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41 pratique vétérinaire Actualités pharmaceutiques n° 489 Octobre 2009 Le chien est l’animal de compagnie le plus répandu. Pour autant, il n’est pas rare que les propriétaires rapportent à l’officine des troubles du comportement de leur compagnon. Voici un tour d’horizon des principales pathologies comportementales afin de répondre au mieux aux demandes de vos clients. L e chien est une espèce “sociale” dont la vie en groupe est structurée par la mise en place d’une hiérarchie bien définie. Les principaux troubles du comportement rencontrés dans l’espèce canine seront parcourus ici sous forme de cas cliniques pouvant être rencontrés au comptoir. Mais il convient auparavant de détailler les diffé- rentes étapes du développement du chien qui vont influencer de manière très forte la vie sociale de l’animal adulte. Développement du chien Quatre grandes périodes de durée inégale peuvent être différenciées : les périodes prénatale, néonatale, de transition et de socialisation. La période prénatale C’est lors de la période in utero que vont se développer les sens tactile, gustatif et émotionnel du futur chiot. Il est donc très important de : – caresser le ventre de la chienne gestante plusieurs fois par jour (dès le 45 e jour de ges- tation) afin de permettre la mise en place des seuils de sensibilité tactile du futur nouveau-né. Ce dernier aura ainsi une tolé- rance accrue aux manipulations ; – limiter le stress chez la mère car celui-ci est ressenti par le fœtus. La période néonatale La période néonatale s’étend de la naissance à l’ouverture des yeux, soit à environ J15. C’est durant cette période que l’attachement de la mère à ses chiots s’établit. À ce stade, cet attachement est à sens unique. Si les sens tactile et gustatif sont déjà dévelop- pés, la période néonatale est marquée par le développement des compétences senso- rielles et motrices ; il est donc important de respecter le temps de sommeil des chiots et de continuer à les caresser régulièrement. La période de transition La période de transition s’étend de l’ouver- ture des yeux jusqu’à l’apparition de l’audi- tion, soit à environ J21. Elle marque l’achèvement du développe- ment cortical. Durant cette période, le chiot développe un attachement fort à sa mère, c’est le début de l’imprégnation à l’espèce. La mère devient le repère rassurant à partir duquel le chiot va commencer à explorer l’environnement. Il en découle l’importance de laisser les chiots au contact permanent de la mère. Dans le cas où cela est impossible (mère décédée par exemple), les chiots doivent être mis en pré- sence d’adultes de la même espèce normo- socialisés, afin de réaliser leur éducation. La période de socialisation La période de socialisation s’étend de J21 au 3 e mois. C’est durant cette période (la plus longue) que le chiot va véritablement acquérir ses comportements spécifiques. Socialisation intraspécifique Dans la socialisation intraspécifique, le chiot va s’identifier à l’espèce canine. Socialisation interspécifique La socialisation interspécifique est moins facile à réaliser et moins stable que la socia- lisation intraspécifique et nécessite des rap- pels fréquents. Cette socialisation permet de prévenir les comportements de prédation vis-à-vis d’une autre espèce animale (le chat notamment), mais également les phobies sociales (peur des enfants). Il est donc impor- tant de mettre le chiot, dès la fin du premier mois de vie, en contact avec d’autres ani- maux : chat, lapin, oiseaux, ainsi que de le familiariser avec les différents membres de la famille (bébé, enfants, homme à barbe, homme à grosse voix...). La socialisation interspécifique étant plus sensible aux expé- riences défavorables, si le chien est méfiant vis-à-vis d’un individu, il faut réitérer le contact jusqu’à acclimatation complète du chiot. Acquisition des autocontrôles Par autocontrôles, on entend “signaux d’ar- rêt”. L’acquisition de ces signaux nécessite un apprentissage de la part de la mère ou d’un autre adulte régulateur qui sanctionne les comportements exagérés et permet d’évi- ter les morsures non contrôlées, fortes, les jeux violents et l’hypermotricité. Lors de ces punitions, la mère va enseigner au chiot la posture de soumission (sur le dos immobile), essentielle à la régulation des interactions intraspécifiques agressives. Les autocontrô- les doivent être acquis avant l’âge de 2 mois, un déficit d’autocontrôles ayant pour consé- quence le développement d’un syndrome d’hypersensibilité-hyperactivité (HSHA). Il est donc essentiel de laisser le chiot avec toute sa fratrie en contact avec la mère jusqu’à 7 semaines minimum. Il faut aussi que la mère ne soit pas elle-même hyperactive ou débor- dée (fratrie trop nombreuse). Certaines races, Les troubles du comportement du chien © Fotolia.com/Photosani Dans la socialisation intraspécifique, le chiot va s’identifier à l’espèce canine.

