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Feuillets de Radiologie 2008, 48, n° 4,243-248© 2008. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Feuillets de Radiologie © 2008. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 243
Dorsalgies révélant une tumeur médiastinale
H. En-Nouali, M. Jidal, M. Mahi, T. Amil, A. Hanine, S. Chaouir, M. Benameur, J. Elfenni
Service d’imagerie médicale, hôpital militaire d’instruction Mohammed V, CHU de Rabat, Maroc.
Correspondance :H. En-Nouali,
avenue Mohammed V, ilot 58,résidence Ilham I, appartement 7C,
12000, Temara, Maroc.
Email : [email protected]
Observation
Mme C.F. consulte pour des dorsalgies inflammatoires
évoluant depuis environ deux mois, avec une toux et une
dyspnée d’effort. L’examen clinique montre un état géné-
ral conservé. Le bilan biologique effectué était sans parti-
cularité.
Une radiographie thoracique (fig. 1) complétée par un scan-
ner thoracique réalisé avant et après injection du produit de
contraste (fig. 2) ainsi qu’une imagerie par résonance
magnétique (IRM) (fig. 3) ont été réalisés.
Quel est votre diagnostic ?
Réponse page 246
3333quel est votre diagnostic ?
A B
Figure 1. Radiographie pulmonaire de face (A) et de profil (B).
Dorsalgies révélant une tumeur médiastinale
244
A B
C
D
E
Figure 2. TDM thoracique réalisé avant (A) puis après injection de pro-duit de contraste (B, C) avec reconstruction coronale (D) et sagittale(E).
H. En-Nouali et al.2222quel est votre diagnostic ?
Feuillets de Radiologie © 2008. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 245
A B
C
Figure 3. IRM thoracique : coupe coronale en séquence pondérée T1(A), coupe axiale en séquence pondérée T2 (B) et coupe coronale enséquence pondérée T1 Fat Sat après injection de produit de contraste.
Dorsalgies révélant une tumeur médiastinale
246
Réponse de la page 243
Diagnostic
Léiomyosarcome médiastinal primitif.
Commentaires
La radiographie thoracique de face (fig. 1A) objective une
masse latéro-trachéale gauche apicale de densité globale-
ment homogène, de contours externes nets convexe vers le
poumon, contours internes invisibles noyés dans le médiastin
se raccordant en pente douce avec le médiastin normal. La
radiographie pulmonaire de profil (fig. 1B) permet de ratta-
cher cette masse au médiastin moyen dans son étage supé-
rieur.
Le scanner en contraste spontané (fig. 2A) montre une masse
du médiastin moyen et postérieur arrondie bien limité de
densité tissulaire refoulant les structures médiastinales à
droite. L’injection du produit de contraste accentue l’hétéro-
généité de la masse en délimitant des zones de nécroses de
taille variable (fig. 2B). Il n’existe pas d’adénomégalie
médiastinale.
L’IRM réalisée en séquence pondérée T1, T2 et T1 après injec-
tion du produit de contraste montre bien les limites de la
masse ainsi que ses rapports avec les éléments du médiastin
(fig. 3). C’est une masse bien limitée de contours réguliers en
iso signal T1 et T2 discrètement hétérogène.
Le patient est opéré et l’examen anatomopathologique
conclut à un léiomyosarcome primitif.
Un contrôle scannographique est réalisé deux mois après,
n’objectivant pas de signe de récidive (fig. 4).
Discussion
Les léiomyosarcomes thoraciques sont des tumeurs extrême-
ment rares, développées le plus souvent aux dépens du tissu
musculaire lisse, issu du mésoderme [1, 2]. Par ordre de fré-
quence décroissante, les léiomyosarcomes thoraciques sont
localisés au sein du parenchyme pulmonaire, du médiastin et
de la plèvre. Les léiomyosarcomes médiastinaux prennent
naissance dans la paroi musculaire de l’œsophage ou des gros
vaisseaux médiastinaux. Dans quelques cas exceptionnels, ils
peuvent être primitifs, aucune origine œsophagienne ou vas-
culaire ne peut être objectivée comme c’est le cas dans notre
observation. Plusieurs hypothèses ont été avancées : cellules
musculaires des petits vaisseaux des tissus mous médiasti-
naux, cellules mésodermiques ayant migré anormalement au
cours de l’embryogenèse puis ayant acquis la capacité de se
différencier en cellules musculaires lisses, cellules issues
d’une tumeur œsophagienne parasite s’étant détachée de la
paroi de cet organe au cours de son développement [1-3]. Ce
sont des tumeurs malignes très rares puisqu’elles ne repré-
sentent qu’environ 0,2 % de toutes les tumeurs médiastinales
et 3,3 % des sarcomes médiastinaux [1, 4].
Elles atteignent le sujet adulte et aucun facteur de risque n’a
été rapporté [1].
Le médiastin postérieur est le siège préférentiel des léiomyo-
sarcomes médiastinaux. Plus rarement, ils sont localisés dans
le médiastin antérieur. Ils sont souvent asymptomatiques et
A B
Figure 4. TDM thoracique avec injection de produit de contraste en coupe axiale (A) et coronale (B). Absence de récidive.
H. En-Nouali et al.2222quel est votre diagnostic ?
Feuillets de Radiologie © 2008. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 247
peuvent atteindre des dimensions importantes avant de se
manifester par des signes de compression (œsophage,
aorte thoracique descendante et ascendante, trachée,
veine cave supérieure) : dysphagie, dyspnée, toux, insuffi-
sance cardiaque… [3, 4].
