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JEUDI 19 MARS 2009 GASTROENTEROL CLIN BIOL, 2009, 33 A75 P.112 Carcinome hépato-cellulaire : à propos d’une série de 58 cas S Chouaïb (1), L Abbes (1), O Azaiz (1), K Nouira (1), N Maamouri (1), F Ben Hriz (1), H Ouerghi (1), N Belkahla (1), H Chaabouni (1), E Mnif (1), N Ben Mami (1) (1) Tunis, Tunisie. Introduction : Le carcinome hépato-cellulaire (CHC) constitue une complication fréquente et grave de la cirrhose. La Tunisie constitue une zone de moyenne prévalence (10cas/an/100 000 habitants). Le but de ce travail était d’étu- dier le profil épidémiologique, clinico-biologique et évolutif du CHC en Tunisie. Patients et Méthodes : Nous avons colligé de façon rétro- spective tous les cas de CHC diagnostiqués dans le service, sur une période de 12 ans allant de janvier 1996 à sep- tembre 2008. Le diagnostic de CHC a été fait selon les cri- tères diagnostiques de Barcelone 2000. Résultats : Cinquante-huit cas de CHC ont été colligés. Il s’agissait de 38 hommes et 20 femmes. L’âge moyen était de 63 ans (24-84 ans). Dans 86 % des cas le CHC s’est déve- loppé sur un foie de cirrhose. L’origine de la cirrhose était : virale C (N = 25), virale B (N = 17), virale B+C (N = 1), auto-immune (N = 3) et d’étiologie indéterminée (N = 4). La cirrhose était classée selon Child-Pugh en stades A (N = 15), B (N = 26) et C (N = 9). Dans 8 cas, il s’agissait d’un CHC sur foie non cirrhotique dont le bilan étiologique a conclu à une origine virale B (N = 5), virale C (N = 2) et virale B+C (N = 1). Le diagnostic de CHC a été fait au cours d’un dépis- tage (N = 9), ou à l’occasion d’une décompensation œdé- mato-ascitique (N = 8) chez les patients cirrhotiques connus (N = 17). Le diagnostic de CHC et celui de la cirrhose ont été faits de façon concomitante (N = 33) à l’occasion d’une altération de l’état général (N = 16) ou d’un syndrome œdé- mato-ascitique inaugural (N = 17). Dans le cas des CHC sur foie sain, la circonstance de découverte était une douleur de l’hypochondre droit associée à une altération de l’état général (N = 8). L’examen physique a mis en évidence une ascite (N = 30), un foie nodulaire (N = 16) et des signes d’hypertension portale (N = 36). La biologie a montré une thrombopénie (N = 39). L’alfa-fœtoproteine était élevée dans 72 % des cas avec un taux > 400 ng/l dans 13cas. Le bilan morphologique (échographie, tomodensitométrie et IRM) a permis de faire le diagnostic de CHC dans tous les cas. Il s’agissait d’un petit CHC c’est-à-dire moins de 3 nodules de moins de 3 cm chacun (N = 20) ou d’une masse hépatique ou d’un foie multinodulaire (N = 38). Une thrombose porte a été mise en évidence dans 21cas. Le CHC était classé selon la classification d’Okuda en : stade I (N = 15), II (N = 33) et III (N = 10) et selon le score CLIP en : stade 0 (N = 10), 1 (N = 28) et 2 (N = 20). Le bilan d’extension a montré des métastases dans 4 cas : hépatiques (N = 2) et pulmonaires (N = 2).Le traitement a consisté en une résection chirurgicale (N = 4) et une destruction percutanée (N = 11). Une chimio- embolisation a été faite dans 7cas. Une abstention thérapeu- tique a été adoptée dans 36 cas. La survie moyenne était de 12 mois. Après exclusion des patients perdus de vue (soit 22 patients), 23 cas de décès ont été observés. Conclusion : D’après les résultats de cette série le CHC est affection grave qui survient sur une hépatopathie chronique le plus souvent au stade de cirrhose. L’étiologie virale est prédominante. Le diagnostic est souvent tardif d’où l’intérêt d’un dépistage systématique. P.113 IRM hépatique en double-contraste (SPIO +Gadolinium ® ) : sémiologie des nodules observés dans la cirrhose et place dans le dépistage du carcinome hépatocellulaire B Guiu (1), JP Cercueil (1), R Loffroy (1), S Guiu (1), M Boulin (1), C Lepage (1), JL Jouve (1), A Minello-Franza (1), P Hillon (1), L Bedenne (1), D Krausé (1) (1) Dijon. Introduction : Déterminer la place de l’IRM hépatique double-contraste (IRMDC) avec SPIO et gadolinium dans le dépistage du carcinome hépato-cellulaire (CHC) et décrire la sémiologie des nodules observés chez les patients cirrhoti- ques. Matériels et Méthodes : Cette étude rétrospective a été approuvée par le comité d’éthique local. 160 examens IRMDC ont été réalisés en 2 ème intention chez 119 patients cirrhotiques (32 femmes, 77 hommes ; âge : 29-86 ans) durant une période de 25 mois. 2 radiologues ont relu de manière indépendante ces examens afin de les classer en 3 groupes : groupe 1 (au moins un nodule de CHC), groupe 2a (au moins un nodule bénin), groupe 2b (aucun nodule). Un score de confiance diagnostique (de 0 à 10 : 0 = bénin, 10 = malin, 5 = indeterminé) a été établi pour chaque inter- prétation. • Le gold standard était déterminé par l’histologie ou par un suivi moyen de 15,8 mois (12-28 mois), associant le dosage de l’AFP, l’échographie, et une nouvelle IRMDC en cas de nodule hépatique décrit initialement. • Le coefficient de corrélation inter-observateur (Kappa) a été calculé ainsi que la valeur prédictive négative (VPN) avec son intervalle de confiance. Résultats : Deux examens ont été classés différemment par les 2 radiologues. Le Kappa était donc excellent à 0,98. Un total de 112 examens ont été classés sans CHC (32 dans le groupe 2a, 80 dans le groupe 2b), parmi lesquels 11 ont été exclus (3 patients perdus de vue et 8 décédés sans cancer connu). Durant le suivi (15,8 mois) des 101 (112-11) examens res- tants, un CHC a été dépisté chez 8 patients. La VPN est donc de 92 % (93/101) (85 %-97 %, 95 %IC) ; 3,75 % (6/160) des examens ont été d’interprétation difficile (score de confiance compris entre 4 et 6 inclus). Discussion : L’IRMDC est une technique de réalisation simple combinant l’utilisation d’un SPIO (nanoparticules de fer) au gadolinium standard. Les particules de SPIO sont captées par les cellules de Küpffer qui sont non fonctionelles dans la fibrose et absentes dans les CHC. L’utilisation de cette combinaison permet d’enrichir la sémiologie de l’IRM en apportant des critères fonctionnels en complément des cri- tères classiques d’hypervascularisation artérielle. La fibrose hépatique est très bien visible en double-contraste, ce qui apporte un plus dans la détection des nodules de CHC (le CHC désorganise la fibrose hépatique) mais aussi pour les zones de fibrose confluente, pouvant mimer un CHC. Conclusion : L’IRMDC permet une interprétation fiable, reproductible et rarement douteuse. Sa valeur prédictive négative élevée et la meilleure sémiologie des nodules inci- tent à la proposer en 2 ème intention après l’échographie dans le dépistage du CHC.

