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Sciences de la Nature et de la Vie
2ème année licence (LMD)
Pr. Abdelkrim MEBARKIA
Année universitaire 2019-2020
Université Ferhat Abbas Sétif 1
الجمهورية الجزائرية الديمقراطية الشعبية
والبحث العلميوزارة التعليم العالي
1 جامعة فرحات عباس، سطيف
Cours de Microbiologie Générale
2
Chapitre I
Le monde microbien
1. Historique
L’utilisation empirique des micro-organismes dans la fabrication du pain et des
boissons alcoolisées remonte à plusieurs milliers d’années. Durant la même
période, l’humanité a subi régulièrement des épidémies ravageuses d’origine
microbienne sans jamais réussir à les contrôler, ni à établir leur nature. Mais
l’existence d’organismes vivants invisibles et leur implication dans les maladies
humaines avaient déjà été soupçonnées et suggérées par le philosophe romain
LUCRECE, il y’a déjà 21 siècles.
L’histoire des micro-organismes remonte à leur première observation par
l’homme, réalisée en 1667 par Antoni Von LEEUWENHOEK à l’aide d’un
microscope rudimentaire. Devenu naturaliste par passion, après avoir été apprenti
drapier. Antoni Von LEEUWENHOEK réussit à observer et à décrire quasiment
tous les types de micro-organismes, qualifiés d’animacules en raison de leur
mobilité. Les deux siècles qui suivirent allaient être dominés par « la guerre des
bouillants » que se livrait partisans et adversaires de « la théorie de la génération
spontanée ». Le philosophe ARISTOTE défendait cette théorie et croyait que les
organismes vivant naissaient de végétaux et d’animaux en décomposition grâce à
une mystérieuse force vitale. Le concept de la génération spontanée resta très ancré
dans les esprits jusqu’en 1861 ou le chimiste Louis PASTEUR, partisan de la
biogénèse prit en charge cette question.
Le génie de Louis PASTEUR (1822-1895) a marqué son temps par la description
du fermant lactique comme étant un organisme vivant plus petit que la levure
(1857), puis par ses travaux concernant la fermentation alcoolique, butyrique et
acétique. D’autres découvertes de PASTEUR ont marqué cette époque telle que le
procédé de Pasteurisation, le renvoi de la théorie de génération spontanée et la
notion de maladies infectieuses.
La microbiologie est devenue une science à part entière, lorsqu’on a réussi à
obtenir des cultures pures, la fabrication de microscopes plus puissants et
3
l’élaboration de colorations spécifiques. La relation directe entre une bactérie et une
maladie a été démontrée par le médecin allemand Robert KOCH en étudiant la
tuberculose et son agent Mycobacterium tuberculosis.
Robert KOCH (1843-1910) a fondé, avec Pasteur, la science bactériologie
médicale. Ils ont montré que Bacillus anthracis est l’agent responsable de la maladie
de charbon. Depuis alors, KOCH a énoncé ces postulats, règles générales mais
indispensables pour dire qu’un microorganisme est responsable d’une maladie.
La mise au point du procédé de l’asepsie en 1865 par Joseph LISTER, la Thyndal-
lisation en 1877 (THYNDALL) puis la naissance de la vaccination en 1881 suite aux
travaux de PASTEUR, l’emploi de l’agar (HESS en 1882 et l’utilisation des boites de
Pétri ont permis à la bactériologie de s’enrichir de beaucoup d’autres découvertes.
L’ère et la naissance de la virologie en 1892 étaient marquées par la découverte
de IWANOWSKI qui a montré que la mosaïque du tabac était un agent filtrant
différent des bactéries, le virus. Suite au développement de la biotechnologie, la
période moderne est marquée par plusieurs découvertes successives, notamment
dans le domaine de la génétique. La transformation des Pneumoccoques observée
par GRIFFITH en 1928 était complétée est confirmée en 1944 par AVERY, Mac
LEOD et Mac CARTY en montrant que l’ADN est le support de ce phénomène.
La recombinaison génétique, décrite en 1946 par LEDERBERG et TATUM, puis
la transduction en 1952 par ZINDER et LEDERBERG, sont suivies en 1953 par la
mise au point de la conformation spatiale de l’ADN par CRICK et WATSON. Un an
après, ces mêmes auteurs avec Gamow ont lancé la théorie du code génétique. La
manipulation rendue facile en microbiologie et la convergence entre la biochimie et
la génétique ont permis la naissance de la biologie moléculaire.
Le génie génétique et la biotechnologie marquent sans aucun doute notre
période actuelle. Ils sont l’instrument utilisé dans l’évolution de nombreux
domaines, agricole, industriel, médicale, pharmacologique…etc. Le tableau 1,
résume la chronologie historique des principales étapes d’évolution de la
microbiologie.
4
Tableau 1. Chronologie des principales étapes d’évolution de la microbiologie
et ses applications
Périodes Evénements marquants
1667 VON LEEUWENHOEK découvre le monde des microorganismes par leur observation directe.
1668 BONOMO démontre l’implication d’un microorganisme comme agent causal et de transmission de Galle.
1798 JENNER réalise une vaccination contre la variole.
1835 SCHWAN, KUTZIN et CAGNIARD-LATOUR découvrent la nature biologique des fermentations. SCHWAN et d’autres auteurs démontrent l’inexistence de la génération spontanée.
1850 RAYER et DAVAINE découvrent l’agent de la maladie du charbon épidémique.
1857-86 PASTEUR établit la nature des fermentations lactique, éthylique et butyrique, découverte de l’existence de microorganismes dans l’atmosphère, mise au point de la Pasteurisation, découverte du principe de l’immunisation par des cultures bactriennes atténuées, pratique de la vaccination anti-charbonneuse en public, pratique du vaccin contre la rage.
1885 LISTER pratique l’antisepsie chirurgicale et l’asepsie
1876-84 KOCH énonce les principes méthodologiques de la bactériologie médicale et découvre la spécificité hôte/parasite, mise au point des cultures bactériennes pures, découverte de l’origine infectieuses et des bactéries agents de la tuberculose et du choléra.
1877 CHAMBERLAIN met au point, avec PASTEUR le principe de l’autoclave.
1877 TYNDALL découvre les spores, leur thermo résistance et met au point la Tyndallisation.
1880-95 WINOGRADSKY découvre la nature microbienne de la nitrification et les bactéries fixatrices d’azote.
1884 GRAM met au point la coloration différentielle des bactéries, selon la nature de leurs parois.
1888-01 BEIJERINCK découvre les bactéries fixatrices d’azote moléculaire et leurs relations symbiotiques avec les légumineuses, découvre des bactéries sulfato-réductrices.
1892 IWANOVSKY découvre la nature virale de la mosaïque du tabac.
5
2. Place des microorganismes dans le monde vivant
Depuis leurs découvertes dans le monde vivant, il existe plusieurs classifications, plus
ou moins satisfaisantes, des organismes vivants qui selon le cas sont répartis sur la
base de différents critères.
- Classification de LINNE
Le botaniste suédois Carl Van LINNE (1735), élabora une première classification des
organismes vivants en deux règnes Plantae et Animalia. En 1857, Karl Van NAGELI
proposa de classer les bactéries dans le règne des Plantes.
- Classification de HAECKEL
En 1866, E. HAECKEL divise le monde vivant en trois règnes, le règne animal, le règne
végétal et le règne des protistes qui rassemble les algues, les protozoaires, les
champignons et les bactéries.
- Classification de MURRAY
En 1968, R.G.E MURRAY dans la continuité du travail d’Edward CHATTON, divise
le monde vivant en deux règnes, celui des eucaryotes et celui des procaryotes ou
« Monera ». Ainsi, au sein du règne des procaryotes, R.G.E MURRAY distinguait 4
divisions retrouvées dans le manuel de BERGEY :
La division des Gracilicutes, regroupant les bactéries à Gram négatif.
La division des Firmicutes, regroupant les bactéries à Gram positif.
La division des Tenericutes, regroupant les bactéries dépourvues de paroi.
La division des Mendosicutes, regroupant les Archaebactéries.
- Classification de WHITTAKER
En 1969, R.H. décrit une classification à cinq règnes. Quatre règnes eucaryotes
(Animal, Végétal, Champignons et Protistes). Le règne des monères (procaryotes). Bien
qu’elles ne peuvent s’accorder, les deux classifications d’E.CHATTON et R.H.
WHITTAKER ont existé simultanément pendant une longue période.
6
- Classification de WOESE
Le développement des techniques de biologie moléculaire a permis de caractériser
les gènes qui codent pour les ARN ribosomaux (ARNr). En comparant une
multitude de séquences d’ARNr 16S, appartenant à divers organismes vivants, il est
arrivé à diviser les organismes vivants en trois domaines (Figure 1). Le domaine des
Bacteria ou Eubacteria, le domaine des Archaea et le domaine des Eucarya (animaux,
plantes, mycètes et protistes).
La classification contemporaine est résumée dans la figure suivante :
Figure 1 : Classification biologique contemporaine des organismes vivants
3. Caractéristiques générales des protistes
La diversité structurale et morphologique des protistes s’exprime par une
organisation biologique et cellulaire différente de celles des autres organismes
vivants. Les protistes se présentent selon trois types différents d’organisation
biologique de l’individu.
- Protistes unicellulaires
C’est le cas de la plupart des protistes, dont les bactéries, les protozoaires, les levures
et de nombreux algues. Chaque individu est constitué d’une cellule unique qui se
suffit à elle-même et constitue un organisme complet et autonome, donc doué de
toutes les fonctions de la vie.
7
- Protistes pluricellulaires
Ce sont principalement les champignons certaines algues et quelques bactéries qui
sont des organismes formés de plusieurs cellules (pluricellulaires ou multicellulaire).
Mais dans un même organisme, leurs cellules sont équivalentes et ne montrent pas de
différenciation fonctionnelle ou morphologique significative.
- Protistes coénocytiques
Ces organismes qui peuvent être de grande taille, se composent d’une masse
cytoplasmique importante où baignent en même temps plusieurs noyaux, sans
cloisonnement entre eux. C’est principalement le cas des champignons inférieurs et de
quelques algues. Sur la base de la spécificité de la structure cellulaire qui est
différentes, les protistes sont subdivisés en deux grands groupes : Les protistes
eucaryotes (protistes supérieurs) et les protistes procaryotes (protistes inférieurs).
3.1. Distinction entre les cellules eucaryotes et procaryotes
Grace à l’invention du microscope électronique en 1937, Edward CHATTON mis en
opposition deux types de cellules, la cellule eucaryote (noyau est entouré d’une
membrane et qui renferme des organites cellulaires) et la cellule procaryote (noyau
sans membrane et dont l’organisation est très simple). En 1938, H.F. COPELAND,
sépare le règne des bactéries ou « Monera » de celui des protistes. Cette définition des
procaryotes fut renforcée en 1961 par R. STANIER (Figure 2).
Figure 2 : Représentation schématique des cellules eucaryotes et procaryotes.
8
De plus, le tableau 1 résume les différences existant entre les cellules eucaryotes et
procaryotes.
