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378 Ann Dermatol Venereol 2005;132:378-83 Formation médicale continue Clinique Épidémiologie des carcinomes baso-cellulaires Y. SCRIVENER, F. CHEBIL, B. CRIBIER es carcinomes basocellulaires (CBC) représentent environ 1/3 de l’ensemble des cancers dans les pays occidentaux et constituent probablement la tumeur maligne la plus fréquente dans l’espèce humaine. De plus, la plupart des études épidémio- logiques ont pu montrer un net accrois- sement des taux d’incidence durant ces trois dernières décennies, à tel point que Marks a employé l’expression d’« épidémie silencieuse du XX e siècle » [1]. Cet état de fait pourrait être dû à la combinaison de plusieurs facteurs : accroissement de l’exposition solaire, modifications de la mode vesti- mentaire, longévité humaine accrue et diminution de la couche d’ozone. Epidémiologie descriptive L’incidence réelle des carcinomes baso- cellulaires (CBC) est difficile à détermi- ner. Ils sont en effet rarement inclus dans les statistiques des registres natio- naux ou régionaux du cancer et, lors- que c’est le cas, ils sont le plus souvent regroupés avec les autres cancers cuta- nés épithéliaux, sous l’étiquette com- mune de « carcinomes cutanés » ou « cancers cutanés autres que mélanomes ». Les CBC sont en effet difficiles à recenser, car parfois détruits sans analyse histologique préalable. C’est ainsi qu’à Glasgow, plus de 30 p. 100 de ces tumeurs n’avaient pas été signalées au registre du cancer écos- sais [2]. De plus, en raison de leur mor- talité exceptionnelle, les CBC ne sont pas encore considérés comme un pro- blème de santé publique et ne sont donc pas souvent inclus dans les registres du cancer. La plupart des chiffres sont ainsi issus d’échantillons de population dans une région géographique limitée ou d’archives de laboratoire d’histopatholo- gie. De ce fait, les données concernant ces tumeurs sont pour la plupart enta- chées d’importants biais. INCIDENCE DES CBC Incidence en fonction du lieu géographique Elle est fortement variable. Elle dépend du phototype des populations et du lieu de vie. Elle est ainsi comprise entre 1/100 000 habitants dans les populations noires d’Afrique [3] et plus de 1 500/100 000 dans les populations blanches d’Austra- lie équatoriale [4]. Les taux d’incidence émanant des principales études me- nées dans le monde sont détaillés dans le tableau I. En France métropolitaine, seul le registre du Haut-Rhin enregistre les carcinomes basocellulaires de ma- nière séparée. Leur incidence, proba- blement sous estimée, entre 1997 et 1999 était de 81,8/100 000 chez les hommes et de 67,6/100 000 chez les femmes. Ainsi, dans le Haut-Rhin, 1 homme sur 11 et 1 femme sur 15 ris- que de développer un CBC avant 75 ans (données issues du registre des cancers du Haut-Rhin et disponibles en ligne à l’adresse www.arer68.org). Incidence des CBC en fonction du phototype Dans une même région géographique, l’incidence des carcinomes cutanés est nettement supérieure chez les person- nes à peau claire par rapport à celles qui ont la peau noire. Ainsi, au Nouveau Mexique, l’incidence des CBC est près de 6 à 10 fois moindre dans les popula- tions hispaniques par rapport aux popu- lations blanches [5]. Chez les Afro-américains vivant aux Etats-Unis, l’incidence estimée est de 3,4/100 000 contre 233/100 000 dans la population à peau claire [6]. Incidence des CBC en fonction du statut socio-économique En Finlande, les taux d’incidence sont supérieurs dans les populations urbai- nes par rapport aux populations rurales. Les fermiers, forestiers et pêcheurs ont des taux relativement bas par rapport aux personnes ayant un plus haut ni- veau d’étude. Cela découle peut être d’un biais d’examen, les populations à fort niveau d’éducation ayant un meilleur suivi médical [7]. Incidence des CBC en fonction de la saison Au contraire des cancers non cutanés, le pic d’enregistrement des CBC au regis- tre des cancers d’Oxford se situe entre juillet et septembre, indépendamment de l’âge, du sexe des malades et de la lo- calisation des tumeurs [8]. Cette discor- dance entre cancers cutanés et viscéraux ne peut s’expliquer par les modifica- tions de l’activité hospitalière. L’allège- ment vestimentaire estival pourrait favoriser le dépistage (par le malade et par le médecin) des tumeurs cutanées durant cette période de l’année. Incidence des CBC en fonction de l’âge Les CBC peuvent être observés à tout âge, mais sont rares chez les jeunes et nettement plus fréquents après 50 ans. Ainsi, la proportion de CBC observés chez des malades de moins de 40 ans est de moins de 5 p. 100 [9, 10], tandis qu’elle est de plus de 15 p. 100 au delà de 80 ans [10]. L’âge moyen et l’âge mé- dian lors de l’excision de la première tu- meur sont élevés (respectivement de Clinique Dermatologique, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, 1, place de l’Hôpital, 67091 Strasbourg Cedex. Tirés à part : Y. SCRIVENER, à l’adresse ci-dessus. E-mail : [email protected] L

