3
Le magazine socialiste du tournant énergétique 2, mai 2011 Mesure de la radioactivité sur les habitants de Fukushima. L’enseignement de la mégacatastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima est net: le soi-disant risque résiduel d’un accident est élevé et ses conséquences sont ingérables. Pour ces raisons, le PS veut accélérer l’abandon de l’énergie nucléaire et définir des durées d’exploitation limitées pour les centrales nucléaires existantes. Le PS exige l’abandon du nucléaire et des durées d’exploitation limitées La Constitution fédérale est on ne peut plus claire: «La législation sur l’énergie nucléaire relève de la compétence de la Confédération.» En termes d’utilisation de l’énergie nucléaire, l’Assemblée fédérale dispose donc de toute la marge de manœuvre nécessaire. Ce n’est donc pas que le peuple doit dans tous les cas décider de l’abandon de l’énergie nucléaire. Concernant l’utilisation de l’énergie nucléaire, il n’existe aucune obligation consti- tutionnelle de recourir à un réfé- rendum sur une nouvelle autorisa- tion générale pour une nouvelle centrale nucléaire. Le Parlement fédéral a la compétence de fixer aujourd’hui dans la loi l’abandon du nucléaire en ajoutant deux élé- ments à la loi sur l’énergie nu- cléaire. Pas de nouvelle autorisa- tion générale Tout d’abord, l’approbation de nou- velles autorisations générales ou de permis d’exploitation pour les centrales nucléaires à fins de pro- duction d’électricité ne doit plus être autorisée. Ensuite, la loi doit régir dès aujourd’hui la désaffec- tion ordonnée des cinq centrales nucléaires existantes moyennant une limitation de la durée d’exploi- tation. Pour moi, ce projet de nouvelle législation est le cœur d’un déman- tèlement ordonné. Elle s’oppose à la législation actuelle qui part du principe que les centrales nuc- léaires suisses peuvent être ex- ploités – indépendamment de leur âge – au-delà de 40 ans «grâce» au management de vieillissement et aux inspections de sécurité effec- tuées tous les dix ans. Le PS rejette désormais cette durée d’exploi- tation illimitée. L’Inspection fédé- rale de la sûreté nucléaire IFSN dit son avis sur une «mentalité de sé- curité illimitée» dans la déclaration qu’une centrale nucléaire inspectée par l’IFSN peut être «exploitée à Photo: Keystone par Eric Nussbaumer, conseiller national

PS & énergie 2 / 2011

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Le magazine socialiste du tournant énergétique

Citation preview

Page 1: PS & énergie 2 / 2011

Dans son livre «Libérer la Suisse des énergies fossiles», Roger Nordmann – conseiller national socialiste et spécialiste en énergie – décrit les mesures concrètespermettant le tournant dans la politique énergétique. Rudolf Rechsteiner l’a lu. Leslecteurs de «PS & énergie» peuvent le commander au moyen du bulletin ci-dessous.

Insensé? Non, très sensé!

Réclamer l’abandon de l’énergienucléaire est inconscient, déclarenotre ministre de l’énergie DorisLeuthard. Mais, si l’on en croit lesrecettes du conseiller national so-cialiste Roger Nordmann, cet aban-don est tout sauf insensé, et il réussira pas à pas: davantage d’efficience énergétique, davantaged’énergies renouvelables, moins dedépendance de l’étranger et moinsde dommages à l’environnement.Et, dernier point: l’abandon du nucléaire «est meilleur marché»grâce aux «énormes progrès tech-nologiques» effectués au cours desvingt dernières années. «Un pro-grès qui ouvre de nouvelles pers-pectives»: 50% d’énergies renou-velables d’ici 2030, «sans compro-mettre notre prospérité».

Au Conseil national, j’étais assisà côté de Roger Nordmann. Nous

avons discuté pendant des heuresd’énergies renouvelables, bienavant Fukushima. Le désastre nu-cléaire japonais n’arrange en rienles politiques bourgeois: ils sevoient aujourd’hui obligés de dé-battre d’un sujet qu’ils ont toujourscombattu: le passage aux énergiesrenouvelables. Mais Nordmannvise davantage que l’abandon dunucléaire. Il veut «libérer la Suissedes énergies fossiles».