Tableau 1 : Principaux caractères des cellules eucaryotes et procaryotes
9
Chapitre II
Classification bactérienne
La systématique est la science des classifications des organismes vivants, en classes et
en groupes distincts au travers de leurs ressemblances, de leurs différences et des
relations qui existent entre eux. Elle regroupe trois disciplines différentes : la
classification, la nomenclature et l’identification.
- Classification
La classification ou taxonomie (taxinomie du grec taxis : arrangement) a pour objet de
classer les êtres vivants de façon hiérarchisée au sein de groupes appelés taxons ou
phylons. La taxonomie microbienne est en perpétuelle évolution. Chaque année, de
nouvelles espèces sont découvertes. A l’heure actuelle, on connait 10 à 15 % des
microorganismes existant. Ce constat est dû à notre incapacité de les isoler et de les
cultiver. Cette dernier est nécessaire pour toute étude taxonomique ou identification
d’un agent infectieux.
- Nomenclature
La nomenclature est l’ensemble de règles qui permet de nommer les taxons de façon
non ambigüe et en adéquation avec les niveaux hiérarchiques de la classification en
cours (code international de nomenclature bactérienne).
- Identification
L’identification ou détermination permet d’intégrer des souches bactériennes
inconnues à l’un des taxons, préalablement définis sur la base de la comparaison de
leurs caractères spécifiques respectifs. Ceci pour mieux les utiliser ou les exploiter
(espèces bénéfiques) ou bien pour mieux s’en protéger et de les contrôler (espèces
pathogènes). Le tableau 2 regroupe les différents rangs et catégories taxonomiques.
10
Tableau 2 : Rangs et catégories taxonomiques des espèces
Cours de microbiologie générale, 2éme Année, SNV
11
Il ne faut pas confondre classification et identification des microorganismes. Ainsi, une
étude de classification permet de sélectionner une liste de caractéristique et une approche
qui facilitera l’identification par divers techniques. Ces dernières sont plus simples et
rapide à faire au laboratoire. De ce fait, plusieurs méthodes ont été développées pour la
classification et l’identification des microorganismes. On distingue, trois types de
systèmes de classification.
1. Systèmes de classification
1.1.Classification phénétique ou phénotypique
Toute la taxonomie bactérienne reposait sur une classification phénétique ou
phénotypique proposée par COHN en 1872. Elle est basée sur une clé qui regroupe une
même propriété phénétique : physiologique ou métabolique. La définition de chaque
espèce en bactériologie se base sur un certain nombre de caractères tels que la
morphologie, l'habitat, le pouvoir pathogène, la capacité à sporuler et l'existence de
caractères biochimiques divers jugés essentiels, aisément reconnaissable par sa présence
(+) ou son absence (-). A cet effet, plusieurs tests sont préconisés : Test métaboliques
(recherche d’enzyme, urée…etc.), sérologique (réaction spécifique antigène, anticorps),
inhibition (croissance des microorganismes en présence d’antibiotiques), chimio
taxonomie (détermine le profil d’acide gras des parois, des protéines totales), lysotopie
(infection par des bactériophages). Ainsi, une approche nommée taxinomie numérique a
été appliquée par SNEATH en 1957, afin d’évaluer la ressemblance entre les souches en
calculant l’indice numérique, l’indice de JACQUARD. Cependant, ce type de critères
rendent instable cette classification qui n'a que peu de chances d'être cohérente en
regard des critères phylogénétiques.
1.2.Classification phylogénique
Cette classification désigne (du grec, phylon : race et genesis : génération). Elle est appliquée
aux organismes supérieurs et se basent sur l’existence d’espèces clairement identifiées,
qui à partir d’un ancêtre commun ont évolué différemment.
Dans la taxonomie classique, l’étude des phénotypes ne donne qu’une information
incomplète : les caractères morphologiques, biochimiques, sérologiques…etc. ne
traduisent qu’une faible proportion du génome. C’est pourquoi une approche génétique
Cours de microbiologie générale, 2éme Année, SNV
12
est nécessaire en taxonomie bactérienne. Elle concerne la nature physico-chimique du
génome bactérien. A cet effet, la mise au point de méthodes moléculaires a grandement
amélioré la capacité de déceler, d'identifier et de classer les micro-organismes
rapidement et aussi d'établir la relation taxonomique entre les genres et les espèces
étroitement apparentées.
1.3. Classification de BERGEY’s Manual
Malgré les problèmes posés par la classification des bactéries, il existe des travaux en ce
domaine dont le plus remarquable est le BERGEY’s Manual of Systematic Bacteriology,
proposé dès 1923, avec pour objectif initial le regroupement des espèces bactériennes
connues de manière à faciliter l’identification d’organismes inconnus (tableau 3).
Tableau 3 : Méthodes et critères utilisées pour classer et/ou identifier les bactéries
selon Bergey’s Manual
Méthodes ou critères Classifications Identifications
Caractéristiques morphologiques Non (Oui pour Cyanobactérie) Oui
Coloration différentielle Oui (paroi cellulaire) Oui
Tests biochimiques Non Oui
Sérologie Non Oui
Typage bactériophage Non Oui
Profiles d’acides gras Non Oui
Cytométrie en flux Non Oui
Composition en bases d’ADN Oui Non
Empreintes génétiques d’ADN Non Oui
Séquences d’ARNr Oui Non
PCR Oui Oui
Hybridation d’acides nucléiques Oui Oui
(sondes d'ADN
puces à ADN)
La classification du BERGEY’s Manual est, depuis régulièrement remaniée par
l’intégration progressive de données taxonomiques nouvellement acquises et son
autorité est universellement reconnues. En effet, de nombreux taxons réunis par le
Cours de microbiologie générale, 2éme Année, SNV
13
BERGEY’s Manual, sur la base de propriétés phénétiques, se sont révélés génétiquement
peu ou pas apparentés.
Plusieurs volumes et éditions sont publiés. Paru en 1980, l’ouvrage "Bactériologie
Systématique" a pris en considération les relations entre les organismes pour classer les
bactéries. Depuis 1984, ce nouveau style a été repris pour un ensemble de quatre
volumes. Un exemple de la classification des bactéries Gram+ et Gram- est représenté
dans le tableau 4.
Tableau 4 : Classification des bactéries Gram+ et Gram-
2. Méthodes de taxonomie
La taxonomie classique est basée sur l’étude des caractères morphologiques et
structuraux des bactéries, ainsi que sur leur profil métabolique. Elle a constitué pendant
longtemps le seul outil des taxonomistes et reste aujourd’hui encore d’un apport
significatif mais insuffisant pour établir une classification naturelle des bactéries.
Parallèlement, se sont développées d’autres méthodes de taxonomie bactérienne.
Cours de microbiologie générale, 2éme Année, SNV
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La taxonomie génétique fait appel à des techniques d’analyses modernes bien plus fiables
qui permettent d’obtenir des données capables d’établir objectivement le degré de
parenté génomique et les filiations phylogénétiques entre les différents groupes de
bactéries. Leur traitement par la taxonomie numérique, en particulier, a révolutionné la
taxonomie bactérienne.
2.1. Taxonomie génétique
Généralement, c’est l'ARNr 16S et 5S qui sont utilisés. Ils réunissent des propriétés
idéales pour les études phylogénétiques en bactériologie. Ils sont assez longs, leur
présence est universelle et leurs fonctions sont conservées. Par ailleurs, la taille du
génome, le coefficient de Chargaff, le taux d’hybridation ADN/ADN et sont recherchés.
2.1.1. Taille du génome
Elle est déterminée par le poids moléculaire (PM) de l’ADN bactérien qui varie de 1.109
Da à 8.109 Da de poids moléculaire. Ce PM peut fluctuer de 8% au sein d’une même
espèce, alors que ses variations peuvent atteindre 50% entre différentes espèces.
2.1.2. Le coefficient de Chargaff ou GC %
Cette technique est basée sur l’évaluation quantitative des deux groupes de bases
azotées (GC et AT) en spectrophotométrie à UV (260 nm). Il peut être calculer suite à un
séquençage par la formule suivante :
(G+C/A+T+G+C) x 100.
Le coefficient GC% égal au nombre de couples (guanine + cytosine) pour 100 couples de
bases dans l’ADN de la bactérie étudiée. Chez les bactéries, le GC% varie de 30 à 75%.
Ainsi, pour que deux souches soient considérées comme appartenant à la même espèce,
il faut que la différence entre les GC% de leur ADN soit inférieur à 5%. Enfin, les règles
d’interprétations du GC% :
2 espèces microbiennes ayants des GC% différents n’ont aucune communauté
génétique.
2 espèces microbiennes ayants les mêmes séquences nucléotidiques ont
nécessairement le même GC%.
2 espèces microbiennes ayants le même GC% peuvent génétiquement éloignées.
Les bactéries appartenant à la même espèce ont le même GC%.
Cours de microbiologie générale, 2éme Année, SNV
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2.1.3. Hybridation ADN / ADN
Le chauffage d’un ADN bicaténaire donne deux brins homologues à séquences
complémentaires : c’est la dénaturation. Cependant, un refroidissement entraine un ré
appariement des deux brins d’ADN : c’est la renaturation in vitro. Ainsi, si on mélange
deux ADN provenant de deux espèces bactériennes, l’ADN monobrin d’une espèce
peut éventuellement se réassocier avec le monobrin issu de la deuxième bactérie pour
former un ADN bicaténaire hybride : c’est l’hybridation.
Plus de deux espèces sont proches génétiquement, c’est-à-dire, plus leurs séquences de
bases se ressemblent (degré d’homologie important) plus il est facile de former des
ADN hybrides. De ce fait, on distingue trois types d’applications :
- Homologie ADN/ADN à Tor
La renaturation (hybridation) de l’ADN est maximale à une température définie appelée
« température optimum de renaturation (Tor) », inférieure de 25 à 30°C à la température de
dénaturation. A Tor, l’homologie : c’est-à-dire le pourcentage des bases appariés par
rapport aux bases totales, est de 70 à 100% entre souches appartenant à la même espèce,
il varie de 0 à 60% pour des souches d’espèces différentes.
- Stabilité thermique des hybrides
Elle est donnée par le paramètre Tm(e) (Thermal elution midpoint) qui est la température
de dénaturation de 50% de l’hybride. La comparaison des Tm(e), obtenues
respectivement dans des réactions d’hybridation homologues (AxA’) prises comme
témoins et des réactions d’hybridation hétérologues (AxB), permet d’obtenir une
estimation précise de la stabilité thermique des hybrides hétérologues.
Ainsi, les souches appartenant à une même espèce bactérienne ont des ΔTm (e)
comprise entre 1 et 5°C, soit aux environs de 5% de bases non appariées, alors que des
souches d’espèces différentes présentent des ΔTm (e) situées entre 8 et 20 °C.
- Homologie ADN/ADN à Trr
La température fixée de 10 à 15°C en dessous de la température de dénaturation (75%
pour les Entérobactéries), est appelée « température restrictive de renaturation » ou Trr
(stringent temperature). Elle permet de déceler les ADN hybrides mais en fait mal
appariés car sans réel homologie, en défavorisant justement leur hybridation.
