Annual Report 2015 (FR)

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     Jardin

    botanique Meise

    Rapport annuel2015

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     Jardinbotanique MeiseRapport annuel2015

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     J’ai visité des jardins botaniques sur tous lescontinents en y posant un regard de visiteur maisen appréciant aussi le travail qui était réalisé encoulisses. De par le monde, il existe des jardins botaniques de dimensions et d’envergures diffé-rentes mais le nôtre, le Jardin botanique Meise,gure indéniablement parmi les plus importants.

    Depuis plus de 200 ans, le Jardin développe ses

    activités de recherche, de conservation et d’éduca-tion sous une même entité. Cette situation oblige àrelever des dés particuliers et crée des responsa- bilités spéciques vis-à-vis d’une société de plus enplus mondialisée. Le Jardin botanique est non seu-lement un institut de recherche mais il sauvegardeégalement la biodiversité menacée, à la fois desplantes à eurs et des cryptogames. L’accomplis-sement de leurs missions de manière équilibrée estle dé auquel doivent faire face les institutions bo-taniques dans un monde en mutation.

    Le Jardin botanique Meise a surmonté avec

    succès une période institutionnelle difcile. Il esttemps maintenant de regarder vers l’avenir et denous concentrer sur les trois principaux domainesd’expertise de l’institution. Outre l’améliorationdes biens patrimoniaux, il est essentiel d’investirdans une recherche de pointe de niveau interna-tional. Ceci n’est possible qu’en positionnant le Jardin sur la carte du monde comme un lieu de tra-vail idéal et de grande ouverture, ayant la volontéde collaborer et de créer des réseaux. L’ouvertureet la mise en réseau sont indispensables non seule-

    ment dans le cadre de projets de recherche, maiségalement dans le domaine de la conservation desplantes vivantes et des herbiers, qui fournissentles outils essentiels à une recherche dynamique.

    Les technologies modernes de communicationdoivent donner une impulsion à notre programmeéducatif an que les messages que nous délivronset que les activités que nous menons puissent trou-

    ver un écho bien au-delà des frontières nationales.C’est bien le mandat du conseil d’administrationque de créer pour cela un environnement matérielet humain favorable. Le conseil d’administrationprête une oreille attentive au conseil scientique,doté de compétences spéciques. En tant que pré-sident du conseil d’administration, j’ai la volontéde me consacrer à la réalisation de notre missionet de soutenir le personnel du Jardin et, en particu-lier, l’administrateur général.

    Conscient des dés internationaux entourantla biodiversité, je sais qu’il est indispensable que

    le Jardin botanique Meise reçoive le soutien néces-saire de la part du conseil d’administration, an demaintenir et de développer le travail important del’institution en collaboration avec toutes les par-ties prenantes.

     Jan RammelooPrésident du conseil d’administration

     Avant-propos

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    Sommaire

    Découvrir et inventorier la biodiversité6 — 11

    Comprendre les écosystèmes12 — 16

    Préserver le monde végétal17 — 22

    Valoriser notre patrimoine23 — 29

    (Re)connecter les plantes et les hommes30 — 33

    Inspirer et informer34 — 42

    Développer une infrastructure de pointepour les visiteurs et la recherche43 — 47

    Organisation

    48 — 51Le Jardin botanique en chiffres52 — 75

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    Introduction

    Depuis son transfert à la Communauté a-mande en 2014, le Jardin botanique Meise a connud’importants changements institutionnels et stra-tégiques. Ces changements ne sont toutefois qu’enpartie la conséquence de la nouvelle situation po-litique du Jardin. La globalisation croissante etl’innovation constante en science en et technolo-gie impliquent une gestion et un environnementscientique en permanente évolution. Pour faire

    face à ces nouveaux dés, de nouveaux modèles etde nouvelles stratégies s’imposent.

    En 2015, le conseil d’administration a approu-vé l’ambitieux plan d’entreprise du Jardin pour2015-2019. Ce plan se focalise sur six activités enrelation avec la Stratégie mondiale pour la conser-vation des plantes : (1) découvrir et inventorier la biodiversité ; (2) comprendre les écosystèmes ;(3) préserver le monde végétal ; (4) valoriser notrepatrimoine ; (5) (re)connecter les plantes et leshommes ; (6) inspirer et informer. Par ailleurs, le

     Jardin a obtenu un budget extraordinaire pour in-vestir dans une infrastructure de pointe à l’inten-tion des chercheurs et des visiteurs. Une attentionparticulière est aussi portée à l’organisation ma-nagériale pour arriver aux résultats attendus parle Gouvernement amand.

    An d’assurer le bon fonctionnement du Jar-din et d’améliorer l’interopérabilité de ses com-posantes stratégiques, sociales et techniques, unnouvel organigramme a été développé. Trois dé-partements ont été créés : recherche, collectionset services au public. Cette nouvelle structure, qui

    deviendra pleinement opérationnelle en 2016, de-vrait permettre d’atteindre plus facilement les ob- jectifs dénis dans le plan d’entreprise.

    L’année 2015 a été marquée par de nombreusesréalisations grâce à un fructueux partage des com-pétences entre les membres du staff. Dans le do-maine scientique, tant le nombre que la qualitédes contributions atteignent un niveau inégalé.Nos chercheurs sont actifs dans le monde entieret contribuent de manière signicative à une meil-leure connaissance des plantes à eurs, champi-

    gnons, lichens et algues, et à leur conservation.

    Dans le département des collections, un ambi-tieux projet nancé par le ministre du Travail, del’Économie, de l’Innovation et des Sports a démar-ré. Le but de ce projet est de digitaliser 1,2 millionde spécimens d’herbier et de les rendre acces-sibles aux chercheurs du monde entier ainsi qu’augrand public. Notre staff s’est courageusementattelé à la tâche ingrate de préparation d’un grandnombre d’échantillons, tandis que l’infrastructure

    informatique a été mise à niveau pour accueillirl’énorme masse de données en passe d’être créée.

    Le Jardin a offert de nombreuses activités aupublic durant cette année 2015, attirant ainsi unnombre record de 125 000 visiteurs. Le nouvel évé-nement de n d’année « Floridylle d’hiver » a rem-porté d’emblée un vif succès, tandis que la deu-xième édition du spectacle des orchidées « FloriMundi » a accueilli près de 20 000 visiteurs, mal-gré le niveau d’alerte élevé connu par la Belgique,en raison de la menace terroriste, durant les trois

    dernières semaines de l’exposition.En collaboration avec l’administration a-

    mande en charge de l’immobilier et des équipe-ments, la restauration du Jardin a été planiéeet plusieurs nouveaux projets ont vu le jour. Lespremiers résultats seront visibles vers la mi-2017quand la rénovation du Palais des Plantes sera ter-minée et qu’il sera ofciellement rouvert au pu- blic.

    Les nombreuses réalisations de 2015 n’ont étépossibles que grâce aux efforts permanents de

    tous les collaborateurs du Jardin. Employés, béné-voles, collaborateurs scientiques et guides, tousont contribué aux succès de l’année écoulée. Lesmembres du conseil d’administration et du conseilscientique ont aussi soutenu le Jardin dans sesmissions, en partageant leur expertise et leur vi-sion. C’est donc avec conance que j’envisagel’avenir du Jardin.

    Steven DesseinAdministrateur général

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    Découvrir

    et inventorierla biodiversité 

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     — Napoleonaea sapoensis Jongkind, une nouvelle Lecythidaceaedu Liberia. Photo Carel Jongkind.

     — Photo Pedro Viana.

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    Nouveautés pour la science

    La découverte de nouvelles espèces de plantes, d’algues et dechampignons reste un défi majeur pour nos chercheurs. En 2015, lacollecte au cours d’expéditions dans le monde entier et l’étude desspécimens d’herbier conservés dans les collections du Jardin bo-tanique Meise ont permis à notre personnel de décrire 48 espèces

     jusqu’ici inconnues de la science.

    Beaucoup de ces nouvelles espèces ont été découvertes dansdes zones restreintes à biodiversité exceptionnelle, aussi appelées« points chauds », à l’occasion de missions sur le terrain menées parnotre personnel. C’est le cas dans le bassin du Congo (Républiquedémocratique du Congo) avec le lichen Graphis aptrootiana  Van denBroeck, Lücking & Ertz qui a été trouvé dans la profondeur des fo-rêts denses humides, ou avec la diatomée Surirella ebalensis Cocquyt

    & J.C.Taylor uniquement connue des eaux de la rivière Lomami.Trois nouvelles espèces de Rubiaceae ont également été décrites desforêts humides de basse altitude de l’est et du nord de Madagascar :Craterispermum motleyanum De Block & Randriamb., C. puffianum DeBlock & Randriamb. et  C. cervicorne  De Block & Randriamb. Par-mi les autres nouvelles espèces endémiques, on notera  Napoleonaeasapoensis Jongkind (Lecythidaceae) récoltée seulement dans les fo-rêts marécageuses du parc national de Sapo au Liberia, et Impatiensakomensis S.B.Janssens, Sonké & O.Lachenaud (Balsaminaceae) quine pousse que sur les rochers humides de la région de Campo Ma’an/Akom dans le sud du Cameroun.

    Des chercheurs argentins, en collaboration avec le per-sonnel du Jardin botanique Meise, ont décrit du Brésil le nou-veau genre Carajasia . Son seul représentant, Carajasia cangaeR.M.Salas, E.L.Cabral & Dessein, est limité aux sommets dela chaîne de montagnes Carajás et pousse exclusivement surdes sols ferralitiques où il participe au cortège de la végéta-tion saxicole. Ces montagnes s’élèvent à 580-850 m d’altitudeet sont entourées par la forêt dense amazonienne. Les activi-

    tés minières ont déjà détruit une partie de sa zone d’habitat etl’espèce est donc exposée à un risque élevé d’extinction dansun avenir proche.

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     — Bart Van de Vijver échantillonnant dans un lac de cratère sur l’île dela Déception (îles Shetland du Sud, Antarctique maritime) au cours del’expédition 2015. Photo Katerina Kopalová.

     — Navicula andriae Van de Vijver & A.Mertens, une nouvelle diatoméedécouverte en Flandre occidentale. Photo Bart Van de Vijver.

