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Du curage axillaire au ganglion sentinelle :historique, technique et indications
Axillary dissection in sentinel lymph node biopsy: history, technique, andindicationsE. Barranger, Y. Delpech
Service de gynécologie-obstétrique, hôpital Lariboisière, AP–HP, université Denis-Diderot (Paris-VII),
2, rue Ambroise-Paré, F-75010 Paris, France
Reçu le 6 février 2013 ; accepté le 24 mai 2013
Abstract: Sentinel lymph node
biopsy (SLNB) is a procedure for
lymphatic staging in early breast
cancer. In a valid SLNB procedure,
axillary lymph node dissection
(ALND) can be omitted in node-
negative caseswithout compromi-
sing patient safety. The SLNB
technology has also dramatically
improved the quality of life for
women with breast cancer. This
report details a brief history of
SLNB, the main methods to identi-
fy sentinel node and how it was
applied in the treatment of a breast
cancer.
Keywords: Axillary dissection –
Sentinel node biopsy – History –
Technique – Indications
Résumé : La technique du gan-
glion sentinelle (GS) est une mé-
thode fiable permettant une éva-
luation chirurgicale sélective de
l’aisselle. Cette procédure permet
également de réduire la morbidité
du geste axillaire en comparaison
au curage axillaire (CA). Cet article
rappelle l’historique du dévelop-
pement de la procédure du GS,
les méthodes de détection et les
indications actuellement admises
en France.
Mots clés : Curage axillaire –
Biopsie du ganglion sentinelle –
Historique – Technique – Indica-
tions
Le prélèvement du ganglion
sentinelle (GS) est pratiqué en rou-
tine dans le cancer du sein comme
procédure diagnostique à la place
du curage axillaire (CA) depuis
près de 15 ans. Cependant, si cet
engouement paraît justifié et irré-
versible, l’introduction de cette
technique en routine, c’est-à-dire
sans CA lorsque le GS est indemne
de métastase, s’est faite en l’ab-
sence de résultats d’études rando-
misées obligeant initialement à la
prudence dans ses indications et
dans sa diffusion en respectant
tout d’abord certains principes de
méthodologie.
L’objectif de cette revue a été
d’effectuer un rappel sur le concept
de la technique duGS et sur sa non-
infériorité par rapport au CA qui ont
conduit progressivement à réduire
les indications duCA et à établir des
recommandations pour la diffusion
de cette technique d’exploration
chirurgicale limitée de l’aisselle en
respectant des règles de bonne
pratique.
Historique du conceptde la technique du ganglionsentinelle
Le développement au début des
années 1990 de la technique du
GS dans le cancer du sein repose
sur des travaux du drainage lym-
phatique du sein par des anatomis-
tes des XVIIIe et XIXe siècles, et en par-
ticulier ceux de Sapey [26] qui a été
le premier à décrire en 1834 l’inter-
connexion lymphatique entre la
glande mammaire et la plaque
aréolomamelonnaire. En effet, cet
anatomiste français a montré que
dans le parenchyme mammaire,
les lymphatiques longeaient les
canaux galactophores centripètes
vers un plexus autour de la plaque
aréolomamelonnaire, puis que la
lymphe quittait cette plaque par
deux canaux lymphatiques superfi-
ciels centrifuges, l’un externe se
dirigeant directement vers l’ais-
selle, l’autre interne faisant un
cercle sous-aréolaire avant de
rejoindre également l’aisselle. Ces
canaux se jetteraient dans un
groupe ganglionnaire le plus rap-
proché du bord antérieur de l’ais-
selle qui pourrait être l’ancêtre du
« GS ».
Le concept de « GS » a été décrit
cependant réellement pour la pre-
mière fois par Gould et al. en 1960
dans le cancer de la parotide [8].
Ce chirurgien pratiquait lors de
l’exérèse chirurgicale de la parotide
l’ablation sélective de ganglion(s)
sous-digastrique(s) qui correspond
(ent) à un groupe ganglionnaire de
la chaîne jugulaire interne situé
dans la partie haute de la face anté-
rieure de la veine jugulaire interne.
