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Médée : tu l'entends? La nourrice : Quoi? Médée : le bonheur. Il rôde.

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Médée : tu l'entends? La nourrice : Quoi? Médée : le bonheur. Il rôde.

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uppercuthéâtre En résidence a carqueiranne

Médée, terrible Médée ! Femme révoltée qui trahit son pè-re, tua son frère pour l'amour de Jason et la conquête de la Toison d'or. Dix ans après, Jason se déprend de Médée et s'apprête à épouser la f ille de Créon, roi de Corinthe. Refusant la fuite et le « bonheur, le pauvre bonheur », Médée va continuer à semer le feu... « Je t'ai aimée, Médée. J'ai aimé notre vie forcenée. J'ai ai-mé le crime et l'aventure avec toi. Et nos étreintes, nos sa-les luttes de chiffonniers, et cette entente de complices que

nous retrouvions le soir, sur la paillasse, dans un coin de notre roulotte, après nos coups. J'ai aimé ton monde noir, ton audace, ta révolte, ta connivence avec l'horreur et la mort, ta rage de tout détruire. J'ai cru avec toi qu'il fallait

toujours prendre et se battre et que tout était permis. » Après Euripide, Ovide, Sénèque, Corneille, Jean Anouilh a réécrit le mythe de Médée dans un français éclatant.

Mise en scène : Laurent Ziveri

Assistant à la mise en scène : Jérôme Ragon

Avec :

Médée : Emilie Blon-Metzinger

Jason : Stéphane Bault

La Nourrice : Maryse Courbet

Le garçon : Jérôme Ragon

Créon : Thierry Paul

Décor : Thierry Costanza

Costumes : Colette Galay

Conception sonore : Zidane Boussouf

Graphisme : Lionel Metz

Communication : Isabelle Clairottet

Diffusion : Maud Jacquier

Production :

Ville de Carqueiranne

Avec le soutien du Conseil Général du Var

Création 2010

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Médée : tu l'entends? La nourrice : Quoi? Médée : le bonheur. Il rôde.

La Médée de Jean Anouilh offre une grande clarté, dès sa lecture. Le texte est beau, simple, efficace, évident. Le personnage de Médée tra-verse la pièce avec force et ténacité. Elle ne lâche rien, à se demander si elle respire... J'aime cette femme, cette tueuse, cette amoureuse, cette redoutable héroïne aux multiples visages. Elle est entière, profonde, vraie. Elle est là avec son corps, avec son sexe, avec son amour. Elle se bat pour elle, pour elle seulement, pour sa liberté, pour son désir, pour sa quê-te d'absolu. Autrement, elle me fait penser aux personnages femmes que j'ai déjà rencontrés dans d'autres créations : Cordélia dans le Roi Lear, Violaine, Mara dans Claudel, Juliette dans Shakespeare, ces grands personnages tragiques, ces femmes volontaires, combatives, plus fortes que les hommes, plus pugnaces. Avec Médée, Anouilh nous donne un drame complet, total. Il nous of-fre une tragédie, celle d'un destin certain et violent. Le Médée d'Anouilh est terriblement clair comme si justement le destin de son héroïne prenait en quelques heures sa destinée mythique. Il traite l'action dans l'élan et en temps réel. Pas de temps mort, de respira-tion, de faux accents psychologiques. Médée se montre nue, à vif, blessée et orgueilleuse. Rien ni personne ne pourra empêcher l'inéluc-table. Ce n'est pas le bonheur qui rôde dans Médée, non, c'est la mort, la fin. L'amour en est la cause, la justif ication. Si Médée sait dès le début de la pièce quel est son destin, c'est qu'elle est consciente de l'état de son rapport avec Jason, son Jason, celle qu'elle attendait « je l'atten-dais tout le jour les jambes ouvertes, amputée ». Lui « ferme, intact, entier », le « morceau d'homme ! Putain ! » . Elle lui dira « il va me falloir du sang et un crime pour te quitter ». Tout est dit. Tout est là. C'est la force du texte d'Anouilh, clair, direct, simple et en même temps violent. Oui, tout est simple, inéluctable. Le destin de cette femme, l'attache-ment d'une nourrice qui la suivra jusqu'au bout ; la faiblesse du pou-voir d'un Créon usé, fatigué, fini ; et Jason qui renonce, qui part, qui fuit, qui abandonne. Tout est simple, bruyant, clair et définitif. Le cri-me est fatal , insupportable, tragique. Elle tuera ses deux enfants avant de se donner la mort.

