ocl2009164p201

Embed Size (px)

Citation preview

  • 8/17/2019 ocl2009164p201

    1/4

    NUTRITION  – SANTÉ

    Utilisation des huiles et matières grasses végétalesdans les aliments céréaliers : un défi continu pour LU France

    Elisabeth RIOULaurence LEFEBURE

    Kraft Biscuits Europe, Centre Daniel Carasso,

    Route Départementale 128

    91767 Palaiseau Cedex 

    Abstract: Although the predominant technological role in the success of a cereal product is generally attributed to cereals, studies demonstrate that the fat content also plays an essential role in biscuits.The desired functionalities guide product developers in their choice from the different types of fat avai-lable. LU France (a company of the Kraft Foods Group) has restricted the number of these fats over the last twenty years, in response to consumer and public health concerns. In parallel, a nutritional impro-vement strategy has been initiated. The total fat, saturated fatty acid and sugar contents have already been reduced significantly. Products containing more than 1 g/100 g of trans fatty acids have beenreformulated. However, reducing the saturated fatty acid content is still a matter of interest, in line with the Kraft Foods Group ’  s commitment to implementing actions to contribute to the WHO global strategy on Diet, Physical Activity and Health.

    Key words: biscuit, cereals, fat, saturated fatty acids, trans fatty acids, food industry 

    LU France, une société du Groupe Kraft Foods,commercialise des biscuits, gâteaux moelleuxetproduitsdepanificationcroustillante.Cesali-ments céréaliers utilisent des technologies trèsvariées, allant des variétés traditionnelles tellesque les biscuits secs, les goûters fourrés, lescakes, les gaufrettes, les biscottes, jusqu’à desproduits plus innovants tels que les extrudés.Les types de matières grasses utilisées dans cesdifférentes technologies seront détaillés danscette contribution, ainsi que les fonctionnalitésqu’ellesapportent,lesdéfisàrelever,desexem-

    ples de réalisations en matière d’optimisationde la qualité lipidique et les perspectives pour aller encore plus loin.

    Types de matières grassesutilisées dans les biscuits,gâteaux moelleux, produitsde panification croustillante

    Lesrecettes de biscuits, gâteauxmoelleux, pro-duits de panification croustillante mettent enœuvre des céréales, des matières sucrantes etdes matières grasses dans des proportionsvariées, dépendant des technologies, des qua-lités organoleptiques et nutritionnelles recher-chées. Les céréales représentent l’ingrédientmajoritaire :KraftBiscuitsEuropeachètequatrefois plus de céréales que de matières grasses envolume. Bien que les céréales jouent un rôletechnologique essentiel, les études montrentque les matières grasses jouent également unrôle au moins équivalent.

     À ce jour, on distingue deux grandes familles dematières grasses utilisées dans les produitscéréaliers :–  les matières grasses dites « simples » quiregroupent toutes les matières grasses puresraffinées. Elles se subdivisent en matières

    grasses fluidesou huiles (colza, tournesol, tour-nesol oléique, etc.) et en matières grassesconcrètes ou graisses (beurre, palme, coprah,palmiste, etc.) ;– les matières grasses dites « élaborées » quisont composées de mélanges d’huiles et/ou

           d     o       i     :       1       0 .       1

           6       8       4       /     o     c       l .       2       0       0       9 .       0

           2       7       7

    Transfertde chaleur 

    Compatibilitéavec le

    chocolatCristallisation

     Aération

    Cohésionde la pâte

    Lubrifiant

    Stabilité à l’oxydationHydrolyse

    Caractéristiques du produit

    Brillant

    Couleur 

    Goût spécifiqueNote « beurre »

    Texture Perceptionen bouche

    Support d’arômes

    Fonctionnalité technologique

    Aspect Goût

    Figure 1. Fonctionnalités des matières grasses et huiles dans les biscuits, gâteaux moelleux, produits de panificationcroustillante.

    OCL VOL. 16 N° 4 JUILLET-DÉCEMBRE 2009   201

    Article disponible sur le site http://www.ocl-journal.org ou http://dx.doi.org/10.1051/ocl.2009.0277

    http://www.ocl-journal.org/http://dx.doi.org/10.1051/ocl.2009.0277http://dx.doi.org/10.1051/ocl.2009.0277http://www.ocl-journal.org/

  • 8/17/2019 ocl2009164p201

    2/4

    de graisses, émulsifiants, antioxydants, conser-vateurs, arômes, soit sans eau ajoutée(on parledeshortenings),soitaveceauajoutée(onparlede margarines).

