analyse des besoins de formation exprimés par les populations

rurales ? Besoins d’intérêts conjoncturels ou plutôt besoins orientés par la recherche d’une

amélioration de leurs capacités à exercer leurs activités de manière efficace et durable ? A cette

question, se pose concomitamment celle relative à la pertinence des formations demandées et leur

lien effectif avec les changements souhaités, le passage d’une situation antérieure négative ou

insuffisante à une situation positive et améliorée.

Il ressort de nos observations personnelles et des constats de plusieurs intervenants en

milieu rural, que l’analyse des besoins de formation des acteurs ruraux, apparaît plus comme une

scène cyclique de répétition des besoins de formations, c’est-à-dire la répétition des mêmes

demandes de formations et par les mêmes acteurs. Pourquoi une telle invariabilité dans

l’expression des besoins de formation par les acteurs ruraux ? C’est dans l’optique de mieux

comprendre et de trouver des réponses à ces questions que, dans le cadre d’une recherche axée sur

les expériences de terrain, nous élaborons le présent mémoire de Master en Ingénierie et Conseil

en Formation. Notre thème intitulée ‘’Analyse des besoins de formation pour le renforcement

des capacités des populations en milieu rural au Burkina Faso : proposition de méthodes et

outils pour une meilleure élaboration des plans de formation’’ traite de ces questions sous

plusieurs angles dont les plus importants sont abordés dans le champ au rapport à la sociologie des

organisations et en matière de formation.

Le sujet interpelle une série d’acteurs qui interviennent à des degrés divers et selon des

logiques et des stratégies propres et permet d’aborder les enjeux des approches de développement

centrées sur le renforcement des capacités et notamment, de la formation dans le contexte du

milieu rural au Burkina Faso en général et dans la province des Banwa, en particulier.

Il occupe une place importante dans le domaine de la formation et du conseil et

spécifiquement dans la démarche d’ingénierie de la formation, notamment à son niveau

organisationnel.

5

L’intérêt du thème se situe à deux niveaux. D’abord, son importance dans la capitalisation

des expériences et l’amélioration des méthodes de travail dans le conseil et l’accompagnement de

la formation des populations rurales. Ensuite, son actualité car il vient au moment où les

recherches dans le domaine de la formation occupent une place de choix dans les approches

développées en matière de renforcement des capacités des acteurs du milieu rural.

La recherche conduite sur le sujet, a permis de spécifier différentes pratiques dans le

contexte de la province des Banwa dans laquelle s’est déroulé notre stage-terrain.

Le mémoire est organisé en deux grandes parties :

Le cadre conceptuel et méthodologique

Les éléments principaux autour desquels s’articule la construction de cette partie, sont :

- le contexte de la recherche ;

- l’objet de la recherche et les hypothèses de travail ;

- le cadre théorique ;

- les méthodes et techniques mises en œuvre et les difficultés rencontrées dans la

recherche.

L’analyse des résultats de la recherche

Les points suivants y sont développés :

- les caractéristiques des acteurs rencontrés ;

- les modes d’identification et d’analyse des besoins de formation ;

- le jeu des intérêts individuels et expression des besoins de formation et

- l’analyse critique du travail de recherche.

6

PREMIERE PARTIE : CADRE CONCEPTUEL ET

METHODOLOGIQUE

7

II.. CCOONNTTEEXXTTEE DDEE LLAA RREECCHHEERRCCHHEE

1.1. LE CONTEXTE GENERAL

La politique de développement au Burkina Faso est marquée, ces dernières années par de

multiples évolutions. Des nombreuses approches de développement expérimentées, on a abouti de

nos jours, à celles dites de Développement Local centrées sur le renforcement des capacités. Ces

approches mettent l’accent sur la responsabilisation des acteurs locaux et sur les aptitudes qui leur

sont nécessaires pour conduire efficacement les actions de développement et leur pérennisation.

Les enjeux sont importants. Il faut concilier une approche par la demande dans le cadre de

processus participatifs et une approche par l’offre dans le cadre d’une offre descendante

spécifique aux programmes sectoriels nationaux. Il s’agit également, de concilier la satisfaction

des besoins immédiats des populations et la prise en compte des défis d’un développement

durable s’inscrivant dans un processus à long terme.

Actuellement, les besoins de formation des acteurs locaux s’élaborent à travers les deux

types d’approches sus-mentionnées. Les acteurs bénéficiaires constituent quant à eux, un facteur

critique pour la dynamique de changement au sein de leurs organisations. Il importe donc dans

une telle situation, d’analyser la diversité des visions des individus au sein des organisations,

d’appréhender les motivations différentes et par la suite, les modes d’analyse et d’intervention

distincts dans le domaine de la formation. C’est dans l’optique d’une interprétation de cette

réalité sociologique que s’inscrit la recherche sur l’analyse des besoins de formation des

populations rurales au Burkina Faso, en général et dans la province des Banwa, en particulier.

1.2. LE CONTEXTE SPECIFIQUE DE L’ETUDE : LA PROVINCE DES BANWA

La zone de l’étude est la province des Banwa. Elle se distingue du reste des localités du

Burkina Faso du fait qu’elle est dans l’ancien bassin cotonnier, un milieu où les populations y

vivant, sont fortement organisées, en groupements coopératifs. Ces populations sont affectées par

le phénomène de la pauvreté à l’instar de l’ensemble des populations des autres régions du

Burkina Faso.

8

Elles sont pour la plupart analphabètes particulièrement en français même si des efforts

énormes sont consentis dans le domaine de l’alphabétisation en langues locales à leur profit. Les

producteurs et leurs organisations constituent la cible principale de nos investigations.

1.2.1. Les caractéristiques générales de la province

La province des Banwa est située à l’Ouest du Burkina Faso. Elle fait partie des quinze

(15) nouvelles provinces créées par décret N° 96-150/PRES portant promulgation de la loi N°

10/96-150/ADP du 28 avril 1996 dans le cadre du processus de la Décentralisation au Burkina

Faso. La province relève administrativement de la région de la Boucle du Mouhoun. Son chef-lieu

est la ville de Solenzo, située à 317 km de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. La province

a une superficie de 5 400 km² représentant environ 2% du territoire national. Elle est limitée au

nord par la province de la Kossi, au sud par la province du Houet, à l'est par la province du

Mouhoun, à l'Ouest par la République du Mali avec qui, elle partage plus de 200 km de frontière

commune.

La carte ci-dessous illustre la situation administrative de la province.

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SOLENZO

Kouka

Sami

TansilaSanaba

Ben

Guy

Kie

Dio

Toma

Dogo

Gama

Dina

Koba

Pouy

Sora

Fini

Siwi

Sama

Toula

Kelle

Moara

DoumaBouan

Tille

Yasso

Masso

Siapi

Pekuy

Founa

Kosso

Liaba

Molle

Balave

Lekoro

GombioNemena

Ouorowe

Badinga

Sagoeta

Sanakuy

Kossoba

Yainkuy

Tangouna

Mamouana

Soumakuy

Diontala

SelenkoroBourawale

Montionkuy

Kouroumani

Moussakongo

Sogodiankoli

Diakoumafindougou

Kounia

Beremkuy

Moussakuy

Bendougou

Balave

Limite de département

Route régionale

Route départementale

Limite de province

#

%

Chef lieu de département

Village#

Chef lieu de province

PROVINCE DES BANWA:CARTE ADMINISTRATIVE

N

Source : IGB,MATD Réalisation : Direction de la Cartographie et de l'Alas du Burkina, Novembre 2006

0 16 32Km

Echelle: 1/700000

LEGENDE

KOSSI

MOUHOUN

HOUET

REPUBLIQUE DU MALI

350000

350000

400000

400000

1300

000 1300000

1350

000 1350000

1400

000 1400000

Figure 1: Carte administrative de la province des Banwa

9

La province des Banwa couvre actuellement, les communes de Balavé, Kouka, Sami,

Sanaba, Solenzo et Tansila. Avec une population totale de 267 93411 habitants, la densité est

environ de 40 habitants au km2. Le tableau ci-dessous et les figures qui suivent, font ressortir la

situation des villages administratifs et la superficie par commune :

Tableau N° 1 : Superficie et nombre de villages administratifs par commune

Commune Superficie moyenne Nombre de villages

Balavé 400 09

Kouka 700 17

Sami 500 08

Sanaba 800 20

Solenzo 2000 29

Tansila 1000 26

Total 5 400 109

0

10

20

30

Nb

re

BALAVE KOUKA SAM I SANABA SOLENZO TANSILA

Figure 2 : Répartition des villages par commune

BALAVEKOUKA

SAMI

SANABASOLENZO

TANSILA

Figure 3 : Répartition des superficies par commune (km²)

11 Institut National de la Statistique et de la Démographie (2006), Recensement Général de la Population et de

l’habitation, Données provisoires de la Province des Banwa, Burkina Faso.

10

1.2.1.1. Milieu physique

a) Relief et climat

Le relief

La province des Banwa est en grande partie une région plate et peu accidentée. Le relief

est monotone et les altitudes dépassent rarement 360 mètres. On distingue trois (3) grands

ensembles :

- Les plateaux qui sont situés à des altitudes comprises entre 320 et 360 mètres. Ils sont

contigus aux hauts reliefs et constituent le haut glacis. Les pentes sont moyennes à faibles

(1% à 0,6 %).

- Les plaines qui correspondent à la partie inférieure des glacis, sont situées à une altitude

moyenne comprise entre 300 et 320 mètres. Elles se localisent au centre des plateaux et

au-delà à l’est jusqu’aux abords inondables du fleuve Mouhoun qui est une frontière

naturelle de la province. Au-dessous de 300 mètres d’altitude, les plaines alluviales

correspondent aux bas-fonds des principaux cours d’eau.

- Les hauts ensembles se situent quant à eux, à une altitude moyenne supérieure à 360

mètres. Ils constituent la rupture de la monotonie du relief par endroits. On les retrouve à

l’Ouest de la province dans la commune de Sami (frontière du Mali) où les hauteurs

culminent à 478 m, à l’Est du village de Priwé, le long de la limite Est de la commune de

Sami jusqu’au Nord du village de Sogodjankoli, à l’Ouest du village de Toukoro (entre

Kouroué et Mawé dans la commune de Solenzo), où les hauteurs culminent à 443 m. Par

endroits, s’étalent également des effleurements de grès qui se prolongent au Nord dans les

communes de Solenzo (Daboura) et de Sanaba (Gnoumakuy, Sanaba) et à l’Est de la haute

vallée du Vouhoun (cours d’eau). Ils sont localement appelés ‘’gboué’’ et culminent à 458

m d’altitude.

Le climat

La province des Banwa est située dans la sous-zone climatique pré guinéenne. Les

précipitations varient entre 700 mm et 1 000 mm par an. Elles sont irrégulières et mal réparties.

La zone est caractérisée par l’alternance de deux (2) saisons tout comme pour toute la zone Ouest

du Burkina Faso. Ces saisons sont réglées par deux (2) vents dominants : une saison pluvieuse

allant de mai à octobre annoncée par la mousson et une saison sèche allant de novembre à avril

marquée par l’harmattan.

11

En saison pluvieuse, les températures varient entre 25°C et 28°C tandis qu’en saison sèche,

elles oscillent entre 18°C et 24°C pour les températures faibles et entre 36°C et 40°C pour les plus

fortes.

b) Végétation et sols

La végétation

On distingue dans la province des Banwa, cinq (5) types de formations végétales. Ce

sont :

- La savane arborée à arbustive qui s’étend sur de vastes superficies (Nord et Est de la

commune de Tansila, Nord-est de la commune de Solenzo, moitié Est de la commune de

Sanaba, zones accidentées de la commune de Sami). Les espèces dominantes rencontrées

sont : Vittelaria parodoxa, Combretum spp ; Anogeisus leicarpus.

- La savane arbustive à arborée dominée par des formations mixtes d’arbustes et de

graminées occupant 70 % des superficies (moitié Sud de la province dans les communes

de Kouka et Solenzo). Les espèces dominantes sont : Vittelaria parodoxa, Detarium

microcarpum.

- La savane arborée qui est peuplée de quelques espèces telles que Anogeisus leicarpus,

Vittelaria parodoxa, Lannea spp. Cette formation occupe des espaces moins importants et

se localise au centre de la province (Sud-est de la commune de Tansila, presque la totalité

de la commune de Balavé, le long des couloirs étroits dans la partie Ouest de la province).

- La savane arborée à boisée constituée de formations mixtes d’arbres et de graminées

avec une prédominance d’arbres plus grands (10 à 12 mètres de hauteur dans la partie

Nord-ouest de la commune de Kouka, frontière de la province du Houet). Les espèces

végétales dominantes sont : Burkea africana ; Pterocarpus erinaceus.

- Les formations mixtes des vallées associées aux cultures (Est de la commune de

Sanaba, le long du fleuve Mouhoun). Les espèces rencontrées sont dominées par : Acacia

albida ; Vittelaria parodoxa. Dans les autres communes, ces formations existent mais ne

couvrent que de petites superficies.

12

Les sols

On distingue trois (3) types de sols dans la province des Banwa :

- Les sols minéraux bruts à faibles potentialités agronomiques : ils sont relativement

pauvres et occupent une grande partie de la superficie de la zone (environ 52,5% de la

province). On peut pallier leur insuffisance par des actions dirigées vers les reboisements

et la lutte anti-érosive.

- Les sols ferrugineux à potentialités agronomiques moyennes : ce sont des sols lessivés

appauvris et indurés qui se prêtent à l’amélioration (fumure organique). Ils occupent

environ 27,5% de la superficie de la province et sont adaptés aux cultures peu exigeantes

telles que le mil, le sorgho et l’arachide.

- Les sols hydromorphes (bas-fonds et long des cours d’eau) : ce sont les sols riches de la

province ; ils s’étendent sur près de 20% de la superficie de la province et se prêtent à

toutes les cultures (mil, sorgho, maïs, coton, arachide…).

c) Hydrographie

Le réseau hydrographique de la province relève des bassins versants du fleuve Mouhoun,

de la rivière Kossi et du Bafing (commune de Tansila). Les cours d’eau ne sont pas pérennes ; ils

sont pour la plupart alimentés par les eaux de pluies et sont à sec à partir du mois de décembre et

de janvier. Ils rendent la circulation difficile en saison pluvieuse et sont inexploitables en saison

sèche. Les principaux cours d’eau qui traversent la province sont :

- Le ‘’Mouhoun’’ qui constitue une frontière naturelle sur près de 80 km à l’Est ; le long du

cours d’eau, les zones inondables s’étalent au Nord-est de la commune de Sanaba où elles

ont englouti un village de la commune et à l’Est de la commune de Solenzo où elles

constituent des mares pérennes ;

- La ‘’Kossi’’ qui coule le long de la frontière nord de la province et qui reçoit les cours

d’eau de direction Sud – Nord ;

- Le ‘’Vouhoun’’ qui coule vers le nord à partir du centre de la commune de Solenzo et

traverse la partie Ouest de la commune de Sanaba ;

- Le ‘’Barré’’ qui coule des zones de colline de l’Est de la commune de Sami vers le Sud

dans la commune de Kouka et se prolonge par le ‘’Téré’’ qui longe la frontière avec la

province du Houet.

1.2.1.2. Milieu humain

a) Données socio historiques et démographiques

13

Historique

L’historique du peuplement de la province varie d’un village à l’autre. Plusieurs ensembles

d’autochtones et assimilés sont rencontrés dans chaque village. Sur le plan administratif,

l’évolution historique de Solenzo, chef –lieu de la province se résume comme suit :

Nom d’origine : « Banwa » puis « Kanakuy » traduit en langue locale dioula « Solenzo ».

Evolution administrative :

- Subdivision de Solenzo – chef-lieu de canton (cercle de Nouna – département de la Volta

–Noire, chef-lieu Dédougou) : 1947-1965.

- Arrondissement de Solenzo et création des circonscriptions de Kouka et Tansila : à partir

de 1965.

- Département de Solenzo (province de la Kossi) : Ordonnance N° 83-12/CNR/PRES du 15

septembre 1983.

- Commune de Solenzo : Loi N° 003/93/ADP avec Délégation spéciale, puis organes élus en

2000.

- Province des Banwa, chef-lieu Solenzo – 6 départements : Décret N° 96-150/PRES portant

promulgation de la loi N° 10/96-150/ADP du 28 avril 1996.

Population

La province des Banwa compte une population estimée à 267 934 habitants selon les

résultats provisoires du recensement général de la population réalisé en fin 2006. Les résultats

détaillés du recensement de 2006 n’étant pas disponibles au moment de nos investigations sur le

terrain, nos analyses sur la situation de la population ont donc été réalisées sur la base des données

du Recensement de la population de l’année 1996. La répartition de la population par commune,

se présente suivant le tableau ci-dessous :

14

Tableau N° 2 : Situation de la population dans les villages des départements

Département2

Population

totale

Hommes

% Femmes % Tranches d'âges

(ans)

0-6 7-14 15-64 + de 65 ND

Balavé 12 106 5 996 49,53 6 110 50,47 2911 2 716 5 730 506 43

Kouka 48 092 23 832 49,56 24 260 50,44 12 643 11 459 22 482 1 389 119

Sami 5 798 2 841 49,00 2 957 51,00 1 624 1 333 2 704 114 23

Sanaba 28 151 13 776 48,94 14 375 51,06 7 583 6 595 12 953 948 72

Solenzo 88 079 43 861 49,80 44 218 50,20 23 634 20 901 40 744 2 510 290

Tansila 23 258 11 431 49,15 11 827 50,85 6 056 5 410 10 981 730 81

Total 205 484 101 737 49,51 103 747 50,49 54 451 48 414 95 594 6 197 628

Source : INSD/RGPH 96/Vol.2 Résultats définitifs.

- La population de sexe féminin représente 50,49 % de la population totale tandis que celle de sexe masculin est de 49,51 %. Elle est dans sa

majorité jeune, ce qui constitue un atout important pour les secteurs de la production. La répartition par tranche d’âge de la population de 1996,

fait ressortir une population de 50,60 % de jeunes dont l’âge est compris entre 0 et 14 ans. La proportion de la population ayant entre 15 et 64

ans, c’est-à-dire les adultes concernés par la recherche est de 46,52 %. La population scolarisable (enfants dont l’âge est compris entre 7 et 14

ans) est estimée à environ 23,5 % de la population.

22 Depuis avril 2004, les anciens départements, circonscriptions administratives sont des collectivités territoriales de base (communes rurales) : Loi N°055-2004/AN portant

code général des collectivités territoriales au Burkina Faso, paragraphe 2, art.27.

15

Phénomène migratoire

La province des Banwa est une ancienne zone de migration du fait de son

appartenance au bassin cotonnier traditionnel. Les migrations sont constituées de Mossé

mais aussi de Samo et Dafing. L’installation des premiers migrants a commencé dans les

années 50-60 et s’est poursuivie régulièrement avec des accélérations lors des grandes

sécheresses de 1974 et 1985 en direction des terroirs Bwaba puis Bobo à l’origine peu

peuplés. Les populations migrantes sont aujourd’hui, majoritaires comparativement aux

autochtones. Dans certains terroirs où les migrants sont majoritaires, ils ont obtenu de

l’Administration la reconnaissance juridique de leur hameau de culture comme village à part

entière afin de disposer d’infrastructures sociales propres. L’occupation de l’espace a atteint

un niveau de saturation foncière avec l’installation progressive des migrants sur les terroirs.

Cette situation est à l’origine des multiples problèmes fonciers rencontrés, de nos jours, dans

la province

b) Organisation sociale et politique

Groupes ethniques

Les principaux groupes ethniques rencontrés dans la province sont les Bwaba et les

Bobofing (autochtones), les Mossé, les Dafing, les Samo, les Peulh…. Le dioula est la

langue de communication entre les différents groupes ethniques.

Organisation sociale

Les Bwaba (Sanaba, Solenzo) et Bobofing (Kouka, Balavé, Tansila et Sami) sont les

anciens occupants et autochtones de la province. Dans leur organisation sociale, ils ne

connaissent pas de pouvoir centralisé et la famille élargie (lignage) est le niveau principal

d’organisation sociale. Les immigrants constitués en majorité des Mossé sont originaires des

provinces actuelles du Yatenga, du Lorum, du Zondoma et du Passoré. Ils sont regroupés

suivant leur origine et désignent souvent un responsable (chef) auprès de leurs hôtes ou des

autorités coutumières qui les hébergent. Dans certaines communes, les autochtones de

certains villages sont de l’ethnie Dafing ou assimilés (alliance Dafing et Bwaba). Tout

comme dans les villages autochtones, ces villages ne connaissent pas de pouvoir centralisé.

16

Habitat

Dans les villages de la province, le type d’habitat rencontré par le visiteur lui permet

de reconnaître le groupe social auquel il a à faire dans chaque quartier. Le quartier originel

des autochtones se trouve généralement au centre du village. Il est constitué selon les

groupes ethniques autochtones (Bwaba et Bobofing), de maisons rectangulaires compactes

avec des toits en terrasse (de terre battue) et la concession s’apparente à un labyrinthe de

cours intérieurs, de sentiers et de hangars. Autour de ces constructions, on trouve de

nouvelles concessions plus spacieuses, assez dispersées avec des maisons plus grandes et

parfois plus modernes (semi dur ou en dur). Ces concessions sont habitées par les

autochtones généralement plus jeunes qui ont amélioré leur cadre de vie avec les revenus

issus de la culture du coton. Les quartiers des allochtones sont souvent éloignés de ceux des

autochtones. Les constructions sont typiques de leur milieu d’origine quand elles ne sont pas

du type moderne avec des toitures en tôle.

Pratiques coutumières et religieuses

Dans la plupart des villages, même si les populations se réclament des religions

modernes du milieu (islam, christianisme), elles sont pratiquantes de l’animisme,

notamment les différents cultes du milieu. Les cérémonies coutumières du début de

l’hivernage et de la fin des récoltes occupent une grande partie du temps des populations

concernées (milieu Bobofing). En plus de ces grandes cérémonies, il y a les cérémonies

d’initiations, périodes particulières dans les villages surtout pour les jeunes. Les autres

cérémonies rencontrées concernent les funérailles qui constituent de grands rassemblements

au niveau de certains villages à l’allure de fêtes. Les allochtones, surtout les Mossé

originaires du Yatenga, Zondoma et Lorum pratiquent pour la plupart la religion

musulmane. Ceux en provenance de la province du Passoré s’ils ne pratiquent pas l’islam,

sont des catholiques ou des protestants (commune de Sanaba).

Gestion du foncier

Traditionnellement, les autochtones ou assimilés assurent la gestion du foncier

(accès et contrôle des ressources). Les terres sont la propriété de toute la communauté

villageoise ou bien, elles appartiennent à des lignages3.

3 Etude sur les mécanismes et systèmes de gestion foncière dans les villages de Tansila, Tillé et Douma SNV-

juin 2000

17

Dans la plupart des cas, les terres sont gérées par un chef de terre qui officie les rites

préalables à leur exploitation. L’accès à la terre dans les villages de la province est

fortement tributaire du statut de l’utilisateur. On a accès à la terre par héritage, don, legs,

prêt et parfois achat, quoique ce dernier cas soit isolé et rare. L’utilisation des terres est

déterminée par les principaux statuts de l’utilisateur qui sont : autochtones et assimilés,

migrants et femmes.

Pour les autochtones, les chefs de ménages ont accès à la terre principalement par

le biais de l’héritage ou par demande auprès du chef du lignage dont ils dépendent. Selon la

disponibilité des terres, on en donnera ou prêtera au demandeur. Les chefs de ménages

autochtones ou assimilés disposent généralement d’un « domaine foncier » au nom du

lignage dont ils relèvent (réserves ou anciennes exploitations des grands parents). Les jeunes

accèdent à la terre par le biais de leurs parents qui leur cèdent une portion des terres.

Pour les migrants, tout demandeur passe par un logeur (autorité de la maîtrise

foncière ou assimilés) pour avoir accès à la terre. Le besoin de terre est soumis, au chef de

terre et dans d’autres cas, au chef du lignage propriétaire des terres visées.

Pour les femmes, la demande de terres est faite par l’intermédiaire de l’époux qui

peut soit lui céder une portion s’il en dispose, soit lui donner l’autorisation d’en demander

ailleurs. Les femmes allochtones suivent la même procédure mais s’adresse en particulier, à

une famille (autochtone, assimilée ou migrante) avec laquelle, elle a des affinités

relationnelles.

c) Environnement institutionnel

Organisations traditionnelles et modernes

Les organisations traditionnelles : les organisations traditionnelles existantes dans

les villages sont entourées de mysticisme dont les autochtones sont les seuls à comprendre

les réalités (communautés de masques et de culte). Leur but intrinsèque est de toute

évidence, communautaire, c’est-à-dire qu’elles organisent la vie interne des habitants au

sein de leur communauté. Elles ont laissé la place aux organisations modernes.

