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Thème : Les déterminants de la spécialisation régionale et de concentration géographique en zone CEMAC
Résumé :
Cet article se propose d’évaluer les déterminants de la spécialisation et de la concentration
géographique des pays de la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale
(CEMAC) entre 1990 et 2012. Suivant la méthodologie proposée par Brun & Bernard (2001), la
démarche économétrique, à l’aide de l’estimateur GMM, du test d’autocorrelation des erreurs
d’Arellano & Bond (1991) et du test de suridentification de Sargan, sur données de panels
dynamiques en systeme, met en évidence l’impact négatif de l’ouverture au commerce
international sur la diversification et sur la concentration géographique.
Mots clés : Spécialisation, diversification, concentration, GMM, CEMAC
Sponsoring :
Je souhaiterai dans le cas où ce papier est retenu pour la Conférence que l’on prenne en charge
mes frais de transport (billet d’avion aller-retour), mes frais d’hébergement et ma ration
alimentaire journalière. Je vous remercie bien.
Introduction
L’intégration régionale aux USA a crée une énorme inégalité territoriale en termes de
concentration géographique des industries. En Europe, il est apparu de manière globale, une
progression de la diversification et de la concentration géographique (Dupuch & Jennequin,
2001). En zone CEMAC, après la libéralisation commerciale et après la création d’un marché
commun il y a plus d’une dizaine d’années, les interrogations relatives aux effets de l’ouverture
au commerce international et de l’intégration régionale sur les structures productives nationales
doivent être analysées.
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D’après les tenants des théories traditionnelles du commerce international (Adam Smith,
Ricardo, etc.), la libéralisation commerciale favorise la spécialisation et la concentration
géographique. Tous les pays qui participent au commerce international gagnent à l’échange. Les
tenants de l’économie géographique (Krugman, 1991, Venables, 1996 ; Henner, 2001) ont
identifié d’autres facteurs susceptibles d’influencer la spécialisation régionale et la concentration
géographiques.
L’objectif est d’identifier au regard de la théorie économique les déterminants de la
spécialisation et de la concentration géographique des pays de la CEMAC. En effet, depuis le
début des années 1990, de nombreuses reformes économiques à l’instar de la libéralisation
commerciale, de la libéralisation financière et de la création d’un marché commun ont été mises
en œuvre.
Afin d’attendre cet objectif, la première section va revisiter les différentes théories du commerce
international. La deuxième section va s’intéresser à l’analyse empirique des déterminants de la
spécialisation et de la concentration géographique. La troisième section va présenter les
différentes stratégies de spécialisation et de concentration mises en œuvre en zone CEMAC. La
dernière section va être consacrée à une analyse économétrique en données de panels des
déterminants de la spécialisation (diversification) et de la concentration géographique.
1) Analyse théorique
De nombreuses théories ont tenté d’expliquer la spécialisation des régions et la concentration
industrielle. Les théories traditionnelles du commerce international (Adam Smith, Ricardo,
Hecksher, Ohlin & Samuelson, etc.) prédisent une spécialisation internationale du commerce sur
la base des avantages comparatifs. Les nouvelles théories du commerce internationales (Helpman
& Krugman, 1985 ; Grossman & Helpman, 1990) ; Krugman, 1991) prennent en compte la
différenciation des produits, les économies d’échelle et les innovations pour comprendre les
échanges internationaux. La géographie économique (Krugman & Venables, 1995) présente des
modèles décrivant la dynamique de la localisation des entreprises selon l’évolution des coûts des
échanges, de la demande régionale et des salaires.
- Les théories traditionnelles du commerce international
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Parmi les ces théories, on distingue : la théorie des avantages absolus d’Adam Smith, la théorie
des avantages comparatifs de Ricardo, le théorème HOS. D’après ces théories, tous les pays ont
un avantage relatif dans la fabrication d’un produit ; elles montrent qu’en situation de libre
échange, tous les pays qui participent au commerce international gagnent à l’échange.
