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N-l 19 - 15 OCTOBRE 1972 - Prix: 1,50 F BI-MENSUEL CONTRE les capitalismes bourgeois et bureaucratiques et leurs impérialismes. POU R la gestion directe ouvrière et l'Internationale. Edité par: ORGAN ISATION REVOLUTION NAI RE ~N.A.RCH ISTE des, ··1 uttes de classes -. " ,. ~ogtre les m~lJt~ti:pns,le~ licenciements: . l~~~~W~'~i~[J;\lti';'··T·>i;"'.'~c;,,'~.~ti,~:'~T:.),~i~(:':~~C""T'·';'SI"t;O"'i''-';V(N'"'' .. o :""'t:J;~:., ':~v·' ?1;;; '·'·R'" ;~I·",!~'~:j"R' 'E' .... ', .. .' :J:; ;!~4~ "~! ~;'-:~':'" ~;i'/i1!_ '>:~~;T ,~~ ~":\_' . " . ',2:-.: ": ':: . ::.\ , ?~ ;~: ::};.I:,'·: '~c "::', .. . ' ~: " t' . ' . . Aux' Antilles: '

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N-l 19 - 15 OCTOBRE 1972 - Prix: 1,50 F

BI-MENSUEL

CONTRE les capitalismes bourgeois et bureaucratiqueset leurs impérialismes.POU R la gestion directe ouvrière et l'Internationale.

Edité par:

ORGAN ISATION REVOLUTION NAI RE ~N.A.RCH ISTE

des, ··1uttes de classes-. " ,.

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Aux' Antilles: '

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front libertaire

Militants, sympathisants, communistes libertai-res des entreprises, des C.E.T.,des Facs, desLycées, c'est sur ce principe que nous devonsnous battre.

Autogestion des luttes ouvrières - marque leclivage du courant communiste- libertaire ; ba-layons les dernières séquelles d'idéalisme, celane se fera que DANS LA PRATIQUEMILITANTE.

L'important, aujourd'hui, ce n'est pas tant de« recruter» des militants, c'est d'avoir une pra-tique communiste libertaire; pratique ne pouvantêtre plaquéesur la réalité, mais devant être partieintégrante de cette réalité. Quand nous disonsque l'important n'est pas de « recruter », nousdisons que le développementde tout mouvementpasse par l'application des principes politiquesde ce mouvement.Ensuite, la nécessité de S'OR-GANISERest une nécessité de tout militant ou-vrier actif; s'organiser devient indispensable àtout militant qui veut généraliser sa lutte. Maisnous ne voulons pas nous organiser de n'importequelle manière, pas d'adhésion sur un simpleaccord verbal, mais adhésion sur une pratique,sur la volonté de lutter et de participer à laprogression du mouvement.

Nous nous sommesdonnépour tâche prioritaireet fondamentale l'intervention au sein du proléta-riat - le travail d'implantation au sein des entre-prises a été amorçé au cours du semestre passéet a permis à l'organisation de faire un bond qua-litatif. Aujourd'hui, un certain nombre de groupes,de bulletins d'usine, sont présents au sein d'en-treprises et de quartiers (mais sur des problèmesréels de lutte de classe, sur une implantation passeulement au niveau du collage d'affiche et dela diffusion de tracts). Il s'agit aujourd'hui de nousdonner les moyens de généraliser cette pratiqueet d'affermir notre implantation. Nous en som-mes arrivés à un stade qui nous permet pour la

première fois d'appliquer précisément nos options.stratégiques. •

Cette application passe par la création de grou·,pes de base spécifiques. Par spécifiques, nousentendons: qui développent les options fonda.mentalescommunistes-libertaires.Mais il ne s'agit-surtout pas d'opposer cette structure à la sectionsyndicale; la pratique a d'ailleurs démontré quel'intervention de ces groupes peut généralementpasser par la section syndicale. Ces groupes,regroupements de travailleurs sur la base d'une,pratique autogérée,dolvent s'efforcer de proposerune autre alternative à la lutte. Le réformismen'est pascaractérisé par le but de la lutte (salaire"conditions e travail, cadences,etc.) mais par lamanière Ile faire aboutir les revendications. C'estdans la lutte que se fait la formation révolu-tionnaire; aussi, pas d'exclusive, pas de secta-risme Ile chapelles, la lutte doit se mener avectous ceux qui acceptent ces bases minimum'd'action, mais sans concessions sur les bases,fondamentalesdu communismelibertaire.

Alors nous pourrons construire un outil de lutteefficace.

Qu'est-ce que l'Organisation? c'est au seln del'organisation que passe l'information, que s'éla-bore la ligne stratégique, que se fait la confron-tation Iles pratiques militantes, c'est donc lecreuset théorique et stratégique du CommunismeLibertaire. C'est, à terme, la création de l'organi-sation révolutionnaire des travailleurs.

La tâche primordiale, c'est l'implantation: sesoutils, c'est l'organisation et l'information. L'orga-nisation se construit, l'information doit passer.Que tous les militants et sympathisants la fassentcirculer, une analyse juste passe par une infor-mation la plus vaste possible; l'information doitnous permettre d'avoir un outil de lutte efficace,un organe réel du CommunismeLibertaire.

autogestiondes

luttes.,

ouvneres

LARZAC ••« Nons parions snr la vie

et non snr la 100rt »du lait et le soutient au Joint, le Larzacconfirme que les paysans sont auxpremiers rangs de la lutte révolution-naire,

Rodez en la présence des paysans duLarzac qui prirent la parole où à ladifférence du Joint, le poisson fut noyégrâce aux spécialistes, Les paysans nefurent pas maintenus dans une attitudede démission, la politique n'était pluspour eux un spectacle, ils en étaientles maîtres.

Notre tâche, dans cette lutte commedans celles qui se déroulent en ce mo-ment, est surtout de ne pas nous sub-stituer aux masses, mais d'être partieintégrante de ces luttes. Concrète-ment, les gars du Larzac ont pris lepari de monter à la capitale le 11 no-vembre, nous devons informer et pré-parer les gens, un échec aurait un effetdémobilisateur ca-ta-strophi-que dontNOUS porterions la responsabilité.

