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NON À LA PÉRENNISATION ! NON À LA DISCRIMINATION ! Citoyens contre l’état d’urgence Crédit photo : Yves Nicoleau Jeudi 4 février 2016 - N° 2136 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

Nouvelles N° 2136

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Nouvelles N° 2136 du 4 février

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NON À LA PÉRENNISATION ! NON À LA DISCRIMINATION !

Citoyens contre l’état d’urgence

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Jeudi 4 février 2016 - N° 2136 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

2 • Les Nouvelles 4 février 2016

ACTUALITÉEN LUTTE

LOGISTIQUE URBAINE

Non au tout-camions et à l’asphyxie du MIN !

PORT DU VERDON

La reprise oui mais pas n’importe comment et de façon pérenne !

PCF

Crise de l’élevage : « De nouvelles annonces au parfum de réchauffé »En réaction aux mouvements des éleveurs de porcs, lait, de viande, le PCF dans un communiqué évoque un « vaste plan social qui n’en porte pas le nom ». Il est la conséquence du démantèlement des outils de régulation, de la libéralisation des marchés, du dumping social, de la concentration de l’agriculture au profit des géants de l’agro-alimentaire et de la grande distribution, auxquels s’ajoutent les difficultés sanitaires, fièvre catarrhale ovine et grippe aviaire.

« Faute d’affronter le sujet de prix agricoles rémunérateurs, comme celui des travailleurs détachés en Europe, les mesures gouvernementales de l’été dernier n’auront été qu’incantatoires », indique le Parti communiste. « Les 290 millions d’euros supplémentaires alloués au plan de soutien à l’élevage ne répondront que partiellement aux producteurs les plus en difficulté ».

« Des solutions durables existent. Le droit à une alimentation de qualité pour tous appelle à une vraie politique de gauche. La proposition de loi déposée en septembre 2015 par les parlementaires du Front de gauche est à disposition pour apporter de vraies solutions aux éleveurs et faire échos aux mouvements paysans.

Nous proposons de légiférer sur la réduction des marges et pratiques abusives dans la grande distribution. Les prix agricoles doivent faire l’objet de négociations annuelles et pluralistes à travers des conférences des prix. Les filières alimentaires relocalisées doivent être soutenues, l’indication d’origine des produits agricoles appliquée.

L’Europe doit reconquérir l’ambition de sa souveraineté alimentaire. Elle doit se doter d’outils de gestion et de planification, tels des stocks régulateurs, des prix indicatifs… Pour que la PAC soit au service de l’intérêt général, il faut faire échec au projet de Traité Transatlantique. »

HUMEUR

Des absences en séance plénière du Conseil régionalLa séance plénière du lundi 1ier février, au Conseil régional Aquitaine Limou-sin Poitou Charentes, a connu deux types d’absences.

Il n’y avait d’élus communistes pour s’opposer aux mesures austéritaires. C’est à une véritable escalade dans la volonté de faire des économies que se sont livrées les forces politiques en présence. Un élu du FN est allé jusqu’à dénoncer « le mastodonte administratif » que serait la région en termes de personnel… ». Un « mammouth à dégraisser » peut-être ?

On a pu aussi assister à une escalade dans les propos et les surenchères ver-beuses, dans certaines limites, Rousset précisant au FN « Je suis parfois très heureux de l’UMPS, Jacques ».

Autre absence, celles des élus écologistes, présents physiquement mais endor-mis… ou attendant d’applaudir à tout rompre les déclarations d’Alain.

Présente était la droite. Elle le sera bien plus encore, en matière de finances notamment, A. Rousset lui offrant gentiment (au nom des électeurs de gauche ?) la présidence de la commission des Finances, Budget, Affaires Générales. On susurrait le nom d’Olivier Chartier.

Vers 15 heures, A. Rousset présente une motion de soutien à la filière des pro-fessionnels du canard. Et là, réveil des écologistes, dégraisser le mammouth passe… mais engraisser le canard…non  ! Du coup, ils se rendorment et ne participent pas au vote.

PB

Vice-présidente en charge des infrastructures à Bordeaux-Mé-tropole, Claude Mellier a appelé lors du dernier conseil métropoli-tain, à l’expérimentation urgente de nouveaux modes de transport des marchandises. Un sujet parti-culièrement important aux abords du MIN de Brienne.

« Je me saisis de cette délibération sur la ZAC de Floirac, pour évoquer un sujet pas si éloigné qui est celui de la logistique dans la zone d’Euratlan-tique et particulièrement du marché d’intérêt national (MIN). Sujet pas si éloigné puisque notre groupe a évoqué, il y a quelques mois, le sort des quais de Floirac où les activités productives sont désormais proscrites et où hélas aucune piste n’est évoquée pour favoriser le transport des mar-chandises par le rail ou par le fleuve.Je voulais surtout dire mon inquié-

tude après plusieurs réunions du MIN pendant lesquelles les acteurs économiques ont été mis devant le fait accompli de décisions de l’OIN-Euratlantique. C’est le cas pour le retrait d’une voie ferrée côté rue d’Armagnac et ça l’est aussi hélas pour les accès routiers au droit du pont Jean-Jacques Bosc qui inter-rogent beaucoup riverains et utilisa-teurs du MIN.Je partage l’objectif d’en finir avec une vision uniquement routière, voire autoroutière des accès aux activités de ce type. Mais comment y parvenir si on n’offre ni alternative ferroviaire ni alternative fluviale ? Ne risque-t-on pas l’asphyxie du MIN ?

Ce serait une erreur profonde.Et puisque les comparaisons avec les grandes capitales européennes sont fréquentes, je vous inviterai à regarder ce qui se passe à Paris où le fluvial est un lieu d’expérimentation à grande échelle pour le transport de marchandises et où une plate-forme logistique ferroviaire de 40 000 m2 va voir le jour en plein cœur du 18e arrondissement. Selon ses promo-teurs, ce sont 45 000 camions par jour qui pourraient être retirés de la circulation avec ce projet. Il est urgent de passer un cap pour changer les conditions du transport sur notre agglomération. »

EN SAVOIR PLUS :

www.chapelleinternational.sncf.comOU paris-nord-est.imaginons.paris

Suite à la panne des deux por-tiques, le port du Verdon est à l’arrêt depuis 3 ans ! Aujourd’hui Europorte (filiale d’eurotunnel) répondant à un appel d’offre du Port de Bordeaux a fait le pari d’investir pour relancer l’activité du port ! Tous les décideurs sont fébriles et impatients quant au redémarrage de l’activité portuaire au cœur d’un territoire où la préca-rité, la pauvreté et le chômage sont profondément ancrés !

Aujourd’hui le port tarde à redémar-rer et la CGT Dockers est régulière-ment tenue comme responsable de ces retards. M. Bidalun, maire du Verdon revient à la charge dans un courrier à Alain Rousset publié dans Sud Ouest du 31 janvier.Stéphane Le Bot, secrétaire de la section Nord Médoc du PCF, qui

connaît bien le dossier et a pu ren-contrer, avec Olivier Dartigolles, les salariés du port lors de la campagne des régionales réagit.« On profite d’un article pour mettre encore en accusation la CGT, sans lui donner la possibilité de s’exprimer.Si M. Bidalun allait rencontrer les salariés du port plutôt que flatter le patron d’Europorte, il comprendrait mieux les enjeux et les difficultés d’un tel redémarrage du terminal containers que, par ailleurs, tout le monde souhaite, même la CGT contrairement à ce qu’il prétend. Seulement, oui monsieur le maire, les salariés ne veulent pas travailler dans n’importe quelles conditions ! Quand vous parlez de création d’emploi, vous faites erreur car, dans un premier temps, il s’agit de déplacer des personnels de Bassens au Verdon puisque l’activité de porte-containers

qui, demain, se développera au Ver-don a lieu aujourd’hui à Bassens. Les salariés veulent donc des garanties quant à la pérennité du site avant d’envisager un transfert. Sur cette question, on peut com-prendre les inquiétudes des salariés quand Europorte achète des por-tiques d’occasion de 30 ans d’âge pour remplacer les portiques en pannes qui en ont 36… Quelle pérennité ? Quel engagement à long terme d’Europorte ? Voilà la question que se posent les salariés du port. Quelles formations aussi pour l’utilisation des nouveaux portiques ?Enfin, avant de fantasmer comme le fait Europorte sur une « explosion » de l’activité portuaire au Verdon, il envi-sage en effet de multiplier par 2 ou 3 l’activité actuelle (50 000 containers), il serait bon aussi de se poser la ques-tion de par où va transiter tout ce fret, sachant que le terminal de containers se trouve à Bruges. La voie ferrée (à voie unique) suffira-t-elle ? Elle qui absorbe déjà difficilement son trafic passager quotidien. Ne doit-on pas envisager un acheminement par barge via l’estuaire ? Sinon ce sera la route, avec les conséquences de congestion du trafic sur l’axe routier principal nord-sud du Médoc !Voilà le genre de questions que les salariés et moi-même nous nous posons, nous qui pensons à un déve-loppement à long terme du territoire et pas juste quelques annonces suivies d’actes insuffisants.Ayons de l’ambition pour ce port mais à long terme ! Voilà ce que j’ai envie de dire à Europorte, mais pour cela il faut y mettre réellement les moyens, c’est la seule condition pour enfin créer des emplois durables et pérennes. »

PROCÈS DU DR COUADOU

L’ordre des médecins jette l’éponge

Le Dr Couadou était bien entouré, au Tribunal d’Instance de Bordeaux le 27 janvier, pour le procès qui l’opposait à l’Ordre des médecins de Gironde.

