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DOSSIER : Pollution lumineuse Lettre éditée sur papier recyclé avec le soutien de : 1 Décembre 2011, n°20 Réserves Naturelles CATALANES Conat Forêt de la Massane Jujols Mantet Mas Larrieu Nohèdes Prats-de-Mollo- La-Preste Py Vallée d’Eyne avec la participation : Réserve Naturelle de Cerbère-Banyuls Réserve Naturelle Régionale de Nyer Odile GUINEL Maire de Mantet, gestionnaire de la RNN de Mantet La pollution lumineuse est encore assez mal connue mais elle a un réel impact de dégradation des écosystèmes et des effets suspectés ou avérés sur la santé humaine. Prévenir et limiter les nuisances lumineuses tel est l’objectif poursuivi par le décret d’application de la loi Grenelle 2 publié au Journal officiel du 13 juillet 2011. Pourtant la pollution lumineuse ne cesse de croître. Selon les chiffres avancés par l’Association nationale pour la protection du ciel nocturne, elle serait en augmentation de plus de 30% dans les petites villes et de 24% dans les villes moyennes entre 1990 et 2000. Des mesures plus restrictives sont prévues dans ce décret pour les sites d’observations astronomiques et les espaces naturels protégés comme les réserves naturelles. «Il donne compétence au ministre chargé de l’envi- ronnement et au préfet pour interdire ou limiter le fonctionnement dans le temps de certaines installations lumineuses.» La commune de Mantet, engagée pour la protection de son territoire depuis 1984 (date de la création de sa réserve naturelle), souhaite être le plus exemplaire possible dans la sauvegarde du ciel nocturne. Sensibilisée par les agents de la réserve naturelle aux problèmes des éclai- rages nocturnes, la commune essaie depuis 2010 d’éclairer mieux et réfléchit à éteindre ses réverbères pour rallumer les étoiles dans la voûte céleste. Par cette démarche, Mantet s’inscrit dans une politique de développement durable alliant économies d’énergie et sauvegarde de la biodiversité des espèces nocturnes, amélioration du cadre de vie, de la sécurité et la préserva- tion de la santé humaine. J’invite, en tant que maire et gestionnaire de la Réserve Naturelle de Mantet, toutes les autres communes des Pyrénées Orientales à s’inscrire dans une démarche similaire. Il faut savoir que pour les collectivités locales il existe différents dispositifs mis en place pour nous aider à res- pecter le ciel nocturne (charte à signer, cahier des charges techniques proposant des recom- mandations, étiquettes environnementales permettant de situer la performance des dispositifs existants, label décerné dans le cadre du concours «Villes et villages étoilés»). En France, il y a presque 2000 communes, soit environ 1,5millions d’habitants qui ont fait le choix d’éteindre leurs éclairages publics. J’espère de tout cœur que le département des Pyrénées Orientales connaîtra bientôt une véritable alternance jour/nuit et une meilleure qualité de vie. La parole à

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Lettre d'information des Réserves Naturelles Catalanes

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DOSSIER : Pollution lumineuse

Lettre éditée sur papier recyclé avec le soutien de : 1

Décembre 2011, n°20

Réserves Naturelles

CATALANES

Conat

Forêt de la Massane

Jujols

Mantet

Mas Larrieu

Nohèdes

Prats-de-Mollo-La-Preste

Py

Vallée d’Eyne

avec la participation :

Réserve Naturelle de Cerbère-Banyuls

Réserve Naturelle Régionale de Nyer

Odile GUINEL

Maire de Mantet, gestionnaire de la RNN de Mantet

La pollution lumineuse est encore assez mal connue mais elle a un réel impact de dégradation des écosystèmes et des effets suspectés ou avérés sur la santé humaine. Prévenir et limiter les nuisances lumineuses tel est l’objectif poursuivi par le décret d’application de la loi Grenelle 2 publié au Journal officiel du 13 juillet 2011. Pourtant la pollution lumineuse ne cesse de croître. Selon les chiffres avancés par l’Association nationale pour la protection du ciel nocturne, elle serait en augmentation de plus de 30% dans les petites villes et de 24% dans les villes moyennes entre 1990 et 2000. Des mesures plus restrictives sont prévues dans ce décret pour les sites d’observations astronomiques et les espaces naturels protégés comme les réserves naturelles. «Il donne compétence au ministre chargé de l’envi-ronnement et au préfet pour interdire ou limiter le fonctionnement dans le temps de certaines installations lumineuses.»La commune de Mantet, engagée pour la protection de son territoire depuis 1984 (date de la création de sa réserve naturelle), souhaite être le plus exemplaire possible dans la sauvegarde du ciel nocturne. Sensibilisée par les agents de la réserve naturelle aux problèmes des éclai-rages nocturnes, la commune essaie depuis 2010 d’éclairer mieux et réfléchit à éteindre ses réverbères pour rallumer les étoiles dans la voûte céleste. Par cette démarche, Mantet s’inscrit dans une politique de développement durable alliant économies d’énergie et sauvegarde de la biodiversité des espèces nocturnes, amélioration du cadre de vie, de la sécurité et la préserva-tion de la santé humaine. J’invite, en tant que maire et gestionnaire de la Réserve Naturelle de Mantet, toutes les autres communes des Pyrénées Orientales à s’inscrire dans une démarche similaire. Il faut savoir que pour les collectivités locales il existe différents dispositifs mis en place pour nous aider à res-pecter le ciel nocturne (charte à signer, cahier des charges techniques proposant des recom-mandations, étiquettes environnementales permettant de situer la performance des dispositifs existants, label décerné dans le cadre du concours «Villes et villages étoilés»).En France, il y a presque 2000 communes, soit environ 1,5millions d’habitants qui ont fait le choix d’éteindre leurs éclairages publics. J’espère de tout cœur que le département des Pyrénées Orientales connaîtra bientôt une véritable alternance jour/nuit et une meilleure qualité de vie.