Cours de microbiologie générale, 2éme Année, SNV
16
A Trr, les souches d’une même espèce bactérienne ont une homologie ADN/ADN de 55
à 100%, alors que cette homologie est égale ou inférieure à 50% pour des souches
d’espèces différentes. Malgré son manque de reproductibilité, c’est une approche qui
reste utile pour différencier des souches présentant des homologies ADN/ADN non
significatives entre 60 à 70%.
En somme, l’application des mesures d’homologie génétique ADN/ADN a bouleversé
la taxonomie bactérienne. De ce fait, chez les Enterobacteriaceae, famille comprenant
plus d’une centaine d’espèces, il a été établi que les genres Shigella et Escherichia
forment génétiquement la même espèce. De même que les genres Salmonella et Arizona
2.1.4. Séquençage des ARNr
WOESE considère les ARNr comme l’horloge moléculaire la mieux indiquée. L’ARNr,
associé à des protéines, compose les ribosomes qui ont la charge de synthétiser les
protéines cellulaires. Il se différencie en trois types caractérisés par leurs coefficients de
sédimentation différents : l’ARNr 16S (1.500 nucléotides), l’ARNr 23S (2.900
nucléotides) et l’ARNr 5S (150 nucléotides).
Ces ARNr ont été utilisés comme marqueurs taxonomiques moléculaires privilégiés
parce qu’ils possèdent des caractères spécifiquement adaptés à ces études : rôle central
et unique dans le transfert et l’expression de l’information génomique et par conséquent
dans la synthèse des protéines.
Ainsi, on peut purifier l’ADN génomique (chromosome bactérien) et utiliser l’ACP
(amplification en chaine par polymérase) /PCR (en anglais).
C’est une technique qui permet de multiplier l’ADN codant pour l’ARNr 16S pour
l’analyser par électrophorèse et le séquencer base par base. A partir d’une copie on peut
obtenir 1 million de copies.
Plus de 97,5% d’homologie : même genre ; pour l’espèce possibilité de faire des
hybridations ADN/ADN.
Entre 90 et 97,5% d’homologie : espèces différentes, a priori même genre, à
conforter par chimio taxonomie.
Moins de 90%d’homologie : genres différents.
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17
2.2. Taxonomie numérique
La taxonomie numérique ou taxométrie ou taxonomie andansonienne (du nom
d’ADANSON) est une approche quantitative rendue possible grâce à la puissance des
ordinateurs car elle implique un volume de calcul considérable. Elle est basée sur la
comparaison de caractères de différentes natures : morphologique, physiologique,
génétique, appartenant à des souches prises deux à deux.
Les distances taxonomiques entre deux organismes sont exprimées par un « coefficient de
similitude », calculé de diverses manières, selon le choix des caractères sélectionnés et le
codage et le traitement appliqués aux données recueillies, par l’indice de JACCARD-
SNEATH, donné par la relation suivante :
SAB = nS+ / nS+ + nd
SAB : Coefficient de similitude entre la souche A et la souche B
nS+ : Nombre de caractères similaires
nd : Nombre de caractères différents pour donner une valeur significative à l’étude.
Les résultats de l’analyse taxonomique numérique sont souvent exprimés sous la forme
d’un diagramme ramifié analogue à un arbre. C’est un dendrogramme où les
organismes ayant la plus grande similitude sont groupés ensembles appelés « phénons ».
En général, on estime, qu’au-delà de 80% de similitude de phénons peuvent être
assimilés à une même espèce. Ainsi, selon le résultat de la comparaison, l'arbre
phylogénétique le plus probable est déduit (Figure 3).
Cours de microbiologie générale, 2éme Année, SNV
18
Figure 3 : Arbre phylogénique universel
Cours de microbiologie générale, 2éme Année, SNV
19
Chapitre III
La cellule bactérienne
1. Techniques d’observation de la cellule
L’observation des cellules bactériennes aux différents types de microscope, à savoir :
Microscope optique (à l’état frais et après coloration) ; Microscope électronique (après
fixation, cryofracture) ; Autres microscopes (microscope à fluorescence, confocale).
2. Morphologie cellulaire
Les bactéries sont des organismes unicellulaires procaryotes, autonomes qui ne forment
ni mycelium ni filament. Elles n’ont pas de noyau et leur génome est le plus petit des
cellules vivantes (Figure 4). Elles se présentent sous des formes et des tailles diverses,
génétiquement déterminées et caractéristiques de l’espèce (Figure 5). Cette variété
morphologique est cependant marquée par des formes plus ou moins affirmées.
Figure 4 : Représentation schématique de la structure cellulaire des bactéries
Cours de microbiologie générale, 2éme Année, SNV
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Bactéries de forme sphérique, appelées : Cocci (isolées, en chainette, en amas) :
Staphylocoque, Streptocoque…etc.
Bactéries de forme bâtonnet, appelées : bacille (isolée, en chainette ou en amas, de
longueur et de diamètre variables) : E. coli, Salmonella, Bacillus…etc.
Bactéries de forme hélicoïdale ou spiralée appelées : spirilles (cellule rigide),
spirochète (cellule flexible) : Treponema…etc.
Bactéries en forme de virgule (vibrions), en bourgeons (cellules à extension
tubulaire) et en pléomorphe (forme variable).
Bactéries de forme filamenteuses se rapprochant des moisissures, appelées :
moisissures
Figure 5 : Différentes formes schématiques bactériennes. (A) bacilles (B) coccobacilles (C) bacilles fusiformes (D) vibrios (E) cocci isolés (F) diplocoques (G) sarcines (H) cocci en grappes (Staphylocoques) (I) cocci en chaînettes (Streptocoques) (J) spirochètes (K) spirilles
Cours de microbiologie générale, 2éme Année, SNV
21
En moyenne la taille des bactéries se situe entre 1 et 10 µm, les plus petites ont une
taille d’environ 0,2 µm (Chlamydia), les plus longues peuvent atteindre 250 µm
(Spirochètes).
Les cellules bactériennes possèdent, selon les espèces, des éléments constants et des
éléments non constants (Tableau 5).
Tableau 5 : Eléments constants et non constants des bactéries
Eléments constants Eléments non constants
Paroi
Membrane plasmique
cytoplasme
Périplasme (espace périplasmique)
Ribosomes
Polysomes
Appareil nucléaire (chromosome)
Capsule
Plasmide
Vacuole à gaz (bactéries aquatiques)
Inclusions de réserves
Pili (fimbriae)
Flagelles (cils)
Chromatophore (B+ photosynthétiques)
Endospore (bactéries sporulant) Mésosome
(rôle incertain)
2.1. Éléments constants des bactéries
2.1.1. Paroi
La paroi constitue l’enveloppe externe des bactéries. A l’exception des Mycoplasmes, elle
est présente chez toutes les bactéries dont elle assure la forme et la rigidité. Elle est aussi
responsable de la protection physique de membrane cytoplasmique sous-jacente.
L’originalité de la paroi des Eubactéries réside dans la composition et la structure
chimique du complexe macromoléculaire, appelé : peptidoglycane, muréine ou mucopeptide.
Elle contient également d’autres constituants qui varient selon les espèces tels que,
lipolysaccharide.
a. Composition chimique
Principaux constituants chimiques présents dans la paroi des bactéries Gram
positives et Gram négatives :
Cours de microbiologie générale, 2éme Année, SNV
22
- Peptidoglycane
C’est un composé macromoléculaire de composition chimique complexe et de structure
régulière. Il est formé d'une partie glucidique (polysaccharide) et d'une partie peptidique.
Osamines : (NAG) N-acétyl glucosamine, spécifique des parois bactériennes,
et (NAM) Acide N-acétyl muramique. De ce fait, (NAG) et (NAM) sont liés par des
liaisons osidiques ß (1-4). Cette liaison peut être hydrolysée par le lysozyme (Figure 4).
Figure 4 : Structure chimique N-acétyl glucosamine et l’acide N-acétyl muramique
Acides aminés : 4 acides aminés majeurs «D-alanine, L-alanine, acide
glutamique, L-lysine, acide diaminopimélique (DAP)» forment des ponts tétra-
peptides reliant les NAM entre eux (Figure 5).
Figure 5 : représentation du pont peptidique entre deux molécules de
peptidoglycane
Cours de microbiologie générale, 2éme Année, SNV
23
- Acides teïchoiques et lipoteïchoiques (polymères de polyribitol
phosphate ou polyglycérol phosphate). Les acides qui sont ancrés directement dans
la membrane plasmique par l'intermédiaire d'une partie lipidique portent le nom
d'acides lipotéchoïques.
Enfin, on note que chez les bactéries Gram négatives, il n’y a pas d’acides teïchoiques ou
lipoteïchoiques (Figure 6). Une bactérie Gram positive qui perd son peptidoglycane
(par action d'antibiotique ou du lysozyme), donne naissance à un protoplaste. Ces
derniers ne possèdent plus les propriétés antigéniques des bactéries, ne se divisent
plus, ne fixent plus les bactériophages et sont incapables de mobilité. Les bactéries
Gram négatives prennent une forme sphérique appelée spheroplaste. Ces dernières
conservent toutes les propriétés initiales des bactéries.
24
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A B Figure 6 : Structure de la paroi des bactéries : (A) Gram positives (B) Gram négatives
Cours de microbiologie générale, 2éme Année - SNV
25
b. Structure moléculaire
Le peptidoglycane, composé commun dans les parois des bactéries Gram (+) et (-),
est composé de motifs glucidiques et peptidiques qui sont de longues chaines
répétitives montrant une alternance NAG ~ NAM.
La membrane externe de la paroi des bactéries Gram négatives est liée à la couche de
peptidoglycane par la lipoprotéine de Braun. Elle est formée d’une bicouche dont
seule la partie inférieure est phospholipidique. La partie supérieure est constituée de
lipopolysaccharide (LPS). Ce dernier comprend :
- Une partie lipidique (lipide A) qui comporte une activité toxique, liée à un
polysaccharide central « core » qui porte des chaînes de 3 à 6 sucres tournées vers
l’extérieur, appelées « antigène O ».
A cause du pouvoir toxique du lipide A, le LPS est considéré comme « ENDOTOXINE ».
c. Fonction
Le rôle de la paroi bactérienne se résume dans les points suivants :
- Maintien de la forme de la bactérie.
- Protection contre la pression osmotique intracellulaire, à forte
concentration en métabolites à l’intérieur de la cellule, l’eau rentre.
- Propriétés antigéniques :
Chez les bactéries Gram (+) : peptidoglycane + acides teïchoiques et
lipoteïchoiques + polyoside.
Chez les bactéries Gram (-) : les antigènes O du LPS
- Permettre la fixation des bactériophages : reconnaissance des récepteurs
localisés sur le peptidoglycane des bactéries Gram (+) ou la membrane externe des
bactéries Gram (-). Cette propriété est utilisée pour l’identification de certaines
bactéries : c’est la lysotypie.
