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Leucemie aigui promyelocytaire: traitement de la rechute un stade moleculaire Les LAM3 sont caracterisees par la presence d'une transloca- tion chromosomique, la t(15;17), creant un gene de fusion entre les genes PML et RARaiph a. Le trans- crit de fusion correspondant est detectable par RT-PCR et I'evo- lution du taux de ce transcrit fait desormais partie du suivi de ces patients (pts). Les taux de gueri- son actuels sont d'au moins 70 O/o en cas de traitement reposant sur une association d'ATRA (acide tout-trans retind~que) et de chi- miotherapie. Environ 30 0/o des pts rechutent et certaines equipes ont pu correler de fa?on tres nette la reapparition, a un seul detectable, du transcrit et la survenue, deca- lee, d'une rechute. Uetape sui- vante, Iogique, etait le traitement de la rechute & un stade moleou- laire en esperant A la fois une meilleure tolerance du traitement, chez des patients encore en remission cytologique, et un meilleur contr61e de la maladie. Quatorze pts en rechute molecu- laire ont ainsi ete traites par une equipe italienne. Tous les pts avaient initialement ete mis en remission complete (RC) par une association ATRA + idarubicine. Des prelevements medullaires pour recherche de la maladie residuelle etaient effectues tousles 2 A 3 mois la premiere annee, tousles 4 mois la deuxieme annee, puis tous les 6 mois. La rechute moleculaire est definie par la reapparition du transcrit A un seuil de 10 -4, confir- mee sur un second prelevement 2 A 4 semaines apres. La duree mediane de la premiere RC etait de 7,5 mois (2-25). Les pts sont alors traites par ATRA pendant 1 mois, puis par chimiotherapie. Les pts en RC2 sont ensuite consolides par autogreffe de moelle. Une RC2 est obtenue chez 12 pts (86 %) dont 8 vont recevoir I'autogreffe prevue. Dix de ces pts sont en RC2 conti- nue et 2 ont rechute. La survie esti- mee a 2 ans est de 92 O/o pour I'en- Vaccination anti-varicelle L a vaccination contre la varicelle est large- ment r#pandue aux Etats-Unis depuis la mise sur le march&, en 1995, du vaccin japonais (souche attenu~e OkaVZV). Plus de 10 millions d'enfants ont ainsi ete vaccines. II avait ~t~ montr# que les fitres moyens d'Ac anti- VZV avaient tendance ~ augmenter avec le temps et ceci avait ~t~ attribue ~ des contacts ult#rieurs avec le virus sauvage. Les essais cliniques (1982, 1987, 1992) effec- tu~s avant la mise sur le march~ ont enr616 4 631 enfants de 1 & 13 ans, b~n~ficiant d'une d~termination du titre d'Ac ~ 6 semaines de la vaccination puis, 1 lois par an, d'un suivi cfi- nique. La fr~quence annuelle d'une varicelle cfi- nique ou d'une augmentation significative du taux d'Ac (d~finie par une &l#vafion de 400 O/o sur 1 an) varie de faGon tr&s nette en fonction du titre initial d'Ac (voir tableau). Cette incidence de varicelle clinique ou d'aug- mentation du taux d'Ac est, chez les sujets ini- tialement mauvais r&pondeurs, tres sup#rieure rexposition annuelle au virus sauvage (estimee ~13%). Ces donn~es sont donc en faveur d'une r#acti- ration du virus vaccinal permettant, in fine, une meilleure immunisation chez des sujets ayant initialement une mauvaise reponse. II faut preci- ser que I'identification du virus ~ I'origine d'une varicelle clinique n'a #t~ faite que chez un seul enfant pour lequel il est d~montr~, par s~quen- qage, qu'il s'agit bien du virus vaccinal. ,4 noter egalement qu'aucune complication n 'a jamais ~t~ rapportee au virus vaccinal. Ce phenomene de reactivation, que I'on aurait pu juger n#gati- vement, peut donc, au contraire, apparaftre comme benefique et laisser esp~rer le maintien d'une bonne immunit# durant toute la vie. Nat. Med. 6 (avri12000) 451-454 t Taux initial < 1,25 p < 2,5 p < 10 p > 10 p I Frdquence observ6e 32,2+4% 24,2_+2,4% 18,8_+1,1% 8,4_+0,6% semble de la cohorte, ce qui apparaft superieur & la survie d'une cohorte historique: 44 % (p < 0,05). Ces resultats sont en faveur d'un traitement precoce de la rechute, des la reapparition du transcrit PML-RARalph a. IIs demandent nean- moins & 6tre confirmes sur un plus large nombre de sujets et avec un recul plus important. Enfin, il est vraisemblable que cette option depende de la technique utilisee pour la detection du transcrit. Certaines equipes utilisant des techniques plus sensibles (seuil de 10 -5, voire de 10 -6) ont en effet I'experience de patients restant positifs pour la detection du trans- crit mais ne rechutant jamais... Blood 94 (01/10/99) 2225-2229 Une bacterie antibacterienne • Les infections intestinales par Shigelle dysenteria et les souches de Escherichia coil pro- ductrices de shiga-toxines (Stx) induisent des colites hemorra- giques et sont associees & des syndromes hemolytiques et ure- miques. Elles sont ainsi respon- sables d'une morbidite notable, voire d'une mortalite, atteignant 5 A 10 %, concernant surtout des patients fragilises. Le rele patho- gene des Stx est bien demontre. Ces toxines, relarguees par les bacteries, sont responsables des lesions de I'epithelium diges- tif et, apres passage dans la cir- culation sanguine, vont se lier & des recepteurs tissulaires au niveau des endotheliums vascu- laires et du parenchyme renal. Ces toxines appartiennent & la meme famille que la toxine cho- lerique et que la toxine thermo- labile de E. coli responsable de la diarrhee des voyageurs. La structure de ces toxines associe un oligomere B, fait de cinq uni- tes, permettant la liaison & un recepteur, de nature lipopoly- saccharidique (globotriosyl ceramide), et une sous-unite A, responsable de I'activite enzy- matique. Awes internalisation, cette sous-unite A inhibe la syn- these proteique de la cellule par clivage des ARN ribosomaux 28S. Deux genes bacteriens, prove- nant de Neisseria meningitidis et de Neisseria gonorrhoeae, ont ete clones dans un vecteur plas- midique utilise ensuite pour trans- former une souche de E. coil Celle-ci acquiert ainsi la possibi- lite de synthetiser le lipopoly- saccharide recepteur de Stx. II est montre que I'affinite de ce recepteur est excellente : 1 mg de bacteries deshydratees fixent 100 mcg de toxine. Experimen- talement, I'administration de bac- teries, tuees ou vivantes, protege la souris d'une dose letale de E. coli productrices de Stx : 100 % de deces avant J6 pour le groupe non traite versus aucun deces pour le groupe traite (p < 0,005). Ces resultats permettent d'en- visager une utilisation en clinique avec comme objectifs, chez des patients dej& infectes, de reduire la morbidite de ces infections sur les terrains fragiles et d'eviter I'evolution vers des syndromes hemolytiques et uremiques et de permettre, en contexte epide- mique, un traitement preventif. Nat. Med. 6 (mars 2000) 265-270 RevueFranoaise des Laboratoires, mai/juin2000, N ° 323 1 5

