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UNIVERSITE DE ROUEN
------------------ UFR DE PSYCHOLOGIE, SOCIOLOGIE ET
SCIENCES DE L’EDUCATION ------------------
DEPARTEMENT DES SCIENCES DE L’EDUCATION
MASTER INGENIERIE ET CONSEIL EN
FORMATION
Année universitaire 2006-2007
Mémoire soutenu par Boubacar ZOUNDI
Sous la direction de Stéphanie GASSE
Septembre 2007
ANALYSE DES BESOINS DE FORMATION
POUR LE RENFORCEMENT DES CAPACITES
DES POPULATIONS
EN MILIEU RURAL AU BURKINA FASO
PROPOSITION DE METHODES ET OUTILS POUR UNE MEILLEURE ELABORATION DES PLANS DE FORMATION
2
SSOOMMMMAAIIRREE
SOMMAIRE ...................................................................................... 2
REMERCIEMENTS .......................................................................... 3
INTRODUCTION ............................................................................................................. 4
PREMIERE PARTIE : CADRE CONCEPTUEL ET
METHODOLOGIQUE .................................................................... 6
I. CONTEXTE DE LA RECHERCHE ........................................................................... 7
II. OBJET DE LA RECHERCHE ET HYPOTHESES DE TRAVAIL .................... 28
III. CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE .................................................... 32
IV. METHODES ET TECHNIQUES DE RECHERCHE MISES EN ŒUVRE Ŕ
LIMITES ET CONTRAINTES ..................................................................................... 45
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES RESULTATS ............ 53
I. CARACTERISTIQUES DES ACTEURS RENCONTRES .................................... 54
II. LES MODES D’ANALYSE DES BESOINS DE FORMATION .......................... 57
III. JEU DES INTERETS INDIVIDUELS ET EXPRESSION DE BESOINS DE
FORMATION ................................................................................................................. 64
IV. ANALYSE CRITIQUE DU TRAVAIL DE RECHERCHE ................................ 76
CONCLUSION ................................................................................................................ 82
BIBLIOGRAPHIE ........................................................................... 84
SIGLES ET ABREVIATIONS ........................................................ 87
TABLE DES MATIERES................................................................ 89
ANNEXES ........................................................................................ 93
Liste des tableaux ............................................................................. 94
Liste des figures ................................................................................ 95
Liste des annexes .............................................................................. 96
3
REMERCIEMENTS
Au terme de l’élaboration du présent mémoire, nous avons
l’insigne honneur d’exprimer notre profonde gratitude à tous ceux qui, de près ou de
loin, ont contribué à sa réalisation.
Nos remerciements vont particulièrement :
- A Stéphanie GASSE, notre Directrice de mémoire
Malgré vos responsabilités, vous avez accepté de nous encadrer dans la
réalisation de ce travail.
Veuillez agréer l’expression de notre entière reconnaissance.
- Au Directeur du bureau IMPACT-Plus
En reconnaissance à votre esprit de compréhension, votre soutien nous a été
utile tout au long de notre formation.
Profonde gratitude.
Nous nous en voudrions de passer sous silence :
- Toutes les personnes ressources ayant apporté leur contribution à la mise en
œuvre de ce travail.
Nous vous renouvelons notre reconnaissance pour votre grande collaboration
tant à travers la consistance de vos avis que des informations que vous nous aviez
livrés, permettant ainsi d’atteindre les résultats consignés dans le présent mémoire.
4
IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN
De nombreuses années d’expériences de travail d’appui et d’accompagnement des
populations en milieu rural et particulièrement, dans la province des Banwa au Burkina Faso, ont
suscité en nous une kyrielle d’interrogations en ce qui concerne la consistance des offres de
formation et leur finalité réelle, tant leur efficacité reste à cerner.
Ces années ne nous ont nullement permis d’élucider de façon objective, cette question
récurrente qui revient dans le cadre du renforcement des capacités des acteurs ruraux : quelle
motivation pour l'identification et l’analyse des besoins de formation exprimés par les populations
rurales ? Besoins d’intérêts conjoncturels ou plutôt besoins orientés par la recherche d’une
amélioration de leurs capacités à exercer leurs activités de manière efficace et durable ? A cette
question, se pose concomitamment celle relative à la pertinence des formations demandées et leur
lien effectif avec les changements souhaités, le passage d’une situation antérieure négative ou
insuffisante à une situation positive et améliorée.
Il ressort de nos observations personnelles et des constats de plusieurs intervenants en
milieu rural, que l’analyse des besoins de formation des acteurs ruraux, apparaît plus comme une
scène cyclique de répétition des besoins de formations, c’est-à-dire la répétition des mêmes
demandes de formations et par les mêmes acteurs. Pourquoi une telle invariabilité dans
l’expression des besoins de formation par les acteurs ruraux ? C’est dans l’optique de mieux
comprendre et de trouver des réponses à ces questions que, dans le cadre d’une recherche axée sur
les expériences de terrain, nous élaborons le présent mémoire de Master en Ingénierie et Conseil
en Formation. Notre thème intitulée ‘’Analyse des besoins de formation pour le renforcement
des capacités des populations en milieu rural au Burkina Faso : proposition de méthodes et
outils pour une meilleure élaboration des plans de formation’’ traite de ces questions sous
plusieurs angles dont les plus importants sont abordés dans le champ au rapport à la sociologie des
organisations et en matière de formation.
Le sujet interpelle une série d’acteurs qui interviennent à des degrés divers et selon des
logiques et des stratégies propres et permet d’aborder les enjeux des approches de développement
centrées sur le renforcement des capacités et notamment, de la formation dans le contexte du
milieu rural au Burkina Faso en général et dans la province des Banwa, en particulier.
Il occupe une place importante dans le domaine de la formation et du conseil et
spécifiquement dans la démarche d’ingénierie de la formation, notamment à son niveau
organisationnel.
5
L’intérêt du thème se situe à deux niveaux. D’abord, son importance dans la capitalisation
des expériences et l’amélioration des méthodes de travail dans le conseil et l’accompagnement de
la formation des populations rurales. Ensuite, son actualité car il vient au moment où les
recherches dans le domaine de la formation occupent une place de choix dans les approches
développées en matière de renforcement des capacités des acteurs du milieu rural.
La recherche conduite sur le sujet, a permis de spécifier différentes pratiques dans le
contexte de la province des Banwa dans laquelle s’est déroulé notre stage-terrain.
Le mémoire est organisé en deux grandes parties :
Le cadre conceptuel et méthodologique
Les éléments principaux autour desquels s’articule la construction de cette partie, sont :
- le contexte de la recherche ;
- l’objet de la recherche et les hypothèses de travail ;
- le cadre théorique ;
- les méthodes et techniques mises en œuvre et les difficultés rencontrées dans la
recherche.
L’analyse des résultats de la recherche
Les points suivants y sont développés :
- les caractéristiques des acteurs rencontrés ;
- les modes d’identification et d’analyse des besoins de formation ;
- le jeu des intérêts individuels et expression des besoins de formation et
- l’analyse critique du travail de recherche.
7
II.. CCOONNTTEEXXTTEE DDEE LLAA RREECCHHEERRCCHHEE
1.1. LE CONTEXTE GENERAL
La politique de développement au Burkina Faso est marquée, ces dernières années par de
multiples évolutions. Des nombreuses approches de développement expérimentées, on a abouti de
nos jours, à celles dites de Développement Local centrées sur le renforcement des capacités. Ces
approches mettent l’accent sur la responsabilisation des acteurs locaux et sur les aptitudes qui leur
sont nécessaires pour conduire efficacement les actions de développement et leur pérennisation.
Les enjeux sont importants. Il faut concilier une approche par la demande dans le cadre de
processus participatifs et une approche par l’offre dans le cadre d’une offre descendante
spécifique aux programmes sectoriels nationaux. Il s’agit également, de concilier la satisfaction
des besoins immédiats des populations et la prise en compte des défis d’un développement
durable s’inscrivant dans un processus à long terme.
Actuellement, les besoins de formation des acteurs locaux s’élaborent à travers les deux
types d’approches sus-mentionnées. Les acteurs bénéficiaires constituent quant à eux, un facteur
critique pour la dynamique de changement au sein de leurs organisations. Il importe donc dans
une telle situation, d’analyser la diversité des visions des individus au sein des organisations,
d’appréhender les motivations différentes et par la suite, les modes d’analyse et d’intervention
distincts dans le domaine de la formation. C’est dans l’optique d’une interprétation de cette
réalité sociologique que s’inscrit la recherche sur l’analyse des besoins de formation des
populations rurales au Burkina Faso, en général et dans la province des Banwa, en particulier.
1.2. LE CONTEXTE SPECIFIQUE DE L’ETUDE : LA PROVINCE DES BANWA
La zone de l’étude est la province des Banwa. Elle se distingue du reste des localités du
Burkina Faso du fait qu’elle est dans l’ancien bassin cotonnier, un milieu où les populations y
vivant, sont fortement organisées, en groupements coopératifs. Ces populations sont affectées par
le phénomène de la pauvreté à l’instar de l’ensemble des populations des autres régions du
Burkina Faso.
8
Elles sont pour la plupart analphabètes particulièrement en français même si des efforts
énormes sont consentis dans le domaine de l’alphabétisation en langues locales à leur profit. Les
producteurs et leurs organisations constituent la cible principale de nos investigations.
1.2.1. Les caractéristiques générales de la province
La province des Banwa est située à l’Ouest du Burkina Faso. Elle fait partie des quinze
(15) nouvelles provinces créées par décret N° 96-150/PRES portant promulgation de la loi N°
10/96-150/ADP du 28 avril 1996 dans le cadre du processus de la Décentralisation au Burkina
Faso. La province relève administrativement de la région de la Boucle du Mouhoun. Son chef-lieu
est la ville de Solenzo, située à 317 km de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. La province
a une superficie de 5 400 km² représentant environ 2% du territoire national. Elle est limitée au
nord par la province de la Kossi, au sud par la province du Houet, à l'est par la province du
Mouhoun, à l'Ouest par la République du Mali avec qui, elle partage plus de 200 km de frontière
commune.
La carte ci-dessous illustre la situation administrative de la province.
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SOLENZO
Kouka
Sami
TansilaSanaba
Ben
Guy
Kie
Dio
Toma
Dogo
Gama
Dina
Koba
Pouy
Sora
Fini
Siwi
Sama
Toula
Kelle
Moara
DoumaBouan
Tille
Yasso
Masso
Siapi
Pekuy
Founa
Kosso
Liaba
Molle
Balave
Lekoro
GombioNemena
Ouorowe
Badinga
Sagoeta
Sanakuy
Kossoba
Yainkuy
Tangouna
Mamouana
Soumakuy
Diontala
SelenkoroBourawale
Montionkuy
Kouroumani
Moussakongo
Sogodiankoli
Diakoumafindougou
Kounia
Beremkuy
Moussakuy
Bendougou
Balave
Limite de département
Route régionale
Route départementale
Limite de province
#
%
Chef lieu de département
Village#
Chef lieu de province
PROVINCE DES BANWA:CARTE ADMINISTRATIVE
N
Source : IGB,MATD Réalisation : Direction de la Cartographie et de l'Alas du Burkina, Novembre 2006
0 16 32Km
Echelle: 1/700000
LEGENDE
KOSSI
MOUHOUN
HOUET
REPUBLIQUE DU MALI
350000
350000
400000
400000
1300
000 1300000
1350
000 1350000
1400
000 1400000
Figure 1: Carte administrative de la province des Banwa
9
La province des Banwa couvre actuellement, les communes de Balavé, Kouka, Sami,
Sanaba, Solenzo et Tansila. Avec une population totale de 267 93411 habitants, la densité est
environ de 40 habitants au km2. Le tableau ci-dessous et les figures qui suivent, font ressortir la
situation des villages administratifs et la superficie par commune :
Tableau N° 1 : Superficie et nombre de villages administratifs par commune
Commune Superficie moyenne Nombre de villages
Balavé 400 09
Kouka 700 17
Sami 500 08
Sanaba 800 20
Solenzo 2000 29
Tansila 1000 26
Total 5 400 109
0
10
20
30
Nb
re
BALAVE KOUKA SAM I SANABA SOLENZO TANSILA
Figure 2 : Répartition des villages par commune
BALAVEKOUKA
SAMI
SANABASOLENZO
TANSILA
Figure 3 : Répartition des superficies par commune (km²)
11 Institut National de la Statistique et de la Démographie (2006), Recensement Général de la Population et de
l’habitation, Données provisoires de la Province des Banwa, Burkina Faso.
10
1.2.1.1. Milieu physique
a) Relief et climat
Le relief
La province des Banwa est en grande partie une région plate et peu accidentée. Le relief
est monotone et les altitudes dépassent rarement 360 mètres. On distingue trois (3) grands
ensembles :
- Les plateaux qui sont situés à des altitudes comprises entre 320 et 360 mètres. Ils sont
contigus aux hauts reliefs et constituent le haut glacis. Les pentes sont moyennes à faibles
(1% à 0,6 %).
- Les plaines qui correspondent à la partie inférieure des glacis, sont situées à une altitude
moyenne comprise entre 300 et 320 mètres. Elles se localisent au centre des plateaux et
au-delà à l’est jusqu’aux abords inondables du fleuve Mouhoun qui est une frontière
naturelle de la province. Au-dessous de 300 mètres d’altitude, les plaines alluviales
correspondent aux bas-fonds des principaux cours d’eau.
- Les hauts ensembles se situent quant à eux, à une altitude moyenne supérieure à 360
mètres. Ils constituent la rupture de la monotonie du relief par endroits. On les retrouve à
l’Ouest de la province dans la commune de Sami (frontière du Mali) où les hauteurs
culminent à 478 m, à l’Est du village de Priwé, le long de la limite Est de la commune de
Sami jusqu’au Nord du village de Sogodjankoli, à l’Ouest du village de Toukoro (entre
Kouroué et Mawé dans la commune de Solenzo), où les hauteurs culminent à 443 m. Par
endroits, s’étalent également des effleurements de grès qui se prolongent au Nord dans les
communes de Solenzo (Daboura) et de Sanaba (Gnoumakuy, Sanaba) et à l’Est de la haute
vallée du Vouhoun (cours d’eau). Ils sont localement appelés ‘’gboué’’ et culminent à 458
m d’altitude.
Le climat
La province des Banwa est située dans la sous-zone climatique pré guinéenne. Les
précipitations varient entre 700 mm et 1 000 mm par an. Elles sont irrégulières et mal réparties.
La zone est caractérisée par l’alternance de deux (2) saisons tout comme pour toute la zone Ouest
du Burkina Faso. Ces saisons sont réglées par deux (2) vents dominants : une saison pluvieuse
allant de mai à octobre annoncée par la mousson et une saison sèche allant de novembre à avril
marquée par l’harmattan.
11
En saison pluvieuse, les températures varient entre 25°C et 28°C tandis qu’en saison sèche,
elles oscillent entre 18°C et 24°C pour les températures faibles et entre 36°C et 40°C pour les plus
fortes.
b) Végétation et sols
La végétation
On distingue dans la province des Banwa, cinq (5) types de formations végétales. Ce
sont :
- La savane arborée à arbustive qui s’étend sur de vastes superficies (Nord et Est de la
commune de Tansila, Nord-est de la commune de Solenzo, moitié Est de la commune de
Sanaba, zones accidentées de la commune de Sami). Les espèces dominantes rencontrées
sont : Vittelaria parodoxa, Combretum spp ; Anogeisus leicarpus.
- La savane arbustive à arborée dominée par des formations mixtes d’arbustes et de
graminées occupant 70 % des superficies (moitié Sud de la province dans les communes
de Kouka et Solenzo). Les espèces dominantes sont : Vittelaria parodoxa, Detarium
microcarpum.
- La savane arborée qui est peuplée de quelques espèces telles que Anogeisus leicarpus,
Vittelaria parodoxa, Lannea spp. Cette formation occupe des espaces moins importants et
se localise au centre de la province (Sud-est de la commune de Tansila, presque la totalité
de la commune de Balavé, le long des couloirs étroits dans la partie Ouest de la province).
- La savane arborée à boisée constituée de formations mixtes d’arbres et de graminées
avec une prédominance d’arbres plus grands (10 à 12 mètres de hauteur dans la partie
Nord-ouest de la commune de Kouka, frontière de la province du Houet). Les espèces
végétales dominantes sont : Burkea africana ; Pterocarpus erinaceus.
- Les formations mixtes des vallées associées aux cultures (Est de la commune de
Sanaba, le long du fleuve Mouhoun). Les espèces rencontrées sont dominées par : Acacia
albida ; Vittelaria parodoxa. Dans les autres communes, ces formations existent mais ne
couvrent que de petites superficies.
12
Les sols
On distingue trois (3) types de sols dans la province des Banwa :
- Les sols minéraux bruts à faibles potentialités agronomiques : ils sont relativement
pauvres et occupent une grande partie de la superficie de la zone (environ 52,5% de la
province). On peut pallier leur insuffisance par des actions dirigées vers les reboisements
et la lutte anti-érosive.
- Les sols ferrugineux à potentialités agronomiques moyennes : ce sont des sols lessivés
appauvris et indurés qui se prêtent à l’amélioration (fumure organique). Ils occupent
environ 27,5% de la superficie de la province et sont adaptés aux cultures peu exigeantes
telles que le mil, le sorgho et l’arachide.
- Les sols hydromorphes (bas-fonds et long des cours d’eau) : ce sont les sols riches de la
province ; ils s’étendent sur près de 20% de la superficie de la province et se prêtent à
toutes les cultures (mil, sorgho, maïs, coton, arachide…).
c) Hydrographie
Le réseau hydrographique de la province relève des bassins versants du fleuve Mouhoun,
de la rivière Kossi et du Bafing (commune de Tansila). Les cours d’eau ne sont pas pérennes ; ils
sont pour la plupart alimentés par les eaux de pluies et sont à sec à partir du mois de décembre et
de janvier. Ils rendent la circulation difficile en saison pluvieuse et sont inexploitables en saison
sèche. Les principaux cours d’eau qui traversent la province sont :
- Le ‘’Mouhoun’’ qui constitue une frontière naturelle sur près de 80 km à l’Est ; le long du
cours d’eau, les zones inondables s’étalent au Nord-est de la commune de Sanaba où elles
ont englouti un village de la commune et à l’Est de la commune de Solenzo où elles
constituent des mares pérennes ;
- La ‘’Kossi’’ qui coule le long de la frontière nord de la province et qui reçoit les cours
d’eau de direction Sud – Nord ;
- Le ‘’Vouhoun’’ qui coule vers le nord à partir du centre de la commune de Solenzo et
traverse la partie Ouest de la commune de Sanaba ;
- Le ‘’Barré’’ qui coule des zones de colline de l’Est de la commune de Sami vers le Sud
dans la commune de Kouka et se prolonge par le ‘’Téré’’ qui longe la frontière avec la
province du Houet.
1.2.1.2. Milieu humain
a) Données socio historiques et démographiques
13
Historique
L’historique du peuplement de la province varie d’un village à l’autre. Plusieurs ensembles
d’autochtones et assimilés sont rencontrés dans chaque village. Sur le plan administratif,
l’évolution historique de Solenzo, chef –lieu de la province se résume comme suit :
Nom d’origine : « Banwa » puis « Kanakuy » traduit en langue locale dioula « Solenzo ».
Evolution administrative :
- Subdivision de Solenzo – chef-lieu de canton (cercle de Nouna – département de la Volta
–Noire, chef-lieu Dédougou) : 1947-1965.
- Arrondissement de Solenzo et création des circonscriptions de Kouka et Tansila : à partir
de 1965.
- Département de Solenzo (province de la Kossi) : Ordonnance N° 83-12/CNR/PRES du 15
septembre 1983.
- Commune de Solenzo : Loi N° 003/93/ADP avec Délégation spéciale, puis organes élus en
2000.
- Province des Banwa, chef-lieu Solenzo – 6 départements : Décret N° 96-150/PRES portant
promulgation de la loi N° 10/96-150/ADP du 28 avril 1996.
Population
La province des Banwa compte une population estimée à 267 934 habitants selon les
résultats provisoires du recensement général de la population réalisé en fin 2006. Les résultats
détaillés du recensement de 2006 n’étant pas disponibles au moment de nos investigations sur le
terrain, nos analyses sur la situation de la population ont donc été réalisées sur la base des données
du Recensement de la population de l’année 1996. La répartition de la population par commune,
se présente suivant le tableau ci-dessous :
14
Tableau N° 2 : Situation de la population dans les villages des départements
Département2
Population
totale
Hommes
% Femmes % Tranches d'âges
(ans)
0-6 7-14 15-64 + de 65 ND
Balavé 12 106 5 996 49,53 6 110 50,47 2911 2 716 5 730 506 43
Kouka 48 092 23 832 49,56 24 260 50,44 12 643 11 459 22 482 1 389 119
Sami 5 798 2 841 49,00 2 957 51,00 1 624 1 333 2 704 114 23
Sanaba 28 151 13 776 48,94 14 375 51,06 7 583 6 595 12 953 948 72
Solenzo 88 079 43 861 49,80 44 218 50,20 23 634 20 901 40 744 2 510 290
Tansila 23 258 11 431 49,15 11 827 50,85 6 056 5 410 10 981 730 81
Total 205 484 101 737 49,51 103 747 50,49 54 451 48 414 95 594 6 197 628
Source : INSD/RGPH 96/Vol.2 Résultats définitifs.
- La population de sexe féminin représente 50,49 % de la population totale tandis que celle de sexe masculin est de 49,51 %. Elle est dans sa
majorité jeune, ce qui constitue un atout important pour les secteurs de la production. La répartition par tranche d’âge de la population de 1996,
fait ressortir une population de 50,60 % de jeunes dont l’âge est compris entre 0 et 14 ans. La proportion de la population ayant entre 15 et 64
ans, c’est-à-dire les adultes concernés par la recherche est de 46,52 %. La population scolarisable (enfants dont l’âge est compris entre 7 et 14
ans) est estimée à environ 23,5 % de la population.
22 Depuis avril 2004, les anciens départements, circonscriptions administratives sont des collectivités territoriales de base (communes rurales) : Loi N°055-2004/AN portant
code général des collectivités territoriales au Burkina Faso, paragraphe 2, art.27.
15
Phénomène migratoire
La province des Banwa est une ancienne zone de migration du fait de son
appartenance au bassin cotonnier traditionnel. Les migrations sont constituées de Mossé
mais aussi de Samo et Dafing. L’installation des premiers migrants a commencé dans les
années 50-60 et s’est poursuivie régulièrement avec des accélérations lors des grandes
sécheresses de 1974 et 1985 en direction des terroirs Bwaba puis Bobo à l’origine peu
peuplés. Les populations migrantes sont aujourd’hui, majoritaires comparativement aux
autochtones. Dans certains terroirs où les migrants sont majoritaires, ils ont obtenu de
l’Administration la reconnaissance juridique de leur hameau de culture comme village à part
entière afin de disposer d’infrastructures sociales propres. L’occupation de l’espace a atteint
un niveau de saturation foncière avec l’installation progressive des migrants sur les terroirs.
Cette situation est à l’origine des multiples problèmes fonciers rencontrés, de nos jours, dans
la province
b) Organisation sociale et politique
Groupes ethniques
Les principaux groupes ethniques rencontrés dans la province sont les Bwaba et les
Bobofing (autochtones), les Mossé, les Dafing, les Samo, les Peulh…. Le dioula est la
langue de communication entre les différents groupes ethniques.
Organisation sociale
Les Bwaba (Sanaba, Solenzo) et Bobofing (Kouka, Balavé, Tansila et Sami) sont les
anciens occupants et autochtones de la province. Dans leur organisation sociale, ils ne
connaissent pas de pouvoir centralisé et la famille élargie (lignage) est le niveau principal
d’organisation sociale. Les immigrants constitués en majorité des Mossé sont originaires des
provinces actuelles du Yatenga, du Lorum, du Zondoma et du Passoré. Ils sont regroupés
suivant leur origine et désignent souvent un responsable (chef) auprès de leurs hôtes ou des
autorités coutumières qui les hébergent. Dans certaines communes, les autochtones de
certains villages sont de l’ethnie Dafing ou assimilés (alliance Dafing et Bwaba). Tout
comme dans les villages autochtones, ces villages ne connaissent pas de pouvoir centralisé.
16
Habitat
Dans les villages de la province, le type d’habitat rencontré par le visiteur lui permet
de reconnaître le groupe social auquel il a à faire dans chaque quartier. Le quartier originel
des autochtones se trouve généralement au centre du village. Il est constitué selon les
groupes ethniques autochtones (Bwaba et Bobofing), de maisons rectangulaires compactes
avec des toits en terrasse (de terre battue) et la concession s’apparente à un labyrinthe de
cours intérieurs, de sentiers et de hangars. Autour de ces constructions, on trouve de
nouvelles concessions plus spacieuses, assez dispersées avec des maisons plus grandes et
parfois plus modernes (semi dur ou en dur). Ces concessions sont habitées par les
autochtones généralement plus jeunes qui ont amélioré leur cadre de vie avec les revenus
issus de la culture du coton. Les quartiers des allochtones sont souvent éloignés de ceux des
autochtones. Les constructions sont typiques de leur milieu d’origine quand elles ne sont pas
du type moderne avec des toitures en tôle.
