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1 Université Paris VI- Faculté de médecine Pitié Salpétrière Année universitaire 2009-2010 OSTEONECROSE DU GENOU APRES MENISCECTOMIE : INTERET DE LA MESOTHERAPIE A PROPOS D'UN CAS. Mémoire pour le DIU de mésothérapie présenté par : Dr Bonardel Vanessa Melle Martini Léa, interne DIRECTEUR : Professeur Michel PERRIGOT RESPONSABLE de l’enseignement : Docteur Denis LAURENS

OSTEONECROSE DU GENOU APRES … · L'intérêt de ce travail est de proposer l'aide de la mésothérapie dans un cas d'ostéonécrose ... Le diagnostic au stade précoce repose sur

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Université Paris VI- Faculté de médecine Pitié Salpétrière

Année universitaire 2009-2010

OSTEONECROSE DU GENOU APRES

MENISCECTOMIE : INTERET DE LA

MESOTHERAPIE A PROPOS D'UN CAS.

Mémoire pour le DIU de mésothérapie présenté par :

Dr Bonardel Vanessa

Melle Martini Léa, interne

DIRECTEUR : Professeur Michel PERRIGOT RESPONSABLE de l’enseignement : Docteur Denis LAURENS

2

SOMMAIRE INTRODUCTION ................................................................................ 3 I. OSTEONECROSE DU CONDYLE FEMORAL : RAPPEL ........... 4

I.1. PHYSIOPATHOLOGIE ............................................................................................ 4

I.2. DIAGNOSTIC ........................................................................................................... 5

I.3. EVOLUTION ET TRAITEMENT ............................................................................ 6

II. EXPOSE DU CAS CLINIQUE ....................................................... 7 III. PROTOCOLES DE MESOTHERAPIE ....................................... 11

III.1. PREMIER PROTOCOLE ........................................................................................ 11

III.2. DEUXIEME PROTOCOLE .................................................................................... 12

IV. EVOLUTION ............................................................................... 13

IV.1. EVOLUTION CLINIQUE ....................................................................................... 13

IV.2. EVOLUTION PARACLINIQUE: CONTROLE IRM A 3 MOIS .......................... 18

V. DISCUSSION ................................................................................ 19 CONCLUSION .................................................................................. 26 BIBLIOGRAPHIE ............................................................................. 27 ANNEXES ......................................................................................... 28

Annexe 1: Distinction entre ONA primitives et secondaires ........................................... 28 Annexe 2: IRM initiale ..................................................................................................... 29 Annexe 3: IRM de contrôle à 3 mois ............................................................................... 29 Annexe 4: Indice algofonctionnel de Lequesne ............................................................... 30

3

INTRODUCTION

La mésothérapie, à côté des traitements médicamenteux classiques se révèle être un outil

thérapeutique intéressant dans un certain nombre de pathologies en particulier dans la

pathologie micro traumatologique et rhumatologique.

Grâce à ses effets réflexes et pharmacologiques, cette technique permet souvent d'améliorer

les symptômes douloureux, l'inflammation et les phénomènes cicatriciels, ce qui permet de

l'intégrer dans un ensemble thérapeutique.

L'intérêt de ce travail est de proposer l'aide de la mésothérapie dans un cas d'ostéonécrose

aseptique (ONA) du condyle fémoral interne post méniscectomie bien documenté et

diagnostiqué à un stade précoce.

En effet, les mauvais résultats concernant les prothèses de genou sur ostéonécrose justifie des

recherches et des propositions thérapeutiques alternatives (1).

L'absence de travaux concernant l'intérêt de la mésothérapie dans cette pathologie, l'innocuité

de la technique et sa rapidité d'action, nous ont donc amené à proposer cet outil comme

alternative au traitement médicamenteux classique (antalgiques et AINS per os) associé au

repos articulaire complet à propos d'un cas.

Après un rappel de cette pathologie, le cas clinique sera détaillé ainsi que les protocoles de

mésothérapie utilisés.

L'évolution clinique de cette pathologie sous traitement par mésothérapie sera appréciée par

une évaluation régulière des symptômes douloureux et de la gêne fonctionnelle.

L'évolution paraclinique quant à elle sera évaluée par une IRM du genou à 3 mois de

traitement.

Enfin, nous discuterons de l'outil d'évaluation utilisé, des résultats obtenus, de la pertinence

des protocoles utilisés et des avantages de la mésothérapie dans ce cas clinique particulier.

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I. OSTEONECROSE DU CONDYLE FEMORAL : RAPPEL

I.1. PHYSIOPATHOLOGIE

L'ONA "dite primitive" du condyle fémoral interne est une affection rare caractérisée par une

destruction osseuse sous chondrale évoluant très souvent vers une arthrose secondaire (1).

Malgré des caractéristiques très différentes, les ONA primitives du genou et les ONA

secondaires ou systémiques étaient auparavant confondues (voir tableau 1 en annexe).

Selon la théorie mécanique, l’ONA condylienne primitive correspond pour l’essentiel à

l’accumulation de microfissures de contrainte qui aboutissent, par interruption de l’apport

vasculaire à une ostéonécrose de contrainte (8). Elle survient ainsi en dehors de tout facteur de

risque classique de l’ONA secondaire (corticothérapie, alcool, lupus, radiothérapie…).

Les ostéonécroses secondaires ou systémiques sont très vraisemblablement de vraies

ostéonécroses. Il est plus probable que l'ostéonécrose dite primitive ne soit pas réellement une

ostéonécrose, mais plutôt un processus pathologique du genou correspondant à une fracture de

fatigue laissant pénétrer du liquide ostéoarticulaire dans la zone sous chondrale et entraînant

secondairement des anomalies de signal et une détérioration osseuse aboutissant à l'arthrose

(8).

