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UNIVERSITÉ de CAEN ------- FACULTÉ de MÉDECINE Année 2017 THÈSE POUR L’OBTENTION DU GRADE DE DOCTEUR EN MÉDECINE Présentée et soutenue publiquement le : 25 septembre 2017 par Madame Hélène ROUZET épouse BENTH Née le 29 mars 1987 à Tours (Indre et Loire) : RESSENTI DES ENFANTS DE MÉDECINS CONCERNANT LEUR PRISE EN CHARGE MÉDICALE Étude qualitative par entretiens semi-dirigés menés auprès d’enfants âgés de 6 à 18 ans de médecins généralistes et spécialistes Président : Monsieur le Professeur Emmanuel BABIN Membres : Monsieur le Professeur Jacques BROUARD Monsieur le Professeur Xavier LE COUTOUR Monsieur le Docteur Lionel CAPDEPON Directeur de thèse : Docteur Lionel CAPDEPON

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UNIVERSITÉ de CAEN

-------

FACULTÉ de MÉDECINE

Année 2017

THÈSE POUR L’OBTENTION

DU GRADE DE DOCTEUR EN MÉDECINE

Présentée et soutenue publiquement le : 25 septembre 2017

par

Madame Hélène ROUZET épouse BENTH

Née le 29 mars 1987 à Tours (Indre et Loire)

:

RESSENTI DES ENFANTS DE MÉDECINS CONCERNANT

LEUR PRISE EN CHARGE MÉDICALE

Étude qualitative par entretiens semi-dirigés menés auprès

d’enfants âgés de 6 à 18 ans de médecins généralistes et spécialistes

Président : Monsieur le Professeur Emmanuel BABIN

Membres : Monsieur le Professeur Jacques BROUARD

Monsieur le Professeur Xavier LE COUTOUR

Monsieur le Docteur Lionel CAPDEPON

Directeur de thèse : Docteur Lionel CAPDEPON

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UNI VE RSIT É DE CAE N · NORMANDI E

UFR DE SANTÉ – FACULTÉ DE

M ÉDECINE

Année Universitaire 2016/2017

Doyen

Professeur Emmanuel TOUZÉ

Vice-Doyen

Professeur Boris BIENVENU

Assesseur

Professeur Guy LAUNOY

Professeur Christian MARCELLI

Responsable administrative

Madame Sarah CHEMTOB

PROFESSEURS DES UNIVERSITÉS - PRATICIENS HOSPITALIERS

M. AGOSTINI Denis Biophysique et médecine nucléaire

M. AIDE Nicolas Biophysique et médecine nucléaire

M. ALLOUCHE Stéphane Biochimie et biologie moléculaire

M. ALVES Arnaud Chirurgie digestive

M. BABIN Emmanuel Oto-Rhino-Laryngologie

M. BÉNATEAU Hervé Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie

M. BERGER Ludovic Chirurgie vasculaire

M. BERGOT Emmanuel Pneumologie

M. BIBEAU Frédéric Anatomie et cytologie pathologique

M. BIENVENU Boris Médecine interne

Mme BRAZO Perrine Psychiatrie d’adultes

M. BROUARD Jacques Pédiatrie

M. BUSTANY Pierre Pharmacologie

Mme CHAPON Françoise Histologie, Embryologie

Mme CLIN-GODARD Bénédicte Médecine et santé au travail

M. COQUEREL Antoine Pharmacologie

M. DAO Manh Thông Hépatologie-Gastro-Entérologie

M. DAMAJ Ghandi Laurent Hématologie

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M. DEFER Gilles Neurologie

M. DELAMILLIEURE Pascal Psychiatrie d’adultes

M. DENISE Pierre Physiologie

M. DERLON Jean-Michel Éméritat jusqu’au 31/08/2018 Neurochirurgie

Mme DOLLFUS Sonia Psychiatrie d'adultes

M. DREYFUS Michel Gynécologie - Obstétrique

M. DU CHEYRON Damien Réanimation médicale

M. DUHAMEL Jean-François Éméritat jusqu’au 31/08/2018 Pédiatrie

Mme ÉMERY Évelyne Neurochirurgie

M. ESMAIL-BEYGUI Farzin Cardiologie

Mme FAUVET Raffaèle Gynécologie - Obstétrique

Mme GALATEAU-SALLÉ Françoise Anatomie et cytologie pathologique

M. GÉRARD Jean-Louis Anesthésiologie et réanimation

M. GUILLOIS Bernard Pédiatrie

Mme GUITTET-BAUD Lydia Épidémiologie, économie de la santé et prévention

M. HABRAND Jean-Louis Cancérologie option Radiothérapie

M. HAMON Martial Cardiologie

Mme HAMON Michèle Radiologie et imagerie médicale

M. HANOUZ Jean-Luc Anesthésiologie et réanimation

M. HÉRON Jean-François Éméritat jusqu’au 31/08/2018 Cancérologie

M. HULET Christophe Chirurgie orthopédique et traumatologique

M. HURAULT de LIGNY Bruno surnombre jusqu’au 31/01/2017 Néphrologie

M. ICARD Philippe Chirurgie thoracique et cardio-vasculaire

Mme JOLY-LOBBEDEZ Florence Cancérologie

Mme KOTTLER Marie-Laure Biochimie et biologie moléculaire

M. LAUNOY Guy Épidémiologie, économie de la santé et prévention

M. LE COUTOUR Xavier Épidémiologie, économie de la santé et prévention

Mme LE MAUFF Brigitte Immunologie

M. LEPORRIER Michel Éméritat jusqu’au 31/08/2017 Hématologie

M. LEROY François Rééducation fonctionnelle

M. LOBBEDEZ Thierry Néphrologie

M. MANRIQUE Alain Biophysique et médecine nucléaire

M. MARCÉLLI Christian Rhumatologie

M. MAUREL Jean Chirurgie générale

M. MILLIEZ Paul Cardiologie

M. MOREAU Sylvain Anatomie/Oto-Rhino-Laryngologie

M. MOUTEL Grégoire Médecine légale et droit de la santé

M. NORMAND Hervé Physiologie

M. PARIENTI Jean-Jacques Biostatistiques, info. médicale et tech. de communication

M. PELAGE Jean-Pierre Radiologie et imagerie médicale

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Mme PIQUET Marie-Astrid Nutrition

M. RAVASSE Philippe Chirurgie infantile

M. REZNIK Yves Endocrinologie

M. ROUPIE Éric Thérapeutique

M. TOUZÉ Emmanuel Neurologie

M. TROUSSARD Xavier Hématologie

Mme VABRET Astrid Bactériologie - Virologie

M. VERDON Renaud Maladies infectieuses

Mme VERNEUIL Laurence Dermatologie

M. VIADER Fausto Neurologie

M. VIVIEN Denis Biologie cellulaire

Mme ZALCMAN Emmanuèle Anatomie et cytologie pathologique

PROFESSEUR DES UNIVERSITÉS

M. LUET Jacques Éméritat jusqu’au 31/08/2018 Médecine générale

PROFESSEUR ASSOCIÉ DES UNIVERSITÉS À TEMPS PLEIN

M. VABRET François Addictologie

PROFESSEURS ASSOCIÉS DES UNIVERSITÉS À MI-TEMPS

M. de la SAYETTE Vincent Neurologie

Mme DOMPMARTIN-BLANCHÈRE Anne Dermatologie

Mme LESCURE Pascale Gériatrie et biologie du vieillissement

M. SABATIER Rémi Cardiologie

PRCE

Mme LELEU Solveig Anglais

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UNI VE RSIT É DE CAE N · NORMANDI E

UFR DE SANTÉ – FACULTÉ DE

M ÉDECINE

Année Universitaire 2016/2017

Doyen

Professeur Emmanuel TOUZÉ

Vice-Doyen

Professeur Boris BIENVENU

Assesseur

Professeur Guy LAUNOY

Professeur Christian MARCELLI

Responsable administrative

Madame Sarah CHEMTOB

MAITRES DE CONFÉRENCES DES UNIVERSITÉS - PRATICIENS

HOSPITALIERS

M. AOUBA Achille Médecine interne

Mme BENHAÏM Annie Biologie cellulaire

M. BENOIST Guillaume Gynécologie - Obstétrique

M. BESNARD Stéphane Physiologie

Mme BONHOMME Julie Parasitologie et mycologie

M. BOUVIER Nicolas Néphrologie

M. COULBAULT Laurent Biochimie et Biologie moléculaire

M. CREVEUIL Christian Biostatistiques, info. médicale et tech. de communication

Mme DEBRUYNE Danièle Éméritat jusqu’au 31/08/2019 Pharmacologie fondamentale

Mme DERLON-BOREL Annie Hématologie

Mme DINA Julia Bactériologie - Virologie

M. ÉTARD Olivier Physiologie

M. GABEREL Thomas Neurochirurgie

M. GRUCHY Nicolas Génétique

M. GUÉNOLÉ Fabian Pédopsychiatrie

M. HITIER Martin Anatomie - ORL Chirurgie Cervico-faciale

M. LANDEMORE Gérard Histologie, embryologie, cytogénétique

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M. LEGALLOIS Damien Cardiologie

Mme LELONG-BOULOUARD Véronique Pharmacologie fondamentale

Mme LEPORRIER Nathalie Éméritat jusqu’au 31/10/2017 Génétique

Mme LEVALLET Guénaëlle Cytologie et Histologie

M. LUBRANO Jean Chirurgie générale

M. MITTRE Hervé Biologie cellulaire

M. REPESSÉ Yohann Hématologie

M. SESBOÜÉ Bruno Physiologie

M. TILLOU Xavier Urologie

M. TOUTIRAIS Olivier Immunologie

MAITRES DE CONFÉRENCES ASSOCIÉS DES UNIVERSITÉS À MI-TEMPS

Mme ABBATE-LERAY Pascale Médecine générale

M. COUETTE Pierre-André Médecine générale

M. GRUJARD Philippe Médecine générale

M. LE BAS François Médecine générale

M. SAINMONT Nicolas Médecine générale

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REMERCIEMENTS

Aux membres de mon jury

Monsieur le Professeur Emmanuel BABIN,

Professeur des universités, Chirurgien maxillo-facial, spécialisé en oto-rhino-laryngologie et chirurgie

cervico-faciale, Praticien Hospitalier, Chef de service et Chef de pôle au CHU de Caen.

Vous me faites l’honneur de présider ce jury. Merci de l’intérêt que vous avez manifesté pour

mon sujet, de votre disponibilité et de votre implication tout au long de ce travail. Veuillez

trouver ici l’expression de toute ma reconnaissance et de mon profond respect.

Monsieur le Professeur Jacques BROUARD,

Professeur des universités, Pédiatre, Praticien Hospitalier et Chef de service au CHU de Caen.

Je vous remercie d’avoir accepté si promptement de juger ce travail sans me connaître. Soyez

assuré de toute mon estime.

Monsieur le Professeur Xavier LE COUTOUR,

Professeur des universités, Praticien Hospitalier et Chef de service d’hygiène hospitalière au CHU de Caen.

Je vous remercie d’avoir accepté de prendre part au jury de cette thèse et de vous être intéressé

à mon travail. Veuillez recevoir ma respectueuse considération.

Monsieur le Docteur Lionel CAPDEPON,

Médecin généraliste à Colombelles

Merci infiniment d’avoir accepté la direction de cette thèse. Merci d’avoir cru en moi et de

m’avoir laissé carte blanche pour mener à bien ce projet qui me tenait tant à cœur. Sans toi, ces

années de recherche n’auraient pu aboutir. Reçois mon amitié et toute ma gratitude.

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À ceux qui ont contribué à l’élaboration et à la soutenance de cette thèse

À tous les enfants de mon étude et à leurs parents,

Un grand merci à vous, parents, qui avez accepté de m’accueillir au sein de vos foyers, et surtout

à vous, enfants de médecins, qui avez répondu avec autant d’enthousiasme et de sincérité à mes

questions. J’ai pris beaucoup de plaisir à vous rencontrer. Merci de m’avoir consacré votre

temps, ce travail n’aurait pas vu le jour sans vous. J’espère avoir été fidèle à votre ressenti.

À Michaël,

Je te remercie pour toute l’aide que tu as pu m’apporter au cours de l’élaboration de ce travail.

À Pauline,

Un grand merci pour tout le temps passé à la réalisation des graphiques, à la correction et à la

mise en page de ma thèse. Saranghae

À mes enfants,

Merci de m’avoir inspiré ce sujet. Merci à toi, Mathieu, d’avoir été le premier participant de

cette enquête et de m’avoir aidé à retranscrire ton interview. Merci à toi, Émilie, d’avoir

participé, à ta façon, au coloriage… pardon… au codage de mes entretiens.

À mes parents,

Je vous remercie de votre disponibilité et de votre aide pour l’organisation de ma journée de

soutenance.

À tous ceux qui me font le plaisir d’assister à ma soutenance,

Je vous suis reconnaissante d’avoir pris le temps d’être auprès de moi en ce jour singulier.

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À ceux qui ont influencé mon parcours

Aux Professeurs et Docteurs en Médecine qui ont marqué mon cursus universitaire,

Professeur Muriel Rainfray (Chef de Pôle Gérontologique – CHU de Bordeaux)

Docteur Laurent Lion (Chef de Service de Gastro-entérologie et Hépatologie – CH de Vire)

Docteur Thierry Maugard (Chef de Service de Pédiatrie – CH de Cherbourg)

Docteurs Anne-Gaëlle Ameline, Anne-Sophie Bourguignon et Marianne Hamon (Praticiens

Hospitaliers – CH d’Aunay-sur-Odon)

Docteurs Éliane Cendrier (Médecin Généraliste à Caen) et David Ménard (Médecin Généraliste à

Ryes)

Docteurs Étienne Gaillard, Christian Delamare et Jean-Yves Blanche (Médecins Généralistes à

La-Rivière-Saint-Sauveur)

Merci pour vos précieux enseignements qui ont, en partie, façonné le médecin que je suis

devenue.

Aux Médecins Généralistes dont j’ai eu le privilège de croiser le chemin,

Docteurs Martine Lamoulie Dorbessan et Gérard Mirieu De Labarre (Médecins Généralistes à

Villenave d’Ornon)

Docteur François Cauchard (Médecin Généraliste à Saint-Pierre-sur-Dives)

Docteurs Florence Capdepon, Jeanne Boutemy et Thomas Zengerlé (Médecins Généralistes à Ifs)

Docteur Stéphane Caillet (Médecin Généraliste à Ouistreham)

Docteurs Anne-Sophie Bouyer, Estelle Chaillou, Bernard Seguin (Médecins Généralistes à

Champtoceaux)

Je suis reconnaissante d’avoir pu évoluer à vos côtés. J’ai pour vous une très grande affection

et une sincère admiration.

À tous ceux que je n’ai pas cités,

Médecins, externes, internes et équipes soignantes, merci à celles et ceux qui m’ont aidé et

soutenu.

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À mes proches

À mes loulous, Mathieu et Émilie

À vous qui êtes à l’origine de cette thèse, à vous qui me procurez tant de bonheur jour après

jour. Que ce soit en tant que mère poule que je suis, ou en tant que médecin consciencieuse que

je m’efforce d’être, je veillerai sur vous tout au long de votre vie et ferai en sorte qu’elle soit la

plus douce et la plus belle possible. Je vous aime infiniment.

À Michaël,

À celui qui partage ma vie depuis quinze ans et dont j’ai le privilège d’être l’épouse.

Tu as enduré auprès de moi ces longues années d’études, ces innombrables heures de recherche

et mes interminables journées de travail. Tu es toujours là pour moi. À mon tour, je veux prendre

soin de toi et faire en sorte que tu ne regrettes jamais de vieillir à mes côtés. Je t’aime plus que

je ne saurais te le dire.

À Mamounette et Papounet,

Merci de m’avoir supportée ces trente dernières années, merci d’avoir toujours été là pour moi,

merci de m’avoir toujours fait confiance. Merci d’être mes parents. Je vous aime.

À Sophie, Thibaud et Pauline,

Sœurette, frérot et jumelette, je vous adore. Faisons en sorte de toujours rester aussi proches.

À mamie Ginette, papy Géno, tatie Marie-Chantal et tonton Patrick,

À vous qui me faites le grand plaisir d’assister à ma soutenance, et à ceux qui la regardent de

plus haut. Vous avez une place privilégiée dans mon cœur, j’espère vous rendre fiers de moi.

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À mes beaux-parents, à tous mes beaux-frères et belles-sœurs, à mes non moins nombreux

neveux et nièces, à ma filleule, et à tout le reste de ma famille,

Merci de votre soutien et de votre compréhension pendant ces longues années. Je suis heureuse

que vous fassiez partie de ma vie. J’espère, dorénavant, pouvoir passer plus de temps auprès de

vous.

À mes précieuses amies, Keyla, Pauline, Bénédicte et Dorothée,

À toutes ces heures passées sur les bancs de la faculté, à ces moments, parfois difficiles où nous

nous sommes serrées les coudes en stages, et, surtout, à nos prochaines rencontres qui, je

l’espère, seront plus fréquentes. Vous me manquez.

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Et pour finir, à tous ceux qui auront le courage de lire cette thèse.

J’espère humblement que cette étude, fruit de quatre années de réflexion, d’enquête et de

rédaction, pourra vous éclairer sur le soin aux proches, mais surtout sur le vécu de nos enfants.

Puisse cette thèse susciter de la curiosité auprès de ceux qui ne se seraient pas encore interrogés

sur ces problématiques, et faire cheminer les autres dans leurs incertitudes.

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ABRÉVIATIONS

▪ AMA: American Medical Association

▪ BMA : British Medical Association

▪ CH : Centre Hospitalier

▪ CHU : Centre Hospitalier Universitaire

▪ CIL : Correspondant Informatique et Liberté

▪ CP : Cours Préparatoire

▪ CSP : Code de Santé publique

▪ DR : Docteur

▪ PMI : Protection Maternelle et Infantile

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TABLEAUX ET FIGURES

Tableau 1 : Spécialité et exercice des parents médecins .......................................................... 51

Tableau 2 : Critères déterminant le choix entre les parents ..................................................... 66

Tableau 3 : Critères déterminant le choix entre parent médecin et médecin extérieur ............ 67

Tableau 4 : Avantages liés au parent médecin ......................................................................... 98

Tableau 5 : Avantages liés au médecin extérieur ................................................................... 100

Tableau 6 : Inconvénients liés au parent médecin .................................................................. 102

Tableau 7 : Inconvénients liés au médecin extérieur ............................................................. 103

Tableau 8 : Comparaison des évaluations des parents médecins avec les notes attribuées par

leurs enfants ............................................................................................................................ 114

Figure 1 : Âge et sexe des enfants interrogés ........................................................................... 49

Figure 2 : Profession des parents .............................................................................................. 50

Figure 3 : Médecins parmi les parents...................................................................................... 50

Figure 4 : Département de résidence des familles interrogées ................................................. 53

Figure 5 : Médecins principaux et secondaires des enfants ..................................................... 54

Figure 6 : Répartition de la prise en charge médicale de l'enfant selon les enfants et selon leur

parent ........................................................................................................................................ 55

Figure 7 : Degré de prise en charge de l'enfant selon la spécialité du parent ........................... 57

Figure 8 : Proportions d'enfants pris en charge par le parent en fonction de son sexe ............ 59

Figure 9 : Nombre d'enfants pris en charge par le médecin parent ou le médecin tiers en

fonction de leur âge .................................................................................................................. 60

Figure 10 : Durée des entretiens en fonction de l'âge des enfants ............................................ 63

Figure 11 : Médecin(s) préféré(s) par l'enfant .......................................................................... 70

Figure 12 : Médecins prenant en charge la traumatologie ....................................................... 75

Figure 13 : Médecins réalisant les vaccins ............................................................................... 78

Figure 14 : Lieux d'examen de l’enfant par le parent médecin ................................................ 85

Figure 15 : Perception du parent médecin par l'enfant ............................................................. 90

Figure 16 : Avantages et inconvénients relatifs aux médecins parents et aux médecins extérieurs

.................................................................................................................................................. 96

Figure 17 : Évaluation de leur prise en charge par les participants ........................................ 104

Figure 18 : Notes attribuées par les enfants selon leur type de prise en charge médicale ..... 112

Figure 19 : Notes attribuées par les enfants en fonction de leur âge ...................................... 114

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SOMMAIRE

REMERCIEMENTS ....................................................................................................................

ABRÉVIATIONS ........................................................................................................................

TABLEAUX ET FIGURES .........................................................................................................

SOMMAIRE ................................................................................................................................

INTRODUCTION ...................................................................................................................... 1

1. Propos introductifs ............................................................................................................. 1

2. État des lieux des encadrements législatifs et éthiques ...................................................... 3

3. État des lieux des vécus et pratiques à travers la littérature ............................................... 9

4. État des lieux des recommandations dans la littérature .................................................... 26

5. Objectifs de l’étude .......................................................................................................... 30

MATÉRIELS ET MÉTHODES ............................................................................................... 31

1. Choix du type d’étude ...................................................................................................... 31

2. Population étudiée ............................................................................................................ 35

3. Grille d’entretien .............................................................................................................. 40

4. Recueil des données ......................................................................................................... 43

5. Traitement des données .................................................................................................... 45

RÉSULTATS ET ANALYSE .................................................................................................. 47

1. Recrutement des participants ........................................................................................... 47

2. Description de la population étudiée ................................................................................ 48

3. Description des entretiens réalisés ................................................................................... 62

4. Résultats d’enquête .......................................................................................................... 65

DISCUSSION ........................................................................................................................ 117

1. Analyse critique du choix du sujet ................................................................................. 117

2. Analyse critique de la méthode ...................................................................................... 119

3. Analyse critique des résultats de l’étude, confrontés aux données de la littérature ....... 124

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CONCLUSION ...................................................................................................................... 143

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 147

ANNEXES ............................................................................................................................. 157

ANNEXE 1 : Le Serment d’Hippocrate ............................................................................. 157

ANNEXE 2 : Base pédagogique (Dautel et Jeanne) .......................................................... 158

ANNEXE 3 : Questionnaire préalable ............................................................................... 159

ANNEXE 4 : Guide d’entretien ......................................................................................... 160

ANNEXE 5 : Entretien test codé ........................................................................................ 162

ANNEXE 6 : Grille d’analyse ............................................................................................ 169

ANNEXE 7 : Sollicitation des médecins par email ........................................................... 170

ANNEXE 8 : Formulaire de consentement ........................................................................ 171

ANNEXE 9 : Fiche de traitement ...................................................................................... 172

ANNEXE 10 : Table des matières ..................................................................................... 175

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1

INTRODUCTION

1. Propos introductifs

Ma fille tousse et a de la fièvre, nous sommes samedi soir : vais-je, en tant que médecin

généraliste remplaçante, l’examiner à mon domicile, ou vais-je, en tant que maman souhaitant

conserver ce seul statut, attendre lundi pour prendre rendez-vous avec son médecin habituel ?

Voilà la question que je me pose à chaque fois que l’un de mes enfants est malade.

Ce dilemme de soigner ou non son enfant, chaque médecin y est forcément confronté.

Ne sachant quelle attitude adopter, je me suis, dès la naissance de mon ainé, intéressée au

positionnement de mes confrères vis-à-vis du suivi et de la gestion des pathologies de leurs

enfants.

On retrouve de nombreux articles relatifs aux soins des proches. Une revue de la littérature

menée par M. BEGUIN (1) en 2013 met en évidence que 76 à 99 % des médecins ont déjà

soigné un proche, bien qu’il soit communément admis, en particulier dans la littérature

étrangère, qu’il est préférable d’éviter de le faire (2–6).

Les études sont plus succinctes en ce qui concerne la prise en charge de ses propres enfants. La

quasi-totalité des médecins généralistes les aurait déjà soignés (7,8), dont 60 à 70 %

exclusivement (9,10). Les travaux de thèses sur ce sujet sont récents et principalement soutenus

par des femmes. Peut-on supposer que la féminisation de la profession soit à l’origine de ces

nouvelles considérations ?

Dans tous les cas, le fait de ne pas s’impliquer dans le suivi médical de ses propres enfants ne

semble pas aussi évident que celui de ne pas soigner un autre membre de sa famille. Pourquoi

l’enfant n’est-il pas un proche comme les autres ?

Dans le cas de proches majeurs, il revient au patient de choisir son médecin et donc de se tourner

vers son parent ou vers un tiers. Le mineur, lui, n’a pas cette liberté avant ses 16 ans (11). Que

l’on soit médecin ou non, c’est à nous, parents, en tant que représentants légaux, de prendre les

décisions, y compris médicales, relatives à nos enfants.

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2

Par ailleurs, la question du choix du médecin concerne chaque parent, médecin ou non,

notamment quand il s’agit de s’orienter vers un médecin généraliste ou vers un pédiatre.

Lorsqu’il s’agit d’une famille composée d’un, voire de deux parent(s) médecin(s), la situation

est plus complexe puisqu’il s’y rajoute la décision de s’impliquer, ou pas, dans la prise en charge

médicale de l’enfant.

Jusqu’à présent, la majorité des thèses se sont penchées sur les motivations ayant amené les

médecins à soigner ou non leurs enfants (9,12–17).

L’impact de ce choix sur la prise en charge médicale a été récemment évoqué. Ainsi, un

changement d’attitude du médecin consulté était mis en évidence lors du témoignage de parents

médecins (12) et tout dernièrement lors d’entretiens directs avec leurs confrères sollicités (18).

Parallèlement, les praticiens reconnaissent manquer d’objectivité lorsqu’il s’agit de leurs

enfants (12, 16, 17, 19–21) et interférer lors de la prise en charge de leur enfant par un tiers (2,

12, 14, 16, 20, 22), ce que confirmaient les médecins consultants (18).

Ces différences de pratiques, liées au statut d’enfant de médecin, modifient-elles réellement le

suivi médical ? Deux doctorantes se sont attachées à évaluer la qualité du suivi médical des

enfants de médecins : l’une d’elles s’est entretenue avec les conjoints de médecins sur les soins

accordés à leurs enfants (10). L’autre a interrogé les médecins généralistes et pédiatres soignant

les enfants de médecins (18). Elles concluent toutes deux l’absence de différence significative

dans le suivi global de ces enfants.

Néanmoins, les travaux récents soulignent que l’avis des principaux intéressés n’a que très peu

été étudié (10, 12, 17, 18, 23). En effet, quelques thèses ont cherché à connaître le ressenti des

proches (23–26), et notamment des conjoints (10,13), concernant leur prise en charge et celle

de leurs enfants par leur proche médecin. Les avantages et les inconvénients relayés par ces

derniers sont finalement assez superposables à ceux rapportés par les médecins eux-mêmes.

Toutefois, il s’agit, de nouveau, d’un avis extérieur pouvant ne pas correspondre à celui des

enfants de médecin.

Aussi, puisqu’il est finalement difficile de savoir si nous faisons ou non le bon choix en soignant

ou en ne soignant pas nos enfants, nous avons décidé de leur poser directement la question,

avec l’objectif suivant : étudier le ressenti des enfants de médecins concernant leur prise en

charge médicale actuelle.

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3

2. État des lieux des encadrements législatifs et

éthiques

2.1. Encadrement législatif du soin aux proches

2.1.1. Encadrement législatif en France

2.1.1.1. Code de Santé publique

L’article R4127-7 (27) est peu explicite, mettant simplement en avant le fait que le médecin

doit soigner tout patient indépendamment de sa situation « le médecin doit écouter, examiner,

conseiller ou soigner avec la même conscience toutes les personnes quels que soient leur

origine, leurs mœurs et leur situation de famille (…) ou les sentiments qu’il peut éprouver à

leur égard ».

2.1.1.2. Code de Sécurité Sociale

Contrairement à certains organismes de santé américains (comme le régime d'assurance-santé

de l'Ontario (28) qui ne permet pas de facturer le traitement de la famille immédiate), le Code

de Sécurité Sociale rembourse de la même façon tous les patients, qu’ils soient traités ou non

par un médecin avec lequel ils auraient un lien de parenté. Un parent médecin peut, quelle que

soit sa spécialité, être le médecin traitant de sa famille. « Le médecin traitant choisi peut être

un généraliste ou un spécialiste. Il peut être un médecin hospitalier » Article L162-5-3 (11).

2.1.2. Encadrement législatif à l’étranger

Certains états américains imposent la tenue d’un dossier médical documentant tous les actes,

interrogatoires et examens cliniques avant toute prescription et interdisent la prescription de

substances contrôlées pour leurs proches (29).

Certains hôpitaux, comme le « Barnes-Jewish Hospital », ont établi un règlement du personnel

médical interdisant aux soignants de prendre en charge un membre de leur famille proche

(conjoint, enfant, parent, fratrie), sans accord du chef de pôle (30).

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2.2. Encadrement éthique du soin aux proches

2.2.1. Encadrement éthique en France

2.2.1.1. Le Serment d’Hippocrate

Le Serment d’Hippocrate (Annexe 1) est relativement ambigu. En effet, d’un côté il stipule

« Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera », ce qui sous-entend

qu’un médecin doit soigner un proche qui le souhaiterait. De l’autre, il préconise de « préserver

l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission », ce qui pourrait justifier de

maintenir une distance suffisante avec ses patients, ce qui est difficile lorsqu’il s’agit de ses

propres enfants.

2.2.1.2. Code de déontologie médicale

L’article 6 rejoint le Serment d’Hippocrate, notifiant que « le médecin doit respecter le droit

que possède toute personne de choisir librement son médecin [et] doit lui faciliter l’exercice de

ce droit ».

L’article 7, quant à lui, reprend le Code de Santé Publique cité précédemment, suggérant ainsi

que le fait d’être un proche de médecin, y compris son enfant, ne présente pas d’obstacle

déontologique à le choisir comme médecin référent.

2.2.1.3. Positionnement du Conseil de l’Ordre des Médecins

Le Conseil National de l’Ordre des Médecins commente le code de Déontologie et se

positionne plus clairement sur la démarche du soin aux proches. Il reprend le Code de Santé

Publique pour émettre quelques réserves : « le médecin va soigner un ami, un proche ou une

personnalité avec une attention renforcée, des précautions supplémentaires, qui peuvent être

aussi bien bénéfiques que nuisibles. L'objectivité nécessaire à l'action du médecin

s’accommode mal de sentiments subjectifs. » (31)

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2.2.2. Encadrement éthique à l’étranger

2.2.2.1. Traité d’éthique médicale du Docteur Percival

Le docteur Thomas Percival, médecin et philosophe anglais, recommandait aux médecins, dans

le premier manuel d’éthique paru en 1803, de ne pas soigner ses proches, car ceci risquerait

d’obscurcir son jugement et de produire de l’insécurité dans sa pratique. (32)

2.2.2.2. Code d’éthique médicale de l’AMA

L’AMA (American Medical Association) s’est inspiré du traité du Docteur Percival pour

l’élaboration de son code d’éthique médicale. C’est donc sans surprise qu’on y retrouve dans

l’Opinion 1.2.1 (anciennement Opinion 8.19), la recommandation de ne pas soigner ses

proches, sauf en cas d’urgence. Toutefois, le texte est plus nuancé puisqu’il laisse tout de même

la possibilité de prendre en charge occasionnellement les problèmes bénins aigus.

En outre, ce code aborde pour la première fois la question du libre choix des enfants de

médecins. Ceux-ci pourraient se sentir obligés d’accepter les soins de leur parent pour ne pas

l’offenser : « Patients may feel uncomfortable receiving care from a family member (…) This

discomfort may particulary be the case when the patient is a minor child, who may no feel free

to refuse care from a parent » (33).

2.2.2.3. Code de déontologie du Québec

Le code de déontologie des médecins du Québec, réactualisé en 2015, préconise également,

dans l’article 70, de s’abstenir de soigner ses proches : « Le médecin doit, sauf dans les cas

d'urgence ou dans les cas qui manifestement ne présentent aucune gravité, s'abstenir de se

traiter lui-même ou de traiter toute personne avec qui il existe une relation susceptible de nuire

à la qualité de son exercice, notamment son conjoint et ses enfants. » (34)

2.2.2.4. Positionnement de la BMA

Les lignes directrices de la British Medical Association (BMA), citée dans une étude

malaisienne (21), sont superposables : “it is not advisable for doctors to assume responsibility

for the diagnosis and management of their own health problems or those of their immediate

family, except in the most unusual circumstance”.

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2.3. Encadrement législatif et éthique de la prise en charge

des mineurs

2.3.1. L’autorité parentale

L’autorité parentale est encadrée par le Code Civil français (35).

Article 371-1 : « L'autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité

l'intérêt de l'enfant. Elle appartient aux parents jusqu'à la majorité ou l'émancipation de

l'enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation

et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne. Les parents associent l'enfant

aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité. »

Article 371-2 : « Cette obligation ne cesse pas de plein droit lorsque l'enfant est majeur. »

Dans le cadre de la prise en charge médicale, c’est à partir de seize ans que l’enfant peut choisir

librement son médecin traitant. Néanmoins, selon l’article L162-5-3 du Code de Sécurité

Sociale, « le choix du médecin traitant suppose, pour les ayants droit mineurs, l'accord de l'un

au moins des deux parents ou du titulaire de l'autorité parentale. » (11)

Il existe deux exceptions, rappelées par la Haute Autorité de Santé dans son guide relatif à la

prise en charge des enfants et adolescents en établissements de santé (36) :

Article L.111-5 du Code de Santé Publique : « le médecin (…) peut se dispenser d'obtenir le

consentement du ou des titulaires de l'autorité parentale sur les décisions médicales à prendre

lorsque l'action de prévention, le dépistage, le diagnostic, le traitement ou l'intervention

s'impose pour sauvegarder la santé d'une personne mineure, dans le cas où cette dernière

s'oppose expressément à la consultation du ou des titulaires de l'autorité parentale afin de

garder le secret sur son état de santé. » (37)

Article L.5134-1 : « Le consentement des titulaires de l'autorité parentale ou, le cas échéant,

du représentant légal n'est pas requis pour la prescription, la délivrance ou l'administration de

contraceptifs aux personnes mineures (…) [et] sont protégées par le secret pour les personnes

mineures. » (38)

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2.3.2. Prise en compte de l’intérêt de l’enfant

L’ensemble des législations françaises et internationales concourent à souligner la primauté de

l’intérêt du mineur dans toutes les décisions le concernant.

Cette réflexion est reprise par l’article 3§1 de la Convention des Nations Unies relative aux

droits des enfants « Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu'elles soient le fait

des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités

administratives ou des organes législatifs, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une

considération primordiale. » (39)

2.3.3. Prise en compte de l’avis de l’enfant

L’article 371-1 du Code Civil s’est appuyé sur l’article 12§1 de la Convention des Nations

Unies pour assurer la prise en compte des opinions du mineur : « Les États partis garantissent

à l'enfant qui est capable de discernement le droit d'exprimer librement son opinion sur toute

question l'intéressant, les opinions de l'enfant étant dûment prises en considération eu égard à

son âge et à son degré de maturité. » (39)

S’il n’est pas obligatoire, le consentement du mineur doit ainsi toujours être recherché : « Le

consentement du mineur (…) doit être systématiquement recherché s'il est apte à exprimer sa

volonté et participer à la décision. » Article L.1111-4 du Code de Santé publique. (40)

Ces principes sont repris dans la synthétique Charte Des Enfants Hospitalisés (41) :

Article 4 : « Les enfants et leurs parents ont le droit de recevoir une information sur la maladie

et les soins, adaptés à leur âge et leur compréhension, afin de participer aux décisions les

concernant ».

Article 5 : « Les enfants et les parents ont le droit d'être informés pour participer à toutes les

décisions concernant la santé et les soins ».

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2.3.4. Confidentialité et secret professionnel

À l’instar de tout adulte, le mineur a le droit au respect de sa vie privée, de son intimité et du

secret médical. (42)

Cette règle fondamentale du secret professionnel, difficile à opposer aux représentants de

l’autorité parentale en cas de divergence de point de vue avec le mineur, est pourtant légiféré

en faveur de ce dernier dans l’article R.1111-6 du Code de Santé Publique : « La personne

mineure qui souhaite garder le secret sur un traitement ou une intervention dont elle fait l’objet

dans les conditions prévues à l’article L.1111-5 peut s’opposer à ce que le médecin qui a

pratiqué ce traitement ou cette intervention communique au titulaire de l’autorité parentale les

informations qui ont été constituées à ce sujet. Le médecin fait mention écrite de cette

opposition. » (40)

2.4. Synthèse des recommandations législatives et éthiques

En résumé, si aux États-Unis ou au Canada il est respectivement déconseillé et interdit de traiter

sa famille, il n’existe aucun texte en France réglementant ou restreignant le soin aux proches.

Seul l’Ordre des Médecins se positionne plutôt en défaveur d’une telle prise en charge, mettant

en garde le praticien des risques inhérents au manque d’objectivité. Il n’en conserve pas moins

son libre arbitre au moment de son choix.

Il est bon de rappeler que légalement, l’enfant devrait, en fonction de son degré de maturité et

de compréhension, pouvoir participer à cette réflexion.

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3. État des lieux des vécus et pratiques à travers

la littérature

3.1. Études relatives au ressenti du médecin soignant ses

proches

Selon L. MASSON (8), 82 % des médecins refusant de soigner leur conjoint évoquent l’affectif.

La doctorante S. CORNEC-LASSERRE (7) souligne le dilemme que le soin aux proches

soulève pour le médecin : « d’un côté la relation affective rend inacceptable le refus de soin

sur le plan moral et de l’autre une qualité de soins moindre par manque d’objectivité est

inacceptable sur le plan professionnel ».

P. DAGNICOURT (16) s’est attachée à identifier les interférences entre la relation de soin et

la relation affective préexistante. Dans un sens, le lien affectif influence la relation de soin : que

ce soit l’attitude du médecin, l’observance du proche-patient ou la relation professionnelle avec

les confrères. Dans l’autre, la relation de soins a des répercussions sur les liens familiaux et

impacte le bien-être personnel du médecin.

Elle a ensuite analysé les attitudes adoptées par les médecins face aux demandes de soins de

leurs proches. Les avis sont partagés entre ceux choisissant d’emblée de soigner leurs proches,

ceux refusant systématiquement de le faire et ceux cédant à contrecœur. Il semble que la

personnalité intrinsèque du médecin joue un rôle non négligeable, selon qu’il ait fort caractère

(il saura plus facilement dire non), confiance en lui (prendre en charge sa famille ne lui posera

pas de problèmes et inversement), peur du regard des autres ou, à l’opposé, besoin de

reconnaissance. Enfin, les expériences vécues peuvent conforter ou, au contraire, modifier le

positionnement initial du médecin : certains relativisent les difficultés liées aux soins aux

proches après les avoir surmontées, d’autres y sont directement confrontés et en mesurent tous

les dangers. Un médecin relate ainsi qu’en refusant catégoriquement de délivrer un certificat

médical à son frère sans examen préalable, il avait permis à un confrère de diagnostiquer une

insuffisance aortique sévère qui aurait engagé le pronostic vital de son proche sans intervention

chirurgicale rapide, soulignant l’importance de garder la même rigueur avec ses proches

qu’avec ses patients.

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F. MANASTERSKI (19) a interrogé des médecins généralistes sur les leviers et freins dans la

prise en charge de leurs proches. En dépit de la facilité et de la praticité d’une telle situation,

les médecins semblent conscients des risques liés à ces suivis particuliers. Pour limiter ces biais,

ils restreignent leur implication dans la prise en charge de leurs parents à des avis ponctuels,

évitant les pathologies lourdes ou touchant la sphère intime.

L’étude américaine de L.B. DUSDIEKER (43) met en évidence qu’outre les avantages

pratiques que procure le fait de soigner ses propres enfants, les médecins parents font également

ce choix pour leur confiance en leurs propres diagnostics et prises en charge thérapeutiques.

Cet argument est peu avancé par les médecins français interrogés dans les thèses de médecine.

Ainsi, les interviews de la doctorante S. FINELLE (44), menés auprès de médecins généralistes

soulignent avant tout les difficultés rencontrées par ces derniers : poids de l’incertitude, des

responsabilités, des remords en cas d’erreur médicale, mais également impact sur la vie

familiale avec confusion des rôles, conflits éventuels, envahissement de la vie privée et

difficultés à se défausser. Les médecins interrogés conseillaient de ne soigner ses proches qu’en

cas d’urgence ou en posant des limites précises, sans jamais traiter les pathologies lourdes, et

s’attachaient à valoriser le médecin traitant et à orienter vers des spécialistes.

Il en est de même pour J. PELTZ-AIM (20) qui a interrogé des médecins sur leur

positionnement vis-à-vis des maladies de leurs proches. Les praticiens sont majoritairement

réticents à soigner leurs proches, évoquant :

- une prise en charge incomplète en termes d’interrogatoire, d’examen clinique et de pose de

diagnostic. La sphère intime constitue un vrai obstacle dans le soin au proche : « demander à

mon beau-père s’il a une autre partenaire, ça ne me gêne pas. Demander à mon père s’il a une

maitresse, ça, ça m’embête » ;

- un cadre de consultation (soin au cabinet, sur rendez-vous, rémunéré, avec déclaration du

médecin traitant et examen complet) respecté par un seul médecin sur 22 ;

- la difficulté à voir et à accepter la maladie d’un proche, la perturbation de la rationalité ;

- le défaut d’observance, par manque de crédibilité voire de légitimité ;

- le poids des responsabilités, le médecin préférant souvent être médecin référent plutôt que

médecin traitant ;

- le fait d’être médecin malgré eux, avec certes, une facilité d’accès aux soins pour le proche,

mais, en contrepartie, l’intrusion de la vie professionnelle dans la vie privée.

