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14.09. 12.12.2018 Qu’est-ce que la Bible ? Le mot « bible » vient du grec biblos, mot qui désigne les rouleaux de papyrus sur lesquels on écrit avant la création des livres reliés. Directeur de la publication | François Decoster, Président de la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint-Omer Coordination et médiation | Françoise Ducroquet, directrice de la Bibliothèque d’Agglomération du Pays de Saint-Omer Commissariat | Rémy Cordonnier, responsable des fonds anciens de la BAPSO Textes | Rémy Cordonnier Relecture et corrections | Laurence Bacart (BAPSO), Julie Ballanfat (BAPSO), Mélissa Minet (BAPSO) Choix des illustrations | Rémy Cordonnier Conception graphique | Florian Duponchelle et Laurette Royer, service Communication de la CAPSO Crédits photographiques | BAPSO, et Wikimedia Commons Impression | Nord Imprim Progressivement, le mot biblos a, par extension, fini par désigner non plus uniquement le support des écritures, mais les écritures elles-mêmes. À partir du II e siècle, le mot biblia est utilisé par les Pères de l’Église pour désigner l’ensemble des écrits de l’Ancien et du Nouveau Testament. La Bible est donc plus qu’un livre, c’est un recueil, une véritable bibliothèque ! L’ensemble des écrits bibliques peuvent effectivement constituer « matériellement » collection de plusieurs livres, surtout dans la première moitié du Moyen Âge (VI e -XII e siècle). Scannez et découvrez ! ACCÉDEZ À LA BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE DE L’AGGLOMÉRATION DU PAYS DE SAINT-OMER Longtemps l’Eglise a vu d’un mauvais œil la traduction du texte biblique du latin vers les langues vulgaires. Il faut attendre le début du XII e siècle pour voir apparaître une des plus anciennes traductions du texte biblique en langue commune. Il s’agit en l’occurrence d’une transposition en dialecte normand du texte du Psautier, probablement composée vers 1100, et conservée dans deux manuscrits plus tardifs. Vers 1150, l’Apocalypse est transcrite à son tour, suivie des Livres des Rois. Une autre vague de traduction est initiée dans le dernier quart du XII e siècle, par le mouvement vaudois mené par le lyonnais Pierre Valdes. Ce dernier fait réaliser des traductions partielles du texte sacré pour le rendre accessible aux gens simples et sans culture latine (illettrés). Mais les Vaudois seront persécutés comme hérétiques par Innocent III, et peu de leurs entreprises de traduction ont survécu aux bûchers des autodafés. Finalement, la première Bible en français complète est celle qui est composée au sein de l’université parisienne un peu avant l’an 1250. Elle est complétée par l’Histoire Sainte en prose composée par le chanoine Guiart des Moulins (1251-1322 ?) d’après l’Histoire Scholastique de Pierre le Mangeur (1110-1179). Guiart est né en juin 1251 à Aire-sur-la-Lys. Il devient chanoine à la collégiale Saint-Pierre, et devient doyen en 1297. Il aurait écrit sa Bible historiale entre juin 1291 et février 1295. C’est la fusion entre la traduction de la Bible de l’Université de Paris et la version vernaculaire par Guiart de l’Histoire scholastique, qui circuler par la suite sous le titre de Bible historiale. Cette œuvre connait une fortune considérable, avec près de cent trente-six manuscrits conservés, dont plusieurs richement enluminés, et vingt-sept éditions imprimées à Paris et Lyon entre 1498 et 1545. Le questionnement sur la vérité du texte biblique et sur la transmission de ce dernier a donné lieu progressivement au développement de disciplines historiques et philologiques, ainsi qu’à diverses théories telles que l’exégèse historico-critique. Cette forme d’exégèse est une façon de lire et d’analyser le texte biblique, qui ne procède que d’un point de vue purement historique. On s’intéresse donc essentiellement à la reconstruction des événements et de l’histoire des idées, en s’appuyant sur la façon dont les textes néotestamentaires ont été composés. Le premier à l’avoir pratiquée est l’Allemand Hermann Samuel Reimarus (1694-1768). Il considère que tous les miracles et les croyances qui fondent christianisme ne sont qu’une invention et une manipulation des premiers Chrétiens. C’est notamment l’un des initiateurs de la thèse de la substitution du cadavre du Christ par ses apôtres. Partant de cette idée, cette tradition exégétique oriente son interprétation du texte biblique en fonction de la critique historique, et en présupposant que le texte le plus ancien est nécessairement le meilleur ou le plus juste. Deux systèmes sont mis au point : _Le système de Johann Jakob Griesbach (1745 –1812), qui donne priorité