Ritual and Art. Byzantine Essays for Christopher Bibliographie

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    BIBLIOGRAPHIE

    Les ouvrages pour compte rendu doivent tre envoys anonymement laRevue des tudes Byzantines. Lenvoi personnel lun des membres de la

    Rdaction nengage en rien la Direction de lInstitut ou de la Revue. LaRevue naccepte pas de publier les recensions qui lui sont proposes sansavoir t sollicites.

    Les recensions sont ranges par ordre alphabtique lintrieur de deux

    sries. La premire srie comprend les comptes rendus plus dtaills. Dans laseconde srie sont regroups les comptes rendus brefs : ceux-ci se limitent une description succincte du contenu de louvrage et ils ne sont pas signs.Quant aux ouvrages qui ne se rapportent pas directement lEmpire byzan-tin, ils figurent sur une liste des Ouvrages reus.

    Pamela ARMSTRONG (d.),Ritual and Art. Byzantine Essays for ChristopherWalter. Edited by Pamela ARMSTRONG. The Pindar Press, Londres2006. 24 17 ; reli. V-307 p.

    Au dbut du volume (p. III-V), lditrice retrace les tapes de litinraire intellec-tuel et de lactivit scientifique du ddicataire : aprs ses tudes Oxford, Rome etParis, Christopher Walter intgre en 1967 lInstitut franais dtudes byzantines desAssomptionnistes, et il signe son premier article dans la Revue de lInstitut ds lan-ne suivante. En 1980, au moment o lInstitut doit abandonner son sige de la rueFranois Ier, Christopher Walter quitte Paris pour un sjour passager de deux ans

    Belgrade, avant de stablir de manire plus durable Athnes. En 1995, des pro-blmes de sant lobligent quitter la Grce. Il retrouve alors Paris et se retire enSavoie en 2001.

    Les contributions rassembles dans ce volume sont avant tout un hommage auchercheur, plus particulirement au spcialiste de liconographie byzantine, et ellesmanent pour la plupart dhistoriens de lart. Voici les titres des contributions.1. Robert F. Taft, The Byzantine Imperial Communion Ritual.2. J. A. Munitiz, An Exhortation by Manuel Philes to Pay Attention.3. Jeffrey C. Anderson, The Creation of the Marginal Psalter.4. Albert Failler, Les divers emplois du mot harmoste dans luvre de Georges

    Pachymrs.

    5. Suzy Dufrenne, Simples remarques sur deux manuscrits byzantins des IXe

    et Xe

    sicles.6. Pamela Armstrong, Iconographic Observations on Figural Representation on

    Zeuxippus Ware.7. David Buckton, Early Byzantine Enamel in France.

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    8. Panayotis L. Vocotopoulos, The Miniatures of a Palaeologan New Testament atthe Hagia Lavra Monastery near Kalavryta.

    9. Anthony Bryer, People get the Heroes and Martyrs they deserve.

    10. Nancy Patterson evenko, St. Catherine of Alexandria and Mount Sinai.11. George Gerov, The Narthex as Desert: The Symbolism of the Entrance Space in

    Orthodox Church Buildings.12. Victoria Kepetzi, Autour dune inscription mtrique et de la reprsentation des

    aptres Pierre et Paul dans une glise en lide.13. Tania Velmans, Le rle de lhsychasme dans la peinture murale byzantine du

    XIVe et XVe sicles.14. Chris Entwistle, Emperors or Saints? A Note on the Iconography of a Late-

    Antique Weight.15. Radivoj Radi and Duan Kora, Enemy at the Gates: An Alliance Ridiculed.

    16. Elka Bakalova, Hymnography and Iconography: Images of Hymnographers inTwelfth- and Thirteenth-Century Church Paintings in Bulgaria. la fin de louvrage est dresse une liste des publications de Christopher Walter

    (p. 275-285). On relvera les titres de ses trois principaux ouvrages : Liconographiedes conciles dans la tradition byzantine (Paris 1970),Art and Ritual of the ByzantineChurch (Londres 1982), The Warrior Saints in Byzantine Art & Tradition (Aldershot2003). Quant aux articles, ils doivent avoisiner les quatre-vingts, dont un bon nombresont parus dans cette revue. Ils ont t rassembls pour lessentiel dans trois recueilsde rimpression, sous les titres suivants : Studies in Byzantine Iconography(13 articles, Variorum, Londres 1977), Prayer and Power in Byzantine and Papal

    Imagery (12 articles, Variorum, Aldershot 1993), Pictures as Language. How the

    Byzantines Exploited Them (24 articles, Pindar Press, Londres 2000). Dans la liste despublications apparat, sous la mention Work in Progress , un nouveau titre : TheIconography of the Emperor Constantine, qui est effectivement paru en 2006.Christopher Walter a galement sign dans cette revue un grand nombre de recensionssur une dure de quarante ans, les premires tant apparues dans le tome 25 de lanne1967.

    Albert FAILLER

    Laurence BROTTIER (trad.), Figures de lvque idal : Jean Chrysostome,Pangyrique de Saint Mlce, et Jean Damascne, Pangyrique de Saint

    Jean Chrysostome. Discours traduits et comments par LaurenceBROTTIER (La Roue Livres 43). Les Belles Lettres, Paris 2004.21 13,5. 208 p. Prix : 17 .

    Dans ce petit volume adress un public assez large, L. Brottier a eu lheureuseide dassocier deux loges composs dans des contextes diffrents et trois siclesdcart, en faisant valoir une thmatique qui leur est commune, limage du saintvque dans lglise des 4e-5e sicles. Pour cette spcialiste de Jean Chrysostome,louverture sur une composition rhtorique de Jean Damascne constitue galementun bon point de dpart pour ltude des formes particulires de lloquence ecclsias-

    tique grecque, qui rompt partiellement avec les modles antiques.Les deux textes, donns en traduction franaise, sont prcds de notices introduc-tives prsentant paralllement leur contexte historique et religieux, leur genre littraireet leur vise spirituelle, limite quant elle la thmatique de limage idale delvque, une thmatique que L. Brottier dveloppe avec subtilit. Ces ensembles sont

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    suivis de deux courtes annexes citant les Histoires ecclsiastiques de Socrate,Sozomne et Thodoret de Cyr sur les questions de lorthodoxie de Mlce (I) et latranslation des reliques de Jean Chrysostome (II). Donnes par la suite et part, les

    notes sont malheureusement dune consultation difficile. Enfin, des orientationsbibliographiques succinctes, dans lesquelles on regrettera labsence de certains titresrcents, et des index trs fournis achvent louvrage.

    Le Pangyrique de Saint Mlce (d. B. de Montfaucon, PG 50, 515-520 ; CPG4345;BHG 1244) a dj t traduit six fois en franais au cours des 18 e et 19e sicles(cf. p. 52). Il en est autrement du Pangyrique de Saint Jean Chrysostome (d. B.Kotter, PTS29, p. 349-370 ; CPG 8064 ;BHG 879), dont L. Brottier donne ici la pre-mire traduction dans une langue moderne. Il nen existait jusqu prsent quune tra-duction latine du 17e sicle (cf. p. 94).

    Le texte de Jean Damascne prsente de nombreuses difficults dues aux choix

    rhtoriques de lauteur : pour faire lloge du Pre le plus illustre en matire dlo-quence, le thologien du 8e sicle nhsite pas recourir des formes grammaticalesou lexicales complexes ainsi qu de nombreuses allusions aux sources antiques etbibliques. Gnralement accessible et mme simple lorsquil sagit dexposs portantsur le contenu de la foi, Jean Damascne dploie donc ici toutes les ressources qui luiont valu son surnom de Chrysorrhoas et sa rputation de modle de rhtoriqueauprs des Byzantins. Il tait donc mritoire dentreprendre cette traduction. Onregrettera cependant la prsence de plusieurs obscurits que nous avons, pour cer-taines, essay de rsoudre. Ainsi, lincise ouj perata; ga;r ta; th'" fuvsew" Gavdeira(PTS 29, p. 360, 29-10), ce ne sont pas les confins naturels, Gadeires, que tu asbtis (p. 96), devrait plutt tre comprise par rfrence Pindare, Nemea, IV, 69

    (d. H. Maehler, Pindari Carmina, I, Leipzig 1987, p. 114) : Gadeivrwn to; pro;" zovfonouj peratovn, et traduite car la Gadire de notre nature est infranchissable . On nouspermettra de revenir aussi sur la traduction de tiv" ou{tw kaqaro;"... hJniocou'nto" to;a[logon (PTS29, p. 362, 611-14) par qui a t si pur, outre en son corps, dans sonme et sa pense, quil allait jusqu attester sur son tmoignage de la stupidit quipousse aux unions physiques ? Non quil sagisse en soi de stupidit car ce nest niun manque de raison ni quelque faiblesse de la nature mais cest la matrise de laraison qui tient les rnes de llment draisonnable (p. 100). Nous proposerionsplutt : Qui fut si pur dans son me et sa pense par rapport au corps, que lon sou-tint son propos quil navait pas de capacits sexuelles ? Mais en ralit il ntait pasimpuissant. Cette [incapacit] ntait due ni une insuffisance de la raison, ni unefaiblesse de la nature, mais la domination que sa raison exerait sur la partie irra-tionnelle de son me . Dans le mme ordre dides on notera au passage lintrtconstant de Jean Damascne pour la physiologie , le passage ou{tw nekrou'tai ta;uJpogavstria... a[tono" pro;" to; eJautw'/ crhsimeuvein givnetai (PTS29, p. 364, 921-23),traduit par cest ainsi que sa sensualit est mortifie, quil puise les forces de sesreins, quil teint compltement lardeur des apptits du ventre et quil perd toutevigueur pour ce qui lui est lui-mme profitable (p. 103), serait plus clair si onadoptait la traduction suivante : il fut alors paralys dans la rgion du bas-ventre, lespuissances de ses reins se relchrent, et la facult digestive de son estomac sinter-rompit ; perdant ses forces, il devint incapable de subvenir ses propres besoins .

    Enfin, une autre obscurit devrait tre leve. Au 9, o Jean Damascne compare leChrysostome Mose, lexpression ajfei;" divkhn pedivlwn ta; ghvina (PTS29, p. 3636)serait plutt comprendre comme une allusion lpisode dExode 3, 5. On corrigeraainsi [aprs] avoir laiss, la manire dentraves, les ralits terrestres (p. 102) par renonant aux ralits terrestres linstar de [Mose qui retira] ses sandales .