    Fonctionnalitésdes matières grasseset huiles dans les biscuits,gâteaux moelleux, produitsde panification croustillante(figure 1) 

    Certaines fonctionnalités sont communes àtoutes les applications :– participation du gras à la perception en bou-che (mouthfeel) et rôle de support d ’arômespar « encapsulation » des molécules aromati-ques par le gras ;– transmission de la chaleur au cours de la cuis-son. La matière grasse est l’ingrédient qui pos-sède le coefficient de conductibilité thermiquele plus élevé. Aussi, lors de la cuisson, elle agitcommeuntrèsbonagentdetransmissiondelachaleur, d’autant plus efficace que la phasegrasse est continue ;– structuration des produits. Les matières gras-ses jouent ici un rôle fondamental. Suivant lecorps gras employé, la quantité utilisée et sonmode d’incorporation, on pourra obtenir despâtes aux caractéristiques tout à fait différen-tes : pâtes laminées, pâtes rotatives,pâtes feuil-letées, pâtes fluides type génoise ou cake, etc.Les fonctionnalités demandées à la matièregrasse sont bien sûr différentes selon les cas

    (tableau 1). La multiplicité des recettes et lagrande diversité des processus de fabricationcompliquent la tâche des formulateurs dansl’identification de la matière grasse la plusappropriée. Le tableau 1 donne des exemplesde matières grasses utilisées suivant les fonc-tionnalités recherchées et les quantités misesenœuvre.

    Notre défi technologique :comment faireface à des exigencesnutritionnellesde plus en plus fortesdans un contexte de sourcesde matières grassesplus restreintes ?

    Sur les 25 dernières années, l’évolution desconnaissances a mis en évidence des risquesréels ou perçus comme tels par les consomma-teurs,d’oùuneplusgrandeexigenceauniveau

    de la sélection des matières grasses. Cela aabouti à :– l’arrêt dans les années 1990 de l’utilisationd’huile d’arachide pour éviter le risque d’aller-giedueàunecontaminationéventuellepardestraces de protéines actives d’arachide ;– l’arrêt vers 1996 de l’emploi du suif et dusaindoux (étiquetés tous deux « matières gras-ses animales ») qui généraient des questionsdes consommateurs, du fait, entre autres, dela crise d’encéphalite spongiforme bovine ;

    –  la suppression de l’utilisation de l’huile desoja, du fait de la non-acceptation par lesconsommateurs français des organismes géné-tiquement modifiés, avec en parallèle unegrande rigueur dans la traçabilité des autresmatières grasses ;

    – une réductiondesacidesgras trans (AGT)dès1997 grâce à une moindre utilisation desmatières grasses hydrogénées et à de nou-veaux procédés de fabrication des matièresgrasses solides (fractionnement, etc.).Cecontexte,quiaréduitl’éventaildesmatièresgrassesàdispositiondesformulateurs,aamenéLU France (et Kraft Biscuits Europe de manièreplusgénérale)àadaptersesdifférentsprocédéstechnologiques afin de conserver sa largediversité de recettes et de technologies.

    Parailleurs,LUFranceasouhaités’inscrire dansune démarche de progrès nutritionnel dès1999 qui se traduit pour son portefeuille debiscuits (tableau 2) par :

    – une utilisation plus importante des céréa-

    les (+ 13 % en moyenne entre 1999 et 2008) ;

    Tableau 1. Exemples de matières grasses utilisées par Kraft Biscuits Europe.

    Types de produits/coumpounds etfourrages

    Fonctionnalités Quantités dematières grassesmises enœuvre

    Exemples de matières grasses utilisées

    Gâteaux moelleux MoelleuxPerception en bouche

    0 % à 30 % Huile de palmeOléine de palmeHuile de coprahHuile de colza

    Crackers salés   Friture : haute résistance, pas d’aspect cireuxUtilisation en spray : fraîcheur en bouche, pas d ’aspecthuileux, résistance à l’oxydation

    15 % à 25 % Oléine de palmeHuile de coprahTournesol oléique

    15 % à 25 %

    Compounds et fourrages Compounds : fraîcheur en bouche, texture, résistanceau blanchiment grasFourrage : perception en bouche, cristallisation, pas de

    saponification

    30 % à 35 % Tournesol oléiqueHuile de palmeOléine de palme

    Huile de coprahHuile de colza

     Anhydre : 25 % à35 %

     Aqueux : 8 % à 30 %

    Biscuits secs Cohésion de la pâte, texture, résistance à l’oxydation 3 % à 30 % BeurreHuile de palmeOléine de palmeHuile de colza

    Produits de panificationcroustillante

    Texture, perception en bouche, cohésion de la pâte,résistance à l’oxydation

    2 % à 15 % Huile de palmeBeurreMargarine provenant d’huile de palme, huile de colza

    Tableau 2.   Amélioration nutritionnelle du portefeuille produits de LU France entre 1999-2008.