La parole à

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L’écho des réserves : 2Festival Nature, 2Apéro du bestiaire pyrénéen à Jujols, 3Etude sur l’écologie des macrodiptères hématophages, 3Mise en place d’un suivi sur deux espèces floristiques remarquables à Jujols, 4Etude sur le crave à bec rouge dans le massif du Coronat, 4La gestion des déchets à la Réserve Naturelle du Mas Larrieu, 5Les brèves, 6

Eclipse de nuit : 7 Pollution lumineuse et chauves-souris, 8Les plantes aussi souffrent de la pollution lumineuse, 9Impact de la pollution lumineuse sur les insectes : cas constatésde mortalité sur une espèce à forte valeur patrimoniales à Prats-de -Mollo, 10Des idées lumineuses pour éteindre la nuit, 10Mantet, village phare ? 11Tout un été sur le thème de la pollution lumineuse, 11

Découvrir notre patrimoine : 12

Communication et pédagogie

Festival Nature 2011

SO

MM

AIR

E

Pour cette sixième édition du Festival Nature, 165 anima-tions ont été proposées au public, enfants et adultes, depuis le bord de mer jusqu’aux sommets catalans. Dans les réserves de montagnes fédérées, ce sont environ 1800 personnes qui ont participé au festival malgré les conditions météorolo-giques «relativement humides» du mois de juillet. Le succès de la «fête des champignons» à Prats-de-Mollo se confirme avec une augmentation de 20 % du nombre de participants. Des randonnées contées ont eu lieu dans les réserves de Co-nat, Jujols et Nohèdes. Le public était au rendez vous ce qui nous amènera à proposer en 2012 d’autres sorties au rythme des histoires locales. Comme l’an passé, la Réserve Naturelle de Mantet a proposé aux enfants un programme pédagogique

et ludique sur l’impact de la pollution lumineuse sur l’environ-nement. Ces animations se sont déroulées pendant 15 après-midis entre le 11 juillet et le 12 août. Ces aventuriers en herbe attendent avec impatience de nouvelles missions pour 2012. Depuis 2010 le Festival Nature s’ouvre aux personnes en si-tuation de handicap. Cette année, 9 personnes à déficiences motrices ont ainsi pu suivre comme tout un chacun des ran-données «découverte» dans les différentes réserves naturelles. Vous l’avez compris, le Festival Nature reviendra en 2012 avec ses événements forts et ses nouveautés

Karine GESLOT,

Randonnée contée à Conat, juillet 2011

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Etude sur l’écologie des macrodiptères hématophages (mouches et taons) présents dans les estives pyrénéennesEn estive, les parasites hématophages (qui se nourrissent de sang) peuvent constituer une nuisance sévère pour les troupeaux comme pour les ongulés sauvages. Certains de ces parasites, telles les tiques, attendent le passage d’un hôte à proximité pour s’y fixer. D’autres, plus mobiles, se déplacent activement pour localiser leur hôte. Les diptères (mouches, moustiques, taons, culicoïdes…) constituent l’essentiel de ce second groupe. Sus-ceptibles de piquer plusieurs animaux au cours de leur vie, ces insectes peuvent transmettre des agents infectieux. On parlera de vecteurs. L’anémie infectieuse des équidés, la besnoitiose, certaines trypanosomoses animales, ou encore l’anaplasmose peuvent ainsi être transmises par les taons. Mais si les pathogènes et les pathologies ont souvent été bien étudiés, certains vecteurs sont encore mal connus. On a ainsi pu mesurer l’étendue de nos la-cunes lors de la propagation de la fièvre catarrhale ovine (FCO) à travers l’Europe. Cette méconnaissance peut être une source de vulnérabilité supplémentaire pour l’élevage lorsque, comme ce fut le cas lors de l’épidémie de FCO, elle conduit les pou-voirs publics à préconiser des désinsectisations systématiques. Les produits utilisés alors, par aspersion ou par application sur le pelage du bétail, diffusent dans l’environnement où ils se ré-vèlent toxiques pour une large gamme d’organismes (insectes fréquentant les bouses, faune aquatique…). Face à cette situation, l’équipe de recherche « écologie des arthropodes & changements globaux » du Centre d’Écologie Fonctionnelle & Évolutive de Montpellier a décidé d’étudier l’écologie des macrodiptères hématophages (mouches et taons)

présents dans les estives pyrénéennes. Plusieurs inventaires, réalisés à l’aide de pièges attractifs, seront réalisés pendant la saison chaude pour identifier tout à la fois les espèces présentes, les habitats favorables à ces insectes, leurs périodes d’activité au fil des mois et aux différentes heures du jour. Ce travail « de terrain » est complété par des expériences en laboratoire pour identifier les odeurs attractives ou répulsives pour les insectes et ainsi mieux comprendre comment ceux-ci localisent leurs hôtes.

Pierre Jay-RobertCEFE UMR 5175,Université Montpellier 3

http://www.cefe.cnrs.fr/eaam/staff/Pierre_Jay-Robert.htm

Etudes et suivis

Piège posé dans la RNN de Mantet

Etaient-ils venus pour le Desman des Pyrénées, ce petit animal furtif au museau en forme de trompette, étaient-ils venus pour Sabine la conteuse ou Samir le musicien, étaient-ils venus par sympathie pour le village et ses habitants ?Certainement pour toutes ces raisons et peut-être d’autres.Le Maire leur souhaite la bienvenue et les invite à se rendre sur le lieu mystérieux du spectacle. Toute cette petite troupe, éclairée par des flambeaux se dirige à travers la nuit noire vers l’église du village seulement éclairée par une myriade de bou-gies. Brouhaha, silence, une voix d’enfant jaillit, « Super », tout est dit. Alors Sabine paraît, venue de nulle part, dans ses habits de fée. Samir le musicien crée l’ambiance bucolique avec sa flûte champêtre.

