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28 formation dossier Actualités pharmaceutiques n° 491 Décembre 2009 De quoi souffre la patiente ? La patiente, âgée de 52 ans, interrogée sur sa patho- logie, nous révèle qu’elle souffre, selon ses termes, de « douleurs névralgiques violentes siégeant au niveau de la partie gauche du visage » depuis une huitaine de jours. Il s’agit donc probablement de névralgies du trijumeau. Quelles sont les indications de Tégrétol ® dans le traitement des douleurs ? Tégrétol ® (carbamazépine) est indiqué dans le traitement : – des névralgies du trijumeau et du glossopharyngien ; – des douleurs neuropathiques de l’adulte. En conséquence, il est indiqué : – en neurologie, dans les épilepsies partielles ou généralisées ; – en psychiatrie, dans la prévention des rechutes dans le cadre des troubles bipolaires, notamment chez les patients présentant une résistance relative, des contre- indications ou une intolérance au lithium, et dans le traitement des états d’excitation maniaque ou hypo- maniaque (figure 1). Qu’est-ce que la névralgie du trijumeau ? La névralgie du trijumeau, aussi appelée névralgie trigé- minale, est une cause fréquente de douleurs au niveau de la tête. La plupart des névralgies du trijumeau sont qualifiées d’“essentielles”, aucune cause précise n’étant retrouvée. Quels sont les symptômes de la névralgie du trijumeau ? Les douleurs ressenties par le patient sont de type aigu, le plus souvent récidivantes, et concernent particulière- ment les femmes à partir de 50 ans. Elles peuvent être très handicapantes et, dans les cas les plus sévères, générer une détresse psychologique. Les douleurs sont généralement unilatérales, ressenties sur une partie du visage correspondant à l’un des terri- toires sensitifs du trijumeau. Le patient vous parlera de douleurs fulgurantes, extrê- mement intenses, se manifestant par des brûlures ou de violentes décharges électriques, durant typiquement de quelques secondes à quelques minutes. Ces douleurs névralgiques surviennent par salves lors d’une période Que ressent Madame D. ? « Oh ! J’ai la sensation qu’on me verse de l’eau bouillante sur la moitié de ma tête ou qu’on m’en grignote une partie. Quand j’ai mes crises, je crois que je deviens folle ; j’ai envie de me jeter par la fenêtre, je ne peux plus parler et je dois m’enfermer dans le noir, dans ma chambre. Aussi, j’ai pas le moral et ça me déprime, je vois tout en noir. Si ces douleurs continuent, je ne vais pas pouvoir supporter... » Tégrétol ® possède d’autres indications en dehors des douleurs neurogènes puisqu’il est classé parmi les antiépileptiques. À savoir Pour la pratique Une patiente souffre de névralgie du trijumeau Docteur Bernard Neurol Le 2 décembre 2009 7, rue des Remèdes 75006 Paris Madame Denise Dounev 52 ans Tégrétol ® LP comprimé 200 mg 1 comprimé matin et soir Traitement à réaliser jusqu’à la prochaine consultation du 17 décembre Figure 1 : Indication de Tégrétol ®

Une patiente souffre de névralgie du trijumeau

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Page 1: Une patiente souffre de névralgie du trijumeau

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dossier

Actualités pharmaceutiques n° 491 Décembre 2009

De quoi souffre la patiente ?La patiente, âgée de 52 ans, interrogée sur sa patho-logie, nous révèle qu’elle souffre, selon ses termes, de « douleurs névralgiques violentes siégeant au niveau de la partie gauche du visage » depuis une huitaine de jours. Il s’agit donc probablement de névralgies du trijumeau.

Quelles sont les indications de Tégrétol® dans le traitement des douleurs ?Tégrétol® (carbamazépine) est indiqué dans le traitement :– des névralgies du trijumeau et du glossopharyngien ;– des douleurs neuropathiques de l’adulte.

En conséquence, il est indiqué :– en neurologie, dans les épilepsies partielles ou généralisées ;– en psychiatrie, dans la prévention des rechutes dans le cadre des troubles bipolaires, notamment chez les patients présentant une résistance relative, des contre-indications ou une intolérance au lithium, et dans le

traitement des états d’excitation maniaque ou hypo-maniaque (figure 1).

Qu’est-ce que la névralgie du trijumeau ?La névralgie du trijumeau, aussi appelée névralgie trigé-minale, est une cause fréquente de douleurs au niveau de la tête. La plupart des névralgies du trijumeau sont qualifiées d’“essentielles”, aucune cause précise n’étant retrouvée.

Quels sont les symptômes de la névralgie du trijumeau ?Les douleurs ressenties par le patient sont de type aigu, le plus souvent récidivantes, et concernent particulière-ment les femmes à partir de 50 ans. Elles peuvent être très handicapantes et, dans les cas les plus sévères, générer une détresse psychologique.Les douleurs sont généralement unilatérales, ressenties sur une partie du visage correspondant à l’un des terri-toires sensitifs du trijumeau.Le patient vous parlera de douleurs fulgurantes, extrê-mement intenses, se manifestant par des brûlures ou de violentes décharges électriques, durant typiquement de quelques secondes à quelques minutes. Ces douleurs névralgiques surviennent par salves lors d’une période

Que ressent Madame D. ?