    Beaucoup de nouveaux taxons sont pourtant déjà considéréscomme menacés. En dépit de leur isolement, la qualité de leur habitatest régulièrement modifiée par les activités humaines comme l’ex-ploitation forestière et minière. En évaluant leur statut de conser-vation UICN, notre personnel sensibilise les autorités locales à lanécessité de protéger cette biodiversité en danger. Et les plantes àfleurs ne sont pas les seules à être menacées. Une nouvelle fougèreandine, Serpocaulon obscurinervium D.Sanín (Polypodiaceae), est pré-sente uniquement en dehors des aires protégées de Colombie et

    d’Équateur et il est donc particulièrement important de signifier sonstatut d’espèce menacée.

    Plus au sud, nos chercheurs ont étudié la flore des diatoméesd’eau douce et limno-terrestres de la région antarctique. Les échan-tillons collectés ont été envoyés au Jardin botanique Meise pour êtreobservés sous microscope optique et sous microscope électroniqueà balayage. Leur étude a révélé l’étonnante diversité de ces alguesunicellulaires siliceuses dans les lacs et dans les zones de suintementdes îles de l ’Antarctique maritime. Parmi ces découvertes, trois nou-veaux représentants du genre Craticula   (C. australis  Van de Vijver,Kopalová & Zidarova, C. obaesa Van de Vijver, Kopalová & Zidarovaet C. petradeblockiana   Van de Vijver, Kopalová & Zidarova) confir-ment une fois encore le caractère endémique de la flore des diato-

    mées antarctiques.

    Plus près de nous, en utilisant des bio-indicateurs pour analyserla qualité des cours d’eau dans le cadre de la surveillance requise parl’Union européenne, notre personnel a aussi découvert une nouvelleespèce de diatomée dans certaines rivières et canaux du Meetjes-land. Cette espèce n’étant connue jusqu’à présent que de Flandre,elle a été baptisée Navicula flandriae Van de Vijver & A.Mertens.

    PUBLICATIONS : 2, 6, 8, 21, 51, 53 , 62, 93

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     — Impatiens kinabaluensis. GNU License.

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    Le mont Kinabalu,un sommet de biodiversité

    Les montagnes tropicales sont réputées pour leur nombre ex-ceptionnel d’espèces. Cette richesse spécifique est principalementle résultat de l’étagement altitudinal par rapport aux zones environ-nantes, induisant des différences de température, de précipitationset des variables environnementales associées. Bien que nous ayonsune bonne appréciation de la r ichesse spécifique sous les tropiques,il n’est pas toujours aisé d’établir l’origine de cette énorme diversi-té dans les zones montagneuses tropicales. Afin de répondre à cetteimportante question évolutive, un groupe de scientifiques a organiséune expédition au mont Kinabalu sur l’île de Bornéo en 2012. Non

    seulement ont-ils découvert plus de 160 espèces précédemment in-connues mais, en collaboration avec des scientifiques du Jardin bota-nique Meise, ils ont également étudié l ’histoire évolutive de chacunedes espèces endémiques de cette montagne « sacrée ». Cette étude apermis de démontrer que l’extraordinaire biodiversité du mont Ki-nabalu se compose d’un mélange d’espèces qui ont colonisé la mon-tagne à partir de régions éloignées d’outre-mer et d’espèces qui ontévolué progressivement à partir de la flore locale de Bornéo et qui sesont adaptées aux conditions environnementales de la montagne. Enoutre, cette étude nous permet de faire des prédictions concernantla capacité des espèces endémiques à évoluer face aux changementsclimatiques. Les découvertes et les résultats de cette expédition ontrécemment été publiés dans la prestigieuse revue Nature.

    PUBLICATION : 38

     — Vue du mont Kinabalu. Photo John Kong / Sabah Parks.

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     — Récolte d’échantillons d’herbier par les chercheurs del’Universidad Mayor de San Simon. Photo Filip Vandelook.

     — Hypseocharis à eurs blanches au sud de Cochabamba à 3 900 m

    d’altitude. Photo Filip Vandelook.

    Hypseocharis dans les Andes tropicales

    Une connaissance approfondie de la biodiversité présente unintérêt inestimable pour comprendre et conserver la diversité desplantes. Les Andes tropicales sont considérées comme le « pointchaud » de diversité végétale le plus important au monde. Néan-moins, notre connaissance de la flore des Andes tropicales est trèsincomplète. Le genre Hypseocharis est un bel exemple de groupe deplantes peu connu. Il est endémique des Andes tropicales et peutfournir des indications précieuses sur la genèse de la diversité vé-gétale. Les espèces de Hypseocharis appartiennent à la même famille

    que les Pelargonium etGeranium, importants sur le plan horticole. Pouraugmenter notre connaissance de la taxonomie et de l’écologie desHypseocharis, une étude de terrain de quatre semaines s’est dérouléeen février 2015 dans la région de Cochabamba en Bolivie. L’expédi-tion a eu lieu en collaboration avec des chercheurs de l’UniversidadMayor de San Simon (UMSS) et un financement supplémentaire aété octroyé par le Fonds Léopold III pour l’exploration et la conser-vation de la nature et le Fonds pour la recherche scientifique enFlandre (FWO).

    Bien que Hypseocharis soit supposé rare dans son aire de distri-bution, des populations assez abondantes ont été trouvées dans larégion de Cochabamba. Au total, 25 populations ont été observéeset soigneusement décrites. Dans chacune de ces populations, des

    spécimens d’herbier ont été récoltés et une description détaillée del’habitat et des espèces végétales associées a été réalisée. Sur la basede la couleur des fleurs, deux à trois formes de Hypseocharis ont étédifférenciées. Une grande variabilité a été observée au niveau de lataille des plantes, de la forme des feuilles et des racines, entre po-pulations mais aussi au sein des populations. Ces caractères ne sontdonc pas utiles pour différencier les espèces potentielles.

    Une première forme avec des fleurs blanches a été trouvée àune altitude comprise entre 3 500 et 4 000 m. Elle semble assezcommune à ces altitudes élevées et pousse principalement dans deshabitats secs, en association avec d’autres genres comme Puya , Eryn- gium et Polylepis. La deuxième forme à fleurs orangées à rouges a étéobservée entre 2 800 et 3 600 m d’altitude. Elle se développe dansdivers habitats perturbés comme des pâturages intensifs ou des li-sières agricoles. La troisième forme avec des fleurs jaune clair a ététrouvée à une seule reprise à une altitude de 3 600 m. Cette popu-lation se développait sur un sol argileux érodé avec une végétationtrès clairsemée.

    Au cours de cette campagne de terrain, il est apparu clairementque des analyses génétiques seront nécessaires pour arriver à unedélimitation correcte des espèces de Hypseocharis. Suffisamment dematériel frais a été récolté pour effectuer ces analyses génétiques au

     Jardin botanique Meise. Les spécimens d’herbier récoltés seront exa-minés par les collègues de l’UMSS et comparés avec des échantillonstypes de l’Herbier national de Bolivie à La Paz. En avril, lors d’une

    seconde campagne de terrain, des graines des populations préa-lablement localisées ont été récoltées. Une partie des graines a étéenvoyée au Jardin botanique Meise. Actuellement, une cinquantainede plantes sont venues enrichir les collections vivantes. Elles serontutilisées principalement pour la recherche.

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     — Membres du conseil de la World Flora Online, à Rio de Janeiro,Brésil, lors de leur réunion bisannuelle. Photo Julia Dalcin.

     —  Page de couverture du volume de la Flore d’Afrique centrale traitantdes Asphodelaceae, une famille comprenant les genres bien connus Aloe et Kniphoa.

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    Une belle avancée pourla Flore d’Afrique centrale

    L’année 2015 a été très productive pour la Flore d’Afrique centraleavec pas moins de neuf familles botaniques traitées et publiées. Unbon résultat après une longue période d’inactivité. Le Jardin bota-nique Meise est heureux de constater que les efforts déployés pourrenforcer la production de la Flore portent leurs fruits.

    Ces nouvelles publications augmentent de 107 le nombre d’es-pèces traitées dans la série et portent le total à environ 6 100, alorsqu’on estime à 4 000 le nombre d’espèces non encore publiées. Aucours de l’année 2015, une production moyenne de 2 espèces parsemaine a ainsi été atteinte. Bien que cela semble déjà raisonnable,notre objectif est bien de traiter, en moyenne, 5 espèces par semaine.C’est seulement à ce rythme que nous pourrons atteindre notre ob-

     jectif, à savoir de terminer cette œuvre monumentale d’ici 2028.

    Pour ce faire, nous comptons sur une importante équipe d’ex-perts en taxonomie de par le monde, qui se sont engagés à contribuerà ce travail. La tâche de ces chercheurs est énorme. Ils doivent exa-miner minutieusement tous les spécimens d’herbier en provenanced’Afrique centrale, disponibles principalement à Meise, mais aussi

    ailleurs, étudier la variabilité au sein et entre les espèces et attribuerle nom correct à chacune d’elles. C’est seulement alors qu’ils sont enmesure de publier leur travail incluant des clés d’identification convi-viales. Ces clés sont l’essence même d’une Flore et constituent les in-dispensables outils sur lesquels fonder de nouvelles recherches. Ellespermettent en effet à d’autres d’identifier les plantes appartenant àdes familles particulières. Ces clés sont utilisées à diverses fins et parun large éventail de professionnels, comme l’écologue qui chercheà découvrir quels fruits sont consommés par certains oiseaux, lebiologiste de la conservation qui veut élaborer un plan de gestionspécifique pour une plante rare ou menacée, ou le botaniste qui doiteffectuer une étude d’impact environnemental à la demande d’unesociété minière. En résumé, sans Flore, il est beaucoup plus difficile

    d’aboutir à un plan efficace d’utilisation durable et de protection desressources botaniques. C’est ce qui motive notre institution à pour-suivre ce grand projet.