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    Les difficults du texte damascnien ne se limitent pourtant pas ce dploiementdloquence. On y trouve galement des sous-entendus relatifs aux circonstances de sardaction. Toutefois, on peut difficilement reprocher leur oubli L. Brottier, puisque

    lditeur lui-mme, B. Kotter, les passe sous silence. On consultera ce sujet R. Goulet(dir.),Dictionnaire des philosophes antiques, III, Paris 2000, p. 1002. Plus prcisment,Jean Damascne ne sadresse pas dans son homlie au seul Chrysostome. Un troisimeJean, homonyme du pangyriste et de lobjet de son loge, est ainsi introduit. Il sagittrs vraisemblablement de Jean V patriarche de Jrusalem (705-730), qui apparatailleurs comme le pre spirituel du Damascne. Il ne faut pas le perdre de vue dans latraduction de la prire finale ajll ejpopteuvoi" hJma'" tou;" oJmwnuvmou", puisses-tuveiller sur nous qui portons le mme nom (p. 111). Cest dailleurs lui, et non JeanChrysostome, qui est le filovqeo" ajnhvr du 1. On traduira donc pro;" de; kai; filoqevouajndro;" protroph;n oujk ajpostevon aijdoi'o" ga;r ou|to" kai; cavrita" ouj pleivsta" pro;"

    hJmw'n ojfeilovmeno" (PTS29, p. 35911-13

    ) par de plus, il nest pas convenable de repous-ser lexhortation dun homme pieux cet homme est compatissant, et nous lui devonsde nombreuses faveurs notre gard , au lieu de de plus, il ne faut pas repousser lim-pulsion dun ami de Dieu. Car ce [saint] est vnrable et nous lui sommes redevable deplus de grces possible (p. 95).

    Il est dommage que cet aspect du texte, qui apporte des matriaux supplmentaires la thmatique de la perception de lvque idal, nait pas t remarqu. Il auraitaussi permis dtablir un autre parallle avec le Pangyrique de Saint Mlce, o lesuccesseur de ce dernier, Eustathe dAntioche, reoit galement une place (cf. p. 32).Mais, on laura compris, cette thmatique sur laquelle L. Brottier attire avec justessenotre attention, connatra encore, dans les annes venir, de beaux dveloppements.

    Vassa CONTICELLO

    Michel CACOUROS et Marie-Hlne CONGOURDEAU (d.), Philosophie etsciences Byzance de 1204 1453. Les textes, les doctrines et leur trans-mission. Actes de la Table ronde organise au XXe Congrs Internationaldtudes Byzantines (Paris, 2001) (Orientalia Lovaniensia Analecta 146).

    Peeters, Leuven 2006. 25 16,5 ; reli. 290 p. Prix : 70 .

    Louvrage rassemble la majeure partie des communications donnes Paris en2001 lors du Congrs International des tudes Byzantines, dans le cadre de la tableronde consacre la philosophie et aux sciences dans lempire de Nice et sous lesPalologues. Outre un rapport de synthse, le lecteur y trouvera six contributionsabordant sous divers angles lhistoire des textes philosophiques, ainsi que leurs moda-lits de transmission, notamment par le biais des traductions ; une tude portant surlastronomie et rvlant le degr de prcision scientifique atteint par les Byzantins ;enfin trois articles relevant de la mdecine, tant gnrale que vtrinaire. Si certainesde ces contributions visent seulement fournir un tat de la question et quelquespistes de recherches, elles sont aussi suggestives que les analyses plus rudites quifigurent dans le volume. De par les correspondances que prsentent entre elles toutesces communications, louvrage offre finalement une prsentation riche et varie des

    mthodes de travail des savants byzantins, des modes dappropriation du savoirancien et de diffusion de la connaissance, en particulier via lenseignement, thmeprsent en filigrane tout au long du livre.

    La philosophie byzantine, domaine de recherche aussi vaste quancien, est tudieici essentiellement travers le prisme de lhistoire des textes et des manuscrits. Il res-

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    sort de lensemble des contributions lide que les philosophes de la priode palo-logue lisent et reprennent largement les auteurs anciens, mme lorsque ceux-ci ne fontpas partie du corpus admis par lglise orthodoxe, tels Platon et toute la tradition no-

    platonicienne. Ainsi C. Steel et C. Mac montrent comment le Commentaire deProclus au Parmnide de Platon est non seulement redcouvert par Pachymrs,mais probablement aussi corrig et complt par lui en vue dune dition . Demme, comme lexplique L. Brisson, cest directement la tradition philosophiquebyzantine que Plthon a recours lorsquil sintresse aux Oracles chaldaques :Plthon retrouve en effet dans le commentaire de Psellos linfluence de celui, perdu,de Proclus et sen sert pour laborer son propre commentaire. Dautre part, le travailphilologique men sur ces textes tardifs doit aussi prendre en compte les innovationsintroduites par les traductions latines : P. Beullens constate ainsi, propos delHistoire des animaux dAristote, que l dition ralise sous lgide de Bessarion

    vers 1430 inclut des leons provenant de la traduction latine effectue au 13e

    siclepar Guillaume de Moerbeke.Le parallle avec les sciences est loin dtre artificiel. De la mme manire que

    Platon dans le domaine philosophique, lastronomie retrouve droit de cit Byzance partir de la fin du 13e sicle. Des auteurs tels que Nicphore Grgoras et surtout JeanChortasmnos redcouvrent dans Thon dAlexandrie des mthodes plus fines dutili-sation des tables de Ptolme. Cest dans ce contexte quil faut replacer les exercicesde calcul dits ici par A. Tihon, qui visent fixer avec la plus grande prcision pos-sible les dates des solstices et des quinoxes. En matire mdicale aussi, la connais-sance des Byzantins progresse grce au retour vers les textes anciens, en loccurrenceDioscoride : A. Touwaide dresse une liste des manuscrits conservs du De materia

    medica et rappelle que certains tmoins anciens, calligraphis en onciales, ont faitlobjet dune transcription en minuscules au cours du 14e sicle, de manire produirefinalement une nouvelle dition de Dioscoride.

    Venons-en pour finir larticle liminaire de lun des diteurs de louvrage,M. Cacouros : eu gard sa longueur et son ambition affiche de proposer une syn-thse sur lenseignement et ses institutions Constantinople du 13e au 15e sicle, cettecontribution appelle quelques commentaires, notamment sur certains points contes-tables. Le thme est passionnant et passablement mal connu, au-del de ce qua critsur le sujet C. N. Constantinides (Higher education in Byzantium in the thirteenth andearly fourteenth centuries [1204-ca. 1310], Nicosie 1982). M. Cacouros reprend etanalyse certains aspects de lenseignement dans lempire de Nice, puis dans lempirebyzantin restaur, mettant laccent notamment sur le cursus-type suivi par un lettrbyzantin, depuis lapprentissage des premiers rudiments de la langue jusqu ltudede la philosophie, en passant par les disciplines du trivium (grammaire, rhtorique etdialectique) et les sciences du quadrivium (arithmtique, gomtrie, musique et astro-nomie). En cho aux autres contributions du volume, M. Cacouros note la rintroduc-tion de certains auteurs anciens parmi les textes tudis par les jeunes Byzantins, parexemple Proclus ; il souligne aussi lintense activit ditoriale des rudits des 14e et15e sicles.

    M. Cacouros propose de plus quelques rflexions sur les institutions denseigne-ment durant la priode palologue. Selon lui, partir de la fin du 14e sicle au moins,

    la formation suprieure des intellectuels byzantins se fait peu prs exclusivement Constantinople, dans le cadre de lcole du monastre Saint-Jean-Prodrome de Ptra,sous la direction du dtenteur dune charge nouvellement cre au sein du patriarcat,celle de katholikos didaskalos (p. 20-24 et 36-49). Contrairement aux affirmations delauteur, rien nindique que le xnn du Kralj, annexe du monastre du Prodrome de

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    Ptra, soit devenu le centre de tout lenseignement suprieur : ltude de la philoso-phie et de la mdecine y est bien atteste, en particulier lpoque de JeanArgyropoulos (voir sur ce point le rcent article, non cit, de B. Mondrain, Jean

    Argyropoulos professeur Constantinople et ses auditeurs mdecins, dAndronicparque Dmtrios Anglos, dans Poluvpleuro" nou'". Miscellanea fr PeterSchreiner zu seinem 60. Geburtstag, d. C. Scholz et G. Makris, Munich 2000, p. 223-250), mais cela nexclut pas lexistence dautres coles Constantinople et Thessalonique, en particulier lcole patriarcale, sise traditionnellement dans les bti-ments de Sainte-Sophie.

    propos de la charge de katholikos didaskalos, M. Cacouros reprend et dveloppeici ses propres hypothses antrieures, prsentes notamment dans ses travaux surJean Chortasmnos et Georges Scholarios (Jean Chortasmnos katholikos didaskalos.Contribution lhistoire de lenseignement Byzance, dans Synodia. Studia humani-tatis Antonio Garzya septuagenario ab amicis atque discipulis dicata, d.U. Criscuolo et R. Maisano, Naples 1997, p. 83-107 ; Jean Chortasmnos, katholikosdidaskalos, annotateur du Corpus logicum d Nophytos Prodromnos, dansOpwvra. Studi in onore di mgr Paul Canart per il LXX compleanno, d. S. Luc etL. Perria, dans Bollettino della Badia greca di Grottaferrata N.S. 52, 1998, p. 185-225 ; Un patriarche Rome, un Katholikos didaskalos au Patriarcat et deux donationstrop tardives de reliques du Seigneur : Grgoire III Mammas et Georges Scholarios, leSynode et la Synaxis, dans Byzantium, State and society, d. A. Avramea, A. Laiou,E. Chrysos, Athnes 2003, p. 71-124). Dans ces articles, M. Cacouros admettait quelexpression kaqoliko;" didavskalo" (ou didavskalo" kaqolikov") est rarementemploye dans un contexte o elle peut ventuellement se comprendre comme une

    titulature faisant rfrence une charge officielle denseignement : en effet lauteur nerelevait au total, lappui de son hypothse, quune note marginale et deux souscrip-tions isoles concernant respectivement Michel Balsamon, Jean Chortasmnos etGeorges Scholarios ; il signalait aussi que la formule est totalement absente des listesdoffices patriarcaux. Sans entrer ici dans le dtail, notons simplement que lexpres-sion est par ailleurs frquente, voire banale, chez les auteurs byzantins des 14e et 15e

    sicles : ainsi le patriarche Antoine IV se lapplique lui-mme dans un acte patriarcalde 1393 : mais puisque je suis le docteur gnral (kaqolikov" eijmi didavskalo") detous les chrtiens (MM, II, p. 18914-15) ; bien plus, Sylvestre Syropoulos reconnatcette mme qualit au souverain pontife romain : lglise de Rome est la mre detoutes les glises et son chef est le successeur de saint Pierre, le reprsentant du

    Christ, le pasteur et le docteur universel (didavskalo" kaqolikov") de tous les chr-tiens (Les Mmoires du Grand Ecclsiarque de lglise de ConstantinopleSylvestre Syropoulos sur le concile de Florence (1438-1439), d. et trad. V. Laurent,Paris 1971, p. 46222 et p. 463). Rappelons aussi quune formule trs proche, celle doij-koumeniko;" didavskalo", avait dj donn lieu des hypothses comparables, contrelesquelles Jean Darrouzs et Paul Lemerle staient inscrits en faux dans les annes1970. Lexistence Byzance dune charge de katholikos didaskalos lie une fonc-tion denseignement demeure donc conjecturale.

    Malgr ces dernires rserves, louvrage apparat comme fort utile pour tous ceuxqui sintressent la vie intellectuelle Byzance sous les Palologues. Il faut doncremercier les diteurs davoir runi dans ce volume des analyses la fois complmen-

    taires entre elles et individuellement stimulantes. Ajoutons que la prsence de quatreindex (trois index de noms de personnes et un index des manuscrits) rend la consulta-tion de ce livre particulirement aise et agrable.