Épidémiologie des carcinomes baso-cellulaires

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Page 1: Épidémiologie des carcinomes baso-cellulaires

378

Ann Dermatol Venereol2005;132:378-83Formation médicale continue

CliniqueÉpidémiologie des carcinomes baso-cellulairesY. SCRIVENER, F. CHEBIL, B. CRIBIER

es carcinomes basocellulaires

(CBC) représentent environ

1/3 de l’ensemble des cancers

dans les pays occidentaux et constituent

probablement la tumeur maligne la

plus fréquente dans l’espèce humaine.

De plus, la plupart des études épidémio-

logiques ont pu montrer un net accrois-

sement des taux d’incidence durant ces

trois dernières décennies, à tel point

que Marks a employé l’expression

d’« épidémie silencieuse du

XXe siècle » [1]. Cet état de fait pourrait

être dû à la combinaison de plusieurs

facteurs : accroissement de l’exposition

solaire, modifications de la mode vesti-

mentaire, longévité humaine accrue et

diminution de la couche d’ozone.

Epidémiologie descriptive

L’incidence réelle des carcinomes baso-

cellulaires (CBC) est difficile à détermi-

ner. Ils sont en effet rarement inclus

dans les statistiques des registres natio-

naux ou régionaux du cancer et, lors-

que c’est le cas, ils sont le plus souvent

regroupés avec les autres cancers cuta-

nés épithéliaux, sous l’étiquette com-

mune de « carcinomes cutanés » ou

« cancers cutanés autres que

mélanomes ». Les CBC sont en effet

difficiles à recenser, car parfois détruits

sans analyse histologique préalable.

C’est ainsi qu’à Glasgow, plus de

30 p. 100 de ces tumeurs n’avaient pas

été signalées au registre du cancer écos-

sais [2]. De plus, en raison de leur mor-

talité exceptionnelle, les CBC ne sont

pas encore considérés comme un pro-

blème de santé publique et ne sont donc

pas souvent inclus dans les registres du

cancer. La plupart des chiffres sont ainsi

issus d’échantillons de population dans

une région géographique limitée ou

d’archives de laboratoire d’histopatholo-

gie. De ce fait, les données concernant

ces tumeurs sont pour la plupart enta-

chées d’importants biais.

INCIDENCE DES CBC

Incidence en fonction du lieu géographique

Elle est fortement variable. Elle dépend

du phototype des populations et du lieu

de vie.

Elle est ainsi comprise entre 1/100 000

habitants dans les populations noires

d’Afrique [3] et plus de 1 500/100 000

dans les populations blanches d’Austra-

lie équatoriale [4]. Les taux d’incidence

émanant des principales études me-

nées dans le monde sont détaillés dans

le tableau I. En France métropolitaine,

seul le registre du Haut-Rhin enregistre

les carcinomes basocellulaires de ma-

nière séparée. Leur incidence, proba-

blement sous estimée, entre 1997 et

1999 était de 81,8/100 000 chez les

hommes et de 67,6/100 000 chez les

femmes. Ainsi, dans le Haut-Rhin,

1 homme sur 11 et 1 femme sur 15 ris-

que de développer un CBC avant 75 ans

(données issues du registre des cancers

du Haut-Rhin et disponibles en ligne à

l’adresse www.arer68.org).