Pratiques coutumières et religieuses
Dans la plupart des villages, même si les populations se réclament des religions
modernes du milieu (islam, christianisme), elles sont pratiquantes de l’animisme,
notamment les différents cultes du milieu. Les cérémonies coutumières du début de
l’hivernage et de la fin des récoltes occupent une grande partie du temps des populations
concernées (milieu Bobofing). En plus de ces grandes cérémonies, il y a les cérémonies
d’initiations, périodes particulières dans les villages surtout pour les jeunes. Les autres
cérémonies rencontrées concernent les funérailles qui constituent de grands rassemblements
au niveau de certains villages à l’allure de fêtes. Les allochtones, surtout les Mossé
originaires du Yatenga, Zondoma et Lorum pratiquent pour la plupart la religion
musulmane. Ceux en provenance de la province du Passoré s’ils ne pratiquent pas l’islam,
sont des catholiques ou des protestants (commune de Sanaba).
Gestion du foncier
Traditionnellement, les autochtones ou assimilés assurent la gestion du foncier
(accès et contrôle des ressources). Les terres sont la propriété de toute la communauté
villageoise ou bien, elles appartiennent à des lignages3.
3 Etude sur les mécanismes et systèmes de gestion foncière dans les villages de Tansila, Tillé et Douma SNV-
juin 2000
17
Dans la plupart des cas, les terres sont gérées par un chef de terre qui officie les rites
préalables à leur exploitation. L’accès à la terre dans les villages de la province est
fortement tributaire du statut de l’utilisateur. On a accès à la terre par héritage, don, legs,
prêt et parfois achat, quoique ce dernier cas soit isolé et rare. L’utilisation des terres est
déterminée par les principaux statuts de l’utilisateur qui sont : autochtones et assimilés,
migrants et femmes.
Pour les autochtones, les chefs de ménages ont accès à la terre principalement par
le biais de l’héritage ou par demande auprès du chef du lignage dont ils dépendent. Selon la
disponibilité des terres, on en donnera ou prêtera au demandeur. Les chefs de ménages
autochtones ou assimilés disposent généralement d’un « domaine foncier » au nom du
lignage dont ils relèvent (réserves ou anciennes exploitations des grands parents). Les jeunes
accèdent à la terre par le biais de leurs parents qui leur cèdent une portion des terres.
Pour les migrants, tout demandeur passe par un logeur (autorité de la maîtrise
foncière ou assimilés) pour avoir accès à la terre. Le besoin de terre est soumis, au chef de
terre et dans d’autres cas, au chef du lignage propriétaire des terres visées.
Pour les femmes, la demande de terres est faite par l’intermédiaire de l’époux qui
peut soit lui céder une portion s’il en dispose, soit lui donner l’autorisation d’en demander
ailleurs. Les femmes allochtones suivent la même procédure mais s’adresse en particulier, à
une famille (autochtone, assimilée ou migrante) avec laquelle, elle a des affinités
relationnelles.
c) Environnement institutionnel
Organisations traditionnelles et modernes
Les organisations traditionnelles : les organisations traditionnelles existantes dans
les villages sont entourées de mysticisme dont les autochtones sont les seuls à comprendre
les réalités (communautés de masques et de culte). Leur but intrinsèque est de toute
évidence, communautaire, c’est-à-dire qu’elles organisent la vie interne des habitants au
sein de leur communauté. Elles ont laissé la place aux organisations modernes.
Les organisations modernes : la province des Banwa fait partie du bassin cotonnier
traditionnel. Cette situation lui a prévalu la mise en place des groupements de producteurs
agricoles dans les différents villages de la province. Cependant dans certains villages où il
existe peu d’organisations modernes, celles-ci sont mises en place selon les affinités des
adhérents. Quel que soit le cas, les organisations se fondent de la sorte.
18
Ces types d’organisations avant d’évoluer, ont pour vocation dans la plupart des cas,
l’entraide sociale. Les Groupements de Producteurs de Coton (GPC) se sont fédérés en
unions de producteurs de coton dans chaque commune et dans la province et se sont
conformés aux textes légales actuels (Loi 014/99/AN). D’autres types d’organisations
existent dans les villages (Groupement villageois de femmes, Organisation professionnelle
d’éleveurs, Groupements de producteurs par filière, Associations diverses, autres
comités…). Ils sont également organisés dans la plupart des cas, en structures faîtières au
niveau des différentes communes ou de la province (union des groupements de femmes,
unions des groupements d’éleveurs, unions des producteurs de sésame, unions des
groupements de chasseurs etc.). Les annexes N°1 et N°2 présentent la situation des
organisations dans la province des Banwa dont respectivement celle des groupements de
base organisés par filière d’activités et celle des groupes organisés à travers des
organisations faîtières.
Intervenants
L’administration et les services techniques déconcentrés de l’Etat : l’implication
de l’Administration et des services techniques dans la mise en œuvre des programmes des
partenaires sur le terrain est une condition pour leur réussite surtout en ce qui concerne les
aspects arbitrage, suivi et contrôle des activités. Pratiquement, tous les services techniques
déconcentrés sont représentés dans la Province.
Les partenaires des ONG, autres projets et programmes de développement : ces
acteurs bien que peu nombreux, sont sollicités à plus d’un égard pour leur contribution à
l’appui-conseil des populations et le financement de leurs activités pour promouvoir le
développement de la province.
Les données détaillées sur les services techniques déconcentrés de l’Etat ainsi que
des projets et ONG intervenant sont consignées en annexe N°3 et N°4.
1.2.1.3. Infrastructures et équipements sociaux
Dans la province des Banwa, de nombreux investissements en infrastructures et
équipements sociaux ont été réalisés avec l’appui de l’Etat, des partenaires au
développement et la contribution en nature ou en espèces des populations. Ils concernent les
infrastructures et équipements dans les secteurs suivants :
19
- Education : écoles, logements pour enseignants, cantines scolaires, équipements de
salles de classe, centres d’alphabétisation …;
- Santé : dispensaires, maternités, logements d’infirmiers, matériel médical et
équipements… ;
- Hydraulique : puits et forages ;
- Désenclavement : pistes rurales.
D’autres infrastructures rencontrées dans la province se retrouvent pratiquement
dans le chef-lieu de la province ou dans quelques communes. Il s’agit essentiellement :
- de l’usine d’égrenage de coton de la SOFITEX à Solenzo ;
- des infrastructures de communication téléphonique (publiques et privées) ;
- des stations de radio locales (2 à Solenzo) et (1 à Tansila) ;
- des infrastructures au titre des services administratifs et techniques dans le chef-lieu
de la province et des communes (bâtiments administratifs des services techniques
déconcentrés et collectivités locales) ;
- des infrastructures au titre des services privés et structures associatives (banques,
caisses populaires, marchés, boutiques, ateliers divers, salles de réunion ou de
formation etc.) ;
- des infrastructures au titre des offices religieux (mosquées, chapelles, centres de
formation…).
1.2.1.4. Activités socio économiques
a) Agriculture et élevage
Production agricole
L’agriculture est la principale activité des populations. Ces dernières années, elle a
connu une forte augmentation tant en superficie exploitée qu’en production. L’agriculture
est extensive, malgré le niveau d’équipement satisfaisant (attelage, motorisation) et
l’adoption progressive de paquets de technologies (fertilisation organique, CES, DRS etc.).
Elle est tributaire des aléas climatiques qui font varier la production en dents de scie.
D’autres alternatives telles que le maraîchage et la petite irrigation ont été développées, ces
dernières années en vue d’améliorer le niveau des productions. La production agricole est
dominée par les céréales suivies des produits de rente.
20
En termes de superficie agricole, les données détaillées de la campagne 2003-2004,
sont celles que nous avons pu collecter. Elles enregistrent :
- Superficie cultivée : 210 180 ha, soit 77,84 % de la superficie totale cultivable (270
000 ha).
- Superficie irriguée : 70,5 ha, soit 0,18 % du potentiel irrigable (40 000 ha).
- Superficie des bas-fonds aménagés : 315 ha, soit 2,74 % du potentiel aménageable
(11 520 ha).
Les principales spéculations cultivées dans la zone sont :
- Céréales : sorgho, maïs, mil, riz, fonio.
- Cultures de rente : coton, sésame, arachide, soja.
Production animale
L’élevage est la seconde activité économique des habitants de la province. Avec un
cheptel relativement important de 471 386 têtes, composé surtout de petits ruminants (303
588 têtes), l’élevage est toujours traditionnel. Le circuit de commercialisation s’est
légèrement développé avec la mise en place du site d’embarquement du marché à bétail de
Béna cofinancé par le PDRI/HKM, un projet ayant intervenu dans la province de 1992 à
2001. Le bétail, essentiellement ruminant ainsi que la volaille sont vendus dans les grandes
villes et les pays voisins (Cote d’Ivoire, Ghana).
Forêts, faunes et pêches
Les activités de pêche, cueillette, chasse sont celles qui viennent compléter les
activités de production. La production forestière est la plus importante avec un fort
accroissement de la consommation du bois domestique et des fruits des arbres tels que le
karité, le tamarinier, le jujubier etc. La mise en place de vergers s’est considérablement
développée, ces dernières années, dans la province.
Autres activités
D’autres activités non moins importantes existent dans la province ; il s’agit entre
autres, du commerce et de l’artisanat. Les activités d’artisanat sont pratiquées par deux (2)
types d’artisans :
- Les artisans traditionnels qui pratiquent la poterie, la tannerie, la forge, etc.
- Les artisans dits modernes qui pratiquent l’activité avec des outils de travail plus
ou moins perfectionnés ; ce sont les soudeurs, les mécaniciens, les menuisiers etc.
21
Le commerce occupe quant à lui, une place de plus en plus importante dans la vie
des populations de la province. Il est devenu aujourd’hui, l’activité principale de certains
acteurs du milieu et concerne l’achat et la vente de céréales, de marchandises diverses de
consommation, de pièces détachées et de matériaux de construction etc.
1.2.1.5. Problématiques de développement dans la province des Banwa
a) Contraintes au développement de la province
Le développement étant un phénomène complexe, la connaissance et l’approche des
problèmes dans la province sont globales. Selon le rapport de l’année 2003 du PNUD4 sur le
DHD du Burkina Faso, la province des Banwa est classée 29ème
sur les 45 provinces avec un
indice de 0,315 contre une moyenne nationale de 0,330. Les principaux déterminants de
cette situation sont entre autres :
- le faible niveau de scolarisation et d’alphabétisation des populations ;
- un niveau de revenu par habitant relativement faible ;
- l’inadéquation entre la croissance démographique et les besoins à satisfaire etc.
Les contraintes de développement sont multiples ; ce sont entre autres :
Du point de vue des infrastructures et équipements :
- le faible niveau des infrastructures et équipements socio collectifs sanitaires et
scolaires (nombre d’infrastructures limité en rapport avec la carte sanitaire,
insuffisance de moyens pour évacuer les malades dans les grands centres,
éloignement de certains hameaux de culture des écoles …).
Du point de vue de la gestion des ressources naturelles :
- la dégradation continue des ressources du fait d’une exploitation anarchique
incontrôlée ;
- les conflits fonciers périodiques et le pressentiment d’insécurité ambiante des
populations allochtones ;
- le faible niveau de maîtrise et d’application des nouvelles innovations techniques et
technologiques ;
- l’enclavement de certaines localités de la province (commune de Sami).
4 Rapport PNUD DHD BF 2003
22
Du point de vue des ressources humaines :
- l’ignorance relative des innovations apportées dans le domaine des activités de
production ;
- le faible niveau de savoir-faire technique et technologique en matière de production ;
- le déficit de contrôle et l’impunité face à la mauvaise gestion des biens villageois de
certains responsables des structures locales (absence de rapports d’activités
techniques et financiers, détournement de fonds, trafics d’influence…) ;
- les antagonismes d’intérêts entre les différents groupes de populations ;
- l’insécurité liée au banditisme (vers la zone frontalière à la République du Mali).
b) Atouts au développement de la province
La province des Banwa regorge d’importantes potentialités tant favorables aux
activités agro sylvo pastorales qu’au renforcement des capacités des populations ; ce sont
entre autres :
- l’existence de sols diversifiés permettant selon les cas, plusieurs types de
spéculations ;
- l’existence de quelques cours d’eau inondant des bas fonds aménageables ;
- la disponibilité de quelques zones de pâture non valorisées ;
- une population jeune en majorité, une émulation culturelle et économique diverse en
croissance ;
- l’existence de dynamiques endogènes pour accompagner le développement local
(nombreuses organisations villageoises, autres compétences locales…) ;
- l’existence de services techniques et de partenaires pouvant accompagner les
activités de développement dans la province.
c) Perspectives de renforcement des capacités des acteurs
Les perspectives au développement de la zone d’intervention des Banwa sont
nombreuses. Celles en lien avec le renforcement des capacités des acteurs, devraient
contribuer d’une part, à consolider les acquis et enclencher de nouvelles habitudes et
attitudes en vue de lever les nombreuses contraintes que connaît la province.
23
Selon les données issues du diagnostic5 réalisé par certains partenaires techniques sur
le terrain, les perspectives de développement suivantes sont visées par les populations de la
province :
Le renforcement des capacités des acteurs locaux à travers les actions suivantes :
- l’appui à l’organisation et au fonctionnement des organisations locales existantes et
la consolidation des acquis du milieu ;
- la poursuite de la promotion des activités d’alphabétisation des populations ;
- la formation technique et au management des organisations de producteurs et des
populations ;
- l’information et la formation des acteurs sur les textes et lois en vigueur et la
sensibilisation des populations au processus de décentralisation (caractéristiques et
compétences, enjeux et défis à relever…) ;
- la sensibilisation et l’appui à la dynamisation des cadres de concertation ainsi que
l’implication progressive des structures locales dans les questions de la gestion du
foncier en milieu rural.
Le renforcement des investissements dans la zone d’intervention par le
financement d’actions concourantes :
- à la gestion durable des ressources naturelles ;
- au renforcement des activités économiques ;
- à la mise en place et au renforcement des équipements socio collectifs.
Le renforcement de la maîtrise d’œuvre locale à travers le renforcement des
compétences des prestataires locaux et leur implication dans la mise en œuvre des
investissements.
1.2.2. L’état des lieux des documents techniques et de politiques et stratégies
relatifs au renforcement des capacités des acteurs
Plusieurs documents de politiques et stratégies servent de base aux orientations en
matière d’intervention auprès des acteurs ruraux au Burkina Faso. Les plus importants sont :
- le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) ;
- la Lettre de Politique de Développement Rural Décentralisé (LPDRD) ;
- le document de Stratégie de Développement Rural à l’horizon 2015 (SDR) ;
5 PDL-Ouest/Banwa, données issues de la synthèse monographique actualisée en 2004.
24
- les plans d’action opérationnels et sectoriels dans le domaine de l’éducation et de la
formation etc.
Le « document de Stratégie de développement rural à l’horizon 2015 » est l’un des
documents d’actualité sur lequel, se fondent la plupart des interventions au profit des acteurs
ruraux. Il déroule la nouvelle stratégie de développement du monde rural et est en cohérence
avec le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté et la Lettre de politique de
développement rural décentralisé. Il constitue le cadre de référence de l’ensemble des
interventions publiques en faveur du développement rural dont le domaine de la formation
des producteurs ruraux.
Parmi les sept axes retenus dans cette stratégie, celui du renforcement des capacités
des acteurs et de la création d’un cadre institutionnel favorable occupe une place
prépondérante. C’est à travers cet axe stratégique que sont développées les orientations dans
le domaine de la formation des acteurs à savoir :
- la formation professionnelle des acteurs ruraux pour améliorer la productivité de
leurs activités ;
- l’alphabétisation et la formation en vue de faciliter l’adoption des techniques
agricoles modernes et de créer/gérer des micros entreprises rurales ;
- la mise en œuvre de programmes de formation pour soutenir l’initiative privée dans
l’agro alimentaire, le petit élevage et les cultures de contre-saison etc.
L’annexe N° 5 du document présente la synthèse du contenu des documents de
politiques et stratégies de développement rural au Burkina Faso.
Au niveau local et spécifiquement dans la province des Banwa, les orientations
spécifiques se déclinent à travers le document du Cadre stratégique de lutte contre la
pauvreté de la région de la Boucle du Mouhoun à laquelle, la province est
administrativement rattachée. Ce document-cadre au niveau régional est une déclinaison du
CSLP adopté au niveau national. Les actions de formation inscrites dans les plans d’action
opérationnels et les rapports d’activités annuels des intervenants d’appui dans la province
sont inspirées de ce document.
1.2.3. L’offre de formation des acteurs ruraux dans la province
Dans la province des Banwa, l’offre de formation se présente sous deux formes :
- une éducation de base sous son aspect formel ; c’est l’éducation dite formelle à
travers l’enseignement au primaire et au secondaire qui s’adresse aux enfants ;
25
- une éducation non formelle qui prend en compte les formations techniques de base
dans les centres de formation au profit des adolescents, l’alphabétisation des adultes et leur
formation dans divers domaines liés à leurs activités (fabrication de fumure organique,
maraîchage, transformation de produits locaux, aviculture villageoise, embouche ovine et
bovine etc.).
L’offre de formation des acteurs ruraux s’inscrit dans l’éducation non formelle ;
cette éducation comprend :
(i) une formation de base essentiellement dispensée dans les centres de formation
dont les Centre d’Education de Base Non formelle (CBNF) d’où sont issus certains actifs du
milieu : paysans agricoles et artisans (mécaniciens, menuisiers, autres ouvriers …)
(ii) une formation continue dont le contenu est identifié en fonction des besoins des
communautés selon leurs activités et les opportunités offertes par les partenaires d’appui.
On ne peut donc parler de formation professionnelle dans toutes ses dimensions dans
une telle situation. Selon l’enquête prioritaire menée par l’Institut National de la Statistique
et de la Démographie (INSD) sur les conditions de vie des ménages en 1998, seulement
quatre (4) Burkinabè sur mille (1000) sont formés sur le plan professionnel6. D’une manière
générale, le faible niveau de qualification professionnelle au Burkina Faso, s’exprime dans
l’inadéquation qualitative entre les profils disponibles sur le marché et les besoins en
compétences nécessaires au développement des activités économiques dominantes
(agriculture, élevage, eau, mines, etc.). De façon spécifique, dans la province des Banwa,
peu d’acteurs ruraux ont bénéficié d’une formation à une éducation de base non formelle.
L’offre de formation ne comprend plus les Centres de Formation des Jeunes Agriculteurs
(CFJA) ouverts dans les années 1966 et fermés pour la plupart en 1984. Selon l’analyse des
données sur le terrain, moins de 2% de la population active actuelle (environ 3 000 actifs) a
acquis la formation dans ces CFJA. Les informations collectées sur le nombre de CFJA par
commune et leur date de création sont résumées à l’annexe N° 6.
L’offre de formation faisant l’objet de notre étude ne concerne donc que
l’alphabétisation des adultes et la formation des producteurs dans quelques domaines liés à
leurs activités productives, les CFJA n’existant plus et les CEBNF étant à leur début dans la
province. Nous avons affaire à une population en majorité analphabète (environ 70% de la
population7) dont l’essentiel de leur apprentissage s’est fait dans le tas à partir des savoir-
faire traditionnels.
6 MEBA, (sept 2002), Plan d’action national de l’Eduction Pour Tous, page 16
7 Cadre stratégique régional de lutte contre la pauvreté, juin 2005 page 40
26
1.3. LA MISSION : DIAGNOSTIC DES METHODES D’IDENTIFICATION DES BESOINS DE
FORMATION
La mission principale dans le cadre de notre stage, a consisté en l’étude des
méthodes d’identification des besoins de formation des populations. Elle s’est faite à travers
la recherche d’informations dans le domaine du renforcement des capacités des acteurs
locaux de la province en général et de la formation de façon spécifique. Les investigations
menées permettent d’élucider dans une certaine mesure les pratiques et dynamiques
individuelles et collectives en matière de formation en cours dans la province.
Ainsi, des données telles que celles référenciant le contexte local (données générales
du milieu, paysage institutionnel local, environnement socio économique, politique et
idéologique etc.) et celles du champ des acteurs (capacitation des acteurs, intérêts et réseaux
d’influence) que nous avons explorées constitueront de base d’analyse et de recherche.
1.3.1. Les domaines d’intervention des partenaires d’appui dans la province
des Banwa
Selon les objectifs poursuivis par chaque partenaire, le domaine d’intervention varie.
Pour les services techniques étatiques, ils concernent les missions classiques sectorielles
(fonctions régaliennes, missions d’appui-conseil, encadrement des acteurs, appui technique
au renforcement des capacités etc.). Pour les autres partenaires au développement
notamment les projets et les ONG, leurs domaines d’intervention ont tous la particularité de
prendre en compte un volet information et un volet formation. Le volet informatif entre dans
l’optique d’une meilleure interconnaissance entre les acteurs et les partenaires. Le volet
formatif s’inscrit dans le cadre de l’appui au développement et varie selon les domaines
privilégiés par chaque partenaire. Les données de l’annexe N°3 ressortent les domaines
d’intervention, les centres d’intérêt dans le domaine de la formation des partenaires au
développement dans la province des Banwa.
1.3.2. Le diagnostic des méthodes d’identification des besoins de formation
Les méthodes d’identification des besoins de formation s’inscrivent dans les
approches d’intervention mises en œuvre par les partenaires au développement dans la
province des Banwa.
Deux grandes approches se dégagent des investigations sur le terrain :
27
- une approche descendante que l’on peut qualifier de méthode « Top down » ;
- une approche ascendante mettant en œuvre une méthode dite « Participative » selon
la pédagogie de chaque partenaire.
Le tableau qui suit, résume les deux approches dans leur contenu :
Tableau N° 3 : Synthèse des contenus des méthodes d’identification des besoins de
formation
Méthodes Contenu
Approche descendante
ou « Top down »
- Les besoins de formation sont identifiés selon la connaissance du
milieu par les partenaires (étude sommaire ou approfondie du
milieu à partir de l’analyse documentaire, des enquêtes, des
rencontres d’acteurs…) ;
- Les besoins de formation sont analysés par le partenaire et mis en
œuvre selon ses centres d’intérêt ;
- Les thèmes de formation et les procédures de mise en œuvre sont
décidés par le partenaire ;
- Les groupes de bénéficiaires sont désignés par le partenaire ;
- Le partenaire élabore son plan d’action en y intégrant la
formation des acteurs ruraux qu’il encadre selon sa démarche.
Approche ascendante ou
« Participative »
- Les besoins de formation sont identifiés par les acteurs ruraux à
partir d’un diagnostic organisationnel des organisations avec
l’appui des partenaires d’appui ;
- Certaines organisations élaborent un plan d’action comprenant un
plan de formation avec l’appui des partenaires ;
- Les bénéficiaires des formations sont désignés par les acteurs
eux-mêmes ;
- L’organisation matérielle des formations est assurée par les
acteurs ruraux.
L’état des lieux des méthodes d’identification des besoins de formation des acteurs
ruraux dans la province des Banwa a été l’étape préliminaire de nos travaux au cours de
notre mission de stage sur le terrain. Il a permis de baliser l’objet de notre recherche et la
problématique dans le cadre du mémoire et de poursuivre les investigations en vue de
confronter nos hypothèses.
28
IIII.. OOBBJJEETT DDEE LLAA RREECCHHEERRCCHHEE EETT HHYYPPOOTTHHEESSEESS DDEE TTRRAAVVAAIILL
2.1. DEFINITION DU CHAMP D’INTERVENTION DE LA RECHERCHE
L’un des buts de la recherche est la quête des meilleures stratégies susceptibles
d’améliorer les actions d’appui-conseil et d’accompagnement des populations rurales dans
le domaine de la formation. Plus précisément, il s’agit de déterminer et d’analyser les
dynamiques et les pratiques des acteurs en milieu rural dans un contexte organisationnel
et en matière de formation.
Les résultats d’une telle investigation permettront de tracer des schémas d’action en
vue de prévenir les répétitions des erreurs ou enlisements des comportements et
appréhensions des acteurs en matière de formation dans le milieu rural. Ils occupent une
place importante dans le domaine de la formation et du conseil et spécifiquement, dans la
démarche d’ingénierie de la formation notamment dans son niveau organisationnel et
permet de nous conforter dans le développement de nos compétences dans ce domaine.
2.2. PROBLEMATIQUE
2.2.1. Le problème de départ et les questionnements
Les observations à partir de notre expérience personnelle sur le terrain, les entretiens
exploratoires auprès de personnes ressources de la province des Banwa ainsi que les lectures
de travaux divers et autres rapports d’activités des partenaires d’appui dans la province,
laissent apparaître plus d’informations statistiques et de considérations « empiriques » sur le
sujet que des analyses approfondies de recherche sur la formation des acteurs.
2.2.1.1. Les démarches d’identification et d’analyse des besoins de
formation des acteurs ruraux dans la province des Banwa
Suivant nos observations sur le terrain, les démarches d’identification et d’analyse
des besoins de formation des acteurs ruraux dans la province des Banwa diffèrent selon les
partenaires même si les approches développées par tous sont dites participatives (impliquant
les acteurs).
