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Exibart. photo Les interviews aux protagonistes plus en vue, tous les photographes Italiens présents à la manifestation et leurs galeries, où va la photogra- phie italienne et d'où elle vient, entre histoire et nouveautés. Et encore approfondissement sur le mouvement italien des festival photographi- ques, des photo-librairies qui envahissent la Botte et sur les espaces publics d'expositions dédiés à la photographie qui commencent enfin à constituer un réseau. Cela et beaucoup d'autres choses pour la première sortie en France d' Exibart.onpaper, le magazine d'art italien plus connu. free | www.exibart.com

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Les interviews aux protagonistes plus en vue, tous les photographes Italiens présents à la manifestation et leurs galeries, où va la photogra-phie italienne et d'où elle vient, entre histoire et nouveautés. Et encore approfondissement sur le mouvement italien des festival photographi-ques, des photo-librairies qui envahissent la Botte et sur les espaces publics d'expositions dédiés à la photographie qui commencent enfin àconstituer un réseau. Cela et beaucoup d'autres choses pour la première sortie en France d' Exibart.onpaper, le magazine d'art italien plus connu.

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4.speednews Exibart.photo

LES ANNÉES SOIXANTE-DIX EN PHOTOGRAPHIE. A PRATO,AVEC UN CYCLE D'EXPOSITIONS ET PUBLICATIONSUn projet culturel à long terme, qui cherche à reconstruire et à présenter le complet panorama des

artistes italiens qui ont utilisé la photographie au cours de la saison culturelle desannées Soixante-dix. En analysant le point d'appui de la recherche élaborée en unmoment historique aussi dense et important que celui-ci mais aussi - dans certainscas - en étudiant la contribution plus récente, pour en individualiser dans la produc-tion contemporaine l'actualité d'une approche expressive. Elle s'intituleProgettosettanta - Arte e fotografia dalla ricerca anni '70 in Italia, et à la promouvoir -sous le commissariat d'Elena Re - est la Galerie Enrico Fornello de Prato, qui alter-nera ces approfondissements historiques avec la programmation normale artistiquesur l'expérimentation contemporaine. Deux expositions par an, chacune accompa-gnée d'un livre, de manière à créer une petite collection éditoriale consacrée à cethème, qui déjà prévoit des expositions de Luigi Ghirri et Michele Zaza. Le début,avec l'exposition Dentro il sogno 1969-1995, est confié à Giorgio Ciam, avec un tra-vail unitaire - projeté par l'artiste en 1995, un an avant son décès - qui retrace commeun flashback l'entier parcours de sa vie artistique. Une grande installation composéepar 78 + 1 images choisies parmi celles réalisées entre 1969 et 1995 et réimpriméesà partir des négatifs originaux. A l'évènement est liée la publication du livre "GiorgioCiam - Dentro il sogno 1969-1995", sous la direction d'Elena Re (Edizioni Gli Ori).

Galerie Enrico FornelloVia Paolini 27 - PratoInfo: 0574 462719 - [email protected]: www.enricofornello.it

J'ai toujours pensé à la photographie comme àun moyen plus lié au fait de penser qu'au fait devoir, et pas comme un instrument de produc-tion esthétique et de communication des ima-ges. En ce sens, l'acte de voir à travers l'appa-reil photographique ne peut faire abstraction dela pensée et de la sphère sensorielle de l'indivi-du, en analogie avec les processus conceptuelsqui réglent les parcours cognitifs de l'art. Laphotographie est aussi une manière d'observeret de ressentir la réalité ainsi qu'un désir d'enfaire partie, de la vivre pour la réinventer libre-ment, comme l'entendait Alighiero Boettiquand, en pensant à la figure de l'artiste, il écri-vait que "l'artiste est celui qui est apte à mettreau monde le monde". À partir de ces convic-tions, j'ai développé, au cours de mes différen-tes années de recherche, l'idée que même laplus petite entité complexe système-universdont nous faisons partie, même celle apparem-ment la plus insignifiante, puisse devenir l'incipitd'un nouveau parcours de recherche qui entraî-nera à son tour un autre successif pour nejamais se conclure grâce à une alternance con-tinue d'incertitudes et d'affirmations. Ainsi "lesprésences hors normes", qu'on trouve partoutoù on va, peuvent constituer non seulement lessignes d'un paysage parfois délabré, mais aussise transformer d'objets inertes et abandonnésen êtres qui à l'improviste s'animent. Cet été, au cours de l'un de mes fréquents voya-ges dans le Sud, j'ai photographié une racine debambou plongée dans un étang. Ou peut-être,était-ce un animal sortant de l'eau?

Mario Cresci (Chiavari - Ge, 1942, vit à Bergamo). www.fotografiaitaliana.comwww.mariocresci.com

à la unela couverture de l’artiste racontée par l’artiste

Un des clichés de Ciam exposés à Prato

L'ESPACE PARAGGI À TRÉVISE Dix années se sont écoulées depuis quand, un groupe d'amis, passionnés ou professionnels du secteur, décidede créer à Trévise un lieu pour promouvoir et accueillir la photographie, réagissant ainsi tant à l'indifférence d'unterritoire peu voué au contemporain qu'à l'incapacité de la part des institutions de développer des politiques cultu-relles de haut niveau. Ainsi, nait l'association no profit (qui vit exclusivement grâce aux donations des supporter)qui prend le nom d'Antonino Paraggi, protagoniste du récit L'avventura di un fotografo d'Italo Calvino (inclus dansGli amori difficili). Les premières expositions naissent alors, dans un espace, forcément, en périphérie: la formule,qui se démontre très tôt gagnante, est celle de mettre côte à côte le travail des photographes affirmés avec celuides jeunes, en se servant de la collaboration des écoles de photographie, des associations et des musées. Ainsipassent les œuvres des maîtres comme Giacomelli, Patellani et Guidi, qui expose souvent avec ses élèves,dont l'émergent Stefano Graziani. L'association, qui s'affirme comme une espace de recherche toujours plusimportant grâce aussi à la contribution de Marco Zanta, s'installe en un lieu plus conforme en centre ville et com-mence à commanditer des œuvres sur le territoire à des noms prestigieux, comme le déjà cité Guidi, mais aussi àLewis Baltz et Francesco Raffaelli. C'est là que Gabriele Basilico expose en avant-première absolue les cli-chés en couleurs réalisés à Beyrouth en 1991, et c'est encore là que les inédites photos intimes de Paolo Montitrouvent leur première exposition. Ces dernières semaines, une exposition propose l'hérédité de ces clichés, à tra-vers le travail de tous les photographes qui ont contribué à ce projet. | daniele capra |

Spazio ParaggiTrévise, Via Pescatori 23 (centre ville)Pour informations tel. [email protected]

POUR LA PHOTOGRAPHIE, QUATRE LES ITALIENS FINALISTES

Olivo Barbieri, Bianco-Valente, Luciano Romano, Silvio Wolf. Ils sont bien quatre les artistesitaliens qui - après avoir passé deux niveaux de sélection - sont entrés parmi les seize finalistes du PrixBmw-Paris Photo pour la Photographie. Évènement de référence au niveau international depuis désor-mais trois ans, le prix, réservé aux artistes présentés par une galerie qui participe à Paris Photo, est assi-gné par un jury international composé par Vince Aletti (critique du New Yorker), Jacqueline d'Amecourt(commissaire de la Lhoist Group collection), Charlotte Cotton (directrice du département photographie duLos Angeles County Museum of Art), Roberta Valtorta (directrice du Musée de la PhotographieContemporaine Cinisello Balsamo, Milan), Massimo Vitali (photographe italien), Eric de Riedmatten etNicolas Wertans, de Bmw France. Cette année le thème du prix - qui attribue au vainqueur 12 milleseuros - est "L'Eau à l'origine de la vie". Olivo Barbieri, représenté par la galerie Yancey Richardson, NewYork, et Brancolini Grimaldi, Florence/Rome, concourt avec l'œuvre The Waterfall Project; Bianco-Valente,représentés par V.M.21 Arte contemporanea, Rome, avec Relational; Luciano Romano, pour Admira,Milan, avec Memory of water; Silvio Wolf, de la galerie Fotografia Italiana, Milan, avec Cerchi (l'Infinito).Les autres artistes finalistes sont Wout Berger, Lucinda Devlin, Tibor Gyenis, Jitka Hanzlová, DoDoJin Ming, Anna Malagrida, Boris Mikhailov, Trent Parke, Franck Rothe, Alessandra Sanguinetti, ZoeStrauss, Ebbe Stup Wittrup. Le nom du vainqueur sera révélé le 15 novembre.Bianco-Valente - Relational

EXPOSITIONS ET WORKSHOP, À MILAN UN NOUVEL ESPACE POUR LA PHOTOGRAPHIEUne galerie et un atelier entièrement consacrés à la photographie, où se tiendront des expositions et desévènements à thème, workshop, laboratoires. S'inaugure à Milan Spaziofarini6, qui souhaite s'imposercomme un des points de rencontres milanais pour tous les passionnés du secteur, photographes et collec-tionneurs, avec l'engagement à découvrir et inclure dans sa collection photographique des artistes émer-gents, pour proposer au public des visions toujours nouvelles et intéressantes ainsi qu'une variété de choixaux jeunes collectionneurs. Une grande attention sera attribuée aux workshop intensifs et à de nombreusesautres activités didactiques liées à la photographie, à l'image et à l'art, comme moment d'éducation rapideet approfondi, focalisés surtout sur l'exercice pratique. De l'introduction de l'argument par de brèves notionshistoriques à toutes les coordinations théoriques nécessaires, à la pratique avec shooting en studio ou enextérieur, à la vision/évaluation du travail accompli par les participants. Le tout, en peu de jours.

Spaziofarini6Via Farini 6 - MilanInfo: 0262086626 - [email protected]: www.spaziofarini6.com

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ITALIENS D'EXPORTATION. NOMBREUXLES ARTISTES PRÉSENTS AVEC DESGALERIES ÉTRANGÈRES

Trouver beaucoup d'artistes italiens présents à lamanifestation ça ne surprend pas, en étant leur Patriel'invitée d'honneur de cet édition. Ce qui surprendfavorablement - et qui donne le pouls de l'excellentétat de santé de la photographie italienne - et quesont nombreux, aussi, ceux représentés par des gale-ries étrangères. Des maîtres désormais reconnuscomme Ferdinando Scianna - visible entre autredans les stands de Magnum Photos (Paris) et Phaidon(Paris /Londres) - ou Maurizio Nannucci, de laFlorence Loewy (Paris), ou encore Olivo Barbieri,de Yancey Richardson gallery (New York). Mais ausside nombreux artistes plus jeunes et aguerris sur lefront international, de Giacomo Costa (GalerieClairefontaine, Luxembourg) à Monica Bonvicini(Galerie de Multiples, Paris), Botto & Bruno (OlivaArauna, Madrid), Loris Cecchini (Max Estrella,Madrid), Paola De Pietri (Les Filles du Calvaire,Paris), Angelo Filomeno (Anne de Villepoix, Paris),Paolo Grassino (Fucares, Madrid).

TURIN, FOOD BOURLESQUE POUR LE DÉBUT DE M32 PORTFOLIO GALLERYUn nouvel espace complètement réservé à la photographie - M32 Portfolio Gallery- inauguré à Turin, présente comme premier rendez-vous le portfolio de MauroRaffini au titre Food Bourlesque. Huit clichés imprimés sur un raffiné support quiles rend uniques et, sur un écran, le top de la production du photographe turinois.La Food Photography est désormais devenue un véritable genre dans lequelRaffini aussi a voulu entrer. Dans son plaisant menu excellent asperges, aubergi-nes, raisin sultan, crabes, têtes d'ails et oignons, pain et fromage. M32 proposerades photographies d'auteur à des prix raisonnables, grâce notamment à l'impres-sion "sur demande", une manière originale qui s'impose comme une alternative àl'achat dans une galerie, tout en gardant inaltéré le niveau qualitatif et créatif desauteurs des images, qui s'est déjà affirmé sur le marché international.

M32 Portfolio GalleryVia Mazzini 32 - TurinInfo: 01119716880 - [email protected]

Giacomo Costa (GalerieClairefontaine, Luxembourg)

STUDIO ART 74, À BOLOGNE LA NOUVELLE MAISON DE LA PHOTOGRAPHIE EN NOIR ET BLANC Propose des œuvres de photographes émergents privilégiant le noir et blanc, filon qui a carac-térisé toute la photographie jusqu'aux années Soixante-dix, mais qui en réalité n'a jamais étéabandonné par un groupe d'auteurs même renommés. Avec les idées bien claires, débute àBologne le Studio Art 74, un nouvel espace d'exposition consacré à la photographie situé dansle quartier caractéristique de la Cirenaica, à deux pas du centre. L'inauguration a été confiée à"Trasogni", une exposition personnelle du jeune Francesco Flamini, très actif depuis quelquestemps sur différents projets concentrés sur le reportage photographique, qui pour l'occasionprésente une sélection d'images en noir et blanc réalisées dans diverses capitales européennes(d'Amsterdam à Paris, à Rome). À côté de la galerie fonctionnera d'ici peu un laboratoire photo-graphique où les jeunes auteurs pourront trouver tous les supports techniques nécessaires àleurs exigences de développement et d'impression, et où s'ouvrira un véritable "gymnase" pourceux qui désirent connaître ou approfondir les techniques du noir et blanc.

Studio Art 74Via Masia, 12 - BologneInfo: 051306512 - [email protected]: www.art74.it

UN AN APRÈS LA GAY PRIDE, À TURIN VOICI LE PHOTOPRIDE...L'exposition est concentrée en un seul jour, le 17 juin2006. Et à une seule ville, Turin, devenue scénariod'un grand cortège national, le Pride national de gay,

lesbiennes, transsexuels. Photopride 2006expose - à la galerie turinoise Artévision -une sélection de photographies qui racon-tent l'évènement auquel ont participé plusde 100.000 personnes. Clichés envoyéspar le public, visions personnelles de l'évè-nement en un polyédrique journal collectif.Ainsi que deux projets photographiquescommissionnés, qui débutent avec lesphotographies acides d'Antonio Fontanaqui, grâce à de curieuses expérimenta-tions avec des matériaux photosensibles,réinterprète de manière artistique l'évène-ment. En complément de l'exposition lesimages de Riccardo Del Conte qui, àtravers une savante utilisation du reporta-ge en noir et blanc, réussit à se détacherde la narration scénique avec des pointsde vue insolites et tranchants..

ArtévisionVia Santa Giulia 14/c - TorinoInfo: 01119710190 - [email protected] Web: www.torinopride2006.it

Un cliché de AntonioFontana

L'EMPREINTE PHOTOGRAPHIQUE DU NORD EST Le Centre National de la Photographie de Padoue célèbre le résultat de sept années d'activités. Nous avons rencontré Enrico Gusella, responsable du centre depuis sa création...

Comment a débuté l'expérience du Centre National de laPhotographie?Le centre s'est constitué grâce à l'un de mes projets au sein duSecteur Culturel de la Ville de Padoue au cours du printemps 2000,ayant pour but d'affronter la photographie et ses différentes articula-tions ainsi que créer un point de référence dans le panorama natio-nal pour l'image photographique et les arts visuels.

Quelles ont été les répercussions sur le territoire?Cela a permis de caractériser immédiatement la ville grâce à desespaces reconnaissables. Par exemple, le Museo Civico di Piazzadel Santo a organisé des rassemblements autour de grandes figu-res comme Giacomelli, Berengo Gardin, Umicini, dans le passagesouterrain de la Stua ont été présentés des jeunes photographes,alors que le Lycée Tito Livio a exposé les travaux dédiés au social etau reportage. Au fil des ans, une activité de séminaires concentrée sur l'approfondissements'est par ailleurs développée.

Mais tout ceci est il suffisant face à une réalité, comme celle de la moyenne italienne, quicontinue à percevoir le médium photographique dans son sens le plus traditionnel?Afin de faciliter un impact plus profitable, des visites guidées des expositions ont été organi-sées pour fournir les instruments de lecture des images grâce aux codes spécifiques d'inter-prétation. Par exemple, lors de l'exposition de Giovanni Chiaramonte, son travail a été analy-sé autour des thèmes de la classicité, du signe et de l'objet. Il en est de même pour RomanSignor, où ont été affrontés les thèmes plus conceptuels d'un artiste qui travaille selon uneapproche de nature processuelle. Je tiens à souligner qu'autour de ces thèmes ont été éla-borés des contributions importantes comme le mémoire de spécialisation de Nicoletta diRuocco au SSIS de la Vénétie.

La Ville de Padoue organise désormais depuis trois ans AprileFotografia, un réel etspécialisé festival thématique. D'où est issue l'idée de ce rassemblement?Il s'agit avant tout de trouver des modalités de discussion et d'analyses sur un argument d'in-térêt particulier: celui de cette année (passages/paysages) pose leproblème fondamental de la réalité, des territoires de nos villes. Unfestival donne alors la possibilité de confronter l'analyse de type phi-losophico-anthropologique d'un auteur comme Chiaramonte avec lescapacités narratives de Pino Ninfa qui réalise un récit sur le jazz ou lasynthèse du paysage urbain de Guido Cecere.

L'endroit n'est il pas hasardeux étant donné la présence contem-poraine d'un festival à Rome?

Non, au contraire je pense qu'il est très positif d'avoir la possibilitéde pouvoir suivre des expériences diverses ou complémentairesau même moment, encore plus si l'on peut confronter en peu detemps des analyses et des choix différents faits en des lieux diffé-rents. En outre beaucoup de nos expositions se prolongent jusqu'àl'été…

Après sept ans d'activités et trois festivals as-tu le sentimentque l'expérience du CNF peut évoluer en la constitution d'unmusée comme celui de Cinisello Balsamo? Cela serait un bonden avant pour le territoire du Nord Est…Nous produisons chaque année une vingtaine d'initiatives et un pro-jet de type muséal qui requiert un effort d'organisation et économi-que encore plus conséquent. Je peux te dire qu'il y a une réflexionen cours mais finalement, de manière inévitable, une décision de ce

type est avant tout politique.

Mais, selon toi quel rôle a la photographie aujourd'hui en Italie?Dans notre pays, la photographie a eu une forte et notable croissance au cours de la derniè-re décennie. Outre l'ouverture de nouveaux et importants centres d'exposition qui ont cher-ché à colmater le fossé existant avec d'autres pays plus avertis, aux activités associatives etaux cercles d'initiés, on assiste enfin dans les universités italiennes à la naissances de nom-breuses chaires en histoire et technique de la photographie.

Ce qui est peut-être le symptôme d'un réveil d'intérêt de la part des générations lesplus jeunes…Certainement. Il est intéressant de rappeler qu'autour de l'empreinte photographique il existeun grand intérêt de la part des jeunes artistes. Qui doivent cependant affronter le problèmefondamental du marché de la photographie en Italie qui n'est pas encore assez soutenu parun collectionnisme important…

As-tu cette impression?Oui. L'action de collectionneurs importants permettrait une reconnais-sance du rôle et de la valeur esthétique de ce moyen d'expression.Parfois, j'ai aussi l'impression que les institutions sont plus avancéesque les collectionneurs. Il suffit de penser à la Biennale de Venise, quihormis avoir réservé dans le Pavillon International un espace significa-tif à Gabriele Basilico, a pour la première fois attribué le Lion d'or de lacarrière justement à un photographe, le malien Malick Sidibé!

| interview de daniele capra |

Guido Cecere - Parigi - Copyright Guido Cecere

Enrico GusellaDiplômé au DAMS de Bologne critique d'artet curator. Enseignant d'Histoire de laPhotographie et des Arts Visuels àl'Université Ca' Foscari de Venise et respon-sable du CNF de Padoue. Il collabore auxpages culturelles de "Il Sole 24 Ore NordEst", "Il Giornale di Vicenza" et "L'Adige".