Nous y sommes, il est là, furetant de droite et de gauche, le nez, la trompette en l’air pour capter toutes les odeurs. Pas besoin de faire d’effort pour se sentir à ses cotés. Les petits sont captivés, l’âme d’enfant des parents s’est réveillée.Et soudain, c’est le drame, Desman perd sa liberté. Même dans sa prison dorée il ne peut survivre. L’histoire finit mal mais la morale est douce et même les plus petits ont tout compris.De retour dans la salle municipale, tous échangent. On ne se connaît pas mais on vient de partager un peu de magie. Certains, venus de villages lointains comme Campôme ou Marquixanes, découvrent Jujols, d’autres veulent connaître Sabine pour l’in-viter. Samir sort la guitare, une sorte de bonheur hors du temps envahit l’assemblée.

Gilles CALMER,membre du comité des fêtes de Jujols

La nuit tombait peu à peu. Par petits groupes, les participants s’avançaient vers la Mairie du village, lieu du rendez-vous. Dix, vingt, trente, vers 19h ils étaient plus de soixante à avoir répondu à l’invitation.

Apéro du bestiaire des Pyrénéns à Jujols :Soirée «Desman»

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Les taons !!2000 caractères

Les gagées sont des petites plantes vivaces, bulbeuses. Elles se reconnaissent à leurs fleurs à six pétales, d’un jaune très vif. Ga-gea pratensis et Gagea villosa sont des espèces précoces : parmi les premières plantes que l’on rencontre au printemps. On les trouve essentiellement dans les milieux ouverts : à Jujols, sur les pelouses et les prairies calcaires de l’étage montagnard.Ce sont deux raretés protégées nationalement. Pourtant, dans la Réserve de Jujols, la Gagée des prés est loin d’être rare... cer-taines années, des milliers de pieds tapissent certains secteurs de la réserve ! La gagée velue a été, quant à elle, citée il y a une quinzaine d’années. Depuis, l’espèce n’a pas été retrouvée...

Depuis quelques années, nous avons engagé des travaux de res-tauration des jasses dans la réserve naturelle en, bucheronnant notamment les pins. Or, il est probable que la réouverture de ces milieux profite aux Gagées qui pourront y trouver de nouveaux territoires pour s’y installer.

Depuis cette année, notre équipe, avec l’appui technique du bu-reau d’étude Soldanelle, a mis en place un suivi de ces deux espèces patrimoniales. Deux transects, le long desquels seront annuellement dénom-brés tous les pieds de gagées, ont été identifiés. Le premier est installé sur un milieu stable où la Gagée des prés y est habi-

tuellement très abondante (c’est, en quelque sorte, notre transect témoin). Le second transect est à cheval entre une prairie où l’espèce est présente, et une forêt en cours de réouverture, où l’espèce est pour l’intant, absente.

Sur le moyen à long terme, ce suivi devrait donc nous permettre d’ana-lyser les tendances des effectifs, qui comme pour de nombreuses plantes bulbeuses, semblent beaucoup fluc-tuer d’année en année. Il devrait aussi nous permettre d’approfondir les connaissances sur le fonctionnement et l’évolution, dans l’espace et dans le temps, de ces populations.

Nous restons par ailleurs vigilants par rapport à la Gagée velue: cette espèce remarquable est-elle toujours présente sur notre ter-ritoire ? Affaire à suivre...

Maria MARTIN, technicienne RNN Nohèdes

Mise en place d’un suivi sur deux espèces floristiques remarquables, dans la Réserve Naturelle de JujolsLa richesse floristique de la Réserve Naturelle de Jujols est remarquable ! Envi-ron 550 espèces végétales y ont été à ce jour répertoriées, dont un grand nombre sont patrimoniales : Genévrier Sabine, Sauge à feuille de Lavande, Armoise camphrée, Alysson de Lapeyrouse... Parmi ces dernières, deux espèces méritent toute notre attention : la Gagée des prés (Gagea pratensis (Pers.) Dumort) et la Gagée velue (Gagea villosa (M.Bieb.) Sweet).

Le Crave à bec rouge a besoin de deux milieux très différents pour effectuer son cycle de vie : des escarpements rocheux riches en cavités pour la nidification, et des pelouses rases pour l’alimentation. De nature grégaire, il n’est pas rare d’observer des groupes d’une trentaine d’individus venant s’alimenter sur les pelouses du versant sud du Coronat. En revanche, les couples reproducteurs, qui représentent entre 20 et 60% de la popula-tion totale, sont beaucoup plus discrets et vivent isolés du reste de la population. Une prospection de chaque falaise pendant la période de nidification (avril à juin) est donc nécessaire pour

repérer les couples cantonnés. L’étude menée d’avril à juin 2011 a permis de localiser 6 couples nicheurs potentiels, deux dor-toirs et plusieurs secteurs de pelouses et de landes fréquentés par l’espèce. Toutefois, de nombreux secteurs n’ont pas encore pu être pros-pectés faute de temps, et il est probable que de nouveaux couples soient détectés dans les années à venir.

David SANIER, stagiaire RNN de Jujols et RNN de Nohèdes

Etude sur le crave à bec rouge dans le massif du Coronat Le Crave à bec rouge, Pyrrhocorax pyrrhocorax, espèce patrimoniale mentionnée à l’an-nexe I de la Directive Oiseau, est en déclin dans la majeure partie de son aire de répar-tition, et surtout en Europe. Les Pyrénées abritent encore de belles populations de cet oiseau, comme cela semble être le cas dans le massif du Madres Coronat. Toutefois aucune étude n’avait encore été menée pour cette espèce au sein des RN Catalanes.C’est pourquoi, les RNN de Jujols et de Nohèdes ont lancé cette année une étude visant à mieux connaître l’espèce dans le massif, en recherchant notamment les couples actifs, les dortoirs et les zones d’alimentation.

