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La rivière L’Assomption à elle seule peut raconter tous les secrets de cette région de conteurs qu’elle parcourt en tous sens depuis toujours. Histoires des bûcherons de la Matawinie, de Saint-Michel-des-Saints à Sainte-Mélanie, dans les chantiers ouverts par Barthélémy Joliette au début du 19 e siècle, et leur folklore toujours vivant dans les chan- sons et les rigodons de La Bottine souriante, de La Volée de castors, de La Galvaude ou de La Vesse-de-loup. Exploits de Louis Cyr, de Saint-Jean-de-Matha, l’homme le plus fort de l’histoire, l’honneur et le défenseur de la race canadienne- française dans le monde entier. Printemps des cabanes à sucre du rang des Continuations de Saint- Esprit. Tristesse des poulaillers sans cocorico de Saint-Félix-de-Valois. Purin puant et sale des porcheries et des champs de maïs délavés le long de la rivière Achigan et autres affluents. Souvenirs des champs de tabac maudits et des séchoirs coquets entourant Joliette. Champs de fruits et légumes qui n’alimentent plus les marchés de Montréal mais doivent se plier aux exigences des grandes chaînes d’alimentation, aux limites de la grande ville, sur des terres cédées aux soldats de Carignan il y a plus de 300 ans. Çà et là, des comités de bassin et des fermes paysannes, au milieu de paysages et de maisons ancestrales écorchées par les dégâts visuels et écologiques d’une agriculture industrielle à courte vue. 400 000 habitants, dans six MRC en explosion, sous la pression des banlieues et des villégiateurs. Une rivière sortie pure des forêts du nord, dépouillée le plus souvent de ses rives de verdure, qui porte au fleuve sans se plaindre les eaux brunes souillées par les purins, les engrais, les poisons, les sols et les déchets d’agriculteurs et d’urbains pressés, qui n’ont plus guère le temps de prêter l’oreille à sa complainte. Les vrais coupables Bien sûr, il faut s’empresser de préciser que les agriculteurs eux- mêmes ne sont pas les seuls ni même les premiers en cause. Qu’ils sont même à bien des égards victimes eux-mêmes d’un modèle d’agriculture qui vise désormais la conquête des mar- chés et la rentabilité par tous les moyens, même au détriment de la qualité des aliments, de l’envi- ronnement et des communautés rurales. On se demande bien pourquoi, d’ailleurs, les petits agriculteurs, dans ces débats publics, sont toujours au premier rang pour défendre les barons d’un système qui les entraîne à leur perte. Les grands coupables, en effet, sont bel et bien les multina- tionales de l’agrobusiness, Mon- santo, Nestlé, Carghill, Loblaws, McDonald, etc., qui ont fini par imposer leurs règles aux ententes de libre-échange, aux écoles d’agriculture et d’agronomie, aux chercheurs, aux politiciens, aux coopératives et syndicats agri- coles, et, en bout de ligne, aux agriculteurs eux-mêmes, qui n’ont plus guère le choix de suivre, de même que les consom- mateurs désormais captifs des grandes chaînes d’épiceries et de restaurants. Les agriculteurs bio- logiques et les agriculteurs- paysans sont les seuls à résister, mais ils doivent naviguer seuls et à contre-courant, car l’agriculture officielle est désormais essen- tiellement marchande. La pollution agricole Ce qui frappe de nouveau dans le débat, c’est la peur des mots et le refus de tous ces complices d’ad- mettre publiquement que les pratiques de cette agriculture industrielle, adoptées de bonne foi par la plupart au cours des dernières années, se révèlent de plus en plus désastreuses pour les sols, l’eau et l’environnement, pour la qualité des aliments, pour la santé collective, pour l’équili- bre des communautés rurales. On persiste à occulter le problè- me en prétendant qu’il ne s’agit que de cas isolés, d’une image biaisée répandue par l’Union paysanne, les écologistes, et surtout les urbains venus s’ins- taller à la campagne et qui sup- portent mal les odeurs et les inconvénients reliés nécessaire- ment à l’agriculture. On n’hésite même pas à soutenir que les petites fermes polluent plus que les grosses, et que les correctifs sont déjà largement appliqués chez les producteurs profession- nels. Et puis – argument ultime – on invoque la pression des consommateurs qui exigent des aliments à bas prix. Mais à quel prix, ça, on ne leur dit pas! Pourtant les faits sont là, et les néo-ruraux et les écologistes n’y sont pour rien. Dans près de 600 municipalités (tout le centre du Québec), selon la liste récente du ministère de l’Environne- ment, les cours d’eau ont dépassé le seuil admissible de phosphore (seuil d’eutrophisa- tion). Les puits de surface sont déconseillés. Dans près de 200 municipalités, principale- ment en Montérégie, la couver- ture forestière est inférieure à P o u r f a i r e c h a n g e m e n t ! Numéro 13 - Avril / Mai 2005 - 3$ Dans ce numéro Le pays La complainte de la rivière L’Assomption ....................................... 1 Les saveurs paysannes de Lanaudière ......................................... 17 L’événement Nourrir ou empoisonner ................................................................. 1 Deux syndicats, c’est mieux! • Sirop à vendre! • États généraux ou grand-messe du pouvoir • Lisier • Round Up • Mont-Radar Manifeste pour des États généraux de l’agriculture ...................... 20 Paysannerie Fermenterre • Ô Dragon • Semences au menu • C-27 ................... 6 Reportage L’autre Lanaudière ....................................................................... 10 Dossier Rebâtir une agriculture durable ................................................... 12 Chroniques Chronique du boulanger récalcitrant............................................. 14 La Tête à Papineau : ...................................................................... 15 Acheter, c’est voter • Manger local • Charte de l’agriculture paysanne Paysans du monde : ..................................................................... 16 Lanaudière en Wallonie • Le José Bové du Mali Le Marché paysan .............................................................. 19 Nourrir ou empoisonner! Il a suffi d’une phrase un peu brutale sortie de son contexte, dans un reportage de La Semaine verte, pour relancer tout le débat sur la pollution agricole. Par Roméo Bouchard, rédacteur Lanaudière La complainte de la rivière L’Assomption La rédaction Sirop à vendre! Ne manquez pas l’article en page 3 1 Suite en page 2

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La rivière L’Assomption à elle seule peut raconter tousles secrets de cette région de conteurs qu’elle parcourt en tous sensdepuis toujours.

Histoires des bûcherons de la Matawinie, de Saint-Michel-des-Saintsà Sainte-Mélanie, dans les chantiers ouverts par Barthélémy Jolietteau début du 19e siècle, et leur folklore toujours vivant dans les chan-sons et les rigodons de La Bottine souriante, de La Volée de castors,de La Galvaude ou de La Vesse-de-loup.

Exploits de Louis Cyr, de Saint-Jean-de-Matha, l’homme le plus fortde l’histoire, l’honneur et le défenseur de la race canadienne-française dans le monde entier.

Printemps des cabanes à sucre du rang des Continuations de Saint-Esprit.

Tristesse des poulaillers sans cocorico de Saint-Félix-de-Valois.

Purin puant et sale des porcheries et des champs de maïs délavés lelong de la rivière Achigan et autres affluents.

Souvenirs des champs de tabac maudits et des séchoirs coquetsentourant Joliette.

Champs de fruits et légumes qui n’alimentent plus les marchés deMontréal mais doivent se plier aux exigences des grandes chaînesd’alimentation, aux limites de la grande ville, sur des terres cédéesaux soldats de Carignan il y a plus de 300 ans.

Çà et là, des comités de bassin et des fermes paysannes, au milieu depaysages et de maisons ancestrales écorchées par les dégâts visuelset écologiques d’une agriculture industrielle à courte vue.

400 000 habitants, dans six MRC en explosion, sous la pression desbanlieues et des villégiateurs.

Une rivière sortie pure des forêts du nord, dépouillée le plus souventde ses rives de verdure, qui porte au fleuve sans se plaindre les eauxbrunes souillées par les purins, les engrais, les poisons, les sols et lesdéchets d’agriculteurs et d’urbains pressés, qui n’ont plus guère letemps de prêter l’oreille à sa complainte.

Les vrais coupablesBien sûr, il faut s’empresser depréciser que les agriculteurs eux-mêmes ne sont pas les seuls nimême les premiers en cause.Qu’ils sont même à bien deségards victimes eux-mêmes d’unmodèle d’agriculture qui visedésormais la conquête des mar-chés et la rentabilité par tous lesmoyens, même au détriment dela qualité des aliments, de l’envi-ronnement et des communautésrurales. On se demande bienpourquoi, d’ailleurs, les petitsagriculteurs, dans ces débatspublics, sont toujours au premierrang pour défendre les baronsd’un système qui les entraîne àleur perte.

Les grands coupables, en effet,sont bel et bien les multina-tionales de l’agrobusiness, Mon-santo, Nestlé, Carghill, Loblaws,McDonald, etc., qui ont fini parimposer leurs règles aux ententesde libre-échange, aux écolesd’agriculture et d’agronomie, auxchercheurs, aux politiciens, auxcoopératives et syndicats agri-coles, et, en bout de ligne, auxagriculteurs eux-mêmes, quin’ont plus guère le choix desuivre, de même que les consom-mateurs désormais captifs desgrandes chaînes d’épiceries et derestaurants. Les agriculteurs bio-logiques et les agriculteurs-paysans sont les seuls à résister,mais ils doivent naviguer seuls età contre-courant, car l’agricultureofficielle est désormais essen-tiellement marchande.

La pollution agricoleCe qui frappe de nouveau dans ledébat, c’est la peur des mots et lerefus de tous ces complices d’ad-

mettre publiquement que lespratiques de cette agricultureindustrielle, adoptées de bonnefoi par la plupart au cours desdernières années, se révèlent deplus en plus désastreuses pourles sols, l’eau et l’environnement,pour la qualité des aliments, pourla santé collective, pour l’équili-bre des communautés rurales.

On persiste à occulter le problè-me en prétendant qu’il ne s’agitque de cas isolés, d’une imagebiaisée répandue par l’Unionpaysanne, les écologistes, etsurtout les urbains venus s’ins-taller à la campagne et qui sup-portent mal les odeurs et lesinconvénients reliés nécessaire-ment à l’agriculture. On n’hésitemême pas à soutenir que lespetites fermes polluent plus que

les grosses, et que les correctifssont déjà largement appliquéschez les producteurs profession-nels. Et puis – argument ultime –on invoque la pression desconsommateurs qui exigent desaliments à bas prix. Mais à quelprix, ça, on ne leur dit pas!

Pourtant les faits sont là, et lesnéo-ruraux et les écologistes n’ysont pour rien. Dans près de600 municipalités (tout le centredu Québec), selon la liste récentedu ministère de l’Environne-ment, les cours d’eau ontdépassé le seuil admissible dephosphore (seuil d’eutrophisa-tion). Les puits de surface sontdéconseillés. Dans près de200 municipalités, principale-ment en Montérégie, la couver-ture forestière est inférieure à

P o u r f a i r e c h a n g e m e n t !

N u m é r o 1 3 - A v r i l / M a i 2 0 0 5 - 3 $

Dans ce numéroLe paysLa complainte de la rivière L’Assomption ....................................... 1Les saveurs paysannes de Lanaudière ......................................... 17

L’événementNourrir ou empoisonner ................................................................. 1Deux syndicats, c’est mieux! • Sirop à vendre! • États généraux ou

grand-messe du pouvoir • Lisier • Round Up • Mont-Radar

Manifeste pour des États généraux de l’agriculture ...................... 20

PaysannerieFermenterre • Ô Dragon • Semences au menu • C-27 ................... 6

Reportage L’autre Lanaudière ....................................................................... 10

Dossier Rebâtir une agriculture durable ................................................... 12

Chroniques Chronique du boulanger récalcitrant............................................. 14La Tête à Papineau :...................................................................... 15Acheter, c’est voter • Manger local • Charte de l’agriculture paysanne

Paysans du monde : ..................................................................... 16Lanaudière en Wallonie • Le José Bové du Mali

Le Marché paysan .............................................................. 19

Nourrirou empoisonner!Il a suffi d’une phrase un peubrutale sortie de son contexte,dans un reportage de LaSemaine verte, pour relancertout le débat sur la pollutionagricole.

Par Roméo Bouchard, rédacteur

Lanaudière

La complaintede la rivièreL’Assomption

La rédaction

Siropà vendre!Ne manquez pasl’article en page 3

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L’échecdu plan conjointSelon les règles officielles, tout lesirop produit en vrac, avec ouhors-quota, doit être livré à laFédération, mais celle-ci ne peutpayer au producteur que le siropavec quota qu’elle aura réussi àvendre. Des prélevés allant de 10à plus de 35 cents la livre sontretenus pour la gestion, le classe-ment, le conditionnement ou l’en-treposage sur le sirop livré envrac et même le sirop vendu audétail par intermédiaire. LaFédération encourage les produc-teurs à ne pas produire du toutou le moins possible, et elle mèneune chasse incessante pourattraper tous ceux qui passent àcôté et qui sont passibles d’uneamende de 1,28$ la livre. Avec ledernier versement du 15 marsdernier pour la production 2004,ceux qui avaient livré toute leurproduction, une fois rembourséesles avances reçues sur le sirophors-quota et sur le 18% de siropavec quota encore invendu, s’entirent avec une moyenne de 1$ lalivre comme revenu, alors que laFédération elle-même affirmequ’il en coûte 2,60$ la livre àproduire. Même les producteursde sirop bio se sont vu coupercette année.

Ce qui n’empêche pasla Fédération de pré-tendre qu’elle a sauvél’industrie du désastreen stabilisant la pro-duction et les prix avecson agence de vente etson contingentement.

Quoi faire?La situation est doncpire que jamais. Lesproducteurs qui ont degros paiements à fairesur leur investissementne peuvent se permet-tre de couper leur pro-duction ou de n’êtrepayés que pour unepartie de celle-ci. Ilsvont donc tenter d’en vendre leplus possible au détail et de ven-dre le hors-quota en dehors dusystème.

Entre-temps, les différentes asso-ciations tentent par tous lesmoyens de provoquer la remiseen question de ce système aber-rant cautionné par la Régie desmarchés.

Les demandes affluent au cabinetdu nouveau ministre de l’Agri-culture, Yvon Vallières, pour qu’ilramène sur la table le dossier dusirop et le rapport Bolduc, sabor-dés par l’ex-ministre Françoise

Gauthier sous la pression del’UPA. Normand Bolduc lui-mêmea été évincé de la présidence dela Table filière acéricole. L’Unionacéricole, pour sa part, en a faitla demande et a également de-mandé de siéger à la Table filière.

Les acériculteurs-transformateursont déposé une requête devant laRégie des marchés pour obtenirla suspension des quotas, quiéquivalent, selon eux et pour eux,à une expropriation de leur com-merce, et ils réclament que leprélevé qu’on leur réclame soitramené de 10 cents à 2 cents etdemi.

La coopérative Citadelle, forte del’appui de plus de 2000 de sesmembres et du président de laCoopérative fédérée, a portédevant la Cour suprême sarequête visant à exempter sesmembres de l’obligation de li-vrer leur sirop à la Fédération età conserver leur lien d’usageavec leur coopérative.

Les acheteurs, de leur côté, ontentrepris une démarche judi-ciaire complexe pour contesterla juridiction du plan conjoint dela Fédération sur le siropexporté et pour confirmer le

droit d’un acheteurdu Nouveau-Bruns-wick à acheter dusirop au Québec età le revendre auQuébec. Les autresprovinces ne sontpas partie prenantedans le plan con-joint du sirop etrefusent qu’Ottawase départisse decette juridiction enfaveur du Québec.L’Union acéricolepaysanne avait dû,faute de ressour-ces, abandonnerune requête sem-blable l’an dernier,à la suite des accu-

sations d’incitation à la déso-béissance portées contre elle parla Fédération pour avoir conseilléà ses membres de se procurer unpermis fédéral d’exportation. LaFédération n’ignore pas qu’unedéfaite sur ce plan signifierait lafin de son contrôle sur la mise enmarché du sirop d’érable.