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 Sur la lancée de votre créa-tion biennale intitulée le "Moisde la photo", novembre conti-nue à être pour Paris le moisconsacré à la photographie: degrandes expositions vont s'ou-vrir, la manifestation ParisPhoto, et en général, on trouvede plus en plus de musées etbibliothèques qui organisentd'importantes expositions dephotographie avec un grandsuccès auprès du public.Comment, depuis le début devotre carrière, avez-vous vuévoluer le phénomène desexpositions consacrées à laphotographie et aussi pendantles années de votre directionau sein de la MaisonEuropéenne de la photogra-phie?Quand j'ai commencé ma carriè-re (j'ai lancé le Mois de la photoen 1980), la photographie enFrance n'était pas vraiment con-sidérée comme une œuvre maisplutôt comme un document.Nous avons pris beaucoup deretard sur les américains qui

avaient déjà créé, dès la fin de ladeuxième guerre mondiale, unesection de photo au Moma, descours et des départements dephotographie dans les universi-tés, alors qu'en France il n'y avaitrien. Le premier département dephoto a été celui de Paris 8. LesRencontres d'Arles étaient lesseuls événements qui existaientautour de la photo, créées parLucien Clergue, comme aussi laGalerie du Château d'Eau àToulouse, créée par JeanDieuzaide, en 1974. A Paris, ilexistait un département photo àla Bibliothèque Nationale, mais iln'y en avait pas au musée de laville de Paris. Aujourd'hui, enFrance, les choses ont beaucoupchangé: la photographie a désor-mais un vrai statut. Un marché dela photo s'est constitué, et il y ades festivals un peu partout,peut-être même un peu trop. LeMois de la Photo s'est répanduen Europe, dans 7 capitales, ycompris Rome, où il y a un Moisde la Photo très actif. L'Italie esten train de découvrir son patri-

moine, ses artistes photogra-phes: Giacomelli, GabrieleBasilico, Mimmo Jodice, etaussi les plus jeunes, et ce n'estpas un hasard si Paris Photo adécidé d'inviter l'Italie qui présen-te une scène photographiquetrès dynamique. Beaucoup demécènes privés commencent às'intéresser à la photo en Italie.

Dans la riche collection de laMaison Européenne de laphoto, avez-vous acquis beau-coup de photographies italien-nes ces dernières années?La photographie italienne est trèsbien représentée dans notre col-lection, nous avons de très bellescompositions de Giacomelli, deFranco Fontana, et de MimmoJodice, pour qui la MaisonEuropéenne organisera unegrande rétrospective dans quel-ques années, de GabrieleBasilico et beaucoup d'autresartistes, des jeunes commeGiorgia Fiorio ou AntonioBiasucci.

En ce qui concerne le côtéprivé du marché, les tendancesdu marché correspondent-elles aux acquisitions des col-lections publiques?Les acquisitions réalisées pourles collections de la MaisonEuropéenne sont représentativesde l'histoire de la photographiedes dernières décennies. Cette

histoire est assez facile à suivrejusqu'en 1980. Mais plus onapproche de notre période, pluscela devient difficile, car, pourchoisir des œuvres, il faut avoirun peu de recul, et une certainedistance, pour pouvoir les mettreen perspective et savoir lesquel-les ont une réelle valeur. Quandon achète des œuvres contem-poraines, on a parfois tendance àsuivre la mode du moment. Maisune institution publique ne peutpas suivre financièrement, alorsque le marché actuel s'emballe,et que certaines œuvres qui arri-vent à de prix absolument astro-nomiques. En tant que collectionpublique, on bénéficie d'aides,privées, ou de mécènes institu-tionnels, ou même de certainsphotographes qui font des dons.Pour ma part, je refuse d'acheterdes œuvres trop coûteuses. Jepense que le rôle d'une institutionest d'aider les jeunes, ou d'ache-ter quand ce n'est pas trop cher,et quand une œuvre est tropchère, il faut accepter qu'elle nesoit pas dans la collection perma-nente. Il est toujours possible del'emprunter à un autre musée,quand on en a besoin. Dans unecollection, on ne peut malheureu-sement pas tout avoir.

Dans quelle mesure la révolu-tion du numérique dans la pho-tographie a-t-elle pu influencerles marchés et les collection-

neurs?Effectivement, le numérique amené beaucoup de change-ments. Tout d'abord le numériquedevient de plus en plus hégémo-nique, et on assiste progressive-ment à la disparition de la photo-graphie argentique. En effet, lesentreprises ne fabriquent plus lepapier, ni les produits; les labora-toires eux-mêmes sont en trainde disparaître, et du coup la pho-tographie argentique constitueun moyen d'expression du passé.Il va donc se produire une certai-ne raréfaction, et les prix vontévidemment grimper. Le numéri-que est une fabuleuse source decréation d'images et je suis cer-tain qu'il va être l'objet d'unegrande créativité. On constatedéjà que les jeunes générationsse sont emparées du numérique.La deuxième grande questionconcerne le problème de la con-servation, car de plus en plus detirages sont faits au jet d'encre,sur du papier inadapté à la con-servation. Mais ce problème s'esttoujours posé dans la photogra-phie: au moment du passage à lacouleur, ou au moment de l'in-vention du polaroid. Je penseque c'est un faux problème, carla technologie permettra de trou-ver le moyen de conserver aussibien qu'autrefois. Ce qui changevéritablement, c'est la manièredont on se positionne par rapportà la réalité. Avec le numérique, il

OBJECTIF : LA MAISON COMMUNEAvant lui, le déluge. Jusqu'à ce que grâce au"Mois de la photo", une pluie d'images acommencé à tomber sur le Vieux Continent.Une union "écrite avec la lumière" de Jean- LucMonterosso, directeur de la MaisonEuropéenne de la photographie…

6.protagonistes Exibart.photo

Jean-Luc Monterosso(photo by Wist Thorpe)

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n'y a plus le même rapport d'au-thenticité avec le réel: on peutproduire une image avec uneautre image. Comme vous lesavez, ce sont des impulsionslumineuses qui sont transfor-mées en impulsions électriqueset la nature même de la photo-graphie se trouve considérable-ment modifiée. Avec le numéri-que, la technique est de plus enplus simplifiée: vous ne pouvezplus rater une photo, ou plusexactement, une image. Il fautfaire la distinction entre photo-graphie et image. Le problème,c'est qu'effectivement, on risquede fabriquer des images, et nonplus d'"écrire avec la lumière",pour revenir à l'étymologie dumot "photographie".

Cette année, l'Italie est l'invitéed'honneur de Paris-photo. LaMaison Européenne exposeactuellement la collection del'italien Alessandro Bertolotti,et la très belle exposition"Doubles Visions" vient de s'a-chever: comment percevez-vous la photographie italien-ne? Comment voyez-vous lanouvelle génération de photo-graphes italiens? Dans cette exposition "DoublesVisions", que j'ai trouvée trèspertinente, vous avez la démon-stration de la vitalité de la photo-graphie italienne, puisque étaientconfrontés les photos des photo-

graphes étrangers et celles desphotographes italiens : par exem-ple, le village Scanno photogra-phié par Henri Cartier Bressondans les années Cinquante, etdix ans plus tard, par Giacomelli.Vous avez cité Martin Parr etMassimo Vitali pour les plages,on pourrait citer aussi PaulStrand, et trente ans plus tard letravail de Gianni BerengoGardin. On voit bien, en mettantla photographie italienne enparallèle avec la photographieétrangère, qu’elle tient parfaite-ment la comparaison. Cetteexposition a été montée par uncommissaire italien, AlessandraMauro, et le livre qui en a été tiré,a été édité par un grand éditeuritalien: Contrasto. On a donctoute la chaîne: les photogra-phes, les commissaires, et lamaison d'édition. De plus, l'Italiedispose aujourd'hui de trèsbeaux nouveaux espaces, lescollectionneurs italiens achètentune bonne partie des photogra-phies italiennes, mais restenttrès ouverts à la photographied'autres pays. On les croise danstoutes les expositions internatio-nales. Le choix de Paris-Photo d'inviter l'Italie est donc tout à faitpertinent. En Italie, il existe unepulsion très forte, particulière-ment vers la photographie con-temporaine. Â

| barbara martorelli |

Exibart.photo protagonistes.7

en haut: Mimmo Jodice -Temple de Neptune,

Paestum, 1990 © MimmoJodice

en bas: Gabriele Basilico- Ault, 1985 © Gabriele

Basilico

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 L'Italie invitée d'honneur àParis Photo. Pourquoi?Avant tout car il s'agit d'une tradi-tion récente de Paris Photo de con-sacrer un espace particulier à unpays, et aujourd'hui c'est le tour del'Italie. Sur le pourquoi exactementl'Italie, mon hypothèse est qu'il exi-ste pour la photographie de notrepays un croissant intérêt internatio-nal, après des années de rejetquasi total. C'est, comme toujourslors des dernières années, lié à uneconjoncture culturelle et du mar-ché: d'un côté la présence sur lascène internationale d'artistescomme Vitali, Barbieri, FrancescoJodice, Sighicelli, a amené à s'in-téresser à ce qui existe outre cesexemples et d'un autre côté la pho-tographie italienne est encore large-ment sous évaluée du point de vueéconomique. Il y a de grandespotentialités d'évolution, et généra-lement cela crée de l'intérêt.L'invitation à la kermesse parisien-ne, apparaît donc quasimentcomme un symbole de cette nou-velle situation, dont les premiersbénéficiaires sont sans aucun douteles photographes, mis enfin dans lacondition de pouvoir se confrontersur le même plan des "collègues"européens.

Comme s'organise la présenceitalienne à la manifestation? Le projet du commissaire prévoittrois sections - l'exposition de lacollection UniCredit, Statement etle Project Room video -, exemplesdes différentes approches existan-tes dans notre pays, que ce soit auniveau public que privé, parallèle-ment à une production impossibleà regrouper en une seule école.

Commençons avec la collectionUniCredit…L'art contemporain italien est entrédans la collection UniCredit seule-ment en 2004, arrivant cependantà en être rapidement l'un desnoyaux principal. En ce qui con-cerne plus spécifiquement la pho-tographie, il y a plus de soixanteauteurs représentés, appartenantpour la majeure partie aux derniè-res générations, auxquels vien-nent s'ajouter des noms déjà ren-trés dans l'histoire. À l'occasion deParis Photo, la sélection a étéréduite à la photographie de pay-sage des années Soixante-dix àQuatre-vingt-dix, traitée commeun fil rouge non seulement théma-tique ou iconographique, maiscomme un authentique lieu depratique du regard et de la pensée

selon des aspects spécifiques, àtravers lesquels il est possible dedélimiter une identité culturellebien définie. Si le maîtres présen-tés à cette occasion appartiennenttous, sauf Giacomelli et Fontana,à la génération apparue au coursdes années Soixante-dix, il estvrai qu'une véritable ligne dedémarcation est présentée par le"Viaggio in Italia", qui en 1984 réu-nissait quelques uns des princi-paux représentants de la scènenationale de l'époque en un projetdéveloppé afin d'éclairer le "nou-veau" paysage italien: parmi euxcitons Luigi Ghirri, moteur de l'o-pération, Gabriele Basilico,Mimmo Jodice, VincenzoCastella et Olivo Barbieri.Auteurs marqués par un constantchassé-croisé entre actualité etmémoire, et une "vocation généti-que" italienne à l'équilibre compo-site que l'on retrouve de nos jours,de Daniele De Lonti à LucaCampigotto, Francesco Jodice,Grazia Toderi, Elisa Sighicelli.

"Statement" aura par contrecomme protagonistes les gale-

ries privées …Parmi les particularités structurellesdu panorama photographique ita-lien il existe aussi sans aucundoute, depuis quelques années, lafaiblesse du système des galeriesprivées, conséquence plus quecause de la rareté des collectionsphotographiques publiques et pri-vées dans notre pays. Ici aussi, lasituation a bien évolué au cours desdernières années. "Statement"représente l'existence de galerieshistoriquement attentives à la pho-tographie ainsi que d'espaces plusrécents, dont deux - Nepente et BelVedere, tous deux milanais - sontexclusivement spécialisés. Ilsreprésentent, par ailleurs, les quatrevilles italiennes plus actives enmatière de production et de promo-tion artistique contemporaine(Turin, Milan, Rome et Naples):cette division du territoire répondaussi à une particularité de notreculture, c'est à dire l'absence d'unvéritable "grand attracteur", à la dif-férence de ce qui se passe parexemple en France et enAngleterre, où Paris et Londres sontles pivots du système artistique.

Quel a été le critère de sélectionpour "Statement"?La sélection des artistes présentsdans "Statement" permet de met-tre en évidence quelques unesdes caractéristiques premièresde la recherche photographiqueitalienne actuelle, marquée avanttout par une forte volonté de con-tinuer les expériences du passéproche. Les cas de LorenzaLucchi Basili, à qui l'on doit latraduction du sujet grâce à depures constructions spatiales etl'extension émotive de la couleur,et, du versant opposé, les lectu-res plus "sociales" de MaurizioMontagna et RaffaelaMariniello, sont emblématiques.C'est encore l'élément chromati-que qui redéfinit formellement etsémantiquement les horreurs etles tunnels de Luca Andreoni,les champs et les villes deValsecchi, suspendus entre réa-lité et imaginaire, nature et cultu-re, présent passé et futur. Pourd'autres, c'est la ville qui repré-sente le lieu premier des recher-ches, comme le démontrentBotto&Bruno et Eugenio

UN, DEUX, TROIS... SOLEIL!L'Italie entre en Europe. En passant par leCarrousel du Louvre. Walter Guadagnini,commissaire unique de la section italiennede Paris Photo, nous illustre l'articulationd'une présence "particulière" à l'exposition:entre photographies et vidéos, un regard…panoramique sur le passé, le présent et le futur,pour une (même si tardive) reconnaissanced'une grande non-école nationale...

8.protagonistes Exibart.photo

à droite: Luca Campigotto- Stretto di Magellano,

Argentine.en bas: Vincenzo Castella

- #09 Naples.

Page 9: Exibart.photo

Tibaldi, représentants de lajeune génération, qui révèlent l'é-cart de qui se retrouve dans l'hy-bridation des langages et desmédias, et à travers une visionvolontairement plus fragmentaireet plus narrative. La recherchede Bianco-Valente, finalement,conduit aux conséquences extrê-mes du processus de dématéria-lisation et de reconstruction del'image à travers de nouveauxinstruments et de nouvelles con-ceptions caractéristiques de lacontemporanéité, qui cependant,continue à traverser l'esprithumain mais qui ont peut-êtredéfinitivement abandonné la véri-té de l'œil...

Pas seulement des Photos: il ya aussi les vidéos du ProjectRoom…Je retiens comme intéressant, àce point, de faire un bref préam-bule sur la politique des muséesitaliens, qui certainement ne favo-rise pas le développement et ladiffusion de la photographie, et demanière plus générale de l'artcontemporain en Italie, et cela aumoins jusqu'à la dernière décen-nie. Aujourd'hui, le panorama arésolument évolué, comme leprouve aussi, dans le spécifique,la présence de quatre muséesinvités à projeter dans le "ProjectRoom" une sélection de vidéosprovenant de leurs collections: le

Castello de Rivoli, le Mart deTrento et Rovereto, le Mambo deBologne et le Maxxi de Rome. Onse retrouve donc face à une situa-tion en plein essor, dont les ras-semblements vidéo sont un révé-lateur indéniable. Les œuvresexposées, dont certaines provien-nent du patrimoine d'UniCredit etprêtées gracieusement, propo-sent les représentants des nou-velles générations italiennes lesplus reconnus à l'étranger:Francesco Vezzoli, VanessaBeecroft, Grazia Toderi, ElisaSighicelli, Francesco Jodice,aujourd'hui présents et recon-nus dans les collections lesplus importantes, témoignaged'un intérêt général renouvelépour ce qui survient en Italie.À leurs côtés, des figurescomme celles de EvaMarisaldi, Sabina Mezzaqui,Elisabetta Benassi et dedeux très jeunes artistescomme Patrick Tuttofuocoet Paolo Chiasera confir-ment, par ailleurs, la perpé-tuelle mise à jour des collec-tions tout en admettant l'usa-ge courant de considérer lavidéo non plus comme unmoyen privilégié mais commel'un des instruments possiblesmis à disposition.

En conclusion, quel impactpeut avoir l'expérience deParis Photo sur la carrièredes artistes exposés, sur-tout pour les plus jeunes, etsur l'affirmation définitivede la photographie italienneau niveau des collections etdes musées, non seulement

dans notre pays mais aussi àl'étranger?Je crois que cela dépendra beau-coup de la capacité de tous lesprotagonistes impliqués dans cetévènement à recueillir les fruitsd'une participation ainsi structu-rée, avec des présences privées,publiques et institutionnelles, leDarc en premier lieu. Je tiens àrappeler qu'à partir de la mi-novembre Paris sera "envahie"d'expositions italiennes réuniesen un unique projet en différentslieux, avec notamment l'hommageà Mollino. Je crois que, si l'on

réussit à saisir cette logique dusystème, les retombées pourrontêtre positives pour tous. Un seulexemple: à Paris Photo il y aura16 galeries italiennes et 15 améri-caines, cela me semble un bonrésultat. Si par contre une foispassée l'euphorie on retourne à ladéfense du propre particulier, rienne changera, et nous reviendronstous heureux à nous plaindre dufait que les artistes italiens nesont jamais présents sur la scèneinternationale... Â

| par anita pepe |

Exibart.photo protagonistes.9

dans le cadre: WalterGuadagnini - photo Luca

Caccioni.en haut à droite: Gabriele

Basilico - Beirut.en bas: Francesco Jodice

- Sao Paulo.pour toutes les images

remerciements à UniCreditGroup Collection

Commissaire Unique pour la section italienne de "Paris Photo",Walter Guadagnini est né à Cavalese (Trente) en 1961. Il vit àBologne, où ,depuis 1992 il enseigne Histoire de l'Art Contemporainà l'Académie des Beaux Arts. De1995 à 2005 il a dirigé la galerieCivique de Modène et, de 1995 à2003 la manifestation internatio-nale "Modena per la fotografia".Depuis 2004 il est président de laCommission acquisition deUniCredit Group pour l'art con-temporain. Il a notamment publiéla monographie "Henri Matisse - La vita e l'opera" (Idea Libri),"Fotografia" (Zanichelli), l'édition complète des "Scritti" deDomenico Gnoli (Abscondita) et, plus récemment, "100 - La foto-grafia in cento immagini" (Motta). Pour la collection "Inediti" de l'é-diteur Damiani, il a dirigé les volumes "Mario De Biasi - People" et"Mimmo Jodice - Light". Après une longue collaboration avec "laRepubblica" en tant que critique d'art, depuis 2006 il est responsa-ble de la section photographique du "Il Giornale dell'Arte". Il a diri-gé l'exposition "Pop Art! 1956-1968" présentée jusqu'à fin janvier2008 aux Scuderie del Quirinale.

Biographie:

Page 10: Exibart.photo

 Pourquoi avoir choisi l'Italiecomme invité d'honneur pourl'édition de Paris Photo 2007?Après la Suisse, l'Espagne et lesPays Scandinaves, il nous sem-blait important de s'arrêter surl'Italie qui connaît depuis à peine10 ans un intérêt nouveau pour laphotographie. Bien que proche dela France, la création italienne estinsuffisamment diffusée hors desfrontières de la Péninsule et on serend compte qu'il y a une scène etun patrimoine photographique quiméritent d'être connus.

Selon vous, pourquoi le paysa-ge est-il le dénominateur com-mun de la photo italienne destrente dernières années? Selon Walter Guadagnini, com-missaire invité pour l'Italie, le pay-sage est "le lieu authentique d'unepratique du regard et de la pen-sée" propre à l'Italie. L'intérêt pourle paysage dans la photographieest aussi de se rattacher à la lon-gue tradition du paysage dans lapeinture italienne.

Quels sont les critères du comi-té de Paris Photo pour sélec-

tionner les photographies de lacollection Unicredit?La collection d'art contemporainitalien d'UniCredit, constituée de500 œuvres photographiques, estl'une des collections privées lesplus significatives d'Italie. Cettecollection réunit aussi bien lesfigures émergentes de la créationactuelle que les maîtres classi-ques fondateurs d'une nouvelleesthétique et vision du paysagecomme Mario Giacomelli et LuigiGhirri.

