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DIRECTION REGIONALE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS ET DE LA COHESION SOCIALE MEMOIRE REALISE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME D’ETAT DE MASSEUR-KINESITHERAPEUTE 2014 Stage temps plein MONTECOT Anaïs Comment concilier le réentrainement à l’effort et la fatigue chez un patient marathonien souffrant d’un syndrome de Guillain Barré.

Comment concilier le réentrainement à

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Page 1: Comment concilier le réentrainement à

DIRECTION REGIONALE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS ET DE LA

COHESION SOCIALE

MEMOIRE REALISE EN VUE DE L’OBTENTION DU

DIPLOME D’ETAT

DE

MASSEUR-KINESITHERAPEUTE

2014

Stage temps plein

MONTECOT Anaïs

Comment concilier le réentrainement à

l’effort et la fatigue chez un patient

marathonien souffrant d’un syndrome de

Guillain Barré.

Page 2: Comment concilier le réentrainement à

RESUME

M.H est un patient marathonien de 45 ans, qui a développé un syndrome de

Guillain Barré à la suite d’un épisode de diarrhées et de fièvre survenu lors d’un voyage

au Maroc.

Notre prise en charge débute à J64 du diagnostic, M.H se trouve alors dans la phase

de récupération de sa pathologie. Il présente alors à ce moment une diminution de la force

musculaire de son membre inférieur droit, notamment au niveau distal (pied ballant), ainsi

que des hypoextensibilités au niveau des membres inférieurs. La marche est possible avec

l’aide de deux cannes anglaises et d’un releveur dynamique, mais l’attaque du pied par le

talon n’est pas réalisée à droite, et nous observons une flexion antérieure du tronc pour

compenser le pas postérieur droit qui est limité. Nous soulignons aussi un manque

d’endurance et une fatigue très présente aux membres supérieurs et inférieurs, mais le

patient n’en tient pas compte et cherche toujours à en faire plus.

Au bilan diagnostic masso-kinésithérapique, nous en déduisons alors que ces

différents déficits entrainent un déconditionnement à l’effort et donc des restrictions

d’activités pour M. H, notamment le marathon ou le travail, ou encore s’occuper de sa fille.

La fatigue est un des symptômes les plus présents et les plus invalidants chez 80%

des personnes atteintes d’un syndrome de Guillain Barré. Il est donc essentiel de prendre

en compte ce facteur fatigue lors de la rééducation et du réentrainement à l’effort de ces

patients. Au cours de ce mémoire, nous allons donc nous demander comment nous

pouvons concilier le réentrainement à l’effort et la fatigue lors de la rééducation de M.H.

Mots clés Keywords

Syndrome de Guillain Barré Guillain Barré syndrom

Phase de récupération Recovery phase

Déconditionnement Deconditioning

Fatigue Fatigue

Réentrainement à l’effort Reentrainment effort

Page 3: Comment concilier le réentrainement à

Sommaire A. Introduction ................................................................................................................................ 1

B. Recueil de données ..................................................................................................................... 5

1. Mode de vie ............................................................................................................................ 5

2. Histoire de la maladie ............................................................................................................. 5

C. Bilan initial à J64 du diagnostic ................................................................................................. 6

1. Dossier et interrogatoire du patient ........................................................................................ 6

2. Bilan de la douleur : des douleurs à type de « tiraillement » lors du mouvement .................. 6

3. Bilan cutané trophique et circulatoire : une amyotrophie générale du membre inférieur droit

et de nombreuses hypoextensibilités .............................................................................................. 7

4. Bilan articulaire : une flexion dorsale de talo-crurale droite limitée ...................................... 8

5. Bilan musculaire moteur : l’extrémité distale du membre inférieur droit cotée à 1 au Testing

8

6. Bilan sensitif : pas de troubles spécifiques ............................................................................. 9

7. Bilan respiratoire, de la déglutition et des dysautonomies ..................................................... 9

8. Bilan fonctionnel : une marche possible grâce à des compensations ..................................... 9

9. Profil psychologique : un patient très motivé ....................................................................... 11

D. Bilan Diagnostic Masso-Kinésithérapique ............................................................................... 11

E. Objectifs ................................................................................................................................... 12

1. De rééducation...................................................................................................................... 12

2. Du patient ............................................................................................................................. 12

F. Principes ................................................................................................................................... 13

G. Bilan final à J91 du diagnostic ................................................................................................. 13

H. Rééducation .............................................................................................................................. 14

1. Entretien général, prévention des raideurs ........................................................................... 14

2. Travail musculaire global grâce aux chaînes musculaires ................................................... 15

3. Travail musculaire analytique des muscles les plus déficitaires .......................................... 18

4. Travail musculaire en charge, travail de l’équilibre et de la proprioception ........................ 19

5. Travail de la marche ............................................................................................................. 20

I. Discussion ................................................................................................................................ 21

J. Conclusion ................................................................................................................................ 29

Page 4: Comment concilier le réentrainement à

1

A. Introduction

Le syndrome de Guillain Barré (SGB) est une atteinte du système nerveux

périphérique. Il fut défini pour la première fois en 1916 par trois médecins, Georges

Guillain, Jean Alexandre Barré et André Strohl. Ils montrèrent alors l’anomalie

caractéristique d’une augmentation des protéines dans le liquide céphalo-rachidien avec

une numérisation normale des cellules.

Le SGB est une polyradiculonévrite inflammatoire aigue ou polyradiculonévrite

aigue post-infectieuse qui survient souvent à la suite d’une infection. Il s’agit d’une atteinte

diffuse de l’ensemble des nerfs et des racines nerveuses. Il se caractérise souvent par un

déficit musculaire voire une paralysie progressive, débutant le plus souvent par les

membres inférieurs et pouvant remonter jusqu’aux muscles de la respiration et ceux du cou

et de la tête. [1]

La fréquence de ce syndrome est de 1,3 à 1,9 sur 100 000 personnes, en Europe. Il

touche les deux sexes, mais est plus fréquent chez les hommes que chez les femmes. On

observe deux pics d’incidence, le premier à la fin de l’adolescence ou chez le jeune adulte,

et un deuxième, plus tardivement, vers la cinquantaine. [2]

Il s’agit d’une maladie auto-immune qui touche les racines rachidienne issues de la

moelle épinière et/ou les nerfs crâniens issus du tronc cérébral. Cette pathologie entraine

une démyélinisation des axones constituants ces structures nerveuses. Cette

démyélinisation entraine un ralentissement de la transmission du signal nerveux. Ce

ralentissement peut aller jusqu’au blocage de l’influx nerveux, entrainant alors la paralysie

des muscles innervés par la racine concernée [3].

Cette atteinte peut être motrice mais peut aussi concerner les différentes

sensibilités, superficielle et profonde. Certains SGB n’entrainent que des déficits moteurs

(pouvant aller de la parésie à la paralysie totale du corps) alors que d’autres peuvent allier

déficits moteurs et déficits sensitifs.

L’étiologie de cette pathologie est encore inconnue mais on soupçonne la cause de

la démyélinisation comme étant d’origine auto-immune suite à une infection, l’organisme

se met alors à produire des auto-anticorps, des macrophages et des lymphocytes qui

altèrent et détruisent la myéline, car il existerait un certain « mimétisme moléculaire» entre

Page 5: Comment concilier le réentrainement à

2

les antigènes apparus lors de l’infection et les composants de la myéline [2]. L’origine de

cette réaction n’est encore pas bien définie, mais une infection pourrait engendrer ce

dérèglement anormal du système immunitaire. En effet, environ deux tiers des personnes

atteintes de ce syndrome ont contracté une infection virale ou bactérienne dans les jours ou

semaines précédant le diagnostic [1]. Les cytomégalovirus et le virus d’Epstein Barr sont

souvent mis en cause, ainsi que la bactérie Campylobacter pilori. Certains médicaments

pourraient aussi être la cause de cette réaction, notamment le DANAZOL® ou encore le

CAPTOPRIL®. La question de la mise en cause aussi de certains vaccins est posée, mais

pour le moment aucune étude n’a permis de prouver leur incrimination.

Les symptômes de cette pathologie sont très variables d’un patient à l’autre, ainsi

que leur sévérité : certains peuvent se limiter à ceux de l’infection virale (diarrhée,

céphalées, douleurs gastriques, intestinales…) voire peuvent passer complétement

inaperçus.

Le SGB évolue en trois phases : une phase d’extension (ou d’installation), une

phase de plateau et enfin une phase de récupération (ou de régression du syndrome),

précédées d’une phase prodromique correspondant à l’infection [1,4]. Chaque phase est

variable d’un individu à l’autre.

- La phase d’extension

Cette phase dure quelques jours à quelques semaines, en moyenne 12 jours. Elle débute par

des paresthésies en distal, au niveau des extrémités, puis apparaissent des parésies et des

paralysies des muscles en symétrique et allant du distal au proximal, des membres

inférieurs, puis pouvant remonter au niveau du tronc, des membres supérieurs et au niveau

de la face. De plus ces paralysies peuvent engendrer le pronostic vital du patient,

notamment en touchant les muscles respiratoires (diaphragme) et obligeant alors

rapidement une ventilation assistée.

- La phase de plateau

Cette phase peut durer de quelques jours à quelques semaines, voire quelques mois. Elle

est en place lorsque les paralysies et déficits sensoriels sont maximaux. Lors de cette phase

nous pouvons voir apparaitre des troubles du décubitus, notamment la formation de caillot

entrainant des phlébites et voire des embolies pulmonaires, ou encore l’apparition

d’escarres (sacrés, talonniers) dus aux hyper appuis.

Page 6: Comment concilier le réentrainement à

3

Des troubles du système nerveux autonome peuvent aussi être présents, comme de

l’hypertension artérielle, des troubles de la fréquence cardiaque, de la sudation…

La durée de cette phase est déterminante dans le pronostic fonctionnel, ainsi que de

l’importance des déficits moteurs.

- La phase de récupération

Cette phase dure en général entre 6 mois et un an, elle débute lorsque les premiers signes

de régression des paralysies et des hypoesthésies.

En principe, les symptômes régressent totalement (environ 85% des cas) car la myéline se

reconstruit peu à peu et retrouve son état initial.