Selon Adam Smith, le libre échange améliore le bien-être des individus en leur procurant des
produits au meilleur prix. Chaque pays doit se spécialiser dans la production d’un bien ayant le
coût de production le plus faible. Cette spécialisation aboutit à la division du travail ; ce qui
permet l’amélioration de la productivité et la réalisation des économies d’échelle. Seuls les pays
qui bénéficient d’un avantage absolu dans la production d’un bien doivent participer au
commerce international. Mais pour Ricardo, même lorsqu’il ne dispose pas d’un avantage absolu
dans la production d’un bien, un pays peut prendre part au commerce international. Il doit se
spécialiser dans la production du bien pour lequel son désavantage est le moins important. Le
théorème HOS révèle qu’un pays tend à se spécialiser dans la production pour laquelle la
combinaison de facteurs dont il dispose lui donne le maximum d’avantages c'est-à-dire dans la
production intensive en facteur abondant sur son territoire. Ces trois théories traditionnelles du
commerce international reposent sur les hypothèses du modèle de concurrence pure et parfaite.
Dans la théorie des avantages comparatifs, le libre échange mène à une spécialisation complète
en raison du différentiel de productivité entre pays tandis que selon le théorème HOS, le libre
échange conduit à une spécialisation incomplète du fait des écarts de dotations factorielles entre
pays. En outre, étant donné que les échanges commerciaux entre les pays se font sur la base du
commerce inter-branche, tout mouvement de spécialisation s’accompagne d’un mouvement
symétrique et de même sens de la concentration (Dupuch & Jennequin, 2001). Ceci n’est vérifié
que sous l’hypothèse de libre échange qui considère comme nuls les coûts de transactions. La
présence des barrières tarifaires et non tarifaires dans le commerce international introduit des
distorsions et rend la spécialisation imparfaite, moins sensible aux attributs des pays (Dupuch &
Jennequin, 2001).
Sous l’hypothèse de rendements d’échelle constants et sous l’hypothèse d’absence de coûts de
transactions, les entreprises tendent à se localiser des zones où la demande est forte.
L’intégration économique des pays a deux effets contraires (Dupuch & Jennequin, 2001) :
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- d’une part, en réduisant les obstacles à l’échange commercial, elle entraine
l’approfondissement de la spécialisation des pays ;
- d’autre part, elle favorise la convergence des économies en termes de rémunérations
factorielles. Cette convergence, associée aux rendements d’échelle constants, est un
facteur propre à éliminer les degrés de spécialisation et de concentration.
- La nouvelle théorie du commerce international
En se basant sur l’hypothèse des rendements d’échelle croissants et sur l’hypothèse de la
différenciation des produits, la nouvelle théorie du commerce international apporte de nouveaux
éléments justifiant le niveau de spécialisation ou de concentration dans les pays.
Les économies d’échelle sont sources d’agglomération (Dupuch & Jennequin, 2001). Elles
permettent de baisser le coût unitaire de la production et favorisent ainsi la concentration
géographique des entreprises. Ces dernières vont délocaliser partiellement ou totalement leurs
activités vers des régions qui offrent les débouchés les plus importants (Helpman & Krugman,
1985). Le libre échange (l’intégration économique) entraine la baisse des coûts de transactions ;
ceci permet aux entreprises de se localiser dans des régions où elles vont bénéficier des
économies d’échelle. Dès lors, l’intégration économique accroit ainsi le degré de spécialisation et
le degré de concentration.
Cette spécialisation peut être intra-branche en raison de la différenciation des produits. Quand les
pays possèdent des niveaux de développement relativement proches, ils se spécialisent dans les
produits similaires (Brülhart, 1996). Dans la théorie de la demande, Linder n’explique pas la
spécialisation à partir de l’offre des entreprises mais à partir de la demande. Les consommateurs
souhaitent avoir des produits aux caractéristiques variées. Les conditions de la production au sein
d’un pays dépendent des conditions de la demande. Plus les pays sont semblables, plus la gamme
des produits exportables est identique à la gamme des produits importables. Les échanges
s’effectuent donc entre pays semblables et concernent des produits proches, qui recherchent de
nouveaux débouchés sur les marchés extérieurs où la demande pour ce type de produit existe
déjà. La concurrence entre les entreprises va donc les pousser à chercher à s’implanter
simultanément sur les territoires des concurrents.
