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scRittCAýza ctviLtO
7 (ig83)
BotCeflQ a/GrZG7SMo
-corzino
FRAIiqOISE GASPARRI
ENSEIGNEAIENT ET TECHI\TIQUES DE L'ECRITURE DU AiOITN-AGE A LA FIN DU XVI° SIECLE
Ortographia, ut Quintiliano placer, est rette scribendi scientia. Haec vox duplex est: altera ettim nitide, altera tit rette scribal. Al- tera scribentus cunt elententa our litteras debitis suis figuris designa- vimus, ita ut suam proportionetn et justam quantitatem servent; ars vero illius rota in exercitio contitubo tit manuum habilitate consistit. C'est ainsi que l'auteur du De modo rette scribendi' exprimait ce que fon entendait, au moyen-äge, par Part d'ecriture ou orthogra- phe. Celui-ci consistait en deut disciplines: In connaissance de l'or- thographe proprement Bite, de la grammaire et de la ponctuation (recce scribere), et d'autre part la pratique manuelle du trace des Iettres dans de justes proportions et avec des formes appropriees et claires (nitide scribere): c'est 1'aspect technique et materiel de l'or- thographe, ou orthographia ntanualis. S'il nous reste assez de textes pour connaitre, dans les Brandes lignes, quel pouvait eire, avant 1'epoque universitaire, I'enseignement de l'orthographe et de la gram- maire Bans ]es ecoles episcopales et monastiques, il en va tout autre- ment de I'orthographe manuelle, de I'enseignement de l'ecriture au lens materiel et physique du terme. Comment l'enfant etait-il forme ä la connaissance des lettres, leer forme, leur trace, et ä la pratique de la reproduction manuelle de ces lettres? La question a d'autant plus d'interet en des siecles oü savoir tracer Ies lettres impliquait la connaissance des differents elements qui les composaient et fordre de leur trace, chaque Iettre representant un dessin autonome et non,
1. De r.: odo recle scriberdi, crane sur fart d'dcrire et I'orthographe, composd ou du moins eopie au debut du XVTO sicde ä l'abbayc dc Tegemsee en Bavicre: Munich, Chn 18799, f. 117r. Cf. S. H. SrEmBEzG, Instructions in Writing by Members of the Congregslion of llfclk, daps Speculum, XVI, 2 (avril 1941).
202 Fzi-! iy'O: SE G, üP. lü2t
comme dc nos jours, unc suite dc formes liecs critic cllcs cn I'll seul gestc dc la main. Cct asp= dc 1'cnscigncment nc nous cst Pra' tiqucmcnt pas parvenu car son caractýrc primairc - situe ýý 1'aPprcntissage dc la lecture ct eclui de la rammairc -, bas` sur 1'cntrainemcnt
et l'acroutuman tg 'ý cc pa}"siqucs, en faisait tin objet d
des Setgnement purement oral, trr. nsmis dc maitre a Cleve, du maitre novices jeune moinc d'une au
, sans I'intcrmzdiairc d'unc thc. oric, methodc C"crite ni "core moins d'un traite doctrinal. Il ýIistc ce' pendant ici et lii quelque textcs o: t fragments dc tcxtcs qui PeuvCrt nous donner quclqucs ides trr:, s fragmentairrs sur la nature
dc cct enseignemcnt. Des textes du I: ý' sizr. lc traitant dc la definition et dc In signification des lcttres nos donncnt tin apcrýtt sur Ic modý de division du trace en difiýt, cnts rlernents, ct Ic nombrc
des clc. ments qui composent noms dc vi
c}ý, que lettrc =' srlemn.. nts alors designs Sous les ra
elementairesg °u virgulc, Aillcun on apprend aussi guc 11 rýgles de pour bien Crrire donnaient parfois lieu a la redaction petits textcs generalemcnt ecrits en vers sortcs dc contincs quc Ics enfants devaient apprendre ' tt: l cc texte du Xj° si"
Pý cocur pour Ies mieux apP1i quer, crle: I. ittera sit recta, sin; p! c: t, equalis, apertar sic bene /ormata lirreari sed local a, parks discrete spcciis mediarrtibrrs us et metris rctiore v el ararire r: exis'. Il restc, dans ce domaine beaucoup cc
genre, petitcs a d6xouvnr ct la misc ü jour de tcxtcs
dc
rait bcaucou Poesies qui devaicnt circulcr dans lcs ecolcs, apportc- pa1 histoirc dc 1ýsýgn cmcnt c7erncntsýirc. Si lcs rýglcs les pour le
concdittract: des lcttrts nous sont mal eonnucs ecllcs g tssýt ui reý ions matt: riclles et , sont encore plus. j, es "
traitent dtt instruments dc I'i"criturc le
que chose , h"glcs monasti tcnncnt bicn quel
thme dc travail qucs nous aPP
parfois sur le n les instrumcn dans Ic scriptorium ct enumý't
ner un Iivre ts que dolt Possrdcr le scribe pour confection" mais on y c}tcrcherat cuon sur 1'enscignement en vain la moindrc instN blissement
reli ieua ratrque ýoý'n' chaquc monast"r. rc:, ehaquc
eca" d'ailleurs
varier tr' devart avoir ses habitudes, lcsqucllcs dcvaiý't
ý peu cntrc c11cs, ý cn juger par !c Gir. uü: re uni
2. Voir cod. Be A 417 S. IOSr. s"' prctatus em ý 10cr (IýC" s: cck Dr 1i11ait l.: iris 10" J.
r. " . r: r... Lalirranr ý i. I iiý Peclanl dsns I;, I" '" ý"rc.. 'a: s flt: rc::: s quje s.. ' rss.. ": i" n6ditýcsdcIý plus Ecncrala.
Crs-r_; ý:. "ý-i ý'III, Lciiip löi0: vvir aý'
s" II. c,. ca:., 14- 10612. ü. 106ý""1oSr (1ý` ýý 3.1116i, Bibl. mun., ms. 7 (?: Iý s: ja'`..: ) tatr sa:: ýit ät
D; SEIG\'E, \SEA'T DE L, ECRITURE 203
versel de 1'ecriture dans l'Europe medievale; point n'etait besoin de diffuser
ces habitudes a l'exterieur. C'est, au XIII° siecle, l'eclate- ment de la societe l'apparition d'une classe moyenne, la bourgeoisie, et l ouverture du monde laique sur 1'instruction qui vont apporter du nouveau daps le domaine de 1'6criture. Non seulement 1'ecriture sort du cadre clerical pour etre pratiquee par les laics, les etudiants des universites ou les scribes professionnels qui doivent repondre ä une tres grande demande, mail les religieux eux-memes se trouvent confronter a un besoin d'6crire de plus en plus grand, pour enrichir lour bibliotheque et pour faire face a la demande exterieure, car nom- breux etaient Les monasteres ob Ies moines ecrivaient pour des clients exterieurs, gagnant ainsi lour vie par un travail a la commande. Les reglcs rites sur le trace des lettres et les principes fondamentaux de l'ecriture materielle font alors leur apparition'; les seuls que nous connaissions ne sont pas anterieurs au XIV` siecle: nous en avons donne la liste ailleurs 5; ils sont tous le reflet de textes anterieurs, i. nseres daps de vaster traites de grammaire et d'orthographe dont ils formaient
un chapitre. Le plus ancien de ces traites, la Forma scri- 6endi,
redigee par Hugo Spechtshart vets 1346 6, s'adresse aux cle- riculis novellis; on y apprend tout d'abord les vingt lettres de 1'al- phabet Latin, Les deux lettres de l'alphabet grec (y et z), et les cinq '-'oyelles; suit un chapitre sur le nom des lettres, puls, dans la deu-
4.11 faut mettre a part les traitcs rdatifs aus regles 3 observer pour la redaction et la mise au net des acta juridiques, ou aux formulaires de chancellerie, qui ont dti erdstet de sous temps. Pour Je XIIIc siede les deux plus connus sont la summa de crte prosardi de Conrad de Alure (ed. L. ROCKINGER, Brie/steller und Formelbücher
des XLXItr Jahrhundert, Quellen, zur Bayer. und deutschen Geschichte, IX, pp. 437- 439) oii sont cxprimces la regles de la mise en page, de l'emploi des majuscules dons le texte de Ia ponctuation et de I'dcriture ellongee. Un autre traite est le Speculum judicj.; le de Guillaume Durand, livre II, De rescripli presentatione 53n. 4-7 (cf. Rtsnot. F VON HEcKE! Eire Ka:: Jciarmeisung über schri/tnrässige Ausstattung der Papstur. (ucden aus der: 13. Jahrhundert im Durantis Speculum judiciale. dans Fest-
schrift für Georg Leidinger, Altarich. 1930, pp. 109-118) qui traite aussi de l'dcriture
des acres: ces rrglcmcnts de chancellerie ne peuvent pas ere considdrds comme des
t tds d'ccriture au sees large du terms. 5. F. GASPARßt L'erscigremert de l'Fcriture ä la fin du moyen-2ge: ä pro pos du
rrcttetut in Durst.: '. Deut scriberdi, ms. 76 de l'abbaye de Kremsmünster, dons Scrittura e chiltä, III (1979), pp. 246.247.