    Récemment, le Jardin botanique Meise a rejoint une initiativeencore plus large et ambitieuse : le projet World Flora Online. Ceconsortium, qui englobe un grand nombre d’institutions botaniquesrenommées, vise à atteindre l’objectif 1 de la Stratégie mondiale pourla conservation des plantes et à créer, d’ici 2020, la première versionweb d’une Flore mondiale pour toutes les espèces connues. Nos ef-forts en vue d’achever la Flore d’Afrique centrale, mais aussi d’autrestravaux réalisés au Jardin botanique Meise, comme la Flore de Belgique et la Flore du Gabon, trouvent bien leur place dans le contexte de cedéfi mondial.

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    Comprendreles écosystèmes

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     — Notre guide de terrain Fils préparant des spécimens d’herbier enforêt dense. Photo Brecht Verstraete.

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    Évaluation des ux mondiauxde plantes non indigènes

    Les activités humaines ont permis l’introduction de nombreusesespèces de plantes dans des pays où elles sont considérées commeexotiques. Cela s’est produit partout dans le monde, même en An-tarctique et dans les océans. Néanmoins, les informations sur cesinvasions sont fractionnées entre plusieurs institutions et pays,de sorte qu’il est difficile de répondre à des questions simples surl’échelle globale de ce phénomène. Pour mieux comprendre ce pro-cessus, nous voulions connaître les origines et les pays hôtes de cesespèces envahissantes, savoir comment la situation a évolué dans letemps et déterminer ce qui peut être fait pour ralentir les flux.

    Récemment, le Jardin botanique Meise a contribué à une étudeinternationale qui vise à apporter des réponses à ces questions. Desbotanistes de 25 pays différents ont fourni des informations sur 481régions continentales et 362 régions insulaires pour donner le pre-mier aperçu mondial des espèces envahissantes. L’étude conclut que

    plus de 13 000 espèces de plantes vasculaires dans le monde se sontnaturalisées en dehors de leur aire de répartition naturelle, ce quiconstitue près de 4 % des espèces connues de la science.

    Le Jardin botanique a fourni des données sur le bassin du Congoà partir de notre inventaire de la flore de la région. Les connaissancessur les espèces envahissantes en Afrique tropicale sont rares, mêmesi les espèces exotiques envahissantes sont à l’origine de problèmesimportants pour l’agriculture, la foresterie et la conservation. En Eu-rope, nous avons des politiques claires en ce qui concerne les espècesenvahissantes et beaucoup plus d’information, mais le manque deconnaissance du problème en Afrique est en train de mener à l ’intro-duction irréversible de nombreuses espèces indésirables. La Belgiquepossède une communauté dynamique de biologistes spécialistes de

    la question et cette petite contribution à la connaissance d’un pro-blème mondial n’est que l’un des nombreux apports de notre groupede recherche sur les plantes envahissantes.

    PUBLICATION  : 65

    L’arbre qui cache la forêt : les espècesdominantes de la forêt dense attestent de

    réponses au changement climatique

    En février et mars, le Jardin botanique Meise a mené une expé-dition dans la réserve de biosphère de Luki en République démocra-tique du Congo en collaboration avec des collègues du Musée royalde l’Afrique centrale. Leur objectif était d’échantillonner les arbresdominants de la forêt dense et de les utiliser comme modèles pourl’ensemble de la forêt. Nous voulions savoir si les arbres de la forêtdense avaient déjà réagi au changement climatique en modifiant cer-tains de leurs caractères influencés par le climat. Alors que nos collè-gues étudiaient les propriétés du bois, notre recherche s’est axée surles caractéristiques foliaires. Un des principaux avantages du travailde recherche dans cette réserve est de pouvoir disposer de matérielhistorique, collecté au même endroit au siècle dernier et déposé dansnotre herbier. Nous avons ainsi été en mesure de construire une sériechronologique des caractéristiques foliaires au cours du siècle passéet de les comparer avec celles de feuilles collectées récemment.

    Nous avons découvert que les feuilles actuelles sont plusgrandes et sont pourvues de moins de stomates que les spécimenshistoriques. Cela prouve que la forêt dense africaine a déjà subi desmodifications en réponse au changement climatique et que ces adap-tations se poursuivront probablement dans les années à venir.

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     — Eleocharis obtusa dans une mare temporaire dans une lande àBrasschaat (Belgique) ; cette espèce ressemble à l’espèce indigènemenacée E. ovata. Photo Filip Verloove.

     — Marais près de Ravenne (Italie). Les zones vert-jaune sont des plagesmonospéciques de l’adventice américaine Cyperus erythrorhizos. 

    Photo Filip Verloove.

    Les Cyperaceae, envahissantes en Europe

    La famille subcosmopolite des Cyperaceae comprend envi-ron 92 genres et 4 450 espèces. Un certain nombre de ces espècesprésentent un intérêt économique, ethnobotanique ou horticole ;d’autres peuvent se montrer envahissantes. Parmi ces dernières,beaucoup se répandent rapidement au-delà de leur distributiond’origine, colonisant les régions tropicales et subtropicales et les ré-

    gions tempérées chaudes du monde, y compris en Europe. Le chan-gement climatique devrait favoriser de nombreuses espèces adven-tices de Cyperaceae, en particulier des taxons avec une stratégie dephotosynthèse en C4, comme Cyperus rotundus (« la pire mauvaiseherbe du monde ») et des espèces d’Eleocharis et de Fimbristylis.

    De nombreux genres de Cyperaceae sont notoirement difficilesà identifier et leur taxonomie et/ou nomenclature prêtent à confu-sion. Pour beaucoup d’espèces introduites en Europe, l’identité cor-recte est longtemps restée controversée ; des études récentes ontmontré que leur identification était souvent erronée. Comme la plu-part des Cyperaceae non indigènes sont susceptibles de devenir en-vahissantes en Europe (dans les milieux agricoles ou naturels), il estimportant de parvenir à une identification précise, et d’évaluer leurabondance actuelle, leur d istribution, leurs habitats préférentiels etleurs modes de dispersion.

    Ces dernières années, notre connaissance taxonomique de cegroupe d’espèces (en Europe) s’est considérablement amélioréegrâce aux efforts du personnel du Jardin botanique Meise, qui a réa-lisé une série de révisions taxonomiques et du travail de terrain.

    Un certain nombre de cas d’étude ont été identifiés, qui sou-lignent le problème de confusion entre des espèces indigènes etdes adventices envahissantes. Ainsi, Cyperus odoratus, une espèceexotique envahissante, est passée inaperçue pendant plus d’undemi-siècle dans la vallée du Pô, en Italie. Toujours dans le nord del’Italie, une adventice jusque-là inconnue et très envahissante, en ex-pansion depuis plusieurs décennies, a été identifiée comme étant Cy- perus erythrorhizos, une espèce d’origine américaine, qui n’avait pasencore été observée hors du Nouveau Monde. Un certain nombred’observations d’Eleocharis carniolica , une espèce en danger critiqued’extinction, dans les landes à haute valeur biologique et très vulné-

    rables du nord-ouest de l’Italie, sont en fait E. pellucida , une espèceenvahissante venant d’Extrême-Orient. De même, des données deCladium mariscus, indigène aux Canaries où il est rare, correspondentà C. jamaicense, une invasive non indigène d’origine tropicale. Plusprès de nous, en Belgique, nous avons découvert que le très rare eten voie de disparition Eleocharis ovata avait été confondu avec deux

    espèces américaines très similaires et en expansion, E. engelmannii et E. obtusa , qui sont considérées comme des espèces invasives. Cesexemples soulignent l’importance d’une identification correcte desespèces de Cyperaceae introduites en Europe et du rôle que peut

     jouer le Jardin botanique Meise dans cette tâche.

    PUBLICATIONS : 102, 106, 109

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     — Suivi de l’expérience avec le dendromètre sur les plantules dupalétuvier noir dans le bassin de la serre à Victoria.Photo Marc Reynders.

     — Bruguiera gymnorrhiza en eur dans la serre à Victoria.

    Photo Marc Reynders.

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    Développement et relations plante-eaudes propagules vivipares du palétuvier noir

    dans la serre à Victoria 

    Avec leurs adaptations spécifiques, comme les racines aérienneset des mécanismes d’exclusion du sel, les espèces de mangrove sontcapables de survivre à l’eau de mer et aux fréquentes inondations demarées. Ces adaptations leur permettent de prospérer le long desrivages tropicaux. La reproduction des arbres de mangrove est re-marquable, en particulier chez les Rhizophoraceae, car leurs grainesgerment alors que les fruits sont encore attachés à la plante mère.Ce phénomène est appelé viviparie. L’embryon se développe alorsen une structure allongée appelée propagule. Après être tombée duplant mère, la propagule flotte sur l’eau de mer pour finir par s’établirà terre là où les conditions sont favorables.

    Ces cinq dernières années, plusieurs espèces de mangrove ontpoussé le long du bassin de la serre à Victoria au Jardin botaniqueMeise. Parmi celles-ci on trouve deux exemplaires du palétuvier noir(Bruguiera gymnorrhiza ). Il est tout à fait remarquable de constaterque, contrairement à leurs homologues dans la nature, les plantesà Meise fleurissent en eau douce avec un niveau constant (sans ma-

    rées). Les Bruguiera  de Meise sont devenus des arbres et ont commen-cé à fleurir de manière continue à partir de l’été 2014. En utilisantla pollinisation manuelle, nous avons réussi à faire pousser plusieurspropagules à partir de ces plantes durant les premiers mois de 2015.

    Ce phénomène, unique pour cette partie du monde, a fourni uneopportunité idéale pour une étude scientifique en collaboration avecle département de biologie de la Vrije Universiteit Brussel (VUB). LaVUB étudie les propagules de mangroves depuis plus d’une décen-nie, en se focalisant sur leur flottabilité et le transport d’eau chez lesindividus adultes. Cependant, on connaît peu de choses sur les rela-tions plante-eau des propagules vivipares lorsqu’elles sont attachéesà la plante mère. Par conséquent, un certain nombre de questions ontpu être examinées, comme par exemple : observe-t-on chez les pro-

    pagules des changements diurnes de diamètre similaires à ceux ob-servés pour les branches de la plante mère ? Les relations plante-eaudiffèrent-elles entre les plantes de la serre à Victoria  et celles de la na-ture ? Afin de trouver les réponses à ces questions, des dendromètres(instruments qui mesurent les changements de diamètre dans les or-ganes végétaux en relation avec le transport d’eau) ont été attachésaux propagules et à leurs branches respectives, et les changementsde diamètre de l’organe ont été mesurés à intervalle de 5 min. En juil-let, les propagules mûres se sont séparées de la plante mère. Aprèsune période de flottaison de deux semaines, une petite racine estapparue sur chacune des propagules et ces dernières ont été misesen pot. Les dendromètres ont ensuite été rattachés aux plantules endéveloppement.