29
Chaque partenaire a sa démarche et ses méthodes propres d’accompagnement des
acteurs. L’analyse des besoins de formation des acteurs dans les démarches mises en œuvre
apparaît plus comme une répétition de demandes orientées sur les mêmes thèmes de
formation déjà réalisés malgré l’appui-conseil apporté. L’exemple le plus remarquable est
celui de la formation des producteurs aux techniques de fabrication de fumier pour la
fertilisation des terres agricoles dégradées. Cette formation, réalisée en principe au profit
d’un producteur, n’a plus de raison d’être reprise car elle se donne un contenu simple et
beaucoup plus marqué par les aspects pratiques de la fabrication et de l’utilisation du
fumier. Cependant, elle est en permanence sollicitée par des producteurs l’ayant déjà reçue,
auprès de tout partenaire d’appui venant à s’installer dans la province et pour lequel, cette
activité est éligible. En outre, les renseignements glanés des entretiens exploratoires auprès
de certains partenaires font ressortir la constance des types de formations demandées par la
plupart des producteurs. Aussi paradoxale que cela puisse paraître, cette récurrence des
mêmes demandes de formation est manifeste à travers tous les programmes réalisés avec
l’appui des partenaires, même si la plupart de ces formations portent sur des thèmes qui
n’ont plus de raison d’être traités et ne se justifient point. Des formations telles que celles
aux techniques de fabrication de fumier, de reboisement, ou de fabrication de savon etc.,
sont simples et transférables à volonté qu’elles ne doivent présenter aujourd’hui, aucun
mystère pour les populations.
2.2.1.2. Les travaux de lectures diverses sur le sujet
Les rapports d’évaluation des formations des acteurs que nous avons exploités, font
ressortir plus qu’un ensemble d’informations statistiques (nombre de bénéficiaires, durée de
la formation, données chiffrés d’évaluations diverses…) que d’analyses sur les processus
mis en œuvre et leur adéquation à résoudre les problèmes de développement dans la
province. Les travaux de lecture sur certains aspects théoriques apparentés au sujet,
notamment ceux relatifs aux présuppositions sur les liens éventuels entre les modes
d’analyse et d’intervention au sein des organisations et les stratégies mises en œuvre par les
individus, ouvrent des perspectives d’un recul et permettent de préciser les orientations de la
recherche vers des questionnements dont l’élucidation aura besoin de l’apport des systèmes
d’analyse dans le domaine de la sociologie des organisations.
30
Il ressort des constats, que l’analyse des besoins de formation des acteurs ruraux
dans la province des Banwa, apparaît plus comme une scène cyclique de répétition des
besoins de formation sur les mêmes thèmes exprimés par les mêmes acteurs, c’est-à-dire la
répétition des mêmes demandes de formation par les mêmes acteurs. Pourquoi une telle
invariabilité des besoins de formation des acteurs ruraux dans la province des Banwa ?
Telle est la question de départ qui se pose.
A ce sujet, plusieurs autres questionnements surviennent :
- Le faible niveau d’instruction et d’alphabétisation des acteurs ruraux n’est-il pas
un facteur limitant dans l’analyse de leurs besoins de formation ?
- Quels sont les motivations des acteurs ruraux dans les processus d’identification et
d’analyse de leurs besoins de formation, qui font qu’ils expriment toujours les mêmes
besoins ?
- Les contenus des formations dispensées sont-ils adaptés à la demande des acteurs
dans la province ? Existe-il une offre de formation diversifiée et mieux appropriée pour
résoudre les problèmes de développement soulevés par les populations ?
- N’y a t-il pas une insuffisance des modes d’analyse des besoins de formation mis
en œuvre avec l’appui des partenaires ?
Ces questions ne trouveront une réponse qu’une fois la question de recherche suivante
élucidée.
2.2.2. La question de recherche
Dans la province des Banwa, les besoins de formation des populations sont identifiés
et analysés de façon concertée selon les partenaires d’appui que sont les services techniques
étatiques, les projets /programmes, ONG et associations diverses etc. Cette approche met au
centre des décisions, les acteurs ruraux organisés et leur donne la possibilité d’exprimer
leurs besoins de formation aussi bien sur le plan technique que sur le plan organisationnel et
conformément à leurs attentes ; Cependant, il ressort des constats que ce sont les demandes
de formation déjà satisfaites qui sont le plus souvent exprimées par eux quand ils procèdent
à l’identification et à l’analyse de leurs besoins.
La question de l’invariabilité des besoins de formation des acteurs ruraux dans la
province, demeure un problème qu’il faudrait comprendre si l’on veut lever certaines
limitations observées dans les actions de développement.
31
Elle implique une introspection sur les liens entre les modes d’analyse des besoins de
formation et les stratégies identitaires mises en œuvre par les individus au sein de leurs
organisations. Au cours de la recherche, notre intérêt a porté sur la question principale
suivante :
Dans la province des Banwa, quelles sont les raisons pour lesquelles à l’analyse,
les besoins de formation des acteurs ruraux dans le cadre du renforcement de leurs
capacités, ne varient pas ?
2.3. CENTRES D’INTERETS
La recherche s’inscrit dans les activités de capitalisation de nos expériences dans le
domaine du renforcement des capacités en général et de la formation des producteurs en
milieu rural dans la province des Banwa (Burkina Faso), de façon spécifique. C’est la
poursuite d’un exercice d’introspection personnelle en tant qu’acteur ayant résidé dans cette
province pendant près d’une dizaine d’années et chargé de programme d’appui et
d’accompagnement des populations. La recherche vise à déceler le lien en apparence anodin
mais ambigu entre les besoins de formation exprimés par les populations et les motivations
qui les sous-tendent.
A travers la question de recherche, nous nous intéressons aux raisons de la non-
variabilité dans l’expression des besoins de formation par les acteurs ruraux notamment, des
producteurs de la province d’où la proposition du cadre théorique de recherche qui suit.
32
IIIIII.. CCAADDRREE TTHHEEOORRIIQQUUEE DDEE LLAA RREECCHHEERRCCHHEE
3.1. ECLAIRAGES THEORIQUES DES CONCEPTS-CLES
L’analyse des besoins de formation est une thématique faisant partie des étapes
d’une démarche d’ingénierie de formation qui mérite une attention particulière. Les
recherches bibliographiques ne nous ont pas offert de cas de recherche théorique sur le sujet
dans la province des Banwa. Cependant, l’analyse des besoins de formation, expression
d’une activité organisationnelle, sera abordée dans notre travail selon les approches
conceptuelles de la sociologie des organisations en matière de formation, car nos hypothèses
de recherche visent l’analyse des stratégies identitaires des individus au sein des
organisations paysannes.
Sous l’inspiration de ces approches, « l’acteur et le système » seront au centre de
l’intérêt de cette recherche. Cette option théorique dans la problématique, impose
l’élucidation de quelques concepts et notions essentiels : le concept de « renforcement des
capacités », les notions de « besoins de formation », de « modes d’analyse des besoins de
formation », de « stratégies identitaires » et les mots-clés qui y gravitent autour :
« identité », « acteurs ruraux » et « motivation».
3.1.1. Le concept de « Renforcement des capacités »
Le concept de « renforcement des capacités » désigné également sous le terme
‘’capacity building’’ en anglais est considéré comme vague, ambigu et peu précis. Il vient
de l’expérience sur le terrain et non d’une discipline universitaire. La plupart des analyses et
des études sur le sujet sont l’œuvre de personnes au service d’organismes d’aide au
développement ou de coopération technique.
Dans la revue Capacity.Org, il est engagé la réflexion sur les nombreuses
interprétations des mots capacités et renforcement. Selon les écrits relatés dans cette revue,
le terme de renforcement des capacités s’est imposé dans les années 90 à la suite du succès
mitigé des actions de développement, qui étaient alors techniques et induites de l’extérieur.
Le renforcement des capacités est considéré comme la panacée pour quasiment tout ce qui
touche au secteur du développement. Le terme est utilisé de manières différentes, souvent
contradictoires.
33
Il peut se référer aux choses les plus diverses, allant de la formation d’individus à de
vastes réformes institutionnelles. Pour certains, le renforcement des capacités est une
philosophie et une attitude, presque synonyme du terme même de développement. Pour
d’autres, c’est une pratique professionnelle sous-tendue par des méthodologies particulières,
ancrées dans le développement organisationnel et la facilitation de processus. Il est évident
que des définitions aussi variées soient influencées par des types distincts d’organisation et
de cadre du travail. Mais elles reflètent aussi des différences de perspectives. Dans toute
discussion sur le renforcement des capacités, il est donc important de toujours demander : la
capacité, Pour quoi ? Pour qui ? et à Quelle fin ?
Selon une étude8 réalisée par le ‘’International NGO Training Center’’, il semblerait
qu’il n’existe aucune définition claire du concept et aucun accord général à ce sujet.
Cependant, les ONG de Solidarité Internationale (OSI) françaises ont traité le problème en
employant plusieurs termes pour décrire différents aspects du renforcement de capacités.
S’ajoutent ainsi aux termes génériques de renforcement de capacités des mots, tels que
« appui » et « soutien » qui sont fréquemment utilisés pour décrire ce renforcement. Le
renforcement des capacités est un objectif transversal de plus en plus essentiel dans les
projets de lutte contre la pauvreté.
Au vu de la diversité des définitions et en faisant un rapport avec le sujet de notre recherche,
le concept de « Renforcement des capacités » sera abordé dans sa vision d’une activité
d’amélioration des capacités des acteurs en termes « d’appui » et de « soutien » dans le
domaine de la formation.
3.1.2. La notion de « Besoins de formation »
Guy LE BOTERF (1990) définit le vocable « besoins de formation » en ces termes :
« Les besoins de formation expriment l’écart de connaissances ou de compétences existant
entre le profil professionnel requis et le profil professionnel réel. Les besoins de formation
sont exprimés en termes d’objectifs opératoires de formation. ».
Pour Alain MEIGNANT (2006), la notion de « besoin » est ambiguë si on la
comprend comme quelque chose qui existerait indépendamment de son contexte.
88 Mia SORGENFREI, 2004, « Le renforcement de capacités d'une perspective française », International NGO
training and research center
34
« Le besoin de formation est la résultante d’un processus associant les différents
acteurs concernés, et traduisant un accord entre eux sur des « manques » à combler par le
moyen de la formation ». Cette définition met en avant la double dimension suivante : la
dimension « sociale » qui traduit le compromis entre les acteurs et la dimension
« opérationnelle » autour d’un manque à combler nécessitant une action. C’est dans la
même optique qu’il convient d’appréhender cette notion dans la recherche.
Deux autres notions apparaissent en abordant la notion de besoins de formation ; il
s’agit de la notion de « demande » de formation et de plan de formation. La notion de
« demande » est proche de la notion « d’attentes », une notion qu’il convient de clarifier.
Selon la littérature développée dans le cours d’ingénierie de la formation, les « attentes »
renvoient à des souhaits individuels ou collectifs, en lien avec la stratégie d’une organisation
ou non. Elles peuvent être aussi la traduction d’un besoin déjà repéré et analysé comme une
volonté individuelle ou un mode. Elles sont l’expression plus ou moins implicite et
exprimée, d’une demande latente. La notion de « demande » de formation correspond à des
attentes, individuelles ou collectives exprimées de manière explicite, voire rédigée en vue
d’effectuer une ou des formations. La notion « de plan de formation » quant à elle, est
surtout utilisée dans le milieu des entreprises. Selon la définition citée dans l’ouvrage de
Alain MEIGNANT (2006), « le plan de formation rassemble l’ensemble des actions de
formation définies dans le cadre de la politique de gestion du personnel de l’entreprise ».
Egalement dans sa quête de trouver une réponse à la question de savoir ce que c’est qu’une
politique de formation, cet auteur définit le plan de formation comme étant « la traduction
opérationnelle et budgétaire des choix de management d’une organisation sur les moyens
qu’il affecte, dans une période donnée, au développement de la compétence individuelle et
collective des salariés ».
Dans la recherche présente, le « plan de formation » est compris comme le
programme opérationnel des actions de formation élaboré avec l’appui d’un partenaire
technique. On y trouve une traduction opérationnelle et budgétaire des choix des actions de
formation validés par les acteurs ruraux ou leurs organisations, et réparties sur une période
ponctuelle ou étendue dans la durée.
35
3.1.3. La notion de « Modes d’analyse des besoins de formation »
Cette notion renvoie à deux mots-clés en interrelation : « modes » et « analyse »
complétant ainsi la notion de « besoins de formation ». Selon le dictionnaire de sociologie9,
le mode est un « ensemble d’usages, de comportements ou d’opinions marquant, dans un
ensemble culturel donnée, un engouement temporaire relatif à des pratiques expressives de
la vie sociale ». De même, analyser10
« c’est décomposer, mettre en lien, en relation, en
perspective, comparer des faits et des sources, les confronter ». L’analyse s’appuie sur un
ensemble de questionnements, de confrontations-vérifications qui permettent comme toute
intervention en conseil, de circonscrire l’objet et les moyens d’y répondre.
Les « modes d’analyse des besoins de formation », c’est donc cet ensemble d’usages,
d’opinions, de questionnements et de confrontations-vérifications sur les manques à
combler par le moyen de la formation. C’est dans cette ambition qu’il conviendrait
d’aborder la notion dans la recherche.
3.1.4. Le concept « d’Identité » et la notion de « Stratégies identitaires »
Selon le dictionnaire de sociologie cité ci-dessus, le concept d’identité est
polysémique ; utilisé dans le langage courant, il fait également partie du vocabulaire de la
psychologie, de la psychanalyse, de la philosophie etc. Certains auteurs l’ignorent et
d’autres le contournent en le remplaçant par des termes proches comme ceux d’identité
collective, d’identification ou d’identité sociale. C’est le cas même dans la définition donnée
par DUBAR Claude11
qui dit que « l’identité est à la fois le sentiment subjectif d’une unité
personnelle, d’un principe fédérateur du moi, et un travail permanent de maintenance et
d’adaptation de ce moi à un environnement mobile ».
Selon cet auteur, l’identité est aussi le fruit d’un travail incessant de négociation
entre des actes d’attribution et des actes d’appartenance. L’action protestataire constitue un
acte public de prise de position qui peut être classant pour l’individu mobilisé et dans le
regard des tiers.
9 GILLES FERROL, CAUCHE Philippe, DUPREZ Jean- Marie, GADREY Nicole, SIMON Michel, (2004),
Dictionnaire de sociologie, Paris, 3ème
édition, Armand Colin, page 121 10
ARDOUIN Thierry, LACAILLE Sylvain Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation, Unité 4 Conseil
et formation, « Audit et conseil en formation ». 1111
DUBAR Claude, (1991) La socialisation, construction des identités sociales et professionnelles, Armand
Colin, page 113
36
Pour rendre compte de cette instabilité des formes identitaires, cet auteur postule une
dualité de l’identité :
- l’identité pour soi qui résulte d’une dialectique entre l’identité héritée de sa famille
d’origine et l’identité visée (le type d’homme ou de femme que l’on veut être) ;
- l’identité pour autrui qui s’éprouve dans une dialectique entre l’identité
revendiquée et l’identité reconnue (celui que l’on est).
Dans ces conditions également, il est donc préférable de parler de « représentations
sociales » et de « dynamiques identitaires » compte tenu de la transformation rapide et
accélérée des institutions et des rapports de pouvoir qui les structurent. Les « représentations
sociales »12
sont des systèmes d’idées, de pensées, d’interprétations, de croyances,
d’explications, de ‘’savoirs’’, de ‘’visions du monde’’. Elles constituent un cadre à partir
duquel, individus et groupes se définissent eux-mêmes, interprètent les situations auxquelles
ils sont confrontés et leurs relations à autrui. Les représentations sont au cœur des processus
de communication ; elles sont traduites, exprimées, mises en scène, figurées et véhiculées
dans des discours et des images. Elles peuvent assurer la régulation de la communication, ou
constituer un obstacle, ou encore être un vecteur d’influence. Elles ont une fonction de
structuration et de régulation des identités individuelles et collectives et constituent un enjeu
de pouvoir.
La notion de « dynamique identitaire » quant à elle, résulte d’un processus
permanent d’ajustement des identités antérieures et intérieures aux nouvelles formes
identitaires qui sont offertes. On distingue plusieurs types de dynamiques identitaires dont
une « dynamique de différenciation identitaire », une « dynamique de confirmation
identitaire », une « dynamique de préservation identitaire », une « dynamique de flexibilité
identitaire » et une « dynamique de restauration identitaire ». En abordant le concept
d’identité, DUBAR évoque le rôle des représentations sociales dans la dynamique du
développement identitaire, à savoir la négociation des identités, en somme, les stratégies
identitaires.
Le mot-clé « stratégie » est celui qui est mis en exergue dans les nouveaux types
d’analyse sociologique appelée « analyse stratégique » que développent certains auteurs
(Crozier et Friedberg, 1977)13
.
12
BEZILLE. Hélène, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation, Unité 3 Ingénierie pédagogique,
« Adultes en formation », page 42-43. 13
CROZIER Michel, FRIEDBERG Erhardt (1977), L’acteur et le système, les contraintes de l’action
collective, Paris, Editions du Seuil.
37
Il ressort de ces analyses que dans un système d’action, « l’acteur ne choisit pas au
hasard et que ces choix dépendent certes de ses valeurs, mais aussi de la manière dont il
perçoit la situation, et des moyens dont il dispose pour en tirer parti » et que « chaque
acteur, a sa stratégie personnelle, joue son propre jeu dans le système et cherche à
augmenter son pouvoir ainsi qu’à développer l’étendue de la zone placée sous sa
responsabilité ».
La notion de « stratégies identitaires » dans notre recherche est abordée selon le nouveau
type d’analyse sociologique dite « analyse stratégique » qui ressort que dans le cadre des
règles que développe chaque système d’action, les acteurs essaient de mettre en œuvre des
stratégies dont la fin est d’accroître leur influence et que le concept de stratégie permet de
comprendre les régularités de comportement des acteurs.
3.1.5. La notion d’« Acteurs ruraux »
Les termes « acteurs » et « milieu rural » restent au centre du sujet de la recherche,
raison pour laquelle, il est déterminant de les élucider quand nous parlons d’analyse des
besoins de formation pour le renforcement des capacités des populations en milieu rural.
Tout au long de la recherche, la compréhension du mot « acteurs » s’inspirera plus des
concepts des écoles sociologiques. Dans ces écoles, et selon les travaux de Michel Crozier
et Erhard Friedberg relevés dans le cours conduite de projet14
, les « acteurs regroupent les
individus ou les groupes d’individus ayant globalement le même comportement, les mêmes
attitudes face à une situation existante ou face à un changement qui modifie cette
situation ».
La notion de « milieu rural » quant à elle, mérite d’être précisée clairement afin de
bien appréhender son implication par rapport au problème posé. Selon les sources
documentaires de l’OCDE et le Conseil de l’Europe, « le milieu rural englobe l'ensemble de
la population, du territoire et des autres ressources des campagnes, c'est-à-dire des zones
situées en dehors des grands centres urbanisés ».
Au sens des textes réglementaires du Burkina Faso15
, le milieu rural est défini selon
l’organisation de son territoire en collectivités territoriales.
14
POSSOZ Didier, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en Formation, Unité 2 Ingénierie de la formation, «
Gestion de projet et démarche qualité », page 54 15
Assemblée Nationale du Burkina Faso, 2004, Code général des collectivités territoriales du Burkina Faso.
38
Ainsi, le code général des collectivités territoriales du Burkina Faso en son article
17, dit que « la commune est la collectivité territoriale de base ». En son article 27, il fait
allusion au milieu rural en disant que « la commune rurale est un regroupement de villages
qui a une population d’au moins 5 000 habitants et dont les activités économiques
permettent de générer des ressources budgétaires propres annuelles d’au moins cinq millions
(5 000 000) de francs CFA ».
Nous comprenons dans la recherche, la notion de « milieu rural » dans sa nature
villageoise, ses limitations du peuplement et de capacité de génération des ressources
financières dans le contexte de la Décentralisation burkinabè.
3.1.6. Le concept de « Motivation »
Selon les théories développées par les psychologues, et cité par Hervé DAGUET de
l’Université de Rouen, dans son cours sur la psychologie des apprentissages16
, le terme de
motivation est relativement récent dans le champ de la psychologie, il n’est en effet apparu
dans ce dernier, qu’au cours de la seconde moitié du 20ième
siècle. Le concept est assez
complexe à appréhender. Les premières recherches sont dues au courant behavioriste. Elles
mettent en avant l’explication d’un comportement qui est lié en quelque sorte, à un
apprentissage antérieur. Un des premiers concepts à l’origine de la réflexion autour du
concept est celui de « drive ». Le drive peut être considéré comme une énergie ou encore
une dynamique qui pousse un organisme à adopter tel ou tel comportement (Woodworth,
1918). Il devient alors possible aux psychologues de prédire la direction que va prendre un
comportement en fonction de cette énergie qui émane de l’organisme et qui peut alors être
considérée comme une variable expérimentale.
Dans le domaine de la psychologie expérimentale, la motivation peut intervenir à
deux niveaux distincts (Reuchlin, 1977) : Le premier niveau, celui du renforcement
primaire, permet d’expliquer les théories behavioristes de l’apprentissage ; le second niveau,
le renforcement secondaire concerne les aspects psychologiques de la motivation ; en
d’autres termes, il est lié à ce que l’on sait déjà de ce que l’on va devoir apprendre et
pourquoi on doit le faire.
16
DAGUET Hervé, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation, Unité 3 Ingénierie pédagogique, «
Psychologie des apprentissages » page 28
39
De même, comme l’indiquent Wallerand et Thill (1993) « le concept de motivation
représente le construit hypothétique utilisé afin de décrire les forces internes et/ou externes
produisant le déclenchement, la direction, l’intensité et la persistance du comportement »
(Fenouillet, 2003).
On note dans cette définition, que la motivation peut être liée soit à des facteurs
internes, l’individu lui-même, soit externes, au monde dans lequel il vit. Deux notions de la
motivation se dégagent dans ces conditions :
- la motivation intrinsèque est le fait de participer à une activité pour le plaisir et/ou
la satisfaction que l’on en retire pendant la pratique de celle-ci (Wallerand et Sénecal,
1992).
- la motivation extrinsèque est le fait que la motivation soit régulée de façon externe,
le processus est alors lié à un stimulus externe, une récompense, une sanction ou des causes
non rationnelles (la chance, la destinée….).
Dans le contexte de notre recherche, la dimension du second niveau de motivation à savoir
le renforcement secondaire, développé par les auteurs de la psychologie expérimentale est le
courant de pensée qui accompagne notre travail. Il s’intéresse plus aux aspects
psychologiques de la motivation des acteurs ruraux quand nous nous posons des questions
sur les motivations réelles qui sous-tendent leurs besoins de formation.
Les éclairages théoriques que nous avons développés ont permis d’élucider plusieurs
aspects théoriques de notre recherche dont ceux des stratégies des acteurs ruraux et des
motivations au centre du processus d’analyse des besoins de formation dans le cadre du
renforcement des capacités. Selon nos investigations lors du diagnostic des méthodes
d’identification des besoins de formation dans la province des Banwa, il existe une relation
étroite entre les stratégies identitaires développées par les acteurs ruraux et leurs besoins
individuels. Cette situation a vraisemblablement une influence sur le processus d’analyse
des besoins de formation et explique en grande partie le fait que ce soit toujours les mêmes
besoins qui sont sollicités dans le milieu rural et par les mêmes acteurs.
Notre étude a permis d’appréhender la question sur la base des éléments issus
essentiellement de l’observation sur le terrain et qui nous amène à nous interroger sur les
raisons de l’invariabilité des besoins de formation des acteurs à leur analyse ainsi que les
motivations qui la sous-tendent. Les hypothèses et les variables qui suivent ont fait l’objet
de nos analyses au cours de la recherche.
40
3.2. HYPOTHESES DE RECHERCHE : VARIABLES ET INDICATEURS
3.2.1. Les hypothèses de recherche
Afin de recentrer le champ de la recherche, les deux hypothèses suivantes sont
proposées :
Hypothèse 1 : La non variabilité des besoins de formation des acteurs ruraux dans la
province des Banwa est due au fait que l’analyse des besoins est sous-tendue par les
stratégies identitaires mises en œuvre par les individus au sein de leurs organisations.
Hypothèse 2 : L’expression sans variation des mêmes besoins de formation par les
acteurs ruraux, est favorisée par la nature des modes d’analyse des besoins en cours dans la
province des Banwa.
3.2.2. Les variables et indicateurs de la recherche
3.2.2.1. Les stratégies identitaires
Cette variable est analysée dans ses dimensions socioculturelle, économique et
politico institutionnelle.
Dimension socioculturelle : Elle analyse le comportement des indicateurs suivants, à
savoir (1) Les statuts socioculturels des acteurs, (2) Le monopole du capital technique par
les acteurs, et (3) Le niveau d’utilisation des savoirs et savoir-faire par les acteurs.
Dimension économique : Cette dimension analyse les facteurs économiques qui
motivent les stratégies des acteurs.
Les indicateurs suivants sont concernés (1) L’importance des prises en charge
(perdiems) comme sources de revenus monétaires motivant des acteurs lors des sessions de
formation, (2) La place des équipements de travail dans l’accompagnement des formations
et leur importance pour les producteurs (3) Le bénéfice des financements éventuels.