Certains facteurs de risque de nature mécanique sont volontiers présents : gonarthrose, lésions

méniscales, troubles de la statique du genou dans le plan frontal. Elle survient dans 90 % des

cas, au pôle inférieur du condyle interne, territoire de contraintes mécaniques maximales (3).

On rapproche actuellement de ce cadre les ONA des condyles fémoraux décrites dans les

suites de méniscectomie du genou (1) qui peuvent survenir en moyenne 24 mois après

l'intervention sur les ménisques (4).

Après les microtraumatismes causés par la méniscectomie, du liquide entre dans la région

intra condylienne, majorant ainsi la pression intra osseuse et causant une ischémie focale (4).

Lorsqu'un affaissement du contour condylien se produit, l'évolution se fait dans des délais très

variables vers une arthrose.

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I.2. DIAGNOSTIC

Les signes cliniques de cette affection ne sont pas spécifiques mais il faut penser au diagnostic

devant toute douleur unilatérale du genou d'apparition brutale chez les femmes de plus de 55

ans, surtout s'il existe un antécédent de méniscectomie sur ce genou (2).

Son début est souvent brusque : soit le malade souffre pour la première fois de son genou,

parfois à la suite d’un petit traumatisme, soit il se produit, sur un fond douloureux au genou,

une aggravation soudaine des douleurs (8).

L’ONA primitive du genou est le plus souvent condylienne, affectant le condyle interne dans

la quasi-totalité des cas. L’atteinte du plateau tibial interne est extrêmement rare.

L’ONA se manifeste typiquement comme une gonalgie mécanique avec cependant des réveils

nocturnes fréquents en début d’évolution. La douleur est localisée en regard du condyle

interne, et s’aggrave rapidement. La pression du condyle interne (genou fléchi à 120°) réveille

de vives douleurs. Un épanchement articulaire peut survenir, dont la nature est mécanique. La

biologie ne montre pas de syndrome inflammatoire.

Le diagnostic est fait grâce à l’imagerie. Les radiographies standards sont longtemps

normales, et ce n’est qu’après 2-3 mois qu’apparaît l’image typique d’ostéonécrose

condylienne: clarté sous chondrale entourée d’un liseré d’ostéocondensation. Un

aplatissement du condyle, lié à un effondrement de la zone nécrotique peut s’observer en fin

d’évolution (1).

Le diagnostic au stade précoce repose sur l'imagerie par résonance magnétique, qui dans la

majorité des cas permet d'obtenir un diagnostic certain de la pathologie (3). (Voir annexe 2).

La nécrose se présente au premier stade, sous forme d’une plage d’oedème osseux à limites

floues, sans fissure osseuse visible au niveau du pôle inférieur du condyle interne.

Deux évolutions sont encore possibles. Il peut s’agir d’une résolution spontanée : on parlera

alors d’oedème osseux transitoire ou « d’ostéonécrose réversible ». Peuvent, en revanche,

apparaître des couches tissulaires sous-chondrales nécrotiques: c’est « l’ostéonécrose

irréversible qui s'installe en quelques semaines (3; 9).

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I.3. EVOLUTION ET TRAITEMENT

L’évolution, variable, dépend surtout de l’étendue de la nécrose, sa localisation en zone

portante, l’importance de la désaxation frontale, et la précocité de la mise en décharge du

membre inférieur.

La guérison clinique peut survenir rapidement en cas de nécrose respectant la zone portante,

ou de petite taille qui aura été rapidement traitée par béquillage.

Dans le cas contraire, l'évolution se fait habituellement vers un affaissement du contour

condylien avec la constitution d'une arthrose sévère générant des douleurs chroniques (1).

Un délai de plusieurs années (5 à 10 ans) précède parfois la dégradation arthrosique.

Le traitement médical classique pour les stades précoces consiste à mettre le membre inférieur

en décharge le plus précocement possible pendant au moins 4 semaines associé à la

prescription d'antalgiques et d'anti inflammatoires non stéroïdiens par voie orale (1).

Malheureusement, la chirurgie est parfois nécessaire lorsque la déformation condylienne est

importante et la gêne fonctionnelle majeure (ostéotomie, arthroplastie uni comportementale

voir prothèse totale genou) (8).

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II. EXPOSE DU CAS CLINIQUE

Madame D. est une patiente de 72 ans, ancienne enseignante dans un collège.

C'est une femme très autonome et sportive (aquagym, randonnée, gymnastique).

Elle ne fume pas, ne consomme pas de boissons alcoolisées et ne présente aucun facteur de

risque cardiovasculaire.

Elle est ménopausée depuis l'âge de 46 ans et ne prend aucun traitement.

Antécédents médicaux:

Mélanodermie explorée en 1984 sans étiologie retrouvée.

Syndrome musculaire douloureux modéré des membres inférieurs à l'effort exploré

lors d'une hospitalisation en médecine interne en juillet 2009: biopsie musculaire en

faveur d'une myofasciite à macrophages.

Antécédents chirurgicaux:

Exérèse de nodules thyroïdiens bénins en 1983

Exérèse d'un calcul rénal en 1992

Arthroscopie lavage du genou gauche en novembre 2008 avec résection de languettes

méniscales dégénératives de la corne postérieure du ménisque interne.

La patiente vient consulter au cabinet fin novembre 2009 pour une douleur aiguë du genou

gauche apparue il y a deux jours de façon brutale sans traumatisme et qui persiste au repos.

Cela réveille la patiente la nuit malgré la prise de 3 g de paracétamol par jour.

La marche et la montée des escaliers sont devenues impossibles.

La patiente signale qu'elle a déjà été opérée du ménisque interne sur ce même genou un an

plus tôt.