Suivi de la Gagée des prés

Gagée des prés

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Gestion et aménagement

La gestion des déchets à la Réserve Naturelle Nationale du mas Larrieu

Cette problématique est prise avec considération dans cet es-pace naturel protégé puisque de nombreuses actions inscrites au plan de gestion écologique sont réalisées annuellement. Réserve la plus fréquentée parmi ses consœurs catalanes, elle accueille librement plusieurs milliers de personnes par an. C’est par l’intermédiaire d’écocompteurs que la fréquentation du pu-blic peut être évaluée. En 2010, ce sont près de 192 400 visiteurs qui ont été dénom-brés. Cette année-là, on constatait une baisse par rapport à 2009 et 2008 où les chiffres avoisinaient les 242 000 entrées. Il reste aussi toute une partie de la réserve sans compteurs. L’estimation alors avancée tourne autour de 400 000 personnes pour un territoire de 145 hectares. Le pic de fréquentation se concentre aux mois de juillet et d’août qui rassemblent 2/3 de la fréquentation. C’est à cette période que sont constatées les principales nuisances et atteintes vis-à-vis de l’environnement.En effet, malgré la mise en place de nombreuses poubelles à chaque entrée du site, ce sont toutes sortes de détritus aban-donnés qui sont ramassés régulièrement. La fin du printemps et l’été sont propices aux déchets issus des pique-niques : de la bouteille en verre ou en plastique au papier toilette... Hors saison, il est plus fréquent de trouver des détritus plus vo-lumineux. D’une part, ce qui est laissé en bordure d’accès routier ou de parking et qui correspond à du déchet vert (branchages, etc..), des gravats ou de l’insolite (matelas, bouteille de gaz, pneus, etc...). D’autre part ce qui est rapporté par les coups de mer ou les cours d’eau en crue comme en octobre 2010 ou encore en mars dernier.C’est dans ce contexte que le 9 avril 2011, l’association Surfri-der Fondation Europe «connue pour les opérations qu’elle mène pour la propreté des océans, des mers et des plages» et la mairie d’Argelès-sur-Mer, co-gestionnaire de la réserve naturelle, ont organisé un « grand nettoyage » des plages. Ce sont plus de

70 volontaires qui ont œuvré pour enlever près de 4 tonnes de déchets. Dans la Réserve Naturelle du mas Larrieu, cette action a été ensuite complétée par plusieurs journées de travail et d’en-lèvements de détritus effectués par les agents de la réserve.Un tel volume est exceptionnel. De 1999 à 2003, l’ensemble des ordures dites ménagères collectées dans la réserve a représenté près de 34 tonnes.La gestion des déchets est un objectif bien réel pour les gestion-naires et le personnel de la Réserve Naturelle du mas Larrieu. Une surveillance assidue est réalisée toute l’année et elle est renforcée l’été (plusieurs heures y sont consacrées chaque jour). Selon la Loi, « il est interdit de jeter en dehors des lieux spé-cialement prévus à cet effet tout produit ou matériau de nature à nuire à la qualité de l’eau, de l’air, de la terre, du site ou à l’intégrité de la faune et de la flore ». Une telle infraction est passible d’une amende de 68 euros.

Des sorties pour découvrir la réserve mais aussi pour sensibili-ser au respect de celle-ci sont organisées par la ville d’Argelès-sur-Mer. Ce travail de longue haleine portera-t-il un jour ses fruits ? C’est ce qu’espèrent les gestionnaires du site.

Fabrice COVATO et Stéphane KATCHOURAtechnicien et conservateur, RNN du Mas Larrieu

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Les brèves

Les refuges de montagne sont souvent implantés dans des sites naturels exceptionnels avec parfois à proximité la présence d’es-pèces remarquables et emblématiques de la biodiversité des Py-rénées que les randonneurs ne demandent qu’à connaitre. C’est l’objectif des «rendez-vous des cimes», organisés à l’échelle des Pyrénées par la LPO Pyrénées Vivantes, l’Association des Gardiens de Refuge des Pyrénées, l’Agence de Développement Touristique de l’Ariège et le Parc Naturel Régional des Py-rénées Ariégeoises. Cet évènementiel d’altitude, pour sa 4ième édition, a cloturé son programme estival en beauté au Refuge des Camporells le 4 septembre dernier en mettant le desman à l’honneur.

Ce petit mammifère aquatique aussi appelé Rat trompette est un animal essentiellement nocturne et très discret. C’est une espèce menacée qui bénéficie d’un plan national d’ac-tions animé par le CREN Midi-Pyrénées. La conteuse Sabine Puech accompagnée du musicien Samir Mouhoubi nous ont emmenés dans l’univers mystérieux de ce curieux animal. A vu de nez ce spectacle est à l’image de son héros : Un desman comme l’on a jamais vu, à la fois solitaire, bougon et attachant. Il renifle, revendique, critique, interroge les comportements humains, son bon sens défiant les plus emi-nents philosophes montagnards pour le plus grand plaisir des trente personnes présentes à ce» rendez-vous des cimes».

• Rendez-vous des cimes au refuge des Camporells

• Journée de restauration du patrimoine Pour la deuxième année consécutive, la réserve naturelle et la commune de Mantet ont organisé le 9 juillet dernier une journée de restauration des murettes du cami ramader. 21 personnes étaient présentes avec pelles, seaux, pioches, barres à mines et surtout beaucoup de bonne humeur. En l’espace de quelques heures, 4 sections de murettes ont été remontées comme au bon vieux temps ce qui repré-sente en linéaire une dizaine de mètres. Pour fêter cela, une grillade attendait les participants au village. Une expérience concluante qui sera sans doute renouvelée l’été prochain.

• Célébration de la nuit noire dans les Pyrénées -Orientales Le samedi 1er Octobre a eu lieu la troi-sième édition du « Jour de la Nuit »afin de sensibiliser les citoyens aux consé-quences de la pollution lumineuse sur la nature et sur le climat. Grâce à la mise en place de 270 ani-mations grand public par plus de 130 structures locales et à la mobilisation de 230 communes qui ont éteint tout ou partie de leur éclairage public, cette édition a été un succès citoyen. Dans les Pyrénées – Orientales, la commune de Mantet et la com-mune de Nohèdes ont montré leur engagement de protection du ciel nocturne en éteignant l’ensemble de leur éclairage public lors de la nuit du 1er octobre dernier. Alors rendez-vous le 13 octobre 2012 pour que le ciel catalan rallume ses étoiles dans la voûte céleste .

