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Le royaumedu Cœlacanthe
Nathalie Viviant
3.96 473351
----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Tremplin
[Roman (134x204)] NB Pages : 36pages
- Tranche : 2 mm + nb pages x 0,055 mm) = 3.96----------------------------------------------------------------------------
Le royaume du Cœlacanthe
Nathalie Viviant
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A Thomas et Issa
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Depuis plus de trois cents millions d’années dans
les profondeurs de l’océan existe un monde encore
inexploré. Cet univers est protégé par d’immenses
falaises où la lumière du soleil ne vient jamais. C’est
l’habitat secret d’êtres magiques et mystérieux.
Lorsque la terre s’est formée, elle était entièrement
recouverte par les océans. Elle a vu apparaître les
premières espèces vivantes dont un poisson énorme.
De livrée bleu sombre et parsemé de taches
blanches, il a commencé son règne dans ce royaume
paisible. C’est une faille béante au plus profond de
l’océan, un immense canyon s’étendant sur des
milliers de kilomètres, formé de lave et de brèches
étranges qui masquent des aplombs rugueux, et des
falaises vertigineuses.
Ce royaume est celui du Cœlacanthe…
Une légende ancienne raconte qu’il y a soixante-
cinq millions d’années alors que les premiers
continents étaient apparus, les poissons et les
créatures marines vivaient en harmonie dans la mer.
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Pourtant un jour, ils découvrirent qu’à la surface
de l’eau existait un monde de lumières aux reflets
changeants. La température de l’océan devenait plus
douce lorsqu’on s’en approchait.
Cette découverte bouleversa à tout jamais l’ordre
des choses et la vie marine.
La conquête de la lumière devint un objet de
convoitise et certains poissons rêvaient de l’attraper
pour s’en confectionner des parures aux couleurs
chatoyantes.
Dans les profondeurs de l’océan, chaque espèce
avait des caractères physiques propres et des formes
différentes ; mais leur teinte était la même que toutes
celles des autres : bleu océan.
La rumeur se propagea dans l’immensité salée.
Chacun voulut se rendre au plus près de la surface
pour apercevoir le spectre lumineux. Découvrir ce
monde coloré où les verts, les bleus, les rouges, les
jaunes, les violets se mêlent les uns avec les autres
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pour créer des palettes aux nuances sans cesse
renouvelées par l’action complémentaire du soleil et
des nuages.
Chaque jour, plus nombreux étaient les poissons
qui s’y aventuraient. Au péril de leur vie, ils partaient
sur le chemin de la lumière. Durant ce voyage long et
fatiguant, les poissons s’éloignaient des profondeurs,
affrontant les courants turbulents, le manque de
nourriture, et les tourbillons qui se déchaînaient par
endroits.
Les continents naissaient dans le plus grand chaos.
Les mouvements des plaques terrestres donnaient
naissance aux volcans, aux montagnes, modifiant le
relief sur terre et dans la mer.
Beaucoup ne survivaient pas. De par leur
morphologie inadaptée, leur épuisement, la dangerosité
du périple, ils s’éteignaient avant même d’avoir pu
apercevoir une lueur de cet espace multicolore qui les
faisait tant rêver.
Les poissons qui par leur audace ou leur ténacité
revenaient, entonnaient des récits surprenants de leurs
aventures. On inventa même de nouveaux mots pour
décrire la multitude des effets colorés.
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Aux portes du royaume, le roi Cœlacanthe n’avait
pas eu connaissance de tous ces bouleversements. Il
revenait d’une longue période de méditation et fut
surpris du désordre que cela occasionnait dans
l’immense territoire dont il était le garant. Riche de sa
sagesse, il avait toujours su donner des conseils justes
et bienveillants pour que toutes les espèces puissent
cohabiter dans une grande tolérance. De nature
joviale, son sourire ne laissait aucun poisson
indifférent. On disait qu’il faisait frétiller la plus
petite des arêtes de celui qui le recevait.
La situation était préoccupante. Soucieux, le roi fit
venir dans la grande grotte tous les êtres vivants de
l’univers marin. Il souhaitait écouter la parole de
chacun et comprendre ce qui les incitait à vouloir
risquer tant de périls.
Les médulonefs parlèrent les premières. Ancêtres
des méduses, elles étaient nombreuses à avoir fait le
voyage. Leur corps en forme de montgolfière leur
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permettait de pouvoir se diriger facilement dans les
courants importants. Elles expliquèrent la beauté des
couleurs. Elles pensaient la douce chaleur du soleil
réchauffant les eaux de surface propice au
développement de leur espèce.
Ensuite, vint le tour des femelles hippocampes au
caractère très rebelle. De petite taille mais des plus
téméraires, elles accomplissaient toutes les missions
de reconnaissances aux frontières du royaume.
C’étaient leurs époux qui pouponnaient leurs
progénitures. Le roi ne fut pas surpris qu’elles soient
les plus nombreuses à vouloir tenter le voyage :
c’était le goût de l’aventure qui les motivait.
Après, ce fut le tour des poissons-anges. Possédant
un regard enjôleur, ils n’avaient rien à envier à leurs
cousins germains les poissons-clowns. Plus malins et
aussi drôles, ils s’épargnaient les réprimandes en
usant de leurs charmes. Ils souhaitaient se
confectionner des ailes de lumière… et voleter dans le
ciel marin.
Les poissons-papillons suivirent, et eux, voulaient
attraper les couleurs pour en maquiller leurs écailles,
la coquetterie était née !!!
Les poissons-cannelle imaginaient pouvoir
mélanger la lumière aux cristaux qu’ils fabriquaient.
Ils broyaient des galets de lave et en saupoudraient le
sol marin. Nous connaissons aujourd’hui cette fine
matière sous le nom de sable…
Le récit des dipneustes captiva l’attention du roi
Cœlacanthe. Ils descendaient d’une lignée aussi
ancienne que la sienne. Leur porte-parole, Dipnos,
était son ami d’enfance.