Les organisations modernes : la province des Banwa fait partie du bassin cotonnier

traditionnel. Cette situation lui a prévalu la mise en place des groupements de producteurs

agricoles dans les différents villages de la province. Cependant dans certains villages où il

existe peu d’organisations modernes, celles-ci sont mises en place selon les affinités des

adhérents. Quel que soit le cas, les organisations se fondent de la sorte.

18

Ces types d’organisations avant d’évoluer, ont pour vocation dans la plupart des cas,

l’entraide sociale. Les Groupements de Producteurs de Coton (GPC) se sont fédérés en

unions de producteurs de coton dans chaque commune et dans la province et se sont

conformés aux textes légales actuels (Loi 014/99/AN). D’autres types d’organisations

existent dans les villages (Groupement villageois de femmes, Organisation professionnelle

d’éleveurs, Groupements de producteurs par filière, Associations diverses, autres

comités…). Ils sont également organisés dans la plupart des cas, en structures faîtières au

niveau des différentes communes ou de la province (union des groupements de femmes,

unions des groupements d’éleveurs, unions des producteurs de sésame, unions des

groupements de chasseurs etc.). Les annexes N°1 et N°2 présentent la situation des

organisations dans la province des Banwa dont respectivement celle des groupements de

base organisés par filière d’activités et celle des groupes organisés à travers des

organisations faîtières.

Intervenants

L’administration et les services techniques déconcentrés de l’Etat : l’implication

de l’Administration et des services techniques dans la mise en œuvre des programmes des

partenaires sur le terrain est une condition pour leur réussite surtout en ce qui concerne les

aspects arbitrage, suivi et contrôle des activités. Pratiquement, tous les services techniques

déconcentrés sont représentés dans la Province.

Les partenaires des ONG, autres projets et programmes de développement : ces

acteurs bien que peu nombreux, sont sollicités à plus d’un égard pour leur contribution à

l’appui-conseil des populations et le financement de leurs activités pour promouvoir le

développement de la province.

Les données détaillées sur les services techniques déconcentrés de l’Etat ainsi que

des projets et ONG intervenant sont consignées en annexe N°3 et N°4.

1.2.1.3. Infrastructures et équipements sociaux

Dans la province des Banwa, de nombreux investissements en infrastructures et

équipements sociaux ont été réalisés avec l’appui de l’Etat, des partenaires au

développement et la contribution en nature ou en espèces des populations. Ils concernent les

infrastructures et équipements dans les secteurs suivants :

19

- Education : écoles, logements pour enseignants, cantines scolaires, équipements de

salles de classe, centres d’alphabétisation …;

- Santé : dispensaires, maternités, logements d’infirmiers, matériel médical et

équipements… ;

- Hydraulique : puits et forages ;

- Désenclavement : pistes rurales.

D’autres infrastructures rencontrées dans la province se retrouvent pratiquement

dans le chef-lieu de la province ou dans quelques communes. Il s’agit essentiellement :

- de l’usine d’égrenage de coton de la SOFITEX à Solenzo ;

- des infrastructures de communication téléphonique (publiques et privées) ;

- des stations de radio locales (2 à Solenzo) et (1 à Tansila) ;

- des infrastructures au titre des services administratifs et techniques dans le chef-lieu

de la province et des communes (bâtiments administratifs des services techniques

déconcentrés et collectivités locales) ;

- des infrastructures au titre des services privés et structures associatives (banques,

caisses populaires, marchés, boutiques, ateliers divers, salles de réunion ou de

formation etc.) ;

- des infrastructures au titre des offices religieux (mosquées, chapelles, centres de

formation…).

1.2.1.4. Activités socio économiques

a) Agriculture et élevage

Production agricole

L’agriculture est la principale activité des populations. Ces dernières années, elle a

connu une forte augmentation tant en superficie exploitée qu’en production. L’agriculture

est extensive, malgré le niveau d’équipement satisfaisant (attelage, motorisation) et

l’adoption progressive de paquets de technologies (fertilisation organique, CES, DRS etc.).

Elle est tributaire des aléas climatiques qui font varier la production en dents de scie.

D’autres alternatives telles que le maraîchage et la petite irrigation ont été développées, ces

dernières années en vue d’améliorer le niveau des productions. La production agricole est

dominée par les céréales suivies des produits de rente.

20

En termes de superficie agricole, les données détaillées de la campagne 2003-2004,

sont celles que nous avons pu collecter. Elles enregistrent :

- Superficie cultivée : 210 180 ha, soit 77,84 % de la superficie totale cultivable (270

000 ha).

- Superficie irriguée : 70,5 ha, soit 0,18 % du potentiel irrigable (40 000 ha).

- Superficie des bas-fonds aménagés : 315 ha, soit 2,74 % du potentiel aménageable

(11 520 ha).

Les principales spéculations cultivées dans la zone sont :

- Céréales : sorgho, maïs, mil, riz, fonio.

- Cultures de rente : coton, sésame, arachide, soja.

Production animale

L’élevage est la seconde activité économique des habitants de la province. Avec un

cheptel relativement important de 471 386 têtes, composé surtout de petits ruminants (303

588 têtes), l’élevage est toujours traditionnel. Le circuit de commercialisation s’est

légèrement développé avec la mise en place du site d’embarquement du marché à bétail de

Béna cofinancé par le PDRI/HKM, un projet ayant intervenu dans la province de 1992 à

2001. Le bétail, essentiellement ruminant ainsi que la volaille sont vendus dans les grandes

villes et les pays voisins (Cote d’Ivoire, Ghana).

Forêts, faunes et pêches

Les activités de pêche, cueillette, chasse sont celles qui viennent compléter les

activités de production. La production forestière est la plus importante avec un fort

accroissement de la consommation du bois domestique et des fruits des arbres tels que le

karité, le tamarinier, le jujubier etc. La mise en place de vergers s’est considérablement

développée, ces dernières années, dans la province.

Autres activités

D’autres activités non moins importantes existent dans la province ; il s’agit entre

autres, du commerce et de l’artisanat. Les activités d’artisanat sont pratiquées par deux (2)

types d’artisans :

- Les artisans traditionnels qui pratiquent la poterie, la tannerie, la forge, etc.

- Les artisans dits modernes qui pratiquent l’activité avec des outils de travail plus

ou moins perfectionnés ; ce sont les soudeurs, les mécaniciens, les menuisiers etc.

21

Le commerce occupe quant à lui, une place de plus en plus importante dans la vie

des populations de la province. Il est devenu aujourd’hui, l’activité principale de certains

acteurs du milieu et concerne l’achat et la vente de céréales, de marchandises diverses de

consommation, de pièces détachées et de matériaux de construction etc.

1.2.1.5. Problématiques de développement dans la province des Banwa

a) Contraintes au développement de la province

Le développement étant un phénomène complexe, la connaissance et l’approche des

problèmes dans la province sont globales. Selon le rapport de l’année 2003 du PNUD4 sur le

DHD du Burkina Faso, la province des Banwa est classée 29ème

sur les 45 provinces avec un

indice de 0,315 contre une moyenne nationale de 0,330. Les principaux déterminants de

cette situation sont entre autres :

- le faible niveau de scolarisation et d’alphabétisation des populations ;

- un niveau de revenu par habitant relativement faible ;

- l’inadéquation entre la croissance démographique et les besoins à satisfaire etc.

Les contraintes de développement sont multiples ; ce sont entre autres :

Du point de vue des infrastructures et équipements :

- le faible niveau des infrastructures et équipements socio collectifs sanitaires et

scolaires (nombre d’infrastructures limité en rapport avec la carte sanitaire,

insuffisance de moyens pour évacuer les malades dans les grands centres,

éloignement de certains hameaux de culture des écoles …).

Du point de vue de la gestion des ressources naturelles :

- la dégradation continue des ressources du fait d’une exploitation anarchique

incontrôlée ;

- les conflits fonciers périodiques et le pressentiment d’insécurité ambiante des

populations allochtones ;

- le faible niveau de maîtrise et d’application des nouvelles innovations techniques et

technologiques ;

- l’enclavement de certaines localités de la province (commune de Sami).

4 Rapport PNUD DHD BF 2003

22

Du point de vue des ressources humaines :

- l’ignorance relative des innovations apportées dans le domaine des activités de

production ;

- le faible niveau de savoir-faire technique et technologique en matière de production ;

- le déficit de contrôle et l’impunité face à la mauvaise gestion des biens villageois de

certains responsables des structures locales (absence de rapports d’activités

techniques et financiers, détournement de fonds, trafics d’influence…) ;

- les antagonismes d’intérêts entre les différents groupes de populations ;

- l’insécurité liée au banditisme (vers la zone frontalière à la République du Mali).

b) Atouts au développement de la province

La province des Banwa regorge d’importantes potentialités tant favorables aux

activités agro sylvo pastorales qu’au renforcement des capacités des populations ; ce sont

entre autres :

- l’existence de sols diversifiés permettant selon les cas, plusieurs types de

spéculations ;

- l’existence de quelques cours d’eau inondant des bas fonds aménageables ;

- la disponibilité de quelques zones de pâture non valorisées ;

- une population jeune en majorité, une émulation culturelle et économique diverse en

croissance ;

- l’existence de dynamiques endogènes pour accompagner le développement local

(nombreuses organisations villageoises, autres compétences locales…) ;

- l’existence de services techniques et de partenaires pouvant accompagner les

activités de développement dans la province.

c) Perspectives de renforcement des capacités des acteurs

Les perspectives au développement de la zone d’intervention des Banwa sont

nombreuses. Celles en lien avec le renforcement des capacités des acteurs, devraient

contribuer d’une part, à consolider les acquis et enclencher de nouvelles habitudes et

attitudes en vue de lever les nombreuses contraintes que connaît la province.

23

Selon les données issues du diagnostic5 réalisé par certains partenaires techniques sur

le terrain, les perspectives de développement suivantes sont visées par les populations de la

province :

Le renforcement des capacités des acteurs locaux à travers les actions suivantes :

- l’appui à l’organisation et au fonctionnement des organisations locales existantes et

la consolidation des acquis du milieu ;

- la poursuite de la promotion des activités d’alphabétisation des populations ;

- la formation technique et au management des organisations de producteurs et des

populations ;

- l’information et la formation des acteurs sur les textes et lois en vigueur et la

sensibilisation des populations au processus de décentralisation (caractéristiques et

compétences, enjeux et défis à relever…) ;

- la sensibilisation et l’appui à la dynamisation des cadres de concertation ainsi que

l’implication progressive des structures locales dans les questions de la gestion du

foncier en milieu rural.

Le renforcement des investissements dans la zone d’intervention par le

financement d’actions concourantes :

- à la gestion durable des ressources naturelles ;

- au renforcement des activités économiques ;

- à la mise en place et au renforcement des équipements socio collectifs.

Le renforcement de la maîtrise d’œuvre locale à travers le renforcement des

compétences des prestataires locaux et leur implication dans la mise en œuvre des

investissements.

1.2.2. L’état des lieux des documents techniques et de politiques et stratégies

relatifs au renforcement des capacités des acteurs

Plusieurs documents de politiques et stratégies servent de base aux orientations en

matière d’intervention auprès des acteurs ruraux au Burkina Faso. Les plus importants sont :

- le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) ;

- la Lettre de Politique de Développement Rural Décentralisé (LPDRD) ;

- le document de Stratégie de Développement Rural à l’horizon 2015 (SDR) ;

5 PDL-Ouest/Banwa, données issues de la synthèse monographique actualisée en 2004.

24

- les plans d’action opérationnels et sectoriels dans le domaine de l’éducation et de la

formation etc.

Le « document de Stratégie de développement rural à l’horizon 2015 » est l’un des

documents d’actualité sur lequel, se fondent la plupart des interventions au profit des acteurs

ruraux. Il déroule la nouvelle stratégie de développement du monde rural et est en cohérence

avec le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté et la Lettre de politique de

développement rural décentralisé. Il constitue le cadre de référence de l’ensemble des

interventions publiques en faveur du développement rural dont le domaine de la formation

des producteurs ruraux.

Parmi les sept axes retenus dans cette stratégie, celui du renforcement des capacités

des acteurs et de la création d’un cadre institutionnel favorable occupe une place

prépondérante. C’est à travers cet axe stratégique que sont développées les orientations dans

le domaine de la formation des acteurs à savoir :

- la formation professionnelle des acteurs ruraux pour améliorer la productivité de

leurs activités ;

- l’alphabétisation et la formation en vue de faciliter l’adoption des techniques

agricoles modernes et de créer/gérer des micros entreprises rurales ;

- la mise en œuvre de programmes de formation pour soutenir l’initiative privée dans

l’agro alimentaire, le petit élevage et les cultures de contre-saison etc.

L’annexe N° 5 du document présente la synthèse du contenu des documents de

politiques et stratégies de développement rural au Burkina Faso.

Au niveau local et spécifiquement dans la province des Banwa, les orientations

spécifiques se déclinent à travers le document du Cadre stratégique de lutte contre la

pauvreté de la région de la Boucle du Mouhoun à laquelle, la province est

administrativement rattachée. Ce document-cadre au niveau régional est une déclinaison du

CSLP adopté au niveau national. Les actions de formation inscrites dans les plans d’action

opérationnels et les rapports d’activités annuels des intervenants d’appui dans la province

sont inspirées de ce document.

1.2.3. L’offre de formation des acteurs ruraux dans la province

Dans la province des Banwa, l’offre de formation se présente sous deux formes :

- une éducation de base sous son aspect formel ; c’est l’éducation dite formelle à

travers l’enseignement au primaire et au secondaire qui s’adresse aux enfants ;

25

- une éducation non formelle qui prend en compte les formations techniques de base

dans les centres de formation au profit des adolescents, l’alphabétisation des adultes et leur

formation dans divers domaines liés à leurs activités (fabrication de fumure organique,

maraîchage, transformation de produits locaux, aviculture villageoise, embouche ovine et

bovine etc.).

L’offre de formation des acteurs ruraux s’inscrit dans l’éducation non formelle ;

cette éducation comprend :

(i) une formation de base essentiellement dispensée dans les centres de formation

dont les Centre d’Education de Base Non formelle (CBNF) d’où sont issus certains actifs du

milieu : paysans agricoles et artisans (mécaniciens, menuisiers, autres ouvriers …)

(ii) une formation continue dont le contenu est identifié en fonction des besoins des

communautés selon leurs activités et les opportunités offertes par les partenaires d’appui.

On ne peut donc parler de formation professionnelle dans toutes ses dimensions dans

une telle situation. Selon l’enquête prioritaire menée par l’Institut National de la Statistique

et de la Démographie (INSD) sur les conditions de vie des ménages en 1998, seulement

quatre (4) Burkinabè sur mille (1000) sont formés sur le plan professionnel6. D’une manière

générale, le faible niveau de qualification professionnelle au Burkina Faso, s’exprime dans

l’inadéquation qualitative entre les profils disponibles sur le marché et les besoins en

compétences nécessaires au développement des activités économiques dominantes

(agriculture, élevage, eau, mines, etc.). De façon spécifique, dans la province des Banwa,

peu d’acteurs ruraux ont bénéficié d’une formation à une éducation de base non formelle.

L’offre de formation ne comprend plus les Centres de Formation des Jeunes Agriculteurs

(CFJA) ouverts dans les années 1966 et fermés pour la plupart en 1984. Selon l’analyse des

données sur le terrain, moins de 2% de la population active actuelle (environ 3 000 actifs) a

acquis la formation dans ces CFJA. Les informations collectées sur le nombre de CFJA par

commune et leur date de création sont résumées à l’annexe N° 6.

L’offre de formation faisant l’objet de notre étude ne concerne donc que

l’alphabétisation des adultes et la formation des producteurs dans quelques domaines liés à

leurs activités productives, les CFJA n’existant plus et les CEBNF étant à leur début dans la

province. Nous avons affaire à une population en majorité analphabète (environ 70% de la

population7) dont l’essentiel de leur apprentissage s’est fait dans le tas à partir des savoir-

faire traditionnels.

6 MEBA, (sept 2002), Plan d’action national de l’Eduction Pour Tous, page 16

7 Cadre stratégique régional de lutte contre la pauvreté, juin 2005 page 40

26

1.3. LA MISSION : DIAGNOSTIC DES METHODES D’IDENTIFICATION DES BESOINS DE

FORMATION

La mission principale dans le cadre de notre stage, a consisté en l’étude des

méthodes d’identification des besoins de formation des populations. Elle s’est faite à travers

la recherche d’informations dans le domaine du renforcement des capacités des acteurs

locaux de la province en général et de la formation de façon spécifique. Les investigations

menées permettent d’élucider dans une certaine mesure les pratiques et dynamiques

individuelles et collectives en matière de formation en cours dans la province.

Ainsi, des données telles que celles référenciant le contexte local (données générales

du milieu, paysage institutionnel local, environnement socio économique, politique et

idéologique etc.) et celles du champ des acteurs (capacitation des acteurs, intérêts et réseaux

d’influence) que nous avons explorées constitueront de base d’analyse et de recherche.

1.3.1. Les domaines d’intervention des partenaires d’appui dans la province

des Banwa

Selon les objectifs poursuivis par chaque partenaire, le domaine d’intervention varie.

Pour les services techniques étatiques, ils concernent les missions classiques sectorielles

(fonctions régaliennes, missions d’appui-conseil, encadrement des acteurs, appui technique

au renforcement des capacités etc.). Pour les autres partenaires au développement

notamment les projets et les ONG, leurs domaines d’intervention ont tous la particularité de

prendre en compte un volet information et un volet formation. Le volet informatif entre dans

l’optique d’une meilleure interconnaissance entre les acteurs et les partenaires. Le volet

formatif s’inscrit dans le cadre de l’appui au développement et varie selon les domaines

privilégiés par chaque partenaire. Les données de l’annexe N°3 ressortent les domaines

d’intervention, les centres d’intérêt dans le domaine de la formation des partenaires au

développement dans la province des Banwa.

1.3.2. Le diagnostic des méthodes d’identification des besoins de formation

Les méthodes d’identification des besoins de formation s’inscrivent dans les

approches d’intervention mises en œuvre par les partenaires au développement dans la

province des Banwa.

Deux grandes approches se dégagent des investigations sur le terrain :

27

- une approche descendante que l’on peut qualifier de méthode « Top down » ;

- une approche ascendante mettant en œuvre une méthode dite « Participative » selon

la pédagogie de chaque partenaire.

Le tableau qui suit, résume les deux approches dans leur contenu :

Tableau N° 3 : Synthèse des contenus des méthodes d’identification des besoins de

formation

Méthodes Contenu

Approche descendante

ou « Top down »

- Les besoins de formation sont identifiés selon la connaissance du

milieu par les partenaires (étude sommaire ou approfondie du

milieu à partir de l’analyse documentaire, des enquêtes, des

rencontres d’acteurs…) ;

- Les besoins de formation sont analysés par le partenaire et mis en

œuvre selon ses centres d’intérêt ;

- Les thèmes de formation et les procédures de mise en œuvre sont

décidés par le partenaire ;

- Les groupes de bénéficiaires sont désignés par le partenaire ;

- Le partenaire élabore son plan d’action en y intégrant la

formation des acteurs ruraux qu’il encadre selon sa démarche.

Approche ascendante ou

« Participative »

- Les besoins de formation sont identifiés par les acteurs ruraux à

partir d’un diagnostic organisationnel des organisations avec

l’appui des partenaires d’appui ;

- Certaines organisations élaborent un plan d’action comprenant un

plan de formation avec l’appui des partenaires ;

- Les bénéficiaires des formations sont désignés par les acteurs

eux-mêmes ;

- L’organisation matérielle des formations est assurée par les

acteurs ruraux.

L’état des lieux des méthodes d’identification des besoins de formation des acteurs

ruraux dans la province des Banwa a été l’étape préliminaire de nos travaux au cours de

notre mission de stage sur le terrain. Il a permis de baliser l’objet de notre recherche et la

problématique dans le cadre du mémoire et de poursuivre les investigations en vue de

confronter nos hypothèses.

28

IIII.. OOBBJJEETT DDEE LLAA RREECCHHEERRCCHHEE EETT HHYYPPOOTTHHEESSEESS DDEE TTRRAAVVAAIILL

2.1. DEFINITION DU CHAMP D’INTERVENTION DE LA RECHERCHE

L’un des buts de la recherche est la quête des meilleures stratégies susceptibles

d’améliorer les actions d’appui-conseil et d’accompagnement des populations rurales dans

le domaine de la formation. Plus précisément, il s’agit de déterminer et d’analyser les

dynamiques et les pratiques des acteurs en milieu rural dans un contexte organisationnel

et en matière de formation.

Les résultats d’une telle investigation permettront de tracer des schémas d’action en

vue de prévenir les répétitions des erreurs ou enlisements des comportements et

appréhensions des acteurs en matière de formation dans le milieu rural. Ils occupent une

place importante dans le domaine de la formation et du conseil et spécifiquement, dans la

démarche d’ingénierie de la formation notamment dans son niveau organisationnel et

permet de nous conforter dans le développement de nos compétences dans ce domaine.

2.2. PROBLEMATIQUE

2.2.1. Le problème de départ et les questionnements

Les observations à partir de notre expérience personnelle sur le terrain, les entretiens

exploratoires auprès de personnes ressources de la province des Banwa ainsi que les lectures

de travaux divers et autres rapports d’activités des partenaires d’appui dans la province,

laissent apparaître plus d’informations statistiques et de considérations « empiriques » sur le

sujet que des analyses approfondies de recherche sur la formation des acteurs.

2.2.1.1. Les démarches d’identification et d’analyse des besoins de

formation des acteurs ruraux dans la province des Banwa

Suivant nos observations sur le terrain, les démarches d’identification et d’analyse

des besoins de formation des acteurs ruraux dans la province des Banwa diffèrent selon les

partenaires même si les approches développées par tous sont dites participatives (impliquant

les acteurs).

29

Chaque partenaire a sa démarche et ses méthodes propres d’accompagnement des

acteurs. L’analyse des besoins de formation des acteurs dans les démarches mises en œuvre

apparaît plus comme une répétition de demandes orientées sur les mêmes thèmes de

formation déjà réalisés malgré l’appui-conseil apporté. L’exemple le plus remarquable est

celui de la formation des producteurs aux techniques de fabrication de fumier pour la

fertilisation des terres agricoles dégradées. Cette formation, réalisée en principe au profit

d’un producteur, n’a plus de raison d’être reprise car elle se donne un contenu simple et

beaucoup plus marqué par les aspects pratiques de la fabrication et de l’utilisation du

fumier. Cependant, elle est en permanence sollicitée par des producteurs l’ayant déjà reçue,

auprès de tout partenaire d’appui venant à s’installer dans la province et pour lequel, cette

activité est éligible. En outre, les renseignements glanés des entretiens exploratoires auprès

de certains partenaires font ressortir la constance des types de formations demandées par la

plupart des producteurs. Aussi paradoxale que cela puisse paraître, cette récurrence des

mêmes demandes de formation est manifeste à travers tous les programmes réalisés avec

l’appui des partenaires, même si la plupart de ces formations portent sur des thèmes qui

n’ont plus de raison d’être traités et ne se justifient point. Des formations telles que celles

aux techniques de fabrication de fumier, de reboisement, ou de fabrication de savon etc.,

sont simples et transférables à volonté qu’elles ne doivent présenter aujourd’hui, aucun

mystère pour les populations.

2.2.1.2. Les travaux de lectures diverses sur le sujet

Les rapports d’évaluation des formations des acteurs que nous avons exploités, font

ressortir plus qu’un ensemble d’informations statistiques (nombre de bénéficiaires, durée de

la formation, données chiffrés d’évaluations diverses…) que d’analyses sur les processus

mis en œuvre et leur adéquation à résoudre les problèmes de développement dans la

province. Les travaux de lecture sur certains aspects théoriques apparentés au sujet,

notamment ceux relatifs aux présuppositions sur les liens éventuels entre les modes

d’analyse et d’intervention au sein des organisations et les stratégies mises en œuvre par les

individus, ouvrent des perspectives d’un recul et permettent de préciser les orientations de la

recherche vers des questionnements dont l’élucidation aura besoin de l’apport des systèmes

d’analyse dans le domaine de la sociologie des organisations.

30

Il ressort des constats, que l’analyse des besoins de formation des acteurs ruraux

dans la province des Banwa, apparaît plus comme une scène cyclique de répétition des

besoins de formation sur les mêmes thèmes exprimés par les mêmes acteurs, c’est-à-dire la

répétition des mêmes demandes de formation par les mêmes acteurs. Pourquoi une telle

invariabilité des besoins de formation des acteurs ruraux dans la province des Banwa ?

Telle est la question de départ qui se pose.