Devant l’ampleur du soutien et de l’indignation, cet Ordre des médecins a battu en retraite et signifié au Juge du Tribunal d’Instance qu’il arrête les poursuites.

C’est un échec cinglant pour ce lobby tout-puissant et une victoire importante pour celles et ceux qui pensent que la liberté associative et syndicale reste fondamen-tale. « Elle nous permet, a déclaré le comité de soutien, d’envisager des actions pour obtenir la mise en place rapide de la non-obligation d’adhérer à cet Ordre et un débat public pour faire le bilan de soixante quinze ans d’Ordre des médecins et proposer des alternatives aux pouvoirs qui lui sont actuellement accordés ».

Les Nouvelles 4 février 2016 • 3

EditorialACTUALITÉ

S’engager pour répartir les richesses autrement

Les agriculteurs en détresse, les taxis en difficulté, les retraités, les fonctionnaires sans pouvoir d’achat, et le nombre de chômeurs qui continue d’augmenter.Décidément François Hollande avait raison, l’ennemi c’est bien la finance. C’est bien le point commun aux problèmes des uns et des autres.Là où François Hollande ne dit pas la vérité, c’est quand il prétend que cette finance n’a pas de visage. Mieux, elle a de nombreux visages. Derrière les plus connus, les Bettencourt, Arnaud, Dassault, Pinault, Bouygues, Vinci, Bigard, il y a tous ceux qui font de l’argent en dormant, qui exigent 20 % de retombées financières sur chaque action.Les règles établies, le consensus politique et média-tique, c’est la soumission à ces exigences. C’est le rouleau compresseur permanent de ceux qui espèrent toucher quelques dividendes.On fait monter les peurs, les divisions, les tentatives de soumission comme chez Goodyear ou Air France. Le terrorisme sert de base au projet de réduction des libertés.Le gouvernement socialiste fait tellement à droite que celle-ci ne sait plus sur quel pied danser. Et quand les mouvements sociaux reprennent, madame Le Pen, si souvent médiatisée, disparait des écrans.Alors est-il possible de faire autrement ? Est-il possible d’organiser des courants d’opinion pour imposer d’autres choix ?Les communistes travaillent sur ces questions es-sentielles. Leur volonté reste de donner à chacun les moyens de comprendre pour intervenir, de s’extraire des idées dominantes pour mieux les combattre.Déjà les prochaines élections sont l’objet de beau-coup d’agitation. Si les citoyens sont absents du débat, rien ne se fera dans la durée !Plus personne ne veut du spectacle politicien actuel, ou de candidat proclamé. La confiance dans le politique mérite que tous ceux qui veulent vraiment que cela change, s’engagent sur des contenus clairs et responsables. Le débat ne doit pas être faussé. Gouvernement et direction du PS considèrent que pour sortir de la crise il faut appliquer les mêmes solutions que la droite et retenir les exigences du MEDEF. Ce qu’ils font avec zèle.Construire une réelle alternative ne s’organise pas simplement autour de pétitions ou du nombre de passages sur les médias, mais autour et avec ceux qui proposent une toute autre orientation, avec des mesures qui stopperont la domination du pouvoir de l’argent. Rappelons que 1 % des plus riches détiennent plus de la moitié des richesses mondiales. Cela ne peut plus durer.Le constater c’est bien ! S’organiser pour l’empê-cher et répartir l’argent pour le bien de tous c’est mieux !

Pierre VignauMembre du comité exécutif du PCF 33

CITOYENS CONTRE L’ÉTAT D’URGENCE

Non à la pérennisation ! Non à la discrimination !

Des manifestations se sont tenues dans tout l’Hexagone, samedi 30 janvier, contre la prolongation de l’état d’urgence et son inscription dans la Constitution. Par-dessus tout, la question de la déchéance de nationalité reste en travers de la gorge des personnes mobilisées. Malgré la météo et le contexte poli-tique, ils étaient nombreux à sonner l’alarme pour préserver nos droits fondamentaux.

Après trois mois en état d’urgence, la France a besoin d’en sortir. C’est ce mot d’ordre qui a fait défiler samedi, dans plus de 70 villes du pays, plu-sieurs milliers de citoyens à l’appel des collectifs « Nous ne céderons pas ! » et « Stop l’état d’urgence », regroupant des dizaines d’associations et de syn-dicats (Ligue des droits de l’homme, CGT, RESF, FSU, Syndicat de la magistrature, etc). Les citoyens et organisations qui ont pris la rue récla-ment sa levée sans délai et refusent par-dessus tout son inscription dans la Constitution, tout comme les mesures de déchéance de nationalité, avec lesquelles le premier ministre a phagocyté le débat public depuis plusieurs semaines.

Refus du contrôle généralisé

À Paris, 20 000 citoyens, selon les or-ganisateurs, auront bravé la mauvaise météo, à Bordeaux, ils étaient 3 000, réunis à l’appel du collectif girondin. Les jeunes sont très présents dans cette manifestation, parmi eux, India et Lou, 18 ans, étudiantes en littérature à Bordeaux. Elles n’ont pas l’habitude de manifester. Elles l’ont fait après les attentats de Charlie, « la manifestation spontanée, pas celle qui a été récupérée » et une autre fois contre les mesures anti-sdf du maire de Périgueux. « Prolonger l’état d’urgence et inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution, c’est aberrant, cela va à l’opposé des valeurs de la République. » « La loi, la Constitution, de manière générale, ça demande de la réflexion, du débat. Bien sûr qu’après les attentats il fallait prendre des mesures mais on ne peut pas décider, dans l’émotion, de lois qui permettent d’empêcher les citoyens de s’exprimer, comme on l’a vu pendant la COP 21 ».Ce qui chiffonne le plus les deux étudiantes, c’est bien la pérennité des mesures. « François Hollande ne sera certainement pas réélu en 2017. Vous

imaginez cette loi dans les mains de Sarkozy ou de Le Pen ? »La déchéance de nationalité pour les binationaux, ça les révolte vraiment. « En France, quand on parle de l’immi-gration, on parle toujours de ce qui ne va pas, on ne parle jamais de la diversité et de la richesse que ça représente. Encore une fois, on stigmatise, et on ajoute une discrimination. »« Le pire est que tout ça sera inefficace pour empêcher les attentats. Cela ne servira qu’ à diviser encore plus les gens. Plusieurs personnes qui ont perdu des proches dans les attentats du 13 novembre ont adressé des appels contre la haine et la division. Ce sont elles les victimes, et elles ne sont pas entendues ».La manifestation s’est déroulée de la Place de la Victoire au Grand Théâtre où Corine Versigny, secrétaire de l’Ud CGT a annoncé, pour le col-lectif « Nous de cèderons pas ! », que la mobilisation se poursuivrait jusqu’au vote au Parlement. L’organisation d’un forum autour de l’état d’urgence, la déchéance de la nationalité notam-ment, et pour la défense des libertés individuelles et collectives est envisa-gée. La responsable syndicale a aussi rappelé le rendez-vous du 4 février pour la défense des Good-Year.

Le gouvernement persiste

Sur la déchéance, pour trouver le com-promis politique nécessaire au pro-chain vote du Congrès de la révision constitutionnelle, le Premier ministre a édulcoré le dossier en évitant le terme de binational. Mais dans les faits, la décision poussée par l’Elysée pour lutter contre le terrorisme marque bien une distinction en deux catégories de citoyens français : ceux disposant de la seule nationalité française et les autres.Au nom de la lutte contre le terro-risme, toujours, c’est bien une loi liberticide de taille que s’apprête à faire passer le gouvernement, comme en témoigne le projet de réforme de la procédure pénale présenté au Conseil des ministres. C’est tellement grave que le président de la cour de Cassation et les présidents des cours d’appel ont publié un communiqué pour dénoncer « les mises en cause répétées » de la magistrature et « l’affai-blissement du rôle constitutionnel de l’autorité judiciaire, gardienne de la liberté individuelle ». Car en effet, sous prétexte de sim-plifier les procédures, il est question de déposséder les juges de leurs

prérogatives au profit du ministre de l’intérieur et du parquet.La réforme de la procédure pénale ratisse large, allant du terrorisme à la criminalité organisée. Au menu : le renforcement du contrôle des personnes de retour de Syrie ou encore l’assouplissement des « règles d’engagement armé » des forces de l’ordre au-delà de la légitime défense. Il s’agit d’aller vite et frapper fort, quitte à mettre à mal les droits de la défense et les libertés publiques. « C’est un engrenage dangereux. Plus on avance sur cette voie, plus il nous sera difficile d’en sortir », déplore Véronique Léger, secrétaire nationale de l’Union syndicale des magistrats.