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Qui peut comprendre, accepter, donner un sens à ce meurtre odieux, fruit d'un chantage extrême ? Médée est entière. Après ce crime plus rien. Il n'existe plus rien. Une femme qui tue ses enfants se retourne contre elle-même, contre sa propre nature, féconde et aimante. Elle tue leur amour avec ses enfants. Elle ne laisse aucune chance à leur couple, à leur amour. Elle tue ses enfants à lui. C'est la fin d'un monde, d'une époque, c'est la limite définitive. Elle dé-clenche la barbarie, l'acte odieux suivi d'autres plus abjects, plus barbares. C'est apocalyptique. C'est annonciateur d'un monde qui sombre dans le néant. La condition humaine est livrée à elle même hors de toute considération judéo-chrétienne. Médée vie et meurt avec sa propre volonté. C'est la quête d'un absolu. Je ne juge pas Médée. Je veux juste lui donner sa chance de nous dire sa souffrance, son mal. Nous dire comme l'amour peut nous blesser, nous traverser et nous anéantir. Comme le bel amour dis-paraît au profit d'une haine cruelle. Elle vole son père, tue son frère pour lui, celui qui la quitte, parce qu'il se perd à coté d'elle trop for t e , t r o p e n t i è r e , l u i , l e g u e r r i e r . Aujourd'hui le crime côtoie l'amour sur les écrans multiples de notre monde qui vacille entre réalité et virtuel. Une femme qui a tué ses enfants et qui va les cacher jusque dans un congélateur n'émeut que brièvement l'opinion publique, la cohorte des spectateurs de la misè-re humaine que nous sommes devenus. Le meurtre moins odieux des sœurs Papin avait défrayé la chronique et des réactions bien plus vives . Le meurtre est devenu courant et fait partie de notre univers de vie. Je veux que l'on aime Médée, mais que son crime révolte, laisse une trace, un silence. C'est tout l'art du théâtre, c'est ce qu'il nous autorise encore dans sa nécessité. Médée est là, devant nous, en direct. Nous la suivons, dans un texte simple et sans fioriture littéraire. Anouilh l'a écrit sans essayer d'en faire une œuvre absolue, au contraire. Il nous donne l'essence même du drame par des phrases courtes, directes, prolon-gement du mouvement interne de l'être. La fin de la pièce est un autre temps. La tragédie est passée. La vie est là. Un matin presque comme un autre. Trop peut-être? Pourra-t-on oublier Médée, Jason, ses enfants morts assassinés par leur mè-re? Je ne sais pas. Pourra-t-on oublier cet amour là, ces amants là? Sa douleur est la nôtre finalement. Nous avons nécessairement besoin de sans cesse nous rappeler que nous sommes nous aussi à la lisière même d'un monde civilisé et d'un monde sauvage abandonné par les humains. Je veux que le théâtre nous donne sa magie et réussisse à nous donner l'essentiel , la trace humaine, la trace de l'âme. Et définitivement, j'aime cette Médée, cette femme, dangereuse mais tellement belle. Laurent Ziveri - octobre 2009 -

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Qui est Médée ? Femme, prêtresse du Destin, infanticide ? Quel est ce mythe si obscur d'une femme, d'une mère au destin tragi-que ? Euripide emprunte son thème à la légende pour en écrire une énigme tragique. Le mythe s'installe dans l'histoire humaine. Le Romain Sénè-que, puis Corneille s'empareront de l'histoire pour en éclairer leurs contemporains. Jean Anouilh se penche plus tard sur la pièce d'Euripide. Il resserre la trame de la pièce sur le couple. C'est une histoire d'amour qui se ter-mine, une passion entre deux êtres que l'on peut qualif ier d'immatures. Les freudiens s'empareront eux aussi du mythe pour fonder une théorie liée au complexe de Médée. Médée peut nous intéresser aujourd'hui. Elle est le défi à la vie, à l'in-justice, à l'incompréhension, une vérité mise en lumière par Anouilh qui est déterminante pour la connaissance de l'humain poussé dans ses retranchements. Médée d'Anouilh, c'est l'histoire d'un homme et d'une femme enchaînés, entraînés dans un tourbillon où ils ne s'appartien-nent plus, vivant une existence aventureuse, défiant les lois et conduits à une errance symbolisée par cette roulotte, échouée sur une lande, aux portes de Corinthe. Chacun attend la délivrance de cette impossi-ble rupture. p.69 : « Je t'ai aimée, Médée. J'ai aimé notre vie forcenée. » p.62 : « Je t'ai aimée, Médée, comme un homme aime une femme, d'abord. » Lui. Jason. Le jeune héros, l'enfant gâté qui voulait la Toison d'or. Il a emporté la femme pour la dépenser dans l'insouciance de sa jeunesse. Il l'a aimée comme il n'aimera plus. Il l'a aimée et s'est perdu en elle, d'un amour égoïste, ne songeant qu'à lui, qu'à son plaisir, avant de dé-couvrir sur son épaule une femme dont il s'est senti la charge. Elle l'a fasciné, attiré par son attirance pour son monde noir. Elle. Médée. Et son innocence perdue. A la recherche d'un bonheur qui ne vient pas. Elle qui a tout sacrifié pour lui, exclusive dans son lien, essayant de s'en libérer en couchant avec d'autres hommes. Médée revendique une nature de femme inflexible, ne parvenant pas à assu-mer de se retrouver seule, sans lui, sans Jason !