au texte selon Matthieu, dont celui selon Marc ne serait en fait qu’une version abrégée. Or, ce système ne tient pas, puisque si Marc est plus court, c’est surtout par ce qu’il ne transmet pas la tradition des paroles du Christ. En revanche, il est beaucoup moins descriptif et offre l’aspect d’une compilation de témoignages. _C’est de ce constat que naît le système de Christian Hermann Weiße (1801 - 1866) que l’on appelle aussi la théorie des deux sources. Pour lui, les textes des Evangiles selon Matthieu et Luc ont été écrits indépendamment l’un de l’autre, mais, à partir des mêmes sources que sont, d’une part le texte selon Marc et, d’autre part, une version perdue de la tradition primitive des Loguia Christi, des paroles du Christ. Selon cette théorie, le texte selon Marc serait donc le plus ancien des Evangiles et non celui Mathieu. Le système de Weiße est à l’origine d’une foule de reconstitutions de la vie de Jésus, dont il ne sortira aucune synthèse. ES PREMIÈRES TRADUCTIONS VERNACULAIRES DE LA BIBLE ’EXÉGÈSE HISTORICO-CRITIQUE APPLIQUÉE AU NOUVEAU TESTAMENT. L L L’importance de la Bible dans notre culture lui vaut d’être le premier ouvrage mis sous presse, vers 1452-1455, lorsque Johannes Gutenberg développe l’imprimerie dans son atelier à Mayence. La réalisation de cette entreprise est longue et fastidieuse. Les deux volumes de six cent quarante-huit et six cent trente-quatre pages, comptent deux-mile cinq-cents soixante-quatre colonnes, soit plus de trois millions de caractères. Les spécialistes estiment qu’elle a demandé mile deux-cent quatre-vingt-deux journées de travail que se sont partagées six ouvriers. Ces derniers ont donc œuvré en moyenne deux cent treize ou deux cent quatorze journées sur un peu plus de sept mois de travail. Plusieurs études ont montré que le texte de référence devait être un manuscrit de la Bible de Paris. La première édition critique du texte grec du Nouveau Testament est mise sous presse en 1514, à Alcalá, en Espagne. C’est une version polyglotte, appelée complutensis - du nom latin de la ville d’édition. Elle est réimprimée par Christophe Plantin à Anvers en 1573. En 1516, Erasme publie une nouvelle édition de la Bible à Bâle, chez Robert Estienne, qui devient le texte de référence, en raison de sa très grande diffusion. Le premier à proposer une véritable édition critique, c’est-à-dire impliquant la comparaison d’un grand nombre de manuscrits dans plusieurs langues, est le Dieppois Richard Simon (1638-1712), qui édite à Paris, en 1680, une Histoire critique du Vieux Testament. Outre sa dimension de critique textuelle, l’œuvre de Simon défend de façon cohérente la thèse de l’existence de plusieurs versions du Nouveau Testament. Le texte de référence actuel est celui de l’édition du Novum Testamentum graeci, établie par le bibliste allemand Eberhard Nestle (1851-1913). Celui-ci est publié pour la première fois en 1898, puis, a été continué par son fils Erwin et surtout par Kurt Aland (1915-1994). Cette édition en est à sa vingt- huitième révision. D U MANUSCRIT À L’IMPRIMÉ : LES PREMIÈRES ÉDITIONS CRITIQUES IMPRIMÉES DES EVANGILES Bible, Ancien Testament (AT), début de la Genèse (Saint-Bertin, XI e siècle - Saint-Omer, BA, ms. 2, f. 7v.) INFOS PRATIQUES ET RÉFÉRENCES WEB PLAQUETTE D’ACCOMPAGNEMENT DE L’EXPOSITION ADRESSE 40 rue Gambetta 62500 Saint-Omer ou accès par la rue du Lycée, à droite de la Chapelle des Jésuites Tél : 03.74.18.21.00 Courriel : [email protected] RETROUVEZ-NOUS SUR Facebook Bibliothèque d’Agglomération du Pays de Saint-Omer Pinterest bibagglostomer HORAIRES D’OUVERTURE DE LA BIBLIOTHÈQUE Mardi : 9h-12h et 13h-18h Mercredi : 9h-12h et 13h-18h Vendredi : 9h-12h et 13h-18h Samedi : 9h-12h et 13h-18h Bible de Gutenberg, Mayence, avant l’automne 1450, début des Psaumes (Saint-Omer, BA, inc. 1) Guyard des Moulins, Bible historiale (Paris, vers 1230-1260 - Saint-Omer, BA, ms. 68) Histoire critique du texte du Nouveau Testament, où l’on établit la vérité des actes sur lesquels la religion chrétienne est fondée, par Richard Simon, prêtre, Rotterdam, R. Leers, 1689. Hermann Samuel Reimarus Johann Jakob Griesbach Christian Hermann Weiße Biblia Graeca et Latina, Bâle, Nikolaus Brylinger, 1550, suit le texte de la polyglotte d’Alcalá de Henares. Le mot Bible entre très tôt dans le moyen français car, pour désigner les textes sacrés, c’est une simple francisation du latin. Mais, il existe un homonyme du mot « bible », que l’on trouve mentionné en 1273 dans la Chronique de Jean de Joinville, dérivé de biblia (cornet à dé), et qui désigne une machine de guerre - en forme de cornet - servant à lancer des pierres !