L'enjeu du Darzac est pris.

• Nous parions sur la vie et non surla mort ., un gars du Larzac.

A nous de le tenir.

Cette année la gloriole nationalisteétait au rancart. Les 20.000 ou 30.000personnes qui manifestent ce jour-làont démontré dans l'Aveyron que lespaysans luttaient, étaient déterminés etsavaient dans quel camp ils étaient.

Les quelques types qui, pour apaiserleur mauvaise conscience de vacan-ciers, étaient venus à la manif pour• prendre leur pied », furent assez dé-pités, ils étaient vraiment ultra-mino-ritaires et pas écoutés du tout. Biendans leur peau d'intellectuels petit-bourgeois, ils se mettent à jouer lescurés et prêchent. Anâârchie liberté.et on se fout à poil (libération sexuelle:oblige) et on brûle un drapeau fran-çais, ce qui ne choqua d'ailleurs pasles paysans avec lesquels j'étais venu,mais leur fit juste dire:

- Bof!... ça va pas coûter cher àl'Etat.

Le principe est simple: quand desrefoulés veulent s'exhiber, ils se don-nent bonne conscience en brandissantdes arguments situs (société du spec-tacle). Ce qu'ils oublient simplementc'est que, même dans le cadre de lacritique du spectacle, il faut analyseravant d'agir. En l'occurrence ce genrede comportement n'a servi qu'à diffa-

mer sur le mouvement paysan. A noterque la grande presse n'a parlé que desdrapeaux mais n'a guère pipé mot surles paysans eux-mêmes dont l'attitudeétait nettement plus claire et autre-ment plus subversive.

Les paysans du Larzac ont nettementdépassé le point de vue sectaire quecertains, à Paris, prêtent à leur lutte.Ils luttent pour vivre, c'est sûr, mais ilspassent également à l'attaque contrece système qui les opprime. C'est trèsclairement exprimé dans cette phrased'un du Larzac:

• Ils peuvent nous promettre unefortune, nous ne partirons pas versleur cage à lapins, on préfère la vie quele fric. Ils peuvent s'en aller, nousirons là où ils iront, expliquer aux pay-sans que l'armée c'est la mort .•

C'est clair, la lutte de classes estnette, la conscience prolétarienne despaysans du Larzac était assez nette,déjà, quand ils avaient soutenu les ou-vrières de Millau en grève. (Cons-cience prolétarienne des paysans:quand on considère leur position desalariés par rapport à Roquefort, carles contrats qui les lient en font pra-tiquement des salariés de Roquefortou des coopératives.) Après les grèves

La fin de la manifestation avec lesprises de paroles a permis de voir sedégager quelques points:

Les pontes syndicaux ont pris la pa-role, ils furent assez plats, mais, pourles paysans, ils représentent quelquechose, la majorité paysanne a devantces diplômés de la politique une atti-tude d'admiration qui les place encoreà leur merci. (Ainsi le jeOne de Lanzaet le semblant de jeOne des évêquesa eu une importance de consolidationdes paysans, mais doit être bannimaintenant en tant que moyen d'lnver-vention. On ne doit pas accepter d'en-trer dans le jeu de ceux qui s'inquiè-tent de la vie de l'idole mais se fou-tent de celle d'un paysan. NOUS DE-VONS RECHERCHERLA SOLIDARITEDE CLASSE ET NON LA SOLIDARITESENTIMENTALE.) Cette attitude est lamême que celle que l'on recherchedans l'élection ou même que recher-chent les groupes gauchistes qui ontplus souvent comme attitude de sefaire reconnaître comme leader que delaisser aux masses la direction. Heu-reusement une gauche est apparue à

Cercle Front Libertaire

Villeneuv~I~Roi,

Choisy-le-Roi.

ReH~ez- VIUS aveu le~ paysans du Larzac, le 11 Novemhre il Paris2 •

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,BUMIDOMnouvelledes

traiteesclaves 1

La Martinique, la Guadeloupe et la Réunion, « dépar--tementalisées » par une loi de 1945 dans le cadre de la;politique impérialiste d'assimilation, subissent de plus-en plus l'oppression coloniale française. Cette oppres-sion s'exerce sur les trois plans: économique, poli-'tique et culturel.

L'oppression économique.

La terre, les moyens de production et de transport,le commerce et l'administration, tout est aux mains detrusts monopolistes français et étroitement subordon-nés à leurs intérêts, L'économie reste une économieprimaire avec la monoculture à outrance de la cainneà sucre. Mais il faut immédiatement remarquer quemoins de 25 % de la population active est occupée à1a campagne et que production agricole ne représentequ'environ 14 % du Produit Intérieur Brut (P.I.B.) cequi montre l'ampleur du sous-développement agricole.

Quant au secteur secondaire, la France colonialistene permet pas l'industrialisation qui lui ferait perdreun marché pour ses produits manufacturés, au con-traire elle le freine: ainsi, en 1967, une laiterie ultra-moderne était montée en Martnique et produisait 15.000litrs de lait par jour; or, en 1971, un arrêté préfectoral

Le travailleur immigré subit l'oppression éco-nomique, politique, et culturelle",

interdisait toute production supérieure à 3.500 litrespar jour, à moins de passer accord avec une sociétéfrançaise qui se réserverait 50 % des bénéfices. Dansle cadre de la rationalisation capitaliste on assiste àdes fermetures de plus en plus nombreuses d'usines(tableau 1),

MARTINIQUE1947 : 16 usines à sucre 1950: 180 rhumeries1971: 4 usines à sucre 1971: 6 rhumeries

On se rend compte de la faiblesse de ce secteur quioccupe 20 % de la population active et représentemoins' de 20 % du P.I.B., lorsque l'on sait que le bâti-ment et les travaux publ ics en représentent 66 %. Lesecteur tertiaire, lui, se porte bien: plus qu'hypertro-phié, il occupe 52 % de la population active et repré-sente pratiquement 70 % du P.I.B.

