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ÉCHEC APRÈS VINGT DEMI-FINALES D’AFFILÉE, LE STADE TOULOUSAIN NESERA PAS DANS LE DERNIER CARRÉ DU CHAMPIONNAT CETTE SAISON.DÉCADENCE SANS TITRE CES DEUX DERNIÈRES SAISONS ET SÈCHEMENTÉLIMINÉ EN QUART DE FINALE DE H CUP AU MUNSTER, LE CLUB LE PLUSTITRÉ DE L’HEXAGONE NE FAIT PLUS PEUR. RESTRUCTURATION DESCHANGEMENTS SONT ATTENDUS AU SEIN DU CLUB, PEUT-ÊTRE MÊMEDANS LE STAFF. FINANCES LE STADE VA PRÉSENTER UN LÉGER DÉFICITPOUR LA DEUXIÈME ANNÉE CONSÉCUTIVE. ET FACE AUX NOUVELLESARMADAS, SON MODÈLE ÉCONOMIQUE EST AUJOURD’HUI CONTESTÉ.
TOULOUSE : DÉCLIN OUACCIDENT ?Le président RenéBouscatel et le manager GuyNovès analysent la situationPar Jérémy FADAT et Nicolas ZANARDI
L’ÉLIMINATIONPOUR LA PREMIÈRE FOIS DEPUIS 1993,TOULOUSE NE SERA PAS EN DEMI-FINALEDU CHAMPIONNAT. LE MANAGER GUYNOVÈS ASSUME : « CE N’EST PAS UNDRAME. C’EST LE FAIT D’AVOIR ÉTÉQUALIFIÉ PENDANT VINGT ANS QUI ESTEXTRAORDINAIRE, PAS D’ÊTRE ÉLIMINÉUNE FOIS EN QUARTS. SI ON VEUTDRAMATISER, ON PEUT LE FAIRE. POURMA PART, JE M’Y REFUSE. » LE PRÉSIDENT RENÉ BOUSCATEL ÉLUDEAUSSI L’ÉCHEC : « CETTE SAISON, NOUS AVONS JOUÉ UN QUART DE
COUPE D’EUROPE, CE QUI EST REMARQUABLE ET MIEUX QUE LA SAISONDERNIÈRE. ET UN BARRAGE EN CHAMPIONNAT. POUR CETTE 21E SAISON,NOUS NE JOUERONS PAS DE DEMIE. EST-CE UN ÉCHEC SPORTIF ? J’AITENDANCE À DIRE QUE NON. »LES CAUSESNul besoin de s’étendre sur le match perdu vendredi contre le Racing-Metro. Pour Bouscatel, il « a
été à l’image de notre saison, avec des hauts et des bas ». Et les boss de pointer l’incongruité du
calendrier pour expliquer un exercice décevant. « Au départ, l’effectif paraît cohérent sur le papier,
souligne Novès. Mais si l’on gratte, on s’aperçoit qu’une partie n’est pas là en début de l’année
parce qu’elle joue les Four-Nations, que l’autre partie n’est disponible qu’à mi-temps entre les
stages de l’équipe de France, les doublons, les faux doublons, les vacances… On a l’impression de
disposer d’un patrimoine auquel on ne peut pas toucher, hormis en tout début ou en fin de saison.
Jamais au milieu, là où une équipe doit en théorie monter en puissance, prendre des repères
collectifs… » Bouscatel va plus loin : « Nous sommes les principaux concernés mais pas les seuls
car j’ai vu la défaite de Clermont sur son terrain, avec qui nous avons de nombreuses similitudes, et
qui, comme nous, a vécu des désillusions en Coupe d’Europe. Les mêmes causes produisent les
mêmes effets. On a joué douze matchs sans nos internationaux. On est toujours là, par la qualité
de notre groupe et du travail fourni dans le club mais il y a un moment où ça finit par casser. C’est
le cas. La Fédération et la Ligue nous saignent consciencieusement et méthodiquement, un peu
plus tous les ans. Même les règles financières sont édictées contre les clubs qui fournissent des
internationaux. On ne veut pas, et je pèse mes mots, régler ce problème et trouver des solutions
qui remettraient de l’équité dans le championnat. Il y a un déni de volonté. »
LA REMISE EN QUESTIONL’élimination dès le stade des barrages met forcément le Stade toulousain face à une nouvelle
réalité. Il ne domine plus le rugby français. Bouscatel reconnaît : « Elle va nous faire réfléchir et
nous en parlerons au plus vite avec Guy Novès, comme tous les ans. Il y a aussi des
responsabilités en interne mais on travaille toujours sur la corde raide. Je souhaite que l’on dresse
un bilan avec le manager sportif et on verra ce qu’il convient de faire pour essayer de s’adapter à
ces contraintes encore plus difficiles l’an prochain puisque la Ligue et la Fédération ont pondu la
limitation de matchs à trente pour trente internationaux. S’ils jouent la H Cup en priorité, les onze
rencontres internationales et un seul match de préparation en début de saison, ils ne pourront
disputer que douze des vingt-six rencontres qualificatives du Top 14. Je souhaite bien du bonheur
aux entraîneurs concernés, et malheureusement les nôtres, pour manager. Jusqu’à présent, les
meilleurs étaient sur la feuille. Maintenant, il faudra compter le nombre de matchs, puis le nombre
de Jiff. Et je ne parle pas des décisions financières puisque des bonus et malus seront donnés en