Incidence des CBC en fonction du phototype

Dans une même région géographique,

l’incidence des carcinomes cutanés est

nettement supérieure chez les person-

nes à peau claire par rapport à celles qui

ont la peau noire. Ainsi, au Nouveau

Mexique, l’incidence des CBC est près

de 6 à 10 fois moindre dans les popula-

tions hispaniques par rapport aux popu-

lations blanches [5]. Chez les

Afro-américains vivant aux Etats-Unis,

l’incidence estimée est de 3,4/100 000

contre 233/100 000 dans la population

à peau claire [6].

Incidence des CBC en fonction du statut socio-économique

En Finlande, les taux d’incidence sont

supérieurs dans les populations urbai-

nes par rapport aux populations rurales.

Les fermiers, forestiers et pêcheurs ont

des taux relativement bas par rapport

aux personnes ayant un plus haut ni-

veau d’étude. Cela découle peut être

d’un biais d’examen, les populations à

fort niveau d’éducation ayant un

meilleur suivi médical [7].

Incidence des CBC en fonction de la saison

Au contraire des cancers non cutanés, le

pic d’enregistrement des CBC au regis-

tre des cancers d’Oxford se situe entre

juillet et septembre, indépendamment

de l’âge, du sexe des malades et de la lo-

calisation des tumeurs [8]. Cette discor-

dance entre cancers cutanés et viscéraux

ne peut s’expliquer par les modifica-

tions de l’activité hospitalière. L’allège-

ment vestimentaire estival pourrait

favoriser le dépistage (par le malade et

par le médecin) des tumeurs cutanées

durant cette période de l’année.

Incidence des CBC en fonction de l’âge

Les CBC peuvent être observés à tout

âge, mais sont rares chez les jeunes et

nettement plus fréquents après 50 ans.

Ainsi, la proportion de CBC observés

chez des malades de moins de 40 ans

est de moins de 5 p. 100 [9, 10], tandis

qu’elle est de plus de 15 p. 100 au delà

de 80 ans [10]. L’âge moyen et l’âge mé-

dian lors de l’excision de la première tu-

meur sont élevés (respectivement de

Clinique Dermatologique, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, 1, place de l’Hôpital, 67091 Strasbourg Cedex.

Tirés à part : Y. SCRIVENER, à l’adresse ci-dessus.E-mail : [email protected]

L

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Ann Dermatol Venereol2005;132:378-83Épidémiologie des carcinomes baso-cellulaires

65 et 67 ans) [10]. A l’inverse, certaines

études australiennes basées sur des

questionnaires envoyés de manière sys-

tématique aux personnes inscrites sur

les listes électorales sont plutôt en fa-

veur d’une diminution de l’incidence

des CBC chez les femmes de plus de

50 ans [13, 14, 18]. Cela pourrait être ex-

pliqué, par un biais de recrutement, par

une exposition solaire moindre des jeu-

nes femmes lors des précédentes décen-

nies ou par une exposition solaire

moins importante des femmes au-delà

d’un certain âge.

L’évolution dans le temps a été marquée

par une stabilité de l’incidence des CBC

survenant chez les personnes âgées de

moins de 50 ans [12] et par une nette

progression de l’incidence des CBC

chez les personnes âgées de plus de

60 ans [11, 15]. Une grande partie de la

forte augmentation du nombre de CBC

pourrait ainsi être expliquée par le seul

vieillissement des populations étudiées.

Seules deux études européennes ont, à

l’inverse, objectivé un léger accroisse-

ment de l’incidence des CBC chez les

malades de moins de 40 ans [11, 15].

Incidence des CBC en fonction du sexe

La plupart des séries montrent une pré-

dominance des cas masculins, avec un

rapport H/F allant de 1,1 en Suisse [15] et

Grande-Bretagne [16] à 2,59 aux Etats-

Unis [5]. Cette prédominance masculine

est encore plus marquée dans les pays

tropicaux [17]. Elle a été attribuée à une

exposition solaire professionnelle plus

importante chez les hommes [13, 14]. La

tendance pourrait s’inverser, certaines

études ayant montré une augmentation

de la proportion de femmes lors des

deux dernières décennies [15]. Une légè-

re prédominance féminine a pu être

constatée dans la plus importante série

de CBC, reflétant peut être le vieillisse-

ment de la population et la durée de vie

plus longue des femmes [10].

