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La bibliothèque numérique Digimom Maison de l’Orient et de la Méditerranée (MOM) - Jean Pouilloux CNRS / Université Lumière Lyon 2 http://www.mom.fr/digimom Le projet de bibliothèque numérique Digimom est issu de la volonté de la bibliothèque de la MOM de communiquer à un public élargi et/ou distant, une sélection d’ouvrages libres de droit. Il est le fruit de la collaboration entre les personnels de la bibliothèque et du Service Image. La sélection des titres proposés répond à la fois à des besoins de conservation des originaux mais surtout à la volonté de rendre à nouveau accessibles des ouvrages rares afin de promouvoir gratuitement la diffusion du savoir et de la culture dans les champs d’investigation propres à la Maison de l’Orient et de la Méditerranée. Dans le respect du code de la propriété intellectuelle (articles L. 342-1 et suivants), la reproduction et la communication au public des documents diffusés sur Digimom sont autorisées à condition de respecter les règles suivantes : - mentionner la source qui a permis la reproduction de ces documents sous leur forme numérique de la façon suivante : « Digimom – Maison de l’Orient et de la Méditérranée, Lyon - France » ; - ne pas utiliser ces documents à des fins commerciales ; - ne pas modifier ces documents sans l’accord explicite de la MOM. The digital library Digimom The digital library Digimom results from the will of the library of the Maison de l’Orient et de la Mediterranée to communicate to a widened and distant public a set of royalty-free books. This project was carried out by the library staff with the technical collaboration of the Images department. Digimom fulfills at the same time needs for conservation of the originals, and the will to make rare books once again accessible in order to promote the free of charge diffusion of knowledge and culture in the fields of investigation specific to the Maison de l’Orient et de la Méditerranée. In the respect of the French code of intellectual property (articles L. 342-1 and following), the reproduction and the communication to the public of the documents diffused on Digimom are authorized with the proviso of complying with the following rules: - State the source which has enabled the production of these documents in their digital form: “Digimom - Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon – France”. - Do not use these documents for commercial ends. - Do not modify these documents without the explicit agreement of the Maison de l’Orient et de la Méditerranée.

Fouilles a Dahchour en 1894-1895

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  • La bibliothque numrique Digimom

    Maison de lOrient et de la Mditerrane (MOM) - Jean Pouilloux

    CNRS / Universit Lumire Lyon 2

    http://www.mom.fr/digimom

    Le projet de bibliothque numrique Digimom est issu de la volont de la bibliothque de la MOM de communiquer un public largi et/ou distant, une slection douvrages libres de droit. Il est le fruit de la collaboration entre les personnels de la bibliothque et du Service Image.

    La slection des titres proposs rpond la fois des besoins de conservation des originaux mais surtout la volont de rendre nouveau accessibles des ouvrages rares afin de promouvoir gratuitement la diffusion du savoir et de la culture dans les champs dinvestigation propres la Maison de lOrient et de la Mditerrane.

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    la Mditerrane.

  • FOUILLES A DAHCHOUR

    18941895.

  • FOUILLES A DAHCHOUR EN

    18941895.

    PAR

    J. DE MORGAN DIRECTEUR GNRAL HONORAIRE DU SERVICE DES ANTIQUITS DE L'EGYPTE

    DLGU GNRAL EN PERSE DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE DE FRANCE

    AVEC LA COLLABORATION

    DE

    M. G. L E G R A I N , INSPECTEUR DESSINATEUR DU SERVICE DES ANTIQUITS DE L'EGYPTE ET M . G . J E Q U I E R , MEMBRE DE L'INSTITUT FRANAIS D'ARCHOLOGIE ORIENTALE

    DU CAIRE, ATTACH A LA DLGATION EN PERSE DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE DE FRANCE.

    VIENNE ADOLPHE HOLZHAUSEN

    IMPRIMEUR D LA COUR I. & R. ET DE L'UNIVERSIT igo3 .

  • AVANT-PROPOS.

    J ouvrage que j'ai l'honneur de prsenter seulement aujourd'hui au public est crit depuis plusieurs annes, mais les circonstances n'ont pas permis de le mettre sous presse plus tt. Je F ai rdig au cours mme des dcouvertes, pour ainsi dire au jour le jour. J'ai fait moi-mme ou fait excuter sous mes yeux, Dahchour, les dessins et les planches qui Raccompagnent.

    En i8gs, ne disposant pas des crdits ncessaires pour 'impression immdiate de mon tra-vail, j'attendis un moment plus favorable. Puis absorb par des dcouvertes d'un autre ordre d'ides et par la publication de mes deux volumes Recherches sur les origines de F Egypte* j'ajournai encore la livraison de ma deuxime campagne de fouilles Dahchour.

    En i8gj, au moment o je me prparais publier mes travaux rests en retard, je dus quitter F Egypte, charg par le gouvernement de mon pays d'organiser le service des fouilles archologiques en Perse. Ds lors mon manuscrit de Dahchour resta dans l'attente et sans l'obli-geant intrt que le savant Directeur gnral actuel des antiquits de l'Egypte porte mes tra-vaux, ce travail serait encore demeur indit pendant bien des annes.

    On a pu voir dans diverses publications que, malgr toute l'estime que nos dcouvertes et nos travaux nous inspirent rciproquement, M. MASPERO et moi, nous ne sommes pas toujours du mme avis sur plusieurs questions scientifiques. Cette divergence d'opinions tient ce que mon minent contradicteur, tant plus spcialement un linguiste, embrasse une srie de consid-rations extrieures mes travaux eux-mmes, tandis que je m'appuie uniquement sur des faits constats dans mes recherches sur le terrain.

    Sur la demande de M. MASPERO lui-mme j'ai conserv dans mon manuscrit toutes les parties relatives aux objections qu'il me posait jadis. Ainsi le lecteur aura sous les yeux tous les l-ments des discussions et sera libre de trancher par lui-mme.

    C'est ainsi que je crois avoir tabli d'une faon sre les rgles suivant lesquelles furent cons-truits les monuments funraires royaux et princiers de la XIIe dynastie. C'est ainsi galement que, conservant mon opinion au sujet de l'poque o vcut le roi Hor, je pense prouver qu'il appartient bien la mme srie de souverains que ceux dont les pyramides s'lvent sur le plateau de Dahchour.

  • VI AVANT-PROPOS.

    M. G. MASPERO est aujourd'hui de retour en Egypte, il dispose de tous les documents que moi-mme f avais entre les mains et peut aisment en contrler Vexactitude. Il a t mme de se rendre compte de la valeur artistique des trsors de Dahchour, de la perfection de la statue du roi Hor et de mille autres dtails qu'il lui tait mal ais d'apprcier de loin. Son opinion sur bien des points s'est peut-tre modifie, c'est ce qu'il dira bien certainement aprs l'apparition de ce volume dont il a lui-mme l'obligeance de surveiller l'dition.

    Dans ma seconde campagne de fouilles Dahchour, comme dans presque tous mes travaux sur l'Egypte, j'ai t assist par Messieurs G. LEGRAIN et G. JQUIER. Ces messieurs, qui sont des archologues d'une trs grande perspicacit, m'ont prt un concours dont je leur exprime toute ma gratitude. Depuis, M. G. LEGRAIN a continu avec grand honneur les travaux au temple de Karnak. Quant M. G. JQUIER, devenu mon compagnon de Susiane, il a mrit tous mes loges et ma parfaite amiti.

    Comme il arrive toujours, lorsqu'un livre n'est publi que longtemps aprs sa rdaction, mon mmoire renferme bien des dtails que je modifierais aujourd'hui si je recommenais mon travail, mais ces dtails sont pour ainsi dire insignifiants et ne portent en rien sur les faits dis-cuts. J'ai prfr maintenir intacte ma premire rdaction, afin de lui conserver ce caractre de vrit que prsentent toujours des notes prises sur le terrain et en prsence des faits.

    En terminant cet avant-propos, je tiens remercier trs vivement le public savant de tous les pays de la grande sympathie qu'il a hien voulu me tmoigner en toute circonstance. Jai cherch, il est vrai, lui tre agrable et utile, mais sa bienveillance m'a largement rcompens de mes efforts.

    PARIS, le 10 juin ioo.

    J. DE MORGAN.

  • PRFACE.

    .L'accueil que le monde savant a bien voulu faire mon premier volume Fouilles -Dahchour en mars-juin 184 m'a engag continuer cette publication et donner en un second volume l'expos de la suite de mes recherches dans la mme rgion de la ncropole memphite.

    Du jour o j'ai entrepris les fouilles Dahchour, j'ai arrt dans mon esprit la mthode que je suivrais pendant toute la dure de l'exploration de ce plateau. La pre-mire anne je devrais attaquer en mme temps le voisinage des deux pyramides de briques et les pyramides elles-mmes. J'esprais dcouvrir dans les terrains royaux les tombes princires et en dehors des murailles d'enceinte les spultures des hauts fonc-tionnaires.

    La premire campagne ne me permit pas de pntrer dans les tombes royales. J'avais me rendre compte de la valeur scientifique de thories mises par un certain nombre de savants et force m'tait d'examiner, avant tout, les points indiqus. Ces travaux, dont le but n'tait que de rechercher s'il tait possible que les appartements royaux eussent t construits au centre des pyramides dans une cavit creuse sous la premire assise de briques, m'absorbrent un certain temps et la dcouverte des chambres royales fut ajourne la saison suivante.

    En 1895 j'ai ouvert les deux pyramides de briques, ainsi qu'une troisime abso-lument ruine et jadis btie en pierre de Tourah, autour de laquelle je n'avais fait aucun sondage l'anne prcdente. Le terrain se trouvait donc convenablement explor entre la pyramide de Menchiyh et celle du nord et j'tais certain de ne laisser dans cette rgion aucun monument de premire importance.

    La campagne de 1896 devait, ds lors, porter sur deux points d'aspect intressant qui se trouvaient au nord de la pyramide d'Usertesen III, non loin du Mastaba El

  • vin PRFACE. Faraon et sur les alentours de la grande pyramide de pierres situe au nord du plateau de Dahchour. Si l'identit de ces trois monuments venait tre reconnue, il ne res-terait plus pour la campagne de 1897 qu' attaquer la pyramide dite rhombodale situe au sud de la ncropole pour en avoir termin avec les problmes historiques les plus intressants dont la solution puisse tre trouve dans le plateau de Dahchour.

    Des travaux de cette importance obligent celuf qui les dirige une surveillance incessante car dans ces recherches, la moindre faute commise par un chef de chantier dans l'excution d'un ordre de dtail peut compromettre le succs de toute la campagne. D'autre part il est absolument ncessaire que les plans, coupes, lvations, croquis de tout genre soient relevs au jour le jour, car une lacune dans les levs prive le directeur des fouilles d'un auxiliaire puissant, ses cartes, et souvent le rduit sa seule connaissance du sol et de ses indices.

    Pour les travaux souterrains la surveillance est d'une toute autre nature : car, tant donne la surface de base d'une pyramide, la nature gologique du sol, celle des dbris rencontrs dans les sondages extrieurs, il importe de tracer l'avance sur le papier le plan des travaux effectuer et de les faire excuter avec autant de prcision que possible. Souvent avec des ouvriers inexpriments on doit rectifier les angles des galeries avec le nord, leur rendre leur direction primitivement calcule. L encore la surveillance doit tre constante, car l'erreur s'aggrave d'autant plus qu'elle dure plus longtemps.

