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MAGAZINE DU MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DE L’ALIMENTATION6 € • NUMÉRO 1571 • FÉVRIER 2021
OBJECTIFSOUVERAINETÉALIMENTAIRE
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harmonie-fonction-publique.fr
07 JULIEN DENORMANDIE
«Il�n’y�a�pas�de�pays�fort�sans�agriculture�forte»
08 Réconquérir la souveraineté alimentaire
09 INFOGRAPHIE
la ferme france
10 La stratégie nationale pour les protéines végétales
15 ALIMENTATION ANIMALE
la satisfaction d’être autonome
17 CONSOMMATION
Plus de légumineuses dans l’assiette
18 AGRICULTURE
relocaliser les légumineuses
20 Favoriser les produits frais et locaux
22 CIRCUITS COURTS
la plateforme frais et local
23 TÉMOIGNAGE
À la ferme des acacias, tout est vendu en circuits courts
25 COMMERCES ALIMENTAIRES
Plus près de vous et de vos goûts
26 INTERVIEW YUNA CHIFFOLEAU
«Relocaliser�mais�sans�forcer�la�nature»
27 CONSOMMATEURS
le plaisir d’aller au marché
28 JARDINS PARTAGÉS
encourager l’agriculture urbaine
30 CIRCUITS DE PROXIMITÉ
équiper les cantines scolaires
32 RESTAURATION COLLECTIVE
la force du modèle alimentaire français
33 PROJETS ALIMENTAIRES TERRITORIAUX
l’alimentation, un enjeu collectif
34 PAT GD-CLERMONT ET LIVRADOIS-FOREZ
Déterminer les besoins actuels et futurs
35 PAT LA RÉUNION
redonner sa place à l’agriculture mafataise
36 PAT TERRES DE LORRAINE
Se réapproprier son alimentation
37 PAT BOUCHES-DU-RHÔNE
Des paniers solidaires distribués à 120000 personnes
38 INSTALLATION
l’agriculture, un projet de territoire
39 RACHATS DE TERRE
Créer une vallée bio
40 JEUNE AGRICULTRICE
«J’ai�la�liberté,�un�cadre�et�une�qualité�de�vie�incroyables»
41 ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE
Donner accès à tous à une alimentation de qualité
42 Devenir leader de la transition écologique
42 AGROÉCOLOGIE
l’agroéquipement est une priorité
Sommaire
alim’agri 1571 février 2021 • 3
Numéro 1571Direction de la publicationBéatrice Gaffory
Rédaction en chefMarielle Roux
Direction artistique & maquetteJean-Charles Federico
RédactionThéo Galichet, Nina Gatouillat,Oriane Régnier, Sylvain Tallon
PhotographiesXavier Remongin, Cheick Saidou
PhotothèqueCécile Bouvard
Alim’agri/Bimagri est unepublication du ministère del’Agriculture et de l’Alimentation78 rue de Varenne 75349 Paris 07 SPTél. : 01 49 55 44 [email protected] 0152-3295
ImpressionC2 PrintImpasse Paul Verlaine92100 Boulogne
4 • alim’agri 1571 février 2021
45 ROBOT DÉSHERBEUR
«Je ne reviendrai pas en arrière»
48 INFOGRAPHIE
l’agriculture, un secteur à la pointe de la technologie
49 SOUVERAINETÉ TECHNOLOGIQUE
l’enjeu agDataHub
50 BIODIVERSITÉ
Plantons des haies, plantons des arbres !
52 AGROFORESTERIE
les arbres sont essentiels au sol
54 AGROÉCOLOGIE
l’engagement haute valeur environnementale
56 GRANDES CULTURES
Une coopérative certifiée Hve
57 ÉLEVAGE LAITIER
les yaourts Hve de la ferme des peupliers
59 AGROÉCOLOGIE
l’agriculture bio dynamise l’économie des territoires
61 INFOGRAPHIE
l’agriculture biologique
62 COOPÉRATIVE DE FRUITS ET LEGUMES
S’équiper d’un pôle logistique
63 FABRICATION DE FARINES
répondre à la demande du «sans gluten»
64 CAVES DE LA VOIE D’HÉRACLES
investir, innover, préparer l’avenir
65 TROPHÉES DE L’AGROÉCOLOGIE 2020
le groupe explorons la diversité, lauréat de la région Bretagne
Transition agricole,alimentation et forêt
Bénéficiez des mesures France Relance
Vous êtes
https://agriculture.gouv.fr/beneficiez-des-mesures-france-relance-transition-agricole-alimentation-et-foret
un exploitant agricole,une entreprise,
une collectivité territoriale,un propriétaire forestier,
un lycée agricole,un particulier ou une association
Souveraineté alimentaire
6 • alim’agri 1571 février 2021
il n'y a pas de pays fort
sans agricultureforte. la reconquêtede notre souverainetéalimentaire doit êtrela mère de toutes les batailles»
alim’agri 1571 février 2021 • 7
La crise de la Covid-19 a rappelé l’importancestratégique de notre agriculture. La mobili-sation sans faille de l’ensemble de la chaîneagricole et l’engagement des femmes ethommes qui la composent ont garanti à tousles Français, dans l’Hexagone et dans les Ou-tre-mer, un accès à l’alimentation. Si la chaîne a tenu durant la crise, celle-ci aaussi révélé des dépendances. Bien que pre-mière puissance agricole de l'Union euro-péenne, la France dépend encore de tropd’importations, par exemple en protéines.
Le volet transition agricole, alimentation etforêt du plan de relance, doté d’1,2 milliardd’euros, permet de déployer des moyens à lahauteur de l’enjeu majeur qu’est la recon-quête de notre souveraineté alimentaire.C’est la vision que je porte et qui m’anime :il n’y a pas de pays fort sans agriculture forte.La transition agroécologique, j’en suisconvaincu, est un levier essentiel qui per-met de réduire ces dépendances. Pour y par-venir, le plan de relance accompagne lesagriculteurs, qui sont déjà nombreux à avoirentamé cette transition, et les entreprisesagroalimentaires vers un modèle plus dura-ble, respectueux de l’environnement et éco-nomiquement solide. Mais cette transition ne peut se faire sans générer de la création de valeur : payer le
Édito Julien DenormandieMINISTRe de l’aGRICulTuRe eT de l’alIMeNTaTION
juste prix c'est autant reconnaître la qualitéque soutenir l'investissement des agriculteurs.L'Union européenne a également son rôle àjouer. En instaurant une politique agricolecommune plus juste et plus souveraine, quiimpose les mêmes mesures environnementalesà tous les pays membres, elle lutte contre lesdistorsions de concurrence et permet à chacund'être sur un pied d'égalité, et de porter unemême ambition agricole et environnementale.
Reconquérir notre souveraineté alimentairec’est également s’assurer de produire sur notreterritoire une alimentation répondant auxexigences des consommateurs, qui souhaitentune meilleure information sur leur alimen-tation et ses modes de production : une ali-mentation sûre, saine, durable. L’agricultureet l’agroalimentaire français possèdent tousles atouts pour répondre à cette demande etnotre rôle est de rendre la qualité accessibleau plus grand nombre.Enfin, il est une certitude : l’agriculture dedemain ne se fera qu’avec les agriculteurs.Alors que la moitié des chefs d’exploitationpartiront à la retraite d’ici 2030, le renouvel-lement des générations est un défi qui nousengage. Notre jeunesse est une chance : les jeunes que nous formons seront les meilleurs ambassadeurs pour assurer notresouveraineté alimentaire.
Souveraineté alimentaire
8 • alim’agri 1571 février 2021
acompagnerl’agriculture
et la forêt françaisesdans l’adaptation
au changement climatique
reconquérirnotre souveraineté
alimentaireaccélérer la transitionagroécologique
au service d’unealimentation saine,
durable et locale
300M€346M€agroécologie
200M€alimentation
364M€
La France est un grand pays agricole :52 % de son territoire est consacré àl'agriculture, avec une extraordinaire diversité de productions, en quantité eten qualité — lait, viandes, céréales, fruitset légumes — et une chaîne agroalimen-taire présente sur tout le territoire.
La crise sanitaire a mis en avant l'impor-tance de la souveraineté alimentaire. En raison de son histoire et de la mon-dialisation des échanges, la France n'estaujourd'hui pas assez autonome dans saproduction de protéines végétales nécessaires à l'alimentation des animauxd'élevage.
Le volet agricole du plan de relance per-met de relever le défi de la souverainetéalimentaire, avec deux grands objectifs :rendre l'agriculture française plus auto-nome en protéines et rapprocher lesconsommateurs de ceux qui les nourrissent.
ReconquéRiR la souveRainetéalimentaiRe
Le Premier ministre a présenté le 3 septembre le plan France Relance,
une feuille de route pour la refondationéconomique, sociale et écologique du pays. 100 milliards d'euros sont
consacrés à ce plan de relance, dont 1,2 milliard pour le volet agricole
avec un objectif précis : renforcer la souveraineté alimentaire en
accélérant la transition écologique afin de donner accès à tous les Français
à une alimentation saine, durable et locale.
alim’agri 1571 février 2021 • 9
824000 PERSONNES
VIVENT ET TRAVAILLENTDANS LES FERMES
EXPLOITANTS
REPRÉSENTENTDES ACTIFSPERMANENTSAGRICOLES
SONT DES FEMMES
LES FEMMES
AVEC 5,6 MILLIARDSD’EUROS EN 2017,L’AGROALIMENTAIREEST LE 3E EXCÉDENTCOMMERCIAL FRANÇAISAPRÈS LA CHIMIE / PARFUMS/ COSMÉTIQUES & MATÉRIELDE TRANSPORT
DES CHEFSD’EXPLOITATIONOU COEXPLOITANTS
SOIT 564 000
(2016)
SONT
LA FRANCE COMPTE
437400EXPLOITATIONSAGRICOLES (2016)
¼
FRANÇAIS SONT DES
DE LA PRODUCTION
CULTURESLES GRANDES
EUROPÉENNE AGRICOLE
(CÉRÉALES, OLÉAGINEUX,
REPRÉSENTENT UN PEU PLUS DE
45% DE LA SUPERFICIEAGRICOLE UTILISÉE
PROTÉAGINEUX, BETTERAVES…)
AVANT L’ITALIEET L’ESPAGNE
COUVRENT 17 MILLIONSD’HECTARES, SOIT PRÈS DE
ESPACES NATURELS
LES SOLS BOISÉS
AGRICULTUREEUROPÉENNE
31% DU TERRITOIRE
(FORÊTS, LANDES, ROCHES, ETC.)
DE L'UNION EUROPÉENNE
19 MILLIONSDE TÊTES BOVINSDONT 3,6 M VACHES LAITIÈRES
lait36 %
bovins22 %
volailles14 %
porcs13 %
veaux 6%
œufs 4%
ovins & caprins 3%autres 3%
SONT LES PRODUITS LES PLUSEXPORTÉS PAR LA FRANCE
5E
1RE
1ER CHEPTEL BOVIN
PRODUTEUR MONDIAL DE BLÉ
APRÈS LA CHINE,L’INDE, LA RUSSIE& LES USA
LA FILIÈRE FRUITS & LÉGUMESC’EST 450000 EMPLOIS& 75 000 ENTREPRISES
PRODUCTIONS ANIMALES
36%18%
70%
30%
6EEXPORTATEUR
LEPAYSEST LEMONDIAL DE PRODUITSAGROALIMENTAIRES
52% DU TERRITOIREEST COMPOSÉ DE
AGRICOLESSURFACES
DES SOLS
LES BOISSONSVINS & ALCOOLS
(2015, MÉTROPOLE)
(2017, SAU)
SOURCE : AGRESTEGRAPHAGRI 2018
RePÈRes la ferme France
10 • alim’agri 1571 février 2021
La crise sanitaire l’a montré, la France doit être en mesure de produire les aliments essentiels
à sa consommation. L’enjeu de notre souverainetéalimentaire est au cœur du plan de relance, avec
au premier plan la nécessité de regagner en autonomieen matière de protéines végétales.
LA StRAtÉgIENAtIoNALE
PouR LES PRotÉINESvÉgÉtALES
Champs de soja donton transforme lagraine en tourteauxpour l’alimentationanimale.