• Le festival nature accessible à tous L’accès à la montagne, la découverte des milieux naturels et des espaces naturels protégés relève plus du rêve que de la réalité quand on est en situation de handicap. Les Réserves Naturelles Catalanes ont engagé depuis 2005 une démarche qui favorise l’accessibilité à certaines de leurs animations pour les personnes à déficiences motrices ou sensorielles . Cette année, 1 personne à déficience visuelle et 9 passagers joëlettes ont pu participer comme tout un chacun à des ran-données découvertes proposées dans le cadre du festival na-ture que ce soit à Eyne sur la balade archéologique, à Prats -de-Mollo sur la randonnée « grands rapaces » ou encore à Nohèdes sur la sortie ethnobotanique. La fréquentation du public en situation de handicap aux animations des réserves naturelles catalanes a doublée par rapport à 2010. L’an prochain de nouvelles sorties adaptées pour tous de-vraient voir le jour afin de varier les plaisirs. Si vous connaissez des personnes en situation de handicap, n’hésitez pas à les informer des possibilités d’aller au grand air dans les réserves naturelles.

Karine CHEVROT, technicienne RNN Mantet

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A l’heure actuelle, on sait que les éclairages artificiels nocturnes entraînent une perturbation endocrinienne ou comportementale de la faune sauvage. Les oiseaux migrateurs sont désorientés et meu-rent d’épuisement, les chauves-souris ont plus de mal à trouver des gîtes à l’abri de la lumière, les grenouilles sont éblouies et ne voient plus ni leurs proies, ni leurs prédateurs… Chaque nuit, 150 insectes meurent attirés par la lumière d’un seul réverbère ce qui représente à l’échelle de la France 1312,5 milliards d’insectes décimés ! Ces nuisances lumineuses modifient également le rythme de dévelop-pement des plantes et diminuent le nombre de leurs insectes polli-nisateurs. Si la nocivité de l’éclairage artificiel pour la faune et la flore n’est plus discutée, les effets potentiels sur la santé suscitent une préoc-cupation croissante. D’après un rapport américain publié en 2001 (1), 63% de la population mondiale et 99% de celle de l’Europe et des Etats-Unis vivent dans des zones polluées par un excès de lumière artificielle. L’alternance lumière/obscurité influence le rythme circadien et la sécrétion de mélatonine. On suspecte qu’un dérèglement de cette horloge biologique, qui gouverne de nombreuses fonctions physiologiques, pourrait être à l’origine de troubles de santé. Bien qu’encore rares dans ce domaine, deux études israéliennes récentes ont suggéré une association significa-tive entre le niveau de pollution lumineuse dans certaines régions et la fréquence de cancers du sein (2).

En France, chaque nuit, ce sont 9 millions de lampes qui sont al-lumées ce qui nécessite la production d’électricité d’un réacteur nucléaire. Or, 30 à 50 % de cette lumière est perdue éclairant le ciel plutôt que le sol : c’est un gaspillage énergétique énorme et très coûteux. Mieux maîtriser l’énergie serait en l’occurrence une idée lumineuse. A la différence d’autres pays européens, la France ne disposait pas de réglementation en la matière avant le Grenelle (loi n° 2009-967 du 3 août 2009). Le Grenelle II donne des pres-criptions techniques sur les conditions d’implantation et le fonc-tionnement des points lumineux, les flux de lumière émis, leur ré-partition dans l’espace ainsi que l’efficacité des sources utilisées. Il ne s’agit pas d’éclairer moins mais d’éclairer mieux. Des actions de sensibilisation à ce problème commencent à émerger comme la manifestation «le Jour de la nuit» et le concours Villes et Villages étoilés de France. Si, peu à peu une prise de conscience générale se fait au niveau des collectivités et des communes et que des mesures se mettent en place, on peut espérer rallumer quelques étoiles pour les générations futures.

Karine Chevrot technicienne RN Mantet

(1) The First World Atlas of the Artificial Night Sky Brightness, The Monthly No-tices of the Royal Astronomical Society, vol. 328, n° 3 (2001) (2) «Missing the Dark: Health Effects of Light Pollution», Ron Chepesiuk, Environmental Health Perspectives (EHP), vol.117, n°1 (janvier 2009) 7

Eclipse de nuitDepuis plusieurs années, on constate une extinction de la nuit. Réverbères, enseignes, monuments historiques, tous brillent de mille feux quand l’obscurité succède au jour. En 10 ans le nombre de points lumineux en France a augmenté de 30 %. A l’échelle géobio-logique, ce phénomène est tout à fait récent alors que les conséquences se font déjà sentir à l’échelle du temps de la vie des individus et de l’évolution des espèces. La notion de pollution lumineuse est née à la fin des années 80. A cette époque, seul l’impact sur la santé humaine était pris en consi-dération. Il faudra attendre le milieu des années 90 pour que le problème soit étudié de façon plus globale et que des études soient menées sur l’impact au niveau écologique.

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L’été, sous les réverbères de nos villes et de nos villages les chauves-souris nous offrent un véritable ballet de « danseuses étoiles». En effet, certaines espèces chassent durant toute la nuit sous ces sources lumineuses qui attirent de nombreux insectes. L’éclairage artificiel devient alors une véritable aubaine gas-tronomique pour ces espèces. Toutefois, à long terme, cet effet s’avère beaucoup plus complexe.

Les impacts sur les populations proies des chauves-souris

Ainsi, si dans les zones habitées, la Pipistrelle s’est spécialisée dans la chasse aux insectes autour des réverbères, c’est au risque de faire régresser ses proies par sur-prédation alliée au phénomène dit de « puits écologique »1 . De plus, ces sources lumineuses at-tirent les insectes de très loin, provoquant alors une réduction du nombre d’insectes dans les zones limitrophes de ces zones éclai-rées. Les chauves-souris qui ne chassent que dans l’obscurité to-tale, telles que le Grand rhinolophe, voient alors leurs terrains de chasse se « vider » de leurs proies. Il convient également de noter que les insectes attirés par les sources de lumière blanche développent des comportements anor-maux (reproduction perturbée, etc.), conduisant à moyen terme à leur disparition locale et donc à une diminution de la ressource ali-mentaire des chauves-souris. Les lampes à forte proportion d’ul-traviolets (par exemple à vapeur de mercure) devraient donc être remplacées par des lampes plus faibles en UV.