    Le plan des travaux souterrains excuts sous la pyramide d'Usertesen III montre un grand nombre de fautes qui toutes correpondent aux absences que j'ai d faire pour les besoins de mon administration, tandis que les galeries l'aide desquels j'ai examin le sous-sol de la pyramide d'Amenemhat III sont au contraire trs rgulire-ment, parce que j'ai pu les suivre sans interruption.

    En mme temps que je dirigeais et surveillais jusque dans les moindres dtails toutes ces fouilles, je rdigeais au jour le jour la description des dcouvertes. Mon travail se ressent donc de la manire dont il a t crit; mais j'ai prfr lui laisser cette forme que de la retoucher pour lui donner une forme plus littraire, pensant que les impressions immdiatement recueillies ont plus de prix en pareil cas qu'une uvre lgante. Ce livre est la dposition fidle d'un tmoin qui a relev jusqu'aux moindres dtails et vient rendre compte de ce qu'il a vu.

    DAHCHOUR, le Ier Mai 1895.

  • fjg. i . Vue de la ncropole memphite (dessin de l'auteur).

    MASTABAS DE L'ANCIEN EMPIRE.

    A Dahchour, toutes les collines qui s'tendent sur le bord de la valle, la lisire du dsert, entre les deux pyramides de briques, sont couronnes par des tombeaux o le cartouche du roi Snfrou de la m e dynastie se rencontre frquemment.

    Prs de la pyramide d'Usertesen III, il existe un groupe d'une vingtaine de mastabas (j'en ai dcrit quelques-uns dans le volume relatif mes fouilles de 1894), mais c'est surtout au point du dsert o plus tard s'est leve la pyramide d'Amenemhat II que ces tombeaux de l'ancien empire semblent s'tre concentrs.

    A priori, aprs avoir examin les mastabas et avant d'avoir fouill la pyramide, on et pu croire que le tombeau royal dont les dbris formaient un monticule blanc sur le plateau n'tait autre que la spulture du roi Snfrou lui-mme. En effet, les personnages dont on voit les mastabas taient de leur temps de hauts fonctionnaires ou des parents de ce roi, et le soin avec lequel le terrain semblait avoir t employ permettait de penser que sa grande valeur ne venait que de la proximit immdiate de l'enceinte royale.

    Toutes ces suppositions, je les avais faites au dbut de mes travaux, mais elles ont t rduites nant par la dcouverte d'une ncropole complte de la xiie dynastie et l'ouverture du tombeau d'Amenemhat II. Si donc la spulture de Snfrou existe Dahchour, c'est plus avant dans le dsert qu'il faut l'aller chercher, peut-tre est-ce dans l'une des deux grandes pyramides de pierres qui s'lvent l'occident du plateau. Dans ce cas, ce serait vraisemblablement le monument du nord, car les tombeaux fouills en 1895 s o n t situs sur l'avenue qui jadis conduisait de la valle la pyramide septentrionale de pierres.

    D . I

  • 2 FOUILLES A DAHCHOUR.

    Ce problme sera, je l'espre, rsolu par la suite. Aussi est-il inutile de prjuger pour l'instant des rsultats que fourniront ces recherches.

    Le groupe de mastabas de l'poque de Snfrou situ prs de la pyramide d'Usertesen m se compose de monuments btis en pierres, tandis que, plus au sud, prs du tombeau d'Amenemhat II, on ne rencontre plus que des mastabas de briques.

    Je donnerai la description des monuments, en les rangeant suivant l'ordre chronologique de leur dcouverte. J'insisterai sur les caractres architecturaux, m'abstenant d'expliquer les textes et leur importance historique, me contentant de reproduire les inscriptions d'aprs les copies qui en ont t faites par MM. G. JQUIER et G. LEGRATN.

    MASTABA n i . Tombeau de Sam-nefer. Ce monument est construit en briques crues : ses murailles sont diriges du nord au sud et d'est en ouest (fig. 2), ses stles sont orientes vers le soleil levant.

    Fig. 2. Tombeau de Sam-nefer.

    La porte (p), situe l'est, est flanque droite et gauche, l'extrieur, de deux massifs bas de maonnerie analogues ceux qu'on voit de nos jours l'entre de toutes les maisons orien-tales et qui servent monter cheval. Cette porte donne accs dans un couloir {A) o se trouvent les deux stles : l'une, celle du nord, est en calcaire blanc de Tourah (fig. 3 et 4), l'autre est en briques crues, recouvertes de fines peintures fresques (fig. 5, p. 4).

    Le couloir tait vot, mais nous ne possdons aucun indice sur la hauteur qu'il prsentait et sur les motifs d'ornementation de sa vote. Les murailles taient couvertes de scnes et d'inscrip-tions peintes la colle sur un enduit lger de pltre. Ces fresques ont malheureusement t fort endommages par les agents atmosphriques : le peu qui en reste (fig. 6 et 7, p. 5) est cependant trs intressant.

    Le couloir (J.,) donne accs dans une petite salle (C,), trs ruine aujourd'hui, et qui jadis ren-fermait probablement les offrandes, car j 'y ai rencontr en grand nombre des poteries grossires, brises par la chute de la vote.

  • MASTABAS DE L'ANCIEN EMPIRE. 3

    A l'ouest de la stle principale, de celle de calcaire blanc, se trouvait le serdb (Sr), destin renfermer les statues du dfunt. Les murailles de cette chambre sont, par places, perces de petites niches couvertes de votes. Le serdb avait, comme le reste du tombeau, t entirement spoli.

    Le puits (Pz) est situ derrire la stle de briques au sud du serdb. Il est presque carr de section et avait t fouill. Sa chambre funraire se trouve au nord sous le serdb, et, par suite, der-rire la stle de calcaire.

    Au nord de ce monument j ' a i rencontr d'autres constructions (E,), trop ruines pour qu'il soit possible de retrouver leur attribution. Elles appar-tenaient certainement un tombeau, et si je les rattache au mastaba n i, c'est uniquement parce qu'elles lui sont contigus, mais il est probable qu'elles faisaient partie d'un autre monument.

    A l'est de ces difices confus, on rencontre une muraille de singulire apparence qui, partant

    Fig. 3- Fig. 4.

    d'une porte, s'avance vers le nord sur une longueur de 8m 33. Son plan fournit une sinusode r-gulire. Ce mur aboutit un puits (G) rectangulaire et creus obliquement par rapport la direction gnrale des monuments voisins.

    Je ne puis fournir aucun renseignement sur l'ide qui a prsid jadis la construction de cette singulire muraille sinusodale (a, f3). Ce mur appartient l 'poque des mastabas voisins, c'est--dire celle de Snfrou (111e dynastie). Il est reli aux murs prs desquels il se trouve, con-struit avec des matriaux analogues et de la mme manire : il n'y a donc pas de doute au sujet de son ge.

    H existe, ma connaissance, deux autres murailles semblables : l'une, je l'ai rencontre Dahchour mme, dans l'angle du sud-est de l'enceinte de la pyramide mridionale de briques (Amen-emhat III), l'autre a t dcouverte Licht par MM. J. E. GAUTIER et G. JQUIER, prs de la pyra-mide du sud de cette localit (Usertesen Ier). Ces deux murailles sont antrieures la xn e dynastie, car les constructions du moyen empire les recouvrent en partie, mais pour celles-l, comme pouf le mur sinusodal dat de Snfrou, l'usage primitif est rest inconnu.

  • 4 FOUILLES A DAHCHOUR.

    MASTABA n 2. Tombeau de Snfrou-ani-mertf. Le mastaba n 2 (fig. 8) est le type le plus caractristique des tombeaux de briques qui, situs sur le plateau de Dahchour, sont voisins de la

    Fig.

    pyramide d'Amenemhat II et appartiennent aux dbuts de l'ancien empire. Il se compose d'un long couloir dirig du nord au sud et dont les murailles sont couvertes de fresques, d'une salle (A2) galement orne de peintures et renfermant une stle de calcaire blanc (fig. 9, p. 6), d'un serdb troit (52) plac derrire la stle principale, et d'un puits (P2) o fut enseveli le personnage le plus important du tombeau.

    Le couloir (B2), qui par une porte troite (p2) communique avec l'extrieur, renferme quatre petites stles construites en briques crues et peintes de diverses couleurs; derrire ces stles sont trois puits (P's, P'2\ P^"), infrieurs comme section au puits principal. Ils renfermrent jadis les restes de personnages de moindre importance, parents de Snfrou-ani-mertf.

  • MASTABAS DE L'ANCIEN EMPIRE. 5

    Echelle

    Sud o i 2 3 4 5 . i i i Nord

    Fig. 8.

  • ' 6 FOUILLES A DAHCHOUR.

    Yu-i'ijllii'

    imiiiiil/ll!

    Fig. 9.

  • MASTABAS DE L'ANCIEN EMPIRE. 7

    Chacun de ces puits possde sa chambre funraire o tait dpose la momie (fig. 12); les caveaux des puits secondaires sont creuss vers l'ouest, tandis que celui du puits principal (P) l'est

    au sud et s'avance sous le serdb et la stle de calcaire.

    Dans le puits principal (P) se trouvait, au moment de mes fouilles, un sarcophage grossier construit en larges dalles de calcaire blanc, et que les spoliateurs avaient ouvert.

    Le serdab (S.) avait t gale-ment viol; il ne renfermait plus que les restes informes (fig. i3) d'un groupe de grs reprsentant deux

    S Fig. 12. Puits funraire P . Fig. 13.

    personnages, un homme et une femme. Si nous en jugeons par ses dbris, ce groupe tait d'une bonne facture.

    Toutes les pices qui, construites la surface, constituaient le temple funraire de Snfrou-ani-mertf et de sa famille, taient votes en briques crues : les amorces des voussoirs que l'on voit encore par places ne laissent aucun doute cet gard. Cette disposition architecturale et la nature des matriaux employs expliquent l'exiguit des diverses salles (fig. 14, p. 8).

    MASTABA n 3. Tombeau d'un inconnu ('fig. 8). Ce monument prsente de grandes ana-logies avec le prcdent. Son couloir (Bs\ dans lequel on entre par une porte (ps) situe l'est, est

  • FOUILLES A DAHCHOUR.

    orn sur sa muraille occidentale de quatre grandes stles et de deux petites en briques crues badi-geonnes de blanc.

    Au sud est la salle (As) de la stle principale qui, comme dans le mastaba prcdent, est en calcaire de Touran, mais ne porte aucun texte.

    Fig. 14. Coupe des salles A2B2 et A3B3 des mastabas nos 2 et 3.

    Le serdb (S3) est plac derrire la stle principale prs du grand puits (Ps), tandis que les puits secondaires (P'3 Ps') sont situs l'ouest des stles du couloir (B3).

    De mme que dans le tombeau n 2, la chambre funraire du puits principal est place sous le serdb; elle renferme un sarcophage de calcaire de Tourah (fig. 15). Les caveaux des puits secon-daires sont au contraire creuss vers l'ouest.

    Echelle 2 3 4

    jNord Fig. 16.

    Echelle

    Fig. 15.

    Bien que ce tombeau ne renferme aucune inscription, il est cependant intressant par son tat de conservation : c'est celui qui prsente les restes de votes les plus importants.

    MASTABA n 4. Tombeau d'un inconnu (fig. 8). La porte (p4) de ce monument est situe au nord, le mastaba n 4 se trouvant accol au mastaba n 3. Le couloir (BJ) est alors form en partie (ct oriental) par le mur extrieur du mastaba voisin.