6. Hugo Spechtshart, Forma scribe,: di: B31c, Bib!. univ. ms. AX 136 et Krems.
tnanster, ms. 76, fi. 301v-303v (1460) (ed. S. H. STEINBERG, dans Transactions of the Bibliographic.! Sor. 'ety, XX!, 1 (1940-1941), PP. 264-278.
204 FEANQOISE GJSPAYYI
xieme partie, sont etudies la taille de In plume et le trace des let-
tres: le scribe choisira une plume de I'aile droite de l'oiscau pour
mieux ecrire mais il dolt eire aussi capable d'ecrire aver une plume prelevee sur l'aile gauche; les deux bees de In plume doivent care de
longueur egale; pour ecrire sur tablettes de eire il convient de dis-
poser d'un style tres acere. Pour la construction des lettres, Hugo distingue un premier groupe, les littere punctuales, generalement aP-
pelees littere originales: a, e, c, d, o, g, q, s, t et le signe us; le d
doit eire de forme onciale (transversum tractum), le j est traverse d'un petit trait (medium iractum), les lettres in, n, i, r, it sont for-
mees d'un ou de plusieurs jambages (baculus) relies par le haut (sursum) ou par le bas (deorsum); le r (soul le r droit est envisage) est forme d'un baculus et d'un punches accoles; les lettres b, h, L',
et 1 doivent avoir une meme haste haute (tractus) etc. Les lettres b,
c, d, f, g, e, p, t, r, s et v, redoublecs, peuvent titre liees entre olles' Dans l'ecriture des documents (cartula missiles) les lettres I et s do'. - vent eire hautes quelles que soient celles qui les precedent ou qm les suivent. Aux lettres c, r, g, t on pout fier (conlexere, nectere) n'importe quelle autre lottre. 0 ou e peuvent titre ligaturees aver los lettres b, d, h, p qui les precedent. On emploie he r rond (ciirvittu) apres o, b, d, p, v. L'ecriture doit eire reguliere en haut comme en bas, les ýhastes montantes et descendantes d'egale longueur. L'espace entre les lettres doit eire de la largeur d'un baculus (trait dc la lar-
geur de la plume). Les abreviations a connaitre sont cellos des syl- -labes et des mots suivants" non, rum, TO, per, tur, cruýj, reties, de,
sed, et, hic, edam, quod, quot, que, quantum, guts, qua, quemgiie, con. Ces regles permettent d'obtenir une ecriture pure qui pout ou- vrir la Porte ä de belles carrieres: ergo clericulis sint bec recitaiida 'novellis, ingiie scolis variis, cum sit doctrina salubris et dulces flares per quos prestantur honores. Un autre traue du mime genre, anony- me et un peu posterieur (fin du X 7c siecle - debut du XT siccle)' existait jadis a la bibliotheque dc Prague' et faisait partie dune summa plus importante; il traite du trace des lettres dans 1'ecriture ordinaire, la notula simplicis: les differents traits sont appeles Punc- tus (trait court trace aver toute la largeur de In plume), baculus (trait
7. Prague, Bibl. univ., Lit. E. n. 9. De qz:. Gr erri terrporiGus. (cf. II PAU`t, Eine Anweisting zur Kalfigrapbie as dorr. 15. jebrburdert, dans Arttiger lÜr Kunde der deutschen Vorzeit, neue Folge, XII, 2 (fEvrier 1865], col. 49.53 et XII, 3( 1865], col. 89-92.
EtiSEIC. 'E'. SE. \? DE L'ECItITURE 205
i
long de m me largeur), virgula (trait fin trace avec le tranchant de la plume), le tracing (trait en general), puuctus perverses (trait brise, retourne), caput (sommcc dune lehre ou d'un trait), le pes (base d'une lehre ou d'un trait), le punctas quadratus (trait de Iongueur Egale a sa largeur, par exemple I'epaule du r) et le punctus trans- verses (trait oblique). Les lettres doivent eire Rees entre elles par 1eurs
virgule inferieures ou superieures; les bastes montantes et plon- geantes doivent titre de longueur egale, le d oncial doit depasser le corps des Iettres par le haut, le s rond par le bas. L'espacement des Iettres dolt eire egal a une largueur de plume. Il n'est pas question, Bans cc traite, de la taille de la plume. Nous ne nous attarderons pas Sur le trait6 anonyme compose viers 1420 ä l'abbaye de Melk, le . Lractatus in omnenr modum scribendi: nous en avons donne ailleurs Panalyse
et le texte s. L'originalite de cc trait6 est qu'il presente une doctrine
et les motivations de sa redaction: la pretention de certains faut; calligraphes qui nu la ration vere artis prehibite kathedrales et modistas Se jactitant. Apres avoir evoque les differentes categories de lettres (magis principales, minus principales, simplices, elevate, vir- gulate, caudate, rotunde), l'auteur analyse le trace de chaque Iettre: le vocabulaire pour designer les elements des lettres est le meme que Bans le precedent traite, auquel il faut ajouter In galea ou trait ar- rondi trace a la fin dun punclus ou baculus; au vocabulaire anato- niique (caput, pes) s'ajoutent les mots venter (panse), dorsum (trait oblique), umbilicus (trait median), gremium (<( oeil » du g). L'ecriture. ideale, prise comme modele, est la semirotueda ou semiquadrata (quod idenr est), ä mi-chemin entre in reforme italienne et les tra- ditions germaniques de la gothique. Les regles d'espacement des let-
tres et des mots sont dirigees, comme precedemment, par 1'epaisseur des traits et les proportions de blancs et de noirs. Une autre origi- nalfite de cc texte est de nous donner les deux fawns de tailler la
plume: la partie droite du bec doit titre plus longue que la gauche pour la littera separata et les deux bees d'egale longueur pour la fracta et la notrila simplex. Le quatrieme modus scribendi, anonyme lui aussi, fut compose en Autriche vets 1440', plutöt pour assister le maitre d'ecriture que pour le remplacer. Du point de vue descriptif
8. Voir note 5. 9. his. jadis ii l'abbayc de hicIl:, cod. 4G 16, sc trouvait en 1940 entre les mains
d'un dc scs &iitcurs, St, Morison (cd. Sr. MoRiso: t, B. BIscnoFF, S. H. STEINBERG, Cambridge University Press, 1940).
206 FW. QoIS£ C SPAz. z
ce traitd n'apporte rien de nouveau: il rocede des r6cCdents; pour le ductus, au contraire, il donne pP du trace, lottre par ]ettrc, rý
ý daps tin premier chapitre, ICs rirglcs
s ct destinies n &re appri- res par Coeur, daps une deuxiemc en vets
parti des instructions en prose pour le trace des littere origir; ales et des filtere versales ou majuscu- les. La plume doit titre tallee en bias le cötd droit plus court que le cote gauche. Il ya six sorter de nolula: rotunda (quod tales scribas Ut litteras undique claudas), fracture (ut littera in medio frangatur), se- mifracta (superius frangatur.. in! eri; rs direcla), simplex (simplex scri- batur, circa mediran virgula sumlllattrr), sep.: cta (sic erit sepacta tit vir- gula bene peracta, ad modtun sepis), ecuta (scribatur ecuta 111 litiera sit rardigrre stricta . Les notule se tangent en trois catdgorics, curieusis, liberalis, ar; tiqua sive ylalicalis" ]a not ý" hautes et de sorte trla yta. rcalis s'dcrit sans bastes que touter les littere virgrrlate (f, s, p, q) soient courtes: scribitur sine elevaturis per locum et quod ormtes littere vir- gulate sirrt breves. La notnla liberal is scribitur tali modo 11 on: rtes elevature sirrt equales superius eque for: ge elevate et entre mag rte inf erirrs, et littere virgulate eque breves quanttut superius tanttrm inferius. Dans la nolula curiensis Ics hastcs montantes Ct plongeantes sont deux foil plus longues que dann ]a liberalis ct toutes ICs lettres doivent titre equidistantes
et dispos6es de teile sorte u'on po inscrire une lettre haute entre q urrnit Il apparait donc que les traitds d'ccriturcaecrits aux XI\r` et 1'V` siecles, tres certainement suivant des modaes plus anciens et des ri" glements seculaires, nous permettent de connaitre los traditions con' cernant le trace et le ductus ]a methode mndmotechnique dc I'ensei- gnement, la taille de la plume en relation avec le type d'dcriture envisage, l'ecriture de bast los differentes
sorter d" , support de 1'cnseigncmcnt dlüncnt: tirc et cxritures que les moines ou las scribes
Profs' sionnels devaient connaitre. Ces textes sont done, plus qu'on ne lc Dense genera]ement, riches l'ecriture dans les siecles antdri urs du mo "en .
