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ANTHROPOLOGIE DU NOMADISME Author(s): Françoise Aubin Source: Cahiers Internationaux de Sociologie, NOUVELLE SÉRIE, Vol. 56 (Janvier-juin 1974), pp. 79-90 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40689671 . Accessed: 07/09/2014 20:26 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers Internationaux de Sociologie. http://www.jstor.org This content downloaded from 105.158.215.14 on Sun, 7 Sep 2014 20:26:03 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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  • ANTHROPOLOGIE DU NOMADISMEAuthor(s): Franoise AubinSource: Cahiers Internationaux de Sociologie, NOUVELLE SRIE, Vol. 56 (Janvier-juin 1974), pp.79-90Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/40689671 .Accessed: 07/09/2014 20:26

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  • ANTHROPOLOGIE DU NOMADISME par Franoise Aubin

    RSUM

    Pour le sociologue, une socit de pasteurs nomades n'est qu'une variante de socit rurale, par opposition aux socits urbaines et industrialises. Le nomadisme est dfini par trois lments, ncessaires et suffisants son existence : 1) Une unit humaine : le groupe de nomadisalion, mettre en parallle avec le village ou la communaut rurale ; 2) Le btail, qui est, comme la terre chez les sdentaires, le moyen de production essentiel, le principal bien d'appropria- tion, d'accumulation et de discrimination sociale ; 3) Le parcours de noma- disation, qui, d'un point de vue sociologique, doit tre compar au matriel agri- cole du paysan. Lorsqu'il subit des modifications dans l'une de ses composantes (itinraire, rythme saisonnier, amplitude annuelle du mouvement), celles-ci sont quivalentes aux amendements technologiques dans le domaine de l'agriculture.

    En conclusion, le dveloppement de la grande agriculture en milieu nomade a un effet sociologique similaire l'industrialisation en pays agricole.

    SUMMARY

    To a sociologist, a society of nomadic shepherds is no more than a variation of rural society, in contrast with urban and industrial societies. Nomadism is defined by three factors necessary and sufficient for its existence : 1) Human unity - the group of nomadization, to be put in parallel with the village or the rural community ; 2) Livestock, which is, like earth to the settlers, the essential means of production, the main asset of appropriation, accumulation and social discrimination ; 3) The route of nomadization, which, from a sociological point of view, must be compared to the agricultural material of the peasant. When it undergoes modifications in one or other of its elements (itine- rary, seasonal rhythm, extent of annual movement), these are equivalent to technological amendments in the domain of agriculture.

    In conclusion, the development of large-scale agriculture in a nomadic environment has a sociological effect similar to industrialization in an agri- cultural country.

    Pour l'historien, une socit de pasteurs nomades s'oppose, par l'ensemble de son destin et de ses caractristiques, une socit d'agriculteurs sdentaires. Pour le sociologue, au contraire, elle doit n'en tre qu'une variante, face la socit urbaine et la socit industrialise (1). En effet, sans vouloir nier la ralit des antagonismes qui, au cours des sicles, ont jet les nomades

    (1) Nous donnons ici le texte largi d'une communication prsente en mai 1973 un symposium organis par TUnesco Ulan-bator, sur Le rle des peuples nomades dans les civilisations d'Asie centrale (la version brve de notre contribution devant paratre en russe et en mongol dans les actes du Symposium publis par les soins de l'Acadmie des Sciences de Mongolie).

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  • FRANOISE AUBIN

    des steppes contre leurs voisins sdentaires, sans prtendre ngliger les incompatibilits irrductibles qui opposent les exi- gences de leurs deux modes de vie, l'enquteur plac sur le terrain constate assez vite combien, d'un point de vue pratique, la connaissance des mcanismes propres au nomadisme peut enrichir la typologie du monde rural, et, l'inverse, combien la probl- matique pose par ce dernier aide s'interroger sur la civilisation nomade. Ainsi, de la diversit qu'ont revtue les socits nomades dans le temps et dans l'espace (1), prenons le cas des Mongols - et, particulirement des Mongols aux xixe et xxe sicles ; en parlant de socits paysannes, ayons-en prsentes l'esprit deux formes spcifiques : celle de l'Europe occidentale l'ge prindustriel, et celle de la Chine traditionnelle. Et ne perdons pas de vue que le paralllisme que nous voulons esquisser n'est qu'un schma opratoire, destin suggrer de nouvelles ouver- tures de rflexion thorique, et nullement une comparaison rigide, prtendant avoir valeur entre tous les peuples nomades et tous les peuples sdentaires.