Les acériculteurs du Témiscouata,appuyés par ceux de l’Unionacéricole paysanne et par d’au-tres groupes d’acériculteurs, ontamassé plus de 5000 signaturesdemandant au gouvernement deredonner aux acériculteurs laliberté de vendre eux-mêmesleur produit et d’abolir le contin-gentement. Mario Dumont s’enfera prochainement le parrain àl’Assemblée nationale.

Du siropd’appellationCombien d’argent et de mobili-sation faudra-t-il encore pourfaire bouger le gouvernement etcommencer à appliquer le rapportBolduc en suspendant l’applica-tion et la gestion du plan con-joint actuel par la Fédération del’UPA?

L’Union acéricole paysanne,pour sa part, propose depuis ledébut qu’on privilégie une miseen marché démocratique etdiversifiée du sirop comme pro-duit d’origine et d’appellation,avec l’implication de tous lesintervenants.

En dépit de ce que semble laisserentendre Lionel Levac dans derécentes entrevues à Radio-Canada et dans un article deQuébec Science, le débat sur leplan conjoint a beaucoup à faireavec l’avenir et la qualité dusirop d’érable, un produit typi-que du Québec.

La surproduction de sirop depiètre qualité qu’on mélange aubon n’est pas étrangère aux prixattrayants qu’on fait miroiter auxproducteurs, même pour le siropà défaut de saveur. Le non-paiement du sirop non vendu etl’interdiction d’ouvrir leurs pro-pres marchés placent les entre-prises acéricoles en positionprécaire et ouvrent la porte àtoutes les fraudes pour arriver àsurvivre. La classification baséeessentiellement sur la couleurencourage l’utilisation de produitset de procédés trompeurs pour« blanchir » le sirop. La stan-dardisation du produit industrielconduit directement à la dispari-tion du sirop de cabane à sucreet aux usines de bouillage ali-mentées par un réseau d’achatet de transport de l’eau d’érable.

Pas étonnant que plusieurs acé-riculteurs s’apprêtent à lâcher etque nos voisins des Maritimes etde la Nouvelle-Angleterre soientprêts à en profiter pour s’empa-rer de nos marchés en mettant enexploitation des millions de nou-velles entailles chez eux.

L’UPA s’empêtre danssa prétention d’être le seul syn-dicat représentatif. Elle a d’abordpris à partie les producteurs desirop d’érable membres del’Union acéricole paysanne, leurreprochant de venir assister auxréunions de la fédération del’UPA; et voici de nouveau lemême discours face aux produc-teurs de l’Union biologiquepaysanne, alors que les produc-teurs de lapin en faisaient aussiles frais l’an dernier.

Le devoirde représentertout le mondeGénéralement, lorsqu’une entre-prise obtient un statut de mono-pole, le cadeau vient avecquelques devoirs, entre autrescelui d’offrir le service partoutsur le territoire, même si c’estparfois moins intéressant. Ainsi,Hydro-Québec doit fournir l’élec-tricité même dans les recoinsisolés. Idem pour le téléphone,etc. Or, l’UPA prétend représen-ter tout le monde agricole, maiselle rouspète lorsqu’il s’agit demembres de l’Union paysanne,qui doivent quand même payerleur cotisation.

La fabricationdu consensusLes anglophones appellent cephénomène la fabrication duconsensus. En éliminant tousceux qui sont d’opinion con-traire lors des votes, on fabriquela « majorité ». Le vote de 1972sur la constitution du monopolesyndical agricole, dont MarcoSylvestro a retracé l’historique,est éloquent : 25 000 votes posi-tifs sur 75 000 fermes, ça ne faitqu’un tiers des fermes en faveurdu monopole. Pour obtenir 74%du vote, il a fallu que 25 000 nesoient pas enregistrées, et sous-traire les bulletins annulés. Lamême chose se reproduit pourles plans conjoints : on inviteune partie des producteurs, quidoivent être dûment enregis-trés, évidemment auprès del’UPA, et on les fait voter sur unprocessus de mise en marchéqui touchera la totalité des pro-ducteurs. Il doit bien y avoirquelques centaines de fermes oùon élève du lapin, mais il n’y ena que 53 qui sont enregistrées.Et sur les milliers de fermes quiont de la volaille, pourquoi n’yen a-t-il qu’environ 800 qui par-ticipent aux votes de plans con-joints? Et comme par hasard, cesont surtout les petites fermes

qui passent à travers les maillesdu filet.

L’art d’éliminerles indésirablesSi l’Union paysanne a vu le jour,c’est précisément parce quel’UPA ne faisait pas son job. Ellea pris le monopole, mais elle n’apas fait son boulot en matière dereprésentation des intérêts desautres fermes.

Et pour bien se débarrasser desindésirables, on élabore tout unvocabulaire : on les qualifie defermettes, de gentlemen-farmers,de granolas, de pas-à-la-mode,de non rentables, non concur-rentiels. Je ne connais aucunautre syndicat qui se permetd’être aussi méprisant à l’en-droit de catégories entières deses membres. Personne n’estexpulsé du syndicat de la fonc-tion publique sous prétexte qu’iln’y travaille que 20 heures parsemaine. Les écoles n’interdi-sent pas aux parents d’enfantsuniques de siéger en les quali-fiant de « parents du dimanche »!Il ne faut pas être dupe de cestentatives de désolidarisationdu milieu agricole. Un syndicatqui tient un tel discours n’estplus un syndicat.

Un représentant du programmed’amélioration des troupeauxlaitiers (PATLQ) annonçait récem-ment qu’il ne restera que 5000fermes laitières d’ici 2010. Aulieu de se soucier du sort desentreprises sortantes, l’UPA sem-ble considérer qu’il s’agit dudestin, de la fatalité.

Première réaction :pas de problème

Avant de pouvoir discuter vrai-ment des enjeux agricoles, lelobby de l’agriculture indus-trielle doit franchir trois phases :la première, c’était l’époque du :« Y a pas de problème et de toutefaçon, on s’en occupe, et mêlez-vous de vos affaires ».

Deuxième réaction :la faute des autres

Cette première étape étant pres-que révolue, voici maintenant ladeuxième : « C’est la faute à lamondialisation, ou celle de lavache folle, des méchants Amé-ricains, c’est le destin, c’est latendance. Bref, c’est la faute desautres. » On assiste donc main-tenant à des discours pour lemoins superficiels. En exemple,les déclarations récentes duprésident de la Fédération desacériculteurs de l’UPA, qui seplaint du fait que le prix payé

pour le sirop soit aux environsde 2$ la livre (ce qui n’est mêmepas le prix vraiment versé), alorsque les coûts de production sontde 2,60$ la livre. Au passage, ilomet de rappeler que son agencede vente est obligatoire, qu’ellecontrôle environ 80% du siropmondial, et que sa propre fédé-ration établit les prix devant laRégie des marchés. À qui lafaute? Au marché, évidem-ment… Même chose lorsque M.Pellerin se vante depuis desannées d’offrir le panier d’épi-cerie le moins cher au monde(sic) et se plaint aujourd’hui dufaible revenu des agriculteurs.

Troisième réaction :ça prend un débat

La troisième étape, c’est : « Çaprend un débat ». Nous y voilàenfin. Les États généraux del’agriculture sont en marche, etmême l’UPA n’aura pas d’autre

choix que de s’y soumettre et d’yparticiper. Et pour une fois, ledébat se fera avec l’ensembledes intervenants de la société,tous concernés par l’agriculture.

Fini le huis clos et place à ladiversité!

30%, le seuil jugé nécessairepour l’équilibre des écosys-tèmes. Entre 50 et 250 résidusde pesticides ont étés retrouvésdans l’organisme humain,particulièrement dans l’urinedes enfants et dans le laitmaternel. La dégradation dessols et la perte de matièreorganique est considérable,particulièrement dans les zonesde monoculture de maïs-soya,qui couvrent plus de 50% desterres en Montérégie, en raisonde l’exposition des sols nusplusieurs mois par année, de ladisparition des bandes rive-raines et du drainage souter-rain. Est-il besoin de rappelerles dommages causés par lesfarines carnées contaminées etpar la résistance aux antibio-tiques, en attendant que soientconfirmés les liens entre l’utili-sation des produits chimiqueset transgéniques et les maladiesincurables de notre époque?

Commenten sommes-nousarrivés là?Cette situation catastrophiquen’est pas un accident de par-

cours, mais bien le résultat dechoix erronés qui ne sont pasremis en cause par les soi-disant« correctifs » apportés.

Pour positionner le Québec surles marchés d’exportation, on aplus que doublé en quelquesannées le nombre de porcs, undes rares élevages non contin-gentés. Pour ce faire, on a mul-tiplié les élevages porcins deplus en plus gros et de plus enplus concentrés. Pour suppléer lemanque de financement des fer-mes autonomes, on a favoriséle développement d’un systèmed’intégration subventionné, eton a imposé, avec la bénédic-tion du ministère de l’Environ-nement, la gestion liquide desfumiers pour des raisons pure-ment économiques, en dépit deses conséquences désastreusessur le voisinage, sur les taux dephosphore et de nitrates dansl’eau, sur le déboisement, surle prix des terres, sur l’équili-bre des cultures et des sols. Oncommence à faire de mêmedans d’autres productions.

Et malgré l’évidence des dégâts,on continue à protéger le soi-disant droit de produire de cesindustriels, et on refuse d’ins-taurer une véritable éco-

socio-conditionnalité des aidespubliques, des normes effi-caces et des pratiques agricolesdifférentes pour rétablir l’équi-libre dans les zones sinistrées,et pour empêcher qu’on nedégrade les écosystèmes dansles autres régions.

Ajoutons, pour compléter letableau, l’invasion incontrôléede la malbouffe dans la restau-ration rapide et les super-marchés, en provenance departout sauf de chez nous, etl’effondrement de nos structu-res de mise en marché localeset régionales.

Nourrirou empoisonnerEst-il si exagéré de dire qu’unetelle agriculture nous empoi-sonne plus qu’elle ne nousnourrit? Et que ses pratiques etobjectifs doivent être réévaluéeset redéfinies, chez nous, maisaussi dans les ententes delibre-échange? C’est le défi del’agriculture durable et desÉtats généraux de l’agriculturedu Québec.

L’événementL’événement

Éditeur : Union paysanne453, PrincipaleSaint-Germain-de-Kamouraska, GOL 3G0Tél. : (418) 492-7692 • Téléc. : (418) 492-6029Courriel : [email protected] : www.unionpaysanne.com

Directeur : Roméo [email protected]

Secrétaire : Gisèle St-Pierre

Caricaturiste : Pierre McLeod

Graphisme : Éliane Vincent, Studios [email protected]

Publicité : Marie-Paule Déry, (418) 856-2137Carol Langevin, (418) 834-3822David Longuépée, (418) 863-4985

Impression : Transcontinental Rimouski

Distribution : Messageries Gladu(Robert Desjardins), (450) 585-7039,et Jean-Christophe Pelletier,Saint-Germain-de-Kamouraska,(418) 492-1202.

Ont collaboré à ce numéro : Alex Boisdequin-Lefort,Louise Garneau, Maxime Laplante Michel Legris, Marc-Antoine Minville, Céline Poissant, Constance Séguin ettous les membres de l’Union paysanne de Lanaudière(une soixantaine).

Abonnement : 20$ pour 5 parutions (taxes incl.)Prix d’un numéro : 3$ + taxesTirage régulier : 10 000Convention de poste publication #40826096

L ’ U n i o n p a y s a n n e l e j o u r n a l . . .P o u r f a i r e c h a n g e m e n t !

Un syndicat, c’est bien!

Deux, c’est mieux!Maxime Laplante, agronome, président de l’Union paysanne

2

1652, rang Jersey SudSaint-Côme-Linière, Québec G0M 1J0

418.685.3650

Bertrand Cameron acériculteur505, Place de l’Église, Saint-Cyprien, Québec G0R 1B0

418.383.3575

Suite de la page 1

FERME GDF867, route 267, Saint-Jean-de-, Québec G6G 5R5

418.453.7762

Sirop à vendre!S’il n’en tenait qu’à la Fédération des producteurs acéricoles de l’UPA, on interdirait la production et la vente de sirop cette année, car les inventairesdépassent les 70 millions de livres, et il n’y a plus d’argent dans la caisse pour payer. Comment a-t-on pu en venir là avec 80% de la production mon-diale et 80% de notre production exportée?

Union acéricole paysanne

Richard Landry acériculteurGardons l’espoir de sauver les droits qu’on veut nous enlever!Continuons à nous impliquer en allant aux assemblées!Nous gagnerons.Nous retrouverons nos droits de produire

et de vendre nos produits à qui l’on veut.Supportons l’Union paysanne pour préserver notre héritage agricole.Ensemble, donnons-nous le droit de vivre en hommes et en femmes libres.

192, route 204 Est, Saint-Fabien-de-Panet, Qc G0R 2J0 • 418.249.2150

Je suis rendu à la retraite.

J’ai travaillé toute ma vie pour récolter les bienfaits de cette terre.

Le temps est venu de céder la place à une autre personne.

J’aimerais qu’il ait le droit de faire les choses librement,

sans crainte et sans peur, comme je l’ai fait.

Jean-Marie Labonté, acériculteur756, Rang Notre Dame, Pohénégamook (Québec) G0L 1J0

Tél: 418-893-2116

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L’événement L’événement

Les États générauxde l’agriculture du Québec sontmaintenant incorporés commeorganisme à but non lucratif. Ilsont leur logo, leur secrétariatpermanent.

La période de recrutement desmembres-partenaires (organis-mes nationaux et régionaux) estamorcée, de même que leur con-sultation dans le but de mettreau point le projet de structure etde démarche élaboré par leSecrétariat, qui sera présenté àla première assemblée générale,prévue pour le 4 mai. Un dé-pliant comportant le manifeste etles grandes lignes du projet estdisponible.

L’enjeudémocratiqueDeux enjeux pourraient avoir unimpact majeur sur l’orientationet la portée de l’exercice : la com-position du conseil de directionet l’implication des populationsrégionales.

Si tous sont d’accord pourgarantir, par une répartition dessièges par secteur, qu’aucungroupe particulier ne puisseprendre le contrôle de l’assem-blée générale et du conseil dedirection, des pressions s’exer-cent déjà pour réserver des

sièges à certains grands organis-mes clés de l’agroalimentaireplutôt que de laisser jouer lechoix de l’assemblée générale.

Par ailleurs, certains ne voientpas la nécessité d’impliquer lesrégions dans la structure etvoudraient limiter la démarcheen ce qui les concerne à unetournée de consultation (genreaudiences du BAPE).

Ce qui est en cause ici, c’est lecaractère citoyen et démocra-tique de l’exercice. Les popula-tions régionales sont celles où sevit l’agriculture. Si l’organisationdes États généraux se restreintaux grands organismes ou inter-venants nationaux et n’inclut pasune mobilisation régionale, onrisque d’aboutir à une structureet à un exercice qui ressemblentdavantage au fameux Forum desdécideurs de Saint-Hyacinthe ouà la Coalition Solidarité ruralequi a fait suite aux États géné-raux de monde rural, plutôtqu’aux États généraux initiale-ment envisagés, dont le carac-tère citoyen et représentatif estbeaucoup plus marqué. C’estd’ailleurs la raison pour laquelleon en a fait un organisme à butnon lucratif contrôlé par uneassemblée générale de mem-bres-partenaires ouverte à tous.

L’enjeu politiqueL’enjeu politique est lié à l’enjeudémocratique. Plus on vise à ral-lier les grands joueurs nationauxde l’agroalimentaire (Coopérativefédérée, Ordre des agronomes,UPA, etc.), si indispensable celasoit-il, plus on est incité à diluerles positions de départ sur lecontenu des États généraux. Laprésence des organismes citoyenset une large représentation démo-cratique peuvent seules garantirque les grands décideurs agro-alimentaires ne contrôleront pasune fois de plus l’agenda. Lemanifeste pour des États géné-raux, publié en dernière page,constitue pour plusieurs unénoncé des problèmes et constatsqui devrait constituer une plate-forme minimale pour définir lesobjectifs et le contenu des Étatsgénéraux.

Tenir le capL’intérêt général que suscitel’exercice devrait permettred’arriver à de bonnes solutions.Les consultations en cours y con-tribueront sûrement. Mais lesgroupes citoyens et ceux qui, com-me l’Union paysanne, remettenten question l’agriculture indus-trielle ne doivent pas céder sur leconstat de crise devant lesgrands décideurs agroalimen-taires, sinon, les États générauxne seront guère plus qu’uneautre grand-messe du pouvoir.