Environ 10% des cas gardent des séquelles du syndrome. En effet, il peut arriver que, dans

certains cas, la fibre nerveuse, en plus de la myéline, soit endommagée et ce de façon

irréversible. Cela engendre alors comme conséquence la persistance de fourmillements,

d’une faiblesse musculaire, une diminution de la sensibilité superficielle, notamment

tactile, au niveau des extrémités en général.

Dans de rares cas, le patient peut décéder suite à des complications respiratoires,

cardiaques, circulatoires (infections, caillots, embolies pulmonaires…). On peut aussi

observer des cas de rechute, mais c’est assez rare (environ 5%) [1].

En général, l’évolution est donc favorable, notamment si le plateau est de courte

durée et si le patient est jeune.

Le diagnostic est prononcé à la suite de deux examens principaux [5]:

l’électromyogramme (EMG) et la ponction lombaire.

Il existe alors des traitements spécifiques, qui doivent être précoce (au mieux dans

les deux semaines suivant les premiers prodromes). Il s’agit alors de traitements purement

médicaux [6].

Il existe aussi des traitements symptomatiques, notamment des médicaments contre

les douleurs, ou encore des anticoagulants pour éviter les troubles thromboemboliques liés

à la position de décubitus prolongée.

De plus, une prise en charge pluridisciplinaire est nécessaire. Cette rééducation est

indispensable pour un patient atteint d’un SGB, afin d’optimiser au mieux la récupération

mais aussi pour lui permettre d’exploiter au mieux ses capacités afin qu’il retrouve une

autonomie.

Page 7: Comment concilier le réentrainement à

4

Ce symptôme est aussi à l’origine de l’apparition d’une sensation de fatigue, qui est

ressentie comme l’un des trois symptômes les plus invalidants de cette pathologie chez

plus de 80% des patients souffrants de cette affection [7].

A chaque phase de la rééducation, les objectifs sont revus afin de permettre la prise

en charge la plus adaptée aux progrès du patient mais aussi à ses projets,

La prise en charge lors de la première phase cible essentiellement des objectifs à court

terme, notamment au point de vue respiratoire avec le désencombrement bronchique et la

prévention contre l’apparition d’un syndrome restrictif. Les mobilisations passives et

actives-aidées (en fonction des capacités du patient) sont aussi essentielles afin de prévenir

les rétractions musculaires et d’entretenir les amplitudes articulaires.

Puis dans les phases suivantes, la prise en charge kinésithérapique a pour objectif principal,

à plus long terme, d’exploiter au mieux les capacités motrices du patient afin de lui rendre

la meilleure autonomie possible. De plus cette pathologie ayant un long délai de

récupération, le soutien psychologique, lors de cette prise en charge, est alors très

important.

M. H présente un syndrome de Guillain Barré depuis 64 jours, il se trouve

aujourd’hui dans la phase de récupération. Les deux premières phases ont été très courtes

pour ce patient : la phase d’installation n’a duré qu’une dizaine de jours, elle s’est terminée

par 48h d’aggravation où les défauts moteurs et sensitifs étaient les plus importants. Il est

alors entré dans la phase de plateau, qui fut alors très brève car M. H a vu une amélioration

de son état et une régression de ses troubles moteurs et sensitifs dans la semaine qui a suivi

le début de cette phase. Il est alors rentré dans la phase de récupération.

Le fait que les deux premières phases furent plus courtes que les durées généralement

observées lors de cette pathologie, est un facteur de bon pronostic pour l’évolution de la

maladie [8, 9].

Rapidement, une récupération asymétrique a été observée. En effet, en l’espace de

quelques semaines M. H a récupéré une motricité au niveau de ses deux membres

supérieurs (sauf au niveau de l’index gauche), ainsi qu’au niveau du membre inférieur

gauche. Par contre, au niveau du membre inférieur droit, la récupération fut beaucoup

moins rapide et moins importante, nous avons pu seulement noter une légère amélioration

au niveau proximal (fléchisseurs de hanche, rotateurs latéraux de hanche, quadriceps) mais

cette amélioration n’est pas équilibrée entre agonistes et antagonistes, les ratios ne sont

Page 8: Comment concilier le réentrainement à

5

donc pas normaux. De plus, en distal, aucune récupération motrice n’est observée, le pied

droit reste paralysé.

M. H est un marathonien très expérimenté, il est très habitué à faire du sport et aux

entrainements réguliers. Il est donc très demandeur en rééducation, et veut toujours en faire

plus, veut toujours être occupé car il a la sensation que s’il ne travaille pas, il ne va pas

récupérer correctement. Il a tendance à comparer ses séances de rééducation à ses

entrainements pour le marathon. Or, dans les pathologies neurologiques périphériques, la

fatigue a une place importante dans la récupération et peut entrainer des conséquences sur

cette dernière. Il ne faut alors pas la négliger et la prendre en compte lors de la rééducation.

Nous pouvons donc nous demander comment nous allons pouvoir concilier le

réentrainement à l’effort et la fatigue de M.H pour lui permettre une récupération efficace

et adapter à ses besoins.

B. Recueil de données

1. Mode de vie

M. H est un patient de 45 ans, ingénieur dans l’informatique, marié et père d’une

enfant de 8 ans, vivant avec sa famille dans une maison à étage (avec des escaliers) sur rez-

de-chaussée et sous-sol. Il est originaire des Pays-Bas et est installé en France depuis 19

ans.

C’est un homme dynamique et très sportif, il fait partie d’un club de course et

pratique très régulièrement le marathon.

Taille : 1.90m, Poids : 75 Kg, Indice de masse corporel : 20,8 (norme comprise entre 18,5

et 24,9).

2. Histoire de la maladie

Le 21 janvier 2013, le patient éprouve des difficultés pour marcher. Il consulte alors

son médecin traitant, le 22 janvier 2013. Il est alors adressé à un neurologue pour un

électromyogramme pratiqué le 24 janvier 2013, qui révèle un tracé neurogène sur

l’ensemble des muscles explorés avec diminution des vitesses de conduction nerveuses

motrices des nerfs fibulaire commun et tibial droit, allongement des latences distales du

nerf fibulaire commun à droite et à gauche. Cet examen est donc en faveur d’une

Page 9: Comment concilier le réentrainement à

6

neuropathie démyélinisante qui a motivé son hospitalisation aux urgences puis dans le

service de neurologie.

Le diagnostic du syndrome de Guillain Barré est posé et confirmé par la ponction

lombaire qui retrouve moins de 1GB/mm3 et moins de 3,2 GB/mm3, avec une culture

négative, une protéinorachie à 0,44g/L et une glycorachie à 3,25 mmol/L. L’index

d’immunoglobuline G est normal.

Ce syndrome de Guillain Barré est précédé d’un épisode de diarrhée avec fièvre survenu au

cours d’un voyage au Maroc et traité de manière symptomatique, le 13 janvier 2013.

Les troubles ayant un impact sur l’autonomie de déambulation, une cure par

immunoglobuline IV a été effectuée pendant 5 jours.

Après une phase d’aggravation de 48h, l’état du patient s’est stabilisé puis a

commencé à s’améliorer.

Les douleurs neurologiques des membres ont été traitées par LYRICA® et DAFALGAN

CODEINE®.

Initialement, le patient présentait un déficit moteur proximal des quatre membres et

distal sur les releveurs du pied droit, un déficit de l’opposition du pouce à l’index à la main

gauche, une discrète paralysie faciale inférieure gauche, une ataxie des deux membres

inférieurs ainsi qu’une abolition des réflexes tendineux aux membres inférieurs

Le patient est hospitalisé le 25 février 2013 au centre de rééducation et sa

rééducation kinésithérapique débute le 26 février 2013. Notre prise en charge débute à

partir du 28 mars 2013, c’est-à-dire à J64 du diagnostic du SGB.

C. Bilan initial à J64 du diagnostic

1. Dossier et interrogatoire du patient

Le patient présente des antécédents chirurgicaux : amydalectomie, et ectopie

testiculaire opérée. En 1982, fracture de la clavicule droite qui a été traitée

orthopédiquement.

2. Bilan de la douleur : des douleurs à type de « tiraillement » lors du

mouvement

Page 10: Comment concilier le réentrainement à

7

Pas de douleurs nocturnes. Aucune douleur spontanée n’est exprimée. Cependant,

le patient se plaint de douleur lors du mouvement et du travail musculaire à type de

« tiraillement », « tension » cotées à 30/100 selon l’échelle visuelle analogique (EVA),

sachant que la cotation 0 représente « aucune douleur » et la cotation 100 représente « la

pire douleur possible ».

Ces douleurs se situent au membre inférieur droit, au niveau des tendons distaux du

semi-tendineux et du semi-membraneux, au niveau du trajet du long fléchisseur de l’hallux

(en profondeur dans le mollet), et au niveau du tendon du long fléchisseur de l’hallux sous

la plante.

Au niveau du membre inférieur gauche, on retrouve aussi le même type de douleur

au niveau du tendon du long fléchisseur de l’hallux sous la plante. Le patient décrit une

douleur à type de « tension » au niveau du corps charnu du droit fémoral.

Au niveau des membres supérieurs, on retrouve une douleur à type de « tension »,

« tiraillement » au niveau des insertions proximales des épicondyliens médiaux et latéraux,

sur le trajet de l’extenseur et fléchisseur ulnaire du carpe.

Ces douleurs s’expriment notamment lorsque les muscles se trouvent en course

externe.

3. Bilan cutané trophique et circulatoire : une amyotrophie générale du

membre inférieur droit et de nombreuses hypoextensibilités

Une amyotrophie générale du membre inférieur droit est observée.

Tableau I : Prises périmétriques des deux membres inférieurs (en centimètre)

Mesures (le 0 se situe

à la base de la

patella)

Droit Gauche Différentiel

centimétrique à droite

0 37,2 37,7 -0,5

5 37,5 38 -0,5

10 40,9 41,3 -0,4

20 46 48 -2

-10 37 37,5 -0,5

Malléolaire 32 32 0

Page 11: Comment concilier le réentrainement à

8

Aucun trouble cutané n’est mis en évidence. Au niveau circulatoire, on remarque

que le pied droit est souvent plus froid et plus cyanosé que le pied gauche. Cependant ce

trouble circulatoire n’engendre pas de gênes pour la rééducation.