    I. - Les composantes du nomadisme et du sdentarisme Comme on le sait, le nomadisme peut tre dfini par trois

    lments principaux, ncessaires et suffisants son existence : 1) Une unit humaine (le groupe de nomadisation) ; 2) Lie un troupeau ; 3) Et affecte dans sa totalit d'un dplacement priodique selon un itinraire fixe. Si l'on dresse ces facteurs en un tableau dont la deuxime face est constitue par le monde sdentaire, il semble que l'on puisse tablir la srie de corres- pondances logiques suivantes :

    Facteurs constitutifs Milieu nomade Milieu paysan Facteur social Groupe de nomadisation Village ou commu-

    naut rurale Facteurs conomiques :

    1) Capital Btail Terre 2) Produit Accrot et produits de Fruits de la terre

    l'levage Facteur instrumentaire . Aire parcourue au rythme Matriel agricole et

    des saisons selon un iti- semences nraire dtermin

    (1) On trouvera un exemple de la varit des situations possibles dans un intressant recueil, consacr un thme voisin de celui qui nous concerne - le dveloppement de la notion d'Etat au contact des nomades et des sden- taires : Das Verhltnis von Bodenbauern und Viehzuchtern in historischer Sicht (Institut fr Orientforschung, Verffentlichung, 69), Berlin, Akademie- Verlag, 1968, 233 p. ; et un parallle entre nomadisme des dserts chauds (ou arabe) et nomadisme des dserts froids (ou turco-mongol) dans la fine analyse des Fondements gographiques de Vhistoire de V Islam due Xavier de Planhol, Paris, Flammarion, 1968, pp. 39-46.

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  • ANTHROPOLOGIE DU NOMADISME

    A) Le groupe humain Dans l'tude historique d'un systme de nomadisation, les

    lments humains sont, cela va de soi, les plus faciles dter- miner. On sait bien, par exemple, qu'au xne sicle, les Mongols nomadisaient en groupes importants, les kriyen (1), alors que dans les trois ou quatre premires dcennies du xxe sicle, le groupe typique de nomadisation en Mongolie extrieure, le xot-ajl (ou xoton) ne comptait que quelques familles (2), de mme que le sr1 dans le systme actuel des coopratives d'le- vage de la Rpublique populaire de Mongolie (3). Il est bien connu aussi que le groupe de nomadisation mongol est tradi- tionnellement fond sur un lien de parent agnatique - la disso- ciation du voisinage et de la parent dans le xot-ajl (4) et plus encore dans le sur' tant une tendance rcente.

    Lorsqu'on met en parallle socit nomade et socit sden- taire, on est tent de rapprocher le groupe de nomadisation traditionnel, comme le xot-ajl, des communauts familiales du monde sdentaire (du type communaut taisible de l'ancienne France), et le groupe de nomadisation moderne, le sr1, d'une ferme paysanne. Cette comparaison est lgitime, dans une cer- taine mesure, pour clairer les principes de l'organisation interne du groupe, et spcialement son organisation du travail. Mais pour apprhender dans sa totalit et dans son volution continue le systme du nomadisme, il apparat bien plus fructueux de

    (1) Sur le kriyen, voir B. Vladimirtsov, Le rgime social des Mongols. Le fodalisme nomade, trad. Michel G arso w, Paris, Adrien-Maisonneuve, 1948, xviii + 291 p. (pp. 44-45).

    (2) L'essentiel de la bibliographie sur le xot-ajl (en russe xoton) est en langue russe. Ainsi, on trouvera d'excellentes gnralits sur le groupe de nomadisation en rgion de montagne par T. Trofimov, Xangajskie kocev'ja (Les territoires de nomadisation du xangai), dans Sovremennaja Mongolija (La Mongolie contemporaine), Ulan-bator, 1934/1 (=n 4), pp. 36-53; des statistiques sur la composition du xot-ajl dans ces mmes rgions par A. Simukov, Xotong (Les xoton), op. cit., 1933/3, pp. 18-32, et par N. B. Bolo- don, K voprosu o xotonax (A propos des xoton), op. cit., 1938/2 (= n 27), pp. 76-89 ; sur la composition du xot-ajl en rgion de gobi par A. Simukov, Mater ialy po koevomu by tu naselenija M.N.R. (Matriaux sur le mode de vie nomade de la population de la R.P.M.), op. cit., 1935/6 (= n 13), pp. 89-104 ; une discussion des thories mises sur le xot-ajl par S. Belen'kij, K voprosu o xotonax (A propos des xoton), op. cit., 1934/2 (= n 5), pp. 114-117 ; etc.