EVOLUTION DE L’INCIDENCE DES CBC DANS LE TEMPS

L’incidence des carcinomes cutanés aux

Etats-Unis, au Canada, en Europe et en

Australie aurait augmenté de 4 à

8 p. 100 par an en moyenne durant les

deux dernières décennies [11, 12, 16]. La

plus forte augmentation a été enregis-

trée en Grande Bretagne, avec un taux

de croissance de 235 p. 100 entre 1978

et 1991 [11]. Il est probable qu’une partie

de cette augmentation soit le fait d’un

accroissement de l’activité des structu-

res qui diagnostiquent ou recensent ces

tumeurs (laboratoire d’anatomo-patho-

logie, registres du cancer), ou d’un

meilleur dépistage dans les populations

occidentales mieux informée des ris-

ques du soleil. L’augmentation plus mo-

deste des taux d’incidence (+ 11 p. 100

chez les hommes, + 2 p. 100 chez les

femmes en 5 ans) observée dans les étu-

des systématiques de populations aus-

traliennes reflète vraisemblablement

plus la variation d’incidence réelle [18].

Ainsi, l’idée d’une augmentation des

taux d’incidence est généralement ad-

mise mais elle est dans les faits très dif-

ficile à démontrer.

PRÉVALENCE

La prévalence se définit par le nombre

total de cas d’une maladie à un moment

précis et dans une population définie.

Elle dépend de l’incidence de cette mala-

die et de sa durée d’évolution. Concer-

nant les CBC, la prévalence est souvent

déduite des taux d’incidence et fait rare-

ment l’objet de mesures spécifiques.

Elle a ainsi été estimée entre 900 000 et

1 200 000 cas en 1994, pour les seuls

Etats-Unis. Le nombre de carcinomes

cutanés a été estimé à 2 750 000 cas en

1985, en Europe (sauf ex-URSS),

Amérique du Nord, Australie et

Nouvelle-Zélande. Les seules vraies en-

quêtes de prévalence ont été effectuées

en Australie. Environ 4 p. 100 des

30 000 personnes de 20 à 69 ans qui

ont été systématiquement examinées

dans le Queensland avaient un CBC [19].

MORTALITÉ

Les estimations les plus récentes suggè-

rent un taux de mortalité de l’ordre de

0,1 p. 100 des CBC [20]. La moyenne

d’âge du décès par CBC est de 85 ans.

Un refus d’intervention chirurgicale a

Tableau I. – Incidence standardisée des CBC dans le monde, classée par ordre croissant.

Pays Région d’étude Année d’étude

Hommes/100 000

Femmes/100 000

Source des données

Finlande [7] Nationale 1995 43,7 31,7 Registre du cancerPays-Bas [60] Eindhoven 1988 67,5 46,3 Registre du cancerSuisse [15] Vaud 1992 69,3 62,2 Registre du cancerFrance www.arer68.org Haut Rhin 1997-99 81,8 67,6 Registre du cancerGrande-Bretagne [61] North Humberside 1991 115 103 Registres histologiques d’un centre hospitalierCanada [11] Vancouver 1987 157 127 Registre du cancerEtats-Unis [17] Hawaï 1987 576 292 Enquête auprès des praticiensEtats-Unis [62] Rochester 1990 175 124 Etude rétrospective de dossiers hospitaliers.Australie [13] Nationale 1985 735 593 Echantillon de population (sondage téléphonique)Australie [18] Nationale 1990 849 605 Echantillon représentatif de population (sondage téléphonique)Etats-Unis [63] Arizona 1996 935 497 Registre du cancerAustralie [14] Geraldton 1987 1335 817 Examen systématique de l’ensemble de la population inscrite

sur liste électoraleAustralie [4] Queensland 1985-87 1772 1610 Examen systématique d’un échantillon de population

Page 3: Épidémiologie des carcinomes baso-cellulaires

380

Y. SCRIVENER, F. CHEBIL, B. CRIBIER Ann Dermatol Venereol2005;132:378-83

pu être documenté dans 40 p. 100 des

cas de décès par CBC [19]. Le risque mé-

tastatique est faible et a été évalué à

0,002 p. 100 des tumeurs.