Libertés menacées, citoyenneté à réveiller

À la deuxième « agora de l’Humanité », Vanessa Codaccioni, maîtresse de conférences en science politique à l’université Paris-VIII Saint-Denis, a montré en quoi le recours à des « mesures exceptionnelles » s’inscrit dans une histoire du pouvoir politique en France. Avec une constance : chaque menace réelle (les ligues factieuses des années 1930, l’OAS dans les années 1950-1960, les attentats terroristes depuis le milieu des années 1980) a engendré des mesures « d’exception », pour ensuite se retourner contre les libertés individuelles et publiques. La loi de 1955 sur l’état d’urgence a été votée pour permettre la gestion du pouvoir de la situation en Algérie – d’une guerre coloniale, menée sans la nommer. La « justice d’exception » a ainsi souvent servi à contrôler sinon à réprimer des mouvements contesta-taires (anarchistes, d’extrême gauche, régionalistes et séparatistes…).Anicet Le Pors, ancien ministre et conseiller d’État honoraire en appelle au sursaut : « Il ne faut pas se laisser enfermer dans ce piège » visant à créer « un brouillage » pour « masquer toutes les atteintes à la citoyenneté ». Il les énu-mère : le recul du service public garant de l’intérêt général sous les coups de boutoir de l’austérité, les attaques à l’égalité et la responsabilité avec une laïcité non affirmée, un droit du travail torpillé par le jeu du « contrat contre la loi », des salariés en lutte criminalisés, etc. La « communauté des citoyens » doit s’élever contre toutes ces atteintes.Jean-Paul Jouary, agrégé et docteur en philosophie, essayiste « ne croit pas » à une citoyenneté menacée, mais plutôt à l’inverse : « Cette avalanche de mesures liberticides » devient possible en raison d’un « déficit de citoyenneté ». Dans un contexte qui peut mener le peuple à se tourner « vers un régime autori-taire » et un homme (ou une femme) providentiel(le), « résister au pire » crée « de nouvelles exigences pour les citoyens ».

Christelle Danglot, avec l’Humanité

LES VIDÉOS DES AGORAS DE L’HUMANITÉ SONT CONSULTABLES SUR LE SITE

humanite.fr

4 • Les Nouvelles 4 février 2016

LOGEMENT

RAPPORT 2016 DE LA FONDATION ABBÉ PIERRE

L’état du mal-logement en France3,8 millions de mal-logés – 15 millions de personnes touchées par la crise du logement

Dans son rapport annuel publié jeudi 28 janvier, la Fondation Abbé Pierre dresse le tableau sombre d’une France « malade du mal-logement ». En effet, à bien des égards, la précarité énergé-tique, l’insalubrité, l’indignité des logements ou l’absence de domicile personnel ont des conséquences très graves sur l’état de santé de centaines de milliers de personnes (maladies respiratoires, allergies, troubles alimentaires, troubles du sommeil, dépression, stress…).

Dans ce rapport, où la Fondation Abbé Pierre rend compte des liens entre santé et logement, il ne fait aucun doute que le mal-logement est une question de santé publique.Selon l’OFCE, les personnes mal logées (surpeuplement, humidité, bruit) augmentent chacun de 40 % le risque pour une personne de se déclarer en mauvaise santé. Ce pourcentage atteint 50 % pour les personnes en situation de précarité énergétique.De même, il arrive trop souvent que les problèmes de santé aggravent des difficultés de logement, voire même y précipitent les plus fragiles. Dans les faits, une mauvaise santé est un fac-teur discriminant pour accéder et se maintenir dans un logement digne.Finalement, les carences des poli-tiques de logement et de santé s’ali-mentent mutuellement et sacrifient les personnes les plus vulnérables, en particulier celles qui souffrent de troubles psychiatriques. Au-jourd’hui, 1/3 des personnes à la rue ont des troubles psychiatriques sévères alors que 60 000 lits en hôpital spécialisé ont été fermés au cours des dernières décennies, sans alternatives à la hauteur des besoins.

Ségrégation urbaine

Ce 21e rapport consacre également un chapitre à la lutte contre la ségré-gation urbaine. Après les attentats

de janvier 2015, le Premier ministre avait annoncé un projet de loi pour lutter contre « l’apartheid territorial ».Intitulé « Égalité et citoyenneté », ce texte législatif actuellement soumis à la concertation ambitionne de favoriser la mixité sociale. Pour la Fondation Abbé Pierre, cet objectif est légitime face à une ségrégation accrue des « zones urbaines sensibles », à condition de ne pas pénaliser les ménages modestes, comme c’est encore trop souvent le cas. Pour la Fondation, les ménages pauvres ne doivent pas faire les frais de la poli-tique de mixité sociale.Pour éviter cela, il faut améliorer les conditions de vie dans les quartiers populaires en s’intéressant au sort des habitants « ici et maintenant ». Il faut également mener conjointe-ment une action volontaire dans les quartiers aisés. Produire du logement abordable dans les quartiers qui en manquent notamment en renforçant la loi SRU et attribuer les logements accessibles aux ménages prioritaires ; mobiliser le parc privé ; renforcer les intercommunalités en leur donnant pleinement la charge de l’habitat….Ces politiques doivent pouvoir des-siner un « socle républicain » capable de dépasser les contradictions entre mixité et droit au logement.

Les chiffres du mal logement

Comme chaque année, ce rapport dresse le tableau de bord du mal-lo-gement à partir de chiffres actualisés, notamment grâce à une exploitation inédite de l’enquête Logement 2013 de l’Insee fortement attendue, et du suivi des politiques du logement de l’année écoulée.Il montre la dégradation alarmante de nombreux indicateurs, qu’il s’agisse du nombre de personnes sans domicile, en précarité énergétique, en effort financier excessif ou en hébergement contraint chez des tiers.L’objectif affiché au début du quin-quennat de dynamiser la construc-

tion tout en maîtrisant les hausses de prix du logement, a été abandonné en 2014.Au lieu des 150 000 logements so-ciaux attendus, seuls 109 000 ont été financés en 2015, en baisse annuelle de 9 %. Un même bilan décevant concerne la production de logements très sociaux à bas niveau de quittance (« PLAI adaptés »), à peine plus de 700 ont été programmés alors que 3 000 étaient promis en 2015.Inutile, cette année encore, de comp-ter sur la mobilisation du parc privé à vocation sociale, qui stagne à des niveaux très bas : leur nombre passe pour la première fois sous la barre des 5 000 en 2014. Un échec qui empêche de produire rapidement des logements accessibles pour les ménages modestes dans les quartiers qui en manquent et de faire reculer la ségrégation spatiale.

Logement pérenne ?

L’ambition réaffirmée régulièrement, depuis 2009, du « logement d’abord » peine à se concrétiser. Malgré le lancement salué, au début de l’année 2015, d’un plan de réduction des nuitées hôtelières, le recours à l’hôtel, coûteux et inadapté aux familles, poursuit sa hausse : + 23 % en 2015 après des hausses de 27 % en 2013 et en 2014, pour atteindre 40 000 nui-tées quotidiennes à la fin de l’année.La volonté affichée de privilégier le logement pérenne plutôt que l’héber-gement d’urgence ne se traduit pas clairement dans les actes ou dans le budget… Et le nombre de ménages reconnus prioritaires au Droit au logement opposable (Dalo) restant à reloger ne cesse d’augmenter.Devant de tels constats, le mot d’ordre de la Fondation est clair : le combat doit plus que jamais continuer.

(Elunet du jeudi 28 janvier 2016)

ACCÈS AU LOGEMENT

L’hébergement d’urgence coince toujoursUn an après la mise en place par le gouvernement d’un plan visant à améliorer l’hébergement des sans-abri, la Fnars dresse un bilan mitigé de ces mesures. Et appelle à mettre le paquet sur le loge-ment. Dans un entretien accordé à l’Humanité du 27 janvier, Florent Gueguen rappelle qu’avec plus de 140 000 sans-abri en France et près 3,8 millions de mal-logés, les chiffres restent colossaux et les efforts loin d’être suffisants.