Une hypoextensibilité des droits fémoraux est retrouvée. Mesure de la flexion de

genou en décubitus ventral, hanche tendue : à droite nous trouvons 105° et à gauche 110°.

Nous retrouvons aussi une hypoextensibilité générale du plan postérieur des

membres inférieurs et notamment du membre inférieur droit.

M. H a une hypoextensibilité bilatérale des ischiojambiers, celle-ci est mesurée par

l’angle entre la verticale et le segment jambier lorsque M. H est en décubitus dorsal et que

sa hanche est en flexion. Nous trouvons alors à droite 50° et à gauche 20°.

Il existe aussi une légère hypoextensibilité des deux ilio-psoas, lors de la flexion

passive de la hanche en décubitus, le membre inférieur se soulève d’un centimètre au-

dessus de la table.

Nous retrouvons aussi une hypoextensibilité des triceps suraux, ce qui limite en

passif la flexion dorsale de talo-crurale à 0°.

4. Bilan articulaire : une flexion dorsale de talo-crurale droite limitée

En passif, les amplitudes des différentes articulations, que ce soit au niveau des

membres supérieurs et inférieurs sont fonctionnelles, sauf au niveau de la flexion dorsale

de talo-crurale droite qui est limitée à 0°. (ANNEXE 1 : Tableau II)

5. Bilan musculaire moteur : l’extrémité distale du membre inférieur droit

cotée à 1 au Testing

D’après le testing [10, 11], la force musculaire de l’ensemble des muscles a été

évaluée.

Nous pouvons alors relever que pour le membre inférieur droit nous observons une

atteinte générale : les muscles de la hanche sont cotés à 2/3 alors qu’au niveau du pied, les

muscles sont cotés à 1.

Pour le membre inférieur gauche, nous pouvons remarquer que l’atteinte de la force

musculaire est située en proximale : de manière générale, les muscles de la hanche sont

cotés à 3/3+ alors que les muscles du reste du membre sont cotés à 4/5 (ANNEXE 2 :

Tableau III).

Page 12: Comment concilier le réentrainement à

9

Pour les membres supérieurs, l’ensemble de la musculature est coté à 4/5, seuls les

muscles de l’index gauche (extenseur et fléchisseur) sont cotés à 3 (ANNEXE 3 : Tableau

IV).

Nous notons aussi une diminution de l’endurance, et une fatigue neuro-musculaire

présente que ce soit au niveau des membres supérieurs ou au niveau des membres

inférieurs.

6. Bilan sensitif : pas de troubles spécifiques

Pour la sensibilité superficielle aux membres supérieurs et inférieurs, nous avons

testé la sensibilité algique : il n’y a pas de troubles, M. H ressent correctement les

« piques » à différents endroits du corps. Puis la sensibilité thermique : il n’y a pas de

troubles, M. H différencie le chaud (supérieur à 40°) du froid (inférieur à 5-15°). Et enfin

la sensibilité tactile : les sensibilités épicritique et protopathique sont acquises, M. H

différencie le toucher avec du coton (tact protopathique) du toucher avec la pointe d’un

trombone (tact épicritique).

Pour la sensibilité profonde : il n’y a pas de troubles de statesthésie, le test de la

sensibilité profonde de l’hallux est réalisé correctement en bilatéral. Il n’y a aucun trouble

kinesthésique n’est relevé, M.H ressent immédiatement le déplacement passif d’une de ses

articulations, les yeux fermés. La sensibilité pallesthésique et baresthésique n’ont pas été

testées.

L’atteinte de M. H est donc strictement motrice.

7. Bilan respiratoire, de la déglutition et des dysautonomies

Aucun trouble n’est à signaler.

8. Bilan fonctionnel : une marche possible grâce à des compensations

Le patient porte un releveur dynamique au niveau du membre inférieur droit, afin

d’éviter la chute en flexion plantaire du pied droit lors de la marche et des transferts. La

répartition du poids du corps se fait avec un appui de 50 Kg à gauche et 25 Kg à droite.

- Equilibre

L’équilibre bipodal est acquis.

Page 13: Comment concilier le réentrainement à

10

L’équilibre unipodal est tenu à gauche 6 secondes mais n’est pas tenu à droite,

cependant M. H transfère correctement son poids du corps à droite.

- Séquence de redressement

Les retournements sont possibles, ainsi que le passage d’allongé à genoux puis à

genoux dressés. Par contre le passage de genoux dressés à chevalier servant (avec appui

sur la jambe gauche) est difficile, ainsi que le passage de chevalier servant à debout

lorsqu’il n’y a pas d’appuis extérieur.

- Transferts

Les transferts sont tous réalisés de manière correcte par le patient, sans aucune aide.

- Marche

M. H se déplace grâce à deux cannes anglaises, et un releveur dynamique à droite

[12].

Lors d’un test de marche sur 15 mètres, effectué sans releveur et avec les deux

cannes anglaises, nous relevons :

un déroulement du pas incomplet du fait d’un steppage à droite (notamment dû au

manque de releveurs)

une bascule antérieure du tronc lors du pas postérieur droit pour compenser le

manque de force du grand fessier droit

un appui unipodal impossible à droite sans la présence des cannes anglaises et donc

la compensation par les membres supérieurs

un pied droit en permanence en rotation latérale (dû à une insuffisance de force des

rotateurs médiaux de hanche)

Cependant la flexion de hanche et la force musculaire des fléchisseurs de hanche

permettent le passage du pas lors de la phase oscillante.

De plus le périmètre de marche avec les deux cannes anglaises est illimité. M.H est

capable de contourner des obstacles sans perdre l’équilibre, ainsi que d’accélérer et freiner

le pas lors de la marche sur une courte distance.

- Escaliers

M. H descend et monte les escaliers en asymétrique à l’aide d’une rampe à droite

(la rampe de son domicile étant à droite), en montant d’abord la jambe gauche et en

descendant d’abord la jambe droite.

- Préhension

Page 14: Comment concilier le réentrainement à

11

M. H a une préhension fine, normale. Il peut réaliser toutes les pinces (pulpo-pulpo,

pulpo-latérale, pulpo-palmaire…).

9. Profil psychologique : un patient très motivé

M. H est très motivé pour la rééducation, il veut retrouver au plus vite « sa vie

d’avant ». C’est un patient très demandeur et veut toujours être en activité, il veut toujours

en faire plus. Mais c’est aussi un patient qui a du mal à comprendre les limites qu’entraine

sa pathologie, notamment la fatigue neuro-musculaire.

D. Bilan Diagnostic Masso-Kinésithérapique

M. H est un homme de 45 ans à J64 du diagnostic d’un SGB.

Ce diagnostic entraine des conséquences au niveau des fonctions de l’appareil

locomoteur, ainsi qu’au niveau des fonctions et des structures liées au mouvement.

Notamment nous pouvons relever une diminution de la force musculaire de son membre

inférieur droit, et particulièrement en distal (le pied droit est ballant), ainsi qu’une

diminution de la force de l’index gauche, des hypoextensibilités au niveau des membres

inférieurs (droit fémoral, plan postérieur). La marche est possible avec l’aide de deux

cannes anglaises et d’un releveur dynamique, mais l’attaque du pied par le talon n’est pas

réalisée à droite, et on observe une flexion antérieure du tronc pour compenser le pas

postérieur droit qui est limité. De plus, l’équilibre bipodal est stable avec un appui

prédominant à gauche, l’équilibre unipodal est tenu à gauche mais est instable à droite.

Nous soulignons aussi un manque d’endurance et une fatigue neuro-musculaire très

présente aux membres supérieurs et inférieurs, mais le patient n’en tient pas compte et

cherche toujours à en faire plus.

Ces différents déficits entrainent chez ce patient des limitations d’activités : il ne

peut pas se déplacer sans aides techniques, ou encore effectuer des efforts pendant une

durée plus ou moins prolongée.

Ces incapacités fonctionnelles entrainent des restrictions aussi bien dans sa vie

professionnelle que dans sa vie sociale, ainsi que dans ses loisirs et sports. En effet, M. H

est en arrêt maladie depuis le diagnostic de sa maladie et ne peut donc plus pratiquer son

métier d’informaticien. Il a dû arrêter la pratique du marathon. Chez lui, il participe très

Page 15: Comment concilier le réentrainement à

12

peu aux tâches ménagères, à l’entretien du jardin, du fait d’une très grande fatigue, mais

aussi M. H ne peut plus autant s’occuper de sa fille. (fig. 1)

Le projet du patient est de récupérer le plus rapidement possible le déficit moteur

restant afin de pouvoir reprendre le travail mais surtout pouvoir reprendre la pratique du

marathon. M. H a pour objectif de recourir un marathon d’ici un an et demi. Il veut aussi

pouvoir retrouver rapidement la vie de famille qu’il avait auparavant.

En général, le SGB est une pathologie qui a une évolution favorable, au vu de la

courte durée des deux premières périodes de la pathologie, chez M. H, nous pouvons

espérer un bon pronostic de récupération de son déficit moteur [8,9]. Mais il est tout à fait

possible que certaines séquelles persistent, notamment au niveau du pied droit. En général,

il faut attendre un an après la déclaration de la maladie, pour pouvoir parler de troubles

définitifs.

E. Objectifs

1. De rééducation

- Renforcement musculaire analytique et global de tout le corps afin de prévenir les

déséquilibres provoqués par la prévalence de certains groupes musculaires sur leurs

antagonistes, notamment au niveau de l’extrémité distale du membre inférieur droit.

- Diminution des hypoextensibilités musculaires notamment des droits fémoraux, des

ischiojambiers et des triceps.

- Travail des muscles non innervés et des muscles atrophiés par manque d’utilisation,

surtout au niveau du membre inférieur droit, pour retrouver une trophicité et une

contractilité comparable au côté opposé.

- Amélioration de l’équilibre unipodal (statique et dynamique).

- Travail de la marche afin de retrouver une déambulation physiologique et

fonctionnelle, sans compensations, notamment lors du passage du pas postérieur.

- Réentrainement à l’effort avec entretient de la fonction cardiaque afin de retrouver

une capacité cardio-pulmonaire comparable à celle avant la déclaration de la

pathologie.

- Accompagnement du patient tout au long de cette rééducation.