    (3) La bibliographie en langues mongole et russe sur le mouvement ae coopration rurale en R.P.M. est considrable. On trouvera un condens de ces tudes et de la lgislation concernant les coopratives de production rurale - malheureusement sans dtails particuliers sur les sur1 - dans S. K. RoSiN, SeVskoe xozjajstvo M.N.R. na socialistieskom puti (L'conomie rurale de la R.P.M. sur la voie du socialisme), Moscou, Nauka, 1971, 292 p. ; sur le sr1 dans les annes 60 : Franoise Aubin, Une exprience de collecti- visation en conomie nomade : la cooprative de production rurale en Rpu- blique populaire de Mongolie, dans Vhomme et la socit, V, juill.-sept. 1967, pp. 141-147.

    (4) Cf. par exemple les articles de A. Simukov cits supra, n. 2.

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  • FRANOISE AUBIN

    confronter le groupe de nomadisation avec le village. Car la communaut rurale fonde sur le lien de parent agnatique n'est pas un phnomne inconnu en sociologie : citons, dans la Chine impriale, le village dit d'un mme nom de famille (Vng-hsing is'n-l) ou d'un mme nom de clan (Vng-ts ts'n-l) (1).

    Certes, sa fluidit distingue le groupe de nomadisation du village. Ainsi, selon les notations d'observateurs sovitiques des annes 30 (2), il arrivait que les xot-ajl se forment - ou encore, s'ils prexistaient, qu'ils s'unissent plusieurs - et se dissolvent au rythme des saisons : en rgion de xangai (zone montagneuse boise), les familles groupes du printemps jusqu' l'automne se dispersaient pour la recherche des pturages d'hiver, tandis qu'en rgion de gobi (cuvettes pierreuses vgtation semi- dsertique), les familles isoles se runissaient la mauvaise saison, afin d'difier en commun des abris pour le btail (3). Mais, dans les communauts rurales habitat trs dispers, les liens sociaux et conomiques entre les foyers sont, eux aussi, plus ou moins serrs selon le calendrier des rcoltes. De fait, les critres formels de classification des units nomades ( savoir : importance numrique du groupe et amnagement du campe- ment l'tape) sont identiques ceux du village (soit : tendue du site et dispersion de l'habitat), et les uns comme les autres sont dpendants, d'une part, de la situation politique (les kiiriyen circulaires du Moyen Age tant l'quivalent nomade du village fortifi) (4) et, d'autre part, de l'cologie (l'approvisionnement en eau constituant, en tout tat de cause, un facteur dcisif).

    Par son organisation interne hirarchise et la solidarit qui

    (1) Les villages chinois d'un mme nom de famille ont t tudis durant la deuxime guerre mondiale par les sociologues japonais travaillant pour les services de recherche scientifique de la Socit du Chemin de fer sud-mand- chourien (ou S.M.R.). Voir ce sujet les quelques indications donnes par le juriste japonais Nuda Noboru, Chgoku no nson kazoku (La famille rurale chinoise), 2e d., Tokyo, 1954 (lre d., 1952), pp. 10 sq. et 60. Voir aussi : Hsien-ghin Hu, The common descent group in China and its function, Viking Fund, Publication in Anthropology, n 10, New York, 1948, 204 p. (en parti- culier p. 14).

    (2) A. Simukov, T. Trofimov, S. Belen kij, S. Azarov qui ont surtout publi dans Sovremennaja Mongolija (La Mongolie contemporaine), revue paraissant en russe Ulan-bator (cf. bibliographie sommaire donne supra, p. 81, n. 2).

    (3) Cf. par exemple S. Azarov, Kocevoe zivotnovodstvo gobijskix ajma- kov (L'levage nomade des aimag du gobi), Sovr. Mong., 1934/2 (n 5), pp. 54-69.

    (4) Sur le terme kriyen, dont le sens est pass de chariots disposs en cercle enclos, camp, muraille, monastre , et qui a t emprunt par les langues voisines - turc et persan entre autres - voir Gerhard Doerfer, Trkische und mongolische Elemente im Neupersischen..., Bd I : Mongolische Elemente im Neupersischen, Wiesbaden, Franz Steiner Verlag G.M.B.H., 1963, pp. 477-480.