    La chambre {AJ renferme une stle de briques crues qui, comme le reste du monument, est simplement blanchie la chaux.

  • MASTABAS DE L'ANCIEN EMPIRE. 9

    Deux grandes stles et trois petites s'lvent dans la paroi occidentale du couloir B4; elles possdent chacune leur puits, placs derrire elles (P^, P^).

    Le puits principal (P4) est situ, comme dans les mastabas prcdents, au nord du serdb et de la stle, de telle sorte que sa chambre funraire se trouve place au sud.

    Le serdb avait t spoli, mais les violateurs du tombeau s'taient contents de briser ce qu'il renfermait. Trois statues, deux de pierre et une de bois, taient dresses contre la muraille occi-dentale du serdb. L'une d'elles a pu tre reconstitue, elle reprsente un personnage debout. Une autre, celle d'un homme assis, est prive de la tte. Quant la statue de bois, qui possdait des dimensions analogues et qui reprsentait un personnage debout, elle tait vermoulue et elle est tombe en poussire.

    Aucune de ces statues ne portait d'inscription. Le tombeau est donc rest anonyme.

    MASTABA n 5. Tombeau d'un inconnu (fig. 16). Ce monument est dans un fort mauvais tat de conservation; sa porte tait situe l'est, sa disposition est exactement la mme que celle des mastabas que je viens de dcrire. Ses murailles blanchies la chaux ne m'ont fourni aucun renseignement sur le personnage qui l'avait fait construire.

    MASTABA n 6. Tombeau d'un inconnu (fig. 17). De mme que le monument prcdent, le mastaba n 6 n'a fourni aucun document pigraphique. Les stles, simplement blanchies la chaux, taient faites de briques crues.

    Echelle

    Fig. 18. Fig. 17.

    Par sa forme ce monument diffre quelque peu des prcdents. Son couloir (B6) se termine au nord par une petite chambre (b6), il ne possde pas de stles secondaires. Au sud, la chambre de la stle (A

    6) communique avec deux autres petites pices (a6, a'0), tandis que la stle de briques crues est situe dans un enfoncement d'une profondeur inusite.

    J'ai retrouv les ruines informes du serdb; quant au reste du monument, il tait tellement dtruit qu'il ne m'a pas t possible de le reconstituer.

    PUITS n (fig. 18 20). Au sud du mastaba n 6, et dix mtres environ, est un large puits (2m 60 X 4m 25) qui me donna de grandes esprances. Sa partie suprieure est garnie de briques trs soigneusement appareilles; \m 3o de profondeur, sa section change pour devenir plus petite (200 X 200), et une profondeur de iom 20 il s'arrte.

    Un caveau creus dans la paroi mridionale renfermait autrefois le sarcophage et la momie. Les spoliateurs ont tout dtruit.

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  • IO FOUILLES A DAHCHOUR.

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    Fig. 19.

    Echelle

    Fig. 20.

    MASTABA n 7. Tombeau de Nofiriritnas (fig. 21). Construit en briques et sur le mme modle que les monuments prcdemment dcrits, ce mastaba renfermait une stle de calcaire

    A 7 ^

    Sud L !

    B 7

    Echelle 2 3

    1 1 4 K

    Fig. 21. Nord

    Fig. 24.

    blanc (fig. 22) au nom et aux titres du dfunt. Cette stle se trouvait engage dans la muraille fer-mant le fond de la chambre (A.), devant le serdb (57); au pied tait une large table d'offrandes de briques crues (fig. 23 et 24) munie d'un long appendice.

  • MASTABAS DE L'ANCIEN EMPIRE. I I

    Dans le couloir (B7) j ' a i rencontr deux stles de briques, dont l'une tait garnie d'une table d'offrandes de pierre, forme d'une dalle ayant servi dans un autre monument et portant une ligne de texte.

    n 61

    i 1

    o

  • 12 FOUILLES A DAHCHOUR.

    Du couloir (Bs) on pntre dans la salle principale (A8), elle-mme couverte jadis de peintures qui, malheureusement, ont t presqu'entirement dtruites. Au fond, se trouvait une trs grande stle en calcaire de Tourah. Ce monolithe avait t renvers jadis, et les spoliateurs avaient mme tent de le couper. Malgr ces dtriorations, cette stle n'en est pas moins un fort beau monu-ment (fig. 27).

    Une autre petite stle de calcaire se trouvait renverse dans le mastaba (fig. 28); dans le puits 2", j ' a i rencontr un linteau de porte au nom d'un autre personnage (fig. 29).

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    Fig. 28. Fig. 20.

    Au lieu d'tre plac derrire la stle, le serdb se trouvait sur sa gauche, prs du puits prin-cipal; les puits secondaires sont situs en face des stles de briques du couloir (G8) d'entre.

    Fig. 26. Plan des tombeaux de Snfrou-n-ankh et de Ptah-chepses.

    Comme les autres monuments de cette poque Dahchour, ce mastaba tait vot; on ren-contre encore par place les amorces de la courbe. L'une des salles, large de 3m 38, tait donc recou-verte par une vote d'une grande porte.

    MASTABA n 9. Tombeau de Ptah-chepses (fig. 26). La construction du mastaba n 9 est antrieure celle de son voisin, le n 8, car une partie du monument a t dtruite pour asseoir les fondations des murs postrieurs; d'un autre ct, les murailles du n 9 ne prsentent pas la mme direction que celles du n 8.

    Mais, si ces deux monuments n'ont pas t construits en mme temps, ils n'en sont pas moins

  • MASTABAS DE L'ANCIEN EMPIRE. 13

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    Fig. 27.

  • 14 FOUILLES A DAHCHOUR.

    exactement de mme style, de mme facture, et doivent tre attribus la mme poque au point de vue historique.

    La porte (ps) est situe l'est du monument. Le couloir (5p), qui en mme temps tient lieu de salle principale, est orn de trois stles dont deux de briques crues et une de pierre. Les deux stles de briques sont pourvues de tables d'offrandes en briques crues et munies d'un appendice (fig. 3o), tandis que, devant la stle de calcaire, est une simple table rectangulaire galement en briques crues.

    Le puits principal (Pg) est situ prs de la stle du sud, de mme que le serdb (55). Ce tom-beau avait t entirement spoli.

    MASTABA n 10. Tombeau dun inconnu (fig. 3i). Ce monument diffre des prcdents en ce qu'il se compose d'un massif rectangulaire de maonnerie et que les stles sont extrieures. Une seule chambre (/4/0) est mnage dans le massif; elle ne semble pas avoir renferm de stle.

    Fig. 3o. Table d'offrandes en briques. Fig. 3 l .

    Autrefois des puits s'ouvraient au nord de cette salle, en face des deux stles extrieures; mais l'tat dans lequel ils se trouvaient ne m'a pas permis de les fouiller.

    Le serdb semble avoir t plac au sud de la chambre (AI0).

    MASTABA n n . Tombeau du prince ou de la princesse Snfrou-nofir-hi (fig. 26). Du mastaba n 11 il ne reste plus aujourd'hui qu'une chambre( An), dans laquelle se trouvait la stle. Le reste du monument a t entirement dtruit lors de la construction du mastaba n 8, dont les murailles recouvrent les fondations des murs antrieurs.

    Comme dans le monument n 9, le mastaba n 11 est orient obliquement par rapport la ligne nord-sud; son orientation est la mme que celle des murs du n 9.

    Nous connaissons le nom du personnage qui occupait ce monument par un linteau de porte (fig. 32).

    Fig. 32.

    MASTABA n 12. Tombeau d'Oudjaou (fig. 33). Ce monument rentre dans les formes habi-tuelles des mastabas prcdemment dcrits. Sa porte (JJ/2) est situe l'orient; son couloir (5J2) porte sur sa paroi occidentale deux stles de briques crues, mais, contrairement ce que nous avons dj vu, il occupe toute la longueur du mastaba.

    La chambre principale (-4/2) renfermait une stle de calcaire blanc sans inscriptions, tandis qu'au-dessus de la porte (/>/2) se trouvait un texte (fig. 34) nous donnant le nom du dfunt.

  • MASTABAS DE L'ANCIEN EMPIRE.

    L'tat dans lequel se trouvait ce monument ne m'a pas permis de retrouver le serdb; mais, par analogie, on peut croire qu'il tait situ au nord de la chambre, prs du puits principal.

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    Fig. 33.

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  • i 6 FOUILLES A DAHCHOUR.

    l'extrieur par une porte (jpi^j- Cette salle est orne d'une stle de briques crues, munie de sa table d'offrandes galement en briques crues.

    Le serdb (5/4) occupe toute la longueur du mastaba, et le puits unique est situ derrire le serdb.

    MASTABA n 15. Tombeau d'un inconnu (g. 3"], p. 15). Ce monument se trouvant accol au mastaba n 14 sur sa face occidentale, sa porte (pjS) se trouve situe au nord. Un long couloir (Bj5) donne accs dans la salle de la stle principale (Al5), orne d'une large table d'offrandes en briques crues. Le serdb (Sl5) est situ derrire la grande stle, tandis que les puits (Pl5 et P'l5) s'ouvrent dans le massif situ l'ouest du couloir (Bl5).

    MASTABA n 16. Tombeau d'un inconnu (g. 38, p. 15). Le mastaba n 16 ne possde pas proprement parler de salles, mais l'intervalle compris entre ses murs et ceux du tombeau voisin lui tiennent lieu de couloir (A]6) et de chambre.

    Une stle unique s'lve dans la muraille; sa table d'offrandes est non pas place devant elle, mais bien sur sa gauche le long du mur. Stle et table sont en briques crues peintes la chaux ou au pltre.

    Le serdb (Sl6) se trouve sur la droite et derrire la stle, tandis que le puits (Pj6) est gauche. L'orientation de ce monument est oblique par rapport la ligne nord-sud.

    MASTABA n 17. Tombeau d'un inconnu (g. 3g, p. 15). Ce monument est, comme le pr-cdent, dpourvu de salles, car le couloir (BJ7) n'est form que par l'intervalle compris entre les deux mastabas n 16 et n 17.

    La chambre (AI7) n'est qu'un enfoncement destin renfermer la stle, mais il est cependant assez vaste pour qu'une table d'offrandes de forme singulire puisse y trouver place.

    Le serdb (S17) est situ au sud de l'enfoncement (A17), tandis que le puits (P17) s'ouvre au nord. Le mastaba n 17 possde la mme orientation que son voisin le n 16.

    Fig. 40.

    MASTABA n 18. Tombeau d'un inconnu (fig. 40). Il est difficile de dire si le monument n 18 est bien rellement un mastaba, car il semble ne se composer que d'une srie de puits (PjS PJs) accols les uns aux autres et sans la moindre trace de chambres ou de stles. Une sorte de cour (Al8) occupe l'espace qui n'est pas pris par les puits.

  • MASTABAS DE L'ANCIEN EMPIRE. 17

    Dans son ensemble le monument est rectangulaire. Les cts sont dirigs N. io W.-S. 10 E. et E. io N.-W. io S.

    MASTABA n 19. Tombeau Sun inconnu (fig. 40). Cinq puits (PjgP%) et une chambre (Big) forment le monument, dans lequel on ne voit pas trace de stles. La direction des murs diffre de celle du monument prcdent. Il est certain que nous avons faire l une spulture de famille, mais sa construction ne ressemble en rien celle des mastabas voisins, bien que tous les indices fournis par les dtails du monument nous donnent la certitude que nous sommes en face de con-structions de la mme poque.