Qu’est-ce que la Bible · Hermann Samuel Reimarus Johann Jakob Griesbach Christian Hermann Weiße Biblia Graeca et Latina, Bâle, Nikolaus Brylinger, 1550, suit le texte de la polyglotte

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Page 1: Qu’est-ce que la Bible · Hermann Samuel Reimarus Johann Jakob Griesbach Christian Hermann Weiße Biblia Graeca et Latina, Bâle, Nikolaus Brylinger, 1550, suit le texte de la polyglotte

14.09.12.12.2018

Qu’est-ce que la Bible ?Le mot « bible » vient du grec biblos, mot qui désigne les rouleaux de papyrus sur lesquels on écrit avant la création des livres reliés.

Directeur de la publication | François Decoster, Président de la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint-Omer

Coordination et médiation | Françoise Ducroquet, directrice de la Bibliothèque d’Agglomération du Pays de Saint-Omer

Commissariat | Rémy Cordonnier, responsable des fonds anciens de la BAPSO

Textes | Rémy Cordonnier

Relecture et corrections | Laurence Bacart (BAPSO), Julie Ballanfat (BAPSO), Mélissa Minet (BAPSO)

Choix des illustrations | Rémy Cordonnier

Conception graphique | Florian Duponchelle et Laurette Royer, service Communication de la CAPSO

Crédits photographiques | BAPSO, et Wikimedia Commons

Impression | Nord Imprim

Progressivement, le mot biblos a, par extension, fini par désigner non plus uniquement le support des écritures, mais les écritures elles-mêmes. À partir du IIe siècle, le mot biblia est utilisé par les Pères de l’Église pour désigner l’ensemble des écrits de l’Ancien et du Nouveau Testament. La Bible est donc plus qu’un livre, c’est un recueil, une véritable bibliothèque ! L’ensemble des écrits bibliques peuvent effectivement constituer « matériellement » collection de plusieurs livres, surtout dans la première moitié du Moyen Âge (VIe-XIIe siècle).

Scannez et découvrez !

ACCÉDEZ À LA BIBLIOTHÈQUE

NUMÉRIQUE DE L’AGGLOMÉRATION

DU PAYS DE SAINT-OMER

Longtemps l’Eglise a vu d’un mauvais œil la traduction du texte biblique du latin vers les langues vulgaires. Il faut attendre le début du XIIe siècle pour voir apparaître une des plus anciennes traductions du texte biblique en langue commune. Il s’agit en l’occurrence d’une transposition en dialecte normand du texte du Psautier, probablement composée vers 1100, et conservée dans deux manuscrits plus tardifs.

Vers 1150, l’Apocalypse est transcrite à son tour, suivie des Livres des Rois. Une autre vague de traduction est initiée dans le dernier quart du XIIe siècle, par le mouvement vaudois mené par le lyonnais Pierre Valdes. Ce dernier fait réaliser des traductions partielles du texte sacré pour le rendre accessible aux gens simples et sans culture latine (illettrés). Mais les Vaudois seront persécutés comme hérétiques par Innocent III, et peu de leurs entreprises de traduction ont survécu aux bûchers des autodafés.

Finalement, la première Bible en français complète est celle qui est composée au sein de l’université parisienne un peu avant l’an 1250. Elle est complétée par l’Histoire Sainte en prose composée par le chanoine Guiart des Moulins (1251-1322 ?) d’après l’Histoire Scholastique de Pierre le Mangeur (1110-1179). Guiart est né en juin 1251 à Aire-sur-la-Lys. Il devient chanoine à la collégiale Saint-Pierre, et devient doyen en 1297. Il aurait écrit sa Bible historiale entre juin 1291 et février 1295.

C’est la fusion entre la traduction de la Bible de l’Université de Paris et la version vernaculaire par Guiart de l’Histoire scholastique, qui circuler par la suite sous le titre de Bible historiale. Cette œuvre connait une fortune considérable, avec près de cent trente-six manuscrits conservés, dont plusieurs richement enluminés, et vingt-sept éditions imprimées à Paris et Lyon entre 1498 et 1545.