Épidémiologie analytique

FACTEURS DE RISQUE INDIVIDUELS

Origine ethnique

En Australie, le risque de développer

un CBC est moindre chez les immi-

grants que chez les natifs, et ce risque

décroît avec l’âge d’arrivée [20]. Les in-

dividus originaires d’Europe du nord

ont un risque plus important de déve-

lopper un CBC que ceux originaires

d’Europe du sud.

Caractéristiques pigmentaires

La pâleur de la peau [21, 22], les yeux

clairs [1, 9], les cheveux clairs ou roux

[3, 21-23] sont des facteurs de risque de

CBC fréquemment individualisés dans

les différentes séries publiées. La pro-

pension d’un individu à développer des

coups de soleil plutôt qu’à bronzer appa-

raît aussi comme un facteur de risque

de CBC [21, 22].

Ephélides

Leur existence est un marqueur de ris-

que de l’apparition d’un CBC dans la

plupart des études cas témoin [21, 22],

surtout lorsqu’elles sont localisées aux

bras [22], au visage [20] ou quand elles

sont apparues dès l’enfance.

Nombre de naevus

Kricker et coll. ont montré que la pré-

sence de quatre naevus ou plus, d’une

taille supérieure à 5 mm et localisés sur

le dos est un marqueur de risque indé-

pendant de CBC (risque relatif 1,4) [22].

Ce facteur de risque est commun avec le

mélanome.

FACTEURS DE RISQUE COMBINANT RISQUE INDIVIDUEL ET ENVIRONNEMENTAL

Coups de soleil

Les antécédents de coups de soleil cons-

tituent un indicateur, à la fois d’une for-

te exposition solaire et, indirectement,

du phototype. C’est un événement qui

est simple à rechercher quand il s’agit

d’un coup de soleil violent et dont les in-

dividus se souviennent facilement. Il y a

une association entre l’existence de

coups de soleil douloureux [24], bulleux

[21, 24] et fréquents, et le risque de déve-

lopper un CBC, surtout si ces coups de

soleil sont survenus dans l’enfance ou

l’adolescence. Le risque relatif de CBC

varie de 2,5 à 6 fois en fonction du nom-

bre de coups de soleil et de l’âge de sur-

venue [21, 23].

Signes cutanés d’exposition solaire

L’existence d’une élastose, d’un lenti-

go, de télangiectasies solaires et/ou de

kératoses actiniques est associé à un

risque plus élevé de survenue d’un

CBC [22, 25]. En revanche, il y avait une

relation négative entre l’augmentation

du nombre et de la profondeur des rides

et le risque de développer un CBC [26].

Cette constatation émane d’une compa-

raison des rides classées selon une

échelle allant de 1 à 8 chez 118 malades

atteints de CBC et 121 témoins.

FACTEURS DE RISQUE ENVIRONNEMENTAUX

Les rayons ultra-violet solaires jouent

sans doute un rôle important dans la

survenue d’un CBC. En effet :

– il existe une relation inverse entre l’in-cidence des cancers cutanés dans la po-pulation blanche et la latitude du lieu de résidence ;– les CBC se localisent de manière pré-férentielle dans les régions de la tête et du cou ;– le taux d’incidence est très bas dans les populations de peau pigmentée ;– l’incidence des CBC augmente régu-lièrement avec l’âge des malades.

Les études d’épidémiologie analytique

se sont attachées à prouver le rôle de

l’exposition solaire dans la survenue

d’un CBC. L’étude de l’association en-

tre carcinome cutané et exposition so-

laire personnelle est très difficile à

effectuer dans les études de cohortes.

Dans ce type d’étude, il faut en effet

évaluer la durée de l’exposition solaire

dès la petite enfance et en assurer le

suivi durant toute la vie. Les études cas-

témoin, exclusivement basées sur des

questionnaires, posent quant à elles le

problème de la quantification de l’expo-

sition solaire.

Exposition solaire cumulée à long terme

À la différence de ce qui a été observé

avec les carcinomes épidermoïdes, la

plupart des études n’ont pas pu démon-

trer d’augmentation du risque de déve-

lopper un CBC chez les personnes ayant

une forte exposition solaire cumulative

[21, 27, 28]. Celui-ci pourrait même dimi-

nuer au delà d’un certain seuil d’exposi-

tion solaire [21, 27, 29]. Ainsi, les

malades dont le temps d’exposition solai-

re de loisir était supérieur à 225 heures

par an avaient un risque de développer

un CBC inférieur de 40 p. 100 par rap-

port aux malades dont l’exposition était

de moins de 75 heures par an [21].