    MASTABA n 20. Tombeau d'un inconnu (fig. 41). Le monument n 20 tait un vritable mastaba avec son couloir {A20), ses puits (P,0P''0) et ses stles, mais il n'en restait plus au moment des fouilles que des vestiges informes. La direction de ses murailles est de N. io W.-S. io E. et de W. io N.-E. io S. Les murs avaient t peints en blanc et ne portaient aucun texte.

    MASTABA n 21. Tombeau d'un inconnu (fig. 41). L'espace compris entre le mastaba n 21 et le monument voisin n 22 tenait lieu de couloir au n 21. C'est l que sont les stles. Le massif de la construction renfermait cinq puits et un long serdb. La direction des murailles est la mme que dans le mastaba n 20.

    M A S T A B A n 22 . Tombeau d'un inconnu (fig. 42). Ce monument n'est qu'un massif rectan-gulaire de briques au milieu duquel s'ouvrent trois

    P7 HH puits. On n'y voit ni chambres ni stles. L'orien-tation des murs est la mme que dans les monu-ments prcdemment dcrits.

    Prs de cette construction est un puits (P) dont les grands cts sont orients du nord au sud. Ce puits semble tre indpendant du mastaba prs duquel il se trouve.

    Fig. 41. Fig. 42.

    MASTABA n 23. Tombeau dun inconnu (fig. 43). Ce monument est fort ruin. H renfer-mait autrefois un grand nombre de tombeaux, si j ' en juge par la quantit de stles qui se trouvent

  • i 8 FOUILLES A DAHCHOUR.

    dans la muraille de l'est. Ces puits taient situs dans un vaste carr de 8m 3o X 8m 80, entour d'une muraille de briques de 2m 55 d'paisseur.

    Un autre puits (P^) se trouvait l'est de la construction. H n'est pas possible de dire s'il faisait partie du monument funraire n z2> ou s'il tait indpendant.

    MASTABA n 24. Tombeau de Sankh-ouaiti (fig. 43). Ce monument, bien que construit d'aprs les mmes rgles que tous ceux prcdemment dcrits, prsente une forme spciale. Sa porte, situe au nord, donne accs dans un couloir troit qui conduit la salle de la stle princi-pale. Il renferme lui-mme deux stles d'importance secondaire; trois puits s'ouvrent derrire les stles.

    A l'ouest de cette premire partie, qui forme un massif rectangulaire, vient une autre construc-tion accole la premire. Elle renferme un puits (PQ et trois salles, dont deux (S'24 et S24) sont bien certainement des serdbs.

    Fig. 45. Fig. 44. Fig. 46.

    Ce mastaba fut spoli. Toutefois, comme la vote du serdb (S24) s'tait croule avant la venue des voleurs, j ' y ai rencontr, sous les briques et dans le sable, un grand nombre de statuettes dont quelques-unes, portant encore des inscriptions, ont fourni le nom du propritaire principal du tombeau.

    Le catalogue des statuettes dcouvertes dans ce serdb a t dress au moment de la dcou-verte par M. G. LEGRAIN :

    1. Un boulanger agenouill ptrit la pte. Notre homme est fort occup de sa besogne et ne parat pas s'apercevoir de la farine qu'il a laiss tomber terre. Jolie statuette d'une grande inten-sit de vie. Le corps est peint en jaune, les yeux et la perruque en noir. Long. om 28, haut. om 16. Voir fig. 44.

    2. Un rameur. Le corps est peint en rouge, les yeux et la perruque en noir. Haut. om 14. Voir

    % 45-3. Adorant agenouill. Le corps est peint en rouge, les yeux et la perruque en noir. Haut. om i 3 .

    Voir fig. 46. 4. Une femme s'avance, portant un coffre sur la tte. Statue traite dans un style raliste fort

    intressant. L'artiste s'est essay reprsenter la femme du peuple livre ses occupations jour-nalires. Ce n'est pas l'gyptienne aux formes grles, lances, que l'on est habitu de voir, mais la

  • MASTABAS DE L'ANCIEN EMPIRE. 19

    Fig. 43. Plan des mastabas n* 23, 24 et 25.

  • 2 0 FOUILLES A DAHCHOUR.

    forte matrone aux hanches robustes, allant par les chemins, toute son travail et la mission qu'elle remplit. Haut. om 35. Voir fig. 47.

    5. Pice semblable. 6. Personnage assis, les bras le long du corps; les mains posaient sur les genoux. Cette pice

    est traite de large faon et semble reproduire fidlement les traits du modle. Le soin avec lequel l'arrangement de la coiffure (divise par une raie au haut du crne) a t copi, la petite barbiche pointue du menton, les tatouages mmes des pectoraux montrent que le vieux sculpteur s'est piqu

    de sincrit, dsireux qu'il tait de faire sortir du bois une image exacte de son client, tout en gardant son large ciseau une libert de touche qui dcle l'homme habitu aux grands ouvrages. Haut. om 27. Voir fig. 48.

    Fig- 47- Fi?. Fig. 49-

    7. Un homme debout, pieds joints, bras pendants. La tte porte sur un cou trs court et semble comme enfonce dans les paules. Le corps est peint en rouge; les yeux et la chevelure sont noirs. Haut. om 28. Voir fig. 49.

    8. Statuette semblable. La coiffure est cannele. Haut. om 27. 9. Groupe compos jadis de six statuettes. Ce sont des hommes perruques canneles qui

    s'avancent en file, embotant le pas. Les trois derniers sont d'une taille plus exigu que les pr-cdents, et le plus petit marche en dernier. Chacun de ces hommes portait la shenti; mais, de plus, leur icne a t drape dans un linge grossier qui entoure les bras et le bassin, sans qu'on puisse s'expliquer la raison de ce costume supplmentaire. Haut. om 33, long. tt. om 63. Voir planche IQ.

  • MASTABAS DE L'ANCIEN EMPIRE. 21

    10. Groupe semblable qui devait se composer de cinq statuettes drapes. Trois sont demeures en place. Haut. om 3 i .

    i l . Statue acphale d'un homme assis, les mains poses sur les genoux. La main droite est ferme. Haut. om 26.

    12. Un homme marche, les bras pendants. La tte est forte, la perruque cannele. Les jambes sont brises. Haut. om 3o.

    i 3 . Figure semblable drape dans un morceau d'toffe. La jambe gauche est brise. Haut. om2. 14. Figure semblable. Haut. 0 14. 15. Figure semblable. Notre homme portait une barbiche pointue. Haut. om 46. 16. Grande statue assise, fort vermoulue. L'tat de dgradation de cette pice est fort regret-

    table, car, dans les parties encore intactes, on reconnat la facture savante d'un matre sculpteur. Les plans sont largement accuss et les mains traites avec beaucoup de savoir. Haut. om 68.

    17. Statuette de bois dur reprsentant le Y [ M rgent du chteau Sankh-ouaiti en marche, les bras pendants. Cette pice, ainsi que les trois suivantes, est d'une technique toute diffrente de celle des statues prcdentes. Les proportions du corps ne sont plus les mmes, et le jeu du ciseau n'est pas aussi libre qu'ailleurs. Les dtails de la figure et de la chevelure sont prcieuse-ment indiqus, mais le tout n'arrive donner qu'une impression de scheresse et de mivrerie qui rappelle l'poque sate. Texte peint en blanc sur le socle. Haut. om 31. Voir planche IV.

    18. Sankhouat est debout, les pieds joints, les bras tombants. On peut, par comparaison, voir jusqu' quel point le souci de la ressemblance a guid l'artiste. Le profil du n 17 et celui du n 18 sont identiquement semblables. Haut. om 25. Voir planche IV.

    19. Un homme, debout, marche les bras pendants. La perruque est cannele. Haut. om 26. Voir Planche IV.

    20. Personnage coiff du serre-tte et vtu de la grande shenti tablier triangulaire. Notre homme s'avance, chiffonnant dans sa main un coin de son tablier. Haut. om 23. Voir planche IV.

    21. Tte de statuette portant la perruque cannele. Haut. om 06. 22. Tte semblable. Haut. o m o65. 23. Personnage debout, pieds joints, bras pendants, poings ferms. La chevelure est rejete

    en arrire et coupe carrment. Haut. om 31 . 24. Deux figures semblables, perruque cannele. Haut. om 3o. 25. Figure semblable, mutile. Haut. om 25. 26. Un homme entirement nu marche en se guidant d'un bton. Les pieds sont briss.

    Haut. o 28. 27. Un homme en marche. Cette statuette est drape d'toffe. Haut. om 3o. 28. Six figures semblables. Haut. om 3o, om 25, om 20 et om 10. 29. Deux fragments de statuettes. Tte et torse de personnages perruque cannele.

    Haut. om 15. 30. Personnage assis. Haut. om 43.

    MASTABA n 25. Tombeau d'un inconnu (fig. 43). Ce monument est entirement dtruit; on n'y trouve plus que les bords des murailles et les angles, qui m'ont permis d'en reconnatre les dimensions. H mesurait environ 21 " 0 5 de largeur suivant sa face orientale et 2 2m 40 de longueur; il tait probablement autrefois la tombe d'un personnage important. Malheureusement, il ne reste plus aujourd'hui la moindre indication sur le nom ou les titres du dfunt qui y avait t plac.

  • 22 FOUILLES A DAHCHOUR.

    MASTABA n 26. Tombeau d'un inconnu (fig. 50). Les stles de ce monument taient places l'extrieur; le massif de maonnerie renfermait deux puits, mais pas de chambres.

    MASTABA n 27. Tombe de Khet-chepses (fig. 50). Ce monument se compose de deux salles, l'une situe au nord et presqu'entirement ruine, ^_ l'autre place au sud, renfermant une table d'offrandes et une stle (fig. 51). fL

    Entre la stle et la table d'offrandes se trouvaient un autel de terre cuite A1 et quelques vases en poterie grossire. * '

    Fig. 52.

  • MASTABAS DE L'ANCIEN EMPIRE. 23

    MASTABA n 28. Tombeau du prince Ka-nefer (fig. 52). Ce monument est le plus important de tous ceux du temps de Snfrou fouills cette anne. Il se compose d'un vaste rectangle construit en briques crues, dans lequel se trouvent trois puits.

    Au long de la muraille de l'est on voyait deux stles et leurs tables d'offrandes prises dans des chambres AzS, B2g et A2bis, con-struites galement en briques et votes.

    L'appartement du nord A2Sbis est rest anonyme, mais nous pou-vons sans crainte de commettre une erreur l'attribuer la princesse Khouensou, pouse de Ka-nefer. Celui du sud A2S, B2g tait destin au personnage principal, le prince Ka-nefer.

    Fig. 54-

    Sa stle, faite de calcaire blanc de Tourah, se compose de trois blocs : l'un, celui du fond, formant la partie principale de la stle (pi. V), les deux autres se trouvant placs droite et gauche de l'en-foncement (fig. 53). Au pied est la table d'offrandes (fig. 54) gale-ment en calcaire.

    Cette stle est l'un des monuments les plus importants de la fin de la m e dynastie; il nous fournit la gnalogie d'une partie de la famille du roi Snfrou, celle concernant son fils an.

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  • 2 4 FOUILLES A DAHCHOUR.

    CRAMIQUE.