Les effets directs sur les chauves-souris

On pense également que l’éclairage artificiel augmente les risques de prédation pour les chauves-souris. En effet, malgré leur puis-sant sonar, elles distinguent mal les attaques de prédateurs tels que les rapaces. C’est ainsi que des cas de prédation par des Faucons crécerelles ont été observés sous des lumières artificielles.En outre, l’éclairage peut être particulièrement préjudiciable le long des corridors tels que les ripisylves, les abords boisés, les haies, qui constituent des routes de vol privilégiées pour les chauves-souris. Une étude a démontré que l’éclairage de ces li-néaires arborés diminue jusqu’à 75% la fréquentation de ces corri-dors par les chauves-souris (Stone & al 2009).Enfin, l’éclairage artificiel perturbe le cycle de l’alternance jour/nuit, ce qui est susceptible d’affecter le comportement des-

chauves-souris. Ainsi une étude réalisée, par des chercheurs hon-grois (Boldogh & al, 2007) sur des colonies de reproduction de trois espèces différentes, a mis en évidence l’impact de l’éclairage artificiel sur le développement des juvéniles : naissances retardées et développement ralentit (masse corporelle et taille de l’avant-bras des jeunes de l’année significativement plus faibles dans les colonies occupant des bâtiments illuminés).

Pour l’avenir : quelles solutions ?

Pourtant des solutions existent. Tout d’abord il convient de s’in-terroger sur le bien fondé de la mise en lumière d’un ouvrage d’art, sur la densité des lampadaires dans les rues et ruelles, etc. afin d’optimiser au maximum les emplacements des sources lu-mineuses. Ensuite il s’agit d’utiliser la technicité des nouveaux éclairages : lampe basse tension au sodium, luminaire à diodes, cône d’éclairage réduit, limitation des plages horaires de fonction-nement, etc. Ces solutions conviendront autant à la faune qu’au porte-feuille des collectivités.

Emilie BARTHE,Chargée de mission chiroptère,

Conseil Général des Pyrénées-OrientalesBibliographie : - Boldogh S., Dobrosi D. & Samu P. (2007) The effects of the illumination of buildings on house-dwelling bats and its conservation consequences. Acta Chirop-terologica. pp. 527–534.- Stone E.L., Jones G. & Harris S. (2009). Street Lighting Disturbs Commuting Bats. Current Biology 19 : 1123-1127.1/ Puits écologique : milieu artificiel où des phénomènes écologiques particu-liers s’y produisent. Les espèces du milieu adjacent y disparaissent en plus grand nombre, car y subissant une prédation accrue.

Pollution lumineuse

et chauves-souris

Petit rhinolophe, Nyer

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Un impact indirect remarquable

En quelques mots, les végétaux utilisent la lumière dans le phénomène de photosynthèse qui leur permet de produire des éléments nutritionnels comme des sucres ou des protéines pour se développer. Cependant pour se reproduire, certaines plantes sont totalement dépendantes de l’action d’autres êtres vivants : les insectes pollinisateurs. De nos jours, l’impact de l’éclairage nocturne sur ces insectes est alarmant : d’après un document édité par l’Association Na-tionale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Noc-turnes (ANPCEN). Il est calculé qu’en moyenne 150 insectes nocturnes peuvent être tués en une nuit sur un lampadaire. Sa-chant qu’il existe plus de 8 750 000 points lumineux en France, je vous épargne un tel calcul afin de montrer que cette action est meurtrière. Par conséquent, ce sont de nombreuses plantes à fleurs qui se retrouvent privées de ces insectes transporteurs de pollen d’une plante mâle vers une plante femelle et, donc, de fécondation. Par effet boule de neige, ces végétaux qui ne pourront plus se ré-pandre correctement constitueront le chaînon manquant de tout un réseau trophique basé sur ces producteurs primaires. Plus d’herbe fraîche pour les herbivores et omnivores ainsi que les carnivores qui s’en nourrissent ; l’être humain inclus, bien évi-demment ! Les conséquences de la pollution lumineuse sur les végétaux, peuvent donc à long terme, être irréversibles. C’est toute une ressource fourragère herbacée qui en sera diminuée, affectant ainsi tant la biodiversité que nos systèmes de produc-tion agricoles (élevage et culture).

Un impact direct moins quantifié mais tout aussi réel

Peu d’études ont été réalisées afin de démontrer l’impact de la luminosité nocturne sur les végétaux. Cependant la connaissance du cycle de vie journalier d’une plante en donne une explication simple. En effet, de jour, les plantes utilisent la lumière pour la photosynthèse. De nuit, elle laisse place au phénomène de respiration cellulaire permettant la production d’énergie par la plante. Cette période d’obscurité est essentielle car c’est l’éner-gie produite la nuit qui sera réinvestie dans les phénomènes diurnes. Avec une exposition lumineuse tant de jour que de nuit, la plante ne fait plus que la photosynthèse, se prive d’énergie motrice, s’épuise, puis meurt. Ainsi dans les parcs, aux abords de villes et villages où les éclairages ne sont pas adaptés (pas d’extinction par tranche ho-raire des éclairages publics, éclairage des bâtiments industriels et culturels toute la nuit, lumière blanche et diffusant vers le ciel…), c’est toute une végétation qui souffre et ne peut remplir correctement son cycle de vie journalier. De plus, les plantes sont également rythmées par les variations de luminosité saisonnierières. A l’automne, le nombre d’heures de luminosité diminue et ce signal naturel participe, avec

d’autres facteurs, au jaunissement des feuilles et à leur chute. En ville, il est courant d’observer, à proximité de lampadaires des feuilles restant encore sur des branches d’arbre alors que l’hiver est bien avancé. Le cycle saisonner des plantes s’en trouve donc affecté et l’entrée en période de dormance pour la végétation, afin de passer au mieux l’hiver, est perturbée (sensibilité accrue aux gelées, retardement de la formation des bourgeons…). Qu’elle ait des effets directs ou indirects sur la flore, la pollu-tion lumineuse agit de toute manière sur l’ensemble des écosys-tèmes, devenant ainsi un facteur supplémentaire à la perte de Biodiversité de la planète. Cependant, sa disparition n’est pas impossible alors tentons de faire au mieux pour la réduire.