Un évidement ganglionnaire cervi-
cal radical n’était alors réalisé qu’en
cas de métastase dans ce ganglion
à l’examen histologique définitif.
Même si ce ganglion (ou groupe
ganglionnaire) n’était pas identifié
à l’aide d’un traceur lymphophile,
le concept de « prélèvement gan-
glionnaire sélectif » représentant leCorrespondance : [email protected]
Dossier
Them
atic
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■Oncologie (2013) 15: 294–298© Springer-Verlag France 2013DOI 10.1007/s10269-013-2298-2
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statut histologique des ganglions
dumême territoire en vue de limiter
la morbidité d’un geste potentielle-
ment inutile était né et correspond
au principe du « GS ». En 1977,
Cabanas a quant à lui montré pour
la première fois dans le cancer de la
verge l’existence de ganglions qu’il
nomme « sentinelle » après lym-
phangiographie effectuée à partir
d’injections réalisées sur la face
dorsale de la verge [2]. Il supposait
dès lors que si ce ganglion était
indemne de métastases, les autres
ganglions de la même région ana-
tomique seraient dépourvus de tout
envahissement métastatique. Cet
auteur a donc permis de définir pré-
cisément ce que l’on appelle le
« GS », à savoir le premier relais
ganglionnaire situé sur le territoire
de drainage d’une tumeur maligne
solide. L’état histologique de ce
ganglion dit « sentinelle » serait
représentatif des autres ganglions
de ce territoire.
Une avancée majeure dans le
développement de la technique du
GSa été initiée par Giuliano et al. au
« John Wayne Cancer Center » à
Louisville aux États-Unis, au milieu
des années 1990, en appliquant le
principe de cette technique au can-
cer du sein constituant un excellent
modèle de par sa fréquence impor-
tante et de par la morbidité de la
prise en charge chirurgicale axil-
laire [7]. En effet, le traitement chi-
rurgical du cancer du sein consistait
à pratiquer l’exérèse de la tumeur,
mais aussi des ganglions de l’ais-
selle en réalisant un évidement de
la région axillaire dont la morbidité
n’est pas négligeable. Un prélève-
ment sélectif dequelquesganglions
repérés au préalable après injection
de traceurs lymphophiles permet-
trait de réduire la morbidité de ce
CA pour les patientes n’ayant pas
d’envahissement métastatique du
GS. Cela concerne un nombre
important de patientes puisque la
taille moyenne de la tumeur décou-
verte actuellement n’excède pas
20mmet que l’envahissement gan-
glionnaire est étroitement lié à la
taille de la tumeur. Ces auteurs,
grâce à leurs excellents résultats
en termes de détection du GS, ont
initié une révolution dans la prise en
charge chirurgicale axillaire du can-
cer du sein en réduisant progressi-
vement les indications du CA qui
a été longtemps considéré comme
le standard de la prise en charge
de l’aisselle même si sa valeur
thérapeutique a souvent été contro-
versée.
Intérêt thérapeutique contestédu curage axillaire
Initialement, le CA était réalisé pour
pratiquer l’exérèse de métastases
axillaires cliniquement palpables
en cas de cancer du sein diagnos-
tiqué à un stade évolué. Pour tou-
tes les patientes N0-1, il permettait
d’obtenir un excellent contrôle local
axillaire avec, malgré tout, un
risque de récidive axillaire (RA)
après curage compris entre 1 et
3 % [3,6,17,23]. L’essai historique
randomisé du NSABP-B-04 [5]
avait montré que dans une popula-
tion sans envahissement ganglion-
naire clinique traitée par mastecto-
mie sans traitement médical
complémentaire (hormonothérapie
ou chimiothérapie), malgré un taux
d’envahissement axillaire de 40 %,
le taux observé de RA pour les
patientes traitées par mastectomie
sans CA (n = 365) était de 7 % à
25 ans contre 5 % après mastecto-
mie–CA (n = 362) et 1 % après mas-
tectomie suivie de radiothérapie
axillaire (n = 352) sans différence
statistiquement significative. De
même, il n’y avait pas d’impact
négatif en l’absence de CA sur la
survie globale (SG) et la survie
sans récidive (SSR) à dix ans (SG :
54, 58 et 59 %, respectivement ;
SSR : 42, 47 et 48 %, respective-
ment) et à 25 ans (SG : 26, 25 et
19 %, respectivement ; SSR : 19,
19 et 13%, respectivement). La prin-
cipale critique de cet essai était que
35 % des patientes du groupe mas-
tectomie seule avaient également
des ganglions prélevés lors de la
mastectomie.