A l'examen clinique, la patiente marche en boitant. L'appui monopodal gauche est très

douloureux. Il existe un flessum du genou gauche non réductible.

La palpation retrouve une hydarthrose avec choc rotulien net et une douleur exquise en regard

du condyle fémoral interne droit à distance de l'interligne articulaire fémorotibiale interne

gauche (EVA à 8 sur 10).

L'articulation n'est ni chaude ni rouge.

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La flexion passive et active en décubitus dorsal est très douloureuse et limitée à 90 °.

La patiente est apyrétique.

Les autres articulations sont normales.

Le reste de l'examen clinique est sans particularité.

Une première séance de mésothérapie à visée antalgique, anti-inflammatoire et anti

œdémateuse est proposée:

• Mélange principal en regard du condyle fémoral interne gauche avec lidocaïne 1% (2

cc) + piroxicam (1 cc) + calcitonine 100 UI (1 cc) en intradermique profonde (IDP).

• Mélange complémentaire en péri articulaire avec lidocaïne 1% (2 cc) +

thiocolchicoside (2 cc) + étamsylate (1 cc) en intra épidermique (IED).

Après discussion avec l'orthopédiste, une radiographie standard et une IRM du genou sont

réalisées.

La radiographie montre :

discrète déminéralisation osseuse sans anomalie focale de la structure osseuse.

discret pincement fémoro-tibial médial.

pas de pincement significatif des interlignes fémoro- patellaires.

L'IRM montre:

une importante hydarthrose avec un hyposignal du condyle fémoral interne gauche en

T1 et hypersignal T2, un méplat de la corticalité évoquant un début d'ostéonécrose du

condyle interne.

un ménisque interne résiduel dégénératif et fissuré.

un aspect également dégénératif du ménisque externe au niveau de la corne

postérieure

un très net amincissement du cartilage d'encroûtement fémoro-tibial et rotulien

témoignant d'une chondropathie articulaire.

L'IRM du genou gauche réalisée en septembre 2008 avant la chirurgie sur le ménisque

interne montre:

un épanchement intra articulaire d'abondance moyenne.

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une fissure oblique de la corne postérieure du ménisque médial avec une languette

méniscale luxée dans le récessus ménisco- tibiale.

des lésions de chondropathie ménisco- tibiales prédominant sur le compartiment

médial.

pas d'anomalie de signal osseux visible.

l'intégralité du ménisque latéral, des ligaments collatéraux et des ailerons rotuliens.

Le compte rendu opératoire de novembre 2008 rapporté par la patiente montre qu'elle a

bénéficié d'une régularisation de cette lésion de la corne postérieure du ménisque interne sous

arthroscopie, et qu'il existait des lésions de chondropathie stade II en miroir du compartiment

fémorotibial interne en zone d'appui.

Le diagnostic retenu et conforté par l'orthopédiste est donc un début d'ONA du condyle

fémoral interne gauche post méniscectomie.

Une mise en décharge avec béquillage est prescrite une fois le diagnostic établi.

Deux autres séances de mésothérapie avec le même protocole sont effectuées à J4 et J8

Une semaine après, un deuxième protocole de mésothérapie à visée reminéralisante et anti

arthrosique est proposé comprenant:

• Mélange principal en regard du condyle fémoral interne gauche avec calcitonine

synthétique de saumon (1cc); du silicium Conjonctyl (2 CC) et du calcium ALKO (2

CC) en intradermique profonde (IDP) à visée trophique et reminéralisante.

• Mélange complémentaire en péri articulaire avec le même mélange en intra

épidermique

Trois séances de ce type sont prévues à 2 semaines d'intervalle suivies d'une autre séance à 1

mois.

L'évolution de la pathologie sous traitement par mésothérapie et repos sera évaluée

cliniquement par l'évolution de la douleur, de la gêne fonctionnelle et de la fonction

articulaire à chaque consultation.

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Pour cela, une grille d'évaluation a été élaborée à l'issue de la première consultation,

indiquant:

• La présence de douleurs nocturnes (aucune, aux mouvements, même immobile).

• La prise de paracétamol en g par jour.

• La présence d'une boiterie: oui ou non et avec ou sans canne.

• La présence ou non d'un épanchement liquidien.

• L'évaluation de la douleur par une EVA à la palpation du condyle fémoral interne

gauche.

• La mesure de la flexion du genou gauche de façon bilatérale et comparative en degré

initialement puis par la mesure en cm de la distance talon fesses.

• Les difficultés de la vie quotidienne: (sans difficulté, assez facilement, avec difficulté,

avec beaucoup de difficulté ou impossible) pour:

Descendre un étage

Montée un étage

Marcher sans béquilles

S'accroupir

Se relever d'un siège sans l'aide des bras

L'évolution de l'ostéonécrose sera réévaluée radiologiquement par une IRM à 3 mois.

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III. PROTOCOLES DE MESOTHERAPIE

III.1. PREMIER PROTOCOLE

Au niveau du condyle fémoral interne:

Désinfection: Biseptine à 2 reprises.

Matériel: stérile, à usage unique avec seringue de 10 cc, aiguille de 4x0.30 mm, gants

stériles.

Technique: assistée avec pistolet électronique point par point.

Mélange associant 3 produits:

• lidocaïne 1% (2 cc)

• piroxicam (1 cc)

• calcitonine synthétique de saumon 100 UI (1 cc).

Profondeur : intradermique profonde (IDP), 4 points d'injection.

Rythme des séances: J0, J3 et J8

Au niveau péri articulaire:

Désinfection: Biseptine à 2 reprises

Matériel: stérile, à usage unique avec seringue de 10 cc, aiguille de 13x0.30 mm, gants

stériles.