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En parallèle, J. PELTZ-AIM nous livre son témoignage personnel concernant la prise en charge

de son propre enfant : « Moi qui suis si fière d’aller voir le médecin quand elle ne va pas bien

pour ne pas être son médecin, mais être « juste sa mère », je me retrouve ce jour à ne pas suivre

la prescription qui lui a été donnée. Malgré mes efforts, je vais à l’encontre de ce que je

voudrais faire « en théorie ». Et pourquoi me‐suis‐je justement promis de ne pas m’occuper de

ma fille en tant que médecin ? Parce que j’ai peur ! J’ai peur de mal faire, de tout minimiser

pour ne pas voir la gravité, ou au contraire, de toujours penser au pire. Bref, j’ai peur de ne

pas être « compétente » comme je saurai l’être pour quelqu’un d‘autre. ».

On constate l’impact des mentalités propres à chaque pays avec l’étude réalisée en Malaisie par

H. NIK-SHERINA (21). En effet il souligne que, dans ce pays, les liens familiaux très étroits

et le respect majeur des anciens rendent difficile le refus de prise en charge des parents proches.

Si certains médecins sont satisfaits de pouvoir le faire, un grand nombre de participants se sent

mal à l’aise par peur de l’erreur de diagnostic et de gestion des pathologies, peur du manque

d’objectivité et peur de l’impact de mauvais résultats sur la relation familiale. Ils se disent

généralement plus prudents pour les conjoints et parents que pour leurs enfants, dont les

affections mineures sont prises en charge « sans scrupules ». Les auteurs achèvent leur étude en

conseillant d’instaurer une formation adéquate, de s’efforcer à réaliser un examen complet, y

compris intime, du proche, de conserver son objectivité, d’être capable d’annoncer les

mauvaises nouvelles, d’anticiper tout conflit familial potentiel et surtout de connaître ses

propres limites.

Même si elle s’intéresse aux conjoints de médecins et non à leurs enfants, l’étude américaine

de P.E. BOIKO (45) mérite également d’être citée pour son originalité. En effet, l’auteur a

choisi de comparer l’attitude d’avocats par rapport à celle de médecins face aux problèmes

médicaux de leur épouse. Globalement, la prise en charge de symptômes bénins différait peu,

si ce n’est que les médecins réalisaient davantage l’interrogatoire et l’examen clinique. On peut

se permettre d’extrapoler ces résultats pour prendre un peu de recul face aux doutes que peut

ressentir le parent soignant ses enfants : en effet, même si la prise en charge peut ne pas paraître

optimale, car subjective, elle est peut-être préférable à une automédication effectuée par un

parent non médecin. Cependant, la crainte de l’erreur et le manque de distance professionnelle

lui font conseiller aux proches de choisir un autre médecin que leur conjoint.

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La thèse soutenue par O. HURÉ (12) en 2008 est l’une des seules à se pencher exclusivement

sur le fait de soigner ses enfants. Selon les médecins généralistes interviewés, il est plus facile

de prendre en charge son enfant plutôt qu’un autre proche. Ils évoquent un choix plus naturel,

avec une relation d’autorité entraînant une meilleure compliance, une relation filiale « subie »

et non « choisie » comme le sont les relations adultes/adultes des autres proches. Il a cherché à

identifier ce qui a initialement déterminé les médecins à soigner leurs enfants. S’ils évoquaient

les arguments classiques de manque d’objectivité, du poids des responsabilités et de confusion

des rôles, certains avançaient également leur volonté de ne pas vacciner, leur propre vécu en

tant qu’enfants de médecin, quelques-uns dénonçant l’absence de suivi médical et d’écoute par

leur parent, ou encore le refus de prise en charge par le confrère. L’implication dans le suivi de

leurs enfants variait également au fils des années, souvent par fatalité, face à « la vraie vie », à

« l’évolution naturelle » des choses, à l’indisponibilité, voire à une rupture de prise en charge

du tiers (déménagement de la famille, retraite du praticien…). Les enfants eux-mêmes peuvent

solliciter leur parent médecin, dès 5 ans environ, âge à partir duquel ils sont moins amenés à

consulter leur médecin traitant. De temps en temps, c’est le conjoint qui demande à ce que son

proche majore ou minore sa participation aux soins. Parallèlement, les médecins regrettent

parfois le désinvestissement du conjoint dans le suivi médical de leurs enfants.

Dans sa thèse soutenue en 2016 (17), J. GOUBET a également demandé aux parents médecins

généralistes s’il faut soigner ses enfants. Une fois encore, les intervenants sont partagés entre

le caractère naturel voir immuable d’être médecin à tout moment, y compris auprès de ses

enfants, et le manque d’objectivité, frein majeur à des soins optimaux. Elle s’est également

penchée sur l’influence de la profession du généraliste lors de l’hospitalisation de son enfant,

mettant en évidence une prise en charge hospitalière plus rapide, plus courte, plus attentionnée.

La relation soignant-soigné est perçue comme meilleure, qu’il s’agisse de la communication,

de la relation confraternelle ou de la confiance. Le statut de médecin, enfin, permet de réassurer

l’enfant et l’entourage dans ces situations. En contrepartie, le parent médecin doit faire face à

ses émotions, son sentiment d’impuissance, accepter de déléguer, limiter son interventionnisme

et savoir reconnaître ses propres limites.

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3.2. Études relatives au ressenti de l’entourage soigné par

son proche médecin

En 2014, G. BLEUEZ (24) a répertorié, par questionnaires, les déterminants poussant les

patients à opter pour un proche médecin : la confiance, la rapidité, la disponibilité et la gratuité

étaient évoquées. Mais paradoxalement, ces derniers aspects pratiques étaient cités en parallèle

comme pouvant être délétères pour le praticien (non-respect du planning, absence de

rémunération). Le manque d’objectivité et les difficultés à évoquer les problèmes intimes

étaient enfin avancés.

M. DA SILVA (26), en 2014, s’est directement entretenu avec des proches de médecin pour

connaître leurs attentes et leur ressenti concernant l’influence du lien préexistant.

Elle définit le proche comme étant une personne entretenant des relations étroites avec

quelqu’un d’autre, sans obligatoirement de lien familial. Cette distinction permet d’ouvrir la

réflexion sur le soin aux patients devenus proches.

Il apparaît que les proches ont conscience que l’empathie laisse place à de la sympathie.

L’auteur met, elle aussi, en évidence que les avantages relayés par les proches peuvent être

néfastes pour le médecin. Ainsi leur grande disponibilité, pratique pour le patient, peut être à

l’origine de saturation et de surmenage pour le praticien.

À noter que son étude inclut un fils de 15 ans. Celui-ci cite comme principal avantage la

disponibilité « il me remplit ma licence vite fait le soir… voire la veille du match » et la

connaissance du patient « qui me connaît mieux que lui ».

N. MADEC (10) a questionné les conjoints de médecin sur leur suivi médical. Les femmes se

tournent davantage vers leur conjoint médecin que les hommes (76,5 % versus 68 %). 54 % des

conjoints pensent que le fait que leur prise en charge se fasse par leur conjoint la rend

particulière en termes de prévention. Dans certains cas, elle est meilleure du fait d’une

information plus complète, de conseils quotidiens ou d’une proximité rassurante. En revanche,

d’autres dénoncent un manque de temps, un défaut de prise en charge globale, une négligence

et une difficulté à exprimer leur ressenti, l’un déclarant « la relation de soins est faussée par la

proximité affective des conjoints ».

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Tout récemment, J. GARAND (23) s’est elle aussi intéressée au ressenti des proches.

Tous les médecins de cette étude ont réalisé le suivi systématique de leurs enfants, vaccins

compris. On note toutefois que cette thèse a été menée dans une zone de désert médical. Un

enfant indique même avoir été suivi par son père pour son traitement de substitution par

Méthadone®, bien qu’il estime que son père l’ait fait à contrecœur. Lui-même a initialement

éprouvé des difficultés à en parler à son parent, mais celui-ci étant le seul à mener une bonne

prise en charge thérapeutique, le bénéfice médical l’a emporté sur l’affect.

L’ensemble des sondés sont satisfaits de leur prise en charge par leur proche médecin et aucun

n’a essuyé de refus de soins de la part de ces derniers. De façon générale, les médecins proches

délivrent régulièrement des messages de prévention, que ce soit, dans le cas des enfants, en tant

que médecin ou en tant que parent.

Enfin, à l’instar des autres proches, les enfants de médecins adultes interrogés ne souhaitent pas

être pris en charge par leur parent en cas de maladie grave, en particulier cancéreuse, afin de

les épargner.

En 2015, E. CANIATO (25) s’est entretenue avec 12 proches. Il s’agit d’une enquête qualitative

ayant inclus également des enfants de médecins, âgés de 29 à 36 ans.

Il ressort trois situations distinctes : le parent médecin traitant déclaré, le parent médecin

conseiller et le parent non sollicité, maintenu dans une relation filiale exclusive.

Ces situations particulières pouvaient être à l’origine d’une confusion des rôles avec parfois un

manque de crédibilité du parent soignant ou à l’inverse une idéalisation de ce dernier, une

infantilisation ou une minimalisation des symptômes du soigné avec une éducation médicale

rigoureuse. Ces aspects délétères étaient contrecarrés par les avantages pratiques d’accès aux

soins, le sentiment d’être privilégié ainsi qu’un sentiment de confiance accrue.

E. CANIATO soulève également le fait que bien que tous les proches de médecins rapportent

un facteur de risque de survenue d’événements indésirables, aucun ne semble faire le lien avec

une majoration du risque d’erreur médicale, probablement par déni, conscient ou non, ou par

perte d’objectivité.

E.K. FROMME (22) a classé les situations à risque en trois catégories : risque faible, modéré

et élevé. Le fait d’être le médecin traitant de son proche fait partie des situations à haut risque

puisque ce rôle implique une prise en charge globale difficilement respectée dans ce cas de

figure.

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Ces facteurs de risque de survenue d’erreurs ont été identifiés par V. DELMAS (46) comme

étant, dans le contexte particulier de soins aux proches :

- le manque de formalité de la consultation ;

- l’attitude de temporisation ;

- l’anamnèse incomplète ;

- la banalisation des symptômes ;

- l’examen clinique sommaire ;

- le manque d’objectivité ;

- la tenue aléatoire du dossier médical ;

- la non-compliance des proches ;

- la remise en question des directives du proche médecin.

Selon V. DELMAS, le défaut d’objectivité est l’un des principaux facteurs plaçant le parent

médecin dans une situation à risque : « l’affect se voit être un énorme scotome dans le

raisonnement et la prise en charge médicale de ses proches ; il obscurcit et altère le champ

visuel du praticien qui ne parvient pas à percevoir de façon objective le tableau qui se présente

à lui ».

La personnalité du médecin peut également majorer le risque d’erreurs. Ainsi, le médecin

perfectionniste est davantage vulnérable puisque se répercutent sur lui la peur de commettre des

erreurs, le stress lié au désir de réussite et l’embarras provoqués par le manque de confiance en

soi et le doute. Les personnalités compulsives se traduisent par une rigidité, un entêtement, une

incapacité à déléguer, un orgueil ou une dévotion excessive au travail.

Elle a enfin identifié l’impact de ces évènements indésirables sur le praticien lui-même :

- impact psycho émotionnel : émotions négatives à type de sentiment douloureux, anxiété,

agacement, culpabilité, regret, déception ;

- mise en place de mécanismes de défense : attitude rétrospective le plus souvent, puis à

relativiser, à se chercher des excuses, à se résigner, ou à l’inverse à assumer ou aller de l’avant ;

- modification de la relation avec le proche : gêne voire rancœur du médecin, colère de

l’entourage, tension dans la relation… pouvant amener une modification des demandes du

proche au médecin ;

- modification de la pratique : remise en question, recherche des facteurs de causalité, pratique

plus exigeante par la suite voire parfois décision de ne plus soigner ses proches.

Aussi, si le médecin décide, « même conscient du danger (…), par choix délibéré ou sous la

contrainte [de] s’engager dans des soins, cela nécessite de se fixer des règles et une remise en

cause permanente ».

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3.3. Études relatives au ressenti des confrères soignant les

proches de médecin

Dans sa thèse soutenue tout récemment, A. ARSICAUD (18) soulève la problématique des

particularités de la consultation lorsque le patient est enfant de médecin. Pour cela, elle a réalisé

des entretiens semi-dirigés auprès de médecins généralistes et de pédiatres soignant des enfants

de médecins.

Les médecins sollicités estiment que les parents médecins amènent moins souvent leurs enfants

en consultation que les autres parents de leur patientèle. Lorsqu’ils le font, c’est principalement

pour le suivi de leurs enfants, en particulier lorsqu’ils sont nourrissons puis adolescents, ou

lorsque l’évolution d’une pathologie est défavorable.

Il est intéressant de voir que cette prise en charge « décalée » ne dérange pas les médecins

traitants, l’un des médecins interrogés déclarant « [les médecins-parents] prennent ce qu’ils ont

besoin de prendre pour s’ajuster. Et moi je dis ce que j’ai besoin de dire pour jouer mon rôle

de médecin traitant, de famille et de confrère. Après ils font ce qu’ils veulent ».

La majorité des médecins traitants s’adresse aux consultants en termes médicaux, et estime que

cette situation permet un gain de temps. À l’inverse, certains regrettent qu’en miroir, les parents

médecins exposent les symptômes en langage technique, cela les déstabilisant et influençant

leur diagnostic, parfois jusqu’à l’erreur médicale « il m’a parlé d’otite (…) Ce gosse avait une

fracture de la clavicule que je n’ai pas vue (…) il m’a embrouillé avec son discours médical ».

Ils pointent du doigt le manque d’objectivité des parents-médecins, par excès (un généraliste

amène sa fille pour un ganglion et déclare d’emblée qu’il pense qu’elle a une leucémie), ou par

défaut (un parent consulte quatre jours après une chute, il s’avère que l’enfant a une fracture).

La question de la rivalité est abordée : le médecin doit davantage justifier sa prise en charge,

certains préférant même se contenter de la coordonner. Cela peut aboutir à une situation de

stress, le médecin traitant ressentant un manque d’expérience, des difficultés accrues à annoncer

une maladie grave ou la peur d’être jugé, cette sensation s’atténuant au cours du suivi ou avec

l’expérience.

Malgré cela, les médecins traitants reconnaissaient être plus disponibles, par confraternité, mais

donner moins de conseils pratiques, excepté lorsque le parent est d’une spécialité éloignée de

la pédiatrie. Ils estiment d’ailleurs que les parents médecins non pédiatres ou non généralistes

agissent comme des parents lambdas.

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Tous les médecins interrogés essaient de faire abstraction du médecin face à eux, en s’efforçant

de maintenir une prise en charge identique à celle des autres patients. Pour cela, ils conseillent

d’être eux-mêmes, sans se mettre la pression, de garder la bonne distance, sans se laisser

influencer et en montrant leur confiance en eux, tout en restant humbles, confraternels,

empathiques face à l’inquiétude des parents.

Quelques lignes soulignent enfin l’importance de ne pas oublier l’enfant. Pourtant, comme dans

tous les travaux étudiés, celui-ci n’est que très peu mentionné, ou alors toujours à travers les

yeux de son médecin ou de son parent.

Dans son article (6), J. MCSHERRY, médecin universitaire américain prenant en charge de

nombreux étudiants enfants de médecin, dénonce le comportement de ces parents soignant leur

enfant à distance. Il raconte le cas d’une fille de médecin qu’il a pris en charge pour une

affection aiguë. Son père lui a demandé de ne pas suivre le traitement prescrit par le médecin

tiers, mais uniquement celui qu’il lui ordonnait, sans avoir connaissance que celle-ci prenait

une contraception interagissant avec ses médicaments, sa fille ne voulant pas que son père soit

au courant de son activité sexuelle.

Il décrit un "medical doctors-parent syndrome". Il s’agit du comportement délétère des parents

médecins, plus ou moins grave selon leur degré d’implication dans la prise en charge médicale

à distance de leur enfant (médecin secondaire, médecin traitant exclusif). Il ne remarque pas de

différence selon que le parent est homme, femme, généraliste ou spécialiste. Il note que ces

étudiants n’ont la plupart du temps jamais d’examens complets, pas de dossiers médicaux, des

vaccinations inadaptées et mal documentées, pas de possibilité de discuter de leur

développement ou de leur sexualité avec un tiers. Ils souffrent de « négligence médicale

bénigne » ou à l’inverse d’une « paranoïa médicale ». Lorsque le parent est le médecin traitant

exclusif, les enfants deviennent plus secrets et ressentent le besoin de chercher des soins dans

les salles d’urgence ou les cliniques anonymes.

Il conclut donc en insistant sur l’importance de faire confiance à son enfant et au confrère

consulté, et de leur laisser à tous deux leur autonomie.

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3.4. Études relatives aux modalités de prise en charge de

l’enfant de médecin

M. COUSIN (47) ne retrouve pas de différence significative de prise en charge de l’enfant de

médecin en fonction de l’âge du praticien, de son ancienneté, de son mode d’exercice.

Contrairement aux autres résultats d’enquête (9, 13, 17), il ressort de cette étude que 42 % des

médecins ont recours plus fréquemment à l’antibiothérapie pour leurs enfants que pour leur

patientèle, ce que O. HURÉ (12) explique par une plus grande anxiété de certains parents (12).

Le schéma vaccinal des enfants de médecin apparaissait en revanche identique à celui des autres

enfants de leur patientèle.

Selon une étude suisse (48), 92 % des praticiens suivent les recommandations vaccinales pour

leurs enfants. Les spécialistes non pédiatres sont plus réticents que les pédiatres à réaliser les

vaccins non obligatoires et tarderaient plus à vacciner leurs enfants.

Pour N. MADEC (10), par contre, les enfants de médecin ont une meilleure couverture

vaccinale que la population générale puisque l’ensemble des enfants de médecin sont à jour du

calendrier vaccinal. 62,5 % des parents médecins vaccinent eux-mêmes leurs enfants (25 % des

enfants de moins de 2 ans, 72,5 % des plus de 7 ans).

La question de l’examen systématique n’a été abordée que pour les enfants de moins de 6 ans :

l’examen systématique est réalisé à 40,5 % par le parent, 20 % par le pédiatre et 14,5 % par un

généraliste.

Concernant le carnet de santé, il est utilisé dans 79 % des cas, en particulier par les mères

généralistes (93,5 % versus 74 % pour les hommes). La courbe staturo-pondérale est tenue à

jour par 61,5 % des parents médecins, 73 % des médecins extérieurs et 100 % des pédiatres, en

nuançant toutefois le fait que cette courbe est systématiquement remplie chez le nourrisson

alors qu’elle ne l’est que dans 39,5 % des cas chez les plus de 16 ans, tous praticiens confondus.

Une fois encore, les femmes médecins sont plus scrupuleuses dans la tenue des courbes.

66,5 % des certificats sont réalisés par les parents médecins, délivrés dans 29 % des cas sans

interrogatoire ni examen clinique préalables.

La majorité des enfants se tournent vers leurs parents médecins pour discuter des addictions et

de la sexualité, ces thèmes étant abordés dans le cadre familial et non lors d’une consultation

médicale.

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16,5 % demandent toutefois à consulter un médecin extérieur, les hypothèses soulevées par la

thésarde étant la pudeur, le secret médical, les conflits intrafamiliaux ou le manque d’écoute

ressenti.

La première contraception est prescrite par le gynécologue (37 %) ou le parent (30 %), le tiers

restant correspondant à un médecin extérieur.

D’après J. GARAND (23), il existe un stress notable des pères à soigner leur enfant nourrisson

(les mères médecins ne sont pas citées). L’examen systématique des jeunes enfants était

systématique et complet, tandis que celui des adolescents est beaucoup plus succinct. Les

enfants de médecins devenus adultes gardaient leur parent comme médecin traitant, même après

un déménagement. Les consultations sont majoritairement téléphoniques, y compris pour ceux

vivant juste à côté.

B. JOFFRE BERTHOMME (9), enfin, a réalisé une enquête par questionnaires auprès de

médecins généralistes afin de déterminer les intervenants prenant en charge les enfants de

médecins. Le plus souvent, il s’agit du parent, qui réalise les examens systématiques, vaccine,

soigne les maladies courantes, voire les traumatismes. Il a recours à un spécialiste pour les

pathologies lourdes ou invalidantes, mais est souvent à l’origine des hospitalisations. Les

médecins pensent majoritairement pouvoir garder une attitude professionnelle et objective face

à leurs enfants, mais sont moins sûrs d’eux quant au fait d’avoir une prise en charge similaire à

celle de leur patientèle.

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3.5. Études relatives aux enfants face à leurs soins

3.5.1. État des lieux des jeunes face à leur santé

Selon l’étude de M. CHOQUET publiée dans l’ouvrage Les Adolescents et leur Santé (49), les

filles consultent, de façon significative, davantage que les garçons entre 16 et 18 ans. 17 % des

garçons et 11 % des filles âgés de 16 à 18 ans n’ont, en revanche, consulté aucun médecin en

l’espace de 3 ans. L’étude souligne également que le médecin sous-estime les troubles

fonctionnels ressentis par les adolescents.

Selon une enquête nationale réalisée en 1993 par l’INSERM (50), 10 % des adolescents ne

parlent à personne de leurs problèmes de santé. Parmi ceux qui osent en parler, les deux tiers

choisissent leurs parents comme premiers interlocuteurs, les médecins étant leur premier

recours dans moins de 14 % des cas.

Selon le Professeur D. SOMMELET (51), le pédiatre libéral ne suivrait que 20 % des enfants

de 0 à 18 ans. Il voit ponctuellement 40 à 60 % des enfants de 0 à 2 ans et très sporadiquement

(en moyenne un jour sur 2 deux) un adolescent. Ces chiffres sont à opposer au généraliste qui

assure 80 % ses consultations de l’enfant dès 2 ans.

On peut donc imaginer que le médecin généraliste reste le contact de premier recours pour les

enfants consultant, à leur initiative, un médecin.

D’après l’étude de 1999 citée dans l’ouvrage La Médecine de l’Adolescent (42), un quart des

adolescents auraient souhaité un jour consulter un médecin sans que ses parents en soient

informés, mais deux tiers auraient renoncé par crainte que ses parents ne le sachent.

Pourtant, une enquête réalisée en 2014 par UNICEF met en évidence le grand malaise des

enfants et adolescents en France (52). Ainsi, 81 % des enfants de 6 à 18 ans interrogés se disent

tristes ou cafardeux, 52 % pensent ne plus avoir goût à rien, 64 % à perdre confiance en eux-

mêmes. 28 % des adolescents répondants ont même reconnu avoir déjà pensé au suicide et 11 %

avoir déjà tenté de se suicider.

C’est dire l’importance du dépistage du mal-être de nos enfants et la vigilance dont nous devons

faire preuve, aussi bien en tant que parents qu’en tant que médecins.

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3.5.2. Les différents types de relations enfant-médecin

La relation patient-médecin

L’ouvrage Psychologie Médicale (53) souligne que la relation soigné-soignant est une relation

d’inégalité, faite d’attentes et d’espérances mutuelles. Le malade recherche inconsciemment

une « figure protectrice » dont il attend « guérison ou du moins soulagement (…) aide et

protection ». L’attente affective peut transformer les rapports d’échange en « rapports de

force ». La relation patients-médecins peut être alors comparée aux relations enfants-parents ou

élèves-maîtres.

Le mécanisme de transfert de l’adulte, qui correspond à l’investissement affectif du patient sur

le médecin, peut être rapproché de la même façon à « l’idéalisation » par l’enfant de ses parents

et leurs pouvoirs.

En parallèle, la notion de contre-transfert correspond aux mouvements affectifs du médecin en

réaction à ceux de son patient. Le risque d’une affection trop marquée serait « d’entraîner les

deux partenaires dans une relation envahissante et pas toujours maitrisable pour laquelle la

rupture brutale devient alors la seule solution ».

Que dire alors de la relation enfant-médecin dans laquelle le lien filial élève au premier plan les

affects de chacun des deux partis ?

P. ALVIN et D. MARCELLI (42) ont distingué 3 types de relations médecin-enfant, selon

l‘ancienneté et la place qu’occupe le médecin traitant au sein de la famille du mineur.

Évocation des médecins suivant un enfant depuis longtemps

Il y a un avantage certain à connaître l’enfant depuis longtemps, à savoir une bonne

connaissance de ses antécédents et de son contexte familial. Malheureusement, cela peut

également empêcher le médecin de percevoir l’évolution de l’enfant vers l’adolescence et par

la même de reconnaître le nouveau statut dont il pourrait se réclamer.

Il est intéressant de noter que les auteurs comparent ici le médecin de famille de longue date à

un parent : « cela équivaudrait en somme à s’identifier à un parent qui ne voit pas grandir son

enfant ». On peut aisément penser que cet écueil est prééminent chez le parent-médecin.

Pour limiter ce piège, P. ALVIN et D. MARCELLI conseillent de « savoir demander à

l’adolescent directement ce qu’il en pense, après avoir précisé qu’il semble maintenant arrivé

à l’âge où il pourrait être reçu comme un adolescent ».

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Évocation des médecins soignant déjà le reste de la famille

À nouveau, le médecin a l’avantage de bien connaître le cadre familial, mais cela peut s’avérer

être une « source potentielle de difficultés eu égard à la question centrale de la confidentialité »

(42), l’adolescent pouvant être réticent à faire part à son médecin de préoccupations relevant de

l’intimité ou de difficultés relationnelles intrafamiliales notamment.

Si l’on extrapole cette réflexion à l’enfant exclusivement pris en charge par son parent médecin,

on peut craindre qu’il soit encore plus difficile pour ce dernier de se confier à son parent.

Évocation des médecins ne connaissant pas l’adolescent

La consultation est cette fois-ci « a priori libérée de tout préjugé » (42), mais implique une

évaluation de part et d’autre par le médecin et par l’adolescent. La mise en place d’une relation

de confiance est nécessaire pour que ce dernier puisse se livrer.

3.5.3. Représentations de la consultation chez le médecin par l’enfant

A. GENESLAY (54) a réalisé une thèse ayant pour objectif de décrire les représentations que

se font les enfants de 5-6 ans de leur consultation chez le médecin, au travers de focus group.

Bien qu’il ne s’agisse pas d’enfant de médecins, il est intéressant de voir que les enfants dès

leur plus jeune âge ont leur propre avis concernant les soins reçus. Ainsi, ils relèvent ne pas

toujours consulter un médecin, notamment lorsqu’ils ne sont « pas beaucoup malade » ou que

leur maman peut les soigner, et que la demande de consultation est toujours à l’initiative de leur

parent. Certains enfants souhaiteraient être inclus dans l’échange entre leurs parents et le

docteur. Quelques-uns préfèreraient avoir un autre médecin que celui choisi pas leurs parents.

Enfin, on constate qu’ils jugent, dès le plus jeune âge, les compétences de leur médecin « Un

bon docteur, ça veut dire qu’il nous guérit ».

H. FEY (55) s’est, lui, penché sur les perceptions et attentes des enfants de 10-11 ans dans leur

relation avec leur médecin. S’ils ne savent pas encore définir le mot « pudeur », beaucoup

d’enfants expriment leur gêne et leur retenue, voire leur honte et leur angoisse se rapportant à

l’intrusion dans leur intime, en particulier dans l’examen physique. La pudeur se vit également

face à un tiers, que ce soit le médecin ou l’accompagnant. Ce dernier est tantôt désiré, car

rassurant, tantôt repoussé, dans une recherche d’autonomisation et d’intimité avec le médecin.

Les enfants interrogés préfèreraient un médecin de même sexe qu’eux, une explication au

préalable des actes réalisés, un déshabillage partiel et adapté, une plus grande considération et

un respect de leurs opinions.

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3.6. Synthèse de ces études

3.6.1. Cadre des soins

Environ 70 % des consultations seraient effectuées en dehors du cabinet médical (10,56) : elles

sont réalisées par téléphone ou au domicile du médecin ou du proche, ce qui est apprécié par la

famille, car levant la contrainte du déplacement au cabinet. Le suivi des ainés vivant loin se fait

pour certains à l’occasion des réunions familiales. Mais par conséquent, les consultations sont

plus brèves, moins approfondies, voire moins crédibles aux yeux des proches.

86 % des consultations sont faites en dehors des horaires d’ouverture des cabinets (56).

Les conditions sont inadaptées pour les médecins qui n’ont ni dossier médical, ni matériel

médical et probablement pas toujours l’envie après une journée de travail (10).

Exceptionnellement, les proches consultent au cabinet médical pour que leur proche médecin

les « écoute » enfin (23).

3.6.2. Motivations du médecin

Nous avons listé l’ensemble des motivations du médecin à soigner ou non ses proches, à la

lecture des différentes études de la littérature.

Choix de soigner

Choix naturel, voire évident, tradition familiale dans les lignées de médecins, devoir moral,

volonté de rendre service, sentiment d’utilité ou de plaisir, fierté, satisfaction personnelle,

renforcement de son identité familiale ou des liens avec le proche, compréhension du tiers de

sa profession, expériences vécues positivement, enrichissement de sa pratique professionnelle.

Choix de ne pas soigner

Souhait de ne se positionner qu’en tant que proche, manque de confiance en soi ou

d’expérience, gestion plus difficile des incertitudes, peur de jugement des proches, poids des

responsabilités, appréhension des conflits familiaux et des sentiments personnels de culpabilité

et de regret en cas d’évolution défavorable, peur de ne pas gérer les affects, influence de

l’enseignement reçu, décision commune avec le proche, demande de soin hors champs de

compétences.

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Raisons pour lesquelles le médecin soigne alors qu’il ne voudrait pas

Peur de blesser, difficultés à refuser les sollicitations répétées ou insistantes, demandes

mineures pouvant conduire à une implication plus conséquente (« pris dans l’engrenage »), sens

du devoir, obligation sociale et familiale de soins, en particulier en situation d’urgence ou

lorsque le patient refuse de consulter un autre médecin, manque de confiance envers les

confrères ou malaise de ces derniers à prendre en charge les proches, enfants notamment,

absence d’autres recours, choix de la facilité en dépit de ses convictions.

3.6.3. Motivations du proche

Les déterminants avancés par les proches à être, ou non, suivis par un médecin de leur famille

suggèrent un certain recul et une certaine réflexion antérieure vis-à-vis de cette prise en charge

particulière.

Souhait d’être soigné par son proche

Climat de confiance, réassurance, avantages pratiques et économiques, accès faciles aux

médicaments et aux spécialistes, prise en charge privilégiée, avec sentiment de soins de

meilleure qualité.

Souhait de ne pas être soigné par son proche

Pudeur physique et psychologique, proximité du lien, confusion des rôles, risque de litiges,

risque de complaisance, peur d’imposer une charge de travail supplémentaire ou une trop

grande responsabilité au médecin (notamment en cas de maladie grave), crainte de non-respect

du secret médical dans la famille.

3.6.4. Avantages et inconvénients de soigner son proche

Bien qu’ils le fassent communément, la revue de la littérature démontre que les médecins

évoquent beaucoup plus d’inconvénients que d’avantages à soigner leurs proches.

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Bénéfices liés à la prise en charge d’un proche

Avantages pratiques d’accès aux soins, bonne connaissance du patient, facilité à le réévaluer

régulièrement, meilleur respect de ses conseils, patient parfois plus docile, meilleure prise en

charge par les confrères.

Difficultés relatives à la prise en charge d’un proche

Examen clinique aléatoire, manque de matériel, absence de cadre, interrogatoire incomplet,

éloignement géographique, manque d’objectivité, prise en charge excessive parfois,

minimaliste, voire attentiste, souvent, familiarité et manque d’autorité à l’origine

d’inobservance, attente de services médicaux meilleurs et plus rapides par les proches, mise en

doute des aptitudes professionnelles par le proche, risque de complaisance dans les certificats,

prescriptions sans examens cliniques ou complémentaires préalables, confiance exagérée,

embarras, difficultés lors de l’annonce de mauvaises nouvelles, demande de disponibilité

permanente avec majoration de la charge de travail et risque de saturation, conflits en cas de

refus de soins, difficultés à maintenir le secret médical, interférence dans la relation de soins

avec le médecin extérieur.

3.6.5. Avantages et inconvénients d’être soigné par son proche-médecin

Les avantages et inconvénients avancés par les proches recoupent en partie ceux des médecins

eux-mêmes.

Privilèges liés à la prise en charge par un proche

Avantages pratiques à type de rapidité de prise en charge, disponibilité, absence de

déplacements et gratuité des soins, fierté, confiance, franchise, avis consultatif confortant la

prise en charge d’un confrère, réassurance en cas d’urgence notamment.

Écueils liés à la prise en charge par un proche

Pudeur physique et psychologique à l’origine d’un interrogatoire et d’un examen limités, voire

d’omissions, procrastination, manque de crédibilité du médecin proche, absence de

disponibilité et de considération de la part de celui-ci, dérangement pour le médecin proche,

avec parfois sentiment d’impatience voire d’agacement en découlant.

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4. État des lieux des recommandations dans la

littérature

4.1. Arguments avancés dans la littérature en faveur ou en

défaveur de la prise en charge de ses proches

Si seules quelques doctorantes françaises (10,16) se positionnent clairement contre la prise en

charge de ses proches, les avis sont souvent beaucoup plus tranchés dans la littérature étrangère.

Ainsi, M. MAILHOT (2), résidente canadienne, dénonce le soin aux proches qui, selon elle,

peut entraîner un conflit des rôles, une relation thérapeutique mal définie, rendant difficiles le

respect de l’intimité et le maintien de l’objectivité. Le diagnostic et la qualité des soins peuvent

être biaisés par un défaut d’interrogatoire ou d’examen clinique, conscient ou non, par pudeur

ou gêne. Elle estime qu’en traitant un membre de la famille, le risque de commettre une erreur

est plus important que lors du soin aux autres, et qu’il est donc imprudent de devenir le médecin

d’un membre de sa famille, voire d’un ami.

C.A. JACOB (3) a publié un court article dans lequel elle exhorte les médecins à ne pas soigner

leur propre famille, après être passée à côté d’une ostéomyélite multifocale récidivante chez

son fils de 10 ans.

Une étude américaine de 2007 (5) a également opposé les points de vue de plusieurs praticiens

sur un cas éthique particulier, à savoir l’opération chirurgicale de son propre enfant. L’exemple

pris était celui d’un jeune athlète olympique de 25 ans nécessitant une autogreffe pulmonaire

pour laquelle le chirurgien le plus compétent s’avérait être son père.

Les médecins favorables à ce que le chirurgien opère son fils avançaient :

- le fait d’être plus impliqué, permettant de faire le maximum ;

- l’honneur et le privilège de pouvoir soigner ses proches ;

- le fait qu’un garagiste répare sa propre voiture : pourquoi un médecin ne soignerait-il pas sa

famille ?

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Les praticiens contre cette pratique objectaient :

- l’altération du jugement par les émotions ;

- la dégradation des relations familiales en cas de complications ;

- la difficulté de maintien de la confidentialité ;

- les difficultés à communiquer franchement avec le patient.

Ces arguments contre la prise en charge du proche sont globalement superposables à ceux

avancés par l’AMA (57).

L’américain D. KENNETH (58) conteste les directives de cette association en déboutant ses

principales objections :

- concernant l’influence des sentiments personnels sur la prise en charge du proche, il estime

que les médecins sont formés au cours de leurs études à être objectifs et savent passer la main

lorsque cela est nécessaire. Il trouve aberrant qu’on puisse, sous prétexte qu’il s’agit de sa

famille, remettre en question les qualifications du praticien « your license to practice medicine

is valid for virtually everybody except for those most important to you », ou son bon sens en

administrant des soins sans le consentement du proche, ou au-delà de ses compétences « I do

not know of any physician who would compromise the well being of a loved one by rendering

care outside his area of expertise » ;

- concernant le manque de rigueur à l’interrogatoire et à l’examen du fait d’une plus grande

pudeur, il reconnaît que les proches, comme les médecins, peuvent ne pas être à l’aise dans

certaines situations, mais qu’il est facile de l’expliquer au proche et de l’adresser à un confrère

le cas échéant ;

- dans le cas particulier des enfants mineurs, il rejette l’idée qu’une institution puisse vouloir se

substituer à l’autorité parentale dans le choix du soignant du mineur, ce d’autant que l’enfant

peut lui-même préférer un membre de sa famille avec lequel il serait plus détendu. La

problématique du parent, médecin de son propre enfant, n’est en revanche pas abordée par

l’auteur.

- concernant l’impact possible de résultats médicaux péjoratifs, il concède qu’ils puissent

affecter les relations familiales, mais n’admet pas que l’AMA intervienne dans ces

considérations personnelles. On peut cependant suggérer qu’il soit opportun pour le médecin

d’avoir pris cet aspect en considération avant de choisir de soigner son proche.

D. KENNETH conclut son article en déclarant qu’il serait temps de reconnaître aux patients le

droit de choisir leur propre médecin, même s’il s’agit d’un membre de leur famille.

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4.2. Propositions apportées par la littérature

Comme pour n’importe quel proche, la prise en charge de son propre enfant nécessite une

réflexion antérieure sur les enjeux d’un tel choix, comme le conseillent O. HURÉ (12) et S.

FINELLE (44) en conclusion de leur thèse.

On peut, pour cela, se baser sur les sept questions proposées par J. LA PUMA (59), référent

international sur le sujet, avant de soigner un proche, hors cas d’urgence :

· Suis-je formé pour gérer la demande de soins de mon proche ?

· Suis-je trop proche pour l'interroger sur son histoire personnelle, son état physique, et pour

être porteur de mauvaises nouvelles le cas échéant ?

· Puis-je être suffisamment objectif pour ne pas dispenser trop ou pas assez de soins ou de façon

inappropriée ?

· Est-ce que mon implication médicale est susceptible de provoquer ou d'intensifier des conflits

intrafamiliaux ?

· Mes proches seront-ils plus compliants si les soins sont prodigués par un médecin

indépendant ?

· Vais-je autoriser le médecin à qui j'adresse mes proches à s'occuper d'eux ?

· Suis-je prêt à rendre des comptes à mes pairs et à la société pour cette prise en charge ?

Dans sa thèse, P. DAGNICOURT (16) propose de compléter ces questions :

· Est-ce que les soins peuvent modifier mon identité familiale ?

· Les soins peuvent-ils être réalisés dans de bonnes conditions pratiques et techniques ?

· Suis-je prêt à faire face aux critiques de mon proche et du reste de la famille ?

· Est-ce que la relation de soin est susceptible de compromettre mon bien-être personnel ?

E.K. FROMME (22), conseille de se poser la question suivante : « Qu'est-ce que je pourrais

faire dans cette situation si je n'avais pas un doctorat en médecine ? » La nécessité d’avoir des

connaissances médicales indique qu’on sort de son rôle de parent et nécessite une plus grande

prudence.

Pour J. KERRIGAN (30), un médecin doit faire pour son proche ce qu’il ferait pour un autre

patient, en prenant en compte le bénéfice pour le patient (« primum non nocere »), et en

respectant son autonomie et son choix éclairé.

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J. MCSHERRY (6), médecin universitaire traitant les enfants de confrères, liste une série de

propositions pour le parent qui, malgré ses avertissements, souhaiterait soigner son enfant :

· ne pas fournir une grosse pharmacie à son enfant : il doit consulter un médecin si besoin ;

· ne pas faire de prescriptions téléphoniques ;

· faire appel à un confrère, même s’il le juge moins compétent, car il a l’énorme avantage d’être

sur place ; lui faire confiance ou l’appeler en cas de doute sur sa prise en charge ;

· faire confiance à son enfant, le laisser être responsable de ses actes et avoir son propre médecin.

En se basant cette fois-ci sur l’avis des parents médecins soignant leurs enfants, O. HURÉ (12)

prodigue les conseils suivants, plus spécifiques à cette population :

· ne pas s’impliquer si l’on est trop anxieux ou préoccupé par le poids des responsabilités ;

· se remettre en cause en permanence et savoir passer la main ;

· s’autoriser le recours à un pédiatre les premières années pour se familiariser avec son rôle de

parent et prendre confiance ;

· garder un tiers pour le suivi régulier, permettant d’avoir un avis extérieur en cas de doute ;

· être particulièrement rigoureux si l’on souhaite assurer le suivi exclusif.

Comme le conseillent plusieurs auteurs (16, 20, 60), le cadre et les étapes d’une consultation

standard doivent être respectés, le proche devant être soigné comme n’importe quel patient.

J. LA PUMA (59) préconise même le paiement de la consultation, la prescription et les conseils

étant mieux suivis en cas de rémunération. G.L. EASTWOOD (60) et P. DAGNICOURT (16)

suggèrent en outre d’exposer les difficultés et les conséquences éventuelles des soins au proche

afin qu’ils choisissent cette relation de soins en connaissance de cause.

E. CANIATO (25) s’interroge également sur la pertinence d’un cadre législatif qui pourrait,

selon ses conclusions, rassurer le médecin soignant ses proches ou, à l’inverse, le conforter dans

son choix de ne pas le faire, et faciliter son refus.

Une telle législation semble difficile à mettre en place et à appliquer, compte tenu de la diversité

des situations médicales auxquelles le médecin proche est confronté, et de la complexité des

facteurs intrinsèques et extrinsèques influençant sa décision de soins. À défaut, une

sensibilisation à cette problématique au cours du cursus universitaire est l’une des propositions

récurrentes de la littérature française (16, 46, 61).

M. DAUTEL et J. JEANNE (62) ont proposé, après sollicitations d’experts sur le sujet, une

base pédagogique qui pourrait être utilisée à cet effet (Annexe 2).

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5. Objectifs de l’étude

Comme le souligne A. GENESLAY (54) dans sa thèse, « trop souvent au sein du trio médecin-

enfant-parent, seuls les adultes dialoguent. Or, les enfants méritent d’être écoutés. Ils ont un

jugement sur leur médecin, leur consultation, bien sûr influencé par celui de leur famille, mais

ils ont aussi leur avis propre ».

Parce qu’ils sont les mieux placés pour en parler, notre étude a pour objectif de connaître le

ressenti des enfants de médecin concernant leurs soins, en nous entretenant directement avec

eux.