Les troubles du comportement du chien

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Actualités pharmaceutiques • n° 489 • Octobre 2009

Le chien est l’animal

de compagnie le plus répandu.

Pour autant, il n’est pas

rare que les propriétaires

rapportent à l’offi cine

des troubles du comportement

de leur compagnon.

Voici un tour d’horizon

des principales pathologies

comportementales

afi n de répondre au mieux

aux demandes de vos clients.

Le chien est une espèce “sociale” dont la vie en groupe est structurée par la mise en place d’une hiérarchie bien

défi nie.Les principaux troubles du comportement rencontrés dans l’espèce canine seront parcourus ici sous forme de cas cliniques pouvant être rencontrés au comptoir. Mais il convient auparavant de détailler les diffé-rentes étapes du développement du chien qui vont infl uencer de manière très forte la vie sociale de l’animal adulte.

Développement du chienQuatre grandes périodes de durée inégale peuvent être différenciées : les périodes prénatale, néonatale, de transition et de socialisation.

La période prénataleC’est lors de la période in utero que vont se développer les sens tactile, gustatif et émotionnel du futur chiot. Il est donc très important de :– caresser le ventre de la chienne gestante plusieurs fois par jour (dès le 45e jour de ges-tation) afi n de permettre la mise en place des seuils de sensibilité tactile du futur nouveau -né. Ce dernier aura ainsi une tolé-rance accrue aux manipulations ;– limiter le stress chez la mère car celui-ci est ressenti par le fœtus.

La période néonataleLa période néonatale s’étend de la naissance à l’ouverture des yeux, soit à environ J15.C’est durant cette période que l’attachement de la mère à ses chiots s’établit. À ce stade, cet attachement est à sens unique. Si les sens tactile et gustatif sont déjà dévelop-pés, la période néonatale est marquée par le développement des compétences senso-rielles et motrices ; il est donc important de respecter le temps de sommeil des chiots et de continuer à les caresser régulièrement.

La période de transitionLa période de transition s’étend de l’ouver-ture des yeux jusqu’à l’apparition de l’audi-tion, soit à environ J21.Elle marque l’achèvement du développe-ment cortical. Durant cette période, le chiot développe un attachement fort à sa mère, c’est le début de l’imprégnation à l’espèce. La mère devient le repère rassurant à partir duquel le chiot va commencer à explorer l’environnement.Il en découle l’importance de laisser les chiots au contact permanent de la mère. Dans le cas où cela est impossible (mère décédée par exemple), les chiots doivent être mis en pré-sence d’adultes de la même espèce normo-socialisés, afi n de réaliser leur éducation.

La période de socialisationLa période de socialisation s’étend de J21 au 3e mois.C’est durant cette période (la plus longue) que le chiot va véritablement acquérir ses comportements spécifi ques.• Socialisation intraspécifi queDans la socialisation intraspécifi que, le chiot va s’identifi er à l’espèce canine.

• Socialisation interspécifi queLa socialisation interspécifique est moins facile à réaliser et moins stable que la socia-lisation intraspécifi que et nécessite des rap-pels fréquents. Cette socialisation permet de prévenir les comportements de prédation vis-à-vis d’une autre espèce animale (le chat notamment), mais également les phobies sociales (peur des enfants). Il est donc impor-tant de mettre le chiot, dès la fi n du premier mois de vie, en contact avec d’autres ani-maux : chat, lapin, oiseaux, ainsi que de le familiariser avec les différents membres de la famille (bébé, enfants, homme à barbe, homme à grosse voix...). La socialisation interspécifi que étant plus sensible aux expé-riences défavorables, si le chien est méfi ant vis-à-vis d’un individu, il faut réitérer le contact jusqu’à acclimatation complète du chiot.• Acquisition des autocontrôlesPar autocontrôles, on entend “signaux d’ar-rêt”. L’acquisition de ces signaux nécessite un apprentissage de la part de la mère ou d’un autre adulte régulateur qui sanctionne les comportements exagérés et permet d’évi-ter les morsures non contrôlées, fortes, les jeux violents et l’hypermotricité. Lors de ces punitions, la mère va enseigner au chiot la posture de soumission (sur le dos immobile), essentielle à la régulation des interactions intraspécifi ques agressives. Les autocontrô-les doivent être acquis avant l’âge de 2 mois, un défi cit d’autocontrôles ayant pour consé-quence le développement d’un syndrome d’hypersensibilité-hyperactivité (HSHA). Il est donc essentiel de laisser le chiot avec toute sa fratrie en contact avec la mère jusqu’à 7 semaines minimum. Il faut aussi que la mère ne soit pas elle-même hyperactive ou débor-dée (fratrie trop nombreuse). Certaines races,