Sandra Mendez, technicienne RNN de la vallée d’Eyne

Les plantes aussi souffrent de la pollution lumineuse

Petit rhinolophe, Nyer

En effet, ces êtres vivants autotrophes capables de produire, grâce à la lumière et l’absorption de sels minéraux, leur propre matière vivante, peuvent paradoxalement être victimes de l’excès de lumière…

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Des idées lumineuses pour éteindre la nuit

La pollution lumineuse est une nuisance encore assez mal connue. Des initiatives médiatiques voient le jour afin de per-mettre une prise de conscience générale sur la nécessité de proté-ger la biodiversité nocturne et le ciel étoilé. Le « jour de la nuit » instauré pour la première fois en 2009 s’inscrit totalement dans cet objectif. Une multitude de structures, associations et collec-tivités locales, proposent lors de cette nuit des manifestations et animations autour de la faune et de la flore nocturne ainsi que l’observation des étoiles avec des astronomes avertis. En paral-lèle, les communes sont invitées à éteindre symboliquement une partie ou la totalité de leurs éclairages publics. Les trois pre-mières éditions du Jour de la Nuit (2009, 2010 et 2011) ont suscité un fort engouement et annoncent un succès grandissant au fur et à mesure des années. En 2011, plus de 500 événemen-tiels ont été organisés partout en Françe avec 270 animations pour le public et 230 extinctions totales ou partielles. Le constat de la hausse de la fréquentation a été fait partout avec une aug-mentation de 50 à 75 % du nombre de participants par rapport à l’année précédente.La quatrième édition du «jour de la nuit» se déroulera le samedi 13 octobre 2012. N’hésitez pas à solliciter vos communes afin qu’elles aussi participent à l’événement en éteignant leurs éclairages. (http://www.jourdelanuit.fr) Dans le même esprit, pour la troisième année consécutive, l’Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Noc-turnes (A.N.P.C.E.N.) propose à toutes les communes françaises de participer au concours «Villes et villages étoilés». Lors de

la deuxième édition en 2010, 64 communes réparties sur toute la France se sont vues attribuer une labellisation allant de 1 à 5 étoiles, en récompense des efforts consentis pour le respect de la nuit et arborent maintenant à leurs entrées d’agglomération un panneau indiquant le nombre d’étoiles qu’elles ont obtenues. Les communes qui souhaitent préserver la biodiversité nocturne et le ciel étoilé ont plusieurs champs d’actions allant de l’ex-tinction nocturne complète ou partielle à l’utilisation d’éclairage passif (catadioptres, bornes réfléchissantes…) en passant par la non mise en lumière de leurs monuments, l’ encastrement des ampoules dans les têtes de mâts des réverbères, le choix d’am-poules à moindre puissances électriques et de préférence à so-dium, la diminution des points lumineux ou encore l’absence d’éclairage artificiel pour les décorations de Noël. Pour l’édition 2011, les communes souhaitant postuler pour la labellisation peuvent se rendre sur le site Internet de Villes & Villages Étoilés http://www.villesetvillagesetoiles.fr/ Soutenue par La Fondation de France, le Ministère de l’écologie, du Développement du-rable, des transports et du logement ainsi que France Nature En-vironnement, cette labellisation s’inscrit dans le contexte d’une prise de conscience des enjeux énergétiques, économiques et des impacts environnementaux des éclairages nocturnes.

Karine CHEVROT, technicienne RNN Mantet

Dans le village de Prats-de-Mollo-La-Preste, au mois d’avril 2010 et à seulement quelques jours d’intervalle, les ailes de 3 papillons mâles de l’espèce «Isabelle de France» (Graellsia isabelae paradisea) ont été découvertes sous des lampadaires de type globe. Selon toute vraisemblance, les traces laissées sur les ailes prouvent que ces papillons ont été consommés par des chauves-souris. Comme le détaille l’article du 9 septembre 2005 d’Arnaud Zufferey & Immacolata Febbraro « les impacts de la pollution lumineuse », l’éclairage public en attirant ces papillons a très probablement facilité leur destruction par les chauves souris. Cette découverte aura eu l’intérêt d’éveiller notre curiosité et de vérifier la présence des populations de cette espèce dans le Vallespir. Le lieu de la découverte se situant aux portes du site Natura 2000 « Conques de la Preste » et le statut de l’espèce* ont motivé des recherches plus systématiques au cours du printemps 2011. Ces premières recherches ont permis d’affiner la localisation des habitats de ce papillon en Vallespir.Nul doute que des mesures de réduction de la pollution lumineuse dans le village de-vront être prises au bénéfice de la protection de tous les papillons nocturnes impactés par l’éclairage nocturne comme par exemple le grand paon de nuit, lui aussi victime régulière des éclairages nocturnes...

*espèce protégée au niveau national en France (art.1°), Directive « Habitat-Faune-Flore »: annexes II et V, Convention de Berne: annexe I

Pascal GAULTIERconservateur de la RNN de Prats-de-Mollo-La-Preste

Mantet, village phare ?

Impact de la pollution lumineuse sur les insectes : Cas constatés de mortalité sur une espèce à forte valeur patrimoniale à Prats-de-Mollo-la-Preste

Isabelle de France

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Fidèle à son engagement écologique la commune de Mantet souhaite accompagner la RNN dans son combat contre la pol-lution lumineuse.