    Marie-Hlne BLANCHET

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    Marie-Lucie CHARPIN-PLOIX (trad.),Maxime le Confesseur. La Mystagogie.Introduction, traduction, notes, glossaires et index de Marie-Lucie

    CHARPIN

    -PLOIX

    (Les Pres dans la foi 92). Migne (Diffusion Littral,ZI du Bois Imbert, BP 11, 85280 La Ferrire), Paris 2005. 19,5 13,5.201 p. Prix : 17,50 .

    De la mystagogie de lglise, du moine Maxime, pour reprendre la suscription dela meilleure tradition manuscrite, est une uvre originale autant pour la forme quepour le fond. Dans la ligne de Denys lAropagite, le mystrieux thologien qui lasans doute prcd dun sicle, Maxime le Confesseur conduit une rflexion decontemplatif autour des rites de la liturgie eucharistique.

    Conformment au but poursuivi par la collection dans laquelle elle sinsre, laprsente traduction entend avant tout offrir la rflexion ou la mditation un texte

    important de la patristique grecque. Sa thse sur le grand thologien (Union et diff-rence. Une lecture de la Mystagogie de Maxime le Confesseur, dcembre 2000, 472p. [Diffusion ANRT]) prparait la traductrice aborder un texte aussi complexe. Dansune longue introduction (p. 9-69), elle prsente lauteur, lpoque et luvre ; si lori-gine et certaines priodes de la vie de Maxime le Confesseur demeurent dans uneombre relative, dautres moments de son activit sont largement connus grce auxsources. Louvrage de Maxime peut tre dat des annes 633-634, car il prend uneplace prcise dans les querelles christologiques qui, dans le sillage du lointain concilede Chalcdoine, ont continu diviser les chrtiens sur la volont et lactivit duChrist, qui sont uniques, lorsquelles sont considres comme manant de la personne,et doubles, lorsquelles sont rapportes aux natures. Mais lopuscule de Maxime, loin

    dtre un expos de thologie dogmatique, est une suite dillustrations de la vie chr-tienne travers le symbolisme de lglise comme difice et des rites de la messe qui yest clbre. travers un savant maniement du symbole, autre facette de lapopha-tisme, le chrtien est initi au mystre du Christ, de lglise et de la divinisation delhomme.

    Lintroduction est suivie de la traduction franaise du texte (p. 71-154), dont lalecture est claire par un ensemble doutils, qui forment la dernire partie du volume(p. 155-193) : Index des citations (bibliques, non bibliques, conciliaires), Glossairedes noms propres, Glossaire et index thmatiques, Bibliographie. Accompagne duneriche annotation, la traduction a de grandes qualits, de fluidit et de clart avant tout,malgr les difficults que prsente le texte, autant dans la forme littraire, avec sesconcatnations de substantifs et de propositions participiales ou ses continuellesincises, que dans lintelligibilit des concepts et de la pense, avec toutes les subtilitsdu symbolisme et la technicit de la terminologie. Ainsi sont rendus abordables untexte et une pense qui peuvent rebuter une premire approche. Le lecteur sera sansdoute surpris et justement frustr de ne trouver chez Maxime aucun dveloppe-ment sur le noyau central de la messe, cest--dire le rcit de linstitution de leucha-ristie ou lanaphore. Mais lcrivain est manifestement tributaire du rituel liturgiquede son temps, alors que dj cette partie centrale tait devenue secrte et rserve auclbrant.

    La clart et la simplicit du texte franais laissent peine souponner la difficult

    et les piges de loriginal grec, qui est pourtant rendu de manire rigoureuse. On estdautant plus surpris de rencontrer de petites lacunes ici ou l, o certains mots dugrec semblent omis. Ainsi dans la prface : moi (PG 91, 657C4), aJgiva" [sunavxew"](657C10), soi (660A1), pavntw" (660A12), pollavki" (659B12), toujnantivon (660C15). Ouplus bas, la fin du chapitre 1 : ta;" ajrca;" tw'n o[ntwn toi'" pevrasin oujk ejw'n suna-

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    fivstasqai (668A14-15). Ou encore, dans le chapitre final : wJ" ejdidavcqhn (716B14), tw'nfilomaqw'n (716C1). On se permettra juste de soulever linterrogation sur la significa-tion de deux mots, quon pouvait peut-tre rendre de manire plus rigoureuse :iJstourgh'sai (677D1 : rendre gales ?), ajmeivwton (701B1 : inscable ?). Commele montrent les rfrences, les vrifications do dcoulent ces observations ont tfaites sur ldition ancienne, ainsi que sur celle de Ch. Sotropoulos (Athnes 2001).Comme la traductrice a effectu sa version sur le nouveau texte critique qui, prparpar C. Boudignon, nest pas encore paru, ces remarques sont peut-tre htives et pr-matures.

    En conclusion, il convient de souligner nouveau la qualit de la traduction, quirend accessible au lecteur franais un texte important, mais difficile, de la patristiquegrecque. Malgr loriginalit, la subtilit et la complexit qui caractrisent luvre,cest avec profit et sans crainte quon pourra laborder dsormais grce ce nouveau

    guide.Albert FAILLER

    Gianns A. DMTRAKOPOULOS, Apo;; th;n iJstoriva tou' buzantinou' qwmi-smou' Plhvqwn kai; Qwma'" Akuinavth" (Filosofiva - Melevte" 2). Parousiva, Athnes 2004. 24 17 ; reli. 241 p., 2 pl.

    Linfluence du thomisme Byzance partir du 14e sicle constitue un sujet encoremal connu et insuffisamment couvert par la bibliographie. la suite de ltude fonda-trice de S. Papadopoulos (Ellhnikai; metafravsei" qwmistikw'n e[rgwn.

    Filoqwmistai; kai; ajntiqwmistai; ejn Buzantivw/, Athnes 1967), une partie de la tra-duction par Dmtrios Kydns de la Secunda Secundae de la Somme thologique at dite entre 1976 et 2002 dans la collection Corpus philosophorum Graecorumrecentiorum, publie Athnes sous la direction de E. Moutsopoulos, et divers tra-vaux ont t mens sur la rception de Thomas dAquin dans le monde orthodoxe.Cependant, ldition et le commentaire des traductions ralises par DmtriosKydns rclament encore un travail considrable, notamment en raison de labon-dante tradition manuscrite de ces textes. Pour reconnatre les emprunts que certainsauteurs byzantins des 14e et 15e sicles ont pu faire aux uvres traduites de Thomas etpour mesurer ainsi le degr de pntration de la scolastique latine dans la pensebyzantine, les chercheurs en sont donc rduits pour linstant travailler le plus sou-vent sans dition critique. Cest la tche laquelle sastreint G. Dmtrakopoulos dansce livre, puisquil tente de dceler linfluence thomiste dans luvre de GeorgesGmistos Plthon. Signalons demble que, pour les besoins de sa dmonstration,lauteur propose dans les Appendices 3 et 4 de son ouvrage lditionprinceps des cha-pitres 1 9 de la traduction par Kydns de la Somme contre les Gentils, ainsi queldition de certains passages de la traduction de la Somme thologique (Prima pars,Quaestio 1, Articuli 1, 2, 5 et 8 ; Quaestio 44, Articuli 1-4 ; Quaestio 46, Articuli 1-3).

    Avant de sattacher prcisment aux citations de Thomas qui apparaissent sous laplume de Plthon, lauteur expose rapidement les lments connus concernant la for-

    mation intellectuelle du futur philosophe platonicien. Il rappelle notamment quePlthon a frquent dans sa jeunesse Dmtrios Kydns, certaines allusions laissantmme penser quil a pu tre son lve. G. Dmtrakopoulos recense ensuite plusieursattestations prouvant que Plthon a bien lu les uvres de Thomas dans la versiongrecque de Kydns, tant donn quil navait pas accs loriginal latin. Dans un

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    chapitre tout fait novateur, lauteur effectue ensuite une comparaison systmatiqueentre certains crits de Plthon et divers passages des traductions grecques de laSomme thologique et, plus encore, de la Somme contre les Gentils. Il relve desparallles entre les textes qui montrent une dpendance directe de Plthon lgarddes arguments de Thomas. Surtout, G. Dmtrakopoulos a pu identifier dans unmanuscrit autographe, le Monacensis graecus 490 (f. 138v, 145, 146r-v, 147v), unensemble de notes consignes par Plthon au cours de sa lecture des deux Sommes deThomas : lauteur donne une dition de ces Extracta dans lAppendice 1 de lou-vrage, p. 147-168.

    Dans une seconde partie, G. Dmtrakopoulos met laccent sur lusage que faitPlthon de Thomas dans la polmique qui loppose Scholarios. En tant que philo-sophe antichrtien, Plthon est amen combattre le fidisme thoris par Thomas etrevendiqu par Scholarios dans son trait Contre les difficults de Plthon au sujet

    dAristote. Mais lauteur souligne que, dans sa rponse, intitule Contre les objectionsde Scholarios en faveur dAristote, Plthon soppose Scholarios en utilisant lesmmes mthodes que lui, savoir les procds de contradiction et de dmonstrationlabors par Thomas lui-mme. Il note aussi, en sens inverse, lutilisation parScholarios de certains arguments tirs directement de Platon. La connaissance tant delaristotlisme christianis de Thomas que de la philosophie platonicienne est bienpartage par les deux philosophes byzantins, ce qui leur permet de saffronter enrecourant larsenal de ladversaire. Lauteur dveloppe enfin lide selon laquellePlthon se sert sans lavouer de Thomas pour construire sa propre doctrine, fondeelle aussi sur une forme de fidisme.

    partir de cette analyse trs neuve, laquelle viennent sajouter les Appendicesdj mentionns ainsi que trois index, G. Dmtrakopoulos est en mesure darriver deux conclusions importantes pour lhistoire intellectuelle de la priode palo-logue. En premier lieu, il faut abandonner le prsuppos trop facile qui veut que lint-rt de Plthon pour lAntiquit et pour Platon lait rendu totalement indiffrent lascolastique occidentale : les recoupements effectus par lauteur apportent la preuveque Plthon connaissait et utilisait les arguments de Thomas, tout aristotliciens quilsfussent, mme sil vitait gnralement de sen rclamer. Dautre part, il faut admettredsormais que la rception et linfluence de Thomas ont t tellement larges Byzance que le schma traditionnel opposant les thomistes aux antithomistes se rvle inoprant : la pense de Thomas est trop varie et trop riche pour quaucun

    intellectuel byzantin ait pu laccepter ou la rejeter en bloc. G. Dmtrakopoulos men-tionne ce propos les travaux de I. Polmis sur Thophane de Nice, hsychaste maisaussi lecteur de Thomas ; il attire aussi lattention sur les rfrences voiles ou mmecryptes Thomas qui parsment la littrature byzantine des 14e-15e sicles jusquedans la polmique antimusulmane, celle dun Macaire Makrs par exemple. La listeque lon pouvait jusquici dresser des auteurs byzantins directement influencs parThomas tait dj longue et mlait lvidence des individus de tendances trs diff-rentes ; dsormais, Nicolas Kabasilas, Jean VI Cantacuzne, Thophane de Nice,Manuel Kalkas, Grgoire Akindynos, Andr et Maxime Chrysobergs, Bessarion etGeorges Scholarios, il faut aussi ajouter le chantre du retour au platonisme, Georges

    Gmistos Plthon.Marie-Hlne BLANCHET

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    Paul GHIN et ALII,Les manuscrits grecs dats des XIIIe etXIVe sicles conser-vs dans les bibliothques publiques de France. Tome II, Premire moiti

    duXIVe

    sicle, par Paul GHIN

    , Michel CACOUROS

    , Christian FRSTEL

    ,Marie-Odile GERMAIN, Philippe HOFFMANN, Corinne JOUANNO, BrigitteMONDRAIN, avec la collaboration de Dominique GROSDIDIER DE MATONS(Monumenta palaeographica Medii Aevi. Series graeca). Bibliothquenationale de France / Institut de recherche et dhistoire destextes / Brepols, Paris-Turnhout 2005. 44 30 ; reli. 199 p.

