4
 Jean Cartelier Bernard Morucci Quelques remarques sur la différenciation des taux de profit In: Cahiers d'économie politique, n°1, 1974. pp. 163-165. Citer ce document / Cite this document : Cartelier Jean, Morucci Bernard. Quelques remarques sur la différenciation des taux de profit. In: Cahiers d'économie politique, n°1, 1974. pp. 163-165. doi : 10.3406/cep.1974.874 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cep_0154-8344_1974_num_1_1_874

Notes Sur Didifférentiation Des Taux Profit

Embed Size (px)

DESCRIPTION

différentiation des taux profit

Citation preview

  • Jean CartelierBernard Morucci

    Quelques remarques sur la diffrenciation des taux de profitIn: Cahiers d'conomie politique, n1, 1974. pp. 163-165.

    Citer ce document / Cite this document :

    Cartelier Jean, Morucci Bernard. Quelques remarques sur la diffrenciation des taux de profit. In: Cahiers d'conomie politique,n1, 1974. pp. 163-165.

    doi : 10.3406/cep.1974.874

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cep_0154-8344_1974_num_1_1_874

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_cep_30http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_cep_31http://dx.doi.org/10.3406/cep.1974.874http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cep_0154-8344_1974_num_1_1_874

  • QUELQUES REMARQUES

    SUR LA

    DIFFRENCIATION DES TAUX DE PROFIT

    Dans son trs intressant article, Patrick Maurisson met quelque peu en cause une note relative l'existence d'un talon des prix en cas de diffrenciation des taux de profit . Ceci nous conduit aux observations et prcisions suivantes :

    1. Nous sommes videmment d'accord avec les rsultats obtenus par PM et en particulier avec l'ide selon laquelle en cas de structure rigide des taux de profit, le systme des prix admet un talon.

    2. Ce dernier rsultat, intressant en ce qu'il constitue une extension de la thorie des prix de production, trouve en cela mme sa limite. En effet, il est immdiat que la situation envisage par PM ne diffre pas de celle o le taux de profit est suppos uniforme. La disparit des taux de profit qu'il voque a en fait un statut technologique (ce qu'il signale d'ailleurs p. 153 ) et n'est pas significative d'une modification de la rgle de rpartition caractrisant le systme de prix.

    Si (1 + r) A P + w L = P est l'criture (avec les symboles habituels) d'un systme taux de profit uniforme, on sait que :

    r = R (1 w) o w est exprim en marchandise talon (qui existe et qui est unique) et o 1/(1 + R) est la dominante de A. Le systme (1 + r) ZA P + wL = P o (1 + r) Z indique la structure stable des taux de profit est en fait, pour ce qui est en cause ici, identique un systme taux de profit uniforme (r) o la matrice des moyens de production serait ZA. On a :

    r = R (1 w) o 1/(1 + R) est la dominante de ZA.

    Les deux systmes examins ne diffrent que par la technologie et ils admettent tous les deux une marchandise talon, bien que celle-ci ne soit pas la mme, rsultat tabli par P. Sraffa.

    3. L'existence d'une structure stable des taux de profit n'est donc pas vraiment un cas de diffrenciation des taux de profit.

  • 164 Jean CARTELIER - Bernard MORUCCI

    Cela a d'ailleurs t peru au moment mme o, dans la formation de l'conomie politique, a t postule l'uniformit du taux de profit. Pour Smith, puisque c'est lui que revient cet honneur, la diffrence stable dans les taux de profit due l'agrment ou au dsagrment, la sret ou au risque qui accompagnent le genre d'affaire auquel le capital est employ est une confirmation et non une infirmation de l'uniformit du taux de profit, qui seule spcifie le profit comme non-salaire et comme non-rente.

    Ds lors que l'on cherche aller au-del du postulat de l'uniformit du taux de profit, il est ncessaire d'adopter une formalisation qui rompe avec celle des prix de production. Tentons d'esquisser la porte possible d'une telle dmarche.

    4. En bref, notre point de dpart est constitu de deux propositions qui nous paraissent rsulter aussi bien des controverses rcentes entre les deux Cambridge que du long dbat entre Ricar- do et Malthus :

    a) La thorie des prix de march, i.e. celle qui repose sur l'quilibre de l'offre et de la demande, parat impuissante dterminer le niveau du taux de profit (chez Malthus comme chez les no-classiques). Seule, la thorie des prix naturels (ou de production) parvient une telle dtermination : le salaire tant connu, le taux de profit est dtermin par les conditions de la production directe et indirecte des marchandises fondamentales (chez Sraffa) ou des biens-salaire (chez Ricardo-Bortkiewicz).

    b) Seule la thorie des prix de march fournit un mcanisme susceptible d'apprhender la tendance au taux de profit uniforme, de rendre compte de l'uniformisation du taux de profit (ce qui ne signifie pas que ce mcanisme soit pertinent). La thorie des prix naturels en semble logiquement empche du fait de l'absence ncessaire de toute variation des quantits ( cause de l'talon).

    De ces deux propositions dcoule la consquence suivante : la dtermination du taux de profit en conomie politique suppose que l'on se donne son uniformit. L'uniformit du taux de profit n'est plus concevable comme un rsultat de la thorie ; elle apparat comme un prsuppos ncessaire, en un mot comme un postulat.

    Cependant, avant d'admettre cela, c'est--dire de tracer avec exactitude le champ thorique de l'conomie politique, il faut en toute rigueur prouver qu'il n'est pas possible de penser l'uniformisation du taux de profit dans la sphre thorique des prix naturels. Il est quelque peu prmatur de dvelopper une argumentation bien incertaine et incomplte, la recherche n'tant qu'au stade exploratoire. Toutefois, on peut saisir intuitivement que l'inexistence d'un talon dans les systmes de prix taux de profit diffrencis telle qu'elle a t tablie dans la note susvise

  • PROBLME DE LA DIFFRENCIATION DES TAUX DE PROFIT 165

    est un lment significatif. En effet, si un talon existait, cela signifierait que le taux de profit moyen d'un systme taux de profit diffrencis est toujours gal au taux de profit uniforme du systme de prix de production correspondant et qu'il est toujours possible de dfinir une rgle permettant de passer de l'un l'autre.

    Quelle que soit l'issue de recherches actuellement en cours, il est clair qu'un problme de limite se pose l'conomie politique : ou bien il apparat que l'uniformit du taux de profit est

    l'unique modalit d'apprhension du profit par l'conomie politique et il va de soi que la critique marxiste de l'conomie politique en est encore renforce et prcise,

    ou bien cela n'est pas mais il faudra alors inventer une thorie de la concurrence capitaliste qui ne parle pas des prix de march...

    On notera que ce problme n'en est pas un pour la pense marxiste en raison notamment de la faon dont est pense la classe capitaliste : ceux qui achtent une marchandise spcifique (la force de travail) du fait qu'ils se sont appropris son complment (les moyens de production). La question de l'uniformit ou de la diffrenciation des taux de profit (marxistes) ne remet pas en cause ce fondement et relve de celle des dmembrements de la plus-value, ce dernier concept tant antrieur la saisie du profit.

    Jean Cartelier et Bernard Morucci.

    Fvrier 1974

    InformationsAutres contributions des auteursJean CartelierBernard Morucci

    Cet article est cit par :Messori Marcello. Histoire de l'analyse conomique et conomie politique. propos des Cahiers d'conomie politique. In: Cahiers d'conomie politique, n29, 1997. pp. 7-19.

    Pagination163164165