Les objectifs secondaires sont de déterminer :

- l’influence des caractéristiques intrinsèques et extrinsèques du parent médecin sur la prise en

charge médicale de son enfant ;

- les critères de choix du médecin référent de l’enfant ;

- les particularités de la consultation médicale de l’enfant de médecin par rapport à ses pairs ;

- les différences d’évaluation de la prise en charge médicale des enfants de leur point de vue et

de celui de leurs parents.

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MATÉRIELS ET MÉTHODES

1. Choix du type d’étude

1.1. Choix d’une étude qualitative

Notre étude s’intéressant au ressenti et au vécu d’enfants de médecins, c’est tout naturellement

que nous nous sommes orientés vers une étude qualitative.

C’est une stratégie de recherche combinant diverses techniques de recueil et d'analyse

qualitative dans le but d’expliquer un phénomène en le comprenant et en faisant ressortir ses

mécanismes déterminants. Elle permet l’étude de données verbales, difficilement mesurables.

L’étude qualitative se distingue en effet par le « caractère vécu de l’information recueillie, qui

a la propriété d’être subjective » (63). Explorant ainsi les émotions, les sentiments, les

comportements et les expériences personnelles des individus (64), l’étude qualitative est la

méthode de choix pour notre enquête.

1.2. Choix d’une enquête par entretiens

Il existe trois grands types de techniques de recueil de données qualitatives : les techniques

d’observation directe, les questionnaires et les entretiens.

L’observation est une technique qui consiste à collecter des données observables de terrain,

sans intervention de la part du chercheur.

Le questionnaire est une suite de questions standardisées permettant le recueil de données

précises auprès d'un nombre important de participants, facilement quantifiables, lorsqu’il s’agit

de questions fermées.

L’entretien est défini par A. BLANCHET et N. GOTMAN comme « l’obtention par une

personne A d’une information biographique (vécue et subjective) d’une personne B, à

l’initiative de A et au bénéfice de sa recherche ».

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Contrairement au questionnaire qui est figé et strictement identique pour chacun des sujets,

l’entretien est variable d’un individu à l’autre puisque son déroulement dépend de l’interaction

interviewer/interviewé. En outre, les réponses obtenues par questionnaire peuvent être

provoquées, voire fabriquées par la question elle-même, tandis que « le discours recueilli par

entretien est le prolongement d’une expérience concrète ou imaginaire » (63).

1.3. Choix du mode d’entretien

Notre étude portant sur le ressenti d’individus d’âges différents, nous nous sommes interrogés

sur les techniques d’interviews préconisées par les sociologues chez l’enfant et l’adolescent.

1.3.1. Le focus groupe

C’est une technique d'entretien de groupe composé de personnes répondant aux critères de

sélection de l’étude.

Cette technique d’entretien permet aux enfants, et notamment aux plus jeunes et aux plus

timides, de s’exprimer plus facilement, stimulés par les propos de leurs pairs. À l’inverse, elle

peut être inhibitrice, par crainte de jugement des autres participants ou peur de s’affirmer.

D’un point de vue pratique, le focus group produit un volume important d’informations,

rapidement et à moindre coût, mais il nous semblait très contraignant, pour les enfants et leur

famille, d’imposer pour l’entretien une date et un horaire fixes, convenant à tous, et de les faire

se déplacer dans un lieu à définir. Cette méthode est beaucoup plus facilement utilisable lorsque

l’on étudie des enfants d’un même groupe, d’une même classe par exemple.

Par ailleurs, nos questions s’adressant également à une population d’adolescents, ce type

d’entretien nous paraissait beaucoup moins adapté aux questions d’ordre intime ou délicates.

(65).

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1.3.2. L’entretien individuel

Nous avons donc opté pour les entretiens individuels semi-dirigés. Il s’agit d’interviews face à

face, basées sur une série de questions ouvertes. Ils reposent sur un guide d’entretien dont les

thèmes ne sont pas nécessairement abordés dans le bon ordre.

Ce type d’entretien favorise la libre expression de la personne interrogée, sans tabous ni gênes.

L’entretien a en effet pour but non seulement « de faire décrire, mais de faire parler sur ». Il

permet l’« accès aux représentations, pratiques, profondément inscrites dans l’esprit des

personnes et qui ne peuvent que rarement s’exprimer à travers un questionnaire ou en groupe ».

(65). L’un de ses inconvénients est que ces représentations ne sont pas forcément le reflet de la

réalité, mais c’est justement l’objectif principal de notre étude, à savoir connaître le ressenti

personnel des enfants, plus que les données objectives de leur prise en charge.

Le fait qu’il soit semi-directif permet de recentrer l’interviewé sur le sujet s’il s’en écarte, ou

de le relancer si tout le champ n’a pas été totalement exploré, sans pour autant influencer ou

interrompre le participant au cours de ses réponses, l’entretien permettant des « réajustements

en cours de route » (63).

On l’oppose ainsi à l’entretien directif dans lequel le chercheur pose chaque question dans un

ordre préétabli, laissant peu de place à l’initiative et à l’interactivité, les réponses étant plutôt

fermées (oui/non) ; et à l’entretien libre, sans cadre, plutôt utilisé pour les sujets plus sensibles

ou les récits de vie.

Dans son étude relative aux interviews d’enfants, O. VANHEE (66) met en garde contre la

participation parfois minimale des enfants, intimidés lors d’entretiens individuels avec un

adulte. Il conseille de réaliser un entretien au préalable avec les parents pour disposer

d’informations permettant de relancer les enfants pendant l’entretien. La réalisation des

interviews dans la chambre des enfants est également préconisée.

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1.4. Ajout d’un questionnaire préalable pour les parents

Lors de la sollicitation du parent médecin, nous avons choisi de joindre un court questionnaire

à remplir par celui-ci ou son conjoint (Annexe 3).

Ce questionnaire avait pour but :

- de s’assurer que les critères d’inclusion et d’exclusion étaient respectés ;

- de recueillir les informations préalables pour préparer l’entrevue et relancer l’enfant hésitant

au cours de l’entretien, à l’instar des entretiens préliminaires conseillés par O. VANHEE (66) ;

- de vérifier l’exactitude des réponses données par les enfants concernant les modalités de leur

prise en charge médicale et ainsi de limiter les erreurs pouvant fausser l’analyse des données ;

- de comparer le ressenti des parents avec celui de leurs enfants ;

Ce questionnaire vient compléter notre enquête par entretien à usage principal, les propos

recueillis lors des interviews restant notre source d’information principale (63).

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2. Population étudiée

2.1. Définition de la population

Comme évoqué précédemment, c’est à la fois mon expérience personnelle et la pauvreté des

données de la littérature concernant la prise en charge médicale spécifique des enfants de

médecins qui nous ont orientés vers l’étude ciblée de cette catégorie de « proches de médecins ».

Encore faut-il définir ce qu’est un enfant de médecin.

Selon Le Petit Larousse (67), le nom singulier « enfant » a deux significations :

- « Fils ou fille de quelqu’un »

- « Garçon ou fille avant l’adolescence », l’« adolescence » étant elle-même définie de façon

assez vague comme la « période de la vie entre l’enfance et l’âge adulte, pendant laquelle se

produit la puberté et se forme la pensée abstraite ».

La terminologie MESH (68) distingue 3 catégories d’« enfants » en fonction de leurs âges :

- Enfant d’âge préscolaire : enfant de 2 à 5 ans ;

- Enfant : enfant de 6 à 12 ans ;

- Adolescent : adolescent de 13 à 18 ans.

Dans notre étude, c’est davantage le statut de fils ou fille de médecin que la catégorie d’âge qui

nous intéresse. Nous nous soucions avant tout de l’impact du lien de filiation entre le parent-

médecin et son enfant-patient. Cette définition d’enfant sur le plan de la filiation est néanmoins

insuffisante comme critère d’inclusion, puisqu’elle ne comprend aucune limite d’âge.

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2.2. Mode de sélection des sujets

2.2.1. Choix des limites d’âge

Nous avons choisi d’inclure les enfants de médecins de 6 à 18 ans pour avoir un éventail large

de leurs ressentis, comprenant aussi bien la spontanéité des plus jeunes que le vécu des plus

âgés.

Concernant la limite d’âge inférieure, nous nous sommes basés sur les travaux de recherche

de psychologie du développement de l’enfant pour déterminer l’âge adéquat permettant de

répondre pertinemment aux questions posées.

Pour F. de SAUSSURE, c’est à 6 ans que se résout le complexe d’Œdipe, caractérisé par

l’identification aux parents, une prise de conscience du moi par rapport aux autres et

l’apparition de sentiments durables (69). Avant 6 ans, le langage verbal n'est pas, pour J.

PIAGET, considéré en tant qu'instrument de communication efficace, car il est décrit comme

égocentrique (70). Pour H. WALLON, l’enfant entre, à 6 ans, dans le stade catégoriel, qui est

une phase de domination des activités intellectuelles. Il devient alors capable d’attention,

d’effort et de mémoire volontaire (71).

En somme, l’âge de 6 ans apparaît comme l’âge minimal requis pour que l’enfant puisse

exprimer sa propre pensée.

Concernant la limite d’âge supérieure de 18 ans, nous nous sommes basés sur deux constats :

- d’un point de vue civil, 18 ans est l’âge de la majorité en France et de l’émancipation vis-à-

vis de ses parents, l’âge où l’adolescent devient adulte ;

- dans la littérature, c’est l’âge moyen à partir duquel la plupart des parents médecins arrêtent

de soigner leurs enfants (9,13).

En outre, nous avons vu qu’en France, l’âge légal pour choisir soi-même son propre médecin

traitant est de 16 ans (28), sous réserve d’accord d’un titulaire de l’autorité parentale. (28)

Avoir dans notre échantillon des sujets âgés de 16 à 18 ans nous permettait d’étudier l’impact

de cette législation sur la prise en charge médicale des adolescents concernés.

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2.2.2. Choix des médecins concernés

Dans la littérature française, l’intégralité des thèses étudiées s’intéresse à la prise en charge des

proches de médecins généralistes, thésés ou internes (72) et plus récemment à ceux de pédiatres

(18, 47, 73).

La littérature étrangère met quant à elle en évidence que les médecins généralistes sont les plus

sollicités par leurs proches (74,75).

Afin de déterminer si la spécialité médicale du parent médecin influence la prise en charge

médicale de son enfant, nous avons décidé d’élargir le recrutement aux enfants de médecins

aussi bien généralistes que spécialistes.

De la même façon, la quasi-totalité des médecins interviewés dans les études françaises sont

des médecins libéraux.

Il nous a semblé opportun d’étendre le recrutement aux médecins libéraux et salariés, exerçant

en cabinet privé ou en structures de soins.

2.2.3. Choix du lieu de recrutement

Initialement prévu dans la région caennaise, lieu de soutenance de cette thèse, le recrutement

des enfants de médecin a été étendu, pour raisons personnelles, à mes départements de

formation (Gironde et Calvados) ou d’exercice (Calvados, Loire-Atlantique et Maine-et-Loire).

Pour des motivations pratiques, à l’exception des contacts directs dans l’entourage

professionnel ou par bouche-à-oreille, les médecins contactés ont été sélectionnés dans un

périmètre d’une trentaine de kilomètres de mes lieux de résidence ou d’exercice.

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2.2.4. Critères d’inclusion et d’exclusion retenus

Critères d’inclusion :

- être fils ou fille de médecin généraliste ou spécialiste, libéral ou hospitalier ;

- être âgé de 6 à 18 ans au moment de l’entretien ;

- être volontaire pour participer à l’étude.

Critères d’exclusion :

- être personnellement connue de l’enfant, dans un souci d’impartialité et de confidentialité ;

- ne pas avoir l’autorisation parentale d’être interviewé et inclus.

Contrôle des critères d’inclusion et d’exclusion

Le questionnaire préalable fourni au parent lors du recrutement a permis de sélectionner les

sujets volontaires en fonction des réponses fournies. Les participants étaient inclus après

obtention des autorisations parentales.

2.2.5. Principe de variation maximale

Le principe de variation maximale est un critère de qualité permettant de recruter des personnes

hétérogènes pour contraster les situations recueillies. Les variables retenues sont l’âge et le sexe

de l’enfant, le fait d’être soigné par un parent médecin/un autre médecin/les deux/deux parents

médecins, la spécialité et le type d’exercice du parent médecin.

L’objectif est en effet d’avoir une population d’enfants de médecin variée permettant d’obtenir

un maximum de prises en charge médicales différentes ou différemment vécues.

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2.3. Nombre de sujets à inclure

Dans le cadre d’études qualitatives, la taille de l’échantillon ne doit pas forcément être

importante, mais l’échantillon, sans être représentatif, doit être le plus diversifié possible pour

explorer largement la complexité du phénomène étudié.

Selon A. BLANCHET et N. GOTMAN, « la détermination du nombre d’entretiens nécessaires

à une enquête [dépend] du thème de l’enquête (faiblement ou fortement multidimensionnel) et

de la diversité des attitudes supposées par rapport au thème […] et enfin des moyens dont on

dispose (en temps et argent) ».

Le corpus d’une enquête par entretiens est généralement moins conséquent que celui d’une

enquête par questionnaires, les informations recueillies par entretiens n’ayant pas à être validées

par sa « probabilité d’occurrence » et ayant un poids équivalent à une information répétée de

nombreuses fois dans des questionnaires (63).

Dans l’objectif d’une variation maximale de l’échantillon, nous avons rejeté les propositions

d’enfants ayant accepté de participer à l’étude, mais pour lesquels nous avions déjà des profils

similaires, en termes de critères d’inclusion, notamment pour les enfants de 8 à 10 ans dont le

ou les parent(s) étai(en)t spécialiste(s) en clinique.

Nous avons pu nous le permettre puisque les études qualitatives n’ont comme déterminant du

nombre d’entretiens suffisants que la saturation théorique.

La saturation de l'information est atteinte lorsque les informations recueillies deviennent

répétitives et que la lecture des données d’entrevues n’apporte plus d'éléments nouveaux ou

complémentaires.

En pratique, celle-ci est généralement obtenue après une vingtaine d’entretiens dans les thèses

de médecine générale consultées (7,12).

2.4. Recrutement des sujets

Contacter directement les enfants de médecins paraissant aussi peu réalisable que peu éthique,

nous sommes, au préalable, passés par les médecins pour leur expliquer notre travail et obtenir

un rendez-vous avec leur(s) enfant(s).

Ce contact avec les praticiens a été établi de vives voix ou par email (Annexe 7).

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3. Grille d’entretien

3.1. Principes d’élaboration du guide d’entretien

Nous avons élaboré un canevas d’entretien, qui est une trame servant de base à la discussion

avec les interviewés, afin de structurer l’entrevue, d’obtenir une certaine homogénéité des

réponses et de garder la même rigueur dans la démarche. Contrairement au questionnaire, le

guide d’entretien « structure l’interrogation, mais ne dirige pas le discours ». Il faut savoir s’en

éloigner voire l’oublier et accepter les digressions des participants.

Il permet en outre que les « données produites puissent être confrontées aux hypothèses » (63)

en autorisant une comparaison entre les entretiens.

Nous l’avons organisé en trois parties :

La première partie expose le contexte social, avec des questions succinctes permettant de

déterminer les caractéristiques de l’enfant, son environnement familial et son médecin habituel.

La deuxième partie détermine les modalités pratiques de la prise en charge médicale : choix

du médecin consulté, cadre de la consultation, suivi médical, particularités de la prise en charge

de l’enfant de médecin.

La troisième partie s’intéresse au ressenti de l’enfant à proprement parler : qualité des soins

reçus, considérations, sentiments éprouvés lors de la consultation, crédibilité du médecin,

implication dans le choix de ce dernier, avantages et inconvénients liés aux soignants,

évaluation de la prise en charge médicale globale.

Les deux premières parties avaient pour but de déterminer le cadre de la prise en charge des

enfants de médecins. Elles permettaient en outre de répondre à plusieurs objectifs secondaires

de l’étude et de comparer les modalités de prise en charge décrites par les sondés à celles

rapportées par la littérature.

La dernière partie correspondait à l’objectif principal de notre thèse, à savoir le vécu et le

ressenti des enfants de médecin.

Le guide d’entretien est présenté en annexe (Annexe 4).

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3.2. Difficultés rencontrées lors de l’élaboration du guide

Lors de la rédaction du canevas, nous avons été confrontés aux difficultés d’établir un

questionnaire unique face à la diversité des cas étudiés.

La première difficulté concernait le vocabulaire à utiliser, le questionnaire s’adressant aussi

bien à des enfants de CP qu’à de jeunes adultes de 18 ans. Il fallait que les questions soient

simples et compréhensibles pour les plus jeunes, tout en restant suffisamment précises et

pertinentes pour obtenir un maximum d’informations exploitables.

Nous avons surmonté cette difficulté en utilisant des questions ouvertes, avec la possibilité

d’énumérer des propositions de réponse permettant de guider les plus jeunes notamment.

Le principe d’entretiens semi-dirigés nous laisse l’opportunité d’adapter au cours de l’entretien

la formulation des questions selon l’âge du sujet interrogé et de les expliciter avec des exemples

auprès des plus petits.

La deuxième difficulté résidait dans le fait d’uniformiser le questionnaire face à des situations

médicales très hétérogènes (soins apportés par le parent médecin, les parents médecins, un

médecin extérieur, plusieurs praticiens, dont le médecin parent…).

Nous avons choisi de définir deux trames principales permettant au possible de pouvoir établir

un parallèle entre toutes les prises en charge puis d’adapter les questions en fonction de la

situation médicale du sujet.

À cet effet, le questionnaire préalable destiné aux parents a également pour vocation de préparer

et d’ajuster le canevas en amont de l’entretien en fonction de l’âge et de la prise en charge de

l’enfant.

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3.3. Expérimentation du canevas d’entretien

Un entretien test a été réalisé afin de valider la grille d’entretien et de reformuler au besoin les

items du canevas.

J’ai interviewé mon fils de 5 ans pour des raisons pratiques d’une part, et pour m’assurer que

les questions seraient compréhensibles pour des enfants de 6 ans.

Cet essai permettait également de me familiariser avec la technique d’entretien individuel.

Il n’a évidemment pas été inclus dans l’étude.

Nous le présentons en annexe (Annexe 5), avec un exemple de codage.

3.4. Modifications ultérieures du guide

De nouvelles problématiques non présentes dans le canevas d’entretien initial ont été soulevées

par les interviewés au cours des rencontres successives, nous amenant à enrichir au fur et à

mesure le guide d’entretien. Cette pratique fait partie intégrante des études qualitatives par

entretien, comme le décrivent A. BLANCHET et N. GOTMAN : « la réflexion se poursuit tout

au long de l’enquête et opère le plus souvent par allers et retours d’une phase à l’autre, tout

entretien pouvant suggérer des hypothèses dont on cherchera des indices au cours des

entretiens suivants, et venir ainsi infléchir le guide initial d’entretien » (63).

Nous avons par exemple ajouté des items relatifs aux différences de prise en charge entre les

enfants de médecins et les autres patients après que les participants les aient évoquées.

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4. Recueil des données

4.1. Technique de recueil des données

Nous avons recueilli les données selon deux méthodes :

- un questionnaire adressé au (x) parent(s) médecin(s), qui nous était retourné, après obtention

d’une réponse favorable à la réalisation d’un entretien avec l’un ou plusieurs de leurs enfants

(dans le cas d’une fratrie, nous demandions à ce qu’il y ait un questionnaire par enfant

interviewé).

- les entretiens semi-dirigés réalisés auprès des enfants de médecins.

4.2. Modalités de recueil des données

4.2.1. Réalisation des entretiens

Le choix du lieu de l’entretien était laissé aux médecins sollicités, permettant ainsi de favoriser

un climat de confiance et de limiter les contraintes pour leurs enfants.

Nous nous sommes adaptés aux disponibilités des familles volontaires.

L’entretien débutait par la présentation de l’enquêtrice puis l’exposition du thème de l’étude et

son objectif.

4.2.3. Enregistrement des entretiens

Les données étaient enregistrées sur dictaphone après accord du participant et de ses parents,

via un formulaire de consentement (Annexe 8), les interrogés étant, pour la quasi-totalité,

mineurs. Ces derniers avaient été informés au préalable du caractère confidentiel et anonyme

des informations recueillies.

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4.3. Autorisation de traiter le sujet et protection des

données

L’autorisation de traiter le sujet a été accordée par le Département de Médecine Générale de

l’Université de Caen.

Avant toute inclusion de données personnelles relatives aux parents et enfants dans la partie

qualitative de l'étude, nous avons déclaré le traitement de données auprès du Correspondant

Informatique et Liberté de l'Université de Caen (CIL). Cette déclaration a fait l’objet de la

production et de l’inscription d’une fiche de traitement au registre Informatique et Libertés de

l'Université de Caen (Annexe 9).

Selon les recommandations du CIL, aucune donnée médicale n’a été retranscrite et les

enregistrements ont été détruits une fois codés, afin de ne pas compromettre l’anonymat des

participants et de ne pas violer le secret médical.

Les entretiens ont été anonymisés afin qu’aucun des propos cités ne puisse être attribué à un

enfant désigné par son nom ou ses caractéristiques intrinsèques.

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5. Traitement des données

L’analyse de données implique de retranscrire les données qualitatives, à savoir ce qu’ont dit

les interviewés, le plus objectivement et le plus fidèlement possible, de coder les informations

recueillies puis de les traiter.

5.1. Retranscriptions des données

Les entretiens ont été retranscrits mot à mot, sans en changer le texte ni l’interpréter, en

s’attachant à respecter les silences ou les hésitations entre parenthèses et à mentionner les

comportements gestuels au besoin. Le texte obtenu, correspondant aux données brutes de

l’enquête, est appelé « verbatim ».

Les entretiens ont été anonymisés en les nommant par la lettre E pour entretien suivie du nombre

correspondant à l’ordre de réalisation des entretiens.

5.2. Codage des données

Le codage décrit, classe et transforme les données qualitatives brutes en fonction d’une grille

d’analyse comportant des catégories d’analyse. (76)

La grille d’analyse est définie a posteriori, en fonction des données recueillies (codage ouvert),

ou au préalable, en fonction des objectifs de l’étude (codage fermé). (76)

Codage ouvert

Les données sont lues ligne par ligne et organisées en unités de codage. Ce découpage reste

centré par la question de recherche, pouvant s’appuyer sur les items de la grille d’entretien. Les

unités de codage sont comparées, associées et réorganisées en catégories d’analyse dégageant

les thèmes principaux.

Le codage ouvert est donc un processus d’abstraction des données : ces dernières sont analysées

individuellement pour être ensuite généralisées. Il repose sur la démarche inductive qui consiste

à obtenir des conclusions générales à partir de cas particuliers.

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Codage fermé

Les données sont lues ligne par ligne puis codées en fonction des hypothèses de recherche

initiales. La grille d’analyse est définie avant les entretiens. Les données sont utilisées pour

tester la validité des idées selon une démarche déductive de traduction des données (76).

Le but de notre étude étant de généraliser le vécu d’un échantillon d’enfants, sans forcément en

connaître a priori les pratiques et les ressentis, c’est la démarche inductive de généralisation du

codage ouvert que nous avons utilisé.

5.3. Analyse des données

Les données brutes sont découpées en unités de codage (76) pouvant être :

- syntaxiques : le verbatim est découpé en phrases et mots-clefs qui ont une signification

proche ;

- sémantiques : ce sont des idées clefs correspondant à des séries de phrases, des morceaux de

phrases ou des mots ;

- psychologiques : elles sont liées au contexte. Sont ainsi codés les sensations, les émotions, les

gestes, les regards…

En pratique, une première lecture des verbatims avait pour but de dégager les thèmes principaux

en associant un code couleur à chacun d’entre eux. Une seconde lecture longitudinale, entretien

par entretien, a permis de repérer les mots, les phrases et les idées clefs pertinents pour notre

étude. Ils ont été découpés en unités de codages, surlignées à l’aide du code couleur établi

préalablement ou secondairement enrichi lorsque de nouvelles thématiques, non mises en

évidence à la première lecture, se dégageaient. Lors d’une troisième lecture, transversale cette

fois, via le code couleur, ces unités de codage ont été associées et regroupées en catégories

d’analyse correspondant aux thèmes principaux définitifs.

Les catégories d’analyse ainsi dégagées sont présentées en annexe (Annexe 6). Les thèmes

communs les plus pertinents ont été développés dans la discussion.

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47

RÉSULTATS ET ANALYSE

Nous avons choisi de synthétiser certaines données obtenues sous forme de graphiques et de

calculer quelques moyennes et pourcentages nous permettant de dégager des tendances

générales. S’agissant d’une étude qualitative dont l’objectif principal est le recueil de ressentis,

nous n’avons nullement la prétention d’en faire des statistiques significatives, notre échantillon

n’étant pas suffisant pour être représentatif de la population générale. Les tendances mises en

évidence ont pour vocation d’être secondairement confrontées aux résultats de la littérature.

1. Recrutement des participants

1.1 Recrutement par contact direct

Quatre parents médecins ayant accepté que leur(s) enfant(s) participent à l’étude étaient des

connaissances de la doctorante et ont été contactés directement. Six enfants ont ainsi été inclus.

1.2. Recrutement par email

Nous avons contacté par email 20 médecins généralistes de mon secteur d’exercice et envoyé

environ 300 emails au sein d’établissements de soins dont nous avions pu trouver les adresses

des praticiens sur internet. Il s’agissait de deux cliniques privées, un hôpital public de proximité,

une structure psychiatrique et un établissement de soins de suites et de réadaptation. Environ

un cinquième des emails n’a pas pu être délivré et nous ne connaissons pas le taux de courriels

effectivement parvenus aux intéressés.

34 médecins nous ont répondu par email, dont 20 négativement, n’ayant pas d’enfant

susceptible d’être inclus dans notre étude. Parmi eux, de nombreux étaient malgré tout très

intéressés par le sujet et souhaitaient obtenir les résultats de cette enquête.

Finalement, 15 médecins ont répondu favorablement à nos sollicitations, avec 33 enfants

correspondants aux critères d’inclusion. Afin de respecter le principe de variation maximale,

nous avons proposé des entretiens à 25 d’entre eux. Les parents d’enfants non initialement

sélectionnés ont accepté d’être recontactés en cas de non-saturation des données à l’issue des

31 entretiens programmés, ce qui ne s’est pas avéré nécessaire.

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48

2. Description de la population étudiée

Un tableau synthétique intégrant les caractéristiques de l’enfant, de ses parents et de ses

médecins a été réalisé pour faciliter l’analyse et la rédaction de cette thèse. Bien qu’il eût été

fort pertinent de l’intégrer, nous avons choisi de ne pas le faire afin de conserver au mieux

l’anonymat de nos participants. En effet, on peut imaginer qu’un enfant désigné par son sexe,

son âge, sa fratrie, son lieu de résidence et avec mention des spécialités et lieux d’exercice de

ses parents serait aisément identifiable.

La population analysée est donc citée avec l’initiale de chaque entretien, et exceptionnellement

associée à l’une de ses caractéristiques lorsque celles-ci semblent particulièrement contributives

pour l’analyse des données (âge, fratrie, profession du parent).

Enfin, bien que notre étude concerne aussi bien des enfants que des adolescents et même une

personne majeure, nous utiliserons le terme « enfant » pour les décrire, dans le sens filial du

terme.

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2.1. Âge et sexe des enfants de médecin

Les enfants interviewés étaient âgés, le jour de leur entretien, de 6 à 18 ans, avec une moyenne

d’âge de 11 ans (figure 1).

Figure 1 : Âge et sexe des enfants interrogés

Alors que le projet initial était de n’interroger que des enfants mineurs, nous avons choisi

d’intégrer à notre étude un enfant de médecin(s) de 18 ans révolus, appartenant à une fratrie de

trois enfants, l’entretien avec ce dernier ayant été particulièrement riche et pertinent pour notre

analyse.

Nous avons dû en revanche refuser plusieurs demandes de participation d’enfants dont les âges

ne correspondent pas aux critères d’inclusion.

De la même façon, nous avons malheureusement écarté plusieurs propositions d’entretiens avec

des enfants dont les tranches d’âges étaient surreprésentées (8 et 10 ans) dans un souci de

variation maximale.

Parmi les 31 enfants de médecin(s), 17 sont des filles et 14 des garçons.

La répartition des âges entre les deux sexes est relativement homogène puisque les filles

rencontrées étaient âgées en moyenne de 10,6 ans (âges extrêmes 6 et 17 ans) contre 11,4 ans

chez les garçons (âges extrêmes 7 et 18 ans).

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2.2. Profession des parents

2.2.1. Profil des parents participants à l’étude

Parmi les 28 parents ayant accepté de faire participer leur(s) enfant(s) à notre étude, 19 sont des

médecins, dont 58 % de femmes (figure 2).

Figure 2 : Profession des parents

58 % des enfants ont un de leur parent médecin. Pour 42 %, ils le sont tous les deux (figure 3).

Figure 3 : Médecins parmi les parents

Au sein des parents non médecins, quatre sont rattachés au milieu médical (un pharmacien

hospitalier, un kinésithérapeute libéral, une infirmière hospitalière et une conceptrice rédactrice

du secteur médical).

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2.2.2. Profil professionnel des parents médecins

Parmi les parents médecins, 37 % sont médecins généralistes, exerçant pour la plupart en

cabinet privé, les deux tiers restants étant des médecins spécialistes travaillant en majorité au

sein d’établissements de soins privés (tableau 1).

PROFESSION En cabinet En structure

Interniste X

Généraliste X

Urgentiste X

Généraliste X

Biologiste X

Pédiatre X

Anesthésiste-réanimateur X

Chirurgien orthopédique X

Généraliste X

Interniste X

Généraliste X

Généraliste X

Urgentiste X

Gynécologue-obstétricien X

Radiologue X

Généraliste et gériatre X X

Chirurgien digestif, endocrinologique, bariatrique X

Médecin de PMI X

Anesthésiste réanimateur X

TOTAL 5 15

Tableau 1 : Spécialité et exercice des parents médecins

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2.2.3. Perception de la profession du parent par l’enfant de médecin

Trois enfants ne savent pas ce que l’un de leurs parents fait comme travail : E12 (6 ans), E17

(8 ans), E18 (7 ans).

Nous pouvons classer les réponses des enfants en trois catégories en ce qui concerne leur

évocation de la profession de leur(s) parent(s) médecin(s) :

Description vague et succincte : 7 enfants âgés de 6 à 10 ans qualifient leur parent de

« docteur » ou « médecin » sans plus de précision, avec parfois la mention du lieu d’exercice :

« à l’hôpital », « à la clinique » ou « dans un cabinet ».

Description précise et exacte par 19 enfants. Après 13 ans en particulier, les enfants libellent

avec pertinence et précision la spécialité de leur parent, comme :

- « chirurgienne, spécialisée dans la main » ;

- « anesthésiste réanimateur » ;

- « chirurgien gynécologue obstétricien » ;

- « il travaille à SOS médecins et il travaille aussi (…) en tant que gériatre » ;

- « médecin de PMI (…) elle est médecin généraliste [de formation] ».

Description confuse ou simplement descriptive par 5 enfants :

- E4 : « Mon père il travaille en fait sur la médecine… des remèdes » ;

- E5 : « Mon père il est médecin, mais c'est pas un consultant. Il travaille surtout sur les

molécules tout ça et il est beaucoup dans son bureau » ;

- E7 : « quand les bébés ils naissent et bon si ils sont pas en bonne santé ben elle les opère ou

elle leur fait des piqures pour voir s’ils sont en bonne santé » ;

- E14 : « je crois qu’il est interniste ou un truc dans le genre » ce qui signifie « qu’il travaille

dans… bah… à l’intérieur ! » ;

- E25 : « Il est chirurgien. J’crois qu’il est généraliste, mais j’suis pas sûr ».

On constate logiquement que la description de la profession du parent est d’autant plus précise

que le répondant est âgé.

On peut malgré tout s’interroger sur la méconnaissance ou la représentation floue de la

profession du parent pour un tiers des enfants interrogés. Celles-ci pourraient être source de

confusion dans la perception de leur prise en charge médicale, certains n’étant pas même sûrs

que leur parent soit médecin ou le croyant à tort (E4 et E5).

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2.3. Localisation de la population étudiée

2.3.1. Lieu de résidence des familles

Figure 4 : Département de résidence des familles interrogées

Parmi les 31 enfants interrogés, 2 résidents en Gironde, 3 dans le Calvados, 1 dans le Maine-

et-Loire et 25 en Loire-Atlantique (figure 4).

2.3.2. Lieu de travail des parents

Tous les parents médecins travaillent dans le département où ils résident à l’exception d’un,

habitant en Loire-Atlantique et exerçant dans le Maine-et-Loire.

79 % des médecins de notre étude travaillent en zone urbaine, 21 % en zone semi-rurale.

La distance moyenne entre le lieu de résidence des familles et le lieu de travail de chacun des

parents médecins est de 13,8 kilomètres avec un minimum de 0,5 kilomètre et un maximum de

44 kilomètres.

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2.4. Médecins référents de l’enfant de médecin

2.4.1. Médecins actuels de l’enfant

Le parent médecin est le premier recours dans la prise en charge médicale de l’enfant (figure 5).

Figure 5 : Médecins principaux et secondaires des enfants

Pour un peu plus de la moitié des participants, il est leur médecin principal, voire exclusif. Deux

enfants déclarent consulter conjointement un pédiatre (E18) et un gynécologue (E26).

Parmi les parents ayant fait le choix de soigner leurs enfants, nous remarquons que la majorité

sont des couples de médecins (62,5 %). 77 % enfants ayant leurs deux parents médecins sont

d’ailleurs totalement soignés par eux.

Parmi les 15 enfants consultant principalement un médecin tiers, 80 % sont selon eux,

occasionnellement pris en charge par leur parent. Les 20 % restants ne le sont jamais, le parent

n’ayant qu’un avis consultatif (E14, E15, E16).

Lorsque le médecin référent est un médecin extérieur, il s’agit soit d’un pédiatre, soit d’un

médecin généraliste, sans différence notable entre les deux spécialités (47 % versus 53 %).

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2.4.2. Répartition de la prise en charge entre le parent médecin et le médecin

extérieur

La prise en charge médicale globale diffère du point de vue des parents (issu du questionnaire)

et du point de vue des enfants (issu des entretiens).

Figure 6 : Répartition de la prise en charge médicale de l'enfant selon les enfants et selon leur parent

Il apparaît à la lecture de la figure 6 que les parents attribuent un rôle majeur au médecin extérieur

dans la prise en charge médicale de leur(s) enfant(s) tandis que les enfants placent le(s) parent(s)

médecin(s) au premier plan. En effet, selon eux, ils sont soignés peu ou prou par leur(s) parent(s)

médecin(s) dans 90 % des cas alors que 19 % des parents médecins n’ont pas déclaré intervenir.

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Est-ce une volonté du parent médecin de minimiser la place prépondérante prise par celui-ci à l’égard

du suivi médical de son enfant, car pouvant paraître contraire aux préconisations d’éviter les soins

aux proches ? Une mère, médecin semble devoir se justifier de ce fait auprès de ses confrères « quand

on va à l’hôpital et qu’ils demandent le médecin généraliste, maman, de elle-même, elle dit “oui je

sais que c’est pas bien, mais c’est moi parce que je suis médecin” » (E30).

Est-ce, à l’inverse, une exagération par l’enfant de la place du parent médecin dans sa prise en charge

médicale du fait d’une perception différente de la notion de soignant ? On remarque en effet que ces

derniers intègrent à la prise en charge médicale la bobologie et l’administration des médicaments

(« quand j’suis malade, elle me donne des médicaments » E10), non spécifiques à la profession de

médecin, mais inhérents à chaque parent. C’est ce que souligne E26 en fin d’entretien : « après pour

tous les enfants malades en général les deux parents peuvent s'en occuper. Je pense notamment par

exemple aux gastros ou les trucs comme ça où on est obligé de rester à la maison pendant plusieurs

jours ». C’est encore plus flagrant lorsque le soignant est parfois désigné comme étant un membre de

la fratrie (« quelque fois ya aussi mes sœurs qui me soignent. Elles savent faire » E25) ou un adulte

extérieur (E4 évoque sa nounou et E21 les animateurs à l’école).

2.4.3. Impact de la spécialité du parent sur la prise en charge de l’enfant

Le choix d’être médecin référent n’est pas réservé qu’aux médecins généralistes et aux

pédiatres puisque quatre spécialistes l’ont fait, qu’il s’agisse de spécialités médicales ou

chirurgicales. Néanmoins, les médecins généralistes restent plus nombreux à le faire

systématiquement (57 % des parents médecins généralistes contre 33 % des parents médecins

spécialistes). Le médecin pédiatre a par ailleurs choisi de confier la prise en charge principale

de ses enfants à un tiers.

D’après la figure 7, on ne dégage pas de variation nette entre le type de spécialité du parent et

le choix de le soigner ou non. Ainsi, les parents ayant des spécialités dites médico-techniques,

que sont l’hématologie biologique et la radiologie dans notre étude, soignent occasionnellement

leurs enfants.

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Figure 7 : Degré de prise en charge de l'enfant selon la spécialité du parent

À l’inverse, des spécialistes médicaux comme les internistes ne prennent que très rarement,

voire jamais, leurs enfants en charge. On note néanmoins que certains spécialistes (un

urgentiste, un interniste, un radiologue et un chirurgien) n’interviennent que peu souvent, leur

conjoint médecin étant le premier recours. Ce conjoint est dans trois cas un médecin généraliste.

Tous les médecins généralistes en revanche sont impliqués dans la gestion des maladies de leurs

enfants.

La spécialité du parent n’influe pas sur le choix du spécialiste : le pédiatre est choisi par un

parent généraliste, deux parents urgentistes et un parent spécialiste. Le médecin généraliste est

préféré par deux parents spécialistes et deux parents généralistes. Nous soulignerons que la

seule médecin pédiatre de notre étude a choisi un médecin généraliste pour le suivi de ses

enfants.

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2.4.4. Impact du lieu d’exercice du parent sur la prise en charge de l’enfant

Impact de la structure de soins

Parmi les parents soignant exclusivement leurs enfants, 60 % exercent en cabinet privé et 40 %

en établissements de soins.

Parmi ceux soignant partiellement leurs enfants, un tiers sont en cabinet privé et les deux tiers

restants en établissements de soins.

Ceux ne soignant que rarement ou jamais leurs enfants sont tous issus d’établissements de soins.

Les parents médecins auraient donc tendance à soigner davantage leurs enfants lorsqu’ils

exercent en cabinet privé. Néanmoins, notre étude n’incluant malheureusement pas d’enfants

de médecins spécialistes à exercice individuel, on ne peut pas savoir si cette différence est liée

à la structure ou à la spécialité du parent, les proportions étant superposables.

Impact de la distance entre le travail et le domicile

La différence de trajet est négligeable entre les médecins soignant leurs enfants, qui travaillent

à 13 kilomètres de leur domicile, et ceux les confiant à un tiers (14,6 kilomètres).

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2.4.5. Impact du sexe du parent médecin sur la prise en charge de l’enfant

Figure 8 : Proportions d'enfants pris en charge par le parent en fonction de son sexe

Proportionnellement, il y a autant d’enfants exclusivement soignés par leur mère médecin que

d’enfants soignés par leur père médecin (respectivement 44 % et 42 %).

Les femmes médecins semblent néanmoins presque toujours s’impliquer, même a minima, dans

la prise en charge médicale de leur enfant (88 %) tandis que près d’un tiers des hommes

médecins ne le font que très rarement voire pas du tout (figure 8).

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2.4.6. Évolution du choix du médecin avec l’âge de l’enfant

La figure 9 met en évidence que le médecin extérieur est de moins en moins sollicité au fur et

à mesure que l’enfant grandit, laissant place à une implication plus importante du parent

médecin. Cette tendance est confirmée par une moyenne d’âge plus élevée des enfants suivis

par leur parent médecin (12,4 ans) que celle des enfants suivis par un médecin tiers (9,4 ans).

Nous le constatons également avec quatre participants (E13, E28, E30 et E31) qui indiquent

avoir été suivis dans la petite enfance par un médecin extérieur puis par leur parent :

- E13 : « avant, c’était mon médecin traitant (…) je sais plus, je crois que c’était jusqu’à mes 3

ans » ;

- E28 : « quand j'étais gamin, j'allais voir un pédiatre, au tout début, parce que maman

voulait… je ne sais plus pourquoi » ;

- E30 : « quand j’étais petite (environ 10 ans) j’en avais, mais en fait je crois qu’il est parti à

la retraite et du coup oui on n’en a pas tellement retrouvé ».

Figure 9 : Nombre d'enfants pris en charge par le médecin parent ou le médecin tiers

en fonction de leur âge

Les enfants principalement pris en charge par un médecin extérieur ont en moyenne 9 ans

lorsqu’ils sont suivis par un pédiatre et 9 ans et demi lorsqu’ils le sont par un médecin

généraliste. L’âge de l’enfant ne semble donc pas influencer le choix du spécialiste pour notre

population âgée de 6 à 18 ans.

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2.4.7. Médecin traitant déclaré

Trois participants sont âgés de plus de 16 ans et ont donc déclaré un médecin traitant : deux

auraient déclaré leur père, et le troisième, bien qu’exclusivement soigné par ses parents, a

déclaré un médecin extérieur :

- E22 : « J'aurais dit papa (…), mais je n'étais pas au courant de cette déclaration (…) Mais

après quand, à l'école, on demande le nom du médecin traitant, je mets toujours papa » ;

- E26 : « J'ai demandé du coup à ce que ce soit mon père, ça ne me gênait pas forcément, dans

la continuité… (…) J'en ai parlé un peu avec ma mère, j'avais déjà ma petite idée en plus pour

la question… et du coup elle m'a proposé, elle m'a dit « est-ce que ça te dérange, est-ce que tu

veux un autre médecin quoi » et j’ai dit « bah… moi comme ça me va » (…). « Elle m'a dit que

après ben… tout dépendait de moi, si je voulais avoir un autre médecin, c'est moi qui voyais.