    Sept mois de données sont actuellement en cours d’analyse, maisles résultats préliminaires sont prometteurs et indiquent que le dia-mètre des branches des arbres parentaux suit clairement un rythmediurne. Quant aux propagules, elles montrent une réponse diurnefaible pour ce qui est de l’absorption de l’eau. Les rythmes diurnescaractéristiques des individus adultes ne deviennent apparents chezles jeunes plantes qu’une fois leurs premières feuilles développées.Cette étude va accroître notre compréhension des espèces de man-grove et de leur écosystème unique.

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     — Carte de répartition de Strobilomyces strobilaceus.

     — Strobilomyces strobilaceus. Photo Yves Deneyer.

    Étude de la distribution, de l’écologie etdu statut de macromycètes à

    l’échelle européenne

    Il y a quelques années, un programme de cartographie a étélancé par le Conseil européen pour la conservation des champi-gnons (ECCF) pour étudier la distribution, l’écologie et le statut de51 macromycètes sur le continent européen. Les espèces sélection-nées appartiennent à différents groupes d’Ascomycetes et de Basi-diomycetes. La plupart sont menacées d’une façon ou d’une autre, aumoins dans une partie de l’Europe.

    Au total, 38 pays ont participé à l’étude. Dans chacun d’eux,un coordinateur national a récolté l’information disponible, avecl’aide de mycologues locaux. Il a ensuite présenté l’information sousforme standard puis l’a envoyée aux deux coordinateurs ECCF duprogramme. En définitive, les résultats de l’étude (Fraiture & Otto2015) ont été obtenus grâce aux efforts de près de 300 mycologues.

    L’analyse des résultats a montré que les pays possédant le plusgrand nombre d’espèces étaient l’Allemagne et la France (44 espècessur 51), l’Italie et l’Espagne (43 espèces) et la Pologne (39 espèces).Ce classement est partiellement dû à la richesse mycologique de cespays mais également à la grande superficie de leur territoire et à unebonne prospection de celui-ci. Les espèces présentes dans le plusgrand nombre de pays sont Panaeolus semiovatus (34 pays sur 38), Hel- vella atra et Sarcosphaera coronaria  (33 pays) et Strobilomyces strobilaceus (32 pays). À l’autre bout de l’échelle, les espèces les plus rares sontTulostoma niveum (4 pays), Haploporus odorus et Torrendia pulchella (5pays).

    La comparaison entre ces cartes de distribution récentes et cellespubliées par Lange (1974) montre clairement une extension de l’airede distribution et une augmentation de l’abondance de la plupart desespèces. Toutefois, plutôt que d’être attribuables à une expansion

    de ces champignons, ces accroissements sont plus probablement lerésultat d’une exploration plus poussée des territoires concernés(durant les 40 années séparant les deux publications) et d’une meil-leure accessibilité des données disponibles actuellement (bases dedonnées informatisées).

    L’étude des 51 cartes a permis de mettre en évidence et de com-menter différents types de distributions. Certaines espèces suiventfidèlement leur arbre hôte, alors que d’autres sont davantage in-fluencées par des facteurs purement géographiques (espèces sub-boréales, méridionales, montagnardes et côtières). Cinq espèces qui,à première vue, semblent liées aux régions boréales sont probable-ment davantage liées aux vieilles forêts, type de biotope qui a prati-quement disparu d’Europe en dehors du domaine boréal.

    Dans la seconde partie du travail, les cartes de distribution des51 espèces sont présentées, avec des commentaires sur leur distribu-tion (dans le monde et en Europe), leur écologie (trophisme, hôteset substrats, syntaxa de végétation, habitats Natura 2000, types desol, valeur éventuelle comme indicateur, phénologie) et leur statut(fréquence, menaces et conservation). Des photos couleur des diffé-rentes espèces sont également présentées. Le travail se termine parune bibliographie de près de 600 titres.

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    Préserverle monde végétal 

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     — Plante en eurs de Luronium natans. Photo Jo Packet.

     — Récolte d’échantillons. Photo Jo Packet.

    Distribution et état de conservation deLuronium natans en Belgique

    Luronium natans est une espèce rare de plante aquatique, endé-mique de l’Europe de l’Ouest et de l’Europe centrale, et protégée parla directive européenne Habitats. C’est une espèce pionnière stolo-nifère présentant une stratégie de reproduction mixte et différentsphénotypes en fonction du type d’habitat colonisé. Certaines étudeseffectuées dans d’autres pays montrent que cette espèce est en dé-clin. Sa situation en Belgique n’avait pas encore été étudiée.

    Par conséquent, nous avons examiné la distribution passée etprésente de  Luronium natans  en Belgique. Cette étude a été réaliséeen collaboration avec des chercheurs de l ’Instituut voor Natuur- enBosonderzoek (INBO). Nous avons consulté les herbiers, la littéra-ture et différentes bases de données et effectué du travail de terrain.Avec près de 250 sites répertoriés à ce jour, le territoire belge repré-sente une partie importante de la distribution globale de cette es-pèce. La majorité des sites sont situés dans le district (phytogéogra-phique) campinien, une région du nord de la Belgique sur sol sableux.Nous avons constaté une baisse significative des observations depuis1985, surtout hors de la Campine. Cette diminution est liée à l’aug-mentation de l’eutrophisation, mais pas à l’acidification anthropique.

    Sur les 100 sites répertoriés après 1971, que nous avons presquetous visités, nous n’avons retrouvé que 30 populations, toutes saufune étant situées en Flandre. La plupart des populations (70 %) sontsituées dans des zones spéciales de conservation, mais seulement30 % sont en réserve naturelle. L’étude de l’état des populations

    encore existantes révèle que la plupart des populations sont proba-blement trop petites pour être viables à long terme, subsistent surune courte période de temps et fluctuent fortement en taille. Il estalarmant de constater que de nombreuses populations produisentpeu ou pas de fleurs, alors que d’autres auteurs ont mentionné l’im-

    portance de la présence d’une banque de graines persistant dans lesol pour la survie de l’espèce. D’autre part, des analyses moléculairesd’échantillons de feuilles récoltées dans les populations flamandesont montré une forte propagation clonale. Les génotypes dominantssont souvent partagés entre plusieurs zones dans un plan d’eau etparfois entre sites éloignés. Il semble que plusieurs populations ontété fondées par un ou quelques migrants de populations voisines etont pu persister principalement par reproduction asexuée. Dans cer-tains cas, des fragments de plantes ont pu avoir été transportés entresites par des oiseaux d’eau ou par des activités humaines. La seulepopulation existante en Wallonie en est un bel exemple. Cette nou-

    velle localité est située à une grande distance des sites actuels, et aprobablement été colonisée lors d’un empoissonnement à partir d’unétang où des plantes étaient présentes.

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     — La vigueur des plantes avant leur transplantation a été estimée enmesurant le diamètre de la rosette ou la longueur et la largeur desfeuilles (comme illustré ici pour l’œillet deltoïde, Dianthus deltoides).Des différences dans ces variables morphométriques mesurées avantla transplantation ont été détectées entre les populations sources degraines. Photo Sandrine Godefroid.

     — Chez l’arnica ( Arnica montana), les petites populations ont des grainesplus légères, des taux de germination plus faibles et une proportion plusélevée de graines vides (avortées) que les grandes populations. La taillede la population est donc un critère essentiel lors de la sélection dessources de graines pour les réintroductions futures.Photo Maarten Strack Van Schijndel.

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    Relever les dés desréintroductions végétales

    Le terme « réintroduction » dans son sens le plus large désignela translocation d’une espèce végétale d’une région à une autre à desfins de conservation. L a littérature existante relative aux réintroduc-tions végétales se concentre surtout sur les résultats après transplan-tation, alors qu’il est probable que la phase préparatoire soit au moinsaussi importante. En effet, les programmes de réintroduction deplantes font face à des défis importants bien avant la transplantation.C’est particulièrement vrai pour les espèces menacées d’extinction,parce qu’elles ont souvent des exigences écologiques spécifiques,qu’elles produisent peu de graines viables ou des graines de mauvaisequalité et/ou que les techniques de multiplication sont inconnues.

    Étant donné que la réintroduction d’une plante peut prendre desannées ou des décennies à se stabiliser, une planification et une pré-paration inadéquates peuvent compromettre le succès à long terme,conduisant potentiellement à une mauvaise utilisation des fonds dé-diés à la conservation des espèces. Dans le cadre d’un projet financé

    par le programme LIFE de l’Union européenne, les scientifiques du Jardin botanique Meise ont mis en évidence des aspects importantspour la planification des réintroductions végétales.

    Grâce à leur expérience acquise avec quatre espèces de plantesrares (Arnica montana , Campanula glomerata , Dianthus deltoides et Heli-chrysum arenarium) récemment réintroduites dans la nature, les cher-cheurs du Jardin botanique ont identifié les problèmes à surmonteravant la phase de transplantation proprement dite. Quatre étapespréparatoires ont été distinguées : la sélection et l’établissement duprofil de l’espèce cible, la récolte des graines, la mise au point du pro-tocole de multiplication et l’évaluation de la valeur adaptative despopulations utilisées comme sources de graines.