Comment expliquez-vous le faitqu'il n'existe pas une véritableécole italienne de la photogra-phie, comme en l'Allemagne,aux Etats Unis, au Japon, mal-gré la grande tradition artistiquede notre pays?Cela est très certainement dû àl'absence de réseaux constitués etd'écoles pour l'enseignement de laphotographie qui jouent un rôlemajeur dans l'émergence d'unescène comme a été le cas de Yaleaux Etats-Unis, du départementd'art et design de l'Universitéd'Helsinki, creuset fondateur del'Ecole d'Helsinki, ou encore de

l'Ecole de Düsseldorf pourl'Allemagne d'où sont sortisThomas Ruff, Andreas Gursky,Thomas Demand, CandidaHofer…

Quelle est la raison de la margi-

nalisation de l'art photographi-que en Italie ces dix dernièresannées?Elle découle essentiellement d'unmanque de reconnaissance insti-tutionnelle, du peu d'intérêt del'Etat italien de valoriser le riche

patrimoine photographique italien.Il n'y a ce jour qu'un seule muséepublic dédié à la photographie,celui de Cinisello Balsamo, situé àla périphérie de Milan, dans toutela péninsule.

Quelle est l'image, l'identité dela photographie italienne quiressort de l'exposition de ParisPhoto?Les recherches autour du paysagedominent, expriment un mondedésenchanté, sans figure, déshu-manisé, livré aux activités prédatri-ces de l'homme.

Comment se portent les photo-graphes contemporains italienssur le marché de l'art internatio-nal?Peu de photographes s'exportenthors de l'Italie, à part MassimoVitali, Walter Niedermayr, OlivoBarbieri, Mimmo Jodice, ouencore les duos Botto & Bruno,Bianco - Valente, qui sont repré-sentés par des galeries étrangè-res, sans oublier les maîtres clas-siques comme Mario Giacomelliou Luigi Ghirri dont la reconnais-sance grandit mais n'atteignentpas les prix de leurs homologuesétrangers (le prix moyen d'un tira-ge d'époque de Ghirri varie entre7.000 et 15.000 euros). Nousespérons que la plateforme italien-ne présentée à Paris Photo per-mettra à de nombreux artistes d'in-tégrer des collections internationa-les de même que des galeriesétrangères, accélérant ainsi la dif-fusion des photographes italiensau niveau international. Â

| thea romanello |

UN CERTAIN REGARD... SUR L'ITALIE

Trente ans de notre histoire.Valérie Fougeirol,commissaire général de Paris Photo, expliquepourquoi cette année la place d'honneur aété attribuée à l'Italie. Terminant sur un message de bon augure pour le photographesdu Belpaese dont la participation au salonparisien sera certainement un pas... en avant.Vers les collections internationales, au mépris de l'oubli dans la patrie...

10.protagonistes Exibart.photo

en haut: Walter Niedermayr -Felskynn IV, Courtesy RobertMiller Gallery, New York,2005.en bas à gauche: LuigiGhirri, Cervia (série"Bollettino per inaviganti"),Courtesy Galerie Anne deVillepoix, Paris, 1989.en bas: Valérie Fougeirol -photo Benoît Fougeirol.

Page 11: Exibart.photo

 Comment est née la collec-tion UniCredit? Comment peut-on l'admirer?En Italie, les collections d'art dechacune des banques, conver-gées dans le Groupe au cours desannées, ont créé une unique,grande collection en perpétuelmouvement, certainement aussigrâce à une politique précise d'ac-quisitions. Ce patrimoine, surtoutd'art ancien, témoigne la passioncommune des banques, qui fontpartie du Groupe UniCredit, pourl'art. Au siège d'UniCredit Bancade Palazzo Magnani, à Bologne,sont conservés des tableaux degrande valeur avec des œuvresde Dosso Dossi, LudovicoCarracci, Giuseppe MariaCrespi et Giovan FrancescoBarbieri dit le Guercin. CetteGalerie est ouverte, sur demande,au public pour des visites gratuitesle samedi matin. D'autres œuvressont conservées dans les siègeshistoriques de Milan, Turin et d'au-tres villes et sont visibles sur le netgrâce au musée virtuel(http://www.unicredit.it).

Quand est née la collection d'artcontemporain et à partir de quelconcept? Pouvez vous m'énu-mérer des œuvres réalisées adhoc pour le Groupe?À partir de 2005, le patrimoineartistique du groupe s'est enrichid'un rassemblement d'œuvres,unique dans son genre, des plus

importants artistes italiens actifsdes années Quatre-vingt à nosjours, sélectionnées par une com-mission scientifique présidée parle professeur Walter Guadagnini.La collection d'art contemporaincohabite avec celle d'art ancien,et démontrent l'engagementd'UniCredit dans la promotion deslangages de la contemporanéité,renouvelant ainsi ce qui au coursdes siècles avait été réalisé parles banques avec les actes demécénat. Disons que nous avonsvoulu adapter les formes de sou-tien et de rapport avec les artistesà notre époque. Nous ne sponso-risons pas, mais travaillons enpartenariat avec tout le systèmede l'art: institutions, galeries,musées, artistes, écoles, maisonsd'édition. Au sein de la collection ily a quelques œuvres créées spé-cialement pour nous, comme lafresque réalisée par Nicola DeMaria pour le siège de notreCorporate University à Turin.Donc, nous acquérons, comman-ditons et produisons des projetsd'artistes, pour leurs permettred'approfondir leur recherche.

La collection de photographiecommence dans le même con-texte que celle d'art contempo-rain? Quels sont les photogra-phes plus représentés?La collection de photographie, quicompte désormais autour de 500œuvres, est une partie importante

de notre grande collection d'artcontemporain. Nous nous som-mes focalisés sur ce moyen decommunication car nous le consi-dérons une expression importantede nos temps. A partir des grandsmaîtres du paysage, commeGhirri, Fontana, Mimmo Jodice,Basilico, pour n'en citer que quel-ques-uns, en passant par lesgénérations du "milieu", avecCastella et Barbieri, on arrive auxjeunes comme Beecroft, Toderi,Tesi, Lambri, Sighicelli,Francesco Jodice, Linke et,enfin, aux très jeunes comme EvaFrapiccini.

Quels sont les plus signifi-catifs évènements que voussponsorisez?Cette année nous avons décidéd'investir dans Paris Photo: c'estl'évènement plus important auniveau européen et l'invité d'hon-neur sera l'Italie. Nous ne pouvonspas le rater!

UniCredit Group n'a-t-il jamaispensé de confier une de sescampagnes publicitaires à quel-ques prestigieux auteurs de laphotographie contemporaine?Pas encore. Même si nous avonsutilisé l'œuvre de deux jeunesphotographes de la Républiquetchèque - Stein et Issa - comme filconducteur de notre nouvelle bro-chure consacrée à l'engagementdu Groupe dans le monde de laculture. Des collègues des vingt-trois pays où le Groupe travaillefont maintenant partie de l'"art",grâce à des portraits qui font pen-ser à une nouvelle Renaissance.Notre campagne Art talks, quiraconte l'engagement du Groupe,travaille avec les artistes: ce sonteux qui racontent notre passionpour l'excellence et notre engage-

ment pour la pro-motion des jeunestalents. Les arti-stes sont par ail-leurs impliquésdans nos cours deformation: avec

leur pensée divergente ils nousaident métaphoriquement à valori-ser les différences, à construireune plateforme européenne et àactiver de nouvelles énergies.

Outre le prêt d'œuvres, com-ment se concrétise l'implicationd'UniCredit à Paris Photo?Grâce à la signalisation d'opéra-teurs du monde de l'art, nousavons été invités par les organisa-teurs du salon à présenter la col-lection. Notre objectif, notre mis-sion, n'est pas de faire des exposi-tions, mais de "construire unsens". Compte tenu que nous n'a-vons pas la prétention de repré-senter le Pays, nous avons étéheureux de nous réunir avec leministre des Affaires Étrangères etle ministre des Biens Culturelsreprésentés par la Darc et avecdes galeristes et autres collection-neurs. Au même temps,Guadagnini, président de notrecommission, suite à une rencon-tre, a été très apprécié par lesreprésentants de la manifestationqui l'ont nommé commissaire.UniCredit a donc décidé de soute-nir avant tout les jeunes galeriesde la section Statement qui amè-nent des projets d'un seul artiste,avec un conséquent risque com-mercial, la section Project Roompour les vidéos des principauxmusées italiens et aussi d'être lepartner principal du salon. Enoutre, nous patronnons, à laChambre de Commerce, uneexposition consacrée à CarloMollino, pour qui nous avons réé-dité l'année dernière "Il messaggiodalla camera oscura" en italien eten anglais. Paris Photo est, enconclusion, une opportunitéextraordinaire pour mettre envaleur notre Pays et l'Ambassadeparisienne donnera une grandefête en l'honneur des artistes!

Comment se structure l'enga-gement, non seulement en tantque collectionneur, d'UniCrediten faveur de l'art contempo-rain?

Comme dit auparavant, noustenons à travailler au niveau dusystème et collaborer avec tous lesprincipaux acteurs du monde del'art contemporain, en cherchant,avec eux, d'identifier des projetscommuns sur lesquels investir entermes de temps, ressourceshumaines et financières. Nous pen-sons qu'en Italie est nécessairefavoriser le partenariat pour fairemasse critique et développer undialogue avec les réalités excellen-tes des autres pays européens etréaliser une promotion des poten-tialités créatives. Nous nous pla-çons donc dans une vision deresponsabilité sociale d'entreprise,en ayant conscience que le déve-loppement économique et socialsoutenable trouve ses bases dansun territoire aux politiques culturel-les fortes. L'économie a besoind'art: de l'art partent les idées versdes mondes parallèles, l'art renfor-ce le style d'une entreprise, l'artnous pousse à innover.

Quelle contribution a donné l'in-tégration de HVB après lafusion? Et en particulier à la col-lection UniCredit?Le Groupe HVB possède non seule-ment des importantes collections enAllemagne et Autriche, mais il nousa surtout emmené la même passionpour l'art. La collection complexecompte désormais plus de 50.000œuvres qui parcourent toute l'histoi-re de l'art: de la Mésopotamie auxgrands maîtres du passé, auxavant-gardes du XX et aux nouvel-les tendances internationales. Ellevante plus de 4000 photographies,qui compte les grands maîtres del'école allemande, mais pas seule-ment. Un aspect à préserver et valo-riser, mais avant tout un patrimoined'identité. L'intégration avec HVBnous permet de voir l'entière scèneartistique européenne comme unepartie de la vie de notre Groupe, sur-tout pour ce qui concerne l'Europecentrale-orientale, en pleine efferve-scence. Â

| par anita pepe |

LES RELATIONS FRUCTUEUSESDe la peinture ancienne à la photographiecontemporaine. Les Collections et le mécénat:voici les mots clés de l'engagement cultureld'un colosse bancaire européen. Nous enavons parlé avec Catterina Seia, responsabledu projet UniCredit & l'Art.

Exibart.photo protagonistes.11

à gauche: Mimmo Jodice -Petra, 1993. CourtesyUniCredit Group Collection.au centre: Luigi Ghirri -Sans Titre, 1972. CourtesyUniCredit Group Collection.

Page 12: Exibart.photo

12.statement Exibart.photo

Luca Andreoni - Orridi 017 - C-print 125x98 cm - CourtesyNepente Art Gallery, Milan.

Botto & Bruno - I wanna see thecities rust, 2007 - Impression sur

PVC adhésif monté sur forex, 60 hx 641 cm - Courtesy Alberto Peola,

Turin.

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Exibart.photo statement.13

Lorenza Lucchi Basili -Spazio Sessantotto, Vienna,2007 - Impression techniqueanalogique su panneau deDibond, 120 x 182 cm -Courtesy Oredaria ArtiContemporanee, Rome.

Eugenio Tibaldi - Untitled, 2007 -Acrylique blanc sur photo digitale,150 x 120 cm - Courtesy Umberto

Di Marino Arte Contemporanea,Naples.

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14.statement Exibart.photo

Carlo Valsecchi - Argentina,2005 - C- print 184 x 230 cm -

Courtesy Guido Costa Projects,Turin.

Raffaela Mariniello - BarryWhite, 2007 - C-print on dia-sec, 170X200 cm - CourtesyRaffaela Mariniello e StudioTrisorio, Naples/Rome.

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Exibart.photo statement.15

Bianco-Valente - Adaptive, 2007 -installation composée de quatreimpressions lambda sur Perspex(particulier). Courtesy VM 21, Rome

Maurizio Montagna - Billboardsst_a274, 2005 - 40x32 cm, tirage

á jet d’encre aux pigments decharbon sur carte coton - Courtesy

Galleria Bel Vedere, Milan.

Page 16: Exibart.photo

Admira, Milan 1. Parce que c'est un rendez vousinéluctable pour ceux qui s'occu-pent de la photographie à hautniveau.2. La meilleure chose: c'est lesalon de photographie plus inter-national au monde. Celle à chan-ger: la vip lounge et, en généralles points des restauration: ilsdevraient être plus accueillants etfournis, vu que beaucoup des ren-contres s'y passent. 3. 100%: on s'occupe exclusive-ment de photographie et des évè-nements qui y sont liés. 4. Notre stand à Paris présenteune sélection soignée des plusintéressants photographes duNéoréalisme italien. Nous expose-rons leurs œuvres en recréant l’at-mosphère d'une petite et exclusiveexposition.

Admiravia Mercadante 3 - 20124 MilanoTel +39 02 6694278 Fax +39 02 [email protected]

Brancolini Grimaldi,Florence/ Rome1. Nous participons à Paris Photodepuis diverses années et nousen apprécions l'internationalité, lavisibilité et la grande affluence depublic.2. Le lieu, la dimension du salon etle focus sur les galeries de photo-graphie sont excellents. 3. Nous sommes une galerie dephotographie et vidéo... 4. Grand focus sur les ItaliansMassimo Vitali et Olivo Barbieri,avec un regard international.

Brancolini Grimaldi arte contemporaneavia dei Tre Orologi 6/A00197 RomaTel +39 06 8069300 vicolo dell'Oro 12R50123 FirenzeTel +39 055 2396263 [email protected]

Forma Centre Internationalde la Photographie, Milan1. Paris Photo est la manifestationplus importante au niveau mondialen ce qui concerne les collectionsde photographie et la photogra-phie en général, par conséquent ils'agit d'un choix "naturel" pour uncentre comme Forma CentreInternational de Photographie, unlieu où, outre à acquérir desœuvres des maîtres de la photo-graphie internationale, il est possi-ble de visiter des expositions deniveau international, acheter deslivres, fréquenter des stages etdes cours de photographie. 2. La meilleure chose: la qualitédes exposants et des visiteurs.Celle à changer: nous pourronsrépondre qu'après la manifesta-tion!3. Forma s'occupe uniquement dephotographie, dans toutes ses for-mes, donc l'incidence est de100%.4. Nous avons opté pour unesélection des auteurs italiens plussignificatifs: quatre grands maîtresdéjà reconnus au niveau interna-tional et deux jeunes extrêmementintéressants et prometteurs. Lesmaîtres: Gianni Berengo Gardin,avec qui nous avons inauguré l'ac-tivité en 2005 et dont nous propo-sons une sélection d'œuvres vin-tage des années Cinquante auxannées Quatre-vingt; PiergiorgioBranzi, interprète raffiné de laphotographie italienne, à qui laBibliothèque Nationale de Franceconsacre, au même temps queParis Photo, une exposition de 40œuvres de la collection permanen-te; Mario Giacomelli, dont nousprésentons une riche sélectiondes classiques et des œuvresmoins connues provenant del'Archive Mario Giacomelli,

Senigallia/Sassoferrato; MimmoJodice, un des interprètes plussensible et original de la photogra-phie italienne, dont nous avons encours jusqu'au 25 novembre uneimportante exposition monogra-phique. Les jeunes: PaoloVentura, classe 1968, artiste mila-nais transféré à New York, présentavec une sélection du travail qui l'afait connaître au public internatio-nal: In tempo di guerra, images devie de l'Italie du Nord pendant laSeconde Guerre Mondiale, recon-struites dans les moindres détails.Petits univers statiques, portraitsde comment ils vivent leurs vies,mais manifestement feints, fruitd'une recherche approfondie pourmettre en scène un inexistant maisvéritable sorte de souvenir,comme une grotesque maison depoupée. Lorenzo Cicconi Massi,photographe et metteur en scène,né à Senigallia en 1966, sélection-né pour la phase finale du con-cours Pépinières Européennespour jeunes artistes de Paris etdéjà récompensé par les prixAGFA International de Paris,Canon Italia (1999) et, en 2007, duWorld Press Photo dans la catégo-rie Sport features singles. Les der-niers œuvres représentent les jeu-nes du nouveau millénaire, qui s'a-gitent un peu dépaysés dans lesrues italiennes, en cherchant deslieux, des personnes, des idéauxautour desquels se rassembler etdevenir tribu, clan.

Forma Centre International de Photographiepiazza Tito Lucrezio Caro 1,20136 MilanoTel +39 02 58118067 Fax +39 02 89075418 [email protected]

Fotografia Italiana, Milan1. Nous commençons l'activité depromotion de nos artistes italiens àl'étranger avec cette manifesta-tion. 2007 est l'année dédiée àl'Italie, une occasion plus quefavorable!2. La meilleure: la capacité d'attirerun grand public international, que cesoit pour la photographie historiqueque pour celle moderne et contem-poraine. La pire : l'objective impossi-bilité d'agrandir les espaces. 3. 100%.4. Seront présentes les œuvresdes italiens plus connus par lepublic international commeGiacomelli et Ghirri, d'autres réa-lisées par des artistes provenantdu filon de la photographie classi-que, comme Cresci et Biasiucci,sans compter les œuvres des per-sonnalités qui utilisent, ou qui ontutilisés la photographie commemoyen expressif de l'art contem-porain, dont Silvio Wolf et FrancoGuerzoni.

Fotografia Italiana arte contemporaneacorso Venezia 22, 20121 MilanoTel +39 02 784100 [email protected]

Marella, Milan/Bejing1. Paris Photo représente pournous l'occasion de confirmerdans une prestigieuse cornicheinternationale notre engagementdepuis plusieurs décennies dansla promotion de la photographiecontemporaine internationale. Lafoire représente un excellentexemple de comment il est possi-ble de réunir une sélection soi-gnée de galeries autour de l'exi-gence spécifique d'un moyenvisuel, celui photographique, qui

EN ATTENDANT PHOTOQuatre questions aux huit exposants italiensde l'exposition de Paris. Une certitude pourles habituées, un pari pour les débutants.Pour tous, cependant un rendez-vous à nepas manquer…

1. Pour quelle raison avez-vous inséré ParisPhoto dans votre bouquet d'expositions decette saison?2. En deux mots: la meilleure chose de ParisPhoto et celle qui devrait changer.3. Quelle est l'incidence de la photographie survotre chiffre d'affaires et sur la programmationde votre galerie?4. Une description de votre stand à ParisPhoto et les critères d'accrochage.

16.snapshot Exibart.photo

en haut à droite: Massimo Vitali -Palermo Mondello Diptych, 2007.

Courtesy Brancolini Grimaldi arte contem-poranea, Florence/Rome

en bas à gauche: Mario De Biasi - Gli ita-liani si voltano, 1954. Courtesy Admira,

Milan.en bas au centre: Claudio Abate - Jannis

Kounellis, ritratto, 1989. CourtesyMassimo Minini, Brescia.

en bas à droite: Gianni Berengo Gardin -Parigi, 1954. Courtesy Forma Centro

Internazionale di Fotografia, Milan.