L'imposition économique coloniale est totale surles D.O.M. et la. fameuse phrase de Colbert: Il Pasune aiguille aux Antilles qui ne vienne de France! JI,

n'a rien perdu de son actualité. Ainsi, alors que lecacao pousse partout, le chocolat est importé deFrance; alors que la mer des Caraïbes est considéréecomme une des plus poissonneuses du monde, on apris soin de ne pas développer l'industrie de la pêchepour pouvoir écouler la production de morue française(en 1971, les Martiniquais ont ainsi mangés pour plusde 25 millions de francs de morue), Quant au cafédes Antilles, il est importé de métropole; les fruitslocaux pourrissent sur les marchés, mais on importedes tonnes de boîtes de jus fabriqués en France ..,Tout cela pour les plus grands profits des Chalandon,Debré, Foccart, Boussac et quelques autres,

Face au chômage qui fait autant de ravages qu'unemaladie endémique (tableau Il), au lieu de développersur place des industries créatrices d'emplois, la solu-tion trouvée par le colonialisme français est ladéportation de la jeunesse réunionnaise et antillaisepar le BUMIDOM (Bureau des Migrations des Départe-ments d'Outre-Mer), déportation qui n'est qu'une nou-velle traite des esclaves destinée à fournir une main-d'œuvre bon marché à la métropole.

Population Chômage Progressiondémographiqpe

Martinique ' 400,000 + 60,000Réunion '" 500,000 + 50.000 + 30 %0 par anGuadeloupe 400,000 + 60,000

Avec tous ces pourcentages, on obtient un revenupar tête d'habitant qui est le quart de celui de laFrance, alors que le coût de la vie est officiellementde 40 % plus cher (en réalité dépasse souvent les60 %), ce qui se traduit par une prolifération, debidonvilles, la sous-alimentation, un état sanitaire la-mentable (95 % de la population réunionnaise atteintede parasitoses intestinales), analphabétisme ..,

L'oppression politique.

Tous les pouvoirs sont concentrés aux mains de lamétropole. Il est bien connu que toute élection auxAntilles est un modèle de fraude: pression diverses,votes achetés, participation électorale des morts ...L'occupation des DOM par les forces armées et de

front libertaire

gendarmerie se fait de plus en plus pressante et larépression plus dure: 50 grévistes du bâtiment assas-sinés par la police en mai 1967 (Guadeloupe), bruta-lités et arrestations en chaîne; en avril 1971 CharlesBalagne, secrétaire général de l'Union des TravaHleursAgricoles de Guadeloupe, était écrasé par un Il chauf-fard ivre" après une grève de deux mois des coupeursde canne, interdiction de films (II Tamanqo » sur larévolte des esclaves antillais), saisies de journaux(" le Progrès social", "Combat Ouvrier JI ... ), assas-sinat d'un lycéen en 1971, lors de la visite de Mesmer,procès en série ... A cela s'ajoute l'Ordonnance Debrédu 15 octobre 1960, qui permet aux préfets des DOMd'expulser et d'envoyer en France tout fonctionnaireconsidéré comme suspect,

« Si je viens une nouvelle fois à la Réunion, c'estpour continuer, avec vous tous, le combat contreles mauvaises idées et pour continuer le combatpour les idées fécondes et justes, Il s'agit de fairecomprendre à quel point sont menteurs ceux quivoudraient parler d'autodétermination en vue de lasécession, JI

Michel Debré,29 septembre 1972.

L'oppression culturelle.

Elle s'exerce par l'intermédiaire d'un enseignementtotalement au service du colonialiste. L'appropriationdu territoire ne suffit pas, on prive aussi les peuplescolonisés de leur histoire et de leur culture; qu'onpense aux petits Antillais apprenant que leurs ancê-tres s'appelaient les Gaulois et avaient les yeux bleus!Qu'on pense à l'assassinat d'une langue - le créole

- que l'on veut à tout prix faire passer pour un«patois petit nègre ...., A l'enseignement s'ajoute lemonopole de l'information entièrement aux mains del'ORTF, et, quand on sait qu'à la Réunion seulement ily a plus de 20.000 postes de télévision et 70.000radios, on peut aisément imaginer les résultats.

Il faut que les peuples guyannais, réunionnais et mar-tiniquais prennent leurs affaires en maIns 1 A bas "Im-périalisme français aux Antilles!

Situation des travailleurs antillais en France.

Actuellement il Y a environ 150,000 travailleurs antil-lais en métropole qui se répartissent sur Paris (XV.XVIII et XX), la région parisienne et quelques grandesvilles de province (Marseille, Bordeaux, Le Havre,Rouen). Ces travailleurs sont, dans leur majorité, can-tonnés dans des emplois subalternes des industriessuivantes: construction automobile, PTT, RATP, servi-ces de santé et emplois de bureau. Nous pouvons avoirun aperçu de leurs conditions de vie et de travail enconsidérant le cas des travailleurs réunionnais em-ployés chez SIMCA-CHRYSLER.

C'est le BUMIDOM qui fournit la main-d'œuvre chezSIMCA (également Michelin, Renault, Peugeot...) etqui assure le coût du voyage aller et c'est le ministèredu Travail qui finance la période • d'adaptation. (15jours au centre de Simandre, dans le Rhône). De plus,Simca a une antenne de recrutement à la Réunionmême depuis 1971 et, outre l'appareil du BUMIDOM,peut utiliser radio et télévision, ce qui lui permet depénétrer en tant que société privée et uniquement pourson compte et les besoins de la production dans laquasi totalité des foyers,

Grâce à une publicité mensongère qui relève del'abus de confiance (promesses de salaires élevés,logements et transports gratuits ...) les nouveaux né-griers de Simca recrutent à tour de bras. En fait, cequi attend le travailleur réunionnais c'est un des cen-tres d'hébergement de Simca (Poissy, Carrières, Cou-draye, Mantes-la-Jolie) géré par l'Association pour leDéveloppement des Foyers du Bâtiment et des Métaux(A.D.E,F.) contrôlée par la C.F.T. Au centre, la loiest. exercée par le gardien d'immeuble (syndiqué CFT)qui veille au respect du règlement intérieur: droit desvisites féminines strictement interdit (y compris pourles hommes mariés), interdiction de toute propagandesyndicale ou politique, interdiction de déplacer le • mo-bilier ", amendes nombreuses prévues (60 NF pour uneampoule grillée !).