2. Du patient

Page 16: Comment concilier le réentrainement à

13

M.H souhaite pouvoir retrouver ses capacités antérieures afin de pouvoir reprendre

son métier d’informaticien, s’occuper de sa fille, afin de reprendre la pratique du marathon,

et pouvoir aussi participer aux tâches de la maison.

F. Principes

- Respect de la fatigabilité du patient (notamment la fatigabilité neuro-musculaire, la

fatigue générale et la fatigue psychologique)

- Respect du seuil de la douleur

- Respect des amplitudes articulaires physiologiques

- Respect de l’équilibre agoniste/antagoniste

- Rééducation variée et adaptée aux attentes du patient

- Progression des exercices : augmentation des résistances en fonction des capacités

du patient.

- Exploitation de toutes les capacités motrices et fonctionnelles du patient

G. Bilan final à J91 du diagnostic

Synthèse des progrès :

D’un point de vue algique, seules les douleurs au niveau du tendon du long

fléchisseur de l’hallux sous la plante persistent des deux côtés, elles sont toujours cotées à

30/100 à l’EVA.

La répartition du poids est équilibrée, on retrouve 35 Kg de chaque côté.

Au bilan articulaire, la flexion dorsale droite de la talo-crurale est de 5°.

Au bilan musculaire, on observe une régression des hypoextensibilités notamment

au niveau des triceps suraux et des plans postérieurs des membres inférieurs, ainsi qu’au

niveau des ilio-psoas et des droits fémoraux.

Au niveau de la force musculaire :

- Pour le membre supérieur gauche, on observe une amélioration de la force

musculaire de l’index gauche (extenseur et fléchisseur) cotée à 4.

Page 17: Comment concilier le réentrainement à

14

- Pour le membre supérieur droit, la force globale est de 4/5.

- Pour le membre inférieur gauche, le moyen fessier est passé de 3+ à 4. Le

reste de la musculature n’a pas évolué.

- Pour le membre inférieur droit, on observe une légère progression en

proximal. Le moyen fessier est passé de 2 à 2+, le petit fessier et le grand fessier de 2 à 3.

En distal, on observe aucune évolution.

Au bilan fonctionnel, le périmètre de marche est augmenté (environ 2 km), M. H

peut marcher 30 min sans faire de pause, mais il marche toujours avec deux cannes

anglaises et un releveur dynamique. Le transfert du poids du corps est acquis, donc

l’équilibre unipodal est mieux tenu, M. H tient 4s, mais ce n’est pas encore suffisant.

H. Rééducation

M. H est pris en charge en hôpital de jour en service de soins de suite et de

réadaptation, 3 fois par semaine. Les séances ont, en principe, une durée d’une heure

chacune, mais M. H est très demandeur et donc en général elles durent entre deux à trois

heures chacune.

Notre projet est la récupération neuro-musculaire, le travail de l’endurance de notre

patient, ainsi que la mise en place d’un réentrainement à l’effort, pour permettre à M. H de

pouvoir reprendre son travail mais aussi ses loisirs et sa vie de famille d’avant.

M. H est fatigable, les efforts physiques sont coûteux en énergie, ainsi que la

concentration nécessaire à bien visualiser le schéma moteur (notamment pour visualiser la

contraction des différents muscles du pied droit). Afin que la rééducation soit la mieux

réalisée possible, nous surveillons ses signes de fatigues et adaptons notre prise en charge.

1. Entretien général, prévention des raideurs

Avant chaque début de séance, nous procédons à un interrogatoire afin de

déterminer les zones douloureuses, mais aussi pour savoir si M. H a rencontré des

difficultés dans sa vie quotidienne.

Puis nous débutons la séance par un massage stimulant afin de réveiller et de

préparer la musculature pour les différents exercices à venir. Nous utilisons des

Page 18: Comment concilier le réentrainement à

15

manœuvres à type d’effleurages rapides, de pressions glissées, de pétrissages au niveau des

parties molles.

Puis nous commençons par un entretien articulaire global des membres inférieurs,

grâce à des mobilisations passives notamment en triple flexion et triple extension, grâce à

des mouvements de circumduction de la hanche, des mobilisations en abduction, adduction

et rotation latérale et médiale de la hanche. Nous procédons aussi à des mobilisations en

flexion et extension de genou.

Nous nous intéressons particulièrement au pied droit, afin de limiter les

hypoextensibilités pour garder des amplitudes fonctionnelles. Nous insistons sur la flexion

dorsale de talo-crurale droite grâce à des mobilisations passives répétitives ainsi qu’à des

postures douces en fin d’amplitude.

Nous utilisons aussi des mobilisations spécifiques des différentes articulations du

pied (tibio-fibulaire supérieure et inférieure, subtalaire, transverse du tarse, métacarpo-

phalangienne). Ces différentes mobilisations permettent l’entretien des amplitudes

articulaires mais sont aussi une aide au gain d’amplitude, par exemple une meilleure

mobilité de la tibio-fibulaire inférieure et supérieure aide à faciliter la flexion dorsale de

talo-crurale [13].

Pour terminer cette partie d’entretien global et de lutte contre les rétractions, nous

procédons à des étirements. Afin d’étirer toute la chaine postérieure des membres

inférieurs, et notamment le triceps sural, le patient se trouve en décubitus dorsal, hanche

controlatéral à 0° d’extension, et nous fléchissons doucement la hanche homolatérale,

genou tendu, afin d’étirer au mieux le triceps sural, nous rajoutons un mouvement de

flexion dorsale de cheville. De plus, nous pouvons ajouter une composante de flexion de

l’hallux pour étirer l’aponévrose plantaire.

Nous procédons aussi à des étirements des deux droits fémoraux ainsi que des ilio-

psoas.

2. Travail musculaire global grâce aux chaînes musculaires

Un muscle ne travaille jamais seul, il fait partie d’une chaîne musculaire. Il existe

des chaînes musculaires ouvertes, semi-ouvertes et fermées. Elles peuvent être séries ou

parallèles [14].

Chez M. H on observe un déficit musculaire du membre inférieur droit, notamment

au niveau des muscles du pied. L’ensemble de ces muscles sont cotés à 1 au Testing. La

Page 19: Comment concilier le réentrainement à

16

contraction statique volontaire d’un muscle gâchette permet, grâce au déplacement

d’énergie tout au long du segment jambier, la contraction statique non-volontaire d’un

muscle cible (notamment ici les muscles du pied). Cela permet donc de solliciter la

contraction des muscles déficitaires [15].

Pour ce faire nous avons utilisé différentes chaînes, comme par exemple pour la

chaîne antérieure (notamment grand droit de l’abdomen, quadriceps, releveurs du pied,

extenseurs des orteils et de l’hallux), nous avons utilisé une chaîne périphérique-axiale-

périphérique, en décubitus dorsal, nous avons demandé à M. H de ramener son bras tendu

vers la hanche opposée et nous nous sommes opposés au mouvement, cette résistance

permet la sollicitation de la chaîne antérieure et donc la contraction du quadriceps, des

releveurs du pied.

Pour les membres supérieurs et inférieurs, nous avons pratiqué la méthode de

facilitation neuro-motrice de Kabat. Cette technique est définie comme « l’utilisation des

renseignements d’origine superficielle (tactiles) et d’origine profonde (position articulaire,

étirement des tendons et des muscles) pour l’excitation du système nerveux qui à son tour

fait agir… la musculature ».[16]

Il existe différents buts à cette technique, dans le cas de M. H, aux membres

inférieurs, elle a été utilisée notamment pour le renforcement musculaire global mais

surtout pour augmenter la force des muscles distaux à partir des muscles proximaux. Nous

avons utilisé deux types de techniques : les techniques qui font appel à l’agoniste pour

améliorer l’agoniste, il s’agit de contractions répétées faites dans la direction du muscle à

travailler. Cette technique a pour but d’augmenter la force musculaire du muscle visé mais

aussi son amplitude active. Du fait de la répétition, cette technique permet de travailler

aussi l’endurance.

Nous avons aussi utilisé la technique qui fait appel à l’agoniste pour améliorer

l’antagoniste, grâce à l’inversion lente. M. H fait le mouvement complet dans la direction

agoniste puis change de direction pour le faire dans celle de l’antagoniste. Cette technique

permet un renforcement de la loge musculaire la plus faible mais aussi une coordination

entre agoniste et antagoniste. Elle permet de rétablir un ratio correct entre les deux.

Pour ce faire, les différentes diagonales du membre inférieur ont toutes été

pratiquées : de la A’ vers la B’, de la C’ vers la D’ et leur contraire. De plus, nous avons

réalisé des pivots de genou, pour permettre une plus grande stimulation au niveau des

muscles du pied.

Page 20: Comment concilier le réentrainement à

17

Dans cette méthode, la présence de stimuli est très importante (tactile, auditif,

visuel). Le patient doit se trouver dans une position dans laquelle il voit au mieux le

mouvement que nous lui demandons de réaliser. De plus, il est préférable que les parties en

contact avec les mains du masseur-kinésithérapeute soit à nue pour permettre une meilleure

sensation du guidage. Nous devons adapter nos résistances et nos ordres tout au long du

mouvement afin de permettre une meilleure compréhension et donc un meilleur guidage

pour le patient. Le mouvement est initié grâce à un stretch réflexe. [17, 18]

Chaque diagonale comporte une position de départ, un sillon, qui est une voie de

passage (il s’agit d’un arc de cercle autour d’un pivot) et une position d’arrivée. Nous

allons comme exemple décrire la diagonale A’-B-‘ au membre inférieur.

Le patient est en décubitus dorsal, hanche en flexion-abduction-rotation latérale, le

genou est tendu, le pied est en éversion-flexion dorsale de talo-crurale et les orteils sont en

flexion dorsale. Le thérapeute se trouve du côté du membre à faire travailler. Le

kinésithérapeute place une prise sur la partie inférieure de la face postérieure de la cuisse et

l’autre main se situe sur la face plantaire du pied au niveau de l’hallux. Afin de déclencher

le stretch reflexe, nous infligeons un étirement en flexion plantaire du pied, le mouvement

commence alors. La position d’arrivée est telle que la hanche se trouve en extension-

adduction-rotation médiale, le genou est tendu, le pied en inversion-flexion plantaire de

talo-crurale et les orteils en flexion plantaire.