Page 17: Exibart.photo

peut se vanter d'avoir des collec-tionneurs toujours plus nom-breux, et toujours plus préparéset conscients de la complexité dela scène contemporaine. Nousavons choisi d'y être car nouspartageons l'idée de proposer unobservatoire du moyen photogra-phique, conçu pour les visiteursattentifs, curieux et générale-ment très liés à ce type d'expres-sion artistique. 2. La meilleure chose est certai-nement la possibilité de rejoindreun type de collectionneur bienprécis, attentif et cosmopolite, demanière directe. Peut être seraità revoir l'organisation des espa-ces qui résultent trop étroits:aussi prestigieux soient ils, s'a-daptent peu aux exigences d'ex-position d'œuvres aux dimen-sions parfois considérables.3. La photographie avant d'êtreune voix du chiffre d'affairesreprésente un choix bien précisd'investissement sur l'un desmoyens les plus intéressants ducontemporain. Certainement enterme de volumes pour notregalerie elle représente une voiximportante et en constante évolu-tion que ce soit pour le chiffred'affaires que pour le nombre desœuvres et des artistes. 4. Les artistes que nous propose-rons sont tous chinois et utilisentla photographie comme moyen,parfois privilégié, d'un projet arti-stique qui se développe par lasuite sur différents registres. Cesont tous des artistes en pleinecroissance avec un curriculumd'expositions déjà bien construit.Avant tout, Cui Xiuwen, artistequi a déjà à son actif de nom-breuses personnelles dans deprestigieux lieux d'exposition etmusées importants en Chine et àl'étranger, un artiste auquel noussommes particulièrement atta-chés du moment que nous avonssuivi au cours des années sa stu-péfiante progression artistique etl'impact qu'il génère sur les col-lectionneurs de réputation inter-nationale. Nous proposerons parailleurs des clichés de Bai Yiluo,un autre artiste très intéressantmais déjà consacré au niveauinternational. Ce ne sont quedeux des exemples des artistesavec qui nous collaborons dansun climat d' estime réciproque etqui nous ont permis de grandiravec eux et de devenir avec lesannées un point de référence dela présentation de l'avant gardechinoise en Italie.

MarellaItalie: via Lepontina 8, 20159 Milano Tel +39 02 69311460 Fax +39 0260730280 [email protected] www.marellagallery.com Chine: 4 Jiuxianqiao Road,Chaoyang Dst, Beijing 100015,ChinePhone and fax 01064334055 www.marellabeijing.com

Massimo Minini, Brescia1. Nous participons à Paris-Photopour la première fois grâce à unrécent intérêt pour la photographie.Notre galerie expose des artistesqui utilisent la photographie depuis1973, mais nous traitions aupara-vant d'artistes tout court. Depuis peunous nous sommes ouverts à laphotographie des photographes, etnous pensons que Paris Photo estla plateforme idéale pour appuyerleur travail au niveau international,grâce à un vaste public spécialisé. 2. C'est la première fois que nousexposons à Paris Photo difficile doncde dire ce qu'y a de bien ou ce qu'ilfaudrait changer. Nous le dironsaprès. Cependant, d'une foirecomme celle-ci nous attendons desvisites de musées, des contactsavec d'autres galeries, la promotionpour les photographes italiens quenous y présenterons. Une promotionqui vaut la peine d'être tentée, vue laqualité des œuvres de nos maîtres. 3. Le chiffre d'affaires de la photoreprésente pour nous une valeurnégligeable. Cependant, nousavons envie de nous jetter danscette aventure, pas pour l'argentmais par amour. Nous sommes con-vaincus que la photographie italien-ne et sous estimée et qu'elle abesoin que quelqu'un affirme sonimportance, à n'importe quel prix.Nous présentons un projet noncommercial: la proposition d'uneexposition pour les musées princi-palement étrangers qui souhaitentenquêter sur le "made in Italy" dumonde de l'art.4. Nous présenterons soixantephotographies: les portraits desgrands artistes italiens réalisés parles grands photographes italiens,de Morandi, De Chirico, Carrà àPaolini, Fontana, Burri, Cattelan,Beecroft, Arienti… Nous expo-sons ici, en forme réduite - pourdes raisons d'espace - la collectionde 400 portraits (environ 100 arti-stes) que nous proposerons auxmusées et aux institutions. Uneexposition est une opération no

profit pour faire connaître à traversles chefs d'œuvres de la photogra-phie les visages de nombreux arti-stes fondamentaux pour l'histoirede l'art du XXème siècle.

Massimo Minini via Apollonio 68, 25128 BresciaTel +39 030 383034 Fax +39 030 392446 [email protected]

Photo & Co., Turin1. Cela fait quatre ans que nous par-ticipons à Paris Photo et nous laconsidérons la vitrine internationaleincontournable de la Photographiede recherche contemporaine, unepetite Bâle de la photographie. Pourcela nous nous sommes proposésdans le rôle "d'ambassadeurs" dusystème des galeries nationales età partir de la dernière saison nousavons été les promoteurs actifs decette nouvelle édition consacrée àl'Italie, impliquant Unicredit commePartner et Walter Guadagninicomme commissaire national.Grâce à leurs généreux support etimplication a été possible impliquerd'autres nombreuses galeries, qua-tre des plus importants musées con-temporains italiens, la Darc et leMinistère de la Culture, et organiserune importante participation, riched'évènements culturels internes etd'expositions collatérales très inté-ressantes. Nous pensons que lesystème italien peut sortir avec uneimage renforcée de cette initiative.2. Paris Photo est très internationa-le, de grande qualité, et possèdeune excellente communication; c'estune foire aux dimensions réduites etpour cela la visibilité des exposantsisolés est garantie. Il y a beaucoupde critiques, des commissaires etdes directeurs de musées améri-cains et européens ainsi que les

meilleurs éditeurs spécialisés dumonde. Le lieu est prestigieux etvraiment central. Souvent on trouvedes jeunes auteurs intéressants etpour certains cela a été un véritabletremplin. Normalement les retom-bées économiques sont satisfaisan-tes. Le seul défaut est peut être, lemanque d'espace et une certainerigidité des modules des stands quipourrait être plus flexibles pour per-mettre de varier les modalités d'ex-position.3. Nous avons toujours été spécia-lisés dans la photographie, spécia-lement de mise en scène (la photo-graphie plasticienne ou scene-sta-ged) et même si dernièrement nousavons élargi nos horizons à la pein-ture, la sculpture et la vidéo, jedirais que 75% de la programma-tion et de notre volume d'affairestournent autour de celle-ci.4. À l'occasion de la participationitalienne nous exposerons seule-ment des auteurs nationaux pourhonorer la thématique plus fréquen-tée par les italiens, le paysage. Enparticulier, le titre sera "Les Italiensregardent les villes": chaque auteurconcentrera sa représentation surune ville internationale qui repré-sente un moment significatif de sarecherche sur le paysage urbain.Mimmo Jodice nous montrera unerécente série sur Paris, Basilico savision de San Francisco,Francesco Jodice son travailvidéo-photographique sur SanPaolo, Franco Fontana son inter-prétation de Los Angeles, MaurizioGalimberti une New York kaléido-scopique et Pier Luigi Meneghelloen partant de Turin racontera saville visionnaire et symbolique.

Photo & Contemporary via Dei Mille 36, 10123 TorinoTel +39 011 889884 Fax +39 011 8178693 [email protected]

Studio La Città, Vérone1. Cette année nous participonspour la première fois à ParisPhoto. Nous avons pris cettedécision car l'Italie est le paysinvité. En outre, nous venonsd’inaugurer une expo person-nelle de Vincenzo Castella etnous avons inséré une plusample partie de photographesdans notre programme.Gabriele Basilico a pris les pho-tos de notre nouvel espace àVérone, en créant de cettemanière un lien strict avec lagalerie. Nous avons profité del'occasion, en étant l'année del'Italie, et pris la décision de par-ticiper à cette foire que je consi-dère la plus importante du sec-teur. 2. N'ayant jamais participé à lafoire, nous ne savons pas quelsen sont les défauts et les quali-tés: nous pourrons le dire seule-ment à la fin. 3. Actuellement la photographiea une incidence de 30% sur lechiffre d'affaires de la galerie.4. Le thème de notre grandstand sera la Ville. Nous auronsles photos de Naples et Monte-Carlo de Gabriele Basilico, lesgrandes photos de Naples deVincenzo Castella, les nouvel-les photos de Shanghai deDavide Bramante, les très bel-les photos en noir et blanc deLos Angeles de Michael Light,la nouvelle série d'Izima Kaoruréalisée dans une ville d'Inde,outre aux photos de prison deMikhael Subotzky.

Studio la Città Lungadige Galtarossa 2137133 VeronaTel +39 045 597549 Fax +39 045 597028 [email protected]

Exibart.photo snapshop.17

en haut: Mikhael Subotzky - Tamatie BeaufortMail,2006. Courtesy Studio La Città, Véroneen bas à gauche: Francesco Jodice - Sao PauloCitytellers #4. Courtesy Photo&Contemporary, Turin.en bas au centre: Cui Xiuwen - Angel n.10, 2006, C-print, ed. di 8. Courtesy Marella, Milan/Bejing.en bas à droite: Mario Cresci - Pretesti #3, 2005.Courtesy Fotografia Italiana arte contemporanea, Milan

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 La botte photographique,comme on pourrait la définir. Enregardant l'Italie et en se concen-trant sur les manifestation thémati-ques, il en émerge une carte trèsdifféremment mouchetée. Desexpositions, des séminaires, desrassemblements d'auteur ou desmanifestations d'amateurs fleuris-sent. Tous sous la définition de festi-val photographique. Certainementla prolifération de kermesses estliée à la passion d'un public pas tou-jours préparé de manière critique,mais souvent fasciné par l'appareil. "La photographie est un momentimportant, quasiment un tournant,l'attention des visiteurs est toujoursplus importante, les statistiques dudernier festival sont plus que positi-ves, avec une grande augmentationdes visites aux expositions par rap-port à la dernière édition. Il est cer-tain que cela est aussi dû à uneconsolidation progressive de l'ima-ge de la manifestation et à unecommunication intégrée toujoursplus efficace et liée à des évène-ments qui ne déçoivent pas lesattentes", déclare à Exibart MarcoDelogu, directeur de FotoGrafia àRome, en confirmant, toutefois, àquel point le sujet du marché et descollections est sensible, même si enforte croissance.Par rapport à la diffusion territorialedes festivals est intéressante, d'unecertaine manière, la pensée critiquede l'historienne Ennery Tamarelli,

qui affirme comme "il manque laconnaissance de l'histoire de laphotographie et de sa vision criti-que". Tout en existant en réalité,selon elle, une sorte de "ligneMaginot qui sépare le nord du suden passant par Florence. Au Nord laphotographie a toujours signifié lesphotographes, puis les commandi-taires, et le public. Que ce soit pourla photographie professionnelle,comme la photographie d'auteur.Dans le Sud la situation change:peu de travail professionnel et peusont les auteurs reconnus qui,cependant, n'ont pas réussis auniveau régional comme au niveauinternational".C'est donc la tradition historique quia une incidence sur la diffusion desdifférents noyaux festivaliers.Beaucoup au Nord, moins, maistout de même présents, au Sud. Sil'on pense au Corigliano CalabroFotografia, qui a réalisé une petitevitrine avec des interventions d'au-teurs internationaux, commeGabriele Basilico, qui en 2005 adonné à la ville dix œuvres. Et àNaples où naîtra cette année, endécembre, un petit festival commeoccasion quasi didactique: la pro-

motion d'un concours pour les jeu-nes photographes, des journées deformation et une section consacréeà l'école, voulu par l'archive Parisio. Il est pourtant vrai que la plus parsdes festivals se développent ail-leurs. De l'excellent Padova AprileFotografia à l'expérience del'Internationale de Photographie àSolighetto prés de Trévise; deRapallo Fotografia Contemporaneaen Ligurie, à Brescia qui a vu l'expé-rience de Foto-genico - festival diri-gé par Sarenco - et qui accueille laBiennale Internationale dePhotographie Brescia. De ReggioEmilia, qui propose FotografiaEuropea, jeune exposition qui a faitdu regard sur l'Europe son axe prin-cipal, à Milan, où en fin novembreaura lieu le premier Festival Italiende la Photographie né de la collabo-ration entre Canon, Contrasto etForma, espace qui accueillera lefestival. "Les festivals de laPhotographie en Italie comptentbeaucoup sur les aspects de l'expo-sition. Ici nous souhaitons réaliserune réflexion à 360° sur la photo,pour faire le point sur la situation dumarché, sur le marché éditorial, surles droits d'auteur et sur le plantechnologique, car si la photo a tel-lement changé ces dernièresannées c'est grâce aux développe-ments de la technologie dontl'importance va reconnue",raconte Denis Curti, direc-teur artistique de la manife-station, qui proposera desexpositions, des rencontres,des conférences, des lectu-res de portfolio et la présen-

tation des dernières trouvailles tech-nologiques qui se présenteront sousforme de cours intensifs dirigés parla Canon en collaboration avec dessociétés productrices de logiciel.Mais la région plus vive est laToscane, "où les Alinari ont construitle plus important archive iconogra-phique national et, en regardantvers le passé , la région la plus riched'artistes qui avec la peinture avantmême la photographie ont donnédes réponses au besoin représen-tatif de l'homme" affirment EnricoStefanelli et Roberto Evangelisti,directeurs artistiques du LuccaDigital Photo Fest, festival qui enpeu de temps a réussi à avoir unsuccès croissant près du public etde la presse en proposant des pro-jets de qualité. La troisième éditionouvre le 24 novembre, "caractéri-sée par la présence d'Elliot Erwitt,avec une rétrospective réaliséepour le festival, d'expositions degrands maîtres comme Mary EllenMark et Gianni Berengo Gardin,Maurizio Galimberti et de jeunesmais déjà affirmés reporters commeOded Balilty ou Trent Parke, outrel'originale présence du World PressPhoto". Parmi les nombreuses éta-pes toscanes, on ne peut pasoublier le Toscana Foto Festival ouOcchi di Scena, festival de la photo-

graphie de spectacle qui prend laforme d'un concours.Mais le véritable centre de la photo-graphie internationale en Italie estdésormais la capitale grâce à sonFotoGrafia: une multitude d'exposi-tions dans toute la ville qui sedéroulent au cours de différentsmois dès le printemps, en impli-quant toute la ville, des grandsmusées aux galeries privées. Saparticularité est l'invitation lancéechaque année à un grand auteurpour travailler sur Rome - en passéOlivo Barbieri, Martin Parr etGraciela Iturbide -, auxquels s'ad-joignent les jeunes, destinataires duPrix International FotoGrafia -Baume & Mercier. L'année prochai-ne? "Je peux anticiper que le thèmesera 'Le récit quotidien' et que leprojet des noyaux forts des exposi-tions est déjà à un bon point",annonce le directeur Delogu. "Nousvoulons nous concentrer surmoins d'espaces, mais sur unequalité encore meilleure, sur unemajeure implication des adeptesdu secteur et non, en continuant àavoir comme point ferme l'intérêtpour les jeunes et le 'sistemaItalia' qui a été le moteur de la der-nière édition". Â

| federica la paglia |

TOUR D'ITALIE… EN APPAREIL PHOTO

Festival de notre botte. Au nord comme ausud de Florence, l'Italie est un pullulementd'expositions, de séminaires et derassemblements de différents genres, quiconfirment encore une fois la différence entrele Nord et le Sud. Mais le point névralgiquereste indiscutablement elle: Rome caput photo...

18.actualités Exibart.photo

en haut au centre et à droite: OlivoBarbieri - Sites specific Roma 04,

2004en bas à gauche: Rodolfo Fiorenza

- Matera, 1976en bas à droite: Graciela Iturbide -Roma, 2007 - courtesy Zoneattive.

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 Indispensables points de réfé-rence pour les professionnels et lespassionnés du secteur, mais aussiespaces où il est possible de parti-ciper à des rencontres et des expo-sitions feuilletant les dernières nou-veautés au milieu du vaste panora-ma des titres de catalogues: nousparlons des librairies spécialiséesen photographie. Une présencediscrète en Italie qui au cours desdernières années a connu une fleu-raison de book store de haute spé-cialisation. Dans ce sens, un exem-ple représentatif est le mi camerade Milan, qui l'année dernière ainauguré son nouveau siège dotéd'un ample espace d'exposition.Lieu, jusqu'à mi-novembre enexclusivité européenne, où estmise en place actuellement, l'expo-sition High Fashion Crime Scenesde Mélanie Pullen, l'artiste madein Usa des reconstructionsvintage des scènes criminel-les. La librairie propose desouvrages neufs et usés, ita-liens et d'importation, maisoffre aussi des éditions deprestige et raretés cherchanttoujours à maintenir ses prixmodérés. L'objectif de micamera? "Offrir une amplesélection de titres et, enmême temps, un répertoired'informations accessibles àtous. Même virtuellement".Selon les affirmations deGiulia Zorzi, responsable dela librairie avec FlavioFranzoni. Le site web mica-mera.com contient en effetune entière section qui four-nit différentes approches dumonde de la photographie:des centaines de biographieset de pages dédiées à diffé-rents arguments, comme lesliens entre photographie etmouvements artistiques ou la

documentation à travers l'imagedes évènements historiques duvingtième siècle. Á partir du site, ilest aussi possible d'effectuer desrecherches, d'acquérir des libres etde dénicher des infos sur les évène-ments photographiques du moment.Ou encore: la page fine-art pour lavente en ligne d'impressions photo-graphiques d'auteurs. Dans l'en-semble, l'ambition de cette protéi-forme librairie semble être de créerune vrai bibliothèque nationale dela photographie, rêve encore vifdans notre pays et aujourd'hui deplus en plus réel. Sur la même longueur d'onde s. t.foto libreria galleria qui depuis octo-bre a ouvert ses portes à Romegrâce à Matteo Di Castro,Benedetta Cestelli Guidi etLeonardo Palmieri. Dans ce grandespace privé de pauses architecto-

niques coexistent un café-bistrot,une librairie et un espace d'exposi-tion. Le nom, s. t. - sigle habituel-lement utilisé dans l'édition pourcataloguer les œuvres "sanstitre" -, exprime son intérêt à valo-riser chaque création liée à la pho-tographie: de la recherche esthéti-que contemporaine aux imagesanonymes du vingtième. Comme letémoigne l'étendu catalogue quiattribue une attention toute particu-lière aux nouveautés des maisonsd'édition italiennes et étrangèresmême les plus petites et d'avant-garde. Ce n'est pas un hasard sis.t. a contracté un accord directavec Steidl qui prévoit un rayonentièrement réservé à ses publica-tions et la possibilité d' accueillirdans la librairie, en exclusivité surRome, tous les évènements photo-graphiques de l'éditeur. Dans lagalerie, on trouve des œuvres degrands auteurs italiens commeLuigi Veronesi, Mario Schifano,Ugo Mulas, Franco Pinna,Mimmo Jodice, Letizia Battagliaet un important fond de photos demode des années Trente à Quatre-vingt: Ghergo, Luxardo, Patellani,Ferri, Barbieri, Toscani et autres.L'expérimentation artistique, la

documentation de projets site-spe-cific et d'anthropologie visuelle etl'enquête autobiographique sontquelques uns des secteurs derecherche qui orientent les nouvel-les acquisitions des galeries. La fin,en particulier, est d'offrir - indépen-damment des évènements d'expo-sition isolés - "une sélection quali-fiée de prints qui, grâce aux techni-ques de reproduction digitale et àune politique non restrictive de tira-ges, peut stimuler dans l'environne-ment de la photographie italienneun nouvel élan aux collections"souligne Di Castro.N'oublions pas cependant quel'Italie est le pays des contradic-tions. Si d'un coté est favorisée ladiffusion et la valorisation de la cul-ture et de l'art contemporains, del'autre on assiste, spécialementdans les grandes villes - certaine-ment aussi à cause du coût tou-jours plus élevé du loyer et de lagestion des locaux - à une sorted'hécatombes des espaces histori-ques. Ces derniers représententnon seulement une "activité com-merciale", mais aussi une réalitécomposite qui, pour avoir soutenuet promu un parcours concret d'ini-tiatives culturelles, font désormaispartie du patrimoine national. Il suf-fit de penser à la récente fermeturede l'Agorà à Turin, "la premièrelibrairie italienne à se spécialiser enphotographie" selon les propriétai-res, Rosalba Spitaleri et BrunoBoveri. Fréquentée par les univer-sitaires et par les bibliophiles lesplus invétérés à la recherche d'œu-vres et d'auteurs introuvablesgrâce aux efforts fournis dans dessecteurs différents - de la didacti-que aux collections - elle était deve-nue avec le temps une véritable'maison de la photographie'. "Ilsvenaient nous rendre visite desEtats-Unis" affirme Boveri.Pour affirmer cette vocationl'Agorà a été - et heureusementcontinuera à être-aussi éditrice detextes importants comme Gli AnniCinquanta l'America e gliAmericani d'Henri Cartier-Bresson et de différents auteurs;Fotografi sulla Fotografia deNathan Lyons; Per una filosofiadella Fotografia de Vilem Flusser

et Fotografia e inconscio tecnolo-gico de Franco Vaccari. Elle aorganisé, en outre, des exposi-tions photographiques italiennes(de Monti à Ghirri, de Giacomellià Basilico) et internationales(Aaron Siskind, Thomas Struth,Manfred Willmann, René Burri,Wim Wenders). Pour différentesraisons, donc, avec la fermeturede l'Agorà, hormis l'espace physi-que, le risque est de dissoudre uncapital intellectuel qu'il ne sera pasfacile de recréer dans le futur.En restant dans le thème des librai-ries historiques, continuent à rési-ster malgré les difficultés l'Assolibrià Florence et la Fiaccadori àParme. La première, petite maistrès fournie, maintient son activitédepuis presque trente ans. SilviaAsso, la responsable, a courageu-sement créé un réel centre de diffu-sion culturelle des arts visuels etcontemporains "dans une ville, quià cette époque, est seulement con-centrée sur le classique". En ce quiconcerne la photographie, onpasse des essais aux monogra-phies des maîtres internationaux,des raretés étrangères aux catalo-gues d'exposition. Assolibri est l'unde ces points de référence où repé-rer aussi des volumes provenantde l'étranger et de raffinées revuesspécialisées. Dans ce minusculeespace d'exposition sont passés degrands noms de la photographieinternationale. Exposé depuisdébut novembre Frank Horvat etStrip-tease, reportage des annéesCinquante sur la vie parisiennedans les lieux nocturnes de Pigalle.Fiaccadori, enfin, est une vraieinstitution pour Parme: est activedepuis 1829 et considérée unauthentique point de référence cul-turel. Ici, il est possible de retrouverdes volumes et des essais de tou-tes les disciplines, avec une richesection dediée à la photographie. L'apport de ces lieux culturels estévident, et ils soulignent l'importan-ce de l'édition dans l'acte de con-server et diffuser la photographiecomme forme d'art aux indubita-bles valeurs et aux grandes per-spectives. Â

| lori adragna |

VOLUMES JETÉS AU FEUUne scène de contradictions. Zoom sur leslibrairies italiennes dédiées à la photographie:bookstores polyvalents de haute spécialisation,où entre les étagères il y a la place pour des expositions et des projets éditoriaux. Compte tenu du prix des loyers…

en haut et en bas àdroite: l'intérieur de la

librairie s.t. à Rome.en bas: l'intérieur dela librairie mi camera

à Milan.