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Une divergence sectorielle peut apparaitre. Les pays ayant des niveaux de revenus les plus élevés
tendent à attirer les industries à haut niveaux de technologie. Par conséquent, plus les pays ont
des niveaux de revenus similaires, plus la concentration est faible (Dupuch & Jennequin, 2001).
A l’opposé, lorsque les pays d’une union économique ont un niveau de développement inégal, il
existe une concentration forte des industries (WIFO, 1999).
Krugman & Venables (1990) dans l’analyse de la spécialisation établissent le distinguo entre les
régions du centre (souvent les pays ayant les revenus les plus élevés) et les régions de la
périphérie (qui sont les pays ayant les revenus relativement bas). Les régions du centre aux tailles
du marché supérieures vont s’échanger des biens similaires et vont voir s’accroitre leur
spécialisation intra-branche. Elles vont attirer parallèlement des industries à hauts niveaux de
technologie ou nécessitant une main d’œuvre plus qualifiée. Par contre, les régions périphériques
ne vont d’abord attirer que des industries à faibles niveaux de technologie ou nécessitant une
main d’œuvre moins qualifiée. Leurs échanges mutuels se font sur la base d’une spécialisation
intra-branche.
- Les effets d’agglomération ou de dispersion
La demande régionale est joue un rôle important dans la localisation des industries (Krugman,
1991). Plus la demande parait importante, plus le marché est intéressant pour la production des
biens et services finaux. Plus cette production est grande, plus la demande en biens et services
intermédiaires va être grande, créant par conséquent des liens en aval. La production des biens et
des services intermédiaires se développe donc en se différenciant et en se spécialisant ; ce qui
entraine des économies d’échelle locales (liens en amont). La production a tendance à se
concentrer dans les plus grands marchés, mais la taille du marché est la plus grande là où
l’industrie est concentrée (Laurin, 2000).
Krugman (1991) va identifier un effet domestique régional composé de l’ensemble des liens
entre producteurs, consommateurs et fournisseurs constituant l’essentiel du pouvoir
d’agglomération d’une région. Les modèles de la géographie économique (Krugman, 1991 ;
Krugman & Helpman, 1995) expliquent la localisation industrielle par le jeu des forces
d’agglomération et des forces de dispersion.
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Les entreprises cherchent à maximiser les économies d’échelle en localisant la production dans
une seule région. Cette production va se déplacer vers les grands marchés, là où les économies
locales sont plus fortes (effet domestique). Ces forces d’agglomération sont opposées à deux
facteurs de dispersion : les salaires et le coût des échanges (tarifs douaniers, coût de transport,
risque de change, etc.). Lorsque les coûts des échanges sont élevés, les entreprises cherchent à
les minimiser en se localisant dans plusieurs sites afin d’être près des consommateurs. Dans ce
cas, les gains dus aux rendements d’échelle dans un seul site ne suffisent pas pour couvrir les
coûts des échanges. Autrement dit, l’entreprise gagnerait à servir le marché international à partir
d’un seul lieu de production de façon à maximiser les économies d’échelle.
Lorsque les coûts des échanges se réduisent sous une certaine valeur critique, l’industrie tend à
se concentrer dans une seule région. Cette concentration génère des rendements d’échelle au
niveau local qui augmentent la productivité des entreprises, qui provoque à son tour un
accroissement des salaires dans la région. A cause de l’immobilité de la main d’œuvre, un
différentiel de salaires va se créer entre les régions par les effets de la spécialisation industrielle.