Un an après la mise en place par le gouvernement d’un plan visant à améliorer l’hébergement d’urgence, la Fédération nationale des asso-ciations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars), qui regroupe 870 associations, a dressé, le 26 janvier, un bilan mitigé de ces premières mesures à l’occasion de ses assises annuelles. Pour Florent Gueguen, directeur général de la Fnars, le plan pour résorber le nombre de nuitées d’hôtel, très attendu par les associa-tions, est lent à se mettre en place. « Le recours à ce mode d’hébergement d’urgence augmente moins vite qu’en 2014, certes, mais il continue d’aug-menter quand même… On compte toujours 40 000 personnes à l’hôtel en France, notamment des familles avec enfants qui pèsent 40 % des appels au 115. La poursuite de cette hausse n’est pas un hasard. Les places alternatives

prévues dans le plan gouvernemental – 13 000 en trois ans – reste en nombre insuffisant et leur création tarde trop. » Sur la création de places pour les mi-grants, le directeur général note des efforts pour héberger des personnes issues de Calais ou d’Allemagne mais relève que les places créées sont souvent temporaires. « Pour ceux venant de Calais, l’hébergement n’est financé que jusqu’au 31 mars. Que vont-elles devenir ensuite ? C’est une gestion au thermomètre que nous dénonçons depuis des années. Au-delà des hébergements pour les migrants de Calais, ce sont environ 8 000 places au total qui vont fermer au printemps, comme si les sans-abri ne devaient être hébergés qu’en hiver ».La Fnars propose un « pacte pour l’accès au logement des sans-abri ». L’idée est de demander au gouverne-ment de recentrer l’effort public sur le logement sous toutes ces formes. La « part du logement très social, le Plai, le seul réellement accessible à nos publics précaires, est très faible : seulement 30 000 agréments chaque année… Or, le but de l’hébergement doit être de parvenir à reloger la personne, pas de la laisser dans la spirale des centres d’urgence pendant des années. En Écosse, des programmes qui per-mettent l’accès direct au logement des sans-abri se développent et marchent. Nous devons opérer ce même genre de changement structurel. »

50 000 LOGEMENTS EN MÉTROPOLE

Ne pas mettre la charrue avant les bœufsDans le cadre du projet de métropole « 50 000 logements autour des axes de transport collectifs », des aména-gements résidentiels et paysagers sont prévus le long et autour de la voie du tram en parallèle de la route de Toulouse qui doit, elle aussi, être redessinée, réaménagée et réadaptée.À l’occasion de ses vœux, le maire de Villenave d’Ornon, Patrick Pujol, a rappelé que le programme prévoit la construction de 400 logements

sur sa commune. « Ce projet ne peut ignorer les problèmes de circulation et de stationnement », a-t-il précisé. Il a rappelé qu’il s’était adressé à Bordeaux Métropole pour expliquer qu’il ne délivrerait que les permis de construire autour de la place Aristide-Briand mais « aucun le long de la route de Toulouse tant que des solutions crédibles de circulation et de stationnement ne seront pas mises en œuvre ».

CNL ET GROUPE CRC AU SÉNAT

Il est urgent d’agir pour le logement socialLa Confédération Nationale du Lo-gement participait, le 2 février 2016, à la présentation de la proposition de loi favorisant l’accès au logement social du plus grand nombre du groupe Communiste, Républicain et Citoyen.Face aux promesses non tenues de construire 150 000 logements sociaux par an et de doubler le montant des aides à la pierre, alors que plus de 1,8 million de personnes sont en attente d’un logement social,

le groupe CRC considère qu’il est urgent d’agir et de proposer des mesures concrètes. Il demande :- Le relèvement des plafonds d’accès au logement social de 10 %,- La suppression des aides fiscales au dispositif Pinel et leur transfert vers la construction de logements sociaux.Ces mesures permettront également de favoriser la mixité sociale et de lutter efficacement contre la concen-tration des difficultés dans certains territoires.

Les Nouvelles 4 février 2016 • 5

RÉFUGIÉ

DROITE CALAISIENNE

Dans la jungle de la surenchère

GRÈCE - STÉLIOS KOULOGLOU

« La Commission est bien consciente qu’on ne peut pas ériger un mur dans la mer »

EUROPE

Au moins 10 000 enfants abandonnés à des mafias« Depuis des mois, droite et ex-trême droite surfent sur la détresse des réfugiés entassés dans les bi-donvilles de la Côte d’Opale ». Au-delà de l’exploitation politique de cette situation, un article de l’Hu-manité du 1er février dénonce, les collusions entre forces de police et groupuscules identitaires.

Citant les différentes réactions au Fn et chez les Républicain sur le tag « Nik la France », réalisé par « deux hommes en noir » sur la statue de Charles de Gaulle, Émilien Urbach, envoyé spécial à Calais, commente « de fait, la vague – toute relative – de solidarité envers les réfugiés, qui s’ était manifestée à l’automne dernier, est bien loin. (…) Désormais, le sort des migrants de Calais fait l’objet de toute l’attention de la droite et de l’extrême droite, bien décidées à surexploiter,

électoralement parlant, cette situation dramatique. »La réaction d’un jeune « Calaisien excédé », menaçant les manifestants avec un fusil de chasse lors du passage de la manifestation de soutien aux migrants du 23 janvier, devant son domicile, n’a pas suscité de condam-nation particulière de ces mêmes responsables politiques.Et pourtant, indique le journaliste, le jeune au crâne rasé devenu égérie du désarroi de la population calaisienne est en réalité un skinhead néonazi nommé Gaël Rougemont.L’extrême droite gagne du terrain tous azimuts, même au sein des forces de police et de gendarmerie, affirme l’humanité, témoignage et enquête à l’appui. Une collusion entre police et extrême droite qui « va bien plus loin que les urnes ».

FOOT - BORDEAUX VIRAGE SUD

Solidaire des réfugiés sahraouis« Parce que nous sommes citoyens, jeunes et ouverts sur le monde qui nous entoure, nous tâchons, à notre échelle, d’utiliser à bon escient notre force collective », écrivent les Ultramarines Bordeaux 1987 dans un communiqué.

« Alors que la vieille Europe est en proie à une crise humanitaire importante, avec les nombreux conflits qui secouent notre planète, nous avons décidé de nous tourner vers des jeunes gens qui, en ce moment même, souffrent, non loin de chez nous, à Bordeaux.La communauté sahraouie est pour sa grande majorité en attente, sur les quais de la Garonne, d’obtenir un statut de réfugiés. Ne pouvant travailler avant d’avoir obtenu des papiers, ils font face, tant bien que mal, aux lenteurs de l’administration, et vivent reclus

dans des abris de fortune, manquant cruellement de tout.Nous avons rencontré ces jeunes, nous avons passé du temps avec eux, et avons décidé d’entreprendre quelque chose pour que leur attente soit moins tra-gique. » Le club de supporters orga-nise donc une collecte lors du match Bordeaux-Saint Étienne dimanche 7 février à 17h et Bordeaux-Nantes mercredi 10 février.Un camion sera disposé sur la fan-zone et pourra y recevoir les dons : chaussettes, caleçons, tee-shirts, manteaux, vestes, matelas, duvets, plaids, couvertures, oreillers, mul-tiprises, lampes de poches, cordes à linge, épingles. Une urne pour les dons financiers sera installée à la table de vente au Virage Sud. 20 jeunes sahraouis sont également invités à assister au match.

GRÈCE

Les habitants des îles en lice pour le prix Nobel de la paixLes frontières se ferment partout en Europe, pas les leurs. Dans les îles de la mer Égée, à Lesbos, à Kos, à Chios, à Samos, à Rhodes ou à Leros, les habitants, étranglés par des années d’austérité infligée à la Grèce, voient débarquer tous les jours des centaines de migrants fuyant les guerres en Syrie, en Afghanistan ou dans la Corne de l’Afrique. Près d’un million ont emprunté cette voie depuis un an. Loin des sirènes xénophobes dont le chant empoisonne tout le Vieux Continent, les Grecs des îles les considèrent pour ce qu’ils sont, des réfugiés qu’il faut accueillir, des enfants, des femmes et des hommes à sauver de la noyade. Ce sont ces élans d’humanité que veulent saluer près de 650 000 signataires d’une pétition électronique réclamant que le prix Nobel de la paix leur soit attribué en 2016.

La pétition a été relayée par les parle-mentaires européens de Syriza, de la Nouvelle Démocratie (droite), avec le soutien de responsables des Verts européens et de la GUE/NGL. Elle a également été appuyée par Ioannis Mouzalas, le ministre délégué aux Politiques migratoires du gouverne-ment Tsipras, et le prix Nobel de la paix en 1984, l’archevêque sud-africain Desmond Tutu. Des universitaires du monde entier élaborent le plaidoyer destiné à convaincre le comité Nobel.Un tout petit geste parmi des milliers d’autres qui présente un visage fidèle aux valeurs déclarées de l’Europe, très loin des chasses aux migrants en Suède et en Allemagne, des charters suédois et de la confiscation des bien des réfugiés par le Danemark.

Lors de la réunion des ministres de l’intérieur européens, le 27 janvier, à Amsterdam, plusieurs pays ont accusé la Grèce d’être largement responsable de la crise des migrants en Europe. Le député européen Stélios Kouloglou (GUE/GVN ), membre de Syrisa, interviewé par Jean-Jacques Régibier pour l’Hu-manité, a réagi à ces accusations, prélude selon lui à de nouvelles mesures coercitives contre la Grèce.