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  • ANTHROPOLOGIE DU NOMADISME

    unit ses membres, le groupe de nomadisation rappelle particuli- rement le village chinois. Par un point, toutefois, de sa structure sociale, il se distingue du village rural : l o il est fond sur la parent agnatique, comme il est de tradition, il forme une unit exogamique, l'oppos du village, tendance endogamique. Mais ici encore on peut se rappeler le type de village chinois dit d'un mme nom de famille , qui est lui aussi marqu par l'exogamie. En dfinitive, face la socit industrielle, la socit nomade est, comme toute socit rurale, une socit relativement stable d'une gnration l'autre (sauf cas de guerre ou de troubles politiques internes graves). Les rles sociaux individuels y sont assigns doublement par la position de la famille au sein du groupe et la position de l'individu au sein de la famille ; et les principales opportunits de mobilit horizontale ou occupa- tionnelle (changement de fonction ou de profession) et verticale (ascension sociale) y sont offertes, en dehors du jeu successoral normal, surtout par l'tat ecclsiastique (1) et, parfois, par les chancelleries des pouvoirs dirigeants (2). Les coutumes et l'auto- rit de l'ge sont les principaux rgulateurs de ces socits, o le ritualisme des rapports infrafamiliaux est maintenu, remar- quons-le, en partie grce une disposition spcifique de l'habitat. (Ainsi, de mme que le plan de la demeure rurale est li l'orga- nisation de la famille et la distribution des fonctions entre ses membres, la division de la yourte reflte une stricte rparti- tion des activits entre le profane et le sacr, le masculin et le fminin, etc.) (3).

    (1) Sur la hirarchie ecclsiastique lamaque et la puissance conomique, sociale et politique des monastres mongols, voir Robert James Miller, Monasteries and culture change in Inner Mongolia, Wiesbaden, Otto Harras- sowitz (Asiatische Forschungen, Bd 2), 1959, xi + 152 p. Sur l'absence d'antagonismes de classe marqus l'intrieur du clerg lamaste, voir par exemple le tmoignage de Ivan M. Majskij, qui mena une enqute dans la Mongolie autonome de 1919, Mongolica nakanune revoljucii (La Mongolie la veille de la Rvolution), Moscou, Acadmie des Sciences d'U.R.S.S., 1959, p. 40. L'excellent historien de la Mongolie l'poque mandchoue, Charles R. Bawden, a montr que l'Eglise lamaque ouvrait, dans une large mesure, des possibilits de carrire aux talents que n'appuyaient ni la naissance, ni la fortune (The modem history of Mongolia, New York, Frederick A. Praeger, 1968, pp. 158-159).

    (') bur les postes ouverts aux lettrs mongols par lection ou nomination du gouvernement central sino-mandchou l'poque T'sing (du xvne sicle 1911), voir, en particulier, Herbert Harold Vreeland 3rd, Mongol com- munity and kinship structure, New Haven, Human Relations Area Files (Behavior Science Monographs), 1954, pp. 13, 20-27.

    (3) Sur la structure interne de la yourte, voir Andrs Rna-Tas, Po sledam koevnikov (Sur les traces des nomades), trad, du hongrois, Moscou, Progress, 1964, pp. 160-163, et sur son symbolisme, Schuyler Gammann, Mongol dwellings, with special reference to Inner Mongolia, dans Aspects of Altaic civilization (= Uralic and Altaic Series, vol. 23), Bloomington, Indiana University et La Haye, Mouton & Co., 1963, pp. 17-22.

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    B) Le capital et son produit Comme on le sait, le lien qui unit le nomade son btail

    est analogue celui du paysan ou du propritaire foncier avec sa terre : en milieu nomade, c'est en effet le btail qui constitue le moyen de production essentiel, le bien d'appropriation et d'accumulation principal, le signe de richesse et de diffrenciation sociale par excellence (1). Dans le vieux folklore des steppes comme dans les films mongols modernes, des cohortes de btes des cinq espces (en priorit chevaux, puis moutons, bovids, chvres et ventuellement chameaux) mouchetant les pturages jusqu' l'horizon voquent irrsistiblement pour le nomade des images de prosprit, de bien-tre, de bonheur tranquille, de la mme manire que, pour le cultivateur, des terres grasses por- teuses de riches rcoltes. Cependant, l'conomiste objectera au sociologue des diffrences dans les modes d'acquisition et la nature des produits.

    Le capital du nomade se distingue de celui du sdentaire par sa vulnrabilit et, en contrepartie, par la rapidit de son accrois- sement, de sorte qu'on peut voir la fortune d'un pasteur se faire et se dfaire en quelques saisons fastes ou nfastes. Car un cheptel, qui vit en libert tout au long de l'anne, est, plus que la terre, expos aux spoliations lors de troubles socio-politiques, et une decimation quasi complte lors de mauvaises conditions atmosphriques (2), alors que l'agriculteur n'est atteint, en gnral, que dans sa rcolte et recouvre, la belle saison, sa terre peu prs identique elle-mme. Par contre, le principal produit de son capital tant, pour le nomade, constitu par l'accrot, sa fortune augmente, dans des conditions climatiques

    (1) Cf. les notations de premire main d'un grand connaisseur de la vie nomade en Haute- Asie, Owen Lattimore, qui, dans les annes 20 et 30 a parcouru en tous sens, la suite des caravanes, les steppes de Mongolie Intrieure : ainsi ses souvenirs de voyage, Mongol journeys, Londres, The Travel Book Club, 1942, 284 p. ; ou sa collection d'articles sur la go-histoire de la Haute-Asie, Inner Asian frontiers of China, New York, American Geographical Society, 1951, lxi + 585 p.