A ce sujet, plusieurs autres questionnements surviennent :

- Le faible niveau d’instruction et d’alphabétisation des acteurs ruraux n’est-il pas

un facteur limitant dans l’analyse de leurs besoins de formation ?

- Quels sont les motivations des acteurs ruraux dans les processus d’identification et

d’analyse de leurs besoins de formation, qui font qu’ils expriment toujours les mêmes

besoins ?

- Les contenus des formations dispensées sont-ils adaptés à la demande des acteurs

dans la province ? Existe-il une offre de formation diversifiée et mieux appropriée pour

résoudre les problèmes de développement soulevés par les populations ?

- N’y a t-il pas une insuffisance des modes d’analyse des besoins de formation mis

en œuvre avec l’appui des partenaires ?

Ces questions ne trouveront une réponse qu’une fois la question de recherche suivante

élucidée.

2.2.2. La question de recherche

Dans la province des Banwa, les besoins de formation des populations sont identifiés

et analysés de façon concertée selon les partenaires d’appui que sont les services techniques

étatiques, les projets /programmes, ONG et associations diverses etc. Cette approche met au

centre des décisions, les acteurs ruraux organisés et leur donne la possibilité d’exprimer

leurs besoins de formation aussi bien sur le plan technique que sur le plan organisationnel et

conformément à leurs attentes ; Cependant, il ressort des constats que ce sont les demandes

de formation déjà satisfaites qui sont le plus souvent exprimées par eux quand ils procèdent

à l’identification et à l’analyse de leurs besoins.

La question de l’invariabilité des besoins de formation des acteurs ruraux dans la

province, demeure un problème qu’il faudrait comprendre si l’on veut lever certaines

limitations observées dans les actions de développement.

31

Elle implique une introspection sur les liens entre les modes d’analyse des besoins de

formation et les stratégies identitaires mises en œuvre par les individus au sein de leurs

organisations. Au cours de la recherche, notre intérêt a porté sur la question principale

suivante :

Dans la province des Banwa, quelles sont les raisons pour lesquelles à l’analyse,

les besoins de formation des acteurs ruraux dans le cadre du renforcement de leurs

capacités, ne varient pas ?

2.3. CENTRES D’INTERETS

La recherche s’inscrit dans les activités de capitalisation de nos expériences dans le

domaine du renforcement des capacités en général et de la formation des producteurs en

milieu rural dans la province des Banwa (Burkina Faso), de façon spécifique. C’est la

poursuite d’un exercice d’introspection personnelle en tant qu’acteur ayant résidé dans cette

province pendant près d’une dizaine d’années et chargé de programme d’appui et

d’accompagnement des populations. La recherche vise à déceler le lien en apparence anodin

mais ambigu entre les besoins de formation exprimés par les populations et les motivations

qui les sous-tendent.

A travers la question de recherche, nous nous intéressons aux raisons de la non-

variabilité dans l’expression des besoins de formation par les acteurs ruraux notamment, des

producteurs de la province d’où la proposition du cadre théorique de recherche qui suit.

32

IIIIII.. CCAADDRREE TTHHEEOORRIIQQUUEE DDEE LLAA RREECCHHEERRCCHHEE

3.1. ECLAIRAGES THEORIQUES DES CONCEPTS-CLES

L’analyse des besoins de formation est une thématique faisant partie des étapes

d’une démarche d’ingénierie de formation qui mérite une attention particulière. Les

recherches bibliographiques ne nous ont pas offert de cas de recherche théorique sur le sujet

dans la province des Banwa. Cependant, l’analyse des besoins de formation, expression

d’une activité organisationnelle, sera abordée dans notre travail selon les approches

conceptuelles de la sociologie des organisations en matière de formation, car nos hypothèses

de recherche visent l’analyse des stratégies identitaires des individus au sein des

organisations paysannes.

Sous l’inspiration de ces approches, « l’acteur et le système » seront au centre de

l’intérêt de cette recherche. Cette option théorique dans la problématique, impose

l’élucidation de quelques concepts et notions essentiels : le concept de « renforcement des

capacités », les notions de « besoins de formation », de « modes d’analyse des besoins de

formation », de « stratégies identitaires » et les mots-clés qui y gravitent autour :

« identité », « acteurs ruraux » et « motivation».

3.1.1. Le concept de « Renforcement des capacités »

Le concept de « renforcement des capacités » désigné également sous le terme

‘’capacity building’’ en anglais est considéré comme vague, ambigu et peu précis. Il vient

de l’expérience sur le terrain et non d’une discipline universitaire. La plupart des analyses et

des études sur le sujet sont l’œuvre de personnes au service d’organismes d’aide au

développement ou de coopération technique.

Dans la revue Capacity.Org, il est engagé la réflexion sur les nombreuses

interprétations des mots capacités et renforcement. Selon les écrits relatés dans cette revue,

le terme de renforcement des capacités s’est imposé dans les années 90 à la suite du succès

mitigé des actions de développement, qui étaient alors techniques et induites de l’extérieur.

Le renforcement des capacités est considéré comme la panacée pour quasiment tout ce qui

touche au secteur du développement. Le terme est utilisé de manières différentes, souvent

contradictoires.

33

Il peut se référer aux choses les plus diverses, allant de la formation d’individus à de

vastes réformes institutionnelles. Pour certains, le renforcement des capacités est une

philosophie et une attitude, presque synonyme du terme même de développement. Pour

d’autres, c’est une pratique professionnelle sous-tendue par des méthodologies particulières,

ancrées dans le développement organisationnel et la facilitation de processus. Il est évident

que des définitions aussi variées soient influencées par des types distincts d’organisation et

de cadre du travail. Mais elles reflètent aussi des différences de perspectives. Dans toute

discussion sur le renforcement des capacités, il est donc important de toujours demander : la

capacité, Pour quoi ? Pour qui ? et à Quelle fin ?

Selon une étude8 réalisée par le ‘’International NGO Training Center’’, il semblerait

qu’il n’existe aucune définition claire du concept et aucun accord général à ce sujet.

Cependant, les ONG de Solidarité Internationale (OSI) françaises ont traité le problème en

employant plusieurs termes pour décrire différents aspects du renforcement de capacités.

S’ajoutent ainsi aux termes génériques de renforcement de capacités des mots, tels que

« appui » et « soutien » qui sont fréquemment utilisés pour décrire ce renforcement. Le

renforcement des capacités est un objectif transversal de plus en plus essentiel dans les

projets de lutte contre la pauvreté.

Au vu de la diversité des définitions et en faisant un rapport avec le sujet de notre recherche,

le concept de « Renforcement des capacités » sera abordé dans sa vision d’une activité

d’amélioration des capacités des acteurs en termes « d’appui » et de « soutien » dans le

domaine de la formation.

3.1.2. La notion de « Besoins de formation »

Guy LE BOTERF (1990) définit le vocable « besoins de formation » en ces termes :

« Les besoins de formation expriment l’écart de connaissances ou de compétences existant

entre le profil professionnel requis et le profil professionnel réel. Les besoins de formation

sont exprimés en termes d’objectifs opératoires de formation. ».

Pour Alain MEIGNANT (2006), la notion de « besoin » est ambiguë si on la

comprend comme quelque chose qui existerait indépendamment de son contexte.

88 Mia SORGENFREI, 2004, « Le renforcement de capacités d'une perspective française », International NGO

training and research center

34

« Le besoin de formation est la résultante d’un processus associant les différents

acteurs concernés, et traduisant un accord entre eux sur des « manques » à combler par le

moyen de la formation ». Cette définition met en avant la double dimension suivante : la

dimension « sociale » qui traduit le compromis entre les acteurs et la dimension

« opérationnelle » autour d’un manque à combler nécessitant une action. C’est dans la

même optique qu’il convient d’appréhender cette notion dans la recherche.

Deux autres notions apparaissent en abordant la notion de besoins de formation ; il

s’agit de la notion de « demande » de formation et de plan de formation. La notion de

« demande » est proche de la notion « d’attentes », une notion qu’il convient de clarifier.

Selon la littérature développée dans le cours d’ingénierie de la formation, les « attentes »

renvoient à des souhaits individuels ou collectifs, en lien avec la stratégie d’une organisation

ou non. Elles peuvent être aussi la traduction d’un besoin déjà repéré et analysé comme une

volonté individuelle ou un mode. Elles sont l’expression plus ou moins implicite et

exprimée, d’une demande latente. La notion de « demande » de formation correspond à des

attentes, individuelles ou collectives exprimées de manière explicite, voire rédigée en vue

d’effectuer une ou des formations. La notion « de plan de formation » quant à elle, est

surtout utilisée dans le milieu des entreprises. Selon la définition citée dans l’ouvrage de

Alain MEIGNANT (2006), « le plan de formation rassemble l’ensemble des actions de

formation définies dans le cadre de la politique de gestion du personnel de l’entreprise ».

Egalement dans sa quête de trouver une réponse à la question de savoir ce que c’est qu’une

politique de formation, cet auteur définit le plan de formation comme étant « la traduction

opérationnelle et budgétaire des choix de management d’une organisation sur les moyens

qu’il affecte, dans une période donnée, au développement de la compétence individuelle et

collective des salariés ».

Dans la recherche présente, le « plan de formation » est compris comme le

programme opérationnel des actions de formation élaboré avec l’appui d’un partenaire

technique. On y trouve une traduction opérationnelle et budgétaire des choix des actions de

formation validés par les acteurs ruraux ou leurs organisations, et réparties sur une période

ponctuelle ou étendue dans la durée.

35

3.1.3. La notion de « Modes d’analyse des besoins de formation »

Cette notion renvoie à deux mots-clés en interrelation : « modes » et « analyse »

complétant ainsi la notion de « besoins de formation ». Selon le dictionnaire de sociologie9,

le mode est un « ensemble d’usages, de comportements ou d’opinions marquant, dans un

ensemble culturel donnée, un engouement temporaire relatif à des pratiques expressives de

la vie sociale ». De même, analyser10

« c’est décomposer, mettre en lien, en relation, en

perspective, comparer des faits et des sources, les confronter ». L’analyse s’appuie sur un

ensemble de questionnements, de confrontations-vérifications qui permettent comme toute

intervention en conseil, de circonscrire l’objet et les moyens d’y répondre.

Les « modes d’analyse des besoins de formation », c’est donc cet ensemble d’usages,

d’opinions, de questionnements et de confrontations-vérifications sur les manques à

combler par le moyen de la formation. C’est dans cette ambition qu’il conviendrait

d’aborder la notion dans la recherche.

3.1.4. Le concept « d’Identité » et la notion de « Stratégies identitaires »

Selon le dictionnaire de sociologie cité ci-dessus, le concept d’identité est

polysémique ; utilisé dans le langage courant, il fait également partie du vocabulaire de la

psychologie, de la psychanalyse, de la philosophie etc. Certains auteurs l’ignorent et

d’autres le contournent en le remplaçant par des termes proches comme ceux d’identité

collective, d’identification ou d’identité sociale. C’est le cas même dans la définition donnée

par DUBAR Claude11

qui dit que « l’identité est à la fois le sentiment subjectif d’une unité

personnelle, d’un principe fédérateur du moi, et un travail permanent de maintenance et

d’adaptation de ce moi à un environnement mobile ».

Selon cet auteur, l’identité est aussi le fruit d’un travail incessant de négociation

entre des actes d’attribution et des actes d’appartenance. L’action protestataire constitue un

acte public de prise de position qui peut être classant pour l’individu mobilisé et dans le

regard des tiers.

9 GILLES FERROL, CAUCHE Philippe, DUPREZ Jean- Marie, GADREY Nicole, SIMON Michel, (2004),

Dictionnaire de sociologie, Paris, 3ème

édition, Armand Colin, page 121 10

ARDOUIN Thierry, LACAILLE Sylvain Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation, Unité 4 Conseil

et formation, « Audit et conseil en formation ». 1111

DUBAR Claude, (1991) La socialisation, construction des identités sociales et professionnelles, Armand

Colin, page 113

36

Pour rendre compte de cette instabilité des formes identitaires, cet auteur postule une

dualité de l’identité :

- l’identité pour soi qui résulte d’une dialectique entre l’identité héritée de sa famille

d’origine et l’identité visée (le type d’homme ou de femme que l’on veut être) ;

- l’identité pour autrui qui s’éprouve dans une dialectique entre l’identité

revendiquée et l’identité reconnue (celui que l’on est).

Dans ces conditions également, il est donc préférable de parler de « représentations

sociales » et de « dynamiques identitaires » compte tenu de la transformation rapide et

accélérée des institutions et des rapports de pouvoir qui les structurent. Les « représentations

sociales »12

sont des systèmes d’idées, de pensées, d’interprétations, de croyances,

d’explications, de ‘’savoirs’’, de ‘’visions du monde’’. Elles constituent un cadre à partir

duquel, individus et groupes se définissent eux-mêmes, interprètent les situations auxquelles

ils sont confrontés et leurs relations à autrui. Les représentations sont au cœur des processus

de communication ; elles sont traduites, exprimées, mises en scène, figurées et véhiculées

dans des discours et des images. Elles peuvent assurer la régulation de la communication, ou

constituer un obstacle, ou encore être un vecteur d’influence. Elles ont une fonction de

structuration et de régulation des identités individuelles et collectives et constituent un enjeu

de pouvoir.

La notion de « dynamique identitaire » quant à elle, résulte d’un processus

permanent d’ajustement des identités antérieures et intérieures aux nouvelles formes

identitaires qui sont offertes. On distingue plusieurs types de dynamiques identitaires dont

une « dynamique de différenciation identitaire », une « dynamique de confirmation

identitaire », une « dynamique de préservation identitaire », une « dynamique de flexibilité

identitaire » et une « dynamique de restauration identitaire ». En abordant le concept

d’identité, DUBAR évoque le rôle des représentations sociales dans la dynamique du

développement identitaire, à savoir la négociation des identités, en somme, les stratégies

identitaires.

Le mot-clé « stratégie » est celui qui est mis en exergue dans les nouveaux types

d’analyse sociologique appelée « analyse stratégique » que développent certains auteurs

(Crozier et Friedberg, 1977)13

.

12

BEZILLE. Hélène, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation, Unité 3 Ingénierie pédagogique,

« Adultes en formation », page 42-43. 13

CROZIER Michel, FRIEDBERG Erhardt (1977), L’acteur et le système, les contraintes de l’action

collective, Paris, Editions du Seuil.

37

Il ressort de ces analyses que dans un système d’action, « l’acteur ne choisit pas au

hasard et que ces choix dépendent certes de ses valeurs, mais aussi de la manière dont il

perçoit la situation, et des moyens dont il dispose pour en tirer parti » et que « chaque

acteur, a sa stratégie personnelle, joue son propre jeu dans le système et cherche à

augmenter son pouvoir ainsi qu’à développer l’étendue de la zone placée sous sa

responsabilité ».

La notion de « stratégies identitaires » dans notre recherche est abordée selon le nouveau

type d’analyse sociologique dite « analyse stratégique » qui ressort que dans le cadre des

règles que développe chaque système d’action, les acteurs essaient de mettre en œuvre des

stratégies dont la fin est d’accroître leur influence et que le concept de stratégie permet de

comprendre les régularités de comportement des acteurs.

3.1.5. La notion d’« Acteurs ruraux »

Les termes « acteurs » et « milieu rural » restent au centre du sujet de la recherche,

raison pour laquelle, il est déterminant de les élucider quand nous parlons d’analyse des

besoins de formation pour le renforcement des capacités des populations en milieu rural.

Tout au long de la recherche, la compréhension du mot « acteurs » s’inspirera plus des

concepts des écoles sociologiques. Dans ces écoles, et selon les travaux de Michel Crozier

et Erhard Friedberg relevés dans le cours conduite de projet14

, les « acteurs regroupent les

individus ou les groupes d’individus ayant globalement le même comportement, les mêmes

attitudes face à une situation existante ou face à un changement qui modifie cette

situation ».

La notion de « milieu rural » quant à elle, mérite d’être précisée clairement afin de

bien appréhender son implication par rapport au problème posé. Selon les sources

documentaires de l’OCDE et le Conseil de l’Europe, « le milieu rural englobe l'ensemble de

la population, du territoire et des autres ressources des campagnes, c'est-à-dire des zones

situées en dehors des grands centres urbanisés ».

Au sens des textes réglementaires du Burkina Faso15

, le milieu rural est défini selon

l’organisation de son territoire en collectivités territoriales.

14

POSSOZ Didier, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en Formation, Unité 2 Ingénierie de la formation, «

Gestion de projet et démarche qualité », page 54 15

Assemblée Nationale du Burkina Faso, 2004, Code général des collectivités territoriales du Burkina Faso.

38

Ainsi, le code général des collectivités territoriales du Burkina Faso en son article

17, dit que « la commune est la collectivité territoriale de base ». En son article 27, il fait

allusion au milieu rural en disant que « la commune rurale est un regroupement de villages

qui a une population d’au moins 5 000 habitants et dont les activités économiques

permettent de générer des ressources budgétaires propres annuelles d’au moins cinq millions

(5 000 000) de francs CFA ».

Nous comprenons dans la recherche, la notion de « milieu rural » dans sa nature

villageoise, ses limitations du peuplement et de capacité de génération des ressources

financières dans le contexte de la Décentralisation burkinabè.

3.1.6. Le concept de « Motivation »

Selon les théories développées par les psychologues, et cité par Hervé DAGUET de

l’Université de Rouen, dans son cours sur la psychologie des apprentissages16

, le terme de

motivation est relativement récent dans le champ de la psychologie, il n’est en effet apparu

dans ce dernier, qu’au cours de la seconde moitié du 20ième

siècle. Le concept est assez

complexe à appréhender. Les premières recherches sont dues au courant behavioriste. Elles

mettent en avant l’explication d’un comportement qui est lié en quelque sorte, à un

apprentissage antérieur. Un des premiers concepts à l’origine de la réflexion autour du

concept est celui de « drive ». Le drive peut être considéré comme une énergie ou encore

une dynamique qui pousse un organisme à adopter tel ou tel comportement (Woodworth,

1918). Il devient alors possible aux psychologues de prédire la direction que va prendre un

comportement en fonction de cette énergie qui émane de l’organisme et qui peut alors être

considérée comme une variable expérimentale.

Dans le domaine de la psychologie expérimentale, la motivation peut intervenir à

deux niveaux distincts (Reuchlin, 1977) : Le premier niveau, celui du renforcement

primaire, permet d’expliquer les théories behavioristes de l’apprentissage ; le second niveau,

le renforcement secondaire concerne les aspects psychologiques de la motivation ; en

d’autres termes, il est lié à ce que l’on sait déjà de ce que l’on va devoir apprendre et

pourquoi on doit le faire.

16

DAGUET Hervé, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation, Unité 3 Ingénierie pédagogique, «

Psychologie des apprentissages » page 28

39

De même, comme l’indiquent Wallerand et Thill (1993) « le concept de motivation

représente le construit hypothétique utilisé afin de décrire les forces internes et/ou externes

produisant le déclenchement, la direction, l’intensité et la persistance du comportement »

(Fenouillet, 2003).

On note dans cette définition, que la motivation peut être liée soit à des facteurs

internes, l’individu lui-même, soit externes, au monde dans lequel il vit. Deux notions de la

motivation se dégagent dans ces conditions :

- la motivation intrinsèque est le fait de participer à une activité pour le plaisir et/ou

la satisfaction que l’on en retire pendant la pratique de celle-ci (Wallerand et Sénecal,

1992).

- la motivation extrinsèque est le fait que la motivation soit régulée de façon externe,

le processus est alors lié à un stimulus externe, une récompense, une sanction ou des causes

non rationnelles (la chance, la destinée….).

Dans le contexte de notre recherche, la dimension du second niveau de motivation à savoir

le renforcement secondaire, développé par les auteurs de la psychologie expérimentale est le

courant de pensée qui accompagne notre travail. Il s’intéresse plus aux aspects

psychologiques de la motivation des acteurs ruraux quand nous nous posons des questions

sur les motivations réelles qui sous-tendent leurs besoins de formation.

Les éclairages théoriques que nous avons développés ont permis d’élucider plusieurs

aspects théoriques de notre recherche dont ceux des stratégies des acteurs ruraux et des

motivations au centre du processus d’analyse des besoins de formation dans le cadre du

renforcement des capacités. Selon nos investigations lors du diagnostic des méthodes

d’identification des besoins de formation dans la province des Banwa, il existe une relation

étroite entre les stratégies identitaires développées par les acteurs ruraux et leurs besoins

individuels. Cette situation a vraisemblablement une influence sur le processus d’analyse

des besoins de formation et explique en grande partie le fait que ce soit toujours les mêmes

besoins qui sont sollicités dans le milieu rural et par les mêmes acteurs.

Notre étude a permis d’appréhender la question sur la base des éléments issus

essentiellement de l’observation sur le terrain et qui nous amène à nous interroger sur les

raisons de l’invariabilité des besoins de formation des acteurs à leur analyse ainsi que les

motivations qui la sous-tendent. Les hypothèses et les variables qui suivent ont fait l’objet

de nos analyses au cours de la recherche.

40

3.2. HYPOTHESES DE RECHERCHE : VARIABLES ET INDICATEURS

3.2.1. Les hypothèses de recherche

Afin de recentrer le champ de la recherche, les deux hypothèses suivantes sont

proposées :

Hypothèse 1 : La non variabilité des besoins de formation des acteurs ruraux dans la

province des Banwa est due au fait que l’analyse des besoins est sous-tendue par les

stratégies identitaires mises en œuvre par les individus au sein de leurs organisations.

Hypothèse 2 : L’expression sans variation des mêmes besoins de formation par les

acteurs ruraux, est favorisée par la nature des modes d’analyse des besoins en cours dans la

province des Banwa.

3.2.2. Les variables et indicateurs de la recherche

3.2.2.1. Les stratégies identitaires

Cette variable est analysée dans ses dimensions socioculturelle, économique et

politico institutionnelle.

Dimension socioculturelle : Elle analyse le comportement des indicateurs suivants, à

savoir (1) Les statuts socioculturels des acteurs, (2) Le monopole du capital technique par

les acteurs, et (3) Le niveau d’utilisation des savoirs et savoir-faire par les acteurs.

Dimension économique : Cette dimension analyse les facteurs économiques qui

motivent les stratégies des acteurs.

Les indicateurs suivants sont concernés (1) L’importance des prises en charge

(perdiems) comme sources de revenus monétaires motivant des acteurs lors des sessions de

formation, (2) La place des équipements de travail dans l’accompagnement des formations

et leur importance pour les producteurs (3) Le bénéfice des financements éventuels.

Dimension politico institutionnelle : Cette dimension analyse les facteurs politico-

institutionnels qui motivent les stratégies, le positionnement des d’acteurs, notamment la

quête de la reconnaissance des acteurs institutionnels, la notoriété publique, la manipulation

du processus d’identification des besoins de formation.

41

Les indicateurs sont définis en termes de (1) Type de manifestation d’intérêts dans la

mise en œuvre des procédures de désignation des bénéficiaires de formation dans les

organisations, (2) Type de manifestation d’intérêts dans la mise en œuvre des modes et

mécanismes de prises de décision dans les groupes.

3.2.2.2. La nature des modes d’analyse des besoins de formation

Cette variable sera analysée dans ses dimensions technique et institutionnelle.

Dimension technique : Elle analyse les indicateurs suivants : (1) Les méthodes de

mise en œuvre, (2) Le contenu des formations et (3) Le dispositif de mise en œuvre.

Dimension institutionnelle : Sont analysés dans cette dimension, les indicateurs tels

que : (1) La place des acteurs institutionnels impliqués, (2) Le processus et les procédures

de financement et d’accompagnement des actions de développement.

3.3. APPROCHE THEORIQUE ET CADRE D’ANALYSE

Deux postulats essentiels ont présidé l’élaboration des hypothèses de la recherche :

1. Le premier considère l’acteur, c’est -à- dire l’individu avec ses différents attributs

sociaux, politiques et économiques, comme le moteur du changement généré à la base dans

les activités de développement dont la formation. L’acteur est au-devant de la scène des

modes d’analyse des besoins de formation dans le processus de développement local. Il a la

capacité d’interférer sur le déroulement des processus locaux et d’adopter une attitude face à

une situation existante ou face à un changement qui modifie cette situation ; c’est à la

question des enjeux qu’il s’identifie, c’est-à-dire ce qu’il « peut gagner ou perdre dans la

situation ou le changement ». Cette définition s’inspire de Michel Crozier qui, dans la

théorie « actionniste et stratégique des organisations » explique que « l’acteur obéit à des

mobiles, à des motifs, poursuit une fin qu’il s’est préalablement fixée, compte tenu des

objectifs organisationnels et des visées propres17

».

2. Le second postulat s’inscrit dans la logique du premier et considère le concept de

stratégie de façon générale. Le concept de stratégie s’inspire de l’analyse sociologique dans

la théorie de la « rationalité limitée » et appelé « analyse stratégique » (Crozier et

Friedberg, 1977).