« Oh ! J’ai la sensation qu’on me verse de l’eau bouillante sur la moitié de ma tête ou qu’on

m’en grignote une partie. Quand j’ai mes crises, je crois que je deviens folle ; j’ai envie de

me jeter par la fenêtre, je ne peux plus parler et je dois m’enfermer dans le noir, dans ma

chambre. Aussi, j’ai pas le moral et ça me déprime, je vois tout en noir. Si ces douleurs

continuent, je ne vais pas pouvoir supporter... »

Tégrétol® possède d’autres indications en dehors des douleurs

neurogènes puisqu’il est classé parmi les antiépileptiques.

À savoir

Pour la pratique

Une patiente souffre de névralgie du trijumeau

Docteur Bernard Neurol Le 2 décembre 2009

7, rue des Remèdes

75006 Paris Madame Denise Dounev

52 ans

Tégrétol® LP comprimé 200 mg

1 comprimé matin et soir

Traitement à réaliser jusqu’à la prochaine consultation du 17 décembre

Figure 1 : Indication de Tégrétol®

Page 2: Une patiente souffre de névralgie du trijumeau

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Actualités pharmaceutiques n° 491 Décembre 2009

Les douleurs neuropathiques et leur traitement

douloureuse. Les “crises” de névralgies peuvent durer plusieurs heures. Ces périodes névralgiques sont ponc-tuées de périodes d’accalmies sans aucune douleur.Les crises peuvent survenir tous les jours, voire plusieurs fois par jour. Certains patients vous diront que les crises douloureuses sont déclenchées par la mastication, la parole ou même l’effleurement d’une zone cutanée.

Quelle est la posologie de Tégrétol®?Dans le traitement des douleurs, la posologie initiale classique est de 200 à 400 mg/jour, en 2 prises pour les formes LP et en 2 ou 3 prises pour les autres formes.Il convient d’augmenter les doses jusqu’à suppression de la douleur, puis de les diminuer progressivement jusqu’à la plus petite dose efficace.Dans le cas de Mme Denise Doul, il a été choisi une poso-logie de 400 mg/jour pendant 15 jours. Cette patiente a déjà pris ce produit il y a quelques mois pour la même indication, avec de bons résultats.

Existe-t-il un risque d’effets indésirables ?Bien évidemment, comme tout médicament le risque existe.Dans les situations particulières, comme l’instauration du traitement par Tégrétol®, une dose initiale trop élevée ou chez les personnes âgées, certains types d’effets indé-sirables surviennent fréquemment ou très fréquemment tels que des effets indésirables spécifiques au système nerveux central (vertiges, céphalées, ataxie, somno-lence, fatigue, diplopie, troubles de l’accommodation, confusion, agita-tion), gastro-intestinaux (nausées, vomissement, diarrhée, constipation, anorexie, sécheresse de la bouche) ainsi que des réactions allergiques cutanées.La carbamazépine peut entraîner des réactions d’hypersensibilité incluant des réactions pluriviscérales qui peuvent concerner la peau, le foie, les organes hématopoïétiques et le système lymphati-que ou d’autres organes, isolément ou dans le cadre de réactions polysystémiques.

Que dire au patient ?Il convient avant tout de rassurer le patient et de dédra-matiser son affection :– les douleurs que vous ressentez sont violentes et sont appelées des névralgies. Il faut essayer de vous décon-

tracter au maximum et de bien suivre votre traitement qui a été efficace lors de vos précédentes crises ;

– essayer de remarquer s’il n’existe pas un facteur déclenchant ces dou-leurs : la mastication lors des repas, la parole...Mais, il convient aussi de le mettre en garde contre certains problèmes :– ne prenez pas de médicament autre pendant le traitement par Tégrétol®.

Demandez toujours un conseil à un professionnel de santé ;– soyez prudent si vous devez conduire ;– si des effets indésirables surviennent pendant votre traitement (fièvre, mal de gorge, problème cutané...), contactez rapidement votre médecin traitant. �

Jacques Buxeraud

[email protected]

La névralgie du trijumeau

est une cause fréquente

de douleurs au niveau

de la tête.

Testez vos réflexes pharmacologiques

Lors de la délivrance de Tégrétol®, à quoi devez-vous penser

et quels sont les mots-clés qui doivent vous venir à l’esprit ?®, un inducteur enzymatique (donc pas d’auto médication

pendant le traitement).

Il existe de très nombreuses interactions médicamenteuses (voir Vidal).®, un médicament devant être utilisé sous stricte

surveillance médicale

Tout patient prenant ce médicament doit être informé que

l’apparition de fièvre, d’angine ou d’une autre infection impose

d’avertir tout de suite le médecin traitant et de contrôler

immédiatement l’hémogramme.

L’administration de la carbamazépine sera interrompue en cas

de manifestations cutanées allergiques, d’altération de la fonction

hépatique ou de modification franche de l’hémogramme faisant

craindre l’apparition d’une agranulocytose ou d’une aplasie

médullaire (rares).®, pas d’alcool

La prise de boissons alcoolisées est formellement déconseillée,

la carbamazépine risquant d’en majorer les effets.®, prudence au volant

L’attention est attirée, notamment chez les conducteurs

de véhicules et les utilisateurs de machines, sur les risques

d’étourdissement, de somnolence, de vertiges, d’ataxie,

de troubles de l’accommodation et de diplopie associés à l’emploi

de la carbamazépine.