    Les aspects suivants doivent être pris en compte lors de l’éla-boration de protocoles pour la réintroduction d’espèces végétales.Tout d’abord, les espèces cibles sont choisies avec prudence. Des er-reurs peuvent être évitées en ayant une connaissance suffisante deleur biologie et de leur écologie. Établir à l’avance un profil détaillécontenant toutes les informations disponibles sur chaque espèce estla méthode recommandée. Deuxièmement, il est essentiel d’iden-tifier les populations sources les plus appropriées pour la récoltede graines. Par exemple, il est apparu que la taille de la populationpeut influencer fortement la qualité des semences. Troisièmement,avant leur multiplication, les espèces doivent subir des tests dansdes conditions différentes pour identifier le meilleur protocole, cequi permettra d’éviter de gaspiller les graines. Enfin, des mesures devaleur adaptative des plantes avant leur transplantation peuvent êtreutilisées comme indicateur de la diversité génétique. Une attentionparticulière est accordée lorsque des différences sont observéesentre les populations sources, car elles peuvent indiquer une dépres-

    sion de consanguinité et/ou les effets de la dérive génétique, maisaussi une adaptation écologique locale, qui pourrait conduire à ladépression hybride chez les descendants.

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     — Impatiens parasitica. Photo Marc Reynders.

     — La collection d’Impatiens dans une serre froide au Jardin botaniqueMeise. Photo Marc Reynders.

    Impatiens :Constitution d’une collection précieuse

    Beaucoup d’impatientes, ou balsamines, sont réputées pour lacoloration de leurs fleurs et sont pour cette raison très populairescomme plantes ornementales dans les parterres ou comme plantesd’intérieur. Certaines espèces sont des adventices indésirables ;d’autres sont menacées d’extinction.

    Le petit nombre des collections ex situ  d’Impatiens dans les jar-dins botaniques s’explique par la difficulté à cultiver la plupart desespèces. La très grande spécificité des exigences en matière d’habi-tat en est la cause principale. À l’état sauvage, beaucoup d’espècescroissent le long des ruisseaux dans les forêts tropicales de montagne

    où les conditions environnementales sont généralement stables. Lesespèces des régions montagneuses tropicales exigent souvent desnuits fraîches, des journées tempérées à chaudes et une durée de

     jour plus ou moins constante. En règle générale, ces espèces de hautealtitude se développent moins bien en serres situées à basse et hautelatitude. En effet, au cours de la saison estivale, les jours et surtout lesnuits y sont trop chaudes.

    Pendant plusieurs décennies, le Jardin botanique de l’universitéde Bonn a rassemblé à des fins de recherche une collection uniqued’Impatiens, comprenant de nombreuses accessions récoltées dansla nature. Sur la base de leurs intérêts communs en matière de re-cherche et d’expertise, les chercheurs de Bonn et de Meise ont déci-dé de dupliquer la collection d’Impatiens sur les deux sites. La culture

    de ces plantes délicates dans des jardins distincts aide à une meilleureprévention contre d’éventuelles catastrophes.

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     — Impatiens kilimanjari . Photo Marc Reynders.

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    Cultiver Impatiens bururiensis,une espèce menacée d’extinction

    Impatiens bururiensis est connu exclusivement de la provincede Bururi dans le sud du Burundi, où il pousse dans les forêts

    tropicales d’altitude le long des cours d’eau. En 2013, l’UICN aévalué l’espèce comme étant en danger critique d’extinction enraison de la petite taille de son aire de distribution géographiqueet de la dégradation de son habitat, due à l’intensification del’agriculture et du pâturage.

    Heureusement, la réserve forestière de Bururi, une petitezone de forêt protégée (1 500 ha), mais néanmoins dégradée, estlocalisée dans l’aire de distribution de ce magnifique Impatiens menacé de disparition. Durant l’été 2014, le Jardin botaniqueMeise y a organisé une expédition au cours de laquelle les bota-nistes du Jardin ont récolté quatre échantillons de graines dansdeux populations sises le long de la rivière Siguvyaye.

    Les graines de nombreuses espèces d’Impatiens  ont besoind’être fraîches pour bien germer. À leur arrivée en Belgique,elles ont donc été immédiatement semées, à la fois en serre eten laboratoire. Grâce aux bons soins de nos jardiniers et des col-laborateurs de la banque de graines, les deux méthodes ont étécouronnées de succès. Les frêles plantules se sont développéesen adultes robustes qui ont fleuri. Bien que le rendement fût as-sez faible, la pollinisation artificielle a produit des graines qui ontpermis de cultiver une nouvelle génération d’I. bururiensis.

    Seule la culture d’un grand nombre de plantes permet laconservation ex situ  des espèces herbacées dont les graines nesupportent pas le stockage pendant une longue période. I. bu-ruriensis est cependant très sensible aux fluctuations environne-

    mentales. Les plantes requièrent donc une attention toute par-ticulière, avec une multiplication fréquemment renouvelée, parbouturage ou par semis.

    Avant de transférer les plantes de Bonn, les techniques de cultureet les conditions écologiques se devaient d’être améliorées. Aupa-ravant, les plantes de la collection d’Impatiens  au Jardin botaniqueMeise étaient cultivées dans une serre trop chaude pour que les es-pèces de montagne puissent y survivre. L’amélioration des substratsde culture dans les deux Jardins et le transfert des espèces de haute

    altitude dans une serre froide et humide ont eu pour effet une meil-leure croissance des plantes et une floraison continue. La collectionde Meise comprend aujourd’hui quelque 120 accessions de 79 taxons.

    Si la collection d’Impatiens est importante pour la recherche, elleprésente également une haute valeur conservatoire. Les plantes dehaute altitude sont sensibles aux changements climatiques, en par-ticulier lorsqu’ils se produisent dans des habitats fortement dégra-dés, et certains taxons sont en danger d’extinction. Les graines ré-calcitrantes chez la plupart des espèces constituent un autre souci.En effet, de telles graines ne conservent leur capacité à germer quependant une courte période et ne peuvent donc pas être conservéesà long terme. Pour les espèces qui ne peuvent pas être conservéesen banque de graines, les collections vivantes offrent un refuge vi-tal à celles qui sont menacées d’extinction. Afin d’augmenter leurschances de survie, il est essentiel d’en distribuer des exemplairesaussi largement que possible dans d’autres jardins botaniques.

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     — La collection d’Euphorbia est l’une des collections de conservationles plus importantes au Jardin botanique Meise. Photo Marc Reynders.

     — Euphorbia robivelonae de Madagascar, évaluée en danger critiqued’extinction. Photo Diana Sasson.

    Espèces en danger : 50 % des espèces UICN d’Euphorbia  

    dans la collection ex situ à Meise

    Le but 2, objectif 8 de la Stratégie mondiale pour la conservationdes plantes (2011-2020) vise à conserver 75 % des espèces végétalesmenacées dans des collections ex situ. Le Jardin botanique Meisecontribue à cet objectif par la constitution de collections à haute va-leur de conservation. En 2015, le Jardin a atteint l’objectif qu’il s’étaitfixé, c’est-à-dire garantir la conservation de 50 % des 199 espècesd’Euphorbia  catégorisées par l’UICN comme vulnérables, en dangerou en danger critique d’extinction, avec au moins une accession partaxon. Quinze des 36 espèces évaluées en danger critique d’extinc-tion sont concernées. D’ici 2019 le Jardin a pour objectif d’avoir encollection 75 % des espèces d’Euphorbia   considérées comme mena-

    cées par l’UICN.

    Les évaluations de l’UICN pour le genre Euphorbia   restent en-core aujourd’hui largement incomplètes. Elles font ainsi défaut pour497 taxons d’Euphorbia  cultivés à Meise. Malheureusement, il est pro-bable qu’un grand nombre de taxons seront évalués comme menacésd’extinction. En effet, les euphorbes succulentes sont essentielle-ment des espèces endémiques à aire de distribution très restreinte,les rendant ainsi sensibles aux modifications de l’environnement.

    Actuellement, la collection d’Euphorbia   du Jardin botaniqueMeise comprend 1 202 accessions de 606 taxons. Bon nombre des ac-quisitions récentes ont été obtenues grâce à un réseau de pépinièreset d’organisations telles que l’International Euphorbia Society (IES),

    qui souhaitent diminuer les prélèvements dans les populations sau-vages par la distribution de plantes issues de cultures.

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    Valorisernotre patrimoine

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    « Doe ! » : la digitalisationà grande échelle de l’herbier BR

    L’herbier conservé au Jardin botanique Meise (acronyme : BR)

    compte quelque 3,5 millions de spécimens. Cette exceptionnelle col-lection se compose de deux volets : l’herbier des plantes vasculaires,d’une part, et l ’herbier des cryptogames, d’autre part. Le premier estconstitué de trois collections principales, à savoir : l’herbier généralavec plus d’un million de spécimens ; l’herbier belge et ses quelque200 000 spécimens ; l’herbier d’Afrique, riche de plus d’un millionde spécimens, dont plus de la moitié proviennent d’Afrique centrale.Le second, l’herbier des cryptogames, conserve les échantillons demousses, lichens, algues, champignons et myxomycètes, et totaliseenviron 800 000 spécimens.

    En 2014 , le Jardin botanique s’est vu octroyer un financement dela Communauté flamande afin d’améliorer ses outils de digitalisationet de traiter ainsi la totalité de l’herbier belge et 500 000 spécimensde la collection issue du centre de l’Afrique. C’est ainsi qu’est né leprojet « Doe ! », qui s’étendra de janvier 2015 à la fin de l’année 2017.

    Améliorer nos outils actuels de digitalisation

    Notre équipement d’origine consistait en deux scanners EPSON10000 XL montés sur HerbScans (un système qui permet de scannerles spécimens sans devoir les retourner) et un scanner de type Penta-con. En 2015, cet ensemble fut donc avantageusement remplacé parcinq nouveaux appareils. Quatre d’entre eux seront utilisés afin descanner les spécimens de l ’herbier de plantes vasculaires, les collec-tions de fruits, de graines et de bois. Ces systèmes sont dotés d’unelumière continue et d’un appareil Pentax 645Z. Le cinquième appa-reil, un microscope digital Keyence VHX 5000, servira à prendre desimages de lichens, myxomycètes, graines, etc. Cet appareillage dis-pose d’une grande profondeur de champ et produit des documentsd’une exceptionnelle définition en quelques secondes.

    Tout ceci permet à notre équipe de digitaliser les spécimens dixfois plus rapidement qu’avant, et, d’autre part, d ’obtenir des imagesde qualité infiniment supérieure.