Protéines végétales
alim’agri 1571 février 2021 • 11
La France n’est pas assez autonome dans sa pro-duction de protéines végétales, qu’elles soient à destination de l’alimentation animale ou humaine. Aujourd’hui, nous ne produisons quela moitié des matières riches en protéines nécessaires à l’alimentation des animaux d’éle-vage (tourteaux de soja, de colza ou de tourne-sol…). Notre souveraineté est mise à mal par ladépendance aux marchés mondiaux et aux im-portations.Pour y remédier, le gouvernement et les acteursdes filières concernées ont défini une stratégienationale sur 10 ans, répondant à trois objectifs
ProtéineS végétaleS
L’enjeu de la souveraineté
nous sommes aujourd'hui dépendants des importations de soja sud américain pour l'alimentation animale.
importer du soja c'est importer de la déforestation et de la destruction de la biodiversité. la france adopte une stratégie nationale pour les protéines végétales 2020-2030»emmanuel macron, Président de la république, Biarritz août 2019, sommet du g7.
majeurs : réduire notre dépendance aux importa-tions de matières riches en protéines, notammentle soja importé de pays tiers ; améliorer l’autonomiealimentaire des élevages, à l’échelle des exploita-tions, des territoires et des filières ; développer uneoffre de produits locaux en matière de légumes secs(lentilles, pois chiches, haricots, fèves).Amorcée par le plan de relance à hauteur de100 millions d’euros, cette stratégie va permettredès 2022 d’augmenter de 40 % les surfaces de pro-téines végétales.Cette stratégie répond également au défi envi-ronnemental que constituent les importations
12 • alim’agri 1571 février 2021
de soja de pays tiers, dont la culture intensiveengendre déforestation, dégradation de la biodi-versité et destruction d'écosystèmes naturels decertains pays producteurs. Cultiver des légumi-neuses en France va limiter le recours aux impor-tations et l’impact environnemental qu’ellesgénèrent.
Enfin, cette stratégie va permettre d’améliorer l'au-tonomie des exploitations : les animaux d'élevagesont les principaux consommateurs de protéinesvégétales ; en cultivant des légumineuses sur sonexploitation , l'éleveur réduit ses achats de fourrageet maîtrise l'alimentation de son troupeau. Le dé-veloppement des protéines végétales permettraaussi aux exploitants de répondre à de nouveauxsegments de marché, en alimentation animale etalimentation humaine.
…
ma priorité est claire :nous devonsimpérativement regagneren souverainetéagroalimentaire. la stratégie nationalepour le développementdes protéines végétalesrépond à cet enjeu majeurà horizon 10 ans et est dotée de plus de 100 millions d'eurosgrâce au plan france relance.Julien Denormandie,
ministre de l’agriculture
et de l’alimentation.
Le Président de la République,accompagné du ministre del'Agriculture et de l'Alimentation,s'est rendu dans l'Eure, sur la fermedes Ruelles, engagée depuis plus de 20 ans dans l'agroécologie.
Quelles sont les sources de protéines ciblées?À la fois les légumineuses — à graines ou fourragères — et les oléagineux, soit pour l’alimentation animale, soit pour la consommation humaine.
RePÈRes
Protéines végétales
alim’agri 1571 février 2021 • 13
Soja
Luzerne
Lentilles Pois chiches Haricots Petits pois Pois cassés Fèves
Colza
Tournesol
Lin
Trèfle Sainfoin Vesce
Pois Féverole Lupin
Lotier
Légumineuses
à graines
Légumineuses
fourragères
NATIONALE PROTÉINES VÉGÉTALES
L
OLÉAGINEUX
ALIMENTATION ANIMALE
ALIMENTATION HUMAINE
LÉGUMINEUSES
→ Dès janvier 2021aide aux investissements dansles exploitations agricoles enfaveur des protéines végétales.
→ Des moyens financiers inédits : 100 millions d’eurosdans le cadre de France Relanceauxquels viennent s’ajouter les investissements du PIA4 et de Bpifrance.
→ Actuellement, près d’1 million d’hectares sontsemés avec des espèces riches en protéines végétales (soja,pois, légumes secs, luzerne,légumineuses fourragères…).
Les surfaces semées avec cesespèces vont augmenter de40%, soit + 400000 ha.→ Dans moins de 10 ans (2030),
les surfaces seront doubléespour atteindre 8% de la surfaceagricole utile, ou 2 millionsd’hectares.
une priorité du plan de relance
14 • alim’agri 1571 février 2021
Part de la consommation de tourteauxde soja dans l’alimentation animale
Bovinslaitiers
Volaillesde chair
Volaillesde ponte
Bovinsviande
Porcins Autres(lapins, canards,etc.)
36 % 29 % 11 % 8 % 6 % 10 %
Pour un agriculteur, il est parfois plus simple et moins cher de recourir à de l’aliment toutpréparé à partir de soja importé que de leproduire soi-même. Ainsi, le tourteau de soja,très compétitif économiquement et trèsconcentré en protéines de qualité, est uningrédient privilégié. Dans les productionsanimales liées à des démarches de montée en gamme et de segmentation (bio, non-ogM,durable, local ou zéro déforestation), desmodes alternatifs d'alimentation des animauxpeuvent également être valorisés.
l’alimentation animale mobilise 1/3 des terres arables La moitié de la déforestation mondiale est liée à laproduction de soja. Pourtant, comme le montre lascience, l’élevage a des aspects très positifs : il permetnotamment de conserver les prairies permanentes,véritables réservoirs de biodiversité et puits decarbone. Les prairies stockent en moyenne 700 kg decarbone par hectare et par an. Ainsi, l’élevage extensifbasé sur l’herbe permet de compenser en partie lesémissions de méthane des bovins.Source : INRAE
zoom
le saviez-vous
Graines de soja brutesettransforméesen tourteaux.
L. Jung, Terres InovIa
Protéines végétales
alim’agri 1571 février 2021 • 15
installée dans l'aveyron, Chantal Casal est à la tête d'une ferme laitière en
agriculture biologique, l'earl Harmonie. elle cultive un mélange de protéagineux
qu'elle associe au maïs pour l'alimentationde son troupeau : 38 vaches,
essentiellement des prim'holstein.
Nous sommes plusieurs agriculteurs, certains enconventionnel et d'autres en agriculture biolo-
gique, à nous être regroupés pour réfléchir et trouver en-semble des solutions pour produire nous-mêmes notreprotéine végétale, ne pas avoir à l’importer ou à l’acheterà des tarifs qui sont assez conséquents.Le bénéfice global que l’on peut en retirer ? C’est la sa-tisfaction d’être plus autonome, d’être moins dépendantde l’extérieur. Et d'être en phase avec ce que nous sommescapables de produire, ici, sur notre territoire.Pour l'alimentation de mon troupeau, j’étais sur un sys-tème classique d’ensilage de maïs et de ray grass-trèfle.Aujourd'hui, j'associe le maïs à un mélange de protéagi-neux que je cultive sur ma ferme. La chambre d‘agriculturenous a accompagnés pour définir ce mélange, à base de féveroles, de pois, de vesces et d'avoine grâce à un suivid'essais.L'intérêt est aussi agronomique. Les protéines végétalescaptent l’azote de l'air et de plus, leurs racines structurentle sol. On a ainsi une terre beaucoup plus aérée, alors quele ray grass que je plantais avant, a un tissu racinaire trèscompact qui est moins intéressant pour la vie du sol».
alimentation animale
La satisfaction d'être autonome
les protéinesvégétales captent
l’azote de l'air et leurs racines
structurent le sol
© vivien PiCoUleaU
16 • alim’agri 1571 février 2021
inteRvieW
Les légumineuses font partie desrecommandationsnutritionnelles.réintroduire les protéinesvégétales dansl'agriculture, c'est aussidonner plus de choix au consommateur pour équilibrer sonalimentation. Interviewde Sophie Nicklaus,directrice de recherche à INRAE* et directricescientifique du projetDijon, Alimentationdurable 2030.
En France, laconsommation de légumessecs (lentilles, haricots,fèves, pois chiche, etc.) a été divisée par 4 en 20 ans.Pourquoi préconiser laconsommation de protéinesvégétales ?
Les protéines végétales ont desbienfaits pour la santé que l’onne soupçonnait pas jusqu’à toutrécemment. La recherche a mon-tré qu'elles jouent un rôle qui vabien au-delà du simple renouvel-
L’élevaged’Antoinecompte 115 vachesPrim’Holstein qui produisent1450000 litres de lait à l’année :«nous avonsintégré desnoyaux deféverole cuits
incorporés dans un correcteur azoté produitpar le GIE SVP dans l’alimentation de nosvaches il y a un an et demi, en remplacementdu soja. Notre objectif était de produire sansOGM, avec des performances et unerentabilité, équivalentes pour notreexploitation. Nos vaches sont en pleine formeet produisent chacune 40 kg de lait par jour :le challenge est plus que relevé ! Nous sommestrès fiers de cette démarche, que nous avionsinitiée par conviction personnelle».
témoiGnaGe
afin d'organiser une filière structurée de protéines végétales, trois entreprisesbretonnes, eureden, Tromelin nutritionet valorex ont créé le gIe Service de valorisation des protéines (SVP). Tous les maillons de la chaîne enbénéficient : agriculteurs, éleveurs,industriels et consommateurs.Témoignage d'Antoine Boixière, éleveur laitier au GAEC du Tertre Goutteà Pleudihen-sur-Rance (Côtes d’Armor).
le challenge est plus que relevé!
Protéines végétales
alim’agri 1571 février 2021 • 17
Recommandées par le programmenational nutritionsantéLes légumineuses ont des qualitésnutritionnelles nécessaires pourune alimentation humaine saine et équilibrée selon le PNNS.
lement de nos muscles, en modu-lant de nombreuses voies méta-boliques et des régulationsnécessaires à notre santé. Santé Publique France préconisela consommation de légumi-neuses riches en fibres au moinsdeux fois par semaine. Il s’agit detrouver un équilibre entre les pro-téines animales qui représentent60 % des protéines consomméesen France et les protéines végé-tales, pour maintenir un bon ap-port nutritionnel.
Quelles sont les limites à la végétalisation de notre alimentation ?
On acquiert son répertoire ali-mentaire comme on apprend salangue maternelle. C’est par l’ex-position répétée à des alimentsvariés que l’on forme ses habi-tudes alimentaires, sans même yprêter attention. Il faut éduquerdès le plus jeune âge à l’introduc-tion d’aliments riches en pro-téines végétales. Cependant, ilexiste certaines limites car les
protéines végétales peuvent par-fois manquer de certains acidesaminés essentiels et de micronu-triments comme la vitamine B12ou encore le Fer. C’est pourquoiun équilibre avec les protéinesanimales est à rechercher, en par-ticulier dans certaines situationsphysiologiques qui peuvent fra-giliser (femme enceinte, per-sonnes âgées…).
* Sophie Nicklaus est responsable del’équipe «déterminants du comporte-ment alimentaire au cours de la vie, re-lations avec la santé» au Centre desscience du goût et de l’alimentation etdirectrice scientifique du projet Dijon,Alimentation durable 2030.
ConSommation
Plus de légumineuses dans l'assiette!
18 • alim’agri 1571 février 2021
agriCUltUre
Relocaliser les légumineuses
agriculteur en Mayenne,vincent seyeux a fondé la société agrologic, spécialiséedans la culture de protéinesvégétales. «Cultiver deslégumineuses permet d'êtredans un modèle agronomique,environnemental et sociétal le plus pertinent possible»,explique-t-il.
Précurseur dans son départe-ment, l’agriculteur plante sur ses200 hectares des légumineuses etdes céréales dîtes secondaires,comme le quinoa, le sarrasin ou lelin. «En�2010,�lors�de�ma�conversionen�agriculture�biologique,�je�me�suisvite�rendu�compte�que�pour�avoir�unerotation�idéale,�il�fallait�que�je�trouve
Protéines végétales
alim’agri 1571 février 2021 • 19
de�nouvelles�cultures,�c'est�ce�qui�m'aincité�à�commencer�à�faire�du�qui-noa,�avec�une�variété�adaptée�au�cli-mat�et�au�territoire », explique-t-il.