En route vers l’ère écolo-industrielle«Mais qu’en est-il donc de l’espritpionnier dans notre pays?», nousdemande Bertrand Piccard dans sapréface. «Sur une planète peupléede 8 ou 10 milliards d’habitants, onne saurait s’offrir le luxe d’engagerdes technologies inefficaces sousl’angle énergétique. L’image d’unretour à la bougie – une technologietrès inefficace, qui émet beaucoupde CO2 tout en produisant peu de lu-mière – est donc complètement er-ronée. C’est plutôt le passage del’ampoule à filament à celle à diodequi symbolise la transformation àmener», répond Roger Nordmann.

Le soleil et le vent sont certesgratuits, mais leur exploitation ne l’est pas. C’est pourquoi l’effi-cience – malgré de vastes ressour-ces – est «indispensable». La pro-duction d’électricité, les bâtimentset les transports doivent tous deve-nir plus efficients. «Le moteur à explosion ne transforme qu’unquart de l’énergie chimique conte-nue dans l’essence en énergie mé-canique transmise aux roues».Pour Nordmann, l’avenir est au mo-teur électrique alimenté par ducourant écologique tiré du vent etdu soleil. «Alors qu’un mètre carréde cellules photovoltaïques moder-nes transforme plus de 15% durayonnement solaire, les plantesles plus performantes transformentau maximum 1% du rayonnementsolaire.» Et l’énergie éolienne esttout aussi intéressante: «Incroyable

Je tiens à mon environnementSi vous voulez apporter votre soutien aux projets de politique environnementale du PS Suisse et recevoir quatre fois par an «PS & énergie», envoyezvotre adresse par e-mail à [email protected]

par Rudolf Rechsteiner, ancienconseiller national

Phot

o: K

eyst

one

à quel point ses coûts ont baissé.»L’énergie éolienne permet de pro-duire «au moins cinq fois plusd’énergie (et pas seulement del’électricité) que l’on en consommeaujourd’hui.»

«Solar Impulse»La vitesse à laquelle le prix desnouvelles technologies baisse estépoustouflante. «L’exemple del’avion solaire ‹Solar Impulse›, quia volé pour la première fois en 2010,est emblématique des progrès encours. Alors qu’il y a cinq ans, lerendement envisagé des cellulesphotovoltaïques était de 18%, il estdésormais passé à 22%. Grâce auxprogrès simultanés des batteries,l’envergure de l’avion a pu être ré-duite de 80 m à 65 m». Et Nord-mann fait table rase des contes defées: «Par le passé, il fallait trois àcinq ans pour qu’une cellule solaireproduise autant d’énergie que n’ontcoûtée sa fabrication et son instal-lation. Aujourd’hui, dans des ré-gions bien ensoleillées, les meil-leures cellules en couche mince lefont en moins d’un an.»Mais de tels progrès ne sont pasfruits du hasard. «A son arrivée aupouvoir en 1998, le gouvernementSchröder a introduit, puis perfec-tionné le système de rachat du cou-rant à prix coûtant (voir encadrépage suivante). Ce système a dé-clenché une vague d’industrialisa-tion et de progrès technologiquedans l’éolien, le photovoltaïque etla biomasse. Il est le principal fac-teur de la baisse des coûts des éner-gies renouvelables. Il a permis àl’Allemagne d’acquérir un leader-ship mondial dans le secteur,créant ainsi une bonne partie des300 000 emplois du secteur renou-velable dans ce pays.»

La puissance du vent permettrait de produire cinq fois plus d’énergie qu’on en utilise aujourd’hui dans le monde entier. Dans son ouvrage, Roger Nordmann peint un avenir en rose pour l’électricité solaire et éolienne.

Roger Nordmann: Libérer la Suisse desénergies fossiles. Desprojets concrets pourl’habitat, les trans-ports et l’électricité.Préface de BertrandPiccard. Traduction:Gerhard Tubandt. Editions Favre; Fr. 36.–.