Gestionliquidedes fumiers :une erreur!Lors de sa comparution devantle ministre Mulcair sur ledéveloppement durable, MarcelGroleau, président de laFédération des producteurs delait de l’UPA, a soutenu que c’estune erreur d’encourager la ges-tion liquide des fumiers : « Fautede soutien adéquat, le pro-gramme Prime-Vert a conduitune grande partie des produc-teurs laitiers à délaisser le fu-mier solide, ce qui, à notre avis,constitue une erreur du point devue agronomique et environ-nemental ». Dans son mémoire,l’Union paysanne a aussi dénon-cé la gestion liquide des fumierscomme une pratique agricolenon durable; elle a aussi dénon-cé l’attitude neutre du ministèrede l’Environnement dans cedossier.

Le Round Up,plus malinqu’on penseDes petites nouvelles pour lesagriculteurs qui se font dire parles fournisseurs que le Round Upest si peu dangereux qu’on peuten boire!

Confirmant des étudesantérieures, une étude récente

du célèbre Dr Séralini, del’Université de Caen, démontreque le glyphosate, élément actifdu Round Up, surtout mêlé auxsolvants qui l’accompagnent,aurait des effets non négli-geables sur la division cellulairedans l’embryon et expliqueraitpeut-être des taux élevés defausses couches, de naissancesprématurées et même de can-cers. Une autre étude japonaisepointe les troubles de comporte-ment et les effets sur le systèmeneurologique.

La duperiede Colbexse confirmeColbex passera à l’UPA en jan-vier 2006. Entre-temps, un canalunique obligatoire et le prélevéde 20$ par bête auront été con-firmés par la Régie. Mais les 42¢promis par Pellerin, Dessureault

et la ministre Gauthier pour fairerentrer les agriculteurs à la mai-son, ce n’est pas pour demain.Le fédéral n’a toujours pas enviede fournir sa part, et YvonVallières n’a pas l’intention decombler le manque. Et lesAméricains ont pris goût à fer-mer les frontières au bœuf cana-dien. Qui a gagné au change? Àquand une véritable politique desouveraineté alimentaire cheznous?

La fermeindustriellede demainLa FNSEA (équivalent de l’UPAen France), contrairement àl’UPA qui se drape dans levocabulaire de l’Unionpaysanne, ne cache pas sonadhésion au modèle d’agricul-ture industrielle, consacréd’ailleurs dans le texte de laConstitution européenne présen-tement en ballottage, en Francenotamment.

Elle écrit : « Il ne s’agit pas dephilosopher sans fin sur lesattentes de la société, mais d’o-rienter les agriculteurs versl’économie d’entreprise. Affir-mer que les agriculteurs doiventêtre en nombre suffisant ou queles prix doivent être rémunéra-teurs relève de l’incantation.L’exploitation familiale à deuxunités de travail a vécu. Il fautun statut de l’entreprise agricolelui conférant une autonomiejuridique, ne plus parler d’instal-

lation mais de reprise d’entre-prise, mettre sur un pied d’éga-lité l’installation des jeunes et laconsolidation des exploitationsexistantes. En matière économi-que, il faut renforcer les inter-professions, donner une basejuridique incontestable aux coti-sations les concernant, mettre enplace une fiscalité attractive… »

Despoursuitescontre l’UPApar sesmembresOn sait que l’UPA poursuit sesmembres devant la Régie desmarchés (loin des regards dansdes chambres d’hôtel) ou en cour(plusieurs milliers de causes cesdernières années) pour des coti-sations ou prélevés non payés;mais par les temps qui courent,ce sont des membres qui pour-suivent l’UPA. Guy Rocheleau(4 avril, cour de Granby) pour-suit l’UPA pour 150 000$ pourtroubles et ennuis concernant unmontant de 2500$ de cotisationsqu’il juge inconstitutionnelles. Ila refusé un arrangement àl’amiable. Bernard Desrosiers,après avoir vu annuler la pour-suite intentée par l’UPA contrelui pour cotisations non payées,poursuit maintenant le gou-vernement fédéral pour lui avoirrefusé le remboursement de TPSen raison du non-paiement de sacotisation à l’UPA, ce qu’il juge

États générauxou grand-messe du pouvoir?L’organisation des États généraux de l’agriculture, instaurée par l’Union paysanne, est bel et bien démarrée.

Roméo Bouchard

L’union des auditeurs?!Les citoyens membres de CKRL :

Carte de membre à 25$

Campagne de renouvellement en cours

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Coopérative UnitekFabricant de fertilisant naturel marin

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(418) 587-6513 • [email protected]

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179, rang 6 EstSainte-Lucie-de-Beauregard, Québec G0R 3L0

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Les produits de l’érable des Bois-Francs inc.André Lamothe, président615, Principale,Saint-Étienne-des-Grès (Québec) G0X 2P0

Tél. : (819) 372-3369Fax : (819) 373-3539Cell. : (418) 335-1615

ÉrablièreDes Gollées inc.81 De La FrontièreRivière-Bleue(Québec) G0L 2B0

Tél. : (418) 893-2756

Érablière GF Marois1083, route 271

Sainte-Clotilde-de-Beauce, Québec G0N 1C0

418.427.3678

Nous pourrons retrouver la libertéet le bonheur de faire du siropsans crainte de tout perdre!

Salutet merci!

Roméo Bouchard

Je quitte mes fonctions au Journal et àl’Union paysanne au cours des prochainessemaines. Ceci est probablement mon dernier journal.

Je suis fier de ce que nous avons réalisé depuis le début. Le débatsur l’agriculture et l’alimentation ne sera plus jamais le même auQuébec. Sous la pression des prises de conscience, le mondechange rapidement.

Les 13 numéros que j’ai produits (plus un numéro spécimen)sont pour moi la plus belle expérience de journalisme qu’il m’aitété donné de vivre. Jamais je n’ai pu écrire dans une telle libertéd’expression et de combat.

J’ai eu une occasion unique de faire des recherches concrètes surla plupart des grands dossiers défendus par l’Union paysanne.Avec ma femme comme chauffeur et photographe, j’ai eu l’occa-sion de visiter et de présenter 13 régions du Québec sous desjours absents de l’information officielle. J’ai eu la chance de par-ler avec les plus beaux agriculteurs-paysans du Québec, et devous les faire connaître. Je n’oublierai jamais Marc Bérubé dansCharlevoix, Richard Favreau dans le Bas-Saint-Laurent, YvesAdam dans la Petite-Nation, Diane Dupuis, John Forest, laFerme Chimo ou Val-d’Espoir en Gaspésie, les Lehmann au Lac-Saint-Jean, Daniel Gosselin et la Ferme Champy en Montérégie,David Martineau et Daniel Carle en Abitibi, Yves Gagnon etAndré Auclair en Mauricie. Et tant d’autres, car ils sont plusnombreux qu’on ne le pense. J’ai découvert aussi la révolutionsilencieuse des comités de bassins versants, l’agricultureurbaine, les réseaux de bonne bouffe.

Ces 13 numéros sont pour moi, et pour vous, je l’espère, unevéritable encyclopédie paysanne. Ceux qui veulent compléterleur collection peuvent obtenir des numéros parus au prix de 2$l’exemplaire (incluant la poste) en s’adressant au Secrétariat del’Union paysanne.

Je remercie tous nos fidèles lecteurs, les membres de l’Unionpaysanne, le caricaturiste Pierre McLeod, la graphiste ÉlianeVincent et toutes les équipes régionales qui ont collaboré. Il s’estcréé entre nous une sorte de communauté de pensée et de com-bat. Malheureusement, dans un réseau encore trop réduit pours’imposer dans le public. Le Journal sera sans doute appelé àévoluer, et vous en serez informés comme il se doit.

Page 4: UPJ-13.pdf32.77 MB

Histoire de jardinsAu début, les moyens sont limi-tés, mais la tâche ne découragepas les jardiniers. Le proprié-taire, qui désire voir sa terre cul-tivée, laisse carte blanche au petitcollectif et la lui loue pour le prixdes taxes. Deux hectares de loamargileux (accompagnés d’unegrange, mais pas de maison).Pendant les deux premièresannées, on s‘applique à implanterles cultures.

De l’avis des visiteurs, le jardin àcette époque a un air déconcer-tant de toile vivante impression-

niste…où le règne végétal prendle dessus sur celui de l’homme!On éprouve un malin plaisir àdisséminer et à faire se côtoyervivaces et annuelles, légumes,fines herbes et fruits, plantesdécoratives et médicinales, letout en plates-bandes inégales.

Un laboratoirevivantLe projet ne se limite pas au sim-ple jardinage. En quête incessantede nouvelles façon d’utiliser encuisine les produits de la terre,les membres de Ferme-en-Terre

expérimentent sans compter lesheures. Toutes les techniques detransformation y passent : déshy-dratation, cuisson, fermentation,congélation, torréfaction… Parmicelles-ci, la lacto-fermentationdes légumes séduit tout lemonde. C’est la méthode tradi-tionnelle de fabrication de lachoucroute, qui est aussi adaptéeau chou qu’à une multitude delégumes issus du jardin. C’estd’ailleurs le vif intérêt porté parles membres du groupe à l’égarddes aliments fermentés qui amené au nom du projet. Fermen-terre, comme pour évoquer lerôle d’une terre équilibrée qui,lorsque cultivée de façon écolo-gique, développe une activitémicrobienne intense et fertile.Pour la réussite des lacto-fermen-tations, ce facteur est de premierordre. Les ferments lactique, bac-téries bénéfiques essentielles auprocédé, ne survivent pas auxcocktails chimiques utilisés enagriculture conventionnelle…

L’aventure ne s’arrête pas là. Àpartir de la troisième année (en2003), le temps est venu d’ex-périmenter la mise en marché. Ilssont maintenant quatre à con-tinuer le projet. Aidés par le pro-gramme Jeunes Volontairesd’Emploi-Québec, Mathieu, Martin,Éric et Marc-Antoine développentdes liens dans la communauté.Un partenariat avec une fermefruitière ainsi qu’avec une coopé-rative de solidarité les amène àcultiver une deuxième parcelle deterrain et à monter un kiosque au

village, chaque fin de semaine,dans un projet pilote nommé « LeRelais Saint-Didace ». Sont réu-nis dans ce concept une cantine,un kiosque de fruits et légumes etune boutique d’artisanat région-al. Parallèlement, l’entreprisefournit chaque semaine à unedizaine de familles des paniers delégumes frais. Dès lors, on com-mence à percevoir l’ampleur duchemin à parcourir vers uneferme viable et rentable. Ce n’estpas un hectare de légumes qu’ilfaudrait, mais plutôt dix pourfaire vivre les jardiniers deleur art.

Une fermeen incubationNouvelle saison, nouveauxenjeux… En 2004, le nom-bre de familles « parte-naires » passe à 20, et oncommence à aménager unlocal à Saint-Gabriel-de-Brandon, le village voisin.Tout d’abord en tant quepoint de chute pour lespaniers, le local, qui dansson histoire a jadis faitoffice de restaurant, dedépanneur et de boutiqued’antiquité, fait rêver d’unpetit magasin d’alimentsnaturels. Un genre de ma-gasin général où seraientmis en valeur les produitspaysans de la région, l’ali-mentation saine. Le genrede vitrine qui manque gran-dement en région de nos

jours. Cette idée, Ferme-en-Terrela développe toujours, commecelle de créer un atelier de trans-formation alimentaire accessibleaux cuisiniers-jardiniers. Ce nesont pas les idées qui manquent.Après quatre ans, c’est tout unréseau d’initiatives et de gensconcernés par la vie rurale qui seconstitue par le dynamisme deces jeunes gens. Chose certaine,une graine a été semée dans leterreau lanaudois, qui semblebien décidée à se multiplier!

PaysannerieL’événement

lui aussi inconstitutionnel. Ungroupe d’Abitibi prépare aussi unrecours collectif contre ceux quise voient refuser le versementdes assurances agricoles ouautres programmes publics s’ilsn’ont pas payé leur cotisation àl’UPA. L’Union paysanne, pour sapart, envisage de consulter tousses membres qui doivent payer lacotisation à l’UPA pour organiserune opération baptisée, selon uneautre opération bien connue, « Jepaie ma cotisation… au syndicatqui me représente! ». Avis auxintéressés.

L’Outaouaisa éludeux députéspéquistesen 1976Plusieurs lecteurs nous ont infor-mé que l’affirmation de notredernier numéro voulant quel’Outaouais n’ait jamais élu dedéputé péquiste était fausse. Etils ont fourni tous les détails,comme quoi il y d’authentiquesnationalistes qui assurent larelève de Montferrand dans cetterégion. Il s’agit de Jean Alfred,premier député noir à l’Assem-blée nationale, élu en 1976 dansle comté de Papineau, et de MmeJocelyne Ouellette, élue dans Hullen 1976 et ministre des Travauxpublics dans le cabinet Lévesquejusqu’en 1981. Toutes nos excuses.

ÉcovillageauMont-RadarUn véritable réseau des écovil-lages et un véritable écovillagesont sur le point de prendreforme. Des personnes du groupede la revue Aube, dont l’anima-teur est Philippe Laramée, vien-nent d’acquérir le terrain et lesinstallations de l’ancienne basemilitaire du Mont-Radar (MontSainte-Marguerite), dans laBeauce, au sud de Sainte-Marie,près de Saint-Sylvestre : 16 acresde terrain, un édifice communau-taire, une grange, une mini-municipalité en quelque sorte.

On veut en faire un écovillagetype, basé sur une nouvelleapproche de l’aménagement etdes relations humaines, orientévers la communication, l’éduca-tion, l’écotourisme, les rencon-tres et diverses productions.

Comme les expériences d’éco-hameaux semblent peu durablesjusqu’à maintenant, il faudraitpeut-être souhaiter que le groupeélabore, en collaboration aveccertains maires progressifs et unpeu sur le modèle de Villes etVillages en santé, une sorte decharte-type et un réseau pour lesvillages conventionnels qui sontdisposés à devenir un écovil-lage.

Jardin Ferme-en-Terre

Espace d’autonomiealimentaireet de créationC’est un groupe d’amis partis en 2001 cultiver une terre dans Lanaudière. Un collectifd’une dizaine de personnes, alors âgées de 18 à 24 ans, se rassemble à Saint-Didace poury cultiver une terre à l’abandon. Inconditionnels d’alimentation saine et d’agriculture bio,ils veulent cultiver leur propre bouffe, vivre le processus du début à la fin… Au menu :autonomie alimentaire, expériences culinaires et bienfaits du mode de vie paysan!

Marc-Antoine Minville, (450) 835-5583, [email protected]

L’ART DU BON PAIN

Pain au levain, épicerie fine, produits du terroirVotre repas dans une soupe

306, route de l’Église, Saint-Jean-Port-Joli, Québec G0R 3G0(418) 598-7890

Maryse Guay590, rang Saint-PatriceSaint-Patrice-de-Beaurivage, Québec G0S 1B0

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Saint-Jean-de-la-Lande, Québec G0M 1E0

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Léo-Paul Thibault105, chemin de l’Éventail, Rivière-Ouelle (Québec) G0L 2C0

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87, route 275 NordFrampton (Québec) G0R 1M0

Tél: (418) 479-2962

J e m e s o u v i e n s !

Dominique Roberge310, chemin des PointesSaint-Fortunat, Québec G0P 1G0

819.344.3458

4600, 6e Avenue OuestSaint-Georges, Québec G5Y 5B7

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921, route 267Saint-Jean-de-Brébeuf, Québec G0S 1K0

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Auberge des Glacis«RELAIS GOURMAND»

UN SITE EXCEPTIONNEL ET UNE TABLE GASTRONOMIQUEDE PRODUITS DU TERROIR

Tél. : 1 877 245-2247Site web : www.aubergedesglacis.com

L’Union paysanneaux deux salons Manger santé bioL’Armoire aux herbes, laferme Cadet Roussel, laferme Récolte d’Osiris,la ferme Rheintal, laFerme des Anges, laferme Lait d’antan, lesMiels d’Anicet, leVignoble des Négondos,la Coop de la Maisonverte, la Coopératived’Alentour étaient lesmembres producteursprésents dans le but defaire connaître leursproduits aux visiteursdu salon qui se tenait auPalais des congrès deMontréal.