    Déléguer la digitalisation de l’herbier belge et descollections du centre de l’Afrique

    Cinquante-sept pour cent du million de spécimens qui consti-tuent notre herbier africain concernent la République démocratiquedu Congo, le Rwanda et le Burundi. Les séparer du reste de cet en-

    semble eût consumé trop de temps et d’énergie. C’est pourquoi nousavons décidé de digitaliser la totalité de l’herbier africain.

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     — L’équipe de préparation du projet DOE ! Photo Soe De Smedt.

     — Une technicienne d’herbier utilisant l’un des quatre appareilsPENTAX 645Z en vue de la digitalisation des spécimens d’herbier.Photo Soe De Smedt.

     — Une technicienne d’herbier œuvrant durant la phase de préparation.Photo Soe De Smedt.

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    En février, nous avons donc déterminé la procédure idéale pourmener ce projet à bonne fin. Sous la houlette d’un conservateur,une équipe de 16 techniciens d’herbier a commencé à préparer lesspécimens à la digitalisation. Trois étapes rythment cette partie dela procédure : attribution d’un code-barres à chaque spécimen ; res-tauration et remontage du spécimen, si nécessaire ; évaluation de lapertinence de scanner le spécimen. L’attribution du code-barres estun geste crucial. Il permet, en effet, d’identifier l’image et assure lelien entre cette dernière et les informations inscrites sur l’étiquette,introduites dans la banque de données. Des bénévoles et des étu-diants ont aidé notre équipe dans cette tâche. Avec succès, puisquedeux tiers de la collection sont désormais prêts à être digitalisés.

    Ensuite, par appel d’offres, nous nous sommes mis en quêted’une firme susceptible de scanner jusqu’à 1 200 000 spécimens. Elle

    se mettra à l’ouvrage au début de 2016, dans nos propres locaux,afin de minimiser les risques et désagréments qu’aurait engendré letransport des précieuses collections.

    Une autre démarche essentielle de la procédure de digitalisationest la transcription des données inscrites sur les étiquettes d’herbierdans notre banque de données BG-Base. Depuis le début du mois de

     juin 2015, nos techniciens y introduisent les données les plus fonda-mentales concernant les collections d’Afrique (code-barres, identi-fication du spécimen, collecteur, numéro de collecte et pays d’ori-gine). À ce jour, plus de 100 000 données y ont ainsi été enregistrées.Le reste des informations mentionnées sur les étiquettes y sera ajoutéaprès la digitalisation, ainsi que d’autres, extraites des carnets de ter-rain des botanistes, lesquels nous permettent de retracer leurs itiné-

    raires et de passer au crible les données liées aux spécimens publiésdans la Flore d’Afrique centrale. Une entreprise extérieure sera choisiedans le courant de l’année 2016 pour nous épauler dans cette tâche.

    L’herbier belge nécessite une approche différente. Une fois lesspécimens scannés, ils seront rendus accessibles sur la toile et parune pratique collaborative (crowdsourcing), les informations portéespar les étiquettes seront ajoutées à notre banque de données.

    Les images digitalisées seront enregistrées en format TIFFet stockées en trois exemplaires, à trois endroits différents, par leVlaams Instituut voor Archivering (VIAA). De son côté, le Jardinbotanique Meise gardera les fichiers JPEG2000 et JPEG, en deuxexemplaires, sur ses serveurs.

    Notre objectif est de rendre toutes les images, et toutes les don-nées qui y sont liées, accessibles au public sur un nouvel herbier vir-tuel. Ce portail devrait être complètement opérationnel à la fin del’année 2017.

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     — Le bois très léger des racines d’Erythrina acanthocarpa, une espècesud-africaine, est utilisé pour fabriquer des casques coloniaux.Photo Viviane Leyman.

     — Madeiras reais, échantillons de bois royaux – à l’usage exclusif de laCouronne – venant de la collection de l’empereur du Brésil, avec lemanuscrit correspondant de Carl von Martius (1854).Photo Viviane Leyman.

    Remise en valeur de la collection de bois

    Des milliers d’objets en bois ont été récemment exhumés descaves du bâtiment d’herbier où ils étaient entassés, formant un vastepuzzle couvert de poussière. Les pièces, de forme, de dimensions etde poids variables, étaient chacune sertie d’un numéro. Ailleurs dansle bâtiment était conservé un petit meuble en bois, rempli de tiroirsde fiches, étiqueté « Inventaire des numéros du musée », tandis queles archives hébergeaient quelques manuscrits vieux d’un siècle et

    demi relatifs à ces collections de bois oubliées. C’était le bon momentpour entreprendre une enquête digne d’un détective, assembler lespièces du puzzle et mettre en relation le fichier, les spécimens et lesmanuscrits, afin de restituer toute sa valeur à cette collection restéetrop longtemps ensevelie.

    La collection nouvellement restaurée a été rassemblée entre 1870et 1960. Chaque pièce de bois est exceptionnelle, c’est un fragmentunique de la nature par son histoire, son intérêt et son usage. Les plusanciens échantillons sont ceux du botaniste bavarois Carl von Mar-tius et ceux du musée des Colonies de Paris ; du matériel plus récentprovient du Brésil et d’Afrique. Une partie de cette collection était

     jadis exposée au Musée forestier, inauguré au Jardin botanique deBruxelles en 1902.

    Les informations disponibles sur les plus anciennes étiquettesont été très utiles pour localiser les manuscrits correspondants etretrouver les données de récolte. Beaucoup d’étiquettes sont remar-quables, avec des inscriptions en japonais ou en chinois ; d’autresportent des mentions surprenantes, comme le nom d’une presti-gieuse distillerie de parfum de Grasse. D’autres encore font le lienentre des spécimens et les expositions universelles où ils ont été pré-sentés. Enfin, des échantillons proviennent d’une série commercialede démonstration, avec la moitié du bois laissé au naturel (non traité)et le reste poli. Retracer l’histoire des plus vieux spécimens, venantdu Surinam, du Brésil et de la Guyane, dont seul le nom vernaculairefigure sur l’étiquette, est un réel défi. Ces noms sont parfois très ima-gés comme « liane échelle de singe », appelé « bondin à tortues » enGuyane et « escada de macaco » au Brésil . La consultation de la littéra-ture de l’époque permet souvent de transposer ces noms usuels ennoms scientifiques actuels.

    La collection des bois comporte aussi des pièces spectaculaires.

    Ressemblant à s’y méprendre à des sculptures, les fleurs de bois– appelées Holzrosen en allemand et  wood  roses en anglais – sont devéritables joyaux, bien qu’elles ne soient en réalité que les traces im-primées par des plantes hémiparasites, comme le gui, sur le tronc deleur hôte. Les tranches des sections de bois peuvent être d’une ex-trême beauté, avec des différences de couleur spectaculaires entrele cœur et l’aubier, ou des motifs décoratifs dessinés par le systèmevasculaire. Le bois de racine a aussi ses caractéristiques propres,l’espèce sud-africaine Erythrina acanthocarpa  en est un bon exemple :sa densité exceptionnellement faible lui permet d’être utilisée pourla fabrication de casques coloniaux. Une vieille enveloppe brune etpoussiéreuse contenait une boîte ronde en bois, finement ouvragée,avec un couvercle campanulé, remplie d’assiettes, chacune d’un boisdifférent, en provenance du Brésil. Un des chefs-d’œuvre de la col-

    lection, qui se présente comme une illusion d’optique, est une sériede 145 échantillons de bois façonnés en forme de livres, avec une facemate et un dos verni, montrant la diversité des bois utilisés dans lafabrication de meubles.

    À ce jour, la collection, qui totalise 4 645 numéros, a été net-toyée et congelée afin d’éliminer vers du bois et autres agents des-tructeurs ; elle est conservée dans la xylothèque du Jardin botanique.Quelques spécimens seront exposés dans le nouveau musée du boisqui devrait s’ouvrir au Jardin botanique en 2018.

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     — Bibliothécaire évaluant la condition matérielle d’un des livres retenusdans l’échantillon. Photo Nicole Hanquart.

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    Conserver le patrimoine dela bibliothèque : première enquête sur

    la santé des collections

    Depuis la fondation de l’institution en 1870, la bibliothèque du Jardin botanique collecte et conserve la littérature en lien avec labotanique descriptive. Composée de monographies, de fascicules depériodiques, d’opuscules et de tirés à part , la collection, mise bout àbout, occupe 5 km linéaires de rayonnages.

    Elle comprend de nombreux documents remarquables, parmilesquels des ouvrages anciens ou des périodiques rares, mais c’estsurtout la richesse et la cohérence de l’ensemble qui constituent savaleur scientifique, historique et culturelle. Aussi, la collection re-quiert une politique de conservation qui doit en assurer la pérennité.Pour développer cette politique, il est important dans un premier

    temps de faire le point sur l’état matériel du fonds. C’est ainsi que labibliothèque a mis en œuvre une méthodologie développée par lesbibliothèques patrimoniales de Flandre, l’Universal Procedure forLibrary Assessment (UPLA).

    UPLA est un modèle d’évaluation des dommages destiné à four-nir aux bibliothèques un aperçu et les outils nécessaires à la mise enplace d’une politique de prévention et de campagnes de restauration.Le modèle repose sur une méthode d’échantillonnage qui permetd’évaluer de manière efficace et pragmatique l’état matériel des col-lections et le niveau d’accessibilité de celles-ci.

    UPLA évalue donc les dégâts au niveau de la collection et nonpour chaque objet. Trois cents pièces sélectionnées au hasard ont été

    examinées selon 23 catégories de dommages. Deux questions fonda-mentales ont été posées pour chaque pièce et pour chaque catégoriede dommage : le dégât est-il modéré ou sévère ? Y-a-t-il un risqued’endommager davantage le livre en le mettant à la disposition dulecteur ?

    Sur la base de cet examen, nous avons pu déduire que 3 % seu-lement de la collection présente un risque de dégradation supplé-mentaire en étant communiqué au lecteur. C’est une bonne nouvelle.Néanmoins, même si, dans la grande majorité des cas, les dommagesn’empêchent pas la communication des livres, il ne faut pas minimi-ser les dégâts répertoriés. Ainsi par exemple, l’enquête a montré que50 % des ouvrages étaient, à divers degrés, recouverts de poussière,ce qui peut avoir de graves conséquences quand on sait que la pous-sière favorise l’apparition de moisissures. L’enquête a aussi montrédans 6 % de la collection la présence de moisissures non actives ainsique, dans une plus faible mesure, des traces d’insectes.