Le questionnement sur la vérité du texte biblique et sur la transmission de ce dernier a donné lieu progressivement au développement de disciplines historiques et philologiques, ainsi qu’à diverses théories telles que l’exégèse historico-critique.

Cette forme d’exégèse est une façon de lire et d’analyser le texte biblique, qui ne procède que d’un point de vue purement historique. On s’intéresse donc essentiellement à la reconstruction des événements et de l’histoire des idées, en s’appuyant sur la façon dont les textes néotestamentaires ont été composés.

Le premier à l’avoir pratiquée est l’Allemand Hermann Samuel Reimarus (1694-1768). Il considère que tous les miracles et les croyances qui fondent christianisme ne sont qu’une invention et une manipulation des premiers Chrétiens. C’est notamment l’un des initiateurs de la thèse de la substitution du cadavre du Christ par ses apôtres. Partant de cette idée, cette tradition exégétique oriente son

interprétation du texte biblique en fonction de la critique historique, et en présupposant que le texte le plus ancien est nécessairement le meilleur ou le plus juste. Deux systèmes sont mis au point :

_Le système de Johann Jakob Griesbach (1745 –1812), qui donne priorité au texte selon Matthieu, dont celui selon Marc ne serait en fait qu’une version abrégée. Or, ce système ne tient pas, puisque si Marc est plus court, c’est surtout par ce qu’il ne transmet pas la tradition des paroles du Christ. En revanche, il est beaucoup moins descriptif et offre l’aspect d’une compilation de témoignages.

_C’est de ce constat que naît le système de Christian Hermann Weiße (1801 - 1866) que l’on appelle aussi la théorie des deux sources. Pour lui, les textes des Evangiles selon Matthieu et Luc ont été écrits indépendamment l’un de l’autre, mais, à partir des mêmes sources que sont, d’une part le texte selon Marc et, d’autre part, une version perdue de la tradition primitive des Loguia Christi, des paroles du Christ. Selon cette théorie, le texte selon Marc serait donc le plus ancien des Evangiles et non celui Mathieu. Le système de Weiße est à l’origine d’une foule de reconstitutions de la vie de Jésus, dont il ne sortira aucune synthèse.

E S P R E M I È R E S T R A D U C T I O N S V E R N A C U L A I R E S D E L A B I B L E

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L’importance de la Bible dans notre culture lui vaut d’être le premier ouvrage mis sous presse, vers 1452-1455, lorsque Johannes Gutenberg développe l’imprimerie dans son atelier à Mayence. La réalisation de cette entreprise est longue et fastidieuse. Les deux volumes de six cent quarante-huit et six cent trente-quatre pages, comptent deux-mile cinq-cents soixante-quatre colonnes, soit plus de trois

millions de caractères. Les spécialistes estiment qu’elle a demandé mile deux-cent quatre-vingt-deux journées de travail que se sont partagées six ouvriers. Ces derniers ont donc œuvré en moyenne deux cent treize ou deux cent quatorze journées sur un peu plus de sept mois de travail. Plusieurs études ont montré que le texte de référence devait être un manuscrit de la Bible de Paris.

La première édition critique du texte grec du Nouveau Testament est mise sous presse en 1514, à Alcalá, en Espagne. C’est une version polyglotte, appelée complutensis - du nom latin de la ville d’édition. Elle est réimprimée par Christophe Plantin à Anvers en 1573.

En 1516, Erasme publie une nouvelle édition de la Bible à Bâle, chez Robert

Estienne, qui devient le texte de référence, en raison de sa très grande diffusion.

Le premier à proposer une véritable édition critique, c’est-à-dire impliquant la comparaison d’un grand nombre de manuscrits dans plusieurs langues, est le Dieppois Richard Simon (1638-1712), qui édite à Paris, en 1680, une Histoire critique du Vieux Testament. Outre sa dimension de critique textuelle, l’œuvre de Simon défend de façon cohérente la thèse de l’existence de plusieurs versions du Nouveau

Testament.

Le texte de référence actuel est celui de l’édition du Novum Testamentum graeci, établie par le bibliste allemand Eberhard Nestle (1851-1913). Celui-ci est publié pour la première fois en 1898, puis, a été continué par son fils Erwin et surtout par Kurt Aland (1915-1994). Cette édition en est à sa vingt-huitième révision.

DU M A N U S C R I T À L ’ I M P R I M É : L E S P R E M I È R E S É D I T I O N S C R I T I Q U E S I M P R I M É E S D E S E V A N G I L E S

Bible, Ancien Testament (AT), début de la Genèse (Saint-Bertin, XIe siècle - Saint-Omer, BA, ms. 2, f. 7v.)

