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vendredi 6 août 2010 4 SUISSE PAGE Il y a quelques jours, l’Arabie Saoudite a interdit les Blackberry sur son territoire. La raison? Ryad ne pouvait accéder à l’enregistre- ment des données cryptées qui transitent sur ces smartphones. Le fabricant canadien RIM, qui stocke ces informations entre au- tres aux Etats-Unis, n’autorisait pas les Saoudiens à en prendre connaissance même lors d’une en- quête de sécurité intérieure liée au terrorisme. L’interdiction du Blackberry a permis de débloquer la situation en quelques jours. Désormais, RIM pourrait auto- riser l’accès aux données cryptées aux autorités saoudiennes. On le voit: le secteur de la sécurité est régi par des intérêts nationaux. Ce qui peut provoquer des conflits d’intérêts. «Aujourd’hui, les clients se méfient d’une solution de sécurité américaine, analyse Carlos Moreira, créateur de la so- ciété Wisekey, acteur mondial de la sécurité numérique. Ils crai- gnent une solution chinoise ou russe. Dans tous les cas, ils redou- tent des problèmes de défense et de confidentialité.» Ces craintes sont-elles exagérées? Je vais vous donner un exemple. Les grandes banques suisses refu- sent encore d’adopter les systèmes d’identification digitale IDen- Trust, un standard de sécurité or- ganisé par 36 banques américai- nes permettant d’effectuer des transactions par Internet à partir d’un système d’identification élec- tronique ou de «signature numé- rique». Sans l’utilisation d’une in- frastructure à clé publique, les banques suisses perdraient le contrôle de la technologie et de l’accès à leurs données. Elles ne pourraient plus garantir le secret bancaire. Cela va plus loin: une banque qui utilise un produit de sécurité développé par une grande puissance ne peut pas ga- rantir une totale confidentialité, en raison de leur vision géopoli- tique de la sécurité. En outre, elle ignore ce que le constructeur du sytème a pu introduire dans le code. S’est-il réservé un accès pri- vilégié, «backdoor»? Ce contexte de méfiance envers les grandes nations et leurs grandes sociétés constitue une chance stratégique pour la Suisse en raison de sa neu- tralité. Pourquoi? La sécurité digitale est un do- maine sensible dans lequel la Suisse dispose d’un atout: sa neu- tralité. C’est pour cela que Wise- key a pu signer des accords de co- developpement de solutions au Brésil, en Russie, en Inde, aux USA et en Israël. La neutralité suisse rassure les consommateurs et les institutions de ces pays. La Suisse offre une alternative neu- tre. Ce positionnement lui per- mettrait de jouer un rôle de pre- mier plan dans un marché qui est gigantesque. Selon une récente enquête du «Washington Post», l’industrie du renseignement em- ploie plus de 850 000 collabora- teurs aux Etats-Unis. Au niveau global, il y a de la place pour une trentaine d’entreprises de la taille d’un Logitech qui affiche trois milliards de chiffre d’affaires par an. Si elle coordonne ses efforts, la Suisse peut percer au niveau mondial. Dans ce secteur qui re- présentera bientôt une centaine de milliards de dollars par an, la Suisse compte plusieurs entrepri- ses de haut niveau. Comme les so- ciétés genevoises Wisekey, leader mondial de l’identification digi- tale pour les transactions électro- nique, VisionX et ID quantique, du professeur Nicolas Gisin qui a développé avec les Banquiers pri- vés genevois la cryptographie quantique. Qu’est-ce qui empêche les Suisses d’en profitent? Les Suisses attaquent en ordre dis- persé. Chacun développe sa solu- tion dans son coin. La Confédéra- tion et les grandes banques pour- raient favoriser l’émergence d’une industrie suisse de la sécurité di- gitale, réunir les différents acteurs, les fédérer. Elles pourraient servir de catalyseur et de