Impressum PS & énergie Editeur: PS Suisse, case postale, 3011 Berne, [email protected]. Rédaction: Pierre Bonhôte, ancien conseiller aux Etats; Thomas Christen,secrétaire général; Chantal Gahlinger, secrétaire politique; Reto Gamma, chef de projet recherche de fonds; Beat Jans, conseiller national; Barbara Marty Kälin, ancienne conseillère nationale; Roger Nordmann, conseiller national; Eric Nussbaumer, conseiller national; Gisèle Ory, conseillère d’Etat; Rudolf Rechsteiner, ancienconseiller national; Doris Stump, conseillère nationale; Ursula Wyss, conseillère nationale. Traitement rédactionnel et production: Gallati Kommunikation, Zurich. Maquette: Purpur AG für Publishing und Communication, Zurich. Impression: Abächerli Druck AG, Sarnen. PS & énergie paraît quatre fois par an en français et en allemand. CP: 30-665681-6, PS & énergie, 3001 Berne

Imprimé sur papiercertifié FSCSQS-COC-2086 «FSC Trademark 1996,Forest StewardshipCouncil A. C.»

Le magazine socialiste du tournant énergétiqueN° 2, mai 2011

Mesure de la radioactivité sur les habitants de Fukushima. L’enseignement de la mégacatastrophe dela centrale nucléaire de Fukushima est net: le soi-disant risque résiduel d’un accident est élevé et sesconséquences sont ingérables. Pour ces raisons, le PS veut accélérer l’abandon de l’énergie nucléaireet définir des durées d’exploitation limitées pour les centrales nucléaires existantes.

Le PS exige l’abandon du nucléaire et des durées d’exploitation limitées

La Constitution fédérale est on nepeut plus claire: «La législation surl’énergie nucléaire relève de lacompétence de la Confédération.»En termes d’utilisation de l’énergienucléaire, l’Assemblée fédérale dispose donc de toute la marge demanœuvre nécessaire. Ce n’estdonc pas que le peuple doit danstous les cas décider de l’abandon del’énergie nucléaire. Concernantl’utilisation de l’énergie nucléaire,il n’existe aucune obligation consti-tutionnelle de recourir à un réfé-rendum sur une nouvelle autorisa-tion générale pour une nouvellecentrale nucléaire. Le Parlement fédéral a la compétence de fixer

aujourd’hui dans la loi l’abandondu nucléaire en ajoutant deux élé-ments à la loi sur l’énergie nu-cléaire.

Pas de nouvelle autorisa-tion générale Tout d’abord, l’approbation de nou-velles autorisations générales oude permis d’exploitation pour lescentrales nucléaires à fins de pro-duction d’électricité ne doit plusêtre autorisée. Ensuite, la loi doitrégir dès aujourd’hui la désaffec-tion ordonnée des cinq centralesnucléaires existantes moyennantune limitation de la durée d’exploi-tation.

Pour moi, ce projet de nouvellelégislation est le cœur d’un déman-tèlement ordonné. Elle s’oppose àla législation actuelle qui part duprincipe que les centrales nuc-léaires suisses peuvent être ex-ploités – indépendamment de leurâge – au-delà de 40 ans «grâce» aumanagement de vieillissement etaux inspections de sécurité effec-tuées tous les dix ans. Le PS rejettedésormais cette durée d’exploi-tation illimitée. L’Inspection fédé-rale de la sûreté nucléaire IFSN ditson avis sur une «mentalité de sé-curité illimitée» dans la déclarationqu’une centrale nucléaire inspectéepar l’IFSN peut être «exploitée à

Phot

o: K

eyst

one

par Eric Nussbaumer,conseiller national

soklar_2_11_f.qxp 2.5.2011 11:04 Uhr Seite 4

Page 2: PS & énergie 2 / 2011

tout moment et en toute sécurité indé-pendamment de son âge.» Adoptantun profil quelque peu plus bas, l’IFSNajoute certes que la mise à jour à l’étatscientifique et technique actuel nepeut se faire «que dans les limites duraisonnable». Ce qui s’est passé au Ja-pon nous montre bien que cette men-talité ne diminue en rien le risque ré-siduel.

Après 40 ans, c’est finiC’est pourquoi nous voulons que toutes les centrales nucléaires suissessoient mises hors service de manièrerégulière après une quarantaine d’an-nées d’exploitation. De cette façon, elles sont enfin soumises à une limitede durée. C’est à l’Assemblée fédéralede légiférer en ce sens. Et pour ce faireil n’y a pas besoin d’initiative popu-laire tout comme il n’y a pas non plusbesoin de nouvelle demande d’autori-sation générale.