DES quALItÉSAgRoNoMIquESEn fixant l’azote, les légumi-neuses fertilisent naturellementles sols, ce qui permet de réduirele recours aux engrais chimiques.De plus, leur rotation permet derompre avec les cycles des bioa-gresseurs et donc de réduirel’usage des intrants. «On� est� ga-gnant�au�niveau�agronomique,�envi-ronnemental�et�économique.�Ce�quiest�important�pour�moi,�c’est�de�ré-pondre�à�la�demande�d’une�alimen-tation� plus� saine� et� locale,� avec� lemodèle� le� plus� pertinent� possible ».Aujourd'hui, on est à peu près surenviron 700 hectares de quinoavalorisés sur le site. Pour notredépartement, c'est un beau chal-lenge. Tout le monde y est vrai-ment gagnant. Au niveauagronomique, c'est très perfor-mant, et en terme de valeur éco-nomique c'est très rémunérateurpuisqu'aujourd'hui on achète duquinoa a environ 2 000 euros latonne. Comparé à d'autres cul-
tures, c'est un chiffre d'affairesimportant qui permet de bien vi-vre de son métier. »Avec ses 3 associés, VincentSeyeux a crée une unité de trans-formation. «Si�nous�voulions�déve-lopper�ces�nouvelles�cultures,�il�fallaitse� doter� de�moyens�de� séchage,� detriage�et�de�conditionnement�prochesdes�exploitations.�C’est�ce�qui�nous�adécidé� à� créer� Agro-Logic� et� au-jourd’hui,�c’est�un�des�premiers�sitesde� transformation� de� culture� bio,sans�gluten,�français », se félicite-il.
L'azote est un élémentessentiel pour lacroissance des plantes.Les légumineusescaptent l'azote de l'airet le fixent dans le sol.Cet azote est ensuiteutilisé par les cultures,ce qui permet àl'agriculteur d’utilisermoins d'engrais azotéschimiques.
zoom
Champs de lentilles.
20 • alim’agri 1571 février 2021
Pour de nombreux consommateurs, la crise sanitaire fut l'occasionde découvrir les circuits courts. Le ministère de l'Agriculture et del'Alimentation soutient ce rapprochement entre consommateurset agriculteurs à travers cinq initiatives : la plateforme Frais et local,les chartes Plus près de vous et de vos goûts signées avec la grandedistribution et les commerces de proximité, le développement de jardins partagés, l'équipement des cantines de 11000 petitescommunes pour encourager l'approvisionnement en produits fraiset locaux et la multiplication des projets alimentaires territoriaux.
FAvoRISER LES PRoDuItS FRAIS Et LoCAux
Produits frais & locaux
alim’agri 1571 février 2021 • 21
Avec des mesures d’hygiène renforcéeset un peu d’inventivité, les agriculteurset les points de vente de circuits courtsont continué d’approvisionner leursclients habituels durant le confinement.Les exemples de solidarité ont été nom-breux : dans le Maine-et-Loire, l’initia-tive Adopte�un�maraîcher, a permis auxagriculteurs d’établir des points de venteéphémères dans les salons de coiffure etles bars, pour continuer à vendre leursproductions en raison de la fermeturedes marchés. Les projets alimentairesterritoriaux (PAT) ont coordonné les ac-tions pour mettre en place des circuitsd’urgence, assurant ainsi l’approvision-nement de proximité et apportant uneaide alimentaire aux publics précaires. Pour de nombreux consommateurs cefut une prise de conscience : on peutfaire ses courses autrement, manger desaliments frais, de saison, produits loca-lement. C'est simple à mettre en œuvre,moins cher, bon pour la santé, positifpour l'environnement et l'économie deson territoire. Et de plus, c'est convi-vial : bien manger, c'est du lien social, etpas seulement à table !
avec la crise de la Covid-19,beaucoup de Français ont changé
leurs habitudes et découvert la vente directe ou de proximité.
tout acte deconsommation
peut être un actecitoyen pour soutenirles agriculteurs et les producteurs près de chez soi.»Julien Denormandie,
ministre de l’agriculture
et de l’alimentation.
78% des Français se disentfavorables à consommerdes produits 100% locaux
(+24% par rapport aupremier confinement ;27% en direct duproducteur (+7 points) et 73% ont davantageenvie de consommerresponsable.Étude Max Havelaar France,novembre 2020.
RePÈRes
circuits courts
Frais et localCette plateforme permet de trouver facilement autour de chez soi les agriculteurs qui vendent
en circuits courts ou de proximité.
Ouverte en janvier 2021, la plateforme Frais et localpropose aux consommateurs un point d'entréeunique pour chercher où acheter des produits encircuits courts. Plus de 12 000 exploitations etpoints de vente directe y sont recensés, en métropoleet dans les territoires d'Outre-mer, avec 13 plate-formes partenaires dont le réseau de l'enseigne-ment agricole (retrouvez sur fraisetlocal.fr la listedes partenaires). Tous les réseaux qui le souhai-tent peuvent rejoindre le mouvement via l'adressesuivante : [email protected] et local est issu d'un partenariat entre leministère de l'Agriculture et de l'Alimen-tation et les Chambres d'agriculture. Sonobjectif est double : faciliter la recherchede produits frais et locaux et renforcer lavisibilité des producteurs de proximitédes réseaux partenaires.
LaplateformeFrais et local
permet dechercher par zonegéographique oud'affiner la recherche :par produits (fruits etlégumes, viandes etpoissons, crémerie,boissons alcoolisées etjus, épicerie et autres) ; par types de point devente des producteurs(vente à la ferme, pointde retrait, magasin deproducteurs, marchéde producteurs, venteuniquement parInternet) ; par réseauxpartenaires.
22 • alim’agri 1571 février 2021
Produits frais & locaux
↘ fraisetlocal.fr
«Depuis�toujours�je�voulaisdevenir�agriculteur. Maispour rejoindre mon père
il fallait trouver un revenusupplémentaire », explique
Johan Colet. Après avoirtravaillé 5 ans dans le secteur
du droit et de la gestion agri-cole, il décide de se reconvertir dans
la découpe et la transformation deviande de porc afin d’apporter unevaleur ajoutée à l’élevage de sonpère.
alim’agri 1571 février 2021 • 23
Acheter dupoisson prèsde chez soi?Où acheter desproduits de la merfrançais ? La carte sur le site de PavillonFrance recense lespoissonneries et rayonsmarée ouverts. Les horaires et lescoordonnées descommerces sontindiqués pour organiserdes commandes par téléphone et par courriel. «Leconsommateur�peuttrouver�unepoissonnerie�ouverte�à�Strasbourg,�un�rayonmarée�fourni�encoquillages�et�crustacésdans�une�grande�surfaceà�Lille,�partout�enFrance,�afin�de�varierson�alimentation�etmaintenir�l’activité»,explique CarolineMorlot, directrice du pôle communicationde France Filière Pêche.
↘ pavillonfrance.fr/qui-sommes-nous/carte-interactive
TÉMOIGNAGE
En 2014, Johan Colets’associe avec son pèrePierre, éleveur de porc dansle Pays Basque. Ensemble, ilsdécident de faire évoluerl’exploitation et de vendre
leurs produits sur desplateforme de vente
directe. Un pari qui serévèle gagnant faceà la crise sanitaire.
Plus de 12000exploitations etpoints de ventedirecte enmétropole et dansles territoiresd'Outre-mer
À la Ferme les Acacias, jambons, pâtés, salaisons… Tout est vendu en circuits courts
© JOHAN COLET
24 • alim’agri 1571 février 2021
«Nous�avions�la�volonté�de�ne�plus�pas-ser�par�des�intermédiaires,�de�maîtrisertoute� la� chaîne�de�production,� du� soindes�porcs�jusqu’à�la�fabrication�des�char-cuteries,� afin� de� valoriser� notre�métierdirectement� auprès� du� consommateur.J’ai� alors� suivi� une� formation� à� l’écolenationale�des�industries�du�lait�et�de�laviande� à� Aurillac,� pour� apprendre� àconfectionner�des�charcuteries�fermièresselon�des�méthodes�artisanales,�notam-ment�avec�des�poudres�de�légumes�natu-rellement� riches� en� nitrates� pourremplacer� les� sels� nitrités », détaille Johan Colet.
SE FAIRE CoNNAîtRE DES CoNSoMMAtEuRSPour trouver des débouchés, JohanColet intègre dès le départ le réseauBienvenue à la ferme et participe àdes marchés de producteurs régio-naux ; sur le web, il crée son sitewww.fermelesacacias.fr et s’inscritsur plusieurs plateformes : La Ruchequi dit oui, Pourdebon et récemmentFrais et local.
«La�crise�de�la�Covid-19�a�accéléré�leschoses.�En�2018,�nous�transformions�600porcs�sur�les�1300�élevés�sur�l’exploita-tion.�Le�reste�était�vendu�à�la�coopéra-tive.�Grâce�à� l’engouement�des�circuitscourts,�on�transforme�aujourd’hui�tout�ceque�l’on�produit.�L’activité�a�été�multi-pliée�par�deux�depuis�mars�2020�et�per-met�de�faire�vivre�7�personnes », indiqueJohan Colet.
un élevage de qualité, uneexploitationcertifiée HveLes porcs marrons derace Duroc Danois sontélevés lentementpendant 9 à 10 mois, afin d’obtenir une viandepersillée de qualitésupérieure.«Ils sont nourris avec lemaïs et le blé produits surl’exploitation. Leur espacede vie est plus grand quedans un élevageconventionnel, ce quilimite les problèmes demaladie et l’utilisation des antibiotiques au strictnécessaire. Au fur et àmesure, on améliore nospratiques pour respectertoujours plus le bien-êtredes animaux etl’environnement : la construction d’unbâtiment pour élever une partie des porcs surde la paille, ou l’obtentionrécente de la certificationhaute valeurenvironnementale grâce à la réduction destraitements chimiquesdans nos cultures»,décrit Johan Colet.
zoom
Produits frais & locaux
Johan Colet vend sesproduits à la ferme,sur des salons et surla plateforme Fraiset local.
alim’agri 1571 février 2021 • 25
Fin 2020, la grande distribution,puis les commerces de proximitéont signé avec le ministère del’Agriculture et de l’Alimentationune charte d'engagement, Plusprès de vous et de vos goûts, afinde donner aux consommateursune information claire ettransparente, et garantir latraçabilité des étapes deproduction et de transformationdes denrées alimentaires. tout au long de l'année desévénements et rencontresseront organisés pour permettreaux agriculteurs d'expliquer leurproduit, d'où il vient, comment il est élaboré, transformé,comment est garantie latraçabilité.
Dans la grande distribution, la bannière : «Engagement,provenance et fraîcheur : plusprès de vous et de vos goûts»permettra de reconnaître lesproduits frais et les produitslocaux.
Ces deux chartes nationaless'inscrivent dans le mouvementde solidarité et de mobilisationdont ont fait preuve tous lesacteurs de la chaîne alimentairedepuis le début de la crisesanitaire, et dans leprolongement des Étatsgénéraux de l’alimentation.
CommerCeS alimentaireS
«plus près de vous et de vos goûts»
FédérationNationale desArtisans Pizza enCamion MagasinOrganisation des PoissonniersÉcaillers de FranceSaveursCommerceGroupementNational des Indépendants de l’HôtellerieRestaurationUnion desMétiers et des Industriesde l’HôtellerieConfédérationNationale de la TriperieFrançaise
granDeDistriBUtiOnAldi FranceAuchan Retail FranceCarrefourCasinoCoraSupermarchésMatchIntermarchéNettoLeclercLidlMonoprix & FranprixSysteme U
Lessignataires
COMMerCesDe PrOXiMitÉConfédérationGénérale de l’Alimentationen DétailConfédérationFrançaise de la Boucherie,Boucherie-Charcuterie,TraiteursFédération de la BoucherieHippophagiquede FranceConfédérationNationale de laBoulangerie et dela Boulangerie-PâtisserieFrançaiseSyndicatNational des BrasseursIndépendantsSyndicat des CavistesprofessionnelsConfédérationNationale des Charcutiers-Traiteurs et TraiteursConfédérationdes Chocolatierset Confiseurs de FranceÉpiciers de FranceFédération des Fromagers de FranceConfédérationNationale des Glaciers de FranceConfédérationNationale des ArtisansPâtissiers,Chocolatiers,Confiseurs,Glaciers,Traiteurs de France
À l'échelle d'un pays, quelle place faire aux circuits de proximité ?
Il ne serait pas raisonnable de penser que l'on peuts'alimenter exclusivement en local. Dans certainesrégions, comme la Drôme, on peut pratiquementmanger de tout. Mais les territoires ne sont pas touségaux en matière de ressources locales. Il ne faut pas
être extrême vis-à-vis du tout global ou du toutlocal. Actuellement, dans nos assiettes, ce
sont des origines lointaines qui do-minent. Il faut rééquilibrer, relo-
caliser ce qu'on peut, maissans forcer la nature.