rampe de lan- cement pour les sociétés suisses de la sécurité digitale. Curieuse- ment, banques et autorités agis- sent à l’inverse du bon sens. Au lieu de valoriser le collectif suisse, elles jouent en individuel et font concurrence aux entreprises suis- ses. L’absence d’une vision, d’une stratégie globale pour l’ensemble du secteur est pénalisante. Elle empêche les sociétés helvétiques de tirer un parti commercial de la neutralité suisse à l’étranger. La Suisse émiette ses forces au lieu de les unir. Elle est en train de manquer une opportunité impor- tante. Que faudrait-il faire? En fait, la Suisse manque un chef d’orchestre qui coordonne la re- cherche dans les Ecoles polytech- nique, le développement de pro- duits dans les entreprises et qui en structure la commercialisation. Le marché de la sécurité digitale est global. Mais la Poste, la Confé- dération, les banques suisses pen- sent local. Elles tentent de réaliser elles-mêmes des solutions, alors que ce n’est pas leur métier. Le projet SuisseID de signature élec- tronique développé par la Poste est lourd - il faut une clé usb. En plus, il coûte cher: 70 francs. Mais surtout, il est déjà dépassé. Au- jourd’hui, sur l’iPhone, Wisekey offre les mêmes avantages, notam- ment la signature électronique et l’identification d’un client, avec une simple application à téléchar- ger pour 1 francs 10 dans le monde entier. Les grandes banques ont pourtant les moyens d’être à la pointe? Même avec un bon produit, une société de sécurité numérique ap- partenant aux banques, man- quera de possibilités commercia- les à cause d’un conflit d’intérêts latent. La société Swisskey, qui appartenait aux banques, a fait faillite en l’an 2000 pour cette rai- son. Aujourd’hui, il existe un moyen de contourner cet obsta- cle. Une société comme Wisekey, présente dans une trentaine de marchés, peut commercialiser à l’international une solution inté- ressante développée par une ban- que suisse ou une société contrô- lée par les banques. En jouant collectif, chacun y gagne. En Rus- sie par exemple, vous ne pouvez pas vendre un produit de sécurité digitale ne respectant pas les rè- gles cryptographiques russes qui sont particulières. Wisekey dis- pose de ce savoir-faire. Elle peut le mettre à disposition d’entités plus petites. Voyez-vous d’autres obstacles à l’émergence d’une industrie suisse de sécurité digitale? Il y a autre chose: un problème de relations entre Romands et Alé- maniques. Tout se passe comme si les Alémaniques jalousaient les Romands. Si une société romande propose un nouveau produit, les Alémaniques ne s’en réjouissent pas. Ils semblent au contraire en prendre ombrage, comme si cela les mortifiait. Pourquoi? Je l’ignore. Mais souvent, au lieu d’acheter une solution romande, ils préfèrent développer un au- tre produit de leur côté ou ache- ter un tel article auprès d’une so- ciété étrangère. Même si cela leur coûte plus cher. Même si cela en- traîne une perte de temps. Même si le résultat est moins perfor- mant. Un exemple? En Suisse, Wisekey a participé à la première mondiale du vote électronique dans le canton de Ge- nève en l’an 2000, avec un sys- tème d’identification également applicable dans le monde ban- caire. Dix ans plus tard, la Confé- dération et les cantons n’ont tou- jours pas adopté cette solution reconnue sur un plan internatio- nal. Aux Etats-Unis, si une entre- prise californienne fait une per- cée dans un domaine, New York adopte son produit sans tarder. En- tre Américains, malgré les distan- ces énormes qui les séparent, il existe une véritable solidarité. En Suisse, les jalousies et la compé- tition entre cantons morcèlent le marché intérieur et désunissent les forces. Cet état d’esprit coûte cher économiquement. Il entrave le déploiement des sociétés ro- mandes