Par la suite, avec la baisse continue des coûts des échanges, il y aura une ré-industrialisation des
régions les plus pauvres : les industries se relocalisent dans les régions à bas salaires. La
spécialisation évolue selon une courbe en U suivant la réduction des coûts des échanges
(Krugman & Venables, 1995). D’abord, la spécialisation baisse suite à la délocalisation des
activités économiques en faveur des régions les moins industrialisées. Puis, au fur et à mesure
que l’écart salarial se réduit, l’industrie se ré-concentre dans les grands marchés (régions riches)
où les économies locales sont les plus fortes.
Contrairement donc à ce que révèlent les théories traditionnelles du commerce international, la
présence des économies d’échelle ne favorise pas la convergence des régions. Le processus de
concentration industrielle se renforce par lui même et s’opère en faveur des régions déjà
fortement industrialisées.
2) Analyse empirique
De nombreuses études ont cherché à expliquer la localisation industrielle dans l’UE, et aux USA
par une analyse du niveau de la spécialisation des pays ou des régions et de la concentration
géographique des industries européennes (Amiti, 1998 ; Hallet, 2000 ; etc.).
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A l’aide des données sur le produit brut de 36 industries et sur les exportations de 104 industries
dans 14 pays de l’UE, Venables & al (1999) montrent que la spécialisation de la production s’est
réduite pour la période 1970/1975- 1980/1983 ; mais, elle s’est accrue pour la période
1980/1983-1994/1997. En somme, la spécialisation augmente pour l’ensemble de la période
d’étude. Ceci indique la présence d’une divergence des structures industrielles dans l’Union
Européenne. Par contre, ils observent une nette tendance à la baisse de la spécialisation des
exportations. Ce résultat reflète l’importance du développement du commerce intra-branche
entre les pays de l’UE. Par ailleurs, leurs résultats révèlent que la concentration géographique est
restée assez stable entre 1970 et 1997. Elle s’est réduite légèrement sur la période 1970/1980,
s’est accrue sur la période 1980/1990 pour se réduire à nouveau sur la période 1990/1997.
En utilisant la valeur aoutée nominale par industrie de chaque pays de l’UE entre 1988 et 1998,
la WIFO (1999) observe une faible tendance à la spécialisation industrielle qu’elle mesure par la
part de l’industrie dans le secteur manufacturier. Cette spécialisation s’est réduite au cours des
années 80 pour connaitre un accroissement au cours des années 90. Par ailleurs, la concentration
géographique des industries a baissé de manière significative en termes de production et
d’exportation.
Molle (1996) réalise une étude sur les structures industrielles des régions des 15 pays de l’UE
entre 1950 et 1990. La décomposition industrielle employée est celle de la catégorie
NACE/CLIO en 17 branches. Pour évaluer la distribution régionale de l’emploi industriel, il
emploie un coefficient de localisation qui compare pou chaque industrie la part de l’emploi d’une
région par rapport à la part de cette région dans l’emploi total de l’UE. Les résultats montrent
une faible concentration géographique. Pour mesurer le niveau de spécialisation des régions, il a
utilisé l’indice de spécialisation de Krugman. Cette méthode qu’il a ainsi employée montre la
réduction de la spécialisation dans la majorité des régions. Cela signifie que la structure
industrielle des régions tend à devenir de plus en plus similaire.
En utilisant d’une part la valeur ajoutée brute pour mesurer la spécialisation et la concentration,
et d’autre part la décomposition industrielle de la catégorie NACE/CLIO en 17 branches sur la
période 1980/1995, l’étude de Hallet (2000) révèle une réduction de la spécialisation et une
stabilité de la concentration.
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3) Les stratégies de diversification et de concentration géographique en zone CEMAC
Berezin & al (2002) distingue la diversification horizontale de la diversification verticale de la
production. La diversification horizontale vise l’émergence d’un nouveau secteur d’activités
alors que la diversification verticale consiste à élargir la gamme des produits fabriqués dans un
même secteur, afin d’aboutir à la création d’une filière complète partant des produits de base aux
produits finis à forte valeur ajoutée.