Dimension politico institutionnelle : Cette dimension analyse les facteurs politico-
institutionnels qui motivent les stratégies, le positionnement des d’acteurs, notamment la
quête de la reconnaissance des acteurs institutionnels, la notoriété publique, la manipulation
du processus d’identification des besoins de formation.
41
Les indicateurs sont définis en termes de (1) Type de manifestation d’intérêts dans la
mise en œuvre des procédures de désignation des bénéficiaires de formation dans les
organisations, (2) Type de manifestation d’intérêts dans la mise en œuvre des modes et
mécanismes de prises de décision dans les groupes.
3.2.2.2. La nature des modes d’analyse des besoins de formation
Cette variable sera analysée dans ses dimensions technique et institutionnelle.
Dimension technique : Elle analyse les indicateurs suivants : (1) Les méthodes de
mise en œuvre, (2) Le contenu des formations et (3) Le dispositif de mise en œuvre.
Dimension institutionnelle : Sont analysés dans cette dimension, les indicateurs tels
que : (1) La place des acteurs institutionnels impliqués, (2) Le processus et les procédures
de financement et d’accompagnement des actions de développement.
3.3. APPROCHE THEORIQUE ET CADRE D’ANALYSE
Deux postulats essentiels ont présidé l’élaboration des hypothèses de la recherche :
1. Le premier considère l’acteur, c’est -à- dire l’individu avec ses différents attributs
sociaux, politiques et économiques, comme le moteur du changement généré à la base dans
les activités de développement dont la formation. L’acteur est au-devant de la scène des
modes d’analyse des besoins de formation dans le processus de développement local. Il a la
capacité d’interférer sur le déroulement des processus locaux et d’adopter une attitude face à
une situation existante ou face à un changement qui modifie cette situation ; c’est à la
question des enjeux qu’il s’identifie, c’est-à-dire ce qu’il « peut gagner ou perdre dans la
situation ou le changement ». Cette définition s’inspire de Michel Crozier qui, dans la
théorie « actionniste et stratégique des organisations » explique que « l’acteur obéit à des
mobiles, à des motifs, poursuit une fin qu’il s’est préalablement fixée, compte tenu des
objectifs organisationnels et des visées propres17
».
2. Le second postulat s’inscrit dans la logique du premier et considère le concept de
stratégie de façon générale. Le concept de stratégie s’inspire de l’analyse sociologique dans
la théorie de la « rationalité limitée » et appelé « analyse stratégique » (Crozier et
Friedberg, 1977).
1177
CROZIER Michel, (1963), Le phénomène bureaucratique, Paris, Editions du Seuil, cité dans le cours de
Master 2 Ingénierie et conseil en Formation, Unité 4« Sociologie des organisations, Sociologie des
organisations », page 12
42
Dans cette analyse, le concept de stratégie permet de comprendre les « régularités de
comportement des acteurs ». Il s’explique par le fait que « l’acteur ne choisit pas au hasard ;
Ses choix dépendent certes de ses valeurs, mais aussi de la manière dont il perçoit la
situation, et des moyens dont il dispose pour en tirer parti. Chaque acteur a, sa stratégie
personnelle, joue son propre jeu dans le cadre de système d’actions dont il fait partie et
cherche à augmenter son pouvoir, ainsi qu’à développer l’étendue de la zone placée sous sa
responsabilité ».
Les modèles d’analyse de la recherche s’articulent autour des postulats ayant présidé
l’élaboration des hypothèses et particulièrement la nature des deux variables essentielles
qu’il invoque et qui sont mises en relation : les concepts de « stratégies identitaires » et de
« nature des modes d’analyse des besoins de formation ». Dans une situation donnée telle
qu’un système d’action dans le cas de notre recherche, le comportement des acteurs est
stratégique ; ils cherchent à résoudre les problèmes qui se posent à eux au mieux de leurs
intérêts, c’est-à-dire à maximiser les avantages et à minimiser les inconvénients. Chaque
situation est source d’enjeux, de gains ou de pertes possibles pour chaque acteur. Pour tirer
le meilleur profit de la situation, les acteurs utilisent les ressources dont ils disposent ; ils
cherchent à profiter de leurs atouts et leurs pouvoirs d’action et à limiter leurs handicaps et
leurs points de vulnérabilité. Ils mettent en œuvre une stratégie d’action à travers des
comportements cohérents dans la logique propre à chaque acteur. L’ensemble de ces
comportements des acteurs produit des effets sur la situation, conformes ou non aux
résultats prévus ou attendus. La connaissance et la prise en compte des différentes logiques
des acteurs (enjeux et stratégies) facilitent le fonctionnement du système d’action.
Pour opérationnaliser la recherche, les deux variables qui sous-tendent les
hypothèses de la recherche ont été analysées dans leurs dimensions diverses et les
indicateurs définis. Les figures N° 4 (inspirée du modèle - outil des enjeux et stratégies de
CROZIER et MORIN) et la figure N° 5 (inspirée du modèle –outil de l’analyse de processus
de HALLE Jacques) 18
ci-après représentent les modèles d’analyse conceptuelle de la
recherche :
18 SIMONET Jean, BOUCHEZ Jean Pierre, PELADE Joël, GILBERT Patrick (2004), Le conseil, le livre du
consultant et du client, Editions d’organisation, Paris, page 300
43
Figure 4 : Cadre d’analyse 1 : Représentation du modèle d’analyse conceptuel des enjeux et stratégies des acteurs (inspiré du modèle -
outil des enjeux et stratégies de CROZIER et MORIN)
CONCLUSIONS DES ANALYSES
SYSTEME D’ACTION OU D’ORGANISATION
STRATEGIE S DES ACTEURS
Enjeux Ressources
Gains Coûts Atouts Handicaps
Analyse des besoins de formation des acteurs
Politico institutionnelle
Economique
Socioculturelle
DIMENSIONS INDICATEURS
Hypothèse 1
RESULTATS
44
Modes d’analyse des besoins de formation
des acteurs
DIMENSIONS
Dimension technique
Dimension institutionnelle
PROCESSUS
Centre de
décision
Activités Activités
Activités Activités
Acteurs
Acteurs
Acteurs
Acteurs
Hypothèse 2
FO
RC
ES
FA
IBL
ES
SE
S
Figure 5 : Cadre d’analyse 2 : Représentation du modèle d’analyse conceptuel des
modes d’analyse des besoins des acteurs (inspiré du modèle - outil d’analyse de
processus de HALLE)
Observations : Ce modèle d’analyse conceptuel des modes d’analyse des besoins de formation s’appuie sur le
modèle d’analyse de processus formalisé sous la forme de diagramme d’activités ou des fonctions qui les
mettent en œuvre.
La mise à plat du processus permet un travail de représentation visuel et de
description des processus mis en œuvre par les acteurs. Elle permet sur la base des
informations reçues, de ressortir les forces et faiblesses des composantes du processus et de
préconiser un travail d’amélioration ou de suivi en tenant compte des dimensions de la
recherche.
45
IIVV.. MMEETTHHOODDEESS EETT TTEECCHHNNIIQQUUEESS DDEE RREECCHHEERRCCHHEE MMIISSEESS EENN ŒŒUUVVRREE ––
LLIIMMIITTEESS EETT CCOONNTTRRAAIINNTTEESS
4.1. METHODOLOGIE DE COLLECTE DES DONNEES
4.1.1. Le choix d’une méthodologie de recherche : la méthode qualitative
Les polémiques entre méthodes de recherche quantitatives et qualitatives tendent à
s’effacer aujourd’hui pour donner place à leur complémentarité19
. Dans le cadre de la
recherche, la méthode qualitative est celle qui a été privilégiée puisque l’analyse des
données concerne surtout celle du discours et du contenu. En outre, le sujet de la recherche
vise à étudier et à comprendre des phénomènes assez complexes dont les logiques
individuelles et collectives qui sous-tendent les modes d’analyse des besoins de formation
d’acteurs ruraux. Cette méthode a le privilège de favoriser des enquêtes en profondeur
d’échantillons restreints d’acteurs et une analyse du discours favorisant la recherche de
signification des énoncés, au cas par cas et par approche comparative. Elle a été enrichie par
les données quantitatives recueillies à travers les enquêtes auprès des producteurs
individuels et dans les rapports des partenaires techniques intervenant dans la province.
4.1.2. Les techniques et instruments de mise en œuvre
La principale technique mise en œuvre a consisté en l’observation indirecte, à travers
l’enquête par entretiens semi-directifs à partir des questionnaires à l’adresse des producteurs
individuels et des organisations de producteurs (‘’focus group’’). Un guide d’entretien
spécifique a été conçu pour les partenaires d’appui dans la province.
La technique de mise en oeuvre a été précédée d’un entretien exploratoire auprès de
personnes ressources dans la province et complétée par le recueil des données de l’analyse
documentaire.
19
BEZILLE Hélène, TRANCART Danièle Cours DESS Ingénierie de la Formation, Unité 5 Méthodologie,
« Approches méthodologiques ».
46
Selon le « Manuel de recherche en sciences sociales » (Raymond Quivy et Luc Van
Campenhoudt, 1995), l’entretien exploratoire est une technique flexible qui permet de
mettre en lumière les aspects du phénomène étudié auxquels le chercheur n’aurait pas pensé
spontanément lui-même. Les interlocuteurs recommandés pour ce genre d’entretien sont des
témoins privilégiés. Il s’agit de personnes qui par leur position, leurs actions ou leurs
responsabilités, ont une bonne connaissance du problème. L’entretien par questionnaire
quant à lui, est le meilleur moyen pour recueillir l’avis des individus sur des questions
précises. Il s’adresse à une population bien ciblée et garantit de bons résultats à des coûts
modestes ; il permet d’obtenir des renseignements en face à face, individuellement ou en
petits groupes, en recourant à une série de questions générales pour guider les conversations
mais en laissant la possibilité d'ajouter d'autres questions qui pourraient surgir de la
discussion. Du point de vue du suivi de la suite à donner aux informations collectées, les
entretiens semi - directifs sont importants pour parvenir à une compréhension approfondie
des questions qualitatives en particulier. La parole étant libre (bien que guidée par une série
de questions), ces entretiens sont utiles pour évaluer, par exemple, les répercussions qui
n'avaient pas été prévues (positives ou négatives), les opinions concernant la pertinence et la
qualité des contenus des formations des acteurs de la province.
En tenant compte de ces éléments de base théoriques et à partir des orientations
issues des entretiens exploratoires, nous avons élaboré et utilisé cinq outils pour les
investigations auprès des acteurs. Ce sont :
- un guide d’orientation des principales questions à administrer aux acteurs ;
- un questionnaire pour les producteurs individuels (agriculteurs, éleveurs, artisans,
maraîchers, chasseurs…) ;
- un guide d’entretien pour les organisations de producteurs (groupements de
producteurs de coton, d’éleveurs, de femmes, d’artisans, de jeunes etc.) ;
- un guide d’entretien pour les partenaires qui encadrent les groupes-cibles (services
techniques, projets ou programmes, ONG…) ;
- une grille de lecture pour la collecte de données documentaires.
Les annexes N°7 et N°8 présentent respectivement le contenu de notre méthodologie
d’ensemble dans le cadre de notre chantier et le guide d’orientation des outils de collecte des
données auprès des acteurs dans le cadre de la recherche.
47
En vue d’optimiser la précision dans le recueil et l’exploitation des informations, la
plupart des entretiens en face à face avec les acteurs notamment les producteurs individuels
ont été enregistrés sur support audio en plus de leur transcription à l’écrit. Les difficultés de
faire accepter l’enregistrement de leurs propos à certains partenaires d’appui constituent des
limites que nous avons connues sur le terrain à la collecte exhaustive de leurs opinions.
4.1.3. Le champ d’application
Le champ d’application du travail de collecte des données concerne aussi bien la
zone d’investigation, les acteurs ciblés que les informations pertinentes utiles à la
confrontation des hypothèses répondant à la problématique de la recherche.
4.1.3.1. La zone d’investigation et les acteurs ciblés
La collecte des données a été circonscrite à cinq communes sur six que compte la
province des Banwa ; l’état des routes d’accès à une des communes ne permettait pas
d’accéder aux gros villages abritant les groupes organisés de producteurs que nous voulons
toucher. Les principaux acteurs ciblés sont ceux qui sont parties prenantes aux activités
intéressant la recherche à savoir, l’analyse des besoins de formations des acteurs ruraux
dans la province. Les critères prépondérants (variables stratégiques) ayant présidé le choix
des acteurs sont :
- la diversité des profils des individus suivant les activités qu’ils mènent pour les
entretiens individuels ;
- la diversité des catégories des groupements de producteurs selon les secteurs
d’activités pour les entretiens de groupe ;
- l’expérience dans la province ainsi que leur domaine d’intervention pour la
sélection des partenaires d’appui et d’encadrement des producteurs.
A partir donc de ces critères, nous avons défini un échantillon raisonné d’acteurs à
interviewer. Cet échantillon se présente comme suit :
- 20 producteurs individuels des organisations de producteurs locaux prenant en
compte la diversité de leurs activités. Cette base de sondage paraît limitée ;
cependant elle est tout à fait justifiée du fait de l’importance accordée à la diversité
d’origine d’appartenance associative des protagonistes et de la nature purement
qualitative de la recherche ;
48
- 16 organisations de producteurs selon leur secteur d’activités et leur positionnement
dans la province (commune) ; ces choix prennent toutefois en considération la
nécessité de faire s’exprimer deux groupements différents au moins par secteur de
production afin de mieux appréhender les spécificités objectives par secteur ;
- les services techniques, ONG et projets installés dans la province des Banwa et
accompagnant les producteurs dans le domaine de la formation, dont le nombre total
ne dépasse pas dix (10).
4.1.3. 2. Les informations utiles à la confrontation des hypothèses
L’un des résultats attendus du travail de collecte des données est le recueil des
informations utiles à la confrontation des hypothèses répondant à la problématique de la
recherche. En rappel, deux hypothèses ont été posées et des variables et indicateurs
d’analyse ont été identifiés pour traiter de la problématique (point 3.2.). Les informations
que nous avons recueillies sont celles en relation avec les variables d’analyse permettant de
comprendre les raisons de la non-variabilité des besoins de formation des acteurs ruraux
dans la province des Banwa à leur analyse et, de valider ou pas les deux hypothèses de
recherche. De façon opérationnelle, il s’agit :
- des informations sur les enjeux (gains et coûts) et les ressources (atouts et
handicaps) des acteurs ruraux de la province dans leurs dimensions socioculturelle,
économique et politico institutionnelle à travers les indicateurs de mesure pré-établis (point
3.2.2) et pouvant expliquer les stratégies d’acteurs qui sous-tendent l’analyse de leurs
besoins de formation (hypothèse 1) ;
- des informations sur les processus d’analyse des besoins de formation des acteurs
dans leur dimension technique et institutionnelle à travers également les indicateurs de
mesure préétablis, pouvant renseigner sur l’influence des modes d’analyse des besoins sur
l’expression sans variation des mêmes besoins de formation par les acteurs ruraux
(Hypothèse 2).
La figure N°5 qui suit, relate de façon schématique, la représentation des
informations pertinentes à analyser dans le cadre du travail de traitement des données. Il
s’inspire du modèle conceptuel d’analyse générale proposé dans le mémoire de COUPAU
Laurent sous la direction de HEBRARD Pierre de l’Université de Montpellier. 20
20
COUPAU Laurent (2005), Etude de l’influence des politiques régionales de formation sur la
professionnalisation des organismes de formation en insertion d’Aquitaine, Mémoire de Master Pro Ingénierie
et Conseil en formation de l’Université de Rouen, page 56.
49
Figure 4
Figure 6 : Schéma d’ensemble du modèle d’analyse conceptuel des hypothèses de la recherche
Cadre d’analyse 2
Cadre d’analyse 1
Problématique
Dans la province des
Banwa, quelles sont les
raisons pour lesquelles
à l’analyse, les besoins
de formation des
acteurs ruraux dans le
cadre du renforcement
de leurs capacités, ne
varient pas ?
Hypothèses
La non variabilité des besoins
de formation des acteurs ruraux
dans la province des Banwa est
due au fait que l’analyse des
besoins est sous-tendue par les
stratégies identitaires mises en
œuvre par les individus au sein
de leurs organisations.
L’expression sans variation des
mêmes besoins de formation par
les acteurs ruraux, est favorisée
par la nature des modes
d’analyse des besoins en cours
dans la province des Banwa.
RAISONS
Variables
Concepts
Stratégies
identitaires
Nature des
modes
d’analyse des
besoins
Dimension
Indicateurs
Dimension socioculturelle
Dimension économique
Dimension technique
Dimension institutionnelle
Dimension politico
institutionnelle
50
4.2. METHODOLOGIE DE TRAITEMENT ET D’ANALYSE DES DONNEES
Quelques points de repère nous ont guidé tout au long du traitement des données
collectées et de l’analyse du contenu des informations recueillies. Ce sont d’une part, les
expériences dans le traitement des données d’études diverses dans le cadre professionnel et
les lectures d’écrits documentaires sur les méthodologies quantitatives et qualitatives de
recherche en sciences sociales.
4.2.1. La démarche de traitement des données
Aussi bien dans nos expériences pratiques que dans l’exploitation documentaire
relatives au traitement de données, la finalité est de trouver des réponses à la question de
recherche posée à partir de celles données aux questions relatives aux dimensions et
indicateurs de la recherche. Dans notre recherche, la question est donc de savoir « Comment
faut-il traiter ces réponses–informations 21
» pour confirmer ou infirmer les hypothèses de
recherche. C’est à cela, que nous nous sommes investis à travers les étapes suivantes :
4.2.1.1. Le dépouillement des données collectées
Il s’est agi pour nous de procéder à un regroupement des informations par thème ou
par groupe de thèmes abordés selon les différentes variables de la recherche, leur dimension
et les indicateurs de mesure. Ce travail préliminaire a été réalisé à partir de grilles d’analyse
des questionnaires d’entretien des producteurs individuels et des organisations de
producteurs interviewés dont les détails sont présentés dans le guide d’orientation des
questions présenté à l’annexe N°8
4.2.1.2. Le traitement des données collectées
Le traitement des données a consisté en la retranscription partielle des propos suivant
les thèmes et groupe de thèmes et selon les variables et dimensions pour donner plus
d’importance à leur sens dans le contexte de la recherche.
21
QUIVY Raymond et VAN CAMPENHOUT Luc (1995), Manuel de recherche en sciences sociales, Paris,
2ème
édition, DUNOD, page 214.
51
Ce travail a été effectué à partir des grilles d’analyse des fiches d’enquêtes, des notes
de synthèses des entrevues, la création de tables de données sur le logiciel Access pour la
saisie et le traitement des informations quantitatives indiquées dans les questionnaires
élaborés et utilisés.
4.2.2. L’analyse du contenu des informations recueillies
La méthode d’analyse que nous avons utilisée est celle de l’analyse ‘’thématique’’.
Cette méthode a l’avantage de s’adapter au contexte de notre recherche et permet
d’interpréter les énoncés en se basant sur les cadres d’analyse que nous avons élaborés
(figures N° 4 et 5, point 3.3). Elle a permis également de passer en revue l’ensemble des
entretiens individuels ou de groupes suivant les différentes dimensions qui sous-tendent les
variables de notre recherche, de comparer les résultats, de dégager les tendances et de tirer
les conclusions pour confronter nos hypothèses de départ.
4.3. LIMITES ET CONTRAINTES RENCONTREES
Nous avons noté quelques contraintes et limites lors de notre travail d’investigation.
4.3.1. L’indisponibilité de certains acteurs
Les contacts avec les personnes ressources des directions provinciales sur le terrain
ont été parfois sommaires (pour cause de déplacement, d’autres nouvellement affectés dans
les services) ; leurs points de vue auraient certainement permis une moisson plus riche des
entretiens réalisés ; la mobilisation difficile de certains producteurs très occupés par les
préparatifs des travaux champêtres n’a pas permis de réaliser pleinement les ‘’focus group’’
que nous avions prévus. Néanmoins, des dispositions ont été initiées sur le terrain de façon à
assurer la qualité de la participation du public-cible disponible.
4.3.2. Les difficultés de traduction du contenu du discours des acteurs
La nécessité de traduire au pif les questions en langue locale n’a pas toujours eu
l’avantage d’assurer une bonne compréhension de celles-ci par les auditeurs, d’où de
multiples répétitions et des tergiversations sur certains aspects de la recherche.
52
La traduction du discours recueilli à l’issue des entretiens a nécessité des efforts
particuliers pour tirer le maximum d’informations relatives aux questions posées au cours de
leur traitement.
4.3.3. L’insuffisance des données de la revue documentaire
Une des limites importantes de la recherche concerne l’insuffisance voire
l’inexistence de données sur les formations réalisées sur plusieurs années. Dans la plupart
des structures d’appui des acteurs locaux, se pose un véritable problème de capitalisation et
d’archivage des données. Ceci se justifie dans certains cas par la non-pérennité de certaines
structures dans la province (projets/programmes). Dans d’autres cas, même si les structures
sont pérennes (services étatiques), elles ne disposent pas ou ne développent pas les
mécanismes nécessaires à une meilleure capitalisation des données.
54
II.. CCAARRAACCTTEERRIISSTTIIQQUUEESS DDEESS AACCTTEEUURRSS RREENNCCOONNTTRREESS
1.1. ACTEURS RURAUX : DEMANDEURS ET BENEFICIAIRES DES ACTIONS DE FORMATION
1.1.1. Situation des populations étudiées
Selon les données de diagnostic recueillies et relatées dans le chapitre sur le contexte
spécifique de la zone de l’étude, la province des Banwa est l’une des localités « rurales »
du Burkina Faso au sens de nos éclairages théoriques, définie selon « l’organisation de son
territoire en collectivités locales et compris dans sa nature villageoise, ses limitations du
peuplement et de capacité de génération de ressources financières dans le contexte de la
décentralisation ». Les populations dans la province des Banwa sont fortement organisées.
Elles bénéficient d’appuis des partenaires d’encadrement dans le domaine du renforcement
des capacités (institutionnel et organisationnel, infrastructurel etc.) en général et dans le
domaine de la formation (technique et organisationnelle …) de façon spécifique.
Ce constat est manifeste à travers l’analyse des résultats des enquêtes sur les statuts
des producteurs enquêtés dont les synthèses sont données dans le tableau suivant :
Tableau N° 4 : Synthèse des données sur les statuts des producteurs enquêtés
Acteurs Domaine d’activités Adhérent
groupe
Bénéficiaire
de
formation
Alphabétisé
langue locale
Scolarisé
(niveau)
A E M C Arb Art Co Aut 1 2 3 4 5 6 I II III IV V
Producteurs
enquêtés %
37,5 15,63 3,13 18 ,75 0 9,38 9,38 6,25 100 0 75 25 52,63 47,37 5 45 35 0 15
Source : Enquête de terrain dans la Province des Banwa, mai 2007
Nomenclature utilisée : Domaine d’activités : A : Agriculture ; E : Elevage ; M : Maraîchage ; C : Culture de
coton ; Arb : Arboriculture ; Art : Artisanat ; Co : Commerce ; Aut : Autres. Adhérent à un groupement : 1 :
Adhérent ; 2 : Non adhérent ; Bénéficiaire de formation : 3 : Bénéficiaire ; 4 : Non bénéficiaire.
Niveau alphabétisé en langue locale : 5 : Alphabétisé ; 6 : Non alphabétisé. Niveau scolarisé : I : non formelle;
II : Primaire ; III : Secondaire ; IV : Supérieur ; V : Non Scolarisé.
55
Les données analysées sur les niveaux de scolarisation et d’alphabétisation des
producteurs touchés ne concernent qu’un échantillon réduit d’acteurs. Elles ne reflètent pas
la réalité des acteurs dans la province des Banwa dont le taux d’alphabétisation, s’établit à
environ 29,68% selon le Rapport mondial sur le DHD 2003 du PNUD.
Nous avons été contraint dans la pratique de prendre en compte dans le choix des
acteurs à enquêter, le critère « capacité à lire ou écrire » pour disposer d’informations
qualitatives dans le cadre de la recherche.
1.1.2. Importance et rôle des acteurs ruraux dans l’analyse des besoins de
formation
Les constats issus des analyses précédentes imposent l’introspection sur l’importance
et le rôle des acteurs dans les processus d’analyse des besoins de formation pour
comprendre les jeux d’intérêts qui sont abordés dans le cadre de la recherche. Le diagnostic
des méthodes d’identification des besoins de formation (point 1.3.2, tableau 1), situe sur le
rôle des acteurs ruraux dans les processus d’analyse des besoins. De l’approche descendante
des méthodes d’identification des besoins dite ‘’Top down’’ à celle dite « Participative », les
organisations de producteurs enquêtées en ont une perception. L’importance des acteurs se
trouve dans le rôle d’interface qu’assurent les responsables des organisations ou leurs
faîtières entre les partenaires d’appui et d’encadrement et leurs membres. Ils participent
selon la démarche méthodologique de chaque partenaire, à l’analyse des besoins et la mise
en œuvre des actions de formation. Entre responsabilisation et participation, ces
responsables ont leur mot à dire car ils sont au centre des actions de formation envisagées.