Et à l'échelle d'un territoire ?On l'a vu pendant la crise du Covid-19 : la résiliencesuppose de la diversité. Il faut du circuit court et ducircuit long, du local et du non local. Ce rééquili-brage, il faut le maîtriser, mieux connaître l’originedes produits qu’on consomme, à la fois relocaliser etétablir des partenariats inter-territoires, en Francecomme à l’international, pour transformer les dépendances subies en partenariats choisis.
Quel impact sur la transition agroécologique ?
Les circuits courts et de proximité permettent latransition agroécologique et alimentaire : ils favori-sent le dialogue entre producteurs et consomma-teurs, la transparence de l'information. Les circuitscourts et de proximité entraînent souvent des pratiques plus vertueuses parce qu’ils permettentde mieux valoriser les bonnes pratiques, économi-quement comme socialement. Reconnaissance, valorisation économique et pédagogie : c'est cettesérie de mécanismes qui tire l'agriculture et l’ali-
mentation vers le haut, et cela impacte de fait lescircuits longs.
*Yuna Chiffoleau est directrice de rechercheen sociologie au département action,
transitions et territoires de l'Institutnational de recherche pour
l’agriculture, l’alimentationl’environnement (INRae).
26 • alim’agri 1571 février 2021
vente directe à la ferme,épiceries mobiles, points devente en réseau d'agriculteurs,les circuits de proximité se
développent de plus enplus. Interview de YunaChiffoleau, chercheuseà INRAE*, spécialiste descircuits courts depuis plusde vingt ans.
inteRvieW
territoireS
Relocaliser mais sans forcerla nature
Produits frais & locaux
alim’agri 1571 février 2021 • 27
Le marchépaysan et circuitcourt de grabelspermet par sonsystème devente directe ou avec un seul
intermédiaire, de garantir la fraîcheur et la qualité. tous lesexposants ont signé une charte que vouspouvez consulter sur le site de la ville. Ils s'engagent à indiquer clairement sur leur étalet par l'intermédiaire de leurs ardoises decouleurs, l'origine exacte de leurs produits :vert, leur propre production ; orange, laproduction d'un confrère ; violet, la productionvia une filière longue
adopter de bonnes pratiques alimentaires, commencepar «bien faire ses courses», en achetant des produits
de saison et si possible issus de l'agriculture locale et de pratiques respectueuses de l'environnement.
À grabels (Hérault), la création d'un marché de plein vent a permis aux habitants de se tourner
davantage vers les produits frais.
quand les élus ont créé un marché dit «de pleinvent» (marché en extérieur) à la fin de l'année 2008,l’objectif de départ était de renforcer le lien social,et en plus, de permettre aux habitants de cette cité-dortoir d'accéder plus facilement à des produits fraiset diversifiés, tout en rémunérant décemment lesproducteurs. Ce marché, cogéré par la collectivité,les exposants et les consommateurs, fait une largeplace aux produits locaux, avec un système d’éti-quetage simple, basé sur un code couleur, qui valo-rise les circuits de proximité : Ici.C.Local.Entre 2013 et 2015, INRAE a mené une étude socio-logique sur 35 témoignages pour mesurer l'impact
ConSommateUrS
Le plaisir d'aller au marché
28 • alim’agri 1571 février 2021
de la création de ce marché sur les habitudes alimentaires des clients : la fréquentation du marchéa permis aux clients d'adopter de nouvelles pra-tiques alimentaires. Peu ou pas sensibilisés à l’ali-mentation durable, ces personnes expliquent porterdorénavant une attention nouvelle à la saisonnalitédes produits, ne plus acheter de produits frais en su-permarché, ou encore limiter leur consommationde viande, en privilégiant la qualité.Le marché de Grabels se révèle être un lieud'échanges, de sociabilité mais aussi un lieu detransmission : sur les pratiques agricoles, la saison-nalité et la qualité des produits, et plus globalementla culture alimentaire. Cette éducation à l'alimenta-tion perdure au-delà du marché, puisque les clientsinitient ensuite leurs proches.
JarDinS PartagéS
Encouragerl'agricultureurbaineen remettant l’alimentation au cœurdes enjeux de notre société, la crisesanitaire a aussi suscité un élan de nos concitoyens vers un «retour à la terre». le plan de relance veutentretenir cette dynamique avec uneenveloppe de 30 millions € alloués au soutien de jardins partagés et collectifs.
…
Produits frais & locaux
alim’agri 1571 février 2021 • 29
Le dispositif « jardinspartagés» du plan FranceRelance a pour ambitiond’accompagner des projetslocaux à viséeenvironnementale et sociale,notamment dans les quartiersprioritaires et zones derenouvellement urbain. Doté de 17 millions d’euros, cedispositif permet de financer
des investissements matérielset immatériels ainsi que desprestations de formation-animation sur l'ensemble du territoire hexagonal etultramarin.En parallèle, le gouvernementrenforce son soutien auxprojets d’agriculture urbainedans les quartiers enrenouvellement urbain.
C’est tout le sens del’opération «quartiersFertiles», pilotée par l'Agencenationale de la rénovationurbaine (Anru) et dotée de 13 millions d'euros du plan de relance, dont les premierslauréats ont été dévoilés le 7 décembre dernier.
l’agriculture urbaine replace la nature dans les villes et remplit une fonction pédagogiquetrès importante, notamment auprès des enfants.elle tisse un lien social très fort en changeantconcrètement et durablement la vie des habitants des quartiers concernés»Julien Denormandie, ministre de l’agriculture et de l’alimentation.
Jean-Pierre Poulain, sociologue de l’alimentation à l’Institut supérieur du tourisme et de l'alimentation (IStHIA)
Les�collectivités�territoriales�sontlargement�impliquées�dans�lagestion�des�restaurants�scolaires.
Les�communes�sont�en�charge�des�écoles,les�départements�des�collèges�et�les�régionsdes�lycées.�À�travers�l’élaboration�des�repas,�elles�peuvent�appuyer�ledéveloppement�de�pratiques�agricolesvertueuses�comme�le�développement�dubio,�du�local�ou�des�produits�labellisés�pardes�signes�de�qualité�et�d’origine�commeles�AOC,�AOP�et�Label�rouge.�Le�Conseilnational�de�l'alimentation�(CNA)�dans�sonavis�n°77�précise�que�la�restaurationscolaire�est�un�lieu�privilégié�pourapprendre�à�territorialiser�les�productionsagricoles.»
30 • alim’agri 1571 février 2021
Le plan de relance prévoit une aide aux cantines scolaires des petites communespour leur permettre de s'équiper et de former leur personnel, et de proposer
des repas composés de produits locaux, durables et de qualité, dont des produitsissus de l'agriculture biologique.
CirCUitS De Proximité
Équiper les cantinesscolaires
témoiGnaGe
Produits frais & locaux
alim’agri 1571 février 2021 • 31
Avec au moins 140 repas consom-més par élève chaque année,le restaurant scolaire est un lieuessentiel de l’éducation alimen-taire : découverte d'aliments, denouveaux goûts, l’apprentissagede l’équilibre alimentaire et desgestes antigaspillage.Pour utiliser des produits frais etlocaux, la plupart des cantines ontbesoin de s'équiper en espaces destockage de fruits et légumes fraisbruts, de légumeries pour trans-former les légumes, et de matérielsperformants pour l'épluchage, lescomposteurs, etc. Les collectivi-tés territoriales sont au cœur dudispositif des cantines scolaires
et l'investissement initial peuts'avérer important. C'est pour-quoi, dans le cadre du plan de re-lance et afin d'atteindre lesobjectifs de la loi EGalim, l’Étatva apporter une aide à près de11000 communes pour s'équiperet former leur personnel afind'être en mesure de proposer desrepas composés de produits sains,sûrs et durables, et si possible locaux.Cette mesure incitera les cantinesscolaires à mettre en place descircuits d'approvisionnement enproduits locaux de qualité qui bénéficieront aux enfants et àl'activité des agriculteurs de leurterritoire.
zoom
la loi eGalimLa loi agriculture etalimentation, prévoit denombreuses dispositionspour la restaurationcollective. La plusemblématique concerne la restauration collectivepublique qui, à partir du 1er janvier 2022, devraproposer dans ses menus50% de produits soussignes officiels d'origine et de la qualité (SIqo) ou issus de l'agriculturebiologique oud'exploitations certifiéeshaute valeurenvironnementale (HvE).Cet objectif a étéréaffirmé par laConvention citoyennepour le climat.
Îlot des entrées delégumes produits
localement à la cantinede l'Agrocampus Ouest
de Rennes.
La cantine du collègeGermaine Tillon à LaMézière (Îlle-et-Vilaine)propose dans son menu des aliments issus del'agriculture biologique
32 • alim’agri 1571 février 2021
reStaUration ColleCtive
La force du modèlealimentaire français
Dans les années1970, quand ont
été créés lespremiers
restaurantscollectifs
d’entreprises, laculture alimentaire
française a étédéterminante.Explications de Jean-Pierre
Poulain,sociologue del’alimentation à
l’Institut supérieurdu tourisme et del'alimentation
(ISTHIA).
« C’est�au�moment�du�développement�du�quartierdes�affaires�de�la�Défense�(Paris),�où�travaillent�des
milliers�de�personnes,�que�s’est�posée�la�question�durepas�du�midi�dans�ce�quartier�excentré�et�récent,�sansoffre� alimentaire.� Comment� faire� pour� que� les� genspuissent�manger�sur�place�sans�être�obligés�de�ramenerleur�repas ?�La�restauration�collective�permet�aux�sala-riés�de�manger�près�de�leur�lieu�de�travail,�à�une�heurehabituelle,�sans�perte�de�temps,�à�un�prix�raisonnable�età�plusieurs.�Le�temps�de�repas�est�un�lieu�de�convivialitéoù� chacun� s’exprime.� C’est� un� moment� importantd’échanges,�un�lieu�de�commensalité�qui�structure�la�vieen�société ».�
LE RôLE SoCIAL DE LA CANtINEPrès de 7,3 milliards(1) de repas sont servis chaqueannée en restauration collective. Les repas pris à lacantine sont à un prix inférieur au coût réel de pro-duction. Le convive paye une part qui se situe gé-néralement autour de 5 euros, le reste est pris encharge par les employeurs ou les collectivités. Par ailleurs, des textes réglementaires(2) veillent àl’équilibre nutritionnel des repas sur une journée,sur une semaine, et même sur le mois, notammenten restauration scolaire. Cette culture alimentaire respectée dans tous lescadres de vie (scolaire, travail, médico-social, milieucarcéral), peut expliquer la progression plus lente del’obésité en France que dans d’autres pays.
(1) Source : Syndicat national de la restauration collective(SNRC). (2) Paquet hygiène, Programme national de l'ali-mentation et de la nutrition (PNaN), Groupement d’étudedes marchés en restauration collective et de nutrition(GeMRCN).
Produits frais & locaux
alim’agri 1571 février 2021 • 33
Fédérer les différents acteurs d'un territoire autour de la question de l'alimentation,relocaliser la production alimentaire tout en soutenant l'installation d'agriculteurs… Les projets alimentaires territoriaux (PAt), labellisés par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, tiennent compte des dimensions sociales, environnementales,économiques et de santé liées à la production et la consommation de nourriture. Les premiers PAt ont été constitués à partir de 2014 dans la cadre du programme
national de l'alimentation. Début 2021, la France compte 200 PAt.
Le volet agricole du plan de relance prévoit une enveloppe de 80 millions pour soutenir les PAt, dont 3 millions d’euros exclusivement dédiés à la création
de nouveaux projets, avec un objectif précis : que chaque départementsoit équipé d'au moins au moins un projet alimentaire territorial.
Projetalimentaireterritorial
Agriculteurset producteurs
Groupement de producteurs,
groupement d’intérêt économique
et environnemental (GIEE), coopératives
Industriesagroalimentaires
Acteursde l’économie
socialeet solidaireAssociations
de consommateurs, de producteurs, coopératives…
Entreprises et coopératives de
distribution et de commercialisation
Plateformes d’approvisionnement,
supermarchés, gestionnaires de la
restauration collective, légumeries…
Organisme de développement et de rechercheCentres d’initiatives
pour valoriser l’agriculture et le
milieu rural (CIVAM), Chambres
d’agriculture, instituts de recherche…
Collectivités territoriales,
services de l’État, financeurs (banques)
Un PAT est un ensemble d’initiativeslocales qui se coordonnent dans une
stratégie globale à l’échelle du territoire.Re-territorialiser l’alimentation, structurer
l’économie agroalimentaire locale etrapprocher les différents acteurs de lachaîne alimentaire sont ses objectifs.