Technique: manuelle.

Mélange associant 3 produits:

• lidocaïne 1% (2 cc)

• thiocolchicoside (2 cc)

• étamsylate (1 cc)

Profondeur: en intra épidermique (IED).

Rythme des séances : J0, J3 et J8.

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III.2. DEUXIEME PROTOCOLE

Au niveau du condyle fémoral interne:

Désinfection: Biseptine à 2 reprises

Matériel: stérile, à usage unique avec seringue de 10 cc, aiguille de 4x0.30 mm, gants

stériles.

Technique: assistée avec pistolet point par point.

Mélange associant 3 produits:

• calcitonine synthétique de saumon 100 UI (1cc)

• silicium Conjonctyl (2 cc)

• calcium (2 cc).

Profondeur: intradermique profonde (IDP), 4 points d'injection

Rythme des séances: J15, J30, J45 et J75.

Au niveau péri articulaire:

Désinfection: Biseptine à 2 reprises

Matériel: stérile, à usage unique avec seringue de 10 cc, aiguille de 13x0.30 mm, gants

stériles.

Technique: manuelle

Mélange: même mélange

Profondeur: en intra épidermique (IED).

Rythme des séances: J15, J30, J45, J75.

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IV. EVOLUTION

IV.1. EVOLUTION CLINIQUE

1/ PREMIER PROTOCOLE DE MESOTHERAPIE

BILAN A J0 (avant première séance du premier protocole)

• Douleur nocturne: oui même immobile

• Prise de paracétamol: oui 3 g par jour

• Boiterie: oui avec 2 cannes

• La présence ou non d'un épanchement liquidien: oui

• EVA douleur à la percussion du condyle fémoral interne gauche: 8 sur 10

• Mesure de la flexion du genou : 90° à gauche, 150° de flexion articulaire à droite.

• Difficultés de la vie quotidienne: (sans difficulté, assez facilement, avec difficulté,

avec beaucoup de difficulté ou impossible).

Descendre un étage: impossible

Monter un étage : impossible

Marcher sans béquilles: impossible

S'accroupir: impossible

Se relever d'un siège sans l'aide des bras: impossible

BILAN A J3 (avant la deuxième séance du premier protocole)

• Douleur nocturne: non

• Prise de paracétamol: oui 1 g par jour

• Boiterie: oui avec 2 cannes

• La présence ou non d'un épanchement liquidien: non

• EVA douleur à la palpation du condyle fémoral interne gauche: 5 sur 10

• Mesure de la flexion du genou: 110° à gauche, 150° de flexion à droite.

• Difficultés de la vie quotidienne: (sans difficulté, assez facilement, avec difficulté,

avec beaucoup de difficulté ou impossible).

Monter un étage : avec difficultés

Descendre un étage: impossible

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Marcher sans béquilles: impossible

S'accroupir: impossible

Se relever d'un siège sans l'aide des bras: avec beaucoup de difficultés

BILAN A J8 (avant la troisième séance du premier protocole)

• Douleur nocturne: non

• Prise de paracétamol: 0

• Impotence fonctionnelle (boiterie): oui avec 1 canne

• La présence ou non d'un épanchement liquidien: non

• EVA douleur à la palpation du condyle fémoral interne gauche: 3 sur 10

• Mesure de la flexion du genou: distance talon cuisse 17 cm à gauche et 9 cm à droite

• Difficultés de la vie quotidienne: (sans difficulté, assez facilement, avec difficulté,

avec beaucoup de difficulté ou impossible).

Monter un étage : assez facilement

Descendre un étage: impossible

Marcher sans béquilles: impossible

S'accroupir: impossible

Se relever d'un siège sans l'aide des bras: avec difficulté

BILAN A J15 (avant la première séance du deuxième protocole)

• Douleur nocturne: non

• Prise de paracétamol: 0

• Boiterie: oui avec une canne

• La présence ou non d'un épanchement liquidien: non

• EVA douleur à la palpation du condyle fémoral interne gauche: 3/10

• Mesure de la flexion du genou: distance talon cuisse 13 cm à gauche et 9 cm à droite

• Difficultés de la vie quotidienne: (sans difficulté, assez facilement, avec difficulté,

avec beaucoup de difficulté ou impossible).

Monter un étage : assez facilement

Descendre un étage: avec difficulté

Marcher sans béquilles: impossible

S'accroupir: impossible

Se relever d'un siège sans l'aide des bras: assez facilement

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2/ DEUXIEME PROTOCOLE DE MESOTHERAPIE

BILAN A J30 (avant la deuxième séance du deuxième protocole)

• Douleur nocturne: non

• Prise de paracétamol: 0

• Boiterie: oui sans canne

• La présence ou non d'un épanchement liquidien: non

• EVA douleur à la palpation du condyle fémoral interne gauche: 3/10

• Mesure de la flexion du genou: distance talon cuisse 10 cm à gauche et 9 cm à droite

• Difficultés de la vie quotidienne: (sans difficulté, assez facilement, avec difficulté,

avec beaucoup de difficulté ou impossible).

Monter un étage : assez facilement

Descendre un étage: assez facilement

Marcher sans béquilles: assez facilement

S'accroupir: avec beaucoup de difficultés

Se relever d'un siège sans l'aide des bras: assez facilement

BILAN A J45 (avant la troisième séance du deuxième protocole)

• Douleur nocturne: non

• Prise de paracétamol: 0

• Boiterie: non et sans canne

• La présence ou non d'un épanchement liquidien: non

• EVA douleur à la palpation du condyle fémoral interne gauche: 2/10

• Mesure de la flexion du genou: distance talon cuisse à gauche et à droite 9 cm

• Difficultés de la vie quotidienne: (sans difficulté, assez facilement, avec difficulté,

avec beaucoup de difficulté ou impossible).