Leucémie aiguë promyélocytaire : traitement de la rechute à un stade moléculaire

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Leucemie aigui promyelocytaire: traitement de la rechute

un stade moleculaire • Les LAM3 sont caracterisees par la presence d'une transloca- tion chromosomique, la t(15;17), creant un gene de fusion entre les genes PML et RARaiph a. Le trans- crit de fusion correspondant est detectable par RT-PCR et I'evo- lution du taux de ce transcrit fait desormais partie du suivi de ces patients (pts). Les taux de gueri- son actuels sont d'au moins 70 O/o en cas de traitement reposant sur une association d'ATRA (acide tout-trans retind~que) et de chi- miotherapie. Environ 30 0/o des pts rechutent et certaines equipes ont pu correler de fa?on tres nette la reapparition, a un seul detectable, du transcrit et la survenue, deca- lee, d'une rechute. Uetape sui- vante, Iogique, etait le traitement de la rechute & un stade moleou- laire en esperant A la fois une meilleure tolerance du traitement, chez des patients encore en remission cytologique, et un meilleur contr61e de la maladie. Quatorze pts en rechute molecu- laire ont ainsi ete traites par une equipe italienne. Tous les pts avaient initialement ete mis en remission complete (RC) par une association ATRA + idarubicine. Des prelevements medullaires pour recherche de la maladie residuelle etaient effectues tous les 2 A 3 mois la premiere annee, tousles 4 mois la deuxieme annee, puis tous les 6 mois. La rechute moleculaire est definie par la reapparition du transcrit A un seuil de 10 -4, confir- mee sur un second prelevement 2 A 4 semaines apres. La duree mediane de la premiere RC etait de 7,5 mois (2-25). Les pts sont alors traites par ATRA pendant 1 mois, puis par chimiotherapie. Les pts en RC2 sont ensuite consolides par autogreffe de moelle. Une RC2 est obtenue chez 12 pts (86 %) dont 8 vont recevoir I'autogreffe prevue. Dix de ces pts sont en RC2 conti- nue et 2 ont rechute. La survie esti- mee a 2 ans est de 92 O/o pour I'en-

Vaccination anti-varicelle

L a vaccination contre la varicelle est large- ment r#pandue aux Etats-Unis depuis la mise sur le march&, en 1995, du vaccin

japonais (souche attenu~e OkaVZV). Plus de 10 millions d'enfants ont ainsi ete vaccines. II avait ~t~ montr# que les fitres moyens d'Ac anti- VZV avaient tendance ~ augmenter avec le temps et ceci avait ~t~ attribue ~ des contacts ult#rieurs avec le virus sauvage. Les essais cliniques (1982, 1987, 1992) effec- tu~s avant la mise sur le march~ ont enr616 4 631 enfants de 1 & 13 ans, b~n~ficiant d'une d~termination du titre d'Ac ~ 6 semaines de la vaccination puis, 1 lois par an, d'un suivi cfi- nique. La fr~quence annuelle d'une varicelle cfi- nique ou d'une augmentation significative du taux d'Ac (d~finie par une &l#vafion de 400 O/o sur 1 an) varie de faGon tr&s nette en fonction du titre initial d'Ac (voir tableau).