I N F O S P R A T I Q U E S E T R É F É R E N C E S W E B

P L A Q U E T T E D ’ A C C O M P A G N E M E N T D E L ’ E X P O S I T I O N

ADRESSE40 rue Gambetta

62500 Saint-Omer ou accès par la rue du Lycée,

à droite de la Chapelle des Jésuites Tél : 03.74.18.21.00

Courriel : [email protected]

RETROUVEZ-NOUS SUR

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HORAIRES D’OUVERTURE DE LA BIBLIOTHÈQUE

Mardi : 9h-12h et 13h-18hMercredi : 9h-12h et 13h-18hVendredi : 9h-12h et 13h-18hSamedi : 9h-12h et 13h-18h

Bible de Gutenberg, Mayence, avant l’automne 1450, début des Psaumes (Saint-Omer, BA, inc. 1)

Guyard des Moulins, Bible historiale (Paris, vers 1230-1260 - Saint-Omer, BA, ms. 68)

Histoire critique du texte du Nouveau Testament, où l’on établit la vérité des actes sur lesquels la religion chrétienne est fondée, par Richard Simon, prêtre, Rotterdam, R. Leers, 1689.

Hermann Samuel Reimarus

Johann Jakob Griesbach

Christian Hermann Weiße

Biblia Graeca et Latina, Bâle, Nikolaus Brylinger, 1550, suit le texte de la polyglotte d’Alcalá

de Henares.

Le mot Bible entre très tôt dans le moyen français car, pour désigner les textes sacrés, c’est une simple francisation du latin. Mais, il existe un homonyme du mot « bible », que l’on trouve mentionné en 1273 dans la Chronique de Jean de Joinville, dérivé de biblia (cornet à dé), et qui désigne une machine de guerre - en forme de cornet - servant à lancer des pierres !

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Les Juifs regroupent leurs textes sacrés en vingt-quatre livres, répartis en trois ensembles : la Loi, les Prophètes et les Ecrits ou Hagiographes. Ils leur donnent le nom de Tanakh, d’après les initiales de ces trois ensembles : TORAH, NÉVIIM et KÉTOUVIM.

Cette tripartition est confirmée à la fin du premier siècle, lorsque des rabbins réunis dans la ville de Yavneh (Jamnia), fixent la liste, le canon, des livres inspirés par Dieu : - La Torah, qui peut être rendue par « instruction », « enseignement » ou « loi », correspond, en grec, à l’hê pentateuchos biblos, du grec πέντε (pente), « cinq », car elle regroupe les cinq premiers livres bibliques. Ils sont placés sous l’autorité de Moïse et constituent le socle de la relation d’alliance entre Dieu et le peuple d’Israël. - Les Neviim, ou « Prophètes », sont eux-mêmes subdivisés, en deux ensembles de quatre livres chacun. Ces livres, les premiers plus narratifs, les derniers purement prophétiques, relatent les efforts des prophètes pour maintenir l’alliance ou la restaurer. - Enfin, les onze derniers livres sont appelés Ketouvim, « Écrits ou Hagiographes ». Ce sont pour la plupart des ouvrages qui évoquent d’ailleurs tous des évènements survenus après l’exil de Babylone.

A ה ת נ " ך ( T A N A K H ) , L A B I B L E H É B R A Ï Q U EL CO N T E N U D E L A ה ת נ " ך ( T A N A K H ) ,

L A B I B L E J U I V E

DNous sommes en 1947. C’est dans une grotte, près de l’oued de Qumrân en Jordanie, qu’un colporteur ambulant découvre fortuitement une série de jarres, dont l’une d’entre elles renferme, des trois rouleaux de cuir couverts d’inscriptions. Un archéologue identifie la langue des rouleaux comme de l’hébreu, qu’il rapproche d’inscriptions gravées que l’on trouve sur les ossuaires juifs du Ie siècle de notre ère. Les rouleaux de Qumrân deviennent les plus anciens textes hébreux copiés sur parchemin conservés à ce jour !

Plusieurs des manuscrits complets sont rapidement rattachés à la secte juive rigoriste des Esséniens, que l’historien André Dupont-Sommer, professeur à la Sorbonne, rapproche des premiers Chrétiens. Le dossier prend alors une dimension non seulement historique mais aussi religieuse.

Toutefois, en dépit des espérances formulées par les chercheurs, aucun fragment d’Evangile n’est découvert parmi les manuscrits. La thèse des Esséniens, même si elle continue de dominer, ne fait plus non plus l’unanimité.

Les manuscrits de la mer Morte constituent en fait une vaste bibliothèque de texte religieux juifs, d’environ neuf cents manuscrits, la majorité en hébreux et 20% en araméen, la langue de la Judée, avec quelques rares fragments en grec. Tous ces textes appartiennent à la littérature religieuse juive antérieure à la destruction par les romains du Temple de Jérusalem en l’an 70 et à l’établissement de la Tanakh.

