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• Une prop~)rtion importante de patients infectes par le VI H et trai- tes par antiretroviraux develop- pent des alterations biologiques des metabolismes glucidique (insulino-resistance) et lipidique. D'autres desordres ont un reten- tissement morphologique impor- tant, comme les lipodystrophies faciales qui peuvent amener le patient & subir une intervention & des fins esthetiques. Ce syn- drome atrophique semble avoir des origines multifactorielles, dues aux antiretroviraux, & I'in- fection elle-meme, avec une sus- ceptibilite individuelle variable. Chez I'homme, le mecanisme moleculaire n'etait pas encore totalement bien compris jusqu'& maintenant. Une equipe fran(~aise vient de demontrer in vivo le rSle prepon- derant des antiproteases qui affecteraient la differenciation des adipocytes en agissant en amont, au niveau du facteur de transcription SREBP1 (sterol regulatory element binding pro- tein 1). ~expression de ce facteur a ete etudiee chez 26 patients VIH+ ayant developpe une lipo- dystrophie peripherique sous antiproteases, puis compare & 18 individus sains. Chez les patients touches, les adipocytes sont de taille reduite, non pas & cause d'une deficience en triglycerides, mais & un ,, turn- over ,, important des cellules adi- pocytaires detruites par apop- tose. L'expression de I'ARNm de la SREBP1 est fortement abais- see, de 93 % en moyenne, avec, paradoxalement, des concentra- tions en proteines SREBP1 augmentees d'un facteur 2,6. Cette discordance serait due en fait a I'accumulation importante d'une forme inactivee de la pro- teine au niveau de la membrane nucleaire. L'alteration des fonc- tions adipocytaires qui en resulte entrafnerait un syndrome d'insu- lino-resistance. Le rSle des ana- logues nucleosidiques n'est pas encore defini. l Lachalne du froid l au niveau domestique e refrig~rateur domestique est le dernier I maillon de la cha~ne du froid indispen- k sable en agroalimentaire et il constitue point faible qui peut entra~ner la consomma- d'aliments contamines du fait d'une mau- valse utilisation. Un rigoureux contrSle de qualit6 est en effet mis en place par les industriels tout au long de la transformation, du stockage, du transport et de la distribution des produits, contrairement ~ ce qui se passe au niveau du dernier maillon de la chafne du froid oh, pa~ n~gligence ou ignorance, des erreurs sont souvent commises. Les germes dangereux responsables de toxi- infections alimentaires ne sont en mesure de .se manifester que si on leur permet de se d~velopper et s'ils rencontrent des sujets r~cep- tif& Le froid ne d#truit pas les germes presents, mais inhibe ou stoppe leur d~veloppement. Selon leur temperature optimale de croissance, ....il existe deux grandes categories de bacteries. I) Les germes m#sophiles ou , traditionnels ,, dont la croissance est rapide, entre 20 °C et 40°C et lente ou inhib~e en dessous de 5 °C. La plupart des germes qui alt~rent les aliments ou sont responsables de toxi-infections alimen- taires appartiennent ~ cette cat~gorie. 2;) Les germes psychrotophes ou , modemes ,, dont la croissance n'est stopp~e qu'& 0 °C, voire en-dessous. Peu agressifs dans le passe, des germes comme Listeria monocytogenes ou Clostridium botulinum le sont de plus en plus depuis quelques annees. Le tableau joint permet de conna#re approximati- vement la temperature d'arr#t de croissance ou de toxinogendse d'un certain nombre de germes . dangereux ,,. La chatne du froid est une notion qui a pris corps parce que ~ le froid n'est efficace vis-&-vis de la multiplication bact~rienne que s'il est appli- que sur un produit sain, de maniere precoce et continue - (A. Monvoisin, 1928). Bans cette chatne, chacun des maillons est important et deux de ces maillons sont particulie- rement exposes : la distribution, qui reste per- fectible mais s'est beaucoup am~lioree, et. la ¢onsommation. Ce demier reste le maillon faible de la chatne du froid du fait de I'absence de r~glementation, contrairement la distribution qui est tres r#glementee. La continuit~ de la securite alimentaire assuree par la chatne du froid d~pend du seul comporte- ment du consommateur et est mise en danger par la mauvaise utilisation de r#frigerateurs mal con#us. Seuls les refrigerateurs dits , americains ,, plusieurs portes disposent de compartiments dont un compartiment ~ 0 °C/+4 °C, avec pour inconvenient d'etre plus chers que les appareils europeens, ces demiers ayant pour seules normes de maintenir une temperature moyenne interne ambiante de 5 °C et comprise entre 5 °C et 10 °C en tout point de I'appareil. Dans nos refrigerateurs, la situation de la zone la plus froide varie selon les modeles, soit en partie haute soit en partie basse. Une informa- tion du consommateur pour une utilisation rationnelle de son refrigerateur est de plus en plus indispensable. Une etude de P. Rosset et R. Rosset publiee dans le Bulletin de I'Academie nationale de medecine est une bonne illustration du probleme partir du cas particulier de Listeria monocyto- genes, dont la teneur dans un produit alimentaire stock6 ~ 10 °C peut passer en moins d'une semaine de quelques unites par gramme plus de 1 000... P. Rosset, Concours M#d. 124 (20/04/02) 999-1005 Temperature 32 °C Campylobacterjejuni 10°(:: Toxinogenese : Clostridium botulinum I;A et B Vibrio cholerae Staphylococcus aureus 9 °C Vibrio parahaemoliticus (5 °C) 7,5 °C Bacillus cereus (4 °C) 7 °C Escherichia coil (5 °C) 6,7 °C Staphylococcus aureus (multiplication) 6,5 °C Clostridium perfringens 5 °C Salmonella (2 °C) 4 °C Aeromonas hydrophila (0 °C) (Bacillus cereus) 3,3 °C Clostridium botulinum II;E (Salmonella) (E.coli) 0 °C Listeria monocytogenes Streptococcus faecalis (Aeromonas hydrophila) -1 °C Yersinia enterocolitica Entre parentheses : cas exceptionnels. D'apr~s Bourgeois et coll., Microbiologie alimentaire,~d. Tec &Doc, Paris, 1996. Ces resultats confirment I'inte- ret des thiazolidinediones, mole- cules qui neutralisent la toxicite des antiproteases en agissant in vitro sur I'expression d'un fac- teur de transcription lie au SREBPI. Des essais cliniques sont en cours chez des patients atteints de lipodystrophies familiales ou dues aux anti- retroviraux, afin de confirmer son action in vivo. J.,q Bastard, M.Caron, Lancet 359 (23/03/02) 1026-1031 RevueFranoaise des Laboratoires, juin 2002, N ° 344 1 5