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Médée hurle dans cette pièce d'Anouilh. Il la décrit avec puissance et crûment. Elle hurle la souffrance d'être une femme. Anouilh écarte toute l'idée de divinité ou de sorcellerie. Ce qui donne plus de véracité au personnage. Il nous restitue une femme et quelle femme : fière, arrogante, provocante, insolente face à Créon; une fem-me noire, désespérée. L'Amour est passé. Au moment de l'examen, ils constatent le fossé qui les a peu à peu séparés. Pourtant ils sont toujours enchainés l'un à l'autre. Jason sort de cette course aveugle vers la mort. Il regrette un passé dans lequel il ne se reconnaît plus. Il se détourne de ce chaos. Il se dé-livre de Médée. Il devient un homme, dépose la haine, aspire à l'humili-té. Il veut enfin rompre avec leur folie, avec la folie de Médée, sa quête révoltée. Il accepte l'humble condition de l'Homme et veut s'éprouver au monde que Médée qualif ie de raisonnable. Médée est seule, définitivement seule et aliénée à son passé émaillé de crimes. Une seule issue s'ouvre à elle: la vengeance et la mort, sa mort.

Anouilh a choisi la destruction de son personnage. Elle égorge ses en-fants et se tue après avoir mis le feu à leur roulotte, dans la volonté d'anéantissement total. Il a abandonné une partie du caractère pessi-miste du texte d'Euripide pour mieux cerner la question de la femme et son rapport ambigu à l'homme. Anouilh recentre la question posée par le meurtre maternel sur la rela-tion de la femme à l'homme, ce en quoi il fait retour à Euripide, cepen-dant qu'il modère par la connotation désespérée et primit ive qu'elle in-troduit, la dimension inacceptable et scandaleuse de l'acte. C'est une femme représentée dans toute son humanité, sans florilèges, débarras-sée de ses attributs surnaturels. Mais d'une noirceur extrême, qui ac-crédite l'acte final et qui donne une force inouïe à ce personnage.

Médée : « Comme ce serait facile un monde sans Jason. » Jason : « Un monde sans Médée! Je l'ai rêvé aussi. »

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Emilie Blon Metzinger

Formée à l’ENSATT par notamment Christian Schiaretti,

Philippe Delaigue, Catherine Anne, Emilie travaille au théâ-

tre avec Christophe Perton, Antoni Vassiliev, Frédéric Bélier

Garcia, Laurent Ziveri, elle tourne dans différents courts-

métrages avec Aurélien Recoing, Lorant Deutsch ; et au

cinéma dernièrement dans « Titeuf » de Zabou Breitman,

ou dans « Mic Mac à Tire Larigot » de Jean-Pierre Jeunet.

Elle est une voix récurrente de FIP Radio, France Culture et

France Inter.

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Stéphane Bault Stéphane se forme à l'Ecole Régionale d'Acteurs de Cannes (1990-1992) auprès de Peter Brook, Simone Amouyal, Régis Braun, Robert Cantarella, Michel Duchaussoy, Françoise Sei-gner... Depuis, il travaille comme comédien et metteur en scène avec les compagnies Le Bruit des Hommes, Kairos Théâtre, Arketal, Orphéon Théâtre Intérieur, Baltika, Rêve Lune, Hi-Han. Il intervient régulièrement comme formateur à l'ERAC, au Conservatoire de Toulon, à l'Université de La Gar-de, et organise des stages de clowns et de marionnettes. Il a enfin réalisé une dizaine de films et de courts-métrages pour la télé et le cinéma.