De plus, une vingtainedes membres citoyens sesont relayés pour tenir un stand d’information surl’Union paysanne, et aussi pour faire connaître l’or-ganisme des États généraux de l’agriculture auQuébec ainsi que son mode de fonctionnement.

Même scénario à Québec les 2 et 3 avril, avec desagriculteurs-paysans des régions de Québec et dePortneuf : Au goût d’autrefois (oies, Île d’Orléans),Ferme Saint-Joseph (viandes, Saint-Alban) quiregroupe les jeunes paysans du légendaire Rang St-Joseph, sorte d’enclave biologique en émergence.

Une petite partie de l’équipe qui a tenu le fort au kiosque de Montréal

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19, rue du Moulin, Beaumont, Québec G0R 1C0

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Marc-Antoine Minville

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Derrière ces rassemble-ments printaniers se trouve l’idéede donner aux citoyens l’occasionde participer à la sauvegarde età la propagation du patrimoinevégétal vivant. Sont conviés àparticiper à ces fêtes : le publicen général, les cultivateurs, lesproducteurs de semences « àpollinisation libre », les organis-mes et regroupements engagéslocalement en agriculture et enenvironnement, les maisons d’en-seignement, etc. De la tomate« corne de bouc » à celle plutôt« Savignac » (du père du mêmenom, dans Lanaudière) en pas-sant par le fameux « concombrede tante Alice » de la région deBellechasse, la visite des dif-férentes lignées de fruits etlégumes s’étend sur de nom-breux kilomètres… Alors ons’aperçoit qu’une tomate peutnon seulement être rouge àmaturité, mais aussi pourpre,noire, jaune, orange, verte striéede jaune… Et que dire de la bet-terave jaune ou de celle crapau-dine, de la carotte rouge et dumaïs bleu! Hybrides? Pas dutout. OGM? Non plus! Ce sontdes mains de paysans du mondeentier qui, par leur long travailde sélection, ont forgé le carac-tère génétique des familles végé-tales. Sans oublier l’apport nonnégligeable des terroirs danslesquels ces plantes ont évolué.Un patrimoine génétique qui, onle sait, tend à disparaître pro-gressivement avec l’industriali-sation de notre alimentation. Ledéveloppement de l’agroalimen-taire moderne, qui requiert ungrand besoin d’uniformité descultivars, est loin d’aider àsauvegarder toutes ces variétés deplantes diverses et singulières,véritables trésors de la nature.

C’est là qu’intervient la missiondu programme Semencier duPatrimoine Canada, un réseaude passionnés de plantes rares ettraditionnelles s’étendant à lagrandeur du territoire canadien.L’organisme, dont la raisond’être est justement de favoriserla protection du patrimoinevégétal, a assisté le développe-ment des Fêtes des semencespartout au pays. Il cordonne etdiffuse au plan national les datesde chacun de ces événements, en

plus d’y participer sur place parle biais de bénévoles. Ce sontcependant des acteurs locaux quiprennent en charge l’organisa-tion des Fêtes dans chaquerégion. Un petit guide pour lamise en place de tels événementsa aussi été créé. Au Québec, à lapremière Fête des semences quiavait eu lieu en 2001 au sous-sold’une église de Notre-Dame-de-Grâces, se sont ajoutées celles deSaint-Georges-de-Beauce, deSaint-Vallier-de-Bellechasse,puis Saint-Apollinaire, Sher-brooke, Sorel-Tracy, Lanaudière(La Foire de la Fertilité)… Desfêtes populaires qui répondent àun désir des citoyens à prendrepart au devenir de leur alimenta-tion et de l’agriculture en général.

Du côté des projets, on a le ventdans les voiles. Diane Joubert,de la partie québécoise au pro-gramme Semencier, en a plu-sieurs sur la table. Comme celuid’instaurer un conservatoire de

semences, qui veillerait à l’entre-posage de variétés semencesspéciales. On cherche actuelle-ment un endroit dans lesLaurentides, de concert avecl’organisme HarmonieTerre. Unesorte de « jardin planétaire »,dont la mission serait axée autantsur les aspect de conservationque sur ceux d’éducation et d’a-mélioration des semences. Desidées qui sont fertiles!

Des Fêtes des semencespour la diversité culturelle…Destinées aux amants et curieux de jardinage écologique, les Fêtes des semences bénéficient d’un engouement certain auprès de la population. Lorsde la cinquième édition de la fête montréalaise, qui avait lieu en février dernier au Jardin botanique, on a dénombré une affluence de plus de 2500 per-sonnes sur place, signe que l’intérêt pour le sujet est bien présent. Un peu partout au Québec et ailleurs, des événements similaires se mettent surpied grâce à l’initiative concertée de citoyens et de groupes communautaires locaux.

Par Marc-Antoine Minville Le « Dragon » en ques-tion est situé au cœur d’unemagnifique vallée du rang Belle-Montagne, à Saint-Jean-de-Matha.Établi en juin 2004 dans unancien théâtre d’été, un collectifcoloré d’une vingtaine de per-sonnes s’active à mettre de la viedans cet espace en créant desévénements culturels variés etrassembleurs.

Malgré le peu de budget dont ildispose, il a réussi à offrir toutau cours de l’année une étonnanteprogrammation de spectacless’adressant à toute la famille :événements thématiques, musiqueet danse indienne, musiquearabe, brésilienne… Même Marc

Favreau, notre Sol national, y aprésenté son spectacle.

Le Dragon se veut un lieu de ren-contres, d’échanges et de diffu-sion culturelle où la danse, lamusique, l’art et la saine alimen-tation s’expriment dans unejoyeuse ambiance de convivialitéet de solidarité.

Dans un lieu sans fumée (eh oui,un Dragon sans fumée!), l’équipedu Dragon a aussi la préoccupa-tion de promouvoir la saine ali-mentation : repas et dessertssanté, jus frais et breuvages ori-ginaux sont cuisinés avec des ali-ments biologiques de qualité,produits autant que possibledans la région. La programma-

tion étant en constant développe-ment, des cours de yoga, des ate-liers de danse, de capoeira etautres sont aussi prévus cetteannée, avec comme promessebeaucoup de découvertes encore.

Une fleur au beau milieu de lacampagne, quoi!

Les prochains événement à nepas manquer : soirée Mille et unenuits le 23 avril et La ChangoFamily le 21 mai.

(450) 886-2644,www.odragon.org

Ô Dragon,café-théâtre

Louise Garneau, (450) 835-9551

PaysanneriePaysannerie

Pierre St-Germain1296, route 363

Saint-Ubalde, Québec G0A 4L0

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Maisons écologiquesDepuis 1994, publié quatre fois l’an

Abonnements, CD d’archives et numéro gratuit :

1 800 667-4444Cours et consultations :

(450) 228-1555 • www.21esiecle.qc.ca

44, BoileauSaint-Basile-le-Grand, Québec J3N 1H7

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200, RR 2Sainte-Sophie-d’Halifax, Québec G0P 1L0

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114, route 204 EstSaint-Adalbert, Québec G0R 2M0

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AVEC L’UNION PAYSANNE

Alfred Angers, acériculteur1301, Route 161

Ham Nord, QuébecG0P 1A0

819.344.2091

2231, rang Saint-Gabriel NordSainte-Marie, Québec G6E 3A8

418.387.6207

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Pour contacter Diane Joubert :(450) 466-6004

Autres adresses utiles :www.semences.ca

www.harmonieterre.orga

C-27

Un affrontàl’agriculturepaysanne

La Rédaction

Les semences sont le résultat du travail accompli par lespaysans pendant des siècles. C’est leur propriété et leur droit.

Les compagnies ont entrepris de s’approprier ces droits. Ellesont d’abord développé diverses variétés d’hybrides puis d’OGMbrevetés. Avec le gène Terminator ou d’autres semblables, ellestentent même de créer des semences incapables de se repro-duire. Elles ont ensuite convaincu les gouvernements d’obligerles agriculteurs à utiliser des semences certifiées pour êtreadmissibles aux programmes d’assurances agricoles. C’estmaintenant le cas à la Financière agricole.

Et voilà que le gouvernement fédéral, dans son projet de loi C-27, accorde une série de nouveaux pouvoirs à l’Agence canadi-enne d’inspection des aliments, pouvant aller jusqu’à l’interdic-tion aux agriculteurs d’utiliser des semences autres que cellesproduites par certaines compagnies, et jusqu’à l’alignement denos exigences sanitaires sur les standards américains. Le pointde vue commercial prévaut sur la sécurité alimentaire, sur labiodiversité et sur la liberté des paysans.

Cela fait l’affaire de Monsanto et de toutes les grandes compagniessemencières, qui, à l’exemple des compagnies pharmaceutiques,veulent financer leurs investissements pour produire de nouvellessemences en obligeant les agriculteurs et utilisateurs à les acheter,en leur réclamant un droit d’utilisation et en leur interdisant d’u-tiliser leurs propres semences. Vous voyez ça d’ici dans le bio!

Pour participer à l’opposition,contactez Benoît Girouard, (514) 605-6800

Alex Boisdequin-Lefort est responsable de l’équipe del’Union paysanne dans Lanaudière.

Les autres membres du conseil sont Marc-AntoineMinville, Emmanuel Beauregard, Céline Poissant etRobert Wener.

L’équipe s’implique dans les comités de bassins, comitésde relève agricole, tables de concertation régionales,comités de santé publique, fêtes de fertilité et desrécoltes, etc. Sa collaboration à la rédaction de cejournal a été exceptionnelle.

Pour les joindre :(450) 889-5929 • [email protected]

Gaston D’Aigleacériculteur

287, rang du NordSaint-Omer, QuébecG0R 4R0

(418) 356-2702

Les acériculteurssont régispar des lois trop rigideset se sentent étoufféspar la Fédération.

L’Union paysanneest l’alternative

pour changerles choses.

Gilles Coutureacériculteur108, de la Fabrique, Sainte-Apolline-de-PattonQuébec G0R 2P0

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Bienvenue dans la magni-fique région de Lanaudière, tra-versée du nord au sud par la nonmoins magnifique rivière L’As-somption… l’une des plus polluéesdu Québec. Dans sa partie sud,elle coule au cœur du triangleformé par trois super-dépotoirs :Lachenaie, Saint-Thomas etSainte-Sophie, où s’empilentpêle-mêle environ le tiers desvidanges du Québec, gracieusetéde la CMM (Communauté duMontréal métropolitain), soit 3 Mde tonnes annuellement ou6 600 000 000 lbs/an (six mil-liards six cents millions de livres) :ça, c’est de la vidange!

Développement durable en tête,du moins pour son aspect éco-nomique, pourquoi ne pas profi-ter de cette situation unique pourdévelopper un volet régional entourisme environnemental?

Dépotoirde LachenaieUn ministre de l’Environnement,plus entrepreneur celui-là, pour-rait donner un sérieux coup demain. En effet, pourquoi ne pasoutrepasser encore une fois lesrecommandations du BAPE etdécréter non pas UN MILLION,mais CINQ MILLIONS de tonnes,de façon à raccourcir au maxi-mum le délai prévu de 25 anspour son remplissage? Ainsi, onpourrait avoir plus rapidementnotre montagne (le montDÉPOTOIR) s’élevant sur 40 mè-tres – 17 étages – qui deviendraitun centre récréotouristique com-prenant une école de ski ou deplanche à neige, et pourquoi pasdes « tunnels vitrés » permettantde voir de près, en un seul lieu,les « restes » de Montréal, deToronto ou de New-York (desrèglements, ça se change)?

On pourrait organiser des forfaits-voyages, agrandir l’aéroport deMascouche, construire des hôtels,augmenter le nombre de sites derestauration incluant des bed-and-breakfast (pour favorisertout le monde, même les petitsentrepreneurs), construire unmusée (peut-être un deuxièmedu type « Juste pour rire… dumonde ») et des boutiques devente d’artefacts ou de cannettesde bio-gaz, etc. ÇA SERAIT BONPOUR L’ÉCONOMIE LOCALE, ÇACRÉERAIT DES EMPLOIS!

Et, pourquoi pas une statue avecun visage à deux ou trois faces...celles de chaque ministre(Brassard, Boisclair et Mulcair)ayant contribué, chacun à safaçon, à la mise en place de cettemontagne, unique au monde,véritable monument élevé à lamémoire de la bêtise humaine?

Route des… eauxEn plus, ces touristes venus departout pourraient se voir offrirun circuit sur la rivièreL’Assomption, style « route desvins », afin qu’ils puissentdéguster son eau à des endroitsstratégiquement choisis. Ainsi,pour ne pas les apeurer, ladescente de la rivière com-mencerait dans la région deSaint-Côme pour une premièredégustation. Et, question d’accli-mater leurs intestins, un second

arrêt serait prévu au nord de laprise d’eau de la ville de Joliette,et un autre en aval de son usined’épuration des eaux usées.Même scénario pour la ville deL’Assomption. Quant à Repentigny,un seul arrêt serait effectué, soità sa prise d’eau.

Un coffret d’échantillons d’eauserait distribué, chaque petite

fiole permettant de voir son évolu-tion, d’une eau claire et limpideet peu goûteuse à une eau consis-tante et colorée et très goûteuse.Une tasse-souvenir, de couleurbrunâtre, question de rendreinvisibles les cernes, serait com-prise dans le tarif de l’excursion.Et, afin que leur voyage ne soitpas gâté par la maladie dutouriste, des échantillons d’Idio-mum, fabriqué dans le laboratoirede recherches qui ne tarderaitsûrement pas à être érigé sur lesrives de la L’Assomption (pen-sons-y : des cobayes venant departout), seraient remis gratuite-ment, la version extra-forte étantréservée pour la dernière dégus-tation à Repentigny. En casd’échec, les intestins fragilespourraient être traités au nouvelhôpital Pierre-Le-Gardeur, situédans le corridor des vents domi-nants en provenance du dépotoirde Lachenaie.

Excursionsur le fleuvevers la mer de…Nul doute que cet afflux detouristes pourrait donner desidées, par exemple à une famille,émule de la famille Dufour deTadoussac, renommée pour sesexcursion aux baleines, qui ver-rait à organiser des sorties sur lefleuve, en Zodiac, afin d’allerconstater de visu l’endroit oùsont déversés constamment,sûrement en tourbillonnant, lesmillions de gallons de jus enprovenance de l’usine d’épura-tion des eaux usées de la ville deMontréal. Au retour, un arrêtserait prévu sur l’île Deslauriers,là où nichent environ 150 000goélands, charognards volants,adeptes du casse-croûte à cielouvert qu’est le dépotoir de Lache-

naie. Les visiteurs pourraient con-server les imperméables et lescouvre-chefs fournis, affichant lelogo de L’Autre Lanaudière, avecgarantie qu’une salle de séchageserait aménagée afin de leur per-mettre de garder intacts les sou-venirs tangibles de leur excursion.

Visitesde super-porcheriesCet autre volet à ce circuit de vi-sites touristiques est en cours dedéveloppement. Des ententesdevront être négociées, de façon

Dans l’éventail desrivières du Québec polluées parl’agriculture, la rivière L’Assomp-tion est considérée comme unesorte de mythe et de prototype.

Premier bassin de développe-ment sauvage de l’industrieporcine, qui venait s’ajouter auxélevages de poulet, aux culturesde tabac et de légumes, et auxdéveloppements de banlieues, larivière L’Assomption a fait l’objetde débats et même de mora-toires avant même l’avènementdes comités de bassins versants.

La CARA (Corporation d’amé-nagement de la rivière L’As-somption), créée en 1983, estsans doute l’ancêtre de tous cescomités de bassins qui couvrentprésentement le Québec. FrancineTrépanier, sa directrice, etClaude Ducharme, son prési-dent, sont fiers du travail accom-pli pour mobiliser les riverains

dans le but de restaurer les tré-sors naturels de cette rivière etde ses rives, et de rétablir lesfonctions régulatrices des sols etdes cultures qui couvrent sonbassin. Mais ils sont clairs sur lasituation et sur les défis àrelever.