Chaque appartement se compose d'une salle de bains,d'une cuisine et de trois pièces pour neuf ouvriers.

(Suite page 4)

• 3

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front libertaire

LUTTECONTRE

LE RACISME"a

Villefranche· s - Saône

Pour répondre aux agressions ra-cistes dont sont victimes les tra-vailleurs immigrés, un comité delutte anti-raciste vient d'être créépour informer la population de Vil-lefranche. Il est composé de jeunes,de travailleurs immigrés, de mili-tants de Front Rouge et de FrontLibertaire. La Cause du Peupleparticipe à la création du comitémais vient de le quitter ne pouvantimposer son point de vue apoliti-que. Le comité se propose:

- d'apporter son soutien actifaux familles des victimes;

- de dénoncer tous les actes ra-cistes;

- de rassembler toutes les in-formations liées au racisme etde les diffuser largement;

- de porter l'information etl'action dans les usines.

DepuisIe printemps 1971 et la na-tionalisation du pétrole, la vagued'agressions se perpétue: 320 ara-bes assassinés en un an.

Octobre 1971, Djellali (15 ans etdemi) est froidement abattu parson concierge à la Goutte d'Or,quartier immigré de Paris. Sonassassin, Pigot, est relâché aprèsseulement 8 mois de prison. Un as-pect de la justice bourgeoise, àLyon, un arabe vole une chemise:8 mois de prison ferme.

Juin 1972, Areszki Reski protestecontre le bruit que faisait son voi-sin, celui-ci le tue à coup de cara-bine. Ceci se passait à Lyon.

Mais à Villefranche, les racistessont présents:

- des cafés refusent de servir àboire aux Nord-Africains;

- un Algérien (il avait la jambeplâtrée) a été agressé par ungroupe qui sortait d'un café:15 jours d'hôpital dont plu-sieurs dans le coma;

r- le cadavre d'un travailleur al-( gérien (Choudar) est retrouvé

dans la Saône. La police enconcluant au suicide est com-plice des assassins;

- sur un chantier, un comman-do de fascistes saccagent lesbarraquements où sont par-qués les travailleurs immigrés.

De ces actes il y en a tous lesjours, sur les chantiers, dans lesusines, dans les immeubles, dansla rue, à Lyon, à Paris, à Marseille.

A l'usine les ouvriers français etimigrés sont exploités, ils ont unmême ennemi, le patronat. De pluspour un même travail, l'ouvrier im-migré est moins payé... La tactiquedu patronat est clair: diviser pourrégner. Il utilise le racisme pourmaintenir ses profits.

Depuis la fin juillet, des interven-tions par l'intermédiaire de pan-neaux d'information sont faits surle marché de Villefranche.

Lundi 11 septembre, un panneauest rédigé sur Munich. On comparele vaste programme anti-arabe dela presse bourgeoise après la mortdes Il victimes de Munich et le si-lence complice, sinon approbateur,après les représailles des sionistesisraéliens qui ont fait plus de 200victimes dans un camp de réfugiésarabes. On dénonce les sionistesisraéliens et les pays capitalistescomme fauteurs de guerre en Pa-lestine.

Les gens s'arrêtent, discutent, lesimigrés sont nombreux. Deux flicsen civil arrivent, piétinent les pan-neaux; un copain intervient et lesdénonce à la population; ils s'envont. Ils sont remplacés par desflics en uniforme qui veulent enle-ver le panneau. Les copains résis-tent, une mêlée s'ensuit. Un copainest embarqué malgré l'hostilité dela population contre les flics (aidéssérieusement par les indics quin'ont pas peur de taper sur lesfilles), Mais cette hostilité ne seconcrétise pas. Les gens ne se déci-dent pas à manifester au commis-sariat peu éloigné, même si la dis-cussion continue longtemps sur lesflics, la répression ...

Le premier lundi d'août, les flicsétaient également intervenus em-barquant un copain; spontanémentune quarantaine de personnes par-VÜ1t, en manifestant sa désapproba-tion devant le commissariat, à ob-tenir sa libération.

A la suite de ces interventions,un communiqué vient d'être rédigéprotestant contre les agressions ra-cistes et la répression des flics parles organisations suivantes: C,F,D.T., Front Libertaire, Front Rouge,Lutte Ouvrière, P,S,U, Des contactsont également été pris avec l'A.M.R.,la C.G.T., le P.C.F., le P.S. Pour lestrois dernières organisations nousn'avons encore reçu aucune ré-ponse.

TRAVAILLEURS

FRANÇAIS, IMMIGRES,

TOUS UNIS!

Correspondant FL.Villefranche.

(Suite de la page 3)

Chaque ouvrier paye un loyer dépassant 200 F parmois! Plus de 2.000 F sont ainsi versé par mois etpar appartement, (II y a en général huit appartementspar immeuble, le calcul est rapide à faire ...)

Quant aux conditions de travail, c'est le bagne: unouvrier réunionnais est obligé, pour le même salaire,d'accomplir le travail de trois, voire de cinq ouvriers.

En moyenne, un OS fait, en courant, un trajet de 12 kmpar jour de travail !

Et tout cela sous la surveillance permanente desnervis de la CFT.

A Poissy, il y a plusieurs centaines de «ZOREILS •de la CFT qui veillent au maintient des cadences etrepèrent les ouvriers «vindicatifs". Cette survell-

lance ne cesse d'ailleurs pas après la journée 'de tra-vail, elle se' poursuit par l'intermédiaire des gardiensd'immeuble qui ont le droit de pénétrer à toute heuredu jour et de la nuit dans les dortoirs.

Voilà ce qui attend les jeunes Antillais déportés enmétropole (sans parler du racisme, des brimades admi-nistratives ...) .