    Le projet de prsentation des manuscrits grecs dats des 13 e et 14e sicles etconservs dans les bibliothques publiques de France a abouti la parution dun pre-mier tome en 1989, consacr au 13e sicle et dirig par Charles Astruc. Le sicle sui-vant a t ddoubl cause de labondance de la matire, et le prsent volume couvre

    la premire moiti du sicle, qui fut marque par lapoge du rayonnement cultureldes Palaiologoi, inaugur par Michel VIII et dj parvenu un haut niveau sous sonrgne. Il va sans dire que les manuscrits grecs analyss ici sont conservs peu prsexclusivement dans la Bibliothque nationale de France (Ancien fonds grec, FondsCoislin, Fonds du Supplment grec). Le luxueux volume qui leur est consacr restitueleur qualit et offre dexcellents exemples des styles dcriture et des mises en pagede cette poque brillante.

    La plupart de ces manuscrits taient dj signals dans le recueil dHenri Omont(Fac-simils des manuscrits grecs dats de la Bibliothque nationale du IXe au XIVe

    sicle, Paris 1891), soit, pour tre prcis, 33 des 41 pices incluses dans la nouvellepublication. La prsentation de chaque manuscrit est dtaille et surpasse la noticesommaire quon trouve habituellement dans un album palographique. Lapport estdautant plus le bienvenu quil nexiste pas pour le moment de catalogue dtaillet raisonn des manuscrits grecs de la Bibliothque nationale de France. Voici, pourdonner une ide de la varit des rubriques, la liste des points successivement dve-lopps dans la description de chaque pice : matire, foliotage, cahiers, signatures,piqres, rglure, reliure, copiste, souscription ou datation indirecte, criture, encre,dcoration, contenu, texte des planches, histoire du manuscrit, bibliographie compl-mentaire, fac-simils.

    Une fois droule la srie des notices, une seconde partie du volume (p. 101-198)prsente quelques folios de chacune des pices prises en compte : le plus souvent sont

    reproduits deux folios, quelquefois un plus grand nombre, et jusqu sept folios pourdeux manuscrits dats de 1325 (Parisini graeci 341 et 1040 : planches 58-64 et 65-71). Les souscriptions livrent 22 noms de copistes, dont lun des plus connus estMichel Loulouds, actif phse jusqu la prise de la ville par les Turcs, puis rfu-gi en Crte ; cest l quil transcrivit les trois manuscrits mentionns ici, qui sont descopies du florilge bilingue de Buonaccorsi de Bologne, dans ses deux versions(nos 20 et 21), et du Commentaire de Thophylacte de Bulgarie sur lvangile deMatthieu (no 28).

    Pour terminer la description gnrale dun volume o llgance de la mise enpage donne tout son poids la richesse et la prcision des informations, signalonsquelques phnomnes notables : la prpondrance des textes de contenu religieux et

    liturgique, la prdominance progressive du papier sur le parchemin au cours du demi-sicle, la diversit des filigranes relevs dans le no 29. Outre son utilit scientifique, cevolume luxueux constituera une digne parure pour les bibliothques drudition.

    Albert FAILLER

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    Michael GRNBART, Formen der Anrede im byzantinischen Brief vom 6. biszum 12. Jahrhundert(Wiener byzantinistische Studien 25). Verlag der

    sterreichischen Akademie der Wissenschaften, Vienne 2005. 24

    17.403 p.

    limage des prcdentes tudes publies dans la collection, le prsent ouvrageexpose les rsultats dune recherche pousse sur un sujet technique, prcis et restreint la fois, mais important : les formes dadresse que lpistolier utilise lgard de soncorrespondant telles quon peut les inventorier partir des collections de lettres quiont t conserves. Lauteur limite son examen une priode prcise : du 6e au 12e

    sicle, cest--dire du rgne de Justinien la prise de Constantinople par les Latins dela quatrime croisade. On peut considrer que le matriau ne sera gure enrichi dsor-mais, car les correspondances de cette poque ont t dites de manire presque

    exhaustive. Comme il est rappel diverses reprises et exception faite de dcou-vertes ventuelles dans les fonds de manuscrits , seules deux collections restentindites, en partie ou en entier : un petit nombre de lettres de Grgoire Antiochos et lacorrespondance plus consquente du moine Hirothe (environ 175 lettres), qui,conserve dans un manuscrit de Bucarest, a t signale par Jean Darrouzs en 1972dans la Revue des tudes byzantines et dont lauteur du prsent ouvrage annonce plusieurs reprises une prochaine dition (p. 14 n. 9, p. 18 n. 15, p. 189 n. 432).

    Ltude porte sur un total de 3 762 lettres, rparties entre 100 auteurs. Si on lesclasse par auteurs, de nombreuses lettres constituent des unica, tandis que les dossiersles plus importants, disons ceux qui dpassent la centaine de lettres, proviennent dunpetit nombre dpistoliers (dans lordre croissant, partir du tableau des pages 379-

    380) : Jean Tzetzs (107), le Professeur anonyme (122), Thophylacte dAchrida (135),Jean Apokaukos (156), Procope de Gaza (167), Hirothe (175), Michel Chniats(181), Nicolas Ier Mystikos (193), Phtios (299), Michel Psellos (545), ThodoreStoudits (554). sen tenir ces chiffres, on voit que les conclusions dpendent engrande partie des deux derniers pistoliers, dont la masse documentaire crase len-semble. Michel Psellos prsente avant tout un large ventail de correspondants placsaux plus hauts postes de ltat et de lglise, tandis que Thodore Stoudits sadressesurtout un monde decclsiastiques et de moines. Lun et lautre sont de grands lettrset des crivains novateurs, tmoins capitaux de lvolution de la langue byzantine.

    Si lon veut caractriser dun mot le noyau de louvrage, on dira quil sagit dunlexique des mots utiliss dans les adresses internes des lettres et on se rfrera imm-diatement la longue liste alphabtique des termes grecs qui constitue le centre dulivre et de ltude (p. 205-381). Chacun des lemmes est suivi des citations correspon-dantes et des rfrences ddition. Pour les adjectifs qualificatifs, sauf sils sont eux-mmes substantivs, un renvoi est fait aux substantifs auxquels ils sont accols, pourviter davoir rpter citations et rfrences. La liste commence par ajbbav" et se ter-mine par w\ ta'n. sen tenir au volume de rfrences incluses dans le rpertoire, lessubstantifs les plus frquents sont emprunts au vocabulaire de la dignit, de la per-sonne et de la parent : ce sont, par ordre dcroissant, despovth", ajdelfov", tevknon,kefalhv, yuchv, pathvr. La frquence et limportance des adjectifs qui sont appliqusaux correspondants et qui indiquent plus ou moins rigoureusement leur titulature

    apparaissent moins clairement, puisquil faut se reporter chaque fois aux substantifsquils qualifient. Les qualificatifs restent cependant les vecteurs les plus loquents desdignits et les signes les plus manifestes de lvolution des adresses : il suffira dvo-quer linflation et lallongement des qualificatifs que connut le 12e sicle (panagiwv-tato", panentimovtato" ou prwtopanentimou>pevrtato"). Deux classes dadresses,

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    adresses directes et adresses indirectes, sont distingues, selon quil sagit dune inter-pellation du correspondant au vocatif (w\ devspotav mou) ou de lattribution dun titreinsr dans la proposition (proskunw' to;n aJgiwvtaton hJmw'n despovthn).

    Le reste de louvrage nest en fait que lexplication et lillustration de ce lexiqueou lanalyse grammaticale et lexicologique des formules dadresse. Aprs la biblio-graphie (p. 9-27) et lintroduction (p. 28-56), un troisime chapitre est consacr las-pect statistique et formel de ladresse (p. 57-77) : frquence ou absence de ladresse,construction grammaticale des formules, usage et rcurrence de la particule w\, emploidu nominatif pour le vocatif, clausules mtriques, noms propres, figures rhtoriques.La partie suivante concerne le vocabulaire utilis dans les diverses formules (p. 78-137) et traite surtout de lorigine des mots, qui remontent pour le plus grand nombre des usages dj en vigueur dans lpistolographie de lge grec classique ou de lapriode patristique et qui sont pour le reste la cration de lre byzantine avec ses nou-

    velles institutions et ses changements culturels. Sont galement examins quelquesthmes dterminants dans la formation des adresses : lamiti et la parent comme lienentre les correspondants, lironie ou la coloration pjorative, les protestations dhumi-lit et de modestie de la part de lpistolier. Un chapitre est ensuite consacr lidenti-fication des groupes sociaux qui sont prsents chez les destinataires des lettres(p. 138-196) : lempereur et la maison impriale, les souverains trangers, les eccl-siastiques et les dignitaires, le monde lac, la femme, les cercles damis. Aprs un brefaperu sur les particularits de chaque pistolier (p. 197-204), vient le rpertoire desmots utiliss dans les adresses par lequel jai commenc la description du livre et quiest complt par les index des noms propres, des mtiers et dignits, des lettres et dela prsence des adresses (p. 362-381). Trois index finals donnent dautres clefs den-

    tre (p. 387-403) : Personnes et choses, Termes grecs, Auteurs modernes.Tant le lexique gnral des termes utiliss dans les adresses internes que les divers

    tableaux statistiques ou encore les index rpondent parfaitement la diversit desapproches possibles et des vrifications souhaitables. Ils permettront une utilisationcommode, rapide et exhaustive de louvrage. Le livre de Michael Grnbart prend lesujet l o lavait laiss Lucilla Dinneen dans son tude sur lpistolographie chr-tienne de lAntiquit tardive (L. Dinneen, Titles of Address in Christian Greek

    Epistolography to 527 A.D., Washington D.C. 1929) et le conduit jusquau dbut du13e sicle. Il restera prolonger la recherche pour la dernire priode de lempire(1204-1453), qui connat une plus grande richesse et abondance de dossiers pisto-laires, comme le montre la compilation des incipit effectue rcemment par notreauteur (M. Grnbart,Epistularum Byzantinarum Initia, Hildesheim 2001). On pourraregretter que lensemble de la priode byzantine nait pu tre trait conjointement, carle sujet paratra dsormais dflor en quelque sorte. Mais la matire restante est assezriche et les nouveauts sont assez importantes pour que, dune prolongation de larecherche, on puisse attendre dautres rsultats aussi fructueux et originaux.

    Albert FAILLER

    Emanuela GUIDOBONI and Alberto COMASTRI, Catalogue of earthquakes andtsunamis in the Mediterranean area from the 11th to the 15th century.