Une méta-analyse publiée par
Orr en 1999 [22], incluant environ
3 000 patientes issues de six essais
randomisés historiques de 1951 à
1987, a montré un bénéfice en sur-
vie de 5,4 % (intervalle de confiance
[IC] 95 % = 2,7–8,0) pour les
patientes ayant eu un CA par rap-
port aux patientes n’ayant pas eu
de traitement de l’aisselle. Cepen-
dant, l’auteur nuançait lui-même
ses résultats en précisant que ces
six essais comportaient peu de
patientes avec des tumeurs T1a-b,
constituant pourtant la majorité
des cancers du sein diagnostiqués
actuellement, et que la prise en
charge globale ne correspondait
plus à nos pratiques actuelles puis-
qu’aucune patiente n’avait eu de
prescription d’hormonothérapie
et qu’une minime proportion de
patientes avait reçu une chimiothé-
rapie (seulement 3,3 % des
patientes de l’étude de Curie uni-
quement). Il concluait finalement
que ces résultats ne seraient très
certainement plus significatifs en
cas de prescription de traitement
adjuvant (hormonothérapie ou
chimiothérapie). D’ailleurs, San-
ghani et al. [25] ont publié en 2009
une méta-analyse incluant deux
essais randomisés publiés entre
2000 et 2007 comparant CA versus
abstention axillaire avec un recul
médian variant de 5 à 6,6 ans et
incluant 692 patientes, dont 56 et
93 % de T1, 23 et 28 % de N+, 80 et
88 % de traitements complémen-
taires par hormonothérapie. Le
taux de RA était plus important en
l’absence de CA (1,5 vs 3 % ; odds
ratio [OR] : 0,27 ; IC 95 % : [0,10–
0,78], p = 0,02) par rapport au CA
mais sans impact significatif sur la
SG (OR : 1,20 ; IC 95% : [0,64–2,27]),
la survie sansmétastase (OR : 0,97 ;
IC 95 % : [0,69–1,38]) et sur les réci-
dives locales mammaires (OR :
1,12 ; IC 95 % : [0,68–1,86]). Les
auteurs concluaient que le CA n’ap-
portait pas de bénéfice en survie
malgré un taux de RA plus élevé
par rapport à l’abstention chirurgi-
cale axillaire pour les patientes
avec un cancer du sein précoce
N0 bénéficiant d’un traitement
par hormonothérapie et radio-
thérapie du sein. Plus récemment
encore, un essai randomisé publié
en 2012 a confirmé l’absence de
bénéfice du CA en comparaison
avec l’abstention chirurgicale axil-
laire associée à une radiothérapie
du sein (et non de l’aisselle) et 5
Miseau
point
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ans de tamoxifène [19]. Cette étude
a montré chez 238 patientes âgées
de plus de 65 ans ayant un cancer
du sein de moins de T1-N0, après
un suivi de 15 ans, des taux de SG
et de survie sansmétastase équiva-
lents dans les deux groupes. Ces
résultats récents allaient donc en
faveur de l’absence de bénéfice
thérapeutique du CA par rapport à
l’abstention en cas de tumeur du
sein N0. Cela peut s’expliquer par
la plus petite taille des tumeurs
diagnostiquées actuellement et la
prescription quasi systématique de
traitements adjuvants (chimiothé-
rapie et/ou hormonothérapie).