    Toujours selon cette enquête, il est apparu que 10 % des livresavaient des reliures abîmées et que la même proportion d’ouvragesétaient plus ou moins déformés. La collection souffre également deseffets de l’acidification du papier, un processus par lequel le papierdevient peu à peu fragile et cassant. C’est particulièrement vrai pourles livres imprimés entre 1840 et 1940. L’acidification concerne 50 %de notre collection.

    L’analyse des résultats de cette enquête nous permettra deconstruire une politique de préservation taillée sur nos besoins etnous aidera à établir les priorités ; elle fournira également une me-sure étalon pour comparer les enquêtes régulières que nous ferons àl’avenir sur la « santé » des collections de notre bibliothèque.

    PUBLICATIONS

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     — Portrait du botaniste belge Apollon Hardy (1846-1929) avec un

    spécimen de Elatine hardyana, une espèce nommée par Dumortier enl’honneur de A. Hardy. Photo originale : J. Nelissen-Gotthold.

    Bibliothèque et archivess’enrichissent et s’exportent

    Depuis la fondation du Jardin botanique, les collections de labibliothèque se sont continuellement enrichies. En 2015 nous avonsacquis, par achat, abonnement, échange ou don, 565 monographieset 2 200 fascicules de périodiques. Dans les travaux botaniques, la

    littérature scientifique ancienne est aussi importante que les publi-cations récentes, en particulier dans les études taxonomiques, pourle suivi de l’évolution de la flore et de la végétation et dans les étudeshistoriques. À l’inverse de nombreuses bibliothèques qui élaguenten permanence leurs collections, notre bibliothèque est donc unebibliothèque de conservation, qui accepte et recherche des publi-cations anciennes qui ne sont plus conservées dans la majorité desautres bibliothèques. C’est ainsi qu’en 2015 nous avons reçu 80 vo-lumes de périodiques de l’université de Gand, 46 monographiesde la Société royale de zoologie d’Anvers, et quelques volumes duCentrum voor Agrarische Geschiedenis (KU Leuven) et des facultésuniversitaires de Mons.

    Le départ en retraite de membres du staff est aussi l’occasiond’enrichir nos collections. Il arr ive aussi que des particuliers donnentou lèguent leur bibliothèque personnelle à notre institution. En 2015,la famille du professeur Jean-Jacques Symoens nous a aimablementoffert 600 volumes ; nous avons aussi hérité des archives scienti-fiques du professeur René Schumacker et de 200 livres et des ar-chives du professeur Jacques Lambinon.

    Toutes nos collections sont accessibles aux chercheurs, aux étu-diants et au grand public du monde entier qui peuvent les consultervia notre catalogue en ligne (http://193.190.116.6/webopac/Vubis.csp), comme sur plusieurs catalogues collectifs : le Linnaeus LinkUnion Catalogue (LLUC), le catalogue commun des bibliothèquesdes institutions scientifiques et des services publics fédéraux belges

    (bib.belgium.be), le catalogue collectif des périodiques des biblio-thèques scientifiques en Belgique (ANTILOPE), et, depuis l’andernier, le catalogue collectif des bibliothèques belges (UNICAT).L’intégration de nos collections dans ces différents catalogues ren-forcera sans aucun doute notre position sur la scène nationale et in-ternationale.

    Une galerie de portraits à la bibliothèque

    En 2015, la bibliothèque a redécouvert une collection oubliée de

    quelque 500 portraits de botanistes.Cette collection, qui remonte au début du 20e  siècle, contient

    des photographies originales, des gravures et des images impriméesde botanistes du monde entier, ainsi que certaines photographies degroupe prises durant les congrès botaniques internationaux.

    La plupart des portraits ont été montés sur des cartons et en-cadrés. Ils ont jadis décoré les murs de l’institution quand elle étaitencore située à Bruxelles et sont depuis restés enfouis.

    Avec l’aide d’étudiants-jobistes, chaque portrait a été numé-risé et décrit dans notre catalogue en ligne. Les descriptions com-prennent le nom de la personne, ses dates de naissance et de mort, lesdimensions du portrait, le type d’image (original ou reproduction) etdes informations complémentaires telles que le nom du photographeou du graveur, la date du portrait, l’âge de la personne sur l’image,des annotations sous le portrait ou au verso.

    À vrai dire, cette collection de portraits individuels et collectifssoulève de nombreuses questions qui doivent être éclaircies. Ainsi,par exemple, certaines images proviennent de publications sans quecelles-ci soient mentionnées ; un travail complémentaire est alorsexigé pour retrouver la référence originale. D’autres images ontune présentation et une taille similaires et semblent donc avoir étépréparées en même temps dans un but inconnu. Parfois le nom duphotographe est associé à la photographie, alors que dans de nom-breux cas cette information fait défaut. De plus nous ne savons pas

    qui a rassemblé cette collection d’images, ni les raisons de son geste.Il nous faut donc consulter les archives pour tenter de répondre àces questions. De nombreuses recherches restent à faire sur cetteintéressante collection de portraits, elles sont planifiées dans notreprogramme de travail pour 2016.

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    Un trésor de ressources pour les sciencesnaturelles et humaines

    Si l’on s’attarde sur les ressources documentaires que le Jardinbotanique peut mettre à la disposition des chercheurs en sciencesnaturelles et en sciences humaines, une seule conclusion s’impose :notre institution est une véritable mine d’or. Mais elle ne peut secontenter d’être un coffre-fort, c’est pourquoi elle déploie beaucoupd’énergie à faire connaître ces richesses, parfois méconnues.

    Notre équipe d’historiens ne s’est donc pas relâchée, en 2015.Elle a ainsi publié, à l’Académie des sciences d’outre-mer (Bruxelles),deux biographies de botanistes-collecteurs liés à l’histoire du Jardinbotanique. De surcroît, elle a assuré une série de présentations à ca-ractère historique, basées sur les sources conservées dans nos murs :l’une d’elles se déroula en Floride (USA) ; une autre, dédiée à l’émer-gence de la conscience écologique en Belgique, eut pour cadre l’uni-versité d’Angers (France), et une troisième fut le fruit d’une collabo-ration avec le Centre national d’histoire des sciences (Bruxelles). Cesactivités assurèrent la visibilité de l’institution sur les scènes natio-nale et internationale de l’histoire des sciences. L’élection d’un col-laborateur du Jardin botanique au bureau du Centre susmentionné,sa qualité de membre de l’unité de recherche Mondes modernes etcontemporains de l’Université libre de Bruxelles (ULB) et de collabo-rateur scientifique au séminaire de 3e année de bachelier en histoire, àl’ULB, sont d’autres conséquences visibles du succès de la recherchehistorique menée au Jardin botanique Meise.

    Par ailleurs, ce dernier tient également à être présent sur la scènede la vulgarisation de l’histoire des sciences. Dans ce domaine, 2015fut une année particulièrement fertile. En effet, dans le sillage de lagrande exposition intitulée « L’Année de Flore », qui attira 20 000 vi-siteurs et qui fut en bonne partie réalisée par nos collaborateurs, plu-sieurs articles relatifs à l’histoire de l’horticulture belge furent pu-bliés dans des revues belges et étrangères. Parmi ceux-ci, signalonsune contribution au fameux périodique français Hommes et Plantes, et

    deux autres, dédiées à l’histoire de nos collections de plantes succu-lentes, dans les pages de la revue du Jardin exotique de Monaco. Fi-nalement, une vingtaine de conférences dédiées à l’histoire de notreinstitution, à celle de l’horticulture nationale, de la botanique ou dudarwinisme, données en Belgique ou ailleurs, émaillèrent encorecette année. Ce dynamisme incita, d’ailleurs, la Société nationaled’horticulture de France à décerner une médaille à un collaborateurde notre équipe.

    Arc-bouté sur les réalisations de ces dernières années, le Jardinbotanique prépare de nouvelles expositions et présentations, de nou-veaux articles et travaux... Ils étendront encore la visibilité et l’acces-sibilité des ressources culturelles et scientifiques de notre institution.

    PUBLICATIONS : 115, 135, 136, 151, 152

    Délivrer à tous une informationhistorique et scientique de qualité :

    une question de fraternitéscientique et de tradition

    Avec les magnifiques collections de livres, revues, pho-tos et archives qu’elle gère, il n’est pas étonnant que l’équipede la bibliothèque du Jardin botanique soit souvent amenéeà apporter son aide à des chercheurs, à des étudiants ou au

    grand public.

    En 2015, par exemple, elle a dû traiter quelque 250 re-quêtes émanant de personnes procédant à la publicationd’articles et de livres, à la réalisation d’expositions... quandelles n’émanaient pas de simples curieux. Cette année en-core, notre équipe ne s ’est pas épargnée, consumant heureset jours afin de satisfaire les botanistes, historiens, historiensde l’art, herboristes ou toute autre personne qui requéraitson aide dans le cadre de ses recherches. Opiniâtres, noscollaborateurs ont systématiquement pisté le document leplus approprié, la meilleure photo, la bonne revue, le livrerequis… Cette déontologie assure la réputation scientifiquedu Jardin botanique, favorise le tissage de liens fraternelsavec ses homologues et, plus généralement, de liens avec lemonde extérieur. Ipso facto, elle souligne la valeur sociale denotre institution.

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    (Re)connecter

    les plantes et leshommes

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     — Collybia aurea, un champignon comestible apprécié qui pousse sur lesversants des volcans rwandais. Photo Jérôme Degreef.

     — Jérôme Degreef et le personnel des parcs nationaux à la récolte deschampignons dans la zone de bambous du volcan Karisimbi.Photo Franck Hidvégi.

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    Potentiel des champignons sauvages pourdiminuer l’insécurité alimentaire en milieu

    rural au Rwanda

    La malnutrition est un problème majeur au Rwanda et l’insécu-rité alimentaire des ménages constitue un défi pour les communau-tés rurales. Jusqu’à récemment, une grande partie de la populationlocale était dépendante des produits forestiers non ligneux (PFNL),notamment des champignons comestibles. Du fait de la transforma-tion des écosystèmes naturels et de la restriction de l’accès aux parcsnationaux, la récolte de champignons sauvages et leur consomma-tion ont progressivement diminué. Heureusement, ce potentielalimentaire et les connaissances traditionnelles des communautéslocales associées aux champignons n’ont pas totalement disparu etvalent la peine d’être préservés.