ue. Ilspne ont pas ls
d
souls, es Urre autre categoric de g' par los paleo ra her source, gcncralcmcnt assrz nc: gligý'c pense hors du
ädre dc
le slims
sur ýe d
'gnýent c': lcmentnirc dis cadre itinerants es mitres d'dcolc, plus ou ea: crcant en vi le' gendralcmcnt Bans kur f°Pm maison. Cette forme d'ense' P d'hui de laique, gnement q s'adressait aux enfants des familles
qualifirions s coo' me aux enfants du peuple, et mime aux adultes, payant pour los
207 G`: SEIG. 'S?. tE: "T DE t. 'EGßtTUFE
rich il suElisait sans doute tout juste ä cs, uratuit pour les pauvres; s ecoles « privees »
assurer la subsistance du professeur. Ca petite elles
ýtaient, en grande quantite, an moms depuis le XIII` sieg ýe ent
Sont, aujourd'hui encore, tris mal connues; pourtant le dep
des archives municipales, en particulier les registres
de deliberations
des conseils municipaux et les registres des u6soriers
elles nous ont
mettrait de les micu. ý: apprrhender. Les documents gu
"*'ý sont de deux sortes: les mciieils de modeles
de letün s com- espace
portant le plus souvent, au dessous de chaque modele,
Ce de 1'el'eve, et les affiches blanc destine ä etre rempli par 1'eXeru de 1'ecole pour faire Publicit: iires destinces a etre eaposees 'a la Porte connaitrc la nature er les conditions
de 1'enseignement dispense; ce
üqucs et vivants, les uns et
sont des sources de renseignements pr les autres assortis d'unc terminolog1e
des types d'ecriture enseignes
a{fiches conservees et, le plus souvent, de mod: les de lettres" I. ec
siecle; depuis leur
aujourd'liui ne remontent pas au delä du ý' deux nouveaux te-
f"`ýnsementº etabli ar Carl 'We1uT'er en 194611, , 12 P aulourd
hui connu , 1'un, le plus ancien
, tardif 13, mon- moins ont ctc decouverts: 1 T siecle, autre, ý rest date de la premiere moitic du hZý ý la methode
d enseigne- tre que sous le ri"gtic de Charles IX enÖUý l'objet d'une m6me Pu- ment traditionnclle cxistait ct faisait touj
e la diffusion de 1'impri- blicite,
s'adressant a un metne publics malgC propose que - merie, Au XIZ" siecle, le maitre, habitant d, Odord' ne
destines ý des textes liturgi quatrc modJes d'ccriture liturgique, tous
premier, en ecriture luxueuse et ques accompagnix dc la musique "
lc P le deuxieme, en ecriture de grand format, pour un psautier
de chocurý 6crimre pour missels et
b °`ýý
dc cllc ct pllc peatriemcc ýis`'ý
tyTpes d'ecriture pour des
chocur, q
dc 11 taillc dc Paris, vingt-dcux 10. Rrgine Pemoud sign-23e. d'al'ý 1a ý+ . a(ü.
La lentme all tentps des cathe-
toolu laiques da. "u 1s %"illc, tr"ues par da fctama dans -AY- dr:. les, PAris. Stock, 1950, p. 73). ýten 1lfittela! ters,
11. Cýrt. ýCnt. ý. tES, Die Srhrribrr; strrl"lstter des sP'
.,. 147-161. a,. Early jýriting Master at 1""SeS 1dcrc.: ti, XrI (1946). p. c Otis. Ar. 'rrrrt Sheet o
ure ar: x 3ý'v` ý` siPcles. A Oxlord 47-64. "
1-, S1. duuP. S
ýcr. u 3: (1956), pP
te dans Scrittura 13. F. GASrarst, 80., e s:: r I rrsrib " tr rr
. Yrt ä la Bibl. nat., dko"' propos d'ur, r. oust.: u F'.:.:.. rd du ?. '1'I` sicdr
e erriltd, 11 (1979), pp. 2,, 5.261. º", rt o nrs (taetc ct musiquc). - 14" f 5: pu=c . ',! itcrrrr. -f6:
1 r. rr:. , respo: tsoritun) `ýut dc 1'ctznf; lc dc saint Je:. '1. - f. S: Scrit : rtdr. us (
208 rx. x_, poasr ca. spsut
livres dc format portatif; il n'v a aucunc adressc pe. rsonnellc du maitre au public, de sorte qu'il est impossible d'npprchendcr Ia terminologie dc ces ecritures: cUes correspondent toutcfois aux rcritures quc lcs maitres contincntaux contemporains appellent teYtrrs fractrrs, tettlrS se-
w'e mi/ractus, ou seruiguadratus textr, s prtsciurs ou sine pcdibrrs, Cr ecriture toutc simple dc type livresquc quc Pon aurait sans doutc appelee notula textualis ou littera rotunda. Lc placard de JohsMes von Hagen de Bodencverderu (fin 1'Wc_ deut XT sii., clc) zatanonce les types d'ecriture enseign6s. textus quadratrrs, texitis prescisus ou sine pedibus, serrriquadratrrs, "rotru;
dus bsstardus, separatus, rrotuJa otrr! a fýaetrrrarunr, et don- simplex, rotula acuta, notrda eonclavata, une, pour chaque c-criture, un tcxtc modi: lc. Lc premier document
vcritablement cxplicite et dont 1'intention et le caractere publicitaires sont clairement exprim6s, est le placard d'Hermann Strepcl, ma d'ecriture exergant ä Münster, data de 1447 `6- s'adrcssant ü tous les
ecoliers dcsireux d'apprýdre a bien e crirc en " peu dc temps, il Sven. gage ä enseigner quarre
modus co types d'ýiture, la fracta, In rotrurda,
le piistarrrnr (appe1L ailleurs curiensis) ct la brevitura (bastard") suivant la nature du texte ä 6rrirr
giques ou documents ofiiciels. ' psauuers, autres manuscrits
litur- On a done, pour la premi&e fois dans
cc type de document, l'attestation d'unc double orientation dc 1'cnsca" gnement: ecritures livresqua, ýtuý aussi les maitres d'acriture diplomatiqucs. En Fran' ""ployaicnt les mýmcs moycns dc proPa" gande pour un enseignement
logucs. Sur 1'afliche du qm ýposaat sur des types d'ccriture ana- de diverses ecritures maitre de Toulousc n, cc sont des modJý sentes, ainsi quc des sgoýquý'
b5tardes et cursivcs qui sont Pr`'' ý
Perimens dc capitales cndavccs; I'adressc, sup- port des modc. les de lettres
'a t ýd'gC` moitia cn latin moitie C" frangais et appelle les enfants
e ýur aPPrcndre a lire, it c. ccrire et aussi a compter: c'est le v
Premier t6noignagc d'un cnscigncmcnt pri-
Un(t J15. deýCf ýsorchrgý sseL
IX ,N
(19_(, cuýe), Forscbangs
proj-ý1'er, e der P4l3oar.: pbic, dans Archiv Pr 16. Ms. La Hayc, Bibl. Pk 161.167
. rý"ýr. Writing Masters, dans The Ms. 76D 45.5 (cf. SH Sm ry rxe, The hlt3iti Libra of Medieva Writing s ýrý
[1941], PP" 1.24 ct A Har. alisf 17. Cfl CELESiIx DovAtsrbsd' "'1III [19''"19; 31, pp. 191"1
hfelanges sttr SairrtSernin de Toul . , Un fpreure d' r. ', --:. 'Ire d ltole du .9
i)1`trt
si2clt, äans
ouse f , zý II LISLE, dans Journal des savants, 1899. p. 55. ' Tlc"ouse, 1696, pp. ; 9.53, et L. DL'
i +SEICýEhSý17 D£ LMCBITURS 209
malre complet: si slut clerici in arte scribendi instruendi, ad me srt- Pradictum lestinanter dirigantur... si artem querculandi vultis adhipi- se que (sic) Pictagoras instrnit, vos jocunde edocebo. Nam qui com- puttarr igrrorat et complectitur cuncta ignorat et nichil complectitur rree differi polest a ceteris aninralibus..., « ...
il ya un maistre en Geste bonne ville qui ... apprend ä bien lire, escripre et de comptes et de chiffres... je vows apprendray bien vrayment et sans trompe- ment; pauvres pour Dieu, riches pour argent receüs seres. Pour cc venes Y tous bien prestament car je m'esnuie de plus attendre et suis tout las de 1a vous dire ». A Erfurt, vers la fin du XV` siecle, Johan- nes Brune, maitre d'ecriture et citoyen de la ville, propose aussi un double
enseignement de l'ecriture 1S: ecritures livresques (textus qua- dratrls, prescisus, rotundus), initiales fantaisistes et ornees (floritura, illunrinatura)
et ecriture diplomatique (notula curiensis) en usage dans Ies chancelleries.