    Evolution2008/1999

    Céréales + 13 %Matières grasses (g/100 g)   – 8 %Matières grassessaturées (g/100g)   – 16 %Sucres (g/100 g)   – 11 %

    202   OCL VOL. 16 N° 4 JUILLET-DÉCEMBRE 2009

  • 8/17/2019 ocl2009164p201

    3/4

    – aux dépens des matières grasses, des saturéset des sucres en baisse respectivement de(–  8 %), (–   16%) (–   11%) pour la mêmepériode.Ces chiffres témoignent qu’un travail impor-tant a déjà été entrepris au niveau de la qualitélipidique des produits par l’innovation etla rénovation des recettes lorsque cela estpossible.

    Exemples d’optimisationde la qualité lipidiquedes produits de LU France

    La réduction des acides gras  trans(AGT) : un effort initié dès 1997 

    Dès 1997, LU France s’est attaché à travailler àla réduction de la teneur en AGT des matièresgrasses végétales utilisées, selon un processusen quatre étapes :– définition d’une teneur maximale en AGT

    (< 5 % des matières grasses du produit,soit < 1 % dans le produit fini en moyenne)en s’appuyant sur les données scientifiques dis-ponibles [1]. Cette norme interne s’est révéléeêtre cohérente avec les recommandationspubliées ultérieurementpar les Autorités Scien-tifiques compétentes [2]. Une majorité derecettes s’est révélée être naturellementconformes à cette norme dès 1997 ;– sélection rigoureuse de fournisseurs dematières grasses sur la base d’un cahier descharges très exigeant ;– audit des procédés de fabrication (tempéra-ture, pression, durée) pour s’assurer qu’aucun AGT n’apparaissait durant la fabrication desproduits ;– reformulation des recettes non conformes,avec pour objectif une organoleptie équiva-lente, en tenant compte des contraintes indus-trielles. À ce jour, tous nos aliments céréaliers ont untaux d’ AGT inférieur à 1 g pour 100 g de pro-duit fini conformément aux recommandationsde l’ Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) [2, 3]. LU France a par ailleursparticipéàlacollectedesdonnéesdeteneuren AGT dans les aliments du commerce, réalisée

    par l’Institut Français pour la Nutrition en2008. Ceci a permis à l’ AFSSA [4] de réactuali-

    ser les données d’exposition en AGT de lapopulation française, et de conclure que lesapports moyens (0,8 % de l’ Apport Energé-tique Total dans l’enquête INCA 2,  vs  1,2 %-1,4% pour INCA 1) et au 95e percentile étaientinférieurs au seuil de 2 % de l’apport énergé-tique total (seuil fixé en 2005 et maintenu en2009), quel que soit l’âge et le sexe.

    Kraft Biscuits Europe : pionnier pour l ’  utilisation de l ’  huile de colza dans les biscuits 

    Cette réduction de la teneur en AGT s’est éga-lementaccompagnéed ’untravailderechercheet de développement pour maîtriser l’utilisa-tion de l’huile de colza. En effet, son profillipidique favorise l’apport en acide alphalinolé-nique et permet de réduire la teneur en acides

    gras saturés (AGS) dans certaines technologiesbiscuitières et de panification croustillante.Utilisation de l’huile de colza dans le biscuit LUPetit Déjeuner :LU Petit Déjeuner a été lancé en 1997 pour répondre aux attentes de la famille au petit-déjeuner. En effet, les études consommateursmontraient que des biscuits étaient déjà tradi-tionnellement consommés au petit déjeuner,sans pour autant avoir une recette adaptée.LU a souhaité proposer une gamme debiscuits dont la composition nutritionnellerépondait aux besoins nutritionnels spécifiquesdu petit déjeuner. En 1999, la gamme de bis-

    cuits LU Petit Déjeuner apportait en moyenne51 %decéréales.Sateneurenmatièresgrassesétait limitée à 35 % de l’énergie, avec moinsde 50 % des lipides sous forme de matièresgrasses saturées, et avec un taux de sucres de31,3g/100genmoyenne.Unimportantchan-tier d’innovation (extension de gamme) etde rénovation a été initié. Centré sur la miseau point d’un mélange de matières grasses(àbased’huiledecolza),ilapermisdediminuer fortement la quantité d’ AGS, tout en limitantl’apport de matières grasses à 35 % de l ’éner-gie. La teneur en AGS de la gamme de biscuitsLU Petit Déjeuner est ainsi passée de 49 % à

    29 % des lipides totaux en moins de 10 ans.Dans le même temps, sa teneur en céréales aaugmenté (atteignant 61 % en moyenne),avec en parallèle une amélioration qualitativepar introduction de céréales complètes.