Selon Janis Muzalas, le ministre grec des Migrations, l’ambiance était très tendue à Amsterdam, lors de la réunion des ministres de l’Intérieur européens qui débattaient des mesures à prendre face à l’afflux des réfugiés en Europe. Au point de provoquer certains dérapages. À la question posée par le ministre grec : « qu’est-ce qu’on fait quand un bateau chargé de migrants arrive sur nos côtes ? » Theo Franken, le ministre belge (natio-naliste flamand) aurait répondu : « Rejetez-les à la mer, je m’en moque si vous les noyez ! » Aujourd’hui, l’intéressé a démenti ces propos, mais l’histoire en dit long sur l’ambiance délétère qui règne en Europe sur la question des migrants, la Grèce étant désormais accusée par certains pays,

aiguillonnés par les groupes politiques d’extrême droite, d’être responsable de la crise. Stélios Kouloglou, député eu-ropéen et membre de Syriza conteste ces accusations.« C’est un plan orchestré depuis plusieurs mois par Angela Merkel et qu’elle a développé graduellement, profitant des agressions de la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne pour accuser maintenant ouvertement la Grèce de ne pas protéger ses frontières. Est visée tout spécialement la frontière avec la Turquie, par laquelle arrivent la plupart des migrants venus d’Irak, de Syrie ou d’Afghanistan. C’est complètement absurde. La frontière avec la Turquie, c’est la mer ! Et en face de la côte turque, des dizaines d’îles grecques sur lesquelles échouent les migrants. Comment peut-on faire pour les empêcher d’arriver ? Quand une barque surpeuplée avec des femmes et des enfants à bord, approche des côtes grecques, celles de l’ île de Lesbos par exemple, qu’est-ce qu’on fait, on leur tire dessus ? C’est absolument contraire à toutes les lois internationales. »Le député européen affirme que les partis d’extrême-droite européens et les gouvernements ultra-conservateurs comme celui de Hongrie sont particu-lièrement actifs pour pointer la Grèce du doigt. Quant à la Commission, elle

« est bien consciente qu’on ne peut pas ériger un mur dans la mer, mais ça ne l’empêche pas d’accuser la Grèce de ne pas avoir fait ce qu’il faut pour protéger les frontières de l’Europe. » Stélios Kouloglou explique que sur les 36 bateaux promis pour surveiller les côtes grecques, l’Europe n’en a fournis que 18, à peine la moitié des machines destinées à enregistrer les nouveaux arrivants a été livrée. « Quand au personnel affecté à Frontex, 1 800 personnes étaient prévues, mais là encore, seule la moitié a pour l’ instant été déployée sur place. Et d’après les informations qui nous ont été com-muniquées, les personnels de Frontex ne travaillent chaque jour que jusqu’à 14h, et pas le week-end ! C’est ridicule. »« Ce qui est en train de se préparer, c’est que l’Europe va demander à la Grèce d’accepter des centaines de milliers de réfugiés sur son territoire en échange d’un rééchelonnement de la dette. Or, la situation économique reste dramatique en Grèce, avec un chômage à 25 %, plus encore chez les jeunes. L’arrivée de migrants va encore plus fragiliser le pays, surtout si la frontière du nord avec la Macédoine est fermée, enfermant les migrants en Grèce. Ce sont les partis d’extrême-droite comme Aube Dorée qui risquent de profiter de la situation. »

La nouvelle provoque une nouvelle vague d’émotion, c’est un mini-mum. Europol vient d’annoncer la disparition de plusieurs milliers de réfugiés mineurs et sans famille sur le territoire européen. Une autre conséquence de la politique criminelle de l’Europe forteresse.

Parmi nos semblables qui fuient les guerres et la pauvreté, « les mineurs voyageant sans adulte sont le groupe le plus vulnérable », martelait, dimanche, Rafaella Milano, la directrice des programmes Italie-Europe de l’ONG Save the children. Cette dernière réagissait à l’annonce de l’agence européenne de coordination policière, Europol, selon laquelle sur les dix-huit à vingt-quatre derniers mois, « il n’est pas déraisonnable d’estimer (que) plus de 10 000 enfants » étrangers et sans parent ont disparu après avoir réussi à gagner le sol européen.

Esclavagisme et exploitation sexuelle

Plus d’un million de personnes au-raient, cette année, réussi à franchir les remparts de l’Europe forteresse pour y chercher refuge. Parmi elles, 270 000 enfants. « Ils ne sont pas tous non accompagnés, mais nous avons des éléments montrant qu’une grande partie d’entre eux pourraient l’être », affirme Brian Donald, un responsable

d’Europol, en évoquant également une « infrastructure criminelle » paneu-ropéenne sophistiquée exploitant la détresse de ces enfants à des fins escla-vagistes ou d’exploitation sexuelle. Les mafias qui surfent sur les politiques de repli des pays de l’UE seraient, selon Europol, surtout à l’œuvre en Allemagne et en Hongrie. Mais les mineurs isolés étrangers (MIE) sont en danger jusque sur le territoire fran-çais. En milieu de semaine, Médecins du monde, le Secours catholique et l’Unicef tapaient du poing sur la table en rappelant « à l’État ses devoirs en matière de mise à l’abri » et deman-daient « des mesures de protection claires à destination des MIE présents dans le Calaisis et les territoires voisins du Nord ». Le tribunal administratif de Lille, dans un jugement confirmé par le Conseil d’État le 23 novembre dernier, ordonnait en effet au gouver-nement de recenser les enfants sans famille vivant dans la « jungle » de Calais et de se rapprocher du dépar-tement en vue de leur placement. Or, deux mois plus tard, cette protection n’est toujours pas mise en œuvre.Le week-end dernier, Athènes an-nonçait la mort de 37 personnes dans un nouveau naufrage en mer Égée. Parmi les victimes, plusieurs enfants. Ozan Köse, photographe de l’AFP, s’est trouvé devant des corps, notamment celui d’un enfant, le 30 janvier, sur une plage du village turc de Bademli. Il écrit sur blogs.afp.com

makingof : « Au cours de ma carrière de photojournaliste, j’ai couvert des crises, des émeutes, des attentats. J’ai déjà vu des morts. Mais ça, c’est pire que tout. En regardant ce petit corps, je me demande pourquoi tout cela… Puis un gendarme arrive, soulève l’enfant et le dépose dans un sac en plastique. Lui aussi il pleure. »

Un dessin au pochoir de Banksy est apparu sur la palissade en face de l'ambassade de France à Londres pour dénoncer la violence contre les migrants dans la "jungle" de Calais. Une Cosette (personnage des Misé-rables) entourée de gaz et un code barre menant à une vidéo dénonce l’utilisation de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de grenades assourdissantes par les autorités fran-çaises pour repousser les migrants.

6 • Les Nouvelles 4 février 2016

INTERNATIONAL

RWANDA

Le mensonge d’état

PARIS-LA HAVANE

Relations multiformesSYRIE

Les Kurdes exclus des négociations

Les documents militaires inédits publiés, le 1er décembre 2015, par Mediapart 1 et France Inter révèlent que l’armée française au Rwanda, en 1994, avait laissé se développer, en connaissance de cause, des massacres de Tutsi sur les collines de Bisesero, à l’ouest du pays.

L’association Survie, la Ligue des droits de l’homme, la Fédération des droits de l’homme ont ont adressé une lettre au juge Choquet. Elles y déclarent, à raison, que « le fait de ne pas se rendre à Bisesero pour y intervenir, ne pas désarmer les miliciens, les laisser partir combattre (…) caractérise, en l’ état du dossier d’ instruction, des actes de complicité. » Certains commentateurs du texte de Mediapart n’ont pas tort non plus de dire que ces officiers obéissaient aux ordres de leurs autorités politiques et qu’en leur âme et conscience ils auraient dû désobéir. Effectivement, lorsqu’on observe de près les faits, qu’on rappelle le contexte de l’époque et qu’on examine le contenu de la

résolution du Conseil de sécurité -contrairement à ce qu’indiquent Mediapart et France Inter concer-nant le mandat de l’ONU- on s’aperçoit que celui-ci n’incitait pas précisément à mettre fin aux mas-sacres. Le mensonge se situe, aussi et surtout, au sommet de l’État français et du Conseil de sécurité.Il est vrai qu’autour du 16 juin 1994, le président François Mitterrand, le Premier ministre, Édouard Balladur et, surtout, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, proclamaient que l’intervention française arrêterait les massacres. C’était une réponse aux médias qui, sous la pression des hommes de terrain de Médecins Sans Frontières, montraient l’atrocité des tueries en soulignant la responsabilité de la France. Les observateurs n’étaient pas dupes : devant la débâcle des forces armées rwandaises, les autori-tés françaises cherchaient à secourir leur allié pour empêcher une victoire totale des « rebelles ».Le 19 juin 1994, Boutros Boutros-Ghali, en tant que secrétaire général