    Bien qu'ils eussent tous t spolis, les vingt-huit mastabas de l'ancien empire situs dans le terrain o s'leva plus tard la pyramide d'Amenemhat II renfermaient encore dans leurs puits un assez grand nombre des vases, dans lesquels jadis avaient t dposes les offrandes liquides et solides destines au dfunt.

    Je n'ai pas cru devoir parler de ces vases en mme temps que je dcrivais les diverses tom-beaux, afin d'viter des rptitions qui forcment seraient sans cesse survenues. D'ailleurs, les carac-tres de cette cramique sont toujours les mmes, sauf pour un plat de terre orn de dessins dont je parlerai en premier lieu.

    Cet objet (pi. VI) se trouvait au fond du puits P7 du mastaba (n 7) de Nofiriritnas. Il avait t bris lors de la spoliation du tombeau. Les morceaux gisaient dans un coin de la chambre funraire, au milieu de fragments de toute sorte et de vases entiers appartenant tous la cramique de l'ancien empire.

    Ce plat est trs peu profond. Sa surface intrieure lisse a t polie au brunissoir; l'extrieur il porte des dessins tranges creuss au couteau et remplis d'une matire blanche. Les fragments que j 'ai pu recueillir m'ont permis de reconstituer en entier le dessin.

    Par sa technique, cette pice diffre entirement de tout ce que l'on connaissait dans la c-ramique la plus ancienne de l'Egypte : il a t fait au tour et ensuite orn au couteau avec grand soin. Ce genre de travail se retrouve dans les poteries de l'ge du bronze en Suisse, dans les cits lacustres; je l'ai moi-mme rencontr dans les ncropoles de l'ge du fer en Armnie russe, et dans la province du Lenkorn.1

    Les autres vases que renfermaient les tombeaux sont presque tous fort grossiers de terre et de travail (fig. 55 61); ils sont faits du limon du Nil et travaills sans le secours du tour. Ce sont des soucoupes, des plats offrandes, des gobelets et des vases allongs qui primitivement avaient t remplis d'eau.

    Une autre catgorie est celle des jattes qui, grandes et petites, ont t fabriques de terre fine, rougetre. Elle est bien moins nombreuse.

    Les petites soucoupes, destines renfermer quelques grains de bl ou une petite quantit de chacune des offrandes, taient disposes sur des plateaux faits de terre grossire ptrie la main (fig. 62).

    Comme on le voit, dans ces vingt-huit mastabas, je n'ai rencontr ni fragments de poterie maille, ni de ces vases en terre rouge, peints en noir sur leurs bords, qui sont si frquents dans les tombes de l'ancien empire dans la Haute Egypte; mais je n'ai rencontr que des monuments spolis. Je dois donc me contenter de citer ce que j'ai trouv, sans faire de spculations sur l'ab-sence de telle ou telle catgorie cramique.

    1. Mes dcouvertes de Ngadah et des environs me permettent aujourd'hui de rattacher cette coupe la poterie del I r e dynastie. (Note ajoute en 1900.)

  • MASTABAS DE L'ANCIEN EMPIRE. 25

    Fig. 55. 56 57, 58, 59, 60.

    Fig. 61.

    Fig. 62.

    D.

  • 2 6 FOUILLES A DAHCHOUR.

    Conclusions sur les mastabas de l'ancien empire Dahchour, Les mastabas de l'ancien empire que les fouilles de 18941895 o n t m i s jour Dahchour

    diffrent de ceux dcouverts autrefois dans la ncropole de Saqqarah, mais se rapprochent bien plus de ceux qui avoisinent, Gizh, les tombeaux de Khefren et de Mycerinus. Ce fait n'a d'ail-leurs rien de surprenant, car les tombes de Dahchour et celles de Gizh sont peu de chose prs de la mme poque, tandis que les mastabas de Saqqarah sont moins anciens de plusieurs sicles.

    Dans ses fouilles, MARIETTE avait rencontr plus de tombeaux de la ve et de la vie dynastie que de monuments antrieurs. Les plus anciens mastabas de Saqqarah taient presque tous faits de briques et construits sur des plans analogues ceux de Dahchour. Seuls les monuments plus rcents prsentent un plan plus compliqu et des dimensions plus grandes. Les salles bties en pierre sont trs ornes et le puits dbouche dans les appartements. C'est qu' partir de la ve dynastie les usages funraires semblent s'tre modifis dans la ncropole memphite. Les chambres de la chapelle funraire prennent une plus grande importance, elles occupent tout le massif de maon-nerie qui devient un vritable temple.

    Qu'ils soient construits en pierres1 ou en briques, les mastabas de Dahchour, contemporains du roi Snfrou, prsentent tous des plans analogues. Ils se composent d'un massif rectangulaire de maonnerie dont les longues faces sont orientes environ du nord au sud. C'est au milieu de cette construction que dbouchent les puits.

    Les stles sont places l'extrieur et tournes vers l'orient. Parfois elles demeurent en plein air, parfois aussi (et plus souvent mme) on a construit devant elles une ou plusieurs petites chambres, afin de les protger contre les intempries.

    Tel est le but primitif des couloirs et des chambres qui conduisent aux stles. Il est ais de s'en rendre compte en examinant avec soin les plans de plusieurs des mastabas, dans lesquels les murailles des appartements ne font pas corps avec le massif principal.

    De l construire en mme temps les deux parties du tombeau il n'y a qu'un pas : il fut de suite franchi et beaucoup de tombeaux nous en donnent la preuve. Ainsi vint aux architectes gyp-tiens l'ide de construire au-dessus des spultures de vritables temples, dans lesquels la stle et parfois la statue du dfunt occupaient la place d'honneur.

    Dans les mastabas les plus anciens nous ne voyons pas ces chambres spciales destines aux offrandes qui, plus tard, occupent une place si importante dans les monuments funraires. Les pro-visions ncessaires au double du dfunt taient, lors des funrailles, dposes avec lui dans son caveau. Celles que la pit des parents apportait longtemps aprs l'ensevelissement taient mises sur la table de pierre ou de briques place devant sa stle.

    Nous ne rencontrons pas non plus de canopes, ni de locaux spciaux pour placer les entrailles du mort. Cet usage semble ne s'tre introduit que pendant le moyen empire.

    Le serdb au contraire, chambre ferme o demeurait la statue du mort entour des images de ses serviteurs et de ses parents, tenait une place importante dans les monuments les plus anciens. Il tait toujours situ derrire la stle prs du puits o reposait le mort. Cet usage commun toutes les poques de l'ancien empire disparut avec les premires dynasties, car nous voyons la xne dy-nastie le Ka du roi Hor reposant dans son Naos prs du sarcophage lui-mme, au milieu des offrandes et des objets ncessaires la seconde vie du prince.

    i. Cf. Fouilles Dahchour en 1894. Mastabas de l'ancien empire.

  • MASTABAS DE L'ANXIEN EMPIRE. 27

    Les premiers mastabas furent probablement de simples massifs de maonnerie, o dbouchaient les puits, ensuite vinrent les appartements funraires spacieux, puis l'usage primitif fut de nouveau adopt sous la s n e dynastie, avec cette diffrence, qu'au lieu de s'ouvrir dans le mausole lui-mme, le puits dboucha au nord du monument extrieur. Les mastabas de briques de l'ancien empire sont, Dahchour, crpis de terre prise dans la valle. Cette terre est littralement rempli de co-quilles fluviatiles, telles que anodontes, unios melania, vivipara et paludines de plusieurs espces. Ceux du moyen empire, au contraire, ainsi que les pyramides de briques, ne renferment qu'un trs petit nombre de coquilles, et les briques de l'poque romaine, de mme que les matriaux employs dans les constructions modernes, n'en renferment pas de traces.

    Cette observation nous fournit de prcieux documents sur l'tat de la valle du Nil dans les environs de Memphis aux diverses poques historiques.

    Il existait, au dbut de la rve dynastie, des marais importants au pied des collines de Dahchour. L vivaient, au milieu des roseaux et des papyrus, les mollusques dont nous retrouvons le reste dans les matriaux, les crocodiles et les hippopotames, dont nous voyons les chasses graves sur les parois des tombeaux.

    Plus tard, vers la xn e dynastie, le travail de comblement de la valle par les apports des crues ayant continu, la plupart des marais furent desschs et les mollusques fluviaux devinrent moins abondants.

    Ds l'poque grco-romaine, la plaine de Dahchour avait pris l'aspect qu'elle possde encore de nos jours.

    La surlvation des alluvions de la valle du Nil est un fait bien connu; elle est variable sui-vant les points de la valle que l'on considre, et, Memphis entre autres, la hauteur actuelle du dallage du temple de Ptah nous fournit une indication prcieuse sur le niveau des eaux l 'poque des Ramessides. Mais la preuve absolue de l'existence de marais importants dans les environs de Memphis au dbut de l'histoire gyptienne n'avait pas encore t trouve, et nous ne pouvions que nous en rapporter aux bas-reliefs des mastabas de l'ancien empire, qui nous montrent frquemment des scnes de chasses dans les marais.

    Le dallage du temple de Ptah Memphis, qui fut plac environ 3 200 ans avant nous, est au-jourd'hui im 20 au-dessous des hautes eaux du Nil; il devait tre alors au moins deux mtres au-dessus, ce qui nous donne un accroissement de hauteur des alluvions d'environ un mtre par millier d'annes.

    Si nous appliquons cette loi approximative aux alluvions pendant les six mille ans qui nous sparent de l 'poque de Snfrou, nous voyons que les bords des marais d'alors sont situs au moins six mtres au-dessous du niveau actuel de la plaine.

    Mais, je l'ai dit, il existait cette poque des marais importants, et le comblement de ces ca-vits s'est opr bien plus rapidement que l'exhaussement de la plaine devenue rgulire aux poques postrieures. C'est donc une profondeur bien plus considrable qu'il faudrait chercher les lits de vase d'o ont t extraits les matriaux des mastabas de l'ancien empire.1

    1. J'ai longuement trait ce sujet dans mes deux volumes de 1S96 et de 1S97 Recherches sur les origines de l'Egypte> (1900).

    4*

  • 28 FOUILLES A DAHCHOUR.

    PYRAMIDE D'AMENEMHAT IL

    On voyait autrefois, Dahchour, mi-chemin environ, entre les deux pyramides de briques, sur la lisire du dsert, un amas de dbris de calcaire blanc, de grs et de granit que jadis LEPSIUS avait port sur sa carte de la ncropole memphite sous la rubrique Pyramide n LI. A l'est de cette butte, dont la couleur blanche tranchait sur le jaune dor des sables du dsert, taient deux longues bandes de sable parallles et parfaitement rectilignes, dans lesquelles un il exerc et reconnu au premier abord les traces de murailles en partie exploites par les indignes habitant les villages voisins.

    Ces deux murailles bordaient une avenue jadis dalle, semblable celle que nous voyons l'est des monuments funraires d'Usertesen III et d'Amenemhat m. Cette rue aboutissait d'un ct la valle du Nil, de l'autre l'difice qui s'levait autrefois sur l'emplacement de la butte blanche et dont les fragments couvrent le sol.

    Autour de l'amas principal de dbris se trouvaient d'autres traces de murailles, et, l'est, des monticules plus petits et irrguliers, parmi lesquels les morceaux de granit et de grs taient bien plus abondants que partout ailleurs.