Si je voulais avoir mon père en tant que médecin et bien c'était très bien parce qu'il n'y avait

pas de démarches à faire après si je veux un autre médecin c'est pas du tout gênant. J'ai juste

à demander et puis on essaie de trouver un autre médecin qui prend en tant que médecin traitant

et puis voilà ». « Après, si je veux changer un jour, ça m'étonnerait qu'il y ait des difficultés là-

dessus. Du coup je me suis dit : je suis pas totalement bloquée là-dedans, y'a pas une obligation

de 50 000 jours (rires) du coup ça me va très bien » ;

- E28 : « C'est pas mes parents. Je sais pas si y’a le droit d'avoir les parents… c'est Monsieur…

enfin Docteur R. Enfin je ne l’ai jamais vu, mais c'est Docteur R. ».

2.5. Médecins référents de la fratrie

La quasi-totalité des enfants a le même médecin référent que leurs frères et sœurs, que ce soit

le/les parent(s) ou un médecin extérieur. Seule une des enfants est fille unique.

Une fratrie a toutefois recours à de nombreux spécialistes en fonction des pathologies de

chacun, expliquant les divergences partielles de prise en charge entre les trois enfants, même si

un des enfants à sa propre explication : « bah L. il a plus de médecins que nous parce qu’il est

plus grand » (E20).

Une enfant rapporte enfin, avec une certaine frustration, que si son parent refuse de la soigner,

elle et sa fratrie, il n’hésite pas à se soigner lui-même « papa des fois quand… il a des rhumes

ou des choses comme ça, il écrit lui-même sa… son ordonnance » ou son épouse « c’est plus

lui qui lui fait ses piqûres » (E14).

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3. Description des entretiens réalisés

3.1. Nombre d’entretiens

31 entretiens ont été menés au cours de cette étude, entre le 10 juillet 2016 et le 27 février 2017,

permettant d’arriver à saturation des données.

Ce nombre conséquent d’entrevues, supérieur aux autres thèses analysées, s’explique par la

diversité des prises en charge possibles compte tenu de notre thème pluridimensionnel.

3.2. Déroulement des entretiens

Les entretiens se sont déroulés au domicile des enfants, le plus souvent dans leur chambre,

parfois dans le salon, selon leur préférence. Il a été expliqué aux parents qui souhaitaient rester

auprès des plus jeunes qu’il était préférable que ces derniers soient seuls pendant l’entretien

pour ne pas influencer leurs réponses, mais que le choix leur appartenait à eux et aux enfants.

Même si certains participants étaient un peu anxieux, tous ont accepté de jouer le jeu et chaque

entretien s’est donc déroulé individuellement, à l’exception de E25 dont l’interview a eu lieu

en présence d’un camarade.

Nous nous sommes attachés à instaurer un climat de confiance en nous efforçant d’avoir une

écoute active, bienveillante et empathique afin que le participant ne se soucie pas de

l’impression produite sur l’investigateur, ce qui aurait compromis la véracité des réponses.

L’attitude s’est efforcée d’être la plus neutre possible pour ne pas l’influencer.

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3.3. Durée des entretiens

Le début de l’entretien a été défini comme la première question posée, la fin correspondant au

moment où le sujet interrogé estime ne plus rien avoir à ajouter.

La durée moyenne des entretiens est de 10 minutes et 16 secondes, le plus court étant de 6

minutes et 38 secondes, le plus long de 20 minutes et 28 secondes.

La durée des interviews ne diffère pas selon le sexe de l’enfant (10 minutes et 21 secondes pour

les filles contre 10 minutes et 12 secondes pour les garçons).

Figure 10 : Durée des entretiens en fonction de l'âge des enfants

En revanche, la figure 10 montre que plus le participant est âgé et plus l’entretien tend à durer

longtemps. Ainsi, de 6 à 12 ans, la durée moyenne d’un entretien est de 8 minutes et 52 secondes

alors qu’il est de 12 minutes et 50 secondes de 13 à 18 ans.

00:00

02:24

04:48

07:12

09:36

12:00

14:24

16:48

19:12

21:36

5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19

Du

rée

(min

)

Âge (années)

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3.4. Attitudes durant les entretiens

L’ensemble des entretiens s’est déroulé dans une ambiance sereine et décontractée. Nous avons

néanmoins pu constater des attitudes différentes selon les enfants au cours des entretiens.

Ainsi, les plus jeunes étaient parfois hésitants, comme E2 et E13, ou peu loquaces, comme E6

et E21, haussant beaucoup les épaules. Certains ont pu se montrer déconcentrés au cours de

l’interview, comme E2, E4 (distrait par ses chats), et E6 (s’amusant avec ses jouets).

D’autres ont eu des rires gênés lorsqu’ils étaient sondés sur certains sujets, à l’image de E4 (à

l’évocation des certificats médicaux signés sans examen préalable) ou E27 (confiant être

examinée sur le canapé).

L’évocation des avantages et/ou inconvénients à avoir un parent médecin a pu mettre certains

participants mal à l’aise (comme E9, E10 ou E27), redoutant sans doute d’émettre des critiques

négatives envers leur parent. E26 par exemple, semblait vouloir justifier une prise en charge

qui pourrait, à ses yeux, être considérée comme non optimale : « Euh… il me semble qu'il… je

sais plus (réfléchi). Attends, je me pose la question (rires gênés)… Après, j'ai pas vraiment de

soucis de santé tout ça donc… ».

Parallèlement, certains participants mettaient alors en avant les qualités de leur parent :

- E20 : « mais si elle saurait faire, elle saurait faire mieux que tout le monde ! » ;

- E16 : « Mon père est un très très bon médecin ». « J’ai toujours admiré mon père dans sa

façon de prendre rapidement une décision ». « C’est un très bon père aussi ».

Beaucoup d’enfants se sont montrés enthousiastes lors de l’interview (comme E5, E10 « ça

c’est une question ! » et E22 « j’ai pu raconter mon torticolis ! »), spontanés, voire volubiles

(comme E5, E10, E16, E26, E30 et E28 « on n’a pas encore parlé de ça encore ! »). Ces derniers

paraissaient ravis de pouvoir s’exprimer sur le sujet, certains s’étant déjà spontanément

questionnés à ce propos. Ainsi :

- E14 relate avoir interrogé son père vers l’âge de 8 ans sur son choix de ne pas la soigner : « Je

lui avais posé des questions comme ça et puis il m’avait répondu que “j’ai pas envie de me

tromper” »

- E26 a déjà réfléchi au fait d’avoir un médecin traitant extérieur « ah oui, alors ça c'est une

question que je me suis posée » (…) « bah évidemment, parce que comme la majorité de mes

amis c'est un médecin traitant extérieur, la question vient “qu'est-ce que ça ferait ?” ».

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4. Résultats d’enquête

4.1. Déterminants du choix du médecin

4.1.1. Qui choisit le soignant ?

Lorsqu’on demande aux enfants de médecin qui choisit le médecin à consulter, un ne le sait pas

(E2) et trois déclarent que ce sont eux :

- E6 affirme que c’est elle-même, car sa maman « fait ce que je veux », mais, en pratique, ne

sait pas qui elle choisirait, ni pourquoi ;

- E8 parfois : « bah oui, par exemple quand je m’étais ouvert la tête, c’est moi qui a choisi qui

allait m’enlever les points de suture » ;

- E28 : « Parfois je choisis moi… j'aime beaucoup choisir (rires) ». Notamment selon

« l'ambiance actuelle à la maison… ».

Les 80 % restants indiquent que ce ne sont jamais eux, mais toujours leurs parents qui prennent

la décision, comme en témoignent :

- E4 : « en même temps à la maison je décide pas beaucoup de choses ! » ;

- E7 : « non, c’est pas moi qui choisit » ;

- E10 : « non, je leur fais confiance quoi » ;

- E15 : « c’est lui [son père] qui décide parce qu’en moyenne il sait ».

Parmi ces enfants qui ne choisissent pas d’eux-mêmes, la majorité déclare ne pas spécialement

vouloir le faire. C’est le cas de E1 « pas forcément », E2, E3 « ça m’est égal », E19, E21, E23

« j’m’en fiche un peu » et E29.

Seule E7 aimerait elle-même choisir son docteur, mais ne sait pas qui elle choisirait.

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4.1.2. Selon quels critères de choix d’après les enfants ?

Déterminants du choix entre les deux parents médecins

Spécialité/

Compétences

E1 : « maman elle est plus spécialisée dans les enfants et papa plus dans

les adultes »

E9 : « mon père il sait ptet moins… moins faire ».

E10 : « si je me suis cassé le poignet, c'est plutôt ma mère qui va me faire

un plâtre par exemple (…) Autrement, par exemple, si j'ai une angine, ou

quelque chose comme ça, c'est plus mon père qui est un peu mieux

spécialisé dans les médicaments. »

E22 : « Après c'est papa qui fait tout ce qui est ordonnance et tout du

coup… je me tourne plus vers lui. »

E24 : « moi ça m’est jamais arrivé, mais R. (…) c’est plutôt papa qui lui

avait fait un point de suture. »

E27 : « bah quand on a plutôt mal au ventre, ou des choses comme ça,

comme c'est la spécialité de papa il est plus… c'est plutôt lui qui nous

consulte, qui fait un diagnostic. Alors que plutôt les maux de tête ou les

choses comme ça, c'est maman. »

E28 : « Ça dépend pour quoi. Ça dépend, quand c’est des maux de ventre

et tout ça, c'est le domaine de papa. Pour tout ce qui est vaccin et tout ça

c'est maman (…) maman plus pour tout ce qui est soin infirmier plutôt ».

« Je sais que je préfèrerais me faire vacciner par ma maman parce que je

sais qu'elle me vaccine bien, qu'elle vaccine très très bien… j'aime

beaucoup les massages au ventre de papa… (rires) (…) Ça dépend encore

une fois de la… de la maladie. »

Disponibilité

E10 : « Autrement après ça dépend de la disponibilité de mes parents »

E11 : « c’est plus ma mère, ça dépend en fait (…) Ça dépend surtout de

la disponibilité. »

E22 : évoque la disponibilité

E23 : évoque la disponibilité

E24 : évoque la disponibilité

E25 : « Un peu les deux ça dépend qui est là »

Tableau 2 : Critères déterminant le choix entre les parents

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Déterminants du choix entre le parent et un médecin extérieur

Gravité/

pathologie

E4 : « ça dépend quelle maladie. Si c'est une maladie qui est pas très grave,

c'est mon père qui me soigne. Mais si c'est des maladies graves, ou des

trucs comme ça c'est pas mon père. Mais comme j'ai pas eu de maladie

grave, de grosses maladies, bah que mon père en fait. »

E5 : « Ben c'est surtout que avant je vais voir mon père pour savoir si c'est

quelque chose de grave et pour savoir si j'ai besoin d'aller voir un médecin

spécialiste des enfants ou pas, et après si mon père me dit qu'il faut que

j'aille voir le pédiatre parce qu'il sait pas ce que c'est bah j'y vais quoi (…)

c’est pour pas prendre de rendez-vous pour rien. »

E7 : « bah si j’ai mal au ventre, si j’ai mal à l’oreille, bah elle le fait, mais

si par exemple j’me suis fait quelque chose de grave, bah je vais voir le

docteur D. »

E8 : « par exemple quand je dis que j’ai mal au ventre, elle me dit si j’ai un

problème… par exemple l’appendicite ou (…) si juste ça va passer. »

E14 : « j’fais des réactions souvent, sur la peau en fait et…. faut toujours

qu’il essaie de savoir en fait ce que j’ai… mais on va toujours voir le

médecin derrière. »

E16 : « quand j’ai un problème immédiat, quand j’ai une douleur quelque

part j’demande à mon père sinon (…) par exemple quand c’est un mal de

gorge persistant et tout, c’est le médecin de famille qui s’en charge. ».

« C’est toujours euh… papa nous examine avant pour être sûr si c’est utile

d’aller voir le médecin de famille. » « Il a le droit de me diagnostiquer mon

père s’il a envie, mais c’est le médecin de famille qui prend les décisions. »

E19 : « je pense que Monsieur D c’est pour les choses un petit peu plus

grave et Monsieur S un petit peu moins ». Et sa maman « pour les petites

maladies genre… euh… des rhumes… »

E31 : « par rapport à des maladies pas très graves »

E20 : la pathologie

Disponibilité du

soignant

E5 : « quand je suis malade et qu'il n'y a pas de rendez-vous prévu, mon

père il m'examine. »

E21 : « parce qu’elle est occupée des fois »

Domaines de

compétences du

soignant

E5 : « Mais comme il est pas forcément dans... avec les enfants, il peut pas

forcément savoir précisément c'que j'ai, mais... ».

E11 : « par exemple un ORL, parce que bah voilà, c’est pas la spécialité de

nos parents ».

E16 : « des domaines d’expertises que mon père ne maîtrise pas forcément,

parce que mon père fait de la médecine interne, il est très… il connaît

beaucoup de choses, mais j’suis pas sûr qu’il connaisse tout en médecine. »

Type de

consultation

E8 : Médecin extérieur pour l’examen systématique

E17 : « j’y vais pour le sport (…) et pour faire des piqûres des fois » ainsi

que l’examen systématique.

E19 : madame M pour le suivi

Ne sait pas E2 – E3 – E6 – E15

Tableau 3 : Critères déterminant le choix entre parent médecin et médecin extérieur

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4.1.3. Quels sont les déterminants évoqués par les parents ?

Dans le questionnaire préalable, nous avons demandé aux parents les raisons de leur choix de

médecin pour leur enfant.

Parents n’effectuant pas le suivi médical de leur(s) enfant(s)

Trois arguments sont avancés par les parents médecins ayant recours à un médecin extérieur.

Le refus de s’impliquer dans la prise en charge de leur enfant pour 5 parents, bien qu’ils avouent

intervenir parfois pour les pathologies aiguës :

- Je ne veux pas m’occuper de leur suivi (vaccination, développement), mais souvent je gère

l’aigu.

- Pour le regard d’un médecin spécialiste, qui ne soit pas moi, même s’il m’arrive de prescrire

occasionnellement.

- Je ne souhaite pas être le médecin de mes enfants, hors urgences.

- Peur de passer à côté.

- Je ne souhaite pas soigner mes proches, en particulier mes enfants, besoin d’un œil extérieur.

La confiance envers le médecin extérieur pour 2 parents :

- « par bouche-à-oreille »

- « présence d’un excellent généraliste connaissant bien l’allaitement maternel »

Les pathologies spécifiques des enfants pour un parent, nécessitant le recours à des spécialistes.

Parents effectuant le suivi médical de leur(s) enfant(s)

Quatre raisons principales poussent les parents à soigner leur(s) enfants (s).

L’aspect pratique est mentionné par 5 parents :

- Facilité

- Praticité

- Plus pratique

L’évidence pour un parent dont le choix s’est fait naturellement.

L’absence de pathologies particulières, un parent justifiant parce qu’ils sont en bonne santé.

L’absence d’alternative pour un autre, déclarant n’avoir pas le choix, sans plus de détail.

- Simplicité et disponibilité

- Facilité

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4.1.4. Quelle influence a le parent médecin sur le choix du soignant ?

Comme décrit précédemment, c’est en grande majorité le parent qui choisit le médecin de son

enfant. Toutefois, on peut supposer que c’est le cas dans la majorité des familles, que l’un des

parents soit ou non médecin.

Nous avons donc recherché si le fait que le parent soit médecin avait une influence sur le choix

du médecin tiers précisément consulté.

Les médecins généralistes et spécialistes consultés sont essentiellement choisis par le parent

médecin.

Cinq enfants pensent que leur parent médecin connait bien le praticien choisi :

- E16 : « On est très amis avec le médecin traitant (…) on est toujours ravis d’aller le voir. »

- E22 : « C'était à la polyclinique (…). C'est un ami de mes parents (rires). »

- E28 : « c’est un ami de mes parents »

- E30 : « c’est quelqu’un que maman connaît. »

- E31 : « elle connaît les médecins et elle est sûre qu’ils sont bien ». « C’est des collègues. Parce

que du coup, comme ça, elle a pas à prendre de rendez-vous c’est plus rapide pour elle ».

Pour six autres ils n’ont aucun lien personnel ou professionnel avec le médecin choisi. Il s’agit

de E3, E7 « c’est juste son docteur », E14, E15 « je ne pense pas, je pense qu’il est seulement

médecin », E27, ainsi que E8 « c’est juste que bah ma mère elle l’aime bien (…) elles se

connaissent bien parce que le docteur D elle me suit au moins depuis que j’ai 3,4 ans ».

Un enfant ne sait pas si son parent a des liens avec le médecin : « elle m'a parlé un p'tit peu de

la famille du pédiatre, mais j’suis pas sûre... » (E5).

Enfin, il apparaît que le recours à un médecin extérieur est parfois un choix affectif du parent

médecin : « avant, elle pensait que… que j’allais plus trop l’aimer si elle me faisait des piqures

quand j’étais p’tit » (E13).

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4.1.5. Quelles sont les préférences de l’enfant ?

Préférence de médecin (figure 11)

Figure 11 : Médecin(s) préféré(s) par l'enfant

La majorité des enfants préfère que leur soignant soit leur(s) parent(s) :

- E1 : « mes parents » ;

- E2 : « parce que c’est mon papa et ma maman » ;

- E12 : « que ce soit maman (…) parce que c’est ma maman (rires) » ;

- E13 : « que maman » ;

- E18 : sa maman « bah parce qu’elle fait super bien le médecin » ;

- E20 : « je voudrais aller voir maman [tout le temps] » ;

- E21 : « maman » ;

- E23 : ses parents « Hum moi j’resterais comme ça. C’est l’habitude aussi, j’vois pas trop de

problèmes » ;

- E26 : « j'allais toujours voir mon père parce que c'est beaucoup plus pratique ». « Après, il y

a eu des fois comme ça ou je réfléchissais si ça serait pas forcément mieux d'avoir un médecin

traitant extérieur… (…), mais après, pour une question pratique, ça ne me dérange pas plus

que ça. Du coup, pour l'instant ça reste mon médecin traitant » ;

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- E28 : « Ah non, ça, je préfère que ce soient mes parents » ;

- E30 : « vu que du coup maintenant j’ai l’habitude euh qu’ce soit ma maman bah… c’est vrai

qu’c’est plus facile… c’est un peu la voie de la facilité, en même temps bein j’pense je prendrai

le temps d’la réflexion, mais euh… mais… j’pense que oui quand même parce que c’est, c’est

vrai qu’c’est plus facile quand même. ».

Deux en revanche, soignés exclusivement par leur médecin traitant, souhaitent qu’il reste leur

seul médecin référent :

- E14 : « je choisirais toujours mon docteur actuel, il est très bien » ;

- E16 : « personnellement, je trouve que ce soit mieux que ce soit le médecin de famille qui fasse

le travail ». « J’ferais plus confiance à mon médecin traitant qu’à mon père en ce cas, parce

que c’est à mon médecin traitant de s’occuper de moi techniquement donc euh… si… si ça

devait arriver je choisirais plutôt mon médecin traitant s’ils me disaient deux trucs opposés. »

Ou en tous cas n’en changerait pas : « bah non, parce que je la connais depuis que je suis toute

petite, docteur Q » (E7).

La prise en charge actuelle mixte par le proche médecin et le médecin extérieur semble

appréciée par E4 : « ça me va bien comme ça », E5, E17, E19 et E3 « voir le docteur Q de temps

en temps, mais que ce soit papa et maman qui me soignent aussi ».

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Différences de prise en charge souhaitées par l’enfant

Si une grande partie des répondants veut garder sa prise en charge actuelle, d’autres proposent

un autre schéma :

- E20 : « Je voudrais aller voir maman [tout le temps] » ;

- E25 : « Ça dépend c’que j’ai. La plupart du temps ça aurait été mes parents, mais… s’ils sont

pas là ou si j’ai genre une maladie du genre un cancer… bon j’aimerais pas que ça arrive…

j’préfèrerais vraiment des médecins spécialisés dans le domaine (…) comme ça je guérirai

vite » ;

- E31 : « Bah j’pense que j’prendrais un médecin juste pour faire les visites de routine et puis

ce serait maman qui me soignerait après quand j’me ferais mal ou des trucs comme ça (…) qui

me donnerait des médicaments, des pommades… des choses comme ça. ». « J’pense qu’on

prendrait un médecin généraliste, parce que déjà quand tu vas à l’hôpital ils demandent tout

le temps ton médecin généraliste, et après quand maman elle dit qu’c’est elle et ben les… les…

[médecins] et ben déjà ils te prennent pas très au sérieux et après ils trouvent que c’est pas

bien du tout (…) ».

Nous notons également que parmi les onze participants préférant être soignés par leur(s)

parent(s), quatre sont actuellement majoritairement pris en charge par un médecin tiers.

Préférence entre les deux parents médecins

Les enfants ont quasiment tous répondu qu’ils n’avaient pas de préférence entre leurs parents

médecins (E1 « aucune préférence », E2, E10, E11 et E24 « Non, en fait ça peut être n’importe

lequel entre les deux »).

Seule E22 a un médecin préférentiel entre ses deux parents « Bah généralement, quand je vais

pas bien, j'appelle papa d'abord… (rires). C’est plutôt papa d’abord… Mais maman s'occupe de

nous aussi. »

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4.1.6. Quel médecin choisira l’enfant à l’âge adulte ?

Dix enfants ont évoqué la façon dont ils pensent être pris en charge dans le futur, une fois

devenus adultes.

Trois adolescents continueraient à être suivis par leurs parents :

- E11 : « je pense que tant qu’ils seront médecins, je vais les garder comme médecins » ;

- E27 : « je pense que je garderai mes parents » ;

- E28 : « Là, je suis à A., déjà. Je rentre à peu près tous les week-ends pour le moment ça va,

mais ça va être de plus en plus compliqué avec le travail. J'arrive à faire ça parce que je ne

suis pas trop loin (…) je rentre à peu près tous les week-ends pour le suivi (…). Non, de toute

façon dès que j'ai un problème de santé, je les appelle. » Il gardera toujours ses parents en

première ligne « ça c’est sûr. Même dans 20 ans… (…) Et même quand mon gosse aura un

problème de santé, je pense que je les appellerai (rires) ».

Sept autres pensent choisir un médecin traitant extérieur, mais tous aimeraient solliciter leur

parent médecin pour des avis consultatifs :

- E10 : « j’pense que quand j’serai plus grand, j’aurai un autre médecin forcément. Enfin…

pour l’instant ça me va hein. Bah ouais par exemple quand je serai majeur », mais continueras

à solliciter ses parents « Euh bah ouais j’pense parce que p’tet qu’on fait un peu plus confiance

à ses parents qu’à… bah pas un inconnu, mais quelqu’un qu’on connaît moins quoi. » ;

- E16 : « j’sais pas euh... monsieur L. est très compétent. J’espère dans la mesure du possible

continuer avec lui parce qu’on s’entend très bien, mais bon… si c’est un autre excellent

médecin traitant euh… jdirai jamais non. J’utiliserais p’tet un peu plus le médecin traitant

comme je serai moins à la maison. Mais si jamais j’ai un problème, bien sûr j’appellerai mon

père » ;

- E22 : « J'y ai pas trop réfléchi, mais j’pense que je prendrai plutôt un médecin à côté parce

que bah je n'habiterai sûrement peut-être pas à N. ou autre et donc je ferai plus en fonction de

moi, de ce qui est le plus pratique pour moi, et j’pense qu’un médecin à côté c’est... J’irai

toujours demander des conseils aux parents et les consulter d'abord… » ;

- E23 : « Euh, ptet que si j’part [ais] de la maison, si j’vais vivre autre part, j’aurais plus

facilement contact avec un médecin extérieur, mais pour des raisons aussi pratiques, si j’ai des

problèmes, des questions j’peux facilement leur envoyer un sms et ptet avoir un peu les deux

j’pense » ;

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- E26 : « Si jamais j’habite vraiment très loin, à l'autre bout de la France, évidemment ça va

être compliqué de garder mon père comme médecin traitant donc je pense peut-être que

j'essaierai de trouver un médecin traitant bah plus proche tout simplement ». Mais « Je pense

que j'aurais tendance à l'appeler un peu (…) pour savoir ce qu'il en pense. Parce que des fois

aussi y a pas forcément besoin de voir un médecin et du coup… je pense que j'aurais tendance

à l'appeler pour lui dire “tiens, qu'est-ce que t'en penses, j'ai ça comme symptômes…” » ;

- E30 : « j’pense que ça serait plus facile d’avoir quand même un médecin traitant, mais

j’pourrais toujours lui demander des conseils. »

- E31 : « bah j’pense que oui elle m’conseillera et j’aurai un médecin à côté. »

Un des participants fait part de son avis concernant la réaction prévisible de ses parents s’il

venait à changer de médecin : « ils vont bien vouloir parce que « fais un peu comme tu veux, tu

deviens grand ». Et puis j’pense peut-être que d’un côté ils seront un peu déçus, mais ils le

prendront pas trop mal quand même j’pense » (E10).

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4.2. Choix du médecin selon le motif de consultation

4.2.1. Prise en charge de la traumatologie

La traumatologie bénigne est majoritairement gérée par les parents tandis que les traumatismes

plus sévères sont le plus souvent pris en charge par les services d’urgences (figure 12).

Nous noterons que les parents ayant réalisé des plâtres ou des points de suture sont tous

chirurgiens (E10, E25, E26, E28).

Figure 12 : Médecins prenant en charge la traumatologie

Prise en charge de la bobologie

Nous regroupons ici les traumatismes bénins ne nécessitant pas de gestes techniques (plaies

superficielles, entorses bénignes).

Neuf enfants de médecins évoquent ces petits traumatismes, pris en charge dans la quasi-totalité

de cas par le parent médecin, à l’exception de E26 dont la mère est infirmière, plus disponible

et tout aussi qualifiée pour la réalisation de pansements, et de E7 et E19, orientés vers un

médecin extérieur en cas d’entorse.

Certains apprécient cette prise en charge immédiate à domicile, comme E5 « il a pu me dire que

j'avais la cheville foulée et tout ça et ça m'a empêché d'aller chez un docteur. ».

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D’autres préfèreraient dans la mesure du possible que cette prise en charge se fasse par un autre

médecin plutôt que leurs parents, comme E30 et E31 « ça me gêne pas que ce soit ma maman,

mais ce que j’aime mieux bah c’est que ce soit dans un cabinet avec des vrais outils et tout »

ou E14 « Ah non c’est mon... c’est tout l’temps mon docteur traitant… (Rigolant) avec mon

père je pense que j’ui dirais des insultes, comme ça doit faire mal, sinon avec mon docteur

j’pense que... » [elle n’aurait pas le choix].

Prise en charge des plaies profondes

Parmi les enfants ayant eu une plaie nécessitant des points de suture, deux ont été pris en charge

par leur médecin traitant (E8 et E19), trois par des urgentistes (E13, E20, E31) et trois par leur

père :

- E25 « ça m’a fait très très mal », mais « j’préfère que ce soit papa comme ça c’est vite… enfin

c’est fait » ;

- E26 « Euh je me suis ouvert la lèvre quand j'étais plus jeune. C'est mon père qui m'avait

recousu à la maison il me semble » ;

- E28 « J'ai eu un point de suture, c'est mon père qui m'a recousu (…) à la clinique. Je devais

avoir 7, 8 ans, par là... un peu plus. J’voulais trop que ce soit mon papa (rires). Je crois que

j'ai rien senti alors que c'était quand même un anneau comme ça ( me montre avec ses doigts) ».

Deux enfants auraient préféré être pris en charge par leur mère, mais :

- E8 « maman elle avait pas le matériel et du coup elle m’avait dit que ça lui demanderait du

temps parce qu’il fallait qu’elle aille chercher et tout » ;

- E20 « je sais pas si elle sait faire » (la maman est urgentiste).

Prise en charge des fractures

Les plâtres ont été réalisés pour deux enfants au service des urgences (E14, E28, E31), pour un

par un médecin des pistes aux sports d’hiver (E30), et pour le dernier par sa mère, chirurgien

orthopédique (E10). Ses enfants (E9, E10, E11) apprécient cette situation « par exemple quand

on s’ouvre c’est, c’est pratique d’avoir une mère chirurgienne » (E11).

De la même façon, même si ça n’est pas le parent qui réalise l’acte technique, certains estiment

le comportement de ce dernier face à une situation d’urgence « très jeune j’ai percuté une table,

à 4 ans (…) j’ai eu quand même une grosse fracture à l’arcade sourcilière, il a tout de suite

hum… comment dire, pris euh… il a tout de suite appelé le médecin de façon instinctive et

tout. » (E16).

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4.2.2. Prise en charge des maladies

Lorsque les enfants évoquent des maladies, bénignes, pour la plupart, c’est majoritairement le

parent médecin qui s’en occupe. Nous mentionnerons :

- E10 « si j'ai une angine, ou quelque chose comme ça, c'est plus mon père qui est un peu mieux

spécialisé dans les médicaments » ;

- E22 : « dès que j’suis malade c’est mes parents qui s’en occupent » ;

- E24 : « quand j’en ai besoin… souvent on a déjà des trucs à la maison, mais si besoin,

pourquoi pas papa peut faire un certificat [une prescription] » ;

- E30 : « il y a pas très longtemps j’ai eu une infection (…) je trouvais ça un p’tit peu bizarre

donc euh j’ai demandé à maman, elle était pas là donc je lui ai téléphoné. Et elle m’a dit bah

s’qui fallait faire, et comme ça a été fait très vite (…) ça s’est calmé direct du coup euh elle m’a

mis une espèce de pommade et tout, et voilà. Alors que si j’avais attendu, et qu’j’étais allée voir

un médecin, j’aurais ptet eu un vrai traitement et ça aurait été embêtant, surtout qu’j’étais en

vacances... ».

Pour trois participants, c’est le médecin tiers qui intervient pour toutes les pathologies, le parent

n’ayant qu’un éventuel rôle consultatif :

- E14 : « il essaie de trouver ce que j’ai », mais consulte toujours son médecin derrière ;

- E16 : « j’avais des douleurs quelque part il a (…) tout de suite appelé le médecin, il a pas

hésité une seconde à chercher… il sentait que c’était grave donc il a pas hésité et j’avais une

infection probablement, et donc il l’a fait rapidement et donc j’ai pas eu de problèmes par la

suite ». « J’me sentirais mal si c’était mon père qui me faisait les ordonnances » ;

- E20 : « Docteur S. quand j’ai une petite maladie, genre une bronchite ou autre ».

Enfin, ce peut être l’un ou l’autre, en fonction de la pathologie :

- E7 : « Dr D. elle regarde pas mon ventre. Quand j’ai mal au ventre, c’est maman qui le fait » ;

- E19 : « quand je suis malade, je vais voir monsieur S. » et sa maman « pour les petites

maladies genre euh… des rhumes ».

Nous constatons que de nombreux enfants mentionnent n’être que très peu malades, comme

l’explique E5 avec sa propre théorie : « Après j’ai eu des maladies comme tous les enfants, mais

en fait très peu parce que en fait j’ai des médecins à la maison ».

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4.2.3. Prise en charge des vaccins

Réalisation des vaccins

Figure 13 : Médecins réalisant les vaccins

D’après la figure 13, c’est majoritairement le parent médecin qui réalise le vaccin de son enfant

(E6, E9, E10, E11, E12, E13, E22, E23, E24, E25, E26, E27, E28, E29). Il s’agit des parents

déclarant être les médecins principaux de leurs enfants, à l’exception de la mère d’E6, qui

indique ne pas vouloir soigner ses enfants.

Lorsque les parents sont tous deux médecins, c’est le parent considéré comme médecin

principal qui vaccine.

Pour E26, le vaccin, bien que souvent réalisé par son père médecin, est parfois fait par sa mère,

infirmière : « C'est lui et ma mère qui me faisaient les vaccins en général (…) comme elle est

infirmière, elle peut piquer. »

Les vaccins sont généralement réalisés à la maison : « C’est maman (…) à la maison (…) parce

qu’elle achète les vaccins et après elle nous les fait » (E12).

Mais il l’est parfois aussi en structure par le parent médecin : « Ben j’ai eu une fois où j’étais

allée… j’sais plus où, c’était ni une clinique ni un hôpital… j’sais pas vraiment c’que c’était.

Et là j’ai été vacciné par mon papa, mais c’était là-bas et sinon c’est mon papa tout le temps,

bah… dans le salon, sur le canapé... » (E25).

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Les pères et mères médecins vaccinent autant leurs enfants.

Dans un tiers des cas, c’est un médecin extérieur qui vaccine l’enfant (E1, E5, E7, E14, E15,

E16, E17, E19, E20). C’est le plus souvent le médecin traitant, sauf lorsqu’il s’agit de vaccins

spécifiques : « on va aux campagnes de vaccinations la plupart du temps (…), j’ai pas de

souvenirs de mon médecin de famille faisant une euh… me faisant un vaccin. » (E16).

Un participant estime que son parent n’est pas habilité à faire lui-même les vaccins : « c'est les

pédiatres qui font ça parce qu'on est pas dans... ça peut pas être mon père parce qu'on est pas

du tout dans un endroit euh... médical et puis bah aussi... j'suis un enfant et il faudrait que ce

soit quelqu'un plus spécialisée... pas forcément dans les enfants, mais dans la médecine

généraliste ou euh pédiatre. Parce que mon père il est pas vraiment... il fait pas des vaccins

aux gens » (E5).

Quatre enfants sont vaccinés parfois par leur parent, parfois par leur médecin extérieur. C’est

le cas de E18, E21, E31 et E30 « mes vaccins de routine, je sais pas trop. Une fois j’suis partie

à l’étranger, j’suis allée voir un médecin pour qu’il me fasse mes vaccins, et ensuite j’suis

repartie c’était l’année suivante et là cette fois c’est maman qui me les a faits ».

Enfin, trois interviewés ne se souviennent pas avoir eu de vaccin (E2, 7 ans, « je pense que j’en

ai jamais eu », E3 et E4).

Respect du calendrier vaccinal

Cinq enfants évoquent spontanément la rigueur de leur parent dans le suivi des vaccinations :

- E5 : « Mais par rapport aux vaccins aussi ma mère comme elle se renseigne sur les maladies

du moment du coup, parce qu'elle travaille là-dedans, elle essaie de m'obtenir un maximum de

vaccins. Enfin j'vais pas dire que ça me fasse très plaisir, mais (…) J'fais un maximum de

vaccins » ;

- E11 : « J’crois oui qu’ils les font tous » ;

- E22 : « je sais qu'on est à jour et il nous a fait par exemple le vaccin contre le cancer du col

de l'utérus tout ça… » ;

- E26 : « par contre ils ont toujours été vigilants là-dessus » ;

- E28 : « Elle est à fond pour les vaccins… moi aussi d'ailleurs ».

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Avis des enfants concernant leur vaccination

Deux enfants rapportent qu’ils n’aiment pas les vaccins : E13, qui que soit le médecin faisant

l’acte, et E5, même si elle reconnaît l’importance de ces derniers « dans un sens j'aime pas trop

les vaccins, mais dans un autre ça empêche des maladies ».

Trois interviewés apprécient que les vaccins soient réalisés par leur parent :

- E22 : « Quand j'étais petite [ça m’embêtait] un p’tit peu… parce que j'avais l'impression que

ça n'était pas sérieux, dans le sens où voilà c’était mon papa donc il ne pouvait pas faire de

vaccins (…) Mais maintenant j'ai confiance. » Elle préfère désormais que ce soit son père ;

- E23 : « C’est papa plutôt », ce qui ne l’embête pas « pas du tout ! au contraire, c’est presque

plus rassurant en fait » ;

- E29 : « maman (…) je préfère que ce soit maman ».

À l’inverse, deux autres affichent leur préférence pour qu’un médecin en centre de vaccination

effectue les vaccinations :

- E30 : « j’pense que je préfère que ce soit le médecin parce que j’suis plus rassurée, déjà

qu’j’aime pas trop les vaccins… voilà. Ça fait plus sérieux, mais… et puis en plus du coup vu

qu’il m’avait tout expliqué avant… après je savais déjà du coup s’qu’elle allait me faire comme

vaccins vu que le médecin m’avait déjà expliqués, mais… pour autant, j’pense que j’préfère

euh... [une consultation dédiée] » ;

- E31 : « elle a essayé de nous faire des vaccins compliqués et bah c’était moins… enfin c’était

mieux avec les spécialistes. Parce que déjà elle nous mettait pas de patch, donc ça faisait un

peu plus mal… et puis les spécialistes ils ont une meilleure technique pour planter l’aiguille ».

Il n’y a donc pas règle concernant les vaccins, certains enfants se sentant plus rassurés lorsqu’ils

sont faits par leur parent, d’autres préférant que ce geste soit réalisé par des médecins extérieurs,

plus crédibles et expérimentés à leurs yeux.

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4.2.5. Prise en charge de la gynécologie/urologie

Médecin consulté

- Le médecin référent est le parent :

C’est le cas de E22, qui, bien que s’étant initialement tournée vers sa mère, spécialiste, est

désormais suivie par son père, gynécologue obstétricien : « Bah… je sais que avant, quand

j'avais des petits problèmes de règles et tout (…), je demandais à maman, mais chaque fois elle

me disait va voir papa puisque c'est lui qui sait donc… au début ça me faisait un peu bizarre,

parce que j’étais petite, j'étais un peu gênée, mais maintenant plus trop. Il m'a prescrit la pilule,

des choses comme ça donc ça va, c'est à lui que j'en parle. »

- Le médecin référent est un gynécologue :

Comme E26 : « Actuellement j'ai un implant, du coup c'est pas lui qui me l'a fait (…) ça m'aurait

pas forcément dérangé, mais je préférais quand même que ce soit mon gynéco… que ce soit la

même prise en charge au niveau gynéco… ».

- Le premier recours est la mère pour l’adolescente, qu’elle soit médecin ou non.

Lorsqu’il s’agit d’un avis consultatif, l’adolescente va plus spontanément se tourner vers sa

maman, même si le père est le parent médecin, comme E5 : « Ah oui, ma mère j'ui en ai posé

des questions ! Oui parce que en plus sa mère elle lui avait pas trop expliqué par rapport aux

règles tout ça et du coup elle m'explique bien. Et moi j'appréhende assez ça ».

De même, E30 dont la maman est médecin se tournera en premier lieu vers sa maman avant

d’envisager de voir un spécialiste : « ensuite en tant que médecin bah... du coup ptet qu’elle

m’dira d’aller voir des spécialistes, je sais pas. ».

Préférences des adolescents

Concernant l’examen gynécologique, trois adolescentes déclarent préférer qu’il soit réalisé par

un médecin extérieur :

- E22 : « Oui je préfèrerais… que ce soit quelqu’un d’autre » ;

- E23 : « si c’est dans le domaine de la gynécologie, j’préfèrerais que ce soit pas mes parents

(rires) » ;

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- E26 : « je me voyais pas avoir mon père en tant que médecin gynécologue (…) parce que je

pars du principe que c'est une zone, on va dire, plus intime, donc ça me gênait un peu que ce

soit mon père là-dessus… »

Nous avons également posé la question de l’examen intime chez le garçon. E25, bien

qu’hésitant, se tournerait plutôt vers son père médecin : « Ah, je me suis déjà posé la question :

je sais pas… aujourd'hui je dirais que… je pense que ça ne me dérangerait pas parce qu'on est

très ouvert dans la famille. Non, je pense plutôt papa pour répondre à la question, je pense. Et

les filles plutôt maman je suppose [mère médecin également]. Mais non, je pense qu'il n'y aura

pas de gêne (…) Je réfléchirais à deux fois quand même je pense, mais… je pense que non. Pas

de gêne. »

4.2.6. Quid de la sexualité

Quatre participants abordent les questions de sexualité avec leur parent médecin :

- E23 : « ça m’est arrivé d’en parler un p’tit peu, mais pas beaucoup. Sinon on est aussi pas

mal informé avec l’école » ;

- E26 : « Ça j'ai pas de tabous là-dessus, j'en parle très facilement, notamment sur la

contraception » ;

- E28 : « on en parle très librement » ;

- E30 : « j’pense que j’m’adresserai quand même d’abord à ma maman, puisque… bah… c’est

quand même une des personnes les plus proches de moi ».

Deux adolescents auraient recours à un médecin extérieur :

- E10 parce qu’il serait gêné : « ptet quelqu’un d’autre parce que euh… » ;

- E16 parce qu’il ne souhaite pas impliquer son père dans sa prise en charge médicale : « Ça

pose pas de problèmes de poser une question un jour à son père (…) mais en tant que père,

j’veux dire j’ui poserai jamais la question en tant que médecin ».

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4.2.7. Examen systématique de l’enfant

Examen systématique par le parent médecin

L’examen systématique est réalisé pour onze participants (E9, E10, E11, E12, E13, E22, E23,

E24, E26, E27, E28) par leur(s) parent(s) médecin, ces derniers étant tous désignés comme

médecins exclusifs de leurs enfants. La majorité de ces examens se limitent à la mesure et à la

pesée « Bah on se mesure à la maison, on se pèse à la maison, et puis on note tous les six mois

je crois » (E10).

Cet examen est effectué de façon régulière, une à deux fois par an pour certains (E9, E10, E11,

E27), a priori uniquement lorsqu’ils étaient enfants pour les plus âgés « Quand on était petit,

maman me mesurait tous les ans. Elle nous pesait aussi. » (E22).

Il est dans la majorité des cas réalisé au domicile (E10, E12 parfois, E23, E24, E26, E27, E9 :

« On marque sur la porte notre taille »), rarement au cabinet médical (E12, E13). Ceci peut

s’expliquer par le fait que seule la mère de ces deux derniers exerce en cabinet privé.

