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Tenir sur un fil sans jamais en tomber Ange Ellah

Tenir sur un fil sans jamais en tomber · Mais je suis très heureuse de vivre, d’avoir eu la force ... je parlais bien à deux ans, ... en Martinique en vacances tous les trois

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Tenir sur un fil sans jamais en tomber

Ange Ellah

20.48 591683

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 264 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 20.48 ----------------------------------------------------------------------------

Tenir sur un fil sans jamais en tomber

Ange Ellah

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Préface

Je pense que sur les milliards d’êtres humains présents sur terre, de nombreux ont un jour, pensé écrire leur histoire. Chacun pour des raisons différentes. Pour ma part j’ai commencé sur papiers, sur des cahiers, mais tous ont fini au même endroit : la poubelle.

J’ai eu plusieurs vies, plusieurs histoires a raconter, j’ai eu très envie d’écrire dans l’espoir que cela pourrait me soigner, mais aussi dans l’espoir de panser les blessures que la vie m’avait infligées.

Aujourd’hui, c’est dans un tout autre état d’esprit que je me décide à écrire : Je suis bien dans mes baskets, sur la voie de la guérison, avec une très forte envie d allé au bout de mon récit, pour être une tout autre personne à la fin de celui-ci.

J’ai eu trente six ans hier et l’homme avec lequel je partage ma vie aujourd’hui m’a offert pour mon anniversaire l’objet qui me manquait pour écrire mon histoire.

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Celui-ci, c’est sur, ne finira pas à la poubelle, il conservera mes écrits comme un bien précieux, un très très beau cadeau : UN ORDINATEUR. Ce qui dans un premier temps, m’a paru un cadeau bien trop cher, mais c’est vrai tellement utile pour moi et ma petite famille.

Nous sommes donc le 28 aout 2008, deux jours après mon anniversaire et je me décide a commencer ce qui sera mon livre, le récit de ma vie. Cela me permettra de vider, une bonne fois pour toutes mon sac, de vider ma tête de toutes ces choses encombrantes.

Pour mes enfants, de savoir ce qu’a été ma vie, avant. En effet, si Melody mon aînée, connaît beaucoup de choses sur moi, de mon histoire, de notre histoire je devrais dire. Nimo, mon petit bonhomme, n’en sait pas grand-chose, un jour il me lira et il saura mais pour l’instant il est trop jeune.

Ma vie a été faite de moments de joies, de peines, de douleurs physiques et morales, de peurs, de doutes. Mais je suis très heureuse de vivre, d’avoir eu la force de continuer ma route, de voir que grâce à mon soutien et à ma présence mes enfants sont des enfants, heureux et épanouis.

Mes tourments m’ont parfois tellement perturbés que j’ai cru que j’allais devenir folle, trop de douleur, de souffrance, de choix a faire, de décisions à prendre, seule et finalement même accompagnée tellement seule.

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Mais aujourd’hui la vie me donne une nouvelle chance : construire une nouvelle famille, une nouvelle vie… Enfin une nouvelle envie d’y croire, avec l’espoir que la vie me fasse une fleur et m’apporte juste enfin que du bonheur.

J’ai déjà tellement écrit mon livre dans ma tête que je pense le finir avant la fin de l’année et tourner une page sur le passé. Envisager enfin sereinement l’avenir. Mon histoire est loin d’être un conte de fée, juste le récit de ma vie tumultueuse, celle de mes amours, ceux qui m’ont brisée, l’histoire de ma vie pas très drôle, qui malgré tout ne m’a jamais enlevé l’envie de croire.

Dans quelques jours, ma Melody aura seize ans, elle est belle, intelligente, forte, elle est ma plus grande fierté avec son petit frère. Dans deux ans, elle sera majeure, deux ans ce n’est rien, cela passe très vite, beaucoup de choses vont encore se passer mais le lien que j’ai avec elle ne s’effacera jamais et même lorsqu’elle sera adulte, elle restera ma petite fille, à moi. Elle m’a apporté une force gigantesque.