Rappel des principesde la technique de la biopsiedu ganglion sentinelle
Les premières descriptions de la
biopsie du GS dans le cancer du
sein ont été effectuées après une
injection péritumorale (PT) de bleu
et de radio-isotope [7,14]. Depuis,
de multiples sites d’injection ont
été rapportés : intradermique, sub-
dermique, périaréolaire (PA), suba-
réolaire, PT, subtumorale et intratu-
morale [21]. Ces sept modalités
d’injection peuvent schématique-
ment être réparties en fonction de
la profondeur d’injection (superfi-
cielle versus profonde) et en fonc-
tion du site anatomique d’injection
(PT versus PA).
L’injection PT superficielle a été
comparée à l’injection PT profonde
dans une large étude rétrospective
multicentrique portant sur 2 206
patientes. Dans cette étude,
McMasters et al. ont montré que
les injections PT superficielles per-
mettaient d’obtenir des taux d’iden-
tification (TI) supérieurs aux injec-
tions profondes (89,9 versus 98 %,
p < 0,0001) [20]. Ces résultats sont
concordants avec la série de Line-
han et al. [16], portant sur plus de
200patientes, qui observait unmeil-
leur TI en faveur de l’injection
superficielle (98 versus 89 %) sans
modification du taux de faux-
négatifs (TFN) correspondant au
nombre de patientes avec un prélè-
vement du GS indemne de méta-
stase, alors que le CA complémen-
taire est métastatique, divisé par le
nombre total de patientes N+. Un
autre avantage de l’injection super-
ficielle est le délai de migration du
traceur, plus court que pour les
injections profondes (30 à 60 minu-
tes versus 2 à 3 heures) [20]. Cela
constitue un avantage pratique,
notamment pour l’acquisition des
images de lymphoscintigraphie
qui peuvent ainsi être réalisées rapi-
dement après l’injection. L’explica-
tion anatomique est liée à la densité
du réseau lymphatique superficiel
permettant une visualisation immé-
diate après injection d’une masse
colorée. De plus, la détection des
GS serait facilitée en peropératoire
par une radioactivité significative-
ment plus importante avec l’injec-
tion superficielle (p < 0,0001) sans
modifier le nombre absolu de GS
(2,29 versus 2,57) [20]. Cela pourrait
aussi faciliter l’apprentissage de la
technique du GS.
L’injection PT profonde quant à
elle, du fait du drainage lympha-
tique profond vers les chaînes
mammaires internes et externes,
permettrait de visualiser plus fré-
quemment les GS de la chaîne
mammaire interne [4]. Dans une
série de 36 patientes ayant reçu à
huit jours d’intervalle une injection
de traceur radioactif en PT profond
puis en superficiel, Eroglu et al. [4]
ont montré un TI en lymphoscinti-
graphie des GS extra-axillaires, au
niveau de la chaîne mammaire
interne, plus fréquent après l’injec-
tion profonde (23 versus 10 %).
L’injection PA ou subaréolaire a
été développée secondairement
devant les contraintes imposées
par l’injection PT, comme la néces-
sité d’injecter sous échographie en
cas de tumeur non palpable ou
comme la diffusion du signal en
cas d’injection dans le quadrant
supéroexterne. Le concept de
l’injection PA repose sur les don-
néesanatomiques dudrainage lym-
phatique du sein de Sapey [26]. Le
sein est considéré commeuneunité
biologique dont tous les territoires
se draineraient vers le même gan-
glion axillaire, et seulement 3 % du
flux lymphatique se dirigerait en
parasternal vers les ganglions de
la chaîne mammaire interne et
une minime proportion vers les
ganglions intercostaux postérieurs
[12,13].