C’est surtout à partir de Jolietteque la rivière a été polluée. Etpendant des années, agriculteurset autorités municipales de laville de Joliette se renvoyaient laresponsabilité, puisque la ville deJoliette y déversait ses eauxusées. Ces dernières années, laville a réalisé le traitement de seseaux usées, mais la qualité de larivière en aval est toujours aussimauvaise. Il faut donc en con-

clure que le problème réside enaval de Joliette, dans les affluentsqui hébergent la majeure partiedes porcheries, poulaillers et cul-tures maraîchères (Achigan,Saint-Esprit, Ouareau). Il fautsignaler que la qualité des eauxde la rivière, en amont de Joliette,est acceptable.

Mais tant que le monde agricoleet les ministères responsablesrefuseront de réévaluer les pra-tiques agricoles adoptées depuisune quarantaine d’années (fumierliquide, engrais chimiques etpesticides, monocultures, déboi-sement, destruction des bandesriveraines, élevages sans sol,drainage souterrain), on nepourra progresser pour la peine,car la pollution agricole diffuseest, dans la plupart des cas,responsable de près de 80% dela pollution des eaux. Pour lephosphore, mais aussi les nitrates,la matière organique, les pesti-cides et autres métaux lourds.Une étude non encore publiquedu ministère de l’Environnementrévèle un nombre alarmant derésidus de pesticides dans lesrivières en milieu agricole.

Quoi qu’en disent les agriculteurs,les progrès sont plus évidents ducôté des rejets municipaux etindustriels. Le ministre Mulcair,lors des consultations sur ledéveloppement durable à Joliettemême, n’a pas hésité à qualifierde « légende urbaine » – ouplutôt rurale – l’opinion générali-sée des agriculteurs selon laquellenous avons les normes agroenvi-ronnementales les plus sévèresau monde. Et il en donnaitcomme exemple l’Île-du-Prince-Édouard, qui exige et respecte15 mètres de bandes riveraines,alors qu’au Québec on n’arrivemême pas à faire respecter unmètre.

Pour joindre la CARA(450) 755-1651www.cara.qc.ca

serrée, avec des propriétaires desuper-porcheries que l’on retrou-ve en abondance dans Lanau-dière. Pour l’instant, échaudéspar le moratoire, rien ne nousgarantit qu’il y aura des volon-taires disposés à ouvrir leursportes, mais comme l’argent ne

leur semble pas avoir d’odeur,possiblement qu’en y mettant leprix, question de boucler laboucle, les touristes pourrontéventuellement comprendre pour-quoi le Bas-L’Assomption est lavitrine principale de l’AutreLanaudière.

13, rang 8 Est, C.P. 1820Saint-Adalbert, Québec G0R 2M0

418.356.3443

Unis, nous auronsde bien meilleurs résultats

Érablière DuBonnetNormand DuBonnet, acériculteur

1283, La SeigneurieSaint-Roch-des-Aulnaies, Qc G0R 4E0

418.354.2277

Paul Chaperon1138, rang 8Saint- Adrien Québec J0A1C0Tél. : (819) 828-3107

Pour laisser un héritage à mes enfantset qu’ils aient encore le goûtde continuer à vivre de cette terre que j’aime tant,je demande la libertéde produire équitablement et sainementdans le respect de mes droits.

Mercià l’Union Paysanne!

Pour retrouver la libertéde produire et de vendreRéjean Grenier, acériculteur

338, rue Miville-Deschênes, Saint-Jean-Port-JoliQuébec G0R 3G0

Tél: (418) 598-60542232 rang 2, Saint-Zacharie (Québec) G0M 2C0 • (418) 593-7953

Par amour pour la terre,je continue à faire ce que je fais de mieux.

J’encourage l’Union Paysanneà continuer son bon travail

et à nous représenterdans toutes nos activités.

463, PrincipaleSainte-Apolline-de-PattonQuébec G0R 2P0

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gibier à plumeset volailles bio

pintades, perdrix, faisans,canards, oies, pouletset dindes biologiques

moulées biopour tous les animaux

céréaleset grains bio

ASCmembreÉquiterre

L’Assomption,mornerivière!

Francine Trépanier, directrice et Claude Ducharme, président de la Corporation del’aménagement de la rivière L’Assomption (CARA)

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L’autre LanaudièreNote : À lire seulement entre les repas, pas moins d’une heure avant ou après le repas.Pour les personnes suivant une diète sévère : à lire une heure avant ou après le repas.

Par Michel Legris, Le Gardeur

Reportage Reportage

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Nous croyons que la con-tribution de l’Union paysanne laplus utile au projet de développe-ment durable qui nous est présen-té consiste à rappeler les élémentsessentiels d’une politique d’agri-culture durable et à œuvrer à leurmise en application.

Plusieurs des recommandationsdu BAPE sur l’inscription de l’in-dustrie porcine dans le déve-loppement durable traçaient lesgrandes lignes d’un modèled’agriculture durable. Malheureu-sement, plusieurs d’entre elles,parmi les plus importantes, n’ontpas été retenues, notammenttoutes celles concernant la struc-ture du financement public del’agriculture, la concentration desexploitations, la production d’ex-portation, la protection de lacapacité de support du milieu parune norme d’unités animales àl’hectare, les monocultures et labiodiversité, la gestion solide desfumiers, la protection des coursd’eau, l’alimentation et le bien-être des animaux.

Nos remarques concerneront doncles conditions d’une agriculturedurable, ce qui renvoie principa-lement à l’action des ministèresde l’Agriculture et de l’Environne-ment dans ce projet d’ensemble.

Définitionde l’agriculturedurableLes définitions proposées du déve-loppement durable s’appliquentlogiquement à l’agriculture. Uneagriculture durable doit êtreéconomiquement viable, écolo-giquement appropriée et sociale-ment acceptable. En d’autresmots, une agriculture durablesera celle qui permettra de nour-rir la population de mieux enmieux (sécurité alimentaire) etd’assurer une utilisation efficacede notre territoire agricole sanscompromettre l’avenir des sols,des ressources naturelles, desfermes et des communautés quis’y trouvent.

Nécessitéd’une politiqued’agriculturedurableUne politique d’agriculture du-rable nous paraît être une pièceessentielle de la politique dedéveloppement durable. Nullepart l’avant-projet de loi n’en faitétat. Nos sols cultivés, notre pro-duction alimentaire et nos com-munautés rurales sont uneressource de base pour garantirnotre alimentation, notre santé,l’occupation de notre territoire etla préservation de ses patri-moines naturels et culturels.

Or, ce patrimoine est gravementmenacé par l’adoption en agri-culture, ces dernières années,notamment au Forum des déci-

deurs en agriculture à Saint-Hyacinthe en 1998, d’objectifséconomiques et commerciaux quifont passer la rentabilité avant laqualité des aliments, l’équilibredes écosystèmes et l’avenir descommunautés rurales. À tel pointque nous pourrions affirmer sansexagérer que les politiques agri-coles du ministère de l’Agriculture,jointes aux politiques agroenvi-ronnementales du ministère del’Environnement, devront cons-tituer une pièce maîtresse et untest pour la politique de déve-loppement durable.

Nous pensons que l’agricultureindustrielle dominante, soutenuede surcroît par un syndicat agri-cole unique, ne permet pas d’as-surer cette durabilité des fermes,des ressources et des commu-nautés rurales.

L’agriculturedurableest une agriculturelocale et écologiqueL’agriculture industrielle et l’ali-mentation commerciale reposentobligatoirement sur la concentra-tion des exploitations, sur lamondialisation des produits, etconséquemment, sur la surex-ploitation des régions et despopulations, sur la destruction deleur environnement, sur le gas-pillage d’énergie par la circulationillimitée des produits alimentaires.

L’agriculture durable exige donc,à la base, qu’on revienne à uneagriculture locale et diversifiée, àdes pratiques écologiques, à desproduits personnalisés, à unemise en marché de proximité, àdes fermes et des marchés àdimension humaine, et à un plu-ralisme de modèles et de syndi-cats agricoles.

En somme, une agriculture axéesur la souveraineté et la sécuritéalimentaire, le respect de la nature,l’occupation du territoire et labiodiversité plutôt que sur lesperformances économiques etcommerciales sur les grandsmarchés. Il s’agit de reconquériret de réoccuper notre marché ali-mentaire intérieur, ni plus nimoins.

La ferme-référencePour y parvenir, la ferme qui doitdevenir la ferme-référence pourle financement public, les assu-rances agricoles, le soutien desprix, la rémunération de la multi-fonctionnalité, le transfert tech-nologique, n’est pas l’exploitationintégrée ou exportatrice, mais laferme autonome, diversifiée, quifait vivre plusieurs personnes,qui n’implique pas d’investisse-ments prohibitifs, qui est accessi-ble et transmissible, qui adoptedes pratiques de culture et d’éle-vage permettant à la matièreorganique de se maintenir et dese régénérer, aux eaux de surfaceet souterraines de rester propres,

aux milieux boisés et humidesd’assurer l’équilibre des écosys-tèmes, aux animaux de croître ensanté et dans le respect de leurnature, qui n’utilise pas de pro-duits chimiques, pharmaceuti-ques, carnés ou transgéniquessusceptibles d’affecter la santédes consommateurs et de l’envi-ronnement. La certification biolo-gique doit y être systématiquementencouragée.

Paradoxalement, les chiffres dé-montrent que non seulement detelles fermes sont davantageacceptables socialement et écolo-giquement, mais qu’elles sonttout compte fait plus rentableséconomiquement.

Des politiquesconcrètesCette stratégie d’agriculture du-rable doit se concrétiser dans despolitiques simples et efficaces quireprésentent, en réalité, unvirage majeur par rapport auxpolitiques actuelles.

Durabilité économique (pro-duction alimentaire)

Une agriculture viable économi-quement, c’est une agriculturequi assure le maintien de larentabilité des fermes qui sontessentielles, partout sur notreterritoire, pour garantir notresouveraineté et notre sécurité ali-mentaire. Pour y parvenir, dansle contexte de la mondialisationactuelle, les mesures suivantesnous paraissent nécessaires :

1. Accorder le financement agri-cole public en fonction de lataille et du statut de la fermeplutôt que des volumes de pro-duction, de façon à donner lapriorité aux fermes familialesà dimension humaine.

2. Accorder une rémunération àla multifonctionnalité de l’agri-culteur.

3. Soutenir les prix agricoles parune gestion de l’offre démo-cratique, orientée vers unemise en marché locale etdiversifiée, sans valeur pécu-niaire pour les quotas de pro-duction.

4. Limiter l’impact de la concen-tration et de l’intégration desproductions et des entreprisesde transformation et de distri-bution (chaînes d’épiceries àgrande surface) par desmesures de contingentementet de financement appropriées.

5. Cesser de subventionner l’ex-portation.

6. Imposer des tarifs aux pro-duits étrangers compétitifsaux nôtres, ce qui impliqueune renégociation des ententesde libre-échange relatives auxproduits agricoles.

7. Favoriser l’accès à la produc-tion agricole (transfert deferme, mode de propriété,financement).

8. Favoriser la transformation etla mise en marché locales pardes programmes de soutienaux fromageries, aux abattoirset aux ateliers régionaux etlocaux de transformation, parun système d’appellations quifavorise la qualité, la diversitéet les produits d’origine, parune réglementation sanitaireadaptée pour les productionsartisanales ou à petits volu-mes et pour la vente à la ferme.

9. Rétablir le pluralisme syndical.

Durabilité sociale (acteurdu monde rural)

Pour que l’agriculture soit accep-table socialement et joue pleine-ment son rôle dans la qualité devie des communautés rurales, etdans l’occupation et l’aménage-ment du territoire, certaines poli-tiques agricoles nous paraissentessentielles :

1. Réviser l’application de la Loisur la protection du territoireagricole de façon à favoriserl’occupation du territoire et lacohabitation en zone agricole.

2. Favoriser la création d’emploisagricoles grâce au soutien à laferme, à la diversificationagricole et à la mise en mar-ché de proximité.

3. Favoriser la participation et lacohabitation sociale en milieurural par des structures dé-mocratiques de consultation etde décision.

4. Soutenir les communautés etle patrimoine rural.

5. Encourager l’écotourisme etles fermes éducatives.

Durabilité écologique (ges-tion des écosystèmes)

Une agriculture durable doit per-mettre de préserver et de régéné-rer l’équilibre des écosystèmesdans lesquels elle s’exerce. Lesinterventions du ministère del’Environnement ne doivent passe limiter à fixer des « normes »,c’est-à-dire des seuils de chargepolluante à ne pas dépasser. Ellesdoivent clairement indiquer lespratiques à favoriser ou à pros-crire. Pour y parvenir, les mesuressuivantes nous paraissent essen-tielles :

1. Instaurer une véritable éco-conditionnalité, c’est-à-dire

conditionner le financementpublic de l’agriculture à l’a-doption de pratiques écologi-ques : préservation des sols,de l’eau, de l’air, de l’énergie,des boisés, des milieux humi-des, de la biodiversité, etc.

2. Interdire ou réduire selon lecas l’usage des hormones etantibiotiques de croissance,des farines carnées, des se-mences OGM, des engraischimiques, des pesticides, del’irradiation des aliments et detoute autre pratique qui meten danger la santé publique etla qualité de vie du milieu.

3. Exiger des pratiques d’élevagequi respectent le bien-être etla santé des animaux.

4. Intervenir contre la malbouffe.

5. Assurer, par des mesures con-crètes, la survie et le dévelop-pement des trois races patri-moniales officielles (chevalCanadien, vache Canadienne,poule Chantecler) ainsi quedes races et espèces tradition-nelles.

6. Adopter une politique officiellede promotion de l’agriculturebiologique en tant que secteurdistinct de l’agriculture con-ventionnelle et assurer à cesecteur les protections, lesincitatifs, le financement et lesstructures de mise en marchéparticulières qu’exige sondéveloppement.

7. Favoriser la gestion solide etle compostage des fumiers.

8. Garantir le respect de lacapacité de support du milieunon seulement par une normephosphore ferme par ferme etdans les cours d’eau, mais parune norme d’unité animale àl’hectare pour tenir compte del’ensemble des charges(0,3 unité animale à l’hectare).

9. Assurer efficacement la pro-tection des cours d’eau, deseaux souterraines, des bandesriveraines, des boisés, desmilieux humides, de la faune.

10.Développer les économiesd’énergie sur la ferme.

Reportage

Extrait du mémoire de l’Union paysanne sur le développement durable

L’agriculture durable

Les résultats d’une recher-che-action participative sur lesliens entre l’approche écologiquede l’agriculture et le développe-ment social durable seront bientôtdévoilés par la Direction de santépublique et d’évaluation de La-naudière. Plus qu’une étude, ils’agissait d’une démarche en vued’inviter à la réflexion et à lamobilisation tous les acteurs dumilieu se sentant concernés.

Les problèmes de santé liés àl’alimentation sont de plus enplus au cœur des préoccupationsdes experts de la santé publique.C’est de plus en plus reconnu : lamalbouffe conduit à l‘obésité, audiabète, aux maladies cardiovas-culaires, etc. Mais ce qui est toutde même encourageant, c’est quele milieu de la santé publiques’intéresse désormais aux liensqui mènent du système agroali-mentaire aux problèmes de santéassociés à l’alimentation. Lesaliments transformés industriel-lement deviennent l’ennemi àabattre, presque au même titreque l’a été la cigarette pendantplusieurs années.

Dans Lanaudière, région à visa-ges multiples où l’agriculture estun secteur d’activité important etdiversifié, et où la culture dutabac vient de s’éteindre, on s’in-téresse beaucoup à cette vasteproblématique. La Direction desanté publique et d’évaluation(DSPE) de l’Agence régionale dela santé et des services sociaux ymet son grain de sel, avecd’autres partenaires du milieu.Interventions, concertation, études

évaluatives et recher-che sont à l’ordre dujour. La sécurité ali-mentaire devient unenjeu important, qu’onsouhaite aborder glo-balement, sous toutesses facettes, avec tousles acteurs concernés.La perspective adoptéeest celle du développe-ment des communau-tés. On essaie de tenircompte des quatreaxes du développe-ment durable : l’éco-nomique, l’écologique,le social et le culturel.

