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2020416 Cinéma Tout sur Grande Ourse, film d’ouverture du Festival de cinéma des 3 Amériques A23 à A25 Indochine Entrevue avec un groupe culte A5 le Soleil samedi 21 mars 2009 Cahier A arts magazine La voix de PELCHAT-LEGRAND Pour Mario Pelchat, chanter avec l’illustre compositeur et pianiste Michel Legrand, c’est l’expérience la plus emballante de toute une carrière. Pour Michel Legrand, entendre ses chansons interprétées par Mario Pelchat, c’est une ex- périence adorable. Tellement que ce qui devait à l’origine n’être qu’une rencon- tre sur disque se poursuivra sur scène. L’amitié et le talent ont donné envie au grand musicien de faire entendre Mario Pelchat sur les scènes du monde. A2 et A3 l’amitié PHOTO LA PRESSE, MARTIN CHAMBERLAND

PELCHAT-LEGRAND l’amitiélegrand.mariopelchat.com/actualites/pdf/LeSoleil_210309.pdf · A3 leSoleil arts magazine samedi 21 mars 2009 Personne ne s’en douterait, mais le Québec

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2020416

Cinéma Tout sur Grande Ourse, film d’ouverture du Festival de cinéma des 3 Amériques A23 à A25

Indochine Entrevue avec un groupe culte A5

leSoleil samedi 21 mars 2009 Cahier A

arts magazine

La voix dePELCHAT-LEGRAND

Pour Mario Pelchat, chanter avec l’illustre compositeur et pianiste MichelLegrand, c’est l’expérience la plus emballante de toute une carrière. Pour MichelLegrand, entendre ses chansons interprétées par Mario Pelchat, c’est une ex-périence adorable. Tellement que ce qui devait à l’origine n’être qu’une rencon-tre sur disque se poursuivra sur scène. L’amitié et le talent ont donné envie augrand musicien de faire entendre Mario Pelchat sur les scènes du monde. A2 et A3

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en couverture

Cent cinquante musiquesde films, trois Oscars etcinq Grammy Awards;une œuvre chantée parSinatra, Streisand, Mon-

tand et Aznavour — pour ne nom-mer que ceux-là — Michel Le-grand n’a pas tellement besoin dese prêter à une folle ronde d’en-trevues pour faire valoir un pro-jet. Mais il est au Québec, pendanttoute une semaine, pour appuyerMario Pelchat, avec qui il vientd’enregistrer un disque et avec quiil partira bientôt en tournée mon-diale. Il rencontre les journalistesquébécois les uns après les autresparce qu’il aime ce que Mario Pel-chat a donné à ses chansons.

«Il leur apporte des chosespersonnelles, c’est là le plaisir.J’adore comment il chante», s’ex-clame le compositeur, qui partagesa table avec l’interprète et lajournaliste, le temps d’un dîner, àl’hôtel où il séjourne, dans leVieux-Montréal.

Michel Legrand ne connaissaitpas Mario Pelchat quand lui estparvenue la proposition d’undisque, une idée du gérant duchanteur. L’homme des Para-pluies de Cherbourg et de Lavalse des lilas a écouté ses enre-gistrements et n’a pas tardé à ma-nifester son intérêt.

L’importance de la voix«J’ai été très impressionné par

sa qualité vocale, dit M. Legrandau sujet du chanteur québécois.Avec les gens de talent, tout estfacile. Ce qui est difficile, c’est lemanque de talent. Quand il y a dutalent partout, tout va bien. C’estmagnifique parce que ça veut direqu’il y aura de la qualité partout.Quand on sait ça, on est heureux.C’est comme entrer dans un bainà la bonne température.»

Pour Mario Pelchat, cette colla-boration avec l’immense musi-cien et compositeur qu’est MichelLegrand représente le plus belaccomplissement de sa carrière.Mais aussi un défi de taille.

«Je n’étais pas nerveux, j’étaisterrorisé! Les mélodies sont diffi-ciles et plusieurs des chansons,notamment les chansons jazz,n’étaient pas de mon univers. J’aidû m’en imprégner. Le texte, ça

va, il y a une suite logique, maisavant d’être à l’aise dans leslignes mélodiques, il a fallu tra-vailler et, parfois, je me suis ditque je n’y arriverais jamais!»

«Souvent, ce qui est facile estmédiocre, lance alors Michel Le-grand à son interprète. Mes chan-sons ont l’air difficiles, comme ça,mais elles sont naturelles. Mêmesi elles ne sont pas faciles à chan-ter, j’essaie qu’elles coulent,qu’elles ne soient pas tordues.»

Pour le compositeur, cela s’ap-pelle la construction du style. Etalors, il raconte que Barbra Strei-sand se fâchait souvent contre luiparce que ses mélodies vont cher-cher des notes très hautes et trèsbasses, qu’elle avait du mal àproduire.

«Quand j’écris des partitions depiano, comme je suis très bon,c’est difficile à jouer. De mêmeque quand j’écris pour l’orches-tre, c’est difficile, parce que jeconnais tellement tous les instru-ments par cœur que je n’écris paspour qu’ils s’endorment; je faisdes choses qui sont difficiles et in-téressantes!»

Sur le plan vocal, Mario Pelchat,qui possède un registre étendu,n’a pas eu de mal à épousertoutes les notes du compositeur.Même s’il est arrivé que de toutespetites voix s’aventurent sur sescompositions, Michel Legrand n’ad’admiration que pour les chan-teurs à grandes voix.