Même si la vie ne m’a pas fait de cadeaux, en regardant mes enfants aujourd’hui, je suis heureuse de l’avoir vécue et j’attends la suite en sachant que le passé restera le passé et que la vie est belle, faite de bons et de mauvais moments. Il faut savoir vivre au maximum les bons moments qui peuvent paraitre rare, des choses toutes simples peuvent apporter de

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merveilleux instants de joie, il ne faut pas les rater ces moments la…

Je crois pouvoir dire que dans ma vie, j’ai souvent été malheureuse mais j’ai toujours réussi à faire semblant : je cachais mes douleurs. Certains ont pensé du mal de moi ne voyant que ce que je voulais bien montrer, une fille fofolle et « je m’en foutiste », qui ne faisait que des mauvaises choses ou de mauvais choix. Beaucoup m’ont jeté la pierre, sans savoir, sans chercher à comprendre, ni même à m’entendre, aujourd’hui à ces gens là, j’ai envie de dire un grand : MERDE.

Je connais mon parcours et j’ai toutes les raisons du monde d’être fière de moi, de ma force, de mes enfants, de la personne que je suis devenue. J’ai souvent voulu épargner les gens en ne parlant pas de ma souffrance, en ne parlant pas du mal que l’on a pu faire, en mentant pour cacher les choses blessantes et dévalorisantes pour moi.

Ce livre je l’écris avant tout pour m’aider à y voir plus clair, pour me vider la tête, pas pour faire pleurer dans les chaumières, mais je l’écris aussi pour faire taire les langues de vipères qui parlent sur moi sans savoir qui je suis, ce que ma vie a été. Ne jamais porter de jugements sans savoir…

Il y aussi des gens a qui je dois un grand merci.

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Alors MERCI à mes enfants, ma maman, mon père, ma sœur, mon frère, Isabelle, Karine, Nanou, Guy, Rémi, à toi nénette, Carl, à toi Cyril (trop tôt disparu), Sabrina et Williams, Séverine et Mika, Nathalie N, Nathalie M, Sabrine, Sabrina et Laurent, François.

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Mon enfance…

De ma venue au monde le 26 août 72, je n’ai pas d’autres souvenirs que ceux de mes parents, du moins ceux qu’ils ont bien voulu me raconter. Je suis née un samedi après midi, en été, leur premier enfant. Mon grand père paternel était très fier… J’étais sa 1ère petite fille… Je dirais même plus, mon grand-père n’avait eu que des garçons alors une petite fille, vous imaginez ?

Mes parents se connaissaient depuis deux ans lorsqu’ils se sont mariés en Avril 1972. Maman était déjà enceinte de moi ce jour la, et je sais que j’ai été conçue pour que ce mariage puisse avoir lieu, je connais le lieu exact de ma conception, une voiture, un petit chemin proche d’un pont à la sortie de Fontenay le comte, et voilà les dés étaient jetés, neuf mois plus tard, je pointais le bout de mon nez prête à croquer la vie à pleines dents.

Maman m’a toujours beaucoup parlé de tout ce qui pouvait être important pour une femme,

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contrairement à sa propre mère, mais les époques étaient différentes aussi… Pour les personnes plus âgées, il était difficile de parler des règles, de sexe etc… Cela ne se faisait pas. Et lorsque maman a eu mal au ventre, la veille d’accoucher, elle ne s’est pas inquiétée plus que cela, au réveil ce samedi matin la (il faut savoir que mes parents dormaient chez mes grands parents maternelle à puy sec un petit village de Vendée, dans lequel mes grands parents avaient une ferme). Maman est venue rejoindre, pour le petit déjeuner, mes grands parents et mon papa, qui lui se préparait à goûter le délicieux pâté de sa belle mère. Maman ne pensait pas que c’était le grand jour, papa lui n’a pas eu le temps de goûter quoique ce soit. Maman avait eu des contractions toute la nuit. Il fallait partir à l’hôpital le plus rapidement possible. Je suis arrivée pour l’heure du goûter, un beau bébé, une petite fille dignement arrosée par son papa et son grand père paternel. Je sais qu’ils étaient tous les deux très heureux de mon arrivée. Maman malgré la douleur liée à son accouchement, était comblée. Maman m’a toujours parlé du bonheur qu’elle avait ressenti en me voyant, en me prenant dans ses bras, et ne m’a jamais parlé de son accouchement comme d’un moment horrible à vivre, ni pour celui de mon frère ou de ma sœur par la suite d’ailleurs.