ProJetS alimentaireS territoriaUx
L'alimentation, un enjeucollectif
34 • alim’agri 1571 février 2021
Améliorer le taux d’auto-approvisionnement du territoire,développer une agriculturerémunératrice pour l’agriculteuret respectueuse del’environnement, proposer unealimentation de qualité et deproximité, accessible à tous…c’est autour de ces objectifs quele Grand Clermont et le Parcnaturel régional Livradois-Forezont élaboré un projetalimentaire territorial (PAT). Leprojet a aussi permis detravailler sur le lien entre lesdifférentes parties du territoire,notamment entre les zonesurbaines et rurales.La construction du PAT s’estappuyée sur la réalisation d’undiagnostic de territoire maiségalement sur deux scénariosprospectifs qui ont permis dedéterminer les besoins actuels et futurs du territoire en termesde consommation, en tenantcompte des évolutionsdémographiques, agricoles, de régime alimentaire… Des actions sont déjà en coursde réalisation, d’autres sont
granD Clermont et livraDoiS-forez
Déterminer les besoinsactuels et futurs
prêtes à démarrer, certaines sont encore à initier.«La�question�de�l'alimentation�estun�enjeu�majeur�qui�va�devenir�unequestion�éminemment�politique.Elle�touche�à�notre�santé�et�donc�à�notre�qualité�de�vie,�mais�aussi�à�l'aménagement�du�territoire »,précise Jean-Pierre Buche,agriculteur, maire de Pérignat-ès-Allier et vice-président duGrand Clermont en charge du PAT.
deux scénarios prospectifs ont permis de déterminer les besoins
actuels et futurs du territoire en termes de consommation, en tenantcompte des évolutions démographiques,agricoles, de régime alimentaire…
Délimitations duPays du Grand
Clermont (orange) etdu Parc Livradois-Forez (vert) dans lePuy-de-Dôme (63).
Ce territoire de4300 km2 compte
511000 habitants sur268 communes.
Produits frais & locaux
alim’agri 1571 février 2021 • 35
la réUnion
Redonner sa place à l'agriculture mafataise
Porté par le Parc national de La Réunion, le PAt Plantépour manzé de Mafate veutredynamiser un territoire oùl’agriculture a été peu à peuabandonnée. Mafate fait partiedes «Pitons, cirques etremparts », inscrits aupatrimoine mondial de l'Unesco.Ici pas d’hôtels, pas de routes,mais 140 km de sentiersescarpés et des gîtes qui font lebonheur des randonneurs. «Le�cirque�de�Mafate�est�constituéde�plusieurs�îlets�séparés�par�degrandes�failles�et�accessibles�par�4�ou�5�heures�de�marche.Historiquement,�c’est�un�lieu�dontles�habitants�ont�toujours�dûs’adapter�du�fait�de�l’isolement�et
de�la�difficulté�d’accès », expliqueJean-Philippe Delorme, ledirecteur du Parc national.Jusqu’au début des années 80,Mafate était un espace trèsautonome dans sa productionagricole, qui avait su organiserune agriculture très inventive,mais avec la demandetouristique, une partie de lapopulation a basculé surl’économie touristique,abandonnant l’agriculture.Le PAT part du constat de lamauvaise alimentation desMafatais qui se nourrissentessentiellement de produits de basse qualité, comme parexemple les poulets importés.«L’alimentation�locale�est�devenue
très�normée�et�n’a�rien�à�voir�avecle�lieu.�Il�faut�réancrer�l’offrealimentaire�dans�le�territoire »,explique Jean-Philippe Delorme.Des études ont été menées afinde connaître le potentielagricole, d’identifier lesréservoirs en terme de semence,de retrouver le parcourstechnique à mettre en place,notamment pour les culturesdites oubliées. «Avec�ce�PAT,nous�travaillons�la�reconquête�defriches�agricoles,�la�redynamisationde�la�culture�vivrière,�les�circuitscourts.�Il�y�a�une�agriculturemafataise�à�réinventer�enrevalorisant�une�tradition�culinaireet�un�savoir-faire�perdu», soulignele directeur du Parc national.
le projetalimentaire
territorial a pour ambition de redynamiser un territoire où l'agriculture a été peu à peuabandonnée.
36 • alim’agri 1571 février 2021
Comment se nourrir avec des produits locaux et durablesavec très peu de revenus ?Les circuits courts sont-ilsaccessibles à tous les porte-monnaie ? Depuis 2016, Terresde�Lorraine, un territoire dequatre communautés decommunes, déploie denombreuses initiatives pourpermettre aux personnesdémunies de se réapproprierleur alimentation.Une fois par mois, près de 70 adhérents commandent leurspaniers, selon leurs besoinsmais aussi selon leuréquipement en électroménager.«Nous�collaborons�avec�sixagriculteurs�locaux�qui�produisentdes�fruits�et�légumes.�Ils�ont�trouvéun�juste�équilibre�pour�proposer�desprix�bas,�tout�en�maintenant�leurstabilité�économique», expliquePeggy Dangelser, chargée de mission Leader à Terres de Lorraine. D’autres actions sont initiées,comme les jardins nourriciers.
terreS De lorraine
Se réapproprierson alimentation
«Ce�projet,�pour�l'instant�au�stadeexpérimental,�est�mené�depuis�unan�auprès�de�neuf�foyers�de�Moselleet�Madon.�Les�adhérents�cultivent2000�m2 de�jardins,�implantés�surdes�jardins�ouvriers�grâce�à�dessemences�et�des�plans�donnés�pardes�producteurs�locaux.�Grâce�à�l'entraide,�au�partage�de�savoir-faire�en�maraîchage,�ces�foyers�ontpu�récolter�les�fruits�de�leurtravail ». Ces projets associentles producteurs du territoire, les chambres d'agriculture, des associations et lescollectivités locales.
il est possibleaujourd'hui de composer un menu complet à partir desproductionsagricoles du territoire.
Produits frais & locaux
alim’agri 1571 février 2021 • 37
Avec 5000 exploitations et 145000 hectares de terresagricoles, le PAT des Bouches-du-Rhône est le plus importantde France en termes desuperficie, d’enjeux et depopulation. Depuis deux ans, la Métropole Aix-Marseille-Provence et le Pays d’Arles ontacquis une bonne connaissancedes habitants et des acteursengagés dans l'agriculture etl’alimentation, et des enjeuxalimentaires du territoire. Cetteexpérience du terrain a permisdès le début du confinement de mettre en place l’opérationPaniers�solidaires : des mesuresd’urgence pour les familles lesplus démunies. « Il�fallait�s’assurerque�les�familles�puissent�continuerà�se�nourrir,�nombre�d’entre�elles�sesont�retrouvées�sans�revenus.�Nousavons�acheté�des�légumes�et�desfruits�aux�agriculteurs�mais�aussi�à�des�grossistes�et�des�plateformesspécialisées�dans�la�restaurationcollective,�qui�elles-mêmes�ont�puainsi�maintenir�des�dizainesd’emplois�et�éviter�le�recours�
au�chômage�partiel », explique le service alimentation durable,économie agricole etinnovations de la Métropole.La Métropole Aix-Marseille-Provence a acheté 20 tonnes defruits et légumes frais qui ontété distribuées par la BanqueAlimentaire des Bouches-du-Rhône. 120000 personnes de laMétropole ont bénéficié de cespaniers solidaires, représentant45 tonnes de fruits et légumesdistribuées chaque semainedurant un mois. «Chaquesemaine,�lorsque�nous�arrivions,nous�étions�très�attendus.�Cespaniers�ont�permis�à�des�personnesdémunies�de�manger�des�produitsfrais », témoigne André Bruna,maraîcher à Eyguières (Bouches-du-Rhône).Suite à la fermeture desrestaurants, des cantines, et desfrontières, le PAT a proposé denouveaux débouchés auxagriculteurs. Fraises, asperges…Près de 90% des produits du territoire sont destinés à l’export !
BoUCHeS-DU-rHône
Des paniers solidairesdistribués à 120000 personnes
quels sont les enjeux d'un Pat ?un PAt donne un cadrestratégique et opérationnel à des actions répondant à plusieurs enjeux : un enjeuéconomique — structurer etconsolider les filières dans lesterritoires, rapprocher l’offre et la demande, maintenir de lavaleur ajoutée sur le territoire,contribuer à l’installationd’agriculteurs et à lapréservation des espacesagricoles ; un enjeuenvironnemental — développerla consommation de produitslocaux et de qualité, valoriser les démarches agroécologiques,comme l'agriculture biologique,la préservation de l’eau et despaysages, la lutte contre legaspillage alimentaire ; un enjeusocial — accessibilité de tous à une alimentation de qualité,l'éducation alimentaire, la création de liens, le donalimentaire, la valorisation du patrimoine.
RePÈRes
unegrandecampagne decommunication sur lesmétiers de l’agriculture,de l’agroalimentaire, du paysage, de la forêt,de l’aquaculture et de la pêche seralancée au printemps 2021dans le cadre du plan de relance.
Le plan de relanceprévoit 10 millions € pour le «bon diagnosticcarbone» à destinationdes agriculteurs installésdepuis moins de cinq ans.
38 • alim’agri 1571 février 2021
inStallation
L'agriculture, un projet de territoire La France est un grand pays agricole dontl'extraordinaire diversité d'activités liées à l'agriculture est trop peu connue. alors que 50%des chefs d'exploitation partiront en retraite dans les 10 prochaines années, le renouvellementdes générations et l’installation de nouveauxagriculteurs devient un enjeu capital.
La nouvelle génération sera le fer-de-lance de l'agriculture et de l'alimentation de demain. C'estelle qui garantira la souveraineté alimentaire dansnotre pays et permettra de réussir la transitionagroécologique.Dans cet objectif, le plan de relance prévoit des outilsinnovants comme le «bon diagnostic carbone» : lesannées suivant l’installation sont clés pour détermi-ner le type de pratiques qui seront durablementmises en œuvre sur l’exploitation. Les agriculteursinstallés depuis moins de cinq ans pourront être accompagnés pour réaliser un diagnostic carbone,assorti d'un plan d'actions. Cette mesure du plan derelance renforce l'accompagnement des jeunes agri-culteurs dans la transition agroécologique.
Focus
Produits frais & locaux
alim’agri 1571 février 2021 • 39
La communauté de communes du val-de-Drôme a acheté des terres afin de permettre l'installation de quatre agriculteurs. Cette action s'inscrit dans
un projet associant plusieurs collectivités : avoir 50%d’exploitations certifiées agriculture biologique
à l’horizon 2040 afin de constituer une «Biovallée» au cœur de la Drôme.
raCHat De terreS
Créer une vallée bio
Agri-court, la plateforme dépar-tementale d’approvisionnementde la restauration collective, permet de faire rayonner le travailde ces agriculteurs à l’échelle du territoire.Le rachat des terres et des bâti-ments a coûté 450000 euros dont200 000 euros financés via lefonds FEADER dans le cadre dela Politique agricole commune.« Installer�de�nouveaux�agriculteurss’intègre�complètement�dans�les�ob-jectifs�de� la�Biovallée :�donner�auxhabitants�une�qualité�de�vie�grâce�àune�agriculture�de�qualité�à�l’échellede�la�Drôme», précise Jean Serret.
«Sur notre territoire, nous avons lavolonté de développer des petitesproductions à forte valeur ajoutéequi� garantissent� un� revenu� décentaux�agriculteurs.�En�rachetant�cetteexploitation�de�8�hectares,�que�nouslouons�aux�agriculteurs�dans�le�cadred’un� “ bail� environnemental ”� nouspermettons� l’installation� d’un�ma-raîcher,�de�deux�éleveuses�ovines�etd’une�productrice�de�plantes�à�par-fums,�aromatiques�et�médicinales »,explique Jean Serret, président dela Communauté de commune duVal-de-Drôme. Toute la produc-tion est vendue localement. Leshabitants peuvent se fournir enproduits alimentaires — légumes,yaourts, fromages — mais aussien huiles essentielles, eaux flo-rales et cosmétiques transforméssur place. Un partenariat avec
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«L’agriculture, c’est une longuehistoire familiale. Nous�sommesdans�l’élevage�laitier�depuis�plus�de�trois�générations.�Le�troupeau�se�compose�de�80�vaches�laitièresPrim’Holsteins�et�Brunes�des�Alpes.Ce�que�j'aime�dans�mon�métier ?La�liberté.�J’ai�un�cadre�et�unequalité�de�vie�incroyables.�Bien�sûr,il�y�a�le�côté�astreinte�de�la�traite,mais�cela�s’équilibre�bien.�J’ai�cettechance�de�pouvoir�choisir�mon
après une première vieprofessionnelle en centreéquestre, Tiphaine Chataldécide en 2014 dereprendre et d'agrandir la ferme familiale.