Exibart.photo actualités.19

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 Les profils culturels sont biendéfinis et de haut niveau, les expo-sitions ont derrière elles desannées d'organisation et de colla-boration minutieuses. Voici exacte-ment le défi ou, autrement dit, le"passage obligatoire" d'un bon pro-jet. Du moins celui de cinq grandesinstitutions engagées dans l'expéri-mentation du langage photographi-que et dans sa promotion culturelleet scientifique. Que ce soit auniveau public ou privé. Nous parlerons, ici, de réalités con-crètement actives en Italie dans lesdivers rouages de la recherche,comme les fondations de Milan etPadoue; ou d'autres exemplesengagés dans la diffusion d'un con-sidérable patrimoine historique,toujours attentifs à proposer descontenus transversaux, novateurset des voies possibles à explorer.Chacune à sa spécificité, maisavec une valeur commune, celleattribuée à la création d'un network.Un réseau de synergie qui souhai-

te impliquer d'autres institutionspubliques locales ou internationa-les, fondations privées, entreprisesisolées, à différents niveaux. De lasponsorisation à la coproduction,jusqu'à l'institution de prix et demanifestations. Á faire de ce choix son cheval debataille, le Musée de laPhotographie Contemporaine deCinisello Balsamo, qui est parti augalop. Sa directrice scientifique,Roberta Valtorta, nous raconte lapotentialité du réseau: "La collabo-ration entre institutions, quellessoient italiennes ou étrangères, estfondamentale pour apprendre,grandir, confronter les choix et par-tager les projets, au sens culturel etéconomique. Notre nouveaumusée a choisi cette voie depuisses débuts". La Fondation, consti-tuée par la Province de Milan et laVille de Cinisello Balsamo, est néeen 2005 d'un projet activé en 96.Outre les traditionnelles fonctions,liées à la conservation et à la divul-

gation, le MFC commissionned'ambitieuse œuvres photographi-ques contemporaines. Il suffit pourcela de penser au projet 'Salviamola Luna' confié à l'un des auteursplus importants d'Europe dans ledomaine de l'art public."L'engagement donné à l'artisteallemand Jochen Gerz provientd'une exigence de mettre le muséeen relation avec le territoire où il setrouve, et donc avec les habitantsde Cinisello Balsamo et la facenord de l'arrière pays milanais. Lechoix d'impliquer le musée et laville dans une œuvre d'art publiquetient à mettre l'accent sur une idéenouvelle et dynamique de la photo-graphie, perçue non comme uneœuvre à contempler en un lieuclassique d'exposition, maiscomme une image qui crée desrelations et des situations d'échan-ge culturel et de participation". Ici,le langage photographique estdevenu un instrument social, unetrace au centre d'un plus ampleprocessus, qui compte plus de2734 participants. L'implicationpublique est de primaire importan-ce, comme l'a répété plusieurs foisle commissaire de la Biennale deVenise de 2007 Robert Storr, quiinvite à "offrir aux personnes com-munes l'accès aux choses quiseraient réservées à peu d'élus".L'autre défi ambitieux du Musée estla participation à "Changingfaces/Work", un projet européend'échange d'œuvres commandi-

tées entre les institutions consa-crées à la photographie et apparte-nant au network IPRN(International PhotographyResearch Network), dont le MFCfait partie depuis 2006. RobertaValtorta déclare: "Le projet IPRNest dédié à l'approfondissement del'idée de commanditer aujourd'hui,comme un milieu qui permet auxartistes de développer leurs recher-ches et comme un moment d'ap-profondissement des thèmes choi-sis". Ici, l'analyse concerne lemonde du travail, vu comme unepossible clef de lecture des muta-tions culturelles en cours. Histoiresd'une humanité en chemin, histoi-res de personnes, d'un entiersystème en transformation. Activéeen 2004 par l'Université deSunderland en Grande Bretagne,le réseau accueille des participantsallemands, hollandais, anglais, slo-vaques et finlandais. Les activitésdu Musée ont étés primées pour lapromotion des langages et l'étudede la photographie, avec par exem-ple le Prix Pezza et le PrixCostantini. Les collections, ellesaussi, sont consacrées au contem-porain et vantent plus d'un millionde photos et trois cents auteurs del'après seconde guerre mondiale ànos jours, autour d'une intéressan-te description sur la transformationdu concept de paysage. Commel'explique le directeur, lui-même,"elle est toujours plus complexe,changeante, l'idée de paysage. Elle

n'est plus seulement géographi-que, urbanistique, sociale, maisaussi psychologique, imaginaire,virtuelle. L'idée de photographie setransforme, elle n'est plus vécuecomme lecture des lieux, maiscomme une expérience multiforme,en projet, beaucoup plus libre". Lefutur du centre lombard est lui aussiextraverti: "En 2008 - anticipe MmeValtorta - nous accueillerons l'expo-sition de Robert Frank, 'Paris', encollaboration avec le MuseumFolkwang d'Essen, le NederlandsFotomuseum de Rotterdam, le Jeude Paume de Paris, donc aussi uneinstitution française".Sur le territoire milanais, on trouveaussi le Centre International de laPhotographie de Milan (Forma),issu d'une initiative privée. Le pro-moteur est Fotospazio, une sociétéconstituée de la Fondation Corrieredella Sera et de l'agence Contrastoen collaboration avec ATM,l'Agence de Transports Milanais.Qui entre autre accueille le muséeau sein d'un historique et fascinantdépôt de tram. Si l'organisation deCinisello Balsamo est plus enclineà fixer les transformations socialesen action, le Forma se concentre luisur trois lignes principales: l'histoirede la photographie, les grandsauteurs et les maîtres de la modeet du portrait. L'attention est aujour-d'hui portée sur ce dernier point,perçu comme l'un des secteurs lesplus intéressants de la photogra-phie contemporaine. En est emblématique l'un des der-niers travaux du musée, la trèsbelle exposition Faccia a Faccia,qui étudie les nouvelles orienta-tions. Nous avons demandé audirecteur artistique AlessandraMauro comment la perception duportrait s’est modifiée dans la pho-tographie."Pour citer BarbaraKruger, le portrait est le vrai champde bataille sur lequel s'affrontent etse rencontrent une série de proba-bles écoles, tendances et surtoutde possibilités expressives. 'Facciaa Faccia', l'exposition que nousavons présentée avec le Musée del'Elysée de Lausanne, tendait en cesens à en recueillir une série d'ex-périences. Le territoire est remar-

FORMAT INSTITUTIONNELPlan général, et dynamique, de ce qui sepasse dans la photographie italienne. Etmême si les galeries sont toujours plus nombreuses et intéressantes, la solution provient parfois des structures publiques et de leurs directeurs, qui deviennent les pionniers de défis inédits. Jetons un coupd'œil sur leurs orientations…

20.actualités Exibart.photo

à gauche: Adolfo Porry Pastorel -Mussolini arrêté pendant un meeting inter-ventionniste - 1914 - tirage à la gélatinebromure d'argent - 240x180 - MSFFA, fondPorry Pastorel, collection Zannier.en bas: Kirsten - 1997 © Inez vanLamsweerde et Vinoodh Matadin -Courtesy Matthew Marks Gallery, NewYork pour l'exposition "Faccia a Faccia"présentée par Forma - CentroInternazionale di Fotografia Milano.

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quable mais garde des aspectsinexplorés. C'est le visage vu parplusieurs artistes contemporains,qui à travers la photographie s'in-terrogent sur les diverses interpré-tations de la réalité d'aujourd'hui.Le visage se déforme, avec la chi-rurgie plastique ou avecPhotoshop, il se transforme avec letemps, s'annule et s'assume.Comme les identités de celui qui sevoit et de celui qui est vu. Et toutceci est pensé et raconté, par tran-sposition artistique par tous lesnouveaux auteurs contempo-rains".Le Forma a ouvert, lui aussi, seshorizons de recherche grâce auPrix F, consacré à la photographiede documentaire social créé en2006 avec Fabbrica, le Centre derecherche sur la communicationdu Groupe Benetton. Récemmenta été présentée l'exposition duvainqueur Jessica Dimmok qui,dans l'œuvre Le neuvième étage,a photographié le drame de la dro-gue. Les collaborations avec lesinstitutions françaises sont nom-breuses, comme l'affirmeAlessandra Mauro: "La premièreexposition de Forma, consacrée àGianni Berengo Gardin est néeavec la Maison Européenne de laPhotographie", puis a été le tourd'Henri Cartier-Bresson. Et dansl'avenir? "En février nous accueil-lerons une grande exposition per-sonnelle d'Avedon, fruit d'une col-laboration internationale de diver-ses institutions dont le danois

Louisiana Museum, la FondazioneAvedon et le Jeu de Paume deParis".Revenons en Italie, à Florence, où,une autre réalité importante est leMusée national Alinari de laPhotographie (MNAF), inaugurél'année dernière, issu de l'Atelierhistorique des Frères Alinari, leplus ancien au monde opérantdans le champ de la photographie,

des images et de la communica-tion. Le Musée, à travers une intri-gante scénographie projetée par lemetteur en scène primé aux OscarGiuseppe Tornatore, propose uneexposition de la grande aventurede la photographie, des premiersdaguerréotypes jusqu'aux impres-sions plotter. Un parcours à traversl'image qui compte aussi sur uneimportante exposition d'instru-

ments historiques, à partir desappareils du 1839 jusqu'aux por-tables de dernières générations,et vante une bibliothèque spécia-lisée qui contient les premierscomptes rendus de l'invention deDaguerre. La pointe de diamantde l'institution, dirigée par MonicaMaffioli, est représenté par leMusée Tactile, un lieu d'expositionexpérimentale pour les non-voyants, réalisée en collabora-tion avec l'imprimerie Braille. Leparcours, conçu selon une idéede Claudio de Polo, président dela Fondation, rassemble unesélection des images plus signifi-catives du Musée, transposéesen relief. L'imprimerie a, en effet,porté de deux à trois dimensionsdiverses images de l'archive, cel-les qui expliquent le mieux le par-cours historique de laPhotographie. Le résultat estcomposé de vingt collages insoli-tes de différentes dimensions,réalisés selon les exigences dela photo à reproduire, de la lectu-re tactile ou du photographe. La réalité vénétienne elle aussi,tout en étant encore contenue,envoie des signaux prometteurs.Comme la manifestation AprilePadova Fotografia, organiséepar le Centre NationalPhotographique (CNF) de la villevénétienne. L'institution com-prend différents espaces d'expo-sition dispersés sur le territoirecitadin et, outre le programmeconsacré aux maîtres internatio-

naux, est engagée dans la promo-tion des jeunes artistes du lieu etdes grands talents italiens,comme Giovanni Umicini, expo-sé au Museo Civico jusqu'à jan-vier 2008. Fréquentes, en outre,les collaborations du CNF avecune autre fondation spécialisée,le Centre International dePhotographie Scavi Scaligeri deVérone. Une intéressante et sansaucun doute extravagante expéri-mentation, où un site archéologi-que avec des sections romaineset médiévales devient la scèned'un parcours d'exposition dédié àla contemporanéité, où sont réali-sées des expositions sur de célè-bres auteurs italiens et internatio-naux. Il suffit de penser que parmiles solennelles antiquités sontpassés des personnalités commecelles d'Elliott Erwitt, DouglasKirkland, Frans Lanting et TazioSecchiaroli.Valorisation de l'expérience cultu-rel, recherche et libre expérimen-tation. Voici le scénario complexeet fascinant de notre photogra-phie, vu à travers l'engagementdes majeures institutions italien-nes. Leur regard emmène loin etse développe dans des territoiresinexplorés, tout en se confrontantavec la potentialité de la photo-graphie. Qui selon, le grandsémiologue Roland Barthes, lors-qu'il enseignait encore, "est uneterre du milieu, sans confins". Â

| silvia criara |

Exibart.photo actualités.21

à gauche: Carte postale chromolithographie -Grande Bretagne - 1910 environ - 140x90,MSFFA, collection Cecere en bas: Quelques participants à la manifesta-tion liée au projet d'art public "Salviamo laLuna", commissionné par le photographe alle-mand Jochen Gerz du Musée de PhotographieContemporaine de Cinisello Balsamo

Page 22: Exibart.photo

 Soulignant la différence avecla vision humaine - la persistancede l'image sur la rétine - CarloMollino note que la photographiedonne "une possibilité d'évasionde la réalité visible"1. Dans l'ombreapparaissent des entités invisiblesavec l'illumination habituelle, gloseValerio Dehò à l'occasion d'uneexposition de Franco Vaccari2.Elles apparaissent et surviennent àl'"observateur", protagoniste de lascène. Chaque authentique évè-nement est inévitablement uneperformance. Dans cette optique,même l'histoire (de la photogra-phie) et sa théorie sont des phéno-mènes pas du tout objectifs: lephotographe analyse et sélection-ne. Vaccari et Mollino sont sansaucun doute partisans de cetteprofonde conscience. Mais ils nese limitent pas à élaborer le deuilde l'objectivité: la constance aveclaquelle ils réfléchissent sur leurmode opératif est symptomatiqued'une recherche inépuisée. Unerecherche asymétrique, qui vise àsuperposer d'autres aspects de larecherche, classifiables comme"rationalisme" chez Mollino et"conceptualisme" chez Vaccari. Le concept clé de la réflexion vac-carienne est celui de l'inconscienttechnologique3, descendant directde la notion benjamienne d'incon-scient optique. Le medium photo-graphique aurait une capacitéstructurelle à cueillir un plus dansun sens qui rendrait l'image alter-réaliste. L'occultation de l'auteur4

est la stratégie que Vaccari adaptepour démontrer cette partialité: sila photographie est une traceinscrite sur le réel, l'opérateuresthétique doit nuancer sa propreposition, se rendre fantomatique.Occulter l'auteur signifie accomplirla parabole inexorable d'autonomi-

sation du moyen. Ainsi, l'incon-scient technologique retourne àl'humain dans sa forme sociale: enpassant de Freud à Lévi-Strauss,la photographie sera capable deretracer l'inconscient collectif. Lesujet sort par la porte et rentre parla fenêtre avec un S majuscule.Dans Lascia su queste pareti unatraccia fotografica del tuo passag-gio - présenté à la Biennale de1972 - et encore plus par "l'exten-sion" du projet aux cabinesPhotomatic éparpillées sur le terri-toire italien, Vaccari a provoquél'ouverture d'une myriade d'espa-ces privés en espaces publics, touten rendant public un acte intime-ment privé. Qu'a donc fait alorsMollino en photographiant des nusféminins dans des situations sou-straites à la routine et immergéesdans une "pornographie" d'ama-teurs5? (Roland Barthes a écrit quele l'amateur est celui qui "reste leplus proche du noème de laPhotographie"6.) N'est ce pas, peutêtre, l'érotisme que Vaccari regret-te, marqué "du différent et de l'arti-culé" (in Leonardi, cit., p. 171)?Comme Vaccari se fie aux photosd'identité, Mollino a confiance dansle polaroid, et tous deux privilé-gient des environnements appa-remment renfermés (les alcôvesde Mollino, les cabines deVaccari); l'un cherche à occulter letravail "artistique", l'autre ne signepas ses propres clichés. Cela nesignifie pas abandonner pourautant le champ de la réflexion.Prenons l'exemple du blow up.Vaccari l'utilise en Mythe instanta-né (1974) et Mollino écrit sur la"dépersonnalisation en paysaged'agrandissements partiaux desuperficies de nu ou de minimesobjets". L'intention de Vaccarin'est-elle pas de s'arrêter sur l'i-

dentité à l'époque technologique?Considérant ce qui a été dit sur l'in-conscient, ne pourrait-il pas luiconvenir la considération molli-nienne que l'agrandissement est"une chasse qui n'est pas unerecherche active, mais assister àun spectacle à la trame imprévue"?Mollino rappelle à plusieurs repri-ses le rôle indéniable de l'incon-scient dans la constitution immobi-le de notre archive mentale d'ima-ges, mettant en évidence par laprésumée objectivité du moyenphotographique comment elle est"mécanique et non pilotable", l'ap-pareil étant "quasi vivant de par salogique indépendante".D'un autre côté, reste tout autantfondamental la "sélection transfi-gurative" du photographe, même sielle est influencée par l'incon-scient, humain cette fois-ci. Demanière que c'est après l'impres-sion que l'on assiste à la "révéla-tion définitive de nous-mêmes"7.Un scénario complexe, qui dévoilel'apparente simplicité de l'acte pho-tographique, oscillant entre mimé-tisme et "artisticité"; un marasmeau sein duquel Mollino sauve peud'artistes photographes, Stieglitzet Steich, Manuel Álvarez Bravoet Man Ray. Pour cela l'architecteturinois fera très tôt confiance auxclichés des professionnels pourses édifices et ses intérieurs, alorsqu'il conservera le vice de l'ama-teur pour les photographies fémini-nes.Ce qui cependant ne doit pasrester dans l'ambiguïté est la diffé-rence entre occultation et anony-mat. Ce dernier est plus quejamais mal vu chez Vaccaricomme chez Mollino, dont les limi-tes enquêtent sur la particulièreéclipse du sujet dans l'état oniri-que, sans jamais perdre de vue lafin ultime de la recherche, le sujetmême, dans son articulation iden-titaire ramifié. En Omaggioall'Ariosto (1974), en reprenantpas à pas l'itinéraire de Carpi àFerrare, Vaccari prend quelquespolaroids, et les colle sur des car-tes postales des villages qu'il tra-verse et les envoie au Palazzo deiDiamanti, restituant ainsi un visa-ge aux lieux iconisés. Pour l'Épi-phanie de 1961, Mollino envoie àses amis des cartes de vœux per-sonnalisées avec deux photogra-

phies érotiques, et pour le Jour del'an de 1964 il crée un Drago dapasseggio accompagné d'un texteet encore une fois de photogra-phies osées, en guise d'instructionà l'usage8. De la mécanisation à lapersonnalisation, nous décou-vrons la qualité ludique et aumême temps libératoire de l'œu-vre de chacun: comme l'a écritBonfiglioli, "l'absence [del'artiste]se retrouve dans la pré-sence de l'acte créatif comme pro-cessus impersonnel: le sujet appa-raît comme une trace effacée,machine biologique-libidique tran-sindividuelle" (in Leonardi, cit., p.11). Â

| marco enrico giacomelli |

* Franco Vaccari, d'un texte de 1990maintenant présents in NicolettaLeonardi (sous la direction de),Feedback, Postmedia, Milan 2007, p.140.1 Il messaggio della camera oscura(1949), AdArte, Turin 2006, n. 7, p. 103.2 Buio, nebbia padana, suoni, luci [cat.],Transmec Group, Campogalliano 2005.3 Fotografia e inconscio tecnologico(1979), Agorà, Turin 19942.4 Luca Panaro, L'occultamento dell'auto-re, APM, Carpi 2007.5 Carlo Mollino, Photographs 1956-1962,Maison Musée Mollino-AdArte, Turin2006.6 La camera chiara, Einaudi, Turin1988, p. 99.7 Les citations de Mollino proviennent deIl messaggio, cit., pp. 50, 73, 66, 76 e 73.8 Cfr. Architettura di parole, BollatiBoringhieri, Turin 2007, pp. 463-467.