Lipodystrophie des antirétroviraux: un traitement bientôt possible

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• Une prop~)rtion importante de patients infectes par le VI H et trai- tes par antiretroviraux develop- pent des alterations biologiques des metabolismes glucidique (insulino-resistance) et lipidique. D'autres desordres ont un reten- tissement morphologique impor- tant, comme les lipodystrophies faciales qui peuvent amener le patient & subir une intervention & des fins esthetiques. Ce syn- drome atrophique semble avoir des origines multifactorielles, dues aux antiretroviraux, & I'in- fection elle-meme, avec une sus- ceptibilite individuelle variable. Chez I'homme, le mecanisme moleculaire n'etait pas encore totalement bien compris jusqu'& maintenant. Une equipe fran(~aise vient de demontrer in vivo le rSle prepon- derant des antiproteases qui affecteraient la differenciation des adipocytes en agissant en amont, au niveau du facteur de transcription SREBP1 (sterol regulatory element binding pro- tein 1). ~expression de ce facteur a ete etudiee chez 26 patients VIH+ ayant developpe une lipo- dystrophie peripherique sous antiproteases, puis compare & 18 individus sains. Chez les patients touches, les adipocytes sont de taille reduite, non pas & cause d'une deficience en triglycerides, mais & un ,, turn- over ,, important des cellules adi- pocytaires detruites par apop- tose. L'expression de I'ARNm de la SREBP1 est fortement abais- see, de 93 % en moyenne, avec, paradoxalement, des concentra- tions en proteines SREBP1 augmentees d'un facteur 2,6. Cette discordance serait due en fait a I'accumulation importante d'une forme inactivee de la pro- teine au niveau de la membrane nucleaire. L'alteration des fonc- tions adipocytaires qui en resulte entrafnerait un syndrome d'insu- lino-resistance. Le rSle des ana- logues nucleosidiques n'est pas encore defini.