Les maitres d'ecriture ne se sont pas contents de confection- ner des affiches pour attirer l'attention des passants et recruter des Neves, ils ont aussi Dompose des cahiers de modeles destines ä etre mis entre les mains des enfants qui devaient s'exercer a les recopier, mais destines aussi probablement ä etre montres en public dans la
rue, ä la maniere des camelots: nous avons plusieurs temoignages de
rette publicite ambulante, source d'une farouche concurrence et par- tiCulierement mal vue des confreres ". Aucun des recueils de modeles Conserves ne remonte plus haut que le XV° siede. Certains d'entre
eux reproduisent des testes publicitaires. Le maitre d'ecriture Robert de T' de Nantes `', s'adressant aux enfants er aux adultes desireux d'appre-ndre, promet d'enseigner la littera curialis, simplex, currens, le textus fractus er semifracttts, la littera separata seit conclavata et la bastarda. En realite son recueil de modeles ne presente que des spe- cimens de bitardes de modules plus ou mains grands, intitulees « let-
tre curiale », « bastarde », « de minute )>, « courante ». Un autre recucil de modeles, compose a Montpellier vers le milieu du XV- sie- de 21 et depourvu de toute terminologie, presente des modeles de
IS. MMs. Breslau, BibL univ., IVF 1512 (cf. STEINBERG, The Medieval Writing Masters: voir note 16).
19. Cf. G. B. PAUtTV; Or Co'nprndio del Brande volume de Parte del bene et leg-
Si ran: ente srrivere rotte Ie sorti di fettere, Venise, 1578.
20. Paris, Bib!. nat., ms. 1st. 8655. Cf. L. DEIasLE, dons Revue bistorigue et artbfo! ogioue du Afaine, XIV (1S98), P. I.
14
210 FxA:; QO3SE GASAdxxi
batardes plus ou moms livresqucs er d'c:, critures dc forme plus ou moms Brande; les testes qui supportent cos specimens sont un me' lange dc fragments de psaumes, dc moralitCs, de proverbes et dc testes galants. D'autres recueils dc modelos existent pour la France, redigcs au XV° sieclc: Ic recur-il dc can Mielot, chanoine dc Lille , presents divers sPecimens dc bstardes avec initiales gothiques et let- tres cadeaux. Deux autres reciteils dc modelos de la fin du sieclc, proposent des C"critures de forme ct des « cancellcreschc » italicnnes avec initiales ä grotesques r, et unc kriture bstarde livresque aver « lottere a groppi » 2/, daps un melange dc textcs picux, fragments de psaumes, de prieres et de moralitc: s ainsi que des formules de duuº' cellerie (suscriptions, adressec) et de testes galants dont il somit tres amusant d'etudier le contenu. En Memagne aussi, quelques documents dc cc genre ont etc conser .: un recucil dc modelos ccrit pendant la premiere moitie du X'%T- sii de par un maitre anonyme ct conserve a Wurzbourg u, presence des spCcimens dc texture er dc trottle aI' initiales, mais sans termi. nologie. D'autres livres dc modelos noun offrent toute la serie des 6critures plus ou brisces quo 1on rencontre daps Ios modus scribet; di: moms
fracas semi! racta, rotunda, sepata, sine pedibus, ainsi que toutes Iss sons dc
rotr: le ". Un autrc traits de cc genre, compose en France au debut du XVI` sieclc et inconnu jusqu'ici n, CA en quelque sorts un modele du genre. C'cst un cahier dc modelos, ccrit sur le recto des fcuillets seulement; en haut dc la page figure une Iettre initiale gothiquc ou capitals carrcc orncc dc rubans ou de grotesques, suivic d'un texte en ecriturc b: itardc puis, a partir du f° 34, en « cancellcresra » italicnne; la partic infcricurc de la page est laissce en blanc, r rv, 5c a est 1'cxcrcice de I'devc, lcquý
sont, trace d'une main try maladroite. Les textcs mode
de , comme ailleurs, des pontes Phrases moralisantcs, des fragments prieres, mans Iss plus nombreux sons des c': logcs dc 1'ecriture,
21. Montpcllicr, Bibl. univ., m512. 22. Paris, Bibi ' . nat., ms. fr. 17031, dux dc 1463. 23. Chartres, Bibl. nun., nu, 621. 24. Besancon, Bibl. mun., ms. 534, 25. wurzbourg, Bibl. Sehrl2
\V
erblich in der Univ. Uri
(d. BErry Ktja t, Frsgr.: crte eus einer.: goliseb a zrrtit, tsbib: io: bri: :: ý t; 'irburg, Bans )cbrbuch des Iýruuthistorischu, tier i: Zentr, l: orrr; uriar. fmar 26. Bibl. dc 1 Etat Dcikr, p? rge, IX (19151, Pl' 173)" prusslen (cf. ST.:,. fluso: r dings of the britisb acadrnr , The : rl of prirtirg, dann Procer
27. Paris, Bibl. s, fir. r,
[19371, P. 396). nat., ms. fr. SSS: rocs cn "Orl kross procluincmcnt 1'cdition.
E. tiSE1Gti'E. `. m%T DE L'ECRI7URE 211
sortes de slogans publicitaires qui pourraient eire des reminiscences de texten figurant sur des placards. Particulierement riche par le con- tent des texten, par I'abondance des modeles traces par le maitre et des e- ercices d'eleves cc cahier est un temoin tardif et significatif de methodes et de traditions medievales. Toutefois ni les placards ni las necueils ou cahiers de modeles ne nous renseignent sur les metho- deS materielles de l'enseignement; certains donnent des specimens Sans terminologie, d'autres enumerent lea differents types d'ecriture avec 1e noms appropries er nous presentent le contenu ideal de Pen- seignement d'un bon maitre d'ecriture et d'un copiste de chartes. On Y apprend aussi qu'un ban apprentissage devait durer au moins deu. x rnois er qu'il etait normalement payant. Nulle part il n'est ques- tion de la methode, ni meme de la taille de la plume, du mobilier ou de l'entrainement manuel. Ces documents etaient seulement desti- ny 3 attirer la clientele en lui permettant de mesurer 1'etendue du Savoir dispense et les conditions d'admission; -quant aux cahiers de modeles, c'etait des recueils d'exercices, nullement destines ä rem- Placer les maitres mais plutöt faits pour les aider dans leur ensei- gnement: cc ne sont pas des guides mais seulement. des instruments. A partir du milieu du X'V° siecle I'adresse se fait le plus souvent en langue
vulgaire, 1'enseignement ne se Limite plus ä la seule ecriture mais englobe egalement le calcul pour repondre a la demande dune
clientele bourgeoise et essenriellement marchande. Quant a l'ecriture
eile-meme, si Les principaux types d'ecritures livresques continuent ä titre enseignes, eile s'oriente, surtout apres I'invention de I'imprime- rie, vers la connaissance de la littera curieusis et des « cancelleresche » italiennes, pour la formation des scribes de chancellerie. Mais l'exis- tence et des atliches et des recueils de modeles, au XVI° siecle en- tere, prouve que cette forme d'enseignement prive, itinerant, empiri- que, n'avair pas ete remplace, comme l'a pense S. H. Steinberg u, par des maitres d'ecriture officiels ni par des calligraphes patentes.