Les Lanaudois n’ontpas attendu le plan de développe-ment durable du ministre Mulcairpour s’engager en faveur dudéveloppement durable. Ils sesont distingués, surtout, par l’im-portance accordée à sa dimen-sion sociale depuis le forumrégional sur ce thème, tenu en1998. La Table des partenaires

du développement social deLanaudière (TPDSL), fondée en1999 dans la foulée de cet événe-ment marquant, est désormaisune organisation incontournableet rassembleuse de concertationintersectorielle. Elle s’est attaquéejusqu’à maintenant au décrochagescolaire, à l’habitation et au loge-ment social, à l’intégration despersonnes handicapées dans lesprojets en développement ainsiqu’à la mise sur pied d’un fondsde développement social. La sécu-rité alimentaire gagne maintenanten importance parmi ses thèmesde prédilection. La TPDSL devient,à ce sujet, un partenaire privi-légié de la DSPE.

Pour l’instant, le principal projettouchant la sécurité alimentaireauquel ont collaboré ces deuxorganisations est cette recherchesur les liens entre l’approcheécologique de l’agriculture et ledéveloppement social durable.D’autres partenaires régionauxsont aussi partie prenante de ladémarche, en tant que membresd’un comité de suivi : le Conseilrégional de l’Environnement deLanaudière (CREL), le Départe-ment de gestion et d’exploitationd’entreprises agricoles du Cégeprégional de Lanaudière, la Mannequotidienne (organisme commu-nautaire d’aide alimentaire), leministère de l’Agriculture, desPêcheries et de l’Alimentation(MAPAQ), sans compter l’Unionpaysanne de Lanaudière et leCentre de recherche interdisci-plinaire sur la biologie, la santé,la société et l’environnement(CINBIOSE) de l’UQAM, représen-té par Louise Vandelac. Le projetlanaudois constitue d’ailleurs undes premiers jalons d’une plus

vaste étude en élaboration ausein du CINBIOSE, sur le passagevers une approche durable ducycle agroalimentaire.

Au départ, une première questionavait fait germer le projet lanau-dois : Est-ce que l’adoption par leQuébec d’un modèle écologiqued’agriculture se traduirait automa-tiquement par l’élimination del’alimentation à deux vitesses?D’autres questions se sont ajou-tées, les unes après les autres. Parexemple : Est-ce que l’agricultureécologique contribue nécessaire-ment mieux au développementglobal de la communauté où elleprend place? Est-ce que les pro-duits du terroir, les produits trans-formés artisanalement à la ferme,

les produits biologiques, les kios-ques de vente à la ferme etl’agriculture soutenue par la com-munauté constituent de véritablesalternatives au système agroali-mentaire dominant? Et que pen-sent de toutes ces questions lesgroupes d’acteurs du milieu agri-cole lanaudois?

Il n’en fallait pas plus pour lancercette démarche passionnante etcaptivante, menée depuis plusd’un an par Marie-AndréeDevynck et moi-même. L’ouver-ture créée peu auparavant parl’étude sur les OGM produits etutilisés par les agriculteurs lanau-dois (dont l’ACEF Lanaudière étaitl’organisme promoteur) faisait dela région un terreau propice pourcette nouvelle aventure derecherche-action participativetouchant l’univers agricole etceux qui gravitent autour, d’unefaçon ou d’une autre. Cette fois,c’est la filière maraîchère qui aplus particulièrement retenu l’at-tention de l’équipe de recherche.

Qu’est-ce que ça a de particulier,une recherche-action participa-tive? On peut dire que ça viseautant à stimuler les réflexions,les échanges et les actions chezles participants concernés parl’objet de l’étude qu’à recueillirauprès d’eux de l’informationsur cet objet d’étude. C’est ungenre de recherche qu’on peutdire « engagée », voire « mili-tante », très proche de l’interven-tion sociale. Idéalement, leschercheurs souhaitent faire plusque décrire ou comprendre unesituation ou une problématique.Ils espèrent qu’à la fin de ladémarche, la situation auraévolué, parce que les partici-pants se seront approprié laproblématique et qu’ils auront au

moins le désir de continuer à yréfléchir ensemble.

La recherche sur les liens entrel’agriculture écologique et ledéveloppement social durable apermis d’interroger, de réunir etde faire interagir des acteurs degroupes aussi différents que desproducteurs agricoles, des trans-formateurs et des distributeursalimentaires, des citoyens-consom-mateurs, des représentants d’or-ganismes communautaires d’aidealimentaire, des représentantsd’organisations agricoles (Unionpaysanne aussi bien qu’UPA etMAPAQ), des conseillers enagroenvironnement, etc. L’espritde la démarche, que nous avonstenté d’y insuffler, n’en était pasun de confrontation ou de dé-bats stériles. Au contraire, noussouhaitions donner le goût auxdifférents acteurs de mieux com-prendre la situation particulièrevécue par les autres groupes éga-lement confrontés aux multiplesproblèmes (environnementaux,

sanitaires, sociaux, de sécuritéalimentaire, etc.) générés par lemodèle dominant de systèmeagroalimentaire.

Le rapport de recherche serapublié sous peu (au cours duprintemps 2005), de même qu’undocument allégé et illustré des-tiné au grand public. Un événe-ment régional sera organisé pourle lancement, et il se veut une oc-casion supplémentaire de réunirles différents acteurs du milieupréoccupés par le thème de l’étude.Les personnes intéressées à ensavoir plus peuvent communi-quer avec moi à l’adresse sui-vante :[email protected]

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Reportage

Réinventerl’agriculture durableL’avant-projet de loi du gouvernement sur le développement durable et la consultation qui vient d’avoir lieu relancent laréflexion sur la nécessité et l’urgence d’élaborer des politiques et des pratiques d’agriculture durable, c’est-à-dire d’une agri-culture qui protège les fermes de proximité, la santé collective, les ressources et les écosystèmes vitaux, les communautésrurales. La recherche en cours dans Lanaudière et les propositions de l’Union paysanne au ministre Mulcair ouvrent despistes dans ce sens. Le temps presse, car ce ne sera plus de développement durable qu’il faudra parler bientôt, selon le dis-cours tenu lors de cette consultation par les Amis de la Terre, mais bien de croissance zéro et de gestion de la décroissance.

Une recherche innovatrice

Agriculture écologiqueet développement social durable

Céline Poissant, paysanne de Sainte-Mélanie, Lanaudière, qui cherche toujours…

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Céline Poissant

Au centre, le ministre de l’Environnement Thomas Mulcair lors de la soirée de consul-tation sur l’avant-projet de loi sur le développement durable, à Joliette.

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ACHETER, C’EST VOTERle cas du café,par Laure Waridel

Le livre de Laure Warideln’expose pas une théorie, maisl’expérience vécue de la mise enplace et de l’impact du commerceéquitable. Contrairement à ceque certains critiques acadé-miques ont cherché à insinuer, lecommerce équitable et la con-sommation responsable dont ilest ici question vont bien au delàde la bonne conscience. Ils per-mettent aux consommateurs decontribuer concrètement à amé-liorer les conditions de vie descommunautés exploitées par lesmultinationales de l’alimentation,et de se mobiliser à tous lesniveaux pour faire obstacle àl’exploitation criminelle des popu-lations et des consommateurs parcette mafia internationale del’agroalimentaire.

Laure Waridel et Équiterre, sur ceplan comme sur celui de l’agricul-ture soutenue par la communauté,sont des leaders incontournablesde ce militantisme concret, intel-ligent et efficace qui doit nousinspirer tous et qui rejoint entous points la lutte politique quemènent sur ce plan l’Unionpaysanne et tous les mouvementspaysans. Consommation respon-sable et lutte pour modifier lespolitiques agricoles et le pouvoirdes multinationales alimentairessont deux volets indispensablesd’un même combat.

MANGER LOCAL,un choix écologiqueet économiquepar Helena Noreberg-Hodge,Todd Merrifield et StevenGorelick, membres du Inter-national Society for Écologyand Culture

Ce livre se situe dans la mêmedynamique que le précédent.Après Manger bio, qui mettaitl’accent sur l’innocuité des ali-ments et le volet santé de l’ali-mentation, Manger local (et équi-table) met l’accent sur la dimensionsociale et territoriale de l’alimen-tation. L’agriculture de proximitéapparaît clairement comme lepassage obligé vers une alimenta-tion saine, mais aussi respectueusede l’environnement et des com-munautés rurales de toutes lesrégions du monde.

« L’agriculture de proximité metun frein aux pratiques nocivesinhérentes au système agroali-mentaire actuel, dont le transportintensif des denrées, l’utilisationmassive de produits chimiquestoxiques, l’entreposage coûteux,le sur-emballage et l’emploi d’ad-ditifs. Avantageuse sur les planssocial, économique et environne-mental, l’agriculture de proximitéprotège la biodiversité, rétribueplus équitablement les travail-leurs agricoles, contribue à revi-taliser les régions rurales etassure l’accès à des aliments plusfrais et plus sains à tous les habi-tants de la planète. »

La promotion de l’agriculture deproximité, qui est au cœur du dis-cours de l’Union paysanne et desmouvements paysans dans lemonde, est plus que la mode duterroir. C’est l’alternative politiqueet économique à l’agriculture

industrielle et à la mondialisationde l’alimentation. Les auteurs enfont d’ailleurs la démonstrationlumineuse en explorant tous lesaspects de cet enjeu, en four-nissant nombre d’informationspratiques et en montrant les ré-formes qu’il nécessite à l’échelleinternationale, nationale et locale.

Écosociété a ajouté à la fin duvolume un utile répertoire desorganismes internationaux, natio-naux et québécois préoccupésd’agriculture et d’alimentationalternatives.

Chroniques

Tout l’été je continue à fairemon pain comme si de rien n’é-tait. Et voilà qu’en début d’au-tomne, par une belle journéeensoleillée, je reçois un coup detéléphone (coup c’est le cas de ledire) de Monsieur Laval Tremblayde la Direction régionale del’Outaouais-Laurentides-Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec du Centre québécoisd’inspection des aliments et desanté animale qui me demande sije compte me conformer auxrèglements en vigueur. Je luidonne comme réponse un simplenon. Il me fait savoir qu’il doitpasser en Abitibi en décembre,qu’il aimerait bien me rencontrerà ce sujet à ce moment-là.

Entre temps, j’assiste au congrèsde fondation de l’Union Paysanneen novembre à Saint-Germain-de-Kamouraska, où se forme un mou-vement de solidarité pour tous lespetits producteurs et artisanscomme moi. Le cœur est à la fête.

Le 4 décembre, je rencontre doncdans une cellule étanche et sansfenêtre des bureaux du MAPAQ àRouyn-Noranda ledit M. Tremblayet trois de ses acolytes.

Je me rends vite compte qu’il n’ya pas de discussion possible avecde simples exécutants d’un ordredonné. Leur rôle est simplementde faire respecter les règlements.Sortez tous les arguments qui jus-tifient votre position de bou-langer récalcitrant : satisfactionde la clientèle, libre accès decelle-ci à la fabrication du painqu’ils aiment tant, rien à faire.Parler à des sous-fifres, c’estcomme parler à un mur.

Je finis donc par leur dire : « Jecrois que vous avez un problèmeavec moi, mais je vais vous aiderà le résoudre. La solution que jepropose est que je donne monpain puisque je contreviens aurèglement en le vendant! »

Éclat de rire général. « Combiende temps allez-vous durer? »

« Je ne sais pas, mais je vais cer-tainement essayer. »

Et la rencontre se termine enqueue de poisson, comme si maproposition était une bonneblague pour amuser des fonction-naires ennuyés.

C’est vraiment quelques joursplus tard, quand je reçois la lettrequi suit, que je me rends compteque les mots dits dans le mondefonctionnaire n’ont pas plus depoids qu’une plume dans le ventet que seul le mot écrit articule laréalité de l’appareil étatique.

Le 19 décembre 2001

Monsieur Léandre Bergeron

Afin de donner suite à notre ren-contre du 4 décembre dernier,voici ce qui a été mentionné afin

que vous puissiez continuer àopérer votre projet de fabricationartisanale de produits de boulan-gerie en toute légalité, tout ennous permettant de s’assurer del’innocuité de vos produits quiseront mis sur le marché.

Vous pourrez effectuer la prépa-ration de vos produits à partir dela cuisine de votre résidence, etce, pour une quantité approxi-mative de 100 kg par mois. Voirarticle 1.4.4.

Vous devrez également détenirun permis de préparation géné-rale décerné par le ministère del’Agriculture, des Pêcheries et del’Alimentation (MAPAQ) pour lelieu de fabrication qui est en l’oc-currence votre résidence. Voir arti-cle 9 de la loi, paragraphe (W).

Prévoir la détention d’un contratde location d’espace pour lavente de vos produits à l’établis-sement de la Coopérative LaSemence. La facturation desventes de vos produits devra êtreeffectuée en votre nom. Les fac-tures serviront de pièces justi-ficatives et devront être remisessur demande au personnel del’inspection du Centre québécoisd’inspection des aliments et desanté animale (CQISA). Voir arti-cles 2.2.5, 2.2.7 et 2.2.8. Nousattirons également votre attentionsur le fait que la publicité com-merciale sur le prix du pain estinterdite – articles 3.3.9, 3.3.10.

Telle est là, la quintessence denos discussions lors de notre ren-contre.

Le directeur régional,Laval Tremblay, agronome

La « quintessence » de notre ren-contre était devenue l’expositiondes règlements en vigueur.Comme si ma proposition dedonner mon pain n’avait mêmepas été articulée. Comme sij’avais parlé dans le vide quand,bien au contraire, je parlais avecle plus grand sérieux et la plusprofonde conviction. Ça s’appellefrapper un mur de briques. Jeconclus donc que, pour me faireentendre, il fallait écrire. Je rédi-geai alors la lettre suivante :

McWatters, le 9 janvier 2002

Monsieur Laval Tremblay

Depuis quinze ans que je fais dupain et le vends à une clientèlefidèle, jamais je n’ai senti lanécessité de demander un permispour ce faire pour la simple rai-son qu’en tant que citoyenresponsable je n’ai aucune per-mission à demander à qui que cesoit pour fabriquer de mes mainsun produit et l’échanger avecd’autres citoyens responsables.Dans les circonstances, la loi dumarché fonctionne très bien sansintervention quelconque. La de-mande est là pour faire un painautre que l’industriel. Je produisce pain dans ma cuisine que toutclient peut venir visiter quand jele fabrique. Les citoyens respon-sables que sont mes clients sontsatisfaits du produit et l’achètentà un prix qu’ils considèrentraisonnable.

Je considère mes clients non pascomme des consommateurs dontje peux exploiter le besoin demanger, mais des êtres humainsqui, comme moi, doivent mangerpour vivre et manger la nourri-ture la plus saine possible. Deleur côté, mes clients me considè-rent comme un frère humain quiles respecte, se respecte lui-mêmeet respecte le travail qu’il fait enproduisant un pain qu’ils sontcontents de manger parce qu’ilsle savent fait de produits sains etfabriqué avec la satisfaction del’artisan fier de son produit.

Nous formons, ma clientèle etmoi, une cellule économique decitoyens qui exclut toute formed’autorité qui voudrait s’imposerde l’intérieur ou de l’extérieur.Ce genre de rapport est la basemême d’une démocratie vérita-ble, saine et vivante. [...]

Au Québec comme aux États-Unis, l’État assume le rôle deparens patriæ des rois absolusd’antan et devient le père de lanation, grand surveillant de sesenfants obéissants, naissances àl’hôpital de femmes obéissanteset terrorisées, garderie à cinqdollars, pré-maternelles, mater-nelles, écoles où l’on apprend

l’obéissance (à moins qu’on nesoit de l’élite appelée à gouver-ner) pour faire de bons sujets,professionnels ou fonctionnaires,travailleurs à rabais, chômeursentretenus, tous soumis, dépen-dants de l’État, en résidence sur-veillée, se défoulant dans la con-sommation à outrance pour finirdans des parcs de vieux, drogués,en attendant la mort qui n’estnullement pressée de les emporter.

L’un de vos inspecteurs a laissééchapper une phrase révélatrice :« Il nous faut tout contrôler ».C’est d’habitude ce que l’onappelle le totalitarisme.