P.113 IRM hépatique en double-contraste (SPIO +Gadolinium®) : sémiologie des nodules observés dans la cirrhose et place dans le dépistage du carcinome hépatocellulaire

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GASTROENTEROL CLIN BIOL, 2009, 33 A75

P.112 Carcinome hépato-cellulaire : à proposd’une série de 58 cas

S Chouaïb (1), L Abbes (1), O Azaiz (1), K Nouira (1), NMaamouri (1), F Ben Hriz (1), H Ouerghi (1), N Belkahla(1), H Chaabouni (1), E Mnif (1), N Ben Mami (1)(1) Tunis, Tunisie.

Introduction : Le carcinome hépato-cellulaire (CHC)constitue une complication fréquente et grave de la cirrhose.La Tunisie constitue une zone de moyenne prévalence(10cas/an/100 000 habitants). Le but de ce travail était d’étu-dier le profil épidémiologique, clinico-biologique et évolutifdu CHC en Tunisie.

Patients et Méthodes : Nous avons colligé de façon rétro-spective tous les cas de CHC diagnostiqués dans le service,sur une période de 12 ans allant de janvier 1996 à sep-tembre 2008. Le diagnostic de CHC a été fait selon les cri-tères diagnostiques de Barcelone 2000.

Résultats : Cinquante-huit cas de CHC ont été colligés. Ils’agissait de 38 hommes et 20 femmes. L’âge moyen était de63 ans (24-84 ans). Dans 86 % des cas le CHC s’est déve-loppé sur un foie de cirrhose. L’origine de la cirrhose était :virale C (N = 25), virale B (N = 17), virale B+C (N = 1),auto-immune (N = 3) et d’étiologie indéterminée (N = 4). Lacirrhose était classée selon Child-Pugh en stades A (N = 15),B (N = 26) et C (N = 9). Dans 8 cas, il s’agissait d’un CHCsur foie non cirrhotique dont le bilan étiologique a conclu àune origine virale B (N = 5), virale C (N = 2) et virale B+C(N = 1). Le diagnostic de CHC a été fait au cours d’un dépis-tage (N = 9), ou à l’occasion d’une décompensation œdé-mato-ascitique (N = 8) chez les patients cirrhotiques connus(N = 17). Le diagnostic de CHC et celui de la cirrhose ontété faits de façon concomitante (N = 33) à l’occasion d’unealtération de l’état général (N = 16) ou d’un syndrome œdé-mato-ascitique inaugural (N = 17). Dans le cas des CHC surfoie sain, la circonstance de découverte était une douleur del’hypochondre droit associée à une altération de l’étatgénéral (N = 8). L’examen physique a mis en évidence uneascite (N = 30), un foie nodulaire (N = 16) et des signesd’hypertension portale (N = 36). La biologie a montré unethrombopénie (N = 39). L’alfa-fœtoproteine était élevée dans72 % des cas avec un taux > 400 ng/l dans 13cas. Le bilanmorphologique (échographie, tomodensitométrie et IRM) apermis de faire le diagnostic de CHC dans tous les cas. Ils’agissait d’un petit CHC c’est-à-dire moins de 3 nodules demoins de 3 cm chacun (N = 20) ou d’une masse hépatique oud’un foie multinodulaire (N = 38). Une thrombose porte a étémise en évidence dans 21cas. Le CHC était classé selon laclassification d’Okuda en : stade I (N = 15), II (N = 33) et III(N = 10) et selon le score CLIP en : stade 0 (N = 10), 1(N = 28) et 2 (N = 20). Le bilan d’extension a montré desmétastases dans 4 cas : hépatiques (N = 2) et pulmonaires(N = 2).Le traitement a consisté en une résection chirurgicale(N = 4) et une destruction percutanée (N = 11). Une chimio-embolisation a été faite dans 7cas. Une abstention thérapeu-tique a été adoptée dans 36 cas. La survie moyenne était de12 mois. Après exclusion des patients perdus de vue (soit22 patients), 23 cas de décès ont été observés.