Cette observation interroge la question principale suivante : Qui sont les bénéficiaires
réels des formations ? Les leaders d’opinion ou les personnes les plus « éclairées22
’» ? Ceci
laisse penser aux jeux d’intérêts et stratégies des acteurs dont l’analyse permettra de
répondre aux questions soulevées.
2222
AActeurs les plus cultivés ou ayant un bon niveau scolaire dans le milieu
56
1.2. ACTEURS DE L’APPUI-CONSEIL ET DU FINANCEMENT DE LA FORMATION DANS LA
PROVINCE DES BANWA
Nous avons choisi d’aller à la rencontre de deux groupes d’acteurs : ceux qui sont
bénéficiaires des formations dans la province des Banwa, c’est-à-dire les producteurs et
leurs organisations et ceux qui assurent l’appui-conseil et le financement des formations à
leur profit. Les partenaires d’appui et d’encadrement sont les acteurs de l’appui-conseil et
du financement des formations. Dix partenaires dont cinq services techniques de l’Etat et
cinq partenaires de projets et ONG ont été touchés par nos enquêtes.
Il s’agissait à travers les investigations de recueillir les informations sur leurs
expériences en matière d’appui à la formation des acteurs ruraux ainsi que les données
capitalisées y afférentes. La plupart des services techniques de l’Etat rencontrés, assurent
l’encadrement technique des acteurs ruraux selon leur secteur d’activités. Ils réalisent des
appuis directs en matière de formation de concert avec les autres partenaires au
développement et promeuvent les politiques sectorielles de l’Etat dans la province.
Les cinq autres partenaires d’appui et d’encadrement des producteurs, à savoir les
projets et ONG, constituent ceux qui assurent la plupart des financements des activités dans
le domaine du renforcement des capacités des acteurs ruraux en général et de la formation
en particulier. Chaque partenaire a ses domaines d’intervention et ses propres méthodes
qu’il met en œuvre.
Le tableau de l’annexe N°9 ressort le niveau d’implication des parties prenantes dans
l’identification des besoins de formation selon les projets touchés. Les données détaillées y
relatives ont permis d’examiner dans leur ensemble les rôles joués par chaque acteur dans
les processus diagnostiqués et d’apprécier les modes d’analyse des besoins de formation par
les parties prenantes.
57
IIII.. LLEESS MMOODDEESS DD’’AANNAALLYYSSEE DDEESS BBEESSOOIINNSS DDEE FFOORRMMAATTIIOONN
2.1. UNE DEMARCHE D’INGENIERIE MITIGEE
2.1.1. Processus impliquant les acteurs ruraux
La question des rapports entre les modes d’analyse des besoins de formation et leur
invariabilité (hypothèse 2 de la recherche), mérite un examen des processus mis en œuvre.
L’analyse des besoins de formation, expression d’une démarche d’ingénierie « doit
rechercher à être la plus complète possible dans une approche systémique23
».
Elle est une étape essentielle dans la réussite d’une démarche comme c’est le cas
qu’il conviendrait de l’appréhender dans notre recherche. L’étape de l’analyse des besoins
de formation se caractérise dans la zone de l’étude par une diversité de démarches mises en
œuvre selon chaque partenaire assurant l’appui et l’encadrement des acteurs ruraux. Certes,
elle se réfère à différentes méthodes qui se coupent et se complètent mais, elles se donnent
comme principe de base l’implication des acteurs ruraux.
Nous avons tenté de reconstituer ces processus dans la figure ci-après à partir des
contenus des approches diagnostiquées au cours de nos investigations auprès des partenaires
d’appui et d’encadrement.
23
ARDOUIN Thierry, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en Formation, Unité 2 Démarche d’ingénierie de la
formation, « Démarche ingénierie de la formation ».
58
Figure 7 : Processus d’analyse des besoins de formation des acteurs ruraux
Des propos recueillis auprès de certains partenaires d’appui, les acteurs ruraux
participent aux différentes étapes de l’analyse des besoins de formation dont les plus
importantes se déclinent comme suit :
- l’identification des besoins de formation des acteurs ruraux ;
- la planification concertée des besoins prioritaires ;
- le montage des dossiers de projets de formation ;
- l’agrément des dossiers à travers les instances organisées des acteurs ruraux.
2.1.2. Expression des besoins de formation ou imposition des besoins de
formation ?
L’enquête auprès de notre échantillon de producteurs individuels ressort une autre
perception de la situation. De leurs avis, ce sont les partenaires d’appui et d’encadrement
qui décident des besoins de formation des acteurs. Ceci interroge la question de savoir si
l’on parle d’expression de besoins de formation ou d’imposition de besoins de formation ?
Le tableau des résultats suite aux réponses sur la question « comment se fait
l’expression des besoins de formation ? » se présente comme suit :
ANALYSE DES BESOINS DE FORMATION
Partenaires d’appui
2. Planification des besoins
1. Identification des besoins
Acteurs ruraux
4. Agrément du dossier
Acteurs ruraux
Acteurs ruraux
3. Montage de dossier de formation
Acteurs ruraux
DIM
EN
SIO
N T
EC
HN
IQU
E E
T
INS
TIT
UT
ION
NE
LL
E
59
Tableau N° 5 : Analyse des modes d’expression des besoins de formation des acteurs
Mode d'expression des besoins de formation Nb réponses %
Ce sont nos partenaires qui décident des formations 18 46,15%
Après un travail de diagnostic concerté au sein de notre
organisation 9 23,08%
Après un travail de diagnostic concerté au sein de notre
organisation sous l'impulsion d'un projet ou ONG8 20,51%
Chacun choisit ce qu’il veut faire et nous les proposons
à un partenaire 3 7,69%
Par les responsables de notre organisation 1 2,56%
Total 39 100,00%
L’analyse des résultats montre que plutôt que de parler d’une approche participative
dans l’expression des besoins de formation telle que affirmée dans les propos des
partenaires d’appui, il s’agit selon les producteurs enquêtés plus d’une approche à
dominance descendante. La participation des acteurs ruraux apparaît comme une
« simulacre » comme ce témoignage recueilli auprès d’un producteur enquêté :
« Nous suivons ce que disent les partenaires puisque de toute façon, ce sont eux qui
financent la formation »
2.1.3. Les limites de l’approche dite « participative »
Les limites d’une telle approche reste au centre des préoccupations des partenaires et
pose toute la problématique des approches participatives promues à travers les stratégies et
politiques nationales. Elles expliquent l’influence des décisions des acteurs ruraux à travers
leurs instances et par leurs avis motivés sur les projets de formation.
Ceci se traduit par le témoignage de ce responsable de projet :
« Si nous intervenons pour donner notre désaccord à un projet agréé par les acteurs
ruraux, c’est comme si nous remettons en cause la démarche et la philosophie
d’intervention de notre projet ; Intervenir bien avant au moment de la planification des
besoins pour empêcher la remontée de projets non pertinents, suppose que nous ne laissons
pas toute la latitude aux populations d’exprimer ce qu’elles attendent de nous. Alors que
faire, c’est aussi ça l’approche participative dans notre milieu avec ses insuffisances ».
60
Pourtant, cette assertion semble être en contradiction avec celle des producteurs
enquêtés. Tout comme pour les thèmes de formation qui sont décidés par les partenaires, le
public-cible y est également ; ce qui donne plus de poids à l’impression chez les producteurs
que ce sont les partenaires qui décident des formations. Cette vision est partagée à travers
les analyses des informations recueillies sur les procédures de sélection des bénéficiaires de
formation et résumées dans le tableau ci-dessous :
Tableau N° 6 : Analyse des procédures de sélection des bénéficiaires de formation
Procédure de selection des bénéficiaires de
formation
Nb réponses %
Décidé par mon groupement/association 15 42,86%
Décidé par un projet local 11 31,43%
Décidé par une ONG locale 5 14,29%
Décidé par le village 2 5,71%
Mon initiative personnelle 1 2,86%
Non renseigné 1 2,86%
Total 35 100,00%
31,43 % des producteurs enquêtés disent que les bénéficiaires de formation sont
proposés par les projets locaux et 14,29 % pensent la même chose pour les ONG.
2.2. UN PROCESSUS ET UNE APPROCHE DES PARTENAIRES D’APPUI
2.2.1. Place de la formation et centre d’intérêts
Le lien entre formation et renforcement des capacités est au centre de polémiques
dans les discussions autour de ce concept. Pour certains acteurs de la pratique sur le terrain,
le renforcement des capacités ne concerne que la formation. Pour d’autres, le concept peut
se référer aux choses les plus diverses, allant de la formation d’individus à de vastes
réformes institutionnelles, en somme, une philosophie et une attitude, presque synonyme du
terme même de développement24
. Le renforcement des capacités tel que appréhendé dans
notre recherche est abordé dans la vision d’une activité d’amélioration des capacités des
acteurs en termes « d’appui » et de « soutien ». Cette vision est partagée par les partenaires
d’appui et d’encadrement et fait donc de la formation une partie intégrante d’un concept
plus large considéré du « renforcement des capacités des acteurs ».
24
UBELS Jan, VAN DE GRONDEN Johan, Renforcement des capacités au niveau méso, in Revue
« capacity.org » n°22, juillet 2005, www.capacity.org/fr/content/view/full/113
61
Parler donc des modes d’analyse des besoins de formation renvoie à l’analyse des
processus de formation (dimension technique) en termes d’appui et soutien et permet de
situer la formation dans toute son importance dans les activités des acteurs.
De l’avis des partenaires d’appui et d’encadrement, la formation des acteurs ruraux
occupe une place importante dans les démarches et domaines d’intervention et se justifie par
l’insuffisance de l’offre de formation dans la province des Banwa (confère 1.2.3 contexte
spécifique de la province des Banwa). Nous avons regroupé et analysé dans le tableau ci-
dessous quelques informations sur l’évolution des financements accordés à la formation
dans la province :
Tableau N° 7 : Evolution des moyens financiers accordés à la formation des acteurs
dans le cadre des activités du PDL-Ouest durant les trois dernières années
Source : Enquêtes auprès du PDL-Ouest mai 2007
Dans l’ensemble, on note comme l’illustre le graphique qui suit, que sur la base des
données recueillies par domaine de formation mis en oeuvre au cours des trois dernières
années d’exécution de ce projet, il y a une évolution notable (de 23% en 2005 à 43% en
2007) dans les besoins de formation et les montants alloués à la formation des acteurs
ruraux dans la province des Banwa.
62
0
10
20
30
40
50
60
Promotion des
instances
locales
Alphabétisation
des acteurs
ruraux
Organisation
des acteurs
ruraux
Formations
techniques
Valorisation de
la maitrise
d'œuv re locale
Voy ages
d'études
Total
Mill
ions
Montant 2005 Montant 2006 Montant 2007 Montant Total
Figure 8 : Evolution des montants alloués à la formation dans le cadre des activités du
PDL-Ouest, ces 3 dernières années.
2.2.2. Partenariat opérationnel ou relations d’acteurs à spectateurs
Deux points de vue contradictoires se dégagent, de l’observation des modes
d’analyse des besoins de formation des acteurs ruraux :
- le premier, celui des producteurs enquêtés ressort que les acteurs ruraux se sentent
comme des spectateurs dans un processus non approprié par eux ;
- le deuxième point de vue est celui des partenaires d’appui et d’encadrement. Ces
derniers soutiennent à travers les propos recueillis, que les acteurs ruraux évoluent
dans une approche participative, les mettant au centre des décisions les concernant ;
Ce sont les publics cibles et les bénéficiaires des interventions de tous les
partenaires dans la province des Banwa.
63
Tout compte fait, l’analyse des processus mis en œuvre, connaît des forces et des
faiblesses influant sur les expressions de besoins de formation. Nous avons pu établir ces
paramètres à partir des constats du diagnostic de l’état des lieux des méthodes
d’identification des besoins de formation, pour mieux comprendre les jeux des intérêts
individuels des acteurs ruraux dans la province. Le tableau suivant en résume l’essentiel :
Tableau N° 8 : Analyse des forces et faiblesses du processus d’analyse des besoins de
formation
Etapes du processus Forces Faiblesses
Identification des
besoins de formation
des acteurs ruraux
- Processus impliquant les
acteurs ruraux dans leurs
principes.
- Insuffisance
d’approfondissement des
diagnostics de base (non prise
en compte de démarches
d’analyse tenant compte des
jeux d’acteurs).
Planification
concertée des
besoins prioritaires
- Prise en compte des besoins
des acteurs dans les
programmes d’activités des
partenaires d’appui et
d’encadrement.
- Tendance à une priorisation
d’attentes fondées sur les points
de vue de quelques pseudo
« éclairés » au sein des
organisations.
- Mauvais choix et priorisation
des publics-cibles des
formations.
Montage des
dossiers de projets
de formation
- Fiches descriptives de projets
de formation formalisées
(objet, acteurs bénéficiaires,
coût, planning…).
- Dossiers de projets souvent
non appropriés par les
bénéficiaires (faible implication
des acteurs ruraux dans le
montage des dossiers).
Agrément du dossier
à travers les
instances organisées
des acteurs ruraux
- Avis des acteurs pris en
compte dans les démarches
mises en oeuvre (décision de
financement des projets au
cours de forums divers
impliquant les acteurs ruraux).
- Choix des actions de formation
influencé par les leaders au sein
des groupements de producteurs
demandeurs.
64
IIIIII.. JJEEUU DDEESS IINNTTEERREETTSS IINNDDIIVVIIDDUUEELLSS EETT EEXXPPRREESSSSIIOONN DDEE BBEESSOOIINNSS DDEE
FFOORRMMAATTIIOONN
Nous nous sommes inspiré dans l’analyse, de la théorie développée par Michel
Crozier25
définie dans nos éclairages théoriques (point 3.3), selon laquelle le jeu des intérêts
individuels s’apparente aux stratégies identitaires développées par eux. Se basant également
sur notre cadre conceptuel d’analyse (figure 4) du système d’action en présence dans la
recherche, nous avons analysé nos trois dimensions permettant d’expliquer les stratégies des
acteurs ruraux dans l’analyse des besoins de formation.
3.1. STRATEGIE D’ACTEURS ET DIMENSION SOCIOCULTURELLE
La dimension socioculturelle permet d’analyser le comportement des indicateurs
suivants : (i) Les statuts socioculturels des acteurs ; (ii) Le monopole du capital technique
par les acteurs ; (iii) Le niveau d’utilisation des savoirs et savoir-faire par les acteurs.
3.1.1. Statuts socioculturels des acteurs
L’analyse de la structure de l’échantillon des producteurs individuels enquêtés,
ressort qu’ils sont tous membres de groupes organisés, occupent des postes de
responsabilité, sont pour la plupart responsables de plusieurs organisations à la fois et ont
bénéficié de plusieurs formations avec le soutien des partenaires d’appui.
Ceci interroge la question de l’influence qu’ont ces acteurs sur les modes d’analyse
des besoins de formation. L’examen des informations collectées ne permet pas de répondre
par l’affirmative. Toutefois, parmi les raisons qui prévalent à la désignation des
bénéficiaires des formations, le statut de l’individu occupe une place de choix.
Le tableau qui suit, analyse les raisons du choix des bénéficiaires de formation selon
les producteurs enquêtés.
2255
CROZIER Michel, (1963), Le phénomène bureaucratique, Paris, Editions du Seuil, cité dans le cours de
Master 2 Ingénierie et conseil en Formation, Unité 4 « Sociologie des organisations », page 12
65
Tableau N° 9 : Analyse des raisons des choix de bénéficiaires de formation
Raisons du choix du bénéficiaireNb réponses %
Votre disponibilité en temps 16 29,63%
Vos connaissances antérieures 12 22,22%
Votre responsabilité dans une OP 8 14,81%
Votre connaissance du français 8 14,81%
Votre ancienneté dans une OP 4 7,41%
Notoriété 2 3,70%
J'aime le travail de mon groupe 1 1,85%
Confiance 1 1,85%
Capacité de transférer 1 1,85%
Capacité de restituer 1 1,85%
Total 54 100,00%
Trois tendances se dégagent et permettent d’expliquer l’influence des acteurs à
travers leur statut, sur le choix des bénéficiaires des formations dans les modes d’analyse
des besoins : la disponibilité en temps des acteurs, les connaissances antérieures des acteurs,
la responsabilité des acteurs dans un groupement.
3.1.2. Monopole de capital technique par les acteurs
Cet indicateur renseigne sur le lien entre les expressions de besoins de formation et
les intérêts des acteurs ruraux. C’est la question des enjeux, de ce que « l’acteur peut perdre
ou gagner » selon la théorie de l’analyse stratégique (Crozier et Friedberg, 1977).
L’examen des informations recueillies auprès des producteurs enquêtés, fait ressortir
dans le tableau qui suit, la perception qu’ont les acteurs de leurs intérêts dans les
expressions des besoins de formation.
66
Tableau N° 10 : Importance comparée des intérêts des acteurs dans les expressions de
besoins de formation
1er 2ème 3ème 4ème
J’acquière des connaissances techniques
qui m’aident dans mon travail
50,00% 25,00% 20,00% 5,00% 100,00%
J’acquière une position de leader au sein
de notre groupement
21,05% 31,58% 47,37% 0,00% 100,00%
Je gagne un peu d’argent avec la prise en
charge des formations
5,00% 0,00% 0,00% 95,00% 100,00%
Je veux aider mon groupement ou mon
association
20,00% 50,00% 30,00% 0,00% 100,00%
Total 24,05% 26,58% 24,05% 25,32% 100,00%
Enjeux Ordre Importance Total
L’acquisition de connaissances techniques se classe en priorité des intérêts des
acteurs enquêtés dans les expressions de besoins de formation et explique en grande partie
les raisons des reprises de formation par les acteurs ruraux comme l’a su bien dire ce
producteur à travers l’adage tiré de son discours :
« Chaque jour, l’oreille va à l’école de l’apprentissage »
Autrement dit, on ne finit jamais d’apprendre ; Acquérir à plusieurs reprises les
mêmes formations, ne fait que renforcer les connaissances de l’individu.
Le tableau suivant résume la situation des formations qui ont fait l’objet de reprises
par les 20 producteurs enquêtés :
67
Tableau N° 11 : Situation des formations reprises par les producteurs enquêtés
3.1.3. Niveau d’utilisation des savoirs et savoir-faire par les acteurs
Cet indicateur permet d'analyser la destination des connaissances acquises par les
bénéficiaires et interroge la question des motivations des acteurs à travers la recherche de
connaissances nouvelles. De l’analyse des discours se dégagent les tendances suivantes
relatives aux changements observés suite à l’utilisation des savoirs et savoir-faire acquis à
partir de la formation.
Tableau N° 12 : Impact des formations sur les activités des producteurs
68
Trois tendances découlent également des points de vue des producteurs enquêtés et
caractérisent la diversité des intérêts des acteurs dans l’expression des besoins : 45 %
d’entre eux affirment que les formations apportent en priorité un changement dans leur
manière de préparer et d’organiser leurs activités ; 21 % dans leur manière de gérer leur
exploitation et 33% dans leur façon d’agir face aux autres.
3.2. STRATEGIE D’ACTEURS ET DIMENSION ECONOMIQUE
Cette dimension analyse les facteurs économiques qui motivent les stratégies des
acteurs. Nous avons identifié trois indicateurs pour la sonder : (i) L’importance des prises en
charge (perdiems) comme sources de revenus monétaires motivant des acteurs lors des
sessions de formation ; (ii) La place des équipements de travail dans l’accompagnement des
formations et leur importance pour les producteurs ; (iii) Le bénéfice des financements
éventuels.
3.2.1. Importance des prises en charge des bénéficiaires de formation
Selon les informations recueillies auprès de personnes ressources rencontrées lors
des enquêtes sur le terrain, le paiement de perdiems au profit des acteurs ruraux lors des
sessions de formation, constitue des sources de revenus pour eux dans un milieu soumis à la
pauvreté permanente. Cette observation est difficile à prouver auprès des bénéficiaires
même des formations et se justifie par la délicatesse de la question dans les stratégies des
acteurs.
Dans le tableau N° 10 de l’importance comparée des intérêts des acteurs dans les
expressions de besoins de formation, l’acquisition d’argent avec les prises en charge de
sessions formations n’est prioritaire que pour seulement 4 des 20 producteurs individuels
interviewés. Par contre, des informations de groupe de discussion focalisée, la question de la
prise en charge des bénéficiaires de formation apparaît comme faisant partie des meilleures
conditions de réussite des formations comme l’ont su bien affirmé les représentants de
certains producteurs.
« Quand on invite les gens à se former, il faut bien qu’ils se déplacent, qu’ils mangent. En
plus, ils abandonnent leurs travaux pour venir à la formation ; il est nécessaire de donner
un peu d’argent pour compenser».
69
« Tant qu’il y a à manger, les acteurs participent et la formation marche bien ».
L’analyse des besoins de formation s’inscrit sans doute dans les enjeux en termes
de gains financiers des acteurs (bénéfice de perdiems à travers les prises en charge des
bénéficiaires de formation) et explique les stratégies dans l’expression répétée des besoins
et la participation des mêmes acteurs aux formations mises en œuvre.
3.2.2. Importance des équipements dans les formations
Est-ce qu il est prévu des équipements pour cette formation ? C’est la première
question que posent implicitement les acteurs ruraux à l’analyse des besoins pour certaines
formations. Tout comme pour la question de la prise en charge financière des acteurs
bénéficiaires de sessions de formation, les équipements occupent une place de choix dans
les attentes des acteurs ruraux, notamment les formations techniques. Il s’agit de la
fabrication de la fumure organique pour les producteurs agricoles, du savon pour les
femmes, de la transformation de lait ou de la fauche et conservation de fourrage pour les
éleveurs etc.
La question des équipements est au centre des polémiques sur l’opportunité ou pas
de continuer à mettre en oeuvre ces types de formation.
Pour les partenaires d’appui rencontrés, les équipements sont en grande partie la
source de motivation des formations techniques puisque de par le passé, leur réalisation était
accompagnée de la dotation de petits équipements au profit des bénéficiaires. Il s’agissait
donc pour cette femme rurale d’être bénéficiaire d’une formation à la technique de
fabrication de savon ou pour ce producteur agricole de participer à une formation à la
fabrication de fumier pour bénéficier de petits équipements y relatifs. Cette vision des
choses est restée ancrée dans les mentalités des populations avec les expériences du passé.
Pour les producteurs enquêtés, l’importance des équipements est expliquée par la
nécessité de la poursuite et de l’application des savoir-faire avec le minimum de matériel et
d’équipements requis. Cet avis n’est pas totalement partagé par tous. Selon les personnes
ressources avec leurs expériences de terrain, l’acquisition d’équipements fait partie des
stratégies des acteurs dans l’expression répétée de certaines formations comme c’est le cas
de la fumure organique. Plutôt que les équipements (brouettes, pelles, fourches, pioches,
70
charrettes etc.) servent à la fabrication de fumier, ils sont destinés à d’autres fins, par
exemple la construction de maisons.
Le témoignage de cette personne ressource rencontrée dans la province en dit long :
« La fabrication de la fumure organique est un alibi pour bénéficier des petits équipements
à d’autres fins. Ceux qui les possèdent ne produisent pas le fumier et continuent à exprimer
des besoins de formation dans ce domaine. Il suffit qu’un nouveau projet s’installe dans la
province et la demande de fosses fumières et de formation à la fabrication de fumure
organique apparaît. Par finir, tous nos villages seront truffés de trous dangereux
puisqu’ils ne sont jamais remplis de fumier »
L’image ci-dessous relate la réalité.
Derrière ce trou se cachent plusieurs stratégies d’acteurs : recherche de savoir-
faire ? Acquisition d’équipements ? Autres besoins conjoncturels ?
Figure N° 9 : Une fosse fumière réalisée dans la province des Banwa
71
3.2.3. Bénéfice des financements : avantages ou développement d’une mentalité
d’assistanat ?
La question du bénéfice des financements des actions est au centre de la dimension
économique des stratégies des acteurs ruraux exprimant les besoins de formation. Nous
avons tenté de comprendre davantage la régularité des comportements des acteurs ruraux à
travers les 15 groupes de discussion focalisée de notre échantillon.
Nous nous sommes posé la question suivante : le financement ou le cofinancement
systématique d’actions d’accompagnement des formations par les partenaires d’appui
notamment les projets et ONG, n’est-il pas à l’origine de toutes les formes de stratégies
développées par les acteurs ruraux ? Trouver la réponse à cette interrogation a été un des
aspects avérés difficiles à analyser avec les groupes touchés en l’absence de données
objectives et systématiques.
De l’analyse des informations recueillies, nous ne pouvons affirmer que bénéficier
des financements est un avantage ou bien constitue les raisons d’une mentalité d’assistanat
ressentie dans les différents discours des acteurs. Pour la plupart des groupes que nous
avons animés, le financement ou le cofinancement des petits équipements de formation,
les prises en charge des bénéficiaires lors de sessions de formation etc., sont une façon
d’appuyer les acteurs ruraux à sortir de leur pauvreté. Ce point de vue n’est pas
totalement partagé par des personnes ressources rencontrées. Ces types de financement
contribueraient plutôt à maintenir les acteurs ruraux dans une mentalité d’assistanat puisque
ces derniers attendent toujours qu’il y ait un partenaire financier (projet ou programme) pour
exprimer des besoins, qui d’ailleurs ne répondent pas souvent à la résolution des problèmes
réels diagnostiqués dans le milieu. Nous avons appréhendé certains aspects liés au
fonctionnement des groupements touchés pour comprendre ces points de vue.