Quelques mois après ma naissance, nous avons dû quitter notre Vendée natale pour la capitale, Paris, papa avait du travail à saint Lazare, au centre de tri de la poste. Nous dûmes vivre dans une chambre de bonne

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pendant quelques mois, maman s’occupait uniquement de moi. Puis elle était devenue concierge dans l’immeuble ou se trouvait notre chambre, elle avait beaucoup de travail, elle faisait l’entretien des escaliers, de la cour, du hall d’entrée, bref tout ce qui touchait notre immeuble, et elle s’occupait de moi. Grâce à maman nous avons pu avoir un logement plus spacieux, avec une cuisine, une chambre, une pièce de vie, et, pour toilette, un pot de chambre. Cette loge allait être notre nid douillet, mes premiers souvenirs, les débuts d’une vie de famille, de très bons souvenirs dans l’ensemble… Le seul mauvais souvenir de cette époque, c’était la vielle dame du sixième qui me tétanisait : Madame Amiot ! Je disais à maman que c’était une sorcière.

Je sais que j’étais une petite fille vive, j’étais propre à un an, je parlais bien à deux ans, les deux seuls mots que je n’arrivais pas à dire c’était oreille (kayette) et montre (bikeur), une petite fille aimée par ses parents.

Papa, qui travaillait au centre de tri, avait pour collègues et amis de nombreux Antillais, de bons vivants avec qui nous passions beaucoup de temps, papa parlait le créole et nous sommes d’ailleurs partis en Martinique en vacances tous les trois en 1974.

Mes parents aimaient profiter de la vie, s’amusaient, sortaient, se lançaient des défis, comme partir en week-end aux 24 h du mans (à l’arrache comme on dit maintenant). Nous avons vécu un peu plus de quatre ans au 16 rue de liège à Paris, pas très loin de Pigalle.

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J’ai des images, des souvenirs très clairs de ma vie la bas, je me souviens même d’un rêve que j’ai fait plusieurs fois petite : j’étais avec Marc et Julie dans le kiosque de l’île aux enfants, entourée de bonbons, sans oublier l’ami de tous les enfants à ce moment là Casimir. Je me souviens aussi des sucettes pierrot au caramel que maman m’achetait de temps en temps à la boulangerie du coin, des images en trois D collées sur le yaourt achètes au Félix potin d’en face, qui me faisaient tellement plaisir, du disque de Nestor « à la pêche au moule » que j’ai du avoir pour mes 4 ans. J’ai commencé l’école à Paris, mais je ne suis pas restée longtemps dans celle-ci.

Papa a obtenu sa mutation, et donc retour chez nous en Vendée, mais cette fois, nous allions vivre dans un cadre totalement différent, et même si je me souviens avoir été triste de quitter ma vie parisienne, mon nouveau cadre de vie allait tout à fait me convenir.

Ce merveilleux endroit, allait devenir l’un de mes premiers grands amours, cet amour ne me quitterait plus jamais, une petite île à 25 km de la cote, une petite île accessible uniquement par la mer où les airs. Un endroit magnifique, loin de la pollution parisienne, un cadre idyllique, un peu sauvage, la liberté totale pour moi.

Mon père avait eu un logement de fonction, une jolie petite maison. J’avais une chambre à moi, mais surtout j’avais ma cour ou se trouvait les toilettes,

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mon bac à sable, un grand jardin, une cabane en bois qui servait de garage et d’abri pour mon vélo.