Examen systématique par le médecin traitant

Pour huit enfants (E5, E8, E15, E16, E17, E19, E20), l’examen systématique est assuré par un

médecin extérieur, qu’il soit pédiatre (E4 9 ans, E5 13 ans, E19 10 ans, E20 8ans), ou généraliste

(E8 10 ans, E15 12 ans, E16 15 ans, E17 8ans).

L’examen est décrit comme étant plus complet par les enfants, comme E5 « souvent c'est pour

des visites euh générales plutôt pour voir si j'avais une scoliose, pour voir si j'avais un problème

à me mesurer enfin... » ou E20 « pour faire des tests des yeux ou des oreilles des fois, [pour

voir si tout va bien]. ».

Ici encore cette prise en charge concorde avec les la désignation du médecin généraliste ou du

pédiatre comme médecin principal de l’enfant.

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Examen systématique par un pédiatre puis le parent

Deux enfants ont été initialement suivis par un pédiatre, puis au départ de ce dernier,

intégralement pris en charge par leur parent, y compris pour les examens systématiques,

devenus très irréguliers :

- E30 : « [petite] je faisais aussi des trucs de routine, genre le poids… ». Actuellement : « [c’est

ma mère] enfin… pas forcément hyper régulièrement, mais de temps en temps oui... » ;

- E31 « oui j’me souviens, une fois c’était bah une visite juste de routine où [le pédiatre] m’a

fait les réflexes et tout ça ».

4.2.8. Rédaction des certificats médicaux

L’ensemble des 31 enfants interviewés pratiquent une activité sportive.

Interrogés sur le certificat de non-contre-indication à la pratique d’un sport, beaucoup d’enfants

ne savent pas nous dire qui le délivre ni s’il occasionne un examen clinique, en particulier les

plus jeunes (E3, E4, E6, E7, E9, E12, E18, E19, E20, E21, E24, E25).

Ils seraient rédigés pour 5 enfants par leur médecin traitant, 3 n’apportant pas plus de précisions

(E8, E15, E17) et 2 affirment que c’est au terme d’un examen clinique dédié (E14, E16).

Pour 12 autres enfants, le certificat est délivré par le parent médecin, sans examen préalable :

E1, E5 « il signe comme ça », E11, E13, E22, E24, E26, E27 « il signe juste », E28 « la signature

[rires) », E29, E30 « un peu comme ça (rires gênés) ».

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4.3. Cadre de consultation

4.3.1. Lieu d’examen par le parent médecin

Figure 14 : Lieux d'examen de l’enfant par le parent médecin

Nous avons demandé aux participants où leur parent médecin les examinait lorsque cela était

nécessaire (figure 14).

90 % des répondants ont indiqué leur domicile.

Parmi eux, 4 sont examinés en différents endroits de la maison : E3 « n’importe où », E17

« dans le salon, dans le bureau… un peu partout… », E24 « euh soit dans la véranda, soit euh…

soit là où j’suis en fait », E29 « dans le bureau souvent ou dans ma chambre ou… ».

14 participants, soit la majorité des enfants consultés au domicile, évoquent le salon (E5, E12,

E14, E21, E22, E23), 7 précisant qu’ils sont examinés sur le canapé (E1, E4, E6, E7, E8, E25,

E28).

La chambre est le deuxième lieu d’examen le plus fréquent, cité par 5 enfants (E22, E26, E29,

E30, E31).

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De façon plus anecdotique, la cuisine, la salle de bain et les toilettes sont mentionnées cinq

fois :

- E9 : « ça dépend, des fois c’est sur la table, comme si c’était un lit, on met un drap dessus et

ils m’examinent » ;

- E13 : « dans la salle de bain » pour les vaccins ou la bobologie ;

- E15 : « en fait les médicaments ils sont dans la cuisine du coup on va là généralement » ;

- E20 : « dans la salle de bain » ;

- E25 : « quelque fois dans la salle de bain parce qu’il y a des produits aussi, quelque fois dans

les toilettes parce que c’est là, parce que ya des tiroirs avec des médicaments » ;

Il apparaît que dans ces cas précis, le lieu choisi correspond souvent à celui où se trouvent les

médicaments ou le matériel de premiers soins.

Seuls trois des enfants sont examinés au cabinet médical de leur parent (médecin généraliste) :

systématiquement pour E18, parfois pour E12 et E13. Le choix du lieu d’examen semble être

fonction du matériel et du motif de consultation :

- E12 : « Quand elle a ses affaires chez nous, et quand elle a pas ses affaires, et ben on va au

cabinet » ;

- E13 : Au cabinet « pour me peser, me mesurer ».

On notera que parmi les cinq parents généralistes exerçants en cabinet privé, seuls deux d’entre

eux y emmènent leur(s) enfant(s) pour les examiner.

Enfin, deux enfants soulignent avoir déjà été pris en charge par leur parent à la clinique ou à

l’hôpital lorsqu’il s’agissait de traumatologie (E28 et E10 « Bah j'ai déjà été […] un peu à

l'hôpital. Mais après ça dépend de ce qu'il y a, si c'est pas très grave ou si c'est plus important.

Ça dépend […] La dernière fois c'était il y a deux ans, je crois, pour un plâtre »).

Trois participants nous ont fait part de leur préférence quant au fait d’être examiné à leur

domicile ou au cabinet médical de leur parent :

- E13 : « à la maison [parce que], j’suis habitué à être à la maison du coup » ;

- E26 (interrogée sur la possibilité de consulter son père à son cabinet) : « ça me ferait bizarre,

je pense pas. Ça me ferait trop bizarre. Dans ce cas-là, autant avoir un médecin autrement » ;

- E25 : « Bah j’ressens pas la même impression qu’être assis euh j’sais pas dans une salle

d’attente en train de stresser parce qu’il y a un docteur qui va arriver (rires). J’suis plutôt…

zen. »

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4.3.2. Parent accompagnant lors d’une consultation médicale

Consultation au cabinet médical d’un médecin extérieur

Parmi les 14 enfants évoquant leur consultation chez un médecin extérieur, 6 déclarent être

accompagnés par leur mère dans la majorité des cas, qu’elle soit elle-même médecin (E6, E8,

E21, E28) ou non (E4, E5). Les 8 autres sont accompagnés indifféremment par l’un ou l’autre

de leurs parents (E3, E14, E15, E16, E17, E19, E24) voire par leur nounou (E24).

Le choix du parent accompagnant dépend principalement de leur disponibilité (E1, E3, E8, E14,

E16, E17, E19, E28).

Pour E8, il s’agit aussi d’un choix personnel du parent : « elle a plus de temps et aussi elle

préfère venir… elle comprend mieux les mots… »

Consultation au cabinet du parent médecin

Nous avons vu que trois enfants consultent parfois au cabinet de leur mère médecin.

E12 et E13 sont accompagnés par leur père, le plus souvent en dehors des consultations (« le

soir ou le week-end » pour E13, « après les autres » pour E12), mais parfois sur les horaires de

consultation.

E18, issue d’une famille monoparentale, va généralement au cabinet de sa mère avec elle le

week-end, ou, parfois, avec sa mamie.

Consultation au domicile

Cinq enfants (E22, E23, E24, E25, E26) ont évoqué la présence ou non de leur deuxième parent

lors d’un examen par le parent médecin au domicile.

En pratique, cela dépend de la disponibilité du deuxième parent (E22, E24) voire de la gravité

de la gravité (E23 : « Ça dépend aussi de la gravité de la blessure, mais en général un seul ça

suffit » [rires]).

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4.3.3. Comparaison de l’examen clinique

Pour quatre enfants (E2, E6, E7 et E17), l’examen clinique ne diffère pas selon qu’il est effectué

par le médecin traitant ou par le parent, tandis que pour six autres, il existe une dissemblance

notable :

- E5 : « mon pédiatre il fait différemment. Il m'examine plus sur l'ensemble du corps (…) alors

que mon père c'est surtout quand j'ai mal à un endroit en fait donc il vérifie ça surtout ». « Le

pédiatre souvent il me demande de me mettre en sous-vêtements alors que là mon père il me

palpe le ventre en soulevant un peu le tee-shirt » ;

- E16 : « Non, bien sûr que non, mon père (…) c’est... très très sommaire hein… ». « Mais toute

façon c’est… mon père ne m’examine que pour un problème immédiat. Si je dis euh, « papa

j’ai mal, j’ai mal au niveau des amygdales », il vient et vérifie mes amygdales et il voit s‘il y a

un problème, c’est tout. Il me pèse pas, il me mesure pas tous les trois jours euh... jamais ».

« Le médecin de famille, il mesure, il m’pèse (…) il fait l’examen complet » ;

- E31 : « le pédiatre il examine mieux, il a des outils, et puis… il prend son temps, il a un

cabinet... [maman examine] juste là où j’ai mal ».

Il apparaît que l’examen clinique est plus succinct lorsqu’il s’agit du parent-médecin, qui se

limite souvent à l’examen de la zone douloureuse. Néanmoins, parmi ces six enfants, il faut

noter que trois sont considérés comme exclusivement soignés par un médecin extérieur (E5,

E16, E21), deux occasionnellement par la mère (E1, E3) et un exclusivement par la mère (E31).

Pour E19, l’examen clinique diffère également selon les médecins extérieurs consultés, et pour

E3, selon le parent examinateur, mettant en évidence qu’au-delà de la considération parent/tiers,

l’examen clinique reste médecin-dépendant.

Quatre participants enfin déclarent n’être jamais examinés par leur parent, ce qui correspond à

leur prise en charge médicale exclusive par un tiers (E1, E4, E14, E19).

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4.3.4. Tenue du carnet de santé

Concernant la tenue du carnet de santé, il apparaît que la majorité des enfants interrogés ne

savent pas si les pathologies y sont inscrites (E2, E3, E14, E17, E18, E22, E24, E25, E26, E29).

Quatre sujets affirment toutefois que leur médecin référent le remplit régulièrement (E1, E14,

E16, E17) et pour deux autres, leur parent note également les maladies (E12, E30).

Pour beaucoup d’enfants principalement soignés par leur(s) parent(s), ces derniers inscrivent

surtout les vaccins et/ou leur taille et poids :

- E10 (13 ans) : « en tout cas ils mettent tout le temps les vaccins, enfin la date des vaccins » ;

- E11 (15 ans) : « ouais ils notent (…) le poids et la taille oui, mais pas quand on est malade » ;

- E22 (17 ans) : « Euh… tout ce qui est vaccin oui : papa note après chaque vaccin la référence

tout ça. Après je sais pas trop… Non je pense pas. (…) quand je vois mon carnet de santé,

quand j'étais enfant, c'était bien écrit… maintenant plus trop » ;

- E23 (15 ans) : « Euh surtout plus pour les vaccins, les choses comme ça. Mais quand j’suis

malade, non, pas vraiment » ;

- E26 (17 ans) : « Bah il a beaucoup noté par rapport aux vaccins déjà. Et sinon, je sais pas s'il

est très rempli mon carnet… ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu » ;

- E27 (15 ans) : « Non, juste les vaccins et les tailles, poids… » ;

- E28 (18 ans) : « Maman oui. Papa jamais. Maman elle note bah notre taille, les vaccins, elle

note aussi les vaccins…… voilà, c'est tout »

Sept enfants considèrent que leur(s) parent(s) médecin(s) ne rempli(ssen)t jamais le carnet de

santé (E1, E7, E8, E9, E15, E16, E31).

Enfin, E13 relève que sa mère ne « note que quand je vais chez un autre docteur » et E26

souligne qu’elle remplissait elle-même la courbe staturo-pondérale « Je faisais ̏ oh tiens, on l'a

pas rempli ̋… (rires). J’aimais bien mettre les petites croix ».

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4.4. Particularités de la prise en charge médicale

4.4.1. Perception du parent médecin

Figure 15 : Perception du parent médecin par l'enfant

Nous avons demandé aux enfants s’ils percevaient leur parent médecin comme un vrai docteur

ou comme leur parent uniquement (figure 15).

Pour 17 d’entre eux (55 %), leur parent est perçu comme un « vrai docteur » (E15, E21),

lorsqu’il examine son enfant, « crédible » dans son « rôle » de médecin : « Complètement (…)

c'est… des supers docteurs ! C'est le docteur à ma disposition » (E28).

13 % des enfants voient plus leur parent comme leur papa ou leur maman qui joueraient au

docteur plus qu’en véritable médecin (E3, E30, E31, E16 : « c’est mon père, il m’a jamais fait…

comment dire… d’auscultation au sens médical du terme (…) bien sûr, il a une rigueur de

médecin, mais bon ».

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Pour sept participants, soit près de 23 % d’entre eux, leurs parents à la fois un père/une mère et

un docteur :

- E1, E12, E24, E25 « les deux » ;

- E4 « à mon avis ils sont autant » ;

- E10 « bah j’les vois un peu des deux : un peu parents normaux et puis médecins (…) j’les vois

un peu dans leur rôle de médecin parce que… ils savent ce qu’ils font. » ;

- E26 : « Bah pour moi il est deux en fait, tout simplement : c'est mon père, mais quand il

m'examine c'est… c'est aussi mon médecin et… pour moi c'est vraiment les deux en fait (…)

C’est un mélange en pratique, parce que ça reste mon père… mais après oui, dans ce cas-là,

quand il m'examine c'est… je le vois comme un médecin ».

Ce point de vue a varié avec le temps pour une fille de médecin (E22) : « [petite] c’était mon

papa donc il ne pouvait pas faire de vaccins (…), mais maintenant j’ai confiance ».

Deux enfants ne savent pas se positionner : E9 et E5, qui perçoit ses parents comme des

médecins, mais différents de son médecin traitant « Euh... pas comme des médecins

consultants... pas comme ça j'pense. (…) ils sont médecins, mais euh... (…) Différemment, oui

c'est ça... ils font avancer enfin (rires gênés) avancer la science... enfin ils sont dans la science.

C’est pas les personnes qui viennent faire des vaccins ou qui travaillent aux urgences pour

nous aider ou des trucs comme ça quoi. »

Lorsque nous demandons aux enfants d’argumenter la différence de perception entre leur parent

et un médecin extérieur :

- certains décrivent un examen clinique moins crédible, comme E14 : « Je dirais que c’est un

vrai docteur, mais il le fait pas voilà, il prend pas son stéthoscope, voilà il fait pas... ce genre

de choses » ou E31 « bah non c’est pas pareil parce que bah là c’est sur mon lit et maman elle

le fait avec ses mains alors le docteur il a pleins d’outils et de choses comme ça (…) ça fait

moins médecin » ;

- d’autres ne savent pas pourquoi… comme E30 « Quand je vois un vrai docteur, enfin… c’est

pas pareil, y a quand même une différence » ou E8 « Ce qui est différent c’est que c’est maman !

mais sinon bah oui c’est pareil ».

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4.4.2. Impact du statut d’enfant de médecin sur la prise en charge médicale

As-tu l’impression d’être soigné comme les autres enfants/adolescents de ton âge ?

Pour E19, E24, E27 et E31, le fait d’être enfant de médecin (et exclusivement soigné par leur

parent pour les 3 derniers) n’entraîne pas de différence notable quant à leur suivi médical en

comparaison avec celui des jeunes de leur âge.

Pour d’autres, avoir un parent médecin modifie forcément leur prise en charge médicale

globale.

Certains apprécient ainsi des soins plus rapides et plus efficaces :

- E20 : « oui ça change les choses (…) ça change que elle peut me guérir quand je me suis fait

mal, qu’elle connait plein de choses en docteur » ;

- E29 : « Oui, mais vu qu'ils doivent, enfin mes amis, vu qu'ils doivent prendre des rendez-vous

et bien c'est un peu plus long. ».

D’autres soulignent une moindre médicalisation :

- E22 : « Alors je suis sûre que c'est différent parce que je vois à l'école, autour de moi, dans

mes amis, parfois y’en a pour des petites choses, ils restent chez eux, alors que nous bah nous

jamais puisque les parents disent « prends un médicament et puis ça va passer »… Et ça passe

toujours puisque c'est des petites choses. Sauf quand on a une grippe, on reste à la maison bien

sûr, mais si on a un peu mal au ventre, un peu mal à la tête, il y en a pleins qui restent chez eux

une matinée, un après-midi, mais nous… pas… on va à l’école (rires) » ;

- E28 : « J’dirais que jsuis moins médicalisé oui, de par mes parents qui s’inquiètent moins. »

« J’pense que je vais moins chez le médecin qu’eux… parce que je sais j’ai des copains, déjà

tout ce qui est ostéopathe ça y va, ils ont des rendez-vous toutes les semaines ou presque par

leurs parents (…) ».

Un participant remarque qu’être enfant de médecin lui confère une meilleure connaissance du

domaine de la santé que ses pairs : « Oui, c'est différent parce que… bah parce que j'ai été bercé

là-dedans. Déjà j’ai l’impression d’avoir plus de connaissances médicales qu’eux… c’est un

peu prétentieux, mais… ouais, l’impression d’avoir plus de connaissances là-dedans

qu’eux… » (E28).

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E20 souligne cependant que plus que la profession du parent, c’est avant tout son état de santé

qui détermine la prise en charge médicale d’un enfant : « Bah y’en a peut-être des autres enfants

qui ont des particularités à être soigné parce que pas la même peau que d'autres, des maladies

que les autres n'ont pas… du coup je pense que je suis soigné comme certains, mais pas comme

tous les enfants ».

As-tu l’impression que ton parent médecin te soigne comme ses autres patients ?

Les avis sont très partagés sur ce sujet.

Ainsi, à l’image d’E10, qui juge que ses parents « sont assez rigoureux, ça va », E12, E15, E17

et E30 pensent que leurs parents les soignent comme les autres enfants. C’est aussi le cas de

E11 qui prend l’exemple du plâtre réalisé par sa mère : « Bah je pense qu'ils vont aussi bien le

faire, parce qu'après s'il est pas bien fait, et qu'on l’enlève il va falloir qu'on en remette après,

donc après ça… ils perdent du temps, voilà. Et puis après, je sais pas trop comment ils sont

soignés, mais je pense qu’ils font ça plutôt pareil. ».

À l’inverse, d’autres participants estiment que leur parent les soigne différemment des autres

consultants de leur patientèle.

Pour E14, cela se traduit par une prise en charge plus attentive : « Bein jpense qu’il fait plus

attention, mais aussi ce... jpense que... aussi sur ses autres euh patients il fait très attention,

mais voilà ».

3 autres enfants estiment que leur parent médecin a tendance à minimiser les symptômes,

comme :

- E26 parlant de son père : « Je pense qu'il y a une petite différence (…) Après, il est pas non

plus « oh bah non t’as rien, tu te débrouilles ». Il est pas comme ça. Ça reste mon médecin

traitant donc… mais je pense qu'il a tendance un peu à minimiser ». « Les inconvénients, ça

pourrait être justement une différence par rapport au traitement de son enfant et d'un patient

plus inconnu on va dire. Ça pourrait être ça après… après ça dépend des médecins » ;

- E28 : « Je me suis déjà dit, si ça n’avait pas été papa et maman, ils auraient peut-être vu ça

un peu différemment (…) J’ai eu une acné à un moment plutôt forte… mais j’étais leur fils donc

c’était « mon fils tu es beau » (…) Probablement que si j’avais été dans une famille normale,

enfin une famille sans médecin, on aurait pris rendez-vous chez un dermato » ;

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- E31 : « bah j’pense que justement les médecins, enfin juste maman, j’pense que des fois elle

en fait pas assez et qu’elle se rend pas compte qu’on a mal parce que, elle, elle pense que c’est

pas grave et elle est médecin elle dit « bon bah c’est pas une grosse maladie, on va pas les

soigner, ça passera… Et des fois elle m’dit ça, bah j’trouve que c’est pas bien, mais non… elle

en fait jamais trop ».

Pour E30, sa mère sait être objective, mais la proximité de son parent modifie sa prise en charge

que ce soit avec une attitude plus attentiste ou plus rapide selon le diagnostic : « j’pense qu’il y

a des choses j’pourrais être moins soignée. Mais en même temps il y a d’autres choses par

exemple où quand maman elle voit qu’il faut qu’je prenne des antibiotiques sinon ça va pas

s’calmer, ptet que j’le fais plus vite que d’autres enfants, donc euh voilà ça dépend ».

Enfin pour E16, l’affectif tient une place beaucoup trop importante pour permettre à un proche

médecin de soigner objectivement sa famille : « En fait pour moi un membre de la famille ne

devrait pas soigner son enfant, il ne peut pas être objectif. C’est un peu comme si on demandait

à un juge de juger quelqu’un de sa famille au tribunal. Pour moi c’est préférable que ce soit

par un membre de la famille qui prenne en charge ses enfants, ses parents… ».

E27 n’est pas en mesure de donner son avis « Ben je ne sais pas trop comment elle examine les

autres enfants du coup… ».

As-tu l’impression que le médecin que tu consultes te soigne comme ses autres patients ?

La majorité des enfants questionnée à ce sujet considère que leur médecin adopte la même

attitude envers eux qu’envers le reste de leurs patients (E14, E15, E27, E30, E16 : « pour moi

ça n’a sûrement pas d’importance. Si mon père était ingénieur en quelque chose, j’pense qu’il

nous soignerait de la même façon ».). E17 trouve que son médecin ne s’adresse pas

différemment à sa mère médecin qu’à lui « je pense qu’il parlait plus à moi, plutôt, pour me

poser des questions : si des fois j’ai mal au sport… (…), ils parlent comme avec moi ». E8 note

simplement qu’« elle [son médecin] me pose des questions des fois sur comment elle [sa mère]

me soigne ».

Seule E22 trouve que son statut d’enfant de médecin a joué sur sa prise en charge lorsqu’elle a

consulté un spécialiste : « J'avais un peu l'impression d'être « l'enfant de » (rires). »

E5 enfin ne peut se prononcer, n’ayant pas de point de comparaison : « Bah je sais pas… moi

mes parents ils sont médecins et je peux pas savoir comment les pédiatres ils réagissent avec

des parents non médecins… parce que mes parents ils sont médecins et ils l'ont toujours été. ».

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4.4.3. Respect des prescriptions

S’agissant d’enfants, nous ne traitons pas ici du respect des prescriptions par le proche, mais du

respect des prescriptions par le parent médecin, selon leur enfant.

Si deux enfants ne se prononcent pas (E1, E17), les sept autres ayant abordé le sujet affirment

que oui. Il s’agit de E6, E15, E19, mais aussi :

- E5 : « en fait c'est surtout ma mère qui gère ça. Elle respecte vraiment ce que dit le médecin. »

- E14 : « je pense qu’il le suit, qu’il le suit à la lettre ».

- E16 : « Ça leur vient pas à l’idée [de contester la prescription]... ils ont parfois une

connaissance de quelques… quelques médicaments qu’il faut utiliser à certaines doses, mais

ils respectent rigoureusement l’ordonnance la plupart du temps. »

- E20 « bah oui parce que j’ai confiance ! ».

Nous constatons que ces quatre enfants sont soignés quasiment exclusivement par leur médecin

de famille, leur parent ne souhaitant pas s’impliquer dans leur prise en charge médicale.

4.4.4. Respect du secret médical

La notion de secret médical, plus complexe à appréhender, n’a été abordée qu’avec les

adolescents. Elle est d’ailleurs interprétée différemment selon les participants.

Pour E10, il s’agit du secret médical concernant sa propre santé ; les choses qu’il voudrait garder

confidentielles vis-à-vis de son parent médecin : « ben y’a souvent des choses qu’on veut garder

un peu à soi après… je saurais pas trop quoi dire quoi ».

Pour E11, il s’agit du secret médical concernant la santé des autres ; le fait que ses parents

discutent de leur patientèle au domicile : « le soir ils parlent un peu de la journée, mais ils ne

donnent pas de nom en fait ».

En pratique, pour trois adolescents, le fait que leur parent soit leur médecin n’entrave en rien le

respect du secret professionnel (E27, E30, E26 : « Je pense qu'il garde vraiment le secret

médical comme tout médecin le ferait »).

Pour E23 en revanche, le secret médical serait moins respecté par ses parents médecins :

« Bon, j’ai pas eu vraiment de problème qui nécessite un grand secret donc j’peux pas trop

dire, mais j’pense que si c’est à la maison ou si c’est mes parents, facilement ça va se

transmettre chez mes frères et sœurs et tout (…) Que si ça se fait dans un endroit plus

professionnel ça serait plus secret ».

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4.5. Avantages et inconvénients liés aux soignants

Figure 16 : Avantages et inconvénients relatifs aux médecins parents et aux médecins extérieurs

Il ressort de la figure 16 que, globalement, les enfants voient davantage de bénéfices que

d’inconvénients à avoir un parent médecin, et qu’il est plus profitable d’avoir un parent médecin

que d’avoir un médecin extérieur.

Il ne s’agit que d’une tendance dont nous allons étudier plus en détails.

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4.5.1. Avantages liés au parent médecin

Pas de

déplacement

E1 : « y’a pas besoin d’aller chez le docteur T ».

E3 : « on n’a pas besoin d’aller voir le docteur Q (…) pour m’examiner et

lui demander ».

E5 : « Du coup j'y vais pas pour rien [chez le médecin], c'est mes parents

qui jugent ».

E9 : « On n’est pas obligé d’aller à l’hôpital pour euh une ptite coupure

parce que nos parents ils savent pas faire ».

E10 : « par exemple, quand on est malade, pas forcément aller à Saint-

Nazaire ou à Nantes ou se déplacer ».

E12 : « c’est bien (…) parce que comme ça j’ai pas besoin de prendre la

voiture ».

E13 : « quand t’as des maladies t’es pas obligé d’aller toujours

euh...…chez le médecin tu peux rester chez toi. (…) Comme ça elle te soigne

plus vite ».

E23 : « Euh bah, j’dirais qu’on a pas besoin de se déplacer, que… ils

peuvent tout faire sur place ».

E24 : « De pas avoir besoin d’aller à l’hôpital à chaque fois qu’il y a un

problème ».

E25 : « c’est qu’on n’est pas obligé de tout le temps aller à l’hôpital, on

peut se faire soigner sur place ».

E26 : « c'est pratique d'avoir le médecin à la maison, y a pas besoin de se

déplacer… » ; « puis oui, c'est quand même très pratique d'avoir un

médecin à la maison quand même ».

E28 : « et puis aussi les consultations à domicile (rires) ».

E29 : « Bah oui, parce que du coup on ne se déplace pas très souvent »

E30 : « s’qui est bien aussi c’est que du coup on est pas obligé d’se déplacer

pour aller à l’hôpital… ».

Pas d’attente E22 : « on est soigné tout de suite (…) y’a pas d’attente… ».

E28 : « Et puis y’a pas les attentes dans les salles d’attente tout ça ».

Consultation et

diagnostic

rapides et à

domicile

E3 : « comme j’ai souvent des otites et bien (…) papa et maman ils savent

quoi faire ».

E5 : « déjà le fait qu'ils régulent et puis le fait qu'ils savent faire un

maximum de soins on va dire ».

E14 : « des fois qu’il nous diagnostique ».

E16 : « il te fait une auscultation gratuite (…) ça se refuse pas, forcément ».

E17 : « Bah c’est qu’elle peut me soigner pendant la nuit ».

E20 : « Et bien c'est qu'elle peut nous guérir correctement quand on se fait

des petites blessures, quand on va pas bien, qu'on a mal quelque part… ».

E20 : « elle peut me guérir quand je me suis fait mal, (elle) connaît plein

de choses en docteur ».

E22 : « je trouve que c’est pratique, dans le sens où dès qu'on est malade

ils… paniquent pas, ils savent quoi faire ».

E23 : « et aussi ben si on a un problème, ils sont capables de nous

diagnostiquer enfin, en quelque sorte ils peuvent nous dire bah c’qui va

pas, c’qui va et nous soigner ».

E29 : « par exemple quand on a mal au ventre et que ça dure bien c’est plus

vite fait pour examiner ».

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Avis consultatif

expertise

E19 : « je pense que elle sait quand on doit aller chez le docteur et quand

ça ne vaut pas la peine ».

E31 : elle sait à peu près c’que t’as comme maladie, si c’est grave ou pas,

s’il faut consulter (…) ça fait un premier test avant d’aller consulter ».

Possibilité d’être

rassuré

E5 : « Quand j'leur demande euh des choses sur la médecine, des conseils,

des trucs comme ça, ou genre est-ce que c'est normal que j'ai mal au ventre

à ce moment-là ou des trucs comme ça ils savent m'expliquer donc c'est

assez pratique, comme ça je m'inquiète pas ».

E30 : « j’ai pas besoin de m’inquiéter pour des choses qui sont pas graves »

Confiance

E8 : « oui, parce que j’avais plus confiance en elle parce que bah c’est ma

maman. Donc j’ai moins peur ». « C’est toujours bien de savoir sur qui

compter pour toujours avoir quelqu’un quand même ».

E16 : « Il te met en confiance quand euh… t’as quelque chose, il te surveille

de toute façon, il est souvent très ouvert sur les problèmes de santé ».

E19 : « Et bien… justement elle prend plus au sérieux quand on a une

blessure. Et puis voilà… »

E28 : « ils me connaissent déjà, donc y a pas besoin de… y’aura, à mon

avis, moins de fautes de diagnostic parce qu'ils me connaissent (…) ils

savent ma forme actuelle… c'est ceux qui me connaissent le mieux donc… »

Médicaments/

Matériel

accessibles

E5 : « Et à la maison on a assez de médicaments... contre les douleurs euh...

de ventre ou de tête, enfin voilà »

E15 : « il sait ce qu’il faut donner (…) c’est pratique du coup »

E16 : « il s’y connaît en médecine, il sait quel produit prendre si tu as des

p’tites gênes, un p’tit mal »

E17 : « si c’était pas un docteur, elle saurait pas trop quoi me donner

comme médicament ».

E22 : « Par exemple, si on a besoin d'un médicament, quelque chose, papa

fait une ordonnance, et on va à la pharmacie, c'est hyper simple ».

E23 : « On a aussi pas mal de matériel en cas de soucis, enfin des

médicaments, tout ça ».

E24 : « d’avoir facilement des médicaments accessibles ».

E27 : « Et puis pareil, pour les médicaments, en pharmacie, on peut avoir

les ordonnances directes ».

E28 : « pour les médicaments (…) des trucs comme ça qu'on n'avait pas le

droit d'avoir sans ordonnance… c'est ces avantages (…) Et le matériel

aussi, on a du matériel si besoin ».

Délivrance de

certificats

E5 : « Et puis il y a les certificats médicaux, c'est papa, c'est très pratique. »

E10 : « quand on a besoin d'un certificat médical, pas besoin d'aller en

demander un à son médecin, qui est parfois assez loin, quand on a besoin

en urgence ».

E11 : « c’est pratique (…). Par exemple, pour les certificats médicaux, on

est pas obligé d’aller les chercher… »

E24 : « des certificats, c’est l’avantage ».

E27 : « oui ! (rires) Bah déjà on ne perd pas de temps à aller voir tous les

médecins pour les certificats, tout ça ».

E28 : « pour les certificats médicaux ».

Vaccination

optimisée

E5 : « comme je l'ai déjà dit, ma mère elle essaie de nous avoir un maximum

de vaccins aussi, même s'ils sont pas obligatoires ».

E31 : « bah j’pense que c’est avantageux parce que déjà elle sait les vaccins

qu’il faut faire ».

Tableau 4 : Avantages liés au parent médecin

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Parmi tous les enfants interrogés, un seul n’a pas su trouver d’avantages au fait d’avoir un parent

médecin (E21).

Parmi tous les autres, c’est avant tout le côté pratique qui a été cité (E5, E11, E15, E20, E22,

E26 « Bah déjà le côté pratique, autant financier que au niveau de il est tout le temps-là »).

Parmi ces aspects pratiques, les participants évoquent le fait de ne pas avoir à se déplacer, de

ne pas avoir à attendre, de bénéficier d’une consultation ou d’un diagnostic rapide et à domicile,

de pouvoir obtenir des médicaments facilement et d’avoir du matériel sur place.

En parallèle, la compétence du parent médecin est soulignée par les enfants, qui apprécient

parfois d’avoir un avis consultatif, une prise en charge optimisée, comme pour les vaccins, et

d’être rassurés sur leur santé si besoin.

Enfin, la notion de confiance accrue envers son parent médecin est également évoquée.

D’autres aspects plus singuliers sont mis en avant par quelques participants.

Nous mentionnerons ainsi la fierté et l’admiration de certains enfants pour leur parent :

- E16 : « ça a que des avantages d’avoir un père médecin en fait, à mon avis » ;

- E28 : « Il y a des énormes avantages. Je trouve que c'est la profession qui offre le plus

d’avantages. Déjà c'est super classe de dire que ses parents sont docteurs, juste pour l'image.

Après je sais que quand on dit je suis docteur… je sais que quand j'étais petit, papa était dans

la voiture, les policiers, on se faisait contrôler… Il avait dit « je dois me dépêcher, j'ai une

urgence » ou un truc comme ça… « je suis docteur », déjà le policier il était… au-dessous… il

était fragilisé… déjà. Ça c'est un truc qui m'avait impressionné quand j'étais petit » ;

- E20 : « Et aussi qu'elle est très gentille ! » ;

Et d’autres avantages auxquels seuls nos enfants peuvent penser :

- E1 : « Ça pollue moins » ;

- E14 : « Pour moi les avantages, j’pense que ça serait déjà qu’on peut aller manger à sa

clinique » ;

- E18 : « C’est bien (…) parce que les gens vont payer pour elle, pour qu’elle ait de l’argent » ;

- E26 : « ça peut être un avantage aussi pour certains amis : par exemple s’ils ont mal quelque

part ou ils ont une blessure, ils peuvent me demander « ah ben ça tu peux pas demander à ton

père ce qu'il en pense tout ça et… » pour ce côté-là, c'est quelque chose qui est très pratique. » ;

- E31 : « j’pense que c’est bien parce que du coup on devient pas gros et en même temps comme

ça on saura pour quand on sera plus grand et pour nos propres enfants ».

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4.5.2. Avantages liés au médecin extérieur

Quatre enfants ne voient pas d’intérêt à avoir un médecin extérieur : E1, E21, E29 et E22 « Bah

j’me rends pas trop compte parce que je ne suis pas souvent malade donc du coup je n'ai pas

trop besoin… » et 2 n’ont pas d’opinion.

Douze autres se sont exprimés sur des avantages bien distincts à avoir un médecin tiers :

Matériel E8 : « oui parce qu’elle a plus le matériel nécessaire (…) elle a tout sur

place. »

Confiance /

Discrétion

E14 : « Bah déjà j’ai moins peur, parce que mon papa euh... j’ui avais

demandé la question, et puis il m’avait dit euh (imitant son père) : « Moi

j’aurais peur, j’aurais peur de faire une moindre petite chose » donc du

coup moi je pense que j’ai... niveau médical, j’ai plus confiance en mon

docteur traitant. Et euh... bah jpense que voilà, s’il se trompe bah... c’est

pas mon papa, parce que jle vois pas tous les jours mon docteur traitant. »

E23 : « Euh pas spécialement, ptet plus le côté euh discrétion, le fait de

pas trop parler à ses parents (…)

Ptet qu’on aura plus de confiance à voir avec quelqu’un qu’on ne connaît

pas. »

Avis extérieur

E15 : « oui j’aime aussi (…) comme ça si papa sait pas, l’autre médecin

sait peut-être », permet d’avoir deux avis.

E20 : « Il y a d'autres docteurs qui savent… ce que ma maman ne sait pas.

Mais ma maman elle sait ce que d'autres docteurs ne savent pas. »

E31 : « bah oui j’pense que c’est plus sécuritaire et par exemple si on a

des maladies graves qu’on sait pas… et bah maman elle pourra jamais le

découvrir alors que le médecin il pourrait le savoir. »

E17 : « si elle [sa maman] est malade »

Compétences

complémentaires

E19 : « Et bien ma maman elle ne sait pas forcément faire les points de

suture »

E25 : « dans les spécialités parce que mes parents ils savent un peu tout

faire, mais ils sont surtout forts en chirurgie et en radiologie »

E28 : « Bah pour les spécialistes, les dermatos par exemple. Je dis ça

parce que j'y suis déjà allé, par exemple pour l'acné, ou on se fait

contrôler les grains de beauté : ça, papa et maman ne peuvent pas faire ».

Cadre

E26 : « … Le côté plus extérieur, probablement, qui pourrait donner

l'impression d'avoir comme un vrai médecin entre guillemets parce que

ça reste un père aussi… (…) Ouais, voilà, le cadre justement. Ça pourrait

être ça le côté positif ».

Crédibilité

E30 : « l’intérêt c’est que si jamais après c’est plus grave il faut une

hospitalisation bah, quand c’est un médecin traitant ça fait un peu plus

hum… euh comment dire… jtrouve… m’fin, j’sais pas comment expliquer,

mais… du coup vis-à-vis des médecins de l’hôpital, ils pensent que c’est

mieux suivi... … ça fait un suivi qui est plus… plus réglo enfin voilà... »,

il y a plus d’objectivité… »

Tableau 5 : Avantages liés au médecin extérieur

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4.5.3. Inconvénients liés au parent médecin

Douze interviewés trouvent qu’il n’existe aucun inconvénient à avoir un parent médecin (E1,

E5, E6, E9, E12, E13, E15, E17, E18, E20 « Ah bah non pas du tout ! », E27 et E29 « Humm

non… que des avantages »).

E25 n’a pas d’avis sur la question.

La moitié restante a des arguments à opposer au fait que leur parent soit médecin, certains étant

souvent évoqués, comme la minimisation des symptômes ou l’impact de l’affect, d’autres étant

plus singuliers et propres aux enfants, comme l’inflexibilité du parent médecin, plus prudent et

rigoureux concernant la santé de ses proches.

On note également que certains regrettent parfois la profession de leur parent, non pas de par

son impact sur leur prise en charge médicale, mais de par l’impact sur la vie familiale.

Minimisation/

Attente

E7 : « des fois faut attendre quand elle me dit « attends » ».

E22 : « Bah j’dirais que peut-être parfois ils ont tendance à… à pas trop

prendre en compte les symptômes. Enfin par exemple, j'ai un exemple en tête :

une fois j'étais petite, j'étais peut-être au CE1, et je m'étais fait mal au cou.

Et puis papa m'avait dit ça va passer, il n'y a pas de souci, ne t'inquiète pas

et puis au final j'avais un torticolis et ça avait été une journée horrible à

l'école parce que j'avais mal… enfin voilà ».

E23 : « Inconvénients, bah ptet que du coup ils prêtent un peu moins attention

à.. à quand on a des problèmes, bah voilà ils vont facilement dire que ça va

passer tout seul ; si on est malade, bah ils vont nous donner un médicament

ils vont nous dire d’aller à l’école… ils vont pas trop s’attarder là-dessus

(…). Des parents qui ne sont pas médecins vont facilement dire à l’enfant

d’aller se reposer et d’aller voir le médecin… justement, des trucs comme

ça. »

E24 : « Oui c’est euh (rires gênés). C’est par exemple, si t’as mal quelque

part, et que tu veux l’utiliser pour pas aller à l’école, et ben ça marche pas,

ils savent très bien c’que t’as et euh ils s’en fichent. »

E26 : « on peut minimiser au contraire, je pense que ça pourrait être un

inconvénient si c'était trop flagrant, trop gênant. (…) Je me suis posée

quelque fois la question, mais ça me gêne pas plus que ça ».

E28 : « Ils ont tendance à minimiser dans certains cas. »

E31 : : « déjà quand toi t’as très mal, mais que ta maman elle sait qu’c’est

pas grave ou qu’elle pense que c’est pas grave, elle ira pas te faire consulter,

même si ya… elle pense ça. Alors que des gens qui sont pas médecins iront

quand même faire consulter leurs enfants, au cas où. Nous, on va jamais, au

cas où, et j’trouve ça c’est un désavantage ».

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Inflexibilité

E11 : « Pff bah parfois j’en vois (rires gênés). Par exemple quand j’voulais

avoir un scooter j’ai demandé, mais j’ai rapidement abandonné vu que bah

ma mère elle en voit tous les jours des gosses qui sont accidentés ».

E31 : « un avantage et en même temps un désavantage c’est que bah elle suit

c’que tu manges. Bah c’est un désavantage parce que du coup tu peux pas

manger n’importe quoi ».

Manque

d’objectivité

E16 : « C’est jamais arrivé… ça peut arriver ptet qui fasse un mauvais

diagnostic, qu’il soit dans l’erreur, dans ce cas-là voilà pourquoi j’dis je

ferais sûrement plus confiance à… quand mon père me dit de prendre un

médicament, je préférais avoir l’avis du médecin traitant avant ».

« Ça peut engendrer des… je sais pas, des problèmes émotionnels donc euh…

on peut pas totalement être euh… être objectif quand même, sur euh… son

fils ».

E26 : on a pas forcément envie que ses enfants soient atteints de maladies,

pareil… on a moins tendance à vouloir les soigner parce que « pas chez

moi »… (rires).

Manque de

confiance

E30 : « quand j‘étais petite, euh bah… quand j’étais p’tite j’aimais pas parce.

J’pensais que j’pouvais pas lui faire confiance, mais maintenant j’pense que

non. »

Défaut de

matériel

E8 : « parce qu’on doit tout aller chercher, ça prend du temps »

E28 : « du coup par contre, on a les médicaments périmés aussi (rires) en

contrepartie… »

Surcharge de

travail

E26 : « j'imagine en tout cas si je me mets à sa place que quand on voit des

malades toute la journée, on n'a pas forcément envie que ce soit aussi dans

sa famille… (…)

Impact sur la

vie familiale

E10 : « Bah quand on est médecin on est souvent un peu occupé, donc on

rentre parfois tard le soir. Bah c'est un peu ça, parfois ils rentrent un peu

tard de temps en temps, mais après ça va. Et puis ils sont de garde le week-

end souvent ».