- Participer à la mobilité : En effet, les flagelles sont implantés dans la
membrane cytoplasmique mais ne peuvent pas fonctionner en absence de
peptidoglycane (immobilité des protoplastes)
Cours de microbiologie générale, 2éme Année - SNV
26
- Toxicité : Chez les bactéries Gram (-), le LPS est une endotoxine (effet
toxique porté par le lipide A) qui peut donner de la fièvre et des lésions.
- Perméabilité : La paroi laisse passer de petites molécules comme l’eau,
les sels minéraux ou des métabolites simples. Par contre, elle est plus ou moins
perméable à certains solvants (exemple l’alcool. cf coloration de Gram).
d. Parois bactériennes particulières
Certains groupes bactériens possèdent des parois très différentes de celles des
bactéries Gram (+) et Gram (-), c’est le cas notamment des Archeobactéries et des
Mycobactéries.
- Chez les Archaobacteries, la paroi a une structure et une composition
très différentes des Eubactéries. Cependant, elle peut être colorée par la méthode de
Gram et apparaisse soit Gram (+), soit Gram (-) en fonction de sa structure.
Celles qui apparaissent Gram (+) ont une paroi avec une couche épaisse et homogène
de pseudomuréine (analogue du peptidoglycane mais différente de celle des
Eubactéries).
La pseudomuréine contient des acides aminés de la série L seulement, l’acide N-
acétyltalosaminuronique et pas de NAM et des liaisons osidiques 1-3 à la place de
1-4 (Figure 7).
Figure 7 : Structure chimique de la pseudomuréine des archéobactéries
Cours de microbiologie générale, 2éme Année - SNV
27
Celles qui apparaissent Gram (-) n’ont pas de membrane externe ni de
peptidoglycane, mais elles possèdent une couche superficielle de sous-unités
protéiques ou lipoprotéiques.
- Les Mycobactéries sont des bacilles légèrement incurvés, se multipliant
très lentement. Leur paroi est très riche en lipides et contient des cires : acides gras en
C60 (acides mycoliques), qui empêchent de « prendre » la coloration de Gram.
Ces bactéries sont dites : BAAR : bacilles acido-alcoolo-résistants, elles sont appelées
aussi « bactéries sans paroi », telles que : Mycobacterium bovis, M. tuberculosis, M. leprea.
e. Coloration de Gram
Christian GRAM découvrit, de manière fortuite en 1884, qu’après leur coloration au
cristal violet, certaines bactéries sont décolorées par un traitement aux solvant
organiques, alors que d’autres restent insensibles à cette décoloration. En fait, c’est
une coloration différentielle basée sur les caractéristiques de perméabilité de la paroi
bactérienne. Ainsi, les bactéries dites Gram positives, colorées préalablement, ne sont
pas perméables à l’alcool et gardent leur première coloration. Par ailleurs, les
bactéries dites Gram négatives sont perméables à l’alcool et sont recolorées après leur
décoloration suite à l’action de l’alcool. En somme, la réaction des bactéries à la
coloration de GRAM s’est imposée, comme un caractère taxonomique fondamental.
2.1.2. Espace périplasmique
L’espace périplasmique contient des enzymes qui participent à la nutrition
(hydrolases) et des protéines impliquées dans le transport de molécules à l’intérieur
de la cellule. Les bactéries Gram (+) excrètent les enzymes hors de la cellule (exo-
enzymes).
2.1.3. Membrane plasmique
a. Composition chimique et structure moléculaire
Deux techniques sont largement utilisées pour l’étude des membranes plasmiques,
l’expérience de plasmolyse en milieu hypertonique et l’observation en microscope
électronique.
Cours de microbiologie générale, 2éme Année - SNV
28
La membrane plasmique des bactéries est une structure flexible et
dynamique. Elle est organisée en bicouche asymétrique, avec un côté polaire
hydrophile et un autre non polaire hydrophobe ce qui lui confère un
caractère amphipatique.
La membrane plasmique possède le même type de structure que celle d’une
cellule eucaryote (bicouche phospholipidique) mais avec moins de glucides et
dépourvue de stérols, comme le cholestérol, à l’exception des Mycoplasmes
(Figure 8).
Figure 8 : Modèle de la mosaïque fluide de la structure de la membrane plasmique d’une cellule bactérienne
De nombreuses membranes bactériennes contiennent des stéroïdes pentacycliques,
les hopanoïdes, qui ont un rôle de stabilisation des membranes.
De plus, la membrane plasmique est composée de plus de protéines (60 à 70%) que
de lipides (30 à 40 %). Ces protéines remplissent un rôle fonctionnel (enzymatique) et
structural.
Les protéines extrinsèques ou périphériques (20-30%), facilement extraites des
membranes, sont solubles dans l’eau.
Cours de microbiologie générale, 2éme Année - SNV
29
Les protéines intrinsèques ou intégrales (70-80%) sont amphipatiques, les
régions hydrophobes sont enfouies dans la couche lipidique.
Les protéines peuvent se déplacer latéralement et se terminent souvent à leurs
surfaces externes de la membrane plasmique par des glucides.
b. Membranes des archéobactéries
Les membranes des archea sont similaires à celles des bactéries et des Eucarya, mais
diffèrent par le fait que les chaînes carbonées (à C20 ramifiées) sont liées au glycérol
par des liaisons éthers et non par des liaisons esters. Certaines membranes forment
des tétra-éthers et se présentent sous forme de monocouche, ceci donne une certaine
rigidité aux cellules (Figure 9).
Figure 9 : Structure des membranes des archéobactéries : (A) Phytanylglycerol
diéther (B) Dibiphytanylbiglycerol tetraéther (C) Tétraéther avec bipentacyclique C40
biphytanil chaines.
Cours de microbiologie générale, 2éme Année - SNV
30
c. Fonction
La membrane plasmique assure plusieurs rôles dans la cellule bactérienne :
- Maintien le cytoplasme et le sépare du milieu extérieur.
- Sert de barrière perméable sélective (barrière semi-perméable) permettant le
passage de molécules lipophiles et empêche le passage des molécules
hydrophiles.
- Possède des systèmes de transport de beaucoup d’éléments incapables de
traverser seuls la membrane (nutrition, rejet de déchets, sécrétion). On distingue
2 grands types de transport :
Le transport passif : se fait dans le sens du gradient de concentration sans
exigence d’énergie.
Le transport actif : se fait en sens inverse du gradient de concentration des
molécules, ce qui nécessite l’utilisation d’énergie généralement fournie sous
forme d’ATP.
- Site de beaucoup de processus métaboliques (respiration, photosynthèse,
synthèse lipidique et constituants de la paroi…).
- La membrane plasmique possède des protéines membranaires ayant pour
rôles :
Enzymes responsables de la biosynthèse et de l’excrétion dans l’espace
périplasmique de molécules nécessaires à la synthèse de la paroi
Enzymes de la chaîne respiratoire permettant la synthèse d’ATP
Transporteurs de diverses molécules (ions, sucres, …) dans les deux sens de
part et d’autre de la membrane plasmique.
- Contient des molécules réceptrices des substances de l’environnement
- Site de fixation des flagelles
- De plus, la membrane joue un rôle important dans la détection de composés
présents dans le milieu environnant grâce à la présence de protéines
transmembranaires du chimiotactisme. Ceci permet aux bactéries dotées de
flagelles de « nager » vers les endroits qui leur sont les plus favorables, les plus
riches en nutriments par exemple et de s’éloigner des endroits défavorables
Cours de microbiologie générale, 2éme Année - SNV
31
comme ceux qui contiennent des substances toxiques. Ces protéines interviennent
dans le sens de rotation des flagelles.
2.1.4. Cytoplasme
La membrane cytoplasmique est le siège de nombreuses fonctions fondamentales,
assurées par des organites cellulaires spécifiques chez les cellules eucaryotes.
Le cytoplasme des bactéries est plus simple que celui des cellules eucaryotes. Il est
constitué de :
- Protéines cytoplasmiques (protéines de structures et enzymatiques et de
chapérons)
- Granulations de réserve (Glycogène, polyphosphate, β- hydroxybutirate…etc.)
- ARN solubles (ARN messager et ARN de transfert) et surtout en ARN
ribosomal (Ribosomes)
L'ensemble des constituants cytoplasmiques est placé dans un gel colloïdal, qui
contient 80 % d'eau et des substances organiques et minérales, à une pression
interne variable (5 à 20 atmosphères).
2.1.5. Ribosomes
A un nombre voisin de 15000 unités par bactérie (18000 chez Escherichia coli), les
ribosomes représentent 90 % de l'ensemble de l'ARN.
Se sont de petite granulation sphérique de 10 à 30 nm de diamètre, leur constante de
sédimentation est 70S pour une masse moléculaire de 3×106 Daltons (Figure 10).
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32
Figure 10 : Structure et constitution du ribosome bactérien
Les ribosomes sont constitués de protéines (37%) et d'ARN ribosomales (63%). La
sous-unité 30S contient de l'ARNr 16S ; la sous-unité 50S est constituée d'ARNr 23S et
d'ARNr 5S.
La ligature entre les deux sous-unités des ribosomes est assurée par des liaisons
ARN-protéine et protéine-protéine.
Rôle des ribosomes
- Les ribosomes sont le siège de la synthèse des protéines suite à la traduction
de l’ARNm et l’union des acides aminés les uns aux autres.
- Les ribosomes restent associer entre eux par l’ARNm et forme des structures
en chapelet appelées polysomes.
2.1.6. Appareil nucléaire (ADN)
a. Mise en évidence
La mise en évidence de l’ADN bactérien peut se faire par :
- Méthodes cytochimiques (réaction de Feulgen),
- Elimination de l’acide ribinucléique (hydrolyse enzymatique) suivie d’une
coloration basique,
- Coloration de Giemsa.
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33
b. Morphologie
L’appareil nucléaire est variable selon la phase de croissance et de division de la
bactérie.
- Petite masse ovoïde chez les Coccis
- Bâtonnet situés transversalement dans le corps cellulaire
La constitution chimique de l’appareil nucléaire des procaryotes est semblable à
celles des eucaryotes. Il est constitué d’unités de nucléotides, chacune est composée :
Un groupement phosphoré (Phosphate diester en position 3’ et 5’)
- Un désoxyribose
- Une base purique (Adénine et Guanine) ou pyrimidique (Cytosine et Thymine).
Le chromosome bactérien se caractérise par :
- Existence d’un seul chromosome par appareil nucléaire,
- Absence de l’enveloppe nucléaire,
- Forme circulaire qui n’a ni début ni fin, c’est un filament d’une double chaine
d’ADN unique, continu et circulaire.
Chez E. coli, l’AND circulaire mesure environ 1360 µm avec une masse molaire de 3 x
109 daltons et 5 x 106 paires de bases.
- L’ADN est associé à des polyamines (Spermine et Spermidine) analogues aux
Histones des eucaryotes.
c. Rôles
L’ADN bactérien est le siège de l’information génétique, c’est le vecteur des caractères
héréditaires de la bactérie.
Cours de microbiologie générale, 2éme Année - SNV
34
2.2. Éléments non constants des bactéries
2.2.1. Flagelle (cils)
Les flagelles sont des appendices filamenteux de 6-15 µm sur 10-30 nm. Ils sont
constitués exclusivement de flagelline (protéine composante) et sont fixés à la cellule
au niveau du cytoplasme, leur rôle principal est la locomotion, mais ils ont un rôle
antigénique spécifique.