Pour les membres supérieurs, les différentes diagonales ont aussi été effectuées : de

A vers B, de C vers D et leurs inverses. La pratique de cette technique sur les membres

supérieurs a plus été optée pour un entretien global de la musculature mais aussi pour

travailler l’endurance de M. H.

Image 1 : Pivot de genou lors de la

méthode Kabat

Image 2 : Position finale du retour de la

chaîne A’-B’

Page 21: Comment concilier le réentrainement à

18

3. Travail musculaire analytique des muscles les plus déficitaires

En plus d’utiliser les chaînes, nous nous sommes aussi plus particulièrement

intéressés à chaque muscle du membre inférieur, et notamment aux muscles les plus

déficitaires afin de les faire travailler dans la course et dans le mode de leur physiologie,

mais aussi pour retrouver une marche physiologique.

Nous travaillons donc les muscles non innervés et les muscles atrophiés par manque

d’utilisation.

Pour faire travailler les grands fessiers, afin de faciliter le pas postérieur lors de la

marche, et la stabilité du bassin, nous demandons à M. H d’effectuer des ponts fessiers,

nous rajoutons alors des déstabilisations au niveau des crêtes coxales pour travailler

l’équilibre et la proprioception.

Pour les rotateurs de hanche, notamment pour les médiaux qui sont plus faibles que

les latéraux, et donc pour palier à la position quasi permanente en rotation latérale de M. H,

que ce soit en décubitus, ou en charge. Le patient est assis en bord de table, genoux fléchi

et nous lui demandons d’amener le pied vers l’intérieur (mouvement qui ciblent les

pelvitrochantériens) puis vers l’extérieur (mouvement qui cible le petit fessier). Pour le

petit fessier droit, le mouvement dans cette position n’est pas réalisable car l’action de la

pesanteur est trop importante, nous pouvons donc faire le même exercice mais en décubitus

dorsale, hanche et genou fléchis à 90°.

Les deux quadriceps ayant une force musculaire fonctionnelle, le ratio entre ces

derniers et les ischiojambiers n’est pas physiologique. Les ischiojambiers sont donc

travaillés afin de rétablir un ratio correct (0,6), notamment en décubitus ventral, pour les

courses moyenne et interne à droite, et dans toutes les courses à gauche. Ils travaillent en

excentrique, en concentrique (tout en faisant attention à ne pas provoquer l’apparition de

crampes). Le fait de les travailler en excentrique permet de solliciter leur rôle de

stabilisateur articulaire, et cela permet donc d’améliorer les possibilités de stabilisation

active du genou. Nous utilisons aussi la technique de placé-tenu : nous mettons le genou

dans différentes positions et nous demandons au patient de tenir cette position, c’est un

travail statique dans différents degré de l’amplitude articulaire. Pour la course interne du

muscle droit, le patient est en latérocubitus controlatéral, hanche en rectitude, nous

positionnons le genou en extension complète puis nous demandons au patient de fléchir

avec nous son genou, grâce à une prise en berceau nous soutenons le segment jambier et

nous l’accompagnons dans le mouvement. Pour la course interne une autre alternative est

Page 22: Comment concilier le réentrainement à

19

mise en place, M. H est assis en bord de table, un gros ballon KLEIN sous les segments

jambiers (ce qui les positionnent en course interne) et nous lui demandons d’enfoncer ses

talons dans le ballon, ce qui provoque une contraction statique des ischiojambiers dans

cette course.

Afin de limiter le steppage, les releveurs du pied (à droite notamment) sont

travaillés en placé-tenu, ce qui permet une contraction isométrique de ces derniers dans

différentes courses. La physiologie des releveurs est de freiner la chute du pied provoquée

par la pesanteur lors de l’attaque du pas, nous avons donc essayé de travailler ces releveurs

en excentrique aidé, M. H est assis en bord de table, nous amenons la cheville en flexion

dorsale maximale et nous lui demandons de freiner au maximum la chute du pied (notre

prise soutien le poids du pied).

4. Travail musculaire en charge, travail de l’équilibre et de la

proprioception

Le travail en charge permet de solliciter le plus possible le travail des moyens

fessiers, notamment dans leur rôle de stabilisateurs du bassin. Le fait de travailler

l’équilibre unipodal à droite et à gauche (avec un appui) permet de renforcer ces muscles.

Afin de travailler l’endurance, et la co-contraction quadriceps/ischiojambiers, M. H

se trouve contre un mur et nous lui demandons de fléchir petit à petit les genoux, jusqu’à

110° de flexion de hanche puis nous lui demandons de tenir la position (exercice de la

chaise). Pour l’éventail fessier, entre les barres parallèles, le pied gauche sur une cale (pour

ne pas que le pied droit frotte contre le sol), le patient effectue des mouvements

d’abduction et d’extensions de hanche.

Tout d’abord, nous commençons par travailler la proprioception en décharge, en

chaîne semi-fermée.

Le patient est en décubitus dorsal, les jambes en crochet, afin de travailler la

proprioception de la hanche, nous provoquons des déstabilisations extrinsèques au niveau

du genou en dehors, en dedans, en arrière et en avant et le patient doit tout faire pour

garder la position d’origine. En progression, nous pouvons mettre sous la plante de pied un

petit ballon et le patient doit toujours continuer à garder la position d’origine.

Pour travailler l’équilibre et la proprioception en charge, nous avons suivi les différentes

étapes de la séquence de redressement en commençant par genoux dressés pour arriver au

Page 23: Comment concilier le réentrainement à

20

final en station debout. Puis ensuite en fente avant, arrière, les pieds joints afin de réduire

de plus en plus le polygone de sustentation.

Dans chaque position, c’est-à-dire genoux dressés, chevalier servant, debout en appui

bipodal, fente avant (membre droit devant), fente arrière (membre droit derrière), pieds

joints et enfin pied l’un devant l’autre, nous travaillons la tenue de chaque position avec

des déstabilisations intrinsèques et extrinsèques.

Les déstabilisations intrinsèques correspondent à fermer les yeux, tourner la tête de droite à

gauche, à venir toucher la main du kinésithérapeute avec sa main droite, puis sa main

gauche, bouger d’avant en arrière les membres supérieurs… Le patient se déstabilise tout

seul et doit ensuite alors ajuster sa position et s’équilibrer.

Les déstabilisations extrinsèques quant à elles correspondent à des déstabilisations qui

viennent de l’extérieur, comme des poussées, par le kinésithérapeute, antéro-postérieures,

latérales, travail sur une mousse déstabilisante… Toutes ces déstabilisations sont d’abord

lentes et annoncées puis en progression elles deviennent rapides et imprévues.

De plus, nous utilisons aussi en charge le réflexe parachute, M. H est en position

bipodale, et nous le déséquilibrons sans le prévenir vers l’arrière pour déclencher une

réaction d’équilibration vers l’avant et donc contracter la chaîne antérieure afin de stimuler

les releveurs.

5. Travail de la marche

Ce travail se fait entre les barres parallèles (M. H se déplaçant en dehors des

séances grâce à deux cannes anglaises, et une marche à 4 temps), il a commencé par la

dissociation des ceintures, M. H devait amener un bâton à droite puis à gauche, cet

Image 3 : Travail de la

proprioception en position bipodal

avec déstabilisations au niveau du

bassin

Image 4 : Travail de l’équilibre en

fente, afin de diminuer le polygone

de sustentation

Page 24: Comment concilier le réentrainement à

21

exercice provoque la rotation de la ceinture scapulaire.

La décomposition du schéma de marche est très importante, notamment lors de

l’attaque du pas avec le pied droit. M. H se devait d’exagérer toutes les étapes pour bien

enregistrer le schéma : attaque du pied par le talon, déroulement du pied, décollement du

talon et enfin des orteils. De plus, pour lui faire prendre conscience de ses défauts de

marche (notamment le mouvement de salutation antérieure pour compenser le manque de

force du grand fessier droit), nous lui avons mis un miroir face à lui pour qu’il puisse avoir

un feed-back.

Le travail de la marche consiste à travailler tout d’abord la marche avant, puis la

marche arrière, la marche latérale. Puis, nous avons travaillé les changements de rythmes,

lorsque nous frappions dans nos mains, M. H devait reculer, puis avancer etc…

Nous avons ensuite travaillé le passage des obstacles, afin de stimuler au mieux le

relèvement du pied droit, et aussi favoriser la flexion de genou et de hanche.

De plus, afin de favoriser l’endurance et d’entretenir le système cardio-vasculaire,

M. H suit un programme de vélo, 3 fois par semaine. Ce programme correspond à du

fractionné, il dure environ 45 min, avec une première phase d’échauffement de 10 min à 20

Watt, puis ensuite pendant 30 minutes, M. H alterne toutes les 5 minutes entre la puissance

30 Watt et 70 Watt, et finit ensuite par 5 minutes de récupération à 20 Watt.

I. Discussion

M. H est un individu conscient de sa pathologie, mais qui est excessivement

motivé et très demandeur de faire toujours plus d’exercices en rééducation et chez lui.

Or, dans le SGB, la fatigue est ressentie comme un des trois symptômes les plus

Image 5 : Travail du passage

d’obstacles

Page 25: Comment concilier le réentrainement à

22

invalidants chez 80% des patients souffrant de cette pathologie [7]. De plus, cette sensation

de fatigue peut persister quelques années après la récupération complète de toutes les

facultés nerveuses et musculaires. Ce symptôme a donc un réel impact sur la qualité de vie

des patients.

La fatigue est définie comme un état résultant de contraintes physiologiques et

psychologiques aboutissant à une diminution des performances physiques ou mentales.

Selon Edwards (1983), il s’agit d’une incapacité à maintenir une force et une puissance

requises ou espérées. Ces patients souffrent donc d’un déconditionnent à l’effort.

Nous pouvons donc nous demander comment nous allons pouvoir concilier le

réentrainement à l’effort et la fatigue de M.H pour lui permettre une récupération

efficace et adapter à ses besoins.

La fatigue, dans cette pathologie, n’est pas automatiquement liée au déficit de force

ou de sensibilité, car ce symptôme est retrouvé aussi chez 80% des patients qui ne

présentent pas de déficit sensitivomoteur [19]. Il a été aussi observé, que cette sensation de

fatigue est ressentie avant le début de la maladie.