    (X) Prenons pour exemple ie rcit au suisse osshard, qui sjournait en Mongolie intrieure pendant le dur hiver de 1934-1935 : dans un district particulirement touch, l'homme le plus riche, qui possdait auparavant 2 000 moutons et 70 vaches, n'avait plus, l't 1935, que 2 vaches et 200 brebis si faibles qu'elles taient incapables d'agneler (Walter Bosshard, Sous la yourte mongole, Paris, 1954 - version franaise de Khles Grasland Mongolei, Zrich, 1949, - p. 109). A la fin de l'Ancien Rgime, nombreux taient les cas de nobles (ou taiji, tous de descendance gengiskhanide), tombs dans la misre et acculs louer leurs services leurs propres serviteurs. (Ainsi un extrait biographique traduit par C. R. Bawden, A joint petition of grievances submitted to the Ministry of Justice of autonomous Mongolia in 1919, dans Bulletin of the School of Oriental and African Studies, Londres, 1967, XXX/3, p. 553, n. 14).

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  • ANTHROPOLOGIE DU NOMADISME

    et sociales normales, avec un apport de travail minime, un rythme beaucoup plus acclr que celle d'un paysan ou d'un petit propritaire foncier. Pour ces derniers, les possibilits de thsaurisation brute du produit (principalement crales et lgumes) sont rduites, et celles de sa transformation en capital foncier lentes et dpendantes du contexte social. En outre, les produits de l'levage, qui satisfont pratiquement tous les besoins du nomade (soit : moyen de transport par les btes de selle, de trait et de bt ; nourriture et boisson par la viande et les produits laitiers ; vtements et habitat par la laine, la pelleterie et leurs drivs ; chauffage par les djections sches ; quipe- ment mnager et rural par les peaux sches, les crins tresss, les lanires en peau ; offrandes et reprsentations religieuses par les btes consacres, les prmices, etc.), s'ils sont assimilables, par le travail qu'ils requirent, aux fruits du sol pour le culti- vateur (les activits subsidiaires de la pche, de la chasse, de la cueillette, de la coupe des bois tant ouvertes l'un comme l'autre), leur sont d'un rendement suprieur, puisqu'ils pro- viennent non seulement de l'accrot, mais aussi du capital constitu par le btail reproducteur (1).

    Cependant l'expansion du capital du nomade est soumise, comme chez le sdentaire, une limitation biospatiale : en l'occurrence, la quantit maximum qu'une aire de nomadisation donne peut nourrir ; et une croissance supplmentaire ressortit, l aussi, au problme socio-politique des relations entre groupes humains voisins. Et finalement les diffrences dans l'objet de leur production entre pasteur nomade et agriculteur apparaissent superficielles dans une optique sociologique. Dans les deux cas, la production, la diffrence de celle des socits industrielles, est dpendante de l'cologie (spcification du cheptel, comme des rcoltes, selon la gomorphologie, les sols, le climat) (2), du rythme saisonnier, et elle tend l'autarcie - les foires (le plus souvent autour de lieux fixes religieux) et le commerce de col- portage permettant l'acquisition de crales et de th, ncessaires la dite quotidienne, ainsi que d'objets manufacturs, le plus

    (1) Rendements actuels moyens du cheptel mongol dans B. GungaadaS, Mongolija segodnja, priroda, Ijudi, xozjajstvo (La Mongolie

  • FRANOISE AUBIN

    souvent militaires ou somptuaires, accumuls par les classes dirigeantes (armes, bijoux, tissus et vtements de luxe, uvres d'art religieux et profane) (1).

    G) Parcours de nomadisaiion et matriel agricole Pour les historiens, ce mode particulier d'occupation de la

    terre qu'est le parcours de nomadisation doit tre mis en parallle avec la possession de la terre en rgion agricole. Il est vrai que, dans les contacts entre nomades et sdentaires, la destination des terres est une source constante de malentendus et de frictions. Ainsi, il est bien connu que les Chinois considrent que, dans leurs rgions marginales, les terrains de pacage des nomades sont des terres en friche, donc inutilises et destines tre ouvertes l'agriculture (2) ; au xnie sicle au contraire, les Mongols conqurants voulaient transformer en vastes pturages les zones cultives de la Chine du Nord (3). Mais, si la terre est un support matriel commun l'levage nomade et l'agri- culture, l'occupation d'un territoire par un groupe nomade et la possession de la terre par des sdentaires sont des notions irrductibles l'une l'autre, tant du point de vue juridique que du point de vue sociologique. En fait, le parcours de nomadi- sation repose partiellement sur une abstraction, car c'est une forme d'organisation spcifique du travail dans l'espace et dans le temps.