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comme le labrador, autorisent des déborde-ments de la part du chiot plus importants ; le maître doit alors rattraper ce laisser-aller, lors des premières semaines qui suivent l’adoption, en punissant systématiquement les mordillements lors de jeu.• Acquisition de l’homéostasie sensorielleLes stimulations diverses et variées d’in-tensité variable permettent au chiot de se créer tout un registre de bruits et de matiè-res. S’il est élevé en milieu hypostimulant ou élevé par une mère très peureuse (cas typi-que du chiot élevé à la campagne qui est adopté par une personne vivant à la ville), le chiot présentera une réaction de peur à chaque stimulus excédant son niveau moyen de tolérance, jusqu’à l’apparition d’un état phobique. C’est le cas lors du syndrome de privation sensorielle.• Apprentissage des relations socialesDes règles de hiérarchisation sont indis-pensables à la vie en société du chien, ces règles sont régies par toutes sortes de rituels qui doivent être acquis parfaitement par le chiot. Ces rituels ont donc un rôle de com-munication, de cohésion sociale ou encore d’anxiolytique. L’absence de communication entre deux chiens favorise la dyssocialisa-tion primaire (le chien ne se reconnaît pas en tant que tel et agresse systématiquement les autres chiens qu’il rencontre, ne connaissant pas les langages de cette espèce, les morsu-res vont être assez violentes, pouvant même entraîner la mort du rival), cette affection est heureusement assez rare. Elle est surtout liée à une séparation précoce du chiot avec sa mère et à sa mise en lots sans adulte régula-teur (groupe de chiots en animalerie).C’est durant cette étape qu’a lieu le détache-ment de la mère pour ses chiots. Elle refuse de les allaiter et les repousse. Le sevrage est alors total et le chiot peut enfin être adopté.La prévention des troubles du comporte-ment passe par une bonne connaissance des étapes du développement.

Quelques cas typiques « Mon chien ne peut pas rester seul : il fait des dégâts, est malpropre et aboie sans cesse »C’est ce qu’on appelle classiquement “l’an-xiété de séparation”, mais il peut s’agir en fait de différents syndromes.

• L’anxiété de séparation due à la per-sistance du lien d’attachement primaire (au-delà de la puberté) est une maladie qui se fait de plus en plus rare. Le chien est resté juvénile (mâle qui ne lève pas la patte quand il urine, femelle qui ne vient pas en chaleur, mictions émotionnelles, léchage des indivi-dus, appels au jeu incessants...), extrême-ment attaché à son maître depuis toujours et uniquement à lui. Ceci est la conséquence d’une absence de détachement réalisé par la mère (celle-ci rejette normalement ses chiots à la période pubertaire), due à un mauvais maternage de celle-ci ou à une adoption trop précoce.Les signes sont caractéristiques en l’ab-sence du propriétaire : le chien détruit les objets de son maître ainsi que les issues si elles portent son odeur, il gémit (ce ne sont pas des aboiements classiques) et urine ou défèque en errant dans la maison (souillures disséminées, avec des selles molles dues au stress). Il est particulièrement excité au départ et au retour du propriétaire et fait la fête de manière exagérée. Une fois dans les bras, il est apaisé.Le pronostic est très bon et le traitement passe par une thérapie de détachement associée à l’administration d’un psycho-trope. Le médicament le plus utilisé dans cette affection est la clomipramine à la dose de 2 à 4 mg/kg (en 2 prises) pendant au mini-mum 3 mois (un sevrage est conseillé en fi n de traitement avec une demi-dose pendant le quart de la durée du traitement). On peut également utiliser un inhibiteur sélectif de recapture de la sérotonine ou ISRS (fl uoxé-tine, fl uvoxamine) ou la sélégiline. L’adminis-tration d’un psychotrope doit toujours être associée à la phéromonothérapie (diffuseur ou collier DAP® qui relarguent des phéromo-nes d’apaisement au chien, il s’agit de phé-romones dégagées au niveau des mamelles de la mère durant la lactation) et à une thé-rapie comportementale. Dans ce cas, il faut mettre en place une thérapie de détachement qui consiste à refuser les contacts avec le chien, à ne pas répondre à ses sollicitations de caresses, le repousser quand il vient se “coller”, mais parallèlement, l’appeler autant que possible pour lui faire une caresse ou jouer. Il faut également que le maître ignore le chien un quart d’heure avant son départ, voire qu’il l’envoie se coucher dans son panier en