Dans notre concept, nous propo-sons de déterminer pour chaque cen-trale nucléaire la quantité résiduelled’électricité que celle-ci devra pro-duire à partir du 1er janvier 2011 etjusqu’à la fin de sa durée de fonction-nement. Pour les trois petites cen-trales de Mühleberg, Beznau 1 et 2,cela correspond à 8,8 térawattheures(TWh) par an, ou 26 TWh au total. Cescentrales ont déjà atteint leur limited’âge, nous escomptons qu’ellessoient désaffectées l’une après l’autred’ici deux à quatre ans. Pour les deuxgrandes centrales de Gösgen et Leib-stadt, l’exploitation durera vraisem-blablement jusqu’en 2020, respective-ment 2025. En résumé, nous souhai-tons qu’un tiers de la productionélectrique nucléaire indigène soit di-minué graduellement d’ici 2015, et queles deux autres tiers le soient entre2020 et 2025.

L’arrêt progressif des centrales né-cessite que le législateur prenne posi-tion en 2011/2012 et qu’il soit mis fin àl’exploitation dans le cadre de la limiteprévue par la loi d’ici 2025. Nous acceptons que les quantités d’électri-cité résiduelle des anciennes centra-les soient transférées aux centralesplus récentes. Il va de soi que la prio-rité va à un rapport de sécurité absolu.

La sortie du nucléaire est unplan, et non pas une hystérieLa sortie progressive du nucléaire ré-vèle une excellente politique écono-mique, sans trace aucune d’hystérie. Along terme, elle mise sur un signalclair et des conditions cadres fiables. Ilest d’autant plus incompréhensibleque des partis – s’autoproclamant pro-ches de l’économie – refusent de com-prendre cette leçon de politique éner-gétique d’avenir pourtant simple etluttent contre la sortie progressive dunucléaire. Même des dégâts impor-tants ne semblent pas rendre l’intelli-gence à ce type de politiciens.

La technologie nécessaire au remplacement du nucléaireexiste. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est la volonté pourdavantage d’efficacité énergétique et pour la promotionsystématique des énergies renouvelables.

Une pénurie de réflexion?

Le nucléaire est à bout de souffle.Suite à la catastrophe de Fuku-shima, il est désormais clair qu’il vafalloir s’atteler sérieusement à lasuppression du nucléaire. AuConseil fédéral, Maurer taxe ce pro-jet d’hystérique et Leuthard d’in-souciant. Habilement, la peur dunucléaire est réorientée vers lapeur de la pénurie d’électricité.Mais le PS propose des mesures po-litiques concrètes permettant lepassage à une nouvelle ère d’éner-gie durable. Des mesures que per-sonne ne doit craindre, car ce pas-sage est une chance. En adoptantune politique cohérente visant l’ef-ficacité énergétique et encoura-geant les énergies renouvelables,la Suisse sera gagnante: promou-voir l’innovation, c’est créer des em-plois. La feuille de route du PSmontre comment procéder.

Des investissements contrele gaspillageSelon l’Agence suisse pour l’effica-cité énergétique, la Suisse pourraitfermer quatre de ses cinq centralesnucléaires si on gaspillait moinsd’électricité dans des installationsobsolètes. Pour les applications industrielles, commerciales et publiques ainsi que la domotique,ce gaspillage est environ cinq fois plus important que pour les

par Max Chopard-Acklin, conseiller national

Phot

o: K

eyst

one

Phot

o: K

eyst

one

Phot

o: V

SG

Après Fukushima, le recours à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables s’avère plus crucial que jamais. Choisir cette voie est une opportunité pour la société comme pour l’économie. Une feuille de route du PS montre comment saisir cette opportunité.

Abandonner le nucléaire enconfiance

par Beat Jans, conseiller national

ménages. Avant de donner mau-vaise conscience aux consomma-teurs, il vaudrait donc mieux inves-tir de façon ciblée là où on peut obtenir le plus. Les moteurs indus-triels obsolètes doivent être rem-placés, de même que les chauffageset les chauffe-eau électriques, etl’éclairage public doit être rénové.Le PS est convaincu qu’il sera pos-sible d’exploiter les deux tiers de ce potentiel, et ainsi de remplacerenviron la moitié du courant nu-cléaire.

