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33 es Journées Scientifiques de Thérapie Comportementale et Cognitive © AFTCC, Paris, 2005 Journal de Thérapie Comportementale et Cognitive 2005, 15, Hors Série, 7-9 Résumés des communications CONFÉRENCES CONFÉRENCE 1 Imagerie cérébrale et troubles du développement chez l’enfant M. ZILBOVICIUS INSERM-CEA ERM0205, Service Hospitalier Frédéric Joliot, Orsay. L’autisme infantile est reconnu comme un trouble sévère, global et précoce du développement de l’enfant lié à un dysfonctionnement cérébral. Il associe des déficits compor- tementaux et cognitifs sévères à une absence d’anomalies morphologiques cérébrales flagrantes. Ainsi, récemment, des études d’imagerie fonctionnelle (TEP) au repos ont mis en évidence une diminution significative du débit sanguin cérébral localisée au niveau du lobe temporal (gyrus et sillon temporal supérieur) chez les enfants autistes (Zilbo- vicius et coll., 2000). Ces résultats ont été confirmés par l’étude d’une équipe japonaise en SPECT (Ohnishi et coll., 2000). Cette anomalie a pu être détectée de façon individuelle chez 25 autistes sur 32 soit 76 % des enfants étudiés. Le gyrus et le sillon tempo- ral supérieur jouent un rôle essentiel dans le traitement des in- formations auditives et dans l’intégration de plusieurs modalités sensorielles. Ils interviennent aussi dans la « perception sociale » (traitement d’informations comme le regard, l’expression faciale ou la posture nécessaires à l’analyse des dispositions et des inten- tions d’autrui ; Allison et coll., 2000). En IRM anatomique, la possibilité de réaliser une morphométrie en tout point du cerveau après une segmentation automatique entre la substance grise et la substance blanche a ouvert une nouvelle voie dans la recherche des anomalies structurales subti- les. Cette nouvelle méthode nous a permis de mettre en éviden- ce une diminution bilatérale de la substance grise localisée dans la région temporale supérieure chez 21 enfants autistes d’âge scolaire comparés à 10 enfants normaux. La localisation de cette anomalie structurelle coïncide avec celle des anomalies fonction- nelles observées en TEP et en SPECT (Boddaert et coll., 2004). Enfin, il existerait une aire spécialisée dans la perception de la voix humaine, localisée dans le sillon temporal supérieur (Belin et coll., 2000). Nous avons montré que cette aire spéci- fique du traitement de l’information vocale ne s’active pas chez les autistes lorsqu’ils écoutent la voix humaine (Gervais et coll., 2004). Un dysfonctionnement de ces régions temporales expliquerait les difficultés de communication de l’autiste et le caractère inhabituel de leurs réactions aux sons. Ces anomalies localisées du DSC ainsi que les anomalies de la réactivité corticale corroborent certaines observations cli- niques, neurophysiologiques et cognitives essentielles de l’autisme de l’enfant. Enfin, une meilleure caractérisation de ces anomalies fonctionnelles devra permettre d’intégrer les données de l’imagerie dans les recherches cliniques, génétiques et thérapeutiques concernant l’autisme infantile. Mots-clés : autisme, imagerie cérébrale, TEP.

Imagerie cérébrale et troubles du développement chez l’enfant

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33es Journées Scientifiquesde Thérapie Comportementale

et Cognitive

© AFTCC, Paris, 2005 Journal de Thérapie Comportementale et Cognitive 2005, 15, Hors Série, 7-9

Résumés des communications

CONFÉRENCES

CONFÉRENCE 1

Imagerie cérébrale et troubles du développement chez l’enfant

M. ZILBOVICIUS

INSERM-CEA ERM0205, Service Hospitalier Frédéric Joliot,Orsay.

L’autisme infantile est reconnu comme un trouble sévère,global et précoce du développement de l’enfant lié à undysfonctionnement cérébral. Il associe des déficits compor-tementaux et cognitifs sévères à une absence d’anomaliesmorphologiques cérébrales flagrantes.

Ainsi, récemment, des études d’imagerie fonctionnelle (TEP) aurepos ont mis en évidence une diminution significative du débitsanguin cérébral localisée au niveau du lobe temporal (gyruset sillon temporal supérieur) chez les enfants autistes (Zilbo-vicius et coll., 2000). Ces résultats ont été confirmés par l’étuded’une équipe japonaise en SPECT (Ohnishi et coll., 2000). Cetteanomalie a pu être détectée de façon individuelle chez 25 autistessur 32 soit 76 % des enfants étudiés. Le gyrus et le sillon tempo-ral supérieur jouent un rôle essentiel dans le traitement des in-formations auditives et dans l’intégration de plusieurs modalitéssensorielles. Ils interviennent aussi dans la « perception sociale »(traitement d’informations comme le regard, l’expression facialeou la posture nécessaires à l’analyse des dispositions et des inten-tions d’autrui ; Allison et coll., 2000).

En IRM anatomique, la possibilité de réaliser une morphométrieen tout point du cerveau après une segmentation automatiqueentre la substance grise et la substance blanche a ouvert unenouvelle voie dans la recherche des anomalies structurales subti-les. Cette nouvelle méthode nous a permis de mettre en éviden-ce une diminution bilatérale de la substance grise localisée dansla région temporale supérieure chez 21 enfants autistes d’âgescolaire comparés à 10 enfants normaux. La localisation de cetteanomalie structurelle coïncide avec celle des anomalies fonction-nelles observées en TEP et en SPECT (Boddaert et coll., 2004).

Enfin, il existerait une aire spécialisée dans la perception dela voix humaine, localisée dans le sillon temporal supérieur(Belin et coll., 2000). Nous avons montré que cette aire spéci-fique du traitement de l’information vocale ne s’active paschez les autistes lorsqu’ils écoutent la voix humaine (Gervaiset coll., 2004). Un dysfonctionnement de ces régions temporalesexpliquerait les difficultés de communication de l’autiste et lecaractère inhabituel de leurs réactions aux sons.

Ces anomalies localisées du DSC ainsi que les anomalies dela réactivité corticale corroborent certaines observations cli-niques, neurophysiologiques et cognitives essentielles del’autisme de l’enfant. Enfin, une meilleure caractérisation deces anomalies fonctionnelles devra permettre d’intégrer lesdonnées de l’imagerie dans les recherches cliniques, génétiqueset thérapeutiques concernant l’autisme infantile.

Mots-clés : autisme, imagerie cérébrale, TEP.