1177

CROZIER Michel, (1963), Le phénomène bureaucratique, Paris, Editions du Seuil, cité dans le cours de

Master 2 Ingénierie et conseil en Formation, Unité 4« Sociologie des organisations, Sociologie des

organisations », page 12

42

Dans cette analyse, le concept de stratégie permet de comprendre les « régularités de

comportement des acteurs ». Il s’explique par le fait que « l’acteur ne choisit pas au hasard ;

Ses choix dépendent certes de ses valeurs, mais aussi de la manière dont il perçoit la

situation, et des moyens dont il dispose pour en tirer parti. Chaque acteur a, sa stratégie

personnelle, joue son propre jeu dans le cadre de système d’actions dont il fait partie et

cherche à augmenter son pouvoir, ainsi qu’à développer l’étendue de la zone placée sous sa

responsabilité ».

Les modèles d’analyse de la recherche s’articulent autour des postulats ayant présidé

l’élaboration des hypothèses et particulièrement la nature des deux variables essentielles

qu’il invoque et qui sont mises en relation : les concepts de « stratégies identitaires » et de

« nature des modes d’analyse des besoins de formation ». Dans une situation donnée telle

qu’un système d’action dans le cas de notre recherche, le comportement des acteurs est

stratégique ; ils cherchent à résoudre les problèmes qui se posent à eux au mieux de leurs

intérêts, c’est-à-dire à maximiser les avantages et à minimiser les inconvénients. Chaque

situation est source d’enjeux, de gains ou de pertes possibles pour chaque acteur. Pour tirer

le meilleur profit de la situation, les acteurs utilisent les ressources dont ils disposent ; ils

cherchent à profiter de leurs atouts et leurs pouvoirs d’action et à limiter leurs handicaps et

leurs points de vulnérabilité. Ils mettent en œuvre une stratégie d’action à travers des

comportements cohérents dans la logique propre à chaque acteur. L’ensemble de ces

comportements des acteurs produit des effets sur la situation, conformes ou non aux

résultats prévus ou attendus. La connaissance et la prise en compte des différentes logiques

des acteurs (enjeux et stratégies) facilitent le fonctionnement du système d’action.

Pour opérationnaliser la recherche, les deux variables qui sous-tendent les

hypothèses de la recherche ont été analysées dans leurs dimensions diverses et les

indicateurs définis. Les figures N° 4 (inspirée du modèle - outil des enjeux et stratégies de

CROZIER et MORIN) et la figure N° 5 (inspirée du modèle –outil de l’analyse de processus

de HALLE Jacques) 18

ci-après représentent les modèles d’analyse conceptuelle de la

recherche :

18 SIMONET Jean, BOUCHEZ Jean Pierre, PELADE Joël, GILBERT Patrick (2004), Le conseil, le livre du

consultant et du client, Editions d’organisation, Paris, page 300

43

Figure 4 : Cadre d’analyse 1 : Représentation du modèle d’analyse conceptuel des enjeux et stratégies des acteurs (inspiré du modèle -

outil des enjeux et stratégies de CROZIER et MORIN)

CONCLUSIONS DES ANALYSES

SYSTEME D’ACTION OU D’ORGANISATION

STRATEGIE S DES ACTEURS

Enjeux Ressources

Gains Coûts Atouts Handicaps

Analyse des besoins de formation des acteurs

Politico institutionnelle

Economique

Socioculturelle

DIMENSIONS INDICATEURS

Hypothèse 1

RESULTATS

44

Modes d’analyse des besoins de formation

des acteurs

DIMENSIONS

Dimension technique

Dimension institutionnelle

PROCESSUS

Centre de

décision

Activités Activités

Activités Activités

Acteurs

Acteurs

Acteurs

Acteurs

Hypothèse 2

FO

RC

ES

FA

IBL

ES

SE

S

Figure 5 : Cadre d’analyse 2 : Représentation du modèle d’analyse conceptuel des

modes d’analyse des besoins des acteurs (inspiré du modèle - outil d’analyse de

processus de HALLE)

Observations : Ce modèle d’analyse conceptuel des modes d’analyse des besoins de formation s’appuie sur le

modèle d’analyse de processus formalisé sous la forme de diagramme d’activités ou des fonctions qui les

mettent en œuvre.

La mise à plat du processus permet un travail de représentation visuel et de

description des processus mis en œuvre par les acteurs. Elle permet sur la base des

informations reçues, de ressortir les forces et faiblesses des composantes du processus et de

préconiser un travail d’amélioration ou de suivi en tenant compte des dimensions de la

recherche.

45

IIVV.. MMEETTHHOODDEESS EETT TTEECCHHNNIIQQUUEESS DDEE RREECCHHEERRCCHHEE MMIISSEESS EENN ŒŒUUVVRREE ––

LLIIMMIITTEESS EETT CCOONNTTRRAAIINNTTEESS

4.1. METHODOLOGIE DE COLLECTE DES DONNEES

4.1.1. Le choix d’une méthodologie de recherche : la méthode qualitative

Les polémiques entre méthodes de recherche quantitatives et qualitatives tendent à

s’effacer aujourd’hui pour donner place à leur complémentarité19

. Dans le cadre de la

recherche, la méthode qualitative est celle qui a été privilégiée puisque l’analyse des

données concerne surtout celle du discours et du contenu. En outre, le sujet de la recherche

vise à étudier et à comprendre des phénomènes assez complexes dont les logiques

individuelles et collectives qui sous-tendent les modes d’analyse des besoins de formation

d’acteurs ruraux. Cette méthode a le privilège de favoriser des enquêtes en profondeur

d’échantillons restreints d’acteurs et une analyse du discours favorisant la recherche de

signification des énoncés, au cas par cas et par approche comparative. Elle a été enrichie par

les données quantitatives recueillies à travers les enquêtes auprès des producteurs

individuels et dans les rapports des partenaires techniques intervenant dans la province.

4.1.2. Les techniques et instruments de mise en œuvre

La principale technique mise en œuvre a consisté en l’observation indirecte, à travers

l’enquête par entretiens semi-directifs à partir des questionnaires à l’adresse des producteurs

individuels et des organisations de producteurs (‘’focus group’’). Un guide d’entretien

spécifique a été conçu pour les partenaires d’appui dans la province.

La technique de mise en oeuvre a été précédée d’un entretien exploratoire auprès de

personnes ressources dans la province et complétée par le recueil des données de l’analyse

documentaire.

19

BEZILLE Hélène, TRANCART Danièle Cours DESS Ingénierie de la Formation, Unité 5 Méthodologie,

« Approches méthodologiques ».

46

Selon le « Manuel de recherche en sciences sociales » (Raymond Quivy et Luc Van

Campenhoudt, 1995), l’entretien exploratoire est une technique flexible qui permet de

mettre en lumière les aspects du phénomène étudié auxquels le chercheur n’aurait pas pensé

spontanément lui-même. Les interlocuteurs recommandés pour ce genre d’entretien sont des

témoins privilégiés. Il s’agit de personnes qui par leur position, leurs actions ou leurs

responsabilités, ont une bonne connaissance du problème. L’entretien par questionnaire

quant à lui, est le meilleur moyen pour recueillir l’avis des individus sur des questions

précises. Il s’adresse à une population bien ciblée et garantit de bons résultats à des coûts

modestes ; il permet d’obtenir des renseignements en face à face, individuellement ou en

petits groupes, en recourant à une série de questions générales pour guider les conversations

mais en laissant la possibilité d'ajouter d'autres questions qui pourraient surgir de la

discussion. Du point de vue du suivi de la suite à donner aux informations collectées, les

entretiens semi - directifs sont importants pour parvenir à une compréhension approfondie

des questions qualitatives en particulier. La parole étant libre (bien que guidée par une série

de questions), ces entretiens sont utiles pour évaluer, par exemple, les répercussions qui

n'avaient pas été prévues (positives ou négatives), les opinions concernant la pertinence et la

qualité des contenus des formations des acteurs de la province.

En tenant compte de ces éléments de base théoriques et à partir des orientations

issues des entretiens exploratoires, nous avons élaboré et utilisé cinq outils pour les

investigations auprès des acteurs. Ce sont :

- un guide d’orientation des principales questions à administrer aux acteurs ;

- un questionnaire pour les producteurs individuels (agriculteurs, éleveurs, artisans,

maraîchers, chasseurs…) ;

- un guide d’entretien pour les organisations de producteurs (groupements de

producteurs de coton, d’éleveurs, de femmes, d’artisans, de jeunes etc.) ;

- un guide d’entretien pour les partenaires qui encadrent les groupes-cibles (services

techniques, projets ou programmes, ONG…) ;

- une grille de lecture pour la collecte de données documentaires.

Les annexes N°7 et N°8 présentent respectivement le contenu de notre méthodologie

d’ensemble dans le cadre de notre chantier et le guide d’orientation des outils de collecte des

données auprès des acteurs dans le cadre de la recherche.

47

En vue d’optimiser la précision dans le recueil et l’exploitation des informations, la

plupart des entretiens en face à face avec les acteurs notamment les producteurs individuels

ont été enregistrés sur support audio en plus de leur transcription à l’écrit. Les difficultés de

faire accepter l’enregistrement de leurs propos à certains partenaires d’appui constituent des

limites que nous avons connues sur le terrain à la collecte exhaustive de leurs opinions.

4.1.3. Le champ d’application

Le champ d’application du travail de collecte des données concerne aussi bien la

zone d’investigation, les acteurs ciblés que les informations pertinentes utiles à la

confrontation des hypothèses répondant à la problématique de la recherche.

4.1.3.1. La zone d’investigation et les acteurs ciblés

La collecte des données a été circonscrite à cinq communes sur six que compte la

province des Banwa ; l’état des routes d’accès à une des communes ne permettait pas

d’accéder aux gros villages abritant les groupes organisés de producteurs que nous voulons

toucher. Les principaux acteurs ciblés sont ceux qui sont parties prenantes aux activités

intéressant la recherche à savoir, l’analyse des besoins de formations des acteurs ruraux

dans la province. Les critères prépondérants (variables stratégiques) ayant présidé le choix

des acteurs sont :

- la diversité des profils des individus suivant les activités qu’ils mènent pour les

entretiens individuels ;

- la diversité des catégories des groupements de producteurs selon les secteurs

d’activités pour les entretiens de groupe ;

- l’expérience dans la province ainsi que leur domaine d’intervention pour la

sélection des partenaires d’appui et d’encadrement des producteurs.

A partir donc de ces critères, nous avons défini un échantillon raisonné d’acteurs à

interviewer. Cet échantillon se présente comme suit :

- 20 producteurs individuels des organisations de producteurs locaux prenant en

compte la diversité de leurs activités. Cette base de sondage paraît limitée ;

cependant elle est tout à fait justifiée du fait de l’importance accordée à la diversité

d’origine d’appartenance associative des protagonistes et de la nature purement

qualitative de la recherche ;

48

- 16 organisations de producteurs selon leur secteur d’activités et leur positionnement

dans la province (commune) ; ces choix prennent toutefois en considération la

nécessité de faire s’exprimer deux groupements différents au moins par secteur de

production afin de mieux appréhender les spécificités objectives par secteur ;

- les services techniques, ONG et projets installés dans la province des Banwa et

accompagnant les producteurs dans le domaine de la formation, dont le nombre total

ne dépasse pas dix (10).

4.1.3. 2. Les informations utiles à la confrontation des hypothèses

L’un des résultats attendus du travail de collecte des données est le recueil des

informations utiles à la confrontation des hypothèses répondant à la problématique de la

recherche. En rappel, deux hypothèses ont été posées et des variables et indicateurs

d’analyse ont été identifiés pour traiter de la problématique (point 3.2.). Les informations

que nous avons recueillies sont celles en relation avec les variables d’analyse permettant de

comprendre les raisons de la non-variabilité des besoins de formation des acteurs ruraux

dans la province des Banwa à leur analyse et, de valider ou pas les deux hypothèses de

recherche. De façon opérationnelle, il s’agit :

- des informations sur les enjeux (gains et coûts) et les ressources (atouts et

handicaps) des acteurs ruraux de la province dans leurs dimensions socioculturelle,

économique et politico institutionnelle à travers les indicateurs de mesure pré-établis (point

3.2.2) et pouvant expliquer les stratégies d’acteurs qui sous-tendent l’analyse de leurs

besoins de formation (hypothèse 1) ;

- des informations sur les processus d’analyse des besoins de formation des acteurs

dans leur dimension technique et institutionnelle à travers également les indicateurs de

mesure préétablis, pouvant renseigner sur l’influence des modes d’analyse des besoins sur

l’expression sans variation des mêmes besoins de formation par les acteurs ruraux

(Hypothèse 2).

La figure N°5 qui suit, relate de façon schématique, la représentation des

informations pertinentes à analyser dans le cadre du travail de traitement des données. Il

s’inspire du modèle conceptuel d’analyse générale proposé dans le mémoire de COUPAU

Laurent sous la direction de HEBRARD Pierre de l’Université de Montpellier. 20

20

COUPAU Laurent (2005), Etude de l’influence des politiques régionales de formation sur la

professionnalisation des organismes de formation en insertion d’Aquitaine, Mémoire de Master Pro Ingénierie

et Conseil en formation de l’Université de Rouen, page 56.

49

Figure 4

Figure 6 : Schéma d’ensemble du modèle d’analyse conceptuel des hypothèses de la recherche

Cadre d’analyse 2

Cadre d’analyse 1

Problématique

Dans la province des

Banwa, quelles sont les

raisons pour lesquelles

à l’analyse, les besoins

de formation des

acteurs ruraux dans le

cadre du renforcement

de leurs capacités, ne

varient pas ?

Hypothèses

La non variabilité des besoins

de formation des acteurs ruraux

dans la province des Banwa est

due au fait que l’analyse des

besoins est sous-tendue par les

stratégies identitaires mises en

œuvre par les individus au sein

de leurs organisations.

L’expression sans variation des

mêmes besoins de formation par

les acteurs ruraux, est favorisée

par la nature des modes

d’analyse des besoins en cours

dans la province des Banwa.

RAISONS

Variables

Concepts

Stratégies

identitaires

Nature des

modes

d’analyse des

besoins

Dimension

Indicateurs

Dimension socioculturelle

Dimension économique

Dimension technique

Dimension institutionnelle

Dimension politico

institutionnelle

50

4.2. METHODOLOGIE DE TRAITEMENT ET D’ANALYSE DES DONNEES

Quelques points de repère nous ont guidé tout au long du traitement des données

collectées et de l’analyse du contenu des informations recueillies. Ce sont d’une part, les

expériences dans le traitement des données d’études diverses dans le cadre professionnel et

les lectures d’écrits documentaires sur les méthodologies quantitatives et qualitatives de

recherche en sciences sociales.

4.2.1. La démarche de traitement des données

Aussi bien dans nos expériences pratiques que dans l’exploitation documentaire

relatives au traitement de données, la finalité est de trouver des réponses à la question de

recherche posée à partir de celles données aux questions relatives aux dimensions et

indicateurs de la recherche. Dans notre recherche, la question est donc de savoir « Comment

faut-il traiter ces réponses–informations 21

» pour confirmer ou infirmer les hypothèses de

recherche. C’est à cela, que nous nous sommes investis à travers les étapes suivantes :

4.2.1.1. Le dépouillement des données collectées

Il s’est agi pour nous de procéder à un regroupement des informations par thème ou

par groupe de thèmes abordés selon les différentes variables de la recherche, leur dimension

et les indicateurs de mesure. Ce travail préliminaire a été réalisé à partir de grilles d’analyse

des questionnaires d’entretien des producteurs individuels et des organisations de

producteurs interviewés dont les détails sont présentés dans le guide d’orientation des

questions présenté à l’annexe N°8

4.2.1.2. Le traitement des données collectées

Le traitement des données a consisté en la retranscription partielle des propos suivant

les thèmes et groupe de thèmes et selon les variables et dimensions pour donner plus

d’importance à leur sens dans le contexte de la recherche.

21

QUIVY Raymond et VAN CAMPENHOUT Luc (1995), Manuel de recherche en sciences sociales, Paris,

2ème

édition, DUNOD, page 214.

51

Ce travail a été effectué à partir des grilles d’analyse des fiches d’enquêtes, des notes

de synthèses des entrevues, la création de tables de données sur le logiciel Access pour la

saisie et le traitement des informations quantitatives indiquées dans les questionnaires

élaborés et utilisés.

4.2.2. L’analyse du contenu des informations recueillies

La méthode d’analyse que nous avons utilisée est celle de l’analyse ‘’thématique’’.

Cette méthode a l’avantage de s’adapter au contexte de notre recherche et permet

d’interpréter les énoncés en se basant sur les cadres d’analyse que nous avons élaborés

(figures N° 4 et 5, point 3.3). Elle a permis également de passer en revue l’ensemble des

entretiens individuels ou de groupes suivant les différentes dimensions qui sous-tendent les

variables de notre recherche, de comparer les résultats, de dégager les tendances et de tirer

les conclusions pour confronter nos hypothèses de départ.

4.3. LIMITES ET CONTRAINTES RENCONTREES

Nous avons noté quelques contraintes et limites lors de notre travail d’investigation.

4.3.1. L’indisponibilité de certains acteurs

Les contacts avec les personnes ressources des directions provinciales sur le terrain

ont été parfois sommaires (pour cause de déplacement, d’autres nouvellement affectés dans

les services) ; leurs points de vue auraient certainement permis une moisson plus riche des

entretiens réalisés ; la mobilisation difficile de certains producteurs très occupés par les

préparatifs des travaux champêtres n’a pas permis de réaliser pleinement les ‘’focus group’’

que nous avions prévus. Néanmoins, des dispositions ont été initiées sur le terrain de façon à

assurer la qualité de la participation du public-cible disponible.

4.3.2. Les difficultés de traduction du contenu du discours des acteurs

La nécessité de traduire au pif les questions en langue locale n’a pas toujours eu

l’avantage d’assurer une bonne compréhension de celles-ci par les auditeurs, d’où de

multiples répétitions et des tergiversations sur certains aspects de la recherche.

52

La traduction du discours recueilli à l’issue des entretiens a nécessité des efforts

particuliers pour tirer le maximum d’informations relatives aux questions posées au cours de

leur traitement.

4.3.3. L’insuffisance des données de la revue documentaire

Une des limites importantes de la recherche concerne l’insuffisance voire

l’inexistence de données sur les formations réalisées sur plusieurs années. Dans la plupart

des structures d’appui des acteurs locaux, se pose un véritable problème de capitalisation et

d’archivage des données. Ceci se justifie dans certains cas par la non-pérennité de certaines

structures dans la province (projets/programmes). Dans d’autres cas, même si les structures

sont pérennes (services étatiques), elles ne disposent pas ou ne développent pas les

mécanismes nécessaires à une meilleure capitalisation des données.

53

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES RESULTATS

54

II.. CCAARRAACCTTEERRIISSTTIIQQUUEESS DDEESS AACCTTEEUURRSS RREENNCCOONNTTRREESS

1.1. ACTEURS RURAUX : DEMANDEURS ET BENEFICIAIRES DES ACTIONS DE FORMATION

1.1.1. Situation des populations étudiées

Selon les données de diagnostic recueillies et relatées dans le chapitre sur le contexte

spécifique de la zone de l’étude, la province des Banwa est l’une des localités « rurales »

du Burkina Faso au sens de nos éclairages théoriques, définie selon « l’organisation de son

territoire en collectivités locales et compris dans sa nature villageoise, ses limitations du

peuplement et de capacité de génération de ressources financières dans le contexte de la

décentralisation ». Les populations dans la province des Banwa sont fortement organisées.

Elles bénéficient d’appuis des partenaires d’encadrement dans le domaine du renforcement

des capacités (institutionnel et organisationnel, infrastructurel etc.) en général et dans le

domaine de la formation (technique et organisationnelle …) de façon spécifique.

Ce constat est manifeste à travers l’analyse des résultats des enquêtes sur les statuts

des producteurs enquêtés dont les synthèses sont données dans le tableau suivant :

Tableau N° 4 : Synthèse des données sur les statuts des producteurs enquêtés

Acteurs Domaine d’activités Adhérent

groupe

Bénéficiaire

de

formation

Alphabétisé

langue locale

Scolarisé

(niveau)

A E M C Arb Art Co Aut 1 2 3 4 5 6 I II III IV V

Producteurs

enquêtés %

37,5 15,63 3,13 18 ,75 0 9,38 9,38 6,25 100 0 75 25 52,63 47,37 5 45 35 0 15

Source : Enquête de terrain dans la Province des Banwa, mai 2007

Nomenclature utilisée : Domaine d’activités : A : Agriculture ; E : Elevage ; M : Maraîchage ; C : Culture de

coton ; Arb : Arboriculture ; Art : Artisanat ; Co : Commerce ; Aut : Autres. Adhérent à un groupement : 1 :

Adhérent ; 2 : Non adhérent ; Bénéficiaire de formation : 3 : Bénéficiaire ; 4 : Non bénéficiaire.

Niveau alphabétisé en langue locale : 5 : Alphabétisé ; 6 : Non alphabétisé. Niveau scolarisé : I : non formelle;

II : Primaire ; III : Secondaire ; IV : Supérieur ; V : Non Scolarisé.

55

Les données analysées sur les niveaux de scolarisation et d’alphabétisation des

producteurs touchés ne concernent qu’un échantillon réduit d’acteurs. Elles ne reflètent pas

la réalité des acteurs dans la province des Banwa dont le taux d’alphabétisation, s’établit à

environ 29,68% selon le Rapport mondial sur le DHD 2003 du PNUD.

Nous avons été contraint dans la pratique de prendre en compte dans le choix des

acteurs à enquêter, le critère « capacité à lire ou écrire » pour disposer d’informations

qualitatives dans le cadre de la recherche.

1.1.2. Importance et rôle des acteurs ruraux dans l’analyse des besoins de

formation

Les constats issus des analyses précédentes imposent l’introspection sur l’importance

et le rôle des acteurs dans les processus d’analyse des besoins de formation pour

comprendre les jeux d’intérêts qui sont abordés dans le cadre de la recherche. Le diagnostic

des méthodes d’identification des besoins de formation (point 1.3.2, tableau 1), situe sur le

rôle des acteurs ruraux dans les processus d’analyse des besoins. De l’approche descendante

des méthodes d’identification des besoins dite ‘’Top down’’ à celle dite « Participative », les

organisations de producteurs enquêtées en ont une perception. L’importance des acteurs se

trouve dans le rôle d’interface qu’assurent les responsables des organisations ou leurs

faîtières entre les partenaires d’appui et d’encadrement et leurs membres. Ils participent

selon la démarche méthodologique de chaque partenaire, à l’analyse des besoins et la mise

en œuvre des actions de formation. Entre responsabilisation et participation, ces

responsables ont leur mot à dire car ils sont au centre des actions de formation envisagées.

Cette observation interroge la question principale suivante : Qui sont les bénéficiaires

réels des formations ? Les leaders d’opinion ou les personnes les plus « éclairées22

’» ? Ceci

laisse penser aux jeux d’intérêts et stratégies des acteurs dont l’analyse permettra de

répondre aux questions soulevées.

2222

AActeurs les plus cultivés ou ayant un bon niveau scolaire dans le milieu

56

1.2. ACTEURS DE L’APPUI-CONSEIL ET DU FINANCEMENT DE LA FORMATION DANS LA

PROVINCE DES BANWA

Nous avons choisi d’aller à la rencontre de deux groupes d’acteurs : ceux qui sont

bénéficiaires des formations dans la province des Banwa, c’est-à-dire les producteurs et

leurs organisations et ceux qui assurent l’appui-conseil et le financement des formations à

leur profit. Les partenaires d’appui et d’encadrement sont les acteurs de l’appui-conseil et

du financement des formations. Dix partenaires dont cinq services techniques de l’Etat et

cinq partenaires de projets et ONG ont été touchés par nos enquêtes.

Il s’agissait à travers les investigations de recueillir les informations sur leurs

expériences en matière d’appui à la formation des acteurs ruraux ainsi que les données

capitalisées y afférentes. La plupart des services techniques de l’Etat rencontrés, assurent

l’encadrement technique des acteurs ruraux selon leur secteur d’activités. Ils réalisent des

appuis directs en matière de formation de concert avec les autres partenaires au

développement et promeuvent les politiques sectorielles de l’Etat dans la province.

Les cinq autres partenaires d’appui et d’encadrement des producteurs, à savoir les

projets et ONG, constituent ceux qui assurent la plupart des financements des activités dans

le domaine du renforcement des capacités des acteurs ruraux en général et de la formation

en particulier. Chaque partenaire a ses domaines d’intervention et ses propres méthodes

qu’il met en œuvre.