Je m’inscris en faux contre cegenre d’État et me rallie plutôt àun certain M. Brownson, critiquedu parti Whig de Boston, quiécrivait en 1839 que « selon nousle peuple est plus sage que legouvernement. Ici (aux États-Unis), le peuple n’attend pas deconseils et d’instructions du gou-vernement mais, au contraire,c’est le gouvernement qui s’at-tend à des conseils et desinstructions du peuple ».

En tant que citoyen responsableen relations avec d’autres ci-toyens responsables et éclairésdans une cellule économique oùtous y trouvent un mieux-être, jerefuse, en l’occurrence, de meplier à une demande de permis età une quelconque inspection demes lieux de travail. La permis-sion, elle me vient de citoyensadultes, autonomes et respon-sables comme les citoyens deM. Brownson d’il y a 160 ans.

Je vous prie de communiquer madécision mûrement réfléchie àvos supérieurs, décideurs etrédacteurs de lois et règlements,

en leur faisant bien comprendrequ’ils respecteraient davantageles citoyens et les principesdémocratiques en cessant de sesubstituer à des citoyens respon-sables et de traiter le peuplecomme un ramassis de sujetsinfantilisés, « de petites boulesde pâte à modeler », en dérégle-mentant le plus possible lesactivités des citoyens respon-sables comme on le fait d’ailleursen haut lieu pour laisser librecours à la concurrence entre grosjoueurs : en incluant dans leursparamètres la différence fonda-mentale entre des artisansproducteurs respectueux de leurtravail et de leur clientèle et lesprofiteurs de tout poil souffrantde la maladie de l’appât du gain,prêts à exploiter tous les besoinsnaturels et artificiels d’une po-pulation qu’ils traitent comme devulgaires machines à consommern’importe quoi tant que l’embal-lage est attrayant.

Pour vous soustraire à l’obliga-tion de me poursuivre en justiceet en même temps me soustraireà vos règlements, je ne vendraiplus mon pain mais le donnerai àmes clients à partir du 22 janvier2002.

Léandre Bergeron

Depuis ce temps, Léandredonne son pain, et les clientsversent généreusement dansla petite boîte où est inscrit :OBOLE POUR LE BOU-LANGER. Le vrai « libre-échange » a remplacé lecommerce capitaliste.

Chronique du boulanger récalcitrant

Depuis 2002, je donne mon pain!Suite et fin.

Léandre Bergeron

Plusieurs lecteurs nous ont demandé de connaître la suite de la saga du boulanger récalcitrant d’Abitibi, Léandre Bergeron.Voici donc le dénouement de cette chronique de la bêtise de fonctionnaires et de politiciens au service de l’agrobusiness.

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Deux livres stratégiqueschez Écosociété

Un organisme de la Con-fédération paysanne de France, laFédération associative pour ledéveloppement et l’emploi agricoleet rural (FADEAR), a mis au pointet en application une charte del’agriculture paysanne où on re-trouve essentiellement les grandsprincipes de la certification pay-sanne et bio-paysanne, à laquelletravaille l’Union paysanne.

Cette charte s’articule autour detrois dimensions, dix principes etune grille d’analyse et d’évalua-tion (pointage) des pratiques dela ferme basée sur six thèmes.

Les trois dimensionsL’agriculture paysanne porte enelle trois dimensions fondamen-tales : sociale (emploi et solida-rité), économique (productiond’aliments) et écologique (respectde la nature).

Les dix principes1. Répartir les volumes de pro-

duction afin de permettre auplus grand nombre d’accéderau métier et d’en vivre.

2. Être solidaire des paysans desautres régions du pays et dumonde.

3. Respecter la nature.

4. Valoriser les ressources abon-dantes et économiser lesressources rares.

5. Rechercher la transparencedans les actes d’achat, deproduction, de transforma-tion et de vente des produitsagricoles.

6. Assurer la bonne qualité gus-tative et sanitaire des produits.

7. Viser le maximum d’autono-mie dans le fonctionnementdes exploitations.

8. Rechercher les partenariatsavec d’autres acteurs dumonde rural.

9. Maintenir la diversité des popu-lations animales élevées et desvariétés végétales cultivées.

10.Raisonner toujours à longterme et de manière globale.

Les six thèmes d’évaluationhiérarchisés et interdépen-dants1. Autonomie (60 points) : déci-

sionnelle (20), économique(20), technique (intrants) (20).

2. Qualité des produits (40points) : méthode de produc-tion et de transformation (30),certifications (4), traçabilitéet transparence (4), bien-êtreet cycles naturels des ani-maux (2).

3. Répartition (60 points) : volu-me de production par actif.

4. Développement local (40points) : implication (8), parte-nariats (4), accueil et mise envaleur (5), emploi (18).

5. Travail avec la nature (60points) : biodiversité (20), fer-tilité et gestion sanitaire (30),gestion de l’espace (10).

6. Transmissibilité (40 points) :vivabilité (5), foncier (3),adaptabilité (4), viabilité (13),valeur (15).

« L’agriculture paysanne doitpermettre à un maximum depaysans répartis sur tout le terri-toire de vivre décemment de leurmétier en produisant sur uneexploitation à taille humaine unealimentation saine et de qualité,sans remettre en cause lesressources naturelles de demain.Elle doit participer avec lescitoyens à rendre le milieu ruralvivant dans un cadre de vieapprécié par tous. »

Pour se procurer les documents :FADEAR, 104, rue Robespierre,93 170 Bagnolet, Francecourriel : [email protected]

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Tél.: 819 762-8918Fax.: 819 762-8312

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Mardi & Mercredide 11h à 17h30

Jeudi & Vendredide 11h à 19h30

Samedide 11h à 17hHe

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sont acceptées.

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Jean-Claude Boisclairacériculteur

Jean-Guy & Réjean

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6, rue DrouinSaint-Éphrem de Beauce

Québec G0M 1R0

418.484.2010

Une chartede l’agriculturepaysanne

15

Page 9: UPJ-13.pdf32.77 MB

Paysans du monde Le pays

17

Bières, vinset boissons

Vinerie du KildareRawdon756-1525

Domainede l’Île RondeVignoble LafortuneSaint-Sulpice823-4850

Micro-brasserieL’AlchimisteJoliette760-2945

Ferme Guy RivestBoissons de fraisesRawdon834-5127

Friand-ÉrableLanaudièreSaint-Jean-de-Matha886-3614

VignobleAu pied des NoyersLanoraie887-1050

Boulangeriespâtisseries

BoulangerieLa NormandeSaint-Jean-de-Matha886-0032

Boulangerie Saint-Charles-de-MandevillePain bio [email protected]

La Ferme du Bon PainSainte-Geneviève-de-Berthier836-0540

La Sainte CuisineRepentigny654-1611

Micro-boulangeriede l’ArtisanNotre-Dame-des-Prairies752-5057

Au Moulin bleuSaint-Roch-de-l’Achigan588-2660

Moulin A. CoutuSaint-Félix-de-Valois889-5422

Boulangerieet fromagerieSaint-ViateurJoliette755-4575

La Guildedu Pain d’épicesSaint-Jean-de-Matha886-2542

Pâtisserie MadelineMascouche474-2698

Boulangerie-pâtisserieLa SucrerieSainte-Marcelline-de-Kildare883-5492

Délices d’antan Sainte-Geneviève-de-Berthier836-0540

Boulangerie La MieLavaltrie586-1050

Pâtisserie ChampêtreL’Assomption589-0694

BoulangeriePremière MoissonLachenaie964-9333

Confitures,confiseries, vinaigresChocolaterieLe CacaoyerL’Assomption589-4595

Douceur et PassionConfiseries et confituresSaint-Jacques839-3449

Chocolaterie Théo D’orMascouche474-3636

Les Divins Chocolatsde SandraTerrebonne, J6W 1G8471-9275

Les produitsLa TraditionVinaigres de fruitsSainte-Marcelline-de-Kildare883-3102

Passion GourmandiseBoisbriand434-1151

Érablière La CornicheSaint-Donat(819) 424-7966

FermeLevasseur-DesmaraisSainte-Marie-Salomé839-9213

Ferme PerronSaint-Jacques839-6706

Les Conservesde Tante ColetteL’Épiphanie588-4731

Les Jardins MajeauSaint-Esprit839-9097

La CourgerieSainte-Élizabeth752-2950

En Robe des ChampsSainte-Marcelline883-3926

L’Arôme des BoisCamp MaristeRawdon834-3980

Ferme Chant-O-VentProduits de l’ailSaint-Esprit839-3726

Longère au naturelConfitures d’oignonsSaint-Alexis839-2754

Fleurs et DélicesGelées de fleurs, marmelades, vinaigresTerrebonne472-8677

Délices et TentationsMarinades et autres produitsRawdon834-2605

ColibriConfitures et marinadesSaint-Charles-Borromée753-3811

La Maison de Paysde LanaudièreProduits du terroirTerrebonne471-0049

Au Parfumde la NatureGelées, confitures et vinaigretteRawdon834-4547

Érablièreset produits dérivés

Érablière Urbain,Lise et RollandSainte-Julienne588-7206

Érablière Val Ré MiSaint-Cuthbert836-2188

ÉrablièreChez MadeleineMascouche474-0418

Friand-ÉrableLanaudièreSaint-Jean-de-Matha886-3614

La SucrerieSainte-Marcelline-de-Kildare883-5492

La Sucrerie des AïeuxRawdon834-6454

Érablière Le CôteauSaint-Paul759-7151

Les Érablièresde la routedes ContinuationsSaint-Esprit

Fromages, laitFromageriedu Champ à la MeuleNotre-Dame-de-Lourdes753-9217

Fromagerie ChampêtreRepentigny654-1308

Fromageriedu Domaine féodalBerthierville836-7979

FromagerieLa Suisse normandeSaint-Roch-de-l’Achigan588-6503

La Bergèreet le ChevrierLanoraie887-1979

FromagerieLa Voie lactéeL’Assomption588-1080

HerboristerieJardins d’ÉméryHerbes, tisanes, huiles essentielles, savonsSainte-Émilie-de-l’Énergie886-5158

Les Jardinsdu Grand-PortageOnguents, vinaigresSaint-Didace835-5813

Légumes et fruitsChezla Petite MaraîchèreSerres bio, kiosqueSaint-Félix-de-Valois889-8065

Les Petits Fruitsde la MontagneSainte-Mélanie889-4785

BiomaxiGerminations et légumesSaint-Nortbert835-0403

Ferme BionicaleSaint-Alexis839-3035

Ferme Levasseur-DesmaraisSainte-Marie-Salomé839-9213

Ferme PerronSaint-Jacques839-6706

À la Tabledes Jardins sauvagesSaint-Roch-de-l’Achigan588-5125

Ferme FruitenbecPetits fruits, auto-cueillette,gelées et siropsSaint-Didace835-3923www.fruitenbec.com

Jardin Ferme-en-TerrePaniers de légumes, [email protected]

Le Potager EnsantéSaint-Gabriel-de-Brandon835-5559

Ferme Carmel MondorPetits fruitsSaint-Paul754-2068

Jardin de l’ÉcoumèneSaint-Damien-de-Brandon654-3307www.ecoumene.com

L’an dernier à pareilledate, un jeune couple deLanaudière quittait la régiontrois semaines pour la Belgiquefrancophone dans le but d’enapprendre davantage sur l’agri-culture biologique. PatrickHubert (27 ans) et ConstanceSéguin (25 ans) ont été subven-tionnés par l’Agence QuébecWallonie Bruxelles pour laJeunesse. Ils se sont rendus dansquatre gîtes à la fermebiologiques en Wallonie et ontdéveloppé leurs connaissancesen travaillant avec les proprié-taires. De retour dansLanaudière, ils ont cherché àpartager leur expérience avec leplus de gens possible, en présen-tant une conférence avec diapos-itives dans leur région et encréant des liens avec d’autresjeunes ayant les mêmes aspira-tions. L’Agence, ayant pris con-naissance de leur démarche, leura demandé de rassembler un

groupe de jeunes de Lanaudièreintéressés par l’agriculturebiologique. Les critères étaientd’avoir des études, de l’expéri-ence ou l’envie de monter uneentreprise dans le domaine del’agriculture écologique. C’est decette façon que Marc-AntoineMinville, Bernard Wener,Véronic Massé, EmmanuelBeauregard, Alex Boisdequin-Lefort et Dalia Kotb se joindrontà eux pour une prochaine visiteen Wallonie, prévue pour l’au-tomne 2005. Ce séjour leur per-mettra de créer des liens avecdes agriculteurs de la relève enWallonie, de voir de nouvellesmanières de mettre en marchéles produits fermiers biologiqueset d’approfondir leurs savoirs enmatière d’agriculture écologique.Peut-être auront-ils la chance derecevoir par la suite de jeunesagriculteurs wallons pour leurfaire découvrir ce beau coin depays, Lanaudière.

Voici un aperçu des productions paysannes de la région de Lanaudière, grâce en parti-culier aux publications touristiques et aux répertoires publiés par Jacques Dorion,l’Union paysanne de Lanaudière, et autres, que nous remercions.

(code régional 450)

16

165, route 214Nantes, Québec G0Y 1G0

819.547.3621

YVON DUBÉAcériculteur

130, Route 204Saint-Adalbert (Québec) G0R 1M0

UPA...Pénalités...Huissiers...Il faut régler ça.

Nous sommesde petites fermespas de petites gens!

Doris BlaisAcériculteur75, route du Lac PoulinSaint-Benoît-Labre (Québec) G0M 1P0(418) 228-5003

Érablière J.P.B.Jean-Paul Bolduc843, rang des Prés vertsPohénégamook (Québec) G0L 1J0(418) 893-2417

ROBERTTURCOTTEACÉRICULTEUR

125, Rang 10Auclair (Québec)G0L 1A0

(418) 899-2178

Les acériculteursdevraient avoir le droitd’adhérer ou nonau plan conjointde la Régie desmarchés.

J’encouragel’Union Paysanneà continuerson bon travail.

Lanaudièreen Wallonie

Par Constance Séguin, Lanaudière, (450) 886-3828

Ibrahima Coulibaly,agriculteur et agronome du Mali,faisait partie des huit déléguésdu Sud qui sont venus vilipenderle gouvernement canadien à pro-pos des OGM.

Grâce au programme d’ajuste-ment structurel du Fonds moné-taire international que doit subirle Mali, le pays a été forcé delibéraliser son économie. Laporte a été grande ouverte auximportations alimentaires appau-vrissant les paysans qui per-daient leurs marchés locaux.Pour survivre, ceux-ci ont dû peuà peu diminuer ou carrémentabandonner les cultures vivrièrespour celle du coton, exportée surle marché mondial. Le Mali estainsi devenu le premier produc-teur de coton au monde.

Mais depuis quelques années, àcause des subventions accordéesaux producteurs de coton auxÉtats-Unis principalement, le prixdu coton s’est effondré. « Nousne pouvons plus vivre de la pro-duction vivrière et nous ne pou-vons plus vivre non plus avec lecoton ». Et on veut maintenantleur imposer le coton trans-génique de Monsanto, plus cheret menaçant pour les espècestraditionnelles variées.

Pour les mêmes raisons, le blé àbon marché (et le pain) se répan-dent de plus en plus alors que cen’est pas dans la tradition locale.

La Coalition malienne pour lasauvegarde du patrimoine géné-tique national et l’Associationdes organisations paysannes duMali se battent pour que leur

gouvernement résiste au cotontransgénique, à la Banque mon-diale et à l’OMC.

« Ce dont les paysans maliensont besoin, ce n’est pas de semen-ces OGM mais d’une charrrue,d’une paire de bœufs et de l’eaupour irriguer leurs champs ».