fonction du nombre de Jiff sur les feuilles de match. Nous allons donc jouer plus de la moitié du
championnat sans les meilleurs joueurs français et nous serons pénalisés à la fois sportivement et
financièrement. C’est un vrai casse-tête. » Aujourd’hui, une chose semble claire : alors que le
renouvellement des générations a longtemps été une force toulousaine, les Servat, Poux,
Bouilhou, Ellisalde, Kelleher ou Jauzion n’ont pas été complètement remplacés. Novès : « Parce
que les époques ont changé. On ne peut pas comparer ce qui s’est fait dans les années 90 et ce
qui se fait maintenant. Entretemps, d’autres clubs se sont renforcés autour de présidents
milliardaires qui, à défaut d’avoir les meilleurs Français, sont allés chercher des joueurs de niveau
mondial pour bâtir des équipes compétitives. Et ils ont eu raison, parce que dans le système tel
qu’il existe, c’est ce qu’il fallait faire. » D’où la volonté de poursuivre le processus enclenché l’an
passé et de se tourner vers des joueurs non sélectionnables en équipe de France. Novès affirme :
« Le Stade toulousain n’est pas devenu c... Tout ce qui y est fait aujourd’hui ne peut qu’aller dans
ce sens. Notre boulot, c’est de regarder ce que l’on peut faire pour nous améliorer. Je pense que
notre recrutement peut nous apporter certaines solutions. Celui-ci n’est pas terminé. »
LE STAFF SPORTIFAucun titre en deux saisons. Il n’en faut pas plus pour mettre le staff sur la sellette. Le président
Bouscatel tient néanmoins à renouveler sa confiance à Guy Novès : « Je n’ai même pas à la
renouveler. C’est une suite logique. Nous avons vécu ensemble vingt demi-finales, onze finales et
neuf titres sur vingt années. Ce n’est pas parce que la 21e s’arrête en barrage que… C’est la vie
du sport. La défaite est inscrite dedans. On a perdu mais on n’est pas en difficulté. Il faut juste
trouver ensemble les solutions. » Reste-t-il l’homme de la situation ? « Je connais les qualités de
Guy, qui sont connues et reconnues de tous, et je ne vois pas pourquoi il pourrait y avoir le
moindre doute à cet égard. Vendredi soir, nous nous sommes entretenus longuement après le
match avec les coachs. On a vu ce qui avait marché ou pas sur ce match. » Pour autant, des
changements pourraient intervenir. Novès confirme : « Pour le moment, le club va se donner le
temps de la réflexion. Il faut toujours réfléchir en pensant à ce qui pourrait améliorer notre système,
donc cette réflexion va avoir lieu. Et l’on se donne la possibilité, si cela peut y contribuer, de faire
évoluer le staff. » Bouscatel poursuit : « Dans l’organisation, il y aura du changement et
certainement des réajustements. » Servat et Elissalde sont-ils pour autant en danger ? Surtout que
le nom de Christophe Deylaud circule depuis plusieurs semaines… « Il n’en a jamais été question,
assure Bouscatel. Je ne sais pas d’où cette rumeur a pu naître. J’estime beaucoup Christophe, qui
a été un grand joueur de notre club. Mais ni d’un côté, ni de l’autre, il n’y a eu le moindre
rapprochement. D’ailleurs, notre staff est sous contrat encore la saison prochaine. Le bilan n’est
pas négatif compte tenu des contraintes. » Novès dément aussi une future arrivée de Deylaud : «
Même si je crois que les choses ont été clarifiées et que nos rapports ont été rétablis, la venue de
Christophe n’est pas à l’ordre du jour. »
LES FINANCESL’an passé, le club a fini l’exercice avec un déficit. « On a fait des bénéfices pendant vingt ans et la
saison dernière, il y a eu un événement exceptionnel qui nous a fait avoir un petit déficit, tout à fait
mineur, de même pas 1 % du chiffre d’affaires », se défend Bouscatel. Quel événement ? « Un
événement exceptionnel dont je préfère ne pas parler. Un aléas de la vie d’une entreprise mais un
aléas accidentel et non structurel. » De quoi toutefois se poser des questions sur l’état actuel des
comptes toulousains. « Cette année, il y aura peut-être aussi un léger déficit mais absolument pas
significatif, ni par rapport aux fonds propres du club, ni par rapport à son chiffre d’affaires, rétorque
Bouscatel. Nous subissons, comme tout le monde, la crise. Il y a des clubs qui ont des déficits
structurels de plusieurs millions d’euros. Ce sont des actionnaires qui remettent au pot pour