Il existe différents types de fatigue, nous pouvons parler de fatigue psychologique,

ou de fatigue physique. La fatigue psychologique est définie par Aaronson et al, en 1999,

par « la perception consciente d’une diminution de la capacité à mener une activité

physique ou mentale, due à un déséquilibre entre la disponibilité, l’utilisation, et/ou le

renouvellement des ressources nécessaires à cette activité ». Nous pouvons en déduire que

les deux types de fatigue ne fonctionnent pas l’un sans l’autre. Cette fatigue psychique va

agir sur nos différentes capacités intellectuelles, notamment la concentration et l’attention.

Elle est mesurée par le changement dans le ressenti de l’individu, elle est décrite comme

une diminution de la disponibilité vis-à-vis d’une tâche à effectuer ou du désir à terminer

cette tâche. Dans le cas de M. H, cette fatigue psychologique n’est pas présente, au

contraire, M.H va mettre en œuvre tous les moyens possibles pour effectuer et réussir une

tâche. Donc pour cette raison, nous avons choisi dans ce mémoire, de ne pas développer

cette fatigue psychique.

La fatigue physique ou organique, quant à elle, correspond aux différentes

manifestations qui vont se produire dans notre organisme et notre métabolisme, lors d’un

effort prolongé. Différents facteurs agissent sur la fatigue, et ils peuvent avoir une

conséquence à différents niveaux de la chaine de commande de la contraction musculaire,

Page 26: Comment concilier le réentrainement à

23

il s’agit de la fatigue périphérique métabolique, endocrinienne et de la fatigue centrale

[20]. Elles agissent ensemble et perturbent différents systèmes, notamment les systèmes

énergétiques, neuroendocrinien et le système nerveux central.

L’origine de cette fatigue peut être très diversifiée, mais dans le cas des affections

neurologiques ou neuromusculaires, la cause est en général, liée à une déficience

organique : les signes cliniques (apparition rapide de la fatigue après un effort minimal,

temps de récupération majoré), la chronicité, la diminution de la demande fonctionnelle de

la pathologie engendre un déconditionnement à l’effort.

La composante périphérique dépend des phénomènes métaboliques et ioniques

issus du travail musculaire. Ces derniers provoquent une diminution de la capacité

contractile des muscles squelettiques. Les facteurs métaboliques évoluent différemment en

fonction de la durée et de l’intensité de l’effort musculaire.

Lors d’un effort, la diminution de la capacité contractile des muscles squelettiques

découle de la modulation des réserves en phosphagènes et des modifications des équilibres

ioniques. Il s’agit de l’accumulation intramusculaire de phosphore inorganique, de

l’augmentation extracellulaire de potassium et de la diminution de libération et/ou de

recaptage du calcium par les rétinaculums [21].

En effet, la contraction musculaire est déclenchée par un potentiel d’action, généré

au niveau de la plaque motrice, ce dernier va se propager tout le long de la membrane de la

fibre musculaire, ainsi qu’au niveau de ses prolongements à l’intérieur de la fibre, les

tubules T. Lors du passage du potentiel d’action, ces derniers vont permettre la libération

du calcium par le rétinaculum et ainsi permettre la formation de ponts actine-myosines

rendant possible la contraction musculaire. Puis le calcium est recapté par le rétinaculum

permettant au muscle de retrouver son état de repos [22].

Lors d’un exercice intense, le fonctionnement des pompes sodium-potassium (Na+

- K+) est insuffisant, elles ne régulent plus le flux de potassium vers l’extérieur de la

cellule, la concentration extracellulaire va augmenter au fur et à mesure de l’effort, cela va

donc entrainer une dépolarisation partielle de la membrane musculaire qui va conduire à un

blocage de la génération du potentiel d’action, ou à une amplitude et une vitesse de

propagation réduite. Cette diminution de potentiel d’action peut être suffisante pour

modifier la charge des tubules T et inhiber la libération du calcium par les rétinaculums, et

donc entrainer une diminution de la force [23].

De plus, les phosphates inorganiques sont des métabolites de l’hydrolyse de l’ATP,

Page 27: Comment concilier le réentrainement à

24

hydrolyse qui intervient lors de l’effort pour permettre la formation d’énergie et donc la

poursuite de l’exercice entrepris. Lors de l’effort, la concentration de phosphates

inorganiques augmente dans le milieu. Il a été démontré que l’addition de quelques

millimoles de ces métabolites dans le milieu provoque une diminution de production de

force [23]. En effet, ces derniers se lient au calcium, ce qui va réduire la quantité de

calcium libre et donc restreindre l’activité des ponts d’actine-myosine [24].

Ces différents phénomènes vont être à l’origine d’une fatigue dite périphérique

métabolique.

Il existe aussi, une composante endocrinienne. Deux systèmes neuroendocriniens

peuvent être mis en cause : l’axe corticotrope, qui provoque la libération de cortisol et le

système sympatho-médullo-surrénalien, qui lui entraine la libération de catécholamines

(comme l’adrénaline, ou la noradrénaline).

Le cortisol est une hormone secrétée par les glandes surrénales. Sa libération

provoque différents effets, notamment il est hyperglycémiant, il favorise la lipolyse, est

anti-inflammatoire mais aussi augmente la force musculaire et diminue la fatigabilité.

Les catécholamines sont aussi des hormones secrétées par les glandes surrénales,

elles ont des effets cardiovasculaires périphériques (vasodilatation, vasoconstriction), elles

contrôlent la glycogénolyse musculaire.

Des études ont démontré que la diminution de ces différentes hormones, notamment

le cortisol et la noradrénaline, lors d’un effort, provoquaient l’apparition de signes de

fatigue évalués grâce au questionnaire d’humeur Profil of Mood State (POMS) (ANNEXE

4) [20]. Cette diminution pourrait être due au fait que lors du début du travail musculaire, il

y a une accélération de leur libération, qui conduirait ensuite à leur diminution par

épuisement des réserves neuronales [21].

La fatigue centrale peut être définie comme la réduction de contraction maximale

volontaire qui n’est pas associée à la même réduction de force maximale obtenue par

stimulation, cela correspond à une diminution de la capacité à activer volontairement le

muscle au cours de l’exercice. Différentes expériences ont permis de mettre en évidence

une responsabilité de la commande nerveuse dans les processus de fatigue [22].

Cette fatigue est due à une diminution de la commande motrice à l’étage cortical. Le rôle

du cortex moteur primaire dans la causalité de cette fatigue a été confirmé par des études

chez l’homme par des stimulations au niveau de cette zone [20]. Or le SGB est une atteinte

nerveuse périphérique, nous pouvons donc en déduire qu’au niveau central, il n’existe

Page 28: Comment concilier le réentrainement à

25

aucune lésion et que la fatigue centrale n’a pas un effet aussi important que la fatigue

périphérique lors du SGB. Et donc, pour cette raison, nous avons choisi de ne pas

développer la fatigue centrale dans ce mémoire.

La fatigue est un phénomène complexe, résultant de différents mécanismes et de

différentes composantes. Que nous soyons atteints ou non d’un SGB, il est normal de

ressentir un certain degré de fatigue à un moment donné de notre vie, notamment à la fin

d’une journée de travail, ou après une activité physique ou intellectuelle. Cette fatigue peut

alors être parfois gênante, mais elle a très peu de répercussions dans notre vie quotidienne,

en effet une bonne nuit de sommeil nous permet alors de récupérer. Or dans le SGB, ce

symptôme est très fréquent et ne correspond pas à la fatigue « physiologique » qu’une

personne en bonne santé peut ressentir. M. H, par exemple, la définit comme une sensation

de faiblesse et d’épuisement présente même lors de l’accomplissement de tâches simples et

habituelles comme aller faire les courses ou travailler sur son ordinateur. Elle peut

apparaitre comme une entité invalidante (dans la vie quotidienne, professionnelle, la

récupération…), indépendante des variables cliniques ou du temps écoulé.

Le SGB est une pathologie qui entraine des conséquences au niveau des capacités

musculaires, notamment la force, la puissance et le temps de maintien de la contraction

musculaire. Les patients souffrant de cette pathologie, développent alors un

déconditionnement à l’effort. Ce dernier est dû aux conséquences de la maladie sur les

différentes fonctions organiques comme le systèmes cardio-respiratoire, et le système

musculaire de l’individu. En effet, la destruction de la gaine de myéline entraine une

diminution de la propagation et de la vitesse des potentiels d’action et donc une diminution

voire une ablation de la qualité musculaire. Cette dernière provoque donc une limitation

d’activités sociales, professionnelles, personnelles et donc le patient développe un

déconditionnement à l’effort. De plus, cela peut engendrer un cercle vicieux, car la

personne étant déconditionnée, elle ne pratique plus beaucoup d’activités physiques. La

dégradation des capacités musculaires s’accentuent et engendrent une diminution de la

qualité de vie. Ce cercle vicieux peut être aussi à l’origine de l’apparition de troubles

psychiques comme une dépression.

Il est donc important de lutter contre ce déconditionnement afin d’améliorer la

qualité de vie du patient. Pour ce faire, nous pouvons mettre en place un réentrainement à

l’effort adapté. Le réentrainement à l’effort s’intéresse en premier lieu au système

Page 29: Comment concilier le réentrainement à

26

cardiovasculaire et respiratoire. En effet, lors d’un effort, nous observons une adaptation

du système cardio-respiratoire qui peut être résumée par l’équation de FICK, qui montre

que l’augmentation de l’intensité d’un effort, induit une augmentation de la consommation

d’oxygène, par élévation du volume d’éjection systolique, de la fréquence cardiaque et de

la différence d’oxygène artério-veineuse [25]. Ces différents phénomènes permettent

d’apporter l’énergie nécessaire pour la bonne poursuite de l’effort. Il est donc important,

lors d’un déconditionnement à l’effort de réhabiliter le système cardio-respiratoire à

s’adapter aux différents types d’efforts, grâce à un réentrainement à l’effort.