    On sait que la culture des champignons constitue une techniquerentable pour la production de protéines. Cette culture requiert un

    minimum de terres, un climat tempéré et une humidité élevée etelle peut être pratiquée à partir de déchets organiques. Nous avonsconvaincu le Fonds rwandais pour l’environnement et les change-ments climatiques (FONERWA) qu’une culture de champignons co-mestibles locaux basée sur des techniques simples et peu coûteusespouvait s’avérer rentable. Des fonds ont ainsi été mis à la dispositiondu Jardin botanique Meise et de Kigali Farms, une entreprise privéelocale spécialisée dans la production de champignons, afin de mettreen œuvre un projet de recherche et développement.

    En 2015, trois missions de terrain ont ciblé le parc national deNyungwe, la réserve forestière de Gishwati et le parc national desVolcans. Ce dernier est situé le long de la frontière nord du Rwandaavec la République démocratique du Congo, une région également

    appelée chaîne des Virunga, qui est connue comme étant la dernièrezone protégée pour les gorilles de montagne mais aussi pour sa re-marquable forêt de bambous.

    Les guides locaux, les villageois et les gardes des parcs natio-naux ont été sollicités pour collecter les champignons comestibles etpour partager leurs connaissances locales (par exemple, l ’appétence)et la « taxonomie populaire » (par exemple, les noms locaux en ki-nyarwanda). Au total, 245 échantillons de référence ont été récoltés,desquels 46 souches vivantes comestibles ont été isolées et stockéespar Kigali Farms. Des essais de culture de ces souches sauvages ontégalement été menés chez Kigali Farms. Les premiers résultats en-courageants ont été obtenus avec la fructification des souches co-mestibles de Pleurotus cystidiosus et P. flabellatus.

    Renforcement des capacitésdes mycologues africains

    Avec des milliers d’espèces non décrites et pratique-ment aucun outil d’identification ni expert qualifié, les paysd’Afrique tropicale, les plus riches en biodiversité mais lesplus pauvres économiquement, font face à d’énormes dif-ficultés pour identifier, utiliser correctement, conserver etpartager leur diversité biologique. Les énormes problèmescausés par cet obstacle taxonomique sont reconnus par denombreux gouvernements de par le monde et par les organi-sations internationales.

    En Belgique, cette problématique est prise en charge parle Point focal national pour l’Initiative taxonomique mon-diale (GTI) qui finance la formation de jeunes taxonomistesdes pays en développement afin qu’ils puissent améliorerleurs connaissances et leur expertise taxonomique dans lesinstitutions de recherche de notre pays. En 2015, le Jardin bo-tanique Meise a ainsi accueilli quatre jeunes mycologues issusd’universités et d’instituts de recherche de Côte d’Ivoire etde République démocratique du Congo (RDC). Leur forma-tion d’un mois a consisté en l’apprentissage des techniques demicroscopie, des standards de description des spécimens, dela taxonomie, du traitement des données et des techniques deterrain. Les stagiaires ont eu accès aux collections de notrebibliothèque et de notre herbier, leur permettant de validerles identifications de leurs propres spécimens et d’améliorerainsi la qualité taxonomique de leurs travaux de doctorat etdes articles scientifiques qui en découleront.

    Nos chercheurs sont conscients de l’importance d’une bonnecouverture médiatique de leur projet afin de sensibiliser le public etles autorités locales aux défis de la valorisation des champignons auRwanda. Un membre du service éducatif du Jardin botanique Meisea ainsi pris part à une mission durant laquelle il a tenu à jour un blogdécrivant les activités de terrain et a produit un film documentaire

    qui sera diffusé en ligne dans le courant de 2016.

    Dans le futur, l’objectif de ce projet sera de former les popula-tions rurales les plus pauvres aux techniques de culture des champi-gnons de manière à leur offrir des moyens de subsistance, leur don-ner accès à de nouveaux revenus et les faire bénéficier d’un régimealimentaire plus sain. Ainsi, ce projet contribue à atteindre la sécu-rité alimentaire et, par conséquent, à lutter contre les menaces quipèsent sur les parcs nationaux du Rwanda.

    PLUS D’INFORMATION : HTTP://RWANDAFUNGI.BLOGSPOT.BE

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     — Steven Dessein et Francesca Lanata avec l’équipe de la pépinière deplantes indigènes et ornementales. Photo Nele Nuytten.

     — Éducation environnementale au sein des jardins de démonstration.Photo Francesca Lanata.

    Le jardin écologique de Matebe

    (République démocratique du Congo) :aménagement vert et renforcement descapacités dans une zone post-conit

    En 2015, le Jardin botanique Meise a consolidé sa collaborationavec deux institutions qui œuvrent pour la conservation in situ dansl’est de la République démocratique du Congo (RDC) : l’Institutcongolais pour la conservation de la nature (ICCN) et la VirungaFoundation.

    L’année a été marquée par l’achèvement de la construction de lacentrale hydroélectrique de 14 MW à Matebe, Nord-Kivu, en bor-dure du parc national des Virunga. Le 16 décembre, la centrale a étéofficiellement inaugurée par le président de la RDC, S.E.M. JosephKabila, et M. Howard Buffet, président de la Buffet Foundation.L’énergie propre et durable produite à Matebe sera un moteur de dé-veloppement de cette région très peuplée, déchirée par des annéesde guerre et tout récemment pacifiée.

    Le rôle de notre Jardin a été de fournir l’expertise à l’ICCN et àla Virunga Foundation pour l’aménagement paysager de la centraleet pour le programme d’éducation environnementale afin de relierce grand projet de développement à la mission centrale du Parc : laconservation de la nature in et ex situ.

    Les principaux objectifs des activités du Jardin à Matebe ont été :

    • l’harmonisation de la centrale hydroélectrique avec le

    paysage naturel ;• la restauration des habitats dégradés ;• la promotion de l’éducation environnementale auprès des

    écoles, de la société civile, des médias et des décideurs dansle Nord-Kivu.

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     — Les jardiniers de Matebe avec Francesca Lanata.Photo Filippo Saracco.

     — Aménagement paysager et végétalisation du site de la centralehydroélectrique. Photo Francesca Lanata.

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    L’aménagement vert du site de la centrale hydroélectrique a étéun défi à la fois complexe et intéressant : une expérience unique pourle Jardin botanique ! Le site a été reverdi grâce à un énorme effortde plantation en utilisant, autant que possible, les plantes locales.Malheureusement, il était impossible de s’approvisionner de grandesquantités d’arbres et d’arbustes locaux et d’ornement dans la région,aussi des pépinières ont-elles été installées sur place pour la produc-tion des plantes et la multiplication des espèces locales, surtout lesplus menacées.

    Une haie de plantes ornementales de 500 m (environ 2 000plantes) et un alignement d’arbres (60 jacarandas) ont été plantésle long du canal et 600 m de talus ont été stabilisés contre l’érosiongrâce à la plantation de vétiver, de bambous et d’autres espèces lo-cales.

    Le site de la centrale (environ 7 ha de « brousse ») a été réorga-nisé d’une manière rationnelle et éducative par l’aménagement deparcelles abritant différents écosystèmes congolais et de potagersmodèles pour sensibiliser les visiteurs à l’importance des plantes.

    Le Jardin botanique Meise s’est particulièrement investi dansla formation et le renforcement des capacités humaines. Des

     jardiniers-agronomes ont été sélectionnés pour suivre une forma-tion sur le terrain. Une équipe de cinq jardiniers assure désormais ladurabilité de l’intervention et l’entretien des pépinières ; les expertsde Meise continueront l’encadrement afin d’améliorer les connais-sances des agronomes.

    En 2016, le «Jardin écologique de Matebe», nom choisi par laVirunga Foundation pour désigner le jardin de la centrale, devien-dra un centre d’éducation et de tourisme. La plantation de différentsécosystèmes congolais sera finalisée et une série de panneaux expli-catifs sur les plantes, les hommes et l’environnement sera implantéesur le site. L’objectif est d’éduquer le grand public à la beauté, auxqualités et aux usages des plantes et au rôle essentiel des hommes ausein des écosystèmes.

    Le défi pour la Virunga Foundation et notre Jardin dans les an-nées à venir est de construire une conscience environnementale danscette région, qui reste pour l’instant une zone post-conflit.

    Pour l’année 2016 les objectifs sont les suivants :

    • mettre en valeur auprès de la population le rôle du parc,pour préserver une des régions les plus riches d’Afrique enbiodiversité ;

    • renforcer le lien entre le parc, les services fournis parles écosystèmes et le développement dans un « jardinbotanique moderne » autour d’une source d’énergiedurable ;

    • sensibiliser à l’importance des plantes et des écosystèmes(en exposant des plantes d’autres régions de la RDC) ;

    • lancer un programme de formation pour les guides ;• former des étudiants pour les professions et les emplois

    liés à la botanique (horticulture durable, agriculture etsylviculture) ;

    • organiser des visites pour les écoles.

    Le succès du Jardin botanique Meise dans l’aménagement vertde la centrale hydroélectrique de Matebe démontre qu’il est possibled’intégrer les infrastructures à l’environnement et de concilier ledéveloppement économique de la région avec le renforcement descapacités locales dans la gestion des activités botaniques et la pro-motion de l’éducation environnementale.

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    Inspirer et informer 

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     — Le Mikadogram : détails. Photo Nunatak.

     — Le Mikadogram : toutes les pièces du puzzle. Photo Nunatak.

     — Le nom et la ligne graphique de la malle pédagogique.

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    Un puzzle géant pour retracerl’histoire de l’évolution des plantes

    Il y a plus de 150 ans, Charles Darwin publiait la théorie scienti-fique de l’évolution dans L’Origine des espèces. Malgré le temps écoulédepuis, l’enseignement de la théorie de l’évolution aujourd’hui n’estpas toujours chose a