Monter un étage : sans difficulté

Descendre un étage: sans difficulté

Marcher sans béquilles: sans difficulté

S'accroupir: avec difficultés

Se relever d'un siège sans l'aide des bras: assez facilement

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BILAN A J75 (avant la quatrième séance du deuxième protocole)

• Douleur nocturne: non

• Prise de paracétamol: 0

• Boiterie: non et sans canne

• La présence ou non d'un épanchement liquidien: non

• EVA douleur à la palpation du condyle fémoral interne gauche: 0/10

• Mesure de la flexion passive et active: distance talon cuisse à gauche et à droite 9 cm

• Difficultés de la vie quotidienne: (sans difficulté, assez facilement, avec difficulté,

avec beaucoup de difficulté ou impossible).

Monter un étage : sans difficulté

Descendre un étage: sans difficulté

Marcher sans béquilles: sans difficulté

S'accroupir: avec difficultés

Se relever d'un siège sans l'aide des bras: sans difficulté

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TABLEAU RECAPITULATIF DES RESULTATS

Protocole Premier protocole Deuxième protocole

Rythme des séances

J0 J3 J8 J15 J30 J45 J75

Douleurs nocturnes

oui, même immobile

non non non non non non

Prise de paracétamol

3 g/j 1 g/j 0 g/j 0 g/j 0 g/j 0 g/j 0 g/j

Boiterie oui avec 2 cannes

oui avec 2 cannes

oui avec 1 cannes

oui avec 1 canne

oui sans canne

non sans canne

non sans canne

Epanchement liquidien

oui non non non non non non

EVA douleur à la palpation du condyle fémoral

8/10 5/10 3/10 3/10 3/10 2/10 0/10

Amplitude articulaire

90° de flexion

110° de flexion

distance talon

cuisse 17 cm

distance talon

cuisse 13 cm

distance talon

cuisse 10 cm

distance talon

cuisse 9 cm

distance talon

cuisse 9 cm

Monter un étage impossible avec

difficultés assez

facilement assez

facilement assez

facilement sans

difficulté sans

difficulté Descendre un étage impossible impossible impossible avec

difficultés assez

facilement sans

difficulté sans

difficulté Marcher sans béquilles impossible impossible impossible impossible assez

facilement sans

difficulté sans

difficulté

S'accroupir impossible impossible impossible impossible

avec beaucoup

de difficultés

avec difficulté

avec difficulté

Se relever d'un siège sans les mains

impossible

avec beaucoup

de difficultés

avec difficultés

assez facilement

assez facilement

assez facilement

sans difficulté

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IV.2. EVOLUTION PARACLINIQUE: CONTROLE IRM A 3 MOIS

L'IRM du genou gauche effectué à trois mois de traitement conservateur montre:

l'épanchement intra articulaire a presque totalement régressé.

les remaniements de l'os sous chondral du condyle ont également presque disparus.

il n'est pas retrouvé d'image en faveur d'une ostéonécrose.

il persiste des remaniements du ménisque interne en rapport avec les antécédents de

méniscectomie en 2008.

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V. DISCUSSION

Ce cas rapporté d'ONA condylienne fémorale apparue dans les suites d'une méniscectomie a

permis de proposer dans cette indication un traitement médical conservateur par mésothérapie

et d'en suivre l'évolution.

Le traitement médical de l'ostéonécrose est en effet indiqué lorsque le diagnostic a été fait à

un stade précoce de la maladie, ce qui est le cas chez cette patiente comme en témoigne

l'absence de modifications apparentes sur les radiographies standard initiales (4) et la

normalité de l’IRM du genou concernant l’os sous chondral un an plus tôt.

Le traitement par mésothérapie a débuté à J0, en association au paracétamol soit 48 heures

après l'apparition des premiers symptômes et avant l'absence de diagnostic précis.

Une fois le diagnostic posé par l'IRM, le repos articulaire par béquillage a été préconisé à

l'issue de la deuxième séance de mésothérapie (J3).

Afin de pouvoir évaluer l'évolution de la pathologie et ne disposant d'aucun outil validé pour

l'ostéonécrose du genou, un questionnaire a été élaboré.

Cette grille d'évaluation, largement inspirée de l'indice algofonctionnel de Lequesne pour le

genou (cf. annexe 3) nous a permis de suivre l'évolution de la douleur, de l'impotence

fonctionnelle et de la fonction articulaire à chaque consultation.

Ce choix n'a pas été fait au hasard, l'arthrose du genou étant à la fois la principale

complication de l'ostéonécrose, mais également un facteur mécanique favorisant de cette

pathologie chez cette patiente.

Cette grille d'évaluation est perfectible. Il est intéressant d'en souligner les faiblesses mais

aussi les points forts.

Certains éléments du questionnaire sont directement issus de l'indice algo-fonctionnel de

Lequesne pour le genou:

Présence de douleurs nocturnes, élément facilement retrouvé à l'interrogatoire et très

important pour évaluer le caractère inflammatoire de la douleur et apprécier l'efficacité

du traitement.

Possibilité de se relever d'une chaise sans l'aide des bras devant le médecin à chaque

consultation.

Difficultés pour monter et descendre les escaliers recherchées à l'interrogatoire. Il faut

préciser que ces tests ont été réalisés avec l'aide des béquilles pendant 2 mois et demi.

20

Difficulté pour s'accroupir. A noter que cet élément n'était pas très pertinent pour

suivre l'évolution de la gène fonctionnelle, la patiente signalant déjà des difficultés

depuis un an pour s'accroupir, depuis l'opération sur le ménisque.