Solidarité de classe avec les travailleurs Antillais

4 •

Une brochure complète sur les ouvriers réunionnais chez Simcapeut être commandée pour 2 F à: ' ,

Union Générale des Travailleurs Réunionnais en Fronce85. rue Pixérécourt, Paris-20·

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L'E U RO PE«

front libertaire

c est celle,

desEn juin 72, la bourgeoisie norvégienne, tout

comme la bourgeoisie française et la bourgeoisieirlandaise, pensait que le référendum sur l'Europene serait qu'une simple formalité. Mais c'étaitsans conpter sur la résistance de la petite bour-geoisie nationale.

Les étudiants ont été les premiers à démarrerla campagne pour le NON, qui a gagné en troismois l'ensemble des couches paysannes et despêcheurs.

Le NON norvégien, n'est pas le NON de l'en-semble de la classe ouvrière. Cette dernière asuivi les consignes des syndicats officiels parti-sans du OUI.

L'abaissement des barrières douanières, s'ilpermettait l'écoulement plus facile d'une partiede la production industrielle (aluminium, papier;65 % de ces exportations sont déjà dirigées versla Communauté Economique Européenne), c'était

.aussi la mort des moyennes et petites entreprisesnorvégiennes.

La petite industrie n'aurait pas résisté long-temps à l'invasion des produits manufacturés despays de la C.E.E. (parmi les cinquante plus gros-ses entreprises européennes, PAS UNE SEULEn'est norvégienne).

Le NON des fermiers, des petites pêcheries,des petits commerçants et le NON des étudiants,c'est le NON de la petite propriété nationale, leNON de certains industriels, c'est le NON d'unebourgeoisie archaïque face aux trusts à vocationmultinationale.

L'idée de cc nation" est ainsi détruite. La « na-tion", cette notion bourgeoise, qui permet demélanger des classes et couches sociales anta-gonistes, vient d'éclater en Norvège. La crisepolitique qui va suivre va tendre à se dévoilerpleinement en crise sociale.

Pour ce qui est du Danemark, le problème estrelativement différent, avec sa production agri-cole excédentaire, avec l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché Commun, c'est-à-dire sonprincipal débouché.

PatronsAu Danemark, la grande bourgeoisie a mis le

paquet: 80 % de la presse, plusieurs millions decouronnes ont été investis, des grandes banques,des grandes entreprises ont mis tout leur poidspour influencer les couches moyennes du pays.

Ici, c'est la coalition des agriculteurs et desindustriels qui a triomphé. Les agriculteurs dan-nois sont mieux armés et plus compétitifs queles paysans norvégiens pour résister aux agricul-tures françaises et britanniques (moyenne desexploitations: 8 ha; en Norvège:' 3 ha).

C'est dans les villes que s'est manifesté leplus grand nombre de NON.

Un troisième pays risque d'avoir un rôle impor-tant à jouer dans la Communauté Européenne

»élargie: c'est l'Espagne dont Pompidou a suggérél'intégration lors de sa dernière conférence depresse. L'Espagne, grâce à sa main-d'œuvre im-portante et bon marché, jouant le rôle de bri-seuse de grèves de l'Europe; exemple: Renaultet Fiat qui préfèrent fabriquer certains modèlesen Espagne (modèles qui, malgré les formalitésdouanières et les frais de transport, se maintien-nent à des prix très compétitifs sur les marchéseuropéens) .

Le Capitalisme va devoir trouver autre chose,la pilule européenne est de plus en plus dureà avaler, et les travailleurs voient surtout quela marche concentrationnaire capitaliste est syno-nyme pour eux de licenciements et de mutations.

La pilule européenne est de plus en plus dure à avaler : lA. marche coucentraticnnalr-e capitaliste estsynonyme de licenciements et de mutations,

Un préfet de police à Lyon:C'est une nécessité pour la bourgeoisie: cen-

tralisation et encadrement de la répression. Eneffet cette mesure accroît le centralisme 'régio-nal après la création en 69 de la COURLY(Com-munauté Urbaine de Lyon) 56, communes, 1,2million d'hab., projet de fusion des communes,projet d'installation d'une 2e raffinerie a proxi-mité, percement, dans Lyon d'un tunnel auto-routier (axe d'intérêt national payé pour 50%par la... COURLY, on voit le rôle des financesdes communes et communautés urbaines ...).

Les «scandales» n'y sont pour rien maisen leur présence, cette nomination d'un préfetde police sert à rassurer la moyenne et petitebourgeoisie qui commence à se paniquer avectoutes ces «affaires» '(qui ne sont d'ailleursque la suite logique du système capitaliste etde ses concentrations (derniers ex. créationd'un Hypermarché à Ecully, banlieue Ouest etdépérissement du quartier industriel de Vaise).

Les meilleures preuves en sont que cette no-

mination a été accueillie favorablement' parPradel (maire de Lyon, «neutre libéral », et onsait que la différence est mince entre les cen-tristes libéraux style J.J.S.S. et Lecanuet etles ultras d'extrême droite genre Tomasini,Soustelle et autre Marcellin) par' Max Moulins(préfet du Rhône et de la région, qui a déclaréimprudemment qu'il certifiait que pas un seulagent de l'ordre n'était corrompu) par la policeelle-même quoique «surprise» (réaction dessyndicats policiers) et aussi par la magistra-ture.

D'autre part le préfet de police s'occuperadirectement des immigrés (voir loi Fontanetdans P.H. n° 42) (1) et sera sous l'autoritédirecte du ministre de l'intérieur Marcellin. Ace titre il «aura pouvoir de décision et decontrôle en toutes affaires intéressant la sécu-rité et tranquillité publique» (Progrès de Lyon,21 sept. 72) donc il s'occupera de la répressiondes manifs et grèves.

pourquoi?Evidemment on ne nous fera pas croire que

cette nomination a pour but d'épurer la police,ni de soulager la COURLy et le préfet derégion en s'occupant des cartes grises, des taxisou même du «banditisme» (on sait bien quel'extrême gauche révolutionnaire est une bandede bandits). Cette mesure a pour but de rassu-rer la petite et moyenne bourgeoisie et répri-mer la classe ouvrière (2) d'étouffer les voixrévolutionnaires (3). Le scandale c'est l'exis-tence même du capitalisme et de l'exploitationde l'homme par l'homme.