L’injection PA a été comparée
à l’injection PTdans l’essai prospec-
tif randomisé multicentrique fran-
çais « FRANSENODE » incluant
449 patientes [24]. Le taux de détec-
tion était non significativement
supérieur dans le groupe PA (95,6
versus 93,8 %, p = 0,24 pour le
bleu ; 98,2 versus 96 %, p = 0,16
pour la détection isotopique). Le
nombre total de GS prélevés par
patiente était plutôt en faveur
de l’injection PA (1,5 versus 1,2,
p = 0,001 pour le bleu ; 1,9 versus
1,7, p = 0,02 pour l’isotope) avec
une concordance satisfaisante
entre la détection isotopique
et colorimétrique (95,6 versus
91,5 % ; p = 0,08). Les conclusions
de l’essai étaient en faveur de la
validation de l’injection PA. L’une
des limites de cet essai, comme
le soulignaient les auteurs, était
l’absence de CA systématique ne
permettant pas le calcul du TFN
pour chaque modalité d’injection.
Un CA systématique a été réalisé
dans une série rétrospective de
214 procédures du GS, où Kavalla-
ris et al. avaient comparé l’injection
de bleu seul PA à l’injection PT [11].
Le TI était de 91,7 % en cas
d’injection PA pour un TFN à 3,6 %
contre un TI de 80,9 % en cas
d’injection PT et un TFN à 11,8 %.
Ce TFN aurait probablement été
moins élevé dans le sous-groupe
PT avec une détection combinée
du GS.
La détection des GS est soit
colorimétrique avec utilisation du
bleu patente, soit isotopique avec
injection d’un radiotraceur, soit
combinée. La technique au bleu
seul n’est pas recommandée. Elle
est cependant toujours utilisée par
de nombreux chirurgiens et dans
les pays n’ayant pas accès à la
médecine nucléaire. Cette méthode
où le bleu est injecté en PT permet
un TI de seulement 85 à 90 %. Il
s’agit d’une technique totalement
opérateur-dépendant, puisque le
seul critère de jugement du GS est
l’œil du chirurgien. L’isotope utilisé
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dans le cadre de la radiodétection
du GS est le Tc99m. L’isotope est lié
à des colloïdes qui sont, après injec-
tion dans le sein, retenus dans les
ganglions, ce qui permet d’une part
leur visualisation par lymphoscinti-
graphie, puis d’autre part leur
détection au bloc opératoire à
l’aide d’une sonde de détection de
photons gamma.
Les sondes de radiodétection
permettent ainsi de guider l’acte chi-
rurgical, à l’intérieur du site opéra-
toire vers le GS radioactif avec pré-
cision, de façon à limiter les
dissections et donc les délabre-
ments de l’aisselle. De plus, elles
permettent de vérifier l’absence de
radioactivité résiduelle en fin de
procédure, ce qui facilite la période
d’apprentissage du chirurgien.
Aujourd’hui, la majorité des résul-
tats publiés dans la littérature est
en faveurd’uneutilisationcombinée
des traceurs. La double détection
permettrait d’une part de réduire le
TFN et d’autre part d’augmenter
les TI situés entre 97 et 99 % [9].
Essais ayant validé la techniquede la biopsie du ganglionsentinelle à la place du curageaxillaire
Cette technique de prélèvement
ganglionnaire limité de l’aisselle a,
jusqu’au début des années 2000,
été systématiquement associée au
CA par prudence afin d’évaluer le
TFN, paramètre indispensable
pour s’assurer de la fiabilité de
cette nouvelle technique et permet-
tre sa diffusion en routine, c’est-
à-dire sans CA si le ou les GS est
(sont) indemne(s) de métastases.
Ce TFN acceptable avait initiale-
ment été fixé arbitrairement à 5 %.