E19 : « Elle part souvent et plus que les autres parents. »

E28 : « Le fait que les deux soient médecins peut-être aussi, et que les

conversations tournent pas mal autour de la médecine ça peut-être… même

si ça m’a toujours plutôt intéressé, ça a pu déjà me saouler quand ils partent

dans leurs grands mots tout ça. »

E28 : « ouais peut-être je ne suis pas toujours dans le même état d'esprit, moi

qui veux faire un ingénieur, ils ont un état d’esprit un peu différent du mien,

mais je m’entends très bien avec eux. Y’a pas de problèmes. Mais c’est des

états d’esprit différents. »

Tableau 6 : Inconvénients liés au parent médecin

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4.5.4. Inconvénients liés au médecin extérieur

Peu d’enfants se sont exprimés sur le sujet, les désagréments de consulter un médecin extérieur

recoupant souvent les avantages à avoir un parent médecin sur place.

Nous citerons tout de même la réponse de E8 : « bah j’aurais préféré que le docteur D ce soit

maman (rires) ».

Attente E7 : « dans la salle d’attente il faut attendre »

Déplacements

E20 : « Non, mais c'est que ma maman elle a un peu de mal à faire plein

de déplacements. »

E30 : « si par exemple ma mère elle avait aucune connaissance en

médecine, dès qu’il y a un p’tit truc j’devrais m’déplacer, c’est vrai que

c’est pas très pratique. »

Gêne E19 : « bah moi, même si je leur dis tout des fois, j’ose moins leur dire,

alors que ma maman j’peux tout lui dire »

Tableau 7 : Inconvénients liés au médecin extérieur

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4.6. Évaluation de la prise en charge médicale

Figure 17 : Évaluation de leur prise en charge par les participants

Il apparaît, à la lecture rapide de la figure 17, une évaluation globalement positive de leur prise

en charge par les enfants de médecin, indépendamment du médecin qui les suit.

4.6.1. Qualité du suivi médical

Onze participants se sont prononcés sur la qualité de leur suivi médical. Il s’agissait à chaque

fois d’enfants suivis par leur(s) parent(s).

Sept sont satisfaits de leur suivi global : E11, E13, E23, E24, E25, E27 et E10, qui apprécie

notamment que ses parents s’enquièrent régulièrement de sa santé : « Souvent, quand je rentre

d'une activité, par exemple je fais du judo, parfois le soir ils me demandent “ça va, tu t'es pas

fait mal ?”, surtout que j'ai des problèmes de dos ».

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Trois ont des avis indécis, notamment par défaut de comparaison avec des prises en charge

« classiques » :

- E22 : « Bah… j’me rends pas trop compte. Tout ce qui tout ce qui est vaccin oui parce qu'ils

font attention et tout ça, mais après… bah c'est tout, ils ne m'embêtent pas trop. » ;

- E26 : « Après, du coup, comme j'ai toujours été habituée à avoir mon père comme médecin

traitant, je ne sais pas non plus ce que ça fait d'avoir un médecin traitant autre. Mais après je

ne pense pas avoir un mauvais suivi quoi, je pense que c'est correct, voilà. ». « Après s'il y a

quelque chose qui me perturbe ou qui me convient pas, je peux en parler assez facilement donc

du coup… ça se fait facilement » ;

- E30 : « du coup parfois c’est un peu troublant de pas avoir de médecin spécial, parce que du

coup quand c’est vraiment un truc euh… parfois je sais pas si maman elle m’donne des trucs à

la légère ou pas, voilà quoi, parfois c’est un peu troublant, mais sinon oui, j’pense que oui ».

On peut néanmoins émettre l’hypothèse selon laquelle les enfants interrogés éprouvent une gêne

ou des scrupules à émettre une opinion négative de leur prise en charge qui mettrait à défaut

leur parent.

Seul E31 n’hésite pas à exprimer son mécontentement lorsqu’on lui demande s’il estime avoir

un bon suivi médical : « bah non parce qu’en fait on le fait que quand on a besoin alors que

normalement on devrait le faire plus souvent. Alors que là c’est que quand on a besoin. Par

exemple si on partait au ski ben là elle me mesurerait pour le ski et tout ça ».

4.6.2. Qualité de l’examen clinique

La majorité des participants estime bénéficier de bons examens cliniques, qu’ils soient réalisés

par leur parent (E6, E8, E10, E12, E17, E18, E23, E26, E27, E28, E30) ou par leur médecin

extérieur (E4, E5, E6, E8, E17, E20).

Quatre enfants (E1, E9, E11, E31) ne savent se prononcer, notamment parce qu’ils n’ont pas eu

l’occasion d’avoir un examen complet :

- E1 : « ça fait quand même assez longtemps que j’suis tombée malade donc… » ;

- E11 : « bah oui euh après j’peux pas trop le dire parce que en fait j’tombe pas très souvent

malade » ;

- E31 : « bah oui j’pense (hésite). Je sais pas en fait parce que j’ai très peu de souvenirs de

médecins généralistes ».

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4.6.3. Temps accordé

La plupart des interviewés se disent satisfaits du temps accordé par leur médecin, qu’il

s’agisse de leur parent (E2, E3, E6, E10, E11, E12, E13, E15, E17, E24, E26, E30) ou d’un

tiers (E8, E14, E15, E17, E19, E20, E21).

Nous citerons pour exemple :

- E10 : « Bah ouais, sur le coup, ils prennent le temps parce que on leur dit un truc, par rapport

à notre santé, bah p’tet qu'ils peuvent pas le faire tout de suite, mais ils vont essayer de s’en

occuper quoi ». « … J’pense qu’ils vont trouver une solution. Donc après, s’ils ont besoin d’un

peu de réflexion ben je leur laisse » ;

- E24 : « Ah oui, quand j’ai mal, oui, que ce soit l’un ou l’autre, oui, ils prennent le temps » ;

- E26 : « Non, si je lui demande, il prend vraiment le temps. En plus, ça peut-être à n'importe

quelle heure… bah on ne choisit pas quand on est malade, mais oui, il prend vraiment le temps.

(…) après s'il peut pas, c'est comme les médecins, de toute façon, on ne peut pas toujours le

voir le jour même si… non, il prend vraiment le temps de m'examiner quand c'est nécessaire »

Certains sont plus mitigés sur ce sujet concernant leur parent :

- E14 : « ça dépend des fois je pense » ;

- E28 : « Oui, plutôt ouais… bah c’est peut-être parfois un peu minimisé. Après je ne suis pas

du genre à me plaindre non plus… » ;

- E29 : « Oui, ça va, mais souvent quand je leur dis… enfin ils disent que ça va passer… »

Et d’autres jugent le temps accordé par leur parent insuffisant :

- E7 : « bah elle dit « attends » des fois parce qu’elle est occupée » ;

- E22 : « parfois j'ai l'impression que… bah ils me disent « bah prends un médicament, ça va

passer »… ils ne font pas trop attention au début et c’est s’ils ont l’impression qu’on est

vraiment malade qu'ils s'en occupent » ;

- E25 : juge qu’ils vont trop vite.

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4.6.4. Qualité d’écoute

La plupart des enfants sont satisfaits de la qualité d’écoute de leur parent concernant leur santé

(E2, E3, E6, E7, E12, E17, E18, E22 « quand j'ai des problèmes ou autres oui, je pense » et

E25 « bah oui là ils vont m’écouter, parce que ça veut dire que j’suis malade à mon avis »).

Il en est de même concernant les enfants consultant un médecin extérieur, à l’image de E7, E8,

E14, E21.

Les plus jeunes extrapolent néanmoins ce manque d’écoute à leur vie quotidienne et non

spécifiquement à leurs soins :

- E1 : « entre les deux parce que ma sœur elle veut tout le temps être la première à parler » ;

- E25 : « Bah euh, ça dépend. Genre quand je saigne beaucoup là, ils m’écoutent, mais quand

c’est mon frère qui me frappe ils ne m’écoutent pas ».

4.6.5. Prise au sérieux des plaintes fonctionnelles

Les avis sont très partagés concernant la prise au sérieux des plaintes fonctionnelles des enfants.

Ainsi, pour 12 d’entre eux, leur médecin traitant (E14, E19) et leurs parents (E8, E9, E12, E13,

E15, E19, E24 « ils s’en fichent pas », E26 « je pense qu’il me prend au sérieux », E29, E31)

prennent en compte leurs symptômes.

Deux autres ont le sentiment que leurs parents font fi de leurs plaintes :

- E11 l’évoque à plusieurs reprises : « bof, ils doutent toujours un peu ». « Ils disent « on attend

de voir », des fois bah tu prends de l’Efferalgan® ». « Ce qui me fait peur c’est plus s’ils vont

me croire ou pas ». Il se dit parfois frustré par rapport à ça ;

- E17 : « bah pas toujours (…) quand j’ai un tout p’tit bobo, par exemple là je me suis coupée,

bah elle n’a pas mis de pansement parce que ça ne saignait pas ». Elle aimerait que sa maman

en fasse plus « parce que des fois bah ça goutte et elle ne veut pas mettre de pansements (…)

alors qu’on en a pleins ».

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D’autres avis sont moins tranchés.

- E14 : « ça dépend » ;

- E23 : « oui plutôt. Après ptet qu’ils prêtent ptet un p’tit peu moins attention que… un médecin

qui soit pas mes parents, parce que du coup ils peuvent se dire facilement « prend un

médicament et ça va passer » donc… » ils n’y consacrent pas une véritable consultation ;

- E28 : « Plutôt par papa que par maman ». « [Maman] c’est plutôt “prends un Doliprane®” » ;

- E30 : « parfois si c’est sur des p’tits trucs, y a ptet des gens qui vont prendre des médicaments

direct alors que moi j’en prends pas parce que maman elle va m’dire bah… ça sert à rien ça

va passer tout seul ».

Toutefois, cette temporisation est justifiée aux dires de certains enfants eux-mêmes :

- E21 : « des fois non, des fois oui. Parce que des fois, je mens et des fois, je ne mens pas » ;

- E5 : « je sais pas vraiment du coup parce que y a des moments c'est vrai, j'ai mal, mais ça va

passer... Mais en fait mes parents, quand j'ai mal, me demandent depuis combien de temps j'ai

mal et ils essaient de me trouver des solutions, mais ils me disent pas directement "on va aller

voir le médecin, on va aller aux urgences..." ». « Je trouve ça bien parce que des fois j'ai très

mal au ventre et 10 minutes après j'ai plus du tout mal alors si on avait été chez le médecin ça

aurait servi à rien ».

Il ressort ainsi que les participants ont confiance dans le jugement de leur parent.

- E4 : « ça dépend, parfois ils vérifient (…) à mon avis ils savent bien si j’suis malade ou pas » ;

- E27 : « Bah moi j'ai très souvent quelque chose donc… je reviens souvent le soir en disant

que j'ai mal à la tête ou quelque chose comme ça donc… souvent, ça passe dans la soirée ou le

lendemain donc… je prends un Doliprane®. Mais après, quand ça commence à durer, c'est là

qu'ils commencent à avoir les médicaments les trucs comme ça » ;

- E16 : « oui et non je vous dirais, parce que… beaucoup de maladies il disait « non [E16] tu

somatises, non tu… c’est un mal qui va passer et tout », j’ai… j’ui fais confiance la plupart du

temps parce qu’il est médecin il a raison. ». « Personnellement je… je connais moins de choses

que lui en médecine, donc euh je lui fais confiance (…) la plupart du temps, mon père paraît

très cool comme ça, mais il prend vraiment les problèmes de santé au sérieux ».

Enfin, E14 relève que ce recul face à un symptôme aigu formulé par l’enfant est également

valable pour un parent non médecin : « Elle me dit bein (…) c’est en rigolant hein, “j’te taperai

à un autre endroit et comme ça au moins t’auras (rigole) mal à un autre endroit”… ».

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4.6.6. Liberté de parole

74 % des enfants osent tout dire

22 enfants déclarent aborder facilement leurs problèmes de santé avec leur(s) parent(s). Nous

citerons parmi eux :

- E1 : « j’ose tout dire » ;

- E4 : « non j’ai pas peur [de parler] » ;

- E16 : « oui parce qu’il m’ausculte gratuitement, il me dit s’il y a un problème ou non. ».

- E28 : « Avec lui, je parle très librement ».

Deux interviewés notamment ont conscience qu’il est dans leur intérêt de ne pas omettre de

symptômes :

- E10 : « Ouais, parce que je pense que si on ne dit pas tout, ça peut s'aggraver, et s'aggraver

très très grave. Ça peut se terminer en cancer par exemple (…). Et voilà quoi, c’est mieux de

tout dire » ;

- E30 : « j’sais pas trop, euh en général j’essaie de tout dire parce que… sinon ça peut

troubler… enfin [fausser le diagnostic] ».

La moitié des enfants suivis par un médecin extérieur osent lui parler aussi librement qu’à leur

parent (E7, E8, E16, E21 et E15 : « généralement je dis la même chose… aux deux »).

19,4 % des enfants n’osent pas tout dire

Il existe différentes raisons pour lesquelles les enfants n’osent pas tout dire.

Les enfants n’osant pas s’exprimer face à leur médecin traitant évoquent leur timidité :

E1 « c’est plutôt mes parents qui disent au docteur T. J’suis plus timide », E2 et E3 « ça dépend,

ça dépend de mon humeur aussi ».

Deux autres préfèrent ne pas ennuyer leurs parents avec des soucis de santé qu’ils jugent bénins

et transitoires :

- E9 : « Bah pas tout le temps. Des fois au tennis j’ai un peu mal au poignet, mais ça fait déjà

plusieurs fois donc je sais qu’ça va passer… » ;

- E13 : « Quand c’est des maladies de rien du tout comme les rhumes, non ».

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Enfin E25 avoue ne pas toujours parler de ses symptômes de façon intéressée : « quelque fois

non, parce que si c’est en vacances j’attends la fin des vacances pour leur dire, comme ça,

y’aura pas d’école ».

En aucun cas les enfants réticents à parler de leur santé n’évoquent la crainte du jugement.

6,4 % des enfants hésitent à tout dire

Pour E20 et E26, « ça dépend des sujets ».

4.6.7. Peur du médecin

De façon prévisible, aucun enfant ne déclare craindre d’être consulté par son parent médecin

(E12, E16, E23).

Trois enfants estiment ne pas avoir peur avec leur médecin référent (E2, E16, E3 « non, plus

maintenant »).

Seuls deux avouent ne pas être à l’aise avec leur médecin traitant (E1, 8 ans, et E8, 10 ans, qui

a moins d’appréhension avec sa maman).

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4.6.8. Gêne ressentie

24 enfants affirment ne pas être gênés lorsqu’ils sont consultés par leur parent, dont :

- E5 : « Euh non parce que, en plus, il examine pas de la même façon que le pédiatre (…) ça

me gêne pas vraiment, en tout cas moins que le pédiatre » ;

- E16 : « non, je n’ai jamais… jamais eu de honte » ;

- E24 : n’est pas souvent examiné « mais si ça devait arriver, ça ne me gênerait pas » ;

- E26 : « non, ça ne me gêne pas » ;

- E28 : « pas du tout (…) En même temps, on ne m'a jamais… on ne m'a jamais consulté tout

nu donc euh… (…) donc sinon aucune gêne ».

Il en est de même avec 12 enfants lorsqu’ils sont examinés par leur médecin extérieur, comme :

- E14 : « [non] parce que c’est mon médecin, et après, voilà quoi » ;

- E20 : « non pas du tout ! » ;

- E30 : « non, y a pas de différence avec un médecin ».

Quelques-uns sont plus mitigés, que ce soit :

- avec leur médecin traitant, comme E12 ou E8, bien que cette gêne s’amenuise avec le temps :

« bah avant je pense que oui, mais maintenant bah… de moins en moins » ;

- avec leur parent, pour certains examens, tel que E10 : « Bah… ça dépend un peu… quelle

partie » ;

- avec les deux quand il s’agit de l’intimité, comme E22 : « je sais pas trop, peut-être un p’tit

peu. Peut-être que je préfèrerais que ce soit maman parce que c'est une femme. » « Ce serait

différent parce que c'est un médecin extérieur, je me dirais que c'est un professionnel… bah

comme mes parents, mais… mais c'est mes parents donc… ».

Trois, enfin, avouent être gênés lorsqu’ils consultent leur médecin traitant : E29, E1 « un p’tit

peu » et E5, en particulier quand il n’est pas du même sexe : « après c'est une question de sexe

parce que quand c'est un pédiatre masculin qui m'examine, je suis pudique en fait, donc ça me

gêne un peu, mais quand la personne qui remplace le pédiatre que j'avais avant est une femme,

je me sentais beaucoup plus à l'aise. Et à l'inverse, c'était mon frère qui était plutôt mal à

l'aise. »

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4.6.9. Notes attribuées à la prise en charge médicale actuelle

La moyenne des notes allouées par les enfants concernant leur prise en charge médicale est de

8,8/10, avec des minimales à 7 et des maximales à 10.

Comparaison des notes attribuées en fonction du type de prise en charge de l’enfant

Figure 18 : Notes attribuées par les enfants selon leur type de prise en charge médicale

Prise en charge mixte, par un médecin extérieur et le parent médecin

Les neuf enfants suivis de façon mixte ont accordé la note la plus élevée, de 9,2/10.

L’un, parmi eux, a distingué la prise en charge par son parent (10/10) de celle de son pédiatre

(8/10) : « le docteur Q. je trouve qu’il fait un peu mal des fois » (E22).

Prise en charge majoritaire par un médecin extérieur

Les enfants suivis principalement par leur médecin tiers sont satisfaits de leur prise en charge

avec une note moyenne de 9/10.

Même si son parent n’a qu’un rôle purement consultatif, E16 apprécie son suivi actuel :

« Comme personne n’est parfait j’peux pas mettre 10, mais j’mettrais entre neuf et demi et…

neuf. C’est la moindre des choses pour moi, ils sont tous les deux excellents et se complètent

parfaitement. »

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Prise en charge exclusive par le parent médecin

C’est lorsque les enfants sont suivis exclusivement par leur parent qu’ils sont les plus sévères

dans leur notation, avec malgré tout un très correct 8,4/10.

Il ressort de leurs témoignages une petite frustration lié au manque de considération face à leurs

plaintes, parfois :

- E10 : 8-9 « parce que j’suis bien soigné, mais ouais comme j’ai dit t’à l’heure quand, par

exemple, quand on est un peu soigné on n’est pas toujours direct, directement pris en charge

entre guillemets (…). Par exemple s’ils ont un autre truc à faire, par exemple un autre patient

à voir, bah il nous dit « si tu peux attendre un p’tit peu, même si tu as un peu mal » bah voilà

quoi (soupirs) » ;

- E23 : 7-8 « en fait quand même j’trouve qu’ils font bien leur travail hein, mais comme j’disais,

ils m’prêtent peut-être un peu moins attention » ;

- E26 : 8-9 « parce que des fois je peux avoir la sensation que justement il minimise ou quoi

(…) [mais] je pars du principe qu'il prend quand même ces consultations comme si j'étais une

vraie patiente donc là-dessus… » ;

- E31 : 7 « j’pense je mettrais 7 parce que j’suis bien soigné… mais en même temps enfin

j’pourrais être mieux soigné, mais j’en ressens pas particulièrement le besoin ».

Comparaison des notes attribuées en fonction du sexe de l’enfant

Les filles ayant davantage tendance à vouloir répondre « comme il faut » (66), nous nous

sommes questionnés sur l’influence possible du sexe de l’enfant sur la distribution des notes.

Bien que notre échantillon ne soit pas suffisamment conséquent pour une quelconque analyse

statique, nous remarquons que l’évaluation ne semble pas différer de façon notable selon que

l’enfant soit une fille (8,9/10) ou un garçon (8,7/10).

Comparaison des notes attribuées en fonction de l’âge de l’enfant

La figure 18 met en évidence des différences d’âge en fonction du type de prise en charge : le

groupe d’enfants soigné par ses parents (moyenne d’âge de 13 ans) attribue ainsi des notes plus

basses que celui ayant une prise en charge composite (moyenne d’âge de 9 ans et demi).

Nous nous sommes donc demandé si l’âge pouvait impacter la note octroyée.

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Figure 19 : Notes attribuées par les enfants en fonction de leur âge

Une fois encore, la figure 19 ne semble pas montrer de différence importante d’évaluation selon

l’âge des enfants. Pour exemple, les participants de 6 et 18 ans attribuent tous les quatre la note

maximale.

Comparaison aux évaluations faites par les parents médecins

94 % des parents pensent que leur enfant est probablement satisfait de sa prise en charge

actuelle. L’un précise que sa fille saurait dire si elle ne voulait pas que ce soit lui. Un autre

relativise cependant pour l’un de ses trois enfants, évoquant le regret de ce dernier de ne pas

être plus écouté dans ses plaintes, parfois. Un seul parent présume que ses enfants sont

mécontents de leur prise en charge actuelle.

Satisfaction selon le parent Notes des enfants concernés Moyenne des notes

Oui 9 – 9 – 10 – 10 – 10 – 9,5 – 10 – 9

7 – 10 – 9,5 – 7 – 10 – 8,5 9,2

Plutôt oui 9,5 – 9 – 8 – 8,5 – 8,5 – 9 – 8,5

9,25 – 8 – 7,5 – 9 – 8,5 – 9 – 10 – 7 8,6

Non 7,5 – 7 7,25

Tableau 8 : Comparaison des évaluations des parents médecins avec les notes attribuées par leurs enfants

Leurs impressions sont plutôt en adéquation avec la moyenne des notes attribuées, bien qu’au

final tous les enfants se disent globalement satisfaits de leur prise en charge médicale.

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4.6.10. Souhaits des participants

90 % des sujets sont satisfaits de l’organisation de leur prise en charge médicale actuelle et ne

souhaiterait pas en changer, comme en témoignent :

- E5 : « c'est bien parce que j'ai jamais eu des... des problèmes qui ont pas été… neutralisés on

va dire » ;

- E10 : « j’trouve qu’ils sont bien comme médecins ». « J’suis plutôt bien… correctement pris

en charge » ;

- E15 : « de tout façon, moi j’aime bien les choses qui marchent, du coup si ça marche (…)

j’veux pas changer » ;

- E22 : « enfin quand je suis avec les parents, ils s'occupent de moi, ils me soignent, tout va bien

donc pour l'instant, je n'ai pas eu trop de problèmes » ;

- E5 : « actuellement, ça me va bien parce que je sais qu'ils gèrent assez bien les rendez-vous

et qu'ils savent quand est-ce qu'il faut que j'aille le voir... et à chaque fois quand ils m'ont amené

chez le médecin, c'était pour euh... pour une bonne raison enfin… »

Quatre interviewés aimeraient voir leur(s) parent(s) plus attentif(s) et interventionniste(s) dans

leur prise en charge :

- E11, qui voudrait être davantage pris au sérieux ;

- E14, parfois frustrée de ne pas être soignée par son père « des fois j’aimerais bien genre euh,

bein au lieu d’aller chez le docteur, se réveiller voilà et tout, jpense que j’aimerais bien qu’il

me soigne », mais comprenant son point de vue « je comprends, parce que après c’est ma santé

qui est en jeu donc euh… » ;

- E23, qui regrette une certaine minimisation de ses plaintes ;

- E29, qui souhaiterait être soignée davantage « maman veut pas tout le temps donner des

médicaments quand on est malade alors que papa il dit que sinon que pour guérir plus vite il

faut en prendre donc voilà ».

Trois autres apprécieraient parfois avoir un avis extérieur :

- E28 : « Non. Euh… peut-être un avis plus… parfois je disais que c’était bien d’avoir quelqu’un

qui me connaissait bien, mais parfois un avis plus… reculé… » ;

- E30 : « du coup, pour moi, le fait de voir une personne à l’extérieur, bah ça fait que j’ai

vraiment un truc. Du coup, j’ai vraiment un soin, enfin c’est plus… voilà » ;

- E31 : « bah j’pense qu’on prendrait un médecin généraliste ».

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Enfin, deux enfants ont des souhaits plus personnels :

- E8 : que sa mère ait les compétences et le matériel de son médecin traitant pour le prendre

intégralement en charge « docteur D ce serait bien que ce soit maman et maman qu’elle ait tout

le matériel » ;

- E25 : que ses parents se spécialisent dans tous les domaines pour pouvoir tout gérer eux-

mêmes : « Les choses que j’aimerais changer c’est que (…) mes parents ils [sachent] mieux

faire les choses (…) dans lesquelles c’est pas leur domaine. [Qu’ils sachent] comment avoir

les meilleurs médicaments, comment faire pour avoir une parfaite santé ».

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DISCUSSION

1. Analyse critique du choix du sujet

Les travaux relatifs au soin des proches, popularisés par J. LA PUMA dans les années 90, sont

de plus en plus nombreux, y compris parmi les thèses de médecines générales. Les enquêtes

centrées sur les enfants de médecin étaient, jusqu’à présent, peu nombreuses. Pourtant, les

enfants sont les proches les plus souvent pris en charge par le praticien au sein de sa famille,

devant les conjoints puis les parents (8).

Si des études concernant le suivi médical des enfants de médecin commencent à paraître, seuls

quelques entretiens sporadiques ont, à notre connaissance, été menés auprès de ces derniers. Ils

étaient, pour la plupart, adultes, libérés de l’emprise parentale, et ainsi assimilables aux autres

proches (23, 25, 26).

N. MADEC (10), qui s’est attachée à questionner les conjoints de médecin sur leur suivi

préventif et celui de leurs enfants, a ainsi souligné que l’avis direct des enfants aurait permis

d’être plus objectif, ce que soulignaient d’ailleurs deux conjoints dans les questions ouvertes.

Les deux doctorants ayant cherché à répondre à la problématique de la prise en charge de ces

enfants en interrogeant des parents médecins ont conclu leur thèse de la même façon :

- pour O. HURÉ (12), l’entretien auprès des enfants « pourrait apporter d’importantes

révélations » ;

- pour J. GOUBET (17), « il serait donc intéressant de recueillir et de considérer davantage le

vécu des enfants soignés par leurs parents généralistes. Une connaissance approfondie de leur

ressenti pourrait modifier à long terme la prise en charge de leur santé, s’il s’avérait réel que

cette situation soit source de souffrance pour l’enfant », point de vue partagé par l’un des

praticiens interviewés : « maintenant, il faudrait interroger mes enfants, parce qu’eux ils sont

super sévères ! Ils sont très critiques ».

Notre travail permet donc d’apporter un regard nouveau sur ce sujet qui semble interpeler de

plus en plus les nouvelles générations de médecins.

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En outre, les médecins sollicités par email pour interviewer leurs enfants ont paru réellement

motivés par le sujet de cette thèse, faisant part de leur vif intérêt concernant ce que pouvaient

penser leurs enfants, question que certains ne s’étaient jusqu’alors pas forcément posée.

De la même façon, plusieurs parents médecins ont longuement échangé avec moi au terme des

entretiens menés avec leurs enfants, ayant eux-mêmes beaucoup d’interrogations ou de

convictions sur le sujet.

Enfin, l’enfant de médecin lui-même, quel que soit son âge, semble réclamer un droit de parole.

Ainsi, au cours des interviews menés par J. GOUBET (17), un des généralistes sollicités a

spontanément déclaré à l’enquêtrice « [mes enfants] m’ont dit : « franchement, c’est pas toi

qu’elle doit interroger, c’est nous ! » (…) je m’en suis pris plein la tronche ensuite sur ce sujet-

là, bah je me suis rendu compte que peut-être qu’ils l’avaient très mal vécu... (…) C’était rigolo,

parce qu’il voulait vraiment que vous l’interrogiez dessus... À mon avis, vous auriez eu une

version radicalement différente ».

À titre anecdotique, nous évoquerons également l’entretien de E25, mené en présence d’un ami

du même âge (10 ans), lui aussi fils de médecin. Il ne partageait pas toujours l’avis de son

camarade et était très désireux d’être interviewé également, preuve que les enfants aussi aiment

être entendus.

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2. Analyse critique de la méthode

2.1. Choix de la méthode

La valeur scientifique des recherches qualitatives a longtemps été décriée. En effet,

l’extrapolation des critères de scientificité, bien connus des études quantitatives (que sont la

validité interne et la validité externe), et leur application aux recherches qualitatives restent

controversées (77). Ainsi, la validité interne, qui correspond à vérifier si les observations sont

fidèles à la réalité ou crédibles (et donc que le chercheur observe vraiment ce qu’il croit observer

et que le résultat obtenu est réel et non dû à un biais et au hasard) se traduit en recherche

quantitative par la mise en évidence d’une différence significative notamment. En recherche

qualitative, on évoque le feed-back des sujets et la technique de triangulation des sources et des

méthodes. La validité externe ou transférabilité correspond à la « possibilité de généraliser les

observations à d’autres objets ou contextes ». En recherche quantitative, il s’agira de démontrer

la représentativité des échantillons en fonction de la puissance statistique. En recherche

qualitative, c’est la notion de saturation de données qui permet de la définir, sous réserve d’une

description la plus exacte possible de la population étudiée (77).

La revue Exercer (64) promeut la rigueur à tous les niveaux de l’enquête qualitative plutôt que

des critères de validité stricts tels que ceux sus cités, comme garants de représentativité des

résultats.

Selon M. DRAPEAU, « la valeur d’une recherche scientifique est grande partie dépendante de

l’habileté du chercheur à démontrer la crédibilité de ses découvertes » (77).

2.1.1. Forces de la méthode

Si l’on s’attache, malgré tout, aux seuls critères de scientificité pour juger la représentativité de

cette étude, nous évoquerons la saturation des données et leur triangulation comme forces.

Nous sommes arrivés à saturation des données après avoir réalisé 31 entretiens, nombre bien

supérieur à ceux retrouvés dans l’ensemble des thèses étudiées, ce qui nous a amenés à refuser

la participation d’enfants dont les profils laissent présager une probable similitude de réponses

par rapport à celles déjà obtenues (mêmes catégories d’âge et de sexe des enfants, même secteur

professionnel des parents médecins).

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En outre, l’ajout d’un questionnaire adressé aux parents a permis de réaliser une triangulation

des données par la réalisation de deux techniques de recueil d’informations différentes (par

entretien et par questionnaire) et par la comparaison de deux sources de données (les enfants et

leurs parents).

Nous avons enfin confronté ces données à celles obtenues dans la littérature, avec une recherche

bibliographique se voulant la plus riche possible.

Concernant le choix de notre méthode de recueil de données, les entretiens individuels

permettaient d’interroger des enfants d’âges variés, tandis que N. MADEC (10), qui proposait

la réalisation d’une enquête par questionnaires, restreignait le champ d’étude aux adolescents,

aptes à répondre seuls aux questions posées par écrit.

En outre, les entretiens semi-dirigés offraient la possibilité de questions ouvertes, malléables au

cours des entrevues, facilitant ainsi l’obtention de réponses plus riches encore que celles

attendues, favorisées par l’anonymat du recueil.

Nous avons cherché à réunir les critères de validité suivants :

- le principe de variation maximale lors de l’échantillonnage ;

- l’élaboration d’un canevas d’entretien basée sur les résultats de la littérature ;

- la réalisation d’un entretien test pour le valider.

2.1.2. Limites de la méthode

Comme évoqué précédemment, nous nous sommes attachés à réaliser cette étude avec le plus

de rigueur possible pour pouvoir en exploiter les résultats.

Néanmoins, parmi les critères de scientificité utilisés dans les études qualitatives, nous n’avons

pas réalisé de feed-back, correspondant à une réévaluation des observations retranscrites par les

sujets, cette étape étant chronophage et probablement peu pertinente auprès d’une population

d’enfants.

Concernant la saturation des données, le plus faible taux de participation d’enfants de médecins

exerçant en cabinet privé nous amène à nous interroger sur le fait que la multiplicité d’entretiens

auprès d’enfants de cette catégorie aurait pu finir par faire émerger de nouvelles données. Cette

considération reste très hypothétique, les derniers entretiens menés auprès d’enfants de

médecins travaillant au sein de leur cabinet n’ayant pas amené de nouvelles informations

comparativement aux premiers.

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2.2. Choix de la population

Nous avons souhaité être les plus exhaustifs possible en intégrant aussi bien des médecins

généralistes que spécialistes, libéraux ou hospitaliers, permettant ainsi une plus grande

représentativité des enfants de médecins et une comparaison de leur prise en charge selon le

statut de leur parent. Le choix des limites d’âge avait en outre été décidé après réalisation de

recherches documentaires sur le développement psychosocial de l’enfant, afin d’assurer

l’obtention d’entretiens exploitables. Si les entretiens des plus âgés se sont avérés les plus longs

et les plus instructifs, avec un certain recul et un avis très critique sur leur prise en charge, les

rencontres avec les plus jeunes n’en étaient pas moins riches de leur spontanéité et de leurs

affects, au premier plan dans cette relation particulière de parent-médecin à enfant-patient.

2.3. Recrutement

2.3.1. Mode de recrutement

Afin d’obtenir la plus grande diversité de situations, nous avons sélectionné, parmi les réponses

positives, les situations médicales les plus différentes possible, au nom de la variation

maximale. Nous avons, pour limiter au maximum les biais de sélection, inclus les enfants de

médecin au fur et à mesure de leur réponse, en déclinant à regret les réponses favorables lorsque

la situation médicale décrite dans le questionnaire préalable semblait superposable à celles

d’enfants déjà inclus.

2.3.2. Lieu de recrutement

Pour des raisons pratiques, nous avons limité notre recrutement à une trentaine de kilomètres

de mes lieux de résidence ou d’exercice. Il aurait été intéressant d’y inclure des médecins ruraux

afin de mieux appréhender l’impact du lieu d’exercice sur le choix du suivi de l’enfant.

Néanmoins, dans son enquête, M. COUSIN (47) ne met pas en évidence de relation entre le

type de soins effectués et le milieu d’activité rural ou urbain.

De la même façon, S. TOUMELIN (13) note que la distance entre le lieu de travail et le domicile

des parents médecins n’est pas citée comme étant déterminante dans les modalités de prise en

charge d’un membre de sa famille, ce que corrobore notre étude.

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2.4. Recueil des entretiens

2.4.1. Recueil des entretiens

N’ayant pas d’expérience dans les techniques d’entretien, on peut évoquer le biais

d’investigation dans la mesure où les réponses des interrogés ont pu être influencées par les

questions de l’investigatrice. Toutefois, l’efficience en termes de qualité d’écoute et du guidage

semble s’être améliorée au fur et à mesure de leur réalisation.

Par ailleurs, on peut supposer que les sujets les plus jeunes, par manque de compréhension de

la question ou par incertitude, aient donné des réponses erronées. De même, les enfants et

adolescents ont pu, par peur du jugement, soucis de bien répondre ou volonté de ne pas mettre

en défaut leur parent, ne pas s’exprimer avec une totale franchise sur certains points, laissant

craindre un biais de déclaration.

Selon A. BLANCHET et N. GOTMAN (63), « les résistances manifestées par l’interviewé au

cours d’un entretien de recherche […] sont davantage liées au désir de ne pas perdre la face

(à la fois parce que l’interviewé avance dans l’inconnu et parce qu’il est amené à produire un

discours sur une scène non conventionnelle) qu’à un processus de refoulement psychique ».

2.4.2. Variation de durée des entretiens

Selon S. OCTOBRE (78), « les plus forts échanges se rencontrent dans les milieux les plus

dotés économiquement et/ou culturellement » tandis que « ceux qui discutent moins

fréquemment se recrutent parmi les familles d’employés et d’ouvriers non qualifiés »

Cette variation liée au milieu familial n’intervient pas dans notre étude, chaque enfant interrogé

évoluant dans un milieu culturel et économique a priori similaire puisqu’ayant tous, au moins

un parent médecin.

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Selon O. VANHÉE (66), « parmi les entretiens les plus longs […], on retrouve exclusivement

des enfants à l’aise scolairement, dont les parents sont fortement dotés scolairement et qui ont

l’habitude de discuter avec eux ». « À l’inverse, les enfants avec lesquels l’entretien a duré le

moins longtemps […] sont souvent en difficultés scolaires et ont redoublé une classe ».

Le niveau scolaire des participants n’ayant pas été évalué dans notre étude, nous ne pouvons

analyser le poids de cette composante sur la durée des entretiens.

En pratique, et avec une certaine évidence, c’est avant tout l’âge des enfants qui semble avoir

retenti sur la durée des entretiens.

O. VANHÉE (66) soulignait enfin l’impact possible du sexe sur la variation de durée. Selon

lui, la « socialisation féminine » amène les filles à être plus « dociles », à vouloir bien répondre

aux questions, et à parler plus spontanément de leurs pratiques.

Dans notre recherche, il s’avère que la durée moyenne des entretiens est similaire chez les

garçons et chez les filles.

2.5. Analyse des données

L’atteinte de la saturation des données a été déduite par la doctorante et donc soumise à sa

subjectivité.

S’agissant d’un projet individuel, toutes les étapes de ce travail de thèse ont été réalisées seule.

L’analyse des entretiens n’a donc malheureusement pas bénéficié de triangulation des données,

pouvant être à l’origine d’un biais d’interprétation.

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3. Analyse critique des résultats de l’étude,

confrontés aux données de la littérature

3.1. Qui sont les médecins de nos enfants ?

3.1.1. Le médecin référent est majoritairement le parent

Notre étude a mis en évidence que selon les parents, 51 % des enfants ont pour médecin

principal leur(s) parent(s) médecin(s). Si ces résultats sont superposables à ceux de S. CORNEC

(53 %) (7), ils diffèrent de ceux de B. JOFFRE BERTHOMME (9) et de N. MADEC (10) qui

retrouvaient respectivement 75 % et 61,5 % de parents déclarant être principalement ou

exclusivement les médecins de leurs enfants.

Nous notons également qu’en ne prenant en compte que les déclarations des enfants de notre

enquête, les parents médecins seraient 64 % et non plus 51 % à être leur médecin référent. Cela

suppose un biais de déclaration, sans que l’on puisse assurément affirmer qu’il provienne des

parents, modérant leur implication, car contraire à ce qu’ils voudraient faire ou à ce qu’ils

pensent être recommandé dans leur pratique ; ou des enfants, lié à une mauvaise interprétation

du rôle de soignant ou un défaut de mémorisation, beaucoup ayant soulevé le fait de n’être que

très peu souvent malades.

Cette différence est similaire si l’on observe la proportion de parents ne soignant jamais ou

rarement leurs enfants. Dans notre étude, il s’agirait de 19 % du ou des parent(s) médecin(s)

selon eux, contre 10 % seulement selon leurs enfants. Pour B. JOFFRE BERTHOMME (9) et

V. VALLEREND (61), ils ne sont que 2 à 5 %, tous âges confondus. Cette dernière signale, à

ce sujet, que « 56 % des généralistes pensent qu’il ne faut pas soigner ses proches, mais 96 %

le font quand même ».

Pour les enfants de médecins âgés de plus de 16 ans, c’est le parent qui est déclaré comme

médecin traitant dans 74,5 % des cas selon N. MADEC (10), alors qu’il ne l’est que rarement

pour M. DA SILVA (26). Dans notre enquête, le parent est le médecin traitant déclaré pour

deux participants sur trois. Le seul participant ayant déclaré un médecin extérieur est pourtant

exclusivement soigné par ses parents spécialistes. Il aurait été intéressant de connaître les

motivations d’une telle démarche.

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3.1.2. Tous les parents médecins peuvent être amenés à soigner leurs enfants,

qu’ils soient généralistes ou spécialistes

On remarque qu’à l’exception de la thèse de M. COUSIN (47) comparant les attitudes des

médecins généralistes et pédiatres, les cinq autres études citées auparavant ont une population

intégralement composée de parents médecins généralistes, tandis que notre enquête s’est élargie

à tous types de spécialités. Nous avons donc cherché à évaluer l’impact du type de profession

sur le choix de traiter ses proches.

Il apparaît, dans notre étude, que les spécialistes comme les généralistes soignent leurs enfants

de façon exclusive, bien que les parents généralistes soient proportionnellement plus nombreux

à le faire et s’impliquent systématiquement, même a minima. Le type de spécialité du parent

médecin semble, en revanche, ne pas avoir pas de retentissement sur la démarche de soins.

P. DAGNICOURT (16) évoque également l’influence de la spécialité des proches médecins

dans leur implication. Ainsi, certains omnipraticiens considèrent que la fonction de médecin

généraliste expose davantage aux sollicitations des proches : « Mon mari qui est médecin

biologiste, personne l’embête. (…) Mais moi je suis censée tout connaître ». À l’inverse, elle

est parfois une échappatoire, facilitant le refus « c’est peut-être plus facile de dire là faut

demander l’avis de quelqu’un de spécialisé ». Le médecin généraliste enfin serait plus

confronté à des pathologies bénignes et fréquentes tandis que le spécialiste s’expose à des

diagnostics de gravité « moi je vois le plus fréquent et lui il voit le plus grave ».

Dans notre étude, la quasi-totalité des participants n’a heureusement jamais été confrontée à

des maladies graves. En revanche, le défaut de compétences dans certains domaines,

notamment pédiatriques, a été plusieurs fois avancé par les enfants comme justification émise

par leur parent de ne pas les traiter, pour certaines pathologies.

Dans la thèse de S. CART (73), le manque de connaissances inhérent à la spécialité du médecin

(en l’occurrence le soin aux proches adultes par le pédiatre), est un réel frein à la prise en charge

des membres de sa famille. Pour nos répondants, cette limite ne paraît toutefois pas empêcher

la prise en charge d’un enfant par son parent, quelle que soit sa formation médicale.

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Du point de vue des médecins tiers en revanche, le parent médecin amenant son enfant se

distingue selon sa spécialité : le généraliste appréhende mieux la prise en charge, le pédiatre

consulte moins que ses pairs, et les autres spécialistes, en particulier psychiatres, consultent

aussi souvent que les parents non médecins (l’un des médecins interrogés soulignant que

« même le calendrier vaccinal ils ne le connaissent pas. ») (18).