de l’ONU, dans sa lettre au Conseil de sécurité, estime que « le Conseil peut prendre en considération une force commandée par la France sous chapitre VII (pouvant utiliser les armes) afin d’assurer la sécurité et la protection des personnes déplacées et des civils menacés ». Il évoque, à ce moment-là, la nécessité d’arrêter le génocide : « Il est évident que les efforts de la communauté internationale pour rétablir la stabilité au Rwanda, à la fois en arrêtant le génocide et en assu-rant un cessez-le-feu, ont pour objectif de revenir aux accords d’Arusha. » Le 22 juin, lorsque paraît la réso-lution 929 de l’ONU, il n’est plus question du génocide des Tutsi. Il est dit que le Conseil de sécurité autorise une opération, limitée à deux mois, à but « strictement humanitaire (…) qui sera menée de façon impartiale et neutre et ne constituera pas une force d’ interposition entre les parties ». Le Conseil se contente de dire qu’il est profondément préoccupé par la poursuite des massacres systéma-tiques et, de grande ampleur, de la population civile. L’absence du mot

tabou, dit avec pertinence Jacques Morel 2, permet d’éviter devoir « res-pecter les engagements pris en signant la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide du 9 décembre 1948, c’est-à-dire arrêter les assassins, les emprisonner afin de les remettre à un tribunal ». La rédaction, très habile, de cette résolution, œuvre certainement d’Alain Juppé avec le concours de Boutros Boutros-Ghali et d’Édouard Balladur, en dissimu-lant le génocide, place les officiers et les soldats français, engagés dans l’opération Turquoise, uniquement dans le cadre d’une guerre civile. Rien ne leur indique que, sur le ter-ritoire voisin du théâtre des combats, l’abattage des innocents ne va pas continuer, rien ne leur précise quels sont les bourreaux. Ainsi, le gouver-nement intérimaire rwandais (qui gère le génocide), et toutes les admi-nistrations locales, mobilisées pour la mise à mort des civils tutsi, sont tou-jours légitimées. Philippe Biberson, président de MSF, dans son article du Figaro (« Rwanda, le piège huma-nitaire », 15 juillet 1994) fut le seul à

comprendre les effets pernicieux de cette manipulation des consciences : « De fait, dit-il, la résolution 929 est un modèle de duplicité. Tout en faisant entendre qu’il s’agit d’un génocide (…) elle évite de l’expliciter. » Affirmer la neutralité et l’impartialité devant un génocide est, poursuit-il, « une attitude honteuse qui nie la réalité du crime et trompe l’opinion publique sur les intentions affichées ». Les militaires français ne sont donc pas les seuls complices des génocidaires. Les décideurs politiques français et les membres du Conseil de sécurité ont affiché et pratiqué une complicité active avec les auteurs du génocide des Tutsi rwandais.

Jean-Pierre Cosse, auteur d’Alain Juppé et le Rwanda

éd. L’Harmattan, 2014).

1 - Rwanda : les preuves d’un mensonge français par Fabrice Arfi

2 - Jacques Morel : La France au cœur du génocide des Tutsi, éd. L’Esprit frappeur, 2010.

La visite d’État du président cu-bain Raoul Castro a confirmé les relations multiformes qu’en-tendent développer Paris et La Havane.

Raoul Castro effectuait sont premier déplacement en France en tant que chef d’État, dans la foulée de sa rencontre avec le président François Hollande sur la Grande île en mai 2015.Le président français s’est réjoui des gestes accomplis par le président Barack Obama mais a insisté sur la levée de l’embargo qui « depuis trop longtemps inflige des souffrances inacceptables au peuple cubain et entrave les échanges ». Il a également affirmé que la « position commune » de l’Union européenne de sanctions à l’encontre de Cuba « n’est rien d’autre qu’une entrave aux échanges qui a perdu tout son sens ».L’aspect le plus saillant de cette visite officielle restera le règlement du

problème de la dette cubaine au sein du Club Paris, dont l’accord est sur-venu en décembre 2015. La France, qui était la principale créancière de la Grande Île, « conformément à l’accord multilatéral, procédera comme les autres créanciers à l’annulation des intérêts de retard (3,7 milliards d’euros), et verra la totalité du prin-cipal et des intérêts originels (530 millions d’euros) apurée », a annoncé l’Élysée. Paris convertira par ailleurs 212 millions de créances en un fonds binational qui « servira à accélérer les projets franco-cubains à Cuba ».De son côté, Raul Castro a réaffirmé le rôle de la France « qui a été, est et sera l’un des principaux partenaires économiques pour Cuba », alors que la Grande Île est engagée depuis sept ans dans des réformes économiques structurelles qui nécessitent d’impor-tants investissements financiers. « De nouvelles perspectives s’ouvrent », a-t-il ajouté.

Source : Cathy Ceïbe, l’Humanité du 3 février

Arrivés samedi 30 janvier à Ge-nève, les acteurs du conflit syrien devaient mener des discussions indirectes sous l’égide de l’ONU pour mettre fin à une guerre qui dure depuis cinq ans. Des discus-sions sans les Kurdes.

Soutenue par l’Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie et la France, une frange de l’opposition syrienne, dans laquelle on trouve beaucoup d’islamistes, a menacé de ne pas se rendre à Genève si les Kurdes, dont la branche armée est à l’origine des défaites de Daech en Syrie, étaient présents.Le climat de ces négociations de paix intersyriennes était de toute façon plutôt orageux. Les blocages tenaient à la compo-sition de la ou des délégations de l’opposition. Parrainé par l’Arabie saoudite, la Turquie et le Qatar -toujours ce même trio- et soutenu sans modération par la France, le Haut Conseil pour les négociations (HCN), organe d’une partie de l’opposition syrienne, disait attendre des éclaircissements de la part des Nations unies avant d’annoncer s’il participait ou non aux discussions de paix. Le HCN n’est pas le seul organe représentatif de l’opposition syrienne. Bien que disposant de plus faibles moyens et de moins de soutiens occi-dentaux, le Conseil démocratique syrien (CDS), que dirige Haytham Manna, rassemble des groupes laïques et des figures progressistes de

Syrie. Surtout, le CDS est également représentatif des populations kurdes puisqu’il est codirigé par Saleh Mus-lim, président du Parti de l’Union démocratique (PYD) du Kurdistan de Syrie (Rojava) dont la branche armée, YPG-YPJ, participe aussi aux Forces démocratiques syriennes (FDS), regroupant des troupes kurdes et arabes et qui infligent de sérieuses défaites à Daech.Mais cette présence du PYD n’est pas du goût de la Turquie, qui a fait savoir que dans une telle éventualité elle ne participerait à aucune discus-sion. Un desideratum repris par la France. C’est le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui a annoncé que le PYD ne serait pas invité. Le HCN considère que le PYD ne fait pas partie de l’opposition au régime de Damas, donc il estime qu’il n’a rien à faire de ce côté de la table. En réalité, depuis le début du soulèvement en Syrie, ni le Conseil national syrien ni la Coalition natio-nale syrienne n’ont voulu prendre en compte la revendication des Kurdes, écartant de fait leurs représentants. De même, sur le terrain, ce sont bien les forces kurdes qui ont infligé les plus grandes défaites à l’organisation dite de l’« État islamique ».Cerise sur le gâteau : le chef de la délégation du HCN est issu de Djaïch al-Islam (l’Armée de l’islam), membre de Djaïch al-Fatah (Armée de la conquête) avec Ahrar al-Cham et le Front al-Nosra (al-Qaida en Syrie). C’est dire la vision de la Syrie que défend une partie de cette

opposition, que le représentant du PYD en France, Khaled Issa, qualifie d’« ultranationaliste et islamiste, dont certains faisaient partie de l’appareil de répression de Bachar Al Assad, notam-ment un ancien premier ministre ».« Les forces unies au sein des FDS représentent la véritable armée libre syrienne, parce que tous les peuples de Syrie y sont représentés », affirme Nasrin Abdallah, chef des com-battantes du Kurdistan de Syrie (Rojava). « L’objectif est d’en finir avec Daech partout en Syrie. Les FDS ne sont donc pas une force kurde. YPG et YPJ sont les forces du Rojava. (…) Nous ne sommes pas voués à simple-ment servir de chair à canon pour combattre Daech. Notre but ultime est le renforcement de notre système démocratique. (…) Nous sommes une force qui a combattu, nous avons perdu beaucoup de nos enfants dans ces batailles. Et nous continuons à le faire. Sur le plan strictement politique, notre système montre toute sa valeur démo-cratique, de respect des communautés, des confessions et des genres. Pourtant, alors que se tiennent des négociations intersyriennes à Genève, on nous exclut. (…) On nous empêche de nous exprimer sur un avenir qui nous concerne et alors que nous contrôlons un territoire grand comme trois fois le Liban. Nous ne demandons pas de l’aide. Nous réclamons notre droit. Si vous parlez des droits humains, des droits des peuples, alors je rappelle que nous sommes des humains, que nous sommes un peuple. C’est le droit de vivre librement sur nos terres que nous sommes en train de défendre. »

Les Nouvelles 4 février 2016 • 7

PCF

APPEL À LA SOUSCRIPTION

M. WROBLEWSKI Vincent, BèglesMme GARBISO Eliane, St-Seurin-sur-l’IsleM. SOULE Jacques, Villenave

M. PEDEBOSQ Henri, CenonM. FERNANDEZ CANAL Jesus, CenonSection de CoutrasMme RASO Simone, Villenave

Ils ont donné : 1 310€

CADILLAC. Alain Duprat, fidèle lecteur des Nouvelles de Bordeaux depuis plus de 40 ans, vient de disparaître à l’âge de 71 ans. Natif d’Omet, il était une figure dans le Cadillacais. Pendant de nombreuses années il a eu une grande activité politique en tant qu’adhérent au PCF, associative dans son village, et syndicale en tant qu’infirmier au Centre Hospitalier Spécialisé de Cadillac. Très cultivé, fin observateur de la vie locale, nationale et internationale, il aimait commenter l’actualité avec un franc parlé mémorable et que certains redoutaient. Nous étions nombreux à l’accompagner jusqu’au cimetière communal d’Omet. Les communistes de Cadillac présentent leurs sincères condoléances à sa famille.