A la question de l’existence de programmes d’activités dans les procédures de
fonctionnement des groupements, 30% d’entre eux affirment en posséder. Par contre,
l’existence de rapports d’activités demeure une énigme. Il ressort de l’analyse des discours,
que les programmes sont élaborés uniquement pour rechercher des financements et à défaut
de partenaires, aucune action n’est entreprise.
La question de la mentalité d’assisté est au cœur des problèmes à résoudre dans le
milieu rural burkinabè
72
3.3. STRATEGIE D’ACTEURS ET DIMENSION POLITICO INSTITUTIONNELLE
La dimension politico institutionnelle analyse les facteurs qui motivent le
positionnement des acteurs et notamment, la quête de leur reconnaissance, la notoriété
publique, la manipulation du processus d’identification des besoins de formation. Nous
avons identifié dans la recherche, deux indicateurs permettant d’appréhender cette
dimension des stratégies des acteurs.
Il s’agit : (i) Du type de manifestation d’intérêts dans la mise en œuvre des
procédures de désignation des bénéficiaires de formation dans les organisations et (ii) Du
type de manifestation d’intérêts dans la mise en œuvre des modes et mécanismes de prises
de décision dans les groupes.
3.3.1 Type de manifestation d’intérêts dans la mise en œuvre des procédures de
désignation des bénéficiaires de formation dans les organisations
Dans le tableau N° 9 de la page 62, nous avons abordé la question du choix des
bénéficiaires de formation et le lien avec les statuts socioculturels des acteurs. Pour
comprendre la question, nous avons approfondi les investigations sur certains aspects des
motivations et des procédures de désignation des bénéficiaires de formation au sein des
organisations. Il est recherché ici, la réponse à la question de ce qui se cache derrière les
procédures et le choix des bénéficiaires de formation, en d’autres termes, le type de
manifestation d’intérêts en jeu.
Les avis des acteurs divergent à la lumière des informations recueillies au cours des
enquêtes. Au sein de certaines organisations, la désignation des bénéficiaires de formation
est le simple fait des responsables des bureaux exécutifs qui constituent en général le centre
des prises de décision. Pour d’autres organisations, des critères tels que « l’aptitude du
bénéficiaire à restituer les connaissances apprises au groupe, la capacité à comprendre, la
capacité à lire et écrire (alphabétisé) sont les aspects essentiels pris en compte. La
désignation des bénéficiaires se fait par consensus à partir de l’analyse des formations déjà
reçues par les postulants. Certes, ces perceptions reflètent les avis explicites au sein des
organisations, cependant elles sont en opposition à celles qui ressortent du discours des
producteurs individuels enquêtés comme le relève ce producteur interviewé :
73
Il n’ y a pas de compétition dans le choix des bénéficiaires de formation. On ne peut
pas être responsable et ne pas se positionner en priorité pour une formation car il y a
toujours un bénéfice à tirer surtout pour préserver son pouvoir ».
C’est la question des stratégies identitaires des acteurs dont « la fin est d’accroître
leur influence et leur pouvoir » dans les processus mis en œuvre. Les acteurs développent le
type de « dynamique de préservation identitaire » comme défini par DUBAR dans sa théorie
de « la construction des identités sociale et professionnelle » et à travers lequel ils essaient
de mettre en œuvre des stratégies pour préserver leur position.
Cette situation se conforte avec l’imposition par les partenaires d’appui, des groupes
cibles bénéficiaires pour certaines formations notamment celles pour lesquelles seulement
doivent prendre part les premiers responsables des organisations des acteurs ruraux. Cela
explique d’ailleurs les raisons pour lesquelles, ce sont les mêmes acteurs qui bénéficient
toujours de formations.
Les acteurs ruraux surtout les leaders au sein des organisations, dans le
développement d’une dynamique de préservation identitaire, se positionnent le plus
souvent comme responsables dans plusieurs organisations dans le milieu pour bénéficier
des avantages éventuels et en vue de préserver leur position sociale.
3.3.2. Type de manifestation d’intérêts dans la mise en œuvre des modes et
mécanismes de prises de décision dans les groupes
Le type de manifestation d’intérêts dans la mise en œuvre des modes de prises de
décision dans les groupes est cet autre aspect de la dimension politico institutionnelle des
stratégies d’acteurs appréhendée dans la recherche. Nous avons interrogé cet indicateur pour
comprendre la question des centres de décision sur lesquels repose l’analyse des besoins de
formation et leur influence sur les choix des acteurs. Ce qui amène à considérer les jeux de
pouvoir développés pour mieux cerner les enjeux (gains et coûts) et les ressources (atouts,
handicaps) au centre des stratégies des acteurs. Le mot-clé « pouvoir », c’est-à-dire « la
capacité pour certains individus ou groupes à agir sur d’autres individus ou groupes »
comme le définit BERNOUX Philippe26
est au centre de cette analyse.
26
BERNOUX Philippe, « La sociologie des organisations », Paris, Editions du Seuil, 1985.
74
Le discours des personnes ressources touchées confirme cette observation comme
l’affirme cet encadreur agricole dans une des localités de nos investigations :
Est –ce qu’on peut distribuer la nourriture dans une organisation et se laisser soi-
même quand on en est le chef ?» C’est bien le chef qui décide toujours.
Il nous a été difficile de cerner de manière explicite la question des enjeux au sein
des organisations puisque nous avons à faire, à un face-à-face avec ceux-là même qui
détiennent le pouvoir au sein des organisations et sont au centre de ces enjeux.
La tendance à répondre aux questions liées au sujet constitue en elle-même une
stratégie d’acteurs : la prise en compte de réponses raisonnables et une dimension plus
identitaire à travers le concept d’illusio qui peut être érigé en « intérêt », « en enjeu »
comme postulé dans la « sociologie des champs » de BOURDIEU Pierre (1994). Cependant,
l’analyse des informations reçues des producteurs tend à montrer que la sélection des
bénéficiaires de formation au sein des organisations est décidée par les responsables « ceux-
là même qui tirent les ficelles » selon l’analyse du type de manifestation d’intérêts dans la
mise en œuvre des procédures de désignation des bénéficiaires de formation dans les
organisations. Cette observation est confirmée à travers les propos de la plupart des
organisations. Ce sont les responsables qui sont les acteurs capables de lire et d’écrire, les
acteurs capables de restituer les connaissances apprises, autant de critères d’élimination de
la plupart des membres d’organisations dans la province des Banwa, dans la prise de
décision sur les besoins de formation et la sélection des bénéficiaires.
Tableau N° 13 : Centres de décision dans les procédures de sélection des bénéficiaires
de formation
Procédure de selection des bénéficiaires
de formation
Nb réponses %
Décidé par mon groupement/association 15 42,86%
Décidé par un projet local 11 31,43%
Décidé par une ONG locale 5 14,29%
Décidé par le village 2 5,71%
Mon initiative personnelle 1 2,86%
Non renseigné 1 2,86%
Total 35 100,00%
Selon les informations analysées dans le tableau, 43% des producteurs interviewés
affirment que leur désignation pour les formations est décidée par leur groupement. Il s’agit
là implicitement de leur propre décision puisqu’ils sont en tant que responsables des
75
organisations, ceux-la même qui « tirent les ficelles » et ont la capacité d’agir sur les autres
membres de leur groupe. C’est là également le développement du type de « dynamique de
préservation identitaire » à travers des modes de prises de décision tendant à des
engagements à des formations de façon permanente pour préserver une position acquise.
Les informations issues de l’analyse des jeux des intérêts individuels permettent de
comparer les résultats aux hypothèses que nous avons préalablement énoncés. L’analyse
critique du travail de recherche, objet du chapitre qui suit, vise à expliquer les
interprétations issues des résultats de nos investigations, à proposer les prolongements
envisageables dans le cadre d’une recherche complémentaire et des préconisations visant un
meilleur choix des formations adaptées aux réalités en milieu rural en général, au Burkina
Faso et, en particulier, dans la province des Banwa.
76
IIVV.. AANNAALLYYSSEE CCRRIITTIIQQUUEE DDUU TTRRAAVVAAIILL DDEE RREECCHHEERRCCHHEE
4.1. SYNTHESE DES RESULTATS
La problématique étudiée est celle de l’invariabilité des besoins de formation
exprimés par les acteurs ruraux et dont la mesure et l’interprétation des résultats prévus et
ceux attendus visent à expliquer les raisons.
4.1.1. Rappel des hypothèses de la recherche et de la question de départ
Selon notre hypothèse 1, la non-variabilité des besoins de formation des acteurs
ruraux s’explique par le fait que leur analyse est sous-tendue par les stratégies identitaires
mises en œuvre par les individus au sein de leurs organisations. Notre étude visait à
expliquer à travers cette hypothèse les raisons de la non-variabilité des besoins de formation
par la quête de réponses aux questionnements issus de nos observations antérieures sur les
motivations des acteurs ruraux dans les processus d’analyse de leurs besoins de formation.
En postulant l’hypothèse 2, nous cherchons à comprendre le lien entre la nature des
modes d’analyse des besoins de formation des acteurs ruraux et les expressions de besoins
de formation dans le cadre du renforcement de leurs capacités. De façon opérationnelle, il
s’agissait de déterminer et d’analyser des dynamiques et des pratiques des acteurs dans un
contexte organisationnel et en matière de formation pour justifier la non-variabilité des
besoins de formation des acteurs ruraux.
Au cours de nos investigations sur le terrain, nous avons soumis ces deux hypothèses
aux informations collectées afin de mesurer et d’interpréter les résultats observés et de
trouver la réponse à notre question de départ formulée comme suit :
Dans la province des Banwa, quelles sont les raisons pour lesquelles à l’analyse,
les besoins de formation des acteurs ruraux dans le cadre du renforcement de leurs
capacités, ne varient pas ?
77
4.1.2. Les conclusions de la recherche
4.1.2.1. La mesure et l’interprétation des résultats observés : Hypothèse 1
En analysant les réponses formulées par les producteurs, plusieurs tendances se
dégagent pour conforter l’hypothèse 1. La recherche d’un soutien pour préserver leur
position sociale constitue le type de manifestation d’intérêts récurrent des acteurs
responsables des organisations, dans les prises de décision sur leurs activités. Elle explique
en grande partie, les comportements des acteurs et influence les étapes des processus mis en
œuvre. L’expression sans variation des besoins de formation y trouve son explication et est
confirmée partiellement à travers l’hypothèse 1 de la recherche.
Les stratégies des acteurs ruraux convergent vers la recherche d’intérêts
conjoncturels faisant l’objet d’enjeux et influençant l’analyse des besoins. Ce que chaque
individu au sein des organisations « gagne » ou « perd » pour préserver sa position sociale à
savoir :
- la quête permanente de connaissances pour renforcer ses capacités à préparer et
organiser ses activités, à gérer ses exploitations et à agir face aux interventions extérieures ;
- la recherche de ressources complémentaires (financières et matérielles) pour
améliorer ses conditions de vie sociale et favoriser son émergence au sein de leur société ;
- la recherche de notoriété (multiplicité des titres de formation acquis) pour
maintenir sa position de leader au sein des organisations.
4.1.2.2. La mesure et l’interprétation des résultats observés : Hypothèse 2
Selon l’hypothèse 2 de la recherche, l’expression sans variation des mêmes besoins
de formation par les acteurs ruraux, est favorisée par la nature des modes d’analyse des
besoins, en cours dans la province des Banwa. Sur le plan des processus mis en œuvre, les
résultats des informations recueillies ressortent que les démarches appliquées sont variables
en fonction des partenaires d’appui. Elles impliquent toutes, les acteurs ruraux aux étapes
mises en œuvre et sont à la recherche d’une approche participative partagée par tous.
L’analyse des forces et des faiblesses du processus d’analyse des besoins de
formation (tableau N° 8 du point 2.2.2) s’inscrit dans la recherche de solutions pour une
conciliation entre deux visions contradictoires : celle des acteurs ruraux soutenant que les
78
modes d’analyse des besoins de formation sont guidés par les partenaires d’appui et celle
des partenaires même affirmant que les producteurs sont au centre des décisions dans le
processus.
Cette analyse s’inscrit également dans la correction d’une démarche d’ingénierie
mitigée dont l’influence est indéniable sur les expressions de besoins de formation.
L’hypothèse 2 se vérifie en tous les deux cas :
- Les partenaires d’appui interviennent tous en faveur du même public-cible, à savoir
les producteurs et leurs organisations dans la province des Banwa. Les formations
proposées et dont les objectifs s’inscriraient dans le renforcement des capacités des
premiers responsables des organisations dans la province se voient répéter par les
partenaires d’appui puisque les mêmes acteurs sont responsables dans plusieurs
organisations. Cette observation interroge à la fois, la question de la redondance des
interventions et la non harmonisation des approches dans les pratiques de la formation dans
le milieu.
- Dans les approches participatives promues par les partenaires d’appui, le choix est
donné aux acteurs ruraux dans l’analyse de leurs besoins de formation dans les processus
mis en œuvre. Cela suscite chez les acteurs ruraux comme c’est le cas dans l’hypothèse 1, le
développement de stratégies convergeant vers la recherche d’intérêts qui favorisent les
mêmes expressions de besoins de formation.
4.1.2.3. L’analyse des écarts observés
Nos deux hypothèses de départ se vérifient dans une certaine logique sur la base des
analyses faites sur le lien entre les stratégies des acteurs ruraux et l’influence qu’elles ont
sur les différentes étapes des processus d’analyse des besoins dont l’identification et
l’approbation des besoins de formation. Cependant, plusieurs points obscurs restent à
éclaircir et infirment nos hypothèses selon les informations collectées auprès de certains
partenaires d’appui et d’encadrement. Les besoins exprimés sont le reflet du niveau de
l’offre de formation disponible dans la province des Banwa. Le diagnostic du milieu révèle
que l’offre de formation est très limitée et ne concerne que les thématiques de formation
classiques connues par les acteurs ruraux : gestion administrative et financière, fabrication
de la fumure organique, techniques de reboisement, techniques d’embouche, techniques de
fabrication du savon etc.
79
La tendance est l’expression permanente de ces mêmes besoins. Il n’y a non plus
pas une masse critique de personnes formées dans le milieu sur ces thématiques classiques
pour qu’elles ne soient plus à l’ordre du jour.
Il ressort également de nos observations et des enquêtes sur le terrain, que le sujet
que nous avons abordé dépasse le seul cadre d’analyse de notre recherche. La nécessité d’un
investissement allant au-delà des considérations empiriques sur les stratégies des acteurs et
de l’analyse des processus, notamment, l’étude approfondie des contenus des
thématiques des formations, contribuerait à répondre aux questionnements sur leur
adaptation par rapport à la demande des acteurs dans la province et le lien avec l’expression
répétée des besoins. Est-ce que parce que les contenus de formation dispensés sont
intéressants que les acteurs expriment toujours les mêmes besoins ? Ces contenus ne sont –
ils pas les seules références disponibles et connues par les acteurs, faisant qu’ils n’expriment
que ces besoins ?
Le temps consacré pour nos investigations ne permettait pas d’aborder ces aspects du
sujet qui pourraient faire l’objet de recherche complémentaire.
4.1.3. Prolongements envisageables
La question de la répétition des mêmes besoins de formation par les acteurs ruraux
dans le cadre du renforcement de leurs capacités, est un sujet préoccupant pour les
partenaires d’appui en milieu rural. L’offre de formation mériterait d’être revue dans son
ensemble et pourrait faire l’objet d’études spécifiques. Un des aspects importants
d’investigation à poursuivre demeure sans doute l’approfondissement du sujet à travers
l’évaluation des impacts des formations actuelles des acteurs ruraux et les perspectives
d’amélioration d’une offre de formation adaptée au milieu.
Dans cet ordre d’idée, un point important tel que l’analyse des liens entre la
formation professionnelle et le développement rural pourrait concourir à la réforme des
programmes de formation au profit des populations adultes notamment :
- l’analyse des contenus des formations classiques et la proposition de nouveaux
curricula de formation professionnelle des adultes en milieu rural ;
- des propositions de contenus innovants dans les programmes d’alphabétisation.
80
L’objectif en envisageant ses prolongements, viserait un meilleur choix de
formations adaptées et susceptibles de créer de nouvelles habitudes pour un changement de
mentalité dans le milieu.
4.2. PRECONISATIONS DEGAGEES
4.2.1. Vers le choix de méthodes et outils adaptés aux réalités locales
Entre capitalisation et mesures correctives, les expériences tirées de l’étude de l’état
des lieux des méthodes d’identification des besoins de formation des acteurs ruraux dans le
cadre de notre mission dans la province des Banwa et les analyses menées tout au long de
notre recherche, montrent qu’elles connaissent beaucoup de limites.
Un choix de méthodes adaptées consisterait à aller plus loin dans la considération
de la formation des acteurs ruraux comme une activité prioritaire au même titre que le
renforcement des capacités sur le plan infrastructurel, institutionnel et organisationnel.
Les méthodes d’accompagnement des partenaires d’appui devront être centrées sur
l’amélioration des principes de responsabilisation où chaque partie prenante connaît et
respecte son rôle et l’amélioration des méthodes d’appui-conseil et d’accompagnement des
acteurs à savoir :
1. L’utilisation effective de savoirs outils d’ingénierie de la formation dans
l’accompagnement des acteurs à l’analyse des facteurs inducteurs des besoins de formation
(environnements externe et interne) et l’examen des conséquences de cette analyse préalable
en termes de besoins de toute nature et de formulation des thématiques de formation qui
s’imposent ;
2. L’élaboration systématique de plans de formation servant d’outil de management
pour les organisations accompagnées : traduction des aspects opérationnels (actions
projetées, objectifs, effets attendus, stratégies de mise en œuvre, mécanismes de suivi…) et
budgétaires (bénéficiaires, durée, ressources financières allouées, financements…) des
formations ;
3. L’appui systématique à la mise en œuvre et au suivi du plan de formation par les
partenaires d’appui accompagnant l’organisation bénéficiaire.
81
4.2.2. Des investissements pour des changements dans les façons de voir et de
penser des acteurs ruraux
La question du développement demeure une question de mentalité dans le milieu
rural en particulier. Plus enclin à se sentir dans un système d’assistanat, il y a une
nécessité d’apporter de véritables changements dans les façons de voir et de penser des
acteurs ruraux très accommodés à ce système.
Il est important de nos jours pour les partenaires, d’associer à l’analyse des facteurs
inducteurs des besoins de formation, la recherche de thématiques innovantes de formation si
l’on veut atteindre les objectifs de développement.
1. En matière de renforcement des capacités des acteurs ruraux, les stratégies et
politiques actuelles de la SDR, ont permis l’émergence de producteurs dans différentes
filières de production. Dans ces filières, il est indispensable aussi bien en amont qu’en aval,
que des formations soient développées au bénéfice des acteurs, dans le domaine de
l’entrepreneuriat et du développement personnel en vue de susciter l’esprit
d’entrepreneuriat et une émergence de PME rurales.
2. Plus que nécessaire dans un milieu où l’esprit du groupement a pris corps et a
évolué vers une oligarchie des membres plus « éclairés » des organisations (producteurs
lettrés ou alphabétisés…) et des leaders d’opinion (producteurs les plus riches ou
propriétaires terriens traditionnels…) sur la majorité des acteurs ruraux, le développement
de thématiques pouvant susciter un éveil des consciences semble une priorité dans les
réformes des programmes de formation en alphabétisation des adultes.
Cela suppose de revoir dans les stratégies et les politiques nationales de promotion
de la formation professionnelle des acteurs du milieu rural, le contenu des programmes en
cours. Savoir lire et écrire est une chose importante pour le producteur rural (prise de notes
lors des rencontres, application des calculs dans la gestion de l’exploitation…). Cependant,
il est utile que ces connaissances de base soient améliorées à travers de nouveaux curricula
sur des besoins adaptées aux réalités locales et pouvant induire des changements dans le
court et moyen terme, une autre façon de promouvoir l’Education Pour Tous (EPT).
82
CCOONNCCLLUUSSIIOONN
Notre thème a été induit par nos constats personnels et notre expérience d’agent
d’appui-conseil des acteurs ruraux dans la province des Banwa pendant près d’une dizaine
d’années. Devant l’opportunité qui nous a été offerte pour nous former au Master en
Ingénierie et Conseil en Formation, il nous a été proposé dans le cadre de nos occupations
professionnelles actuelles, de mener une mission d’étude sur l’état des lieux des méthodes
d’identification des besoins de formation des populations rurales dans la province des
Banwa (Burkina Faso). Les expériences de la mission dans cette province permettent à son
issue, de tirer des leçons intéressantes pour des perspectives d’autres études dans le domaine
de l’ingénierie du conseil et de la formation. C’est le cas même de la recherche que nous
avons poursuivie à travers les investigations dans la province, pour comprendre davantage
les raisons qui font qu’à chaque fois que les populations expriment leurs besoins de
formation, ce sont les mêmes thèmes qui reviennent et ce sont les mêmes acteurs qui en sont
les bénéficiaires. Cette énigmatique équation est celle qui a fait l’objet de notre réflexion
dans le cas de la province des Banwa, au Burkina Faso.
Selon deux modèles d’analyse que avons utilisés, la finalité de notre recherche était
de montrer que l’expression sans variation des besoins de formation des acteurs ruraux était
sous-tendue d’une part, par les stratégies identitaires qu’ils mettent en œuvre à l’analyse de
leurs besoins et, d’autre part, par la nature même des modes d’analyse des besoins de
formation. Les résultats de l’étude conduite confortent ces hypothèses de recherche et
éclairent dans une certaine mesure les pratiques et dynamiques individuelles et collectives
en matière de formation des acteurs ruraux en cours dans la province.
Les modes d’analyse des besoins de formation que nous avons explorés, comportent
beaucoup de limites parmi lesquelles les confiscations et dissimulations des savoirs et
savoir-faire par certains responsables des organisations paysannes. Les stratégies
développées par ces derniers s’inscrivent dans la quête permanente de voies et moyens de
préservation de leur position sociale dans le milieu dont le monopole des formations offertes
en est un des moyens déterminants. En effet, bénéficier d’une formation donne à l’individu
plusieurs avantages : amélioration des savoirs et savoir-faire individuels, acquisition
d’équipements suite aux formations, bénéfice de revenus monétaires avec la prise en charge
de certaines formations etc.
83
Les travaux de notre recherche ont révélé la nécessité d’améliorer les méthodes
d’identification des besoins de formation des acteurs ruraux. Aussi suggérons-nous quelques
préconisations à même d’atténuer l’influence des responsables et leaders des organisations
de producteurs sur les processus d’analyse des besoins de formation et d’apporter des
changements dans les mentalités d’assistanat qui perdurent en général dans le milieu rural.
Les défis à relever sont nombreux et suscitent des interrogations sur les démarches
d’accompagnement pour atteindre des résultats tangibles. Il conviendrait dès lors,
d’approfondir la réflexion sur certaines thématiques telles que :
- les mécanismes à développer pour améliorer l’approche participative
d’identification et de mise en œuvre de formations au profit du maximum
d’acteurs ruraux et d’organisations dans la province ;
- le développement de thématiques innovantes dans la création d’habitudes et
d’attitudes pour le changement de mentalité.
Les réponses à ces interrogations se trouveront également dans la recherche-action
permanente en vue d’éprouver des solutions adaptées aux réalités locales.
L’apport de nouvelles réflexions permettront un choix de méthodes et outils et des
investissements pour des changements dans les façons de voir et de penser des acteurs
ruraux. Pour contribuer à ces changements, nous proposons les préconisations suivantes
dégagées de nos expériences sur le terrain, à savoir :
L’amélioration des pratiques de l’appui-conseil au profit des acteurs ruraux à travers
le développement et l’amélioration des savoirs outils ;
L’étude et l’analyse des contenus des programmes de formation dans le domaine de
l’alphabétisation des acteurs ruraux ;
Le développement de modules de formation pouvant susciter l’éveil de conscience et
l’esprit de l’entrepreneuriat local au détriment de la vision classique d’assistanat.
84
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages consultés
CASPAR Pierre et CARRE Philippe (2004), Traité des sciences et des techniques de la
formation, Paris, DUNOD.
CROZIER Michel, FRIEDBERG Erhardt (1977), L’acteur et le système, les contraintes de
l’action collective, Paris, Editions du Seuil.
DUBAR Claude (1991), La socialisation, Construction des identités sociales et
professionnelles, Paris, Édition Armand Colin.
GILLES FERROL, CAUCHE Philippe, DUPREZ Jean- Marie, GADREY Nicole, SIMON
Michel, (2004), Dictionnaire de sociologie, Paris, 3ème
édition, Armand Colin.
LE BOTERF Guy (1990), l’ingénierie et l’évaluation de la formation, Paris, Editions
d’organisation.
LE BOTERF Guy (2004), Construire les compétences individuelles et collectives, Paris,
Editions d’organisation.
LESNE Marcel, BARBIER Jean Marie (1977), L’analyse des besoins en formation, Paris,
Robert Jauze.