JeUne agriCUltriCe
«j'ai la liberté, un cadre et unequalité de vieincroyables»
témoiGnaGe
rythme�de�vie.�Être�agriculteur,c’est�un�très�beau�métier�qui�necesse�d’évoluer.�Il�faut�toujourscontinuer�à�se�former�et�veiller�à�nepas�s’isoler�sur�son�exploitation.Mon�conjoint�m’a�rejointe�et,�auprintemps�2019,�nous�avons�créénotre�ferme�pédagogique.�Il�y�a�une�vraie�diversité�des�publics :�des�groupes�scolaires,�des�personnesâgées�en�EHPAD,�des�personnes�ensituation�de�handicap,�des�familles,des�centres�de�loisirs.�Ils�assistent�à�la�traite,�découvrent�la�ferme,�les�animaux,�le�quotidien. »
Produits frais & locaux
alim’agri 1571 février 2021 • 41
La crise sanitaire a aussi mis en exergue la difficultépour certaines personnes d'avoir accès, pour desraisons financières, mais aussi physiques (éloigne-ment, non accès au numérique) à une alimentationlocale et de qualité. Les initiatives portées par desassociations, des entreprises, des acteurs de l'éco-nomie sociale et solidaire, y compris des start-up,foisonnent pour rendre l'alimentation locale et dequalité accessible à tous. Une enveloppe de 30 mil-lions d’euros est mobilisée afin de soutenir les pro-jets destinés à accroître l'accès des personnes lesplus modestes, les plus isolées à une alimentationlocale, saine, durable et de qualité. Par exemple,constituer et distribuer des paniers d’alimentation,créer des magasins de producteurs dans des zonesisolées, organiser des marchés solidaires etc.L’accès à une alimentation saine et durable est unepriorité : il s’agit autant d’une question de justicesociale que de santé publique.
afin de favoriserl’accès despopulations isoléesou modestesaux produits fraiset de qualité, le plan de relanceprévoit uneenveloppe de 30 millions d'eurospour une opération«paniers fraîcheur».
éConomie SoCiale et SoliDaire
Donner accès à tousà une alimentationde qualité
42 • alim’agri 1571 février 2021
L'agriculture française est déjà fortement engagée dans l'agroécologie : agriculture biologique, certification
environnementale, réduction des phytosanitaires, agroforesterie…Les agriculteurs modifient leurs pratiques dans le respect des
écosystèmes et des ressources naturelles. Pour les aider dans cettepériode de transition, qui nécessite toujours du temps et parfois
des investissements dans un équipement adapté,le plan de relance prévoit de nombreux dispositifs
pour un montant de 546 millions d'euros.Accélérer la transition écologique, c'est garantir la souveraineté
alimentaire des prochaines générations.
DEvENIR LEADEREuRoPÉEN
DE LA tRANSItIoNÉCoLogIquE
transition écologique
alim’agri 1571 février 2021 • 43
de génération en génération,les agriculteurs ont su
se réinventer pour proposer des outils de précision qui sont une vraie alternative aux phytosanitaires.»Julien Denormandie,
ministre de l’agriculture
et de l’alimentation.
agroéCologie
L'agroéquipement est une priorité
aléas climatiques, économiques ou sanitaires, les agriculteurs doivent produire dans un contexte incertain
et prendre en compte la demande des citoyens pour uneagriculture plus respectueuse des ressources naturelles,
et notamment moins consommatrice de produitsphytopharmaceutiques.
l'évolution des pratiques repose en partie sur la diffusiond'équipements innovants. le plan de relance prévoit une
prime à la conversion des matériels anciens et peuperformants afin d'accélérer la transition agroécologique
de l’agriculture française.
Julien Denormandie visitel'entreprise Carré, spécialiste
du travail du sol et leader du désherbage mécanique.
CAPTEURS ROBOTS
APPLICATIONMÉTIER
TRACTEURSCONNECTÉS
DRONES
DATA
STATIONMÉTÉO
44 • alim’agri 1571 février 2021
Accélérer la modernisation des équipements et ledéveloppement de technologies permettant unusage plus raisonné voire l’abandon des produitsphytosanitaires est une priorité pour le Gouverne-ment. Pour faciliter cette évolution des systèmes deproduction, les agriculteurs peuvent bénéficier d'uneaide pour renouveler leurs outils ou acquérir de nou-veaux équipements.Les agriculteurs doivent par ailleurs gagner en rési-lience face aux aléas climatiques dont l’intensité etla fréquence augmentent. Au-delà de l’adaptation deleur stratégie d’entreprise, les agriculteurs doiventinvestir dans des dispositifs de protection, en parti-culier dans les filières arboricoles et viticoles où lecoût important du capital constitué par l’outil deproduction rend les offres assurantielles particuliè-rement onéreuses. Le plan de relance permet d’ac-célérer fortement l’effort d’investissement dans cedomaine, qui est notamment freiné par le coût de ceséquipements qui peut s’avérer élevé à l’hectare. Lesinvestissements dans les technologies vertes au seindes secteurs de l’agroalimentaire sont égalementsoutenus.
Focus
Le plan de relanceconsacre 135 millions €de prime à la conversiondes agroéquipementset 15 millions € pour unprogrammed’accélération de la R&Dpour les entreprisesd’agroéquipements et de biocontrôle.
Le plan de relance accompagne les concepteurs etfabricants de matériels : un accélérateur pour les en-treprises d'agroéquipement et de biocontrôle seramis en place, ainsi qu'un programme d'accélérationde la R&D.Tous types de levier seront mobilisés : outils dediagnostic et d'aide à la décision, génétique, bio-contrôle, agronomie, écologie du paysage, etc.
transition écologique
alim’agri 1571 février 2021 • 45
roBot DéSHerBeUr
«Je ne reviendrai pas en arrière»Depuis sa création en 1970, la ferme de Lanès(Landes) s'est développée au fil des générationset des évolutions de la société. arrivé surl'exploitation familiale en 2004, Marc Larrieu a mis en place la vente à la ferme, puis crééune activité de maraîchage en agriculturebiologique. En 2020, nouvelleétape dans l'histoire de laferme : l'arrivée d'un robotdésherbeur pour la saisonde maraîchage.
témoiGnaGe
Pourquoi investir dans un robot désherbeur ?
Le désherbage est une tâche essentielle, récurrente, mais phy-siquement très pénible. La terreest basse ! Autant confier ce typede travaux à un robot. On a ainsipu diminuer de 40 % le désher-bage manuel. Ce robot est en gui-dage RTK avec une précision de 2à 3 cm. Pour moi, le retour d'ex-périence est très bon.
En quoi le robot modifie l'activité de votre exploitation ?
La robotisation permet de ventilerdifféremment la main d'œuvresur l'exploitation. Les personnespeuvent se consacrer à d'autrestâches, comme la récolte. Noussommes 3 à travailler sur 4 hectaresde maraîchage. Sans le robot, ilfaudrait 1 à 2 personnes de plusselon les activités.
«Ce�robot�désherbeurpeut�travailler�8�h�en�autonomie�complète,sans�qu’on�aille�le�relancer,�c’est�trèspratique. »
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L'agriculture est le 2e marché mondial de la robotique de serviceprofessionnel. Pulvérisateurs performants, robots, équipementsalternatifs permettent de réduire la pénibilité du travail et de maintenir ses rendements en préservant l'environnement.
le saviez-vous
Et dans le travail de maraîchage ?
Notre système de maraîchage a complètement changé. Ons’adapte au robot et pas l’inverse.Par exemple, on est passé sur desinter-rangs plus larges, 90 centi-mètres au lieu de 60, afin de per-mettre au robot de passerfacilement entre les rangs sansabîmer certaines cultures, commeles choux qui ont de grandesfeuilles. Pour garder les mêmesrendements, on a augmenté notresurface cultivée.
Recommanderiez-vous à des maraîchers d'utiliserun robot désherbeur ?
Le choix est toujours difficile,c'est un investissement, et la pre-mière année est compliquée. Ilfaut s’adapter, c’est toute une pra-tique qui change, mais au-jourd’hui, je ne reviendrai pas enarrière. Nous sommes dans unedynamique d’augmentation desurfaces, on fera certainementl’acquisition d’un nouveau robot,peut-être d'une nouvelle généra-tion plus performante.
Le robot désherbeur Oz, conçu par l'entreprise Naïo, reproduit le binage, c'est à dire le désherbagemécanique, qui évite d'utiliser un désherbant chimique. De plus, sa légèreté permet un travail du sol en douceur, pour une terre aérée et moinscompacte.
transition écologique
alim’agri 1571 février 2021 • 47
Comment envisagez-vousl'avenir de la robotiqueagricole ?
Naïo est une société jeune et dynamique qui veut faire évoluerles choses. On échange réguliè-rement, on donne notre retourterrain pour faire évoluer le robot,et plus largement notre travail.Des tests sont faits avec des se-moirs, des planteuses. Des outilsvont arriver pour faciliter encoreplus le travail du maraîcher.
48 • alim’agri 1571 février 2021
des agriculteurs utilisent internet pour leur activité.
79%
Digifermes testent et évaluent les outils
connectés et accueillent près
de 30 000 agriculteurs et conseillers.
13start-up de l'AgTech
et FoodTech sont recensées en 2019.
630millions d'euros
sont investis dans les start-up de
l'agriculture en 2018, soit plus de 700
millions en 5 ans.
90chercheurs en
robotique travaillent en France.
1 300
des agriculteurs utilisent un navigateur GPS sur leur tracteur
pour améliorer la précision
de ses travaux.
hectares de cultures sont observés
par satellite pour économiser
des engrais chimiques dans le cadre du projet
Farmstar.
46%des producteurs de
lait français s'installent avec un robot de traite dans leur exploitation.
8000robots de traite sont en activité
dans les élevages.
50%800000
l’agriculture, un secteur à la pointe de la technologie
RePÈRes
Source : ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
transition écologique
alim’agri 1571 février 2021 • 49
SoUveraineté teCHnologiqUe
L'enjeuAgDataHubDes milliers de donnéesnumériques sont produitesquotidiennement dansl’agriculture par les outilsconnectés (tracteur, stationmétéo), les scientifiques (Inrae,Ctifl, Acta) et les opérateurséconomiques (constructeurs,agroéquipement, agrofourniture,organismes stockeurs,industries agroalimentaires,grande distribution). Garantiraux agriculteurs l’usage maîtriséde leurs données est un enjeuessentiel. «Le�monde�agricole�doits’organiser�pour�rendre�accessibleses�données,�mais�pas�à�n’importequelles�conditions !�Il�faut�luigarantir�l’usage�maîtrisé�de�sesdonnées,�pour�qu'il�puisse�valoriser
Le secteur de l'agroéquipementemploie 100000 salariés(constructeurs, distributeurs,utilisateurs…). Les métiersévoluent vite, filles et garçonspeuvent y faire carrière quel quesoit leur niveau de qualification :CAP, bac pro, BtS, BtSA,certificat de qualificationprofessionnelle, licenceprofessionnelle ou diplôme
son�travail�auprès�desconsommateurs�et�avoir�accèsdemain�à�une�innovation�riche�et�diversifiée.�C’est�tout�l’enjeu�du�projet�AgDataHub», expliqueSébastien Picardat, directeurgénéral d’API-AGRO SAS. La plateforme AgDataHub permetaux acteurs de l’innovationd’accéder à l’ensemble desdonnées dans un cadre sécurisépour développer des outilsnumériques (applicationsmobiles pour réduire lesproduits phytosanitaires,systèmes de traçabilitéblockchain, etc.). La plateformeest financée par la Banquepublique d’investissement et la Caisse des dépôts.
lesagroéquipements
ont effectivementl’avantage de balayer un large éventail demétiers, qu’ils soient enlien avec la techniqueou le commerce, voire laconception de machinesagricoles. nous avonsdonc des étudiantsmotivés par lesnombreuses offresd’emploi et opportunitésde carrières offertes en fin de formation».Alexandre Burkhalter,enseignant en BtSA génie deséquipements agricoles au lycéeagricole de vesoul Agrocampus(Haute-Saône)
l'agroéquipement,un secteur qui recrute
d'ingénieur. Les lycées agricolesproposent des formationssecondaires et/ou supérieurespour les métiers del'agroéquipement.