Les items du questionnaire de Lequesne concernant le périmètre de marche et les douleurs à la

marche n'ont pas été retenus compte tenu de la nécessité de la mise au repos articulaire.

Il en est de même concernant la présence d'une raideur matinale, la patiente décrivant déjà une

raideur matinale de type mécanique dont elle ne savait pas préciser ni la durée ni l'ancienneté.

Les autres items élaborés du questionnaire nous ont semblé pertinents en terme de faisabilité

et de reproductibilité:

L'EVA de la douleur à la palpation du condyle fémoral, très intéressante pour le suivi

de la douleur d'une consultation à l'autre.

La présence ou non d'un choc rotulien en faveur d'un épanchement articulaire, critère

très reproductible car effectué par le même médecin et dans les mêmes conditions

d'examen.

Le recours au paracétamol per os facilement retrouvé à l'interrogatoire.

La mesure de l'amplitude articulaire également très reproductible car effectué par le

même examinateur à chaque consultation dans les mêmes conditions d'examen.

La présence d'une boiterie avec ou sans canne apprécié à l'examen clinique.

D'autres éléments concernant la mésothérapie elle même auraient pu faire parti du

questionnaire concernant:

la survenue d'effets indésirables

le niveau de satisfaction de la patiente concernant la technique en terme d'efficacité

sur ses symptômes (excellente, bonne, moyenne ou médiocre).

Ces éléments, même s'ils n'apparaissent pas dans la grille d'évaluation ont quand même été

recherchés à chaque consultation.

21

Il semble important maintenant, après avoir suffisamment détaillé l'élaboration de l'outil

d'évaluation, de rappeler les principaux résultats dans l'évolution de la pathologie chez cette

patiente sous traitement par mésothérapie et de les confronter aux quelques données de la

littérature à ce sujet.

La réévaluation à J3 de la patiente a montré une nette amélioration de la douleur (EVA à 5

pour une EVA initiale à 8), mais surtout de l'inflammation initiale: les douleurs nocturnes ont

disparu, il n'existe plus d'épanchement articulaire lors de la recherche d'un choc rotulien.

La mésothérapie, seul traitement prescrit en association au paracétamol per os à ce stade

initial semble donc avoir eu un rôle bénéfique sur le caractère inflammatoire de la douleur.

La disparition totale de la douleur (EVA à 0/10 à la palpation du condyle fémoral interne

gauche) est apparue au bout de deux mois et demi de traitement (J75).

Devant l'absence de consensus sur la durée d'immobilisation nécessaire, la patiente a utilisé

ses cannes anglaises jusqu'à sédation complète de la douleur c'est-à-dire J75 mais la marche

sans boiter et sans béquille était possible dès J45.

A J75, elle réalise sans difficulté les gestes de la vie quotidienne évalués en dehors de

l'accroupissement qui reste difficile.

Il faudra à la patiente un mois et demi pour retrouver une flexion complète du genou.

Le niveau de satisfaction globale de la patiente par rapport à la mésothérapie est excellent.

À noter qu'aucun effet secondaire à ce jour n'a été signalé au cours du traitement par

mésothérapie.

L'IRM à trois mois du genou montre une régression presque totale de l'œdème osseux initial

et l'absence d'évolution vers une ostéonécrose.

Il est très difficile de comparer ces résultats à propos d'un seul cas aux données de la

littérature qui sont très pauvres, néanmoins il semble que ces premiers résultats concernant le

traitement médical conservateur associant mésothérapie et repos articulaire soient plutôt

encourageants.

En effet, l'étude de Yates en 2007 qui a évalué de façon prospective les résultats d'un

traitement conservateur avec des anti inflammatoires per os (repos, antalgiques de classe 1 et

anti-inflammatoire) sur 20 cas d'ostéonécroses spontanées du genou diagnostiquées

précocement (avant l'apparition de lésions apparentes sur la radiographie standard) a montré

une disparition des symptômes douloureux au bout de 4,8 mois en moyenne (de 3 à 8 mois).

Les IRM de contrôle sont tous redevenus normaux en une moyenne de 8 mois (3 à 18 mois).

22

Cette étude suggère que l'on peut prétendre à une régression complète des signes

d'ostéonécrose avec un traitement médical conservateur seul quand le diagnostic est fait à un

stade précoce et le traitement mis en place rapidement.(2)

Il est important ici de préciser qu'il s'agit d'ONA spontanées non apparues à la suite

d'interventions sur le ménisque.

Une méta analyse à propos de 4 études chez des patients ayant eu une ONA du genou post

méniscectomie par voie arthroscopique montre que sur 7 patients inclus et traités

médicalement (mise en décharge et AINS), un seul ne présentait plus de douleur avec

résolution de l'ostéonécrose à 6 mois de traitement médical lors de l'IRM de contrôle (5).

Cinq patients ont du avoir recours à une prise en charge chirurgicale et un patient a été perdu

de vue. Le délai de prise en charge s’étendait de 3 jours à 4 semaines après le début des

symptômes.

La revue rétrospective de M Al Kaar à propos de dix patients ayant présenté une ONA du

condyle fémoral post arthroscopie montre que l'évolution a été variable.

Trois patients ont dû bénéficier d'un traitement chirurgical, chez les sept autres, le traitement

médical a été préconisé avec persistance d'un syndrome douloureux chez six patients et une

évolution plus favorable chez le septième.

Il serait intéressant de comparer traitement par immobilisation seule et traitement associant

immobilisation et mésothérapie; traitement par immobilisation et traitement classique per os

versus immobilisation et mésothérapie sur l'évolution de la nécrose à propos d'un plus grand

nombre de patients.