restant ferme, qu’il parte sans un regard. De même, au retour, il doit l’envoyer dans son panier, ne pas répondre à ses sollicitations et ne l’appeler pour lui faire une caresse qu’une fois le chien calmé. Les thérapies comporte-mentales sont souvent très diffi ciles à faire accepter par les propriétaires car ils ont l’im-pression de punir leur chien, le rendre triste et que celui-ci ne les aimera plus. Il convient de bien leur expliquer que c’est pour le bien de leur animal, qu’il sera apaisé quand il aura trouvé sa place et que ça ne change rien à l’amour réciproque qui les unit.• Un hyperattachement secondaire à une anxiété ou une dépression est un phéno-mène beaucoup plus fréquent. Il s’agit de chiens adultes dont le détachement a été correctement réalisé, qui allaient très bien pendant plusieurs années et qui, du jour au lendemain, manifestent un hyperattachement secondaire à un traumatisme ou à un défi cit ontogénique. Dans ce cas, il n’y a pas un seul être d’attachement mais plusieurs et l’atta-chement n’est pas réciproque (contrairement à l’anxiété de séparation) car le maître est las et souvent exaspéré. C’est un cas typique après un abandon et l’adoption dans un refuge (traumatisme psychologique du chien), ou après une anxiété non traitée.Dans ce cas, le pronostic est moins bon. Le traitement passe par un psychotrope (ISRS) en une seule prise le matin en cas d’anxiété associée ou la sélégiline en cas de dépression associée ; pour les dépres-sions d’involution on peut délivrer Novifi t® ou Sénilife®). Il faut absolument éviter la thérapie de détachement qui n’aurait pour conséquence que d’aggraver la dépression associée (d’où l’importance de bien faire la distinction avec l’anxiété de séparation). Mais il faut dire au propriétaire d’instaurer des contacts réguliers et apaisants avec son animal. Les jeux, promenades, même à l’initiative du chien, sont conseillés et surtout éviter les réprimandes.

« Mon chien dégrade les portes quand je m’absente, il est malpropre et aboie »Il faut bien faire la différence avec le cas pré-cédent en posant une série de questions au propriétaire. Ici, le chien dégrade de manière importante les issues, aboie furieusement, voire grogne en l’absence des propriétaires

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et défèque ou urine en grosses quantités à des endroits bien voyants.Il s’agit de chiens bien adultes (aucun compor tement de chiot) qui peuvent avoir des comportements agressifs envers leur maître (contrairement à l’hyperattachement) en relation avec la hiérarchie. Dans ce cas, le chien souffre de sociopathie, c’est-à-dire qu’il n’est pas à sa place de chien mais essaie d’être le chef de famille. Le chien prend alors l’initiative dans différents domaines (prérogatives de dominance) : il demande à jouer, à faire des câlins, à sortir, à manger... et refuse d’effectuer un acte quand l’initiative vient des maîtres.Ici, il y a bien un risque pour la famille puis-que le chien peut être agressif (on parle d’agression hiérarchique car elle survient quand un membre de la famille “transgresse les règles”).Le pronostic est assez bon si le traitement est précoce : il doit passer par la délivrance d’un psychotrope (carbamazépine, sélégi-line ou ISRS selon le cas) pendant plusieurs mois associé à une thérapie comportemen-tale de régression sociale dirigée (le chien doit reprendre sa place d’animal de com-pagnie et non de chef de meute). Cette thé-rapie a pour but de retirer au chien les pré-rogatives de dominant qu’il s’est octroyé. Pour cela :– son panier doit être placé dans le coin d’une pièce au calme et non dans un lieu de pas-sage, devant une porte ou dans l’entrée ;– il doit manger après ses maîtres, en l’absence de ceux-ci (le dominant mange lentement, uni-quement en la présence des autres membres du groupe). S’il refuse de manger, la gamelle est retirée au bout d’une trentaine de minutes. Ne rien donner au chien à table et l’envoyer se coucher dans son panier s’il réclame ;– toujours prendre l’initiative des contacts. Quand le chien demande, l’envoyer dans son panier puis le rappeler quelques minu-tes plus tard pour lui faire une caresse ou jouer ;– rester tous unis devant le chien en faisant face jusqu’à ce qu’il obéisse. Attention toute-fois, lorsque l’on donne un ordre, à ce que le chien puisse toujours trouver un moyen de fuir, car s’il se sent piégé sans pouvoir se souscrire à la menace, il est probable qu’il agresse par peur (ce n’est alors plus une agression hiérarchique).