Mais comment lancer les inves-tissements nécessaires? Les pro-ducteurs d’électricité pourraient signer des contrats avec leursclients et remplacer ensemble lesanciennes installations par de nou-velles. Grâce à ces investissementsciblés, il serait possible de produire10% d’électricité en moins au coursdes dix prochaines années. S’ils dé-passent cette exigence, les acteursreçoivent un bonus; dans le cascontraire, un malus. D’autres inves-tissements semblables seraientlancés par un fonds d’efficacité alimenté via une taxe sur l’énergienucléaire. D’ici 2025, la législationdevra rendre obligatoire le rem-placement des chauffages et deschauffe-eau électriques particu-lièrement énergivores par despompes à chaleur ou des panneauxsolaires.

Electricité et chaleur plutôtque chaleur uniquementL’abandon du nucléaire ne néces-site pas de nouvelles centrales àgaz. Il est bien plus intelligent d’uti-liser de façon plus efficace les

chauffages à mazout et à gaz exis-tants. Les grandes installations dechauffage – conçues pour au moins150 logements – seraient rempla-cées par des couplages chaleur-force qui produisent simultané-ment de la chaleur et de l’électri-cité. Un autre quart de l’énergienucléaire deviendrait donc caduc.Le PS propose que les couplageschaleur-force deviennent obligatoi-res pour les grands chauffages à partir de 2025. Les usines d’inci-nération, les stations d’épuration etles autres infrastructures elles aus-si devraient à l’avenir être utiliséessystématiquement pour la produc-tion d’électricité.

Des formes d’énergie renouvelablesEt finalement, il s’agirait d’enfin lâcher le frein qui bloque les éner-gies renouvelables. Ce qui ne si-gnifie en aucun cas que toute lachaîne du Jura devra être enlaidied’éoliennes, et même le barrage duGrimsel restera tel qu’il est. Dupoint de vue de la politique éner-gétique, une hausse du barrages’avère négligeable et contrevient àla protection des zones humidesdécidée par le peuple. Dans le ca-dre de la législation de la protectionde la nature, une extension raison-nable de l’énergie éolienne et hy-droélectrique est tout à fait possi-ble, et souhaitable. Les cantons doi-vent avoir suffisamment de tempspour la planification et la détermi-nation des sites appropriés.

Des normes de construction plusstrictes et l’utilisation de la bio-masse sont également un progrès.

Jusqu’ici, le groupe de travail a soutenu financièrement les projets etorganisations suivants: R Opposition à la demande d’exploitation illimitée de la centralenucléaire de Mühleberg 2009R Contribution à l’initiative pour leclimat lancée notamment par le PS(www.oui-initiativeclimat.ch)R Alliance «Non au nucléaire» et

Le groupe de travail «PS & énergie» Le groupe de travail «PS & énergie» veut faire connaître et mettre en œuvre la politique énergétique et environnementaledu PS Suisse. Il est composé de spécialistes des domaines de l’énergie et de l’environnement du groupe socialiste de l’Assemblée fédérale et d’autres spécialistes intéressés. Les dons reçus par «PS & énergie» sont affectés à des campagnespolitiques et à des projets de politique énergétique et environnementale.

Mais le plus grand potentiel restel’énergie photovoltaïque, comme lemontre la Bavière – un territoirequi fait presque deux fois la Suisse.Aujourd’hui, la Bavière couvre 5%de son besoin en électricité aumoyen de panneaux solaires. L’ob-jectif à court terme est 10%. Si lesBavarois y arrivent, pourquoi pasnous? Dans un premier temps, ils’agit de supprimer la limitation dela rétribution à prix coûtant du cou-rant injecté afin de permettre unehausse du nombre d’installationsphotovoltaïques. Ainsi, les cellulessolaires pourront remplacer le der-nier quart du courant nucléairesuisse, tout en couvrant l’augmen-tation de consommation prévue.

Les voies pour sortir du nucléairesont donc connues. Et les mesurespolitiques pour les arpenter le sontaussi. Et ce changement créera denombreux emplois en Suisse (lapromotion des énergies renouvela-bles en Allemagne a créé 290 000emplois). Plutôt que de profiter àun petit nombre de groupes éner-gétiques, la situation énergétiquebénéficiera à un grand nombre depetites et moyennes entreprises,aux agriculteurs et aux propriétai-res de maisons. L’avenir énergéti-que est renouvelable, tout autreavenir est une illusion.

Les partisans de la «théorie de lapénurie d’électricité» semblent sur-tout présenter une pénurie de ré-flexion: le soleil ne brille pas la nuitet le vent ne souffle pas en perma-nence, mieux vaut alors construirede nouvelles centrales nucléaires.Jusqu’à récemment, c’était là un dis-cours fréquent.