Selon leurs dispositions sur la cellule bactérienne, on peut distinguer les bactéries
monotriches, lophotriches, péritriches et amphitriches (Figure 11).
Péritriche Amphitriche Lophotriche Monotriche
Figure 11 : Différents types de bactéries mobiles
2.2.2. Capsule
Certaines cellules bactériennes s’entourent d’une capsule de nature
polysaccharidique, mais peut être de nature polypeptidique (acide D Glutamique)
comme dans le cas de Bacillus anthracis.
La présence de la capsule chez une espèce bactérienne est synonyme de virulence
puisque les bactéries de la même espèce n’ayant pas de capsule sont moins virulentes
par rapport aux bactéries encapsulées, exemple Klebsiella pneumoniae (Figure 12).
Cours de microbiologie générale, 2éme Année - SNV
35
Figure 12 : Capsules chez Klebsiella pneumoniae
2.2.3. Plasmide
Découverts par LEDERBERG en 1952 (facteur F), puis le facteur R en 1959 (facteur de
résistance aux antibiotiques), les plasmides occupent depuis une importance clinique
et microbiologique importante.
Ce sont des molécules d’ADN (porteuses d’informations génétiques) de petite taille
(1/100 du chromosome) de forme circulaire dense (enroulement torsadé).
Les plasmides se répliquent de la même manière que celle des chromosomes, leur
transfert (d’une bactérie donatrice à une bactérie réceptrice) se fait par conjugaison,
transduction, mobilisation ou transformation.
2.2.4. Spore
Certaines bactéries sont douées d’une résistance très élevée aux conditions de
cultures défavorables. Ces dernières ont le pouvoir de former des structures rigides
appelées spores ou endospores.
Le changement des facteurs physico-chimiques et de nutriments dans le milieu de
culture induit une alternance entre la forme végétative et la forme spore des
bactéries. Un milieu de croissance défavorable déclenche le processus de sporulation
et vice-versa, la germination est observée si le milieu devient favorable à la croissance
bactérienne.
Cours de microbiologie générale, 2éme Année - SNV
36
La spore bactérienne est constituée de plusieurs enveloppes superposées l’une sur
l’autres, lesquelles entourent l’appareil nucléaire (Figure 13). Ces enveloppes sont
formées de peptidoglycane, de polysaccharides, de protéines, de lipoprotéines et de
dipicolinate de sodium qui joue un rôle dans la thérmorésistance. Cette structure
particulière confère à la spore non seulement une résistance au stress exogènes, mais
aussi une longévité extraordinaire qui peut aller de quelques jours à quelques siècles.
Figure 13 : Structure de la spore bactérienne
Selon leurs positions dans la cellule et leurs tailles, les endospores peuvent être
centrales, terminales, sub-terminales, déformatrices ou non…etc. (Figure 14).
Figure 14 : Exemple de positions et de tailles d’endospores bactériens
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37
2.2.5. Pili (fimbriae)
Trouvées généralement chez les bactéries Gram négatives (rarement chez les Gram
positives), les pilis sont des ciliatures courtes entourant les bactéries qui en
possèdent.
Deux types de pilis sont distincts :
- Les pilis communs, courts, rigides et distribués en grand nombre autour de
la cellule bactérienne. Ces pilis sont responsables des propriétés
hémagglutinantes.
- Les pilis sexuels, peu nombreux mais plus long (20 µm), se terminent par
un renflement. Les pilis sexuels ont un rôle primordial dans la conjugaison
bactérienne. De plus, les phages injectent leurs matériels génétiques via le
canal du pili en se fixant à son extrémité renflée.
Cours de microbiologie générale, 2éme Année - SNV
38
Chapitre IV
Nutrition bactérienne
Les bactéries contiennent une large variété de molécules et de macromolécules. Les
molécules simples sont absorbées à partir du milieu ou synthétisées à partir de leurs
précurseurs chimiques, également absorbés. Par contre, toutes les macromolécules,
de structure et /ou de fonction, sont synthétisées au sein même de la cellule.
Ainsi, les nutriments absorbés par les bactéries ont un caractère plus ou moins
indispensable, selon leur nature, et varient d’un groupe ou même d’une espèce à
l’autre dans un même groupe de bactéries.
Parmi les 11 éléments considérés comme éléments majeurs et sont requis par les
bactéries en concentrations relativement élevée de l’ordre ˃10-4 M, sont appelés
facteurs de croissances, parmi lesquels on cite :
C, H, O, N. Composant majeurs du matériel cellulaire
S. composant : A.aminés (Met., Cys.), vitamines (biotine), enzyme (coenzyme A).
P. composant : Acides nucléiques (ADN, ARN), Phospholipides, Nucléotides
(ATP, NADP).
K. Cation inorganique cellulaire principal, cofacteur enzymatique.
Ca. Composant : Endospores, Paroi, Exo-enzymes, (α amylase, protéase).
Mg. Cofacteur enzymatique, composant (Paroi, membranes, ribosomes
Fe. Composant : Cytochromes, Protéines Fe-S, Cofacteur enzymatique.
Na. Elément de transport membranaire.
Les besoins élémentaires (carbone, hydrogène, azote, énergie et électron) peuvent
être utilisés pour la classification des bactéries dans certaines catégories
nutritionnelles appelées types trophiques.
Les bactéries sont classées selon leurs sources primaires d’énergie, de carbone et
d’électrons.
Cours de microbiologie générale, 2éme Année - SNV
39
1. Besoins élémentaires et types trophiques
a. Source de carbone
Le carbone est un élément indispensable à la croissance bactérienne, deux catégories
de bactéries sont distinguées selon la source de carbone :
- Autotrophes
Les bactéries se développant en milieu inorganique et utilisant le CO2 comme seule
source de carbone sont dites autotrophes.
- Hétérotrophes
L’exigence bactérienne au carbone est assurée par des composés organiques.
La plupart des bactéries sont soit autotrophe photolithotrophe (Photoautotrophe) qui
utilisent l’énergie lumineuse et le CO2 comme source de carbone, soit hétérotrophe
chimio-organotrophe (Chimiohétérotrophe), qui utilisent les composés organiques
comme source de carbone, d’énergie et d’électrons.
b. Source d’énergie
Deux catégories de bactéries sont distinguées selon la source d’énergie, les Phototrophes
et les Chimiotrophes.
- Phototrophes
Les bactéries photosynthétiques tirent leurs énergies des rayons lumineux.
- Chimiotrophes
Les bactéries chimiosynthétiques utilisent l’énergie de l’oxydation des
produits chimiques ou organiques.
c. Source d’électrons
Selon la nature du donneur d’électrons, les bactéries sont classées en deux catégories, les
bactéries lithotrophes et les bactéries organotrophes. De ce fait, on distingue :
Bactérie photolithotrophe : La photosynthèse bactérienne fait intervenir des composés
minéraux comme source d’électrons.
Bactérie photo-oranothrophe : La photosynthèse bactérienne fait intervenir des
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40
composés organiques comme source d’électrons. Ces bactéries sont, selon la
nature du donneur d’électrons, classées en deux catégories : chimiolithotrophe et
chimio-organotrophe. A cet effet, certaines bactéries présentent une certaine
flexibilité et combinent le métabolisme chimilithoautotrophe et hétérotrophe,
elles sont dites mixotrophes.
2. Facteurs de croissance
Beaucoup de bactéries ont besoin, pour leur développement, de métabolites
spécifiques qui leurs sont indispensables. Ces éléments sont connus sous le terme de
« facteur de croissance ». Celui-ci est un élément spécifique nécessaire au
développement des bactéries incapables de le synthétiser. De ce fait, on note que le
nicotinamide, est un élément indispensable à la croissance de Escherichia coli et
Proteus vulgaris, est considéré comme facteur de croissance pour P. vulgaris seulement
puisque E. coli est capable de le synthétiser.
Trois types de facteurs de croissance sont connus :
- Acides aminés, rentrent dans la synthèse protéique,
- Bases puriques et pyrimidiques, font partie des acides nucléiques
- Vitamines, jouent le rôle de co-enzymes ou sont leurs précurseurs.
Les facteurs de croissance sont caractérisés par :
- Action à des concentrations infimes
- Spécificité étroite.
Phénomène de syntrophie
C’est un phénomène (repas avec) d’interaction métabolique entre deux espèces.
L’exigence d’une bactérie en facteur de croissance peut être assurée par la présence
d’une autre espèce voisine de la première capable de synthétiser ce facteur de
croissance.
3. Paramètres physico-chimiques
La croissance bactérienne est largement influencée par des paramètres physico-
chimiques de l’environnement tels que la température, le pH, la concentration en
nutriments. Ces paramètres peuvent inhiber ou favoriser la nutrition des bactéries.
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41
a. Température
La température joue un rôle important dans la nutrition et le développement des
microorganismes. Son augmentation ou son abaissement conduit à des effets
remarquables quant à la croissance bactérienne.
Selon les températures optimales de croissance, plusieurs catégories de bactéries sont
distinguées : mésophiles, psychrophile, thermophile…etc. Cette classification n’a pas
de frontière et des chevauchements peuvent exister. De ce fait, on distingue :
- Mésophile : bactérie qui préfère une température de croissance comprise entre 20 et
40 °C (optimum 30-37 °C)
- Psychrophile : la température optimale de croissance se situe vers 10 °C
- Cryophile : la température de croissance est de 0 °C voire plus basse.
- Psychrotrophe : les bactéries ayant une température optimale de croissance égale à
25 °C mais qui peuvent se développer à 0 °C.
- Thermophile : bactéries se multiplient préférentiellement entre 45 et 55 °C.
- Thermotrophe : Ce sont des bactéries qui se multiplient visiblement vers 50 °C mais
plus clairement à 30 °C.
- Hyper-thermophile : sont des bactéries thermophiles extrêmes, leur température
optimale de croissance se situe aux alentours de 70 °C.
Cas exceptionnel : Pyrodictium occultum est un microorganisme vivant au fond des
mers au contact des sources chaudes à des températures élevées (250 °C) et à de très
forte pression (bactérie barophile).
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42
b. pH
De même que pour la température, plusieurs catégories microbiennes sont
distinguées par rapport aux différents pH de croissance : basophile, neutrophile,
acidophile…
La majorité des microorganismes se développent au pH neutre (6,5 – 7,5). Cependant,
un intervalle de pH est toléré par les microorganismes. Exemple : E. coli tolère un pH
de 4 – 9.
- Basophile : les bactéries basophiles (Alcalinophile) préfèrent un pH de
croissance alcalin. Exemple : le pH optimal de croissance de Vibrio est 9.
- Acidophile : Lactobacillus se développe à un pH relativement acide « 6 ».
D’autres microorganismes comme les champignons préfèrent un pH plus
bas.