Selon la définition de l’OMS, la réadaptation correspond à « l’ensemble des

activités nécessaires pour influencer favorablement le processus évolutif de la maladie

ainsi que pour assurer aux patients la meilleure condition physique, mentale et sociale

possible, afin qu’ils puissent, par leur propres efforts, préserver ou reprendre une place

aussi normale que possible dans la société ». Cependant, contrairement aux sujets sportifs,

chez qui la performance sous-entend le dépassement, la performance chez les sujets

désadaptés à l’effort ne doit pas être l’objectif visé afin d’éviter tout effet néfaste de

l’effort physique sur un organisme fragilisé. Dans le cas de patients souffrant de SGB,

l’objectif final de cette réadaptation est l’amélioration des qualités neuromusculaires. Pour

ce faire, il faut mettre en place des programmes de réentrainement cardiovasculaire et de

renforcement musculaire. Ces programmes sont adaptés à chaque patient et il s’agit d’une

prise en charge globale. En effet, M. H étant un marathonien, l’objectif final pour lui, est

l’amélioration de ces qualités en endurance, afin de faire face à la demande énergétique des

différentes activités de la vie quotidienne, et de ses loisirs

Le travail en endurance s’intéresse essentiellement à la voie métabolique aérobie et

aux fibres musculaires de types I, appelées slow twitch ou unités motrices lentes, elles sont

recrutées lorsque la charge à mobiliser ou la tension interne du muscle est faible (jusqu’à

50% de la résistance maximale) [26]. Pour développer la voie aérobie, il faut produire un

exercice prolongé (supérieur à 10 minutes), d’intensité proche, pour un sujet désadapté, de

60% de sa puissance maximale aérobie [27]. De plus, un sujet affaibli ou sédentarisé par la

maladie présente la caractéristique de ne pas pouvoir soutenir un effort de longue durée,

tous les mécanismes énergétiques étant rapidement débordés, aussi bien en puissance qu’en

capacité. Il faut donc ménager des temps de repos au début de la réadaptation, afin d’éviter

des phénomènes d’épuisement ou d’abandon chez le patient, avant de passer à un travail

continu [27]. Par exemple, il vaut mieux deux fois une heure de rééducation plutôt que

Page 30: Comment concilier le réentrainement à

27

deux heures de suite. [28]

Il existe différents moyens pour travailler cette filière et ces fibres [29]:

Renforcement musculaire

Ce renforcement est segmentaire et correspond à la recherche de la contraction

analytique contre-résistance (quand cela est possible) des différents muscles du corps, en

utilisant tous les modes de contractions (concentrique, excentrique, isométrique). Il va

s’intéresser essentiellement aux groupes musculaires déficitaires. Afin de travailler en

endurance, la résistance effectuée ne doit pas dépasser 50-60% de la résistance maximale

(RM) [26].

Réentrainement à l’effort

Cet entrainement vise à recruter les territoires musculaires importants afin d’obtenir

des effets métaboliques optimaux et de palier aux conséquences de l’inactivité et de la

désadaptation à l’effort. Avant chaque exercice, une phase d’échauffement est entreprise,

et à la fin, une phase de récupération active est mise en place. Toutes deux durent environ

cinq minutes chacune.

Ce réentrainement peut être à visée concentrique, grâce à l’utilisation d’ergomètres,

comme la bicyclette ergométrique, le tapis roulant, ergomètre à membres supérieurs. Nous

pouvons alors ajuster la résistance afin d’obtenir un rendement métabolique aérobie

optimal, en général ce seuil se situe entre 50 et 60 tours par minutes pour la bicyclette

ergométrique. Il peut aussi être à prédominance excentrique, ce travail va alors permettre

un gain de force et de puissance musculaire supérieur au travail concentrique, développé à

une sollicitation cardiaque similaire, avec une consommation en oxygène réduite. Il s’agit

donc d’un entrainement global qui va alors permettre une réadaptation à l’effort.

La mise en place d’un réentrainement à l’effort est donc essentielle pour permettre

au patient de retrouver des capacités fonctionnelles et endurantes.

Cet entrainement provoque plusieurs effets, à différents niveaux du corps humain :

en effet, au niveau cardiaque, nous observons une diminution de la fréquence cardiaque,

une augmentation de la cavité ventriculaire et de la contractilité du myocarde et donc une

augmentation du volume d’éjection systolique, entrainant alors une augmentation du débit

cardiaque. Ces différents phénomènes vont donc permettre au cœur de s’adapter lorsque la

demande de travail est alors plus importante.

Page 31: Comment concilier le réentrainement à

28

Au niveau pulmonaire, nous observons une amélioration de l’efficacité respiratoire.

Il a pu être observé au niveau musculaire que la taille des mitochondries va augmenter et

donc cela va permettre une amélioration de l’extraction de l’oxygène. De plus le nombre

de capillaires sanguins va aussi augmenter et ainsi permettre une meilleure circulation au

sein de l’appareil musculaire.

Ces différents effets vont alors permettre une augmentation de la consommation

d’oxygène. L’entrainement peut alors améliorer de 5 à 20%, voire 40% de la VO2 max,

cette dernière correspond à la quantité maximale d’oxygène que l’organisme peut utiliser

par unité de temps. Nous observons aussi une augmentation de la capacité maximale de

travail, un recul du seuil anaérobie ventilatoire, une économie du glycogène avec une plus

grande capacité à utiliser les acides gras. Tous ces phénomènes vont alors entrainer une

fatigue moins importante et une amélioration de l’endurance. [30]

Il existe peu de littérature sur l’effet que provoque la mise en place d’un

réentrainement à l’effort adapté chez les personnes atteint de SGB, sur l’évolution de la

fatigue dans cette pathologie. Garssen et al. ont entrainé 16 personnes atteintes de ce

syndrome durant 12 semaines sur bicyclette ergométrique, et ils ont alors observé une

diminution de 20% des scores de fatigue et une amélioration des échelles de qualités de vie

[19]. Afin de prouver l’impact réel, de cette prise en charge adaptée, sur la fatigue, nous

pouvons faire un parallèle avec les différents protocoles de réentrainement à l’effort mis en

place dans le cas de la rééducation de personnes atteintes de sclérose en plaques (SEP).

Même si le SGB et la SEP sont deux pathologies bien différentes, il existe néanmoins

quelques similitudes. En effet, même si la SEP est une atteinte du système nerveux

centrale, nous observons une démyélinisation des différents nerfs du corps humain. De

plus, la fatigue est l’un des symptômes le plus fréquent dans cette affection, en effet entre

70 à 95% des patients s’en plaignent, et pour 14 à 20% des patients, il s’agit du symptôme

le plus gênant [32].

Différentes études ont été menées pour déterminer l’effet d’un réentrainement

adapté sur la fatigue chez ces patients. Différents protocoles d’expérimentation ont donc

été mis en place. Par exemple, M. Le Fort et al, ont établi un programme court de

réentrainement à l’effort chez des patients souffrants de sclérose en plaques, tous invalidés

par la fatigue. Ce protocole consistait à trois séances hebdomadaires encadrées

individuellement d’une heure et trente minutes par semaine avec comme activités, soit de

l’endurance sur un cycloergomètre ou du gymkhana en fauteuil roulant manuel, et une

Page 32: Comment concilier le réentrainement à

29

activité physique adaptée choisie avec chaque patient. Les résultats ont alors montré une

amélioration globale de la qualité de vie dans huit des quatorze catégories de l’échelle

SEP-59, ainsi qu’une réduction de la fatigue dans les dimensions « rôle social » et

« physique » de l’échelle EIF-SEP [32]. Nous pouvons donc en déduire qu’une adaptation

du programme de réentrainement à l’effort, selon les déficiences et les limitations

d’activités, permet d’améliorer sur des données « subjectives » de fatigue et de qualité de

vie, la santé de ces patients.

Un autre protocole établi par M-A. Guyot et al, a montré que la réalisation

d’exercices en aérobie sur un entraineur thérapeutique (15 minutes de travail actif des

membres supérieurs puis 20 minutes de travail passif des membres inférieurs) pendant 10

semaines à raison de trois fois par semaine, permettait une diminution significative de la

fatigue et une amélioration du déconditionnement à l’effort [33].

Grâce à ces différentes expérimentations, nous pouvons donc en déduire que la

mise en place d’un réentrainement à l’effort adapté au patient, c’est-à-dire en prenant

compte ses déficiences mais aussi ses limitations d’activités, permet une diminution de la

sensation de fatigue, ainsi qu’une nette amélioration de la qualité de vie (quotidienne, dans

les loisirs…).

La rééducation d’un patient atteint de SGB doit donc comprendre un

réentrainement à l’effort adapté, mais il est aussi nécessaire d’éduquer le patient par

rapport à la fatigue. En effet, M. H est un sportif, et il a une représentation de la fatigue qui

n’est pas en lien avec sa véritable fatigue, il ne perçoit pas correctement les signes de cette

dernière. Les sportifs, la plupart du temps ne sont pas à l’écoute des signaux d’alarme de

leur corps et répondent à toute diminution de la performance par une augmentation de leur

charge d’entrainement [32]. Ils ont tendance à ne pas prendre en considération les

différents signes de la fatigue. Il faut donc leur apprendre à les reconnaitre les signes de la

fatigue, ainsi que les convaincre que la fatigue joue un rôle important dans la réadaptation,

qu’il faut la respecter.

J. Conclusion

Le SGB est une pathologie qui entraine différentes conséquences chez les patients

souffrants de cette affection. En effet, la démyélinisation des nerfs périphériques entraîne

un ralentissement voire un blocage de la transmission du signal nerveux et donc provoque

Page 33: Comment concilier le réentrainement à

30

une altération des fonctions organiques des patients. De plus, ces patients sont

immobilisés, voire alités pendant une période plus ou moins longue, ils vont donc alors

présenter un déconditionnement à l’effort. De plus l’un des premiers symptômes de cette

pathologie est l’apparition d’une fatigue psychologique et physique. Dans le SGB, cette

fatigue physique correspond à la fatigue dite périphérique, due à une altération des

phénomènes métaboliques et ioniques issus du travail musculaire. Cette fatigue est perçue

par un grand nombre de patient. Elle est aussi à l’origine, avec les différents déficits du

patient, d’une restriction d’activités.

Il est donc essentiel, lors de la prise en charge d’un patient présentant un SGB,

d’allier à la rééducation analytique et global, des déficits moteurs et sensitif engendrés par

la pathologie, un reconditionnement à l’effort afin d’assurer au patient une meilleure

autonomie ainsi qu’une bonne réadaptation de l’organisme à l’effort. Le SGB étant, dans la

plupart des cas, une pathologie qui régresse et qui ne laisse que très peu de séquelles, ce

réentrainement permettra au patient de pouvoir reprendre convenablement et rapidement

son rythme de vie habituel, avec ses différents loisirs et activités.