D’autres facteurs, comme la localisation

de la tumeur ou les caractéristiques pig-

mentaires individuelles interfèrent avec

le facteur d’exposition solaire cumulati-

ve. Ainsi, la propension à développer un

CBC augmente avec le nombre d’heures

d’exposition solaire chez les personnes

qui bronzent facilement, tandis qu’elle

diminue au delà d’un certain seuil chez

celles qui bronzent difficilement [27]. De

plus, le risque relatif de développer un

CBC sur la tête et le cou et sur les mem-

bres est inversement proportionnel au

nombre cumulatif d’heures d’exposition

solaire (risque relatif respectivement de

0,38 et 0,43), tandis que ce risque aug-

menterait pour les CBC du tronc (risque

relatif de 2,39) [27].

Exposition solaire forte et intermittente(de loisirs)

Pour Gallagher et al., il y a un risque ac-

cru de développer un CBC chez les ma-

lades qui se rappellent avoir eu une forte

exposition solaire « de loisir » dans leur

enfance [20] et Kricker a montré l’exis-

tence d’un lien entre le risque de déve-

lopper un CBC et l’exposition solaire

durant les week-end [24]. Cette associa-

tion s’observe uniquement chez les per-

sonnes qui bronzent difficilement [24].

Une étude européenne a montré une

augmentation significative du risque de

CBC chez les malades qui passent leurs

vacances à la plage, comparés à ceux qui

les passent ailleurs [29]. En revanche,

Green et al. n’ont pas objectivé d’aug-

mentation du risque de CBC dans une

population passant la plupart de son

temps de loisir en plein-air [4].

Page 4: Épidémiologie des carcinomes baso-cellulaires

381

Ann Dermatol Venereol2005;132:378-83Épidémiologie des carcinomes baso-cellulaires

Photoprotecteurs externes

Le risque de CBC des femmes qui s’ex-

posent au soleil en appliquant un écran

solaire est supérieur à celui des femmes

qui n’en utilisent pas [23, 24]. De, mê-

me, le port d’un chapeau est associé à

un risque accru de développer un CBC

de la tête ou du cou [24]. Ces données

paradoxales sont en général expliquées

par le fait que les personnes ayant le

plus de risques de cancer cutané adop-

tent de manière spontanée des compor-

tements préventifs, qui apparaissent à

tort comme un facteur de risque [23, 24].

Cet effet « néfaste » des photoprotec-

teurs externes a été infirmé dans un es-

sai randomisé australien de grande

ampleur, puisque portant sur plus de

1 600 personnes. Cette étude n’a en ef-

fet pas montré de différence significati-

ve en terme de nouveaux CBC à l’issue

des 5 années de suivi, entre le groupe

des personnes qui devaient appliquer

un photoprotecteur d’indice > 15 et cel-

les qui ne devaient pas en mettre [30].

Diminution de la couche d’ozone

L’augmentation de l’incidence des CBC

serait pour certains en partie liée à la di-

minution de l’ozone stratosphérique

[31]. Depuis la fin des années 1970, la

couche d’ozone a en effet diminué en

moyenne de 1 p. 100 par décennie dans

l’hémisphère Nord [32]. En théorie, une

diminution de 1 p. 100 de la couche

d’ozone pourrait entraîner un accroisse-

ment de 2 p. 100 de la quantité d’UVB

parvenant à la surface de la terre, ce qui

aurait pour conséquence théorique une

augmentation de 2 à 6 p. 100 de l’inci-

dence des CBC [32]. La quantité d’ UVB,

calculée sur la base de cette diminution

de la couche d’ozone aurait dû augmen-

ter de 4 p. 100 en 20 ans, ce qui n’a tou-

tefois pu être confirmé pour le moment

par les mesures au sol en Norvège ou

aux Etats-Unis. Le problème est donc

plus complexe que ne le laissent suppo-

ser de simples extrapolations.