En effet beaucoup de questions sont sans réponse: la mésothérapie comme traitement

symptomatique de la douleur et de l'inflammation initiales semble très intéressante en terme

de rapidité d'action et de tolérance mais est elle plus efficace qu'un traitement classique ?

Pourrait elle favoriser la régression de la zone de souffrance ostéochondrale et l'apparition

d'arthrose secondaire? Le traitement par mise en décharge ne suffit il pas à lui seul?

D'autre part, le pourcentage d'évolution vers une arthrose dans un délai donné étant

imprévisible (de quelques mois à plusieurs années), la question du rythme des séances et du

suivi de ces patients se pose.

De même, le contrôle IRM à 3 mois n'est il pas trop précoce pour éliminer de façon formelle

la survenue ultérieure d'une ostéonécrose?

23

Là encore les données de la littérature ne sont pas très précises mais sont en faveur d'un délai

de quelques semaines après l'apparition de l'œdème initial (9).

Cette régression quasi complète de l'œdème osseux initial et l'absence d'évolution vers une

ostéonécrose posent évidemment la question du diagnostic différentiel. Un œdème osseux

condylien à l’IRM peut se rencontrer dans d'autres pathologies: algodystrophie, fracture de

contrainte, poussée congestive d'arthrose. L'absence de modification des téguments à la phase

initiale et l'évolution ne sont pas en faveur d'une algodystrophie. Une fracture de contrainte

passée inaperçue à l'IRM à cause de l'œdème osseux aurait été visible à 3 mois. L'absence

d'ulcération profonde du cartilage à l'IRM et le tableau clinique avec douleur exquise en

regard du condyle fémoral ne sont pas en faveur d'une simple poussée d'arthrose (3).

L'ONA étant une pathologie rare, aucun protocole de mésothérapie préétabli n'a pu être utilisé

dans cette indication, il est donc primordial à présent de justifier les protocoles proposés pour

cette patiente.

Comme le recommande la Société Française de Mésothérapie, la règle de ne jamais associer

plus de trois produits pour faire un mélange a bien été respecté.

De la même manière, chaque protocole de mésothérapie comprenait une technique mixte

associant des points profonds sur le condyle fémoral puis une application plus superficielle du

mélange complémentaire en péri articulaire pour être le plus efficace possible.

Le premier protocole a exclusivement été guidé par les symptômes cliniques initiaux où la

douleur et l'inflammation étaient au premier plan, après avoir éliminer une étiologie

ostéoarticulaire qui aurait pu contre indiquer la mésothérapie (fièvre, frissons, rougeur et

chaleur locale, terrain débilité en faveur d'une arthrite septique).

La xylocaïne a été utilisée comme produit anesthésiant.

Le piroxicam, la calcitonine ont été utilisés à but anti inflammatoire et antalgique.

Le thiocolchicoside a été proposé pour son activité myorelaxante mais aussi anti-

inflammatoire.

Devant l'œdème important initial, le recours à l'étamsylate a semblé tout à fait pertinent pour

son action anti-oedémateuse.

Le deuxième protocole a été mis en place une fois la phase hyperalgique et inflammatoire

passée.

Il est davantage guidé par la physiopathologie de l'ONA du genou post méniscectomie et sa

principale complication, l'arthrose secondaire fémorotibiale interne.

24

Les AINS ont été arrêtés en raison de la disparition de la symptomatologie inflammatoire.

La calcitonine a été initialement proposée pour son action antalgique puissante, mais c'est

pour son action sur la microcirculation et son effet chondroprotecteur qu'elle a été poursuivie

dans le second protocole (6).

Le Conjonctyl a trouvé également sa place dans le deuxième protocole car son principe actif,

le silicium organique est connu pour son action anti-inflammatoire. Il améliore la structure du

tissu conjonctif, la reminéralisation osseuse et la fixation calcique. Il aurait également un rôle

bénéfique dans les problèmes circulatoires (reconstruction de la tunique interne des vaisseaux)

(7).

Pour finir, le calcium a complété ce deuxième protocole pour son effet trophique et

reminéralisant sur une structure osseuse fragilisée avec des probables microfissures de

contraintes. Par analogie avec le traitement par mésothérapie des fractures de fatigue, une

association avec de la vitamine D3 aurait été intéressante.

Ce dernier est également discutable si l'on veut se rapprocher au plus près de la

physiopathologie de l'ostéonécrose mécanique où prédominent des phénomènes d'ischémie

sous chondrale, donc probablement un stress oxydatif.

Il aurait été peut être judicieux de proposer une thérapeutique antioxydante et anti radicalaire

comme la vitamine C ou E ou encore un mélange de poly vitamines.

Cette alternative thérapeutique est également justifiée pour lutter contre l'arthrose, pathologie

fortement intriquée à l'ostéonécrose mécanique. En effet, l'implication du stress oxydant dans

le vieillissement et la dégénération du cartilage est de plus en plus établi. (10).

Comme l'indique l'IRM de contrôle à 3 mois, il persiste un léger œdème intra osseux qui

aurait pu justifier le maintien de l'étamsylate dans le deuxième protocole.

Ainsi au vu de ces différents éléments, les protocoles suivants pourraient être proposés dans la

prise en charge des ostéonécroses aseptiques entant dans ce cadre nosologique:

un premier protocole à visée antalgique et anti inflammatoire au stade initial:

• Mélange principal en regard du condyle fémoral en IDP comprenant xylocaïne,

calcitonine et piroxicam.

• Mélange complémentaire en IED ou nappage sur la région péri articulaire avec

xylocaïne, étamsylate et thiocolchicoside

25

• Rythme de 3 séances rapprochées à adapter à la douleur et à la réponse au traitement,

par exemple J0, J4 et J8

un deuxième protocole une fois la phase inflammatoire initiale passée comprenant:

• Mélange principal et complémentaire identique avec calcitonine, Conjonctyl et

complexe vitaminique ou association de calcitonine, vitamine D3 et calcium ou

calcitonine, conjonctyl et étamsylate.