C'est en effet daps un tout autre esprit que wont titre rediges les traites d'ecriture des maitres italiens des XV° et XVI° siecles. Produits de la reforme de 1'ecriture et des idees humanistiques, ces ouvrages sont de veritables manuels de fart d'ecrire mais, en meme temps, his sont Les successeurs et heritiers des modus scribendi des sieden precedents et visent ä exposer 1'essentiel des connaissances des
28. S. H. SrEMBUG, The Mediecd Wriling Masters: voir note 16.
212 FZl: JpiSE GAS? Ax. Z!
profcssionncls, non sculcment les formes dc lcttres mais Huss' les procCdds, les instruments de 1'C"criturc ct parfois lt. ys mcthode5
d'C11- seignement. Cc n'cst pas le lieu ici d',
-vcr Ics ori incs de 1'idýý- logic humanistique en matiere d'ccriturcý t la fa n dont ces idccs
ont L"tC plus ou moms vc: hiculCYs par jes maitres d, criturc. L'" G'sa- massima en a traite cý: celjcrtun; nt et a dc agc avcc dnrce le rölc le plus souvcnt conservatcur des calligraphe
Sciatts 1'udoption ct la d'f-
fusion des formes graphiqua nouvcllcs =': un rclcve syst6maü9ue des mod'eles proposes cst ä cet cgard re: -velateur. Il cst cependant important de remarquer que cc mouvement dc recherche dans le domaine graphique et calligraphiquc a son originc dans les pr, , occu- pations des premiers a antiquaires ?, collectionncuts d'inscriptions dans ]'Italic du Trecento
ct du Quattroccnto: Cola di RienZO qut dechiffra beaucoup d'inscri lions des lcýons de A dc In Rome antique dont il do Philosophie Politique; Giovanni Dondi, nmi dc Pe" trarque, qui etudia la colonne Tra raire de Rome; un ma
jannc ct rýýciigca en 1375 un itine-
nombre d'inscri ý. n}, and d Anconc, Ciriaco, qui rc unit un gMnd pu"o ' Pus hiýiegna
et Pun des premiers calligrýi ph - es connus, Felice Feliciano dc V& excursions archeolo i ues One qui firent ensemble des
des textes 6pigraphiquý, au bord du lac dc Garde pour }' ropter donc issue d'une düna ý
recherche calligraphique en Italic est prenant alors ä cc quc les
e dintellcrtuels, archeologucs. Ricn de sur-
reposent sur la formation premiers traitcs d'ý-criture des rnlligruPlies tracec ä la regle et au
construction dc la rapitnle romaine, date dc 1463, insiste su
ý dýdcncP äctllivrc dc Pclicc Fcliciano "',
tantin. Un autre petit ouvragc, 1'ý cmPirc romain npris Coii copiste, miniaturiste, relieur et
Pýafýelutrt de Damiano da h1o}ýIc , premier traite imprime de cc
1? ýf°is ccramistc dc Parmc, cst le 1477 et 1483; il c: tudic aussi
genre, paru vraisemblablcment entre tales romaines; lc vocabulairc construction g6ometriquc des CaP- descriptif,
trýs pauvrc, cst cmpruntcs 29. E. Cnsnt, Asstnte, Trcttcti di
polifilo, 1966. tcrittur.: eel Griucr.; crto it.:. 'isr. o, Milano 30. Bibl. Vat., ms. lat. 538. Ed. G. rýr,. s Gctturt ronra, rurJ (traduit en aný par R. i . i-
ý oý Fe: ire Fr: i: i: r, o caoresr iUPý' . Bodoni, 1960, in 811,140 pp. BOOn«orn), Vcrotic, Eciitiona o66n" 31. Excmplairc unique con5cn. 6 ä la B. b"ý°" soN, A New Discovered Treatise on Gýji, ! tý Fýa: ina
-I. Panýne" cf. Sr, b1oAt" rpiantis
orisottý Paris, 1927.1950, Reproduced i. Fair: s!
Di'tb cr
Ir,. 'roducttiortrLy Slj.: ý
hf ý'
E, ': SEIG\'E. lfE. '. T DE L'ZC8[TURE 213 la terminologie anatomique. Cc sont des preoccupations de mathema- uGen que reflete 1'ouvrage de Luca Pacioli, publie dans un vaste traue de mathc: matique et de geometrie, la Divina Proportione 32, oit la construction des capitales romaines est basee non plus sur la dou- zaeme mais sur la neuvieme partie du carre. Le premier traite d'ecri- ture complet, etudiant les differentes sortes d'ecritures en usage, les recettes pour faire 1'encre, construire la mise en page, tailler Ia plu- me, la tenue du corps et de la plume, est celui de Sigismundo de Fmltts,
professeur de mathematiques ä Ferrare, la Theorica et Prac- tica,,, de »>odo scribendi fabricandique atrnes litterarum species 33: 1'auteur
se propose de faire connaitre les differents types d'ecritures, italicae at gallicae, utiles non seulement aus copistes de livres (« fer- mata ))- = ecriture de forme, <c antiqua »= caroline renovee, « mo- derna
»= gothique) ou aux notaires de chancellerie (« cancellarie »), mats aussi aux marchands et bourgeois pour tenir leurs livres de comptes et leurs notes (« cursivae » et « mercenariae »). Selon lui, Personne na su jusqu'alors traiter la matiere avec competence parce que les maitres d'ecriture n'etaient pas des mathematiciens; parmi les tYpes d'ecritures examines dans cet ouvrage il est ä remarquer que la « fermata moderna », ou ecriture de forme, est consideree comme « janua del scriptore, principio, origine et fondamento de tutte le let- tere, si italice come tramontane »; les regles pratiques de 1'ensei- gnement de 1'ecriture sont les suivantes: choisir la qualite du Papier suivant le type d'ecriture envisage: pour la « fermata moder- na » le papier dolt etre lisse et bien encolle parce que la plume doit titre epaisse et lourde; pour les capitales, tant antiques que modernes (gothiques), il faut du papier imperial ou royal, le meilleur etant ce- lui de Fabriano di Castello dans les Marches, gros, dur et bien en- colle, ce qui vaut aussi pour le parchemin d'agneau, de chevre ou de veau. Pour in <fermata moderna » il convient de blanchir le
32. Luck PAetou, DiLira proportiont, opera a lull gli iugegni perspicaci e cu- riori recessaria ose G: rr.: r. studioso di pbilosopbia, prospectiva, pictura, sculptura, arcbittctur«, m. usic.: e eitre r.: atbtr.:. aice, suavissima, souile e admirabile doctrina conse- 4uira e dtlect. r. ssi co, v.: rie questior. t de secrelissima scientia, Venise, 1509. Cf. Sr. ltiioraSOa Fr.: Luý: de Pcdoli of forgo San Sepolcro, New York, 1933; G. M$DRI, Le opereýc:. 7igr"f. che a stamps. I. Frate Luca Pacioli e it tratlalo delta «Divina pro- portiorr a, in All'irstgr, a del libro, I(1925), pp. 19-28.
33. TGeor. 'cs et prsclica prrspiG nssimi Sigismundi de Fanlis Ferrarieusis in artem n: ctbt. ruict proftssoris de r.; o.. ''o scriber. di fabricandique onutes litterarum species, Ve- r'isc, Johannes Rubcus, 1514. Cf. G. ASeDS1, Le opere calligrafiche cit., III, pp. 88-103.