(1) Et l'on sait jusqu'où va le racisme anti-arabe: ~Villefranche-sur-Saône où plusieurs travailleurs ont été assas-sinés ou blessés.

(2) " est à noter qu'un préfet de police sera nommé ~Marseille qui sera la 2e concentration ouvrière de France,cf Fos et à LIlle, région hautement industrialisée (Dunker-que, etc.).

(3) Le Conseil MunicIpal a interdit TOUT affichage illégalsur les murs de Lyon sous peine d'amendes de 25 F paraffiche.

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front libertaire

Une des plus importantes usinesde Nanterre s'en va

La câblerie GORSE, située 35 et 47, rue Mar-ceau, à Nanterre, s'en va vers les matins chan-tants de la décentralisation, à MELUN-SUR-YEVRE.

, Et ce, sans que rien n'en transpire, des ouvriersétant mutés ou licenciés, le tout se passant, bienentendu, pendant la période des vacances.

Quant on sait que GOR SE est une boîte où aucunsyndicat n'est toléré et que la plus part des ou-vriers sont des travailleurs immigrés, on peut êtresurpris par l'attitude compl ice du PC, qui, bienqu'étant à la Mairie de Nanterre, n'a rien fait enfaveur des ouvriers de, GORSE.

Il est vrai que la proximité d'une zone de réno-vation urbaine permet beaucoup de choses, on sepose des questions.

Si l'UDR construit avec acharnement pour sonplus grand profit des tours à la « Défense" où à la« porte d'Italie" (bureaux et appartements de luxepour cadres), le PC, lui, se réserve le « SOCIAL )1.

Résorber la crise du logement pour les muni-cipalités PCF, c'est confier à des promoteurs plusou moins intéressés la construction à la va-vitede grands ensembles. Résorber la crise du loge-ment ce n'est pas construire des casernes new-look, moder' style, l'exemple de Sarcelles, Saint-Denis et la Courneuve ne suffit pas. Il faut main-tenant des Sarcelles partout.

A Nanterre, il y a plein de nouvelles cités, ons'y emmerde à longueur d'année, sans compterqu'après 20 heures, la RATP ne dessert pratique-ment plus. Qu'y faire, sinon s'y abrutir devantson poste de télé? ..

- Non à ceux qui nous entassent, le jour, dansdes métros, des autobus, des bureaux et desusines.

mutations1icenciements

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- Non à ceux qui nous entassent, la nuit, dansdes cages à rat.

Le « Social", dans certains cas, n'exclu pas leprofit.

A Courbevoie, par suite de la proximité de laDéfense et des énormes profits qui y sont réali-sés, la spéculation foncière va bon train.

Cela a commencé par l'expulsion des habita-tions situées dans la zone d'aménagement del'EPAD. Puis les mairies UDR et affiliées desalentours se sont mises à leur tour à la spécula-tion. Sur Neuilly et sur Courbevoie, MM. Perretiet Depdez s'en sont mis plein les poches, surl'avenue de Neuilly, avec les buildings « Friden ",« IBM -. « UNIC -. etc.

A Courbevoie, avec le centre Charras et l'im-meuble « UAP ", les grandes usines comme « Elec-trolux », qui s'est décentralisée à Senlis, ont quittépeu à peu Courbevoie, entraînant les mutationset les licenciements de nombreux ouvriers, APutaux, après l'élection sanglante de Ceccalidià la Mairie, la spéculation foncière a repris deplus belle, des pressions ont fait taire le Comitéde défense des habitants du quartier Bellini.

Les H.L.M., initialement prévus dans la zonePutaux de la « Défense )1 ont fait place à des tourset des bureaux.

Aujourd'hui cela reprend de plus belle, et laplus importante usine de la zone, située entreNanterre et le boulevard de la Mission-Marchand,est menacée.

200 ouvriers vont se retrouver à la rue à lacâblerie MULLER & LANDAIS.

Située dans la zone nord-est de la zone d'amé-nagement de la Défens, cette usine doit êtreexpulsée, Mais on n'a pas encore trouvé une placeoù la mettre. L'usine devra donc fermer et entraî-ner tous les ouvriers au chômage. Le patron, lui,s'en tirera, ses capitaux seront placés ailleurs,les ouvriers, encore une fois, en feront les frais.

Le capital et son allié, l'Etat, n'en n'ont rien àfaire et le sort des 200 travailleurs de MULLER& LANDAIS est sans commune mesure avec lesénormes profits réalisés à la Défense. Mais lamenace ne s'abat pas que sur MULLER & LAN-DAIS: c'est tout lm quartier de Courbevoie quise trouve menacé. Le capitalisme dans la banlieueouest (la Défense) entamant sa restructuration surune grande échelle, sacrifie aux finalités de sonprofit toute une zone ouvrière de Courbevoie.

Si les mutations et les licenciements de pour-suivent à ce rythme dans ,Courbevoie, il y aurabientôt un record de chômage. La reconversiondes industries de la zone Charras ne s'est paseffectuée aussi bien que l'aurait souhaité M. De-prez.

Les travailleurs vont être expulsés; une actionva être entreprise par l'intermédiaire de l'U,L.-C.F.D.T. de Courbevoie, mais c'est déjà trop tard.Les travailleurs de MULLER & LANDAIS, endormispar le syndicat maison C.F.D.T., n'avaient pasvu le piège que leur tendaient simultanément lepatronat et les pouvoirs publics. Seule une mobi-lisation massive des travailleurs de Courbevoiepermettra d'arracher quelque chose aux requinsde l'immobilier et de la finance.

Avec les travailleurs de Courbevoie, organisonsdès maintenant la riposte.

C.F.L. Courbevoie.

Le capitalisme sacrifie aux Il nalités de son profit toute une zone ouvrière.

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Seule la riposte des travailleurs permettra de contrer l'offensive du patronat.

Mais cela ne va pas durer toujours et lestravailleurs de la MIOM feront les frais decette décentralisation réalisée dans leur dos.Les licenciements et la fermeture de l'usine nedevaient pas tarder.