l Lachalne du froid l au niveau domestique

e refrig~rateur domestique est le dernier I maillon de la cha~ne du froid indispen- k sable en agroalimentaire et il constitue

point faible qui peut entra~ner la consomma- d'aliments contamines du fait d'une mau-

valse utilisation. Un rigoureux contrSle de qualit6 est en effet mis en place par les industriels tout au long de la transformation, du stockage, du transport et de la distribution des produits, contrairement ~ ce qui se passe au niveau du dernier maillon de la chafne du froid oh, pa~ n~gligence ou ignorance, des erreurs sont souvent commises. Les germes dangereux responsables de toxi- infections alimentaires ne sont en mesure de .se manifester que si on leur permet de se d~velopper et s'ils rencontrent des sujets r~cep- tif& Le froid ne d#truit pas les germes presents, mais inhibe ou stoppe leur d~veloppement. Selon leur temperature optimale de croissance,

.... il existe deux grandes categories de bacteries. I ) Les germes m#sophiles ou , traditionnels ,, dont la croissance est rapide, entre 20 °C et 40°C et lente ou inhib~e en dessous de 5 °C. La plupart des germes qui alt~rent les aliments ou sont responsables de toxi-infections alimen- taires appartiennent ~ cette cat~gorie. 2;) Les germes psychrotophes ou , modemes ,, dont la croissance n'est stopp~e qu'& 0 °C, voire en-dessous. Peu agressifs dans le passe, des germes comme Listeria monocytogenes ou Clostridium botulinum le sont de plus en plus depuis quelques annees. Le tableau joint permet de conna#re approximati- vement la temperature d'arr#t de croissance ou de toxinogendse d'un certain nombre de germes . dangereux ,,. La chatne du froid est une notion qui a pris corps parce que ~ le froid n'est efficace vis-&-vis de la multiplication bact~rienne que s'il est appli- que sur un produit sain, de maniere precoce et continue - (A. Monvoisin, 1928). Bans cette chatne, chacun des maillons est important et deux de ces maillons sont particulie- rement exposes : la distribution, qui reste per- fectible mais s'est beaucoup am~lioree, et. la ¢onsommation. Ce demier reste le maillon faible de la chatne du froid du fait de I'absence de r~glementation, contrairement

la distribution qui est tres r#glementee. La continuit~ de la securite alimentaire assuree par la chatne du froid d~pend du seul comporte- ment du consommateur et est mise en danger par la mauvaise utilisation de r#frigerateurs mal con#us.

Seuls les refrigerateurs dits , americains ,, plusieurs portes disposent de compartiments

dont un compartiment ~ 0 °C/+4 °C, avec pour inconvenient d'etre plus chers que les appareils europeens, ces demiers ayant pour seules normes de maintenir une temperature moyenne interne ambiante de 5 °C et comprise entre 5 °C et 10 °C en tout point de I'appareil. Dans nos refrigerateurs, la situation de la zone la plus froide varie selon les modeles, soit en partie haute soit en partie basse. Une informa- tion du consommateur pour une utilisation rationnelle de son refrigerateur est de plus en plus indispensable. Une etude de P. Rosset et R. Rosset publiee dans le Bulletin de I'Academie nationale de medecine est une bonne illustration du probleme

partir du cas particulier de Listeria monocyto- genes, dont la teneur dans un produit alimentaire stock6 ~ 10 °C peut passer en moins d'une semaine de quelques unites par gramme

plus de 1 000...

P. Rosset, Concours M#d. 124 (20/04/02)

999-1005

Temperature

32 °C Campylobacterjejuni

10°(:: Toxinogenese : Clostridium botulinum I;A et B Vibrio cholerae Staphylococcus aureus

9 °C Vibrio parahaemoliticus (5 °C)

7,5 °C Bacillus cereus (4 °C)

7 °C Escherichia coil (5 °C)

6,7 °C Staphylococcus aureus (multiplication)

6,5 °C Clostridium perfringens

5 °C Salmonella (2 °C)

4 °C Aeromonas hydrophila (0 °C) (Bacillus cereus)

3,3 °C Clostridium botulinum II;E (Salmonella) (E.coli)

0 °C Listeria monocytogenes Streptococcus faecalis (Aeromonas hydrophila)

-1 °C Yersinia enterocolitica

Entre parentheses : cas exceptionnels.

D'apr~s Bourgeois et coll., Microbiologie alimentaire, ~d. Tec &Doc, Paris, 1996.

Ces resultats confirment I'inte- ret des thiazolidinediones, mole- cules qui neutralisent la toxicite des antiproteases en agissant in vitro sur I'expression d'un fac-

teur de transcript ion lie au SREBPI . Des essais cliniques sont en cours chez des patients atteints de l ipodystrophies familiales ou dues aux anti-

retroviraux, afin de confirmer son action in vivo.

J.,q Bastard, M.Caron, Lancet 359 (23/03/02)

1026-1031

Revue Franoaise des Laboratoires, juin 2002, N ° 344 1 5