    Istituto Nazionale di Geofisica e Vulcanologia, Rome 2005. 27 21 ;reli. 1037 p. Prix : 135 .

    Le premier volume, paru en 1994, recensait les tremblements de terre signalsdans le monde mditerranen depuis les temps les plus reculs jusqu lan mil, plus

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    prcisment du 8e sicle avant notre re jusqu lanne 995 (voir le compte renduparu dans laREB 55, 1997, p. 316-317). Les cinq cents annes qui suivent mritaient

    et obtiennent un traitement diffrent, avec laccumulation, la diversification et

    lenrichissement de la documentation dont bnficie la priode prise en compte : lerelev atteint ici, pour cinq sicles, les 383 units, alors que le premier volume nedpassait pas les 300 units pour une dure trois ou quatre fois suprieure. Sont gale-ment signals 22 tsunamis, un phnomne auquel le raz de mare du 26 dcembre2004 dans locan Indien nous a rendus plus sensibles.

    Le byzantiniste aura dsormais sa disposition les deux volumes du rpertoire,qui couvre parfaitement les sicles dexistence de lEmpire byzantin, puisque lesecond tome atteint la fin du 15e sicle, le dernier sisme recens datant de lanne1498 (no 383, p. 826). Le nouveau rpertoire remplacera avantageusement les cata-logues dont on disposait auparavant, commencer par la liste tablie par V. Grumel

    dans son manuel de chronologie. Entre-temps, le relev des colophons de manuscrits,auquel a particulirement contribu Ph. vanglatou-Notara, et la publication dediverses chroniques, notes et inscriptions avaient enrichi la liste. Tout est prsentrassembl ici. Dans les notices successives sont avant tout repris les textes qui signa-lent les sismes et en constituent les sources ; ils sont traduits en anglais, mais dabordtranscrits dans les langues originales des documents, dont seule lnumration donneune ide de ltendue du travail : grec, latin, hbreu, syriaque, armnien, arabe, italien,franais, espagnol, allemand, loccasion persan, provenal, catalan ou russe (pourcette dernire langue, quelques extraits des ouvrages attribus Ignace de Smolensk).Les sismologues ont d naturellement faire appel aux philologues pour la finition dutravail.

    Le nombre croissant des sismes au fil des cinq sicles (44, 51, 60, 96, 132) estsans doute d lamlioration de la documentation plutt qu laugmentation du ph-nomne. LItalie apparat comme la rgion la plus menace de lespace mditerra-nen. Sans doute est-ce la ralit, mais limpression est encore redouble par la multi-plicit et la minutie des tmoignages et des descriptions que les sources mdivalesnous ont transmis. Cest ce qui apparat dans la bibliographie : la richesse des fondsdarchives, en particulier, explique ltendue de la documentation. Cela ressort gale-ment de lindex des noms de lieux, o la prpondrance revient lItalie, alors que lenombre des localits, villes ou forteresses de lEmpire byzantin prcisment nommesse limite quelques dizaines. Sur les 383 tremblements de terre signals, seuls 83,daprs un comptage rapide et global, ont lieu sur les terres byzantines et sappuientsur des sources grecques. Pour observer la frquence des sismes en Italie et la profu-sion des sources les concernant, il suffira de se reporter quelques cas, o limpor-tance de la pagination reflte labondance de la documentation : no 053-054 (Italie etAllemagne-Autriche, janvier 1117, p. 84-126), no 105 (Italie du nord, dcembre 1222,p. 239-259), no 190 (Italie-Carinthie, janvier 1348, p. 403-434), no 192-196 (Italie cen-trale, janvier-septembre 1349, p. 437-477), no 213-221 (Catalogne et France mridio-nale, mars-septembre 1373, p. 497-519), no 310-318 (Italie centrale et mridionale,dcembre 1456-fvrier 1457, p. 625-724). Parmi les sismes qui ont laiss le plus vifsouvenir et qui ont touch lensemble des rivages mditerranens, il faut mentionnercelui du 8 aot 1303 (no 160, p. 335-363), dont lpicentre se situait en Crte et qui se

    fit sentir aussi bien en Asie Mineure quen Syrie et en gypte. Le tsunami qui lac-compagna atteignit les ctes du Liban et de lgypte et sengouffra en profondeurdans la mer Adriatique. De nombreuses sources conservent le souvenir du dsastre :elles proviennent en particulier de Venise, qui tait alors matresse de la Crte et quiseffora de reconstruire, sur une dure de longues annes, les btiments dtruits, mais

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    aussi des pays arabes, o les chroniqueurs furent nombreux consigner lvnement.Du ct des sources byzantines, Georges Pachymrs retient le sinistre, ainsi quunechronique chypriote. La liste des sources pourrait dailleurs tre allonge : ainsi Le

    Petit Thalamus de Montpellier, cartulaire conserv aux Archives municipales de laville et qui est dailleurs cit plus loin dans le rpertoire (no 221), rapporte, en langueprovenale et dment dat, le grand tremblement de terre qui fit tomber le pharelgendaire dAlexandrie.

    Dans louvrage sont retranscrites, puis traduites en anglais, lensemble dessources. La transcription du grec aurait pu tre amliore, en particulier pour laccen-tuation. Certaines erreurs sont mme gnantes pour la lecture ou la comprhension ;prenons lexemple de linscription de la porte de Charisios, sur laquelle est signal unsisme un peu antrieur juillet 1197 (no 095, p. 217-218) : on trouve sparogmoivpoursparagmoiv, eujfruw'" pour eujfuw'" et surtout ^"fe pour ^"ye, qui nous donne lan-

    ne 6505 [997] au lieu de lanne 6705 [1197]. Mais habituellement on peut devineret suppler la leon correcte, mme dans le cas de o[foron (pour o[rofon : no 044) oude susseivga" (pour susseivsa" : no 112). Dautre part, la traduction nest pas toujoursfidle. Les lments de datation eux-mmes sont parfois mal interprts ou omis. Auno 11, hJmevra/ trivth/ est traduit par at the third hour of the day , alors quil est ques-tion du troisime jour , soit le mardi, le synchronisme tant dailleurs correct(mardi 6 mars 1033) ; au no 104, w{ra/ e{kth/ nest pas traduit. Ladverbe prwvhn signifie lavant-veille , ou de manire plus vague rcemment , mais non le matin (no 32, o tou' prwvhn mevgistou [sic] est rendu par the tremendous one of the mor-ning ). La traduction est dautant plus fcheuse que, dans le cas indiqu, le sismeauquel il est renvoy (no 029) a lieu le soir ou dans la nuit.

    En dautres cas, la traduction parat douteuse. Soit la phrase suivante de GeorgesPachymrs (no 143) : seismo;" ejnskhvya" ejxaivfnh" to;n suvllogon ejkeivnwn kai; th;nskevyin dievluen. Voici linterprtation du traducteur : a sudden earthquake strucktheir meeting and banished all doubts . En fait, il faut comprendre : un tremblementde terre, qui clata subitement, mit fin leur assemble et leur dbat . Le rdacteurde la Version brve lavait bien interprt ainsi dans son raccourci : seismo;" ejnskhv-ya" ejxaivfnh" to;n suvllogon dievluen.

    Pour deux passages du mme historien, il et t intressant que des spcialistes desismologie essaient dinterprter un vocable auquel Georges Pachymrs semble attri-buer un sens technique. Dcrivant le mode opratoire du tremblement de terre, il affirmepar deux fois (no 126 et no 150) que le sisme procdait par pulsations (sfugmoiv : II,p. 45726 ; III, p. 2595-6, o le texte a dailleurs t mal compris : a great earthquake,which caused living bodies to pulsate ). Il semble bien que lhistorien dsigne par cevocable une varit prcise de sisme, au point que le rdacteur de la Version brve yvoit un terme technique : seismo;"..., oJ h[dh sfugmwvdh" legovmeno" (II, p. 585-6).

    Le relev rigoureux de tous les extraits qui mentionnent les tremblements de terre apour avantage de rassembler la terminologie utilise pour les signaler et les dcrire. Demanire strotype, le tremblement de terre est qualifi, dans laire byzantine, de grand (seismo;" mevga"), tandis que les plus redoutables sont dits trs grands (mev-gisto" seismov"). Il pouvait se produire, par sicle, deux ou trois de ces trs grandssismes, dont on gardait le souvenir de gnration en gnration (tw'n pwvpote mnhmo-

    neuomevnwn).Aprs le relev analytique des sismes, le volume contient une partie finale quiprocure toutes les clefs pour une utilisation fonctionnelle des donnes. Tout dabordune liste chronologique des sismes, avec les donnes essentielles ramasses sur uneligne de texte (p. 828-835), suivie de cinq cartes, sur lesquelles sont localiss et dats,

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    par sicle, les divers sismes des pays mditerranens, et dune sixime carte pour lestsunamis. Suivent de brves notices sur les auteurs ou les uvres anonymes utilissdans le rpertoire (p. 849-910). la fin de chaque notice sont cits les numros pour

    lesquels luvre constitue la source premire. ce propos, on relvera quil est mal-ais de retrouver ces numros dordre, en labsence de tout titre courant. Seul le rep-rage chronologique est assur, car au bas de la belle page figure la datation, qui fait,pour ainsi dire, fonction de titre courant. Quant la bibliographie (p. 911-992), elle sedivise en quatre parties : Sources historiques indites, Sources historiques publies,Inscriptions, Historiographie, littrature et catalogues. Louvrage est clos par undouble index (p. 993-1034) : Noms de lieux, Noms de personnes.

    Les deux volumes du nouveau Catalogue des tremblements de terre, o la priodebyzantine est intgralement couverte, constitueront un indispensable manuel de rf-rence pour les mdivistes. travers la compilation de ces sources, issues daires lin-guistiques diffrentes et parpilles dans les multiples archives, annales, chroniques,histoires et notes diverses, il devient possible tous daccder une vaste documenta-tion, chacun de vrifier et denrichir les points qui font lobjet de sa proprerecherche. La qualit de la prsentation, de la cartographie en particulier, agrmente laconsultation de louvrage.

    Albert FAILLER

    Elizabeth JEFFREYS (d.), Proceedings of the 21st International Congress ofByzantine Studies. London, 21-26 August, 2006. Volume I, PlenaryPapers ; Volume II,Abstracts of Panel Papers ; Volume III,Abstracts of

    Communications. Ashgate, Aldershot 2006. 25 17,5 ; reli. XV-395 p.et 6+17 ill. hors pagination (I), VI-310 p. (II), VI-401 p. (III). Prix : 200 .