Remarque : pour éviter les changements brutaux du pH des milieux de cultures lors
de la dégradation des métabolites par les bactéries, une solution tampon ou le carbonate
alcalin sont prévus dans la préparation du milieu.
c. Oxygène
Selon les exigences en oxygène, on distingue quatre groupes de bactéries (Figure 15) :
- Aérobie strict : la bactérie exige pour son développement la présence
d’oxygène libre.
- Anaérobie strict : ces bactéries se développent en absence totale d’oxygène,
ce groupe de bactérie ne possède ni catalase ni superoxydedismutase
capables de d’éliminer les deux produits d’oxydation, le H2O2 et l’ion
superoxyde qui sont toxiques pour la cellule.
- Aéro-anaérobie facultatif : appelées aussi anaérobie facultatif, les bactéries
peuvent croitre en présence ou en l’absence d’oxygène.
- Microaérophile : les bactéries microaérophiles se développent en présence
d’une faible tension en oxygène.
Cours de microbiologie générale, 2éme Année - SNV
43
Figure 15 : Groupes bactériens en fonction de la consommation d’oxygène
d. Pression osmotique
La majeure partie des bactéries est dotée d’une paroi rigide qui leur permet de
résister aux changements de la pression osmotique du milieu. Cependant, selon la
sensibilité aux pressions osmotiques, on distingue
- Les bactéries non halophiles, nécessitant une concentration en NaCl
inferieure à 0,2 M.
- Les bactéries halophiles, qui nécessitent un milieu à 0,2 M en NaCl.
- Les bactéries halophiles extrêmes, tolérant plus que 5,2 M de NaCl.
e. Pression mécanique
Certaines bactéries résistent à de fortes pressions, ce sont les bactéries barophiles. A
l’image de Streptococcus feacalis qui résiste à une pression allant jusqu’à 1000 bars.
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44
Chapitre V
Croissance bactérienne
La croissance est un processus complexe qui se déroule en plusieurs séquences :
absorption des nutriments de base requis présents dans le milieu, conversion de ces
nutriments en matériel cellulaire et en énergie, réplication du génome et
augmentation de la taille avec duplication de l’ensemble des éléments constituants le
matériel cellulaire, division en deux cellules filles dotée chacune d’une copie du
génome et des autres composants cellulaires. C’est la division cellulaire par
scissiparité (Figure 16). D’autres mécanismes de division existent chez des bactéries
particulières, comme le bourgeonnement (chez les cyanobactéries) et la fragmentation
(chez les bactéries filamenteuses).
Figure 16 : Division cellulaire par scissiparité
Cours de microbiologie générale, 2éme Année - SNV
45
De nombreux facteurs de l’environnement ont une influence significative sur la
croissance bactérienne qu’ils peuvent favoriser ou au contraire inhiber, le plus souvent
avec des interactions synergistes entre eux. Ce phénomène explique la distribution
quantitative et qualitative des bactéries en fonction de la nature du milieu.
Distribution qui dépend autant des types physiologiques bactériens que des
conditions spécifiques du milieu.
Le processus de division est connu sous le nom de temps de génération (G), temps
nécessaire au dédoublement de la population bactérienne (ou biomasse). Le calcule est
comme suit : G = tn – t0 /n ; où n = Log N –Log N0 / Log 2
Le tableau ci-dessous ; illustre la variation du temps de génération d’une espèce à
l’autre.
Tableau 5 : Temps de génération des espèces bactériennes
Espèces G (min) Nombre de division 1/G (h-1)
Vibrio paraheamolyticus 10 6
Escherichia coli 20 3
Lactobacillus acidophilus 100 0,6
Mycobacterium tuberculosis 1000 0,06
1. Mesure de la croissance
La mesure de la croissance bactérienne peut se faire grâce au dénombrement
cellulaire ou à la mesure de la biomasse ; les deux valeurs, nombre et biomasse
progressent de façon parallèle.
1.1. Mesure de la charge
a- Microscope cellulaire
Les cellules de taille grande peuvent être dénombrées au microscope grâce à un
hématimètre (cellule de Thoma, Malassez, …etc). Pour les bactéries, le
dénombrement peut se faire grâce à la cellule de Petrof-Hausser dont la profondeur
de la cuvette est dix fois plus faible que l’hématimètre.
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46
b- Compteur de particules
Les cellules en suspension sont comptées en utilisant un compteur de particules dans
une solution d’électrolytes.
Lorsqu’une cellule traverse un micro-orifice, deux électrodes placées de part et
d’autre de l’orifice et reliées à un générateur de courant électrique, enregistre une
variation électronique qui est détectée par un compteur.
Ce compteur présente l’inconvénient de compter les cellules ainsi que les autres
particules inertes de même taille.
c- Épifluorescence
Cette méthode permet de dénombrer compte et de distinguer les cellules viables des
cellules mortes. L’orangé d’acridine (fluorochrome) colore les bactéries qui sont
ensuite examinées en ultraviolet, les bactéries vivantes apparaissent en vert, les
mortes en rouge.
Plusieurs inconvénients sont attribués à cette technique :
- Chez les bactéries vivantes, l’ouverture de la double chaîne
nucléotidique induit une fluorescence rouge.
- Les populations inferieures à 105 cellules/ml pour les levures et 106
cellules/ml pour les bactéries ne peuvent être évaluées.
- Chez les bactéries formant des chainettes ou des mycéliums, ce procédé est
inadéquat.
d- Dénombrement après culture
Plusieurs procédés sont suivis pour ce genre de dénombrement de cellules. Partant du
principe que chaque cellule microbienne donne naissance à une colonie, l’étalement puis
l’incubation d’un volume précis d’une suspension microbienne ou de sa dilution à la
surface d’une gélose donne des colonies visibles à l’œil nu et facilement dénombrables.
Cependant, le résultat est exprimé en Unités Formants Colonies (UFC) /ml.
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47
Une autre technique permet de quantifier les cellules viables dans une solution,
notamment dans l’eau.
Cette technique consiste en l’inoculation de 3 à 5 tubes pour chaque dilution, le
nombre de cultures positives dans trois dilutions successives donne le Nombre le
Plus Probable (NPP) qui sera évalué par rapport à la table de Mac GRADY.
D’autres méthodes, comme celle de la filtration sur membrane et la technique de
Postgate (micro colonies sur couche mince), sont utilisées pour le dénombrement des
bactéries.
e- Mesure de la biomasse
La biomasse peut être quantifiée en mesurant soit le poids sec de la culture
microbienne, soit le trouble de la suspension.
La première consiste à récolter les cellules par centrifugation puis au lavage à l’eau
physiologique avant de les passer au séchage à 100-110°C. Le culot est ensuite pesé.
La deuxième technique est plus simple, elle est largement utilisée pour dénombrer
les cellules microbiennes ; cette technique est basée sur la mesure l’absorbance de la
lumière incidente par rapport à celle transmise.
f- Mesure de la turbidité
Plus une bactérie pousse dans un liquide plus ce dernier devient trouble. Il y a
formation d’un voile. On utilise un spectrophotomètre pour mesurer cette
turbidimétrie à travers une mesure appelée densité optique (DO) ou Absorbance (A).
La quantité de lumière transmise à une cellule photosensible est inversement
proportionnelle au nombre de bactérie. Plus, il y a de bactéries, plus l’absorbance
est basse. On peut tracer des courbes de corrélation entre le nombre de bactéries et
l’absorbance. Dans la phase exponentielle, elle est représentée par une droite. (Il faut
au moins 107 bactéries par ml pour pouvoir mesurer une densité optique). Les
milieux très colorés ne peuvent être utilisés.
1.2. Mesure des constituants cellulaires
Certains constituants de la cellule, comme l’ATP qui est indispensable au transfert
d’énergie, le FAD et le FMN, qui sont des coenzymes des déshydrogénases, sont des
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48
marqueurs biotiques de choix. Ils permettent une mesure relativement précise d’une
culture cellulaire donnée.
1.3. Mesure de l’activité cellulaire
La croissance microbienne peut être quantifiée selon plusieurs procédés (Figure 17) :
- Mesure de la consommation d’un substrat présent dans le milieu, comme
l’oxygène, une source de carbone, d’azote ou d’un élément spécifique de
croissance.
- Mesure des produits d’excrétions, notamment le dosage du CO2.
- Mesure des variations physico-chimiques, comme la variation du pH du
milieu suite à son acidification, le potentiel d’oxydo- réduction qui peut
être évalué grâce à des indicateurs redox colorés tel que le bleu de
méthylène, la résazurine ou le tétrazolium.
- Mesure de la chaleur dégagée suite aux réactions de dégradation de
substrats énergétiques.
Figure 17 : Corrélation entre la croissance microbienne et la variation de certains
éléments.
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49
2. Courbe de croissance
La courbe de croissance est obtenue en traçant l’évolution de la biomasse en fonction
du temps. Cette évolution est la vitesse volumique de croissance par unité de temps,
X = f (t).
Dans des conditions de croissance discontinue, la courbe de croissance est constituée
de quatre phases distinctes. Phase de latence, phase exponentielle, phase stationnaire
et phase de déclin (Figure 18).
Figure 18 : Courbe de croissance d’une culture bactérienne dans des conditions de
croissances fermées.
2.1. Phase de latence
C’est une phase de courte durée, elle varie d’une espèce à l’autre. Durant cette phase,
les bactéries s’adaptent au milieu (adaptation enzymatique) et le nombre de bactéries
reste inchangé et égale au nombre initial. Ainsi, le taux de croissance (k) est égal zéro.
Cette phase est influencée par plusieurs facteurs. Plus la concentration de l’inoculum
de départ est importante, moins la phase de latence est longue. Elle est aussi réduite
si les cellules jeunes sont inoculées en culture, l’âge des bactéries provenant de la
phase stationnaire ou de la phase de déclin peut prolonger la phase de latence du fait
que l’inoculum contient beaucoup de cellules mortes alors l’état physiologique des
cellules viables nécessite du temps pour restaurer leurs systèmes enzymatiques mis
en veille.
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50
2.2. Phase exponentielle
Cette phase débute par une phase d’accélération (fin de la phase de latence) durant
laquelle le nombre de bactéries augmente. Elle est suivie par une période
exponentielle de croissance qui se termine par un maximum à la fin de la phase. Le
taux de croissance (k) est maximal.
Durant cette phase, certains métabolites primaires sont synthétisés, comme les
antibiotiques et les toxines. Les paramètres physico-chimiques (l’activité d’eau «AW »,
pH, température, la nature et la concentration des aliments…etc.) influent sur l’allure
de la phase exponentielle et la vitesse spécifique de croissance.
2.3. Phase stationnaire
La phase stationnaire débute par une phase (période) de décélération
(ralentissement) pendant laquelle diminue la vitesse de division cellulaire. Pendant
cette phase (stationnaire), Le taux de croissance (k) du nombre de cellules viables
reste constant. La division cellulaire ne s’est pas arrêtée, mais le taux de mortalité
cellulaire est égal au taux de cellules en division. Ce qui correspond à un équilibre
entre le nombre de nouvelles cellules provenant d’une division cellulaire et le
nombre de cellules qui disparaissent par autolyse.