«Ceux qui ont de petites voix, ilsne font pas carrière. Ils font illu-sion», affirme le compositeur.

«Ça m’amène à parler du fameuxterme chanteur à voix, poursuitMario Pelchat. Pour citer Lara Fa-bian, un chanteur à voix, c’estcomme un cycliste à vélo! Tout lemonde a le droit de s’exprimer,même si la voix n’est pas l’atoutprincipal, même si elle n’est pasnuancée ou bien placée, mais jepense que quand on chante, on doitavoir travaillé un minimum et biensentir ce qu’on interprète, livreravec une émotion juste. Après, toutest une question de goût.»

Faire des choixDans un répertoire aussi vaste

que celui de Michel Legrand,choisir 15 titres a été un exerciceexigeant. Il a fallu écouter, ré-écouter, essayer, trier.

«C’était clair cependant que jen’allais pas faire que des chan-sons moins connues. Je me suismis dans la peau du public qui me

VALÉRIE [email protected]

«C’était clairque je n’allaispas faire quedes chansonsmoins connues... il fallait que lepublic ait desrepères»— Mario Pelchat

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Personne ne s’en douterait, maisle Québec a offert à MichelLegrand d’autres cadeaux que lesinterprétations de Mario Pelchat,Céline Dion et Ginette Reno. LeQuébec lui a offert le silence.Il raconte ses voyages de pêchedans le Grand Nord québécois, làoù il a écouté le vrai silence.Quelque fois, de Chibougamau, il apris l’avion, il a survolé des forêtset des lacs et s’est fait déposerpour une semaine.«Là-bas, à 400, 500 kilomètres dela civilisation, on découvre le si-lence. On dîne le soir et pop! On en-tend sauter une truite dans un lac.Quand on revient, après huit joursde silence, et qu’on renoue avec

l’électricité, le gaz, les moteurs, lacirculation, c’est épouvantablecomme c’est assourdissant.»Michel Legrand dit cela et son visa -ge, d’abord illuminé des souvenirsdu bonheur, se couvre de déplaisir.On comprend alors que le silenceest tout pour le musicien.«On fait de la musique d’après dusilence. Et la raison pour laquellej’aime les concerts, c’est que lepublic est là et nous offre un cer-tain silence, avec lequel on vafaire de la musique. Le silence,c’est la matière que travaille lemusicien. Le peintre met desobjets sur une toile, nous, onmet des notes sur du silence.»Valérie Lesage

LA TOILE DU SILENCE

Legrand vupar Pelchat«Ce qui m’impressionne le plusde Michel Legrand, c’est sarigueur. C’est un travailleuracharné, qui ne regarde pasderrière lui. Il pense toujoursà son prochain projet et il écritencore et il est heureux, émer-veillé du bonheur qu’il enretire. Aussi, il ne se prend pasau sérieux alors que beaucoupd’autres se prennent ausérieux pour beaucoup moinsque ça. Parfois, des gens quicommencent ne portent déjàplus à terre.»Valérie Lesage

suit et il fallait que le public aitdes repères, mais je voulaisquand même faire découvrirquelques pièces comme L’addi-tion, qu’Yves Montand avaitinterprétée, mais qui est peuconnue ici, ou Ruptures, popula-risée par Isabelle Adjani. Je mesuis laissé prendre par les chan-sons qui m’interpellaient le plus.»

Mario Pelchat n’a choisi que deschansons en français, sauf une,How Do You Keep the MusicPlaying?, qu’il interprète en duoavec Dionne Warwick.

Le temps est presque venumaintenant d’aborder la scène etdès la fin de l’entrevue, les deuxhommes se retirent pour répéterensemble. Mario Pelchat a faitune brève apparition à Paris enfévrier, à l’occasion d’un specta-cle soulignant les 50 ans de car-rière de Michel Legrand, maisbientôt il amorcera avec le grandpianiste une tournée qui le mè-nera dans sept villes québécoises,en Russie, en Angleterre, à NewYork, au Brésil et au Mexique.

«À Paris, c’était un beau mo-ment. La présentation élogieuseque Michel a eue pour moi auraitpu me faire perdre mes moyens,mais en même temps, c’estmoins stressant de chanter dansun nouveau pays parce qu’il n’ya pas d’attente. Tu peux justealler dans le plaisir. Ici, il y ades attentes et ça me stresseterriblement!»

Et c’est pour cela que Mario Pel-chat commencera la tournée àSaguenay, dans son coin de pays,avec la présence rassurante de safamille.

Vous voulez y aller?QUI : Mario Pelchat

et Michel LegrandQUAND : 10 et 11 avril, 20h30OÙ : CapitoleBILLETS : 40 $ à 70 $TÉL. : 418 694-4444

Pelchat vupar Legrand«C’est très rare que je parte entournée avec un interprète. Jel’ai fait avec Barbra Streisandet Jessye Norman seulement.Ma motivation, c’est l’amitié, leplaisir. Et j’adore être avecquelqu’un qui chante bien meschansons, ce qui est rare. Jesuis un homme excessivementexigeant, difficile, voire tyran-nique, mais avec lui (Pelchat),ça va très bien, ça me convientbien. Si j’avais la voix qu’il a,les cordes vocales qu’il a, jechanterais comme lui.»Valérie Lesage

«J’ai été trèsimpressionné parsa qualité vocale»— Michel Legrand

LA CRITIQUE DU CD > A11