    L’engagement de Kraft Foodsvis-à-vis de l’OrganisationMondiale de la Santé

    Ce travail ne s’arrête pas là. Cette volonté depoursuivre les efforts d’optimisation nutrition-nelle s’inscrit dans l’engagement mondial du

    groupe Kraft Foods (publié en 2008) vis-à-visde l’Organisation Mondiale de la Santé [5],afin de participer à la stratégie globale sur l’ Ali-mentation, l’ Activité Physique et la Santé. Enparticulier, Kraft Foods s’engage à mettre à ladispositiondesconsommateurspartoutdanslemonde des produits « plus sains ». Pour cela, ilfaut que Kraft Biscuits Europe continue à refor-muler et innover pour proposer des produitsrépondant encore mieux aux objectifs de

    santé publique : c’est-à-dire à teneur réduiteen sel, sucres, AGS et AGT, avec des portionsadaptées. Cette démarche d’améliorations’accompagne d’une information nutrition-nelle compréhensible sur l’emballage, d’unmarketing et d’une publicité responsablesenvers les enfants, de la promotion de l’activitéphysique et d’une hygiène de vie saine, etl’encouragement de partenariats public-privé.

    Quelles perspectivespour faire face à ce nouveaudéfi nutritionnel ?

    Pour aller plus loin dans la diminution des AGS[6, 7], le Centre de Recherche de Kraft BiscuitsEurope utilise tous les outils à sa disposition :– sélection des matières premières ;– maîtrise des procédés ;–  amélioration des équipements avec éven-tuellement des investissements ;– partenariats de recherche tels que NUTRISAT.NUTRISAT[8],estunprogrammederechercheeuropéen, dirigé par la Fédération Nationaledes Corps Gras (FNCG). L’objectif est de pro-poser des solutions de phases grasses avec unprofil nutritionnel exigeant (sans AGT et avecune teneur en AGS inférieure à 25 % deslipides) mais qui respectent les contraintestechnologiques et organoleptiques. Le risqueathérogénique de ces mélanges est testé sur des modèles animaux.Quoi qu’il en soit, l’innovation en terme dematières grasses est un compromis entre lesaspects nutritionnels, les contraintes de stabi-lité, les propriétés rhéologiques, les qualitésorganoleptiques, les aspects réglementaires etle coût. Ainsi, LU France propose aux consommateursunegrandediversitédebiscuits,gâteauxmoel-leux et produits de panification pour répondreà leurs attentes gustatives, nutritionnelles, éco-nomiques, de praticité et de convivialité.Le processus continu d’amélioration des pro-duits s’inscrit dans les engagements de LUFrance et dans l’engagement mondial dugroupe Kraft Foods à agir dans le cadre de lastratégie mondiale sur l’alimentation, l’activitéphysique et la santé de l’OMS. Cette volonténécessite des efforts continus de recherche etde développement pour lever les verrous tech-nologiques liés à la baisse des AGS, à qualitégustative constante et dans une fourchette deprix acceptable pour les consommateurs.

    REFERENCES

    1. British Nutrition Foundation. Rapport de la task force Trans Fatty Acids de la British NutritionFoundation. 1994.

    OCL VOL. 16 N° 4 JUILLET-DÉCEMBRE 2009   203

  • 8/17/2019 ocl2009164p201

    4/4

    2. AFSSA. Risques et bénéfices pour la santé des aci-des gras trans apportés par les aliments . Rapport,2005, a.

    3. EFSA.Opinion of theScientificPanelon DieteticProducts, Nutrition and Allergies on a requestfrom the Commission related to the presenceof trans fatty acids in foods and the effect onhuman health of the consumption of transfatty acids. Request n° EFSA-Q-2003-022,2004.

    4. AFSSA. Avis de l’ Agence française de sécuritésanitaire des aliments sur l’estimation desapports en acides gras  trans  de la populationfrançaise (2009). Saisine n°2007-SA-0220,2009.

    5. Rosenfeld I,   et al.  A global commitment toaction on the global Strategy on Diet, Physical

     Activity and Health. 2008.

    6. Gidding SS, Lichtenstein AH, Faith MS, et al.Implementing American Heart Associationpediatricand adultnutrition guidelines: a scien-tific statement from the American Heart Asso-ciation Nutrition Committee of the Council onNutrition, Physical Activity and Metabolism,Council on Cardiovascular Disease in the

     Young, Council on Arteriosclerosis, Thrombosisand Vascular Biology, Council on Cardiovascu-lar Nursing, Council on Epidemiology and Pre-vention, and Council for High Blood PressureResearch. Circulation 2009 ; 119 : 1161-75.

    7. Scientific Opinion of the Panel on Dietetic Pro-ducts, Nutrition and Allergies on a request fromEuropean Commission on the review of label-ling reference intake values for selected nutri-tional elements. The EFSA Journal  2009 ; 1008 :1-14.

    8. www.ctcpa.org.

    204   OCL VOL. 16 N° 4 JUILLET-DÉCEMBRE 2009