Le tableau de l’annexe N°9 ressort le niveau d’implication des parties prenantes dans

l’identification des besoins de formation selon les projets touchés. Les données détaillées y

relatives ont permis d’examiner dans leur ensemble les rôles joués par chaque acteur dans

les processus diagnostiqués et d’apprécier les modes d’analyse des besoins de formation par

les parties prenantes.

57

IIII.. LLEESS MMOODDEESS DD’’AANNAALLYYSSEE DDEESS BBEESSOOIINNSS DDEE FFOORRMMAATTIIOONN

2.1. UNE DEMARCHE D’INGENIERIE MITIGEE

2.1.1. Processus impliquant les acteurs ruraux

La question des rapports entre les modes d’analyse des besoins de formation et leur

invariabilité (hypothèse 2 de la recherche), mérite un examen des processus mis en œuvre.

L’analyse des besoins de formation, expression d’une démarche d’ingénierie « doit

rechercher à être la plus complète possible dans une approche systémique23

».

Elle est une étape essentielle dans la réussite d’une démarche comme c’est le cas

qu’il conviendrait de l’appréhender dans notre recherche. L’étape de l’analyse des besoins

de formation se caractérise dans la zone de l’étude par une diversité de démarches mises en

œuvre selon chaque partenaire assurant l’appui et l’encadrement des acteurs ruraux. Certes,

elle se réfère à différentes méthodes qui se coupent et se complètent mais, elles se donnent

comme principe de base l’implication des acteurs ruraux.

Nous avons tenté de reconstituer ces processus dans la figure ci-après à partir des

contenus des approches diagnostiquées au cours de nos investigations auprès des partenaires

d’appui et d’encadrement.

23

ARDOUIN Thierry, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en Formation, Unité 2 Démarche d’ingénierie de la

formation, « Démarche ingénierie de la formation ».

58

Figure 7 : Processus d’analyse des besoins de formation des acteurs ruraux

Des propos recueillis auprès de certains partenaires d’appui, les acteurs ruraux

participent aux différentes étapes de l’analyse des besoins de formation dont les plus

importantes se déclinent comme suit :

- l’identification des besoins de formation des acteurs ruraux ;

- la planification concertée des besoins prioritaires ;

- le montage des dossiers de projets de formation ;

- l’agrément des dossiers à travers les instances organisées des acteurs ruraux.

2.1.2. Expression des besoins de formation ou imposition des besoins de

formation ?

L’enquête auprès de notre échantillon de producteurs individuels ressort une autre

perception de la situation. De leurs avis, ce sont les partenaires d’appui et d’encadrement

qui décident des besoins de formation des acteurs. Ceci interroge la question de savoir si

l’on parle d’expression de besoins de formation ou d’imposition de besoins de formation ?

Le tableau des résultats suite aux réponses sur la question « comment se fait

l’expression des besoins de formation ? » se présente comme suit :

ANALYSE DES BESOINS DE FORMATION

Partenaires d’appui

2. Planification des besoins

1. Identification des besoins

Acteurs ruraux

4. Agrément du dossier

Acteurs ruraux

Acteurs ruraux

3. Montage de dossier de formation

Acteurs ruraux

DIM

EN

SIO

N T

EC

HN

IQU

E E

T

INS

TIT

UT

ION

NE

LL

E

59

Tableau N° 5 : Analyse des modes d’expression des besoins de formation des acteurs

Mode d'expression des besoins de formation Nb réponses %

Ce sont nos partenaires qui décident des formations 18 46,15%

Après un travail de diagnostic concerté au sein de notre

organisation 9 23,08%

Après un travail de diagnostic concerté au sein de notre

organisation sous l'impulsion d'un projet ou ONG8 20,51%

Chacun choisit ce qu’il veut faire et nous les proposons

à un partenaire 3 7,69%

Par les responsables de notre organisation 1 2,56%

Total 39 100,00%

L’analyse des résultats montre que plutôt que de parler d’une approche participative

dans l’expression des besoins de formation telle que affirmée dans les propos des

partenaires d’appui, il s’agit selon les producteurs enquêtés plus d’une approche à

dominance descendante. La participation des acteurs ruraux apparaît comme une

« simulacre » comme ce témoignage recueilli auprès d’un producteur enquêté :

« Nous suivons ce que disent les partenaires puisque de toute façon, ce sont eux qui

financent la formation »

2.1.3. Les limites de l’approche dite « participative »

Les limites d’une telle approche reste au centre des préoccupations des partenaires et

pose toute la problématique des approches participatives promues à travers les stratégies et

politiques nationales. Elles expliquent l’influence des décisions des acteurs ruraux à travers

leurs instances et par leurs avis motivés sur les projets de formation.

Ceci se traduit par le témoignage de ce responsable de projet :

« Si nous intervenons pour donner notre désaccord à un projet agréé par les acteurs

ruraux, c’est comme si nous remettons en cause la démarche et la philosophie

d’intervention de notre projet ; Intervenir bien avant au moment de la planification des

besoins pour empêcher la remontée de projets non pertinents, suppose que nous ne laissons

pas toute la latitude aux populations d’exprimer ce qu’elles attendent de nous. Alors que

faire, c’est aussi ça l’approche participative dans notre milieu avec ses insuffisances ».

60

Pourtant, cette assertion semble être en contradiction avec celle des producteurs

enquêtés. Tout comme pour les thèmes de formation qui sont décidés par les partenaires, le

public-cible y est également ; ce qui donne plus de poids à l’impression chez les producteurs

que ce sont les partenaires qui décident des formations. Cette vision est partagée à travers

les analyses des informations recueillies sur les procédures de sélection des bénéficiaires de

formation et résumées dans le tableau ci-dessous :

Tableau N° 6 : Analyse des procédures de sélection des bénéficiaires de formation

Procédure de selection des bénéficiaires de

formation

Nb réponses %

Décidé par mon groupement/association 15 42,86%

Décidé par un projet local 11 31,43%

Décidé par une ONG locale 5 14,29%

Décidé par le village 2 5,71%

Mon initiative personnelle 1 2,86%

Non renseigné 1 2,86%

Total 35 100,00%

31,43 % des producteurs enquêtés disent que les bénéficiaires de formation sont

proposés par les projets locaux et 14,29 % pensent la même chose pour les ONG.

2.2. UN PROCESSUS ET UNE APPROCHE DES PARTENAIRES D’APPUI

2.2.1. Place de la formation et centre d’intérêts

Le lien entre formation et renforcement des capacités est au centre de polémiques

dans les discussions autour de ce concept. Pour certains acteurs de la pratique sur le terrain,

le renforcement des capacités ne concerne que la formation. Pour d’autres, le concept peut

se référer aux choses les plus diverses, allant de la formation d’individus à de vastes

réformes institutionnelles, en somme, une philosophie et une attitude, presque synonyme du

terme même de développement24

. Le renforcement des capacités tel que appréhendé dans

notre recherche est abordé dans la vision d’une activité d’amélioration des capacités des

acteurs en termes « d’appui » et de « soutien ». Cette vision est partagée par les partenaires

d’appui et d’encadrement et fait donc de la formation une partie intégrante d’un concept

plus large considéré du « renforcement des capacités des acteurs ».

24

UBELS Jan, VAN DE GRONDEN Johan, Renforcement des capacités au niveau méso, in Revue

« capacity.org » n°22, juillet 2005, www.capacity.org/fr/content/view/full/113

61

Parler donc des modes d’analyse des besoins de formation renvoie à l’analyse des

processus de formation (dimension technique) en termes d’appui et soutien et permet de

situer la formation dans toute son importance dans les activités des acteurs.

De l’avis des partenaires d’appui et d’encadrement, la formation des acteurs ruraux

occupe une place importante dans les démarches et domaines d’intervention et se justifie par

l’insuffisance de l’offre de formation dans la province des Banwa (confère 1.2.3 contexte

spécifique de la province des Banwa). Nous avons regroupé et analysé dans le tableau ci-

dessous quelques informations sur l’évolution des financements accordés à la formation

dans la province :

Tableau N° 7 : Evolution des moyens financiers accordés à la formation des acteurs

dans le cadre des activités du PDL-Ouest durant les trois dernières années

Source : Enquêtes auprès du PDL-Ouest mai 2007

Dans l’ensemble, on note comme l’illustre le graphique qui suit, que sur la base des

données recueillies par domaine de formation mis en oeuvre au cours des trois dernières

années d’exécution de ce projet, il y a une évolution notable (de 23% en 2005 à 43% en

2007) dans les besoins de formation et les montants alloués à la formation des acteurs

ruraux dans la province des Banwa.

62

0

10

20

30

40

50

60

Promotion des

instances

locales

Alphabétisation

des acteurs

ruraux

Organisation

des acteurs

ruraux

Formations

techniques

Valorisation de

la maitrise

d'œuv re locale

Voy ages

d'études

Total

Mill

ions

Montant 2005 Montant 2006 Montant 2007 Montant Total

Figure 8 : Evolution des montants alloués à la formation dans le cadre des activités du

PDL-Ouest, ces 3 dernières années.

2.2.2. Partenariat opérationnel ou relations d’acteurs à spectateurs

Deux points de vue contradictoires se dégagent, de l’observation des modes

d’analyse des besoins de formation des acteurs ruraux :

- le premier, celui des producteurs enquêtés ressort que les acteurs ruraux se sentent

comme des spectateurs dans un processus non approprié par eux ;

- le deuxième point de vue est celui des partenaires d’appui et d’encadrement. Ces

derniers soutiennent à travers les propos recueillis, que les acteurs ruraux évoluent

dans une approche participative, les mettant au centre des décisions les concernant ;

Ce sont les publics cibles et les bénéficiaires des interventions de tous les

partenaires dans la province des Banwa.

63

Tout compte fait, l’analyse des processus mis en œuvre, connaît des forces et des

faiblesses influant sur les expressions de besoins de formation. Nous avons pu établir ces

paramètres à partir des constats du diagnostic de l’état des lieux des méthodes

d’identification des besoins de formation, pour mieux comprendre les jeux des intérêts

individuels des acteurs ruraux dans la province. Le tableau suivant en résume l’essentiel :

Tableau N° 8 : Analyse des forces et faiblesses du processus d’analyse des besoins de

formation

Etapes du processus Forces Faiblesses

Identification des

besoins de formation

des acteurs ruraux

- Processus impliquant les

acteurs ruraux dans leurs

principes.

- Insuffisance

d’approfondissement des

diagnostics de base (non prise

en compte de démarches

d’analyse tenant compte des

jeux d’acteurs).

Planification

concertée des

besoins prioritaires

- Prise en compte des besoins

des acteurs dans les

programmes d’activités des

partenaires d’appui et

d’encadrement.

- Tendance à une priorisation

d’attentes fondées sur les points

de vue de quelques pseudo

« éclairés » au sein des

organisations.

- Mauvais choix et priorisation

des publics-cibles des

formations.

Montage des

dossiers de projets

de formation

- Fiches descriptives de projets

de formation formalisées

(objet, acteurs bénéficiaires,

coût, planning…).

- Dossiers de projets souvent

non appropriés par les

bénéficiaires (faible implication

des acteurs ruraux dans le

montage des dossiers).

Agrément du dossier

à travers les

instances organisées

des acteurs ruraux

- Avis des acteurs pris en

compte dans les démarches

mises en oeuvre (décision de

financement des projets au

cours de forums divers

impliquant les acteurs ruraux).

- Choix des actions de formation

influencé par les leaders au sein

des groupements de producteurs

demandeurs.

64

IIIIII.. JJEEUU DDEESS IINNTTEERREETTSS IINNDDIIVVIIDDUUEELLSS EETT EEXXPPRREESSSSIIOONN DDEE BBEESSOOIINNSS DDEE

FFOORRMMAATTIIOONN

Nous nous sommes inspiré dans l’analyse, de la théorie développée par Michel

Crozier25

définie dans nos éclairages théoriques (point 3.3), selon laquelle le jeu des intérêts

individuels s’apparente aux stratégies identitaires développées par eux. Se basant également

sur notre cadre conceptuel d’analyse (figure 4) du système d’action en présence dans la

recherche, nous avons analysé nos trois dimensions permettant d’expliquer les stratégies des

acteurs ruraux dans l’analyse des besoins de formation.

3.1. STRATEGIE D’ACTEURS ET DIMENSION SOCIOCULTURELLE

La dimension socioculturelle permet d’analyser le comportement des indicateurs

suivants : (i) Les statuts socioculturels des acteurs ; (ii) Le monopole du capital technique

par les acteurs ; (iii) Le niveau d’utilisation des savoirs et savoir-faire par les acteurs.

3.1.1. Statuts socioculturels des acteurs

L’analyse de la structure de l’échantillon des producteurs individuels enquêtés,

ressort qu’ils sont tous membres de groupes organisés, occupent des postes de

responsabilité, sont pour la plupart responsables de plusieurs organisations à la fois et ont

bénéficié de plusieurs formations avec le soutien des partenaires d’appui.

Ceci interroge la question de l’influence qu’ont ces acteurs sur les modes d’analyse

des besoins de formation. L’examen des informations collectées ne permet pas de répondre

par l’affirmative. Toutefois, parmi les raisons qui prévalent à la désignation des

bénéficiaires des formations, le statut de l’individu occupe une place de choix.

Le tableau qui suit, analyse les raisons du choix des bénéficiaires de formation selon

les producteurs enquêtés.

2255

CROZIER Michel, (1963), Le phénomène bureaucratique, Paris, Editions du Seuil, cité dans le cours de

Master 2 Ingénierie et conseil en Formation, Unité 4 « Sociologie des organisations », page 12

65

Tableau N° 9 : Analyse des raisons des choix de bénéficiaires de formation

Raisons du choix du bénéficiaireNb réponses %

Votre disponibilité en temps 16 29,63%

Vos connaissances antérieures 12 22,22%

Votre responsabilité dans une OP 8 14,81%

Votre connaissance du français 8 14,81%

Votre ancienneté dans une OP 4 7,41%

Notoriété 2 3,70%

J'aime le travail de mon groupe 1 1,85%

Confiance 1 1,85%

Capacité de transférer 1 1,85%

Capacité de restituer 1 1,85%

Total 54 100,00%

Trois tendances se dégagent et permettent d’expliquer l’influence des acteurs à

travers leur statut, sur le choix des bénéficiaires des formations dans les modes d’analyse

des besoins : la disponibilité en temps des acteurs, les connaissances antérieures des acteurs,

la responsabilité des acteurs dans un groupement.

3.1.2. Monopole de capital technique par les acteurs

Cet indicateur renseigne sur le lien entre les expressions de besoins de formation et

les intérêts des acteurs ruraux. C’est la question des enjeux, de ce que « l’acteur peut perdre

ou gagner » selon la théorie de l’analyse stratégique (Crozier et Friedberg, 1977).

L’examen des informations recueillies auprès des producteurs enquêtés, fait ressortir

dans le tableau qui suit, la perception qu’ont les acteurs de leurs intérêts dans les

expressions des besoins de formation.

66

Tableau N° 10 : Importance comparée des intérêts des acteurs dans les expressions de

besoins de formation

1er 2ème 3ème 4ème

J’acquière des connaissances techniques

qui m’aident dans mon travail

50,00% 25,00% 20,00% 5,00% 100,00%

J’acquière une position de leader au sein

de notre groupement

21,05% 31,58% 47,37% 0,00% 100,00%

Je gagne un peu d’argent avec la prise en

charge des formations

5,00% 0,00% 0,00% 95,00% 100,00%

Je veux aider mon groupement ou mon

association

20,00% 50,00% 30,00% 0,00% 100,00%

Total 24,05% 26,58% 24,05% 25,32% 100,00%

Enjeux Ordre Importance Total

L’acquisition de connaissances techniques se classe en priorité des intérêts des

acteurs enquêtés dans les expressions de besoins de formation et explique en grande partie

les raisons des reprises de formation par les acteurs ruraux comme l’a su bien dire ce

producteur à travers l’adage tiré de son discours :

« Chaque jour, l’oreille va à l’école de l’apprentissage »

Autrement dit, on ne finit jamais d’apprendre ; Acquérir à plusieurs reprises les

mêmes formations, ne fait que renforcer les connaissances de l’individu.

Le tableau suivant résume la situation des formations qui ont fait l’objet de reprises

par les 20 producteurs enquêtés :

67

Tableau N° 11 : Situation des formations reprises par les producteurs enquêtés

3.1.3. Niveau d’utilisation des savoirs et savoir-faire par les acteurs

Cet indicateur permet d'analyser la destination des connaissances acquises par les

bénéficiaires et interroge la question des motivations des acteurs à travers la recherche de

connaissances nouvelles. De l’analyse des discours se dégagent les tendances suivantes

relatives aux changements observés suite à l’utilisation des savoirs et savoir-faire acquis à

partir de la formation.

Tableau N° 12 : Impact des formations sur les activités des producteurs

68

Trois tendances découlent également des points de vue des producteurs enquêtés et

caractérisent la diversité des intérêts des acteurs dans l’expression des besoins : 45 %

d’entre eux affirment que les formations apportent en priorité un changement dans leur

manière de préparer et d’organiser leurs activités ; 21 % dans leur manière de gérer leur

exploitation et 33% dans leur façon d’agir face aux autres.

3.2. STRATEGIE D’ACTEURS ET DIMENSION ECONOMIQUE

Cette dimension analyse les facteurs économiques qui motivent les stratégies des

acteurs. Nous avons identifié trois indicateurs pour la sonder : (i) L’importance des prises en

charge (perdiems) comme sources de revenus monétaires motivant des acteurs lors des

sessions de formation ; (ii) La place des équipements de travail dans l’accompagnement des

formations et leur importance pour les producteurs ; (iii) Le bénéfice des financements

éventuels.

3.2.1. Importance des prises en charge des bénéficiaires de formation

Selon les informations recueillies auprès de personnes ressources rencontrées lors

des enquêtes sur le terrain, le paiement de perdiems au profit des acteurs ruraux lors des

sessions de formation, constitue des sources de revenus pour eux dans un milieu soumis à la

pauvreté permanente. Cette observation est difficile à prouver auprès des bénéficiaires

même des formations et se justifie par la délicatesse de la question dans les stratégies des

acteurs.

Dans le tableau N° 10 de l’importance comparée des intérêts des acteurs dans les

expressions de besoins de formation, l’acquisition d’argent avec les prises en charge de

sessions formations n’est prioritaire que pour seulement 4 des 20 producteurs individuels

interviewés. Par contre, des informations de groupe de discussion focalisée, la question de la

prise en charge des bénéficiaires de formation apparaît comme faisant partie des meilleures

conditions de réussite des formations comme l’ont su bien affirmé les représentants de

certains producteurs.

« Quand on invite les gens à se former, il faut bien qu’ils se déplacent, qu’ils mangent. En

plus, ils abandonnent leurs travaux pour venir à la formation ; il est nécessaire de donner

un peu d’argent pour compenser».

69

« Tant qu’il y a à manger, les acteurs participent et la formation marche bien ».

L’analyse des besoins de formation s’inscrit sans doute dans les enjeux en termes

de gains financiers des acteurs (bénéfice de perdiems à travers les prises en charge des

bénéficiaires de formation) et explique les stratégies dans l’expression répétée des besoins

et la participation des mêmes acteurs aux formations mises en œuvre.

3.2.2. Importance des équipements dans les formations

Est-ce qu il est prévu des équipements pour cette formation ? C’est la première

question que posent implicitement les acteurs ruraux à l’analyse des besoins pour certaines

formations. Tout comme pour la question de la prise en charge financière des acteurs

bénéficiaires de sessions de formation, les équipements occupent une place de choix dans

les attentes des acteurs ruraux, notamment les formations techniques. Il s’agit de la

fabrication de la fumure organique pour les producteurs agricoles, du savon pour les

femmes, de la transformation de lait ou de la fauche et conservation de fourrage pour les

éleveurs etc.

La question des équipements est au centre des polémiques sur l’opportunité ou pas

de continuer à mettre en oeuvre ces types de formation.

Pour les partenaires d’appui rencontrés, les équipements sont en grande partie la

source de motivation des formations techniques puisque de par le passé, leur réalisation était

accompagnée de la dotation de petits équipements au profit des bénéficiaires. Il s’agissait

donc pour cette femme rurale d’être bénéficiaire d’une formation à la technique de

fabrication de savon ou pour ce producteur agricole de participer à une formation à la

fabrication de fumier pour bénéficier de petits équipements y relatifs. Cette vision des

choses est restée ancrée dans les mentalités des populations avec les expériences du passé.

Pour les producteurs enquêtés, l’importance des équipements est expliquée par la

nécessité de la poursuite et de l’application des savoir-faire avec le minimum de matériel et

d’équipements requis. Cet avis n’est pas totalement partagé par tous. Selon les personnes

ressources avec leurs expériences de terrain, l’acquisition d’équipements fait partie des

stratégies des acteurs dans l’expression répétée de certaines formations comme c’est le cas

de la fumure organique. Plutôt que les équipements (brouettes, pelles, fourches, pioches,

70

charrettes etc.) servent à la fabrication de fumier, ils sont destinés à d’autres fins, par

exemple la construction de maisons.

Le témoignage de cette personne ressource rencontrée dans la province en dit long :

« La fabrication de la fumure organique est un alibi pour bénéficier des petits équipements

à d’autres fins. Ceux qui les possèdent ne produisent pas le fumier et continuent à exprimer

des besoins de formation dans ce domaine. Il suffit qu’un nouveau projet s’installe dans la

province et la demande de fosses fumières et de formation à la fabrication de fumure

organique apparaît. Par finir, tous nos villages seront truffés de trous dangereux

puisqu’ils ne sont jamais remplis de fumier »

L’image ci-dessous relate la réalité.

Derrière ce trou se cachent plusieurs stratégies d’acteurs : recherche de savoir-

faire ? Acquisition d’équipements ? Autres besoins conjoncturels ?

Figure N° 9 : Une fosse fumière réalisée dans la province des Banwa

71

3.2.3. Bénéfice des financements : avantages ou développement d’une mentalité

d’assistanat ?

La question du bénéfice des financements des actions est au centre de la dimension

économique des stratégies des acteurs ruraux exprimant les besoins de formation. Nous

avons tenté de comprendre davantage la régularité des comportements des acteurs ruraux à

travers les 15 groupes de discussion focalisée de notre échantillon.

Nous nous sommes posé la question suivante : le financement ou le cofinancement

systématique d’actions d’accompagnement des formations par les partenaires d’appui

notamment les projets et ONG, n’est-il pas à l’origine de toutes les formes de stratégies

développées par les acteurs ruraux ? Trouver la réponse à cette interrogation a été un des

aspects avérés difficiles à analyser avec les groupes touchés en l’absence de données

objectives et systématiques.

De l’analyse des informations recueillies, nous ne pouvons affirmer que bénéficier

des financements est un avantage ou bien constitue les raisons d’une mentalité d’assistanat

ressentie dans les différents discours des acteurs. Pour la plupart des groupes que nous

avons animés, le financement ou le cofinancement des petits équipements de formation,

les prises en charge des bénéficiaires lors de sessions de formation etc., sont une façon

d’appuyer les acteurs ruraux à sortir de leur pauvreté. Ce point de vue n’est pas

totalement partagé par des personnes ressources rencontrées. Ces types de financement

contribueraient plutôt à maintenir les acteurs ruraux dans une mentalité d’assistanat puisque

ces derniers attendent toujours qu’il y ait un partenaire financier (projet ou programme) pour

exprimer des besoins, qui d’ailleurs ne répondent pas souvent à la résolution des problèmes

réels diagnostiqués dans le milieu. Nous avons appréhendé certains aspects liés au

fonctionnement des groupements touchés pour comprendre ces points de vue.

A la question de l’existence de programmes d’activités dans les procédures de

fonctionnement des groupements, 30% d’entre eux affirment en posséder. Par contre,

l’existence de rapports d’activités demeure une énigme. Il ressort de l’analyse des discours,

que les programmes sont élaborés uniquement pour rechercher des financements et à défaut

de partenaires, aucune action n’est entreprise.

La question de la mentalité d’assisté est au cœur des problèmes à résoudre dans le

milieu rural burkinabè

72

3.3. STRATEGIE D’ACTEURS ET DIMENSION POLITICO INSTITUTIONNELLE

La dimension politico institutionnelle analyse les facteurs qui motivent le

positionnement des acteurs et notamment, la quête de leur reconnaissance, la notoriété

publique, la manipulation du processus d’identification des besoins de formation. Nous

avons identifié dans la recherche, deux indicateurs permettant d’appréhender cette

dimension des stratégies des acteurs.

Il s’agit : (i) Du type de manifestation d’intérêts dans la mise en œuvre des

procédures de désignation des bénéficiaires de formation dans les organisations et (ii) Du

type de manifestation d’intérêts dans la mise en œuvre des modes et mécanismes de prises

de décision dans les groupes.