    (1) A propos du commerce - principalement aux mains des Chinois - dans la Mongolie prrvolutionnaire, consulter Charles R. Bawden, The modem history of Mongolia, New York, Frederick A. Praeger, 1968, pp. 94- 100. (2) Sur le problme de la colonisation chinoise en Mongolie intrieure, voir notre bibliographie : la Mongolie intrieure et les Mongols de Chine : lments de bibliographie, dans Etudes mongoles (Nanterre), cahier 3/1972,

    pp. 1-158 (en particulier pp. 92-107, n 1.7.1 1.7.47). {) un nt par exemple aans i inscription iuneraire ae le-nu icn ou-ls ai - un noble kitan sinis ralli de bonne heure aux gengiskhanides (sur son

    action civilisatrice parmi les conqurants, voir Igor de Rachewiltz, Yeh-l Ch'u-ts'ai (1189-1243) : Buddhist idealist and Confucian statesman, dans Arthur F. Wright et Denis Twitchett, Confucian personalities, Stanford University Press, 1962, pp. 189-216) - sous la date de 1229, le texte d'une requte prsente par des chefs mongols au Grand khan gdei, le fils et successeur de Gengis-khan : Quoique nous ayons conquis les Chinois, nous n'en avons rien tir. Il vaudrait bien mieux les anantir et laisser l'herbe et les arbres pousser foison [sur leurs terres] pour en faire des pturages (inscription funraire due Song Tseu-tcheng, cite dans le Yuan-wen-lei de Sou T'ien-tsio, d. Commercial ress, 1958, t. II, chap. 57, p. 832).

    Cf. aussi l'tude (en russe) de Nikolaj Munkuev, O dvux tendencijax v politike pervyx mongol'skix xanov v Kitae v pervoj polovine XIII v. (Deux tendances dans la politique des premiers khans mongols en Chine dans la premire moiti du xiii sicle), in Materialy p istorii i filologii CentraVnoj Azii (Matriaux pour Vhistoire et la philologie de VAsie centrale), t. 1, = Trudy BKNII, v. 8 ( Travaux de l'Institut de Recherche scientifique bouriate , 8), Ulan-Ude, 1962, pp. 49-67.

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  • ANTHROPOLOGIE DU NOMADISME

    II peut sembler paradoxal de vouloir rapprocher ce parcours, comme nous souhaitons le faire, du matriel agricole du culti- vateur, bien matriel qui fait l'objet, au mme titre que la terre, de droits privs ou collectifs de proprit et d'usage. Et l'on ne manquera pas de soulever que le nomade dispose, lui aussi, d'instruments de production similaires l'quipement du paysan ; d'une part, les btes de selle, de bt et de trait ncessaires la garde des troupeaux et aux dplacements, mais nous rtorque- rons que ces btes font dj partie du cheptel de base ; d'autre part, le petit matriel requis pour exploiter les produits du btail (soit ciseaux de tonte, paniers argal, outre koumis, etc.), nous rpondrons que celui-ci est secondaire, tout comme l'est le matriel de transformation des produits agricoles (tel que moule grains, pressoir, etc.).

    En fait, dans le systme du nomadisme, le parcours de noma- disation joue bien un rle sociologique similaire celui du matriel agricole en milieu sdentaire. De mme que la terre reste strile faute de semences et d'outils, aussi rudimentaires soient-ils (et l'on connat, ce propos, l'inefficacit des rformes foncires qui donnent aux paysans l'usage de la terre sans les moyens matriels de l'exploiter), de mme pour le nomade, un troupeau dtach d'une aire de pturage convenable est vou la dispa- rition. Ainsi, les transformations que l'unit sociale et les biens ont connues travers les sicles sont, en gnral, passes chez les nomades par des modifications de l'chelle des parcours de nomadisation (1) tout comme, chez les sdentaires, elles sont concomitantes des innovations technologiques. (La question de la filiation causale de ces changements sociaux, conomiques et technologiques tant un tout autre problme.)