Maryse Courbet Comédienne et metteur en scène, Maryse fonde la compagnie Le Bruit des Hommes avec Yves Borrini en 1985. En 1994, ils s'installent en résidence au Théâtre du Ro-cher à La Garde jusqu'en décembre 2009. Elle mène une activité permanente de créa-tion théâtrale, de formation, d'action cultu-relle sur la base inchangée de choix et de convictions : notamment les écritures contemporaines. Elle joue notamment dans « La Lune des pauvres » de Jean-Pierre Si-méon, « Gounkel et les Popokh » d'Hanokh Levin, « La Perle » de John Steinbeck, « Atteintes à sa vie » de Martin Crimp, « Tous ceux qui tombent » de Samuel Bec-kett, « Oh les beaux jours » de Samuel Beckett (sublime Winnie)... Tous ces spec-tacles ont tourné dans le département du Var, en région Paca, nationalement et inter-nationalement, notamment en Nouvelle Ca-lédonie, Afrique centrale...

Jérôme Ragon Formé au Conservatoire National Supérieur d'Art Drama-tique de Paris, Jérôme suit les classes de Philippe Adrien, Jacques Lassalle, Brigitte Jaques... A sa sortie du Conservatoire, au fil des rencontres, il tra-vaille avec Brigitte Jaques, Sylvain Maurice, Christian Gangneron, Astrid Bas. Jean-Christophe Saïs le dirige dans « Sallinger » de Koltès, « Anéantis » de Sarah Ka-ne, « Pelléas et Mélisande » de Maeterlinck. Laurent Pel-ly le dirige dans « Le Roi Nu » de E. Schwartz; « Foi, Amour, Espérance » De Ö von Horvath; « Le Songe » De Strindberg; « Jacques ou la Soumission » et « L'Avenir est dans les Oeufs » de Ionesco. Laurent Ziveri le dirige dans « Le Médecin malgré lui » de Molière et « Marivaudage(S) » d'après Marivaux.

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Dans la mythologie grèque, Médée est la fille d'Eétès, roi de Colchide. Elle est magicienne, comme sa tante Circé (ou sœur dans certaines traditions). Particulièrement sombre, la légende de Médée est constituée d'une succession de meurtres ponc-tués de fuites, qui la voient accomplir un voyage à travers tou-te la Grèce.

L'histoire de Médée débute avec l'arrivée des Argonautes en Colchide. Ceux-ci recherchent la Toison d'Or sous le comman-dement de Jason (la quête ayant été initiée par son oncle Pé-lias, roi usurpateur d'Iolcos). La Toison est détenue par le roi Éétès qui accepte de la céder si les héros accomplissent certai-nes tâches apparemment impossibles.

Or Médée tombe amoureuse de Jason, charmée par sa détres-se. Le héros convoite surtout l'aide providentielle que ses pou-voirs pourraient apporter, aussi il donne la réplique. C'est ainsi que les Argonautes peuvent triompher des différentes embû-ches et conquérir la Toison d'or.

Furieux, Éétès, qui n'a en fait pas l'intention de laisser échap-per la Toison, entreprend de les poursuivre, mais Médée favo-rise leur fuite en tuant son frère cadet Apsyrtos : selon une version de l'histoire, elle le tue et le découpe en morceaux, les dispersant, si bien que son père, à la poursuite des Argonau-tes, s'attarde à ramasser les fragments du corps ; dans d'au-tres versions, Apsyrtos est déjà adulte et mène lui-même la poursuite jusqu'au moment où Médée le tue .

De retour à Iolcos, Jason constate que Pélias a profité de son absence pour tuer son père et se débarrasser de sa famille. Médée met alors au point une ruse pour le venger : elle se présente au palais de Pélias comme une prétresse d'Artémis et devant les filles du roi, elle rajeunit un bélier en le faisant bouillir , Glaucéans un chaudron avec des herbes magiques ; elle les persuade ensuite d'en faire autant avec leur père, mais elle leur donne des herbes sans aucun pouvoir, et les filles de Pélias causent malgré elles la mort de leur père.

Jason et Médée sont bannis d'Iolcos par Acaste, fils de Pélias ; ils se réfugient alors à Corinthe, où ils sont accueillis par le roi Créon. Mais Jason tombe amoureux de la fille du roi, et il se marie avec elle, répudiant Médée. Celle-ci se venge en tuant sa rivale elle lui offre une robe magique qui la brûle ainsi que son père, puis incendie le château. Elle tue ensuite de ses mains les enfants qu'elle avait eu avec Jason (Merméros et Phérès). De désespoir, Jason trouve la mort sur son bateau quelques temps après.