Les stratégies de diversification et de concentration géographique des économies de la CEMAC
ont souvent mis l’accent sur :
- La valorisation et la transformation locale des matières premières et des ressources
naturelles ;
- L’accroissement des dépenses en santé et en éducation afin d’avoir une main d’œuvre
qualifiée ;
- La création des zones franches qui sont des zones géographiques dans un pays
bénéficiant des plusieurs avantages tels que l’exonération des charges fiscales et
l’exonération des charges douanières ; la réglementation sociale, la réglementation
environnementale et la réglementation de l’emploi y sont favorables. Bost François
(2011) a recensé 29 zones franches et 450 points franc dans 11 pays de l’Afrique de
l’ouest. Même dans certains pays de la zone CEMAC, à l’instar du Gabon et du
Cameroun, les zones franches ont été créées. Les zones franches visent à diversifier la
structure économique et à renforcer le tissu entrepreneurial des pays d’accueil à
travers l’attraction des investissements directs étrangers.
- Les efforts sur l’amélioration du climat des affaires ;
- La construction des infrastructures de communication (routes, ponts, aéroports, ports,
etc.) et de télécommunication ;
- L’accroissement de l’offre énergétique.
4) Dynamique de la diversification régionale et de la concentration géographique des
exportations en Afrique
a) Méthodologie
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Les méthodes de moments généralisés (GMM) en panel dynamiques1 disposent de plusieurs
vertus : ils permettent de résoudre les problèmes de biais de simultanéité, de causalité inverse et
de variables omises. L’estimateur GMM est meilleur que l’estimateur des MCO2. Il existe
formes d’estimateurs GMM en panels dynamiques : l’estimateur GMM en différence première et
l’estimateur GMM en système.
Le modèle d’Arellano & Bond (1991) propose un estimateur GMM en différence première. Il
consiste à prendre pour chaque période la différence première de l’équation à estimer pour
éliminer les effets spécifiques pays, et à instrumenter par la suite les variables explicatives de
l’équation en différence première par leurs valeurs en niveau retardées d’une période ou plus. Le
modèle de Blundel & Bond (1998) détermine un estimateur GMM en système qui combine les
équations en différence première avec les équations en niveau dans lesquelles les variables sont
instrumentées par leurs différences premières. L’estimateur GMM en système semble meilleur
que l’estimateur GMM en différence première puisque ce dernier donne des résultats biaisés
dans le cas des échantillons finis lorsque les instruments sont faibles.
Le choix de la période 1990-2013 est dû au fait que les mesures de libéralisation économique
(sur le plan financier, sur le plan commercial) ont été mises en œuvre dès 1990. Les données
utilisées dans cette étude proviennent pour la plupart de la Banque Mondiale et de la CNUCED.
b) Le modèle à estimer
Les équations de base retenues pour les estimations économétriques s’inspire des travaux de
Brun & Bernard (2001).
Avant d’estimer ces deux modèles, on peut réécrire les équations ci-dessus sous une forme
dynamique :
Equation de déterminants de la spécification :
IDti=α 1 ID t−1
i +α 2 IDt −2i +a1OUV t
i+a2 INFti +a3 INVEST t
i+a4 PIBti+ui+v t+εt
i
Equation de déterminants de la spécification
IC ti=α1 IC t−1
i +α 2 IC t−2i +a1OUV t
i+a2 INF ti+a3 INVEST t
i+a4 PIBti +a5 SP t
i +ui+v t +εti
1 Dans un modèle dynamique de données de panel, la variable dépendante est assimilée à une variable explicative.2 Moindres carrées ordinaires
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ID représente l’indice de diversification régionale, IC indice de concentration géographique, OUV le
taux d’ouverture au commerce international, INF le niveau d’inflation, INVEST le taux
d’investissement, PIB le PIB par tête, SP la stabilité politique et la réduction de la violence ; u
représente l’effet spécifique pays, v l’effet spécifique temporel et ε le terme d’erreurs.