3.3.1 Type de manifestation d’intérêts dans la mise en œuvre des procédures de

désignation des bénéficiaires de formation dans les organisations

Dans le tableau N° 9 de la page 62, nous avons abordé la question du choix des

bénéficiaires de formation et le lien avec les statuts socioculturels des acteurs. Pour

comprendre la question, nous avons approfondi les investigations sur certains aspects des

motivations et des procédures de désignation des bénéficiaires de formation au sein des

organisations. Il est recherché ici, la réponse à la question de ce qui se cache derrière les

procédures et le choix des bénéficiaires de formation, en d’autres termes, le type de

manifestation d’intérêts en jeu.

Les avis des acteurs divergent à la lumière des informations recueillies au cours des

enquêtes. Au sein de certaines organisations, la désignation des bénéficiaires de formation

est le simple fait des responsables des bureaux exécutifs qui constituent en général le centre

des prises de décision. Pour d’autres organisations, des critères tels que « l’aptitude du

bénéficiaire à restituer les connaissances apprises au groupe, la capacité à comprendre, la

capacité à lire et écrire (alphabétisé) sont les aspects essentiels pris en compte. La

désignation des bénéficiaires se fait par consensus à partir de l’analyse des formations déjà

reçues par les postulants. Certes, ces perceptions reflètent les avis explicites au sein des

organisations, cependant elles sont en opposition à celles qui ressortent du discours des

producteurs individuels enquêtés comme le relève ce producteur interviewé :

73

Il n’ y a pas de compétition dans le choix des bénéficiaires de formation. On ne peut

pas être responsable et ne pas se positionner en priorité pour une formation car il y a

toujours un bénéfice à tirer surtout pour préserver son pouvoir ».

C’est la question des stratégies identitaires des acteurs dont « la fin est d’accroître

leur influence et leur pouvoir » dans les processus mis en œuvre. Les acteurs développent le

type de « dynamique de préservation identitaire » comme défini par DUBAR dans sa théorie

de « la construction des identités sociale et professionnelle » et à travers lequel ils essaient

de mettre en œuvre des stratégies pour préserver leur position.

Cette situation se conforte avec l’imposition par les partenaires d’appui, des groupes

cibles bénéficiaires pour certaines formations notamment celles pour lesquelles seulement

doivent prendre part les premiers responsables des organisations des acteurs ruraux. Cela

explique d’ailleurs les raisons pour lesquelles, ce sont les mêmes acteurs qui bénéficient

toujours de formations.

Les acteurs ruraux surtout les leaders au sein des organisations, dans le

développement d’une dynamique de préservation identitaire, se positionnent le plus

souvent comme responsables dans plusieurs organisations dans le milieu pour bénéficier

des avantages éventuels et en vue de préserver leur position sociale.

3.3.2. Type de manifestation d’intérêts dans la mise en œuvre des modes et

mécanismes de prises de décision dans les groupes

Le type de manifestation d’intérêts dans la mise en œuvre des modes de prises de

décision dans les groupes est cet autre aspect de la dimension politico institutionnelle des

stratégies d’acteurs appréhendée dans la recherche. Nous avons interrogé cet indicateur pour

comprendre la question des centres de décision sur lesquels repose l’analyse des besoins de

formation et leur influence sur les choix des acteurs. Ce qui amène à considérer les jeux de

pouvoir développés pour mieux cerner les enjeux (gains et coûts) et les ressources (atouts,

handicaps) au centre des stratégies des acteurs. Le mot-clé « pouvoir », c’est-à-dire « la

capacité pour certains individus ou groupes à agir sur d’autres individus ou groupes »

comme le définit BERNOUX Philippe26

est au centre de cette analyse.

26

BERNOUX Philippe, « La sociologie des organisations », Paris, Editions du Seuil, 1985.

74

Le discours des personnes ressources touchées confirme cette observation comme

l’affirme cet encadreur agricole dans une des localités de nos investigations :

Est –ce qu’on peut distribuer la nourriture dans une organisation et se laisser soi-

même quand on en est le chef ?» C’est bien le chef qui décide toujours.

Il nous a été difficile de cerner de manière explicite la question des enjeux au sein

des organisations puisque nous avons à faire, à un face-à-face avec ceux-là même qui

détiennent le pouvoir au sein des organisations et sont au centre de ces enjeux.

La tendance à répondre aux questions liées au sujet constitue en elle-même une

stratégie d’acteurs : la prise en compte de réponses raisonnables et une dimension plus

identitaire à travers le concept d’illusio qui peut être érigé en « intérêt », « en enjeu »

comme postulé dans la « sociologie des champs » de BOURDIEU Pierre (1994). Cependant,

l’analyse des informations reçues des producteurs tend à montrer que la sélection des

bénéficiaires de formation au sein des organisations est décidée par les responsables « ceux-

là même qui tirent les ficelles » selon l’analyse du type de manifestation d’intérêts dans la

mise en œuvre des procédures de désignation des bénéficiaires de formation dans les

organisations. Cette observation est confirmée à travers les propos de la plupart des

organisations. Ce sont les responsables qui sont les acteurs capables de lire et d’écrire, les

acteurs capables de restituer les connaissances apprises, autant de critères d’élimination de

la plupart des membres d’organisations dans la province des Banwa, dans la prise de

décision sur les besoins de formation et la sélection des bénéficiaires.

Tableau N° 13 : Centres de décision dans les procédures de sélection des bénéficiaires

de formation

Procédure de selection des bénéficiaires

de formation

Nb réponses %

Décidé par mon groupement/association 15 42,86%

Décidé par un projet local 11 31,43%

Décidé par une ONG locale 5 14,29%

Décidé par le village 2 5,71%

Mon initiative personnelle 1 2,86%

Non renseigné 1 2,86%

Total 35 100,00%

Selon les informations analysées dans le tableau, 43% des producteurs interviewés

affirment que leur désignation pour les formations est décidée par leur groupement. Il s’agit

là implicitement de leur propre décision puisqu’ils sont en tant que responsables des

75

organisations, ceux-la même qui « tirent les ficelles » et ont la capacité d’agir sur les autres

membres de leur groupe. C’est là également le développement du type de « dynamique de

préservation identitaire » à travers des modes de prises de décision tendant à des

engagements à des formations de façon permanente pour préserver une position acquise.

Les informations issues de l’analyse des jeux des intérêts individuels permettent de

comparer les résultats aux hypothèses que nous avons préalablement énoncés. L’analyse

critique du travail de recherche, objet du chapitre qui suit, vise à expliquer les

interprétations issues des résultats de nos investigations, à proposer les prolongements

envisageables dans le cadre d’une recherche complémentaire et des préconisations visant un

meilleur choix des formations adaptées aux réalités en milieu rural en général, au Burkina

Faso et, en particulier, dans la province des Banwa.

76

IIVV.. AANNAALLYYSSEE CCRRIITTIIQQUUEE DDUU TTRRAAVVAAIILL DDEE RREECCHHEERRCCHHEE

4.1. SYNTHESE DES RESULTATS

La problématique étudiée est celle de l’invariabilité des besoins de formation

exprimés par les acteurs ruraux et dont la mesure et l’interprétation des résultats prévus et

ceux attendus visent à expliquer les raisons.

4.1.1. Rappel des hypothèses de la recherche et de la question de départ

Selon notre hypothèse 1, la non-variabilité des besoins de formation des acteurs

ruraux s’explique par le fait que leur analyse est sous-tendue par les stratégies identitaires

mises en œuvre par les individus au sein de leurs organisations. Notre étude visait à

expliquer à travers cette hypothèse les raisons de la non-variabilité des besoins de formation

par la quête de réponses aux questionnements issus de nos observations antérieures sur les

motivations des acteurs ruraux dans les processus d’analyse de leurs besoins de formation.

En postulant l’hypothèse 2, nous cherchons à comprendre le lien entre la nature des

modes d’analyse des besoins de formation des acteurs ruraux et les expressions de besoins

de formation dans le cadre du renforcement de leurs capacités. De façon opérationnelle, il

s’agissait de déterminer et d’analyser des dynamiques et des pratiques des acteurs dans un

contexte organisationnel et en matière de formation pour justifier la non-variabilité des

besoins de formation des acteurs ruraux.

Au cours de nos investigations sur le terrain, nous avons soumis ces deux hypothèses

aux informations collectées afin de mesurer et d’interpréter les résultats observés et de

trouver la réponse à notre question de départ formulée comme suit :

Dans la province des Banwa, quelles sont les raisons pour lesquelles à l’analyse,

les besoins de formation des acteurs ruraux dans le cadre du renforcement de leurs

capacités, ne varient pas ?

77

4.1.2. Les conclusions de la recherche

4.1.2.1. La mesure et l’interprétation des résultats observés : Hypothèse 1

En analysant les réponses formulées par les producteurs, plusieurs tendances se

dégagent pour conforter l’hypothèse 1. La recherche d’un soutien pour préserver leur

position sociale constitue le type de manifestation d’intérêts récurrent des acteurs

responsables des organisations, dans les prises de décision sur leurs activités. Elle explique

en grande partie, les comportements des acteurs et influence les étapes des processus mis en

œuvre. L’expression sans variation des besoins de formation y trouve son explication et est

confirmée partiellement à travers l’hypothèse 1 de la recherche.

Les stratégies des acteurs ruraux convergent vers la recherche d’intérêts

conjoncturels faisant l’objet d’enjeux et influençant l’analyse des besoins. Ce que chaque

individu au sein des organisations « gagne » ou « perd » pour préserver sa position sociale à

savoir :

- la quête permanente de connaissances pour renforcer ses capacités à préparer et

organiser ses activités, à gérer ses exploitations et à agir face aux interventions extérieures ;

- la recherche de ressources complémentaires (financières et matérielles) pour

améliorer ses conditions de vie sociale et favoriser son émergence au sein de leur société ;

- la recherche de notoriété (multiplicité des titres de formation acquis) pour

maintenir sa position de leader au sein des organisations.

4.1.2.2. La mesure et l’interprétation des résultats observés : Hypothèse 2

Selon l’hypothèse 2 de la recherche, l’expression sans variation des mêmes besoins

de formation par les acteurs ruraux, est favorisée par la nature des modes d’analyse des

besoins, en cours dans la province des Banwa. Sur le plan des processus mis en œuvre, les

résultats des informations recueillies ressortent que les démarches appliquées sont variables

en fonction des partenaires d’appui. Elles impliquent toutes, les acteurs ruraux aux étapes

mises en œuvre et sont à la recherche d’une approche participative partagée par tous.

L’analyse des forces et des faiblesses du processus d’analyse des besoins de

formation (tableau N° 8 du point 2.2.2) s’inscrit dans la recherche de solutions pour une

conciliation entre deux visions contradictoires : celle des acteurs ruraux soutenant que les

78

modes d’analyse des besoins de formation sont guidés par les partenaires d’appui et celle

des partenaires même affirmant que les producteurs sont au centre des décisions dans le

processus.

Cette analyse s’inscrit également dans la correction d’une démarche d’ingénierie

mitigée dont l’influence est indéniable sur les expressions de besoins de formation.

L’hypothèse 2 se vérifie en tous les deux cas :

- Les partenaires d’appui interviennent tous en faveur du même public-cible, à savoir

les producteurs et leurs organisations dans la province des Banwa. Les formations

proposées et dont les objectifs s’inscriraient dans le renforcement des capacités des

premiers responsables des organisations dans la province se voient répéter par les

partenaires d’appui puisque les mêmes acteurs sont responsables dans plusieurs

organisations. Cette observation interroge à la fois, la question de la redondance des

interventions et la non harmonisation des approches dans les pratiques de la formation dans

le milieu.

- Dans les approches participatives promues par les partenaires d’appui, le choix est

donné aux acteurs ruraux dans l’analyse de leurs besoins de formation dans les processus

mis en œuvre. Cela suscite chez les acteurs ruraux comme c’est le cas dans l’hypothèse 1, le

développement de stratégies convergeant vers la recherche d’intérêts qui favorisent les

mêmes expressions de besoins de formation.

4.1.2.3. L’analyse des écarts observés

Nos deux hypothèses de départ se vérifient dans une certaine logique sur la base des

analyses faites sur le lien entre les stratégies des acteurs ruraux et l’influence qu’elles ont

sur les différentes étapes des processus d’analyse des besoins dont l’identification et

l’approbation des besoins de formation. Cependant, plusieurs points obscurs restent à

éclaircir et infirment nos hypothèses selon les informations collectées auprès de certains

partenaires d’appui et d’encadrement. Les besoins exprimés sont le reflet du niveau de

l’offre de formation disponible dans la province des Banwa. Le diagnostic du milieu révèle

que l’offre de formation est très limitée et ne concerne que les thématiques de formation

classiques connues par les acteurs ruraux : gestion administrative et financière, fabrication

de la fumure organique, techniques de reboisement, techniques d’embouche, techniques de

fabrication du savon etc.

79

La tendance est l’expression permanente de ces mêmes besoins. Il n’y a non plus

pas une masse critique de personnes formées dans le milieu sur ces thématiques classiques

pour qu’elles ne soient plus à l’ordre du jour.

Il ressort également de nos observations et des enquêtes sur le terrain, que le sujet

que nous avons abordé dépasse le seul cadre d’analyse de notre recherche. La nécessité d’un

investissement allant au-delà des considérations empiriques sur les stratégies des acteurs et

de l’analyse des processus, notamment, l’étude approfondie des contenus des

thématiques des formations, contribuerait à répondre aux questionnements sur leur

adaptation par rapport à la demande des acteurs dans la province et le lien avec l’expression

répétée des besoins. Est-ce que parce que les contenus de formation dispensés sont

intéressants que les acteurs expriment toujours les mêmes besoins ? Ces contenus ne sont –

ils pas les seules références disponibles et connues par les acteurs, faisant qu’ils n’expriment

que ces besoins ?

Le temps consacré pour nos investigations ne permettait pas d’aborder ces aspects du

sujet qui pourraient faire l’objet de recherche complémentaire.

4.1.3. Prolongements envisageables

La question de la répétition des mêmes besoins de formation par les acteurs ruraux

dans le cadre du renforcement de leurs capacités, est un sujet préoccupant pour les

partenaires d’appui en milieu rural. L’offre de formation mériterait d’être revue dans son

ensemble et pourrait faire l’objet d’études spécifiques. Un des aspects importants

d’investigation à poursuivre demeure sans doute l’approfondissement du sujet à travers

l’évaluation des impacts des formations actuelles des acteurs ruraux et les perspectives

d’amélioration d’une offre de formation adaptée au milieu.

Dans cet ordre d’idée, un point important tel que l’analyse des liens entre la

formation professionnelle et le développement rural pourrait concourir à la réforme des

programmes de formation au profit des populations adultes notamment :

- l’analyse des contenus des formations classiques et la proposition de nouveaux

curricula de formation professionnelle des adultes en milieu rural ;

- des propositions de contenus innovants dans les programmes d’alphabétisation.

80

L’objectif en envisageant ses prolongements, viserait un meilleur choix de

formations adaptées et susceptibles de créer de nouvelles habitudes pour un changement de

mentalité dans le milieu.

4.2. PRECONISATIONS DEGAGEES

4.2.1. Vers le choix de méthodes et outils adaptés aux réalités locales

Entre capitalisation et mesures correctives, les expériences tirées de l’étude de l’état

des lieux des méthodes d’identification des besoins de formation des acteurs ruraux dans le

cadre de notre mission dans la province des Banwa et les analyses menées tout au long de

notre recherche, montrent qu’elles connaissent beaucoup de limites.

Un choix de méthodes adaptées consisterait à aller plus loin dans la considération

de la formation des acteurs ruraux comme une activité prioritaire au même titre que le

renforcement des capacités sur le plan infrastructurel, institutionnel et organisationnel.

Les méthodes d’accompagnement des partenaires d’appui devront être centrées sur

l’amélioration des principes de responsabilisation où chaque partie prenante connaît et

respecte son rôle et l’amélioration des méthodes d’appui-conseil et d’accompagnement des

acteurs à savoir :

1. L’utilisation effective de savoirs outils d’ingénierie de la formation dans

l’accompagnement des acteurs à l’analyse des facteurs inducteurs des besoins de formation

(environnements externe et interne) et l’examen des conséquences de cette analyse préalable

en termes de besoins de toute nature et de formulation des thématiques de formation qui

s’imposent ;

2. L’élaboration systématique de plans de formation servant d’outil de management

pour les organisations accompagnées : traduction des aspects opérationnels (actions

projetées, objectifs, effets attendus, stratégies de mise en œuvre, mécanismes de suivi…) et

budgétaires (bénéficiaires, durée, ressources financières allouées, financements…) des

formations ;

3. L’appui systématique à la mise en œuvre et au suivi du plan de formation par les

partenaires d’appui accompagnant l’organisation bénéficiaire.

81

4.2.2. Des investissements pour des changements dans les façons de voir et de

penser des acteurs ruraux

La question du développement demeure une question de mentalité dans le milieu

rural en particulier. Plus enclin à se sentir dans un système d’assistanat, il y a une

nécessité d’apporter de véritables changements dans les façons de voir et de penser des

acteurs ruraux très accommodés à ce système.

Il est important de nos jours pour les partenaires, d’associer à l’analyse des facteurs

inducteurs des besoins de formation, la recherche de thématiques innovantes de formation si

l’on veut atteindre les objectifs de développement.

1. En matière de renforcement des capacités des acteurs ruraux, les stratégies et

politiques actuelles de la SDR, ont permis l’émergence de producteurs dans différentes

filières de production. Dans ces filières, il est indispensable aussi bien en amont qu’en aval,

que des formations soient développées au bénéfice des acteurs, dans le domaine de

l’entrepreneuriat et du développement personnel en vue de susciter l’esprit

d’entrepreneuriat et une émergence de PME rurales.

2. Plus que nécessaire dans un milieu où l’esprit du groupement a pris corps et a

évolué vers une oligarchie des membres plus « éclairés » des organisations (producteurs

lettrés ou alphabétisés…) et des leaders d’opinion (producteurs les plus riches ou

propriétaires terriens traditionnels…) sur la majorité des acteurs ruraux, le développement

de thématiques pouvant susciter un éveil des consciences semble une priorité dans les

réformes des programmes de formation en alphabétisation des adultes.

Cela suppose de revoir dans les stratégies et les politiques nationales de promotion

de la formation professionnelle des acteurs du milieu rural, le contenu des programmes en

cours. Savoir lire et écrire est une chose importante pour le producteur rural (prise de notes

lors des rencontres, application des calculs dans la gestion de l’exploitation…). Cependant,

il est utile que ces connaissances de base soient améliorées à travers de nouveaux curricula

sur des besoins adaptées aux réalités locales et pouvant induire des changements dans le

court et moyen terme, une autre façon de promouvoir l’Education Pour Tous (EPT).

82

CCOONNCCLLUUSSIIOONN

Notre thème a été induit par nos constats personnels et notre expérience d’agent

d’appui-conseil des acteurs ruraux dans la province des Banwa pendant près d’une dizaine

d’années. Devant l’opportunité qui nous a été offerte pour nous former au Master en

Ingénierie et Conseil en Formation, il nous a été proposé dans le cadre de nos occupations

professionnelles actuelles, de mener une mission d’étude sur l’état des lieux des méthodes

d’identification des besoins de formation des populations rurales dans la province des

Banwa (Burkina Faso). Les expériences de la mission dans cette province permettent à son

issue, de tirer des leçons intéressantes pour des perspectives d’autres études dans le domaine

de l’ingénierie du conseil et de la formation. C’est le cas même de la recherche que nous

avons poursuivie à travers les investigations dans la province, pour comprendre davantage

les raisons qui font qu’à chaque fois que les populations expriment leurs besoins de

formation, ce sont les mêmes thèmes qui reviennent et ce sont les mêmes acteurs qui en sont

les bénéficiaires. Cette énigmatique équation est celle qui a fait l’objet de notre réflexion

dans le cas de la province des Banwa, au Burkina Faso.

Selon deux modèles d’analyse que avons utilisés, la finalité de notre recherche était

de montrer que l’expression sans variation des besoins de formation des acteurs ruraux était

sous-tendue d’une part, par les stratégies identitaires qu’ils mettent en œuvre à l’analyse de

leurs besoins et, d’autre part, par la nature même des modes d’analyse des besoins de

formation. Les résultats de l’étude conduite confortent ces hypothèses de recherche et

éclairent dans une certaine mesure les pratiques et dynamiques individuelles et collectives

en matière de formation des acteurs ruraux en cours dans la province.

Les modes d’analyse des besoins de formation que nous avons explorés, comportent

beaucoup de limites parmi lesquelles les confiscations et dissimulations des savoirs et

savoir-faire par certains responsables des organisations paysannes. Les stratégies

développées par ces derniers s’inscrivent dans la quête permanente de voies et moyens de

préservation de leur position sociale dans le milieu dont le monopole des formations offertes

en est un des moyens déterminants. En effet, bénéficier d’une formation donne à l’individu

plusieurs avantages : amélioration des savoirs et savoir-faire individuels, acquisition

d’équipements suite aux formations, bénéfice de revenus monétaires avec la prise en charge

de certaines formations etc.

83

Les travaux de notre recherche ont révélé la nécessité d’améliorer les méthodes

d’identification des besoins de formation des acteurs ruraux. Aussi suggérons-nous quelques

préconisations à même d’atténuer l’influence des responsables et leaders des organisations

de producteurs sur les processus d’analyse des besoins de formation et d’apporter des

changements dans les mentalités d’assistanat qui perdurent en général dans le milieu rural.

Les défis à relever sont nombreux et suscitent des interrogations sur les démarches

d’accompagnement pour atteindre des résultats tangibles. Il conviendrait dès lors,

d’approfondir la réflexion sur certaines thématiques telles que :

- les mécanismes à développer pour améliorer l’approche participative

d’identification et de mise en œuvre de formations au profit du maximum

d’acteurs ruraux et d’organisations dans la province ;

- le développement de thématiques innovantes dans la création d’habitudes et

d’attitudes pour le changement de mentalité.

Les réponses à ces interrogations se trouveront également dans la recherche-action

permanente en vue d’éprouver des solutions adaptées aux réalités locales.

L’apport de nouvelles réflexions permettront un choix de méthodes et outils et des

investissements pour des changements dans les façons de voir et de penser des acteurs

ruraux. Pour contribuer à ces changements, nous proposons les préconisations suivantes

dégagées de nos expériences sur le terrain, à savoir :

L’amélioration des pratiques de l’appui-conseil au profit des acteurs ruraux à travers

le développement et l’amélioration des savoirs outils ;

L’étude et l’analyse des contenus des programmes de formation dans le domaine de

l’alphabétisation des acteurs ruraux ;

Le développement de modules de formation pouvant susciter l’éveil de conscience et

l’esprit de l’entrepreneuriat local au détriment de la vision classique d’assistanat.

84

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages consultés

CASPAR Pierre et CARRE Philippe (2004), Traité des sciences et des techniques de la

formation, Paris, DUNOD.

CROZIER Michel, FRIEDBERG Erhardt (1977), L’acteur et le système, les contraintes de

l’action collective, Paris, Editions du Seuil.

DUBAR Claude (1991), La socialisation, Construction des identités sociales et

professionnelles, Paris, Édition Armand Colin.

GILLES FERROL, CAUCHE Philippe, DUPREZ Jean- Marie, GADREY Nicole, SIMON

Michel, (2004), Dictionnaire de sociologie, Paris, 3ème

édition, Armand Colin.

LE BOTERF Guy (1990), l’ingénierie et l’évaluation de la formation, Paris, Editions

d’organisation.

LE BOTERF Guy (2004), Construire les compétences individuelles et collectives, Paris,

Editions d’organisation.

LESNE Marcel, BARBIER Jean Marie (1977), L’analyse des besoins en formation, Paris,

Robert Jauze.

MEIGNANT Alain, (2006), Manager la formation, Paris, 7ème

édition, Editions Liaisons.

QUIVY Raymond et VAN CAMPENHOUT Luc (1995), Manuel de recherche en sciences

sociales, Paris, 2ème

édition, DUNOD.

Articles de revues consultés

BARBIER JM, (1996), De l’usage de la notion d’identité en recherche, notamment dans le

domaine de la formation – in Revue « Education Permanente » N°128 – « formation et

dynamiques identitaires ».

COLLECTIF, (1989), Formation d’adultes et développement local, Paris, L’Harmatan, in

« Revue POUR » n°121.

GRET (2001), Les groupes de paysans comme construits sociaux- in Revue « Coopérer

aujourd’hui » N° 22- « Itinéraires méthodologique d’une étude socio-anthropologique sur un

projet de développement rural (Nord Viêt-Nam).