Je n’avais à cette époque, peur de rien, la vie sur une île restait idyllique pour une enfant. J’adorais ma vie là bas, j’y ai vite pris mes habitudes : à mon arrivée j’avais quatre ans passés et mes parents m’ont tout suite appris à faire du vélo, cela m’a apporté une grande indépendance.

Notre voisine était une gentille mamie qui m’a adoptée tout de suite, une mamie qui est devenu ma grande mère de cœur, une femme qui est toujours dans mes pensées aujourd’hui. Elle avait déjà des petits enfants dont une petite fille qui s’appelait Isabelle et qui allait devenir ma meilleur amie, ma complice, ma sœur, elle avait deux ans de plus que moi mais la plus intrépide des deux, c’était bien moi.

J’allais souvent à l’école en vélo avec Isabelle, elle n’habitait qu’à cinq-cents mètres de chez moi, nous n’étions pas dans la même école mais le trajet était le même. On rigolait vraiment bien toutes les deux. Isabelle est mon amie d’enfance et aujourd’hui encore je ressens la même amitié pour elle, et cela malgré le fait que les aléas de ma vie nous aient éloignés.

Je me sauvais régulièrement par la fenêtre de ma chambre pour prendre mon petit vélo et aller rejoindre mon amie. Oh ! Pas pour faire des bêtises, non, mais juste pour jouer avec elle. Nous adorions nous retrouver au bord de notre petite mare, toute

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proche de la maison et juste en face de la maison d’une collègue de travail de mon papa : une certaine Danielle R.

Mes parent aimaient aussi beaucoup leur vie sur l’île : papa était facteur, son métier là bas était très agréable, les gens aimaient le voir et lui, il aimait les gens, il était pour certains clients la seul visite de la journée.

Maman pour sa part faisait du ménage chez des gens de l’île, les propriétaires de l’une des discothèques « les bailleresses ». Mais elle avait surtout eu une grande idée pour s’occuper, mais aussi et surtout pour occuper les jeunes de l’île, celle de créer un club de moto cross : L’ATTI était née. Les jeunes de l’île étaient ravis, ils avaient maintenant accès à un terrain de cross aménagé, situé à la pointe du but, près du grand phare.

Didier, le marchand de mobylette et grâce à maman de motos par la suite et mécanicien aussi, plus couramment appelé par son surnom Mouton (comme de nombreuses personnes sur l’île qui avaient un surnom), il était devenu un ami de mes parents, maman lui ayant achetè sa première moto. Il était aussi devenu une des personnes dirigeantes du club avec maman, papa, mais aussi l’un des médecins d Philippe A.

Parmi les jeunes du club il y avait Bélo jacket, ritou, Carlos, Lucky Luke… et j’en passe, je l’ai connaissait tous par leurs surnoms. Mama adorait monter sur sa

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moto, seule femme parmi tous ces hommes, moi je faisais aussi occasionnellement du vélo cross, papa lui s’occupait plus de l’administratif, mais il aimait bien ça.

Mes parents faisaient souvent la fête, les jeunes du club aimaient bien venir à la maison, organisé les bals du club, ils leur arrivaient souvent de débarquer en pleine nuit en menaçant mes parents de me réveiller s’ils ne leurs ouvraient pas la porte afin qu’ils puissent boire un coup ensemble.

Je pense qu’il est juste de dire que mes parents étaient des originaux, pleins de joie de vivre, toujours partant pour faire les fous. Comme ce jour ou ils avaient décidé de faire le tour du terrain de moto cross, en voiture avec moi dedans, ils avaient une Simca 1000 à l’époque, il est bien évident que la voiture n’a pas passé la première butte, et qu’il leur a fallu en changer.