sur le plan suisse et de l’ensemble du secteur au niveau mondial. INTERVIEW: GIUSEPPE MELILLO CARLOS MOREIRA. Le créateur de Wisekey (à Genève) estime que la sécurité digitale constitue une vraie chance stratégique pour la Suisse. La croissance des ventes servie par les énergies renouvelables LEM. Le fabricant genevois de capteurs renoue avec les chiffres noirs. Mais la pénurie de composants le freine. ELISE JACQUESON LEM a confirmé hier les bons ré- sultats qu’elle avait laissé entre- voir pour le premier trimestre de son exercice 2010/2011.Entre avril et juin, le fabricant genevois de capteurs a enregistré un béné- fice net de 8,2 millions de francs soit un bond de 62,9% par rapport au dernier trimestre 2009/2010. L’an dernier, à la même période, l’entreprise avait subi la régres- sion du marché automobile, affi- chant alors une perte de 1,3 mil- lion de francs. Le chiffre d’affaires remonte de 58,4 à 66,8 millions de francs, en hausse de 14,3% et le résultat opérationnel (EBIT) passe de 3,2 à 13,8 millions de francs. Les commandes reprennent du vo- lume à 93,6 millions de francs, soit une hausse de 19,5%. «Nous nous efforçons de répondre à la de- mande accrue du marché et don- nons pour cela un coup d’accélé- rateur à la production», a déclaré François Gabella, président et CEO de LEM, dans le communi- qué. Malheureusement, nous som- mes freinés par la pénurie de pro- duits disponibles sur les marché des composants électroniques». «Certains composants sont plus difficiles à obtenir que d’autres, ex- plique par téléphone Suzanne Hochheimer, responsable de la communication du groupe. Des so- ciétés, plus touchées que d’autres durant la crise, n’ont pas encore ou- vert ou réactivé les lignes de pro- duction nécessaires pour honorer toutes les commandes. C’est pour- quoi celles-ci sont actuellement su- périeures aux ventes». Sur le segment industriel, le chif- fre d’affaires a atteint 61,6 mil- lions de francs soit une augmen- tation de 14,6% par rapport au 4 e trimestre de l’exercice précé- dent. L’EBIT opérationnel s’élève à 13,2 millions de francs, affichant une hausse de 34,2%. Le montant des ventes concernant les produits d’énergie renouvelable et des cap- teurs pour moteurs électriques a dépassé les valeurs d’avant la crise. Notamment grâce à la Chine, dont le gouvernement investit beaucoup dans les énergies renou- velables ainsi que dans le dévelop- pement de son réseau ferroviaire. «Nous sommes dans les trams et les bus chinois», précise la porte- parole. Les parts de marchés de LEM en Chine dépassent au- jourd’hui 50%. Le chiffre d’affaires du segment automobile a atteint 5,2 millions de francs soit une hausse de 11,3% par rapport au 4 e trimestre de l’exercice précédent. L’EBIT opérationnel s’est élevé à 0,6 mil- lion de francs contre une perte de 0,4 millions de francs il y a une année. Les ventes ont repris du côté des véhicules hybrides. La so- ciété note une croissance générale des ventes sur le marché automo- bile. En raison de la hausse du cours de l’action de 340 à 345 francs, les engagements liés aux plans d’option de souscription d’actions ont augmenté de 0,4 million de francs au premier tri- mestre. François Gabella, entré en fonction début juillet, s’est dit «optimiste» sur le reste de l’exer- cice, «sans pour autant perdre de vue l’instabilité de la situation économique et monétaire ac- tuelle». SAWI: management de communautés et de médias sociaux Destinée à des personnes déjà ac- tives dans le monde du travail, cette formation organisée par le Sawi leur permet d’acquérir des compétences et des méthodolo- gies concrètes. Elle est structurée en cinq modules de quatre jours qui se déroulent à Lausanne en- tre le 22 septembre 2010 et le 9 avril 2011. Le premier permet de comprendre le monde en réseau et