AUTRES FACTEURS DE RISQUE

PUVAthérapie

La cohorte de référence de Stern [33, 34],

comportant 1 380 malades traités par

PUVA thérapie qui ont été suivis pen-

dant 10 ans a permis d’objectiver un ris-

que relatif de 6,9 de développer un CBC

chez les malades ayant eu plus de

260 séances, contre 50,1 pour les carci-

nomes épidermoïdes, par rapport à une

population témoin [33]. Les schémas

courts avec de fortes doses seraient

moins carcinogènes que les schémas

longs [35].

Autres lampes

L’étude cas témoin de Badjik et al. n’ont

pas montré de risque significatif entre

l’exposition à des rayonnements ultra-

violets non solaires (lampes à bronzer,

éclairage fluorescent, lumière de photo-

copieuses, lampes à souder, lampes

d’horticulture) et l’apparition d’un CBC

[36].

Radiations ionisantes

Des études cas témoin et les études de

cohorte ont montré une relation entre

l’exposition à des radiations ionisantes

et l’apparition de carcinomes cutanés, et

en particulier de CBC, plus de 20 ans

après l’exposition en moyenne [37, 38].

C’est chez les enfants que la radiothéra-

pie entraîne les risques les plus impor-

tants. Le suivi de 65.268 survivants à la

bombe atomique de 1961 à 1987 à Naga-

saki a permis la découverte de 140 can-

cers cutanés dont 67 CBC (47,9 p. 100)

[39]. Ce taux, quoique faible, est supé-

rieur à celui de la population japonaise.

La distribution de ces cancers se fait en

fonction du site d’irradiation plutôt que

selon la distribution habituelle, suggé-

rant une absence d’effet additif des ra-

diations solaires et des radiations

ionisantes [38, 39].

Immunosuppression

Une série rétrospective de 92 malades

transplantés cardiaques a montré une

prévalence des CBC de 3,26 p. 100

après un an et de 16,2 p. 100 après 7 ans

[40]. Les CBC apparaissaient 25 mois en

moyenne après la transplantation [40].

Un groupe de 1 710 malades transplan-

tés rénaux a été suivi de 1970 à 1996 par

Hiesse et al. qui ont montré une aug-

mentation du risque de carcinomes cu-

tanés, majoré depuis l’introduction de

la ciclosporine [41]. Les facteurs de ris-

que individuels et environnementaux

de développer un CBC sont les mêmes

que chez les non transplantés [64].

Les malades souffrant du SIDA ont un

risque plus élevé de développer un CBC.

Les CBC viennent en seconde position

parmi les tumeurs cutanées survenant

chez ces malades, après la maladie de

Kaposi [42]. Dans cette situation d’im-

muno-suppression acquise les CBC

sont multiples et évoluent de manière

agressive.

Arsenic

L’arsenic est un carcinogène connu

pour les CBC. Récemment, un dosage

systématique des taux d’arsenic dans les

ongles de malades atteints de carcino-

mes cutanés épithéliaux (sans toutefois

distinguer les CBC des carcinomes épi-

dermoïdes) et de sujets témoins

a été fait aux Etats-Unis. Seuls les

malades ayant un taux d’arsenic supé-

rieur au 97e percentile avaient un risque

relatif de 1,4 de développer un carcino-

me cutané [43].

Régime alimentaire

Dans une étude de cohorte portant sur

73 366 infirmières, les femmes dont

l’apport énergétique était situé dans le

1/5 supérieur avaient un risque modéré-

ment plus élevé de développer un CBC

par rapport aux femmes dont l’apport

énergétique était situé dans le 1/5 infé-

rieur [23]. Les femmes atteintes de CBC

pèsent en moyenne près de 7 kg de plus

(contre 3 kg pour les hommes) que les

cas contrôles [44]. Dans une autre étude

cas-témoin, la consommation de légu-

mes et de poisson était associée à un ris-

que moindre de développer un

carcinome cutané épithélial, tandis qu’il

n’y avait pas d’influence de la consom-

mation d’alcool [45]. La supplémenta-

tion orale en béta carotène, ainsi qu’en

vitamine A, C, D, ou E n’a toutefois pas

démontré d’effet protecteur [30, 44].