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Depuis 1950, près de 70% des haies ont disparu desbocages français, alors qu'elles ont un rôle très bénéfique sur l'écosystème naturel : les haies enbordure de champs abritent toute une faune — pollinisateurs, prédateurs de ravageurs — qui jouentun rôle d'auxiliaires de cultures et permettent de limi-ter le recours aux produits phytopharmaceutiques. De plus, les haies et les arbres évitent la dégradationdes sols, améliorent la qualité et l’infiltration de
l’eau dans le sol, et sont très appréciées des trou-peaux. Le plan de relance prévoit un financementpour les agriculteurs qui souhaitent favoriser la bio-diversité autour et à l'intérieur de leurs cultures enreconstituant des haies bocagères ou en implantantdes alignements d'arbres, comme par exemple dansl'agroforesterie intraparcellaire. Objectif : planter7000 km de haies d'alignements d'arbres intrapar-cellaires sur la période 2021-2022.
Le plan de relance consacre 50 millions €pour un objectif de plantation de 7000 km de haies et la gestion durable de 90000 km de haiesexistantes.
Focus
BioDiverSité
Plantons des haies,plantons des arbres !
transition écologique
alim’agri 1571 février 2021 • 51
témoiGnaGe
«été comme hiver,la haie est uneressource pourl'exploitation»
Limiter l’érosion des sols et stocker du carbone dans les sols et dans le
bois : véritable brise-vent, la haie protège les sols de l’érosion. Les arbres et les plantes qui la composent
gardent l’humidité et apportent de la fertilité
grâce à l’humus des feuilles mortes.
Favoriser la biodiversité : espace de vie pour de nombreuses espèces
animales, notamment les insectivores (crapaud,
lézard, merle, coccinelle, mésange, etc.), la haie
limite les prédateurs dans les champs qu'elle borde.
Protéger les cultures et les animaux contre le vent
et la chaleur et limiter l'impact du changement climatique : été comme hiver, les températures y sont plus clémentes. La haie isole
du froid et apporte de l’ombre durant les fortes chaleurs, un
gage de bien-être pour l’élevage.
les avantages des haiesD’une largeur d’environ10 mètres, les haiesservent souvent de délimitation desparcelles. on parle de haies bocagèrespour celles composéesd’essences locales,adaptées à la fois au climat et au sol de la région.
zoom
Yves Étignard, agriculteur,président du groupementd’intérêt écologique et économique (gIEE) Prairies DoR.
Nous�utilisons�ce�qui�est�disponible�surl’exploitation�pour�être
autonome�économiquement.L'hiver,�pour�la�litière�du�troupeau,on�utilise�du�bois�broyé,�pluséconomique�notamment�en�casde�sécheresse�où�le�prix�de�lapaille�augmente.�L'été,�les�feuillesd’arbres�encore�vertes�constituentun�appoint�alimentaire, commecelles�du�mûrier�blanc,�très�richesen�protéines.�Les�feuilles�du�frêne,du�tilleul,�de�l’aulne�ou�du�saulesont�dotées�de�vertus�médicinales.Il�y�a�tout�un�écosystème�autourde�l’arbre�et�des�haies�qu’il�fautpérenniser.»
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agroforeSterie
«Les arbres sont essentiels au sol»
érable, noyer, poirier… françois michaud, agriculteur dans lavienne, s'est lancé en 2013 dans un vaste projet d'agroforesterie :
planter 1200 arbres de 20 essences différentes au milieu de ses cultures bio de céréales et légumineuses.
Quels sont les bénéfices de l'agroforesterie ?
Mon terrain est pentu, je cher-chais une solution pour luttercontre l’érosion des sols. Dès lapremière année de la plantationdes arbres, l'érosion a disparu.La présence régulière d’arbrescrée un micro-climat qui permetde mieux résister à la sécheressede façon globale. Enfin, je constateau quotidien que les arbres sontdes éléments incontournablespour la biodiversité. Ils appor-tent le gîte et le couvert pour
tous les auxiliaires des cultures.Par ailleurs, la faune est plusabondante, je vois souvent deslièvres et des chevreuils.
Comment avez-vous procédé ?Les plantations se sont dérouléesen quatre vagues, entre 2013 et2016. Pour le moment, sur les98 ha de mon exploitation, 30sont en agroforesterie. Tous les38 mètres, j'ai planté des lignesd'arbres, espacés entre eux de8 mètres. Un grillage évite queles chevreuils rongent les troncs.
Un technicien de Prom'haies (association qui accompagne lesprojets agroforestiers en Poitou-Charentes) m'a conseillé pourchoisir des essences qui s'adap-tent au sol et favorisent la biodi-versité. Sur un sol sec, il vautmieux planter un érable, unnoyer alors qu’un sol humidesera bien adapté pour un poirierou un orme. Je n'ai jamais cesséde me former avec le CIVAM(collectif d'agriculteurs). C'est au fildes discussions que j'ai entenduparler de l'agroforesterie.
inteRvieW
transition écologique
alim’agri 1571 février 2021 • 53
l'agroforesterieen quelquesmotsL’agroforesterie estl’association d’arbres et de cultures ou de prairies sur une même parcelle.Cette pratique ancestralepermet une meilleureutilisation des ressources,une plus grande diversitébiologique et la créationd’un microclimatfavorable à l’augmentationdes rendements.
RePÈRes
françoismichaud est lauréat du concours des pratiquesd'agroforesterie2019.
54 • alim’agri 1571 février 2021
en juillet 2020, plus de 8200 exploitations sont certifiées haute valeurenvironnementale (Hve), soit une augmentation de plus de 52% en seulement
six mois. afin d’accélérer encore davantage le développement de la Hve, le plan de relance instaure un crédit d’impôt pour soutenir l'engagement
des agriculteurs dans la transition agroécologique et certifier 4000 exploitationssupplémentaires dans les deux années à venir.
La HvE est une certification qui s'applique à l'en-semble de l'exploitation. L'objectif est d'avoir despratiques agricoles qui reposent sur la mise en valeurdes ressources naturelles et au maintien de la qua-lité des milieux, mais aussi de renforcer l'autonomiede l'exploitation par ces pratiques mêmes : moinsutiliser de produits phytopharmaceutiques, c'est ré-duire d'autant les factures d'intrants et diminuer laconsommation énergétique. Cette certification incite l'exploitant à modifier sespratiques selon 4 axes : préserver la biodiversité,réduire la dépendance aux produits phy-tosanitaires, améliorer la gestion desengrais et la gestion de la ressource eneau. Un logo et une mention valori-
agroéCologie
L'engagement haute valeur
environnementale sante peuvent être apposés sur les produits, bruts outransformés, issus des exploitations certifiées dehaute valeur environnementale afin de les distinguerauprès des consommateurs. La progression du nombre d'exploitations certifiéesHVE démontre que ce dispositif est un outil adaptéet pertinent pour reconnaître l'engagement des agri-culteurs dans des pratiques agroécologiques maiségalement pour répondre aux attentes des citoyenset des consommateurs en matière de durabilité.
Grâce à l’engagement des agriculteurs et desstructures qui les accompagnent, le dyna-
misme de la démarche et son attracti-vité se confirment dans tous lesterritoires et toutes les filières.
transition écologique
alim’agri 1571 février 2021 • 55
la certificationHve comprend 3 niveauxCe dispositif donne du temps à l'agriculteur pour adapter ses pratiques, faire des essais,convertir peu à peu sonexploitation à l'agroécologiesans mettre en danger la viabilité économique de son exploitation.
un guide desensibilisationun guide de sensibilisationà la certification hautevaleur environnementaleest paru en 2019, destinéaux professionnels de lafilière vitivinicole. L’Institutfrançais de la vigne et duvin (IFv) est à l'initiative de ce guide avec lacollaboration desvignerons indépendantsde France (vIF) et duministère de l'Agricultureet de l'Alimentation.
niveau 1 :respect des exigencesenvironnementalesde la conditionnalitéet réalisation par l’agriculteurd’une évaluation de l’exploitation auregard du référentieldu niveau 2 ou des indicateurs du niveau 3.
niveau 2 :respect d’un référentielcomportant 16 exigences,efficientes pourl’environnement.
niveau 3 :qualifié de «Hve»,est fondé sur des indicateurs de résultats relatifs à la biodiversité, la stratégiephytosanitaire, la gestion de lafertilisation et de l’irrigation.
Viticulture6699
Grandescultures
411
Bovins viande158Ovins31Bovins lait27
Volailles20Autres25
Arbori-culture644
Maraîchage340
Filières végétalesFilières animales
Autres58
Horti-culture
42
1 2 3
Focus
nombre d’exploitations certifiées HveDonnées juillet 2020.
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granDeS CUltUreS
une coopérative certifiée HvE
la coopérative agricole la tricherie (vienne) a opté en 2018 pour une initiativepionnière dans la filière grandes cultures : une gestion collective de la certification
haute valeur environnementale (Hve).
Fondée en 1936, la coopérativeagricole La tricherie ne cesse degrandir. Aujourd'hui, elle compte34 producteurs certifiés HVE (niveau 3) représentant 6900 hec-tares sur les 22000 hectares culti-vés et elle collecte la productionde céréales (blé, maïs, orge…) etd'oléagineux (colza, tournesol…)de 280 adhérents livreurs grâce àsix silos de collecte et destockage.
Engagée depuis longtemps dansdes pratiques agroécologiques, la coopérative a opté pour unecertification collective afin d'ac-compagner chaque producteurdans la haute valeur environne-mentale. Pour la récolte 2020, 80 adhérents se sont portés volontaires. Ils bénéficient d'unaccompagnement technique sur-mesure, avec notamment le déve-loppement des outils d’aides à la
décision (OAD) et des produitsde biocontrôle. Des prédiagnos-tics HVE sont établis, et les agri-culteurs peuvent participer augroupe d'échange pour discuterautour des différentes pratiques.Pour la coopérative La Tricherieet ses adhérents, la HVE est unesuite logique du travail en filièrequi a débuté il y a plus de 20 ansavec la démarche Culture�raisonnéecontrôlée.
transition écologique
alim’agri 1571 février 2021 • 57
élevage laitier
Les yaourtsde la Fermedes peupliers
Depuis plus de 40 ans, la Ferme despeupliers produit des yaourts au cœurdu bocage normand, dans l’Eure.en 2019, près de 13 millions de yaourtsont été produits sur place, dont 10%vendus à l'export. Le succès des petitspots en verre n’est plus à démontrer, ni l'engagement de l'exploitationcertifiée Hve niveau 3.
La spécificité de ses produits ? « Ils�ne�sont�ni�homo-généisés,�ni�standardisés,�on�laisse�la�composition�du�laittelle�qu’elle�est.�Nous�avons�des�Prim’Hollsteins,�Mont-béliardes�et�Normandes ;�en�ayant�différentes�races,�nousréussissons� à� obtenir� un� lait� riche� en� protéines »,explique Édouard Chedru, qui a repris la ferme avecson frère Antoine en 2018.La gamme de produits s’est développée au fil dutemps : yaourt aux agrumes, gâteau de semoule surlit de caramel, généreux ou légers… Un savoir-faireauthentique récompensé à plusieurs reprises : lamédaille d’or au Concours général agricole en 2019pour son yaourt nature, le label Entreprise du patri-moine vivant, et début 2020, la certification haute va-leur environnementale pour les engagementsenvironnementaux.«Nous�avons�toujours�eu�cette�volonté�d’une�agriculturepropre,� d’innover� pour� le� respect� de� l’environnement.L’exploitation�était�déjà�engagée�depuis�longtemps�enagriculture� raisonnée.�La�haute� valeur� environne-
Antoine etÉdouard Chedru.
les agriculteurs ontsuivi une formationpour doser au plus
bas les produitsphytosanitaires.
Un forage fournitl'eau nécessaire à l'abreuvement
des animaux et au nettoyage
de la salle de traite.
Des panneauxphotovoltaïques
couvrent 20% desbesoins en électricité
de la ferme.