l’impact d’Internet sur l’orga- nisation sociale, politique, écono- mique, et culturelle. Le deuxième familiarise les étudiants avec les médias sociaux existants ainsi que leurs caractéristiques et fonc- tionnalités. Le troisième insiste sur la manière d’établir une pré- sence dans les réseaux sociaux et le quatrième offre la possibilité de comprendre et acquérir les ou- tils nécessaires au développe- ment d’un réseau. Enfin, le dernier permet d’appendre com- ment créer sa propre plate-forme communautaire et gérer un pro- jet. A l’issue de cette formation, les élèves obtiennent un diplôme du Sawi dans cette matière. (PHB) LES ALÉMANIQUES PRÉFÈRENT SOUVENT DÉVELOPPER UN PRODUIT DE LEUR CÔTÉ OU ACHETER UN ARTICLE AUPRÈS DUNE SOCIÉTÉ ÉTRANGÈRE. A U LIEU DACHETER UNE SOLUTION DE SÉCURITÉ NUMÉRIQUE ROMANDE. Belimo inscrit une bonne performance Belimo a réalisé une bonne per- formance depuis le début de l’an- née. Leader mondial des servomo- teurs électriques pour le chauffage, la ventilation et la cli- matisation, le groupe zurichois a amélioré son bénéfice net de 38,4% en glissement annuel, à 31,5 millions de francs. Le chiffre d’affaires de l’entreprise sise à Hinwil (ZH) s’est établi à 209,3 millions de francs, en hausse de 10,1% par rapport à la même pé- riode de l’année dernière. Corri- gée des taux de change, la crois- sance a atteint 13,3%, a indiqué Belimo jeudi dans un communi- qué. La marge bénéficiaire avant intérêts et impôts (EBIT) s’est ins- tallée quant à elle à 19,5%, contre 14,8% un an plus tôt. Les mesu- res d’économies liées à la réces- sion de l’année précédente ainsi que l’augmentation modérée des frais de matériel et de fret ont contribué à cette croissance. Les ventes se sont accrues dans toutes les régions importantes, particu- lièrement en Asie, à +26,6% grâce à la progression des applications aérauliques. Belimo s’attend à une poursuite de ces bons résultats, avec le «mouvement de reprise qui s’amorce dans le secteur de la construction.» – (ats) Transocean confronté à 250 dépôts de plainte Transocean, leader mondial du fo- rage pétrolier en haute mer, est confronté à près de 250 plaintes déposées dans le cadre du naufrage de sa plate-forme ayant provoqué une gigantesque marée noire dans le golfe du Mexique, selon un rap- port du groupe publié jeudi. Au total, 249 plaintes ont été déposées au 2 août contre Transocean, groupe d’origine américaine dont le siège est en Suisse et qui est le propriétaire de la plate-forme pé- trolière ayant coulé dans le golfe du Mexique, selon un rapport de la société destiné au gendarme de la Bourse américaine, la SEC, dont l’AFP a pris connaissance. Ces plaintes «sont toutes liées à l’inci- dent du puits (de pétrole) Ma- condo», à l’origine de la marée noire, a précisé un porte-parole de Transocean. Plusieurs agences gouvernementales ont par ailleurs lancé des enquêtes, a souligné le leader mondial du secteur, ajou- tant qu’il allait «évaluer ces récla- mations» contre lesquelles il comp- tait se «défendre». Transocean est la société qui a loué à BP la plate- forme Deepwater Horizon qui a coulé le 22 avril après une explo- sion. Alors que la marée noire a déjà coûté plusieurs milliards de dollars à la compagnie pétrolière britannique, le groupe suisse a tenté de limiter sa responsabilité. Nous estimons être seulement res- ponsable des écoulements de pé- trole émanant de la plate-forme» qui repose au fond de la mer, a pré- cisé Transocean dans son rapport. En conséquence, le groupe se dit «non responsable pour les écoule- ments d’hydrocarbures provenant du puits Macondo» qui ont provo- qué la marée noire. La neutralité suisse est rassurante SÉCURITÉ DIGITALE. La Suisse pourrait s’arroger grâce à sa neutralité une part importante d’un marché estimé à 100 milliards de francs.