- L’indice de diversification régionale (ID) et l’indice de concentration géographique
De nombreux indicateurs ont été utilisés pour mesurer la spécialisation régionale (l’indice de
Krugman, l’indice d’Herfindahl, l’indice CRX, l’indice de dissimilitude, coefficient de Gini de
l’indice de Balassa) et la concentration géographique (coefficient de Gini basés sur l’indice de
Balassa, l’indice de dissimilitude, l’indice d’Herfindahl, l’indice CRX, l’indice de Hallet). On
peut mesurer la spécialisation régionale et la concentration géographique sur la base des données
sur l’emploi (Krugman, 1991 ; Brülhart, 1996 ; Amiti, 1998), sur la production (Brülhart, 1996 ;
Amiti, 1998 ; WIFO, 1999 ; Hallet, 2000), sur le commerce (WIFO, 1999 ; Brülhart, 2000). Les
principales sources de données sont pour la mesure de la spécialisation (UNIDO, UN-COM trade
database, Eurostat, COMTEXT, 2-digit, CNUCED) et pour la mesure de la concentration
géographique (Eurostat, OCDE Stan database, UNIDO, CNUCED).
Dans le cadre de cette étude, on va faire recours à la base de données de la CNUCED qui est la
seule de toutes les bases ci-dessus énumérées qui fournit des données de la spécialisation
régionale et de la concentration géographique des pays africains. Mais, ces données sont axées
sur le commerce (les exportations). L’indice utilisé pour les calculer est l’indice d’Herfindahl.
On constate une tendance régulière à la baisse de la concentration géographique au Cameroun et
une tendance régulière à la hausse de la concentration géographique au Tchad entre 1995 et
2012. Dans les autres pays, la concentration géographique augmente ou diminue selon les
périodes.
La diversification des pays ne connait pas une stabilité dans son évolution ; elle alterne entre
tendance à la hausse et tendance à la baisse.
Table 1:évolution de l'indice de diversification et de l'indice de concentration géographique des pays de la CEMAC entre 1995 et 2012
Pays 1995-1999 2000-2004 2005-2009 2010-2012 moyenne
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Cameroun Diversification 0.819 0.800 0.755 0.703 0.777
Concentration 0.343 0.418 0.435 0.379 0.395
RCA Diversification 0.785 0.829 0.796 0.775 0.791
Concentration 0.515 0.526 0.388 0.362 0.457
Tchad Diversification 0.706 0.755 0.767 0.768 0.747
Concentration 0.755 0.717 0.857 0.863 0.791
Congo Diversification 0.828 0.808 0.813 0.806 0.814
Concentration 0.703 0.712 0.800 0.797 0.748
Guinée
équatoriale
Diversification 0.653 0.739 0.772 0.739 0.724
Concentration 0.593 0.867 0.833 0.715 0.756
Gabon Diversification 0.836 0.865 0.842 0.823 0.843
Concentration 0.740 0.735 0.737 0.746 0.740
Source : Auteur
- Ouverture au commerce international
Il est mesuré par le rapport de la somme des exportations et des importations sur le PIB. Le taux
d’ouverture au commerce international a été calculé à partir des données de la base mondiale.
- L’indice de stabilité politique
Cet indicateur fait partie des 6 indicateurs de développement institutionnel3, issus de la base de
données de Kaufmann & al (2012).
- les variables macroéconomiques
Les variables macroéconomiques prises en compte dans le cadre de ce travail sont : le PIB par
tête, l’investissement et l’inflation.
Le produit intérieur brut par tête permet de tenir compte de la taille des régions. L’investissement
est mesuré par le taux d’investissement qui est le rapport du montant total des investissements
sur le PIB.