Heureusement une compréhen-sion aussi limitée n’est pas une généralité. Car la technologie per-mettant le remplacement du nu-cléaire existe depuis longtemps. Cequi nous manque aujourd’hui, c’estla volonté pour davantage d’effica-cité énergétique et pour la promo-tion systématique des énergies re-nouvelables:

Energie hydroélectrique: au-jourd’hui, la Suisse couvre environ55% de ses besoins en électricitéen recourant à l’hydraulique. Et ilreste du potentiel.

Energie solaire: l’aménagement detous les toits suisses appropriéspour produire de l’électricité et dela chaleur à partir du soleil per-mettrait de produire jusqu’à 30%des besoins nationaux.

Energie éolienne: d’ici 2030, l’ob-jectif en termes d’énergie éoliennesuisse est de produire annuelle-

ment 2,5% des besoins en électri-cité actuels.

Usine d’incinération des orduresménagères (UIOM) et biomasse:aujourd’hui déjà, les UIOM produi-sent environ 2% du courant élec-trique indigène et la productionélectrique issue de la biomasse semonte à environ 1%. Ces deux so-lutions peuvent encore être déve-loppées.

Efficacité énergétique: le rempla-cement des installations électri-ques surannées et l’utilisation detechnologies efficaces représenteun potentiel d’économie d’énergieimportant. On pourrait ainsi éco-nomiser plus de 10% de laconsommation d’électricité enSuisse.

Toutes ces mesures créent de nou-veaux emplois durables, préser-vent l’environnement et ne laissentpas de déchets à haut risque auxgénérations futures.

L’abandon du nucléaire sans pé-nurie d’électricité est davantagequ’une simple vision: aujourd’huidéjà, Bâle vit sans courant nu-cléaire, la ville de Zurich est enroute vers ce but. Les villes deSaint-Gall et de Berne ont décidéd’abandonner le nucléaire à moyenterme. Dans le canton de Berne, lerésultat serré d’une consultation amontré le scepticisme croissant vis-à-vis de l’énergie nucléaire. Nousn’avions alors pas encore vécu lestragiques événements de Fuku-shima. C’est évident: l’approvision-nement en courant de l’avenir doitêtre décentralisé et renouvelable.

A gauche) Un quart de l’électriciténucléaire suisse – ainsi que lahausse de consommation prévue –peut être remplacé par du solaire.

Au milieu) On utilise un quart ducourant nucléaire en moins si, à laplace des grands chauffages, on installe des couplages chaleur-forcequi sont aussi à même de produirede l’électricité.

A droite) Le remplacement des moteurs industriels désuets (la photo montre une perceuse moderne pour la fabrication de machines-outils), des chauffages etdes chauffe-eau électriques ainsique des éclairages inefficaces permettrait d’économiser environ la moitié de l’électricité nucléaire.

association «Initiative pour le climat»R Sommet de l’énergie du PS «Desdangers du nucléaire au potentiel desénergies renouvelables» du 22 sep-tembre 2007 R Contribution à l’élaboration dupapier de perspective du PS Suisse«Sortir du nucléaire, c’est faisable etc’est l’avenir – vers un approvisionne-

ment basé sur les énergies renouve-lables»R Contribution à «KLAR! Schweiz»pour le soutien de l’expertise de JohnLarge sur la «démonstration de lafaisabilité» de la NagraR Financement de l’expertise juridique «Consultation lors de laconstruction de nouvelles centralesnucléaires»

soklar_2_11_f.qxp 2.5.2011 11:04 Uhr Seite 2

Page 3: PS & énergie 2 / 2011

Dans son livre «Libérer la Suisse des énergies fossiles», Roger Nordmann – conseiller national socialiste et spécialiste en énergie – décrit les mesures concrètespermettant le tournant dans la politique énergétique. Rudolf Rechsteiner l’a lu. Leslecteurs de «PS & énergie» peuvent le commander au moyen du bulletin ci-dessous.

Insensé? Non, très sensé!