Alors que faire?Une fois de plus est démontrée l'incapicité

des centrales syndicales à lutter contre de telsagissements. Seule une riposte des travailleurscomme l'occupation d'usine des travailleursd'Alsthorn à Saint-Ouen (autre fiilale C.G.E.)permettra de contrer cette nouvelle offensivedu patronat contre la classe ouvrière.

Jusqu'à ces dernières années la MIOM, àVitry, était une usine prospère, on 'y fabriquaitdes isolants, des bacs d'accus, des pièces enplastique d'électro-ménager, des filtres et untas d'autres applications relatives aux matièresplastiques. Puis la C.G.E. se constitua en hol-ding": le patronat décida que la MIOM neserait plus rentable à long terme.

On transféra une partie des ateliers à Péroneet une autre, spécialisée dans les bacs d'accus,à Nantes sous le nom de « Compagnie Euro-péenne d'Accumulateurs »,

Pour ne pas provoquer de conflit, on décidade maintenir l'usine de Vitry en état de léthar-gie. Un conflit social venant juste après celuidu Joint Français était donc à éviter pour latrès puissante C.G.E.

,~Holding: la société mère garde le nomC.G.E. mais ne possède pas les usines qui sontla propriété des filiales.

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mutations1 icenciements

les travailleursde la HOLDINGC.G.IE.font les fraisde larestructurationdu capitalisme

SONY et TRANCHANT: la fin d' un grand amour.A l'image même de son P.D.G.,

Georges Tranchant, le groupe Tran-chant avait pris une ascension ful-gurante dans le domaine des com-posants électroniques,

Georges Tranchant est un peu dela race des Henry Ford, Louis Re-nault et Marcel Dassault et autresenfants chéris du capitalisme, undes visages de proue que le grandcapital livre aux masses pour dé-montrer son aspect « réussite per-sonnelle », Georges Tranchant, com-me Henry Ford avait commencé

avec rien, c'est ce qu'affirmait il ya quatre ans la revue « Entreprise»dans un article consacré à ce chefde file de l'industrie électroniquefrançaise.

L'électronique prenant ces dixdernières années un essor prodi-gieux, l'usine de la rue Madame deSanzillon, s'agrandit et on construi-sit, à Conflans - Sainte - Honorine,« Tranchant Mécanique» (usinespécialisée dans la mécanique deprécision), « Tranchant Electroni-que» restant à Clichy. Les compo-

sants se vendaient bien mais celane suffisait pas. Le groupe Tran-chant pris donc la représentation'exclusive pour la France de Sony,puissant trust japonais spécialisédans l'électronique de précision.Tout allait bien, l'usine était pros-père, mais il y régnait un climatmalsain. Pendant la journée degrève nationale C.G.T. du 7 juindernier, on entendit M. Amar, di-recteur général, dire aux grévistesde reprendre immédiatement le tra-vail sous peine d'être « vidés »,

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Maintenant c'est fait, mais paspour les mêmes raisons. Sonyayant retiré l'importation à Tran-chant, ce sont 150 travailleurs quise retrouvent à la rue, l'usine s'éta-blissant à Orsay.

Une fois de plus les travailleursfont les frais de ce que préparentdans leur dos les grands capitalis-tes. Le rôle passif de la C.G.T. àTranchant est aussi dénoncé. Aforce de vouloir jouer à l'interlo-cuteur avec le patronat on en ar-rive ainsi à perdre toute liaisonavec la classe ouvrière.

D'autre part la prochaine miseen application de la loi Fontanet sur1¤!6immigrés (qui oblige tout im-migré à pointer au conunissariatde police, à avoir « un logementdécent » et un contrat de travaild'Un an s'il veut obtenir une car-te de séjour) va rendre la situa-tion intenable aux jeunes déser-teurs en France. TI faut s'atten-dre dans les prochains mois à desexpulsions en série (qui touche-ront d'ailleurs tous les secteursd'immigration), et nous devonstenir prêts à nous mobiliser sur ceproblème afin d'empêcher touteexpulsion à la sauvette.

PORTUGAL: «Nous refusons de participer à la sale guerre coloniale en Afrique!» .(Suite de la page 8)

ture et les assassinats (« suicide )par la police de la compagne dudirigeant syndical Cabrita), n'apu empécher sabotages, manires.tations et grèves. Les sabotagesde plus en plus nombreux sont di-rigés contre les installations del'O.T.A.N." les centres de l'arméeles bases aériennes et navales ...Les réseaux de désertion et d'émi-gration des soldats opposés à laguerre coloniale se développent etse mettent en place à l'intérieurmême de l'armée.

Trente cinq jeunes portugaisviennent ainsi de déserter et de

passer au Danemark. Ils ont ex-pliqué dans une conférence depresse leur choix de la désertionet de l'exil et leur refus de com-battre les mouvements de libéra-tion nationale dans les coloniesportuguaises (Angola, Mozambi-que, Guinée-Bissau, Iles du CapVert). Ils ont montré en quoi leurrefus n'était pas un simple refusphilosophique mais se situait surle terrain politique de la lutte desclasses, étant partie prenante dela lutte contre l'impérialisme.

Un de ces camarades, ValentinBorn, ex-élève officier de l'Acadé-mie Militaire portuguaise a expli-qué comment les responsables de

l'Académie aimaient raconter àleurs élèves « les plaisirs colo-niaux }) et en particulier « com-bien il était amusant d'utiliserdes nègres comme cibles vivanteslors des exercices de tir» !

Il nous faut ici aussi appuyerle plus possible les déserteurs por-tuguais et populariser leur mou-vement, surtout que la collabora-tion de la police politique portu.guaise et des sbires de Marcellinest tous 1¤!6jours plus étroite etque des accords existent entre lesdeux gouvernements permettant derefuser l'entrée en France des por-tuguais de moins de 21 ans et quin'ont donc pas été à l'armée.

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LE COUTDEL'ARMEE

Le profond dégoût de la jeunesse française pour le mi litarisme n'a cessé des'approfondir depuis mai 68,

De plus en plus de jeunes disent non à l'embrigadement; en même tempsune répression féroce s'abat sur tous ceux qui ont osé s'opposer à l'embrigade-ment et à l'arbitraire des galonnés; objecteurs, déserteurs et insoumis principa-lement, Puttemans, Chapelle, Jambois, Janin, Fayard, Gaignard, Valton, Martin,Denis ... Les prisons et les bagnes militaires se remplissent.