    Autour de cet ensemble d'clats de pierres blanches, le dsert reprenait son horizontalit, avec ses sables fins, entremls de cailloux rouls. Jamais, la premire inspection, il n'et t possible de croire que sous cette rgularit apparente des sables se cachaient un grand nombre de tom-beaux d'une importance scientifique considrable.

    Au sud-est de la butte principale, et 200 mtres d'elle environ, se voyaient de nombreuses taches blanches, des restes de monuments jadis dtruits, dont les pierres uses par le passage con-tinuel des sables semblaient tre les derniers vestiges.

    Puis reprenait le dsert avec ses collines rondes, ses vallons et ses plateaux rguliers, sans aucune trace apparente de monuments jusqu'aux premires constructions de la pyramide mri-dionale de briques.

    Tel tait l'aspect du plateau quand, conduisant mes travaux autour de la pyramide d'Amen-emhat in, je parcourais cheval le plateau pour me rendre mes chantiers ou revenir ma maison. Cent fois je me suis arrt prs de cette butte mystrieuse, j 'en ai examin les moindres dtails. J'tais alors tent d'y mettre des ouvriers, tant j'attachais d'importance ces ruines informes. Mais les travaux prs des deux autres pyramides absorbaient entirement mes ressources comme mon attention. Je remis donc la campagne de fouilles de 189495 ce qui n'avait pu tre ralis au printemps de 1894.

    L'tude pralable du terrain pour le choix des points d'attaque est longue et minutieuse : il est

  • PYRAMIDE D'AMENEMHAT II. 2Q

    ncessaire de revenir souvent sur le point qu'on croit devoir attaquer, d'y examiner les moindres clats, les indices les plus fugitifs, sans quoi l'on s'expose des mcomptes. Ce n'est pas en par-courant une ou deux fois une ncropole qu'on peut fixer les rgions les plus intressantes et dter-miner les points importants, c'est en vivant pour ainsi dire au milieu des sables, en donnant son esprit le temps de tirer des dductions des mille petits faits observs la longue.

    J'avais procd ainsi, lorsqu'habitant la maison de MARIETTE Saqqarah, j 'avais dcid de faire de Dahchour mon centre de travaux pour plusieurs annes. Je procdai encore de la mme manire pour les dtails de cette ncropole, et ce n'est qu'aprs bien des mois de rflexion que

    ECHELLE 1 2 & T ! G 7 8 9 M

    fctres Fig. 63.

    j 'ouvris les chantiers au mastaba blanc *idl

  • 3o FOUILLES A DAHCHOUR.

    nord. Un couloir fut mis jour; il me permit de pntrer dans l'intrieur du tombeau et d'en exa-miner les moindres dtails.

    Le mastaba blanc tait bien une pyramide, comme l'avait pens LEPSIUS. Sa construction cor-respondait l'opinion mise par M. G. MASPERO au sujet des monuments de briques, mais cette pyramide, entirement btie en calcaire de Tourah, avait t presque compltement exploite; ses chambres, maintes fois visites par les spoliateurs, ne renfermaient plus aucun objet, les murs blancs ne portaient pas d'inscriptions, de telle sorte que, pendant plusieurs semaines, je ne pus me faire

    0 1 2 3 m i i . 1 i

    Fig. 64.

    aucune ide de l'poque laquelle avait t faite cette construction. Ce n'est que plus tard que j'appris qu'elle tait due Amenemhat II.

    Il serait fastidieux de donner ici tous les dtails de mes travaux dans la pyramide d'Amenem-hat H. Mieux vaut que je dcrive le monument, tel qu'il nous est rvl par les vestiges rencontrs dans les fouilles, sans tenir compte de l'ordre dans lequel les documents me parvinrent.

    Il est impossible, en l'tat actuel des ruines, de dire quelles furent les dimensions de la pyra-mide tant en hauteur qu'en surface. Elle tait entirement construite en calcaire fin de Tourah, et il ne restait plus, lors des fouilles, que les dbris de quelques-unes des assises infrieures.

    Aprs la construction de la chambre funraire, les architectes remplirent toute la cavit de sable fin, jusqu'au niveau o ils comptaient placer la premire assise de pierres.

  • PYRAMIDE D'AMENEMHAT II. 3 i

    Le carr de base de la pyramide avait alors t divis en huit angles par des lignes de pierres menes suivant les diagonales et les mdianes (fig. 63, p . 29). Ces angles furent en partie remplis par des matriaux dont les grandes dimensions sont places perpendiculairement aux cts du carr de base.

    Vers le centre, la pointe de tous ces triangles fut laisse d'abord vide et remplie ensuite de sable, afin de constituer une srie de huit trmies renverses destines rpartir la pression rsul-tant du monument, dgager le centre sous lequel se trouvaient les appartements royaux, et re-porter le poids vers les faces qui reposaient sur la montagne.

    Un semblable dispositif suppose de la part des architectes des connaissances trs tendues en mcanique ou une exprience consomme. La solution adopte peut certainement tre discute

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    i 1 Fig. 65.

    et ne comporte pas la meilleure rpartition des forces, mais le fait mme qu'elle fut choisie est fort intressant.

    Les blocs dont la pyramide tait construite prsentent des dimensions variant entre im 40 et im pour la longueur, o" 85 i " pour l'paisseur, et im 10 im 3o pour la largeur. Ils proviennent des carrires de Tourah, o ils avaient t taills aux dimensions convenables.

    Tous les blocs portent des marques faites dans les carrires (fig. 64 et 65) et des inscriptions en hiratique (fig. 6667, p. 32), traces la sanguine et destines guider les architectes et les maons dans la pose des matriaux.

    Au-dessous de la dernire assise taient des sables fins, pris dans le diluvium du dsert et peut-tre grossirement tamiss. Des lits d'clats de pierre blanche montrent qu' diffrents niveaux la taille des pierres fut acheve sur place pour l'ajustement des joints. Sous ces sables se trouvent les appartements royaux (fig. 80).

  • 32 FOUILLES A DAHCHOUR.

    La chambre tait recouverte d'une vritable toiture forme de blocs normes, appuys les uns sur les autres et offrant une double inclinaison des deux faces. Les pignons taient ferms l'aide de blocs placs horizontalement (fig. 7778).

    Six pierres de taille formaient chacun des cts de cette toiture, dont les joints avaient t soigneusement bouchs l'aide de pierres de petit quarrissage scelles au pltre.

    Fig. 70. Fig. 71. Fig. 66.

    Au nord se trouvait le couloir inclin qui, partant du centre de la chambre, allait dboucher au jour dans la face septentrionale. Malheureusement, lors de l'exploitation des matriaux de la pyramide, l'entre de cette galerie avait t dtruite.

    Pour construire le couloir, on avait creus dans la roche vive une longue tranche incline; un dallage pais et rgulier avait t plac au fond, et, sur ce dallage, des pierres verticales s'levaient formant les cts du passage (fig. 79 81).

  • PYRAMIDE D'AMENEMHAT II. 33

    Le plafond du couloir est form d'une seule pierre, recouverte elle-mme par une toiture d'angle destine, comme pour la chambre elle-mme, la rpartition de la pression suprieure.

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    Fig- 77-

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    Fig. 78.

    3"

    Fi?- 79-

    Le couloir mesure l'intrieur im 22 de largeur sur im 33 de hauteur; il fournit l'espace n-cessaire au passage du cercueil de bois qui renfermait la momie.

    A 5m 50 environ de l'entre dans la salle funraire, la profondeur du couloir augmente, pour donner accs dans une pice place en contrebas, o se trouvait une cavit carre et vide dont je n'ai pu reconnatre l'usage.

  • 3 4 FOUILLES A DAHCHOUR.

    Deux herses de granit (fig. 81) fermaient autrefois la galerie d'accs, et, partir de la premire de ces herses, le dallage du couloir devenait horizontal.

    I

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    Fig. 8o.

    Ce dallage formait le plafond de la chambre infrieure. Il tait support sous les herses par des corbeaux de diorite encastrs en partie dans les murailles.

    Fig 8l .

    La chambre tait rectangulaire, avec, l'est et l'ouest, deux massifs de maonnerie dont l'un, celui de l'ouest, renfermait le sarcophage.

  • PYRAMIDE D'AMENEMHAT II. 35

    Quatre niches rgulirement bties et places symtriquement n'taient spares de la salle que par une mince cloison de calcaire. Une petite cachette avait t mnage dans la muraille du nord-ouest.

    Entre les deux massifs de maonnerie de l'est et de l'ouest se trouvait un couloir, plac beau-coup plus bas que celui d'entre, et dont la pente tait dirige vers le nord. Ce second couloir menait la petite chambre infrieure dont il a t parl plus haut.

    Le sarcophage, fait de grs, tait en plusieurs dalles. De tous cts il tait entour de ma-onnerie de pierre de Tourah.

    ? j ? ?" ' 0 1 2 3 -

    Fig. 81. Fig. 82.

    Au-dessus du plafond, et ne reposant pas sur ses dalles, partait la toiture de pierre dont l'carte-ment la base tait de 4m 25; les pierres inclines taient soutenues leur pied par des matriaux taills obliquement, tandis qu'en leur milieu et l'intrieur se trouvait une seconde srie de blocs horizontaux destins neutraliser les effets de la flexion (fig. 83, p. 36).

    Afin de maintenir fixe cette srie de supports, les architectes avaient construit des murailles lgres reposant sur la partie suprieure des dalles formant le plafond de la grande salle. Ainsi, la pression rsultant du poids de la pyramide, dj loigne de la chambre par le dispositif en trmies renverses dont j ' a i parl, se trouvait reporte presqu'en entier sur les murs verticaux du nord et du sud. Le plafond n'avait supporter que le poids des matriaux destins neutraliser les forces normales la toiture incline.

    Le rsultat de ces dispositifs est de produire un effet intense d'cartement pour les murailles du nord et du sud, mais cet cartement n'tait pas craindre, puisque ces murs enterrs dans le sol taient appuys sur la roche vive.

    La pyramide avait t entirement parcourue par les spoliateurs. Us avaient exploit une partie du couloir, ouvert le sarcophage, bris les cloisons qui fermaient jadis les chambres des offrandes; rien n'avait chapp leurs investigations, et il ne restait plus aucun objet.

    5*

  • 36 FOUILLES A DAHCHOUR.

    Dans les dcombres, j ' a i cependant rencontr la partie postrieure d'une statue en diorite qui reprsentait un personnage assis. Sur ses genoux tait l'inscription suivante (fig. 84).

    Aucune inscription ne fut rencontre dans les appartements funraires et, sauf quelques marques (fig. 85) et l'bauche d'un personnage en bas-relief certainement sculpte longtemps aprs la con-struction du monument, les murailles taient absolument lisses.

    ^ f s Fig. 85 {a, b) Fig. 85 (c, d).

    Aprs cette exploration, je ne possdais aucune donne sur l 'ge de la pyramide. Je n'avais pas encore dcouvert les tombeaux princiers de l'ouest, et par les mastabas contemporains de

    prs "*

  • PYRAMIDE D'AMENEMHAT II. 37

    Je commenai ds lors des sondages trs rapprochs dans les monceaux de dbris situs l'est de la pyramide. J'y rencontrai des fragments de stles, de plafonds toiles, de moulures, des blocs de granit provenant des seuils des portes, et enfin le cartouche incomplet d'Amenemhat II de la xiie dynastie (fig. 86); plus tard, les tombes princires me fournirent encore le cartouche de ce roi.

    Fig. 86.

  • 38 FOUILLES A DAHCHOUR.