J’adorais qu’en mes parents étaient de sortie, car une de mes baby-Sitters travaillait dans une boulangerie j’avais souvent droit à des bonbons, j’en raffolais, de ces petites choses, a tel point que je me souviens d’une fois où en partant à l’école j’avais volé dix francs à maman pour en acheter (maman qui bien sur s’en était rendu compte). Isabelle et moi nous nous sommes régalées sur le trajet de retour de l’école, par contre mon retour à la maison me valut une bonne dispute de mes parents.

J’étais assez complice avec mes parents, enfant unique jusqu’à mes huit ans j’ai profité un maximum

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d’eux. Le mardi soir par exemple j’avais la grande chance de pouvoir regarder dans leur lit, leur chambre ou se trouvait l’unique télévision, le film Tarzan. Avec Maman, nous allions souvent à la plage l’été, nous ramassions des petits coquillages « des grains de café » ou des asperges sauvages sur la cote. J’étais une petite fille pleine de joie, pleine de vie, toujours active. Mes parents m’avaient aussi inscrite, à ma demande, dans le club des majorettes, un sport et un amusement en même temps, les défilés dans les ruelles de Port Joinville un vrai bonheur pour moi.

De temps en temps maman m’emmenait à l’école en moto, c’était sympathique pour moi, sauf une fois, ce jour là maman et moi étions sur la route qui descendait sur le port où se trouvait mon école lorsqu’une camionnette orange ne s’est pas arrêtée au stop et à faucher la moto en plein virage. En sautant de la moto je me suis abîmée les pieds, maman elle est tombée dans le coma. Je l’a vois encore, comme si c’était hier, étendue dans le fossé, je criais mais elle ne répondait pas, le chauffard lui était parti, j’ai prévenu des voisins, les pompiers sont intervenus, mes parents ont du partir en hélicoptère à l’hôpital sur le continent. Papa a pu retrouver le conducteur grâce à la description que je lui en avais faite et il lui a promis que s’il arrivait quoi que ce soit à maman, de lui faire vivre de très mauvais moments. J’ai connu un moment de grande peur, maman est sortie du coma et n’a eu aucune séquelle de son accident mais cela reste un très mauvais souvenir.

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C’est étrange d’écrire son histoire, de se souvenir, d’être en mesure de se replonger dans le passé et de ressentir les instants de vie que j’ai traversés tout au long de ces trente années.

Juste à coté de la maison se situait un centre pour les enfants avec des soucis mentaux, bien évidement cela ne me dérangeait pas le moins du monde, bien au contraire, dés que je le pouvais, je jouais avec eux jusqu’au jour où ils m’ont fait sauter un petit mur derrière lequel il y avait des orties et je suis tombée la tête le première dedans… Et oui, j’étais vraiment intrépide à l’époque. Inutile de vous dire que cela m’a valu une bonne dispute de mes parents qui m’avaient prévenue à maintes reprises de faire attention, et j’ai arrêté de jouer avec mes petits voisins.

J’avais aussi des amies à l’école comme Anita, la seule petite fille noire de l’île, Yvana qui portait un corset qui lui tenait la colonne vertébrale, Laure à qui j’ai malheureusement coupé un bout de doigt avec la porte des toilettes qui je dois le préciser, n’a pas oublié ce fâcheux épisode même plusieurs années après, Barbara qui n’habitait pas très loin de la maison et chez qui j’allais jouer de temps en temps lors de mes petites fugues.

Il y avait deux autres endroits où j’adorais aller comme le champ en face de notre maison qui avait pour locataire un magnifique cheval marron, ou encore la petite maison à quelques pas de la mienne

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ou vivaient un couple âgé Monsieur et Madame Charbonnier chez qui je passais du temps, juste pour le plaisir d’être avec eux.

Notre vie le bas était vraiment très agréable, nous avions des amis, des occupations variées, un cadre de vie idyllique sur une île magnifique.

Un événement a pourtant marqué ma vie de petite fille et je pense aujourd’hui qu’il est peut être une des raisons qui par la suite m’a fait me sentir si sale, si peu confiante en moi, cet événement est peut être celui qui a fait que je me suis laissée salir si longtemps, par les différents hommes de ma vie, sans vraiment comprendre pourquoi je n’ai rien dit à ce moment là ni a d’autres, sachant bien au fond de moi, que ce qui s’était produit n’était pas normal.