WISeKey article AGEFI (Swiss Financial Newspaper)

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vendredi 6 août 20104 SUISSEPAGE

Il y a quelques jours, l’ArabieSaoudite a interdit les Blackberrysur son territoire. La raison? Ryadne pouvait accéder à l’enregistre-ment des données cryptées quitransitent sur ces smartphones. Lefabricant canadien RIM, quistocke ces informations entre au-tres aux Etats-Unis, n’autorisaitpas les Saoudiens à en prendreconnaissance même lors d’une en-quête de sécurité intérieure liéeau terrorisme. L’interdiction duBlackberry a permis de débloquerla situation en quelques jours.Désormais, RIM pourrait auto-riser l’accès aux données cryptéesaux autorités saoudiennes. On levoit: le secteur de la sécurité estrégi par des intérêts nationaux. Cequi peut provoquer des conflitsd’intérêts. «Aujourd’hui, lesclients se méfient d’une solutionde sécurité américaine, analyseCarlos Moreira, créateur de la so-ciété Wisekey, acteur mondial dela sécurité numérique. Ils crai-gnent une solution chinoise ourusse. Dans tous les cas, ils redou-tent des problèmes de défense etde confidentialité.»

Ces craintes sont-ellesexagérées?Je vais vous donner un exemple.Les grandes banques suisses refu-sent encore d’adopter les systèmesd’identification digitale IDen-Trust, un standard de sécurité or-ganisé par 36 banques américai-nes permettant d’effectuer destransactions par Internet à partird’un système d’identification élec-tronique ou de «signature numé-rique». Sans l’utilisation d’une in-frastructure à clé publique, lesbanques suisses perdraient lecontrôle de la technologie et del’accès à leurs données. Elles nepourraient plus garantir le secretbancaire. Cela va plus loin: unebanque qui utilise un produit desécurité développé par unegrande puissance ne peut pas ga-rantir une totale confidentialité,

en raison de leur vision géopoli-tique de la sécurité. En outre, elleignore ce que le constructeur dusytème a pu introduire dans lecode. S’est-il réservé un accès pri-vilégié, «backdoor»? Ce contextede méfiance envers les grandesnations et leurs grandes sociétésconstitue une chance stratégiquepour la Suisse en raison de sa neu-tralité.

Pourquoi?La sécurité digitale est un do-maine sensible dans lequel laSuisse dispose d’un atout: sa neu-tralité. C’est pour cela que Wise-key a pu signer des accords de co-developpement de solutions auBrésil, en Russie, en Inde, auxUSA et en Israël. La neutralitésuisse rassure les consommateurset les institutions de ces pays. LaSuisse offre une alternative neu-tre. Ce positionnement lui per-mettrait de jouer un rôle de pre-mier plan dans un marché qui estgigantesque. Selon une récenteenquête du «Washington Post»,l’industrie du renseignement em-ploie plus de 850 000 collabora-teurs aux Etats-Unis. Au niveauglobal, il y a de la place pour unetrentaine d’entreprises de la tailled’un Logitech qui affiche troismilliards de chiffre d’affaires paran. Si elle coordonne ses efforts,la Suisse peut percer au niveaumondial. Dans ce secteur qui re-présentera bientôt une centainede milliards de dollars par an, laSuisse compte plusieurs entrepri-ses de haut niveau. Comme les so-ciétés genevoises Wisekey, leadermondial de l’identification digi-tale pour les transactions électro-nique, VisionX et ID quantique,du professeur Nicolas Gisin qui adéveloppé avec les Banquiers pri-vés genevois la cryptographiequantique.

Qu’est-ce qui empêcheles Suisses d’en profitent?Les Suisses attaquent en ordre dis-

persé. Chacun développe sa solu-tion dans son coin. La Confédéra-tion et les grandes banques pour-raient favoriser l’émergence d’uneindustrie suisse de la sécurité di-gitale, réunir les différents acteurs,les fédérer. Elles pourraient servirde catalyseur et de rampe de lan-cement pour les sociétés suissesde la sécurité digitale. Curieuse-ment, banques et autorités agis-sent à l’inverse du bon sens. Aulieu de valoriser le collectif suisse,elles jouent en individuel et fontconcurrence aux entreprises suis-ses. L’absence d’une vision, d’unestratégie globale pour l’ensembledu secteur est pénalisante. Elleempêche les sociétés helvétiquesde tirer un parti commercial de laneutralité suisse à l’étranger. LaSuisse émiette ses forces au lieude les unir. Elle est en train demanquer une opportunité impor-tante.