La prise en compte de l’inflation dans l’analyse tient du fait qu’elle est susceptible d’influencer
les décisions économiques notamment en matière de placement. En effet, un taux d’inflation
élevé risque de décourager le recours à l’intermédiation financière, et d’encourager par contre les
placements dans des actifs réels (tels que l’immobilier, l’or, le pétrole, etc.). Le niveau
3 Les indicateurs du développement institutionnel sont : contrôle de la corruption (CC), stabilité politique (SP), autorité de la loi (AL), qualité du cadre réglementaire (QCR), efficacité gouvernementale (EG).
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d’inflation est souvent considéré comme un indicateur de répression financière, notamment à
cause du seigneuriage4 (Mc Kinnon, 1973).
c) Résultats de l’estimation
Les résultats des tableaux ci-dessous indiquent que conformément au modèle théorique,
l’ouverture au commerce international des pays de la CEMAC, réduit la diversification des pays
de la CEMAC. Ceci peut amener à penser à l’instar de Brun & Bernard (2001) qu’avec
l’ouverture internationale, les pays ont été incitées à exploiter des économies d’échelle et donc
conduites à se spécialiser. Mais contrairement à la théorie traditionnelle du commerce,
l’ouverture au commerce international n’a pas accru la concentration géographique des pays de
la CEMAC.
L’activité économique, appréhendée par le produit par tête, est reliée positivement à la
spécialisation des pays. Cela signifie que les pays avec un PIB par tête élevé auront tendance à
plus se diversifier. Par contre, l’activité économique (le PIB par tête) est reliée négativement à la
concentration géographique des pays. Ce résultat ne signifie pas que la concentration
géographique des activités a tendance à diminuer dans ces pays avec l’accroissement du PIB par
tête ; mais simplement que le niveau de PIB par tête est assez insuffisant pour favoriser la
concentration géographique des activités dans les pays de la CEMAC.
Les investissements impactent positivement de manière significative la diversification des pays
mais de manière non significative la concentration géographique. On constate qu’en zone
CEMAC, les investissements sont essentiellement localisés dans les pays côtiers c'est-à-dire les
pays ayant des zones portuaires. Les investisseurs préfèrent très souvent installés leurs
entreprises dans les zones portuaires pour réduire les coûts de transactions.
Le niveau d’inflation est favorable, de manière non significative, à un accroissement de la
concentration géographique. On peut ainsi croire que lorsque le volume de la masse monétaire
augmente dans un pays (ce qui tend à générer l’inflation), les entreprises tendent à s’y concentrer
pour accroitre leurs ventes et pour bénéficier de l’effet de la taille du marché. Par contre,
l’inflation tend à réduire de manière significative la diversification des pays.4 C’est la raison pour laquelle les institutions financières internationales accordent de l’importance à la maîtrise de l’inflation.
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La stabilité politique tend à réduire de manière non significative la concentration géographique
dans les pays de la CEMAC. Ce résultat s’explique par le fait que les pays de la CEMAC sont
des pays caractérisés par une mauvaise qualité des institutions : instabilité politique et violence,
corruption, etc. Cela tend à décourager les investisseurs.
Les valeurs retardées de l’indice de diversification (respectivement de l’indice de concentration
géographique) influencent positivement la spécialisation des pays (respectivement la
concentration géographique).
Enfin, les deux modèles ci-dessous estimés sont globalement significatif au seuil de 1%.