J’avais eu envie de faire ma communion, j’ai donc été au catéchisme, et par la suite j’ai pu faire ma petite communion, pour cette occasion mes grands parents étaient venus, mon parrain Daniel le frère de mon père, mais aussi le plus jeune frère de maman, Nicolas.

Mon oncle avait mis une tente marron dans la cour pour y dormir car la maison n’était pas assez grande pour accueillir tout le monde, et c’est dans cette tente que pour la première fois de ma vie sans comprendre si c’était bien ou mal, j’ai vécu une expérience répugnante.

Alors que je n’étais qu’une petite fille et lui un

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adolescent limite adulte, il m’a demandé de venir avec lui faire la sieste. Une fois dans sa tente, il m’a obligé à prendre son sexe dans ma bouche… lui faire une fellation. Je ne savais si c’était bien ou mal de le faire… Mais c’était mon oncle, un membre de la famille, je ne pouvais pas imaginer que quelqu’un de ma famille me fasse quelque chose de mal… moi, qui avait toujours été choyée par mes parents.

J’ai eu beaucoup de mal a le prendre dans ma bouche et j’ai trouvé cela répugnant. Après, Il me demanda de ne pas en parler, et moi, j’ai senti confusément que ce n’était pas normal et j’ai eu honte… Honte de ce que j’avais fait… Alors, je n’en ai parlé à personne et j’ai gardé cet horrible souvenir au fond de moi mais il a hantait ma vie, je n’ai jamais oublié.

Je n’ai jamais pu oublier ce qui s’est passé dans cette tente avec mon oncle et aujourd’hui, je suis consciente que les jeux d’enfants existent, que l’on se découvre, mais que ce jour là, cela n’était pas un jeu, mon oncle n’avait pas le droit de me faire faire ça, je ne suis peut être pas la seule et aujourd’hui j’ose en parler, je ne dois plus me taire. Ce jour là m’a marqué à jamais.

Je ne me souviens plus de ma communion si ce n’est que j’ai eu pour cette occasion une jolie montre rouge.

Et puis maman allait avoir un bébé, fini pour moi d’être l’enfant unique… J’étais toujours très contente de partir avec maman sur le continent pour qu’elle

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fasse ses échographies, nous allions manger à la cafétéria, des moments dont je me souviens avec grand plaisir. Et puis même si j’allais devoir partager mes parents, je trouvais cela bien d’avoir un frère ou une sœur. Le 30 Aout 1980, huit ans et quatre jours après moi, ma petite sœur naissait… j’avais une sœur et j’étais ravie, mes parents lui avaient trouvé un jolie prénom celui d’une déesse de la mythologie : Olympe.

Quelques temps après sa naissance les choses ont changés à la maison, maman était triste et papa aussi à sa manière. Un jour, tout s’est arrêté.

Mes parents ont décidé de déménager… Fini ma petite vie tranquille d’ilaise à laquelle je m’étais très bien habituée après quatre années. Mes parents ont fait les cartons, Papa avait été muté en région parisienne dans le 91 du moins c’est l’histoire à laquelle j’ai eu droit à ce moment là. Pour la première fois de ma vie, j’ai été triste, très triste, je devais dire au revoir à mon amie de tous les jours Isabelle, à mon petit vélo, à mes sorties par la fenêtre, a tout ce que j’aimais sur cette ile. Dire au revoir à mon île fut très dur, et de l’écrire aujourd’hui encore me provoque encore une grande peine.

C’est au moment de notre départ, sur le bateau qui me ramenait vers le continent, que je pris la résolution de ma vie… Comme d’autres petites filles disent quand je serai grande je serai docteur, maîtresse, coiffeuse ou encore vétérinaire… moi je me suis dis « quand je serai grande, je reviendrai vivre a l’Ile d’Yeu ».