214 FW. O1St GtSP. U. Z1
papier avec de la peinturc blanche et 3 1'aide d'un petit instrument
appele « pied dc licvre »" cc proc&ic est tout ä fait deconscille pour
les ecritures de chancellerie. Le format du livre obe: it a des regles
strictes: 1a hauteur doit titre une fois ct den i plus grande quc la lar-
geur, les marges doivent &re calculties suivant In largeur de la fcutllc'
la largeur des colonnes doit titre la m me que cello de in Marge exte-
rieure et l'espacement des colones sera calculi: en fonction des au
tres dimensions. Pour tracer la rtglure it convient d'utiliser le peigne de plomb ou d'etain (l'auteur donne une recctte pour Ic fabriquer,
ainsi qu'une recette pour faire la colle); le pupitre sur lequel on eicrit doit titre large de quatre onces er long d'un pied, et recouvert
d'un
feutre. Le texte a copier sera place de tolle Sorte quc l'0c puissc
voir au moins trois lignes d'ecriture. Le scribe doit titre ass's sur
un bane. Les recettes pour fabriquer l'encre sont gc n&ralement trey d&taillees dans les traites de calligraphic: nous n'cn parlerons pas ii
car elles ont fait l'objet d'une etude tees complete, qui dolt P' prochainement ". La pecia doit ctre compos6c de 16 colonises
40
lignes et de 40 lettres par ligne; pour in gloss it faut compter 6
lignes par colonne et 32 lettres par lignc. Les instruments dc 1'6üi-
ture sont la plume ou le calame, Ic couteau, in regle, In mine de
plomb, le compas, 1'equerre, la peinture, les ciseaux, 1'encrcfcr le
c et papier. Le couteau pour taller la plume dolt titre do bon leger, in lame deux fois plus course quc Ic manche, lequel dolt ý, rc
aussi long que six doigts de In main, et de section rondo An qu on
puisse le retourner facilemcnt Bans In main. La plume d'o'e cst la
meilleure parce que ronde, dure et dcpourvuc do graisse, de sorts que 1'encre ne glisse pas sur elle; eile est apte 3 touter Ics 6critures de petit calibre, mais pour tracer Its lettres dune certainc grandeur it vaut mieux choisir une plume de h&on ou dc u grotto marino », parce que tres grosse et dure comme de Pos; on pout egalement uu- liser des plumes de laiton ou do fcr ou encore d'os, qui soot bones pour tracer les grandes lettres, mais it faut savoir quc Ic calame (roseau) est excellent: on dolt le choisir de taille moyenne,
do coin leur marron clair aver une icorce c aissc et un petit canal; on Jut fait les trois entailles habituelles avec Ic couteau ä tailler et on of ins la Pointe avec une Pierre ponce, de cellos quc l'on trouve ? In a rla' rina di Mongibello» en Sidle. Quant a la plume, it faut tout d'abOrd
34. MONIQUE ZißDOUN BAT YEiiOIIDA, Le,; cr-rct r. oires aa r.: oytr. Jde" ou`oSC i1 paraitre aux 1"ditions du CN. RS.
vee) on peut ne pas fendre Ja plume ou la fendre legerement. Il faut tenir ]a plume entre le pouce et 1'index, ces deux doigts etant etendus et non recourbes, les autres doigts replies sauf I'auriculaire qui doit eire etendu sur le papier. Le papier peat titre pose sur un support horizontal
ou oblique. Pour 1'ecriture diplomatique la distance entre "es llgnes dolt etre de quatre fois la hauteur du corps des lettres, la distance d'une lettre a 1'autre egale au noir de la lettre et 1'espace- 13'ent des mots doit etre de la largeur d'un o ou d'un w: ce sont Iä les memes principes que Pon voir dejä enonces dans les modus scribe, tdi des XIiT` et XT` siecles. D'autres traites d'ecriture du debut du XVI' siede n'etudient que le trace des capitales romaines's et ne nous apportent rien pour 1'histoire de la technique ou de 1'apprentis- sage de 1'ecriture. Les deux traites de Ludovico degli Arrighi Vicen- t1n0, ecrivain de brefs apostoliques, la Operina da imparare di scri- vere litlera cancellarescha... et II modo di temperare le penne... 16,
"'Cptrnnent ]a tradition medievale ancienne du trace base sur les deux traits fondamentaux" « il tratto piano e grosso » (que les traites me- diei'au-t
appelaient tractus ou bacttltts), trace de toute In largeur de
35. Voir FswvcEsoo TOL\1ELL0, Opera del modo de tare le lettere uraiuscole antique eon r~isura di eircino et resor. r. e de penr. a, Milan, 1517. Cf. R. $ERTIERI, Cal. Irg -iI e scr. ltori di t. �.. tteri in It. »ria r. ei secolo XVI, in II risorginrento grafico, XXIV (1927). Voir aussi 1 ,, Is litteraria de Harttnann Schedcl: cod. Monac. 451.
36. LunovJco DEtLr ARRlettt VteE:. 'rt. %o, Lt operina... da imparare di scrivere ""era
G: nce! l.: rescb. r con . r. o! te dire rove littere agiunte et una bellissima ragione di
abb.. cbo rr. olto r. eress: r. 'o a chi impara a scrirere et fare conto, Rome, 1522, et Il
modo di ter.; per.: re le per. r. e eor, t%: rie sorti de littcre, Rome, 1523. Cf. G. MANZONI, Studi di bib! iodr isi er:! itita, I, Bologne, 1882, pp. 98-116; J. 1VARDROP, Arrighi
Ret'iaed, in S, 'gr,. u«re, l1I (1939), pp. 2646; Sr. 11IoRIsoY, The Calligraphic Models
Of L"rdos: co dea! i Arriabi, Surr.. r.: ed rirertino. A Complete Facsimile, Paris, 1906
(hioAtasnola n. 15).
VeSEIG\'EMiL\? DE L'ZCRIT[1RE 215
la frorter aver le manche du couteau, puls placer le « manche » de la Plume entre I'anulaire et le medius, et I'extremite entre le pouce et 1'Inde dirigee vers soi; ensuite faire ]es deux entailles et echar- ner l'interieur, tailler la pointe droit et non en biseau, aussi large qu'il le faut en fonction des lettres que ]'on aa ecrire; enfin il con- "'lent de fendre la pointe de teile sorte que la longueur de la fente snit egale a deux fois la largeur de la Pointe, Iaquelle devra etre Poncee legerement. Pour I'ecriture « mercenaria » la deuxieme en- taille sera falte en forme de bec d'aigle pour que la pointe soit dure; Pour la « fermata moderna » (ecriture de forme) il ne faut en aucun cas fendre ]a plume; pour In « minuscule antique » (caroline reno-
216 ruosrsuE GdSmLtI
la plume, at Ail tratto acuto c soitilc» (appdd jadis virguula), trace
avec le tranchant dc In plume; los reglos qui pr6sident au ductus et
aux liaisons des Iettres entre alles sont las memo que calla qu'enon-
aaient las modus scribez: di des siixles pr&&lents. Les excrti d'
ture consistent ä tracer d'abord des Icttres scpari. &cs puls des phra 13 completes, an divers types d'ecriturc. Las regics pour tattier de plume different tris peu de gelles prcconisces par Sigismondo Fantis. Les modelos d'icritures proposes sons los « cancctlctrsýzC d't
la los « mercantesche » mail aussi des sptrimens dc gothiques at tiales capitales at onciales ornees d'entrelacs at de rubans,
daps
plus pure tradition mC-dicvalc. Un autre traits: qui sc fait 1'&11O dc
la tradition medicvale est lc Lunrinario de Giov n-Battista de Vcri-
nis ", dans lequel est ctudie Ie track de la littera modern, 1. littera
antiqua at les « maiuscole moderne » (majuscules gothiques): l'auteur
dLplore la disparition progressive de la littera moderna qui ne scut, dit-il, plus que pour les graduell at les antiphonäues, at acta par la faute de l'imprimeric: « gia peu tempo fa era di bono e Wand5'
guadagno ma al presente mi pare si use e la causa si si c Pý
quests benedetta stampa the a guasta si nobille e
si bella Flust'' ch
mi dubito the non passi cinquanta anni the non si trovcra the sapP1 fare uno graduale ». Pour cote Cicriture gothique il convient
d'utili-
ser . un papier royal ou imperial que Pon lisscra avec uno dent de
porc; ensuite, apres avoir inscrit la rc lure on passcra la « vernicc v
an polissant avec un morceau dc papier dc mama qualitc. Lc p11710us medieval est appele ice « punto b, ou bien « testa » s'il est rccour ' at la virgula « frego »: a partir de cos trois traits est analyse
le
ductus de chaquc lottre dc la moderns. as reglas pour los ligature l'espacement des lettres at des mots sont toujours los mamas que daps les modus medie vaux. Dans le traits de Giovan Antonio Taglientc le
premier rang est donne a la « tessera antica tonda », ou carol-in' re'- novee: « richiede grande ingegnio di misura at arte » ainsi qu'ii
In
« fermata moderna » (lottre dc forme). Le proctde pour falllau 1e5
plumes est repris sur las trains prt-ctdcnts mail ii est prtSci5e clue pour la « mercantesca » il faut tailler la Pointe dc la plume arrondic'
37. IOIIANNES IiAPTISTA Dr jTr-x;; IS, r--ria si rl d. [Tascolsno, 15273 ýrý E. CASAATASSIrtA, Fircnzc, 1466). Cf. G. i Suý; 1+ ätudi Cit., pp l; ti-145; ýcion du livrc III par A. F. JOHNSON ct Sr. rlorjSO::, On be Third Ch: p: cr of the LiGcr clr men: orun: liuerartmr..., Cambridge, Zti19-i7, irl S: udy i,; the History of Ccl- ligraphy.