« Mon chien a tendance à tout manger et il cause des destructions en mon absence »Si le chien est jeune, il s’agit d’un défi cit d’autocontrôles, s’il est âgé, on est face à une dépression d’involution.• Dans le cas du défi cit d’autocontrôles, le chien cherche à s’apaiser en mâchonnant tout ce qu’il trouve. Il vole un objet pour jouer, initie une course-poursuite avec son maî-tre pour récupérer cet objet. Lors de cette course-poursuite, on peut remarquer de nom-breuses postures d’appel au jeu (chien avec l’arrière-train levé, les antérieurs fl échis et qui frétille de la queue et de la tête). Il peut ingérer des morceaux après s’être excité sur eux.Le traitement repose sur l’administration d’ISRS et une thérapie par le jeu contrôlé ayant pour but d’apprendre au chien les autocontrô-les et d’arrêter les mordillements lors d’exci-tation. Il faut solliciter le chien pour jouer mais dès que celui-ci montre des signes d’excitation importants (mydriase, vocalises, brutalités), il convient de dire « non » sèchement et d’arrêter le jeu en s’en allant et en ignorant le chien, puis de le rappeler quand il s’est calmé et de recommencer la séquence de jeu.• Lors de dépression d’involution, le chien ingère tout ce qu’il trouve : il recommence son exploration orale (comme les jeunes chiots). Il faut traiter la cause organique si possible (dysendocrinie), y ajouter un anti-dépresseur et une thérapie anxiolytique par le jeu qui a pour but de divertir l’animal par le jeu (tous les jeux sont les bienvenus).

« Mon chien a peur de tout »Les causes peuvent être très diverses : syndrome de privation (c’est un trouble du développement caractérisé par des mani-festations de peur existant depuis le plus

jeune âge), anxiété intermittente, dépres-sion chronique. Le traitement peut passer par l’association de phéromones (ayant pour but d’apaiser et de rassurer le chien) sous forme de collier ou de diffuseur, d’un anxio-lytique (ISRS ou sélégiline) et d’une théra-pie de désensibilisation et de contre-con-ditionnement. Lors de cette thérapie, il faut envoyer le stimulus de peur au chien d’abord à très faible intensité puis augmenter pro-gressivement l’intensité tout en veillant à ne pas entraîner de peur chez lui. Pendant que le stimulus lui est envoyé, il faut l’occuper par le jeu afi n de le soustraire du contexte anxiogène.

« Mon chien tourne sans cesse après sa queue »Là encore, différentes causes sont pos-sibles : un défi cit d’autocontrôles chez un jeune chien qui ne cesse de tourner et d’être excité, une stéréotypie de contrainte chez un chien vivant dans un lieu restreint sans grande occupation, une anxiété, un syn-drome dissociatif (rare) quand le chien prend sa queue pour une proie et qu’il cherche à la manger (agression violente de sa queue).Hormis dans le dernier cas où la guérison est diffi cile, le tournis du chien peut se contrô-ler avec une thérapie comportementale (jeu contrôlé et ignorer le chien quand il com-mence à tourner) associée à un diffuseur de phéromones et un psychotrope.

ConclusionSi ces quelques cas de troubles du com-portement notés chez le chien sont parmi les plus fréquents, beaucoup d’autres exis-tent et quand un doute subsiste, il convient d’orienter le client chez son vétérinaire traitant pour une consultation spécialisée. Le traitement des troubles comportemen-taux repose sur trois grands principes : une thérapie comportementale indispensable, longue et fastidieuse pour les propriétaires, un psychotrope afi n de faciliter la réceptivité du chien à la thérapie comportementale, et des phéromones ayant des propriétés apai-santes pour le chien. �

Ségolène Courtin-Donas

Docteur en pharmacie, docteur vétérinaire,

Sainte-Foy-lès-Lyon (69)

[email protected]

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