    Le 21e Congrs international des tudes byzantines sest tenu Londres du 21 au 26aot 2006 ; il a runi un millier de participants. Dans son adresse douverture (p. 3-12),Judith Herrin a voqu, avec rudition et humour, lclat de la civilisation byzantine travers ses diverses facettes. Celles-ci sont symbolises par les deux paons affronts deVenise et elles sont illustres par lensemble des contributions du congrs. Regroupessous le concept de Display, dont la gnralit et la multivocit permettaient dunifiercommodment la multiplicit des sujets, les diverses communications se partagent enhuit sections, correspondant autant de thmes, qui portaient les titres suivants :

    I. Empire, II. Works and days, III. Infrastructures, IV. Words, V. Texts, VI. Orthodoxy,VII. Byzantium as display, VIII. The future of the past. En dveloppant le sens des motset en sinspirant des contributions effectives, on pourrait traduire approximativementlobjet de chacune des huit sections par les formules suivantes : les connotations delide dempire, la vie quotidienne et les activits conomiques, les conditions et lavan-cement de la recherche sur Byzance dans les diverses disciplines, la langue dans sadiversit et son volution, les textes et la connaissance, lorthodoxie comme religionofficielle et les activits religieuses, les manifestations culturelles et artistiques, lavenirde lhistoire et de lart de Byzance. Malgr une premire impression due leur disper-sion dans des sections diverses, les exposs sur lart et liconographie, lieu privilgi deltalage et du chatoiement travers les formes et les couleurs, occupent la place qui

    leur revient, ct de lclat des lettres et de la pompe des crmonies.Le contenu des exposs a t rassembl dans les trois volumes dactes qui sontprsents ici ; parus la veille du congrs et distribus aux participants, ils contien-nent dune part le texte des communications faites aux sances plnires (I), dautrepart les rsums des tables rondes (II) et des communications individuelles (III).

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    Aux sances plnires, trois exposs successifs sont consacrs chacun des thmes, lexception du numro VIII, qui nest pas pris en compte, tandis que le numro III serduit un simple rsum de deux pages, lchange tant rest ltat oral. Les diverses

    communications sefforcent de sinsrer dans la ligne actuelle de la recherche en cesmultiples domaines. Pour rpondre la tradition des congrs quinquennaux de la byzan-tinologie, le point est fait de manire plus prcise sur les travaux qui ont t ralissentre les deux congrs, sur les thmes majeurs et les inflexions principales de larecherche actuelle, sur les projets en cours et les perspectives davenir. Tout cela esttrait dans la section III (Infrastructures), mais au niveau des seules tables rondes, dontvoici les titres respectifs : 1. Instrumenta studiorum, 2. Technology, 3.From BZ to

    Byzantium@display, 4. Teaching Byzantium with Computer and Internet, 5. Si-gillography, 6. Numismatics, 7. Prosopography, 8. Science.

    Vu leur importance et le fait quils reprsentent traditionnellement un moment

    dcisif des congrs, on a judicieusement attribu aux Instrumenta studiorum et mal-gr un accroc aux titres courants un traitement de faveur, car les exposs de cestables rondes sont reproduits intgralement dans le premier volume (I, p. 143-210),parmi les communications des sances plnires. Malheureusement, sur les neuf com-munications annonces sur la page de titre, trois ne sont pas reprises, qui traitaient lestrois domaines suivants : la papyrologie, les nouvelles recherches sur Justinien, lesnouveaux dveloppements en histoire du droit. Quant aux six autres contributions quisont reproduites, elles concernent respectivement la peinture monumentale byzantine(P. L. Vocotopoulos, Le Corpus de la peinture monumentale byzantine : bilan et pers-pectives), lpistolographie grecque (A. Rhoby et M. Grnbart, EpistularumNeograecarum Initia), lhagiographie (S. Efthymiadis, New developments in hagio-

    graphy: the rediscovery of Byzantine hagiography), la diplomatique (A. Beihammer,Byzantinische Diplomatik [dead or alive?]), la lexicographie (S. Schnauer,Lexicography), les sources syriaques (S. Brock, Syrian sources and resources forbyzantinists). Rang logiquement sous le thme V (Texts), lexpos de D. R. Reinsch(Zum Edieren von Texte: ber Zitate, I, p. 299-309) se rapproche de ces bilans etperspectives quon vient de mentionner ; lauteur aborde le domaine de lecdotiqueet analyse de manire critique le contenu et la porte des apparats de citations dans lesditions ; il prne la constitution progressive dun index des citations, qui senrichiraitde lapport des nouvelles ditions et qui pargnerait aux diteurs de fastidieusesrecherches, mme si le TLG a rendu lopration moins malaise.

    On aura tout intrt consulter cette vaste collection dauteurs cits et de ques-

    tions traites pour se faire une ide globale de la recherche actuelle en byzantinologieet reprer les sujets qui retiennent en priorit lattention des chercheurs. Pour termi-ner, relevons quelques chiffres : le volume II (tables rondes) ne cite pas moins de 333auteurs, et le volume III (communications individuelles) pas moins de 436 auteurs.

    Albert FAILLER

    Ianns E. KARAGIANNOPOULOS, Lexikov Buzantinhv" orologiva".Oikonomikoiv ovroi. Suntavkte" S. Barnalivdh", M. Grhgorivou-Iwannivdou, P. Katswvnh, A. Staurivdou-Zafrakav. Tovmo" AV.

    Aristotevleio Panepisthvmio Qessalonivkh". Kevntro BuzantinwvnEreunwvn, Thessalonique 2000. 24 17. 218 p.

    Ds les annes 1960, Jean Karagiannopoulos mit en route, avec quelques-uns deses tudiants de lUniversit de Thessalonique, une vaste opration de dpouillement

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    des sources byzantines afin dtablir un dictionnaire o seraient relevs tous lestermes techniques et spcialiss utiliss dans les textes byzantins de contenu cono-mique, administratif ou juridique. Il annona lui-mme linauguration du projet lors

    du 13e Congrs international des tudes byzantines qui se tint Oxford en 1966. Lepremier volume issu de lentreprise est paru en lanne 2000, quatre dcennies plustard. Il est consacr au secteur de lconomie et inclut les lettres a, b et g. Il regroupeprs de cinq cents lemmes, dont les quatre cinquimes se rangent dailleurs sous lapremire lettre de lalphabet, car lalpha privatif commande la formation dune grandequantit de termes juridiques exprimant la dispense, limmunit, linviolabilit ettoutes autres notions ngatives qui foisonnent dans la langue juridique, volontiersrptitive et redondante.

    Les lemmes les plus importants bnficient dun dveloppement consquent dansle nouveau lexique. Les divers sens ou connotations sont prcisment relevs dans

    une brve introduction, et chacun deux est illustr par une ou plusieurs citations,accompagnes loccasion dun ensemble plus tendu de simples renvois dautrestextes auxquels on pourra ventuellement se rfrer pour une vrification plus com-plte ou plus approfondie. De fait, il faut souvent recourir au contexte lui-mme poursaisir le sens prcis ou la porte relle des mots. Dentre, lvolution smantique ethistorique du terme est dcrite. De plus, les citations et les rfrences qui se rapportent chacun des sens, matrialiss par une suite dappels de note, sont ranges leur tourdans lordre chronologique. Cest ainsi, par exemple, quest bien marqu, aussi biendans les introductions que par les exemples invoqus, le passage progressif de lajna-grafeuv" lajpografeuv" comme de lajnagrafhv lajpografhv partir du 12e sicle.Chaque notice prsente un conspectus gnral, mais permet en mme temps dentrer

    dans la varit des emplois travers les citations et rfrences successives. Lorsque lesens du mot reste indcis ou discut, les auteurs le signalent. La notice se termine parune utile bibliographie.

    Lanalyse et la connaissance des mots sont conditionnes par la documentationdo ils sont tirs. Lensemble de ces sources sont prsentes dans la liste des abrvia-tions bibliographiques (p. 9-47). Il sagit essentiellement des collections des loisimpriales et des archives et typika monastiques, les papyrus livrant le domaine spci-fique de lgypte byzantine et fournissant un bon nombre de lemmes exclusifs. La ter-minologie releve dans le lexikon concerne quelques domaines privilgis : lois etrglements juridiques, rgles monastiques, rgime des terres, contributions directes etindirectes leves par ltat, contrats privs et transactions commerciales. Par la simplenumration des mots, le lexikon tmoigne en particulier de la richesse de la termino-logie fiscale, reflet de la sophistication de ladministration centrale et locale : arpen-tage, calcul de limpt, fonctionnaires du fisc, multiplicit et diversit des imposi-tions, taxes et amendes. On ajoutera les units de mesure et de monnaie, ou encore lesnoms de mtiers.

    Mentionnons les cinq lemmes dont le dveloppement et les rfrences textuellessont les plus longs (deux pages et plus) : hJ ajggareiva, to; ajdelfa'ton, ajdevspoto", to;bestiavrion, hJ gh'. On se rend compte que certaines notions restent tudier, que lesoccurrences nont pas encore t releves de manire systmatique ou que tel conceptna pas encore t examin de manire exhaustive. On peut citer le cas de lhritage

    qui passe de pre en fils, tel quil est voqu dans les textes autour de ladverbe goni-kovqen et des mots de mme provenance. Comme dans dautres domaines des tudesbyzantines, la question des divers niveaux de langue et des genres littraires se poseici aussi, car la valeur et lemploi des mots varient avec la nature des textes, qui peu-vent tre des compositions rhtoriques, des dispositions juridiques, des actes de la pra-

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    tique ou des rcits populaires. On voit ainsi labrviateur de lHistoire de GeorgesPachymrs viter systmatiquement le substantifhJ ei[spraxi" de loriginal et y sub-stituer son quivalent hJ ajpaivthsi". En conclusion, on soulignera lintrt du nouveau

    lexikon, qui a le mrite de clarifier le sens des mots en les replaant dans leur contexteau moyen des citations et de dgager en mme temps lvolution de la terminologie enrangeant ces citations dans lordre chronologique.

    Albert FAILLER

    Anastasia KONTOGIANNOPOULOU, H eswterikhv politikhv tou AndronivkouBV Palaiolovgou (1282-1328). Dioivkhsh - Oikonomiva(Buzantinav keiv-mena kai melevtai 36). Kevntro Buzantinwvn Ereunwvn, Thessalonique2004. 24 17 ; reli. 351 p., 2 cartes.

    Du panorama gnral de la politique intrieure mene par Andronic II Palaiologosdurant un long rgne dune cinquantaine dannes ressort une image plutt positive delactivit de lempereur, qui se consacra la rorganisation de ladministration et desfinances de ltat plutt quaux desseins de grande politique chers son preMichel VIII. Telle est du moins limpression que laisse la lecture de louvrage, quiredore limage de cet empereur prsent gnralement comme un personnage falot.Fondes sur un examen scrupuleux des sources aussi bien littraires que documentaires,les conclusions refltent aussi le caractre imprcis et lacunaire de ces dernires etconcernent plus les rsultats dune politique que la personnalit de lempereur.

    Comme lindique le sous-titre de louvrage, le dveloppement est divis en deux

    grandes sections : ladministration centrale et rgionale (p. 71-205), lconomie(p. 206-306). Prcde une premire partie introductive, qui contient, en particulier, unrappel des principales tapes de la vie de lempereur et un rapide survol de lhistoirepolitique du rgne (p. 48-67). La biographie de lempereur sinterrompt brusquementsur sa dmission en lanne 1328, alors quon aurait attendu au moins une phrase surses dernires annes et sa fin de vie (1328-1332). Lauteur semble hsiter deuxreprises sur lge de lempereur, qui, n probablement lt 1258, avait 62 ans en1320, lorsquclata la guerre entre les deux Andronic (p. 63), et 73 ans et demi enfvrier 1332 au moment de sa mort (p. 309, avec la note 1404). Autre problme dechronologie : le second mariage dAndronic II, avec Yolande de Montferrat, fut bienconclu en 1284, comme lcrivait dj Angliki Laiou et comme le redit lauteur duprsent ouvrage (p. 52 n. 29), en se rfrant mon article de 1999 (Le second mariagedAndronic II Palaiologos, REB 57, 1999, p. 225-235). Mais, contrairement ce que

    jai crit dans cette tude, dont lobjet premier ntait pas ltablissement dune chro-nologie, mais lanalyse dun texte ou, plus prcisment, la nature du rle jou par lepatriarche dans la crmonie nuptiale, le mariage ne fut clbr quen 1285, et il fautrevoir en consquence les hypothses que jai avances dans cet article sur la date denaissance des premiers enfants ns du couple.