85

Mémoires consultés

COUPAU Laurent (2005), Etude de l’influence des politiques régionales de formation sur

la professionnalisation des organismes de formation en insertion d’Aquitaine, Mémoire de

Master Ingénierie et Conseil en formation de l’Université de Rouen.

DESCHAMPS Isabelle (2005), Formations personnelles, quels bénéfices institutionnels ?

Mémoire de Master Ingénierie et Conseil en formation de l’Université de Rouen.

Cours Master 2 Ingénierie et conseil en Formation

ARDOUIN Thierry, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation, Unité 2 Ingénierie

de la formation, « Démarche Ingénierie de la formation ».

BEZILLE Hélène, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation, Unité 3 Ingénierie

pédagogique, « Adultes en formation ».

DAGUET Hervé, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation, Unité 3 Ingénierie

pédagogique, « Psychologie des apprentissages ».

LACAILLE Sylvain et PAUL Maëla, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation,

Unité 4 Conseil et formation, « Conseil aux personnes ».

POSSOZ Didier, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation, Unité 2 Ingénierie de

la formation, « Gestion de projet et démarche qualité ».

RENAUD Thomas, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation, Unité 4 Conseil et

formation, « Sociologie des organisations ».

Sites Web

BRUNET Bernard, Le développement local : un concept mais aussi une pratique, novembre

1998, http://www.globenet.org/archives/web/2006/www.globenet.org/horizon-local/ perso/

ledevlocal.html (Consulté le 19 février 2007).

CAPACITY Development Resource Center, Defining capacity is complex,

http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/TOPICS/EXTCDRC/0,,contentMDK:202

83658~menuPK:64169185~pagePK:64169212~piPK:64169110~theSitePK:489952,00.html

(Consulté le 17 février 2007).

JOYAL André, Développement local communautaire, économie sociale alternative: quel

enseignement pour le tiers-monde ? juillet 2000,

http://www.agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Developpement_local-

Developpement_local_communautaire_economie_sociale_par_Andre_Joyalb (Consulté le

20 janvier 2007).

86

PAJOT Clémence, Les OSI françaises et le renforcement de capacités des partenaires du

Sud, 26 novembre 2004,

http://www.coordinationsud.org/recherche.php3?recherche=Les+OSI+fran%C3%A7aises+e

t+le+renforcement+des+capacit%C3%A9s (Consulté le 17 février 2007).

SORGENFREI Mia, Le Renforcement de Capacités d’une Perspective Française in Revue

« Praxis Papers » No. 1, Juillet 2004, http://www.intrac.org/pages/PraxisPaper1.html

(Consulté le 15 février 2007).

UBELS Jan, VAN DE GRONDEN Johan, Renforcement des capacités au niveau méso, in

Revue « capacity.org » n°22, juillet 2005, www.capacity.org/fr/content/view/full/113,

(Consulté le 17 février 2007).

UBELS Jan, THEISOHN Thomas, HAUCK Volker, LAND Tony, De l’autonomisation

locale à l’harmonisation de l’aide, in Revue « capacity.org » n°26, septembre 2005,

www.capacity.org/fr/content/view/full/113, (Consulté le 17 février 2007).

87

SIGLES ET ABREVIATIONS

ACCEDES : Action Chrétienne pour la Coopération Economique et le

Développement Economique et Sociale

AI : Alphabétisation Initiale

APE : Association des Parents d’élèves

BACB : Banque Agricole et Commerciale du Burkina

BTP : Bâtiment et Travaux Publics

CEBNF : Centre d’Education de Base Non formelle

CFJA : Centre de Formation des Jeunes Agricultures

CFP : Centre de Formation Professionnel

CIDR : Centre International pour le Développement et la Recherche

CMA : Centre Médical avec Antenne Chirurgicale

COGES : Comité de Gestion

CP/Banwa : Coordination Provinciale des Banwa

CSLP : Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté

CSPS : Centre de Santé et de Promotion Sociale

DPAHRH : Direction Provinciale de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des

Ressources Halieutiques

DPEBA : Direction Provinciale de l’Enseignement de Base et de

l’Alphabétisation

DPECV : Direction Provinciale de l’Environnement et du Cadre de Vie

DPRA : Direction Provinciale des Ressources Animales

DRED : Direction Régionale de l’Economie et du Développement

FAARF : Fonds d’Appui aux Activités Rémunératrices des Femmes

FCB : Formation Complémentaire de Base

FEM/ONG : Fonds pour l’Environnement Mondial

FONAENF : Fonds pour l’Alphabétisation et l’Education Non Formelle

GPA : Groupement des Producteurs Agricoles

GPC : Groupement des Producteurs de Coton

GRET : Groupe de Recherche et d’Echanges Technologiques

INSD : Institut National de la Statistique et de la Démographie

LIPDHD : Lettre d’Intention de Politique de Développement Humain Durable

LPDRD : Lettre de Politique de Développement Rural Décentralisé

88

MAHRH : Ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources

Halieutiques

MECAB : Mutuelle d’Epargne et de Crédit des Artisans des Banwa

MER Micro Entreprise Rurale

OCADES : Organisation Catholique pour le Développement et la Solidarité

OFACOM : Organisation des Faîtières de Corporation des Métiers

OPE : Organisation Professionnelle d’Eleveurs

PAEOB : Projet d’Appui à l’Elevage dans l’Ouest du Burkina

PAFR : Plan d’Action pour la Filière Riz

PAMER : Programme d’Appui aux Micro entreprises Rurales

PASEB : Programme d’Appui Sectoriel à l’Enseignement de Base

PDC : Plan de Développement Communal

PDDEB : Plan Décennal de Développement de l’Education de Base

PDL-Ouest : Projet de Développement Local de l’Ouest

PDRD Politique de Développement Rural Décentralisé

PDRI/HKM : Projet de Développement Rural Intégré Houet – Kossi - Mouhoun

PGDT : Programme de Gestion Durable des Terres

PME : Petite et Moyenne Entreprise

PNDSA II : Programme National de Développement des Structures Agricoles

PPIV : Programme de Développement de la Petite Irrigation Villageoise

PROM/ART/BF : Programme de Promotion de l’Artisanat au Burkina Faso

SDR : Stratégie de Développement Rural

SNV : Organisation Néerlandaise de Développement

SOFITEX : Société des Fibres Textiles

SPAT : Schéma Provincial d’Aménagement

UCOGES : Union des Comités de Gestion

UDOPE : Union Départementale des Organisations Professionnelles d’Eleveurs

UDPC : Union Départementale des Producteurs de Coton

UGVM : Union des Groupements Villageois du Mouhoun

UPOPE : Union Provinciale des Organisations Professionnelles d’Eleveurs

UPPC : Union Provinciale des Producteurs de Coton

89

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE .......................................................................................................................... 2

REMERCIEMENTS .............................................................................................................. 3

INTRODUCTION ............................................................................................................. 4

PREMIERE PARTIE : CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE ............. 6

I. CONTEXTE DE LA RECHERCHE ........................................................................... 7

1.1. LE CONTEXTE GENERAL ................................................................................ 7

1.2. LE CONTEXTE SPECIFIQUE DE L’ETUDE : LA PROVINCE DES

BANWA .......................................................................................................................... 7

1.2.1. Les caractéristiques générales de la province .................................................. 8

1.2.1.1. Milieu physique ............................................................................................... 10

1.2.1.2. Milieu humain ................................................................................................. 12

1.2.1.3. Infrastructures et équipements sociaux........................................................ 18

1.2.1.4. Activités socio économiques ........................................................................... 19

1.2.1.5. Problématiques de développement dans la province des Banwa ............... 21

1.2.2. L’état des lieux des documents techniques et de politiques et stratégies

relatifs au renforcement des capacités des acteurs ................................................... 23

1.2.3. L’offre de formation des acteurs ruraux dans la province ............................ 24

II. OBJET DE LA RECHERCHE ET HYPOTHESES DE TRAVAIL .................... 28

2.1. DEFINITION DU CHAMP D’INTERVENTION DE LA RECHERCHE ... 28

2.2. PROBLEMATIQUE ............................................................................................ 28

2.2.1. Le problème de départ et les questionnements ............................................... 28

2.2.1.1. Les démarches d’identification et d’analyse des besoins de formation des

acteurs ruraux dans la province des Banwa ............................................................. 28

2.2.1.2. Les travaux de lectures diverses sur le sujet ................................................ 29

2.2.2. La question de recherche .................................................................................. 30

2.3. CENTRES D’INTERETS .................................................................................... 31

III. CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE ..................................................... 32

3.1. ECLAIRAGES THEORIQUES DES CONCEPTS-CLES .............................. 32

3.1.1. Le concept de « Renforcement des capacités » ............................................... 32

3.1.2. La notion de « Besoins de formation » ............................................................ 33

3.1.3. La notion de « Modes d’analyse des besoins de formation » ......................... 35

3.1.4. Le concept « d’Identité » et la notion de « Stratégies identitaires » ............. 35

90

3.1.5. La notion d’« Acteurs ruraux » ........................................................................ 37

3.1.6. Le concept de « Motivation » ............................................................................ 38

3.2. HYPOTHESES DE RECHERCHE : VARIABLES ET INDICATEURS ...... 40

3.2.1. Les hypothèses de recherche ............................................................................ 40

3.2.2. Les variables et indicateurs de la recherche ................................................... 40

3.2.2.1. Les stratégies identitaires .............................................................................. 40

3.2.2.2. La nature des modes d’analyse des besoins de formation .......................... 41

3.3. APPROCHE THEORIQUE ET CADRE D’ANALYSE .................................. 41

IV. METHODES ET TECHNIQUES DE RECHERCHE MISES EN ŒUVRE Ŕ

LIMITES ET CONTRAINTES ..................................................................................... 45

4.1. METHODOLOGIE DE COLLECTE DES DONNEES ................................... 45

4.1.1. Le choix d’une méthodologie de recherche : la méthode qualitative ............ 45

4.1.2. Les techniques et instruments de mise en œuvre ............................................ 45

4.1.3. Le champ d’application .................................................................................... 47

4.1.3.1. La zone d’investigation et les acteurs ciblés ................................................. 47

4.1.3. 2. Les informations utiles à la confrontation des hypothèses ........................ 48

4.2. METHODOLOGIE DE TRAITEMENT ET D’ANALYSE DES DONNEES 50

4.2.1. La démarche de traitement des données ......................................................... 50

4.2.1.1. Le dépouillement des données collectées ...................................................... 50

4.2.1.2. Le traitement des données collectées ............................................................ 50

4.3. LIMITES ET CONTRAINTES RENCONTREES ........................................... 51

4.3.1. L’indisponibilité de certains acteurs ................................................................ 51

4.3.2. Les difficultés de traduction du contenu du discours des acteurs ................ 51

4.3.3. L’insuffisance des données de la revue documentaire ................................... 52

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES RESULTATS ................................................. 53

I. CARACTERISTIQUES DES ACTEURS RENCONTRES .................................... 54

1.1. ACTEURS RURAUX : DEMANDEURS ET BENEFICIAIRES DES

ACTIONS DE FORMATION .................................................................................... 54

1.1.1. Situation des populations étudiées ................................................................... 54

1.1.2. Importance et rôle des acteurs ruraux dans l’analyse des besoins de

formation ...................................................................................................................... 55

1.2. ACTEURS DE L’APPUI-CONSEIL ET DU FINANCEMENT DE LA

FORMATION DANS LA PROVINCE DES BANWA ............................................ 56

II. LES MODES D’ANALYSE DES BESOINS DE FORMATION .......................... 57

91

2.1. UNE DEMARCHE D’INGENIERIE MITIGEE .............................................. 57

2.1.1. Processus impliquant les acteurs ruraux ......................................................... 57

2.1.2. Expression des besoins de formation ou imposition des besoins de

formation ? ................................................................................................................... 58

2.1.3. Les limites de l’approche dite « participative » .............................................. 59

2.2. UN PROCESSUS ET UNE APPROCHE DES PARTENAIRES D’APPUI ... 60

2.2.1. Place de la formation et centre d’intérêts........................................................ 60

2.2.2. Partenariat opérationnel ou relations d’acteurs à spectateurs ..................... 62

III. JEU DES INTERETS INDIVIDUELS ET EXPRESSION DE BESOINS DE

FORMATION .................................................................................................................. 64

3.1. STRATEGIE D’ACTEURS ET DIMENSION SOCIOCULTURELLE ........ 64

3.1.1. Statuts socioculturels des acteurs ..................................................................... 64

3.1.2. Monopole de capital technique par les acteurs ............................................... 65

3.1.3. Niveau d’utilisation des savoirs et savoir-faire par les acteurs ..................... 67

3.2. STRATEGIE D’ACTEURS ET DIMENSION ECONOMIQUE .................... 68

3.2.1. Importance des prises en charge des bénéficiaires de formation .................. 68

3.2.2. Importance des équipements dans les formations .......................................... 69

3.2.3. Bénéfice des financements : avantages ou développement d’une mentalité

d’assistanat ? ................................................................................................................ 71

3.3. STRATEGIE D’ACTEURS ET DIMENSION POLITICO

INSTITUTIONNELLE ............................................................................................... 72

3.3.1 Type de manifestation d’intérêts dans la mise en œuvre des procédures de

désignation des bénéficiaires de formation dans les organisations ......................... 72

3.3.2. Type de manifestation d’intérêts dans la mise en œuvre des modes et

mécanismes de prises de décision dans les groupes .................................................. 73

IV. ANALYSE CRITIQUE DU TRAVAIL DE RECHERCHE ................................. 76

4.1. SYNTHESE DES RESULTATS ......................................................................... 76

4.1.1. Rappel des hypothèses de la recherche et de la question de départ .............. 76

4.1.2. Les conclusions de la recherche ....................................................................... 77

4.1.2.1. La mesure et l’interprétation des résultats observés : Hypothèse 1 .......... 77

4.1.2.2. La mesure et l’interprétation des résultats observés : Hypothèse 2 .......... 77

4.1.2.3. L’analyse des écarts observés ........................................................................ 78

4.1.3. Prolongements envisageables ........................................................................... 79

4.2. PRECONISATIONS DEGAGEES ..................................................................... 80

92

4.2.1. Vers le choix de méthodes et outils adaptés aux réalités locales ................... 80

4.2.2. Des investissements pour des changements dans les façons de voir et de

penser des acteurs ruraux ........................................................................................... 81

CONCLUSION ................................................................................................................ 82

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 84

SIGLES ET ABREVIATIONS ............................................................................................ 87

TABLE DES MATIERES .................................................................................................... 89

ANNEXES ............................................................................................................................ 93

Liste des tableaux ................................................................................................................. 94

Liste des figures .................................................................................................................... 95

Liste des annexes .................................................................................................................. 96

93

ANNEXES

94

Liste des tableaux

Tableau N° 1 : Superficie et nombre de villages administratifs par commune ............... 9

Tableau N° 2 : Situation de la population dans les villages des départements .............. 14

Tableau N° 3 : Synthèse des contenus des méthodes d’identification des besoins de

formation .............................................................................................................................. 27

Tableau N° 4 : Synthèse des données sur les statuts des producteurs enquêtés ............ 54

Tableau N° 5 : Analyse des modes d’expression des besoins de formation des acteurs 59

Tableau N° 6 : Analyse des procédures de sélection des bénéficiaires de formation .... 60

Tableau N° 7 : Evolution des moyens financiers accordés à la formation des acteurs

dans le cadre des activités du PDL-Ouest durant les trois dernières années ................. 61

Tableau N° 8 : Analyse des forces et faiblesses du processus d’analyse des besoins de

formation .............................................................................................................................. 63

Tableau N° 9 : Analyse des raisons des choix de bénéficiaires de formation ................. 65

Tableau N° 10 : Importance comparée des intérêts des acteurs dans les expressions de

besoins de formation ........................................................................................................... 66

Tableau N° 11 : Situation des formations reprises par les producteurs enquêtés ......... 67

Tableau N° 12 : Impact des formations sur les activités des producteurs ..................... 67

Tableau N° 13 : Centres de décision dans les procédures de sélection des bénéficiaires

de formation ......................................................................................................................... 74

95

Liste des figures

Figure 1: Carte administrative de la province des Banwa ................................................ 8

Figure 2 : Répartition des villages par commune ............................................................... 9

Figure 3 : Répartition des superficies par commune (km²) ............................................... 9

Figure 4 : Cadre d’analyse 1 : Représentation du modèle d’analyse conceptuel des

enjeux et stratégies des acteurs (inspiré du modèle - outil des enjeux et stratégies de

CROZIER et MORIN) ........................................................................................................ 43

Figure 5 : Cadre d’analyse 2 : Représentation du modèle d’analyse conceptuel des

modes d’analyse des besoins des acteurs (inspiré du modèle - outil d’analyse de

processus de HALLE) ......................................................................................................... 44

Figure 6 : Schéma d’ensemble du modèle d’analyse conceptuel des hypothèses de la

recherche .............................................................................................................................. 49

Figure 7 : Processus d’analyse des besoins de formation des acteurs ruraux ............... 58

Figure 8 : Evolution des montants alloués à la formation dans le cadre des activités du

PDL-Ouest, ces 3 dernières années. ................................................................................... 62

Figure N° 9 : Une fosse fumière réalisée dans la province des Banwa ........................... 70

96

Liste des annexes

Annexe 1 : Situation des groupements de base par filière .................................................. I

Annexe 2 : Situation des unions de groupements par filière ............................................ II

Annexe 3 : Services techniques étatiques concernés par la recherche dans la province

des Banwa .............................................................................................................................III

Annexe 4 : Situation des partenaires au développement dans la province des Banwa IV

Annexe 5 : Synthèse des documents de politiques et stratégies de développement

rurales au Burkina Faso ................................................................................................... VII

Annexe 6 : Situation de l’offre de formation des anciens CFJA dans la province des

Banwa ................................................................................................................................... IX

Annexe 7 : Note de méthodologie des investigations du chantier .................................... X

Annexe 8 : Guide d’orientation des outils de collecte des données ............................... XII

Annexe 9 : Niveau d’implication des parties prenantes dans l’identification des besoins

de formation selon quelques projets touchés .............................................................. XVIII

Annexe 10 : Accord pédagogique de mise en œuvre du stage ...................................... XXI

I

Annexe 1 : Situation des groupements de base par filière

Filière Nombre OP Effectifs des

membres

Partenaires d’appui

Céréales

195 4 875 UGCPA ; OCADES ; SNV ; PDL-

Ouest ; STD

Coton 687 17 175 SOFITEX

STD

Riz 8 2 306 ONR /B ; PRP ; PA/FR ; INERA ;

SOPROFA ; SNV ; STD

Oléagineux

204 4 488 SOPRADEX ; OCADES ; OLAM ;

SNV ; STD

Fruits

44 440 STD ; NANKOSEM ; SNV

Maraîchage

63 945 STD ; NANKOSEM ;

Tubercules

6 486 STD ; PDL-Ouest ; SNV ; INERA

Elevage 75 1 875 STD ; PDL-Ouest ; PAEOB ;

PRIVES ; PAMER

Pêche

11 77 STD ; PDL-Ouest

Artisanat 65 975 FABA ; STD ; PDL-Ouest ;

MECABA ; Caisse populaire

GIE 61 915 CIDR/CEVECA ; BANQUES ;

Caisse populaire ; STD

Jeunes Fixes et

Brigades de

Production

14 239 STD

Institutions de crédit

TOTAL 1 433 34 796

Source : DPARH, Rapport annuel d’activités campagne 2006/2007

II

Annexe 2 : Situation des unions de groupements par filière

Filière Union départementale Union provinciale Observations

Nombre Effectifs

OP de base

Nombre Effectifs

Membres

Coton 6 687 1 17 175 - Appui spécifique

de la SOFITEX

- Possède 1 radio

communautaire

Oléagineux 3 204 1 4 488 - Appui spécifique

de la SNV (filière

sésame)

Artisanat 6 65 1 975 - Appui spécifique

du MECAP

Pêche 2 11 1 77 - Appui spécifique

DPECV

Riz 3 8 1 2 306 - Appuis

spécifiques du

PA/FR et du PPIV

Tubercule 4 6 1 486 - Appui spécifique

DPAHRH

Semence 6 15 1 380 - Appui spécifique

DPAHRH

TOTAL 30 931 7 25 887

Source : DPARH, Rapport annuel d’activités campagne 2006/2007

III

Annexe 3 : Services techniques étatiques concernés par la recherche dans la province

des Banwa

Partenaires Domaines

d’intervention

Domaine d’intérêt dans

la formation

Direction Provinciale de

l’Agriculture, de l’Hydraulique et

des Ressources Halieutiques

Encadrement

Agriculture,

hydraulique

- Organisation des acteurs

- Appui-conseil

- Formations techniques

Direction Provinciale de

l’Enseignement de base et de

l’Alphabétisation

Encadrement

Education primaire

- Organisation des acteurs

- Appui-conseil

- Formations techniques

Direction Provinciale de

l’Environnement et du Cadre de Vie

Encadrement

Environnement et cadre

de vie

- Organisation des acteurs

- Appui-conseil

- Formations techniques

Direction Provinciale des

Ressources Animales

Encadrement

Elevage

- Organisation des acteurs

- Appui-conseil

- Formations techniques

District sanitaire de Solenzo Encadrement

Sanitaire

- Organisation et

Formation des COGES

- Appui-conseil

Source : Enquête étude, avril 2007

IV

Annexe 4 : Situation des partenaires au développement dans la province des Banwa

Partenaires Domaines d’intervention Domaine d’intérêt dans la

formation des acteurs

ACCEDES (Action

Chrétienne pour la

Coopération Economique et le

Développement Economique

et sociale)

- Micro-crédit ;

- Equipement agricole ;

- Activités Génératrices de

Revenus (AGR) ;

- Projet Hydraulique ;

- Reboisement etc.

- Alphabétisation des

adultes

- Formations techniques

ATN

L’Association Tontine Nouna

Epargne ;

Micro-crédit ;

Organisation des

épargnants

- Formation technique

(gestion)

- Alphabétisation

BACB

Banque Agricole et

Commerciale du Burkina

- Organisation des acteurs

- Micro-crédit

-Formation en organisation

des acteurs

CIDR (Centre International

pour le Développement et

Recherche)/ volet (Caisse

Villageoise d’Epargne et de

Crédit autogéré)

- Micro-crédit rural

- Epargne rural

- Construction de caisse

(bâtiments

- Formations à

l’organisation des acteurs

- Formations techniques

(gestion)

MEDIVET

(Cabinet vétérinaire)

- Soins vétérinaires

- Appui-conseil aux

producteurs

- Formations à

l’organisation des acteurs

- Formations techniques

PRAVET

(Cabinet vétérinaire)

- Soins vétérinaires

- Appui-conseil aux

producteurs

- Formations à

l’organisation des acteurs

- Formations techniques

FAARF (Fonds d’Appui aux

Activités Rémunératrices des

Femmes)

- Micro-crédit - Formations techniques

(gestion)

FEM/ONG

Fonds pour l’Environnement

Mondial

- Gestion durable des

ressources naturelles.

- Formations à

l’organisation des acteurs

- Formations techniques

MECAB

Mutuelle d’Epargne et de

Crédit des Artisans des Banwa

- Promotion de l’artisanat

- Micro-crédit

- Formations diverses

Mission catholique et

partenaires au

développement (projet suivi par le Diocèse de

Nouna – Province Kossi et les

paroisses de la Province des

Banwa)

- Hygiène alimentaire ;

Sécurité alimentaire ;

- Structuration du milieu

- Accroissement des

équipements sociaux

d’utilité publique

- Assainissement autour

des points d’eau ;

- Action coopérative ;

- Education et formation

spirituelle

- Alphabétisation

- Formations monde rural

- Animation et organisation

des groupes

- Cathésèse

- Famille, Promotion

femme, Santé

- Justice et paix

- Communication

- Culture/ Jeunes

- Foi et vie

V

Partenaires Domaines d’intervention Domaine d’intérêt dans la

formation des acteurs

PAEOB

Projet d’Appui à l’Elevage

dans l’Ouest du Burkina

- Renforcement des

compétences et capacités

des OPE

- Appui-conseil au

développement des

activités des OPE

- Formations à

l’organisation des acteurs

- Formations techniques

PAFR

Plan d’Action pour la Filière

Riz

(projet suivi par la DPAHRH)

- Appui aux OPR de bas-

fonds et de petits

périmètres ;

- Structuration du milieu ;

- Gestion de la fertilité des

sols,

- Matériel spécifique de

riziculture.

- Formations à

l’organisation des acteurs

- Formations techniques

PAMER

Projet d’Appui aux Micro-

Entreprises (antenne)

- Promotion de la micro-

entreprise rurale

- Formations à

l’organisation des acteurs

- Formations techniques

PASEB

Programme d’Appui Sectoriel

à l’Enseignement de Base

(projet national suivi par la

DPEBA)

- Renforcement des

infrastructures scolaires ;

- Construction des

complexes scolaires ;

- Appui à l’équipement des

infrastructures.