Réclamer l’abandon de l’énergienucléaire est inconscient, déclarenotre ministre de l’énergie DorisLeuthard. Mais, si l’on en croit lesrecettes du conseiller national so-cialiste Roger Nordmann, cet aban-don est tout sauf insensé, et il réussira pas à pas: davantage d’efficience énergétique, davantaged’énergies renouvelables, moins dedépendance de l’étranger et moinsde dommages à l’environnement.Et, dernier point: l’abandon du nucléaire «est meilleur marché»grâce aux «énormes progrès tech-nologiques» effectués au cours desvingt dernières années. «Un pro-grès qui ouvre de nouvelles pers-pectives»: 50% d’énergies renou-velables d’ici 2030, «sans compro-mettre notre prospérité».

Au Conseil national, j’étais assisà côté de Roger Nordmann. Nous

avons discuté pendant des heuresd’énergies renouvelables, bienavant Fukushima. Le désastre nu-cléaire japonais n’arrange en rienles politiques bourgeois: ils sevoient aujourd’hui obligés de dé-battre d’un sujet qu’ils ont toujourscombattu: le passage aux énergiesrenouvelables. Mais Nordmannvise davantage que l’abandon dunucléaire. Il veut «libérer la Suissedes énergies fossiles».

En route vers l’ère écolo-industrielle«Mais qu’en est-il donc de l’espritpionnier dans notre pays?», nousdemande Bertrand Piccard dans sapréface. «Sur une planète peupléede 8 ou 10 milliards d’habitants, onne saurait s’offrir le luxe d’engagerdes technologies inefficaces sousl’angle énergétique. L’image d’unretour à la bougie – une technologietrès inefficace, qui émet beaucoupde CO2 tout en produisant peu de lu-mière – est donc complètement er-ronée. C’est plutôt le passage del’ampoule à filament à celle à diodequi symbolise la transformation àmener», répond Roger Nordmann.

Le soleil et le vent sont certesgratuits, mais leur exploitation ne l’est pas. C’est pourquoi l’effi-cience – malgré de vastes ressour-ces – est «indispensable». La pro-duction d’électricité, les bâtimentset les transports doivent tous deve-nir plus efficients. «Le moteur à explosion ne transforme qu’unquart de l’énergie chimique conte-nue dans l’essence en énergie mé-canique transmise aux roues».Pour Nordmann, l’avenir est au mo-teur électrique alimenté par ducourant écologique tiré du vent etdu soleil. «Alors qu’un mètre carréde cellules photovoltaïques moder-nes transforme plus de 15% durayonnement solaire, les plantesles plus performantes transformentau maximum 1% du rayonnementsolaire.» Et l’énergie éolienne esttout aussi intéressante: «Incroyable

Je tiens à mon environnementSi vous voulez apporter votre soutien aux projets de politique environnementale du PS Suisse et recevoir quatre fois par an «PS & énergie», envoyezvotre adresse par e-mail à [email protected]

par Rudolf Rechsteiner, ancienconseiller national

Phot

o: K

eyst

one

à quel point ses coûts ont baissé.»L’énergie éolienne permet de pro-duire «au moins cinq fois plusd’énergie (et pas seulement del’électricité) que l’on en consommeaujourd’hui.»

«Solar Impulse»La vitesse à laquelle le prix desnouvelles technologies baisse estépoustouflante. «L’exemple del’avion solaire ‹Solar Impulse›, quia volé pour la première fois en 2010,est emblématique des progrès encours. Alors qu’il y a cinq ans, lerendement envisagé des cellulesphotovoltaïques était de 18%, il estdésormais passé à 22%. Grâce auxprogrès simultanés des batteries,l’envergure de l’avion a pu être ré-duite de 80 m à 65 m». Et Nord-mann fait table rase des contes defées: «Par le passé, il fallait trois àcinq ans pour qu’une cellule solaireproduise autant d’énergie que n’ontcoûtée sa fabrication et son instal-lation. Aujourd’hui, dans des ré-gions bien ensoleillées, les meil-leures cellules en couche mince lefont en moins d’un an.»Mais de tels progrès ne sont pasfruits du hasard. «A son arrivée aupouvoir en 1998, le gouvernementSchröder a introduit, puis perfec-tionné le système de rachat du cou-rant à prix coûtant (voir encadrépage suivante). Ce système a dé-clenché une vague d’industrialisa-tion et de progrès technologiquedans l’éolien, le photovoltaïque etla biomasse. Il est le principal fac-teur de la baisse des coûts des éner-gies renouvelables. Il a permis àl’Allemagne d’acquérir un leader-ship mondial dans le secteur,créant ainsi une bonne partie des300 000 emplois du secteur renou-velable dans ce pays.»