Que faudrait-il faire?En fait, la Suisse manque un chefd’orchestre qui coordonne la re-cherche dans les Ecoles polytech-nique, le développement de pro-duits dans les entreprises et qui enstructure la commercialisation. Lemarché de la sécurité digitale estglobal. Mais la Poste, la Confé-dération, les banques suisses pen-sent local. Elles tentent de réaliserelles-mêmes des solutions, alorsque ce n’est pas leur métier. Leprojet SuisseID de signature élec-tronique développé par la Poste

est lourd - il faut une clé usb. Enplus, il coûte cher: 70 francs. Maissurtout, il est déjà dépassé. Au-jourd’hui, sur l’iPhone, Wisekeyoffre les mêmes avantages, notam-ment la signature électronique etl’identification d’un client, avecune simple application à téléchar-ger pour 1 francs 10 dans lemonde entier.

Les grandes banquesont pourtant les moyensd’être à la pointe?Même avec un bon produit, unesociété de sécurité numérique ap-partenant aux banques, man-quera de possibilités commercia-les à cause d’un conflit d’intérêtslatent. La société Swisskey, quiappartenait aux banques, a faitfaillite en l’an 2000 pour cette rai-son. Aujourd’hui, il existe unmoyen de contourner cet obsta-cle. Une société comme Wisekey,présente dans une trentaine demarchés, peut commercialiser àl’international une solution inté-ressante développée par une ban-que suisse ou une société contrô-lée par les banques. En jouantcollectif, chacun y gagne. En Rus-sie par exemple, vous ne pouvezpas vendre un produit de sécuritédigitale ne respectant pas les rè-gles cryptographiques russes quisont particulières. Wisekey dis-pose de ce savoir-faire. Elle peutle mettre à disposition d’entitésplus petites.

Voyez-vous d’autres obstaclesà l’émergence d’une industriesuisse de sécurité digitale?Il y a autre chose: un problème derelations entre Romands et Alé-maniques. Tout se passe comme

si les Alémaniques jalousaient lesRomands. Si une société romandepropose un nouveau produit, lesAlémaniques ne s’en réjouissentpas. Ils semblent au contraire enprendre ombrage, comme si celales mortifiait. Pourquoi? Jel’ignore. Mais souvent, au lieud’acheter une solution romande,ils préfèrent développer un au-tre produit de leur côté ou ache-ter un tel article auprès d’une so-ciété étrangère. Même si cela leurcoûte plus cher. Même si cela en-traîne une perte de temps. Mêmesi le résultat est moins perfor-mant.

Un exemple?En Suisse, Wisekey a participé àla première mondiale du voteélectronique dans le canton de Ge-nève en l’an 2000, avec un sys-tème d’identification égalementapplicable dans le monde ban-caire. Dix ans plus tard, la Confé-dération et les cantons n’ont tou-jours pas adopté cette solutionreconnue sur un plan internatio-nal. Aux Etats-Unis, si une entre-prise californienne fait une per-cée dans un domaine, New Yorkadopte son produit sans tarder. En-tre Américains, malgré les distan-ces énormes qui les séparent, ilexiste une véritable solidarité. EnSuisse, les jalousies et la compé-tition entre cantons morcèlent lemarché intérieur et désunissentles forces. Cet état d’esprit coûtecher économiquement. Il entravele déploiement des sociétés ro-mandes sur le plan suisse et del’ensemble du secteur au niveaumondial.

INTERVIEW: GIUSEPPE MELILLO

CARLOS MOREIRA. Le créateurde Wisekey (à Genève) estime que lasécurité digitale constitue une vraiechance stratégique pour la Suisse.