3.1.3. Le sexe du parent médecin impacte peu sur la prise en charge de l’enfant

Différentes recherches de médecine générale (10, 47, 61, 79) rapportent que les médecins

hommes prennent plus souvent en charge leurs enfants que les médecins femmes.

Paradoxalement, une étude de la DREES de 2004 (80) met en évidence que ce sont les jeunes

femmes médecins qui suivent le plus les enfants dans la population générale.

Selon l’article de W.L. PARSONS, « les femmes consacraient plus de temps au soin des enfants

et éprouvaient plus de sentiment de culpabilité sur leurs performances que les hommes » (81).

Cela signifierait que bien qu’elles soient amenées à faire plus de pédiatrie que les hommes, les

femmes médecins seraient plus anxieuses à l’idée de prendre en charge leurs propres enfants,

par manque de confiance en elles notamment.

C’est contraire aux résultats que nous avons obtenus puisque, comme dans l’étude de

V. VALLEREND (61), les pères sont aussi souvent médecins référents de leurs enfants que les

mères médecins. De surcroit, les mères s’investissent toujours un minimum dans la prise en

charge de leurs enfants tandis que les pères n’interviennent quasiment jamais dans 32% des cas.

Ceci peut s’expliquer par le fait qu’indépendamment de leur profession, les femmes médecins

sont aussi des mères et que ce statut seul leur confère un rôle privilégié dans la surveillance de

la santé de leurs enfants. En effet, selon un article français de C. CICCHELLI-PUGEAULT

(82) paru en 2003, « dès la grossesse (…), la femme vit en première ligne la surveillance de sa

santé et celle de son enfant, et elle est construite en partenaire privilégiée du médecin qui la

suit. Dans la continuité de la phase initiale, la mère prendra généralement en charge le contrôle

médical du nourrisson (…). Au quotidien, l'enfant apprend ainsi que le souci sanitaire est

féminin dans la société dans laquelle il grandit. »

De la même façon, si pour N. MADEC (10) les hommes réalisent plus souvent les vaccins de

leurs enfants que les femmes, dans notre étude, les pères et les mères vaccinent autant leurs

enfants.

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3.1.4. Plus l’enfant grandit et plus son parent s’implique dans sa prise en

charge

La littérature montre que les parents médecins ont tendance à confier le suivi de leurs enfants à

un tiers lorsque ceux-ci sont nourrissons, puis s’impliquent de plus en plus au fur et à mesure

qu’ils grandissent, avec une nouvelle distance instaurée à l’adolescence. Cette tendance est

relevée par les médecins soignant les enfants de confrères, interviewés par A. ARSICAUD (18).

Ainsi, pour N. MADEC, seuls 25 % des parents médecins suivent leurs enfants avant 2 ans (10).

Pour des raisons évidentes de degré de langage et de maturité, notre enquête ne permet pas

d’étudier la prise en charge des nourrissons et enfants d’âges préscolaires. Toutefois, quatre

participants ont indiqué avoir d’abord été suivis par un médecin généraliste ou un pédiatre dans

leur petite enfance, avant d’être pris en charge par leur(s) parent(s).

Selon M. COUSIN (47), les médecins généralistes et pédiatres suivent respectivement 95 % et

80 % de leurs enfants avant 16 ans, puis seulement 55 % et 20 % après 16 ans. Dans notre étude,

on observe que les enfants sont majoritairement suivis par un praticien extérieur de 6 à 9 ans,

puis principalement par leur(s) parent(s) à partir de 13 ans. Même si notre échantillon n’est pas

suffisant pour être représentatif de la population, il contredit quelque peu cette tendance selon

laquelle l’adolescent consulte préférentiellement un tiers.

Comme dans l’étude de O. HURÉ (12), certains de nos participants évoquent un départ à la

retraite du médecin référent ou leur âge plus avancé qui ne nécessiterait plus un suivi spécifique

par un pédiatre. Un nouveau médecin traitant ne semble pas avoir été cherché dans ces cas-là,

les aspects pratiques d’avoir un médecin à domicile paraissant prendre le dessus.

Si l’on reprend l’information selon laquelle un quart des adolescents aimeraient consulter un

médecin extérieur sans en informer leur parent (42), on peut regretter l’absence de recours pour

les adolescents étant exclusivement pris en charge par leur(s) parent(s). En effet, même si cette

situation semble appréciée par ces enfants, il semblerait bon que les parents médecins faisant

ce choix n’hésitent pas à proposer à leurs enfants une consultation au moins ponctuelle avec un

praticien extérieur pour qu’ils puissent aborder des problématiques plus intimes ou

personnelles, sans craintes de jugement ni omissions volontaires pouvant être néfastes pour la

gestion de leur santé.

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3.1.5. Le médecin extérieur est le plus souvent un médecin généraliste ou un

pédiatre, sans lien systématique avec le parent médecin

Pour N. MADEC (10), la majorité des médecins tiers consultés sont des généralistes (20 %

contre 5 % de pédiatres) et sont extérieurs au cercle amical. Dans notre étude également, une

courte majorité des médecins extérieurs ne semble pas avoir de liens professionnels ou

personnels avec le parent médecin. Les enfants sont, en revanche autant suivis par un généraliste

que par un pédiatre, indépendamment de leur âge.

Pour M. COUSIN (47), les pédiatres qui ne suivent pas leurs enfants les confient

systématiquement à un confrère pédiatre. La pédiatre de notre étude fait donc figure d’exception

puisqu’elle a choisi de confier ses enfants à un médecin généraliste.

3.1.6. Le choix du médecin consulté est majoritairement effectué par le parent,

en fonction de la pathologie, de la disponibilité et des compétences du médecin

Comme pour les enfants de la population générale (54), la majorité des enfants de notre étude

ne choisissent pas eux-mêmes le médecin qu’ils souhaitent consulter, mais s’en accommodent

pour la plupart, faisant confiance à leurs parents.

A. GENESLAY (54) démontre que pour le jeune enfant, le choix du médecin est principalement

basé sur des critères physiques ou de genre. Il ne correspond pas toujours à celui de leurs

parents, mais ils n’osent pas le dire de peur d’être grondés.

E. CANIATO (25) remarque que, même à l’âge adulte, le choix du médecin traitant n’est pas

toujours discuté en amont, pouvant être imposé, y compris aux enfants majeurs. Dans le cas de

relations filiales, les enfants peuvent se sentir contraints d’accepter certains soins du fait de

l’autorité naturelle du parent ou de la peur de le vexer en sollicitant un confrère.

Pourtant, les études relatives aux enfants-patients dans la population générale montrent bien

que les enfants aimeraient être davantage impliqués dans leur prise en charge médicale (54, 55,

83).

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Lorsqu’il s’agit de choisir entre le parent médecin et un médecin extérieur, le critère principal

décrit par les enfants est le type de pathologie et sa gravité. Ainsi, il ressort que le parent est

souvent consulté en première intention pour gérer les affections bénignes et juger de la nécessité

d’une consultation par un confrère le cas échéant.

C’est ce qui ressortait des thèses d’O. HURÉ (12) ou d’A. ARISCAUD (18) : les problèmes

aigus sont souvent gérés au domicile, parfois de peur de déranger pour rien, parfois après

autorisation téléphonique demandée au confrère, celui-ci n’étant sollicité qu’en deuxième

intention, lorsque l’évolution est défavorable. Le parent ne peut avoir enfin qu’un rôle

consultatif, fonction préférée par nombres de médecins (14, 44, 74, 79).

La disponibilité, la spécialité et les compétences du médecin sont également déterminantes, en

particulier quand il faut choisir entre ses deux parents médecins, comme le soulignent

également les médecins interrogés par O. HURÉ (12).

3.1.7. Les déterminants de choix de médecin évoqués par les parents diffèrent

de ceux des enfants

Quand ils font appel à un tiers, les parents médecins interrogés dans notre court questionnaire

évoquent le refus de s’impliquer (par « peur de passer à côté » notamment), la confiance envers

le confrère et la nécessité d’avis spécialisés. La confusion des rôles, avec la volonté de ne pas

être perçu comme un soignant, mais comme le parent, et la culpabilité en cas d’évolution

défavorable, mentionnées dans de nombreux travaux, n’ont pas été avancées par les parents,

mais par certains enfants eux-mêmes. Enfin, contrairement aux thèses relatives aux proches en

général, les problématiques de jugement et de conflits familiaux trouvent beaucoup moins leur

place dans notre population d’enfants.

Parallèlement, les aspects pratiques, l’évidence et l’absence d’alternative justifient, pour les

autres parents interrogés, leur implication dans le suivi médical de leur enfant. Ce dernier aspect

est rapporté par O. HURÉ (12), dont l’un des médecins déplore avoir essuyé beaucoup de refus

de prise en charge de ses enfants par ses confrères généralistes, seul un pédiatre ayant

finalement accepté de les suivre.

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L’épanouissement personnel du médecin dans cette prise en charge, mis en évidence dans

différentes études (fierté, satisfaction d’être utile, gain d’expérience) n’a pas été évoqué par les

parents médecins, peut-être parce que l’enquête était centrée sur le ressenti de leurs enfants et

non le leur.

Enfin, lorsqu’il s’agit de soigner ou non ses propres enfants, le parent médecin n’est pas, comme

il pourrait l’être avec d’autres membres de la famille, confronté à des choix effectués à

contrecœur, sous l’insistance de ces derniers (79), puisqu’il bénéficie de l’autorité parentale

qu’il n’a pas sur les autres proches. Nous n’avons ainsi pas eu le sentiment, à l’écoute des

discours des enfants, que leurs parents s’étaient déjà pliés à leur volonté.

3.1.8. Les motifs de consultations influent sur le choix du médecin, avec des

prises en charge différentes selon qu’il est le parent ou un tiers

Pour les enfants dont la prise en charge est mixte (par le parent et par un tiers), le médecin

extérieur est souvent préféré lorsqu’il s’agit d’un examen systématique. L’examen clinique est

alors décrit par nos participants comme étant plus complet que lorsqu’il est effectué par le

parent. En effet, même si les parents, référents de leurs enfants, tâchent de les examiner de façon

systématique une à deux fois par an, la consultation se résume généralement à la mesure et à la

pesée le plus souvent notées dans le carnet de santé. Dans la littérature les deux tiers des courbes

staturo-pondérales seraient tenus à jour par le parent médecin (10), même si certains parents

médecins reconnaissent être peu rigoureux sur ce point (17).

Similairement, les enfants suivis, au moins partiellement, par un médecin extérieur, semblent

plutôt le consulter pour la délivrance de certificats médicaux de non-contre-indication à la

pratique sportive. Si pour N. MADEC (10), près de la moitié des certificats d’aptitude délivrés

par 66,5 % des parents médecins le sont sans examen clinique préalable, aucun des 12 enfants

de notre étude ayant su nous désigner leur parent comme rédacteur de ces certificats estime

avoir bénéficié d’une consultation dédiée. Une fois encore, il est difficile de savoir s’il s’agit

d’un biais de mémorisation chez nos participants ou d’une volonté de « bien répondre » des

médecins interrogés par N. MADEC (10). Nous constatons d’ailleurs une gêne des enfants

lorsqu’ils « avouent » que leurs parents signent leurs certificats « comme ça ».

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Pour B. JOFFRE BERTHOMME (9), 52 % des traumatismes sont soignés par le parent. Dans

notre étude, ce sont également les parents qui gèrent la plupart des traumatismes bénins. Les

sutures, par contre, sont réalisées aussi bien par le parent que par le médecin traitant ou les

services d’urgences. Alors que certains parents redoutent parfois la réalisation d’actes

potentiellement douloureux (17, 21) sur leurs enfants, il apparaît que les enfants préfèrent

finalement que ce soit eux qui suturent leurs plaies. Il n’y a aucun retour négatif sur les sutures

réalisées, les enfants se sentant, au contraire, plus en confiance et souvent fiers de leur parent.

Les avis sont plus partagés concernant les vaccins. Dans notre enquête comme dans la littérature

(9,10), ceux-ci sont majoritairement effectués par le parent médecin, la vaccination étant le soin

le plus souvent pratiqué par les médecins auprès de leur famille selon M. COUSIN (47). La

couverture vaccinale est décrite comme identique (10), voire meilleure (47), chez les enfants

de médecins que dans la population générale. Les participants de notre étude ont ainsi

spontanément évoqué la rigueur de leur parent concernant le schéma vaccinal. En revanche, le

ressenti face à la vaccination est différent d’un enfant à l’autre. Pour certains médecins (17), la

confiance de l’enfant pour son parent faciliterait l’examen clinique et les vaccinations. Dans

notre enquête, si certains se sentent plus rassurés lorsque cet acte est réalisé par leur parent,

d’autres jugent le médecin extérieur plus crédible et plus à même de le faire. Certains

généralistes questionnés par J. GOUBET (17) ont fait le choix d’arrêter de vacciner leurs

enfants après avoir vu leur regard suite à ce geste douloureux. Quelques-uns font le choix de

réaliser le vaccin à leur cabinet, pour dissocier le rôle de parent de celui de médecin (23).

Concernant la prise en charge plus particulière de la gynécologie, l’adolescente se tourne

spontanément en première intention vers sa mère, qu’elle soit ou non médecin, et préfèrera avoir

recours à un médecin tiers dans la majorité des cas. Notre étude inclut un père gynécologue

obstétricien, qui est actuellement le référent de sa fille dans ce domaine. Comme lui, 30 % des

parents médecins prescrivent la première contraception (10). Sa fille ne fait pas mention

d’examen gynécologique. On peut se demander si c’est lui qui les effectuera ou si, à l’image

des autres proches de médecin, elle aura recours à un médecin extérieur, comme le privilégient

d’ailleurs bon nombre de parents médecins (17).

De la même façon, les questions relatives à la sexualité sont librement abordées avec les parents,

mais certains enfants préfèreraient se tourner vers un tiers pour avoir un avis strictement

médical.

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3.2. Quel est l’impact du statut d’enfant de médecin sur sa

prise en charge médicale ?

3.2.1. Le cadre de consultation est différent, avec des examens

majoritairement plus sommaires, effectués au domicile

L’examen clinique s’effectue au domicile des enfants dans 90 % des cas, en première intention

dans le salon ou dans la chambre, y compris lorsque le parent a son cabinet privé (98 % selon

L. MASSON (8)). Trois enfants soulignent qu’ils préfèrent qu’il en soit ainsi, le premier par

habitude, le deuxième parce que c’est moins stressant et le troisième parce qu’il estime qu’il

serait plus pertinent d’aller directement voir un autre médecin plutôt que de se déplacer pour

voir son propre parent. Ceci démontre que plus que les qualités du parent soignant, c’est surtout

sa proximité et sa disponibilité qui sont déterminantes dans le choix du médecin. Ainsi,

E. CANIATO relevait que si l’on supprimait ces privilèges, les membres de la famille ne

voyaient plus d’intérêt à consulter leur proche médecin (25).

Seule une enfant est toujours soignée par son parent généraliste à son cabinet, situé à proximité

immédiate. Pour les autres, c’est l’absence de matériel qui peut amener leur parent à les

consulter sur leur lieu de travail.

Dans notre étude et celle d’A. ARSICAUD (18), comme dans toutes les familles, c’est le plus

souvent la maman qui accompagne l’enfant, indépendamment de son statut de médecin

« médecin ou pas, 70 à 80 % des enfants sont accompagnés par la mère ». C’est toutefois le

parent médecin qui assiste à la consultation lorsqu’il s’agit d’une consultation plus

préoccupante.

Si certains de nos sondés ne voient pas de différences entre l’examen clinique de leur parent et

celui d’un médecin tiers, d’autres, plus nombreux, considèrent que l’examen clinique de leur

parent est plus succinct. Nous notons cependant que l’examen varie également d’un médecin

extérieur à l’autre et reste avant tout médecin-dépendant. Les parents médecins interrogés dans

la littérature reconnaissent que leur examen est plus sommaire (7), ciblé en fonction des

plaintes, mais le justifie par le fait qu’ils puissent réexaminer leurs enfants rapidement et aussi

souvent que nécessaire selon l’évolution des symptômes (12, 17).

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Le carnet de santé et les courbes staturo-pondérales seraient davantage tenus par les femmes

médecins dans la population générale et par les médecins extérieurs pour les enfants de

médecins N. MADEC (10). La majorité des participants se souviennent surtout de leur parent

inscrivant les vaccins, le poids et la taille, et ce sans différence entre le père et la mère, ces

enfants étant principalement ceux dont les deux parents sont médecins.

3.2.2. Si certains perçoivent leur parent comme un véritable médecin, il existe

souvent une confusion des rôles pour les autres

A. GENESLAY (54) décrit les fonctions symboliques du médecin pour l’enfant, à la fois

maternelle (proche, gentil, bienveillant, soulageant), paternelle (autoritaire) et sexuelle (ayant

le droit de toucher, de regarder, et rompant en qualité de tiers la relation fusionnelle avec le

parent de sexe opposé). Lorsque le médecin et le parent sont la même personne, quel symbole

cela représente-t-il pour l’enfant ?

Dans notre enquête, la moitié des enfants voit leur parent comme un « vrai médecin », crédible

dans son rôle, alors que pour d’autres, il reste avant tout leur mère ou leur père. Pour le quart

restant, il est autant l’un que l’autre. En aucun cas, la profession médicale du parent ne vient

remettre en cause sa représentation en tant que mère ou père aux yeux de l’enfant.

Pour E. CANIATO (25), c’est le manque de cadre et de formalité qui amplifie la confusion des

rôles, avec une théâtralisation des soins, qui ressort particulièrement chez le jeune enfant, son

parent « jouant au docteur » ou à l’inverse étant idéalisé.

Dans la littérature, cette confusion des rôles est redoutée par les parents médecins (2, 12, 44,

44), et suggérée par les proches (25,84). Pour certains médecins, cette vision modifiée du monde

médical peut néanmoins être bénéfique. Les soins médicaux, banalisés par le cadre familial,

sont alors moins effrayants (17).

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3.2.3. Les enfants de médecins sont soignés sans distinction par leur médecin

extérieur, mais souvent a minima par leur parent, comparativement à leurs

pairs

Par rapport aux enfants et adolescents de leur âge, nos participants pensent en majorité être

traités différemment. Ils apprécient ainsi une prise en charge plus rapide, car ne nécessitant pas

l’attente d’un rendez-vous, et parfois plus attentive, mais regrettent souvent une moindre

médicalisation. Ainsi, pour les maladies bénignes pour lesquelles leurs amis consultent

facilement leur praticien et manquent l’école, les enfants de médecins devaient prendre un

antalgique et attendre que « ça passe ». C’est également ce que dénonce un des médecins

interrogés par O. HURÉ, elle-même fille de médecin et ayant fait le choix de ne pas être celui

de ses enfants : « Je n’ai pas eu de suivi (…) Je dois avoir eu les vaccinations jusqu’à l’âge de

onze ans (...) Les infections étaient traitées en cinq minutes en regardant par la fenêtre (…) Au

bout de quinze jours, on avait peut-être droit à un antibiotique… donc aucune écoute » (12).

E. CANIATO (25) souligne cette ambivalence du proche, désireux de conserver son statut de

privilégié, mais jaloux de ne pas se sentir soigné comme le reste de la patientèle, le cas échéant.

Les enfants adultes qu’elle a interviewées décrivent également une « éducation médicale à la

dure » parfois dénoncée par les confrères consultés. Ils constatent en effet parfois un retard de

prise en charge, qu’ils expliquent dans certains cas par le fait que le parent médecin soit dans

le déni d’une pathologie grave chez son enfant (18).

Un médecin, questionné par S. TOUMELIN (13), explique ce manque de considération pour

les pathologies bénignes par une dédramatisation des plaintes en regard des maladies graves

qu’il peut voir au cabinet. On peut néanmoins s’interroger sur son comportement face aux

symptomatologies bénignes des autres enfants de sa patientèle : les prend-il également à la

légère ou leur accorde-t-il une consultation dédiée ? Cette dernière hypothèse suggèrerait bien

une différence de traitement entre l’enfant de médecin et ses pairs.

Ce manque d’objectivité est l’un des thèmes majeurs des études relatives aux soins des proches,

critiqué par leurs auteurs (2, 3, 6–8, 10, 12, 16, 17, 19, 20, 22, 24–26, 46, 84), comme M.

MAILHOT qui dépeint des relations caractérisées par la sympathie et non plus l’empathie,

rendant difficile la prise de recul et de décisions appropriées, rationnelles et neutres (2).

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On constate toutefois que tous les médecins, indépendamment de leur statut de parent, ont

tendance à sous-estimer les troubles fonctionnels ressentis par les adolescents (50). On peut

suggérer que tout adolescent peut se retrouver frustré au décours d’une consultation chez son

docteur, au cours de laquelle ses plaintes n’auraient pas été entendues.

Il est intéressant de souligner qu’aucun de nos interviewés ne mentionne, à l’inverse, une prise

en charge par excès. La notion de maximisation des soins est pourtant parfois mentionnée

comme autre conséquence de la perte d’objectivité (18), le parent médecin redoutant le pire

pour son enfant. Est-ce parce que leurs parents sont réellement raisonnables ou parce que les

enfants sont plus marqués par le manque d’écoute que par la diligence de leur parent face à

leurs maladies ?

S’agissant des médecins extérieurs qu’ils sont amenés à consulter, la plupart des enfants

considèrent qu’ils adoptent la même attitude envers eux qu’envers le reste de leur patientèle.

Une seule a déjà eu l’impression d’être « l’enfant de ». Leur point de vue est cohérent si l’on se

réfère à l’avis des intéressés (18) : outre le fait d’avoir tendance à être plus disponibles pour la

famille de leurs confrères et à leur délivrer moins de conseils pratiques, les médecins tiers

s’efforcent de faire abstraction de leur statut et de les traiter comme les autres patients.

Enfin, le statut d’enfant de médecins modifie le comportement de l’enfant lui-même. Ainsi, un

de nos participants estime avoir de meilleures connaissances médicales que ses pairs grâce à

son environnement familial. Un parent médecin interviewé par J. GOUBET a un point de vue

totalement opposé. Pour lui, prendre en charge son enfant serait un frein à son autonomisation

à l’âge adulte, l’enfant s’en remettant systématiquement à son parent : « il n’a jamais passé la

porte d’un cabinet ; il n’a pas de carte vitale, il ne s’est même pas inscrit à sa caisse

d’assurance maladie » (17). Cet inconvénient devrait être pallié par un cadre plus rigoureux et

la déclaration d’un médecin traitant dès 16 ans, y compris lorsqu’il s’agit du parent.

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3.2.4. Pour les enfants de médecin, leur parent n’interfère pas dans la prise en

charge du médecin tiers consulté

Dans la littérature, les proches eux-mêmes reconnaissent quelquefois que leur proximité avec

le médecin impacte leur suivi des directives (2, 12, 14, 16, 20, 22, 46). Ce défaut d’observance

est consécutif à un manque de crédibilité, voire de légitimité du proche médecin (20). Les

conseils sont moins pris au sérieux, et les capacités, les méthodes, voire les compétences du

médecin connu comme parent peuvent être remises en question (2). Ceci rejoint la confusion

des rôles décrite précédemment et qui, bien que n’entravant pas le respect des prescriptions

chez l’enfant, le rend parfois incrédule vis-à-vis de la prise en charge du parent.

Pour autant, nos participants ne remettent pas en doute le respect des prescriptions des médecins

extérieurs par leur parent, en particulier lorsqu’ils sont exclusivement soignés par un tiers.

Pourtant, que ce soit à la demande du proche ou de sa propre initiative, le médecin proche est

amené à interférer dans les relations de soins extérieurs (25), certains médecins reconnaissant

ne pas toujours respecter les prescriptions des médecins sollicités (20).

De la même façon, les parents médecins regrettent que leur statut de médecin biaise l’attitude

de leurs confrères envers eux. J. GOUBET (17) signale même la surprise, voire

l’incompréhension de certains médecins voyant arriver en consultation le fils d’un confrère,

réactions génératrices de culpabilité ou de gêne pour le parent médecin. Pour éviter ces écueils,

ces derniers laissent parfois leur conjoint assister aux consultations, voire cachent leur

profession, ce qui peut être considéré comme irrespectueux par le corps médical.

On retrouve donc chez le parent médecin lui-même une ambivalence, puisqu’il souhaite être

considéré comme un parent lambda (12), rester neutre, mais s’octroie souvent un droit de regard

sur les avis et prescriptions des confrères (17,25). Il peut en résulter une perte de crédibilité du

médecin extérieur si ses prescriptions sont remises en question et une perte d’occasion de

construire la relation de soins avec ce dernier (72).

La question de la prise en charge hospitalière de l’enfant de médecin a été abordée par J.

GOUBET (17), et décrite comme globalement améliorée, même si elle implique un gros travail

sur lui-même pour le parent médecin. Nous n’avons pas de points de comparaison puisque dans

notre étude, aucun enfant n’a évoqué d’hospitalisation. Pour les médecins interrogés par B.

JOFFRE BERTHOMME (9), en revanche, plus de la moitié ont vu leur enfant hospitalisé, en

majorité à leur demande, et 40 % ont été suivis pour des pathologies graves.

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3.2.5. La situation particulière des enfants de médecin rend difficile le respect

du secret médical

Selon le Code de Santé Publique (85), un mineur peut garder le secret sur ce qui a trait à sa

santé, y compris envers ses représentants légaux.

On peut s’interroger sur le respect du droit à l’intimité et au secret médical des mineurs dont

les parents médecins sont à la fois les représentants légaux, titulaires de l’autorité parentale, et

les garants de la confidentialité des informations médicales de leur enfant patient.

En pratique, nos répondants sont partagés sur cette question. À l’instar des médecins interrogés

par J. PELTZ AIM (20) ou B. JOFFRE BERTHOMME (9), certains estiment que leur parent

« garde vraiment le secret médical comme tout médecin le ferait ». À l’opposé, un de nos

répondants pense que les informations médicales circulent plus facilement au sein de la famille,

comme le dénonce M. MAILHOT (2) en affirmant que la confidentialité peut-être plus

facilement violée ou compromise au sein d’une famille, notamment lorsque les autres membres

insistent pour savoir « ce qui se passe ».

On peut craindre que ces adolescents se sentent dans l’impossibilité de confier leurs inquiétudes

et leurs problèmes d’ordre médicaux à un professionnel de santé neutre, à même de les aider

sous couvert du secret médical.

Pour P. ALVIN et D. MARCELLI (42), cette difficulté doit être anticipée par tout médecin afin

qu’il « sache percevoir ce climat d’ambiguïté et en fasse part lui-même au jeune, tout en lui

suggérant lorsque nécessaire une alternative auprès d’un autre confrère ». On ne peut que

conseiller cette démarche au parent médecin.

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3.3. Comment les enfants de médecins jugent-ils leur prise

en charge médicale globale ?

3.3.1. Les avantages et inconvénients relayés par les enfants de médecins à

avoir un parent comme médecin recoupent ceux cités dans la littérature

traitant des soins aux proches.

Les aspects pratiques sont les avantages cités le plus fréquemment. Il s’agit de l’absence de

déplacement et d’attente, la rapidité du diagnostic et des soins, l’accès facilité aux médicaments

et la délivrance de certificats médicaux. Certains enfants évoquent une optimisation de leur

prise en charge médicale, qu’il s’agisse d’une grande réactivité face aux maladies, d’une double

expertise ou d’une couverture vaccinale maximale. Enfin, de par leur statut de parent, les

enfants se sentent plus rassurés et ont davantage confiance que s’il s’agissait d’un médecin

extérieur. Certains enfants sont admiratifs de leurs parents et très fiers qu’ils soient médecins,

rejoignant le ressenti de l’entourage qui peut être amené à idéaliser son proche médecin (25) ou

celui du parent médecin lui-même, amusé de ce constat (17).

À l’opposé, seule la moitié des participants voyaient des inconvénients au fait que leur parent

soit médecin. La minimisation des symptômes et le retard de prise en charge étaient les plus

souvent cités. Les plus âgés relevaient le risque de manque d’objectivité et une mentionnait le

manque de confiance, par défaut de crédibilité du parent. Il est intéressant de noter qu’un

participant avait conscience que le fait de soigner sa famille pouvait occasionner un surplus de

travail pour le praticien, comme le regrettent souvent les conjoints de médecins (24,26).

Parallèlement, le recours à un médecin tiers permet d’obtenir un avis extérieur, parfois plus

crédible ou sécurisant pour l’enfant lui-même, notamment dans des domaines où leur parent

pourrait être moins compétent ou pour des sujets plus intimes où la discrétion est de mise. La

gêne ressentie envers un inconnu peut toutefois être inhibitrice à son tour.

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3.3.2. Les enfants de médecins sont globalement très satisfaits de leur prise en

charge médicale.

À l’instar des proches interrogés par J. GARAND (23) et C. BOUVE (86), les enfants de notre

étude sont contents de leur suivi médical. Ils ont attribué la note moyenne de 8,8/10 à leur prise

en charge médicale globale. L’âge et le sexe de l’enfant ne paraissent pas influencer l’évaluation

par les enfants de leur suivi. En revanche, les intéressés sont légèrement plus frustrés par leur

prise en charge lorsqu’elle est exclusivement assurée par leur(s) parent(s) médecin(s), comme

le suggèrent leurs témoignages récurrents vis-à-vis du manque de considération de leurs plaintes

par ce(s) dernier(s).

Les enfants n’ont pas toujours su nous répondre concernant la qualité de leur suivi systématique,

n’ayant pas de points de comparaison avec d’autres prises en charge médicales. Si une

adolescente critique son suivi médical, assuré par sa mère, qu’elle n’estime pas assez régulier

et rigoureux, la majorité des participants le juge satisfaisant.

Il en est de même pour l’examen clinique, jugé correct par les interviewés, qu’il soit effectué

par leur parent ou par un tiers. Certains ne se prononcent toutefois pas, estimant n’avoir pas eu

d’examen complet depuis très longtemps.

Les trois quarts de nos participants abordent facilement leurs problèmes de santé avec leur(s)

parent(s), d’une part parce qu’ils se sentent à l’aise, et d’autre part parce qu’ils estiment qu’il

est dans leur intérêt de ne rien cacher pour ne pas fausser le diagnostic. Certains préfèrent eux-

mêmes temporiser avant de parler de leurs symptômes à leur parent, notamment quand ils les

jugent bénins ou les pensent transitoires. D’autres évoquent leur timidité, voire une certaine

appréhension face au médecin tiers, et préfèrent laisser la parole à leur parent accompagnant.

Toutefois, qu’il s’agisse de leur parent médecin ou d’un tiers, aucun enfant ne semble craindre

la peur du jugement.

Concernant la gêne ressentie face aux différents soignants, la plupart des enfants ne signalent

aucun embarras, soit parce qu’il s’est amenuisé avec le temps, soit parce qu’ils savent passer

outre leur pudeur face à un soignant, qu’il soit proche ou inconnu. Quelques-uns avouent tout

de même être moins à l’aise lorsqu’il s’agit de la sphère intime ou d’un examen clinique effectué

par praticien de sexe opposé, y compris s’il s’agit de leur parent.

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Le temps accordé, la qualité d’écoute et la prise au sérieux de leurs plaintes fonctionnelles sont

jugés suffisants par une grande partie de nos sujets. Pour d’autres, leurs parents médecins sont

trop rapides dans leurs soins, temporisent trop avant de les examiner, ou font fi de leurs plaintes,

rejoignant ainsi la minimisation de la prise en charge souvent reprochée aux médecins proches,

et reconnue par quelques-uns (17).

Toutefois, si certains enfants estiment parfois nécessiter une prise en compte plus importante

de leur symptomatologie, ils s’en remettent entièrement au jugement de leur parent auquel ils

font parfaitement confiance.

Les enfants de médecins adultes interrogés par E. CANIATO (25) reprochaient également cette

prise en charge médicale rigoureuse dans l’enfance, mais la jugeaient a posteriori bénéfique

puisqu’ayant permis d’acquérir une certaine autonomie dans le soin. Leur analyse se faisait

donc en deux temps, avec une prise en charge médicale évaluée négativement dans l’enfance et

plutôt positivement adulte. Il serait intéressant de connaître le point de vue de nos participants

critiques lorsqu’ils seront devenus adultes.

3.3.3. L’estimation faite par les parents médecins de la satisfaction de leurs

enfants est en adéquation avec le ressenti de ces derniers

À notre connaissance, seule l’étude de S. TOUMELIN (13) a comparé le point de vue des

proches, ici les conjoints, à celui du médecin parent concernant leurs soins. Les deux partis sont

unanimes quant à leur contentement face à leur situation médicale, chaque famille organisant

sa prise en charge en fonction des écueils et des particularités imposés par ce contexte

particulier. Il apparaît que la définition claire des rôles de chacun contribue à la satisfaction

globale des intéressés.

Nous parvenons à la même conclusion dans notre enquête. En effet, conformément à

l’évaluation positive faite par les enfants, la quasi-totalité les parents médecins ayant répondu

à notre questionnaire préalable pensent que leurs enfants sont satisfaits de leur prise en charge

actuelle.

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Une mère médecin présume toutefois que ses deux enfants doivent être mécontents qu’elle les

prenne en charge. Ces derniers relatent effectivement regretter l’absence d’avis extérieurs, et

attribuent une note inférieure à celles de leurs pairs concernant leur suivi. Pour autant, il ne

semble pas y avoir de modification du suivi actuel envisagé.

Comme S. TOUMELIN (13), on peut suggérer qu’une discussion entre le parent médecin et ses

enfants sur ce sujet pourrait permettre à ces derniers d’exprimer leurs doléances, et au parent

d’exposer les raisons de son choix actuel de les soigner. La situation pourrait alors être revue,

ou mieux comprise par chacun des partis.

Ainsi, par opposition, la cadette d’une famille nous a semblé parfois frustrée que son père se

désengage complètement de ses soins. Dès l’âge de 8 ans, ils en ont discuté, son parent lui

expliquant avoir peur de passer à côté et ne pas être prêt à assumer le poids des responsabilités

en découlant. L’enfant a très bien entendu ces arguments et, comme ses frères, approuve

finalement cette prise en charge exclusive par un tiers.

Un médecin interrogé par O. HURÉ (12) déclare justement que « faire plaisir à son enfant en

le soignant soi-même n’est pas forcément ce qu’il y a de mieux à faire pour lui ». Par contre,

dans son étude, les médecins estiment que les enfants bénéficiant d’une prise en charge mixte

se montrent « compréhensifs » tandis que ceux soignés par leur parent éprouvent plaisir et fierté,

ce qui, on l’a vu, n’est finalement pas toujours le cas.

3.3.4. Si la grande majorité des enfants ne souhaitent pas changer leur prise

en charge actuelle, la littérature est beaucoup plus divisée concernant

l’implication du parent médecin

Dans notre étude, 90 % des participants sont satisfaits de leur prise en charge médicale actuelle,

qu’elle soit assurée par leur(s) parent(s) médecin(s), par un tiers, ou qu’elle soit mixte. Seule

une poignée aimerait voir leur(s) parent(s) plus interventionniste(s) ou plus présent(s), ou au

contraire, pouvoir bénéficier d’un avis extérieur.

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Dans la littérature relative aux soins des proches, les avis sont souvent beaucoup plus tranchés,

et, à l’exception de D. KENNETH (58), principalement contre l’implication du parent proche.

Parmi eux, nous citerons M.R. HUSAIN et B. BHUTTO (4), qui considèrent que les médecins

devraient orienter leurs proches vers des confrères afin qu’ils bénéficient du meilleur traitement,

sans erreur de jugement ni stress, M. MAILHOT (2), C.A JACOB (3), J. MCSHERRY (6) ou

encore N. MADEC (10) : « Chez l’enfant une prise de distance est également nécessaire. Une

prise en charge par un médecin autre serait donc préférable ». De la même façon, F. DOLTO,

dans son ouvrage Les chemins de l’éducation (87), sous-entend une perte de chance pour

l’enfant suivi par son parent : « Malheureusement pour certains enfants leurs parents médecins

les soignent et c’est très dommage parce qu’ils mêlent une intersubjectivité inconsciente à ce

qui devrait rester, autant que possible objectif. Un médecin n’est jamais tout à fait objectif vis-

à-vis d’un patient, mais quand c’est un parent ce n’est pas possible ».

Les proches et médecins interviewés dans les différentes enquêtes ont bien conscience du risque

d’erreurs inhérent à l’implication d’un praticien dans le suivi de sa famille et mis en relief par

V. DELMAS (46).

L’étude d’O. HURÉ (12) illustre que par crainte de mal prendre en charge leur enfant, souvent

dans un souci d’objectivité, les parents confient le soin de leurs enfants à un confrère lorsque la

pathologie est grave, lorsqu’elle nécessite des actes techniques ou simplement pour le suivi

systématique.

Malheureusement, ces précautions peuvent également majorer le risque d’erreurs, en lien avec

la « collusion de l’anonymat » décrite par M. BALINT (88). Il s’agit de la dilution des

responsabilités face à la multiplicité des intervenants : « des décisions vitales sont prises sans

que personne ne s’en sente entièrement responsable ». Si ce principe est souvent utilisé pour

évoquer la prise en charge conjointe des patients par le médecin généraliste et le médecin

spécialiste, elle peut également être extrapolée au double suivi des enfants de médecins, par

leur(s) parent(s) et par leur médecin traitant. C’est ce que note E. CANIATO (25) dans son

enquête : le double suivi médical peut être à l’origine d’une baisse de la qualité de soins, chacun

des médecins se reposant sur l’autre, parfois au point qu’aucun des deux n’examine le patient.

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CONCLUSION

Initialement abordée dans la littérature américaine, la question du soin aux proches est de plus

en plus étudiée dans thèses françaises. Ces travaux ont d’abord décrit les motivations du

médecin à soigner sa famille, puis se sont penchés sur le point de vue des proches eux-mêmes,

et, plus récemment, des confrères prenant en charge le médecin et son entourage.

Plusieurs de ces études pointent du doigt l'absence d'enquêtes centrées sur l'enfant. Il s'agit

pourtant du proche le plus souvent pris en charge par le médecin. Cette démarche semble, dans

ce cas, être une évidence pour beaucoup de praticiens. Les avantages pratiques de proximité,

de disponibilité et de gain de temps sont des déterminants récurrents en faveur d'une telle prise

en charge, prenant le dessus sur le manque d'objectivité pouvant altérer le jugement et la qualité

des soins.

Si les études récentes ne mettent pas en évidence d'impact évident d’une telle attitude sur le

suivi des enfants de médecins, ceux-ci, devenus adultes, jugent pourtant péjorativement leur

prise en charge médicale dans l'enfance par leur parent.

Faut-il alors s'impliquer dans le suivi médical de nos enfants ?

Il n'existe pas, en France, de cadre législatif permettant de répondre à cette question. Tout au

plus, les codes déontologiques et éthiques tendent à déconseiller une telle conduite. Le poids

des responsabilités, l'altération des liens familiaux, la surcharge de travail et l'intrusion

professionnelle dans la vie privée sont autant de conséquences néfastes pour le médecin, qu'il

se doit de prendre en compte avant de décider de soigner son proche. Conscient de ces risques,

le médecin se trouve parfois piégé malgré lui dans une relation de soins avec un membre de sa

famille, après avoir cédé à d'incessantes sollicitations de la part du proche, ou après avoir été

pris dans l'engrenage d'une prise en charge médicale dans laquelle il passe d’un rôle consultatif

à un rôle interventionniste.

Lorsqu'il s'agit de soigner son propre enfant, le médecin se positionne dans une relation

d'autorité dans laquelle il est le principal décideur. Pour autant, les différents textes relatifs aux

droits de l'enfant lui reconnaissent le droit au respect de son intimité et du secret médical,

préconisant la prise en considération de ces opinions et l'obtention de son consentement éclairé

lorsqu'il s'agit de sa santé, dès lors que son degré de maturité le permet.

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Nous n'avons retrouvé aucune référence littéraire à une quelconque prise en compte de l’avis

de l'enfant de médecin, mineur, vis-à-vis de sa prise en charge médicale. Pourtant, les études

relatives au vécu des enfants face à leur consultation médicale mettent en évidence que dès leur

plus jeune âge, ceux-ci aimeraient être impliqués dans les décisions relatives à leur santé, en

particulier lorsqu'il s'agit du choix de leur médecin.

Nous avons donc jugé pertinent de nous appuyer, enfin, sur l'avis des enfants de médecins pour

avancer dans notre réflexion concernant leur prise en charge médicale. Nous avons, pour cela,

recueilli leurs témoignages au travers d'entretiens semi-dirigés réalisés à leur domicile.

Il ressort de notre enquête que le médecin peut ainsi soigner exclusivement son enfant,

conjointement avec un ou des intervenants extérieurs, où le confier totalement à un tiers.

En pratique, le médecin référent de l'enfant est majoritairement son parent, quel que soit son

sexe, son type d'exercice ou même sa spécialité. En effet, si les médecins généralistes

s'impliquent toujours dans la prise en charge de leur enfant, les médecins spécialistes, tous types

de spécialités confondus, peuvent être amenés à assurer le suivi médical complet de ce dernier.

Quand il a recours à un confrère, le médecin choisit préférentiellement un médecin généraliste

ou un pédiatre, avec lequel il n'a pas forcément de lien personnel ou professionnel, et dont il

respecte les prescriptions.

Lorsqu'ils justifient leur décision de soigner, ou non, leurs enfants, les parents médecins

interrogés par questionnaires avancent le refus de s'impliquer, la confiance envers le confrère,

la nécessité d'avis spécialisés, la praticité, l'évidence et l'absence d'alternatives. Nos enfants

avancent, eux, le type et la gravité de la pathologie, la disponibilité des soignants et les

compétences du médecin comme déterminants permettant de choisir entre les différents

intervenants.