80% des emballagessont en verre
et les capsules en aluminium, tousdeux recyclables.
les vaches pâturentd'avril à novembre,
respectant le rythmedes saisons.
le lait est transformésur place, il est
directementacheminé de la sallede traite à l'atelier
de fabrication.
les rejets de l'atelierde transformationsont épurés dans la
station d'assainissementde la ferme et
valorisés en engrais.
les traitements sont épandus la nuit,quand les conditions
d’hygrométrie sont favorables.
58 • alim’agri 1571 février 2021
mentale�est�dans�le�prolongement�de�notre�action.�Leréférentiel�HVE�permet�de�savoir�sur�quels�points�noussommes�performants�vis-à-vis�de�l’environnement,�et�lespoints�sur�lesquels�on�peut�s’améliorer.�Nous�avons�tou-jours�eu� la�volonté�d'être� transparents�vis-à-vis�de�nosclients.�L’année�dernière,�près�de�8000�visiteurs�sont�ve-nus�découvrir�notre�exploitation.�C’est�l’occasion�de�leurexpliquer�nos�pratiques�agricoles,�propres�et�saines. »�
zoom Des actions sur toute l'exploitationLa certification HvE encourage les pratiques favorables à l'environnementsur l'ensemble de l'exploitation. quelques exemples d'actions mises en œuvre à la Ferme des peupliers.
…
transition écologique
Dans toutes les régions françaises, sans exception,le taux de conversion des terres en agriculture bio-logique est désormais supérieur à 9 %. La filières’organise localement, souvent en lien avec les col-lectivités pour l’approvisionnement de la restaura-tion collective. L’objectif de la loi EGalim estd’atteindre 50% de produits durables ou sous signesd'origine et de qualité dont 20% de produits biodans les cantines d’ici 2022.Du côté des consommateurs, les productions locales— ou d’origine France — sont de plus en plus recherchées. Cette tendance, particulièrement trèsprononcée chez les acheteurs de produits bio, estportée par le souhait de participer au développe-ment du territoire par l’acte d’achat.
alim’agri 1571 février 2021 • 59
agroéCologie
L'agriculture biodynamise l'économie
des territoiresChaque année, la croissance des filières bio se confirme : la production et la consommation progressent, les filièresse structurent et créent des emplois dans les territoires.
Renforcer la production biologique française, c’est contribuer à la souveraineté alimentaire et faciliter
l’accès aux produits bio.
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Les objectifs du planAmbition Bio2022 : 15% desurface agricoleutile en modebio d'ici 2022.En restaurationcollectivepublique,objectif 20% de produits biod’ici 2022.
Focus
60 • alim’agri 1571 février 2021
La progression de l’agriculture bio françaisepermet de répondre à la demande croissante sansaugmenter les importations. Celles-ci restent stables,à 33%, avec des perspectives de baisse grâce, entreautres, à la mise en place de filières sucrières et bananières françaises.Cette dynamique bio est très positive pour l'écono-mie des territoires : dans l’ensemble de la filièrebio, l’emploi augmente pour atteindre un total de179500 emplois directs en 2019 (contre 158400 en2018). Le nombre d'entreprises bio augmente à tousles stades de la chaîne alimentaire : +13% pour laproduction, +16% d'entreprises de transformation et+24 % distribution pour la distribution (sourceAgence Bio/baromètre consommateur 2020).
LE FoNDS AvENIR BIo ESt RENFoRCÉPour accélérer le développement de la productionbiologique dans les territoires, le volet agricole duplan de relance prévoit de renforcer le fonds AvenirBio de 5 millions d’euros par an jusqu’en 2022.Renforcer les filières bio est essentiel pour sécuriserles débouchés des agriculteurs qui approvisionnentles transformateurs et les distributeurs. De plus, la
structuration de filières permet de créer des écono-mies d'échelle et d'optimiser les circuits de collecteou de transformation.En 10 ans, le fonds Avenir Bio a accompagné plus de100 projets pour un total d'aides de plus de 35 mil-lions d'euros. Près de la moitié des bénéficiaires de ce fonds sont des entreprises de transformation.Les projets soutenus sont répartis sur la totalité duterritoire français, Outre-mer compris, et concernentl'ensemble des filières depuis les plus émergentes(châtaigne, houblon, petit épeautre…) jusqu’aux plusclassiques.
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zoom
soutenir l’agriculturebiologique
Le crédit d’impôt biopour les agriculteurscertifiés est prolongé.Le fonds Avenir Biobénéficie de 5 millions
d’euros par anjusqu’en 2022.
transition écologique
alim’agri 1571 février 2021 • 61
Répartitiondes fermes bio en %
culturesfruitières
grandescultures
bovins
ovins,caprins
porcins,volailles…
viticulture
polyculture,polyélevage
maraîchage& horticulture
18 8
16 9
68
2015
Le marché du bioen Europe
47196EXPLOITATIONS
ENGAGÉES EN BIO
C’est 8,5 %de la surface agricole
utile française
Surfaces biopar type de productionPart bio de la surfacetotale de chaque production
34%légumes secs
18%plantes à parfum,
aromatiques & médicinales
14%vignes
26%fruits
67% 98 % DU LAIT ET PRODUITS LAITIERS BIO CONSOMMÉS
99 % DES ŒUFS, VIANDES, VINS & ALCOOLS BIO CONSOMMÉS
LA CONSOMMATIONDE PRODUITS BIO PÈSE
11,9 milliards €
+ 28 %DE PRODUITS BIOEN RESTAURATIONCOLLECTIVE 2017 > 2018
+13% >2018 +15% >2018
2,3 millionsD’HECTARES SOIT
LA 2E SURFACE DE L’UE
DES PRODUITS BIOCONSOMMÉS
SONT FRANÇAIS
179500EMPLOISDIRECTS
+13 % >2018
SURFACES BIO DOUBLÉES EN 5 ANS
ALLEMAGNE11,97 milliards d’€
FRANCE11,93 milliards d’€
ITALIE4,09 milliards d’€
RECENSEMENT AGRICOLE 2010 0
RePÈRes l’agriculture biologique Source : Agence Bio, 2020. Données 2019.
62 • alim’agri 1571 février 2021
CooPérative De frUitS et légUmeS
s'équiper d'un pôle logistiqueCréée en 1989, la Coopérative des agriculteurs biologistesdu Sud ouest (CABSo), traite et commercialise lesproductions de fruits et légumes bios de 60 adhérents et autant de producteurs fournisseurs. Pour s’adapter auxdemandes des consommateurs, diversifier ses débouchés,relocaliser son approvisionnement et augmenter laproduction destinée aux transformateurs, il devenaitnécessaire de disposer d’un entrepôt logistique decollecte et de distribution. La construction de cet entrepôt, totalement intégré au paysage, a permis à la coopérative d’accueillir en deuxans, 10 nouveaux adhérents et 50 fournisseurssupplémentaires. Autre conséquence positive : l’augmentation du nombrede clients, la diversification du nombre de débouchéscommerciaux, et surtout le développement de Manger BioSud-ouest : un groupement de distribution de produitsbiologiques destinés à la restauration collective.
le fonds avenir Bioa contribué à la réalisation de ce projet d’un montant totalde 3 millions €, à hauteur de286000 €.
zoom
témoiGnaGes 3 projets soutenus par le fonds avenir Bio
transition écologique
alim’agri 1571 février 2021 • 63
faBriCation De farineS
Répondre à la demandedu «sans gluten» Société spécialisée dans la collecte et lameunerie de céréales et grains 100% biopour l’alimentation humaine, le MoulinMarion Meunerie a investi en 2017 dans uneunité dédiée au «sans gluten» (sarrasin, riz,maïs, châtaigne, lentille, etc.). Cetinvestissement permet d'éviter les risquesde contamination entre la production des différentes farines, et de répondre à la demande croissante des consommateurspour les produits sans gluten. Le moulinsans gluten a permis d’augmenter l’achat de matières premières de 4400 tonnes paran et a initié une dynamique de conversionet de valorisation des cultures en C2 pourles producteurs en contrat avec MoulinMarion Meunerie.
la construction du moulinéquipé d’un toit photovoltaïque,d’une chaîne de triage,nettoyage, décorticage etd’un robot d’ensachage, ainsique des silos de stockage a coûté plus de 5 millions €,dont plus de 800000 € issusdu fonds avenir Bio.
zoom
64 • alim’agri 1571 février 2021
le fond avenirBio a contribué auprojet à hauteurde 519685 €pour un montanttotal de 15,5 millions €.
zoomCave De la voie D’HéraClèS
investir, innover, préparer l'avenir La coopérative du vignoble de la voied’Héraclès est basée à vergèze (gard). En 2016, elle compte 25 adhérents quireprésentent 600 hectares de vignes enagriculture biologique et 55000 hectolitresde vin bio. Afin d’assurer la régularité de productiontant sur la qualité que la quantité, et d'assurer la stabilité de ses marchés, la coopérative a décidé de se munir d’unnouvel outil de vinification moderne etinnovant, doté d’une capacité de 80000 hlet d'une possibilité d’extension de110000 hl. grâce à cet investissement, la coopérativea accueilli 13 nouveaux adhérents, elle a pumaintenir les volumes de produits bio en dépit des aléas climatiques de cesdernières années, et entrer dans unedynamique vertueuse pourl'environnement : il est désormais plusfacile d'établir des contractualisationspluriannuelles avec les metteurs en marché,ce qui permet de renforcer les démarchesagroécologiques comme les plantations de haies, et de pérenniser des postesd’animateurs et de communicants du pôle bio.
transition écologique
alim’agri 1571 février 2021 • 65
troPHéeS De l'agroéCologie 2020
Le groupeExplorons la diversité,
lauréat de la région Bretagnerenforcer les pratiques agroécologiques et lutter contre le réchauffement
climatique : autour de ces deux objectifs, 27 exploitations laitières se sont réunies dans un collectif nommé Explorons la diversité.
explications d'Isabelle Pailler, conseillère lait à la Chambre d’agriculture de Bretagne et animatrice du collectif.
Quel est le système mis en place par ces éleveurs laitiers ?
L’objectif des éleveurs est d’atteindre l’autonomiealimentaire, de produire du lait à moindre coût età faible impact environnemental. Ils sont partis duprincipe qu’il faut valoriser au maximum la qualitéet la quantité d’herbe pâturée disponible pour les vaches afin d’être le plus autonome possible.Aujourd’hui, 98% de ce que mangent les vaches du groupe est produit directement sur lesexploitations.
le juryrécompense le caractèreinnovant et dynamiquedu collectif,ainsi que lepartenariatavec lescentres derecherche.
66 • alim’agri 1571 février 2021
Quel est le résultat sur l’environnement ? Le groupe a évalué son impact sur leréchauffement climatique. Il réduit fortement lesémissions de gaz à effet de serre avec l’équivalentde 0,55 kg de CO2 émis par litre de lait alors que la moyenne est de 1 kg de CO2 en Bretagne. La place importante des prairies de longue duréedans l’assolement et la présence de haiesexpliquent ces très bons résultats grâce à un stockage important.
Une innovation dans la conduite de l'élevage?
Le collectif est connu pour une véritableinnovation, « les vaches nourrices». 40% desmembres du groupe ont recours à ce procédéd’allaitement. Cette pratique se diffuse désormaispartout en France dans les élevages biologiques.Grâce à ce système, les veaux vivent très tôt au préet apprennent plus vite à pâturer.Autre innovation : la moitié des éleveurs ducollectif a décidé de traire une seule fois par jour(au lieu de deux), au moins 6 mois par an. Cette monotraite libère du temps pour les éleveursmais diminue la production de 30%. Aussi, cettetechnique, réversible, n’est possible et viable que quand les coûts de production du lait sont bien gérés.
Transmettre ses avancées est un élément cléde la vie du groupe ?
Les éleveurs ont mis en commun les résultats de lactation de chacune des vaches afin de repérerles croisements les plus intéressants. Cela a contribuéà faire avancer de nombreux travaux de rechercheen France. L’ouverture aux autres agriculteurs est un pointfort du groupe. En trois ans et demi, les éleveursont accueilli 70 groupes d’éleveurs, soit 760 personnes environ.
le groupeexplorons la diversitéen quelqueschiffres :Ce groupe a été créé en 2015
Il réunit 27exploitations (19 au départ), soit 35 éleveuses et éleveurs laitiers.
17 jeunes installésdepuis moins de 3 ansont rejoint le groupeau fil du temps.
La quasi-totalité des 27 exploitations est engagée enagriculture biologique.
C'est l'un des 50collectifs d'agriculteursregroupés au sein de l'associationRes'Agri29.
RePÈRes
transition écologique
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