Mais ce réentrainement à l’effort doit être adapté à chaque patient, et doit respecter

les différents signes de fatigue. En effet, cette dernière a un rôle important, celui de

protection du patient et de son organisme. Lorsqu’il souffre de déconditionnement à

l’effort mais aussi de différents déficits moteur, le corps du patient n’est pas capable de

produire les mêmes efforts qu’avant la déclaration de la maladie, l’apparition de la fatigue

au cours de la rééducation ou lors de différentes activités est donc un signal d’alarme pour

lui, afin qu’il ne sursollicite pas ses différentes capacités musculaires, mentales…

De plus, M. H est un marathonien, et donc comme la plupart des sportifs qui

pratique une activité très régulière, il n’écoute pas les différents signaux d’alarme de son

corps (douleurs, difficultés à maintenir l’exercice dans le temps et dans la force) et

surenchérit alors par une augmentation de la charge de travail. Il a donc une perception de

la fatigue qui n’est pas en lien avec sa véritable fatigue, et il doit donc apprendre à

reconnaitre ses différents signes mais aussi à l’accepter et à la respecter, afin d’obtenir une

meilleure récupération.

Il est donc important et intéressant dans ce contexte pathologique d’effectuer un

apprentissage au patient des différents signes « alarmants » mais aussi de l’éduquer au

respect de cette fatigue, notamment dans son rôle protecteur de l’organisme.

Page 34: Comment concilier le réentrainement à

ANNEXES

ANNEXE 1 : Tableau II : Bilan Articulaire du 28 mars 2013 :

Droit Articulations Gauche

Hanche

Flexion

Extension

Abduction

Adduction

Rotation externe

Rotation interne

120° 120°

15° 15°

30° 30°

15° 15°

30° 30°

20° 20°

Genou

Flexion

Extension

115° 115°

0° 0°

Talo-crurale

Flexion plantaire

Flexion dorsale

25° 25°

0° 5°

Epaule en générale

90° Flexion

Extension

Abduction

Adduction

Rotation interne

Rotation externe

90°

30° 30°

100° 100°

25° 25°

80° 80°

45° 45°

Coude et avant-bras

Flexion

Extension

Pronation

Supination

135° 135°

0° 0°

80° 80°

85° 85°

Poignet

Flexion dorsale

Flexion palmaire

75° 75°

75° 75°

Page 35: Comment concilier le réentrainement à

35° Inclinaison ulnaire

Inclinaison radiale

35°

10° 10°

Main

Distance pulpe des doigts-

paume

Flexion MCP

Extension MCP

Flexion IPD

Extension IPD

Flexion IPP

Extension IPP

0 cm 0 cm

90° 90°

5° 5°

85° 85°

0° 0°

95° 95°

0° 0°

Légende :

MCP : Articulation métacarpo-phalangienne

IPD : Articulation inter-phalangienne distale

IPP : Articulation inter-phalangienne proximale

ANNEXE 2 : Tableau III : Testing du membre inférieur, le 28 mars 2013 :

Région Muscle Cotation

Droite Gauche

TRONC

Droit de l’abdomen 4 4

Oblique interne 4 4

Oblique externe 4 4

Transverse 4 4

Diaphragme 5 5

Intercostaux externes 5 5

Spinaux dorsaux 4 4

Spinaux lombaire 4 4

Carré des lombes 3 4

HANCHE

Ilio-psoas 4 5

Sartorius 3 4+

Tenseur du fascia Lata 3 4+

Moyen fessier 2 3+

Page 36: Comment concilier le réentrainement à

Petit fessier 2 4

Pelvi-trochantériens 3+ 4

Adducteurs 3 4+

Grand fessier 2 4

GENOU

Droit fémoral 4 4-

Vastes (médial et latéral) 4 4-

Semi-tendineux En course externe, on

les cote à 1+ et dans le

reste de la course, ils

sont cotés à 3

4

Semi-membraneux 4

Biceps fémoral 4+

CHEVILLE ET

PIED

Tibial antérieur 1 4+

Long extenseur de

l’hallux

1 4+

Long et court extenseurs

des orteils

1 4+

Court fibulaire 1 4+

Long fibulaire 1 4+

Gastrocnémiens latéral

et médial

2- 4

Soléaire 2- 4

Tibial postérieur 1 4

Long fléchisseur de

l’hallux

1 4+

Long fléchisseur des

orteils et carré plantaire

1 4+

Court fléchisseur des

orteils

1 4+

Interosseux plantaire 1 4+

Interosseux dorsaux 1 4+

Court fléchisseur de

l’hallux

1 4+

Page 37: Comment concilier le réentrainement à

ANNEXE 3 : Tableau IV : Testing des membres supérieurs, le 28 mars 2013:

Région Muscle Cotation

Droite Gauche

Omoplate

Trapèze 4+ 4+

Elévateur de la scapula 4+ 4+

Rhomboïde 4+ 4+

Petit pectoral 4+ 4+

Grand dentelé 4+ 4+

EPAULE

Deltoïde antérieur 4+ 4+

Coraco-brachial 4+ 4+

Deltoïde moyen + supra-

épineux

4+ 3+

Deltoïde postérieur 4+ 4+

Subscapulaire 4 4

Infra-épineux + Petit

rond

4 4

Grand pectoral 4+ 4+

Grand rond 4+ 4+

Grand dorsal 4+ 4+

COUDE

Biceps brachial 4+ 4+

Brachio-radial 4+ 4+

Brachial 4+ 4+

Supinateur 4+ 4+

Triceps brachial 4+ 4+

Rond pronateur 4+ 4+

Carré pronateur 4+ 4+

POIGNET

Fléchisseur ulnaire du

carpe

4+ 4+

Fléchisseur radial du

carpe

4+ 4+

Long extenseur radial du

carpe

4+ 4+

Court extenseur radial 4+ 4+

Page 38: Comment concilier le réentrainement à

du carpe

Extenseur ulnaire du

carpe

4+ 4+

MAIN

Fléchisseur commun

superficiel des doigts

4+ 4+ sauf pour

l’index coté à 3

Fléchisseur commun

profond des doigts

4+ 4+ sauf pour

l’index coté à 3

Extenseur des doigts 4+ 3

Extenseur propre de

l’index

4+ 3

Extenseur propre du 5ème 4+ 4+

Long fléchisseur du

pouce

4+ 4+

Extenseur du pouce 4+ 4+

Abducteur du pouce 4+ 4+

Opposant du pouce 4+ 4+

Lombricaux 4+ 4+

Interosseux palmaire 4+ 4+

Interosseux dorsaux 4+ 4+

Court fléchisseur du 5ème 4+ 4+

Adducteur du 5ème 4+ 4+

Opposant du 5ème 4+ 4+

Cotation de 0 à 5 [11] :

0 : Absence de contraction décelable

1 : Contraction palpable sans mouvement

2 : Mouvement sans gravité

3 : Contraction contre gravité

4 : Contraction contre forte résistance

5 : Force normale, comparable au côté sain

Page 39: Comment concilier le réentrainement à

ANNEXE 4: Profile of Mood States

Subject's Initials

Birth date

Date

Subject Code No.

Directions: Describe HOW YOU FEEL RIGHT NOW by circling the most appropriate

number after each of the words listed below:

FEELING: Not at all =1 ; A little = 2 ; Moderate = 3 ; Quite a bite = 4 ; Extremely = 5

1. Friendly 1 2 3 4 5 34. Nervous 1 2 3 4 5

2. Tense 1 2 3 4 5 35. Lonely 1 2 3 4 5

3. Angry 1 2 3 4 5 36. Miserable 1 2 3 4 5

4. Worn Out 1 2 3 4 5 37. Muddled 1 2 3 4 5

5. Unhappy 1 2 3 4 5 38. Cheerful 1 2 3 4 5

6. Clear-headed 1 2 3 4 5 39. Bitter 1 2 3 4 5

7. Lively 1 2 3 4 5 40. Exhausted 1 2 3 4 5

8. Confused 1 2 3 4 5 41. Anxious 1 2 3 4 5

9. Sorry for things done 1 2 3 4 5 42. Ready to fight 1 2 3 4 5

10. Shaky 1 2 3 4 5 43. Good-natured 1 2 3 4 5

11. Listless 1 2 3 4 5 44. Gloomy 1 2 3 4 5

12. Peeved 1 2 3 4 5 45. Desperate 1 2 3 4 5

13. Considerate 1 2 3 4 5 46. Sluggish 1 2 3 4 5

14. Sad 1 2 3 4 5 47. Rebellious 1 2 3 4 5

15. Active 1 2 3 4 5 48. Helpless 1 2 3 4 5

16. On edge 1 2 3 4 5 49. Weary 1 2 3 4 5

17. Grouchy 1 2 3 4 5 50. Bewildered 1 2 3 4 5

18. Blue 1 2 3 4 5 51. Alert 1 2 3 4 5

19. Energetic 1 2 3 4 5 52. Deceived 1 2 3 4 5

20. Panicky 1 2 3 4 5 53. Furious 1 2 3 4 5

21. Hopeless 1 2 3 4 5 54. Effacious 1 2 3 4 5

22. Relaxed 1 2 3 4 5 55. Trusting 1 2 3 4 5

23. Unworthy 1 2 3 4 5 56. Full of pep 1 2 3 4 5

24. Spiteful 1 2 3 4 5 57. Bad-tempered 1 2 3 4 5

25. Sympathetic 1 2 3 4 5 58. Worthless 1 2 3 4 5

26. Uneasy 1 2 3 4 5 59. Forgetful 1 2 3 4 5

27. Restless 1 2 3 4 5 60. Carefree 1 2 3 4 5

28. Unable to 1 2 3 4 5 61. Terrified 1 2 3 4 5

29. Fatigued 1 2 3 4 5 62. Guilty 1 2 3 4 5

30. Helpful 1 2 3 4 5 63. Vigorous 1 2 3 4 5

31. Annoyed 1 2 3 4 5 64. Uncertain about things 1 2 3 4 5

32. Discouraged 1 2 3 4 5 65. Bushe 1 2 3 4 5

33. Resentful 1 2 3 4 5

Page 40: Comment concilier le réentrainement à

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