- Education de base

PDDEB

Plan Décennal de

Développement de l’Education

de Base (projet national suivi

par la DPEBA)

- Renforcement des

infrastructures scolaires

- Relèvement du taux de

scolarisation et

d’alphabétisation

- Formation enseignants

- Education de base

- Education non formelle

PDL-Ouest

Projet développement Local de

l’Ouest (projet suivi par

opérateur privé IMPACT-Plus)

- Renforcement des

capacités des populations

(information, connaissance

du milieu, organisation des

populations, maîtrise

d’œuvre locale)

- Financement des

investissements socio-

économiques

- Alphabétisation

- Formations à

l’organisation des acteurs

- Formations techniques

- Voyages d’études

- Valorisation de la

maîtrise d’œuvre locale

PGDT

Programme de Gestion

Durable des Terres (projet

national suivi par la

DPAHRH)

- Renforcement des

capacités des producteurs

- Appui à l’acquisition des

équipements agricoles

- Formations à

l’organisation des acteurs

- Formations techniques

PHS

Projet Hydraulique Scolaire

(projet national suivi par la

DPEBA)

- Eau potable en milieu

scolaire ;

- Hygiène en milieu

scolaire et en famille ;

- Gestion des points d’eau

- Formation de comités de

gestion

VI

Partenaires Domaines d’intervention Domaine d’intérêt dans la

formation des acteurs

PNDSA II

Programme National de

Développement des Structures

Agricoles (projet national suivi

par la DPAHRH)

- Appui à la production

agropastorale ;

- Appui à l’équipement

agricole ;

- Financement des micro-

crédits ;

- Appui à la maîtrise

d’œuvre locale ;

- Insertion des rapatriés de

Côte d’Ivoire.

- Formations à

l’organisation des acteurs

- Formations techniques

PPIV

Programme de Développement

de la Petite Irrigation

Villageoise (projet national

suivi par la DPAHRH)

- Intensification agricole en

saison sèche

- Appui à la formation des

producteurs ;

- Appui à l’acquisition des

équipements agricoles ;

- Appui à la

commercialisation des

produits agricoles

- Formations à

l’organisation des acteurs

- Formations techniques

PPN

Projet Puits Nouna

- Eau potable ;

- Réalisation de puits

- Animation à

l’assainissement de

l’hygiène autour des points

d’eau

- Appui à la

responsabilisation des

bénéficiaires

- Formation de comités de

gestion

PROMART/BF

Programme de Promotion de

l’Artisanat au Burkina Faso

- Promotion activités de

l’artisanat

- Formations à

l’organisation des acteurs

- Formations techniques

SNV

Organisation Néerlandaise de

Développement

- Conseil en services de

développement des

capacités

organisationnelles et

thématiques

- Gouvernance locale

- Gestion des Ressources

Naturelles

- Formations à

l’organisation des acteurs

- Formations techniques

SOCAVET

(Cabinet vétérinaire)

- Soins vétérinaires

- Appui-conseil aux

producteurs

- Formations techniques

SOFITEX

Société des Fibres Textiles

- Production et

commercialisation du

coton

- Formations diverses des

Groupements de

producteurs de coton

Source : Enquête étude, avril 2007

VII

Annexe 5 : Synthèse des documents de politiques et stratégies de développement

rurales au Burkina Faso

Documents des

grandes orientations

politiques

Contenu et objectifs

Cadre Stratégique de

Lutte contre la Pauvreté

(CSLP)

Le Gouvernement Burkinabè a élaboré en 1995, une Lettre

d'Intention de Politique de Développement Humain Durable

(LIPDHD) pour centrer la stratégie de développement du pays

sur le concept de sécurité humaine. Chaque Burkinabè doit ainsi

accéder à la sécurité économique, sanitaire, alimentaire et

environnementale. La suite de la LIPDHD et d’autres réformes

économiques de résorption de la pauvreté aboutissent à

l’élaboration du CSLP en 2000, et révisé en octobre 2003.

Le CSLP est la première plate-forme de référence pour les

interventions dans le développement au Burkina Faso. Il décline

4 axes stratégiques et des actions prioritaires dans lesquels

s’inscrit la PDRD. Enfin, le CSLP confirme que pour le

gouvernement, la réduction de la pauvreté passe par une forte

croissance de l’ordre de 7 à 8 % entraînant une croissance du

PIB par tête d’environ 4 à 5 % par an. Ce qui pourrait permettre

de doubler le revenu par tête dans moins de 15 ans.

Lettre de Politique de

Développement Rural

Décentralisé

(LPDRD)

Pour atteindre ses objectifs dans le développement rural, le

Gouvernement recherche une plus grande efficience. Il a choisi

de traduire cette option à travers une stratégie nationale de

«Développement Rural Décentralisé», impliquant une

harmonisation des approches et méthodes, et la mise en place

d'un mécanisme de coordination et de suivi/évaluation au

niveau national. La Lettre de Politique de Développement Rural

Décentralisé (LPDRD) a donc été élaborée dans ce sens. Aussi,

dans le cadre de la LPDRD, les mécanismes opérationnels de

mise en œuvre du Développement Rural Décentralisé

s'articulent autour d'un cadre institutionnel qui décrit les

niveaux de responsabilités (concertations, décisions, appui

conseils), et d'une répartition des rôles entre l'Etat et les autres

VIII

Documents des

grandes orientations

politiques

Contenu et objectifs

acteurs du développement. Le CNCPDR (Cadre National de

Concertation des Partenaires intervenant dans le

Développement Rural) qui s’inscrit dans ces mécanismes, a

pour rôle d’assurer la coordination d'ensemble des interventions

en matière de développement rural. Son fonctionnement n’est

pas pour le moment effectif.

Stratégie de

Développement Rural à

l’horizon 2015 (SDR)

Face aux différentes contraintes limitant les performances du

secteur du développement rural, mais aussi face á l’évolution du

contexte régional et international, les autorités du pays ont vu la

nécessité d’élaborer une Stratégie de Développement Rural

(SDR). Cette SDR reste en cohérence avec le CSLP et les

politiques et stratégies sectorielles de développement régional et

international. La SDR constitue le cadre de référence de

l’ensemble des interventions publiques dans le développement

rural. Son objectif global est d’«assurer une croissance soutenue

du secteur rural en vue de contribuer à la lutte contre la

pauvreté, au renforcement de la sécurité alimentaire et à la

promotion d’un développement durable». Les principes

directeurs de la SDR se réfèrent au CSLP révisé et à la LPDRD.

La mise en œuvre de la SDR se base sur deux types d’action à

savoir son opérationnalisation (qui s’est traduite par des actions

concrètes pour la plupart exécutées), et la définition du rôle des

acteurs (Etat et ses démembrements, collectivités locales et

communautés de base, organisations professionnelles et

opérateurs privés, partenaires techniques et financiers).

Source : Enquête étude, avril 2007

IX

Annexe 6 : Situation de l’offre de formation des anciens CFJA dans la province des

Banwa

Commune Villages Date de

construction

Source de

financement

Observations

SANABA Kossoba 1961 FED - Dernières promotions : 1984

- Nombre total de CFJA

recensés : 14

- Recrutement : Tous les 3 ans

- Effectif moyen /promotion :

40 à 45 apprenants

- Effectifs moyens formés

dans la Province : environ

3 000 actifs

Kounla 1971 Banque

Mondiale

TANSILA Ben 1961 FED

Kounéni ND Population

Triko 1967 Banque

Mondiale

SOLENZO Béna 1961 FED

Daboura 1961 FED

Dèssè 1981 Banque

Mondiale

Dissankuy ND Population

Lékoro ND Population

Moussakongo 1961 FED

KOUKA Kouroumani 1961 FED

Mawana 1979 ND

SAMI Dima 1961 FED

Source : Monographie de la Province des Banwa (1997)

X

Annexe 7 : Note de méthodologie des investigations du chantier

1. Mise en situation dans l’entreprise d’accueil (stage)

Conformément au retro-planning, les activités de notre stage et la recherche

concernent les travaux suivants :

Etape 1 : Echanges sur la commande de notre entreprise : Janvier – mars 2007

- Action 1 : Formalisation de la commande - revue du cahier de charge –

compréhension de notre mission – produit final à rendre

- Action 2 : Signature de la fiche accord pédagogique

Etape 2 : Etapes préparatoire des investigations terrain : mars- avril 2007

- Action 1 : Contact préliminaires avec des personnes ressources sur le terrain

(province des Banwa) – Enquêtes exploratoires

- Action 2 : Préparation de la feuille de route des investigations sur le terrain

- Action 3 : Elaboration des outils de collecte des données

Etape 3 : Investigations terrain/collecte des données : avril 2007

Etape 4 : Traitement et analyse des données : avril - mai 2007

- Action 1 : Travail de dépouillement des données collectées

- Action 2 : Saisie et traitement informatique

- Action 3 : Analyse des résultats de notre recherche

2. Travaux de recherche

2.1. Objectifs

Objectif de la commande pour le chantier

Satisfaire la commande de notre entreprise par l’établissement de l’état des lieux des

méthodes d’identification des besoins de formation des populations rurales dans la Province

des Banwa (Burkina Faso) pour une amélioration de l'élaboration des plans de formation des

populations.

Objectif pour le projet de mémoire

Objectif global : Se servir des données de cet état de lieux pour traiter notre

problématique s’articulant autour de la question de recherche suivante : Dans la Province

des Banwa, quelles sont les raisons pour lesquelles, à l’analyse, les besoins de

formation des acteurs ruraux dans le cadre du renforcement de leurs capacités, ne

varient pas ?

XI

Objectifs spécifiques

1. Parvenir à la compréhension des représentations, attitudes, motivations et

pratiques dans le domaine de la formation dans les Banwa (Burkina Faso)

2. Confronter le discours aux pratiques réelles afin d'identifier les éventuelles

contradictions entre ce qui se dit et ce qui se fait et permettre de dévoiler les logiques sous-

jacentes et les rationalités propres à l'action des acteurs.

2.2. Démarche

La commande: Nous assurerons personnellement la collecte des données et suivrons la

démarche suivante pour atteindre les résultats de la commande et de la recherche :

1. Diagnostic concerté avec les acteurs dans la province des Banwa sur les méthodes

d’identification de leurs besoins de formation ;

2. Analyse des résultats du diagnostic et établissement du lien avec les plans de

formation financés par les partenaires techniques accompagnant les populations ;

3. Préconisations en tenant compte des outils et démarches d’ingénierie de formation.

Le mémoire : il s’agira à travers le traitement des informations de la commande (Diagnostic)

d’approfondir la question de recherche du mémoire tel que décrit dans la note

problématique.

Source : Enquêtes étude, avril 2007

XII

Annexe 8 : Guide d’orientation des outils de collecte des données

N° Axe de recherche Producteurs individuels Organisations de producteurs

(groupements, associations)

Partenaires d’appui (ONG,

services techniques, projets)

I STRATEGIES IDENTITAIRES

1.1 Dimension socioculturelle

1.1.1 Statuts socioculturels des

acteurs

- Caractéristiques du producteur

ou de la productrice enquêté (é)

- Quelles sont les partenaires de

l’organisation à laquelle vous

appartenez ?

- Avez-vous personnellement

des relations particulières avec

certaines d’entre elles ?

- Caractéristiques du groupe

- Que pensez vous du niveau

d’organisation de votre association ?

- Dans votre organisation, quels

types de relations entretenez –vous

entre vous ?

- Quelles sont les partenaires de

votre organisation et quels types de

relations entretenez-vous avec eux ?

- Identification du partenaire

- Depuis combien de temps

intervenez-vous auprès des acteurs

ruraux de la Province ?

- Quel est votre avis sur

l’appréciation faite par les acteurs

de votre structure ?

1.1.2 Monopole du capital technique

par les acteurs

- Avez-vous bénéficié d’une

même formation à plusieurs

reprises ? Pourquoi ?

- Quelles sont les raisons

essentielles pour lesquels les

membres de votre organisation

expriment-ils les mêmes besoins de

formations ?

- Quels sont les besoins qui sont

exprimés de façon répétée par les

acteurs demandeurs de formation

? - Quelles en sont les raisons

selon vous ?

XIII

N° Axe de recherche Producteurs individuels Organisations de producteurs

(groupements, associations)

Partenaires d’appui (ONG,

services techniques, projets)

1.1.3 Niveau d’utilisation des savoirs

et savoirs faire dans la pratique

- Qu'est ce que vous avez fait

avec les formations que vous

avez déjà reçues ?

- Quelles sont les changements que

vous avez observés dans la vie de

votre organisation en lien avec ce

que les bénéficiaires de formation

ont partagé avec ses membres ?

- Que pensez-vous de l’utilisation

post réalisation des formations que

vous appuyez ?

1.2 Dimension économique

1.2.1 Importance des prises en charge

de perdiems comme sources de

revenus monétaires motivant

des acteurs lors des sessions de

formation

- Avez-vous bénéficié d’une

même formation à plusieurs

reprises ? Que tirez comme

profit à faire ces formations en

terme de revenus monétaires ?

- Comment organisez-vous les

activités de formation et quel est

votre niveau de contribution en

terme de financement ? Quelle est

l’importance des contributions

financières apportées par vos

partenaires

- Quels sont les besoins qui sont

exprimés de façon répétée par les

acteurs demandeurs ? Comment

expliquez vous cela ? Que pensez-

vous des prises en charge de

perdiems dans les formations que

vous accompagnez ?

1.2.2 Place des équipements de travail

dans l’accompagnement des

formations et leur importance

pour les producteurs

- Avez-vous déjà reçu des

formations ou des équipements

vous ont été fournis comme

mesures d’accompagnement,

Quelle est leur importance pour

votre formation ?

- Quels sont les formations pour

lesquels des équipements sont

obligatoires en tant que mesures

d’accompagnement ?

- Quels sont les mesures

d’accompagnement (en terme

d’équipements) que vous apportez

aux formations des acteurs ? Sont-

ils obligatoires ?

XIV

N° Axe de recherche Producteurs individuels Organisations de producteurs

(groupements, associations)

Partenaires d’appui (ONG,

services techniques, projets)

1.2.3 Bénéfice des financements

éventuels

- De retour d’une formation que

faites-vous des connaissances

acquises ?

- Quels sont les changements que

vous avez observés dans la vie de

votre organisation en lien avec ce

que les bénéficiaires de formation

ont partagé avec ses membres ?

- Quelle appréciation faites-vous

des effets ou impacts des

formations réalisées avec votre

appui au bénéfice des acteurs ?

1.3 Dimension politico institutionnel

1.3.1 Type de manifestation d’intérêts

culturel ou économique dans la

mise en œuvre des procédures

de désignation des bénéficiaires

de formation

- Existe-t-il des personnes ou

des responsables qui veulent à

chaque fois faire partie des

membres désignés pour les

formations ?

- Comment est-ce que vous,

vous aviez été désigné pour

bénéficier des formations ?

Pensez-vous que ces manières

sont correctes ?

- Quelles sont les procédures de

désignation des bénéficiaires des

formations dans votre organisation ?

- Y’a-t-il des situations où vous avez

des difficultés pour désigner les

participants ? Si oui pourquoi ?

- Quelle influence les partenaires

qui vous accompagnent ont-ils dans

ce choix ?

- Comment se fait le choix des

bénéficiaires des formations que

vous accompagnez ?

- Quelle est la procédure par

laquelle les bénéficiaires des

formations que vous appuyés sont

désignés ?

XV

N° Axe de recherche Producteurs individuels Organisations de producteurs

(groupements, associations)

Partenaires d’appui (ONG,

services techniques, projets)

1.3.2 Type de manifestation d’intérêts

culturel ou économique dans la

mise en œuvre des modes et

mécanismes de prises de

décision dans les groupes

- Quelle est la raison qui a

motivé votre désignation parmi

tant d’autres camarades pour

bénéficier des formations ?

- Quelle est l’instance ou le

responsable qui décide en dernier

ressort de la participation d’un

membre de votre organisation à une

formation ?

- Que pensez –vous du

fonctionnement et des modes de

prises de décision des

organisations de producteurs que

vous accompagnez ?

II NATURE DES MODES

D’ANALYSE DES BESOINS

DE FORMATION

2.1 Dimension technique

2.1.1 Méthodes de mise en œuvre - Comment les expressions de

besoins de formation se font –

elles dans l’organisation dans

laquelle vous appartenez ?

- Comment déterminez-vous vos

besoins de formation et faites-vous

leur planification, leur mise en

œuvre et leur suivi ?

- Quelle démarche mettez-vous en

œuvre pour accompagner

l’identification et l’analyse des

besoins de formation des acteurs ?

2.1.2 Contenu des formations - Quelles sont les sessions de

formation auxquelles vous avez

personnellement pris part ?

Quelles sont les formations que

vous aimez le plus ou que vous

aimeriez refaire encore ?

- Quels sont les domaines dans

lesquels, vous avez l’habitude de

solliciter vos besoins de formation?

- Dans quel domaine de formation

les acteurs que vous accompagnez

expriment-ils le plus souvent leurs

besoins ?

XVI

N° Axe de recherche Producteurs individuels Organisations de producteurs

(groupements, associations)

Partenaires d’appui (ONG,

services techniques, projets)

2.1.3 Dispositif de mise en œuvre - Comment, par qui

l'information sur les formations

est-elle parvenue jusqu'à vous ?

- Comment vous organisez-vous

pour faire le choix de vos thèmes de

formation ?

- Quel dispositif mettez-vous en

œuvre dans l’accompagnement

des acteurs pour l’identification et

l’analyse de leurs besoins ?

2.2 Dimension institutionnelle

2.2.1 Acteurs institutionnels

impliqués

- Quelle est la procédure par

laquelle vous avez été désigné

pour bénéficier de ces

formations ?

- Qui a financé les formations

que vous avez reçues ?

- Quels sont les acteurs de la

Province que vous impliquez dans

les modes d’analyse de vos besoins

de formation ?

- Quels sont les acteurs

institutionnels partenaires de votre

structure et quels sont vos

relations ?

2.2.2 Processus et procédures des

financements et

d’accompagnement des actions

de développement

- Au moment de désignation des

participants à une formation,

peut-on dire qu’il y a une sorte

de compétition, avec parfois des

tiraillements entre les membres ?

- Quelle est la manière par laquelle

les bénéficiaires des formations sont

désignés au sein de votre

organisation ? Quelle est l’instance

ou le responsable qui décide en

dernier ressort de la participation

d’un membre à une formation ?

- Que pensez-vous de cette

affirmation qu’il y a une

répétition des mêmes besoins de

formation exprimés à chaque fois

qu’on procède à leur analyse ? A

votre avis y a t il un lien entre

l’analyse des besoins de formation

des acteurs et leurs intérêts ?

XVII

N° Axe de recherche Producteurs individuels Organisations de producteurs

(groupements, associations)

Partenaires d’appui (ONG,

services techniques, projets)

III- AUTRES - Quelles sont les difficultés

rencontrées dans la mise en

pratique de ce que vous aviez

appris ?

- Avez-vous d'autres remarques

ou suggestions en ce qui

concerne l'organisation des

sessions ?

- Quelles sont les difficultés vécues

ou perçues par votre organisation

dans le domaine de la formation ?

- Quelles sont les propositions que

vous jugez pertinentes pour une

meilleure formation des membres de

votre organisation ?

- Quelles sont vos contraintes dans

l’appui et l’accompagnement des

formations ?

- Quelles sont les propositions que

vous jugez pertinentes pour une

meilleure formation des acteurs

ruraux

Source : Enquêtes étude, avril 2007

XVIII

Annexe 9 : Niveau d’implication des parties prenantes dans l’identification des besoins

de formation selon quelques projets touchés

Partenaires Niveau d’implication du partenaire

dans l’identification des besoins et la

mise en œuvre des formations

Niveau d’implication des acteurs

ruraux dans l’identification des

besoins et la mise en œuvre des

formations

PDL-Ouest - Rédaction de synthèses (villages,

départements, Province)

- Information sur les politiques

sectorielles et les normes nationales

- Animation d’une démarche

d’identification et de priorisation des

actions en fonction des axes de

développement dont la formation

- Elaboration de plans annuels de

formation inclus dans le devis-

programme du projet au profit des

acteurs accompagnés

- Signature d’accord de financement

entre les instances et les promoteurs

(conventions)

- Signature de contrat de prestation

(promoteurs/prestataires)

- Cofinancement des actions de

formation

- Suivi de l’exécution des projets sur

le terrain

- Bilan des activités et capitalisation

des données.

- Participation à la collecte de données

et études monographiques

- Formalisation des idées de projets de

formation en dossiers de micro-projets

à soumettre au financement

- Signature de contrat de prestation

(promoteurs/prestataires)

- Cofinancement des actions de

formation

- Mobilisation des acteurs

bénéficiaires de formation (cas des

organisations)

- Participation aux formations

(individus)

- Suivi de l’exécution des projets sur

le terrain (cas des organisations)

PAEOB - Enquête initiale auprès des OPE

(information des acteurs)

- Animation d’une démarche de

diagnostic approfondie et de

planification des actions de concert

avec les OPE

*prise de contact,

*diagnostic de l’OPE,

*diagnostic des besoins de

formation,

*capitalisation de références

techniques

* Elaboration de plan d’action

* Financement des actions de

formation

- Bilan des activités et capitalisation

des données.

- Participation aux enquêtes, au

diagnostic et à la planification des

actions de formation

- Participation à l’élaboration du plan

d’action de l’OPE

- Recherche de financement auprès

d’autres partenaires

- Mobilisation des acteurs

bénéficiaires de formation (cas des

organisations)

- Participation aux formations

(individus)

- Suivi de l’exécution des projets de

formation sur le terrain

XIX

Partenaires Niveau d’implication du partenaire

dans l’identification des besoins et la

mise en œuvre des formations

Niveau d’implication des acteurs

ruraux dans l’identification des

besoins et la mise en œuvre des

formations

PAMER - Enquête initiale auprès des MER et

porteurs d’initiatives (information des

acteurs)

- Animation d’une démarche de

diagnostic approfondie et de

planification des actions de concert

avec les acteurs

- Identification et choix des besoins de

formation

- Prise en compte des actions de

formation dans le plan budget annuel

du projet

* Financement des actions de

formation

- Bilan des activités et capitalisation

des données.

- Participation aux enquêtes, au

diagnostic et à la planification des

actions de formation

- Mobilisation des acteurs

bénéficiaires de formation (cas des

organisations)

- Participation aux formations

(individus)

- Suivi de l’exécution des projets de

formation sur le terrain (cas des

organisations)

CIDR - Enquête initiale auprès des villages

ciblés (information des acteurs)

- Animation d’une démarche de

diagnostic approfondie et de

planification des actions de concert

avec les acteurs pour la mise en place

de caisses villageoises

- Identification des besoins de

formation des acteurs

- Identification des responsables

bénéficiaires des formations selon leur

implication dans les structures de

gestion des caisses villageoises

- Financement des actions de

formation (organisation et gestion

financière des caisses villageoises

- Suivi de l’exécution des projets de

formation sur le terrain

- Bilan des activités et capitalisation

des données.

- Participation aux enquêtes et au

diagnostic villageois

- Participation aux formations

(responsables identifiés par l’ONG)

PAROISSES

(religion

catholique)

- Identification des besoins de

formation des acteurs avec l’appui des

structures religieuses dans les villages

- Identification des bénéficiaires des

formations selon leur implication

- Financement des actions de

formation

- Suivi de l’exécution des projets de

formation sur le terrain

- Bilan des activités et capitalisation.

- Mobilisation des acteurs

bénéficiaires de formation (cas des

organisations)

- Participation aux formations

(individus)

XX

Partenaires Niveau d’implication du partenaire

dans l’identification des besoins et la

mise en œuvre des formations

Niveau d’implication des acteurs

ruraux dans l’identification des

besoins et la mise en œuvre des

formations

SNV - Enquête initiale auprès des

organisations accompagnées

(information des acteurs)

- Animation d’une démarche de

diagnostic approfondie et de

planification des actions de concert

avec les acteurs

*prise de contact,

*diagnostic institutionnel et

organisationnel,

*diagnostic des besoins de

formation,

*capitalisation de références

techniques

- Elaboration de plan d’appui conseil

et d’accompagnement des acteurs

(ONG)

- Cofinancement des actions de

formation

- Bilan des activités et capitalisation

des données.

- Participation aux enquêtes, au

diagnostic et à la planification des

actions de formation

- Mobilisation des acteurs

bénéficiaires de formation (cas des

organisations)

- Participation aux formations

(individus)

- Suivi de l’exécution des projets de

formation sur le terrain (cas des

organisations)

- Cofinancement des actions de

formation

Source : Enquêtes étude, avril 2007

XXI

Annexe 10 : Accord pédagogique de mise en œuvre du stage