L E S M A N U S C R I T S D E L A M E R M O R T E

La Bible juive est traduite pour la première fois dans une langue non sémitique, en grec, dans le courant du IIe siècle avant notre ère.

La légende, mentionnée pour la première fois dans la lettre du pseudo-Aristée à son frère Philocrate, composée vers l’an 200 avant notre ère, raconte que le roi Ptolémée II Philadelphe (309-246 av. n. è), souhaitant enrichir sa bibliothèque d’Alexandrie, demande au grand-prêtre de Jérusalem une traduction grecque de la loi juive. Le grand-prêtre lui envoie six représentants de chacune des douze tribus d’Israël à Alexandrie, chacun muni d’un exemplaire de la Torah. Les émissaires sont emmenés sur l’île de Pharos, où ils entreprennent la traduction dans le plus grand recueillement. Chaque jour, ils en transcrivent une partie et se réunissent pour se mettre d’accord sur le sens à donner au texte. Ils réalisent l’intégralité de la traduction en… soixante-douze jours !

Ce récit connait une grande fortune, mais, en réalité, cette traduction en grec s’est faite sur une longue période, en plusieurs fois et d’une qualité très inégale selon les livres. Ainsi, il est convenu que, si la traduction des Proverbes est la meilleure, l’Ecclésiaste est en revanche souvent inintelligible. Dans tous les cas, cette traduction en grec est restée pendant longtemps la source principale pour l’Ancien Testament dans le monde gréco-latin

La Bible chrétienne s’est établie en grande partie sur l’héritage de la Bible hébraïque, mais non sans quelques petites différences.

Ainsi, en plus des vingt-quatre livres qui constituent le canon de la Bible hébreu, la Bible chrétienne ajoute Tobie, Judith, les deux livres des Maccabées, l’Ecclésiastique, la Sagesse, Baruch et l’épître de Jérémie (plus quelques fragments des livres de Daniel et d’Ether). Ces adjonctions sont appelées les livres deutérocanoniques car ils n’ont jamais fait partie du canon hébraïque même s’ils ont circulé dans le monde juif.

Mais la différence la plus importante est l’ajout des ouvrages qui transmettent l’enseignement de Jésus de Nazareth et de ses apôtres et disciples. Cet enseignement constitue le Nouveau Testament, en regard de l’Ancien Testament constitué par l’héritage judaïque. Ce Nouveau Testament comprend, dans sa version canonique, vingt-sept textes, rédigés en grec, et pouvant être subdivisés en cinq ensembles :

LA B I B L E C H R É T I E N N E : L ’ A D J O N C T I O N D U N O U V E A U T E S T A M E N T

Dans les premiers siècles de la diffusion du christianisme, la langue vernaculaire du monde méditerranéen est le grec. Les églises lisent donc l’Ancien Testament selon la Septante et le Nouveau en grec.

C’est probablement vers le milieu du IIe siècle que la Bible est translatée du grec en latin. C’est ce que l’on appelle la Vetus Latina, ou « vieille latine », qui remonte à l’époque d’avant la traduction de Jérôme de Stridon (347-420), réalisée entre 382 et 405. C’est une traduction essentiellement littérale, qui comprend très peu de reformulations ou d’adaptations. Les variantes de vocabulaire sont innombrables et les différences de fond fréquentes.

Le terme Vulgate, du latin vulgata (répandu), est employé depuis le XVIe siècle, pour désigner, la constitution, depuis l’époque carolingienne, d’une Bible latine fondée majoritairement sur les traductions de Jérôme de Stridon. Ce dernier travaille en plusieurs étapes mais, contrairement à ce que raconte la légende, il ne revient pas à l’original en hébreu pour la totalité des livres bibliques. On ne peut pas non plus identifier strictement la Vulgate avec Jérôme car toutes les traductions de l’hébreu par ce dernier ne sont pas intégrées dans la Vulgate.

En effet, certains textes bibliques, inclus dans les éditions de la Vulgate latine, sont en fait des révisions anciennes de la Vetus Latina, qui ne sont pas toujours de Jérôme.

Finalement, la distinction entre la Vulgate et laVetus Latina est surtout employée pour différencier la traduction de Jérôme sur l’hébreu des autres traductions latines réalisées, pour la plupart, d’après le texte grec des Septantes.

D TU G R E C A U L A T I N : L A V I E I L L E L A T I N E E T L A V U L G A T E

La Bible est encore le livre le plus reproduit et le plus vendu au monde, mais sa diffusion n’a pas attendu l’imprimerie pour se développer.