Tabac

Les données épidémiologiques sont

contradictoires. Une étude cas témoin

récente, portant sur environ 300 mala-

des ayant eu un CBC nodulaire et

150 ayant eu un CBC superficiel, n’a pas

montré de relation significative entre

l’apparition d’une de ces tumeurs et le

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382

Y. SCRIVENER, F. CHEBIL, B. CRIBIER Ann Dermatol Venereol2005;132:378-83

fait de fumer [46]. En revanche, dans

une série cas témoin de plus petite

taille, portant sur des femmes âgées de

moins de 40 ans, le nombre moyen de

paquets-année fumés était comparable

chez les jeunes femmes atteinte de CBC

par rapport à des témoins [47]. Smith

et al. ont pu montrer qu’il y avait une

plus grande proportion de fumeurs

chez les malades atteints d’un CBC plus

de 1 cm de diamètre [48]. Enfin, un ris-

que relatif de 2,6 a été mis en évidence

chez les fumeurs et anciens fumeurs,

qu’ils soient occasionnels ou réguliers

[49]. Ce sur risque s’observait unique-

ment chez les femmes, et était plus éle-

vé chez les jumeaux dizygotes

qu’homozygotes, suggérant une inte-

raction entre facteurs d’environnement

et génome.

Association avec d’autres cancers

La relation entre le fait d’avoir un CBC

et le risque de développer ultérieure-

ment un cancer non cutané n’est à ce

jour pas claire. Les données des études

épidémiologiques publiées sont en effet

contradictoires. De plus, la plupart d’en-

tre elles ne prennent pas en compte les

facteurs de risque associés comme le ta-

bagisme, l’exposition solaire, la profes-

sion, les facteurs alimentaires ou

familiaux.

Deux études basées sur les données des

registres du cancer, en Suisse et en

Angleterre, n’ont pas pu démontrer d’as-

sociation entre CBC et risque de dévelop-

per un cancer non cutané [50, 51]. En

revanche plusieurs autres études font

état d’une possible association entre les

CBC et le risque de cancers viscéraux

[52-55]. Les risques relatifs (RR) sont

variables : RR de 10,1 pour les cancers

de la thyroïde chez les hommes [53], RR

compris entre 1,3 et 2 pour les cancers

du rein [53, 55], RR compris entre 1,4 et

5,6 pour les cancers du poumon [53,

55-57], RR compris entre 3 et 4 pour les

cancers des organes génitaux féminins

[53, 56], RR compris entre 2,5 et 3,3 pour

les cancers des glandes salivaires 2,5 à

3,3 [53, 57], RR de 1,8 pour les cancers de

l’intestin grêle [57], RR de 1,4 pour les

lymphomes non Hodgkiniens [52]. Les

malades dont le diagnostic de CBC était

posé avant 60 ans avaient un risque sta-

tistiquement plus grand de développer

un nouveau cancer par rapport aux ma-

lades dont le diagnostic avait été posé

après 60 ans [53].

Le risque de développer un autre can-

cer cutané est en revanche mieux do-

cumenté. Ainsi, le risque de

développer un nouveau carcinome ba-

socellulaire a été évalué à 44 p. 100

dans les trois ans, soit un risque de

10 fois celui de la population générale

[59]. Quant au risque de mélanome

subséquent il varie de 1,4 à 6,6 en

fonction des études et du sexe des ma-

lades étudiés [51, 53, 55, 57, 60].

A l’inverse, les malades ayant eu un an-

técédent de lymphome non Hodgkinien

ou une leucémie lymphoïde chronique

auraient un risque accru de développer

un CBC [58]. Cette association entre

lymphomes et CBC pourrait être due à

un facteur d’induction commun ou aux

conséquences du traitement du lym-

phome (radiothérapie ou chimiothéra-

pies). L’exposition aux rayons ultra-

violet pourrait en effet expliquer l’aug-

mentation synchrone des taux d’inci-

dence des lymphomes non hodgkiniens

et des cancers cutanés [52, 54].

Au total, les facteurs de risque de CBC

bien identifiés et validés sont, sur le

plan individuel, le phototype clair, la

prédisposition génétique et l’âge. La

forte augmentation d’incidence de cet-

te tumeur est probablement, en gran-

de partie, liée au vieillissement de la

population. Sur le plan environne-

mental, l’exposition solaire forte et in-

termittente lors des loisirs, la PUVA

thérapie, l’exposition aux radiations io-

nisantes et l’immunosuppression ac-

quise constituent aussi des facteurs de

risque.

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