LA PUBLICITÉ DU PRIVÉ"Il est difficile de supporter longuement lalumière éblouissante des déserts de l'hyperrationalité; on a parfois besoin du monde dela nuit où les contours des choses perdentleur géométrique dureté pour s'ajuster à nosrythmes intérieurs"*...

22.confrontations Exibart.photo

Une importante rétrospective consa-crée à Carlo Mollino photographe, unesynthèse basée sur une centaine dephotographies originales et uniquesreprésentant l'évolution entière de qua-rante années de travail et des techni-ques utilisées. C'est la Chambre deCommerce Italienne de Paris qui la pro-pose, grâce au projet et à la mise enscène de Fulvio et Napoleone Ferrari -conservateurs du Musée Casa Mollinode Turin - à l'occasion de Paris Photo2007. Une exposition qui s'ouvre parune de ses premières et emblémati-ques images, publiée sur la couverturede la revue Domus en 1937. Suivie desœuvres de goût surréaliste et féérique,

photos d'intérieur et portraits féminins, prises en noir et blanc au coursdes années Trente-Quarante dans un lieu assez spécial: la Casa Miller,appartement privé conçu en 1936 comme si c'était un set photographi-que. Dans les années Quarante le ski (en particulier le champion autri-chien Leo Gasperl) devient l'un de ses sujets, alors qu'après la guerreMollino se concentre, avec sa Leica, exclusivement au nu féminin, enphotographiant ses modèles dans un intérieur dont il a été encore unefois le créateur: la "Villa Scalero". Tous les portraits sont imprimés enformat standard 10x15 et sont souvent retouchés de manière magi-strale au crayon à papier ou de couleurs, ce qui confirme les thèsesmolliniennes comme quoi il est licite d'intervenir de n'importe quellemanière sur l'image, vu qu'il n'existe pas une photographie "pure".L'exposition continue avec les portraits réalisés au Polaroid, qui à par-tir de 1963 devient son instrument de prédilection. Des clichés uniqueset de même format, véritable mosaïque de son icône personnelle de lafemme, images crues et psychologiques mais raffinées, qui ont acquisun caractère extrêmement moderne et qui les rendent encore à nosyeux contemporaines. Avec les photographies sont exposés des docu-ments et publications originaux, outre aux livres rares aujourd'hui épui-sés: "Carlo Mollino. Contes pour adultes 1936-1943", "Carlo MollinoPhotographs 1956-1962", "Carlo Mollino Polaroids".

Du 14 au 18 novembre 2007Chambre de Commerce Italienne pour la France134, Faubourg Saint-Honoré - Paris 8èmeInfo: +33 (0)153937377 - [email protected]

De la "Casa" à la Chambre: Carlo Mollino exposé

Page 23: Exibart.photo

 Quels jeunes photographesitaliens recommanderiez vousau public français?Franco Fontana: Je diraisMassimo De Gennaro: il a publiéun livre, "Blue", consacré à la mer,que je trouve intéressant pour larecherche personnelle qu'il con-tient. Matilde Montanari, mainte-nant installée à New York, qui tra-vaille de manière créative sur sapropre image: la série où elle sephotographie en des intérieurssaturés d'objets et apparaît en depetits nus me plaît. AndreaRazzoli, même si non considérécomme faisant partie des jeunesgénérations, qui propose unevision personnelle. Les autresphotographes intéressants selonmoi, jeunes et moins jeunes, sontBruno Sorlini, Enrico Bossan,Francesca Della Toffola etFausto Corsini.Maurizio Galimberti: J'insisteraissur Alberto Petrò, jeune hommequi a commencé ses recherchesartistiques avec moi et qui par lasuite s'est transféré à Berlin pourtrouver sa propre voie. Il fait destravaux intéressants, soutenu parl'aide économique d'un collection-neur éclairé de Brescia, MauroRossi de la M. R: Gallery, grandamateur de la photographie. Parmiles jeunes au succès récent j'aimebeaucoup Matteo Basilé,Giacomo Costa et BrigitteNiedermaier, pour leur grandecapacité à projeter. En excluantles jeunes, si j'étais collectionneurje pointerais sur l'archive d'UgoMulas.Mimmo Jodice: Souvent des jeu-nes viennent me voir pour memontrer leurs œuvres. Parmi euxje choisirais Stefano Snaidero,basé à Rome mais très mobile: ilfait un travail sur le social, encouleurs, en s'occupant desmigrations et des mutations que

subit le territoire à cause des gran-des transformations. Il pourraitêtre considéré comme un photo-journaliste, mais il a une dimen-sion plus libre et créative. J'ai vucertaines de ses images qui m'ontbeaucoup plus. Marco Trinca a,lui aussi, une vraie identité.J'apprécie le travail où il photogra-phie les lieux qui ont été scènesde délits: c'est bizarre, un résultatd'enquêtes et de planifications,tout en regardant le territoire à uneéchelle de un sur un. Il construit degrandes mosaïques de photogra-phies. Deux noms qui selon moivont mûrir. Massimo Vitali: J'ai beaucoupsoutenu Domingo Milella carc'est un photographe moderne,qui s'est formé à la School ofVisual Arts de New York et quidésormais s'est installé en Italie.Selon moi, les plus intéressantssont ceux qui ont sauté l'art photo-graphique et proviennent directe-ment de l'art contemporain,comme Luisa Lambri, Paola Piviet Botto&Bruno. Celui que jerecommanderais en particulier estun photographe de paysage, maisqui a cette dureté qui est commeune cuirasse emprisonnée dansune forme en plâtre: qui tient toutde même sur ses pieds, touteseule. Ce sont des paysages nonplaisants, avec une touche socio-logique et architectonique qui mesemble extrêmement moderne.Cela ressemble, pour moi, à untravail proche des débuts deThomas Struth, quand il faisaitdes portraits de routes et de mai-sons comme s'il s'agissait de por-traits de personnes: des édificesavec une âme propre.

Comment considérez vous lepanorama de la photographieitalienne des dernières années?Franco Fontana: Par rapport à

mes débuts, aujourd'hui le panora-ma des galeries qui travaillentpour la photographie est fantasti-que, grâce à des galeries commePhoto&Contemporary, Fotografiaitaliana, Oredaria, Joyce et d'au-tres. Les collections se sont déve-loppées et il y a désormais desinstitutions spécialisées et beau-coup d'expositions dans lesmusées. Les photographes ita-liens ont une créativité éveillée,illuminée et attentive, mais leursuccès dépend encore trop deceux qui leurs accordent leur con-fiance. Moi, je les ai toujours aidéen organisant des collectives, descours et des concours. Plusieursde mes étudiants continuent à metéléphoner et à me montrer lesdéveloppements de leurs œuvres.Malheureusement, en Italie sontexposés beaucoup de photogra-phes étrangers, sans pour autantqu'il y est une promotion des ita-liens à l'étranger. Maurizio Galimberti: Il y a eu unchangement: aujourd'hui les jeu-nes font des recherches maismanquent de constance, ils sonttrop pressés de réussir et leurexpérimentation devient superfi-cielle, précipitée d'entrer sur lemarché. Quand j'ai commencé j'é-tais un photographe de recherchesans l'angoisse d'arriver au suc-cès qui rend les jeunes agressifset ambitieux. De manière plusgénérale, la photographie italiennea enfin l'espace qu'elle mérite,avec des auteurs importants, deBasilico à Berengo Gardin,Fontana et Jodice. Finalement, lemarché récompense ceux qui ontfait des recherches approfondies.Il faut cependant aussi rendrehommage au Gruppo La Bussolaet autres écoles italiennes. Il mesemble que la photographie con-ceptuelle commet l'erreur de pré-senter des aspects trop projectifs.Je préfère la photographie qui faitde la recherche artistique et non larecherche artistique qui fait de laphotographie. Après la fin du pho-tojournalisme due à internet, tropde photographes se sont jetésdans le monde de l'art.Mimmo Jodice: Au cours des der-nières années, avec ledébut du digital la photo-

graphie a changé technologique-ment, mais je dirais aussi surtoutconceptuellement. Avec la fin dece millénium une époque s'estdéfinitivement conclue. Le change-ment comporte une révolution con-ceptuelle sur laquelle on ne réflé-chit pas assez. Quand la photogra-phie est née, le monde réel étaitmontré seulement à travers le des-sin et la peinture, qui sont desregards subjectifs. Puis, est appa-rue la photographie comment on lavoit maintenant, donc le change-ment est conceptuel.Massimo Vitali: Je trouve quebeaucoup de photographes sontbridés par la tradition photographi-que qui les attache aux modèlespassés, alors que d'autres utilisentla photographie en étant issus dumonde l'art contemporain etdémontrent plus de liberté.

Comment jugez vous la situa-tion italienne face à celles fran-çaise ou étrangère?Franco Fontana: En France, et àl'étranger, les institutions financentleurs auteurs, organisent des gran-des expositions d'histoire de laphotographie, qui promeuvent laproduction nationale à l'étranger.En Italie, cela ne fonctionne pas decette façon. C'est aussi pour celaque les photographes italiens sontconsidérés un dixième de leurscollègues américains, à parité dequalité et d'importance historique. Maurizio Galimberti: Les françaissont habiles à se promouvoir. Maisla différence substantielle est celle-ci: la France a une politique quiexalte la culture, l'Italie l'enfonce.Nous aussi nous avons eu notreDoisneau ou notre Cartier-Bresson. Nous avons eu Monti,Giacomelli, Mulas, De Biase,Beato et Mollino, qui ne valentpas moins. Mais l'argent de la pro-motion est dépensé pour la politi-que. Les politiques je les ai photo-graphié, je les connais. En Italie, sile ministre change, tout se bloque.Pour faire un musée il faut desdécennies. En France tous les dixans émerge un signe de la puis-sance culturelle contemporaine.Peut-être vaudrait il mieux que

notre système artistique soit gou-verné par un politique étranger.Les galeries privées se bougent, ily a de l'espace pour grandir et jesuis optimiste, mais la grande lacu-ne est le manque d'espacespublics. Et puis tu as déjà vu uncalendrier Pirelli fait par un italien?Mimmo Jodice: En Italie nous nesommes pas considérés hostile-ment, mais nous sommes exclusdu circuit du marché de la photo-graphie internationale. La photo-graphie est concentrée surtout aunord. Naples est l'une des derniè-res villes de la photographie, maisen vérité dans le sud d'Italie il y ad'excellents photographes souventignorés. Ceci n'arrive pas aux fran-çais. En Italie le nombre et la qua-lité des jeunes photographes aug-mentent mais il manque les jeunesopérateurs du secteur qui soutien-nent ceux qui créent. Il y a un man-que d'attention diffuse à tous lesniveaux, surtout ceux institution-nels, et cela dans un moment où laphotographie est devenue un lan-gage accepté et présent dans lemonde de l'art contemporain. Lecôté positif est que les jeunes pho-tographes italiens, n'ayant pas unmarché de référence fort, sontmoins obligés de suivre les modè-les reconnus et collectionnés, cequi leur offre une liberté créativemajeure, même si elle reste isolée. Massimo Vitali: La France a uneforte tradition de photographie pic-turale, qui aujourd'hui est alimen-tée, exposées et étudiée, maiscela représente surtout la volontéde se retourner vers le passé. Legrand ferment de la photographieest dans les pays nordiques,comme la Finlande et l'Hollande.Ils ont des écoles dont nous man-quons. L'école de Yale ou celle deDüsseldorf sont d'excellents exem-ples. En outre, l'Italie est excluedes expositions internationalesplus importantes et les galeriesn'ont pas le pouvoir de supporterles photographes italiens, ainsielles finissent, hormis quelquesexceptions, par exposer à l'étran-ger des artistes étrangers. Â

| nicola davide angerame |

ENFANTS DE LA PATRIELes recommandés de la photographie italienne… Par ceux de la photographie italienne… "La meglio (foto)gioventù" cadrée par Franco Fontana, MaurizioGalimberti, Mimmo Jodice et Massimo Vitali.Les élèves dépassent-ils les maîtres?

Exibart.photo confrontations.23

ici à droite: Matteo Basilé- Il Papa, 2007, lambda

print on silver paper,120x120 cm - Courtesy

Galleria Pack, Milano.en haut à droite:

Giacomo Costa -Fusione n.1, 2007, c-print

cm.100x240 - CourtesyGalerie Clairefontaine,

Luxembourg.en bas à droite: Matteo

Basilé - love me b, lamb-da print on aluminium,

2007 - CourtesyGuidi&Schoen Arte

Contemporanea, Genova.

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 L'invitation de l'Italie commeconvive d'honneur à Paris Photoest un signe qui confirme l'effecti-ve nécessité de faire un point surla photographie italienne auniveau international. Une nécessité que j'ai voulu met-tre au premier plan lors de la der-nière édition du festivalFotoGrafia, "Questione Italiana",et qui a fait émerger des courantset des identités jusqu'alors restésdans un état plutôt nébuleux, et lemanque de structures qui promeu-vent la photographie italienne. De ce point de vue, Paris Photo sepose comme un encouragementqui peux apporter des change-ments à une situation pour laquel-le on peut déjà entrevoir des per-spectives optimistes. Commedirecteur artistique de laPhotographie, je pense que lefestival, de son côté, contribuera àce changement grâce à un rôleproductif de grande précision, enune interaction prolifique entre leniveau public et privé.Malgré ce climat d'incertitude, onpeut reconnaître des points signifi-

catifs, un archipel de réalités quitrouvent un creuset commun dansl'important rapport avec notre tra-dition historico artistique, littéraireet dans les vicissitudes historiquesde notre pays. Nous pouvons,dans un sens, parler d'une tradi-tion romaine, qui se rattache àcette atmosphère de l'après-guer-

re caractérisée par une étrange etunique mixité d'expériences entrecinéma, art et journalisme. C'est lapériode où émergent des artistescomme Pinna, Sansone,Garruba, Plinio De Martiis.Un univers varié et de multiplesmotivations trouve ses héritiersdans les générations plus rigou-reuses des photoreporters, tous

grandis professionnellement àRome, à qui j'ai voulu dédier uneexposition, "Altri mondi", au coursdu dernier festival.La tradition napolitaine, deMimmo Jodice, avec son atten-tion toute particulière pour les tonsparfois raréfiés et suspendus dansle temps à nos racines et à lamémoire, de Raffaela Mariniello,Patrizio Esposito, et celle sici-lienne, avec sa singulière dimen-sion qui se développe dans undiscours personnel, quasimentintime, que produit Enzo Selleriosur sa Sicile natale, à FerdinandoScianna, à l'obstiné et courageuxengagement de Letizia Battagliaet Franco Zecchin, aux photogra-phes plus jeunes comme Carmelo

Nicosia et Carmelo Buongiorno,qui se détachent de leurs précur-seurs à travers un regard plus lyri-que, vidé de toute densité tragi-que.La tradition milanaise, où on pour-rait individualiser un trait caractéri-stique dans la forte rigueur menta-le et dont le représentant par anto-nomase est Ugo Mulas, grand

connaisseur de sa réalité artisti-que contemporaine et non seule-ment, pour la tendance communeaux caractères fortement analyti-ques et dirigés vers l'instrumentmême, il rentre, avec une réflexionà travers les images, "dans laphotographie". Tout commeGabriele Basilico, qui soutienttoujours une approche socialedans sa longue histoire de photo-graphe, et les nouvelles généra-tions qui vivent encore cet aspectde la ville lié au marché industrielet publicitaire.Quant'à la tradition émilienne, et,en partculier, celle de la commu-nauté de photographes qui s'est

formée au cours des annéesQuatre-vingt autour de LuigiGhirri et qui a transformé la visiondu paysage et ses changementsen action. Une tradition qui encorede nos jours trouve en ce secteurun vécu commun de la photogra-phie sous ses différents aspects,avec des héritiers et des succes-seurs du calibre de Guido Guidiet Olivo Barbieri. Viaggio In Italia,qui m'a toujours fasciné aussicomme expérience collective, meramène à l'approche de Ghirri quise confronte au monde et à la pho-tographie et à son profond rapportavec l'écriture, comme la collabo-ration avec Gianni Celati.

TRADITIONS ET PERSPECTIVESPoint et non basta. Le long discours de laPhotographie italienne des cinquante dernières années, suspendu entre intime etjournalisme. Des traditions locales aux nouvelles vagues, jusqu'à la rencontre-collisionavec l'art contemporain. Que nous raconteun photographe commissaire…

Tradition romaine, napolitaine,milanaise, émilienne. Mais au-delàdes régionalismes existe-t-il unetradition italienne?“

Marco Delogu est né (1960) et réside à Rome. Sa recherche se con-centre sur les portraits de groupe de personnes qui ont des expérien-ces ou des langages communs. Il a publié plus de vingt ouvrages etexposé en Italie et à l'étranger dans de nombreuses galeries et musées,parmi lesquels: l'Académie de France, Villa Medici (Rome), GalleriaComunale d'Arte Moderna eContemporanea (Rome), Palazzo delleEsposizioni (Rome), Warburg Institute(Londres), Henry Moore Foundation(Leeds), IRCAM - Centre George Pompidou(Paris), Musée de l'Elysée (Lausanne),PhotoMuseum (Moscou), Ex GIL (Rome). Ilajoute à son activité de photographe celled'éditeur et de commissaire d'exposition.En 2002 il a créé FotoGrafia, festival inter-national de Rome dont il est le directeurartistique. En 2003, il a fondé la maisond'éditions Punctum. En tant que commis-saire il a réalisé plus de cinquante exposi-tions regroupant les noms plus impor-tants de la photographie mondiale.

dans le cadre: portrait de MarcoDelogu.en bas: Franco Zecchin - la mogliee le figlie di Benedetto Grado sulluogo dell'omicidio, Palermo, 1983.