Mais devant l’engouement pour
cette technique dont la faiblemorbi-
dité a été rapidement démontrée, le
CA a été abandonné en cas de GS
indemne de métastases, cela mal-
gré l’absence de résultats d’études
prospectives randomisées, dont les
premières inclusions ont débuté à
la fin des années 1990. Les objectifs
de ces essais comparant la biopsie
du GS au CA pour les patientes
GS– portaient sur l’évaluation non
seulement du TFN mais aussi du
risque de RA à moyen terme ainsi
que l’impact sur la survie. Les pre-
miers résultats ont été seulement
publiés en 2007 par Krag et al.
dont l’étude randomisée (NSABP-
B-32) [14] montrait curieusement
un TFN non pas à 5 %, comme il
était attendu ou précisément
espéré, mais plutôt proche de
10 %. Ce chiffre surprenant aurait
pu légitimement faire craindre un
risque de RA relativement impor-
tant, en tout cas supérieur au CA,
et donc de facto faire également
craindre un impact potentiellement
négatif sur la survie. Mais malgré
cette valeur élevée du TFN que
d’autres études prospectives ont
confirmé [10,27], la légitimité de la
technique du GS n’a jamais été
remise en cause, bien au contraire,
puisque les indications se sont pro-
gressivement étendues limitant
encore la place du CA.
En 2010, les auteurs de cette
même étude randomisée du
NSABP-B-32 ont confirmé l’équiva-
lence de la technique duGSpar rap-
port au CA en comparant un groupe
CAversus abstention en cas deGS–,
cela avec un recul de plus de huit
ans. Ils ont conclu que, malgré ce
TFN élevé proche de 10 %, la tech-
nique du GS pouvait définitivement
remplacer le CA pour les patientes
avec un cancer invasif du sein
unique T1-T2N0. En effet, le taux
de RA observé était faible (< 1 %),
équivalent dans les deux groupes,
tout comme la SSR et la SG [15].
Indications actuellesde la technique du ganglionsentinelle
Les indications de la biopsie du GS
ont longtemps été restreintes en
France, par prudence aux patientes
N0 sans traitementmédical premier
(chimiothérapie ou hormonothéra-
pie néoadjuvante) ni de radiothéra-
pie première ayant une tumeur
unique en place de petite taille
(15–20 mm), donc à faible risque
théorique d’envahissement gan-
glionnaire. De plus, la technique
devait être pratiquée après une
double détection par un opérateur
entraîné ayant validé sa courbe
d’apprentissage. Les recommanda-
tions américaines publiées en 2005
étaient moins restrictives dans les
indications puisqu’elles contre-
indiquaient sa pratique aux
patientes N1 et en cas de tumeurs
multiples [18]. Dans les autres situa-
tions telles que les tumeurs de plus
de 2 cm, après chimiothérapie néo-
adjuvante (CNA), et après tumorec-
tomie, la technique du GS était
admise.
Les résultats des essais rando-
misés, publiés dès 2007, ont
confirmé la non-infériorité de la
biopsie du GS par rapport au CA
faisant progressivement reculer en
France les limitations à la pratique
de la biopsie du GS.
En 2011, les RPC de Nice–Saint-
Paul ont actualisé les indications de
la technique du GS [1].
Cette technique est actuelle-
ment proposée dans les situations
suivantes :
– patientes ayant un cancer du
sein unifocal sans traitement médi-
cal premier T1-T2N0 et inférieur ou
égal à 3 cm ;
– avant CNA ;
– en cas de carcinome intraca-
nalaire étendu.
Cette technique reste contre-
indiquée en cas de tumeurs multi-
ples de diagnostic préopératoire et
en cas d’adénopathie suspecte
axillaire.
Enfin, les dernières RPC de
Nice–Saint-Paul-de-Vence, ayant eu
lieu en janvier 2013, vont probable-
ment valider la réalisation de la
biopsie du GS après CNA comme
option au CA systématique chez les
patientes sans envahissement gan-
glionnaire prouvé (clinique, écho-
graphie ± cytoponction) avant CNA.
Conflit d’intérêt : les auteurs
déclarent ne pas avoir de conflit
d’intérêt.
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