• Rythme plus espacé, par exemple 3 séances à 15 jours d'intervalle puis une fois par

mois

26

CONCLUSION

Même si l'ostéonécrose mécanique du condyle fémoral reste rarement décrite, les patients

ayant subit des interventions sur leurs ménisques et qui ont un terrain arthrosique favorisant

une souffrance condylienne interne ne sont pas rares.

Il est donc important d'y penser devant la survenue d'une gonalgie brutale dans les suites d'une

opération sur les ménisques, le pronostic étant lié à la précocité du diagnostic.

La mésothérapie est très intéressante dans cette indication en raison de sa bonne tolérance, de

son efficacité objective sur la douleur et les phénomènes inflammatoires initiaux mais aussi

parce qu'à l'heure actuelle, aucune autre alternative médicamenteuse n'est proposée dans cette

pathologie en dehors du traitement symptomatique de la douleur.

A partir d'un cas d'ostéonécrose aseptique du condyle fémoral interne apparu tout juste un an

après une intervention sur le ménisque interne, le traitement médical associant mésothérapie

et repos s'est accompagné d'une évolution très favorable à la fois cliniquement et

radiologiquement.

Cette prise en charge spécifique a facilité un très bon accompagnement de la patiente,

initialement très pessimiste quant à l'évolution de son genou. Elle bénéficiera d'un suivi

mensuel en mésothérapie et d'une rééducation active.

On ne peut malheureusement pas conclure à la supériorité de la mésothérapie par rapport au

traitement classique concernant les phénomènes douloureux et la diminution du risque

d'évolution vers une ostéonécrose constituée. Même si dans ce cas particulier, l'évolution à

court terme a été très satisfaisante pour cette patiente, des études à plus grande échelle sont

nécessaires pour valider la place de la mésothérapie et tout particulièrement des protocoles

proposés qui visent à se rapprocher au plus près de la physiopathologie de l'ostéonécrose

mécanique.

27

BIBLIOGRAPHIE

1. Legré V, Boyer T, Diagnostic et traitement d'un genou douloureux, Encyclopédie

Médicochirurgicale 14-325-A-10.

2. Piers J. Yates , James D. Calder , Geoff J. Stranks , Kevin S. Conn , Delia Peppercorn,

Neil P. Thomas, Early MRI diagnostis and non-surgerical management of spontaneous

osteonecrosis of the knee, , The Knee, 14 , 2007 ; 112-116.

3. Bellaiche L, Charousset C, Duranthon LD, Grimberg J, Petrover D, Imagerie du genou :

quel examen pour quelle pathologie ? Revue du Rhumatisme 73 (2006) 617–624

4. Michael G. Zy wiel, MDa, Mike S. McGrath, MDa, Thorsten M. Seyler, MDb, David R.

Marker, BSa,Peter M. Bonutti, MDc, Michael A. Mont, MDa, Osteonecrosis of the Knee :

A review of Three Disorders, Journal of Orthopedic Clinical North American 40 , 2009,

193-211.

5. Todd C. Johnson, M.D., John A. Evans, M.D., James A. Gilley, M.D., and Jesse C. DeLee,

M.D.Osteonecrosis of the Knee After Arthroscopic Surgery for Meniscal Tears and

Chondral Lesions, , The Journal of Arthroscopic and Related Surgery, Vol16. No 3

(April), 2000: pp 254-261.

6. Savoye JF, A propos de la physiopathologie de l'arthrose et tentative de justification de son

traitement par les calcitonines en mésothérapie, revue SFM n°130 janvier 2008.

7. Omer F, intérêt du Conjonctyl en mésothérapie, Revue SFM n°123 juillet 2005.

8. Hernigou P. Ostéonécroses non traumatiques des épiphyses de l’adulte. EMC (Elsevier

SAS, Paris), Appareil locomoteur, 14-028-A-10, 2006.

9. M Al-Kaar, J Garcia, D Fritschy et JC Bonvin. Ostéonécrose aseptique du condyle fémoral

après ménisectomie par voie arthroscopique, Journal Radiologique 1997 ; 78 ; 283-285

10. Afonso V, Champy R; Radicaux libres dérivés de l'oxygène et superoxydases dismutases:

rôle dans les maladies rhumatismales. Revue du rhumatisme. Volume 74, numéro 7, juillet

2007.

28

ANNEXES

Annexe 1: distinction entre ONA primitives et secondaires

ONA PRIMITIVES ONA SECONDAIRES

femmes après 60 ans

obésité

genu varum

ostéoporose, arthrose, méniscectomie

hommes et femmes à tout âge

corticothérapie

plongée, alcool, triglycérides

maladie de Gaucher, drépanocytose, HIV

condyle interne condyles, métaphyses

hanche, épaule, genou opposé

Radiographie typique Radiographie typique + opacités hétérogènes

métaphysoépiphysaires

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Annexe 2: IRM initiale

Coupes frontale (1) et sagittales (2,3), séquences pondérées en T2 (1,2) et T1 (3)

Plage du condyle fémoral interne gauche en hyposignal T1 et hypersignal T2 (flèches)

associée à un méplat de la corticalité évoquant un début d'ostéonécrose du condyle interne.

Annexe 3: IRM de contrôle à 3 mois

Coupes frontale (1) et sagittales (2,3), séquences pondérées en T2 (1,2) et T1 (3)

Régression quasi-complète des remaniements de l'os sous chondral du condyle fémoral

interne en T1 et en T2 (flèches).

30

Annexe 4: Indice algofonctionnel de Lequesne