24.phototalk Exibart.photo

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J'ai connu moi aussi ce rappro-chement avec la littérature, et lacollaboration en tant qu'auteuravec beaucoup d'écrivains et poè-tes a souvent donné une profon-deur différente et une diverserésonance à mes photographies.C'est le motif qui m'a poussé àdemander à beaucoup d'entre euxd'écrire pour FotoGrafia, je pensenotamment au texte d'Erri DeLuca pour le Teatro del Tempo deKoudelka, à celui d'ElisabettaRasy sur la Rome de GracielaIturbide, à l'introductiond'Edoardo Albinati au cataloguede la première édition du festival,pour n'en citer que quelques-uns.Après six éditions de FotoGrafia,mon intérêt en tant que commis-saire, né de mon travail de photo-graphe, est toujours plus concen-tré vers ces auteurs qui transpo-sent dans leurs projets les histoi-res personnelles enracinées dansleurs territoires, ou qui du moinspartent de ce postulat Outre lestraditions que j'ai citées aupara-vant, il existe d'autres œuvres quipour moi représentent des pointsde référence essentiels pour com-prendre les origines et le futur dela photographie italienne.Les années où Letizia Battagliaet Franco Zecchin travaillaientensemble, en documentant leshomicides de la mafia en Sicile,semble désormais bien loin, uneéternité, mais leur travail est tou-jours actuel. Organiser avecSalvatore Ligios la première expo-sition qui donnait une vision globa-le de ce qu'ils ont réalisé a étépour moi une grande fierté. Leurtravail continue à rester le plusgrand exemple de photojournali-sme en Italie et parmi les plusimportants au niveau mondial. Le reportage continue à être pourmoi un des aspects plus impor-tants de la photographie. A TanoD'Amico, qui depuis la fin desannées cinquante n'arrête pas delier sa propre profession de photo-graphe à un engagement politiquede premier ordre, nous avons con-sacré une grande rétrospective detrente ans, depuis 1977: sa cohé-rence et sa constance sont sesplus grandes qualités, comme il lerappelait lors d'une interview quej'ai réalisée l'année dernière. Un rapport avec la réalité pondé-rée à travers l'histoire est le traitqui caractérise avec le plus forte-ment l'attitude de LucaCampigotto. Tout son travail naîtde l'amour pour l'histoire, de Teatridi guerra au plus récent travail surles îles pontines, commandité parle festival, où l'on retrouve ce goutdu voyage dans et à travers l'hi-stoire.Une vision profondément enraci-née dans le propre humus culturelest celle d'Antonio Biasucci. Si jepense à Res, tellement terreux etviscéral, les premiers plans secsqui encadrent les objets d'Ex-Voto, lui aussi produit par le festi-val et en collaboration avec lagalerie romaine le Magazzino d'ar-te Moderna, ont une saveur derecherche anthropologique surnos racines religieuses: les deuxâmes de notre midi toujours main-tenues ensemble, même dans ladifférence d'accents. Une recherche encore plus intimi-ste, en parlant de notre patrimoinecollectif, mais raccourcie et forte-ment empathique, est celle dePaolo Ventura, au point de traînerle spectateur à l'intérieur de sespetits théâtres faits de quotidien-neté désormais perdue, souvenirsd'une histoire ressentie et resti-

tuée dans une dimension photo-graphique d'une manière si sub-jective.Un regard décidemment différentest celui de Paolo Woods, l'undes seuls à développer desœuvres caractérisées par un stylejournalistique de grande rigueur,cohérence et profondeur, de l'Iraket l'Afghanistan de CaosAmericano à la recherche plusmodérée et enracinée dans la réa-lité quotidienne d'Iran Felix.Un autre exemple de reportaged'insolite intensité et celui d'AlexMajoli, à la recherche d'unedimension qui au cours du dernierfestival romain a pris les formesd'une installation qui se rapprocheà l'art contemporain. Majoli juste-ment déclare que même Libera

Me est un reportage, d'une formequi dans sa sédimentation trouveun souffle expérimental, maisaussi dans l'espace.Le rapport avec l'art contemporainest souvent dans le domaine pho-tographique sujet à des mystifica-tions et des incompréhensions. Ilparait plus difficile pour la photo-graphie de reconnaître sereine-ment un rapport avec l'art contem-porain que pour le secteur de l'artde trouver une place dans la pho-tographie, comme le démontre laprésence de Gabriele Basilico,avec son œuvre de 1991 surBeyrouth à la Biennale de Venise,et de Guy Tillim, avec son repor-tage sur les premières électionslibres au Congo à la Documentade Kassel.

Dans un territoire comme celui ita-lien, comme dans tous les domai-nes, il n'est pas seulement néces-saire mais aussi obligatoire de tra-

vailler surtout dans les secteursde la production et de la promo-tion. Le Pays est présent à ParisPhoto avec 16 galeries: un signeclair de développement du mar-ché, qui trouve dans l'édition pho-tographique - un autre secteur ici

très présent - une motivation ulté-rieure.C'est aussi cette quotidienneté dela photographie qui m'intéresse,

dans un monde qui trouve surInternet sa principale source d'in-put, comme l'a démontré l'initiativesur le site d'informations repubbli-ca.it, où les lecteurs étaient invitéà envoyer leurs photographies de1977, l'un des lus grands succèsdu dernier festival.Le fait est qu'il y a de solidesbases pour une effective forme depromotion et de production, c'estun objectif sur lequel j'ai l'intentionde canaliser beaucoup d'énergie,en transformant cette année lePalais des Expositions, un grandcentre non seulement d'exposi-tions, mais aussi un lieu d'échan-ge à tous les niveaux, de works-hop aux lectures de books, à laréflexion sur la condition actuellede la Photographie en Italie, dansune plus ample perspective dontfait aussi partie le Musée de laPhotographie de Rome qui, outreà accueillir une collection accrueau cours des dernières années, sefixe l'objectif de devenir un grandcentre de formation et de produc-tion, dans une dialectique con-structive à brève, moyenne et lon-gue échéance. Â

| marco delogu |

en haut: PaoloVentura - deWinter Stories,2006.à droite: PaoloWoods - IranFelix, 2006

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Le reportage continue à êtrepour moi un des aspects plusimportants de la photographie. “

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 Je dispose de quelquespoints d'observations privilégiésd'où observer l'air qu'hume laphotographie en Italie. Commed'autres de mes collègues, jenote que l'afflux vers les discipli-nes d'étude connexes à la photo-graphie est constant et ne res-sent pas de baisse d'intérêt. Il enest même incroyable le nombreet la curiosité des étudiants.Incroyable non pas car il estcurieux de se passionner pour laphotographie - au contraire -mais parceque le système cultu-rel autour duquel gravite la pho-tographie n'est pas du tout aussiriche et structuré que dans d'au-tres pays du monde. Nous nousaméliorons beaucoup, mais l'of-fre expositive et celle éditorialepeuvent encore se développerde manière conséquente. Maisretournons à nous. Les gens ontdésormais à disposition un appa-

reil photo quasiment dans cha-que appareil micro-électroniquequ'ils achètent et, à la différenced'il y a quelques années, ils nedoivent plus choisir si la photo-graphie les intéressent: sansmême le vouloir quiconque estexposé quotidiennement à d'im-portantes et problématiquesdoses de photographie, point.L'on consomme, si possible,encore plus d'images photo-vidéographiques de ce que l'onpouvait ingurgiter dans lesannées Quatre-vingt et Quatre-vingt-dix. Il suffit de penser àFlickr et YouTube, et à tous lesproduits de réseau qui n'exi-staient pas auparavant. De l'au-tre côté du système, il suffit depenser aux irrésistibles livresphotographiques que StephenShore autoproduit avec un logi-ciel standard d'Apple. Bref, il y abeaucoup sur quoi réfléchir.

Maintenant, cette présence defait des photographies dans lavie des personnes - je dis photo-graphies et non Photographie(comme le distingue subtilementle critique et commissaire FilippoMaggia) - rend obligatoirementcurieux sur comment diable ellefonctionne réellement, étantdevenue à la fois si courante etquotidienne que mystérieuse etséduisante. Certains peuvent etentendent s'en servir dans leprivé, dans le travail, sur sonpropre blog ou sur les murs desa maison. D'autres souhaitentaller aux expositions et acquérirles livres, en sachant déjà cequ'ils vont faire des images. Onne se résigne plus à l'idée qu'el-les n'arrêtent pas d'arriver (ainsila présente du moins PaulVirilio), et les moyens de produc-tions ne sont plus auréolés aupoint de se limiter au rôle despectateurs passifs d'une socie-té du spectacle. Du moins enphotographie!Les personnes qui se rappro-chent de la photographie sont dedifférents types: non pas à causedu caractère ou de l'âge, maisparcequ' ils entrent dans le pho-tographique par des voies diffé-rentes, ils l'explorent de manièretrès diverses et en font quelquechose d'opposé les uns desautres. L'expérience me démon-

tre au moins trois typologies, quej'ai pu étudier personnellementen sachant que - après une pra-tique de longue haleine - ellesm'auraient offert, en échange,une vision tri-dimensionnelle dumonde photographique. D'unepart je pourrais considérer ceuxqui fréquentent les coursd'Histoire de la photographie àl'université. Ils sont - disons le -des récepteurs théoriques de laphotographie. Ils sont nombreux,un nombre fou, avec deux con-séquences: la montée d'adréna-line à les rencontrer et la difficul-

té à les former de manière per-sonnalisée. Quoi qu'il en soit,cette catégorie approche demanière multidisciplinaire la pho-tographie, mais l'observe commeinsérée à des départements, quitoutefois, restent liés aux arts.Les étudiants dans ce cas intè-grent avec les disciplines sémio-tiques, philosophiques, et histori-ques les noyaux du savoir del'histoire de l'art et des culturesvisuelles; ils sont cependant ten-danciellement privés d'uneaccroche avec les problèmes etles priorités d'ordre technique etprofessionnel.L'autre moitié du ciel, bien sûr,connaît la photographie car elleentend s'en occuper pour le tra-vail ou par passion (je tiens àrappeler à certains les diman-ches passés par Giacomelli àimprimer dans la salle de bain: àla barbe des photographes dudimanche!). Si les précédentsétaient des récepteurs théori-ques, disons que ceux-ci sont lesproducteurs actifs. Cette catégo-rie rencontre moins fréquem-ment l'histoire, la sémiologie oula philosophie si ce n'est grâce àleurs propres compétences créa-tives et technico-pratiques. Celaleur sert peu de savoir commentpeut-être perçu comme uneicone l'index photographique, siaprès ils se trompent dans lechoix du passe-partout aveclequel ils présentent leur book!Le nombre de ces personnespeut varier, mais reste considé-rable. Beaucoup embrasse l'ap-pareil assez tard, d'autres ne sesouviennent pas quand il leur futmis dans les mains; et moi je lan-guis d'observer l'arrivée de lanouvelle génération digitalienne(c'était Ando Gilardi qui parlaitd'image digitalique pour souli-gner l'incomplète pertinence dumoyen, non?): je veux vraimentvoir quelle sera leur faim.Maintenant, prenez n'importequelle photographie. Ces deuxgroupes de passionnés - mêmesi de grande variété interne -l'observeront comme s'il s'agis-sait de deux choses complète-ment différentes (j'en ai mêmeécrit un essai, tellement le phé-nomène en est évident). Lesyeux du producteur et du récep-teur ne peuvent pas se rencon-trer "a studio" comme cela estarrivé pour la critique militantede la Peinture du Vingtième. Cesont des environnements de viedifformes, des temps et des lieuxde l'être qui s'opposent, non seu-

LES TROIS MOITIÉS DU CIELL'amour fou. Fragments d'un discours sur lesitaliens et les photographies. A l'aire del'explosion des nouvelles technologies, uneréflexion sur la potentialité d'un médium consommé à doses massives, avec une analysedu producteur - récepteur type, de la théoriemultidisciplinaire à la pratique multimédiale. Au milieu l'Italian Design se dépeuple…

Augusto Pieroni (Rome 1966), historienet critique d'art contemporain, il ensei-gne l'Histoire de la Photographie àl'Université de Rome "La Sapienza" et àl'Université de la Tuscia (Viterbe), il ensei-gne aussi les Arts Visuels auprès de l'É-cole Romaine de Photographie.Commissaire d'exposition nationale etinternationale, il a publié de nombreuxcatalogues. Essayiste et journaliste, il col-labore avec les revues Hotshoe (London),Eyemazing (Amsterdam), Muse (Milano)et Around Photography (Bologna). Il estl'auteur de la partie "Fotografia" pour leXXI siècle Treccani 2007; Arti fotografiche del novecento, Editori Riunitien cours de publication; Leggere la fotografia, Edup, Roma 2° ed. 2006;Fotografia<arte<pensiero, Lithos, Roma 2002; Fototensioni,Castelvecchi, Roma 2000; Introduzione all'arte contemporanea (ed.),Lithos, Roma [email protected]

dans le cadre: portrait deAugusto Pieroni.à gauche: FrançoiseSagan, Autoportrait,1985.

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lement des prioritésdifférentes d'inter-prétation. Je voiscette différenciationdans les diversesréponses aux sim-ples produits que jeleur demande deréaliser, pour entester et en évaluerles compétencesactives et passivesdans l'approche deslangages photogra-phiques.Il existe cependantd'autres catégories,entre les deux cieuxque j'ai cité: unexemple pourraitêtre le public quej'ai eu dans ledépartement deDessin Industriel.Tout le monde lesait: quelques unesdes photos les plussplendides duVingtième siècle ontété élaborés aucours de la tentativede rendre créativela production etmécanique l'art.Une grande audien-ce répond encorede nos jours à cesleçons d'hybrida-tion. En effet, ilssont nombreux àprendre la voie del'Italian Design:quasiment tous veu-lent en faire partie.D'un autre côtéc'est peut-être l'unedes trois voies ànotre actif pour l'ex-portation. Ceci dit,si les récepteurs etles producteurssemblent voir laphotographie desdeux extrêmes, cescatégories du milieula vivent comme uti-lisateurs finalisés.Les points de vue

sur le photographique d'utilisa-teurs aussi extrêmes qu'un desi-gner, un épidémiologiste, ungéographe, un médecin légisteou un décorateur, soulèvent desquestions fondamentales sur lesinstruments avec lesquels leursfaire approcher la discipline etsur l'identité même de la photo-graphie dans les mains d'unmonde qui peut vraiment enfaire ce qu'il veut. Je retourne àmon exemple: vue d'une sallede cours d'Arts Industriels (quine comptent jamais assezcomme arts, mais doivent certai-nement répondre à quelquespréceptes de la production) laphotographie redevient l'hypno-tique créature métaphoriquequ'elle est, et a toujours été.Qu'est la photographie dans lesmains d'Ettore Sottsass? AJean Baudrillard? Ou qu'est-ce-que ce regroupement d'imagesdu volume PhotoPoche Je nesuis pas photographe…, retra-duit depuis peu par l'éditionContrasto?Comment conclure? Avec uneréflexion qui par extension n'estpas complètement nouvelle, maisse signale par son intensité. Ladimension technologique/théori-que/pratique du monde d'aujour-d'hui rend en effet encore plusmacroscopique la contemporai-ne complexité des demandes,l'union des pratiques, la variétédiffuse des savoirs et desnotions. Tout cela fait du photo-graphique, aussi en Italie, uneexpérience formative enthousia-smante: que ce soit pour quienseigne (et en même temps nedoit jamais arrêter d'apprendre)que pour celui qui apprend (etest en train d'inventer desmanières nouvelles d'appliquerles différentes et personnellesexpériences) et tout de mêmeaussi pour les publics, qui doi-vent attendre de ces fermentsune nouvelle vague de phéno-mènes culturels d'ici peu. Â

| Augusto Pieroni |

dans cette page: "elementare;riflessiva; necessaria; oltraggio-sa", oeuvre réalisée par lesétudiants du cours de DessinIndustriel, Université de Rome"La Sapienza" 2004 - 05.

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 Sous l'impulsion des nou-veautés portées par les néo-avant gardes, la photographie ita-lienne du début des annéesSoixante-dix est marquée pardeux évènements importants: laréalisation, de la part d'UgoMulas, de sa célèbre rechercheintitulée Les vérifications, peuavant sa mort, survenue en 1973;et la présence de Franco Vaccarien 1972 à la Biennale de Veniseavec son Exposition en tempsréel. Laisse une trace photogra-phique de ton passage. Ces deuxœuvres soulignent le début d'unprocessus: une systématique et

profonde réflexion sur les codeset le statut de la photographie qui,lentement aux débuts, porterases fruits au cours des annéesQuatre-vingt et Quatre-vingt-dix.La photographie, se trouvecomme l'écrit Vaccari, au centrede cette "catastrophe sémanti-que" qui investit toute la commu-nication, et change de peau: défi-nitivement remplacée par la télé-vision dans son rôle d'informa-tion et de narration (ce sont cesannées qui marquent les débutsde la crise irréversible du reporta-ge), prend des sens variés, trèsintéressants, et après être deve-

nue un indispensable élémentd'interaction dans les performan-ces et les actions du Body Art etdu Land Art ainsi qu'un élémentconstitutif de l'Art Conceptuel etde la Narrative Art, dépasse sonlien historique avec la peinture etcommence à agir non pluscomme une forme de "représen-tation", mais comme une formede relation et d'expérience con-frontée au réel. Cette projection est "légitimée"par la publication d'études théori-ques et historiques qui lancent le"dédouanement" de la photogra-phie comme forme d'art autono-me. En effet, les études sur lesmass média et les hypothèsesthéoriques dans le domainesémiologique, anthropologique,sociologique se multiplient aucours des années Soixante (deBarthes à Jakobson, de Greimasà De Saussure, de Chomsky àEco, de Lévi-Strauss àBaudrillard), par la suite, entre les

années Soixante, et crescendo,les années Soixante-dix, unegrande quantité d'importantescontributions spécifiques sur laphotographie sont traduites enItalie: un véritable bagage quiaccompagne les opérateurs pen-dant ces années, il suffit de citerencore Barthes, Benjamin,Kracauer, McLuhan, Gernsheim,Newhall, Freund, Sontag, Scharf,Bourdieu, et même Vaccari. Cesont des années au cours des-quelles le débat sur l'identité de laphotographie commence à s'ou-vrir aussi en Italie (même si l'onparlait plus alors de "language",de "créativité", et "d'expérimenta-tion" de la photographie que destatut). 1979 est une année cruciale : lesnombreuses expositions et sémi-naires de la manifestation Venise79 La photographie et le premiercolloque sur La photographiecomme bien culturel qui eut lieu àModène constituent deux

moments de référence. En 1979,paraît aussi la contribution théori-que fondamentale de FrancoVaccari Photographie et incon-scient technologique. Desauteurs comme Mimmo Jodice,Franco Vimercati, Paolo Gioli,Cesare Leonardi, Guido Guidi,Mario Cresci, Luigi Ghirri tra-vaillent pour construire une nou-velle identité de la photographieitalienne sur la voie de la recher-che artistique. Si à ces nomsnous ajoutons ceux de FrancoVaccari, Luca Patella, AldoTagliaferro, Bruno Di Bello,Adriano Altamira, GiorgioCiam, se délimite alors le scéna-rio assez complexe d'une photo-graphie qui devient art adulte et

LAISSEZ FAIRE, LAISSEZ CHANGERMutation: mot clé pour la photographie italienne qui, en partant des annéesSoixante-dix, est arrivée à la nouvelle identité du début de Millénaire. Dans leslangages, la situation institutionnelle, l'édition et le marché de l'art...