La croissance des ventes serviepar les énergies renouvelablesLEM. Le fabricantgenevois de capteursrenoue avec les chiffresnoirs. Mais la pénuriede composants le freine.

ELISE JACQUESON

LEM a confirmé hier les bons ré-sultats qu’elle avait laissé entre-voir pour le premier trimestre deson exercice 2010/2011.Entreavril et juin, le fabricant genevoisde capteurs a enregistré un béné-fice net de 8,2 millions de francssoit un bond de 62,9% par rapportau dernier trimestre 2009/2010.L’an dernier, à la même période,l’entreprise avait subi la régres-sion du marché automobile, affi-chant alors une perte de 1,3 mil-lion de francs. Le chiffre d’affairesremonte de 58,4 à 66,8 millionsde francs, en hausse de 14,3% et

le résultat opérationnel (EBIT)passe de 3,2 à 13,8 millions defrancs. Les commandes reprennent du vo-lume à 93,6 millions de francs, soitune hausse de 19,5%. «Nous nousefforçons de répondre à la de-mande accrue du marché et don-nons pour cela un coup d’accélé-rateur à la production», a déclaréFrançois Gabella, président etCEO de LEM, dans le communi-qué. Malheureusement, nous som-mes freinés par la pénurie de pro-duits disponibles sur les marchédes composants électroniques».«Certains composants sont plusdifficiles à obtenir que d’autres, ex-plique par téléphone SuzanneHochheimer, responsable de lacommunication du groupe. Des so-ciétés, plus touchées que d’autresdurant la crise, n’ont pas encore ou-vert ou réactivé les lignes de pro-duction nécessaires pour honorer

toutes les commandes. C’est pour-quoi celles-ci sont actuellement su-périeures aux ventes».Sur le segment industriel, le chif-fre d’affaires a atteint 61,6 mil-lions de francs soit une augmen-tation de 14,6% par rapport au4e trimestre de l’exercice précé-dent. L’EBIT opérationnel s’élèveà 13,2 millions de francs, affichantune hausse de 34,2%. Le montantdes ventes concernant les produitsd’énergie renouvelable et des cap-teurs pour moteurs électriques adépassé les valeurs d’avant la crise.Notamment grâce à la Chine,dont le gouvernement investitbeaucoup dans les énergies renou-velables ainsi que dans le dévelop-pement de son réseau ferroviaire.«Nous sommes dans les trams etles bus chinois», précise la porte-parole. Les parts de marchés deLEM en Chine dépassent au-jourd’hui 50%.

Le chiffre d’affaires du segmentautomobile a atteint 5,2 millionsde francs soit une hausse de11,3% par rapport au 4e trimestrede l’exercice précédent. L’EBITopérationnel s’est élevé à 0,6 mil-lion de francs contre une perte de0,4 millions de francs il y a uneannée. Les ventes ont repris ducôté des véhicules hybrides. La so-ciété note une croissance généraledes ventes sur le marché automo-bile. En raison de la hausse ducours de l’action de 340 à 345francs, les engagements liés auxplans d’option de souscriptiond’actions ont augmenté de 0,4million de francs au premier tri-mestre. François Gabella, entréen fonction début juillet, s’est dit«optimiste» sur le reste de l’exer-cice, «sans pour autant perdre devue l’instabilité de la situationéconomique et monétaire ac-tuelle».�

SAWI: management de communautés et de médias sociauxDestinée à des personnes déjà ac-tives dans le monde du travail,cette formation organisée par leSawi leur permet d’acquérir descompétences et des méthodolo-gies concrètes. Elle est structuréeen cinq modules de quatre joursqui se déroulent à Lausanne en-tre le 22 septembre 2010 et le 9avril 2011. Le premier permet decomprendre le monde en réseauet l’impact d’Internet sur l’orga-nisation sociale, politique, écono-mique, et culturelle. Le deuxièmefamiliarise les étudiants avec lesmédias sociaux existants ainsique leurs caractéristiques et fonc-tionnalités. Le troisième insistesur la manière d’établir une pré-sence dans les réseaux sociaux etle quatrième offre la possibilitéde comprendre et acquérir les ou-tils nécessaires au développe-ment d’un réseau. Enfin, ledernier permet d’appendre com-ment créer sa propre plate-formecommunautaire et gérer un pro-jet. A l’issue de cette formation,les élèves obtiennent un diplômedu Sawi dans cette matière.(PHB)