Médée, menacée par les Corinthiens, s'enfuit et trouve refuge auprès d'Égée, roi d'Athènes : elle lui promet ce qu'il convoite le plus — un fils —, et il accepte de l'épouser. Un enfant, Mé-dos, naîtra effectivement peu après, pour qui Médée nourrira un destin royal ; cependant l'arrivée de Thésée à Athènes bou-leversera ses plans et la dressera contre le nouveau-venu. Après plusieurs tentatives infructueuses, Médée réussit à convaincre son époux que Thésée est un traître, et qu'il convient de l'empoisonner : le drame est évité de justesse, Égée reconnaissant son fils à son épée au dernier moment. Folle de rage, elle s'empare alors du trésor d'Athènes, plu-sieurs tonnes de diamant. Dans sa fuite sur son char de feu tiré par des cobras, elle laisse échapper la moitié du trésor royal.

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Né à Bordeaux en 1910, d'un père tailleur et d'une mère musicienne. Il arrive à

Paris en 1921 et poursuit ses études au collège Chaptal. Après des études de

droit, il débute dans la publicité où il rencontrera Prévert. Très tôt passionné par

le théâtre, Jean Anouilh assiste émerveillé, au printemps 1928, à la représenta-

tion de Siegfried de Jean Giraudoux . Cette pièce servira de révélateur : "c'est le

soir de Siegfried que j'ai compris...". En 1929 il devient le secrétaire de Louis

Jouvet . Les relations entre les deux hommes sont tendues. Qu'importe, son

choix est fait, il vivra pour et par le théâtre. Sa première pièce, l’Hermine

(1932), lui offre un succès d'estime, et il faut attendre 1937 pour qu'il connaisse

son premier grand succès avec le Voyageur sans bagages . L'année suivante le

succès de sa pièce la Sauvage confirme sa notoriété et met fin à ses difficultés

matérielles. Au travers de textes apparemment ingénus, Anouilh développe

« une v is ion profondément pessimiste de l'ex istence ».

Puis éclate la seconde guerre mondiale. Pendant l'occupation, Jean Anouilh

continue d'écrire. Il ne prend position ni pour la collaboration, ni pour la résis-

tance. Ce non-engagement lui sera reproché. Il se lance dans l'adaptation de

tragédies grecques et obtient un nouveau succès avec Eurydice (1942). En 1944

est créé Antigone (1944). Cette pièce connaît un immense succès public mais

engendre une polémique. Certains reprochent à Anouilh de défendre l'ordre éta-

bli en faisant la part belle à Créon . Ses défenseurs mettent au contraire en

a v a n t l e s q u a l i t é s d e l ' H é r o ï n e .

À la Libération, Anouilh continue d'écrire en alternant pièces "noires", "roses",

"brillantes", "grinçantes", "costumées", "secrètes" et "farceuses", suivant leur

degré de pessimisme, de férocité et d’hypocrisie. Il obtient de nombreux succès.

Citons notamment L'Invitation au château (1947), L'Alouette (1952), Pauvre

Bitos ou le dîner de têtes (1956), Beckett ou l'honneur de Dieu(1959).

En 1961, il connaît un échec avec La Grotte . Il se tourne alors vers la mise en

scène. Anouilh est un des premiers à saluer le talent de Samuel Beckett, lors de

la création d'En attendant Godot. Il soutiendra également Ionesco, Dubillard,

Vitrac... Il écrira encore plusieurs pièces dans les années soixante-dix, dont cer-

taines lui vaudront le qualificatif "d'auteur de théâtre de distraction" . Anouilh

assume alors parfaitement ce rôle revendiquant volontiers le qualificatif de

"vieux boulevardier". Et allant même jusqu'à se présenter comme un simple

" f a b r i c a n t d e p i è c e s » .

Il n'en reste pas moins qu'Anouilh a bâti une œuvre qui sous l'apparence d'un

scepticisme amusé révèle un pessimisme profond. Il a également su dépeindre

ces combats passionnés où l'idéalisme et la pureté se fracassent contre le réalis-

me et la compromission. Comme l'écrit Kléber Haedens, " Anouilh touche par ses

appels au rêve, sa nostalgie d'un monde pur et perdu". Anouilh est mort en

1987.

bio

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En résidence a

carqueiranne

Communication et diffusion

Maud Jacquier

Isabelle Clairottet

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04/94/12/28/93

Adresse courrier

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Soutenue par le Conseil général du var

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