MEIGNANT Alain, (2006), Manager la formation, Paris, 7ème
édition, Editions Liaisons.
QUIVY Raymond et VAN CAMPENHOUT Luc (1995), Manuel de recherche en sciences
sociales, Paris, 2ème
édition, DUNOD.
Articles de revues consultés
BARBIER JM, (1996), De l’usage de la notion d’identité en recherche, notamment dans le
domaine de la formation – in Revue « Education Permanente » N°128 – « formation et
dynamiques identitaires ».
COLLECTIF, (1989), Formation d’adultes et développement local, Paris, L’Harmatan, in
« Revue POUR » n°121.
GRET (2001), Les groupes de paysans comme construits sociaux- in Revue « Coopérer
aujourd’hui » N° 22- « Itinéraires méthodologique d’une étude socio-anthropologique sur un
projet de développement rural (Nord Viêt-Nam).
85
Mémoires consultés
COUPAU Laurent (2005), Etude de l’influence des politiques régionales de formation sur
la professionnalisation des organismes de formation en insertion d’Aquitaine, Mémoire de
Master Ingénierie et Conseil en formation de l’Université de Rouen.
DESCHAMPS Isabelle (2005), Formations personnelles, quels bénéfices institutionnels ?
Mémoire de Master Ingénierie et Conseil en formation de l’Université de Rouen.
Cours Master 2 Ingénierie et conseil en Formation
ARDOUIN Thierry, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation, Unité 2 Ingénierie
de la formation, « Démarche Ingénierie de la formation ».
BEZILLE Hélène, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation, Unité 3 Ingénierie
pédagogique, « Adultes en formation ».
DAGUET Hervé, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation, Unité 3 Ingénierie
pédagogique, « Psychologie des apprentissages ».
LACAILLE Sylvain et PAUL Maëla, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation,
Unité 4 Conseil et formation, « Conseil aux personnes ».
POSSOZ Didier, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation, Unité 2 Ingénierie de
la formation, « Gestion de projet et démarche qualité ».
RENAUD Thomas, Cours Master 2 Ingénierie et conseil en formation, Unité 4 Conseil et
formation, « Sociologie des organisations ».
Sites Web
BRUNET Bernard, Le développement local : un concept mais aussi une pratique, novembre
1998, http://www.globenet.org/archives/web/2006/www.globenet.org/horizon-local/ perso/
ledevlocal.html (Consulté le 19 février 2007).
CAPACITY Development Resource Center, Defining capacity is complex,
http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/TOPICS/EXTCDRC/0,,contentMDK:202
83658~menuPK:64169185~pagePK:64169212~piPK:64169110~theSitePK:489952,00.html
(Consulté le 17 février 2007).
JOYAL André, Développement local communautaire, économie sociale alternative: quel
enseignement pour le tiers-monde ? juillet 2000,
http://www.agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Developpement_local-
Developpement_local_communautaire_economie_sociale_par_Andre_Joyalb (Consulté le
20 janvier 2007).
86
PAJOT Clémence, Les OSI françaises et le renforcement de capacités des partenaires du
Sud, 26 novembre 2004,
http://www.coordinationsud.org/recherche.php3?recherche=Les+OSI+fran%C3%A7aises+e
t+le+renforcement+des+capacit%C3%A9s (Consulté le 17 février 2007).
SORGENFREI Mia, Le Renforcement de Capacités d’une Perspective Française in Revue
« Praxis Papers » No. 1, Juillet 2004, http://www.intrac.org/pages/PraxisPaper1.html
(Consulté le 15 février 2007).
UBELS Jan, VAN DE GRONDEN Johan, Renforcement des capacités au niveau méso, in
Revue « capacity.org » n°22, juillet 2005, www.capacity.org/fr/content/view/full/113,
(Consulté le 17 février 2007).
UBELS Jan, THEISOHN Thomas, HAUCK Volker, LAND Tony, De l’autonomisation
locale à l’harmonisation de l’aide, in Revue « capacity.org » n°26, septembre 2005,
www.capacity.org/fr/content/view/full/113, (Consulté le 17 février 2007).
87
SIGLES ET ABREVIATIONS
ACCEDES : Action Chrétienne pour la Coopération Economique et le
Développement Economique et Sociale
AI : Alphabétisation Initiale
APE : Association des Parents d’élèves
BACB : Banque Agricole et Commerciale du Burkina
BTP : Bâtiment et Travaux Publics
CEBNF : Centre d’Education de Base Non formelle
CFJA : Centre de Formation des Jeunes Agricultures
CFP : Centre de Formation Professionnel
CIDR : Centre International pour le Développement et la Recherche
CMA : Centre Médical avec Antenne Chirurgicale
COGES : Comité de Gestion
CP/Banwa : Coordination Provinciale des Banwa
CSLP : Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté
CSPS : Centre de Santé et de Promotion Sociale
DPAHRH : Direction Provinciale de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des
Ressources Halieutiques
DPEBA : Direction Provinciale de l’Enseignement de Base et de
l’Alphabétisation
DPECV : Direction Provinciale de l’Environnement et du Cadre de Vie
DPRA : Direction Provinciale des Ressources Animales
DRED : Direction Régionale de l’Economie et du Développement
FAARF : Fonds d’Appui aux Activités Rémunératrices des Femmes
FCB : Formation Complémentaire de Base
FEM/ONG : Fonds pour l’Environnement Mondial
FONAENF : Fonds pour l’Alphabétisation et l’Education Non Formelle
GPA : Groupement des Producteurs Agricoles
GPC : Groupement des Producteurs de Coton
GRET : Groupe de Recherche et d’Echanges Technologiques
INSD : Institut National de la Statistique et de la Démographie
LIPDHD : Lettre d’Intention de Politique de Développement Humain Durable
LPDRD : Lettre de Politique de Développement Rural Décentralisé
88
MAHRH : Ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources
Halieutiques
MECAB : Mutuelle d’Epargne et de Crédit des Artisans des Banwa
MER Micro Entreprise Rurale
OCADES : Organisation Catholique pour le Développement et la Solidarité
OFACOM : Organisation des Faîtières de Corporation des Métiers
OPE : Organisation Professionnelle d’Eleveurs
PAEOB : Projet d’Appui à l’Elevage dans l’Ouest du Burkina
PAFR : Plan d’Action pour la Filière Riz
PAMER : Programme d’Appui aux Micro entreprises Rurales
PASEB : Programme d’Appui Sectoriel à l’Enseignement de Base
PDC : Plan de Développement Communal
PDDEB : Plan Décennal de Développement de l’Education de Base
PDL-Ouest : Projet de Développement Local de l’Ouest
PDRD Politique de Développement Rural Décentralisé
PDRI/HKM : Projet de Développement Rural Intégré Houet – Kossi - Mouhoun
PGDT : Programme de Gestion Durable des Terres
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PNDSA II : Programme National de Développement des Structures Agricoles
PPIV : Programme de Développement de la Petite Irrigation Villageoise
PROM/ART/BF : Programme de Promotion de l’Artisanat au Burkina Faso
SDR : Stratégie de Développement Rural
SNV : Organisation Néerlandaise de Développement
SOFITEX : Société des Fibres Textiles
SPAT : Schéma Provincial d’Aménagement
UCOGES : Union des Comités de Gestion
UDOPE : Union Départementale des Organisations Professionnelles d’Eleveurs
UDPC : Union Départementale des Producteurs de Coton
UGVM : Union des Groupements Villageois du Mouhoun
UPOPE : Union Provinciale des Organisations Professionnelles d’Eleveurs
UPPC : Union Provinciale des Producteurs de Coton
89
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE .......................................................................................................................... 2
REMERCIEMENTS .............................................................................................................. 3
INTRODUCTION ............................................................................................................. 4
PREMIERE PARTIE : CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE ............. 6
I. CONTEXTE DE LA RECHERCHE ........................................................................... 7
1.1. LE CONTEXTE GENERAL ................................................................................ 7
1.2. LE CONTEXTE SPECIFIQUE DE L’ETUDE : LA PROVINCE DES
BANWA .......................................................................................................................... 7
1.2.1. Les caractéristiques générales de la province .................................................. 8
1.2.1.1. Milieu physique ............................................................................................... 10
1.2.1.2. Milieu humain ................................................................................................. 12
1.2.1.3. Infrastructures et équipements sociaux........................................................ 18
1.2.1.4. Activités socio économiques ........................................................................... 19
1.2.1.5. Problématiques de développement dans la province des Banwa ............... 21
1.2.2. L’état des lieux des documents techniques et de politiques et stratégies
relatifs au renforcement des capacités des acteurs ................................................... 23
1.2.3. L’offre de formation des acteurs ruraux dans la province ............................ 24
II. OBJET DE LA RECHERCHE ET HYPOTHESES DE TRAVAIL .................... 28
2.1. DEFINITION DU CHAMP D’INTERVENTION DE LA RECHERCHE ... 28
2.2. PROBLEMATIQUE ............................................................................................ 28
2.2.1. Le problème de départ et les questionnements ............................................... 28
2.2.1.1. Les démarches d’identification et d’analyse des besoins de formation des
acteurs ruraux dans la province des Banwa ............................................................. 28
2.2.1.2. Les travaux de lectures diverses sur le sujet ................................................ 29
2.2.2. La question de recherche .................................................................................. 30
2.3. CENTRES D’INTERETS .................................................................................... 31
III. CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE ..................................................... 32
3.1. ECLAIRAGES THEORIQUES DES CONCEPTS-CLES .............................. 32
3.1.1. Le concept de « Renforcement des capacités » ............................................... 32
3.1.2. La notion de « Besoins de formation » ............................................................ 33
3.1.3. La notion de « Modes d’analyse des besoins de formation » ......................... 35
3.1.4. Le concept « d’Identité » et la notion de « Stratégies identitaires » ............. 35
90
3.1.5. La notion d’« Acteurs ruraux » ........................................................................ 37
3.1.6. Le concept de « Motivation » ............................................................................ 38
3.2. HYPOTHESES DE RECHERCHE : VARIABLES ET INDICATEURS ...... 40
3.2.1. Les hypothèses de recherche ............................................................................ 40
3.2.2. Les variables et indicateurs de la recherche ................................................... 40
3.2.2.1. Les stratégies identitaires .............................................................................. 40
3.2.2.2. La nature des modes d’analyse des besoins de formation .......................... 41
3.3. APPROCHE THEORIQUE ET CADRE D’ANALYSE .................................. 41
IV. METHODES ET TECHNIQUES DE RECHERCHE MISES EN ŒUVRE Ŕ
LIMITES ET CONTRAINTES ..................................................................................... 45
4.1. METHODOLOGIE DE COLLECTE DES DONNEES ................................... 45
4.1.1. Le choix d’une méthodologie de recherche : la méthode qualitative ............ 45
4.1.2. Les techniques et instruments de mise en œuvre ............................................ 45
4.1.3. Le champ d’application .................................................................................... 47
4.1.3.1. La zone d’investigation et les acteurs ciblés ................................................. 47
4.1.3. 2. Les informations utiles à la confrontation des hypothèses ........................ 48
4.2. METHODOLOGIE DE TRAITEMENT ET D’ANALYSE DES DONNEES 50
4.2.1. La démarche de traitement des données ......................................................... 50
4.2.1.1. Le dépouillement des données collectées ...................................................... 50
4.2.1.2. Le traitement des données collectées ............................................................ 50
4.3. LIMITES ET CONTRAINTES RENCONTREES ........................................... 51
4.3.1. L’indisponibilité de certains acteurs ................................................................ 51
4.3.2. Les difficultés de traduction du contenu du discours des acteurs ................ 51
4.3.3. L’insuffisance des données de la revue documentaire ................................... 52
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES RESULTATS ................................................. 53
I. CARACTERISTIQUES DES ACTEURS RENCONTRES .................................... 54
1.1. ACTEURS RURAUX : DEMANDEURS ET BENEFICIAIRES DES
ACTIONS DE FORMATION .................................................................................... 54
1.1.1. Situation des populations étudiées ................................................................... 54
1.1.2. Importance et rôle des acteurs ruraux dans l’analyse des besoins de
formation ...................................................................................................................... 55
1.2. ACTEURS DE L’APPUI-CONSEIL ET DU FINANCEMENT DE LA
FORMATION DANS LA PROVINCE DES BANWA ............................................ 56
II. LES MODES D’ANALYSE DES BESOINS DE FORMATION .......................... 57
91
2.1. UNE DEMARCHE D’INGENIERIE MITIGEE .............................................. 57
2.1.1. Processus impliquant les acteurs ruraux ......................................................... 57
2.1.2. Expression des besoins de formation ou imposition des besoins de
formation ? ................................................................................................................... 58
2.1.3. Les limites de l’approche dite « participative » .............................................. 59
2.2. UN PROCESSUS ET UNE APPROCHE DES PARTENAIRES D’APPUI ... 60
2.2.1. Place de la formation et centre d’intérêts........................................................ 60
2.2.2. Partenariat opérationnel ou relations d’acteurs à spectateurs ..................... 62
III. JEU DES INTERETS INDIVIDUELS ET EXPRESSION DE BESOINS DE
FORMATION .................................................................................................................. 64
3.1. STRATEGIE D’ACTEURS ET DIMENSION SOCIOCULTURELLE ........ 64
3.1.1. Statuts socioculturels des acteurs ..................................................................... 64
3.1.2. Monopole de capital technique par les acteurs ............................................... 65
3.1.3. Niveau d’utilisation des savoirs et savoir-faire par les acteurs ..................... 67
3.2. STRATEGIE D’ACTEURS ET DIMENSION ECONOMIQUE .................... 68
3.2.1. Importance des prises en charge des bénéficiaires de formation .................. 68
3.2.2. Importance des équipements dans les formations .......................................... 69
3.2.3. Bénéfice des financements : avantages ou développement d’une mentalité
d’assistanat ? ................................................................................................................ 71
3.3. STRATEGIE D’ACTEURS ET DIMENSION POLITICO
INSTITUTIONNELLE ............................................................................................... 72
3.3.1 Type de manifestation d’intérêts dans la mise en œuvre des procédures de
désignation des bénéficiaires de formation dans les organisations ......................... 72
3.3.2. Type de manifestation d’intérêts dans la mise en œuvre des modes et
mécanismes de prises de décision dans les groupes .................................................. 73
IV. ANALYSE CRITIQUE DU TRAVAIL DE RECHERCHE ................................. 76
4.1. SYNTHESE DES RESULTATS ......................................................................... 76
4.1.1. Rappel des hypothèses de la recherche et de la question de départ .............. 76
4.1.2. Les conclusions de la recherche ....................................................................... 77
4.1.2.1. La mesure et l’interprétation des résultats observés : Hypothèse 1 .......... 77
4.1.2.2. La mesure et l’interprétation des résultats observés : Hypothèse 2 .......... 77
4.1.2.3. L’analyse des écarts observés ........................................................................ 78
4.1.3. Prolongements envisageables ........................................................................... 79
4.2. PRECONISATIONS DEGAGEES ..................................................................... 80
92
4.2.1. Vers le choix de méthodes et outils adaptés aux réalités locales ................... 80
4.2.2. Des investissements pour des changements dans les façons de voir et de
penser des acteurs ruraux ........................................................................................... 81
CONCLUSION ................................................................................................................ 82
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 84
SIGLES ET ABREVIATIONS ............................................................................................ 87
TABLE DES MATIERES .................................................................................................... 89
ANNEXES ............................................................................................................................ 93
Liste des tableaux ................................................................................................................. 94
Liste des figures .................................................................................................................... 95
Liste des annexes .................................................................................................................. 96
94
Liste des tableaux
Tableau N° 1 : Superficie et nombre de villages administratifs par commune ............... 9
Tableau N° 2 : Situation de la population dans les villages des départements .............. 14
Tableau N° 3 : Synthèse des contenus des méthodes d’identification des besoins de
formation .............................................................................................................................. 27
Tableau N° 4 : Synthèse des données sur les statuts des producteurs enquêtés ............ 54
Tableau N° 5 : Analyse des modes d’expression des besoins de formation des acteurs 59
Tableau N° 6 : Analyse des procédures de sélection des bénéficiaires de formation .... 60
Tableau N° 7 : Evolution des moyens financiers accordés à la formation des acteurs
dans le cadre des activités du PDL-Ouest durant les trois dernières années ................. 61
Tableau N° 8 : Analyse des forces et faiblesses du processus d’analyse des besoins de
formation .............................................................................................................................. 63
Tableau N° 9 : Analyse des raisons des choix de bénéficiaires de formation ................. 65
Tableau N° 10 : Importance comparée des intérêts des acteurs dans les expressions de
besoins de formation ........................................................................................................... 66
Tableau N° 11 : Situation des formations reprises par les producteurs enquêtés ......... 67
Tableau N° 12 : Impact des formations sur les activités des producteurs ..................... 67
Tableau N° 13 : Centres de décision dans les procédures de sélection des bénéficiaires
de formation ......................................................................................................................... 74
95
Liste des figures
Figure 1: Carte administrative de la province des Banwa ................................................ 8
Figure 2 : Répartition des villages par commune ............................................................... 9
Figure 3 : Répartition des superficies par commune (km²) ............................................... 9
Figure 4 : Cadre d’analyse 1 : Représentation du modèle d’analyse conceptuel des
enjeux et stratégies des acteurs (inspiré du modèle - outil des enjeux et stratégies de
CROZIER et MORIN) ........................................................................................................ 43
Figure 5 : Cadre d’analyse 2 : Représentation du modèle d’analyse conceptuel des
modes d’analyse des besoins des acteurs (inspiré du modèle - outil d’analyse de
processus de HALLE) ......................................................................................................... 44
Figure 6 : Schéma d’ensemble du modèle d’analyse conceptuel des hypothèses de la
recherche .............................................................................................................................. 49
Figure 7 : Processus d’analyse des besoins de formation des acteurs ruraux ............... 58
Figure 8 : Evolution des montants alloués à la formation dans le cadre des activités du
PDL-Ouest, ces 3 dernières années. ................................................................................... 62
Figure N° 9 : Une fosse fumière réalisée dans la province des Banwa ........................... 70
96
Liste des annexes
Annexe 1 : Situation des groupements de base par filière .................................................. I
Annexe 2 : Situation des unions de groupements par filière ............................................ II
Annexe 3 : Services techniques étatiques concernés par la recherche dans la province
des Banwa .............................................................................................................................III
Annexe 4 : Situation des partenaires au développement dans la province des Banwa IV
Annexe 5 : Synthèse des documents de politiques et stratégies de développement
rurales au Burkina Faso ................................................................................................... VII
Annexe 6 : Situation de l’offre de formation des anciens CFJA dans la province des
Banwa ................................................................................................................................... IX
Annexe 7 : Note de méthodologie des investigations du chantier .................................... X
Annexe 8 : Guide d’orientation des outils de collecte des données ............................... XII
Annexe 9 : Niveau d’implication des parties prenantes dans l’identification des besoins
de formation selon quelques projets touchés .............................................................. XVIII
Annexe 10 : Accord pédagogique de mise en œuvre du stage ...................................... XXI
I
Annexe 1 : Situation des groupements de base par filière
Filière Nombre OP Effectifs des
membres
Partenaires d’appui
Céréales
195 4 875 UGCPA ; OCADES ; SNV ; PDL-
Ouest ; STD
Coton 687 17 175 SOFITEX
STD
Riz 8 2 306 ONR /B ; PRP ; PA/FR ; INERA ;
SOPROFA ; SNV ; STD
Oléagineux
204 4 488 SOPRADEX ; OCADES ; OLAM ;
SNV ; STD
Fruits
44 440 STD ; NANKOSEM ; SNV
Maraîchage
63 945 STD ; NANKOSEM ;
Tubercules
6 486 STD ; PDL-Ouest ; SNV ; INERA
Elevage 75 1 875 STD ; PDL-Ouest ; PAEOB ;
PRIVES ; PAMER
Pêche
11 77 STD ; PDL-Ouest
Artisanat 65 975 FABA ; STD ; PDL-Ouest ;
MECABA ; Caisse populaire
GIE 61 915 CIDR/CEVECA ; BANQUES ;
Caisse populaire ; STD
Jeunes Fixes et
Brigades de
Production
14 239 STD
Institutions de crédit
TOTAL 1 433 34 796
Source : DPARH, Rapport annuel d’activités campagne 2006/2007
II
Annexe 2 : Situation des unions de groupements par filière
Filière Union départementale Union provinciale Observations
Nombre Effectifs
OP de base
Nombre Effectifs
Membres
Coton 6 687 1 17 175 - Appui spécifique
de la SOFITEX
- Possède 1 radio
communautaire
Oléagineux 3 204 1 4 488 - Appui spécifique
de la SNV (filière
sésame)
Artisanat 6 65 1 975 - Appui spécifique
du MECAP
Pêche 2 11 1 77 - Appui spécifique
DPECV
Riz 3 8 1 2 306 - Appuis
spécifiques du
PA/FR et du PPIV
Tubercule 4 6 1 486 - Appui spécifique
DPAHRH
Semence 6 15 1 380 - Appui spécifique
DPAHRH
TOTAL 30 931 7 25 887
Source : DPARH, Rapport annuel d’activités campagne 2006/2007
III
Annexe 3 : Services techniques étatiques concernés par la recherche dans la province
des Banwa
Partenaires Domaines
d’intervention
Domaine d’intérêt dans
la formation
Direction Provinciale de
l’Agriculture, de l’Hydraulique et
des Ressources Halieutiques
Encadrement
Agriculture,
hydraulique
- Organisation des acteurs
- Appui-conseil
- Formations techniques
Direction Provinciale de
l’Enseignement de base et de
l’Alphabétisation
Encadrement
Education primaire
- Organisation des acteurs
- Appui-conseil
- Formations techniques
Direction Provinciale de
l’Environnement et du Cadre de Vie
Encadrement
Environnement et cadre
de vie
- Organisation des acteurs
- Appui-conseil
- Formations techniques
Direction Provinciale des
Ressources Animales
Encadrement
Elevage
- Organisation des acteurs
- Appui-conseil
- Formations techniques
District sanitaire de Solenzo Encadrement
Sanitaire
- Organisation et
Formation des COGES
- Appui-conseil
Source : Enquête étude, avril 2007
IV
Annexe 4 : Situation des partenaires au développement dans la province des Banwa
Partenaires Domaines d’intervention Domaine d’intérêt dans la
formation des acteurs
ACCEDES (Action
Chrétienne pour la
Coopération Economique et le
Développement Economique
et sociale)
- Micro-crédit ;
- Equipement agricole ;
- Activités Génératrices de
Revenus (AGR) ;
- Projet Hydraulique ;
- Reboisement etc.
- Alphabétisation des
adultes
- Formations techniques
ATN
L’Association Tontine Nouna
Epargne ;
Micro-crédit ;
Organisation des
épargnants
- Formation technique
(gestion)
- Alphabétisation
BACB
Banque Agricole et
Commerciale du Burkina
- Organisation des acteurs
- Micro-crédit
-Formation en organisation
des acteurs
CIDR (Centre International
pour le Développement et
Recherche)/ volet (Caisse
Villageoise d’Epargne et de
Crédit autogéré)
- Micro-crédit rural
- Epargne rural
- Construction de caisse
(bâtiments
- Formations à
l’organisation des acteurs
- Formations techniques
(gestion)
MEDIVET
(Cabinet vétérinaire)
- Soins vétérinaires
- Appui-conseil aux
producteurs
- Formations à
l’organisation des acteurs
- Formations techniques
PRAVET
(Cabinet vétérinaire)
- Soins vétérinaires
- Appui-conseil aux
producteurs
- Formations à
l’organisation des acteurs
- Formations techniques
FAARF (Fonds d’Appui aux
Activités Rémunératrices des
Femmes)
- Micro-crédit - Formations techniques
(gestion)
FEM/ONG
Fonds pour l’Environnement
Mondial
- Gestion durable des
ressources naturelles.
- Formations à
l’organisation des acteurs
- Formations techniques
MECAB
Mutuelle d’Epargne et de
Crédit des Artisans des Banwa
- Promotion de l’artisanat
- Micro-crédit
- Formations diverses
Mission catholique et
partenaires au
développement (projet suivi par le Diocèse de
Nouna – Province Kossi et les
paroisses de la Province des
Banwa)
- Hygiène alimentaire ;
Sécurité alimentaire ;
- Structuration du milieu
- Accroissement des
équipements sociaux
d’utilité publique
- Assainissement autour
des points d’eau ;
- Action coopérative ;
- Education et formation
spirituelle
- Alphabétisation
- Formations monde rural
- Animation et organisation
des groupes
- Cathésèse
- Famille, Promotion
femme, Santé
- Justice et paix
- Communication
- Culture/ Jeunes
- Foi et vie
V
Partenaires Domaines d’intervention Domaine d’intérêt dans la
formation des acteurs
PAEOB
Projet d’Appui à l’Elevage
dans l’Ouest du Burkina
- Renforcement des
compétences et capacités
des OPE
- Appui-conseil au
développement des
activités des OPE
- Formations à
l’organisation des acteurs
- Formations techniques
PAFR
Plan d’Action pour la Filière
Riz
(projet suivi par la DPAHRH)
- Appui aux OPR de bas-
fonds et de petits
périmètres ;
- Structuration du milieu ;
- Gestion de la fertilité des
sols,
- Matériel spécifique de
riziculture.