E; SEIQ\T. "dE\T DE LYCRITURE 217
et Plus grosse. Cc n'est qu'ä partir du milieu du XVMe siecle que Pon voit
apParaitre, dans Ies traites de calligraphic, des preoccupations histo- riques, Giovan-Battista Palatino est le premier qui se soit interesse au-1 ecritures anciennes a, ecritures orientales: hebraique, chaldeenne, arabe egyptienne, syrienne, illirienne etc..., et ecritures nationales: « longobarda
», « espagnola », <c fiammenga », « tedesca », « france- se » (bätarde er gothique). A part sa nomenclature des ecritures, tr4 abondante et quelque peu fantaisiste, ce traite ne presente au- c""'- originalfite er reste Bans In plus pure tradition medievale, tant en ce qui concerne In division des traits qui composent la lettre que daps les regles d'espacement des lettres et des mots, et de liaisons des caracteres entre eux. G. B. Palatino insiste toutefois davantage sur les instruments et le materiel pour ecrire: il preconise ! 'usage du calame de plomb plutöt que de bois car celui-ci desseche trop 1, cnere; l'encrier dolt titre aussi large au col qu'ä la base, et pas trop Profond, et doit eire recouvert d'un tissu de soie pour proteger I'encre de la poussiere. La plume (d'oie domestique) doit eire con- server daps un petit vase de sorte que In partie taillee seulement t emPe Bans ! 'eau: elle ne doit en effet jamais rester a sec, nous dit 1'auteur
sinon elle fait les lettres baveuses; il faut aussi eviter de la frotter aver un tissu ou sous les cendres chaudes pour I'arrondir, comme on le voit faire ordinairement. Le couteau it tailler doit eire en acier, le manche trois fois plus long que la lame. On taillera la Plume sur un doigte, place sur le pouce et de preference de couleur noire aün que le blanc de la plume ressorte davantage. La « ver- ntce» doit eire faire de cocquille d'oeuf debarassee de sa pellicule interne et sechee daps un four: on l'etend sur le papier avec un « Pied de licvre ». Le copiste dolt s'eclairer avec une Lampe it huile
38. G. B. PALATtNo Libro ruot. o dir. p.: rare a scrivere cutte Sorte lettere antiche et J`Ojerre di tulle ratiori con nuove resole, rsisuri et essempi..., Rome, Benedetto Gio
, I-540 (x iadition, 15 5), et Corrpendio del grande volume de ! 'arte del bene
et IegSi ar, r erte scrivere tune le sorti de lettere.... Venise, 1566 (20 Edition, 1578). Cf. E. C'SAEUSSt: L4, Tr.: tt.. ti di scrillura cit., pp. 50.53; G. MANZONI, Studi cit., pp. 7a . -, g ct 232.235; J. ýC'Axnaor, Civir Romanus sum, G. B. Palatino and His Circle, in Siz, ziure, NS., XIV (1952), pp. 3.39; pour in bibliographic des dditions, cf. A. F.
J°tNsati, AC ºoguc of It ::: rr Writing Boakr in the aº'VI Century, in Signature,
1\'-S", Zi (1950), pp. 31-33.
ce qui permet d'cýcrire rapidement et sans usure. La meilleure plume `st la Plume d'oie domestique ou de « cesano », qui est plus dure
218 Fi1L`JQO1SE GSSAIZAI
ct non dc suif ou dc cire car ces deux dcrnicrs procýK1ý donnct't
une flamme vacillante. La lamp. - dolt Etrc recouý'ertc d'un Pcüt ý'a-
reElc, peau. Les instruments dc l'ixriture sont le compas, 1'69ucrre, la
le « rigatoio » qui reglc unc ou deux lignes a In fots, les peutis
pinces pour tenir la « riga falsa n ou fcuillc rý: glcse, placý"e SOUS feuille a Ccrirc ct qui permct, par transparence, d'ccrirc droit, le
style qui sert a maintcnir la feuillc, en place et immobile pendant Olt
qu'on tcrit. Pour ccrirc in «canccllcresca n il faut quc In plutnc s
taillce en biais, le cötC droit plus court quc le cött gauche. L'auteý
nous rcvele tine mcthode singulii: rement pratique pour initicr les a
butants, methodc qu'il dit avoir cmprunt%-c a Quintilicn: CCII`-r-i
consiste a prendre une tablettc dc bois ou de cuivrc dans laquell
on sculptc, en creux, toutes les Icttres dc l'alphabct, ct un style en
Ctain massif, cpais comme une petite plume d'oic ct auquel on fart
une entaille comme pour In plume mais sans In fcnte; Ic dcbuttns
dirigera cc style comme it lc ferait pour unc plume, dans Ics sillon des lettres gravees, suivant l'ordre et Ic sens du trace des lcttres, et
il recommencera ces mi: mcs gestcs jusqu'ä cc qu'il sache se dirig a
lui-meme avec assurance; ensuitc il eommencera a "zrirc sur un P
pier rcglc ii quatre lignes t-quidistantcs, tracccs a la pointc ou tu coin
teau, pourvu qu'elles ne soicnt pas noires: les deux lignes du milicU
serviront a delimiter lc corps des lettres, les deux lignes extramcs a delimiter les hastes montantcs et plongeantes. Au bout de qucl
ques jours 1'Cl've pourra Ccrirc entre dcwx ligncs sculcmcnt, en fm
sur une seule ligne, quand sa main sera de: finitivcmcnt assurL`c" Il
pourra alors Cerire sur une feuille blanche sous laquelle on aura plnC6 In « riga falsa » jusqu'ä cc qu'il n'aic plus bcsoin d'aucun guide P°ur Ccrire droit et rcgulierement. Lc d6butant devra utiliser une plutnc faiblement taillce et bien fendue pour que 1'cncre eoule facilenjent' Palatino fulmine contre ceux qui n'ont qu'une connaissance praugUe de 1'ccriture, acquise ä force de copier lcs modi: les des autres, stCiant tracer seulement une ou deux sortcs de lcctres commc pcintes aU pinceau: cc sont les « scrivani n ou « copistc a,
ýoppose: ýe a eeu, qur
ont une connaissance thicoriquc, basi. -c sur In a vera gcomctria v" j, cs calligraphes qui ont suivi Palatino n'a rtcnt rien dc noUVenu ni pour les modeles de lettres ni pour les
tcýthniques de 1'ccriture s': as
39. VESrASIAnO AalrtitntEo, Ur, r. ; on rodo a scrirnc cl /orr-. r lettcre di pi: r sorte.... Vcnisc, 1548, ct FELnJ1in!: IDD Rum, a,, Sate c'pb_5cti c'i rleitete
/or con ragion geometrica, Rome, Valerio a Le: iöi Du: ico, 1554.
E. tisEtG\'E. %IES. T DE L'ECAITURE 219
M' font que rcpeter les recettes precedentes. Dans son traite sur la construction geometrique des capitales romaines, Ferdinando Ruano dtt ä propos de Ia « minuscola antica » qu'elle tire son nom de la bpitale dont elle procede «e detta da simil nome perche ha origine dalla soprascritta maiuscola antica, atteso che per evitar maggior vo- lume
anticamente con questi caratteri si scrivevano tutti Ii codici et anchora hoggidi s'usa neiia stampa... ». C'est toujours 1'ecriture de forme, In « lettera moderna », qui est presentee comme 1'ecriture ideale et toujours ä In mode: «primo ti voglio dire perche si dica moderna... la ragion perche si chiami di questo nome e per rispetto della lettera antica, e anchora perche e poco tempo che s'usa per il gran volume che con la lettera antica si faceva nel tempo che si scriveva... ».