    Les sources permettent difficilement de tracer un schma clair et logique de lad-ministration, quil sagisse des organes centraux ou des directions rgionales. Quelletait la composition du snat et quel rle jouait-il exactement auprs de lempereur ?

    Le Conseil imprial avait-il une existence indpendante ? ces questions les sourcesne donnent que des rponses approximatives et parfois contradictoires. Dun ct, lestextes historiques, les correspondances ou les divers traits rhtoriques ont pour prin-cipe dviter le vocabulaire technique des institutions et demployer de prfrence uneterminologie gnrique et abstraite ou simplement allusive. Dun autre ct, les

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    sources documentaires ignorent les grandes institutions de lempire et ne concernentle plus souvent que des tractations plus humbles entre entits conomiques de base ouentre individus de la petite socit. Lhistorienne relve bien tous les passages qui

    concernent les corps de ladministration centrale (snat, Conseil imprial, assem-bles), sans aboutir des conclusions prcises et sres. De mme, lexercice de la jus-tice de la part de lempereur ou encore ladministration de Constantinople sous lauto-rit de lparque restent tout aussi imprcis. Par contre, on dlimite mieux le rle dumsazn et on connat les titulaires de la charge sous Andronic II. Conduit avec soin,le relev des dtenteurs de titres et de charges dans ladministration centrale occupeune place importante dans louvrage (p. 102-118), mais l aussi il faut rester conscientdes limites de lexercice, qui sont induites par le caractre fragmentaire des sources.

    Il nest pas non plus possible de rduire les incertitudes qui grvent le tableau deladministration provinciale, tant pour les units administratives (province, thme,katpanikion, ville, forteresse) que pour leurs gouverneurs (kphal, duc, stratge,prokathmnos, kastrophylax, etc.). Cest ainsi que la position du kastrophylax estdifficile tablir. La question se pose pour Michel Doukas Philanthrpnos, queGeorges Pachymrs (XI, 15) signale comme kastrophylax Magnsie du Mandreen 1303 : tait-il, avec ce titre, le gouverneur de la place ou ntait-il quun subor-donn ? Une rponse nuance est donne linterrogation ; voir p. 152-153, p. 173n. 694, p. 202 n. 862, p. 204. Plus loin sont classs par province les chefs-lieux admi-nistratifs mentionns dans les sources. nouveau, les listes sont fonction des sources.Cest ainsi que le cas unique des Actes de lAthos permet de dresser un tableau plusriche et plus nuanc des entits administratives de la Macdoine, au risque de mas-quer, par cette exceptionnelle inflation documentaire, la ralit des autres provincesde lempire. Par contre, le tableau dune rgion aussi essentielle que lAsie Mineurereste problmatique, dautant plus que les donnes conserves relvent de sources lit-traires : citons, en particulier, les thmes des Thracsiens et de Nokastron, ctdunits administratives ou militaires aux dlimitations plus indcises (Optimates,Philadelphie, Msothynie et Bithynie, etc.). Il aurait dailleurs t judicieux danaly-ser, quelque part dans lintroduction, les sources et la documentation qui fondent lex-pos pour en montrer les lacunes et le caractre fragmentaire ou partial et pour enmarquer la fois les points forts (Histoire de Georges Pachymrs pour les annes1282-1307, Actes de lAthos pour ladministration et lconomie de la Macdoine) etles dficiences (faiblesse des sources historiques pour la priode mdiane du rgne,caractre littraire du style et du vocabulaire des sources historiques et rhtoriques).

    On peut considrer que lexamen de ladministration est satisfaisant. On sera peut-tre moins satisfait du traitement rserv lconomie. La plus grande partie de lex-pos est ddie la fiscalit, au point que lconomie dans son ensemble risque de setrouver assimile ou rduite au fisc. Aprs un court expos sur la caisse centrale deltat, qui conclut lexistence dune seule caisse, celle du Trsor public, la plusgrosse partie de la section est consacre au fisc : cadres de ladministration fiscale(p. 214-224), liste impressionnante des contributions directes et indirectes (p. 231-250), exonrations fiscales et immunits diverses (p. 250-263). Suit un intressantexpos sur la politique montaire, les dvaluations, la circulation des monnaies tran-gres et la diversit des espces utilises dans les transactions courantes (p. 266-287),qui laisse apparatre une sorte de colonisation montaire de Byzance par les puis-

    sances trangres, italiennes en particulier. Un dernier chapitre traite des activits co-nomiques, rurales et urbaines.La nouvelle tude constitue ainsi le pendant de la thse dAngliki Laiou sur la

    politique extrieure dAndronic II, qui fut soutenue trente ans plus tt. Au point quonpeut considrer le prsent ouvrage comme le second volet dun diptyque qui attendait

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    son assemblage. Il faut prsent esquisser un tableau et une valuation de lactiondAndronic II. Lauteur porte un jugement plutt positif, en faisant du deuximeempereur Palaiologos un rformateur de ladministration et de la finance, mme si lesrsultats, dus une situation objectivement catastrophique et dj compromise demanire inluctable, ont t finalement dcevants. Une telle valuation ne pche-t-ellepas par optimisme ? Nest-ce pas surestimer laction dAndronic II et survaluer sesqualits dhomme dtat ? Limage traditionnelle dun homme influenable et velli-taire nest-elle pas plus conforme aux portraits quen ont laisss ses contemporains ?Quoi quil en soit, louvrage retrace de manire satisfaisante le droulement dun longrgne qui semble prluder au glissement progressif de la dcadence. Loin de cder la facilit des hypothses fragiles, lauteur sen tient aux faits et aux textes, livrantainsi une tude solide et sans complaisance. Peut-tre aurait-on souhait ici ou l plusde pntration et de hardiesse dans linterprtation des textes. Peut-tre les opinions

    du traducteur et annotateur de lHistoire de Georges Pachymrs sont-elles acceptestrop aisment et mriteraient-elles plus de circonspection. Ce pourrait tre le cas, parexemple, de deux passages obscurs, ambigus ou nigmatiques : dans quelles condi-tions furent confisques les pronoiai sur la frontire orientale et maintenus sur placeles ermites (p. 247 n. 1091), de quels revenus disposaient les officiers du palais, silsne percevaient plus leurs salaires (p. 264 n. 1183) ? Signalons encore deux ou troisdtails. Les notes 172 et 173 (p. 84) sur le monastre du patriarche Athanase peuventinduire en erreur, dautant plus aisment que la rfrence louvrage de RaymondJanin est errone (il faut lire p. 331, non p. 342-343) : ce monastre porte dans lestextes la triple dnomination de monastre du Grand Logariaste, dAthanase (aprs

    son occupation par le patriarche) ou du Xrolophos (daprs sa situation gogra-phique). la note 357 (p. 117), cest tort quon retient la leon oJ bestiavrio" (pour oJbestiarivou) ; mais labrviateur de lHistoire de Georges Pachymrs (Versionbrve, I, p. 1626 ; II, p. 14430) semble bien admettre lusage de cette premire forme. la note 1392 (p. 305), on supplera la rfrence au texte cit : Pachymrs, II, p. 40125.

    En plaant lvolution de ladministration et de lconomie dans un largeensemble et en prenant soin de suivre le dveloppement diachronique des institutions,lauteur assure sa monographie une double entre : sur la politique intrieuredAndronic II dune part, sur lhistoire administrative et financire des dix sicles devie de lEmpire byzantin dautre part. Louvrage acquiert ainsi un double intrt.

    Albert FAILLER

    Raymond LE COZ, Les chrtiens dans la mdecine arabe (Peuples et cul-ture de lOrient). LHarmattan, Paris 2006. 21,5 13,5. 336 p. Prix :28,50 .

    Aprs Les mdecins nestoriens au Moyen ge. Les matres des Arabes (voirREB 63, 2005, p. 245), R. Le Coz nous offre ici une synthse de lapport des diversescommunauts chrtiennes la mdecine arabe du 9e au 13e sicle. Comme le prc-dent, cet ouvrage ne prtend pas faire uvre novatrice, mais rassembler et mettre la

    disposition dun public plus large des contributions de chercheurs disperses dans desrevues spcialises. Une connaissance intime des communauts chrtiennes en paysdislam comme de lhistoire de la mdecine lui permet de raliser une uvre indis-pensable de haute vulgarisation, et de mettre en lumire le rle des chrtiens dans latransmission de la mdecine grecque la mdecine arabe.

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    Une premire partie prsente tout dabord ltat de la mdecine grecque aumoment de la conqute arabe, principalement Alexandrie ; puis, aprs un chapitresur les mdecins nestoriens, qui reprend largement louvrage prcdent, lauteur

    expose successivement le rle respectif des mdecins jacobites, melkites, coptes etmozarabes.

    Dans une seconde partie, une srie dannexes prsente les rgimes de sant, lespremiers oculistes de lislam, lapparition de lhpital et la gnalogie de la familleBakhtsh. Louvrage se termine sur une anthologie de textes traduits, qui donne aulecteur un aperu des diffrentes facettes de cette mdecine.

    Ce livre constitue la dernire contribution de lauteur, disparu quelques semainesaprs sa parution. Ce compte rendu dans la Revue des tudes byzantines, laquelle ilaccordait une grande importance, veut lui rendre hommage.

    Marie-Hlne CONGOURDEAU

    Jacques LEFORT, Vassiliki KRAVARI, Christophe GIROS, Kostis SMYRLIS (d.),Actes de Vatopdi. II,De 1330 1376. dition diplomatique (Archivesde lAthos 22). P. Lethielleux, Paris 2006. 28 23 ; reli. XIX-525 p.(I), Album de 98 pl. (II).

    Le premier volume de cesActes de Vatopdi est paru en 2001 (voirREB 61, 2003,p. 253-254). Ce second volume couvre la priode de 1330 1376 et compte 87 docu-ments, dont 62 sont des originaux et 21 des copies anciennes, ce qui montre limpor-tance de ce fonds. Les documents sont pour la plupart des actes de donation, de bail

    ou de vente, des actes officiels confirmant la possession de biens par le monastre, surlAthos ou hors de lAthos, des actes privs. On remarque un trs long document (n o

    80) qui regroupe la copie partielle de 110 actes privs par lesquels ThodoraCantacuzne, mre du futur Jean VI, acquiert 1 400 modioi de terres par achat, dona-tion et change, entre novembre 1337 et mars 1338. Ce document donne une ide dela taille des proprits de laristocratie byzantine cette poque. Sa prsence dans lesarchives de Vatopdi peut sexpliquer par un don de ces parcelles, que Thodoraaurait fait ultrieurement au monastre (p. 97).