    DPENDANCES DE LA PYRAMIDE DAMENEMHAT IL

    Une longue avenue dalle, large de plus de 20 mtres, permettait autrefois de gravir la pente entre la valle et l'enceinte du tombeau royal; elle tait, droite et gauche, borde de murailles de briques (v. plan, PL H). L'enceinte, longue de 225 mtres, large de cent environ, s'tend sur une colline jadis nivele, et dont les dbris ont recouvert ce groupe de mastabas de la ine dynastie dont il a t parl. L'avenue et la grande dimension du mur d'enceinte sont orientes d'est en ouest.

    A droite et gauche de la porte de l'enceinte, au point o se termine l'avenue, taient jadis deux monuments, dont il ne reste plus aujourd'hui que des blocs informes de maonnerie faits

    Fig. 88. Fig. 89. Fig. 90. Fig. 91.

    d'normes pierres de taille et de briques. Les pierres sont relies entre elles au moyen de queues d'aronde en bois dur trs bien conserves.

    Au milieu de ce chaos, il est impossible de retrouver l'attribution primitive de chacune des murailles, et le plan mme ne peut en tre trac; aussi en sommes-nous rduits aux conjectures. Ces deux monuments se faisaient face. Us taient trs orns, si nous en jugeons par les nombreux dbris de sculpture peinte qui se trouvaient dans leurs dcombres (fig. 87 94).

    Au-del de ces ruines, entre la porte de l'enceinte et le pied de la pyramide, s'levait autrefois le temple funraire, mais le dsordre est encore plus grand en ce point que dans les monuments de la porte. J'y ai rencontr des seuils de portes en granit, des dbris de colonnes de calcaire, des fragments de gorges, de frises, de stles (fig. g3), d'inscriptions de tout genre (fig. 87 et 94), dont plusieurs portent le cartouche du roi Amenemhat H.

    Au nord de la pyramide, presqu'en face de l'entre de son couloir, se trouvaient aussi des constructions dont l'usage m'est inconnu. Elles avaient t leves au-dessus des mastabas de la

  • DPENDANCES DE LA PYRAMIDE D'AMENEMHAT II. 3g

    IVe dynastie. J'y ai rencontr quelques dbris de colonnes, quelques fragments provenant des monu-ments antrieurs, et une singulire table de pierre, munie d'un appendice qui semble avoir t

    Fig. 92. Fig. 93. Fig. 94.

    destin l'coulement des liquides, et creuse en son milieu d'une rainure dans laquelle se trou-vaient encore deux godets en diorite qui jadis servirent une porte. Je ne puis dire quel fut l'usage

    Fig. 95-

    de ce curieux dispositif (fig. 95). Il tait encore en place, pris dans un massif de briques et, peu de chose prs, situ au milieu d'une vaste construction carre.

    L'aire laisse entre la pyramide et le mur mridional d'enceinte des terrains royaux est fort exigu et ne renfermait pas de tombeaux. A l'ouest, au contraire, l'espace tait beaucoup plus grand. C'est l qu'avaient t ensevelies les princesses Ita et Khnoumit, le prince Amenhtep, la reine jmanoub, et les princesses Sithat et Ita-ourt.

  • 4 0 FOUILLES A DAHCHOUR.

    Les personnages de la famille d'Usertesen III avaient t placs dans l'enceinte de la pyramide de ce roi, au nord de la tombe royale, et ceux de la famille d'Amenemhat III se trouvaient dans les mmes conditions; quant aux princes et princesses contemporains d'Amenemhat II, ils reposaient aussi dans l'enceinte royale, mais leurs tombes se trouvaient l'ouest. Il n'existait donc pas de rgle absolue dans la disposition des tombes royales et princires; la fantaisie, le got de l'poque, les ncessits du terrain guidaient les architectes dans leur choix.

    Tombeau des princesses Ita et Khnoumit, Le 12 fvrier, les sondages effectus au nord-ouest de la pyramide blanche amenrent la d-

    couverte d'une vaste cavit rectangulaire, allonge du nord au sud, et autrefois creuse dans les grs tendres qui supportent les alluvions du plateau.

    Les bords taient taills pic, et, vers le nord-est, une sorte de chemin plus troit semblait avoir t destin la descente dans un monument cach sous les paisses couches de dbris qui rem-plissaient cette cavit.

    Lorsqu'un monument souterrain a t spoli, il est ais de s'en rendre compte par l'tude mme du sol. Les fouilles pratiques par les spoliateurs n'ayant pas t recombles, les sables fins s'y sont accumuls sous l'action du vent, de telle sorte qu'on n'y rencontre pas les dbris des excava-tions et les rognons siliceux qui recouvrent toujours les entres restes vierges.

    Dans la cavit nouvellement dcouverte, on ne voyait que les dbris apports par les ouvriers de l'antiquit. Toutefois un point situ prs de l'angle du nord-est semblait avoir t remani.

    En poursuivant les fouilles, je rencontrai dans l'angle du nord-ouest les mortaises, pratiques jadis dans la roche vive pour recevoir les pices de bois ncessaires la descente des matriaux de gros poids. Enfin, six mtres du sol, je trouvai les blocs de calcaire de Tourah qui formaient la partie suprieure du monument.

    Un puits avait t pratiqu par les spoliateurs au point o j 'avais rencontr des sables fins, mais, bien que ce travail ft descendu une profondeur suffisante, il n'avait pas atteint le monu-ment et se trouvait deux mtres seulement au nord de la porte. C'est cette erreur des fouilleurs de l'antiquit que nous devons de possder aujourd'hui les admirables bijoux, exposs au muse de Gizh. Comme on le verra plus loin, une tombe voisine renfermant les momies de la princesse Qmanoub et du prince Amenhotep avait t viole, et les spoliateurs, satisfaits de leur butin, crurent avoir dcouvert tous les tombeaux princiers voisins de la pyramide d'Amenemhat I.

    Je ne sais si dans l'antiquit il existait au-dessus de ces tombes, la surface du sol, des monu-ments extrieurs les signalant la pit des gnrations qui succdrent Amenemhat II. Je n'en ai pas trouv la moindre trace, tandis qu'autour du monument funraire d'Usertesen HI les tombes princires taient recouvertes de mastabas. Quoi qu'il en ait t jadis, le sol avant mes fouilles tait parfaitement uni et recouvert de cailloux rouls, tout comme le reste du dsert, et, de mme que mes sondages avaient mis jour les mastabas de l'poque de Snfrou, de mme ils me dnoncrent la prsence de ce groupe de tombeaux si fertile en dcouvertes.

    La porte, large de i m i 9 , haute de i m i 6 , recouverte d'une norme dalle de calcaire, tait ferme au moyen d'un bloc de pierre occupant toute la cavit. Plus au sud, les dalles se con-tinuaient, recouvrant les tombes et le couloir qui, sur toute sa longueur, tait rempli de blocs sem-blables ceux de la porte.

  • DPENDANCES DE LA PYRAMIDE D'AMENEMHAT IL 41 Au milieu du monument taient deux longues bandes de pierres, recouvrant les trappes qui

    fermaient les tombeaux des princesses Ita et Khnoumit. Le couloir, qui n'avait t ferm qu'aprs que les momies eurent t dposes dans le tombeau,

    prsentait les mmes dimensions que la porte. On l'avait tenu inclin avec une pente de 12 centi-mtres par mtre, afin de pouvoir y glisser plus aisment les blocs qui devaient le fermer, et dont il tait entirement plein lors de la dcouverte.

    Les deux tombes taient situes l'ouest du couloir; elles en taient spares par une large dalle place verticalement et qui, souleve avant l'ensevelissement, tait retombe lors de la ferme-ture du tombeau.

    Fig. 96.

    Au-del de la trappe, par rapport au couloir (fig. 97, p. 42), se trouvait un blocage de pierres de taille (c) soigneusement appareilles sans mortier, puis de larges dalles (d) reposant leurs ex-trmits sur des saillies des murailles de ct. Sous ces dalles, j ' a i rencontr, dans les deux tombes d'Ita et de Khnoumit, un vritable plancher recouvrant le sarcophage de grs.

    Le sarcophage tait dpos dans une petite chambre de mme forme que lui, mais plus grande de quelques centimtres sur les deux dimensions.

    Au-dessus du plancher, dans la muraille de l'ouest, j ' a i rencontr une pice de bois place en long et encastre dans le mur. Dans les parties supportant les dalles (d) taient des rainures qui, probablement, avaient servi au maniement du couvercle du sarcophage, de mme que les entailles pratiques sous la dalle suprieure du tombeau (D) en (e).

    La trappe ( T) avait t soutenue, tant que la tombe resta ouverte, au moyen de deux sup-ports de bois encastrs dans la dalle (d), de telle sorte que la momie pt tre glisse entre les deux bois, sous la trappe et sous le couvercle du sarcophage alors maintenu en l'air.

    Aprs avoir examin tout le contenu du sarcophage et l'avoir enlev, j ' a i rencontr, dans la D. 6

  • 42 FOUILLES A DAHCHOUR.

    paroi orientale de la salle qui le renfermait, trois petites portes donnant accs dans une seconde pice place sous le couloir et de mme largeur que lui.

    Cette pice tait la chambre des offrandes, o la pit des parents du dfunt avait fait placer tous les objets qu'on croyait tre utiles l'existence du double.

    Cette chambre, aprs que le sarcophage et t mis en place, ne pouvait plus avoir de com-munication du ct du tombeau. Aussi avait-on mnag dans le dallage du couloir une ouverture, vritable trou d'homme (fig. 97 p) par lequel les diverses offrandes furent introduites. Cette ouver-ture fut alors, lors de l'ensevelissement, ferme au moyen d'une dalle prpare cet effet.

    Fig. 97-

    Le sarcophage avait t mis en place en mme temps que le tombeau avait t construit. Peut-tre mme que le cercueil de bois qu'il renfermait avait, lui aussi, t plac avant la mort du personnage, de telle sorte qu'il ne restait plus au jour de l'ensevelissement qu' dposer dans le tombeau le corps et les offrandes.

    Aprs avoir ferm le cercueil de bois, les anciens descendirent le couvercle du sarcophage de grs, puis, aprs avoir plac le plancher, comblrent entirement la cavit suprieure l'aide des blocs d et e.

  • DEPENDANCES DE LA PYRAMIDE D'AMENEMHAT IL 43

    Fier.

    6*

  • 44 FOUILLES A DAHCHOUR.

    Ces pierres taient prpares certainement l'avance par les soins de la personne qui devait plus tard occuper le tombeau. Elles avaient t ajustes, de telle sorte qu'au jour de leur emploi il ne put y avoir d'erreur. Chacune portait une inscription en caractres hiratiques dsignant la place qu'elle devait occuper. C'est ainsi que dans les divers tombeaux j ' a i rencontr :

    Nord I. Nord IL Nord III. Nord IV. Ouest Est

    Sud I. Sud IL Sud III. Sud IV.

    Et ces indications correspondaient trs exactement la position occupe par les matriaux (fig. 99 104).

    Fig. lo i .

    '^1U Fig. 100. f.

    r 6 Fia 102 a.

    Bill* i,

    H

    Fig. 99. Fig. 103. Fig. 104.

    Les blocs qui fermaient le couloir avaient bien certainement t, eux aussi, prpars l'avance, et probablement la mise en place de tout le systme de blocage avait t essaye au moment de la construction, car la prcision est telle qu'il et t presqu'impossible de compter l'obtenir sans un essai pralable.