La puissance du vent permettrait de produire cinq fois plus d’énergie qu’on en utilise aujourd’hui dans le monde entier. Dans son ouvrage, Roger Nordmann peint un avenir en rose pour l’électricité solaire et éolienne.

Roger Nordmann: Libérer la Suisse desénergies fossiles. Desprojets concrets pourl’habitat, les trans-ports et l’électricité.Préface de BertrandPiccard. Traduction:Gerhard Tubandt. Editions Favre; Fr. 36.–.

Impressum PS & énergie Editeur: PS Suisse, case postale, 3011 Berne, [email protected]. Rédaction: Pierre Bonhôte, ancien conseiller aux Etats; Thomas Christen,secrétaire général; Chantal Gahlinger, secrétaire politique; Reto Gamma, chef de projet recherche de fonds; Beat Jans, conseiller national; Barbara Marty Kälin, ancienne conseillère nationale; Roger Nordmann, conseiller national; Eric Nussbaumer, conseiller national; Gisèle Ory, conseillère d’Etat; Rudolf Rechsteiner, ancienconseiller national; Doris Stump, conseillère nationale; Ursula Wyss, conseillère nationale. Traitement rédactionnel et production: Gallati Kommunikation, Zurich. Maquette: Purpur AG für Publishing und Communication, Zurich. Impression: Abächerli Druck AG, Sarnen. PS & énergie paraît quatre fois par an en français et en allemand. CP: 30-665681-6, PS & énergie, 3001 Berne

Imprimé sur papiercertifié FSCSQS-COC-2086 «FSC Trademark 1996,Forest StewardshipCouncil A. C.»

Le magazine socialiste du tournant énergétiqueN° 2, mai 2011

Mesure de la radioactivité sur les habitants de Fukushima. L’enseignement de la mégacatastrophe dela centrale nucléaire de Fukushima est net: le soi-disant risque résiduel d’un accident est élevé et sesconséquences sont ingérables. Pour ces raisons, le PS veut accélérer l’abandon de l’énergie nucléaireet définir des durées d’exploitation limitées pour les centrales nucléaires existantes.

Le PS exige l’abandon du nucléaire et des durées d’exploitation limitées

La Constitution fédérale est on nepeut plus claire: «La législation surl’énergie nucléaire relève de lacompétence de la Confédération.»En termes d’utilisation de l’énergienucléaire, l’Assemblée fédérale dispose donc de toute la marge demanœuvre nécessaire. Ce n’estdonc pas que le peuple doit danstous les cas décider de l’abandon del’énergie nucléaire. Concernantl’utilisation de l’énergie nucléaire,il n’existe aucune obligation consti-tutionnelle de recourir à un réfé-rendum sur une nouvelle autorisa-tion générale pour une nouvellecentrale nucléaire. Le Parlement fédéral a la compétence de fixer

aujourd’hui dans la loi l’abandondu nucléaire en ajoutant deux élé-ments à la loi sur l’énergie nu-cléaire.

Pas de nouvelle autorisa-tion générale Tout d’abord, l’approbation de nou-velles autorisations générales oude permis d’exploitation pour lescentrales nucléaires à fins de pro-duction d’électricité ne doit plusêtre autorisée. Ensuite, la loi doitrégir dès aujourd’hui la désaffec-tion ordonnée des cinq centralesnucléaires existantes moyennantune limitation de la durée d’exploi-tation.

Pour moi, ce projet de nouvellelégislation est le cœur d’un déman-tèlement ordonné. Elle s’oppose àla législation actuelle qui part duprincipe que les centrales nuc-léaires suisses peuvent être ex-ploités – indépendamment de leurâge – au-delà de 40 ans «grâce» aumanagement de vieillissement etaux inspections de sécurité effec-tuées tous les dix ans. Le PS rejettedésormais cette durée d’exploi-tation illimitée. L’Inspection fédé-rale de la sûreté nucléaire IFSN ditson avis sur une «mentalité de sé-curité illimitée» dans la déclarationqu’une centrale nucléaire inspectéepar l’IFSN peut être «exploitée à

Phot

o: K

eyst

one

par Eric Nussbaumer,conseiller national

soklar_2_11_f.qxp 2.5.2011 11:04 Uhr Seite 4