La plus ancienne bible manuscrite actuellement connue est le Codex Sinaiticus. C’est un manuscrit en grec, copié sur parchemin au IVe siècle de notre ère, au monastère Sainte-Catherine du Mont Sinaï. Les 400 feuillets nous sont parvenus. comprennent la moitié de l’Ancien Testament et la totalité du Nouveau Testament.

Par la suite, les monastères n’ont cessé de recopier le texte biblique dans des formats divers, au point qu’il est impossible de dénombrer à ce jour les dizaines de milliers de copies médiévales de la Bible. Elles sont d’autant plus nombreuses qu’au début, les différents livres bibliques sont très souvent individualisés, et qu’au Moyen Âge, le texte biblique est quasiment indissociable de ses commentaires.

La bibliothèque conserve une centaine de manuscrits bibliques, contenant tout ou une patrie du texte sacré, avec ou sans commentaires, soit environ 10% de notre fonds de manuscrits.

Nous ne comptons que deux Bibles complètes : les manuscrits 4 et 5, tous-deux copiés au XIIIe siècle, pour le premier à Paris, et pour le second dans notre région, probablement à Thérouanne. Ce sont des volumes de petits formats mais constitués de plus de 300 feuillets de parchemin d’une grande finesse pour en diminuer le poids au maximum.

Le manuscrit n°1 constitue le premier volume de ce qui devait être une Bible géante complète, dont nous avons perdu les autres volumes, de même que les manuscrits 2 et 3 sont deux volumes d’une Bible initialement en trois volumes, dont il manque la seconde moitié de l’Ancien Testament. La taille imposante de ces livres donne une idée du travail et du coût de telles réalisations !

La mise en page des livres bibliques fait souvent l’objet d’une attention particulière. Elle s’adapte aux pratiques religieuses de lecture et d’interprétation des textes sacrés.

Progressivement, l’importance des commentaires, conditionne une nouvelle organisation de la page, qui va permettre de différencier le texte sacré de ses commentaires et les types de commentaires entre eux.

R A N S M I S S I O N D E L A B I B L E : L E S B I B L E S M A N U S C R I T E S A U M O Y E N Â G E

E L ’ H É B R E U A U G R E C : L A T R A D U C T I O N A L E X A N D R I N E ,

D I T E « D E S S E P T A N T E »

Hamishah humshe Torah, Anvers, Cornelis Van Bomberghen, 1566 (Saint-Omer, BA, inv. 238)

Fragments d’un manuscrit de la mer Morte Jarres à manuscrits de Qumrân

Ptolémée II (309-246 av. n. è.) - Musée archéologique national de Naples

Hē palaia diathēkē kata tous hebdomēkonta : Vetus Testamentum Græcum ex versione Septuaginta interpretum, Londres, Joannem Martin & Jacobum Allestrye, 1653 (Saint-Omer, BA, inv. 240)

Le rouleau de cuivre de Qumrân – seul document de cette matière, contient une liste fictive des trésors d’Ïsrael.

Début des évangiles selon Luc et selon Marc (Saint-Omer, BA, ms. 5)

Saint Jérôme écrivant par Le Caravage (1606), Huile sur Toile, Rome, Galerie Borghèse

Bible Vulgate, fragments d’Evangiles, Saint-Bertin, VIIIe siècle (Saint-Omer,

BA, inv. 257)

הרותThorah La Loi

Berechit (Au commencement)Chemot (Les Noms)Wayiqra (Et il dit)Bamidbar (Dans le désert)Debarim (Les paroles)

םיאיבנNeviim Les Prophètes

תישארבתומשארקיורבדמבםירבד

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GenèseExodeLévitiqueNombresDeutéronome

JosuéJugesSamuel, 1 & 2

Rois 1 & 2

IsaïeJérémieÉzéchielOséeJoëlAmosAbdiasJonasMichéeNahumHabacucSophonieAggéeZacharieMalachieles Psaumesles Proverbesle Livre de JobCantique des Cantiques RuthLamentationsEcclésiasteEstherDanielEsdras & NéhémieChroniques I & II

Névim Richonim''prophètes premiers''

Névi’im aharonim ''prophètes derniers''

Trè ÂssarLes 12 “petits” prophètes

Yéhochouâ Chofétim

Chémouèl alèf, bèt

Mélakhim alèf, bèt

עשוהי

םיטפוש / א לאומשב לאומש / א םיכלמב םיכלמ

YéchâyaYirmiyaYéhèzqèl

והיעשיוהימרי

לאקזחי

Hochéâ Yoèl ÂmosÔbadyaYonaMikhaNahoumHabaqouqTséfanyaHaggaïZékharya Mal'akhi

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Les Trois Livres Poétiques (Sifrei Eme"t)