Ainsi, pour les pathologies bénignes, les vaccinations, et la rédaction de certificats médicaux,

le parent est de loin le premier recours, tandis qu'il passe plus facilement la main pour les lésions

traumatiques sévères, les examens systématiques et le suivi gynécologique, excepté lorsqu’il

est le médecin traitant exclusif.

Il apparaît que la prise en charge diffère selon le médecin : le confrère extérieur est plus

rigoureux dans l'examen clinique et la tenue du carnet de santé, tandis que le parent est, lui, plus

disponible, avec des suivis très majoritairement effectués au domicile, même lorsque le parent

a un cabinet médical à proximité.

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Cette absence de cadre participe à la confusion des rôles, certains enfants ne voyant pas leur

parent médecin comme un vrai docteur, lorsqu'il les soigne. Le manque de crédibilité du parent

est l'un des motifs amenant les enfants à préférer l'intervention d'un tiers.

En outre, un nombre non négligeable de participants reprochent à leur parent leur attitude

minimaliste et attentiste face à leurs plaintes, comparativement aux autres enfants et adolescents

de leur âge. Les avis sont partagés concernant le respect du secret médical, certains considérant

qu'il est maintenu comme pour n'importe quel autre patient, et d'autres redoutant un manque de

confidentialité liée à la proximité familiale.

Les enfants tirent malgré tout avantage de leur statut, avec une prise en charge plus rapide, sans

contrainte d'horaires ou de déplacements, dans un climat de confiance et de réassurance.

Plusieurs apparaissent fiers d'avoir un parent médecin.

Finalement, les enfants sont très satisfaits de leur prise en charge médicale actuelle avec une

note moyenne de 8,8/10, en adéquation avec les évaluations qu'en font leurs parents. Une

majorité d'enfants souhaiterait ainsi conserver son parent comme médecin référent à l'âge

adulte. Ceux qui pensent se tourner vers un autre médecin traitant, principalement pour des

contraintes géographiques, garderont leurs parents en premier recours pour des avis

consultatifs.

On peut cependant s'interroger sur la sincérité de leurs réponses, les enfants pouvant craindre

d'émettre un avis négatif sur leurs parents auprès d'une enquêtrice elle-même mère et médecin.

Certains participants n'ont toutefois pas hésité à critiquer l'organisation actuelle de leurs soins,

souvent jugés minimalistes, voire peu crédibles, ou à l'inverse à regretter ouvertement une

implication seulement partielle de leur parent. Dans tous les cas, la plupart ont semblé ravis de

pouvoir exprimer leur opinion.

C'est justement ce qui ressort de cette recherche. Son protagoniste, l'enfant de médecin, veut

être entendu et pris en considération. Ainsi, indépendamment de l'implication de leurs parents

dans leur prise en charge actuelle, dont ils sont finalement tous globalement satisfaits, nous

remarquons que le choix de l’organisation de leurs soins est d'autant plus apprécié qu’il leur a

été expliqué par leurs parents.

En somme, notre étude ne permet pas, à l'instar de celle de J. PELTZ AIM, de définir une

conduite à tenir, un « guide », chaque expérience étant « particulière » (20).

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Nous n'avons pas non plus la prétention de juger telle ou telle prise en charge, car, comme le

conclut O. HURÉ dans sa thèse, « il n'y a pas de mauvaises façons de faire » (12).

Toutefois, à l'analyse des différents témoignages des enfants de médecins de notre étude, on

peut suggérer au parent soignant exclusivement son enfant de faire preuve de la plus grande

rigueur quant à son suivi systématique, de se remettre perpétuellement en question et de ne pas

hésiter à proposer à l'enfant un point de vue extérieur, même ponctuel, que ce dernier pourrait

ne pas oser réclamer.

Au parent qui a fait le choix de ne pas s'impliquer dans la prise en charge de son enfant, nous

l'invitons à expliquer à ce dernier les déterminants d’une telle décision, cette situation pouvant

être source de frustration et de jalousie pour l'enfant.

Aux parents traitant conjointement leur enfant avec un tiers, par choix initial ou par facilité

finalement, nous leur recommanderons la plus grande prudence, cette répartition pouvant

paraître pratique et sécurisante, mais pouvant être à l'origine d'une collusion de l'anonymat,

voire d’incompréhension et de perte de crédibilité du parent ou du médecin extérieur aux yeux

de l’enfant.

Enfin, nous ne pouvons que conseiller aux parents médecins qui s'interrogent sur le bien-fondé

de leur démarche de soins actuelle de prendre le temps d'écouter les avis, ressentis, et doléances

de leurs enfants. Les décisions médicales inhérentes à leur santé seront d'autant mieux vécues

et comprises que ces derniers y auront participé.

Que les médecins se rassurent cependant, ces considérations sont à relativiser au vu de la

satisfaction globale des intéressés. En outre, on notera que la majorité des plaintes et écueils

évoqués pourraient être extrapolés aux populations d'enfants de parents non médecins. Ainsi,

le choix arbitraire du médecin par le parent, le manque d'écoute, ou encore le défaut de

considération de ses symptômes sont autant de griefs que l'enfant ou l'adolescent lambda

pourrait reprocher à ses parents ou à son médecin traitant.

Il serait intéressant de vérifier cette hypothèse en menant des entretiens basés sur un guide

superposable au nôtre, auprès d'enfants de la population générale, pour comparer leur ressenti

et leur vécu à ceux mis en évidence dans notre thèse.

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Thèse d’exercice : Médecine : Grenoble : Université Joseph Fourier : 2015GRE15142

63. BLANCHET A, GOTMAN A.

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Vécu des médecins généralistes et des pédiatres du Nord-Pas de Calais en tant que soignant

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157

ANNEXES

ANNEXE 1 : Le Serment d’Hippocrate

Je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans l'exercice de la

Médecine.

Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans discrimination.

J'interviendrai pour les protéger si elles sont vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou

leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les

lois de l'humanité.

J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.

Je ne tromperai jamais leur confiance.

Je donnerai mes soins à l'indigent et je n'exigerai pas un salaire au-dessus de mon travail.

Admis dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés et ma conduite

ne servira pas à corrompre les mœurs.

Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement la vie ni ne

provoquerai délibérément la mort.

Je préserverai l'indépendance nécessaire et je n'entreprendrai rien qui dépasse mes

compétences. Je perfectionnerai mes connaissances pour assurer au mieux ma mission.

Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois couvert

d'opprobre et méprisé si j'y manque.

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158

ANNEXE 2 : Base pédagogique (Dautel et Jeanne)

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159

ANNEXE 3 : Questionnaire préalable

Questionnaire préalable pour les parents

1. Quel âge a votre enfant ?

2. Quelles sont vos professions ?

➢ Vous :

➢ Son autre parent :

3. Qui est le médecin de votre enfant ?

o Vous

o Son autre parent

o Un médecin généraliste

o Un pédiatre

o Plusieurs médecins :

4. Avez-vous d’autres enfants ?

Sont-ils soignés par le même médecin ?

5. Pourquoi ce choix de médecin(s) pour votre enfant ?

6. Pensez-vous que votre enfant soit satisfait de sa prise en charge médicale ?

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160

ANNEXE 4 : Guide d’entretien

A. ENVIRONNEMENT SOCIAL

1. Quel âge as-tu ?

2. Quel travail font tes parents ?

➢ Ton père :

➢ Ta mère :

3. Actuellement qui est ton médecin ? (traitant pour les plus de 16 ans)

➢ Ton père/mère/les deux

➢ Un médecin généraliste

➢ Un pédiatre

➢ Plusieurs médecins

4. As-tu des frères et sœurs ? Ont-ils le même médecin que toi ?

B. PRISE EN CHARGE MÉDICALE

❖ TON MÉDECIN HABITUEL EST TON

PARENT

1. T’a-t-il toujours soigné ? si non sais-tu

pourquoi ce changement ?

2. Si tes deux parents sont médecins :

a. est-ce toujours le même qui te soigne ?

b. pourquoi est-ce l’un plutôt que l’autre ?

➢ Ça dépend du problème de santé ?

➢ Ça dépend de leur disponibilité ?

➢ Ça dépend de ce que tu veux ?

➢ Tes parents décident et tu ne sais pas

pourquoi ?

3. Est-ce toujours ton parent que tu consultes

ou vois-tu d’autres médecins ?

Si oui ? est-ce que :

➢ Ça dépend du problème de santé ?

➢ Ça dépend de leur disponibilité ?

➢ Ça dépend de ce que tu veux ?

➢ Tes parents décident et tu ne sais pas

pourquoi ?

4. Il t’examine à son cabinet ou à la maison ?

5. Ton parent non-médecin est-il avec toi

pendant la consultation ?

6. Ton parent note-t-il la consultation dans

ton carnet de santé ?

7. Ton parent effectue-t-il lui-même les

vaccins/les certificats médicaux ?

❖ TON MÉDECIN HABITUEL EST UN

CONFRÈRE

1. Ton médecin actuel a-t-il toujours été ton

médecin traitant ? si non sais-tu pourquoi

ce changement ?

2. Si tu es soigné par un médecin et ton

parent :

a. lequel vois-tu le plus souvent ?

b. pourquoi est-ce l’un plutôt que l’autre ?

➢ Ça dépend du problème de santé ?

➢ Ça dépend de leur disponibilité ?

➢ Ça dépend de ce que tu veux ?

➢ Tes parents décident et tu ne sais pas

pourquoi ?

3. Le médecin que tu consultes connait-il

bien/travaille-t-il avec ton parent ?

4. Le médecin t’examine-t-il de la même

façon que ton parent ?

5. Est-ce ton parent non médecin ou ton

parent médecin qui t’accompagne ?

6. Ton parent suit-il l’avis/la prescription

de ton médecin ?

7. Est-il arrivé que ton parent effectue lui-

même tes vaccins ou tes certificats

médicaux ?

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161

C. RESSENTI DE L’ENFANT

1. A. Quels sont les avantages :

➢ De consulter ton parent ?

➢ De consulter ton médecin traitant ?

B. Quels sont les inconvénients :

➢ De consulter ton parent ?

➢ De consulter ton médecin traitant ?

2. Trouves-tu :

➢ Que tu as un bon suivi médical ?

➢ Que ton médecin t’examine correctement ?

➢ Que ton médecin t’accorde assez de temps ?

➢ Que ton médecin t’écoute suffisamment ?

➢ Que ton médecin prend tes plaintes/maladies/bobos au sérieux ?

3. Comment te sens-tu pendant la consultation ?

➢ Oses-tu tout demander/dire ?

➢ (pour les plus grands) Penses-tu que ton médecin respecte le secret médical ?

➢ Es-tu gêné par l’examen clinique ?

➢ As-tu peur de ce que va penser ton parent médecin ?

4. Considères-tu que ton parent comme un « vrai » docteur ?

5. Trouves-tu que tu es soigné comme les autres patients ?

6. Est-ce toi qui as choisi ton médecin ?

➢ Si oui : pourquoi choisir/ne pas choisir ton parent ?

➢ Si non pourquoi ? aurais-tu voulu choisir toi-même ?

7. Au final, es-tu content qu’il soit ton médecin ? préfèrerais-tu que ce soit quelqu’un d’autre ? Pourquoi ?

8. Quelle note de 0 à 10 (échelle numérique ou échelle visuelle verticale) mettrais-tu à ta prise en charge

médicale ?

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ANNEXE 5 : Entretien test codé

Quel âge as-tu Mathieu ?

5 ans.

Quel travail font tes parents ?

Euh… informaticien et docteur.

D’accord, qui est ton médecin ?

Ma maman.

C’est ta maman ? Est-ce que tu as un autre médecin que ta

maman ?

Oui.

C’est qui l’autre médecin ?

Je me rappelle plus comment il s’appelle.

C’est une femme ou un homme ?

Une femme.

D’accord.

Qui est-ce qui te soigne le plus souvent ? Ta maman ou la

femme médecin ?

Heu… ma maman.

C’est ta maman qui te soigne le plus souvent.

Bah oui !

D’accord

Est-ce que tu as des frères et sœurs, Mathieu ?

Une petite sœur, et… j’ai pas de frères.

D’accord, et est-ce que ta petite sœur elle a le même médecin

que toi ?

Oui.

C’est aussi ta maman qui la soigne ?

Oui.

Et est-ce que la dame docteur elle la soigne aussi ?

Oui.

D’accord.

Tous les deux, moi, Émilie et moi.

Profession du parent

Médecin référent

Soins aux proches

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163

Est-ce que c’est toujours ta maman qui t’a soignée ou est-ce

que, au début c’était quelqu’un d’autre ?

Au début c’était quelqu’un d’autre, et maintenant c’est la dame

qui soigne et ma maman, maintenant c’est les deux qui me

soignent.

D’accord.

Est-ce que tu sais pourquoi tu vois ta maman plutôt que l’autre

docteur ?

Non.

Est-ce que tu sais, si ça dépend de ta maladie ? Est-ce qu’il y a

des maladies où tu vas plutôt voir l’autre docteur et des

maladies pour lesquelles tu vas voir ta maman ?

Non… (distrait).

Ça dépend pas de la maladie ?

Heu… si ça dépend.

D’accord, est-ce que tu as des exemples : est-ce que tu saurais

me dire quand est-ce que tu vas chez le docteur et quand est-ce

que c’est maman qui te voit ?

Heu… je sais pas, j’ai… j’ai été trois fois chez… le docteur

femme qui me soigne.

Et tu te souviens pourquoi tu avais été chez la femme qui te

soigne ?

(hausse les épaules)

Tu ne te souviens plus de ce que tu avais comme maladie ou

comme bobo ?

Non… Pour voir si j’ai grandi je crois.

D’accord. Et ta maman, qu’est-ce qu’elle soigne comme bobo

ou comme maladie ?

Je m’en rappelle plus.

D’accord.

Est-ce que tu sais si ça dépend de la disponibilité, par exemple,

est-ce que tu vas voir ta maman quand l’autre médecin n’est pas

là ou parce que c’est le week-end ?

Je sais pas.

Tu sais pas non plus.

Est-ce que c’est toi qui choisis qui tu vas voir ?

Non.

Non, c’est pas toi qui choisis ? D’accord.

Ta maman est-ce qu’elle t’examine dans un cabinet médical

comme la dame docteur, ou est-ce qu’elle t’examine à la

maison ?

À la maison.

D’accord, et elle t’examine dans quelle pièce à la maison ?

Dans le salon… heu sur le canapé en fait.

Choix du médecin

Attitude

Choix du médecin

Examen systématique

Choix du médecin

Lieu d’examen

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164

Est-ce qu’elle t’examine pareil que l’autre médecin ?

Non.

Qu’est-ce qu’il y a de différent ?

Je sais pas.

Est-ce que ton papa est avec toi lorsque ta maman t’examine ?

… Des fois.

Des fois et des fois pas ?

Non.

Est-ce que tu sais si ta maman elle note ce que tu as comme

maladie dans ton carnet de santé, tu sais le petit livre qui parle de

tes maladies ?

Oui.

Elle le note dedans ?

Des fois.

Est-ce c’est ta maman qui fait tes vaccins, des piqûres des choses

comme ça ?

Non.

Qui est-ce qui te fait des piqûres ?

Personne me fait des piqûres.

D’accord.

Est-ce que tu sais si ta maman connaît bien l’autre dame docteur

chez qui tu vas ?

Oui.

Elles travaillent ensemble ?

Non.

Non ? D’accord.

Quand tu vas chez l’autre dame médecin, qui est-ce qui vient

avec toi ? Est-ce que c’est ta maman, est-ce que c’est ton papa

ou est-ce que ça dépend ?

Ça dépend.

Les deux t’ont déjà emmené ?

(hausse les épaules).

Et quand la dame docteur elle fait une ordonnance, elle donne

des médicaments parce que tu es malade, est-ce que ta maman

elle donne bien les médicaments comme la dame a dit ou est-ce

qu’elle fait autre chose ?

La dame me donne pas de médicament, mais ma maman oui.

Examen clinique

Consultation chez le

médecin

Carnet de santé

Prise en charge des

vaccins

Choix du médecin

Consultation chez le

médecin

Représentation des soins

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165

C’est ta maman qui les donne les médicaments ?

Que ma maman, seulement maman.

D’accord.

Personne d’autre.

D’accord, est-ce que tu trouves que tu es bien soigné ?

Oui.

Est-ce que tu trouves que ta maman elle t’examine bien ?

Bah oui.

Et l’autre docteur est-ce qu’il t’examine bien ?

Oui.

Tu préfères que ce soit qui qui t’examine ?

Les deux.

Les deux, d’accord.

Est-ce que tu trouves qu’ils passent assez de temps à

t’examiner ? Pour regarder tes bobos, regarder tes maladies ?

Maman oui.

Est-ce que tu trouves que ta maman elle écoute bien ce que tu

veux dire, par exemple, quand tu es malade ou que tu as mal

quelque part, est-ce que tu trouves que ta maman elle prend le

temps de t’écouter et qu’elle croit ce que tu dis ?

Oui.

Oui, et l’autre docteur ?

Euh oui.

Elle prend le temps d’écouter ce que tu as à dire aussi ?

Heu… Je dis rien.

Tu ne parles pas avec l’autre docteur ? Tu lui dis pas où tu as

mal ?

Non non…

Qui est-ce qui dit où tu as mal ?

L’autre docteur qui demande… ou maman.

D’accord.

Et est-ce que pendant la consultation, pendant qu’on t’examine,

tu oses parler avec ta maman, pour lui dire des choses, si tu as

mal ici, mal par-là ?

Oui.

Et avec l’autre docteur est-ce que tu oses parler ?

Oui.

Représentation des soins

Qualité des soins

Choix du médecin

Qualité des soins

Consultation chez le

médecin

Qualité des soins

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Est-ce que ça te gêne quand ta maman t’examine ?

Non.

Et est-ce que quand l’autre docteur elle t’examine, est-ce que ça

te gêne ?

Non. Ça me gêne pas quand on m’examine, toujours.

Et est-ce que tu as peur quand on t’examine ?

Non.

D’accord, est-ce que tu penses que ta maman est un vrai

docteur ?

(Hésite)… oui.

C’est le même docteur que l’autre, elle fait le même métier ?

Heu je m’en rappelle plus… je sais pas jveux dire (gêné).

Quand ta maman t’examine, tu trouves qu’elle ressemble plus à

une maman ou à un docteur ?

C’est plus ma maman.

D’accord.

C’est pas toi qui as choisi ton médecin en fait ?

Non, c’est ma maman. Quand c’est plus grave je vais chez

l’autre médecin et quand c’est moins grave je vais chez ma

maman.

D’accord, donc ta maman s’occupe de ce qui est moins grave,

et l’autre de ce qui est plus grave c’est ça ?

Oui.

D’accord, est-ce que tu sais pourquoi ?

Non.

D’accord.

Est-ce que toi tu aimerais choisir chez qui tu vas ? Ta maman

ou l’autre docteur, tu aimerais que ce soit toi qui choisisses ?

Oui.

Oui, et si tu devais choisir, tu choisirais qui ?

Euh… l’autre docteur.

Tu préférerais que ce soit toujours l’autre docteur plutôt que ta

maman ?

Souvent l’autre docteur, encore.

Pourquoi ?

Puisque là-bas, il y a un circuit de voitures de course !

D’accord, tu aimes bien aller là-bas parce qu’il y a le circuit de

voiture de course c’est ça ?

Et qu’elle m’examine mieux.

Alors pourquoi elle t’examine mieux ?

Qualité des soins

Attitude

Vrai docteur

Choix du médecin

Examen clinique

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167

Et aussi je vais là-bas, puisque quand elle… quand elle prend le

stéthoscope pour regarder le cœur ça fait des guilis (rires)

Et avec ta maman ça fait pas de guilis ?

Si. Et après elle fait tout de suite des guilis maman, alors que

chez le docteur il me fait pas des guilis mais quand même j’aime

bien.

D’accord.

Et est-ce que ça t’embête d’attendre dans la salle d’attente ?

Non.

Non ?

Toute façon j’attends jamais là-bas.

D’accord.

Toute façon il n’y a pas de salle d’attente.

Ah bon ?

Ah si y en a ! Et ça te dérange pas d’attendre dans la salle d’attente ?

Non.

D’accord.

Si tu devais mettre une note à la façon dont tu es soigné...

... Ça veut dire quoi une note ?

Alors, bein pour savoir si tu as de bons docteurs ou pas, si tu

aimes bien être soigné comme tu l’es maintenant. Tu mettrais

combien ? 0 ça veut dire que elles te soignent pas bien du tout,

1 elles te soignent un petit peu bien, voilà, on monte on monte,

5 ça veut dire qu’elles te soignent plutôt bien, et 10 c’est

qu’elles te soignent très très très très bien, donc tu peux choisir

entre 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10.

Ma mère ou l’autre médecin ?

Alors ta maman comment elle te soigne ?

Heu… elle me soigne heu…. 9.

Donc ça veut dire qu’elle te soigne plutôt très bien c’est ça ?

Acquiesce.

D’accord. Et l’autre docteur te soigne comment ?

10 ! 10 c’est très très bien : elle te soigne très très bien ?

Oui.

Donc tu préfères aller chez l’autre docteur pour être soigné ?

Oui.

D’accord.

Examen clinique

Représentation des soins

Consultation chez le

médecin

Inconvénients

Évaluation des soins

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168

Et pourquoi tu trouves qu’elle te soigne mieux l’autre docteur ?

Parce que… en fait euh… Elle regarde plus longtemps dans mes

oreilles, plus longtemps elle m’examine.

Tu trouves qu’elle t’examine mieux ?

(Hoche la tête). Puisqu’elle prend du temps elle m’examine

mieux.

D’accord très bien Mathieu.

Est-ce que tu aimerais bien que ta maman, la prochaine fois, te

demande où tu veux aller ?

Oui.

Tu aimerais bien que ce soit toi qui choisisses ton docteur ?

Ouais.

D’accord et donc tu voudrais que ce soit la dame docteur qui te

soigne le plus souvent ? C’est ça ?

Oui.

Pour toi c’est quoi l’avantage d’avoir une maman docteur ?

C’est quoi un avantage ?

Qu’est-ce que tu trouves bien dans le fait d’avoir une maman

docteur ?

Bah ma maman des fois, quand je me fais mal, et que maman

elle est à la maison, bah… je peux me faire soigner plus vite et

rejouer un peu plus vite.

Et est-ce qu’il y a des inconvénients, c’est-à-dire des choses qui

ne sont pas bien dans le fait d’avoir une maman docteur ?

Non ! Ils sont tous très bien ! Et est-ce qu’il y a des avantages, des choses qui sont bien, dans

le fait d’avoir un autre docteur ?

Euh oui… parce qu’en fait il y a des jeux là-bas.

Et il y a des choses que tu n’aimes pas quand tu vas voir un autre

docteur ?

Oui yen a. Ça arrive pas souvent, mais des fois yen a. Quand je

suis sur… sur l’espèce de lit, quand maman est en train de parler

avec le docteur ça prend un peu de temps et je reste sur le lit un

peu longtemps et moi j’aime pas trop.

Est-ce qu’il y a autre chose ?

Non.

D’accord Mathieu, on a fini.

Est-ce que tu voulais me raconter d’autres choses sur la façon

dont tu es soigné ?

Oui, c’est parce que en fait, aussi, ma mère, c’est que, elle va

aussi m’examiner bien, je voulais pas lui mettre 9 en fait, je veux

lui mettre 10 aussi, 10 pareil. Parce que maman c’est la

meilleure ! (rires)

(Rires). D’accord.

Examen clinique

Relance, information

complémentaire

Choix du médecin

Avantages

Inconvénients

Avantages

Inconvénients

Attitude

(fierté)

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169

ANNEXE 6 : Grille d’analyse

1. PROFESSION DES PARENTS

2. MÉDECIN RÉFÉRENT

3. CHOIX DU MÉDECIN

4. EXAMEN CLINIQUE

5. PRISE EN CHARGE DE LA TRAUMATOLOGIE

6. PRISE EN CHARGE DES MALADIES

7. PRISE EN CHARGE DES VACCINS

8. EXAMEN SYSTÉMATIQUE

9. LIEU D’EXAMEN

10. CARNET DE SANTÉ

11. CONSULTATION CHEZ LE MÉDECIN

12. CERTIFICAT DE SPORT

13. VRAI DOCTEUR

14. AVANTAGES

15. INCONVÉNIENTS

16. QUALITÉ DES SOINS

17. ÉVALUATION DES SOINS

18. REPRÉSENTATION DES SOINS

19. ATTITUDE

20. SIMILITUDES DE PRISE EN CHARGE

21. SEXUALITÉ/GYNÉCOLOGIE

22. SECRET MÉDICAL

23. SOINS AUX PROCHES

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ANNEXE 7 : Sollicitation des médecins par email

Cher confrère,

Tout récemment arrivée dans la région, je suis actuellement remplaçante en médecine générale

à Champtoceaux. Je prépare en parallèle ma thèse d’exercice sur la prise en charge médicale

des enfants de médecins, sous la direction du Dr Lionel Capdepon, médecin généraliste à

Colombelles dans le Calvados, et présidée par le Pr Emmanuel Babin, Chef de Pôle de la

chirurgie, chirurgien ORL et cervico-facial du CHU de Caen.

Il apparaît qu’une majorité d’entre nous soigne ses propres enfants, sans que l’on sache si cela

influe ou non sur la qualité de leur prise en charge. Mais plutôt que de vous demander votre

avis sur le sujet, nous avons trouvé plus pertinent de nous intéresser directement à ce que

pouvaient en penser les principaux concernés, à savoir vos propres enfants.

J’ai donc choisi la question de recherche suivante : « Ressenti des enfants de médecins

généralistes et spécialistes concernant leur prise en charge médicale ».

Pour réaliser cette étude qualitative, je souhaiterais m’entretenir avec vos enfants, âgés de 6 à

18 ans, pour recueillir leurs sentiments et leur vécu.

Il s’agirait d’un entretien individuel, réalisé au lieu de votre choix, enregistré, avec vos accords,

sur dictaphone, puis retranscrit et analysé anonymement.

À cet effet, je me permets de vous solliciter pour obtenir votre approbation et exposer mon

projet à votre/vos enfant(s).

Si vous acceptez de m’aider dans cette recherche, je vous serais reconnaissante de remplir le

formulaire de consentement ainsi que le court questionnaire ci-joint (à me renvoyer par mail ou

courrier), me permettant d’inclure votre/vos enfant(s) dans mon étude et d’obtenir quelques

données complémentaires. S’agissant d’enfants mineurs, le formulaire de consentement devra

être rempli par chacun de ses représentants légaux.

Je me tiens disponible si vous souhaitez avoir plus de détails sur mon travail de thèse ou pour

tout renseignement complémentaire. Je pourrai enfin, si vous le désirez, mettre à votre

disposition les résultats de mon étude, une fois celle-ci achevée.

Je vous remercie par avance du temps accordé à ma requête et de l’aide que vous pourrez

m’apporter.

Bien cordialement,

Hélène ROUZET BENTH

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ANNEXE 8 : Formulaire de consentement

Formulaire de consentement (un exemplaire par enfant à remplir par chacun de ses représentants légaux)

Présentation du cadre de la recherche :

Cette étude est réalisée dans cadre du projet de thèse d’Hélène ROUZET BENTH, dirigée par le Dr Lionel

Capdepon et présidée par le Pr Emmanuel Babin, pour l’obtention du grade de Docteur en médecine.

Nature de l’étude :

La recherche a pour but d’étudier le ressenti des enfants de médecin concernant leur prise en charge médicale.

Déroulement de la participation :

L’entretien, de type individuel, se déroulera dans un lieu de votre choix. Il aura une durée approximative de 20

minutes et sera enregistré sur dictaphone, avec votre consentement.

Participation volontaire et droit de retrait :

Vous et vos enfants êtes libres de participer à ce projet. Les réponses aux questions ont un caractère facultatif et le

défaut de réponse n’aura aucune conséquence pour le sujet. Vous ou vos enfants pouvez mettre un terme à

l’entretien à tout moment, sans avoir à fournir de raisons et sans aucun préjudice. Si vous décidez de mettre fin à

votre participation, tous les renseignements personnels vous concernant, incluant les enregistrements, seront alors

détruits.

Confidentialité et gestion des données :

Toutes les informations personnelles concernant les participants sont conservées le temps de l’étude de façon

anonyme et confidentielle. Elles seront, ainsi que l’enregistrement audio de l’entretien et sa transcription détruits

au terme de la rédaction de la thèse. Si les données devaient être utilisées pour donner lieu à une publication, elles

seraient anonymisées.

Cette étude a fait l’objet d’une déclaration du traitement de données auprès du Correspondant Informatique et

Liberté de l’Université de Caen.

Information aux participants :

Vous avez la possibilité d’obtenir des informations supplémentaires concernant cette étude auprès de

l’investigatrice. Les résultats de la recherche seront disponibles fin 2017.

Engagement de l’investigatrice :

L’investigatrice s’engage à préserver absolument la confidentialité et le secret professionnel pour toutes les

informations concernant les participants.

Signatures et consentements spécifiques

Je soussigné(e) ______________________________________________, représentant(e) légal(e), de l’enfant

_________________________________, né(e) le __________________, consens librement à participer à la

recherche intitulée « Ressenti des enfants de médecin concernant leur prise en charge médicale ». J’accepte de

plus la participation de mon enfant à un entretien individuel et à son enregistrement dans le cadre de cette même

étude. J’ai pris connaissance du formulaire et j’ai compris le but et la nature de cette recherche.

Date : ___________________

Signature du participant, de la participante Signature de l’investigatrice

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ANNEXE 9 : Fiche de traitement

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ANNEXE 10 : Table des matières

INTRODUCTION

1. Propos introductifs

2. État des lieux des encadrements législatifs et éthiques

2.1. Encadrement législatif du soin aux proches

2.1.1. Encadrement législatif en France

2.1.2. Encadrement législatif à l’étranger

2.2. Encadrement éthique du soin aux proches

2.2.1. Encadrement éthique en France

2.2.2. Encadrement éthique à l’étranger

2.3. Encadrement législatif et éthique de la prise en charge des mineurs

2.3.1. L’autorité parentale

2.3.2. Prise en compte de l’intérêt de l’enfant

2.3.3. Prise en compte de l’avis de l’enfant

2.3.4. Confidentialité et secret professionnel

2.4. Synthèse des recommandations législatives et éthiques

3. État des lieux des vécus et pratiques à travers la littérature

3.1. Études relatives au ressenti du médecin soignant ses proches

3.2. Études relatives au ressenti de l’entourage soigné par son proche médecin

3.3. Études relatives au ressenti des confrères soignant les proches de médecin

3.4. Études relatives aux modalités de prise en charge de l’enfant de médecin

3.5. Études relatives aux enfants face à leurs soins

3.5.1. État des lieux des jeunes face à leur santé

3.5.2. Les différents types de relations enfant-médecin

3.5.3. Représentations de la consultation chez le médecin par l’enfant

3.6. Synthèse de ces études

3.6.1. Cadre des soins

3.6.2. Motivations du médecin

3.6.3. Motivations du proche

3.6.4. Avantages et inconvénients de soigner son proche

3.6.5. Avantages et inconvénients d’être soigné par son proche médecin

4. État des lieux des recommandations dans la littérature

4.1. Arguments avancés dans la littérature en faveur ou en défaveur de la prise en charge de

ses proches

4.2. Propositions apportées par la littérature

5. Objectifs de l’étude

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MATÉRIELS ET MÉTHODES

1. Choix du type d’étude

1.1. Choix d’une étude qualitative

1.2. Choix d’une enquête par entretiens

1.3. Choix du mode d’entretien

1.3.1. Le focus groupe

1.3.2. L’entretien individuel

1.4. Ajout d’un questionnaire préalable pour les parents

2. Population étudiée

2.1. Définition de la population

2.2. Mode de sélection des sujets

2.2.1. Choix des limites d’âge

2.2.2. Choix des médecins concernés

2.2.3Choix du lieu de recrutement

2.2.3. Critères d’inclusion et d’exclusion retenus

2.2.4. Principe de variation maximale

2.3. Nombre de sujets à inclure

2.4. Recrutement des sujets

3. Grille d’entretien

3.1. Principes d’élaboration du guide d’entretien

3.2. Difficultés rencontrées lors de l’élaboration du guide

3.3. Expérimentation du canevas d’entretien

3.4. Modifications ultérieures du guide

4. Recueil des données

4.1. Technique de recueil des données

4.2. Modalités de recueil des données

4.2.1. Réalisation des entretiens

4.2.3. Enregistrement des entretiens

4.3. Autorisation de traiter le sujet et protection des données

5. Traitement des données

5.1. Retranscriptions des données

5.2. Codage des données

5.3. Analyse des données

RÉSULTATS ET ANALYSE

1. Recrutement des participants

1.1 Recrutement par contact direct

1.2. Recrutement par email

2. Description de la population étudiée

2.1. Âge et sexe des enfants de médecin

2.2. Profession des parents

2.2.1. Profil des parents participants à l’étude

2.2.2. Profil professionnel des parents médecins

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2.2.3. Perception de la profession du parent par l’enfant de médecin

2.3. Localisation de la population étudiée

2.3.1. Lieu de résidence des familles

2.3.2. Lieu de travail des parents

2.4. Médecins référents de l’enfant de médecin

2.4.1. Médecins actuels de l’enfant

2.4.2. Répartition de la prise en charge entre le parent médecin et le médecin extérieur

2.4.3. Impact de la spécialité du parent sur la prise en charge de l’enfant

2.4.4. Impact du lieu d’exercice du parent sur la prise en charge de l’enfant

2.4.5. Impact du sexe du parent médecin sur la prise en charge de l’enfant

2.4.6. Évolution du choix du médecin avec l’âge de l’enfant

2.4.7. Médecin traitant déclaré

2.5. Médecins référents de la fratrie

3. Description des entretiens réalisés

3.1. Nombre d’entretiens

3.2. Déroulement des entretiens

3.3. Durée des entretiens

3.4. Attitudes durant les entretiens

4. Résultats d’enquête

4.1. Déterminants du choix du médecin

4.1.1. Qui choisit le soignant ?

4.1.2. Selon quels critères de choix d’après les enfants ?

4.1.4. Quels sont les déterminants évoqués par les parents ?

4.1.5. Quelle influence a le parent médecin sur le choix du soignant ?

4.1.6. Quelles sont les préférences de l’enfant ?

4.1.7. Quel médecin choisira l’enfant à l’âge adulte ?

4.2. Choix du médecin selon le motif de consultation

4.2.1. Prise en charge de la traumatologie

4.2.2. Prise en charge des maladies

4.2.3. Prise en charge des vaccins

4.2.5. Prise en charge de la gynécologie/urologie

4.2.6. Quid de la sexualité

4.2.7. Examen systématique de l’enfant

4.2.8. Rédaction des certificats médicaux

4.3. Cadre de consultation

4.3.1. Lieu d’examen par le parent médecin

4.3.2. Parent accompagnant lors d’une consultation médicale

4.3.3. Comparaison de l’examen clinique

4.3.4. Tenue du carnet de santé

4.4. Particularités de la prise en charge médicale

4.4.1. Perception du parent médecin

4.4.2. Impact du statut d’enfant de médecin sur la prise en charge médicale

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4.4.3. Respect des prescriptions

4.4.4. Respect du secret médical

4.5. Avantages et inconvénients liés aux soignants

4.5.1. Avantages liés au parent médecin

4.5.2. Avantages liés au médecin extérieur

4.5.3. Inconvénients liés au parent médecin

4.5.4. Inconvénients liés au médecin extérieur

4.6. Évaluation de la prise en charge médicale

4.6.1. Qualité du suivi médical

4.6.2. Qualité de l’examen clinique

4.6.3. Temps accordé

4.6.4. Qualité d’écoute

4.6.5. Prise au sérieux des plaintes fonctionnelles

4.6.6. Liberté de parole

4.6.7. Peur du médecin

4.6.8. Gêne ressentie

4.6.9. Notes attribuées à la prise en charge médicale actuelle

4.6.10. Souhaits des participants

DISCUSSION

1. Analyse critique du choix du sujet

2. Analyse critique de la méthode

2.1. Choix de la méthode

2.1.1. Forces de la méthode

2.1.2. Limites de la méthode

2.2. Choix de la population

2.3. Recrutement

2.3.1. Mode de recrutement

2.3.2. Lieu de recrutement

2.4. Recueil des entretiens

2.4.1. Recueil des entretiens

2.4.2. Variation de durée des entretiens

2.5. Analyse des données

3. Analyse critique des résultats de l’étude, confrontés aux données de la littérature

3.1. Qui sont les médecins de nos enfants ?

3.1.1. Le médecin référent est majoritairement le parent...

3.1.2. Tous les parents médecins peuvent être amenés à soigner leurs enfants, qu’ils soient

généralistes ou spécialistes

3.1.3. Le sexe du parent médecin impacte peu sur la prise en charge de l’enfant

3.1.4. Plus l’enfant grandit et plus son parent s’implique dans sa prise en charge

3.1.5. Le médecin extérieur est le plus souvent un médecin généraliste ou un pédiatre, sans

lien systématique avec le parent médecin

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3.1.6. Le choix du médecin consulté est majoritairement effectué par le parent, en fonction

de la pathologie, de la disponibilité et des compétences du médecin

3.1.7. Les déterminants de choix de médecin évoqués par les parents diffèrent de ceux des

enfants

3.1.8. Les motifs de consultations influent sur le choix du médecin, avec des prises en

charge différentes selon qu’il est le parent ou un tiers

3.2. Quel est l’impact du statut d’enfant de médecin sur sa prise en charge médicale ?

3.2.1. Le cadre de consultation est différent, avec des examens majoritairement plus

sommaires, effectués au domicile

3.2.2. Si certains perçoivent leur parent comme un véritable médecin, il existe souvent une

confusion des rôles pour les autres

3.2.3. Les enfants de médecins sont soignés sans distinction par leur médecin extérieur,

mais souvent a minima par leur parent, comparativement à leurs pairs

3.2.4. Pour les enfants de médecin, leur parent n’interfère pas dans la prise en charge du

médecin tiers consulté

3.2.5. La situation particulière des enfants de médecin rend difficile le respect du secret

médical

3.3. Comment les enfants de médecins jugent-ils leur prise en charge médicale globale ?

3.3.1. Les avantages et inconvénients relayés par les enfants de médecins à avoir un parent

comme médecin recoupent ceux cités dans la littérature traitant des soins aux

proches.

3.3.2. Les enfants de médecins sont globalement très satisfaits de leur prise en charge

médicale.

3.3.3. L’estimation faite par les parents médecins de la satisfaction de leurs enfants est en

adéquation avec le ressenti de ces derniers

3.3.4. Si la grande majorité des enfants ne souhaitent pas changer leur prise en charge

actuelle, la littérature est beaucoup plus divisée concernant l’implication du parent

médecin

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

ANNEXES

ANNEXE 1 : Le Serment d’Hippocrate

ANNEXE 2 : Base pédagogique (Dautel et Jeanne)

ANNEXE 3 : Questionnaire préalable

ANNEXE 4 : Guide d’entretien

ANNEXE 5 : Entretien test codé

ANNEXE 6 : Grille d’analyse

ANNEXE 7 : Sollicitation des médecins par email

ANNEXE 8 : Formulaire de consentement

ANNEXE 9 : Fiche de traitement

ANNEXE 10 : Table des matières

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« Par délibération de son Conseil en date du 10 novembre 1972, l’Université

n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises

dans les thèses ou mémoires. Ces opinions doivent être considérées comme

propres à leurs auteurs ».

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181

VU, le Président de Thèse

VU, le Doyen de la Faculté

VU et permis d’imprimer

en référence à la délibération

du Conseil d’Université

en date du 14 décembre 1973

Pour le Président

de l’Université de CAEN et P.O

Le Doyen

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TITRE DE LA THÈSE :

RESSENTI DES ENFANTS DE MÉDECIN CONCERNANT LEUR PRISE EN CHARGE

MÉDICALE : étude qualitative par entretiens semi-dirigés menés auprès d’enfants âgés de 6 à

18 ans de médecins généralistes et spécialistes.

RÉSUMÉ :

INTRODUCTION : Si la littérature déconseille de soigner ses proches, la majorité des

médecins assurent pourtant le suivi de leurs propres enfants. L’impact de ce choix sur la qualité

de leur couverture médicale, mais surtout l’avis des intéressés n’ont que très peu été étudiés.

Objectif : comment les enfants de médecins jugent-ils leur prise en charge médicale ?

MÉTHODE : Étude qualitative par entretiens individuels semi-dirigés auprès d’enfants de 6 à

18 ans de médecins généralistes et spécialistes, enregistrés, anonymisés puis retranscrits

intégralement pour être analysés après codage ouvert manuel.

RÉSULTATS : Les 31 enfants interrogés sont principalement traités par leur parent,

généraliste ou spécialiste, homme ou femme, pour les pathologies bénignes, les vaccinations et

la délivrance de certificats médicaux. Les médecins extérieurs, choisis par le parent, assurent

les examens systématiques et gèrent les affections graves. Les enfants garderaient

majoritairement leur prise en charge médicale actuelle, quelle qu’elle soit.

DISCUSSION : Le suivi médical de l’enfant de médecin est particulier, avec la praticité de

consultations rapides au domicile et un sentiment de confiance et de fierté accrues envers le

parent médecin, mais parfois un manque de crédibilité, liés à la confusion des rôles. L’enfant

peut regretter des soins jugés minimalistes ou attentistes.

CONCLUSION : À défaut de définir une prise en charge idéale, chaque participant étant

satisfait de l’attitude de son parent, on ne peut que conseiller à ce dernier de donner la parole à

son enfant, pour ajuster et optimiser ses décisions médicales, celles-ci étant d’autant mieux

vécues que les enfants y participent.

MOTS CLÉS :

Enfants de médecins--Soins médicaux

Enfants de médecins--Psychologie

Relations médecin-patient

Parents et enfants