    Les matriaux de petite taille avaient t placs la main, tandis que ceux d'un poids plus important furent manuvres l'aide de leviers; on y voit encore les mortaises, destines cette opration. Frquemment aussi les pierres ont t relies les unes aux autres au moyen de queues d'aronde; les joints ont toujours t ferms l'aide d'un enduit de pltre.

  • DPENDANCES DE LA PYRAMIDE D'AMENEMHAT II. 45 Il est encore un fait intressant signaler, c'est que, bien que le travail de fermeture se soit

    opr dans l'obscurit, les murailles blanches de calcaire de Tourah ne portent aucune trace de fume des lumires qui durent tre employes par les ouvriers.

    Le tombeau de la princesse Ita avait t construit en plein air, tandis que celui de la princesse Khnoumit tait demi engag dans une cave creuse dans le rocher. Ce dispositif conomisait, il est vrai, l'enlvement de toutes les couches suprieures, mais il avait oblig les architectes sou-tenir l'aide de piliers de calcaire le toit trop croulant de l'excavation, et, malgr cette prcaution, une partie de la vote s'abattit sur les dalles suprieures lors de l'ouverture, par nous, du monu-ment.

    La prcision avec laquelle les architectes de la xn e dynastie excutaient leurs travaux est ex-trmement remarquable. Les moindres dtails sont trs soigns, mme ceux qui, ne devant tre utiles qu'avant la mise au tombeau du dfunt, doivent tre annuls aprs l'achvement de la cons-truction. Les pierres et les bois sont d'une faon tellement soigne que, dans la plupart des cas, il ne serait pas possible de glisser une feuille de papier dans les joints.

    Nous avons vu {Fouilles Dahchour en 1894) que les tombeaux de l'poque d'Usertesen m, aussi bien dans sa pyramide qu'en dehors, taient presque toujours vots, soit en calcaire, soit en briques, soit mme en granit. Les architectes avaient recherch cette forme de plafond avec une persvrance qui semblerait indiquer une mode plutt qu'un besoin architectural. Dans les monuments de l'poque d'Amenemhat II, au contraire, la vote est fort rare. Nous n'en connaissons que peu d'exemples, et encore ces votes taient-elles imposes par la nature des briques dont elles sont composes. En toute autre circonstance, quand les matriaux offrent une rsistance suffisante, c'est la plate-bande qu'emploient les constructeurs dans tous les monuments. Il semble donc im-possible d'tablir des rgles gnrales sur l 'usage des votes et, au contraire, on est port penser que la mode jouait un grand rle dans les dispositifs adopts.

    Aujourd'hui que nous savons d'une manire absolue que les gyptiens de l'poque de Snfrou connaissaient la vote cylindrique et en faisaient grand usage pour leurs constructions de briques, qu'en mme temps ils employaient la plate-bande, les plafonds en arc-boutant ou en encorbelle-ment, il ne nous est plus possible d'assigner telle ou telle priode tel ou tel dispositif. Tous furent en usage ds les dbuts de l'histoire en Egypte, et la prdominance de l'un ou de l'autre des procds tait uniquement due la fantaisie des architectes de l 'poque considre.

    Aprs avoir dcrit en dtail la construction des tombes d'Ita et de Khnoumit, je passerai au rcit de la fouille de chacun des tombeaux.

    Tombeau de la princesse Ita.

    Le premier des deux sarcophages que j ' a i ouvert est celui de la princesse Ita. Je me suis bien gard toutefois d'enlever un un les blocs qui obstruaient le couloir. J'ai simplement coup les larges dalles qui recouvraient la tombe, tournant ainsi les obstacles accumuls par les anciens devant le chemin naturel qu'ils avaient suivi en se retirant (fig. 105, p . 46).

    Sous le plancher, compos de madriers pais de 11 centimtres admirablement ajusts, se trou-vait le sarcophage, lourde masse de grs dur trs bien poli, mais ne portant aucun dessin, aucune inscription. Son couvercle prsentait autrefois deux oreilles destines son maniement, mais ces appendices avaient t briss, probablement l'aide d'une pierre arrondie galement en grs qui

  • 46 FOUILLES A DAHCHOUR.

    gisait ct de lui. Il tait orient du nord au sud et portait ses deux extrmits des parties plates, sortes de chevets, spares entre elles par une surface en dos d'ne.

    Dans l'intrieur du sarcophage tait le cercueil de bois, couvert en dos d'ne et sans chevets. Les artes taient toutes garnies d'une bordure d'or, tandis que la face orientale portait les

    Fig. 105.

    oudjas peints, et dors. Le reste du cercueil avait t laiss en bois naturel, sans dessins ni inscrip-tions l'extrieur.

    Les titres, les noms et les prires taient peints l'intrieur du cercueil, deux lignes sur le milieu du couverle, deux sur chacune des grandes faces et quatre sur les petites. Les signes taient peints avec soin et dtails, malheureusement leur conservation et t impossible en l'tat o se trouvait le bois de la caisse; nous avons cependant pu les copier. Ces textes sont les suivants :

  • DPENDANCES DE LA PYRAMIDE D'AMENEMHAT II. 47

    Sarcophage de l\K. PIEDS.

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  • 48 FOUILLES A DAHCHOUR.

    COUVERCLE.

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    La momie, probablement mal prpare, tait jadis recouverte d'un enduit de bitume peint la dtrempe sur une mince couche de pltre fin. Son masque, dont la coiffure portait des bandes d'or et d'azur, tait orn d'yeux monts en argent.

    Un rseau de perles avait t plac sur le milieu du corps, mais il s'tait dcompos et les perles gisaient au milieu des dbris de la momie.

    Aux pieds taient deux bracelets d'or et de perles, aux poignets deux autres dont les fermoirs reprsentent le signe (pi. VII) incrusts de pierreries. Vers la ceinture, j ' a i rencontr une plaque d'argent et quelques pingles du mme mtal trs dcomposes. Le bras gauche portait la saigne un bracelet form de perles et de plaques d'argent. Sur la poitrine se trouvait un collier galement mont en argent.

    Sous la tte de la momie j ' a i rencontr un petit disque en terre noire, destin lui tenir lieu de chevet. La morte tait place sur le dos, la tte lgrement tourne vers l'orient et les deux mains ramenes sur la partie infrieure du ventre la naissance des cuisses.

    A gauche de la momie, j ' a i trouv un flagellum dont les divers lments taient disjoints, un poignard lame de bronze et poigne d'or incrust (pl.VHI), une massue de pierre et des sceptres. A droite et sous la momie tait un instrument de bois dont je n'ai pu reconnatre l 'usage.

    La momie tait rduite non pas l'tat de poussire, car les ossements avaient conserv toute leur solidit, mais en un tat tel que j ' y ai pu fouiller comme je l'eusse fait dans de la terre, de telle sorte que la position de chacun des objets fut releve de suite avec le plus grand soin.

    Les portes qui, de la chambre du tombeau, donnaient accs dans la chambre des offrandes, n'taient pas fermes. Celle du sud tait occupe par un large plat de terre grossire, dans lequel on avait autrefois plac les mets; il contenait encore des os d'oies et d'oiseaux d'eau, tels que des canards ou des sarcelles, espces si nombreuses de nos jours encore dans la valle du Nil.

    Sous ce plat tait un grand nombre de petits instruments de bronze rpandus sur le sol (fig. 106). Dans l'angle du sud-est de la chambre des offrandes, j ' a i trouv la caisse renfermant les quatre

    canopes d'albtre tte humaine : trois d'entre ces figures portent la barbe, la quatrime est im-berbe.

    Entre les portes a et b, contre le mur qui les spare, j ' a i rencontr un amas d'os de buf, restes des provisions.

    Au nord de la caisse canopes et presque contre elle tait un brle-parfum de bronze avec

    i . La copie de ces textes est due M. G. LEGRAIN. Elle a t faite au moment de la dcouverte. Ces textes peints la dtrempe se sont effacs depuis.

  • DPENDANCES DE LA PYRAMIDE D'AMENEMHAT II. 49 son couvercle (fig. 107). Plus loin, deux planchettes portant des vases de terre; dans la porte (b) une petite table brise; contre la paroi sparant les deux portes b et c une autre petite table. Toute

    la partie septentrionale de la chambre renfermait des vases et des amphores, tandis que la porte c tait oc-cupe par le coffret des parfums, contenant huit vases d'albtre portant graves sur le couvercle les indica-tions de la substance qu'ils renfermaient (fig. 108).

    Fig. 106. Fig. 107.

    Autrefois, en disposant les offrandes dans cette chambre, on avait galement plac des toffes dont les dbris gisaient en tas de poussire entre les vases et le brle-parfum de bronze. Un rseau

    Fis . 108.

    de perles mailles s'tendait sur le tout et, avant que les objets eussent t enlevs, j ' en ai not les dtails, afin de le reconstituer tel qu'il est aujourd'hui dans la vitrine du Muse de Gizh.

    D.

  • 5 0 FOUILLES A DAHCHOUR.

    Le catalogue suivant des objets dcouverts dans cette spulture est d M. G. LEGRAIN, t-moin de la dcouverte. Mon collaborateur y a joint frquemment ses impressions personnelles que j ' a i cru devoir respecter en les reproduisant telles qu'il les a crites.

    Tombeau de la princesse Ita, 15 fvrier 1S95.

    On trouva dans le sarcophage de grs que les ouvriers venaient d'ouvrir un beau cercueil de bois, plaqu de feuilles d'or sur ses artes. Ces feuilles taient rayes de cinq traits horizontaux pour toute ornementation.

    A gauche tait le tableau ordinaire : ^% (fig. 109).

    Fig. 109.

    A droite se rencontra une pierre de grs ronde qui avait jadis servi cheviller la bote fu-nbre. ' Le couvercle en dos d'ne tant enlev, on put lire sur les bords internes du cercueil et au fond mme du dit couvercle les inscriptions reproduites, page 47 :2

    La momie tait tendue, la tte tourne vers le nord. C'tait un assemblage difforme d'toffes, de cartonnages faits de stuc et de linges assembls,

    o scintillaient quelques lgres feuilles d'or; en haut mergeait tant bien que mal un masque cras aux yeux de calcaire et de quartz sertis d'argent. La coiffure tait bandes gales, bleues et or.

    Le corps tait cal dans le cercueil par des toffes tamponnes. D'autres taient tendues sur le corps. Elles taient pour la plupart d'une grande finesse, en pices, telles au sortir du mtier, non tailles.

    En-dessous, et pos directement sur le corps, tait un rseau de perles que nous dcrirons plus loin (n 12).

    On ne saurait s'imaginer le mauvais tat de conservation des momies de Dahchour. A l'ou-verture de chaque cercueil, laquelle il m'a t donn d'assister, j ' a i toujours t frapp de l'af-faissement du cadavre. Il n'est nullement emmaillott comme les momies d'poque postrieure, mais bien pris dans une gane stuque le plus souvent dore qui moulait peu prs ses formes. Cette gane fragile s'est croule par la suite des temps et aussi peut-tre cause de la dcomposition du cadavre mal prpar. Nous n'avons pas l des momies telles que les taricheutes thbains nous en prparrent quelques sicles plus tard. Les chairs sont comme une sorte de rsine bruntre qui se brise au moindre choc, au moindre attouchement, laissant les os nu. Le corps s'effondre et c'est dans un amas confus de dtritus que l'on doit recherche