Les Cinq Rouleaux (Hamech Meguilot) lus lors des fêtes d'Israël

Autres Livres Historiques

עשוהלאויסומעהידבועהנויהכימםוחנקוקבחהינפציגחהירכזיכאלמ

םיליהת ילשמ

בויא

םירישה ריש

תור הכיא תלהק

רתסא

לאינד

ארזע +הימחנ א םימיה ירבדב םימיה ירבד

TéhillimMicheléIyov

Chir ha-ChirimRoutÈkhaQohèlèteEsthèrDanièlÊzra, Néhèmya

Divrè ha-Yamim alèf, bèt

• Les Evangiles (εὐαγγέλιον / euangélion, « bonne nouvelle ») : ce sont les textes qui relatent la vie de Jésus et de ses disciples. Sur les nombreux textes qui ont circulé, seuls quatre sont inscrits au canon des Ecritures inspirées par Dieu. Ce sont ceux que la tradition attribue à Matthieu, Marc, Luc et Jean. • Les Actes des Apôtres : ce livre relate un choix d’actes par lesquels les apôtres ont opéré la fondation de l’Eglise. La rédaction de ce livre est attribuée au même auteur que celui de l’Evangile selon Luc. • Les Epîtres pauliennes : lettres écrites par l’apôtre Paul à plusieurs communautés de Chrétiens d’orient, destinées à leur indiquer la conduite à tenir dans certaines circonstances particulières. • Les Epitres catholiques : attribuées aux d’autres apôtres : Jacques, Pierre, Jean et Jude, et elles ne s’adressent pas à une église en particulier mais à toute la collectivité des fidèles.

• L’Apocalypse selon Jean : c’est le seul texte entièrement prophétique du Nouveau Testament. Il décrit une vision des évènements censés arriver à la fin des temps.

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Titre courant, sur les deux pages, ici Y pour Ysaïe (le reste de l’inscription est dans la marge de la page de droite)

Initiale historiée, ici figurant le martyre d’Ysaïe : ce dernier prédit que le roi de Juda, Manassé, sera un serviteur du diable et qu’il va supplicier le prophète. Le roi devient effectivement mauvais, et Béchirra, un faux prophète jaloux, le convainc de mettre à mort Isaïe. Ce dernier est scié au moyen d’une planche à bois

Pieds de mouche (marque de paragraphe)

Glose marginale (exégétique) en caractères moyens

Glose interlinéaire (grammaticale) en petit caractères

Texte biblique (en gros caractères)

Bible glosée, début du livre d’Ysaie, Paris, 2e moitié du XIIIe siècle (Saint-Omer, BA, ms. 14)

1. Genèse2. Exode3. Lévitique4. Nombres5. Deutéronome6. Livre de Josué7. Livre des Juges8. Livre de Ruth9. Livre I des Rois ou Samuel10. Livre II des Rois ou Samuel11. Livre III des Rois12. Livre IV des Rois 13. Livre I des Chroniques ou Paralipomènes 14. Livre II des Chroniques ou Paralipomènes 15. Livre I d’Esdras16. Livre II d’Esdras ou Néhémie17. Livre III d’Esdras18. Livre de Tobie19. Livre de Judith20. Livre d’Esther21. Livre I des Maccabées22. Livre II des Maccabées23. Livre de Job24. Psaumes25. Proverbes26. Ecclésiaste (Qôhéléth en hébreu)27. Cantique des Cantiques28. Sagesse29. Ecclésiastique (ou Siracide)30. Livre d’Isaïe31. Livre de Jérémie32. Livre des Lamentations33. Livre de Baruch34. Livre d’Ezéchiel35. Livre de Daniel36. Livre d’Osée37. Livre de Joël38. Livre d’Amos39. Livre d’Abdias

40. Livre de Jonas41. Livre de Michée42. Livre de Nahum43. Livre d’Habacuc44. Livre de Sophonie45. Livre d’Aggée46. Livre de Zacharie47. Livre de Malachie

NOUVEAU TESTAMENT

1. Evangile selon Matthieu2. Evangile selon Marc3. Evangile selon Luc4. Evangile selon Jean5. Actes des Apôtres6. Epître aux Romains7. Epître I aux Corinthiens8. Epître II aux Corinthiens9. Epître aux Galates10. Epître aux Ephésiens11. Epître aux Philippiens12. Epître aux Colossiens13. Epître I aux Thessaloniciens14. Epître II aux Thessaloniciens15. Epître I à Timothée16. Epître II à Timothée17. Epître à Tite18. Epître à Philémon19. Epître aux Hébreux20. Epître de Jacques21. Epître I de Pierre22. Epître II de Pierre23. Epître I de Jean24. Epître II de Jean25. Epître III de Jean26. Epître de Jude27. Apocalypse

L E « C A N O N » C H R É T I E N D E L A B I B L E

ANCIEN TESTAMENT