    Toute la difficult de la comparaison rside dans la complexit du concept de parcours de nomadisation, sur lequel butent bien des spcialistes du nomadisme lorsqu'ils cherchent une mthode de classification des diffrents types de migrations nomades (2). Il est, en effet, caractris par trois lments principaux dont il ne faut omettre aucun. L'itinraire d'abord, lment bio-go- graphique qui est la rsultante de deux donnes naturelles, l'une

    (1) On peut trouver dans la littrature pique et historique l'cho de l'interdpendance inluctable entre l'tendue de l'aire de nomadisation et la taille du groupe humain et du troupeau qui lui est li. Cf. l'analyse que M. Xavier de Planhol a donne de l'pope turque ouz du Dede Korkut, en partant de ce point de vue : La signification gographique du livre de Dede Korkut, Journal Asiatique, CGLIV (1966)/2, pp. 225-244.

    {') Ainsi i etuae ae uougias l.. Johnson qui ne retient que i aspect topologique des migrations : The nature of nomadism. A comparative study of pastoral migrations in Southwestern Asia and Northern Africa, Chicago, 1969, 200 p. (University of Chicago, Department of Geography, Research Paper, 118).

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    topologique et l'autre botanique (relief et tapis vgtal), et qui frappe en premier l'observateur lorsque celui-ci dcrit les mouve- ments linaires, ellipsodaux ou circulaires d'une migration donne. (Car, est-il besoin de le rappeler, le nomadisme n'est pas, dans des conditions climatiques rgulires, une marche aveugle et dsordonne, mais la rptition d'un mouvement presque immuable d'anne en anne.) Le second lment prendre en considration dans l'analyse du parcours de nomadisation est son rythme saisonnier, soumis un double impratif temporel et climatique. La troisime constituante, enfin, est l'amplitude annuelle du mouvement, et c'est cet lment spatial qui est le plus sensible aux influences venues du milieu social, les agglom- rations nombreuses se dplaant sur de beaucoup plus longues distances que les groupes de quelques tentes.

    II. - Intrt du paralllisme

    Elevage nomade et agriculture sdentaire n'existent pas toujours en types aussi purs que les modles idaux envisags ci-dessus. Le paysan pratique souvent un levage d'appoint. Mais, mme dans le cas de la transhumance, il manque cette activit la caractristique prdominante du nomadisme, soit le dplacement du groupe humain dans sa totalit la suite du troupeau, de sorte que, sociologiquement, sa problmatique ne diffre gure de celle de l'agriculture.

    La culture des terres en milieu nomade n'est pas, non plus, un phnomne inconnu au cours de l'histoire. Mais elle apparat sous deux aspects dont la signification est pour nous toute dif- frente. Lorsque le nomade pratique une certaine forme d'agri- culture compatible avec ses migrations (1) la culture de la terre n'est pour lui qu'une activit subsidiaire, au mme titre que la chasse ou la pche. Tout autre est, dans l'optique adopte ici, sa conversion un mode de vie sdentaire, et c'est dans ce cas prcisment que l'apport mutuel de l'tude du nomadisme et de celle du monde rural sdentaire est le plus enrichissant.

    Lorsque la sdentarisation s'effectue dans un cadre de vie traditionnelle, en particulier lorsque les Mongols s'acculturent la civilisation chinoise en Mongolie intrieure, il est frappant alors de voir combien les comportements sociaux et les men- talits sont similaires, dans ces deux mondes prindustriels, et se renforcent mutuellement. Ainsi, en matire de droit de la

    (1) Cf. par exemple, l'tude de M. Andrs Rna-Tas, Some notes to the agriculture of the Mongols (titre secondaire : Some data on the agriculture of the Mongols), Opuscula Ethnologica Memoriae Ludovici Biro sacra, Budapest, 1959, pp. 443-469.

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  • ANTHROPOLOGIE DU NOMADISME

    famille, le clivage entre filiation patrilinaire et filiation utrine, la stricte hirarchie entre gnrations et, l'intrieur d'une gnration, entre classes d'ge, et par consquent l'obissance gnrale aux ans et l'assujettissement au chef de famille-agnat le plus g ; en matire d'idologie politique, l'ancienne croyance en un Ciel-dieu investissant d'un mandat sacr un souverain-Fils du Ciel ; en matire de rapports interindividuels, l'importance des rites sociaux et des rgles de politesse, le rle du prestige personnel et des ftes somptuaires, la rpugnance perdre la face , etc. Toutes ces notions qui sont sous-jacentes la vie des steppes, mais souvent assouplies - surtout en matire de droit familial - par les exigences du nomadisme, se retrouvent accentues chez les Mongols de Mongolie intrieure en voie de sinisation.