2.4. Phase de déclin
A ce stade de croissance, le taux de mortalité est plus important que la division
cellulaire et le nombre de cellules diminue considérablement, induisant un taux de
croissance (k) négatif. Ceci est due en grande partie à l’épuisement des nutriments du
milieu de culture et à l’accumulation des déchets parfois toxiques pour les
microorganismes, de plus, le changement de pH peut être limitant. Dans certains cas,
les bactéries survivantes peuvent amorcer une nouvelle croissance au dépend des
nutriments libérés par la lyse des cellules mortes. Ce phénomène est connu sous le
nom de croissance cryptique (Figure 19).
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51
Figure 19 : Schéma graphique de la croissance cryptique chez les bactéries.
2.5. Phénomène de diauxie
Dans un système de culture contenant une seule source de carbone, la croissance
bactérienne s’achève par une phase de déclin qui se traduit par la lyse bactérienne et
la réduction du nombre de bactéries. Cependant, dans un milieu de culture contenant
deux sources de carbone différentes (Exemple : glucose et lactose), la phase
stationnaire n’est pas achevée par une phase de déclin, mais elle est caractérisée par
l’apparition d’une deuxième phase exponentielle (Figure 20). Les bactéries préfèrent
utiliser le glucose d’abord, mais quand celui-ci est épuisé du milieu de culture, elles
utilisent le lactose.
Figure 20 : Phénomène de diauxie chez les bactéries cultivées en présence du glucose
et du lactose comme source de carbone.
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52
3. Types de croissance
3.1. Croissance synchrone et asynchrone
La croissance d’une population microbienne ne se fait pas d’une manière
harmonieuse, les bactéries dans une population ne se divisent pas réellement en
même temps, chaque cellule à sa phase de latence différente des autres cellules. De ce
fait, le schéma de croissance trace une courbe asynchrone. Au contraire, si toutes les
cellules se divisaient en même temps, on obtient une courbe synchrone (Figure 21).
Figure 21 : Schéma de croissance bactérienne synchrone et asynchrone
3.2. Croissance continue
Les quatre phases de croissance vues jusqu’ici (latence, exponentielle, stationnaire et
déclin) sont obtenues dans un milieu fermé. Pour atteindre un but d’intérêt industriel
(Ex : fermentation), il est plus pratique de maintenir les bactéries en phase
exponentielle. Ceci est possible en renouvelant le milieu de culture et en éliminant les
produits du métabolisme en utilisant les Turbidostats (Figure 22) et les chémostats.
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Figure 22 : Schéma du turbidostat
4. Agents antimicrobiens
La croissance bactérienne doit être contrôlée pour mieux diriger son usage à des fins
expérimentales ou industrielles.
De multiples agents physiques et chimiques sont utilisés pour inhiber ou tuer les
microorganimes selon plusieurs procédés.
6.1. Chaleur
La chaleur, humide ou sèche, est un moyen utilisé pour stériliser les matériaux de
laboratoires, chirurgicales….
6.2. Filtration
Utilisée pour réduire la population microbienne dans les solutions thermosensibles et
parfois pour stériliser des solutions. Aussi utilisée pour réduire la population
microbienne de l’air.
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54
6.3. Radiations
- Les radiations ultraviolettes (UV) sont très létales mais ne pénètrent pas
bien le verre, les films de poussière, l’eau et d’autres substances.
- Les radiations ionisantes pénètrent les objets en profondeur. Elles
détruisent les endospores bactériennes mais pas les virus.
Elles sont utilisées pour la stérilisation des antibiotiques, des hormones, des fils de
suture, des aliments et des objets plastiques à usage unique.
6.4. Désinfection
Destruction ou inhibition des formes végétatives des bactéries et des virus mais pas
des spores. La désinfection est momentanée et utilisée seulement pour les objets
inertes selon l’objectif. Un désinfectant ne stérilise pas nécessairement un objet parce
qu’il peut laisser des spores viables et quelques micro-organismes. Les désinfectants
habituels sont des agents chimiques.
6.5. Stérilisation
Écartement complète ou destruction de toutes les formes vitales des
microorganismes, elle est utilisée seulement pour les objets inertes.
6.6. Antisepsie
Application chimique sur la surface du corps pour détruire ou inhiber les formes
végétatives des bactéries pathogènes. Les agents chimiques inhibent le
développement de germes pathogènes lorsqu’ils sont appliqués sur un tissu.
Exemple de certains agents antimicrobiens.
- Composés phénoliques :
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55
- Alcools :
- Halogènes : Chlore et Iode,
- Métaux lourds :
Les métaux lourds rendent inactives les cellules en se fixant sur les groupes
sulfhydryle des protéines.
- Gaz :
H2O2
Peroxyde d'hydrogène Ethylène oxyde
6.7. Pasteurisation
La pasteurisation consiste en un chauffage contrôlé à des températures inférieures au
point d’ébullition. Elle tue les germes pathogènes, réduit la population microbienne
totale et augmente le temps de conservation.
Ex : Pasteurisation du lait, des jus de fruits…
- Flash-pasteurisation : Chauffage rapide à une température élevée (72°C pendant
15 secondes suivi par un refroidissement rapide).
- Pasteurisation à température ultra-élevée : 140 à 150°C pendant 1 à 3 secondes.
6.8. Thyndallisation
Décrite par Thyndall, cette opération consiste à stériliser certains milieux liquides qui
ne tôlèrent pas une température élevée.
Le chauffage se réalise trois fois de suite à 60 à 70°C et dure 30 minutes à une heure à
intervalle de temps de 24 heures. Ceci permet de détruire non seulement les formes
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56
végétatives des bactéries, mais aussi les spores qui germent entre chaque intervalle
de temps et reprennent leurs vies végétatives.
6.9. Antibiotiques
Les antibiotiques sont des agents antimicrobiens. Ce sont des produits chimiques,
synthétiques ou naturels, utilisée à l’intérieur des tissus de l’hôte pour détruire ou
inhiber les microorganismes pathogènes. Ces agents chimiothérapeutiques sont
dépourvus de toxicité.
Selon leurs actions antimicrobiennes, deux catégories d’agents antimicrobiens sont
rencontrées :
- Les antibiotiques statiques : Agents qui inhibent la croissance, tels que :
Bactériostatique et fongistatique.
- Les antibiotiques germicides qui détruisent totalement les germes pathogènes
mais pas nécessairement les endospores, tels que :
Bactéricides, fongicides, algicides et virucides.
La classification des antibiotiques peut être fondée aussi sur le spectre d’activité, deux
groupes d’antibiotiques sont alors distingués ; les antibiotiques à large spectre et ceux
à spectre étroit.
La classification chimique est la plus souvent utilisée, elle repose sur la composition
chimique de chaque antibiotique (Tableau 6).
D’autre part, le mode et le site d’action des antibiotiques permettent de classer les
différents antibiotiques.
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57
Tableau 6 : Principales familles d’antibiotiques et leurs modes d’actions
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58
6.9.1. Mode d’action
Les cibles habituellement visées par l’action des antibiotiques sont celles qui
constituent un élément indispensable et constant pour la survie de la cellule
bactérienne.
La paroi bactérienne, la membrane, l’ADN et les ribosomes sont des sites d’action des
antibiotiques (Figure 23).
Figure 23 : Schéma des sites d’action des antibiotiques
a) L’Action des antibiotiques sur la paroi bactérienne comprend :
- La fixation sur des enzymes responsables de la synthèse de la paroi (Β-
lactamines, Ex : pénicilline)
- Le bloquage de la transpeptidation et la synthèse du peptidoglycane en se
fixant sur un précurseur (Glycopeptides)
- L’inhibition de la synthèse intracytoplasmique du peptidoglycane
(Fosfomycine)
b) Lésion de la membrane cytoplasmique. Ex : Polymyxines qui est actif
exclusivement sur les bactéries Gram négatives.
c) L’action sur l’ADN qui se traduit par :
- Inhibition de l’ADN topoisomérases dont l'ADN gyrase. Ex : Quinolones et
fluoroquinolones
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- Action sur l’hydrofolate réductase et inhiber la synthèse de purine. Ex
: Sulfamides, triméthoprime
- Fragmentation de la double hélice d’ADN. Ex : Imidazolés
- Fixation à l'ARN polymérase ADN dépendante ce qui bloque la transcription de
l’ARN. Ex : Rifamycines
d) Interruption de la synthèse des protéines. Ex : Aminoside et tetracycline
interviennent au niveau de là sous unité 30S du ribosome, l’acide fucidique et
phénicol se fixent sur là sous unité 50S.
6.9.2. Résistance aux antibiotiques
L’usage abusif des antibiotiques a permis l’apparition et l’évolution progressive de
la résistance microbienne aux différents antibiotiques. L’extension de cette résistance
a concerné la plupart des bactéries pathogènes. La connaissance des mécanismes
biochimiques et le support génétique de la résistance permet de guider le choix
thérapeutique, plusieurs mécanismes sont identifiés (Tableau 7).
Tableau 7 : Mécanismes de la résistance bactérienne de certains antibiotiques
Deux types de résistance aux antibiotiques sont connus, la résistance bactérienne
naturelle et la résistance acquise.
a. Résistance naturelle
La résistance naturelle est présente chez tous les individus de la même espèce.
Ainsi, les Entérobactéries et Pseudomonas résistent naturellement aux macrolides. Les
Mycoplasmes résistent au β lactamine.
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60
b. Résistance acquise
La résistance acquise concerne un groupe de cellules bactériennes, normalement
sensibles, sans être obligatoirement présentes chez les autres cellules appartenant à
la même espèce. Ce type de résistance concerne un pourcentage de bactéries
pathogènes plus ou moins faible. L’isolement de bactéries résistantes est observé
surtout en milieux hospitaliers. On note, la résistance à la streptomycine et à la
quinolone.
6.9.3. Support génétique de la résistance
Les bactéries naturellement résistantes aux antibiotiques possèdent un arsenal
génétique sur le chromosome bactérien. Suite aux divisions cellulaires, les gènes de
résistance sont transmis d’une génération à l’autre.
Pour les bactéries ayant des résistances acquises, l’information génétique est
localisée dans le chromosome bactérien et/ou supportée par les plasmides de
résistances.
La transmission de ce type de résistance est assurée par trois mécanismes, la
transduction qui nécessite l’intervention d’un vecteur viral (phage), la
transformation d’ADN exogène nu et son incorporation au génome de la bactérie en
phase de compétence et la conjugaison (Figure 24) entre une bactérie donatrice et
une bactérie réceptrice.
Figure 24 : phénomène de conjugaison entre une bactérie donatrice et une bactérie
réceptrice de matériel génétique.
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61
Chapitre VI
Notions de mycologie et de virologie
1. Mycologie
Le monde des protistes inferieures ne comprend pas uniquement les bactéries, mais
aussi les champignons microscopiques ou mycètes.
Ceux-ci comprennent les champignons unicellulaires ou levures et les champignons
filamenteux ou moisissures.