Exigeons la SUPPRESSION DU SERVICE NATIONAL OBLIGATOIRE!Population mondiale 3.600.000.000Déshérités, sous-alimentés, affamés 2.400.000.000

Mais. dans les pays « riches»: gaspillage extraordinaire de main-d'œuvreet de produits.

Dépense mondiale annuelle pour les armements:2.000 milliards de N.F., l'équivalent de 20 millions de logements modernes.Coût annuel d'un soldat:Quatre-vingts fois celui de l'éducation d'un enfant.Coût d'un nouveau bombardier (prototype avec son équipement)- 250.000 fois le traitement d'un instituteur;- ou 3Q facultés de sciences (1.000 étudiants chacune)- ou 75 hôpitaux de 100 lits (complètement équipés) ;- ou 50.000 tracteurs;- ou 15.000 moissonneuses-batteuses.

Une bombe nucléaire ({ standard» de 20 mégatonnes suffit pour anéantirn'importe laquelle des grandes capitales ...

Elle tuerait à 300 kilomètres du lieu d'explosion.

Les U,S.A. et l'U.R.S.S. en ont fabriqué et stocké 16.000.

Lewis PAULING «< Courrier de l'UNESCO)

1 char léger « AMX)} .. ' .. , ,' coûte autant que 50 R-81 char lourd « Patton » .••..•.••..•.•••.. coûte autant que 200 R-81 hélicoptère «Frelon» '..... coûte autant que 500 R-81 «Mirage III» , coûte autant que 700 R-81 «Mirage IV}) , , coûte autant que 2.500 R-81 sous-marin atomique (sans armement) coûte autant que 40.000 R-8

(D'après le supplément d' « UNION PACIFISTE -. no 50)

PORTUGAL·« Nous refusons de participerà la sale guerre coloniale en Afrique!»

Le mouvement de résistance à'l'oppression politique intérieuredu gouvernement fasciste Caeta-no et à la guerre coloniale, s'am-plifie toujours malgré une répres-sion très dure, La campagne lan-

cée par le Ministre de l'Intérieurqui visait à supprimer toute oppo·sit ion légale ou clandestine et quise traduit quotidiennement pardes arrestations de masse, la tor-

(Suite page 7)

Yougoslavie:nouvelles

condamnationsDe nouvelles condamnations (de quatre à un an de ré-

clusion) viennent d'être prononcées contre des anciens diri-geants des: organisations étudiantes de la République Fédé-rée de Croatie. Toute l'accusation qui repose sur les articlesn° 100 (« attaque contre-révolutionnaire contre le systèmeétatique et social ») et rr 118 (« propagande ennemie ») ducode pénal yougoslave, renoue avec la vieille pratique sta-linienne d'assimilation de toute critique du régime « socia-liste» à de la propagande contre-révolutionnaire et fasciste.

Les procès succèdent aux procès : depuis le printempsdernier il y a eu plus de 2.000 arrestations <ouvriers, étu-diants et intellectuels), 300 condamnatoins politiques ont déjàété prononcées et plus de 200 cas restent en attente, interdic-tion de journaux « contestataires» «( Student », « Tribuna »,« Praxis »... ), épuration sans précédent dans le parti, lessyndicats, les associations d'anciens combattants, les commu-nes ... Tout cela au nom d'une soi-disant résurgence des ten-dances « nationalistes », « trotskistes' » ou « anarcho-Iibéra-leS ». En fait la grande majorité des camarades arrêtés etjugés sont de véritables communistes qui ont fait leur le motd'ordre d'autogestion et qui ont osé en réclamer l'application.Les condamnations. frappent aujourd'hui tous ceux qui, àl'été 1968, avaient manifesté pour la suppression des inéga-lités sociales, l'abolition des privilèges de la nouvelle bour-geoisie qu'est la bureaucratie, pour une société socialiste au-togestionnaire fondée sur le pouvoir réel des conseils d'ou-vriers.

Déclaration de Milan NIKOLIC, ancien dirigeant de l'or-ganisation étudiante de Zagreb, condamné à 2 ans. de prisonen août 1972 :

« Nous sommes poursuivis pour hérésie parce que n'Ousavons affirmé que des rapporte soeiallstes réellement hu-mains ne peuvent être établis dans le cadre d'une économiede marché et d'une concur-rence débridée; que la dérnner-afiesocialiste et I'uutogestion ne peuvent être édifiées si, en mê-me temps, on renforce constamment le rôle poltt ique et éco-nomique de l'Etat; que I'on ne peut prétendre avoir réaliséI'autogestton ouvrière et le pouvoir- de la classe ouvrtèrequand il n'y a pas duuvr iers là où se prennent les déctslonsessentielles POUT le destin de la société et quand le nombreet l'influence des ouvriers diminuent rapidement au sein duparti unique qui détient le pouvoir.

» Nous sommas accusés di'hérésie parce que nous estimonsqu'il est possible et nécessaire de réaliser immédiatement uneautogestion ouvr ière intégrale à tous les niveaux de la soeié-té - du niveau des usines jusqu'à celui de la Fédéra tlon you-goslave - en confiant aux masses la gestion de la société eten abofissant le rôle des « polf ticiens professionnels »; qu'ilest possible d'édifier une économie équilibrée, hautement dé-veloppée et capable d'assurer le plein emploi, en s'appuyantsur une analyse scientifique des besoins de la société, en uti-lisant les ressources disponibles et en ayant recours ci, uneplamfication démocrutique de l'économie ...

» Mes amis et moi pensons que le soeiafisms, humain etdémocratique et l'autogestiOn ouvrière ne peuvent être édi-fiés si toutes les énergies créatrices du peuple ne sont libé-rées, ce qui .suppose une totale liberté de recherche- et d'ex-pression au sujet du développement progressif de la société.Or toute conception contraire à I'officielle est tenue pourhosttle au socialisme. Nous ne serons sûrement, pas les' der-niers à être poursuivis pour nos idées. »

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