Carnet

LES LUNDIS DE GAUCHE

Mais de quoi s’agit-il ?

Chaque lundi, à partir du 1er février, Pierre Laurent invite des personna-lités, acteurs et actrices du monde associatif, syndical et politique, du monde de la culture et de la recherche à un temps d’échange.

À quoi seront-ils utiles ? À ouvrir en grand les portes du débat pour un projet de société alternatif et la gauche qui peut le porter avec les citoyens.« Je souhaite apporter ma pierre, celle du Parti communiste, à un débat nécessaire à gauche, sur les enjeux de la période et les grands défis auxquels la France est confrontée. » Dans un dialogue suivi sur les questions du travail, de la sécurité et des libertés, de la transition écologique, sur un nouvel âge de la démocratie, sur les biens communs, le mieux vivre, la voix de la France et de l’Europe, la paix… le secrétaire national veut ainsi ouvrir la porte à une alternative aux politiques suivies

aujourd’hui. « Je n’accepte pas le scénario ficelé pour 2017 - dont la gauche serait absente et les aspirations populaires défaites - avec Marine le Pen, François Hollande et Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé dans les premiers rôles. » Il veut agit « avec beaucoup d’autres, pour que surgisse d’une démarche col-lective et citoyenne, un projet commun et une candidature commune ».Le 1er février, le premier rendez-vous accueillait Patrick Weil, historien spé-cialiste des questions d’immigration et de citoyenneté, Pouria Amirshahi, député PS, animateur du mouvement en commun, et Françoise Dumont, présidente de la Ligue des droits de l’Homme.Lundi 8 février, le débat se poursuivra avec Bernard Thibault, syndicaliste, Philippe Torreton, acteur, écrivain, et Caroline de Hass, féministe, ani-matrice de l’appel pour des primaires de gauche.Les prochains lundis 15, 22 février et 7 mars, Yannick Jadot, député européen EELV, animateur de l’appel pour les primaires, Marie Desplechin, écrivaine, Mériem Derkaoui, maire d’Aubervilliers et Thomas Piketty, économiste, ont annoncé leur pré-sence.

C. Texier

PCF GIRONDE

Calendrier

Suite au Conseil départemental du 20 janvier, le collectif exécutif du PCF en Gironde a tracé les grandes lignes du calendrier politique jusqu’en juin, afin de préparer le 37e congrès du PCF avec les com-munistes, « dans la vie ».

Dans la période, la pétition « Justice pour les 8 de Goodyear ! » a dépassé les 151 000 signatures sur internet. À l’initiative des communistes, plusieurs dizaines ont été signées lors de la manifestation de la fonction publique, et plusieurs centaines sur des points rencontre organisés à Floirac, Bègles, La Réole, Talence, Bordeaux, Libournais, Mérignac…). Le tract de soutien aux Goodyear invitait aussi à la manifestation bor-delaise à l’appel du collectif girondin « Nous ne céderons pas ! », le 30 janvier, contre l’État d’urgence, la déchéance de nationalité, pour les libertés.Les communistes sont également mobilisés pour la nouvelle manif du 4 février à l’initiative de la CGT

demandant l’annulation du juge-ment indigne pour les Goodyear.Le même jour, le PCF Gironde participera à la commémoration du 222e anniversaire de la première abolition de l’esclavage à la mairie de Bordeaux.

Dans l’agenda

Le calendrier national de préparation du congrès a été fixé.Afin d’aider à faire grandir un espoir de changement dans le pays et déjouer le piège de la présidentielle de 2017, le PCF invite à prendre des initiatives pour ouvrir des espaces de débat, de confrontation, de conver-gence avec toutes les forces dispo-nibles. C’est le but recherché par les « lundis de la gauche au CN ». En Gironde, 4 débats publics sont programmés, en co-organisation avec les communistes dans les sec-tions.République. Semaine du 7 mars, à l’université : « Comment refonder la République ? » Europe. Semaine du 21 mars, à Bègles : « Comment les démocraties européennes, les peuples européens peuvent-ils déjouer les coups d’ état financiers ? »Travail. Semaine du 4 avril sur la rive droite : « Code du travail, quels droits pour les salariés ? » Animation d’une campagne « 0 chômeur, tous travailleurs » dans la durée.La gauche. Semaine du 18 avril à

Bordeaux : « Quelle perspective de progrès social et démocratique ? »

Organisation des débat du congrès

Un conseil départemental se réunira le 2 mars afin d’élire les membres des 3 commissions (transparence des débats, textes, candidatures) et adoptera un calendrier du congrès pour la fédération, prenant en compte le calendrier national. Un questionnaire/enquête est en cours de réflexion et d’élaboration. Une première rencontre d’échange et de travail avec les secrétaires et anima-teurs de sections a lieu le mercredi 10 février à la Fédération.

Le congrès, c'est maintenant !

Déposer une contribution pour le 37e congrès du PCFParticipez, envoyez votre contri-bution à la commission transpa-rence pour qu'elle soit notamment publiée sur le site :congres.pcf.fr

Contact :Commission transparence des débats, 2, place du Colonel Fabien, 75019 Paris

Mail :[email protected]

ENTRE-DEUX-MERS

Débat citoyen autour de la galetteL’idée était de se réunir autour d’une « galette des droits ». Mais samedi, à la librai-rie « Jeux de mots » de Cadillac, les militants communistes, Front de gauche et citoyens de l’Entre-deux-Mers ont surtout échangé sur la manière de ramener les citoyens à la politique, sur le devenir de la forme « parti », la défiance qui touche aussi, finalement, les syndicats, le mouvement associatif, 2017 sans perspectives et les législatives juste après qui pourraient permettre de travailler à un rassem-blement local et une candidature.

BÈGLES

Débat/Apéro/Voeux/Couscous et fraternité

Pendant qu’il soufflait et tombait des cordes - ce qui n’a pas rebuté les manifestants à Bordeaux et dans le pays pour les libertés individuelles et collectives -, les communistes béglais ont « mouillé la chemise », dans le rassemblement bien sûr, mais aussi pour concocter, avec leurs amis-es, un rendez-vous politico-festif.

Le débat, animé par les élus-es du groupe « Bègles pour tous » sur les orientations budgétaires de la commune, a suscité de nombreuses propositions pour conforter les soli-darités, l’égalité et les libertés. L’idée

d’une soirée « formation/réflexion » sur le budget municipal est en route, ainsi qu’une pétition pour exiger de l’État l’arrêt des ponctions sur la commune (baisse des dotations) à partir de la motion qui a été votée à l’unanimité lors du conseil municipal de décembre.Vincent Boivinet, secrétaire de la section du PCF, a invité les plus de 130 participants à une année de résistance et de co-construction pour une société de progrès, lors de l’apéro/voeux fraternels, où il a salué l’action sans relâche de Jean-Jacques Paris, ancien conseiller général. La pétition pour la « justice pour les goodyear »

a recueilli beaucoup de signatures.Les discussions sur l’actualité poli-tique se sont poursuivies à table avec un délicieux couscous mijoté par nos amis et camarades. Un grand merci à toutes les « petites mains » militantes, chevilles ouvrières de cette soirée. Il fallait danser pour digérer : ce qui fut fait.Les communistes souhaitent la BIENVENUE aux 4 invités-ées qui ont fait le choix d’adhérer au PCF pour prolonger leurs idées et participer à leur manière à un projet collectif pour une autre société, de justice, d’égalité et de paix.

8 • Les Nouvelles 4 février 2016

AVIS DE CONSTITUTION

AVIS DE LIQUIDATION

IAux termes d’un acte SSP en date du 01/01/2016, il a été constitué une so-ciété dont les caractéristiques sont les suivantes :Dénomination : RéseaulutionForme : SASUObjet social : Agence de communica-tion et évènementielsSiège social : 245 rue Lecocq 33000 BordeauxCapital : 2 745 € Durée : 99 ans à compter de son imma-triculation au RCS de BordeauxGérant : M. THIBAULT Jean-François, demeurant 245 rue Lecocq 33000 Bor-deaux

Pour avis,

I-RISEEURL au capital de 3 000 €

Siège social : 168 Chemin de la Hutte 33520 BRUGES

790 362 107 RCS Bordeaux

Aux termes de l’assemblée générale du 20/01/2016, l’associé unique a approuvé les comptes définitifs de liquidation, s’est déchargé de son mandat de liquidateur et a constaté la clôture de la liquidation à compter du jour de ladite assemblée.