La radiographie thoracique montre un syndrome médiastinal
sous forme d’une opacité à contours externes nets convexes
se raccordant en pente douce avec le médiastin et à contours
internes invisibles noyés dans le médiastin. Il n’existe pas
d’adénopathie satellite. La masse peut refouler et/ou envahir
les structures adjacentes [2, 3].
Le scanner précise les caractéristiques de la lésion en préci-
sant sa taille, ses contours, sa densité avant et après injection
du produit de contraste, son siège et ses rapports avec les
autres structures médiastinales. Elle se présente soit sous
forme d’une masse homogène lobulée ou une masse hétéro-
gène avec plusieurs zones de nécrose. Le scanner permet
d’éliminer les pseudotumeurs médiastinales [2, 3].
L’examen par résonance magnétique permet de préciser le
siège et l’extension des lésions grâce à sa meilleure résolu-
tion en contraste et son caractère multi-planaire. Elle permet
de différencier un léiomyosarcome à point de départ artériel
d’un thrombus ; celui-ci ne se rehausse pas après injection de
produit de contraste [2-4].
Le diagnostic positif est anatomopathologique, obtenu le plus
souvent après biopsie chirurgicale au cours d’une thoracosco-
pie vidéo-assistée ou une médiastinoscopie. Le diagnostic
repose sur la mise en évidence des critères immuno-histo-
chimiques et ultra-structuraux des cellules musculaires lisses
[1-3, 5, 6].
Le diagnostic différentiel du léiomyosarcome médiastinal est
celui d’une tumeur médiastinale à cellules fusiformes. Une
tumeur médiastinale postérieure fera évoquer une tumeur
d’origine neurogène, maligne ou bénigne, en particulier le
schwannome ou le neurofibrome [1, 5-7].
Le traitement est chirurgical, complété éventuellement par une
radiothérapie qui n’offre pas d’amélioration de la survie mais
entraîne une diminution du taux de récidives locales. La chimio-
thérapie est utilisée en cas d’extension métastatique [8].
Le pronostic du léiomyosarcome médiastinal est réservé pour
les plus grandes tumeurs en raison d’une fréquence élevée
d’invasion et de récidive locale. Les lésions des artères pul-
monaires ont un pronostic particulièrement mauvais, avec
peu de patients vivants à 6-12 mois [1-3, 5, 6].
Références
1. Auliac JB, Cuvelier A, Peillon C, Louvel JP, Metayer J, Muir JF. Léiomyo-sarcome médiastinal. Rev Mal Respir 1999 ; 16 : 210-3.
2. Çakır O, Topal O, Bayram AS, Tolunay S. Sarcomas: rare primary mali-gnant tumors of the thorax. Diagn Interv Radiol 2005; 11: 23-7.
3. Gladish GW, Sabloff BM, Munden RF, Truong MT, Erasmus JJ, Cha-sen MH. Primary thoracic sarcomas. Radiographics 2002; 22: 621-37.
4. Suster S. Primary sarcomas of the lung. Semin Diagn Pathol 1995; 12:140-57.
5. Rasaretinam R, Panabokke RG. Leiomyosarcoma of the mediastinum.Br J Dis Chest 1975; 69: 63-9.
6. Gonnard P, Donzeau-Gouge P, Toussaint M, Cornu C, Cabanes L, Beu-zeboc P, et al. Léiomyosarcome primitif de l’artère pulmonaire. Àpropos d’un cas : revue de la littérature. Ann Cardiol Angeiol 1992 ;41 : 383-6.
7. Gupta S, Jindal SK, Vashisht R, Singh H, Malik SK. Leiomyosarcoma ofthe mediastinum. Eur J Respir Dis 1983; 64: 69-71.
8. Standards, options et recommandations. Sarcomes des tissus mous etostéosarcomes. Paris : Arnette Blackwell, 1995.
Dorsalgies révélant une tumeur médiastinale
2222test de formation médicale continue
248
Qu’avez-vous retenu de cet article ?Testez si vous avez assimilé les points importants de cet article en répondant à ce questionnaire sous forme de QCM.
1. Les léiomyosarcomes médiastinaux :
A : Sont rares ;
B : Sont souvent primitifs ;
C : Sont isolés sans atteintes pulmonaires ;
D : Atteignent le sujet adulte.
2. À propos des léiomyosarcomes médiastinaux :
A : Il n’existe pas de facteurs de risques ;
B : Le médiastin postérieur est le siège
préférentiel ;
C : Leur diagnostic est anatomopathologique ;
D : Ils peuvent prendre naissance aux dépens de
la paroi œsophagienne ou artérielle.
3. À propos des léiomyosarcomes médiastinaux :
A : Le scanner permet d’évoquer le diagnostic ;
B : Le scanner permet d’éliminer les
pseudotumeurs médiastinales ;
C : L’imagerie permet d’évoquer le caractère
primitif en éliminant une origine œsophagienne
ou vasculaire ;
D : Ils peuvent siéger rarement dans le médiastin
antérieur.
4. À propos des léiomyosarcomes médiastinaux :
A : Le diagnostic différentiel se pose avec celui
d’une tumeur médiastinale à cellules fusiformes ;
B : Le traitement est chirurgical ;
C : La chimiothérapie est utilisée en cas
d’extension métastatique ;
D : Le pronostic est réservé.
Réponses : p. 272