LES ALÉMANIQUES PRÉFÈRENT SOUVENT

DÉVELOPPER UN PRODUIT DE LEUR CÔTÉ

OU ACHETER UN ARTICLE AUPRÈS D’UNE SOCIÉTÉ

ÉTRANGÈRE. AU LIEU D’ACHETER UNE SOLUTION

DE SÉCURITÉ NUMÉRIQUE ROMANDE.

Belimo inscritune bonneperformanceBelimo a réalisé une bonne per-formance depuis le début de l’an-née. Leader mondial des servomo-teurs électriques pour lechauffage, la ventilation et la cli-matisation, le groupe zurichois aamélioré son bénéfice net de38,4% en glissement annuel, à31,5 millions de francs. Le chiffred’affaires de l’entreprise sise àHinwil (ZH) s’est établi à 209,3millions de francs, en hausse de10,1% par rapport à la même pé-riode de l’année dernière. Corri-gée des taux de change, la crois-sance a atteint 13,3%, a indiquéBelimo jeudi dans un communi-qué. La marge bénéficiaire avantintérêts et impôts (EBIT) s’est ins-tallée quant à elle à 19,5%, contre14,8% un an plus tôt. Les mesu-res d’économies liées à la réces-sion de l’année précédente ainsique l’augmentation modérée desfrais de matériel et de fret ontcontribué à cette croissance. Lesventes se sont accrues dans toutesles régions importantes, particu-lièrement en Asie, à +26,6% grâceà la progression des applicationsaérauliques. Belimo s’attend à unepoursuite de ces bons résultats,avec le «mouvement de reprisequi s’amorce dans le secteur dela construction.» – (ats)

Transoceanconfronté à 250 dépôtsde plainteTransocean, leader mondial du fo-rage pétrolier en haute mer, estconfronté à près de 250 plaintesdéposées dans le cadre du naufragede sa plate-forme ayant provoquéune gigantesque marée noire dansle golfe du Mexique, selon un rap-port du groupe publié jeudi. Autotal, 249 plaintes ont été déposéesau 2 août contre Transocean,groupe d’origine américaine dontle siège est en Suisse et qui est lepropriétaire de la plate-forme pé-trolière ayant coulé dans le golfedu Mexique, selon un rapport dela société destiné au gendarme dela Bourse américaine, la SEC, dontl’AFP a pris connaissance. Cesplaintes «sont toutes liées à l’inci-dent du puits (de pétrole) Ma-condo», à l’origine de la maréenoire, a précisé un porte-parole deTransocean. Plusieurs agencesgouvernementales ont par ailleurslancé des enquêtes, a souligné leleader mondial du secteur, ajou-tant qu’il allait «évaluer ces récla-mations» contre lesquelles il comp-tait se «défendre». Transocean estla société qui a loué à BP la plate-forme Deepwater Horizon qui acoulé le 22 avril après une explo-sion. Alors que la marée noire adéjà coûté plusieurs milliards dedollars à la compagnie pétrolièrebritannique, le groupe suisse atenté de limiter sa responsabilité.Nous estimons être seulement res-ponsable des écoulements de pé-trole émanant de la plate-forme»qui repose au fond de la mer, a pré-cisé Transocean dans son rapport.En conséquence, le groupe se dit«non responsable pour les écoule-ments d’hydrocarbures provenantdu puits Macondo» qui ont provo-qué la marée noire.�

La neutralité suisse est rassuranteSÉCURITÉ DIGITALE. La Suisse pourrait s’arroger grâce à sa neutralité une part importante d’un marché estimé à 100 milliards de francs.