Guido Guidi - Villa dei sogni,1971

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commence à se définir. Si nousajoutons ensuite qu'au cours deces années, des artistes commeVincenzo Agnetti, Cioni Carpi,Franco Guerzoni, Luigi Ontani,Giulio Paolini, ClaudioParmiggiani, Michele Zaza,Michelangelo Pistoletto,Giovanni Anselmo, GiuseppePenone utilisent la photographiedans leur travail, la géographiede cette complexité devient enco-re plus forte. Tout cela survientcependant dans une situationnon aisée: le marché de l'art sub-stantiellement ne s'ouvre pasencore à la photographie, l'édi-tion est encore fragile, peu sontles galeries de photographies (entête le Diaframma de Milan, dirigépar Lanfranco Colombo), la pré-sence de la photographie dansles institutions publiques estpresque inexistante, l'enseigne-ment de la photographie dans lesuniversités, les académies, lesécoles est alors sporadique(exceptés l'Académie des BeauxArts où enseigne Mimmo Jodice,le Dams de Bologne où enseignePaolo Monti, et les fameux coursde photographie de l'Umanitariade Milan).Dans ce climat vif et riche d'idéesmais très pauvre en structures decommunication et d'organisationqui durera jusqu'au début desannées Quatre-vingt, Luigi Ghirri,non seulement artiste mais aussiorganisateur culturel intelligent,élabore une série de projets quienquêtent sur le paysage italiendestinés à influencer de manièreprofonde les développements dela photographie contemporaineitalienne et à en déterminer, enun sens, l'identité future. 1984 estl'année de Voyage en Italie, rela-tif au concours de vingt photogra-phes, de Ghirri à Basilico àChiaramonte, de Guidi àCastella à Barbieri, de Fossati àVentura à Leone, Garzia,Cresci, White, Jodice, et con-struit le dessin d'une nouvellevision de la réalité italienne con-temporaine par la photographie :loin des reportages sensationnelsou piétistes, de l'analyse formali-ste et forcement "créative", deslieux communs, cherche à"recomposer l'image d'un lieu, etanthropologique et géographi-que" par "l'aventure de la penséeet du regard", qui nous parleaussi de la "nécessité d'accomplirun voyage au cœur du nouveaude la photographie italienne".C'est la première fois qu'un projetqui entend donner des basesthéoriques et des stratégies cul-turelles à la photographie est éla-boré sur des bases nationales.Tout cela donne un coup d'envoià une réflexion stimulante etapprofondie sur les conceptsmêmes de paysage, mondeexterne, lieu, et en même tempssur le rôle culturel du photogra-phe, et provoque une innombra-ble série de recherches et d'opé-rations de lecture du paysage quise dérouleront en Italie à partir dece moment-là et au delà desannées Quatre-vingt-dix, et quiverront arriver comme nouveauxcommanditaires des photogra-phes des institutions publiquesen perpétuelles campagnes pho-tographiques.C'est le projet Archivio dello spa-zio lancé comme le plus impor-tant projet des BienArchitectoniques etEnvironnementaux de la Provincede Milan, qui a recueilli le sens deces expériences et les a canali-

sées avec méthode dans unensemble institutionnel, grâce àune série de campagnes photo-graphiques sur le territoire de laProvince de Milan qui a duré 10ans, de 1987 à 1997, et quiaccompagnées par des exposi-tions, des congrès, des conféren-ces, amènent à une collection de8.000 photographies de presque60 importants auteurs italiens. Àpartir de l'Archivio dello spazionait l'idée d'un musée de la pho-tographie, qui, après une phase

d'élaboration toujours accompa-gnée par des projets de sponsori-sation publique, est inauguré en2004: il s'agit du Musée de laPhotographie Contemporaine deCinisello Balsamo-Milan, le pre-mier musée de photographie sou-tenu par des financementspublics en Italie (Le Muséed'Histoire de la PhotographieFratelli Alinari, né à Florence audébut des années Quatre-vingt etconsacré surtout à la photogra-phie ancienne, est privé), et com-

plètement dédié à la photogra-phie contemporaine et à ses tran-sformations. La naissance dumusée est tardive, mais impor-tante, et symbolise un couronne-ment du processus d'améliorationqui eut lieu au cours des annéesQuatre-vingt-dix.Au cours de cette décennie, onenregistre en effet en Italie unenette croissance qualitative desproductions éditoriales dans ledomaine photographique (unebaisse, par contre, des revues,beaucoup plus importantes etsignificatives pendant les annéesSoixante à Quatre-vingt, voire parexemple, pour représenter cestrois décennies, FotografiaItaliana, Progresso Fotografico,Fotologia); une meilleure disposi-tion de l'enseignement de la pho-tographie dans les universités etles académies; la présence assezconstante d'expositions photogra-phiques dans les galeries d'artmoderne et contemporaine (Gamde Bologne, Gam de Turin,Château de Rivoli, GalerieCivique de Modène, Palais desExpositions de Rome, par exem-

ple) et le commencement, mêmesi lent, d'une collection publiquepour la photographie; la multipli-cation des galeries spécialiséesen photographie et l'ouverturesystématique de galeries d'artdédiées à la photographie, avecla naissance d'une nouvelle acti-vité de collectionneurs privés. Surle plan institutionnel, il faut souli-gner qu'en 1999 la photographieest enfin définie bien culturelselon la loi italienne, et en tantque telle est officiellement objetde conservation, catalogage,restauration; toujours en 1999 leMinistère des Biens et desActivités Culturels met au pointun fichier de catalogage de laphotographie. Dernièrement,l'Etat italien s'est engagé dansl'organisation de quelques projetssoutenus par des financementspublics sur l'état du paysage ita-lien, dont Atlante 003 et Atlante007 Rischio paesaggio, avec uneexposition inaugurée récemmentau Maxxi de Rome, constituentles épisodes plus évidents. Â

| roberta valtorta |

dans le cadre: portraitde Roberta Valtorta.à droite: Paolo Gioli -Autoritratto in cenerecruda, 1985.

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Roberta Valtorta (Milan, 1952) est historienne et critique de la photo-graphie. Elle travaille en ce secteurdepuis 1976 et s'occupe en particulierde la photographie comme forme arti-stique, des langages de la photogra-phie contemporaine, de la photogra-phie comme bien culturel, du lien entrephotographie et territoire. Elle a tenude nombreux cours universitaires àMilan, Udine, Rome et enseigne depuisplus de vingt ans au Centre Bauer deMilan-ex Umanitaria. Elle est directricescientifique du Musée de laPhotographie Contemporaine deCinisello Balsamo-Milano.

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 C'est au cours des premièresdécennies du Vingtième siècle quel'art et la photographie ont vraimentcommencé à se rencontrer. C'est lemoment où débute son expérimen-tation et où se profile une possiblealternative à son utilisation à desfins documentaires et de témoigna-ge du réel. Des artistes commeAlexander Rodchenko, Man Rayet Laszlo Moholy-Nagy inaugu-rent une nouvelle époque, avecune sorte de multimédia expressifante litteram, dans le contexte descercles constructivistes, futuristes,dadaïstes et surréalistes.En 1930, le MoMA de New York futl'un des premiers musées à com-mencer à acquérir des photogra-phies pour sa collection, et à insti-tuer un département spécialisé dès1940.En 1936, les célèbres intuitions deWalter Benjamin dans "L'œuvred'art à l'époque de sa reproductibi-lité technique" recueillent le proces-sus d'émancipation de l'art, et révè-le l'association accomplie entre artet nouvelles technologies de com-munication.En tant que co-protagoniste la pho-tographie assume un rôle détermi-nant lorsque la réflexion sur lesmasses devient conceptuellementcentrale. Claudio Marra attribue auPop Art et aux années Soixante laresponsabilité de ce changement,qui gravite bien évidemment autourde la figure d'Andy Warhol et desa tendance à la reproduction et latransformation de soi avec l'appa-reil.Et c'est exactement à la fin de cettedécennie et au début de la suivan-te que la photographie commenceà intéresser les collectionneurs. Cephénomène restait toujours élitairemême dans les maisons de vente,qui publient les premiers et rarescatalogues. Howard Read, proprié-taire de la célèbre galerie new-yor-kaise Cheim & Read, se souvientencore que pendant les annéesSoixante-dix il était impossible àune galerie de survivre qu'avec la

vente de photographies contempo-raines; il y avait très peu d'exposi-tions, peu de œuvres étaient pré-sentés lors des expositions et ça sevendait très peu. La pionnière desgaleries spécialisées a été, en1969 la Witkin Gallery de LeeWitkin (encore active de nos jours),qui débutait avec un difficile travailde recherche et de critique histori-que, qui lui a permis d'organiserdes expositions de maîtres commeStieglitz, Steichen, Weston,Edward Curtis.Entre timides tentatives et diffuseperplexité, l'évènement détonantqui a affirmé l'explosion du marchéde la photographie et sans douteson dédouanement définitif a étél'irruption au cours des annéesQuatre-vingt, des techniques dereprise digitale, révolution technolo-gique qui a permis le développe-ment de nouvelles couleurs et dematériaux qui garantissent rési-stance et continuité. La secousse aété immédiate et puissante. En peud'années presque tous les muséesaméricains et européens ont com-mencé à employer des commissai-res pour la photographie et à pro-grammer des grandes expositions.Weston Naef, commissaire à laGetty de Los Angeles, compare lesannées Quatre-vingt à la révolutionmenée par la peinture impression-niste entre 1870 et 1880.L' âge d'or de la photographie aentrainé la naissance d'un véritableréseau de galeries simultanémentà l'intérêt d'une génération entièrede collectionneurs, telle une globa-lisation qui surpassait une nouvelleéconomie mondialisée. Les mai-sons de vente, de leurs cotés, ontinstitué des secteurs spécialisés etouvert de manière décisive lescatalogues de post war et contem-porary art: la photographie jouaitfinalement à armes égales avec lapeinture et la sculpture.1989 et 1990 ont été les années dela grande spéculation. Prix et ven-tes ont atteint des niveaux astrono-miques.

Mais à l'improviste, comme unbrusque réveil: à partir de 1991 etjusqu'à 1994 les prix de l'art subis-sent une débâcle; le crash du mar-ché coïncide avec l'invasion duKoweït et la Guerre du Golf. Laphotographie, qui avait encore desbases faibles (étant la nouveau-née du marché) a été la victimeprédestinée.Pourtant quelque chose d'excep-tionnelle était survenu et une situa-tion économique négative ne pou-vait suffire à l'effacer.Selon Michele Trimarchi, qui ensei-gne économie de la culture àl'Université de Bologne, la nouvelleactivité des collectionneurs a pro-duit un élément novateur sur lemarché: la rupture du rapport binai-re entre original et reproduction, quiauparavant limitait la reproductionà un plan secondaire et mineur. Au cours des années Quatre-vingt-dix, au salon de Bâle le 50% desexposants ont proposé des photo-graphies en couleurs et en 1996est née la première kermesseexclusivement dédiée à la photo-graphie: Paris Photo, qui deviendrala plus prestigieuse vitrine pour lesopérateurs du secteur. Á partir de1999, les prix du marché de l'art ontrecommencé à augmenter consi-dérablement. Le dollar faible a aidéle marché de la photographie, quila même année, a connu un vérita-ble boom. Matthew Carey-Williams, vice-pré-sident de Sotheby's Contemporaryde New York, a déclaré en 2001:"La photographie est le plus impor-tant moyen de communication desdix dernières années".Mais le risque qu'elle se perdedans un circuit minoritaire, substi-

tuant la graphique d'auteur dans lerôle qu'elle avait eu au cours desannées Soixante et Soixante-dix,était imminent: 23% des photospassaient de mains en mains àmoins de 1.000 dollars.Stabiliser un marché trop fluctuantétait alors devenu l'impératif desopérateurs, aux prises avec les arti-stes photographes transformés enbluechips.En novembre 2004 la vente de laBaroness Lampert's Collection dePhillips de Pury a enregistré unrecord pour Charles Ray, CindySherman, Mike Kelley. Á la mêmeépoque Louise Lawler connaissaitune hausse des prix, sur une baseannuelle, de 61 % et en dix ans lesprix de Richard Prince étaientmontés de 741%.Cette année-là 105 photographiesont dépassé le seuil des 100.000dollars et 70 étaient contemporai-nes.2004 est aussi l'année de la pre-mière édition de PhotoNY, le salonorganisé par Artfairs inc. de LosAngeles et qui venait rejoindre sesconsœurs Photo San Francisco etPhoto L. A.En 2005 les prix de l'art ont enco-re augmenté: en dix ans ceux dela peinture avaient connu unecroissance de 79,8 %, et ceux dela photographie de 118,8 %.En octobre Christie's a organisétrois catalogues de photographiesl'un après l'autre, recueillant 14,5million de dollars, et RichardPrince a dépassé le fabuleux seuild'un million de dollars avec l'œuvreCow-boy. Entre autre, à la mêmeépoque, montait peu à peu la"Cinomania". Les maisons devente organisaient régulièrement

des enchères dédiées aux artistesdu nouveau moteur de l'économiemondiale et sur le marché surgis-saient de nulle part des artistes quise cotaient immédiatement en cen-taines de milliers de dollars. L'un des évènements de 2006 fut lamise en vente par Christie's de laRefco photography collection: troisenchères entre avril et mai, qui ontrecueilli 9,7 millions de dollars, 50%de plus par rapport aux estima-tions.En juillet on reparle de boom. Endouze mois les prix étaient montésde 30%, tout simplement de 207%en dix ans.Les barrières sont alors tombé pro-gressivement. En février 2006, lerecord va à une photographie histo-rique, le célèbre The Pond-Moonlight (1904) d'EdwardSteichen ($ 2.928.000). Déjà enmai, 99 Cent d'Andreas Gurskyl'avait surpassé avec 2,3 millions.Pour être détrôné depuis peu(février 2007) avec 3.351.720 dol-lars obtenus par 99 Cent IIDiptychon à Londres chezSotheby's.Á grandes foulées nous sommesarrivés à aujourd'hui, début de lasaison 2007-2008. De nouveau, unmoment clé: la crise des prêts amé-ricains de l'été dernier tient tout lemonde en haleine. Comment réagi-ra le marché de l'art? Nous le ver-rons. Mais une chose est sûre:quoiqu'il advienne, la photographiesera de la partie avec les autresprotagonistes. Sa bataille est déjàgagnée. Â

| alfredo sigolo |

LE PRIX D'UNE RÉVOLUTIONL'histoire du marché de la photographie a peu à voir avec l'histoire de la photographie.Elle est plutôt lié à l'histoire de l'identité de laphotographie et à sa reconnaissance commeexpression artistique. Récapitulons-en les étapes fondamentales…

30.phototalk Exibart.photo

en haut à droite: Diane Arbus -Enfant avec jouet grenade à

Central Park N.Y., 1962.en bas à gauche: AndreasGursky - Shanghaï, 2000.

en bas au centre: Man Ray -Rayograph, 1925

en bas à droite: Luigi Ghirri -Porto Recanati, 1984

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Exibart.photo agenda.31

Bibliothèque Nationale deFranceSite Richelieu Galerie de photographie

Trésors photographiques de laSociété de géographie Piergiorgio Branzi

58 rue de Richelieu75002 Paris Métro: Pyramides

horaires: mardi-samedi de 10à 19 dimanche de 12.00 à19.00fermé lundi et les jours fériés billets: entier: 7.00 euroréduit : 5.00 euroindications:métro: ligne 3 (Bourse),1 et 7 (Palais-Royal), 7 et 14(Pyramides)bus: 20, 29, 39, 67, 74 , 85

www.bnf.fr

Centre Pompidou

Victor Erice-AbbasKiarostami, CorrespondancesDavid ClaerboutL'atelier d'Alberto Giacometti

Place Georges Pompidou75004 Paris

horaires: ouvert tous lesjours de 11.00 à 21.00fermé mardi billets: entier 10.00 euro - réduit: 8.00 euro infos pratiques:métro : Rambuteau, Hôtel de Ville, ChâteletRER : Châtelet /Les Hallesbus : 21 / 29 / 38 / 47 / 58 /69 / 70 / 72 / 74 / 75 / 76 / 81/ 85 / 96

www.centrepompidou.fr

Fondation Cartier pourl'art contemporain

Robert AdamsLee Bull

261 Boulevard Raspail75014 Paris

horaires: ouvert tous lesjours de 10.00 à 21.00fermé lundi. Mardi nocturne jusqu'à 22.00billets: entier 7.50 euro -

réduit: 5.50 euro infos pratiques: Métro : lignes 4 et 6, stations Raspail ou Denfert-RochereauBus : 38, 68RER : Denfert-Rochereau

www.fondation.cartier.com

Fondation Henri CartierBresson

Helen Levitt

2 Impasse Lebouis75014 Paris

horaires: mardi - dimanchede 13.00 à 18.00; samedi de 11.00 à 18.45 nocturne le mercredi jusqu'à20.00 fermé le lundi et lesjours fériés (excepte l'11 novembre)billets: entier: 6 euroréduit: 3 euroinfos pratiques:métro: Gaité, ligne 13,Edgard Quinet, ligne 6bus: ligne 28 et 58 stationLosserand-Maine - Ligne 88, station Jean Zay -Maine

www.henricartierbresson.org

Jeu de Paume - Site Concorde

Steichen, une épopée photo-graphiqueUltralab TM. L'île de ParadisTM (version 1.15). Un voya-ge au milieu du temps

1 Place de la Concorde 75008 Paris

horaires: mardi(nocturne) de12.00 à 21.00; De mercredi à vendredi de12.00 à 19.00; Samedi et dimanche de 10.00à 19.00Fermé le lundibillets: entier: 6 euro - réduit:3 euroinfos pratiques: métro: Concorde, ligne 1, 8, 12bus : 24, 42, 72, 73, 84, 94

www.jeudepaume.org

Jeu de Paume - Site Sully

Roger Parry

62 rue Saint-Antoine75004 Paris

horaires: du mardi au ven-dredi de 12.00 à 19.00; same-di et dimanche de 10.00 à19.00fermé le lundibillets: entier 5 euro - réduit2.50infos pratiques:métro: Saint Paul (ligne 1) etBastille (ligne 1, 5, 8)bus : 69, 76

www.jeudepaume.org

La maison rouge,Fondation Antoine deGalbert

Sos Art. L'Art politique en Russiedepuis 1972

10 Boulevard de la Bastille75012 Paris

horaires: du mercredi audimanche de 11.00 à 19.00nocturne le jeudi jusqu'à21.00fermé le lundi et mardibillets: entier 6.50 - réduit4.50infos pratiques:métro: quai de la rapée oubastille (ligne 5)RER: Gare de Lyon

www.lamaisonrouge.org

Maison européenne de laphotographie

Martine Barrat, Harlem In My HeartLarry Clark, Tulsa/Teen Age LustMartin d'Orgeval Alessandro BertolottiChoiRogiero Rais, Favellas Hussein Aga Khan Romain Osi

5/7 rue de Fourcy75004 Paris

horaires: du mercredi audimanche de 11.00 à 20.00, fermé le lundi et le mardibillets: entier: 6 euroréduit: 3 euroinfos pratiques: métro: Saint Paul ligne 1 ouPont Marie ligne 7. bus: 67, 69, 96 o 76.

www.mep-fr.org

Musée d'Orsay

Vers le reportage (1843-1920)Dessins d'Odilon Redon(1840-1916)

1 rue de la Légion d'honneur75007 Paris

horaires: ouvert le mardi,mercredi, vendredi, samedi et dimanche: ouvert de 9.30 à18.00, le jeudi de 9.30 à21.45lundi fermébillets: entier : 7.50 euro -réduit : 5.50 euro infos pratiques: métro: RER C: muséed'Orsaybus: 24,68, 69

www.musee-orsay.fr

Musée du Quai Branly

Photoquai, 1ère biennale desimages du mondeDiasporaBenin. 5 siècles d'art royal

37 quai Branly75007 Paris

horaires: : mardi, mercredi etdimanche de 11.00 à 19.00nocturne le jeudi, vendredi et samedi jusqu'à21.00billets: entier 8.50 euro -réduit 6 euroinfos pratiques: métro: Iéna (ligne 9), Alma -Marceau (ligne 9), Pont del'Alma (RER C), Bir Hakeim(linea 6).bus : ligne 42 station TourEiffel ; ligne 63, 80, 92 : sta-tion Bosquet-Rapp ; ligne 72 station musée d'artmoderne - Palais de Tokyo

www.quaibranly.fr

Musée Rodin

Rodin et la photographie

79 rue de Varenne75007 Paris

horaires: tous les jours de9.30 à 16.45, fermeture duparc à 17.00fermé le lundibillets: entier 6 euroréduit 4 euroinfos pratiques:Métro (ligne 13): Varenne,Invalides ou Saint-François-XavierR.E.R (ligne C): InvalidesBus : 69, 82, 87, 92

www.musee-rodin.fr

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novembre 2007

DIRECTEURMassimiliano Tonelli

SUPERVISION ETPROJETS SPECIAUX

Anita Pepe

ASSISTENTE DE RÉDACTIONValentina Bartarelli

PAGINATIONAthos de Martino

RÉDACTIONwww.exibart.com

Via Giuseppe Garibaldi 550123 - Firenze

[email protected]

PUBLICITÉCristiana MargiacchiTel. +39 0552399766

Fax. +39 [email protected]

MARKETINGAntoine Carlier

DIRECTEURRESPONSABLEGiovanni Sighele

TIRAGECSQ

Centro Stampa QuotidianiVia delle Industrie, 6

Erbusco (Bs)

DISTRIBUTION35.000 copie

EN COUVERTUREMario Cresci

_______________

EDITÉ PAREmmi s.r.l.

Via Giuseppe Garibaldi, 550123 Firenze

VICE PRESIDENTArtico Gelmi di Caporiacco

DIRECTEUR GENERALAntonio Contento

REGISTRATIONauprès du Tribunal de

Florence n. 5069 del 11/06/2001

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