Cc nest qu'avec Giovan-Francesco Cresci 40 que les traditions medievales commencent ä are bousculees: le fondement de la con- naissance de 1'ecriture reside, pour cet auteur, dans la « maiuscola antica » qu'il faut savoir tracer parfaitement car eile est ä 1'origine de la «lettera antica tonda » (minuscule caroline) et eile a engendre la « cancelleresca formata » puis In « cancelleresca corsiva ». La « let- tera antics tonda » est la reine de toutes les autres Iettres: ce sont les idees humanistiques de renovation de 1'ecriture ä partir de la minuscule Caroline qui sont enfin adoptees id; quant ä 1'ecriture go- thique ou ecriture de forme, elle est pour In premiere fois ici consi- deree comme une ecriture de mauvais goüt, une invention des bar- bares « chiamata da alcuni lettera formata, da altri moderna et d'altri catolica. lo ho voluto chiamarla ecclesiastica perche s'usa generalmente per scrivere libri di chiese, cioe messali, graduali, antiphonarii. L'in- ventione di questa lettera fu di oltramontani, la quale in se non mo- stra mai gran fatto di civiltA o di nobiltä perche il tratto di questa lettera e molto zotico... in tal sorte di lettera non ci va troppa sot- tilitä di cerveiio ad impararla ». Cent ans et plus apres les premiers reformatcurs, les idees humanistiques sont enfin diffusees dans le domaine de la calligraphie: c'est la destruction de l'empire romain
40. GIOvAN-FmNcesco CRESCt, Essemplare di piü sorti di lettere, Rome, 1560,
et 1! per/etto scrittore... dove si veggor. o i veri caralleri et le natural forme di tutte
quslle sorti di letters che a vcro scriltorc si appartengono..., 1571, et L'idea con le cir- cottstJn: e rstur. ai..., Man, 1622. Cf. G.
/lý. ýfA. \zoa'I, Studi cit., P. 236-237; J. WAa-
DROB, Civis Rojr.. a: us cit., pp. 25ý0; E. I.. ASAbtASSLNfA, Trattati di scriltura cit., pp. 64-74.
220 fuopossf . ss? bzu
et In pour des barbares qui ont emp,. RH In a letter, antic, tonda t:
at In «cancelleresca ovale» qui on proci_"de, d'apparaitre plus tot.
« In ]ettera antica tonda di oggi, in cancellaresca ovale... sc bent ßu.
camente non erano di uso, sarrebono pcrb prima di horn venutc ally
lute se dal furor e paure barbaresche non fossero stab lungo tempo impcditi i beg, ' ingegni » j'. Quant 3 In technique de 1'ccriturc, ec
sont de nouvelles reglos qui sons ici preconisces, qui rompent aver la tradition: il faut perdre 1'habitude dc tailler In plume aver Una
Pointe large et carrC"e (« temperatura barbaresca ») at dc la tenir
trop obliquement; In Pointe do in plume doit ctrc &roitc, fine et un
peu arrondic (« tcmperatura antica ») at Benue Presque vcrticalemCnt' Pour tracer les « maiuscole antiche » il faut avoir deux plumes une
plume grosse pour tracer les letters ct uric fine avcc Iaquclle on ajuste
at on ajoute los traits de liaison at les pieds de chaquc lottre`; torte ccriture demande du parchemin de veau, qui viert de France, oU
encore de chevreau. Pour In « letters antica tonda » il convient aussi dc disposer de deux plumes, Tune cpaisse 1'autrc fine pour trams les traits de terminaisons. Dc nos jours, dir Tautour, il est pre: fcrab]e d'apprendre a ecrire In « Cancellaresca corsiva » pour travailler
dann les tours et parvenir a des grades cIevss, et ne plus perdre son temps ä pretendre enscigner toutes sorter de lettrrs inutiles at N'ßtncs' comme le font certains maitres qui se promcnent Bans Ics rues 'Vet des cartons pleins de mod'eles dümarcheurs charlatans entoures
dc
badauds qui devaient foisonner" « con questa spazza via hanno g°n fiato con tal modo il vulgo, il quale hoggidi quando vuol laudare 11" per gran scrittore suol dire the quel tale, the nomina, sa scrivcrc cirque o seicento sorb di lottert »u«... non ho voluto trattarc
dell'
variety delle lettere... fatte a tronconi, maiuscolc con maschere c con fogliami; et altre Iettere fatte a cartocci... perch che... sann tenure inutili at di nessun momenta... Sono un passamento di tempo scnz': profitto alcuno >>. Le maitre doit tout d'abord cnseigncr t bier tcnir In plume on main, cider l'cleve ä maintenir le papier immobile, fair' on sorte qu'il ait toujours a portu-c dc main au moins quatre plumes taillees, car quand on C"crit un passage avec in mama plume, cellc-U finit par se ramollir at par C"crirc plus cpais, alors quo si Pon clung' souvent elles peuvent s&"cher a tour de role; si, on cifct on vCUt
41. L'idca con tc circoslan; e r. a; ur.; 1i., pp. gj, 42, l; ssenlplare di piir sorli di k; tcre. 43.11 perJcllo scrillorc...
E. tiSEIGNT-%ms-r DE LItCRITURE 221
retailler une plume humide on est oblige de couper toute la partie tadlC e devenue trop tendre er de recommencer la taille, et de cette face on userait trop de plumes. 11 faut se meter des conseils que donnent
pertains, de maintenir toujours la plume trempee et de fen- dre beaucoup la plume pour les debutants, car il est difIcile de faire une bonne lettre avcc une plume trop fendue. La lecon d'ecriture dolt titre quoridienne er pas trop longue, suivant le rythme de cha- cun" Le maitre droit tracer de sa main et plusieurs fois les lettres sous les Yew: de I'eleve, et si cela ne suffit pas, il dolt guider ]a main de l'e1eve. Apres six mois on peut remplacer la papier regle par Ia u falsa rigs » er prendre peu ä peu I'habitude d'ecrire sans aucune r4ure, sauf pour ceux qui en seront toujours incapables. Les exem- Ples que le maitre dolt presenter i I'eleve sont: deux alphabets de majuscules, deux alphabets de minuscules, les ligatures en usage et 1es abrc: viations" en tout uric vingtaine de modeles. Pour ceux qui soft ICs moins doues, le maitre preparera quarre lignes de modeles Pour chaque lettre, sur des feuilles separees; 1'eleve posera sur chaque forme
une plaque en os bien transparente, de celles qui servent ä faire Ics lanternes, et decalquera avec une plume bien taillee la forme en transparence: il repetera l'operation le plus souvent possible en suivant les conseils de son maitre, car la connaissance de la forme 'dent du sentiment du mouvement. II faudra donc disposer de plu- sieurs plaques de cc genre que Pon nettoiera, apres usage, avec une ePonge et dc I'cau. A defaut de plaques en os, on utilisera du papier fin er bier encolle; cette methode est bonne pour les riches qui ont la main qui tremble par exces de nourriture et pour les pauvres qui Par marque de nourriture oft les gestes mal assures as. Enfin pour ceux qui ont Ia vue course (pas ceux qui ecrivent avec leur nez car ceux-]ä doivent choisir un autre metier), ceux qui se tiennent a neuf ou dix doigts de la feuille, parce qu'il est malsain de tenir la tete trop inclin6c, on pourra utiliser un chassis recouvert d'un parchemin bien tendu comme un tambour, avec deux vis permettant d'incliner le chassis, Ie haut vers la tete, le bas vers I'estomac as: toutes les infirmites sont ici envisagees, sociales comme physiques. C'est donc avec Giovan-Francesco Cresci que change radicalement I'enseignement de 1'ecriture: mertant l'accent sur le mouvement de la main plus que sur la forme des lettres, rompant avec I'habitude pluriseculaire de
44. L'ide.: cor, Ie tircostanze r. alurdi..., cap. A.
45. Ibider. r, cap. II.
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collectionner les types d'crsiture classes le plus souvcnt d'aprýs leur
degrc de brisure sculement, rompant avec le goat « barbare » pour les formes gothiques que les humanistcs de: nonsaicnt, cn Italie, au
moins depuis le XIV` sii: rle, introduisant lc goat dc 1'antiquc, non
seulement pour les capitales romaines mais aussi pour la minuscule « antique )>, la minuscule caroline, consid6r6e comme un relict tardif de 1a perfection romaine, orientant enfin 1'enscignement de 1'6crtture
non plus sur Pars mechanica mixlievale ni mcme sur la recherche de
1'antique mais sur la connaissance prioritaire des cursives de chancel- lerie, seules 6critures veritablement utiles puisque dans cc domame seul la concurrence de 1'imprimerie n'cxiste pas, mettant ainsi "ac-
cent sur la seule carriere qui restait ouverte aux professsionnels de
la plume, celle de notaire dans la chancellerie de quelque seigneur ou souverain. Cc sont ces e-critures qui ügureront disormais sur toutes les a(liches publicitaires des maitres d'ccriturc jusqu'ä la fin du XIX`
sikle sous le qualificatif « ixritures propres a toutes le administra- tions ». C'est done avec Giovan-Francesco Cresci que se termine la
tradition scripturaire et calligraphiquc antique ct mcdievale, et quc s'ouvre un nouveau chapitre oü beaucoup de documents inedits et meme inconnus attendent les paleographes; 1'histoire dc 1'dcriture ü 1'dpoque moderne.