    La tendance elle-mme au raccourcissement des tapes jus- qu' la semi-sdentarisation (centre sur une demeure fixe d'hiver et une ou plusieurs migrations estivales) et la sdentarisation finale, apparat au sociologue essentiellement comme une modi- fication technologique du processus de production. Ce trait est tout fait net l'poque actuelle, alors que le pivotement des units de nomadisation - les sur' - autour de petits centres fixes (somon et centres de brigades) est le rsultat d'une poli- tique consciente de professionnalisation du mtier d'leveur et qu'elle s'intgre dans un processus gnral d'amlioration des techniques de l'levage. Les perfectionnements portent la fois sur le groupe humain par une nouvelle organisation du travail, sur le btail par une spcificit du troupeau, d'un effet compa- rable au regroupement des parcelles en grandes aires emblaves dans le monde rural ; et par le dveloppement des soins vt- rinaires, procd similaire l'amendement des terres en rgions d'agriculture. Et finalement, l'action sur le cadre bio-gographique des migrations nomades (entre autres par la multiplication des points d'eau, des enclos et des rserves de fourrage auprs des lieux fixes de sdentarisation) est une modification technologique de mme porte que l'introduction de la mcanisation dans l'agriculture.

    Quant la grande agriculture, elle exerce, incontestablement, en milieu nomade une influence sociologique comparable celle de l'industrialisation en pays agricole. Car en pays de tradition nomade, l'industrialisation n'est qu'une des voies ouvertes vers le modernisme : l'implantation de petites agglomrations caractre urbanisateur et d'une agriculture extensive en sont les autres voies. Ce phnomne est bien connu des spcialistes de la Mongolie contemporaine et il a t peru avec acuit, ds les dbuts, par les dirigeants de la jeune R.P.M., qui ont conu

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    les gosxoz ou fermes d'Etat (sangijn az axujn) comme de vri- tables laboratoires de modernisation (1).

    Cette dissociation de la notion de modernisation entre sden- tarisation et agriculturisation d'une part, et industrialisation d'autre part, qu'on trouve dans les pays tradition nomade, forme pour le spcialiste du monde rural une exprience privi- lgie qu'il ne doit pas ngliger. En revanche, les tudes de sociologie comparative du monde paysan et du monde industriel, faites pour les pays occidentaux, pourraient aider comprendre les problmes poss en Mongolie par la formation d'une menta- lit urbaine et ouvrire.

    C.N.R.S. et C.E.R.I., Paris.

    (1) Cf. nos remarques sur le rle urbanisateur du centre de somon, dans : Traditions et mutations. Sociologie actuelle de la Mongolie, Cahiers inter- nationaux de Sociologie, XL IX (1970), pp. 83-110 ; sur le rle modernisateur du sangijn ai axujn, dans : Spcificit culturelle et industrialisation en Mongolie, in Actes du VIIIe Colloque des Sociologues de langue franaise (Hammamet, 1971), paratre, Tunis, Centre d'Etudes et de Recherches conomiques et sociales ; sur l'utilisition de mcanismes traditionnels dans la formation d'une conscience professionnelle, dans : Ftes et commmorations en Rpublique populaire de Mongolie (Apport l'tude de la propagande ducative en pays socialiste), Revue franaise de Science politique, XXIII/1 (fvrier 1973), pp. 35-58.

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    Article Contentsp. 79p. 80p. 81p. 82p. 83p. 84p. 85p. 86p. 87p. 88p. 89p. 90

    Issue Table of ContentsCahiers Internationaux de Sociologie, NOUVELLE SRIE, Vol. 56 (Janvier-juin 1974), pp. 1-192Front MatterRencontre des disciplinesREMARQUES SUR LES FONDEMENTS PISTMOLOGIQUES DE L'ANTIPSYCHIATRIE [pp. 5-38]CRITIQUE ET PROLONGEMENT DE L'INTERPRTATION DES MUTATIONS SOCIO-HISTORIQUES DANS LE MATRIALISME HISTORIQUE [pp. 39-62]LA NOTION D'AINESSE ET SES PARADOXES CHEZ LES DORZ D'THIOPIE MRIDIONALE [pp. 63-78]ANTHROPOLOGIE DU NOMADISME [pp. 79-90]SUR L'OBJET DE L'ANTHROPOLOGIE [pp. 91-114]

    Max Weber: Sciences sociales et biologieMAX WEBER ET LES THORIES BIORACIALES DU XXe SICLE [pp. 115-126]

    RecherchesL'GALIT DANS LES COMMUNAUTS UTOPIQUES [pp. 127-138]FONCTION DES CLASSES D'AGE DANS LA SOCIT GLOBALE [pp. 139-157]LES NOTABLES ET LA TECHNOCRATIE [pp. 159-174]

    COMPTES RENDUSReview: untitled [pp. 175-177]Review: untitled [pp. 178-183]Review: untitled [pp. 183-186]Review: untitled [pp. 186-189]Review: untitled [pp. 189-190]

    LIVRES REUS [pp. 191-192]