La société est radiée du RCS de Bor-deaux

Pour avis,Le liquidateur

Sophie Gruisset

ANNONCES LÉGALES

CULTURES & SOLIDARITÉS

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 eurosAssociés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. LabordeDirecteur de la publication : Frédéric MellierAbonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 eurosRédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest15, rue Furtado - 33800 BORDEAUXTél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : [email protected]é : [email protected] - Redaction/Proposition d’article : [email protected] nbso.frCommission paritaire de presse : 0113 C 85932

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« Expresso »Je n’y comprenais rien aux hommes, leur constitution, leur anatomie, leur fonctionnement, leurs désirs, leurs attentes. Je suis née fille et devenue femme, la société humaine était ainsi faite depuis longtemps, elle choisissait pour nous. Dès notre naissance nous sommes étiquetés : c’est une Fille ! ou la seule et deuxième solution, encore souvent préférée : c’est un Garçon ! Depuis ce jour qui devient notre anni-versaire, tous nos gestes, nos choix, nos comportements seront inclinés selon la couleur rose pâle ou bleu ciel de notre premier petit pyjama de la maternité. Au même cri le bébé fille pleure de tristesse quand le bébé garçon exprimerait sa colère, et déjà on interdit le choix autoritaire aux filles et l’expression des émotions aux garçons. Tout est organisé, ficelé, empaqueté et depuis des siècles les hommes partent aux combats les plus sanglants, inhu-mains, impossibles sans émotions d’angoisses, de peur, de doute quand leur Pénélope tendre et frêle pleure pour deux sans oser même bouger le petit doigt d’initiative. Alors on les prépare nos enfants, les garçons sont entrainés très vite à tirer, à viser, à courir, à sauter par dessus l’obstacle et à contrer un éventuel adversaire, et les filles câlinent leur poupée, enfilent des perles, chantent et dansent. Les enseignants ne s’y trompent pas et reprennent avec plus ou moins d’entrain ces fondamentaux qui doivent persister : les filles et les garçons ne fonctionnent pas pareillement, on adaptera les cours d’éducation physique en conséquence. Elle n’y comprenait rien, ses études, son boulot ne lui apportaient pas de réponse. Elle connaissait les théories de sexualisation précoce de l’individu, elle fréquentait les milieux intellectuels et militait pour l’égalité des chances, des droits et pour la liberté. Et plus elle y apprenait de l’autre et plus il lui paraissait étrange et lointain.Elle s’installa d’abord en terrasse, pris ses habitudes et observa. Le comptoir dès le matin, le bistrot à tout heure, le serré, le noisette, le blanc, le rouge, le demi et le pluriel. Elle se pose, note, lit, discute. Elle aime cette odeur de café et de tabac froid dans ce cocon masculin. Elle inhale les vapeurs d’alcool digéré des ses voisins, écoute les conver-sations interdites. Le percolateur berce ces êtres interdits de paroles et d’émotions. Les yeux souvent rougis, le ventre débordant, les fesses inexistantes dans le pantalon devenu trop large, certains osent le chant, le rire pour rien. Leur honte de ne pas pouvoir parler, de ne pas savoir s’exprimer sans les muscles, se noie tous les jours un peu plus dans un fond de verre jamais vide. Certains voudraient danser, peindre, faire de la poésie, enfiler des perles pour celle qui attend son héros. Elle comprend qu’il voudrait lui dire que lui non plus il n’y comprend rien aux femmes, qu’elles sont une énigme qui l’angoisse, qu’il doute de ses paternités et de sa capacité à être aimé. Il aimerait tellement qu’une lui offre des fleurs.

CHRONIQUE

par Jeanne R.M.

BÈGLES

Deux rendez-vous du SPFPorte ouverte dédiée au Don’action samedi 6 février 2016, de 10h à 17h. Vente ticket = 2 € (un reçu fiscal à partir de 8 €).

« Venez nombreux ! Vous y trouverez des prix braderie sur des vêtements et chaus-sures neufs, des livres, des bijoux, etc.»

Secours populaire de Bègles, 15 rue Yvonnes et Robert Noutary, Bègles / 05 56 49 58 45 / [email protected]

Thé dansantDimanche 14 février à partir de 14h, salle Delteil, avec animation cabaret (plumes et strass). Entrée 5 € avec une pâtisserie et une consommation

À PESSAC

Nouvel An vietnamienLe 8 février, l’année de la Chèvre s’achèvera pour laisser place à celle du Singe. À Pessac, se déroulera du 15 au 20 février la semaine vietna-mienne sous l’impulsion de Caro-line Vion et de l’union des étudiants Vietnamiens de Bordeaux.

Avec un programme riche :- Une exposition de photos « Visages du Viêt Nam », organisée par l’Asso-ciation Gabriel : portraits d’enfants orphelins de Hué au Viêt Nam et

quelques photos de voyage de Caro-line. Les photos joliment encadrées seront mises en vente au bénéfice de l’orphelinat. Vernissage le mer-credi 17 février de 18h à 20h, salle d’exposition rue des Poilus, au rez-de-chaussée du Cinéma Jean Eustache.- Soirée festive avec repas vietna-mien, vendredi 19 février à partir de 19h, dans la salle de Bellegrave. Organisée par les Étudiants vietna-miens du Campus bordelais, c’est la deuxième année consécutive que cet

événement se déroule dans cette ville, avec la participation de la Mairie de Pessac. Inédit : lors de cette soirée est organisé un Concours Jeunes Talents d’étudiants vietnamiens de plusieurs associations de France dont les meil-leurs sélectionnés vont concourir en final. À l’honneur des magiciens, des chanteurs, des comédiens, et d’autres surprises vous attendent.Réservations auprès de Mme Anh Dang au 06 42 42 86 86 (tous les jours de 10h à 19h).

DU 12 AU 21 FÉVRIER À UZESTE

Uzestival hivernal 2016« Un Uzestival hivernal particulière-ment recentré sur les artistes locaux qui régulièrement participent aux travaux de « recherche fondamenta-lement applicable » de la Cie Lubat. À quoi servira la liberté d’expression s’il ne reste plus ici dans notre milieu rural un seul artiste pour lui donner corps ? « Si nous n’avons plus d’artistes toute la société perdra courage, et sans courage il n’y a plus de politique. » Marie Josée Mondzain. « Comme on cultive son jardin, l’artiste doit ap-prendre à le découvrir, à le connaître, à le travailler, à l’explorer, à l’expé-rimenter. L’ imagination, l’expression artistique ça s’apprend, ça s’apprend à vivre. Devenir artiste implique une discipline insoupçonnée. Celui qui croit

qu’il sait ne sait rien du tout. Il reste couillonné, stoppé, simplifié, net ! » Bernard Lubat.

Renseignements / Réservations Uzeste Musical : 05 56 25 38 46 www.uzeste.org www.facebook.com/cie.lubat/ Tarifs : - Spectacle : 12€ / 8€ (adhérents) - Restauration (sur réservation) : assiette de garbure 8€

Vendredi 12 février, 21h, salle Alban Lubat – veillée réveillée. Soir poïésique

Samedi 13 février, 21h, salle Alban Lubat - one jazz man show. L’amusicien d’Uz

Dimanche 14 février, 17h, salle Alban Lubat - one jazz man show. L’amusicien d’Uz

Vendredi 19 février, 21h, salle Alban Lubat - manifeste esprit frappeur. Les tambours révoltés

Samedi 20 février, 21h, salle Alban Lubat – spectacle. Cie Lubat : les mosicans

Dimanche 21 février, 15h, salle Alban Lubat – concert. Soli solos d’ici d’en

DU 9 AU 14 FÉVRIER

La classe ouvrière, c’est pas du cinémaSoirée d’ouverture mardi 9 février avec une conférence à 18h à l’institut Cervantes sur « Mines et mineurs des Asturies, XIXe-XXIe siècles », par Alexandre Fernandez, professeur en

histoire contemporaine à l’université Michel de Montaigne ; et la projec-tion à 20h30 de Remine, le dernier mouvement ouvrier (Documentaire, Espagne, 2014, 102 mn, vostf) suivi

d’un débat avec le réalisateur Marco M.Merino et Alexandre Fernandez.Pour voir tout le programme des 13e rencontres cinématographiques : www.cinemas-utopia.org/bordeaux

49 jours, carnets d’une faiseuse d’anges et

Eva Humana est, Les petites nouvelles de Jeanne R.M

Disponible à la fédération de Gironde du PCF 15 rue furtado - 33800 BORDEAUX

14€ 19€