Conclusion : D’après les résultats de cette série le CHC estaffection grave qui survient sur une hépatopathie chroniquele plus souvent au stade de cirrhose. L’étiologie virale estprédominante. Le diagnostic est souvent tardif d’où l’intérêtd’un dépistage systématique.

P.113 IRM hépatique en double-contraste (SPIO+Gadolinium®) : sémiologie des nodulesobservés dans la cirrhose et place dans ledépistage du carcinome hépatocellulaire

B Guiu (1), JP Cercueil (1), R Loffroy (1), S Guiu (1), MBoulin (1), C Lepage (1), JL Jouve (1), A Minello-Franza(1), P Hillon (1), L Bedenne (1), D Krausé (1)(1) Dijon.

Introduction : Déterminer la place de l’IRM hépatiquedouble-contraste (IRMDC) avec SPIO et gadolinium dans ledépistage du carcinome hépato-cellulaire (CHC) et décrire lasémiologie des nodules observés chez les patients cirrhoti-ques.

Matériels et Méthodes : Cette étude rétrospective a étéapprouvée par le comité d’éthique local. 160 examensIRMDC ont été réalisés en 2ème intention chez 119 patientscirrhotiques (32 femmes, 77 hommes ; âge : 29-86 ans)durant une période de 25 mois. 2 radiologues ont relu demanière indépendante ces examens afin de les classer en 3groupes : groupe 1 (au moins un nodule de CHC), groupe 2a(au moins un nodule bénin), groupe 2b (aucun nodule). Unscore de confiance diagnostique (de 0 à 10 : 0 = bénin,10 = malin, 5 = indeterminé) a été établi pour chaque inter-prétation.• Le gold standard était déterminé par l’histologie ou par unsuivi moyen de 15,8 mois (12-28 mois), associant le dosagede l’AFP, l’échographie, et une nouvelle IRMDC en cas denodule hépatique décrit initialement.• Le coefficient de corrélation inter-observateur (Kappa) aété calculé ainsi que la valeur prédictive négative (VPN)avec son intervalle de confiance.

Résultats : Deux examens ont été classés différemment parles 2 radiologues. Le Kappa était donc excellent à 0,98.Un total de 112 examens ont été classés sans CHC (32 dansle groupe 2a, 80 dans le groupe 2b), parmi lesquels 11 ontété exclus (3 patients perdus de vue et 8 décédés sans cancerconnu).Durant le suivi (15,8 mois) des 101 (112-11) examens res-tants, un CHC a été dépisté chez 8 patients. La VPN est doncde 92 % (93/101) (85 %-97 %, 95 %IC) ; 3,75 % (6/160) desexamens ont été d’interprétation difficile (score de confiancecompris entre 4 et 6 inclus).

Discussion : L’IRMDC est une technique de réalisationsimple combinant l’utilisation d’un SPIO (nanoparticules defer) au gadolinium standard. Les particules de SPIO sontcaptées par les cellules de Küpffer qui sont non fonctionellesdans la fibrose et absentes dans les CHC. L’utilisation decette combinaison permet d’enrichir la sémiologie de l’IRMen apportant des critères fonctionnels en complément des cri-tères classiques d’hypervascularisation artérielle. La fibrosehépatique est très bien visible en double-contraste, ce quiapporte un plus dans la détection des nodules de CHC (leCHC désorganise la fibrose hépatique) mais aussi pour leszones de fibrose confluente, pouvant mimer un CHC.

Conclusion : L’IRMDC permet une interprétation fiable,reproductible et rarement douteuse. Sa valeur prédictivenégative élevée et la meilleure sémiologie des nodules inci-tent à la proposer en 2ème intention après l’échographie dansle dépistage du CHC.