Table 2: Résultats des estimations des déterminants de la diversification
System dynamic panel-data estimation Number of observations = 89Group variable: pays Number of groups = 6
Time variable: année Obs per group: min = 12 avg = 14.8333 max = 16Number of instruments = 50 Wald chi2(6) = 17764.04 Prob > chi2 = 0.0000*One-step results
Indice de diversification régionale des exportations Coefficient Standard Error z P>z Intervalle de confiance à 95%
Indice de diversification régionale des exportations
L1. 0.7543 0.0824 9.15 0.000* 0.5927 0.9159
L2. 0.3067 0.0944 3.25 0.001* 0.1216 0.4918
Inflation - 0.0004 0.0002 - 1.82 0.068*** - 0.0009 0.00003
Investissement 0.0004 0.0002 1.79 0.073*** - 0.00003 0.0008
PIB par tete 4.36e-07 1.26e-06 0.35 0.728 - 2.03e-06 2.90e-06
Ouverture au commerce extérieur - 0.0113 0.0186 -0.61 0.542 -0.0478 0.0251
Source : Auteur, estimations effectuées à partir du logiciel Stata 11
Table 3: résultats des estimations des déterminants de la la concentration géographique
System dynamic panel-data estimation Number of observations = 74Group variable: pays Number of groups = 6Time variable: année Observations per group: min = 10 avg = 12.3333 max = 13Number of instruments = 69 Wald chi2(7) = 1371.98 Prob > chi2 = 0.0000*One-step results
Concentration géographique des exportations Coefficient Standard Error Z P>zIntervalle de confiance à 95%
Concentration géographique des exportations
L1. 0.7803 0.0691 11.29 0.000* 0.6449 0.9158
Inflation 0.0011 0.0005 22.22 0.027** 0.0001 0.0021
PIB par tete -3.60e-06 2.71e-06 -1.32 0.185 -8.91e-06 1.72e-06
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Investissement 0.0007 0.0006 1.20 0.232 -0.0004 0.0019
Ouverture au commerce extérieur -0.0599 0.0384 -1.56 0.119 -0.1352 0.0153
Stabilite politique -0.0286 0.0191 -1.49 0.136 -0.0662 0.0089
Source : Auteur, estimations effectuées à partir du logiciel Stata 11
La probabilité du test de Sargan est de 0.6373 (0.2687) de l’équation des déterminants de la diversification régionale (respectivement de la concentration géographique), on ne peut, par conséquent, pas rejeter l’hypothèse de validité des instruments. La probabilité du test d’Arellano & Bond est de 0.2413 (0.6689) de l’équation des déterminants de la diversification régionale (respectivement de la concentration géographique), il y a de ce fait absence d’autocorrelation des erreurs.
Conclusion
En somme, après avoir revisité la théorie économique sur les déterminants de la spécialisation
(diversification) et sur la concentration géographique, un examen des stratégies de diversification
(spécialisation) et de concentration géographique des pays de la CEMAC a été effectué.
L’analyse statistique de la diversification et de la concentration a montré que l’indice de la
diversification et l’indice de la concentration suivaient très souvent une tendance erratique
suivant les périodes. Nous avons essayé de relier ces observations à l’évolution des exportations
des régions chinoises. Comme le prédisent les modèles théoriques, l’analyse économétrique a
révélé l’effet négatif de l’ouverture au commerce international sur le degré de diversification et
de concentration géographique des pays de la CEMAC. L’accroissement des investissements a
un impact positif sur la diversification et sur la concentration géographique. Mais, l’instabilité
politique dans les pays de la CEMAC tend à réduire la concentration géographique.
Les pays de la CEMAC ont donc intérêt à mettre en œuvre des stratégies qui favorisent la lutte
contre la corruption, la stabilité politique ; et qui améliorent, par ailleurs, l’efficacité des actions
gouvernementales et la qualité du cadre réglementaire. Ces stratégies vont accroitre ceteris
paribus les investissements qui vont à leur tour augmenter la spécialisation et la concentration
géographique.
Bibliographie :
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Annexes :
Table 4: test de validité des instruments et d'autocorrelation des erreurs équation des déterminants de la diversification regionale
Test de validité des instruments de Sargan Test d’autocorrelation des erreurs d’Arellano & BondChi 2 (44) 40.1365 - 1,152pro¿ Chi 2 0.6373 0.4166
Source : Auteur, estimations effectuées à partir du logiciel Stata 11
Table 5: test de validité des instruments et d'autocorrelation des erreurs équation des déterminants de la concentration géographique
Test de validité des instruments de Sargan Test d’autocorrelation des erreurs d’Arellano & BondChi 2 (28) 32.1434 - 0.4276pro¿ Chi 2 0.2687 0.6689
Source : Auteur, estimations effectuées à partir du logiciel Stata 1
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