- Formations à
l’organisation des acteurs
- Formations techniques
PAMER
Projet d’Appui aux Micro-
Entreprises (antenne)
- Promotion de la micro-
entreprise rurale
- Formations à
l’organisation des acteurs
- Formations techniques
PASEB
Programme d’Appui Sectoriel
à l’Enseignement de Base
(projet national suivi par la
DPEBA)
- Renforcement des
infrastructures scolaires ;
- Construction des
complexes scolaires ;
- Appui à l’équipement des
infrastructures.
- Education de base
PDDEB
Plan Décennal de
Développement de l’Education
de Base (projet national suivi
par la DPEBA)
- Renforcement des
infrastructures scolaires
- Relèvement du taux de
scolarisation et
d’alphabétisation
- Formation enseignants
- Education de base
- Education non formelle
PDL-Ouest
Projet développement Local de
l’Ouest (projet suivi par
opérateur privé IMPACT-Plus)
- Renforcement des
capacités des populations
(information, connaissance
du milieu, organisation des
populations, maîtrise
d’œuvre locale)
- Financement des
investissements socio-
économiques
- Alphabétisation
- Formations à
l’organisation des acteurs
- Formations techniques
- Voyages d’études
- Valorisation de la
maîtrise d’œuvre locale
PGDT
Programme de Gestion
Durable des Terres (projet
national suivi par la
DPAHRH)
- Renforcement des
capacités des producteurs
- Appui à l’acquisition des
équipements agricoles
- Formations à
l’organisation des acteurs
- Formations techniques
PHS
Projet Hydraulique Scolaire
(projet national suivi par la
DPEBA)
- Eau potable en milieu
scolaire ;
- Hygiène en milieu
scolaire et en famille ;
- Gestion des points d’eau
- Formation de comités de
gestion
VI
Partenaires Domaines d’intervention Domaine d’intérêt dans la
formation des acteurs
PNDSA II
Programme National de
Développement des Structures
Agricoles (projet national suivi
par la DPAHRH)
- Appui à la production
agropastorale ;
- Appui à l’équipement
agricole ;
- Financement des micro-
crédits ;
- Appui à la maîtrise
d’œuvre locale ;
- Insertion des rapatriés de
Côte d’Ivoire.
- Formations à
l’organisation des acteurs
- Formations techniques
PPIV
Programme de Développement
de la Petite Irrigation
Villageoise (projet national
suivi par la DPAHRH)
- Intensification agricole en
saison sèche
- Appui à la formation des
producteurs ;
- Appui à l’acquisition des
équipements agricoles ;
- Appui à la
commercialisation des
produits agricoles
- Formations à
l’organisation des acteurs
- Formations techniques
PPN
Projet Puits Nouna
- Eau potable ;
- Réalisation de puits
- Animation à
l’assainissement de
l’hygiène autour des points
d’eau
- Appui à la
responsabilisation des
bénéficiaires
- Formation de comités de
gestion
PROMART/BF
Programme de Promotion de
l’Artisanat au Burkina Faso
- Promotion activités de
l’artisanat
- Formations à
l’organisation des acteurs
- Formations techniques
SNV
Organisation Néerlandaise de
Développement
- Conseil en services de
développement des
capacités
organisationnelles et
thématiques
- Gouvernance locale
- Gestion des Ressources
Naturelles
- Formations à
l’organisation des acteurs
- Formations techniques
SOCAVET
(Cabinet vétérinaire)
- Soins vétérinaires
- Appui-conseil aux
producteurs
- Formations techniques
SOFITEX
Société des Fibres Textiles
- Production et
commercialisation du
coton
- Formations diverses des
Groupements de
producteurs de coton
Source : Enquête étude, avril 2007
VII
Annexe 5 : Synthèse des documents de politiques et stratégies de développement
rurales au Burkina Faso
Documents des
grandes orientations
politiques
Contenu et objectifs
Cadre Stratégique de
Lutte contre la Pauvreté
(CSLP)
Le Gouvernement Burkinabè a élaboré en 1995, une Lettre
d'Intention de Politique de Développement Humain Durable
(LIPDHD) pour centrer la stratégie de développement du pays
sur le concept de sécurité humaine. Chaque Burkinabè doit ainsi
accéder à la sécurité économique, sanitaire, alimentaire et
environnementale. La suite de la LIPDHD et d’autres réformes
économiques de résorption de la pauvreté aboutissent à
l’élaboration du CSLP en 2000, et révisé en octobre 2003.
Le CSLP est la première plate-forme de référence pour les
interventions dans le développement au Burkina Faso. Il décline
4 axes stratégiques et des actions prioritaires dans lesquels
s’inscrit la PDRD. Enfin, le CSLP confirme que pour le
gouvernement, la réduction de la pauvreté passe par une forte
croissance de l’ordre de 7 à 8 % entraînant une croissance du
PIB par tête d’environ 4 à 5 % par an. Ce qui pourrait permettre
de doubler le revenu par tête dans moins de 15 ans.
Lettre de Politique de
Développement Rural
Décentralisé
(LPDRD)
Pour atteindre ses objectifs dans le développement rural, le
Gouvernement recherche une plus grande efficience. Il a choisi
de traduire cette option à travers une stratégie nationale de
«Développement Rural Décentralisé», impliquant une
harmonisation des approches et méthodes, et la mise en place
d'un mécanisme de coordination et de suivi/évaluation au
niveau national. La Lettre de Politique de Développement Rural
Décentralisé (LPDRD) a donc été élaborée dans ce sens. Aussi,
dans le cadre de la LPDRD, les mécanismes opérationnels de
mise en œuvre du Développement Rural Décentralisé
s'articulent autour d'un cadre institutionnel qui décrit les
niveaux de responsabilités (concertations, décisions, appui
conseils), et d'une répartition des rôles entre l'Etat et les autres
VIII
Documents des
grandes orientations
politiques
Contenu et objectifs
acteurs du développement. Le CNCPDR (Cadre National de
Concertation des Partenaires intervenant dans le
Développement Rural) qui s’inscrit dans ces mécanismes, a
pour rôle d’assurer la coordination d'ensemble des interventions
en matière de développement rural. Son fonctionnement n’est
pas pour le moment effectif.
Stratégie de
Développement Rural à
l’horizon 2015 (SDR)
Face aux différentes contraintes limitant les performances du
secteur du développement rural, mais aussi face á l’évolution du
contexte régional et international, les autorités du pays ont vu la
nécessité d’élaborer une Stratégie de Développement Rural
(SDR). Cette SDR reste en cohérence avec le CSLP et les
politiques et stratégies sectorielles de développement régional et
international. La SDR constitue le cadre de référence de
l’ensemble des interventions publiques dans le développement
rural. Son objectif global est d’«assurer une croissance soutenue
du secteur rural en vue de contribuer à la lutte contre la
pauvreté, au renforcement de la sécurité alimentaire et à la
promotion d’un développement durable». Les principes
directeurs de la SDR se réfèrent au CSLP révisé et à la LPDRD.
La mise en œuvre de la SDR se base sur deux types d’action à
savoir son opérationnalisation (qui s’est traduite par des actions
concrètes pour la plupart exécutées), et la définition du rôle des
acteurs (Etat et ses démembrements, collectivités locales et
communautés de base, organisations professionnelles et
opérateurs privés, partenaires techniques et financiers).
Source : Enquête étude, avril 2007
IX
Annexe 6 : Situation de l’offre de formation des anciens CFJA dans la province des
Banwa
Commune Villages Date de
construction
Source de
financement
Observations
SANABA Kossoba 1961 FED - Dernières promotions : 1984
- Nombre total de CFJA
recensés : 14
- Recrutement : Tous les 3 ans
- Effectif moyen /promotion :
40 à 45 apprenants
- Effectifs moyens formés
dans la Province : environ
3 000 actifs
Kounla 1971 Banque
Mondiale
TANSILA Ben 1961 FED
Kounéni ND Population
Triko 1967 Banque
Mondiale
SOLENZO Béna 1961 FED
Daboura 1961 FED
Dèssè 1981 Banque
Mondiale
Dissankuy ND Population
Lékoro ND Population
Moussakongo 1961 FED
KOUKA Kouroumani 1961 FED
Mawana 1979 ND
SAMI Dima 1961 FED
Source : Monographie de la Province des Banwa (1997)
X
Annexe 7 : Note de méthodologie des investigations du chantier
1. Mise en situation dans l’entreprise d’accueil (stage)
Conformément au retro-planning, les activités de notre stage et la recherche
concernent les travaux suivants :
Etape 1 : Echanges sur la commande de notre entreprise : Janvier – mars 2007
- Action 1 : Formalisation de la commande - revue du cahier de charge –
compréhension de notre mission – produit final à rendre
- Action 2 : Signature de la fiche accord pédagogique
Etape 2 : Etapes préparatoire des investigations terrain : mars- avril 2007
- Action 1 : Contact préliminaires avec des personnes ressources sur le terrain
(province des Banwa) – Enquêtes exploratoires
- Action 2 : Préparation de la feuille de route des investigations sur le terrain
- Action 3 : Elaboration des outils de collecte des données
Etape 3 : Investigations terrain/collecte des données : avril 2007
Etape 4 : Traitement et analyse des données : avril - mai 2007
- Action 1 : Travail de dépouillement des données collectées
- Action 2 : Saisie et traitement informatique
- Action 3 : Analyse des résultats de notre recherche
2. Travaux de recherche
2.1. Objectifs
Objectif de la commande pour le chantier
Satisfaire la commande de notre entreprise par l’établissement de l’état des lieux des
méthodes d’identification des besoins de formation des populations rurales dans la Province
des Banwa (Burkina Faso) pour une amélioration de l'élaboration des plans de formation des
populations.
Objectif pour le projet de mémoire
Objectif global : Se servir des données de cet état de lieux pour traiter notre
problématique s’articulant autour de la question de recherche suivante : Dans la Province
des Banwa, quelles sont les raisons pour lesquelles, à l’analyse, les besoins de
formation des acteurs ruraux dans le cadre du renforcement de leurs capacités, ne
varient pas ?
XI
Objectifs spécifiques
1. Parvenir à la compréhension des représentations, attitudes, motivations et
pratiques dans le domaine de la formation dans les Banwa (Burkina Faso)
2. Confronter le discours aux pratiques réelles afin d'identifier les éventuelles
contradictions entre ce qui se dit et ce qui se fait et permettre de dévoiler les logiques sous-
jacentes et les rationalités propres à l'action des acteurs.
2.2. Démarche
La commande: Nous assurerons personnellement la collecte des données et suivrons la
démarche suivante pour atteindre les résultats de la commande et de la recherche :
1. Diagnostic concerté avec les acteurs dans la province des Banwa sur les méthodes
d’identification de leurs besoins de formation ;
2. Analyse des résultats du diagnostic et établissement du lien avec les plans de
formation financés par les partenaires techniques accompagnant les populations ;
3. Préconisations en tenant compte des outils et démarches d’ingénierie de formation.
Le mémoire : il s’agira à travers le traitement des informations de la commande (Diagnostic)
d’approfondir la question de recherche du mémoire tel que décrit dans la note
problématique.
Source : Enquêtes étude, avril 2007
XII
Annexe 8 : Guide d’orientation des outils de collecte des données
N° Axe de recherche Producteurs individuels Organisations de producteurs
(groupements, associations)
Partenaires d’appui (ONG,
services techniques, projets)
I STRATEGIES IDENTITAIRES
1.1 Dimension socioculturelle
1.1.1 Statuts socioculturels des
acteurs
- Caractéristiques du producteur
ou de la productrice enquêté (é)
- Quelles sont les partenaires de
l’organisation à laquelle vous
appartenez ?
- Avez-vous personnellement
des relations particulières avec
certaines d’entre elles ?
- Caractéristiques du groupe
- Que pensez vous du niveau
d’organisation de votre association ?
- Dans votre organisation, quels
types de relations entretenez –vous
entre vous ?
- Quelles sont les partenaires de
votre organisation et quels types de
relations entretenez-vous avec eux ?
- Identification du partenaire
- Depuis combien de temps
intervenez-vous auprès des acteurs
ruraux de la Province ?
- Quel est votre avis sur
l’appréciation faite par les acteurs
de votre structure ?
1.1.2 Monopole du capital technique
par les acteurs
- Avez-vous bénéficié d’une
même formation à plusieurs
reprises ? Pourquoi ?
- Quelles sont les raisons
essentielles pour lesquels les
membres de votre organisation
expriment-ils les mêmes besoins de
formations ?
- Quels sont les besoins qui sont
exprimés de façon répétée par les
acteurs demandeurs de formation
? - Quelles en sont les raisons
selon vous ?
XIII
N° Axe de recherche Producteurs individuels Organisations de producteurs
(groupements, associations)
Partenaires d’appui (ONG,
services techniques, projets)
1.1.3 Niveau d’utilisation des savoirs
et savoirs faire dans la pratique
- Qu'est ce que vous avez fait
avec les formations que vous
avez déjà reçues ?
- Quelles sont les changements que
vous avez observés dans la vie de
votre organisation en lien avec ce
que les bénéficiaires de formation
ont partagé avec ses membres ?
- Que pensez-vous de l’utilisation
post réalisation des formations que
vous appuyez ?
1.2 Dimension économique
1.2.1 Importance des prises en charge
de perdiems comme sources de
revenus monétaires motivant
des acteurs lors des sessions de
formation
- Avez-vous bénéficié d’une
même formation à plusieurs
reprises ? Que tirez comme
profit à faire ces formations en
terme de revenus monétaires ?
- Comment organisez-vous les
activités de formation et quel est
votre niveau de contribution en
terme de financement ? Quelle est
l’importance des contributions
financières apportées par vos
partenaires
- Quels sont les besoins qui sont
exprimés de façon répétée par les
acteurs demandeurs ? Comment
expliquez vous cela ? Que pensez-
vous des prises en charge de
perdiems dans les formations que
vous accompagnez ?
1.2.2 Place des équipements de travail
dans l’accompagnement des
formations et leur importance
pour les producteurs
- Avez-vous déjà reçu des
formations ou des équipements
vous ont été fournis comme
mesures d’accompagnement,
Quelle est leur importance pour
votre formation ?
- Quels sont les formations pour
lesquels des équipements sont
obligatoires en tant que mesures
d’accompagnement ?
- Quels sont les mesures
d’accompagnement (en terme
d’équipements) que vous apportez
aux formations des acteurs ? Sont-
ils obligatoires ?
XIV
N° Axe de recherche Producteurs individuels Organisations de producteurs
(groupements, associations)
Partenaires d’appui (ONG,
services techniques, projets)
1.2.3 Bénéfice des financements
éventuels
- De retour d’une formation que
faites-vous des connaissances
acquises ?
- Quels sont les changements que
vous avez observés dans la vie de
votre organisation en lien avec ce
que les bénéficiaires de formation
ont partagé avec ses membres ?
- Quelle appréciation faites-vous
des effets ou impacts des
formations réalisées avec votre
appui au bénéfice des acteurs ?
1.3 Dimension politico institutionnel
1.3.1 Type de manifestation d’intérêts
culturel ou économique dans la
mise en œuvre des procédures
de désignation des bénéficiaires
de formation
- Existe-t-il des personnes ou
des responsables qui veulent à
chaque fois faire partie des
membres désignés pour les
formations ?
- Comment est-ce que vous,
vous aviez été désigné pour
bénéficier des formations ?
Pensez-vous que ces manières
sont correctes ?
- Quelles sont les procédures de
désignation des bénéficiaires des
formations dans votre organisation ?
- Y’a-t-il des situations où vous avez
des difficultés pour désigner les
participants ? Si oui pourquoi ?
- Quelle influence les partenaires
qui vous accompagnent ont-ils dans
ce choix ?
- Comment se fait le choix des
bénéficiaires des formations que
vous accompagnez ?
- Quelle est la procédure par
laquelle les bénéficiaires des
formations que vous appuyés sont
désignés ?
XV
N° Axe de recherche Producteurs individuels Organisations de producteurs
(groupements, associations)
Partenaires d’appui (ONG,
services techniques, projets)
1.3.2 Type de manifestation d’intérêts
culturel ou économique dans la
mise en œuvre des modes et
mécanismes de prises de
décision dans les groupes
- Quelle est la raison qui a
motivé votre désignation parmi
tant d’autres camarades pour
bénéficier des formations ?
- Quelle est l’instance ou le
responsable qui décide en dernier
ressort de la participation d’un
membre de votre organisation à une
formation ?
- Que pensez –vous du
fonctionnement et des modes de
prises de décision des
organisations de producteurs que
vous accompagnez ?
II NATURE DES MODES
D’ANALYSE DES BESOINS
DE FORMATION
2.1 Dimension technique
2.1.1 Méthodes de mise en œuvre - Comment les expressions de
besoins de formation se font –
elles dans l’organisation dans
laquelle vous appartenez ?
- Comment déterminez-vous vos
besoins de formation et faites-vous
leur planification, leur mise en
œuvre et leur suivi ?
- Quelle démarche mettez-vous en
œuvre pour accompagner
l’identification et l’analyse des
besoins de formation des acteurs ?
2.1.2 Contenu des formations - Quelles sont les sessions de
formation auxquelles vous avez
personnellement pris part ?
Quelles sont les formations que
vous aimez le plus ou que vous
aimeriez refaire encore ?
- Quels sont les domaines dans
lesquels, vous avez l’habitude de
solliciter vos besoins de formation?
- Dans quel domaine de formation
les acteurs que vous accompagnez
expriment-ils le plus souvent leurs
besoins ?
XVI
N° Axe de recherche Producteurs individuels Organisations de producteurs
(groupements, associations)
Partenaires d’appui (ONG,
services techniques, projets)
2.1.3 Dispositif de mise en œuvre - Comment, par qui
l'information sur les formations
est-elle parvenue jusqu'à vous ?
- Comment vous organisez-vous
pour faire le choix de vos thèmes de
formation ?
- Quel dispositif mettez-vous en
œuvre dans l’accompagnement
des acteurs pour l’identification et
l’analyse de leurs besoins ?
2.2 Dimension institutionnelle
2.2.1 Acteurs institutionnels
impliqués
- Quelle est la procédure par
laquelle vous avez été désigné
pour bénéficier de ces
formations ?
- Qui a financé les formations
que vous avez reçues ?
- Quels sont les acteurs de la
Province que vous impliquez dans
les modes d’analyse de vos besoins
de formation ?
- Quels sont les acteurs
institutionnels partenaires de votre
structure et quels sont vos
relations ?
2.2.2 Processus et procédures des
financements et
d’accompagnement des actions
de développement
- Au moment de désignation des
participants à une formation,
peut-on dire qu’il y a une sorte
de compétition, avec parfois des
tiraillements entre les membres ?
- Quelle est la manière par laquelle
les bénéficiaires des formations sont
désignés au sein de votre
organisation ? Quelle est l’instance
ou le responsable qui décide en
dernier ressort de la participation
d’un membre à une formation ?
- Que pensez-vous de cette
affirmation qu’il y a une
répétition des mêmes besoins de
formation exprimés à chaque fois
qu’on procède à leur analyse ? A
votre avis y a t il un lien entre
l’analyse des besoins de formation
des acteurs et leurs intérêts ?
XVII
N° Axe de recherche Producteurs individuels Organisations de producteurs
(groupements, associations)
Partenaires d’appui (ONG,
services techniques, projets)
III- AUTRES - Quelles sont les difficultés
rencontrées dans la mise en
pratique de ce que vous aviez
appris ?
- Avez-vous d'autres remarques
ou suggestions en ce qui
concerne l'organisation des
sessions ?
- Quelles sont les difficultés vécues
ou perçues par votre organisation
dans le domaine de la formation ?
- Quelles sont les propositions que
vous jugez pertinentes pour une
meilleure formation des membres de
votre organisation ?
- Quelles sont vos contraintes dans
l’appui et l’accompagnement des
formations ?
- Quelles sont les propositions que
vous jugez pertinentes pour une
meilleure formation des acteurs
ruraux
Source : Enquêtes étude, avril 2007
XVIII
Annexe 9 : Niveau d’implication des parties prenantes dans l’identification des besoins
de formation selon quelques projets touchés
Partenaires Niveau d’implication du partenaire
dans l’identification des besoins et la
mise en œuvre des formations
Niveau d’implication des acteurs
ruraux dans l’identification des
besoins et la mise en œuvre des
formations
PDL-Ouest - Rédaction de synthèses (villages,
départements, Province)
- Information sur les politiques
sectorielles et les normes nationales
- Animation d’une démarche
d’identification et de priorisation des
actions en fonction des axes de
développement dont la formation
- Elaboration de plans annuels de
formation inclus dans le devis-
programme du projet au profit des
acteurs accompagnés
- Signature d’accord de financement
entre les instances et les promoteurs
(conventions)
- Signature de contrat de prestation
(promoteurs/prestataires)
- Cofinancement des actions de
formation
- Suivi de l’exécution des projets sur
le terrain
- Bilan des activités et capitalisation
des données.
- Participation à la collecte de données
et études monographiques
- Formalisation des idées de projets de
formation en dossiers de micro-projets
à soumettre au financement
- Signature de contrat de prestation
(promoteurs/prestataires)
- Cofinancement des actions de
formation
- Mobilisation des acteurs
bénéficiaires de formation (cas des
organisations)
- Participation aux formations
(individus)
- Suivi de l’exécution des projets sur
le terrain (cas des organisations)
PAEOB - Enquête initiale auprès des OPE
(information des acteurs)
- Animation d’une démarche de
diagnostic approfondie et de
planification des actions de concert
avec les OPE
*prise de contact,
*diagnostic de l’OPE,
*diagnostic des besoins de
formation,
*capitalisation de références
techniques
* Elaboration de plan d’action
* Financement des actions de
formation
- Bilan des activités et capitalisation
des données.
- Participation aux enquêtes, au
diagnostic et à la planification des
actions de formation
- Participation à l’élaboration du plan
d’action de l’OPE
- Recherche de financement auprès
d’autres partenaires
- Mobilisation des acteurs
bénéficiaires de formation (cas des
organisations)
- Participation aux formations
(individus)
- Suivi de l’exécution des projets de
formation sur le terrain
XIX
Partenaires Niveau d’implication du partenaire
dans l’identification des besoins et la
mise en œuvre des formations
Niveau d’implication des acteurs
ruraux dans l’identification des
besoins et la mise en œuvre des
formations
PAMER - Enquête initiale auprès des MER et
porteurs d’initiatives (information des
acteurs)
- Animation d’une démarche de
diagnostic approfondie et de
planification des actions de concert
avec les acteurs
- Identification et choix des besoins de
formation
- Prise en compte des actions de
formation dans le plan budget annuel
du projet
* Financement des actions de
formation
- Bilan des activités et capitalisation
des données.
- Participation aux enquêtes, au
diagnostic et à la planification des
actions de formation
- Mobilisation des acteurs
bénéficiaires de formation (cas des
organisations)
- Participation aux formations
(individus)
- Suivi de l’exécution des projets de
formation sur le terrain (cas des
organisations)
CIDR - Enquête initiale auprès des villages
ciblés (information des acteurs)
- Animation d’une démarche de
diagnostic approfondie et de
planification des actions de concert
avec les acteurs pour la mise en place
de caisses villageoises
- Identification des besoins de
formation des acteurs
- Identification des responsables
bénéficiaires des formations selon leur
implication dans les structures de
gestion des caisses villageoises
- Financement des actions de
formation (organisation et gestion
financière des caisses villageoises
- Suivi de l’exécution des projets de
formation sur le terrain
- Bilan des activités et capitalisation
des données.
- Participation aux enquêtes et au
diagnostic villageois
- Participation aux formations
(responsables identifiés par l’ONG)
PAROISSES
(religion
catholique)
- Identification des besoins de
formation des acteurs avec l’appui des
structures religieuses dans les villages
- Identification des bénéficiaires des
formations selon leur implication
- Financement des actions de
formation
- Suivi de l’exécution des projets de
formation sur le terrain
- Bilan des activités et capitalisation.
- Mobilisation des acteurs
bénéficiaires de formation (cas des
organisations)
- Participation aux formations
(individus)
XX
Partenaires Niveau d’implication du partenaire
dans l’identification des besoins et la
mise en œuvre des formations
Niveau d’implication des acteurs
ruraux dans l’identification des
besoins et la mise en œuvre des
formations
SNV - Enquête initiale auprès des
organisations accompagnées
(information des acteurs)
- Animation d’une démarche de
diagnostic approfondie et de
planification des actions de concert
avec les acteurs
*prise de contact,
*diagnostic institutionnel et
organisationnel,
*diagnostic des besoins de
formation,
*capitalisation de références
techniques
- Elaboration de plan d’appui conseil
et d’accompagnement des acteurs
(ONG)
- Cofinancement des actions de
formation
- Bilan des activités et capitalisation
des données.
- Participation aux enquêtes, au
diagnostic et à la planification des
actions de formation
- Mobilisation des acteurs
bénéficiaires de formation (cas des
organisations)
- Participation aux formations
(individus)
- Suivi de l’exécution des projets de
formation sur le terrain (cas des
organisations)
- Cofinancement des actions de
formation
Source : Enquêtes étude, avril 2007