Dans cette optique, la municipalité a déjà mis en œuvre plu-sieurs actions avec divers partenaires:• participation au jour de la nuit en 2010 et 2011, avec l’accueil d’un spectacle de conte « être dans les étoiles, to be a star » et extinction des lumières du village toute la nuit.• organisation de plusieurs soirées astronomies• extinction du projecteur de l’église • candidature au label villes et villages étoilés de France

Engagée depuis plusieurs années dans une politique de valo-risation du village, la commune a initié, avec le SYDEL, un vaste programme d’enfouissement des lignes aériennes. Mettant à profit ces travaux, les lampadaires et les ampoules ont été, fin septembre 2011, remplacés par du matériel performant adapté aux besoins et moins polluant.Après une campagne d’information et de sensibilisation des ci-toyens, conduite notamment dans le cadre des animations en-fants programmées par la RNN au cours de l’été 2011, la com-mune envisage d’éteindre les lumières du village une partie de la nuit. L’extinction de l’éclairage public est une des conditions sine qua non à l’obtention du label « Villes et villages étoilés ». Afin de limiter au maximum l’impact de la pollution lumineuse sur la faune, la flore et de retrouver la qualité de son ciel noc-turne mais aussi de contribuer à la baisse de sa facture éner-

gétique, Mantet espère obtenir ce label et ainsi ouvrir la voie (lactée bien sûr) à d’autres villages du Conflent. Cependant, une lumière dans la nuit peut être source de sauve-garde de randonneurs égarés, il faudra y penser. Alors Mantet village étoilé, certes, mais Mantet village phare assurément !

Jean-Luc BLAISE conseiller municipal de Mantet

représentant de la commune à la Fédération des réserves naturelles catalanes

Mantet, village phare ?

Tout un été sur le thème de la pollution lumineuse

Comme de vrais professionnels, après la phase de diagnostic, ils ont soumis à la commune des propositions d’amélioration..Ils ont conseillé notamment d’éteindre les éclairages publics de minuit à 5h du matin, d’installer un réverbère rouge pour per-mettre aux randonneurs perdus de localiser le village quand les lumières de celui ci seront éteintes et bien sûr de diminuer la puissance des ampoules des réverbères.

La commune de Mantet réfléchit maintenant avec un électricien sur la faisabilité de ces propositions. Un grand merci à tous ces enfants qui ont contribué à porter au grand jour le côté obscur des éclairages nocturnes en espérant que grâce à eux Mantet obtiendra l’an prochain le label village étoilé de France.

Karine CHEVROT, technicienne RNN Mantet

Cet été,une centaine d’enfants estivants à Mantet ont joué aux experts en matière de pollution lumineuse. Durant 15 semaines l’après -midi, ils ont étudié les conséquences de l’éclairage pu-blic sur la biodiversité mantétaire. Insectes, chauve-souris, oi-seaux, mammifères et bien sûr la qualité du ciel nocturne, ils n’ont oublié aucun thème pour réaliser leur étude d’impact. Ils ont édité un journal hebdomadaire pour porter à la connaissance des habitants du village leurs découvertes.

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Réalisation, publication, diffusion : F.R.N.C - Directeur de la publication : Roger Fons - Rédactrice en chef : Florence Lespine - Conception, animation : Karine Geslot - Rédaction et relecture : Emilie Barthe, Gille Calamer, Jean-Luc Blaise, Karine Chevrot, Fabrice Covato, Pascal Gaul-tier, Pascale Gédéon, Karine Geslot, Odile Guinel, Pierre Jay-Robert, Stéphane Katchoura, Maria Martin, Sandra Mendez, Martine Pluvinage, David Sanier - Crédit photographique et illustrations : Gille Calamer, Karine Chevrot, Fabrice Covato, Pascal Gaultier, Karine Geslot, Tatiana Guio-net, Pierre Jay-Robert, mairie Argelès s/mer, David Morichon, Thierry et Ghislaine Nicaise (p4), Thomas Penanguer, Raúl Pimenta, RNR de Nyer. N°ISSN- 2106-6698

Fédération des réserves naturelles catalanes, 24 rue Jean Jaurès, 66500 Prades, tel: 04.68.05.38.20- [email protected]

Lettre d’information N° 20, décembre 2011

« Fa Temps »

une pièce de théâtre inédite à ne manquer sous aucun prétexte

- Samedi 28 janvier - à 21h

Prades - au foirail

Soirée théâtre sur les souvenirs des anciens

Le territoire de nos réserves naturelles évolue au cours du temps. Les activités humaines d’hier ne sont plus celles d’aujourd’hui : le pastoralisme recule, la forêt avance, les paysages changent laissant tomber dans l’oubli les traces de cette vie passée. Pourtant, il reste des personnes qui ont la mémoire de ces lieux et la capacité de ranimer ces vestiges : ce sont les anciens. La mémoire orale d’un territoire, constituée d’un en-semble de souvenirs, de traditions, de savoir-faire, est un patrimoine extrêmement fragile qu’il est important de sauvegarder. L’appel à projet d’éducation à l’environnement 2011 de Réserves Naturelles de France a permis aux ré-serves naturelles catalanes en partenariat avec l’asso-ciation Nataph et la Compagnie Encima ,de partir à la rencontre des personnes âgées d’Eyne et de Mantet. De là, est née une pièce de théâtre, «Fa temps », faite de souvenirs récoltés auprès de ces pas-seurs de mémoire qui ont vu ce siècle dernier se dérou-ler et nous les font partager. C’est tout d’abord un théâtre documentaire créé à partir de différents supports : des écrits, des photos et surtout des paroles.Mais le théâtre relève du domaine sensoriel, charnel c’est pourquoi c’est bien plus qu’une création documentaire, c’est un poème fait de sensibi-lités rythmiques et musicales, un tressage d’images, de sons et d’odeurs.»Fa Temps» éveille les sens et attire notre attention sur des vies simples qui s’accommo-dent des saisons. Les comédiens vont rendre vivant ce témoignage.

- Samedi 04 février -à 18h30

Eyne - à la maison de la vallée

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Karine CHEVROT, technicienne RNN Mantet

Tarif unique 4 €, soupe de l’amitié offerte à la fin du spectacle