Cette incidence de varicelle clinique ou d'aug- mentation du taux d'Ac est, chez les sujets ini- tialement mauvais r&pondeurs, tres sup#rieure rexposition annuelle au virus sauvage (estimee ~ 1 3 % ) . Ces donn~es sont donc en faveur d'une r#acti- ration du virus vaccinal permettant, in fine, une meilleure immunisation chez des sujets ayant initialement une mauvaise reponse. II faut preci- ser que I'identification du virus ~ I'origine d'une varicelle clinique n'a #t~ faite que chez un seul enfant pour lequel il est d~montr~, par s~quen- qage, qu'il s'agit bien du virus vaccinal. ,4 noter egalement qu'aucune complication n 'a jamais ~t~ rapportee au virus vaccinal. Ce phenomene de reactivation, que I'on aurait pu juger n#gati- vement, peut donc, au contraire, apparaftre comme benefique et laisser esp~rer le maintien d'une bonne immunit# durant toute la vie.

Nat. Med. 6 (avri12000) 451-454

t Taux initial < 1,25 p < 2,5 p < 10 p > 10 p I Frdquence observ6e 3 2 , 2 + 4 % 24,2_+2,4% 18,8_+1,1% 8,4_+0,6%

semble de la cohorte, ce qui apparaft superieur & la survie d'une cohorte historique: 44 % (p < 0,05). Ces resultats sont en faveur d'un traitement precoce de la rechute, des la reapparition du transcrit PML-RARalph a. IIs demandent nean- moins & 6tre confirmes sur un plus large nombre de sujets et avec un recul plus important. Enfin, il est vraisemblable que cette option depende de la technique utilisee pour la detection du transcrit. Certaines equipes utilisant des techniques plus sensibles (seuil de 10 -5, voire de 10 -6) ont en effet I'experience de patients restant positifs pour la detection du trans- crit mais ne rechutant jamais...

Blood 94 (01/10/99) 2225-2229

Une bacterie antibacterienne • Les infections intestinales par Shigelle dysenteria et les souches de Escherichia coil pro- ductrices de shiga-toxines (Stx) induisent des colites hemorra-

giques et sont associees & des syndromes hemolytiques et ure- miques. Elles sont ainsi respon- sables d'une morbidite notable, voire d'une mortalite, atteignant 5 A 10 %, concernant surtout des patients fragilises. Le rele patho- gene des Stx est bien demontre. Ces toxines, relarguees par les bacteries, sont responsables des lesions de I'epithelium diges- tif et, apres passage dans la cir- culation sanguine, vont se lier & des recepteurs tissulaires au niveau des endotheliums vascu- laires et du parenchyme renal. Ces toxines appart iennent & la meme famille que la toxine cho- lerique et que la toxine thermo- labile de E. coli responsable de la diarrhee des voyageurs. La structure de ces toxines associe un ol igomere B, fait de cinq uni- tes, permettant la liaison & un recepteur, de nature l ipopoly- sacchar id ique (g lobotr iosy l ceramide), et une sous-unite A, responsable de I'activite enzy- matique. Awes internalisation, cette sous-unite A inhibe la syn- these proteique de la cellule par clivage des ARN ribosomaux 28S.

Deux genes bacteriens, prove- nant de Neisseria meningitidis et de Neisseria gonorrhoeae, ont ete clones dans un vecteur plas- midique utilise ensuite pour trans- former une souche de E. coil Celle-ci acquiert ainsi la possibi- lite de synthetiser le lipopoly- saccharide recepteur de Stx. II est montre que I'affinite de ce recepteur est excellente : 1 mg de bacteries deshydratees fixent 100 mcg de toxine. Experimen- talement, I'administration de bac- teries, tuees ou vivantes, protege la souris d'une dose letale de E. coli productrices de Stx : 100 % de deces avant J6 pour le groupe non traite versus aucun deces pour le groupe traite (p < 0,005). Ces resultats permettent d'en- visager une utilisation en clinique avec comme objectifs, chez des patients dej& infectes, de reduire la morbidite de ces infections sur les terrains fragiles et d'eviter I'evolution vers des syndromes hemolytiques et uremiques et de permettre, en contexte epide- mique, un traitement preventif.

Nat. Med. 6 (mars 2000) 265-270

Revue Franoaise des Laboratoires, mai/juin 2000, N ° 323 1 5