1.1. Taxonomie
La classification systématique des champignons
La classification simplifiée des mycètes peut être résumée selon l’aspect du thalle ou
mycélium (Organigraphie fongique). Trois classes alors se distinguent (Figure 25) :
- Les champignons filamenteux (Aspergillus, penicellum)
- Les champignons levuriformes (Saccharomyces, Candida)
- Les champignons dimorphiques (Candida)
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62
Aspergillus (Ascomycètes) Saccharomyces cerevisiae
Dimorphisme cellulaire de C. albicans.
(A) levure (B) mycélienne
Figure 25 : Différents aspects cellulaires et mycélien des champignons unicellulaires.
1.2. Morphologie
Ce sont des organismes unicellulaires dont les cellules possèdent un vrai noyau
(eucaryote). Elles se nourrissent par absorption et utilisent le carbone organique
comme source de carbone (hétérotrophe).
Leur habitat courant est le sol et vivent généralement dans des conditions
d’aérobiose et d’humidité à des températures allant de 20 à 27°C.
Les mycètes sont des champignons unicellulaires, leurs formes sont variables selon
l’espèce (sphérique, ovoïde ou mycélienne).
Les levures ont généralement des formes ovales, d'environ 4-6 x 6-8 μm mais peuvent
atteindre 50 µm.
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63
Les champignons filamenteux se caractérisent par la formation du
mycélium. Ce dernier est composé d'un ensemble de filaments, plus ou moins
ramifiés, appelés hyphes, que l'on trouve dans le sol ou le substrat de culture.
Les champignons qualifiés de dimorphiques se présentent sous forme filamenteuse et
levuriforme selon l'environnement et les conditions de croissances.
Exemple : Candida albicans est une levure saprophyte des muqueuses digestives et
vaginales mais donne des prolongements d’hyphes (mycélium) quand les conditions
lui sont favorables en cas d’immunodéficience de l’hôte.
La membrane cellulaire des champignons est constituée de stérols (l'ergostérol
principalement), et un cytoplasme dépourvu de chlorophylle. La plupart des
champignons possèdent un mycélium constitué de tubes appelés hyphes.
La paroi cellulaire externe rigide contient typiquement de la chitine et du glucane :
- Chitine : Elle se caractérise par des liaisons ß1-4 de glucosamine spécifique des
champignons.
- Glucanes : En plus des liaisons ß1-3, se trouvent les liaisons ß1-6 de différents
résidus osidiques (mannose, galactose, glucose, tréhalose…).
1.3. Méthodes d’isolement et d’identification
Afin d’isoler les mycètes, plusieurs milieux de cultures sont utilisés au laboratoire,
milieu Sabouraud (liquide ou gélose), YPD (Yeast Peptone Agar) ou PDA (Pomme de
terre, Dextrose Agar).
L’isolement et la purification d’une souche contaminée par des bactéries sont réalisés
par repiquage sur une gélose sélective contenant un ou des antibactériens (ex. :
chloramphénicol, gentamicine).
La purification d’une souche contaminée par un autre champignon se fait par
l’inoculation d’une gélose contenant de la cycloheximide. La souche contaminante
sera inhibée si sensible. Dans le cas contraire, procéder par dilution et repiquage
successif sur gélose jusqu’à l’obtention d’une souche pure.
Cours de microbiologie générale, 2éme Année - SNV
64
L’identification des champignons unicellulaires diffère selon qu’il s’agit de levures
ou de champignons filamenteux. Malgré que l’identification génétique reste la plus
précise et la plus fiable, l’identification biochimique et la micro culture sont les plus
utilisées au laboratoire. Plusieurs procédés sont envisagés pour identifier une espèce,
l’exemple suivant résume le schéma d’identification des levures.
1.4. Reproduction
La reproduction des champignons est complexe, reflétant ainsi l'hétérogénéité de leur
mode de vie. Elle peut être sexuée ou asexuée, bien que certains champignons
alternent entre les deux types de reproduction.
La reproduction asexuée chez les champignons peut se faire par bourgeonnement,
fission binaire, fragmentation, ou par formation de spores, la sporulation est souvent
observée.
Le bourgeonnement et la fission binaire sont les formes de reproduction asexuée les
plus simples. Le bourgeonnement est une division inégale du cytoplasme, résultant
en une cellule mère et une cellule fille plus petite que la cellule mère. La fission
binaire par contre aboutit à deux cellules identiques. Ces deux formes de
reproduction suivant la mitose.
La sporulation est souvent observée chez les champignons, elle se fait à travers les
spores asexuées. Suite à une mitose, ces spores se transforment en cellules
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65
reproductives qui, après dispersion, se développent en de nouveaux organismes.
2. Virologie
L’idée d’agent doté d’un pouvoir infectieux qui n’appartient ni aux bactéries ni à
d’autres organismes connus fut son apparition en 1892. Suite aux observations de
Iwanowski, la mosaïque de tabac était un agent infectieux qui n’était pas encore
identifié. Cet auteur a évoqué l’existence d’un nouvel organisme appelé par la suite «
virus ou virion ».
Beaucoup plus tard, en 1946, la virologie est née suite aux travaux de Enders qui a
montré que les virus peuvent être cultivés sur les cellules.
2.1. Morphologie (Capside et enveloppe)
Les virus sont constitués d’une molécule d’acide nucléique associée à des protéines
internes et entourée par une coque de protection de nature protéique, la capside.
Cette dernière peut être nue ou enfermée dans une enveloppe dite péplos (Figure 26).
Figure 26 : Structures des différents types de virus.
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66
Certaines propriétés sont communes à tous les virus
- Organisation simple et acellulaire.
- Parasites intracellulaires obligatoires.
- Un génome d'acide nucléique d'ADN ou d'ARN.
- Ne peuvent se reproduire de façon autonome.
- Ne possèdent aucune information génétique concernant les enzymes
métaboliques.
- Les génomes viraux sont associés à des protéines qui entourent les particules
virales (formes les plus simples). Chez certains virus, cette nucléoprotéine est
entourée par plus d'une protéine ou bicouche lipidique.
- Les protéines les plus extérieures de la particule virale permettent au virus de
reconnaître la cellule hôte et de pénétrer dans son cytoplasme.
2.2. Différents types de virus
Selon leurs structures, quatre types de virus sont connus (Figure 27).
Figure 27 : Différentes structures virales
Lwof, Horne et Tournier ont décrits une classification appelée système LHT. 74
familles sont, par conséquent, définies (Tableau 8). Cette classification prend en
considération :
- La nature ribonucléique (R) ou désoxyribinucléique (D) du génome
- Le nombre de brin, simple (SB) ou double (DB)
- La structure et l’organisation du génome, circulaire (C) ou hélicoïdale (H)
- La présence d’une enveloppe (E) ou non (N)
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67
La classification courante fait référence au type de génome, ainsi les virus à ADN
sont couramment appelés adénovirus, ceux à ARN, des rétrovirus.
Cependant, certains virus ne sont pas encore classés, tel que le virus de Norwalk,
responsable de diarrhée et l’agent d’encéphalite spongiforme, appelé prion.
Tableau 8 : Classification des virus selon le système LHT
ARN AND : virus à ARN impliquant une phase ADN dans leur cycle de réplication. n-seg : segmenté, seg : segmenté.
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68
Chapitre VII
Rôle des microorganismes
La microbiologie est la science qui a pour objet non seulement les microorganismes et
les activités qui les caractérisent, mais elle étudie aussi les relations entretenues entre
eux et leur milieu naturel ou artificiel.
1. Microorganismes et environnement
Les microorganismes sont des êtres vivants cosmopolites, ils sont retrouvés dans tout
l’environnement, il existe un lien naturel entre la microbiologie et la microbiologie de
l’environnement. Les microorganismes montrent une grande diversité de
métabolisme et occupent toutes les niches écologiques.
Le domaine de la microbiologie de l'environnement inclut l'étude des
microorganismes retrouvés dans les sols, sédiments, eaux et air en plus de leur
relation entre eux et avec les humains, les animaux et les plantes.
Les microorganismes aident à la compréhension des effets dus aux changements
climatiques car ils jouent un rôle crucial dans les cycles biogéochimiques, y compris
le cycle du carbone. Ils sont retrouvés dans le sol où ils sont impliqués dans sa
fertilisation. Plusieurs cycles écologiques font intervenir les microorganismes, tel que
le cycle d’azote dont interviennent les espèces de Nitromonas et Nitrobacter.
De plus, le rôle de biodégradation des microorganismes dans l’environnement est
très important.
2. Microorganismes et santé
Les microorganismes occupent différents endroits du corps humain, dont la peau et
les muqueuses intestinales.
La microbiologie médicale est une branche de la médecine qui s’occupe de la
recherche des microbes dans les prélèvements d'origine humaine dans le but de
diagnostiquer des pathologies infectieuses associées.
Cours de microbiologie générale, 2éme Année - SNV
69
Cette discipline comprend la bactériologie médicale, la virologie médicale, la
mycologie médicale et la parasitologie médicale. Elle s’étend à la microbiologie dans
le domaine de la pharmacologie pour l’amélioration de la bio remédiation ou encore
la découverte de métabolites microbiens d’intérêt. Elle utilise les microorganismes
dans un but thérapeutique tel que la synthèse de l’insuline et des antibiotiques.
3. Microorganismes et industrie
Les microorganismes sont largement utilisés dans le domaine industriel. La
fabrication des denrées alimentaires, des produits pharmaceutiques, certaines
enzymes à intérêts industriel fait appel aux microorganismes.
Le domaine de la microbiologie inclut l'étude des microorganismes impliqués dans
les biotechnologies dans tous les domaines de l'activité humaine.
Du fait que leur manipulation simple et rentable, les microorganismes constituent un
outil d'aide à la décision simple, fiable, rapide avec un coût raisonnable dans le
domaine de l’industrie.
La microbiologie appliquée peut aider à fournir des solutions à certaines des
problèmes les plus pressants du monde actuel comme les sources d'énergie
alternatives (biocarburants) et l'assainissement de la pollution industrielle.
4. Microorganismes et agriculture
La microbiologie est intimement liée à la production alimentaire, où les microbes
peuvent avoir des impacts positifs. Les fermentations alimentaires peuvent ajouter de
la saveur et une valeur nutritive et jouer ainsi un rôle important dans le domaine de
l’agro-alimentaire.
Les chercheurs sont engagés dans le contrôle de l’impact des déchets agricoles sur
l'environnement. Ils s’intéressent aussi au développement des inocula de rhizobium
pour améliorer le rendement des cultures de légumineuses (Rhizobium-
légumineuses).
D’autre part, la microbiologie prévisionnelle représente un grand intérêt dans la
gestion de la sécurité sanitaire des produits alimentaires. Elle offre des avantages
Cours de microbiologie générale, 2éme Année - SNV
70
incontournables pour l'appréciation de la croissance microbienne et la gestion globale
de la qualité microbiologique dans des buts précis comprenant :
- La production de biomasse et recyclage de résidus
- L’évaluation des mécanismes cellulaires et moléculaires de résistance des
plantes à l'infection microbienne
- L’isolement, identification, caractérisation physiologique et génétique des
bactéries associées aux plantes cultivées
- L’écologie des micro-organismes modifiés génétiquement libérés dans
l'environnement
- Biochimie de l'humus. Biodégradation des composés organiques de synthèse