Patrick hubert et Constance Séguin, bio jusqu’en Belgique

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Roger Bernatchez, acériculteur1657, Boisé St-Sylvestre

Montebello, Québec G1W 3R8

418.658.2385

Jean-Guy Doyonacériculteur

75, route 275 Nord, Frampton, Québec G0R 1M0

418.479.2143

Ibrahima Coulibaly

Le Jose Bové du Mali« Nous sommes en compétition avec le dumping des surplus alimentaires des paysdéveloppés »

Tiré d’un article du Couac

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Page 10: UPJ-13.pdf32.77 MB

Ferme DutilFraisesMascouche474-5569

Ferme Jean-Luc LeblancFraisesSaint-Jacques839-2956

Ferme Guy RivestFraisesRawdon834-5127

Ferme des PrésCéréales, volailles bioSainte-Marie-Salomé754-3307

Fermedu Grand Saint-PierreBioSainte-Élizabeth752-1812

FermeFraîcheur du jourKiosqueSainte-Béatrix883-5293

Gibiers d’AntanGibier et légumes bioL’Assomption589-1318

Les Jardins de ShantiBioTerrebonne477-5269

La ferme de l’ÉnergieFruits et légumes, semencesSainte-Émilie-de-l’Énergie886-2624

Terre d’abondanceBioSaint-Liguori754-1711

La Terre fermeBioSainte-Julienne839-2742

Ginet DubucSaint-Gabriel835-5461

Les Serres CoulombeSaint-Norbert836-6807

Ferme Daniel CoutuCannebergesSaint-Thomas756-8295

Jean-Martin FortierChertsey882-1482

Ferme Ghyslaine ValléeL’Assomption588-5709

MielMiel Petite MaskinongéMiel, sirop d’érableSaint-Didace835-9529

Ferme apicoleBayonne NordSainte-Geneviève-de-Berthier836-4190

Miel de Chez NousSainte-Mélanie889-5208

Miel Nect-Art de FleursSaint-Ambroise-de-Kildare752-2218

Ruchers JolietteSaint-Ambroise-de-Kildare759-7240

Les Ruchers MandevilleMandeville835-3310

ViandesBergerie des NeigesAgneauSaint-Ambroise-de-Kildare756-8395

Bergerie VoyneAgneauSaint-Jacques-de-Montcalm839-6583

Chèvrerie BarrouseSaint-Cuthbert836-1865

FermeLes Arpents rosesSainte-Mélanie889-5929

Les FermesSaint-VincentBœufSaint-Cuthbert836-2586

Ferme ancestrale MartinPorc, veau, pouletSaint-Esprit839-2499

Ferme Beau-SéjourPoulet, dinde, porcSaint-Liguori759-8780

Marc PinsonneaultPoulet au pacageSainte-Marie-Salomé754-3307

Érablière des PatriotesDaimL’Assomption588-7206

Gérald D. LauzonViandes domestiquesSaint-Cuthbert836-4673

Ferme ApréoProduits de l’émeu, volailleset chèvres BoerLavaltrie586-0526

La Terre des BisonsViande de bisonRawdon834-3980

L’Artisan Fumeurde MandevillePoissons, viandes et autres produits fumésMandeville835-0393

La Maison StannerViandes, sanglier et charcuteriesSainte-Alphonse-Rodriguez883-5544

Ferme JAMIPOAgneaux et chèvresL’Épiphanie588-2875

Ferme Champs PerdrixFaisans, pintades et caillesL’Assomption5897258

Seigneurie des PatriotesProduits du daimL’Assomption588-7206

FermeL’Oie d’orOies et volaillesSaint-Gabriel-de-Brandon835-2977

Clapier LapinetteLapinsSainte-Mélanie883-0189

Le Loup dans la bergerieAgneauSainte-Élisabeth759-4643

L’Oie NaudièreFoie gras et autres produitsSaint-Alexis839-7671

Comptoirs paysansAteliers du Verse EauGroupe d’[email protected]

Le GrenobleL’Assomption589-7471

Marché Ferme d’AntanL’Assomption589-8998

Nutri-santéJoliette759-8747

La Joie de la TerreTerrebonne471-7328

Centre de santéMatambinAliments naturelsSaint-Damien835-5730

Délices du GourmetSaint-Charles-Borromée759-9171

Jardin AlbertinaSaint-Côme

La FringaleSaint-Charles-Borromée759-3305

La Maison de paysde LanaudièreTerrebonne471-0049

Le Potager « ensanté »Marché estival, fruits et légumes,produits de l’érableSaint-Gabriel835-5559

Marché ManseauJoliette752-1555

Marché champêtrede LanaudièreÉtéRepentigny753-7486

Aliments naturelsChertseyChertsey882-4057

Arc en vracJoliette

Au NaturelTerrebonne492-9766

Centre naturisteLa RucheRepentigny585-4351

Douce NatureBerthierville836-7601

Panier NatureSaint-Lin439-3654

La Cuisinedu Grand Saint-PierreSainte-Élisabeth752-1812 / 1-866-752-1812

Cuisine Chez GinetteSaint-Alphonse-Rodriguez883-2778

Du terroir à votre tableTerrebonne492-0245

Bonnes tableset tables champêtresGoût de campagneSaint-Félix-de-Valois889-4202

Aux SaisonsgourmandesJoliette756-6185

Ô DragonCafé-théâtre, menu santéSaint-Jean-de-Matha886-2644www.odragon.org

Le pays

Bas-Saint-LaurentFines cochonnaillesbiologiquesUnique au Québec, saucissons secs (G&B)fabriqués traditionnellement, terrines etsaucisses fraîches. Le tout disponible enbon d’achat prépayé afin d’obtenir lamise de fonds nécessaire à notre entre-prise.

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Cotisations supplémentaires : Union biologique 40$Union acéricole 10$

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Complétez le formulaire, joignez le paiement et expédiez le toutà l’Union paysanne, le journal, 453, Principale, Saint-Germain-de-Kamouraska, Québec, G0L 3G0.

Dates de tombée Dates de parution

1er juin 15 juin1er août 15 août1er septembre 15 septembre

RéservationUnion paysanne, Le Journal453 PrincipaleSaint-Germain-de-Kamouraska(Québec), G0L 3G0Téléphone : (418) 492-7692Télécopieur : (418) 492-6029Courriel : [email protected]

Lespetites annoncesServices d’annonces classées,personnelles et commerciales

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Formations6600, Marie-Victorin, Sainte-Croix, Québec G0S 2H0

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Formation Date Endroit TarifProductions animalesÉlevage de chèvres biologique 17 avril Saint-Flavien 60$Soins homéopathiquespour les animaux 13 avril Sainte-Croix 90$

Productions végétalesRécolter à l’année :la culture sous tunnel en rotation 29 avril Kamouraska 60$

Semis et préparation de jardin À déterminer1 Saint-Valère 50$

TransformationBoulangerie 16 avril Saint-Stanislas 60$Transformation des herbes médicinales 23 avril Saint-Valère 50$Fabrication de saucisses 23 avril Warwick 65$Lacto-fermentation 30 avril Sainte-Croix 60$Boulangerie 6 mai Saint-Valère 65$Fabrication de fromage 14 mai Warwick 65$

DiversTravail à l’érablière avec le cheval 5 avril Saint-Adrien 60$Fabrication de savon 9 avril Warwick 65$Mise en marché des produits du terroir 14 avril Sainte-Croix 95$Agrotourisme 26 avril Sainte-Croix 95$Aménagement d’une érablière 5 mai Sainte-Croix 80$Tannage 3 mai Sainte-Croix 60$Fabrication de savon 14 mai Saint-Valère 50$Abattage d’arbres sécuritaire (2 jours) À déterminer Sainte-Croix 140$Apiculture À déterminer1 Sainte-Croix 60$Compostage à la ferme À déterminer1 Saint-Valère 50$Découpe de viande À déterminer1 Sainte-Croix 60$Travail au champ avec le cheval À déterminer1 Saint-Adrien 60$

1 Lorsque le nombre d’inscriptions le permettra.

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Le pays

Le rôle socialde l’agriculteurEn devenant une activité stricte-ment économique et commer-ciale, qui obéit d’abord aux loisdu marché et de la rentabilité,l’agriculture s’éloigne de plus enplus de ses fonctions sociales.

La souverainetéalimentairedes populationsL’agriculture locale et le droit despopulations de contrôler leurproduction alimentaire (souve-raineté alimentaire) reculentdevant le dumping des produitsalimentaires étrangers à bas prixet la conquête des marchés mon-diaux imposés par les ententesde libre-échange.

Le revenudes agriculteursPendant que le panier d’épicerieest de moins en moins cher, lesrevenus directs des agriculteursne cessent de décroître, alorsque l’endettement, les coûts deproduction, les coûts énergéti-ques et les coûts sociaux necessent de croître.

La rentabilitédes fermesMalgré les économies d’échellerendues possible par la concen-tration et par l’augmentation dela taille des fermes, malgré lesmesures de soutien mises enplace (subventions, assurances,gestion de l’offre, etc.) et malgrél’utilisation plus judicieuse desproduits chimiques dans les cul-tures et les élevages, la rentabi-lité de l’agriculture diminue, et lasurvie des fermes autonomesrepose de plus en plus sur le sou-tien public.

Le financementpublicLes subventions et les assuran-ces agricoles étant accordées enfonction des volumes de produc-tion plutôt que selon la taille etles pratiques de la ferme, ellessont de plus en plus concentréesdans les mains des plus grosproducteurs, et même des inté-grateurs. Contrairement à ce quiexiste dans plusieurs pays occi-dentaux, il n’existe pas cheznous de rémunération de lamulifonctionnalité du travail del’agriculteur; aucun soutien directn’est accordé à la production et àla transition biologique, et la plu-part des agriculteurs paysans nesont pas admissibles aux pro-grammes réguliers.

Un financement public ainsiconçu favorise la compétition surles marchés, qu’on peut jugerincontournable, mais il contri-bue fatalement à la concentrationdes fermes et au dépeuplementdes campagnes, et défavorise laferme familiale, la relève et laproduction artisanale ou d’ap-pellation. Il entraîne aussi inévi-tablement une progressive pertede contrôle de notre agricultureet de notre alimentation.

La mise en marchécollectivePour se défendre face à la con-centration des marchés et pourobtenir des prix justes pour leursproduits, les agriculteurs ont faitconfiance dans la plupart desproductions à un système demise en marché collective, allantdans plusieurs cas jusqu’à lagestion complète de l’offre. Maisvisiblement, dans sa formeactuelle, le système, en plusd’être trop contraignant auxyeux de plusieurs et mal vu del’OMC, semble incapable d’as-surer à lui seul des revenus suf-fisants aux fermes familiales, etil n’arrive pas à freiner la con-centration de la production. Deplus, il provoque la standardisa-tion des produits au détrimentde la diversité et de la qualité, cequi laisse peu de place pour lesagriculteurs artisans.

À titre d’exemple, le nombre desfermes laitières sous gestioncomplète de l’offre est passé de20 000 à 8000 en moins de15 ans, et, jusqu’à récemment, leprix consenti par la Commissioncanadienne du lait ne permettaitde couvrir les coûts de produc-tion que pour 26% des produc-teurs laitiers. Les acériculteurs,de leur côté, malgré l’impositiond’une agence de vente et d’uncontingentement, doivent tou-jours supporter des inventairesimpayés de 60 millions de livres,un manque à gagner et un endet-tement qui menace leur avenir.

La cohabitationsocialeLes pratiques de culture et d’éle-vage intensifs ont plongé malgréeux les agriculteurs au cœurd’un conflit social qui ne cessede s’aggraver et dans lequel ilssont accusés d’être les respon-sables des catastrophes alimen-taires récentes comme la vachefolle, de la dégradation des ali-ments et de l’environnement, etdes problèmes de santé qui s’yrattachent. Ils sont aussi aucœur du débat sur l’utilisationdes OGM, auxquels une majoritéde citoyens s’opposent.

L’attentedes consommateursBien qu’ils soient attirés par lesaliments bon marché et de belleapparence, les consommateurssont de plus en plus méfiantsface aux aliments industriels et àl’utilisation des produits chimi-ques et transgéniques dans laproduction, la transformation etla conservation des aliments. Lepanier d’épicerie le moins chern’est plus nécessairement perçucomme le plus sécuritaire. La de-mande pour les productions duterroir, artisanales, biologiqueset pour les marchés de proximitéest de plus en plus grande, maiselle ne peut malheureusement passe développer librement dans lecadre actuel des règles de finan-cement, de salubrité et de miseen marché collective en vigueur.

L’occupationdu territoireL’abandon des fermes et la dif-ficulté pour les jeunes et lesnouveau-venus de prendre larelève entraînent une désorgani-sation et une désertification desrégions rurales. Par ailleurs, onreproche fréquemment aux règlesactuelles d’application du zona-ge agricole de ne pas faciliter larétention des jeunes, l’implanta-tion de petites exploitationsreliées à l’agroalimentaire et lavenue de nouveaux résidantsdans les zones agricoles peupropices à la grande agriculture.

Le syndicalismeagricoleEn s’adaptant aux nouvellesrègles de l’agriculture moderneet des marchés intégrés, le syn-dicat agricole subit lui aussi leseffets de la concentration. Seulacteur accrédité, de plus en plusengagé dans la mise en marchéet la transformation des produitsagricoles et dans une cogestionpoussée avec le gouvernement, iln’arrive plus à représenter adé-quatement les besoins et les aspi-rations de tous les agriculteurs,particulièrement de ceux quirefusent d’adopter le modèleindustriel dominant. La questiondu pluralisme syndical se posedonc de plus en plus, surtoutdepuis l’apparition d’un autresyndicat qui prétend représenterdes agriculteurs et des citoyensqui réclament la liberté de choisir.

Les politiquesagricolesLes politiques agricoles en place,malgré les sommes importantesqu’elles consacrent à l’agricul-ture (près d’un milliard et demipar année au Québec), semblentinsuffisantes pour freiner l’im-pact de l’industrialisation et du

libre-échange sur la survie desagriculteurs et de notre agricul-ture locale, régionale et nationale.Le sommet des décideurs àSaint-Hyacinthe, en 1998, a con-sacré la conquête des marchéscomme objectif important dusecteur agricole, mais le rapportdu BAPE sur l’industrie porcinea démontré que la plupart desproblèmes reliés à cette indus-trie semblent découler de tellesorientations et du modèle deproduction qu’elles entraînent. Ilest de plus en plus clair que sinous ne pouvons freiner ladynamique du libre-échange etassurer une meilleure protectionà notre agriculture, le nombre defermes continuera à diminuer, etle contrôle de notre agricultureet de notre alimentation par lagrande industrie agroalimen-taire continuera à s’imposer.

Pour uneagriculture durableL’agriculture mise en place aucours des 50 dernières annéespour s’adapter au développe-ment des marchés remet de plusen plus en cause l’avenir deressources et de valeurs jusque-là fondamentales pour les popu-lations.

La question de l’agriculture du-rable est devenue incontournable.Et la solution ne peut venir demesures urgentes à la pièce,mais elle nécessite une réflexionglobale et collective sur les objec-tifs et les pratiques de notre agri-culture.

C’est le but des États générauxde l’agriculture du Québec.

Pour résoudre la crise agri-cole, repenser les objectifsde notre agriculture etdoter le Québec d’une poli-tique agricole durable, seulsdes États généraux de l’a-griculture, réunissant lesreprésentants des agricul-teurs, des intervenants dumonde agricole et de lasociété civile dans une vasteassemblée démocratique etcitoyenne pourront définirun nouveau contrat socialconcernant notre agricul-ture, notre alimentation etnos campagnes.

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Une crise agricole généraliséeAu Québec comme partout dans le monde, l’agriculture esten crise, et du même coup, l’alimentation et la ruralité.

Dans les pays développés aussi bien que dans les pays endéveloppement, les politiques de modernisation et de mon-dialisation de l’agriculture ont pour effet la disparition desagriculteurs et des paysans traditionnels. Au Québec,depuis 1950, plus de 100 000 fermes ont disparu, et lesdirigeants agricoles prévoient que le mouvement va conti-nuer au cours des prochaines années. C’est un changementmajeur de modèle de production.

Avec l’apparition des grandes entreprises agroalimentaireset des ententes de libre-échange, on assiste partout à labaisse des prix des produits agricoles, à la chute desrevenus des petits agriculteurs, à l’élimination des fermesautonomes, à l’avènement d’une alimentation de typeindustriel, à une dégradation rapide des sols et de l’envi-ronnement rural, au dépeuplement des campagnes.

La Direction provisoire desÉtats généraux de l’agricul-ture du Québec

Secrétariat permanent desÉtats généraux de l’agricul-ture du Québec

4272, Rue Saint-Félix,Cap-Rouge, G1Y 1X5

(418) [email protected]

Manifeste pour des États généraux de l’agriculture du Québec

Un débat de fond s’imposeLa direction provisoire des États généraux de l’agriculture du Québec