plusieurs millions d’euros. Nous sommes le seul à avoir fait des bénéfices pendant vingt ans et
avoir des petits déficits sur ces deux dernières années. On peut dire que nous avons un budget en
équilibre. Enfin, nous subissons des événements exceptionnels très lourds et notamment le fait de
ne pas pouvoir utiliser le Stadium, ne serait-ce que pour trois matchs. C’est 1,2 million d’euros de
marge nette. Tant que nous n’aurons pas le Stadium, nous serons dans une situation équilibrée
mais de manière très juste. Le jour où nous l’aurons, nous repartirons sur des budgets moins
tendus. »
L’ENTRÉE DE FIDUCIAL AU CAPITALLa récente entrée de Fiducial au capital du club, à hauteur de 10 %, a interpellé. Le président
Bouscatel s’en explique : « En 2001, nous avions voté une ouverture de capital à des investisseurs
extérieurs à hauteur de 30 % pour que 70 % soient détenus par les deux associations de notre
club. On on avait décidé d’un actionnariat extérieur diffus qui apportait des fonds propres et
permettait au club faire des investissements productifs ou éventuellement de passer des moments
difficiles. Jusqu’à présent, on a fait des investissements productifs et on n’a pas eu à combler de
déficits sur vingt ans. Le problème est qu’il y a eu la catastrophe d’AZF cette année-là. Face à la
situation dans laquelle se trouvait Toulouse, on a retiré cette ouverture de capital et décidé de le
faire par tranches. Trois tranches de 10 %. On on a ouvert déjà deux tranches souscrites depuis
longtemps ces dernières années, ce n’était jamais le moment pour la troisième. Là, il y a eu
l’opportunité d’avoir un actionnaire, ou plutôt un partenaire important depuis huit ans. Quand nous
avons proposé de finir l’ouverture de capital, Fiducial a indiqué qu’elle était d’accord. » Une
nécessité financière ? « Ce n’était pas une nécessité mais quelque chose de décidé dès 2001 pour
avoir cette structure capitalistique qui apporte de la stabilité au club. Toulouse est le seul club dont,
actuellement, 75 % des actions sont détenues par des associations. Tous les autres sont
propriétés d’une entreprise ou d’une personne. Chez nous, ça n’existe pas. » De nouvelles
ouvertures vers l’extérieur sont-elles à attendre ? « Pas du tout, certifie le président. Depuis 2001,
on a essayé de créer une structure qui garantisse la pérennité des résultats sportifs. C’est le
modèle qui est en place. Quand je vois l’effectif et les résultats, même si nous avons perdu un
barrage cette année, il n’y a pas péril en la demeure. »
LE MODÈLE ÉCONOMIQUELe modèle économique toulousain n’est-il pas désuet face aux mastodontes que sont devenus
Toulon, Montpellier ou le Racing-Metro ? « Je crois que ces trois clubs envient notre modèle,
répond Bouscatel. Certains de ces présidents mettent beaucoup d’argent de leur poche pour
essayer de bâtir le modèle économique que nous avons depuis vingt ans, nos actionnaires n’ont
jamais remis d’argent dans la gestion du club. Nous sommes certainement le seul club de Top 14
qui n’a pas de subventions des collectivités locales pour le secteur professionnel. Quand on voit
celles perçues par certains clubs… Et nous n’avons aucun mécène ou investisseur qui apportent
de l’argent tous les ans pour combler un déficit structurel. Tout le monde recherche l’équilibre que
nous représentons. » Celui-ci ne devrait donc pas évoluer : « Je ne vois pas quelle serait
l’évolution à attendre. Toulouse est un club capitalistiquement indépendant, qui génère l’intégralité
de ses ressources par ses activités sportives et commerciales. C’est LE modèle. Il faudra bien sûr
le faire évoluer dans le sens où on devra produire plus et dépenser moins. Mais c’est un problème
de développement. Régulièrement, des activités nouvelles sont développées. On cherche à
internationaliser notre marque dans l’hémisphère Sud et en Asie, peut-être aux Etats-Unis. Cela
peut paraître rêveur mais je vous assure qu’il y a un marché à gagner. Les clubs de foot l’ont fait.
Modestement, nous le ferons de manière à générer des bénéfices qui permettront de suivre la
course à l’armement qui s’impose aujourd’hui dans le Top 14. Ce modèle est le seul, sauf à être
propriété d’un investisseur qui le ferait à perte. Mais trop longtemps, ça ne peut pas exister. »