    La priode couverte est celle qui vit la conqute de la Macdoine par Duan(1345), les troubles provoqus par la rvolte des zlotes Thessalonique (1341-1349),la dsagrgation de lEmpire serbe la mort de Duan (1355) et la victoire des Turcs la bataille de la Marica (1371). Dans toutes ces pripties, Vatopdi sut garder laprotection des puissants (byzantins, serbes ou turcs) et la confiance des propritairesqui, devant le malheur des temps, changrent souvent leurs biens fonciers ou la

    jouissance de leurs revenus contre la scurit que leur offraient des adelphata dans unmonastre moins branl que les lacs par les malheurs des temps.

    Signalons quelques actes particulirement reprsentatifs de cette poque. Leno 105 (1355) mentionne le don que le moine Arsne Tzamplakn fait Vatopdi desa part dun domaine ; ce moine Arsne Tzamplakn, ancien mgas papias et compa-gnon de Cantacuzne, est connu pour avoir t captur au cours dune ambassadeauprs du kral serbe, livr aux zlotes et retenu prisonnier Thessalonique de 1342

    1347. Alexis Laskaris Mtochits, auteur des nos

    129 et 131, avait lui aussi jou unrle dans cette crise, puisquil avait particip lexpulsion de Thessalonique du chefzlote Andr Palologue (voir K.-P. Matschke, Thessalonike und die Zeloten.Bemerkungen zu einem Schlsselereignis der sptbyzantinischen Stadt- undReichsgeschichte, BS55, 1994, p. 27). propos du no 124 (1366), une dcision des

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    juges gnraux des Romains en faveur de Vatopdi dans une affaire qui opposait lesmoines un membre de laristocratie, les diteurs prsument que Vatopdi dut jouerle rle dune banque de dpt pour de grandes familles aristocratiques (p. 11).

    Sont noter galement : les liens permanents de Vatopdi avec Jean VI, qui avaitfinanc la construction de btiments dans le monastre en prvision dune retraite quine put se raliser ; la prsence Vatopdi du saint hsychaste Sabas, dont la Vie futrdige par son disciple Philothe Kokkinos, et qui fit partie de la dlgation athoniteenvoye par Cantacuzne Anna Palaiologina (1342). Quelques actes laissent trans-paratre en filigrane les destructions et ruines dues aux malheurs des temps (exactionsserbes ou turques, rvolte des zlotes). Trois faux chrysobulles sont dits en appen-dice.

    Outre le volume de fac-simils, cette dition donne un certain nombre de figures,cartes et tableaux, en particulier la localisation des biens de Vatopdi ou des arbresgnalogiques de grandes familles ayant eu des relations daffaires avec le monastre.

    Marie-Hlne CONGOURDEAU

    David A. LINES (d.), Eustratius, Aspasius, Michael Ephesius et al.:Aristotelis Stagiritae Moralia Nicomachia. bersetzt von JohannesBernardus FELICIANUS. Neudruck der Ausgabe Paris 1543 mit einerEinleitung von David A. LINES (Commentaria in Aristotelem Graeca.Versiones Latinae temporis resuscitatarum litterarum [CAGL], Band 11,Teil 1 et Teil 2). Frommann-Holzboog, Stuttgart-Bad Cannstatt 2006.30 21 ; reli. XVIII p.-[11 f.]-162 f. (Teil 1), f. 162-253 et Index nonpagin [9 f.] (Teil 2). Prix : 498 .

    Humaniste qui na laiss quune trace fugitive, Giovanni Bernardo Feliciano, n Venise vers 1490 et mort aprs 1552, a traduit en latin de nombreuses uvresgrecques de mdecine et de philosophie, parmi lesquelles il faut ranger le recueil decommentaires aux dix livres de lthique Nicomaque dAristote. La compilationgrecque fut publie en 1536 chez Aldo Manuzio, et Feliciano fit paratre une traduc-tion latine cinq ans plus tard, en 1541. Au fil des ditions, le traducteur amliora etenrichit son texte. Cest la troisime dition qui a t choisie comme modle de la pr-sente rimpression ; elle parut Paris en 1543 sous le titre suivant : AristotelisStagiritae Moralia Nicomachia cum Eustratii, Aspasii, Michaelis Ephesii nonnullo-rumque aliorum Graecorum explanationibus.

    Le recueil des commentaires lthique prit sans doute sa forme dfinitive Constantinople vers la fin du 12e sicle. Il est construit autour de luvre de deuxintellectuels minents qui travaillaient dans lentourage dAnna Komnn dans la pre-mire moiti du sicle : Eustrate, mtropolite de Nice, et Michel, natif dphse.Mais le recueil est composite, car, si une moiti est attribuable ces deux auteurs, lereste remonte pour lessentiel lAntiquit tardive. Le partage des commentaires chacun des dix livres de lthique est rest longtemps indcis. Il faut distinguer cinqauteurs : Eustrate de Nice (livres I, VI), Michel dphse (V, IX, X), Aspasios(VIII), Anonyme du 2e sicle (II, III, IV, V), Anonyme des 12e-13e sicles (VII). Le

    recueil fut traduit une premire fois en latin ds le 13e

    sicle par Robert Grosseteste,qui na pas bien distingu la varit des commentateurs, si bien que la collectionentire fut attribue Eustrate de Nice et se trouve cite comme telle par Albert leGrand et Thomas dAquin. lpoque de la Renaissance, la traduction de Grossetestefut clipse par celle de Feliciano et elle resta ltat de manuscrit.

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    La seconde traduction latine de la compilation, opre par Feliciano, bnficia dumodle plus fiable que prsentait leditio princeps de 1536, mais lattribution de cha-cun des dix commentaires correspondant chaque livre de lthique demeurait encore

    hsitant et largement fautif. Le livre de Feliciano marque un pas important dans la dif-fusion du recueil des commentaires, mais surtout une tape dcisive dans ltablisse-ment de la traduction latine du texte dAristote qui est lobjet de lexgse. La traduc-tion de Feliciano sera en effet extraite plus tard de louvrage et circuleraindpendamment ; elle devient le texte de rfrence lorsquelle est retenue comme tra-duction latine du trait dans ldition aldine des Opera omnia dAristote publie partir de 1572.

    Telle est, grands traits, lhistoire de la compilation et de sa traduction en latin.Une introduction concise de lditeur permet de la suivre pas pas. Celui-ci numreles divers commentaires connus de lthique Nicomaque et il en relve quinze. Il

    nomet videmment pas celui de Georges Pachymrs, qui constitue le livre XI de saPhilosophie, rsum de luvre dAristote. Ce texte vient prcisment dtre dit, eton trouvera un peu plus bas la recension de cette dition (p. 402). Contrairement ceque croit D. A. Lines (p. VII), le manuscrit de rfrence de la Philosophie nest pas leParisinus graecus 1930, qui nest que trs partiellement autographe, mais le

    Berolinensis Hamilton 512, qui lest intgralement. Lopuscule de Pachymrs est uncompendium et un dmarquage de loriginal plutt quune paraphrase ou un commen-taire. Rien de commun entre les simples extraits retenus ici et les amples explicationsdveloppes l et couvrant aussi bien la rflexion philosophique que la critique tex-tuelle.

    Ce volume double, lgamment reli, vient enrichir une collection de fac-simils

    dj importante qui permet de marquer les jalons de la transmission de la culture phi-losophique depuis lAntiquit jusqu nos jours, travers le foisonnement des com-mentaires et des traductions lpoque de la Renaissance.

    Albert FAILLER

    Christopher LIVANOS, Greek tradition and Latin influence in the work ofGeorge Scholarios. Alone against all of Europe . Gorgias Press,Piscataway N.J. 2006. 24 16 ; reli. 152 p. Prix : 76 $.

    Ce livre est issu de la thse de lauteur, soutenue luniversit de Harvard en2001 ; ltude initiale a t lgrement remanie et complte pour la publication.Lauteur aborde un sujet trop peu tudi son got, la pense du philosophe et tholo-gien du 15e sicle Georges Scholarios, apprhende ici selon une dmarche essentiel-lement comparatiste. Le matre mot de louvrage est sans conteste influence ,puisque C. Livanos cherche comprendre comment Scholarios a pu sapproprier lascolastique latine au point de produire lui-mme une uvre hybride, mlant des l-ments de pure tradition orthodoxe et des ides empruntes la pense occidentale.Cest cette tonnante synthse que lauteur sefforce de dcortiquer en labordantselon quatre angles dattaque qui correspondent aux quatre parties de son ouvrage : ilpropose tour tour une rapide prsentation de lenvironnement culturel de Scholarios,

    une interprtation des fondements de sa thologie, une rflexion sur le contexte histo-rique dans lequel il se trouve aprs 1453 et enfin ltude littraire du texte emblma-tique que constitue laLamentation sur les malheurs de sa vie.

    titre de pralable, C. Livanos insiste tout dabord sur les diffrences qui spa-rent lorthodoxie du christianisme latin lpoque de lUnion de Florence : selon lui,

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    elles sont de nature plus anthropologique encore que dogmatique, les conceptions dela nature humaine, du pch et du salut ntant absolument pas identiques de part etdautre. Loriginalit de Scholarios rside dans sa double appartenance culturelle :

    sans aller jusqu se convertir, il reste toute sa vie capable de comprendre les raison-nements des Latins et dapprcier leur pertinence, comme en tmoigne son admirationdurable pour Thomas dAquin. Scholarios apparat finalement comme inclassable :dfenseur de certains points de la doctrine latine, par exemple lImmaculeConception, il reste cependant un bon orthodoxe et ne serait, selon lauteur, mme pasconscient doprer une synthse entre les thologies occidentale et orientale.

    Dans une seconde partie plus systmatique, C. Livanos revient sur les traditionspatristiques orthodoxe et latine dont les chefs de file sont respectivement AthanasedAlexandrie et Augustin : des chos de lun, mais aussi de lautre, se retrouvent sousla plume de Scholarios, qui partage en partie le pessimisme dAugustin sur le pch

    originel, la diffrence de la plupart de ses coreligionnaires.La troisime partie, plus historique, est centre sur le conflit entre Scholarios etPlthon : C. Livanos rappelle lpisode bien connu de lautodaf desLois de Plthonpar Scholarios devenu patriarche, mais il sattache moins aux donnes factuelles qudresser une comparaison entre les projets respectifs des deux principaux intellectuelsbyzantins du 15e sicle. Lun comme lautre, selon lauteur, cherchent sauvegarderlhritage hellnique et jeter les bases dune communaut grecque viable : cettefin, Plthon se rfre lAntiquit paenne, tandis que Scholarios prend modle surles premiers sicles du christianisme. En tant que patriarche, Scholarios propose fina-lement comme fondements dune nouvelle identit commune la religion orthodoxe etla continuit de la culture grecque.

    Louvrage se termine par une analyse littraire fouille de la Lamentation deScholarios, rdige en 1460, dans laquelle le Byzantin se livre un vritable logefunbre de Constantinople, sa patrie bien-aime. Remarquons quil sagit bien deConstantinople, et non de lempire byzantin, comme lavance lauteur (p. 101) :Scholarios se lamente sur la perte de la ville qui la nourri, il la personnifie etsadresse elle en linterpellant comme un tre humain, ainsi que le souligneC. Livanos juste titre ; Scholarios ne pourrait se sentir aussi viscralement attach une institution abstraite qui, au 15e sicle, se trouve pratiquement vide de soncontenu. Lauteur compare ensuite ce